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451. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Elle fut presque couronnée à Rome : son portrait fut placé entre ceux de Pétrarque et du Tasse, dans une fête que lui donna un de ses plus fervents admirateurs, le cardinal Aldobrandini. […] De ce livre imprimé du temps de Henri IV, j’ai pris le dessin de l’habit d’Arlequin. » Ce costume, comme on le voit, est bien différent de celui qu’Arlequin adopta par la suite : il porte ici une jaquette ouverte par devant et attachée par de mauvais rubans ; un pantalon étroit, collant, couvert de morceaux d’étoffes placés au hasard, et sans doute de diverses couleurs.

452. (1842) Essai sur Adolphe

Si haut que fût placé le fruit doré de ses espérances, le courage ne lui manquerait pas avant de le cueillir. […] ils s’étaient promis une mutuelle confiance, une franchise assidue, et voilà qu’ils persévèrent dans le mensonge, et qu’ils se glorifient dans l’hypocrisie ; ils avaient juré de ne jamais voiler aucune de leurs pensées, et voilà qu’au-devant de leurs cœurs ils placent une triple haie de sourires, de regards et de serments, voilà qu’ils commandent aux yeux et aux lèvres de jouer le bonheur absent.

453. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Cependant les synoptiques sont constants pour placer toute la scène des baptêmes de Jean sur le bord de ce fleuve (Matth., III, 6 ; Marc, I, 5 ; Luc, III ; 3). […] Saint Jérôme veut placer Salim beaucoup plus au nord, près de Beth-Schéan ou Scythopolis.

454. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Cette scène, par suite de l’art instinctif qui a présidé à la rédaction des synoptiques, et qui leur fait souvent obéir dans l’agencement du récit à des raisons de convenance ou d’effet, a été placée à la dernière nuit de Jésus, et au moment de son arrestation. […] Les discours placés par Jean à la suite du récit de la Cène ne peuvent être pris pour historiques.

455. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

« Je commandais la basse-cour, a dit depuis madame de Maintenon, et c’est par ce gouvernement que mon règne a commencé. » Madame de Neuillan plaça ensuite Françoise d’Aubigné au couvent des ursulines de Niort. […] Une grande partie de ces différences consiste en ce qu’une multitude de lettres sans date dans le manuscrit sont diversement placées par les éditeurs.

456. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Enfin, et c’était là le point le plus sensible, cet état de domesticité qu’elle accepterait dans la maison de madame de Montespan, la placerait au-dessous des regards du roi, de ces regards qu’elle avait trouvés si doux, et qu’elle se sentait autorisée à rappeler sur elle, par l’aveu secret de ce prince pour l’éducation de ses enfants naturels. […] Le 11e entretien de madame de Maintenon nous apprend que pour cacher l’existence des premiers enfants qui lui furent confiés, on les plaça avec leur nourrice, chacun séparément, dans une petite maison hors de Paris ; elle n’allait les y voir qu’à la dérobée ; elle profitait de tous les moments dont elle pouvait disposer pour se montrer dans sa société, afin que la curiosité ne cherchât pas l’emploi du temps qu’elle aurait dérobé à ses amis.

457. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

L’organe de l’amour des enfants ou philogéniture, placé par Gall à l’extrémité postérieure des hémisphères cérébraux, formait, suivant lui une saillie très-frappante chez les femmes et chez les femelles des animaux. […] Parchappe, Foville, Broca, placent le siège de la pensée.

458. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Je placerai encore dans cet article les Voyages d’un Philosophe, ou Observations sur les mœurs & les arts des peuples de l’Afrique, de l’Asie & de l’Amérique : brochure in-12. qui parut en 1768. […] Nous plaçons cette partie à la fin de ce Chapitre, quoiqu’elle eût dû naturellement être mise au commencement.

459. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

À la source d’un ruisseau, il a placé une jeune fille, une nymphe, dont l’urne penchante verse l’eau qui doit arroser le gazon des prairies ou désaltérer le voyageur. […] Ces ornements employés avec tant de mesure et placés avec tant de goût ne sont point le principal charme de son style.

460. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Ce n’est pas non plus celle de Perse, qui, placé sous Néron, voulut, en disant la vérité, échapper au tyran. […] Passionné pour les Grecs, nourri jour et nuit de la lecture de leurs écrivains, enthousiaste d’Homère, fanatique de Platon, avide et insatiable de connaissances ; né avec ce genre d’imagination qui s’enflamme pour tout ce qui est extraordinaire ; ayant de plus une âme ardente, et cette force qui sait plus se précipiter en avant que s’arrêter ; d’ailleurs, accoutumé dès son enfance à voir dans un empereur chrétien le meurtrier de sa famille, et, dans le fond de son cœur, rendant peut-être la religion complice des crimes qu’elle condamne ; placé entre l’ambition et la crainte, inquiet sur le présent, incertain sur l’avenir ; ses goûts, son imagination, son âme, les malheurs de sa famille, les siens, tout semblait le préparer d’avance à ce changement qui éclata dans la suite.

461. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Parmi les inspirations de la poésie grecque qui touchent à la forme lyrique, il faut placer anciennement ce qui se retrouvera dans une époque plus récente, et sous l’influence de l’extrême politesse sociale. […] Il faut que tu apprennes à connaître toutes choses et le fond réel de la vérité persuasive, et les opinions des mortels qui reposent non sur une foi véridique, mais sur l’erreur ; et tu connaîtras ainsi, comment il faut marcher prudemment à travers le tout, en faisant l’épreuve de toute chose. » En tête de cette philosophie poétique dont la Grèce allait recueillir les leçons, il reste à placer le personnage demi-fabuleux de Pythagore.

462. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

Il est à la fois aux deux extrémités, dans les sensations particulières par lesquelles l’intelligence débute, et dans les idées générales auxquelles l’intelligence aboutit, tellement qu’il en a toute l’étendue et toutes les parties, et qu’il est le plus capable, par l’ampleur et la diversité de ses puissances, de reproduire ce monde en face duquel il est placé.

463. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre premier. Rapports de l’invention et de la disposition »

Elle se portera tout entière d’abord, et aussi longtemps qu’il faudra, sur l’acquisition des idées qui doivent être la matière de l’œuvre : et quand elle en aura amassé un assez grand nombre, quand elle croira que rien d’essentiel ne lui a échappé, elle s’occupera alors de les ordonner et de les placer selon leurs rapports intimes.

464. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Montesquiou, Robert de (1855-1921) »

Le nom de Chef des odeurs suaves qu’il lui a donné ne saurait être mieux placé qu’en tête d’un livre de poésies qui ne chantent que les fleurs, nous en fait encore respirer les parfums au-delà de leurs petites vies, et nous les fait suivre jusque dans le vol de leurs âmes légères.

465. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhède (Raymond de la) = La Tailhède, Raymond de (1867-1938) »

Raymond de La Tailhède n’a encore publié que quelques poèmes, et cependant ils révèlent une âme si noble de poète et un art si parfait, qu’on ne peut hésiter à le placer au premier rang. — Le mouvement, l’enthousiasme, l’audace sûre des tours font, de ses vers, les plus magnifiques qui soient.

466. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Horace, et les mauvais écrivains du siècle d’Auguste. » pp. 63-68

D’être né d’un affranchi, le meilleur des pères, le seul qu’il eût pris, s’il avoit pu s’en choisir un ; d’éviter la société de ses confrères les auteurs, se réduisant à celle de quelques amis intimes & choisis, placés à la tête du gouvernement & de la littérature ; d’avoir pris la suite à la bataille de Philippe, jetté son bouclier, & protesté qu’il ne remanieroit plus les armes ; d’avoir été tribun militaire sans en avoir le mérite ; de s’être emparé de la confiance de Mécène ; de comparer son devancier Lucile à un fleuve qui roule quelques grains précieux d’or parmi beaucoup de boue ; enfin de ne se refuser à aucune raillerie sanglante, & de nommer chacun par son nom.

467. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre V. Moralistes. — La Bruyère. »

Quand l’auteur des Caractères, voulant démontrer la petitesse de l’homme, dit : « Vous êtes placé, ô Lucile !

468. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre III. Suite du précédent. — Seconde cause : les anciens ont épuisé tous les genres d’histoire, hors le genre chrétien. »

Placé sur un plus grand théâtre, et dans le seul pays où l’on connût deux sortes d’éloquence, celle du barreau et celle de Forum, Tite-Live les transporta dans ses récits : il fut l’orateur de l’histoire comme Hérodote en est le poète.

469. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 6, de la nature des sujets que les peintres et les poëtes traitent. Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes » pp. 51-56

Ils y placent ordinairement des figures qui pensent, afin de nous donner lieu de penser ; ils y mettent des hommes agitez de passions, afin de reveiller les nôtres et de nous attacher par cette agitation.

470. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Paul Nibelle »

Les Légendes de la Vallée 5 se recommandent précisément par ce naturel et cette simplicité qui firent de Sterne un si grand modèle, et il faut remercier le hasard de ce que nous pouvons placer à côté de ce roi des conteurs mélancoliques6 les essais d’un jeune homme qui sent sa vocation littéraire l’entraîner du côté des récits rêveurs et touchants.

471. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre III. Du temps où vécut Homère » pp. 260-263

En réunissant toutes ces observations, recueillies pour la plupart dans l’Odyssée, ouvrage de la vieillesse d’Homère au sentiment de Longin, nous partageons l’opinion de ceux qui placent l’âge d’Homère longtemps après la guerre de Troie, à une distance de quatre siècles et demi, et nous le croyons contemporain de Numa.

472. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

Les rois mirent la croix sur leurs bannières, et maintenant encore ils placent sur leurs couronnes un globe surmonté d’une croix. — Chez les anciens, le héraut qui déclarait la guerre, invitait les dieux à quitter la cité ennemie (evocabat deos).

473. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Il atteignit à l’éloquence, mais il ne sut point la placer. […] Il permit à Cahusac de se placer au rang des Poëtes Lyriques en faveur de la coupe de ses opéras. […] Apollon placera l’un dans sa galerie ; l’Amour gardera soigneusement l’autre dans son cabinet. […] On placera toujours la Métromanie, Piece de M. […] C’était la premiere fois qu’on osait placer sur ce théatre un sujet tiré de l’Ecriture.

474. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Victor Giraud nous a raconté en détail comment, pour payer ses dettes, le chevalier de Chateaubriand plaçait des bas de fil, et même dans son régiment. […] Ici se plaçait, dans le premier manuscrit des Natchez, l’histoire d’Atala. […] (Et ici, paraît-il, se plaçait, dans le premier manuscrit des Natchez, le récit qui fut publié plus tard sous le titre de René.) […] Son sourire était caressant et beau, son œil admirable, surtout par la façon dont il était placé sous son front et encadré dans ses sourcils. […] Et il s’écrie : « Pourquoi suis-je venu à une époque où j’étais si mal placé ?

475. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

En le créant exprès pour cette révolution, la nature se fit honneur à elle-même, et, pour montrer son ouvrage, elle le plaça de manière à faire échouer chaque qualité, si elle n’eût été soutenue de toutes les autres. » Il y a dans ces Mémoires bien des endroits de cette sorte, qu’on dirait avoir été écrits par une plume historique profonde et familière avec tous les replis. […] « Bonaparte, mieux organisé pour le bonheur public et pour le sien, eût pu, avec moins de frais et plus de gloire, fixer les destinées du monde et se placer à la tête du genre humain. […] Je ne discuterai pas les principaux faits de la vie de La Fayette depuis 89 jusqu’à sa sortie de France en août 92 ; de telles discussions, rebattues pour les contemporains, redeviendraient plus fastidieuses à la distance où nous sommes placés ; c’est à chaque lecteur, dans une réflexion impartiale, à se former son impression particulière. […] Sieyès, si haut placé qu’il fût dans sa propre idée et dans celle des autres, n’a pas toujours fait de la sorte. […] Sur ce La Fayette de 1775, qui essaie du bon air et y réussit peu, il faut voir la Notice placée en tête de la Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1851), tome I, page 62.

476. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

L’éditeur les a placés sous la rubrique qui leur convenait. […] L’absolu est ailleurs pour moi qu’où les philosophes l’ont placé. […] Cette nature vibrante ne se révélait jamais plus intensivement que de plain-pied avec le marbre ou le tableau placés devant elle, et qui lui envoyaient cette émotion : — le « coup de hache » qu’ont à la tête tous les grands « artistes », a-t-il dit, et que lui aussi il y avait ! […] Mais c’est ici que vient se placer l’expiation des mauvaises doctrines. […] Villemain, sous la plume modérée duquel j’aime à le placer pour le tuer mieux que la mienne, puisque c’est une plume de libre pensée, Villemain ne reconnaît que deux mérites à cet homme, qui eut l’ambition de trente-six, et il fait main basse sur tout le reste.

477. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Pour être bien placé en Grève, il faut y être au coup de la demie de deux heures. […] Ainsi finit ce simple récit, que sa saveur de vérité, son réalisme poétique, doivent placer au rang des meilleures œuvres de M.  […] La couverture bien chauffée, Joli-Cœur fut enveloppé dedans, et mon maître le plaça sous sa veste contre sa poitrine. […] On ne savait qui avait placé sur sa poitrine une feuille de papier à lettres portant ces mots : « Respect aux morts. — Pitié pour un malheureux père !  […] Le capitaine, qui tenait sa montre à la main, l’enfonça sous les revers de sa large capote et réunit ses hommes : les frères se placèrent en rang.

478. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement de la première édition »

En achevant de revoir et de relire des pages où j’ai autrefois déposé tant d’espérances, où j’ai placé tant de vœux sur des noms brillants qui n’en ont réalisé qu’une partie, je me surprends à redire, et je ne puis m’empêcher de citer, pour moralité finale, ces beaux vers de Virgile, si empreints de gravité et de justesse sévère, et applicables à la décadence de toutes les aristocraties, à celle de tous les talents qu’un travail et une vigilance perpétuelle n’entretiennent pas : Vidi lecta diu et multo spectata labore Degenerare tamen, ni vis humana quotannis Maxima quæque manu legeret.

479. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

Théophile Gautier Auprès de Mistral, il est juste de placer Aubanel, auteur de la Grenade entr’ouverte , dont les vers ont la fraîcheur vermeille des rubis que laisse voir en se séparant la blonde écorce de ce fruit, éminemment méridional.

480. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

L'étude de la Cour, où son rang l'avoit placé, a pu contribuer aussi à rembrunir le tableau.

481. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Voix intérieures » (1837) »

Quant à la dédicace placée en tête de ce volume, l’auteur, surtout après les lignes qui précèdent, pense n’avoir pas besoin de dire combien est calme et religieux le sentiment qui l’a dictée.

482. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Angelo, tyran de Padoue » (1835) »

Placer donc comme la providence le place, dans l’ombre, grinçant des dents à tous les sourires, ce misérable intelligent et perdu qui ne peut que nuire, car toutes les portes que son amour trouve fermées, sa vengeance les trouve ouvertes.

483. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre premier. Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. »

Le polythéisme avait établi l’homme dans les régions du passé ; le christianisme l’a placé dans les champs de l’espérance.

484. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vien » pp. 202-205

Entre l’esclave et la femme assise l’artiste a placé une table sur laquelle on voit des fleurs dans un vase, quelques autres éparses sur le tapis, avec un collier de perles.

485. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 26, que les sujets ne sont pas épuisez pour les peintres. Exemples tirez des tableaux du crucifiment » pp. 221-226

On découvre derriere la croix des spectateurs qui la font avancer, et qui semblent tellement enfoncez dans le tableau, qu’à peine ose-t’on croire que toutes ces figures soient placées sur une même superficie.

486. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 39, en quel sens on peut dire que la nature se soit enrichie depuis Raphaël » pp. 387-392

Depuis Raphaël, l’art et la nature se sont perfectionnez, et si Raphaël revenoit au monde avec ses talens, il feroit mieux encore qu’il ne l’a pû faire dans le temps où la destinée l’avoit placé, au lieu que Virgile ne pourroit point écrire un poëme épique en françois aussi-bien qu’il l’a écrit en latin.

487. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Il laissa des ouvrages considérables écrits, non en vers, mais en prose, et par conséquent incapables d’être retenus par cœur ; nous le placerons au temps d’Hérodote.

488. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Or, qu’est-ce que le chœur, ce bizarre personnage placé entre le spectacle et le spectateur, sinon le poëte complétant son épopée ? […] Dans la société antique, l’individu était placé si bas, que, pour qu’il fût frappé, il fallait que l’adversité descendît jusque dans sa famille. […] De graves personnages placés, comme le chœur antique, entre le drame et nous, viennent nous raconter ce qui se fait dans le temple, dans le palais, dans la place publique, de façon que souventes fois nous sommes tentés de leur crier : « Vraiment ! […] Les critiques de l’école scolastique placent leurs poëtes dans une singulière position. […] On consentira, pour se rendre compte d’un ouvrage, à se placer au point de vue de l’auteur, à regarder le sujet avec ses yeux.

489. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Cependant, la structure de chacun de ces oiseaux lui est utile dans les conditions de vie particulières où il est placé, puisque chacun d’eux ne vit qu’en vertu d’une lutte ; mais elle n’est pas nécessairement la meilleure possible dans toutes les conditions de vie qui peuvent se présenter pour eux. […] La raison me dit que, si on peut démontrer qu’il existe de nombreux degrés de transition, depuis l’œil le plus parfait et le plus compliqué jusqu’à l’œil le plus imparfait et le plus simple, chacun de ces degrés de perfection étant utile à celui qui en jouit ; si, de plus, l’œil varie quelquefois, si peu que ce soit, et si ces variations s’héritent, ce qui peut se prouver par des faits ; si, enfin, les variations ou les modifications de cet organe ont jamais pu être de quelque utilité à un animal placé dans des conditions de vie changeantes ; dès lors la supposition qu’un œil parfait et compliqué puisse s’être formé par sélection naturelle, tout en confondant notre imagination, peut, avec toute rigueur, être considérée comme vraie. […] D’ailleurs, si nous tenons à comparer l’œil à un instrument d’optique, alors il faut nous représenter un nerf sensible à la lumière placé derrière une épaisse couche de tissus transparents renfermant des espaces pleins de fluides ; puis nous supposerons que chaque partie de cette couche transparente change continuellement et lentement de densité, de manière à se séparer en couches partielles différentes par leur densité et leur épaisseur, placées à différentes distances les unes des autres, et dont les deux surfaces changent lentement de forme. […] Au surplus, quand une modification de structure s’est produite pour la première fois par l’une des causes que je viens d’énumérer ou par toute autre cause inconnue, elle peut n’avoir été d’aucun avantage immédiat à l’espèce ; mais elle peut être devenue postérieurement avantageuse à ses descendants placés sous de nouvelles conditions de vie, avec des habitudes nouvellement acquises. […] L’on sait de quelle importance sont en classification les caractères tégumentaires ; or, tous les poissons électriques ont la peau nue, et, dans un système de classification reposant sur cette base, ils seraient tous placés dans le même ordre.

490. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Pour composer ses tableaux, il les plaçait dans un cadre assorti à leur caractère inférieur. […] C’est sur ce terrain qu’on allait se placer. […] Ils placent tout au même plan ; tout ayant pour eux la même valeur, ils accordent à chaque objet un degré égal d’attention ; leurs ouvrages manquent de pondération et de lien. […] Prenez les romans, les nouvelles de Diderot et ils vous prouveront que celui qui les a écrits répudierait l’école qui ose se placer sous son patronage. […] Elle se trouve placée devant ce dilemme ou se transformer ou périr.

491. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Plaçons-nous donc dans cette hypothèse, et demandons-nous comment la perception consciente s’explique. […] Mais qui ne voit que, dans l’hypothèse même où nous nous sommes placés, nos sens auront également besoin d’éducation, — non pas, sans doute, pour s’accorder avec les choses, mais pour se mettre d’accord entre eux ? […] Nous nous plaçons donc d’emblée dans l’ensemble des images étendues, et dans cet univers matériel nous apercevons précisément des centres d’indétermination, caractéristiques de la vie. […] On méconnaîtra l’acte originel et fondamental de la perception, cet acte, constitutif de la perception pure, par lequel nous nous plaçons d’emblée dans les choses. […] Notre première conclusion se trouverait ainsi vérifiée. — Resterait alors cette seconde conclusion, d’ordre plutôt métaphysique, que nous sommes véritablement placés hors de nous dans la perception pure, que nous touchons alors la réalité de l’objet dans une intuition immédiate.

492. (1813) Réflexions sur le suicide

Vous craignez la souffrance de Vos semblables, et le rang éminent où Vous êtes placé ne pourra jamais effacer de Votre cœur la sympathie. […] — Oui, diront quelques individus malheureux, nous nous soumettons à la balance des biens et des maux, que le cours ordinaire des événements amène ; mais quand nous sommes traités en ennemis par le sort, il est juste d’échapper à ses coups. — D’abord le régulateur, qui détermine le résultat de cette balance, est tout entier en nous-mêmes : le même genre de vie, qui réduit l’un au désespoir, comblerait de joie l’homme placé dans une Sphère d’espérances moins élevée. […] — À chaque ligne on voit dans les livres saints ce grand malentendu des hommes du temps et de ceux de l’éternité : les premiers placent la vie où les autres voient la mort. […] On s’accoutume à se juger soi-même, comme si l’on était un autre : à placer sa conscience en tiers entre ses intérêts personnels et ceux de ses adversaires : on se calme sur son propre sort, certain qu’on ne peut le diriger : on se calme aussi sur son amour-propre, certain que ce n’est pas nous-mêmes, mais le Public qui nous fera notre part : on se calme enfin sur ce qu’il est le plus difficile de supporter, les torts de ses amis, soit en reconnaissant nos propres imperfections, soit en confiant à la tombe de l’être qui nous a le plus aimé, nos pensées les plus intimes : soit enfin en reportant vers le Ciel la sensibilité qu’il nous a donnée. […] Que le malheureux ne se croie pas plus homme en étant moins Chrétien, et que l’être qui pense sache toujours où placer la véritable dignité morale de l’homme !

493. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

« L’œil rudimentaire qui consiste, comme celui des planaires, en un petit nombre de grains colorés placés sous le tégument, peut être considéré comme n’étant simplement qu’une partie de la surface, plus irritable à la lumière que le reste. […] Et graduellement, à mesure que nous avançons vers un état social plus élevé, les hommes, en plantant des arbres qui ne porteront pas de fruits pour leur génération ; en donnant une éducation soignée à leurs enfants ; en bâtissant des maisons qui dureront des siècles ; en assurant leur vie ; en luttant pour une richesse ou une renommée future, montrent que chez eux les antécédents et conséquents internes sont habituellement ajustés à des antécédents et conséquents externes placés à de très lointains intervalles. […] Placez un enfant au milieu de grandes montagnes, il reste insensible à ce spectacle, mais il voit un jouet avec plaisir. […] Placée sur le terrain des faits, la question se réduit à ceci : Comment l’expérience d’une étendue occupée, c’est-à-dire du corps, peut-elle nous donner la notion île l’étendue inoccupée, c’est-à-dire de l’espace ? […] Si nous exceptons ces animaux très inférieurs qui ne donnent aucune réponse visible aux stimulus externes, et ceux qui flottent passivement suspendus dans l’eau, il n’y en a point qui n’éprouvent, à chaque moment de leur vie, quelque impression de résistance, venant des surfaces sur lesquelles ils sont placés, ou de la réaction de leurs membres pendant la locomotion, ou de l’un et de l’autre.

494. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

L’amour-propre avide de gloire cherche à se concilier ceux d’entre les grands qui ont le plus de ces sortes d’échos à leurs ordres ; une vanité moins délicate se contente de pouvoir placer un ou deux grands noms dans la liste de ses approbateurs. […] On place ordinairement la haine des poètes après celle des femmes ; je ne sais si on ne ferait pas bien de placer entre deux, ou peut-être à la tête, celle des hommes dont je parle. Une mauvaise épigramme fait quelquefois toute la vengeance d’un poète ; celle de nos sages est plus constante et plus réfléchie ; quoiqu’elle n’ait quelquefois pour objet que de placer dans la liste de ses partisans une femme de plus, qui se croit un personnage pour avoir subi l’ennui de lire des ouvrages de physique sans les entendre. […] Le tableau qu’il en a fait serait digne d’être placé à côté de celui d’Apelle sur la calomnie3. […] c’est un homme que le malheur des rois et des peuples a placé entre les rois et la vérité pour la cacher à leurs yeux.

495. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Royer-Collard, dont le point de départ était placé plus près de l’homme, et en particulier moins loin des intelligences qu’il fallait faire sortir du sensualisme. […] Il était d’usage, lorsqu’un nouveau professeur montait en chaire que, dans son discours d’inauguration, il plaçât l’éloge de l’empereur : c’était une manière de prêter foi et hommage au chef de l’empire. […] La plupart ont accepté docilement la position faite à la littérature sous le régime qui vient de finir ; plusieurs ont fait partie du bureau de l’esprit public, placé sous la direction de Fouché. […] Qu’est-ce, au fond, que la démocratie, sinon la candidature des supériorités possibles qui s’agitent à la porte de l’édifice social pour s’emparer du pouvoir placé au dedans, tandis que la monarchie est une grande existence politique permanente qui, entourée d’institutions stables, défend le pouvoir contre les ambitions individuelles, tout en s’aidant, pour l’exercer, des capacités que la Providence a placées dans chaque époque ? […] C’est le tableau du sensualisme païen placé comme pendant en face du spiritualisme païen de la mort de Socrate.

496. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Quoi qu’il en soit, et quoique lui-même il ait trop négligé de nous faire admirer en ses vers cette charmante solitude, dont il a parlé en un endroit assez légèrement164, c’est là, c’est à l’entrée que la nature plaça son nid mélodieux, et jeune, de retour dans l’île à l’âge de vingt ans, surtout vers la fin de son séjour, aux heures inquiètes où l’infidélité d’Éléonore le désolait, il dut quelquefois promener vers ces sentiers écartés ses rêves, ses attentes ou ses désespoirs de poëte et d’amant165. A l’âge de neuf ans, Parny fut envoyé en France et placé au collége de Rennes ; il y fit ses études avec Ginguené, lequel plus tard a publiqement payé sa dette à ses souvenirs par une agréable épître de 1790, et par son zèle à défendre la Guerre des Dieux dans la Décade. […] Au moment de l’apparition du volume, Ginguené, ancien camarade de collége de Parny, mais poussé surtout par son zèle pour la bonne cause, donna dans la Décade jusqu’à trois articles favorables181, analyses détaillées et complaisantes, dans lesquelles il étalait le sujet et préconisait l’œuvre : « L’auteur, disait-il, l’a conçue de manière que les uns (les Dieux) sont aussi ridicules dans leur victoire que les autres dans leur défaite, et qu’il n’y a pas plus à gagner pour les vainqueurs que pour les vaincus. » Après toutes les raisons données de son admiration, le critique finissait par convenir qu’il se trouvait bien par-ci par-là, dans les tableaux, quelques traits « qu’une décence, non pas bégueule, mais philosophique, et que le goût lui-même pouvaient blâmer » ; il n’y voyait qu’un motif de plus pour placer le nouveau poëme à côté de celui de Voltaire, de cet ouvrage, disait Ginguené, « qu’il y a maintenant une véritable tartufferie à ne pas citer au nombre des chefs-d’œuvre de notre langue. » Le succès de la Guerre des Dieux fut tel, que trois éditions authentiques parurent la même année, sans parler de deux ou trois contrefaçons. […] C’est un souvenir des Mémoires que j’ose placer là ; quoiqu’il y ait des années que j’ai entendu ce passage, je ne crois pas citer trop inexactement. — Voici d’autres particularités que je tire de notes inédites de Chateaubriand écrites à Londres, en 1798, en marge d’un exemplaire de son Essai sur les Révolutions : « Le chevalier de Parny est grand, mince, le teint brun, les yeux noirs enfoncés, et fort vifs.

497. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Tout est de circonstance dans son génie ; il ne s’est jamais placé dans la chaire de l’homme de lettres ou sur le trépied du poète pour dire : Écoutez-moi, je vais raisonner ou je vais chanter. […] » Tout à coup, comme si tout ramenait sa pensée errante à celle qu’il aime : « Placez-moi, s’écrie-t-il, dans ces contrées septentrionales où jamais l’haleine d’un été ne vivifie dans les champs engourdis un arbuste printanier, où les frimas et les nuées pèsent éternellement sur les flancs de la terre ; placez-moi sous le char du soleil trop rapproché, où ne s’élève aucune habitation humaine : j’aimerai toujours Lalagé au doux sourire, Lalagé au doux parler !  […] Dans l’ode suivante, une des plus décemment amoureuses de toutes ses poésies légères, il redescend avec la souplesse d’un dieu dans les prairies de l’Anio, pour y placer un dialogue digne de Théocrite entre deux amants ; c’est lui-même qu’il met en scène avec Lydie, car nul autre que lui ne pouvait soutenir en vers avec Lydie un si gracieux dialogue.

498. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

La modestie du duc de Laval était son seul défaut ; très capable des premiers rôles, il n’aspirait jamais qu’aux seconds ; il plaçait son ambition dans son cousin ; son amitié ne désirait point un succès pour lui-même. […] Il lui apprit que, par suite d’une série de circonstances, au premier rang desquelles il plaçait l’état politique et financier de l’Europe et de ses colonies, sa puissante maison de banque éprouvait un embarras qu’il espérait encore ne devoir être que momentané. […] Le grand dîner eut lieu, et nul, au milieu du luxe qui environnait cette belle et souriante personne, ne put deviner l’angoisse que cachait son sourire et sur quel abîme était placée la maison dont elle faisait les honneurs avec une si complète apparence de tranquillité. […] Il avait désiré vendre en loterie, par des billets placés de complaisance chez ses partisans, sa petite propriété de la Vallée aux Loups ; la France, qui n’est prodigue que d’engouement, n’avait pas pris trois billets ; Mathieu de Montmorency, quoique peu riche, avait acheté à lui seul cette petite maison à un prix d’ami.

499. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

De l’art L’homme a été placé sur la face de la terre pour achever l’œuvre que Dieu l’a chargé de terminer. […] Ces deux écrivains ne sont pas placés au centre du mouvement de notre âge ; ils sont à l’extrémité. […] En effet, sauf les différences de leur génie et du point de vue où ils se placent, la terre est pour tous deux une vallée de larmes, et la vie de la terre, prise même dans son ensemble et dans la succession des générations, une chose transitoire et misérable, tandis qu’à ce monde réel répond pour eux je ne sais quel monde mystérieux, qui est le monde divin. […] Et nous venons de voir comment, en face de cette école, fille directe de la Philosophie du Dix-Huitième Siècle, est venue se placer une autre famille poétique, dont Lamartine et Hugo sont les représentants et les chefs en France ; école qui, au fond, est aussi sceptique, aussi incrédule, aussi dépourvue de religion que l’école Byronienne, mais qui, adoptant le monde du passé, ciel, terre et enfer, comme un datum, une convention, un axiome poétique, a pu paraître aussi religieuse que la poésie de Byron paraissait impie, s’est faite ange par opposition à l’autre qu’elle a traitée de démon, et cependant a fait route de conserve avec elle pendant plus de quinze ans, à tel point que l’on a vu les mêmes poètes passer alternativement de l’une à l’autre, sans même se rendre compte de leurs variations ; tantôt incrédules et sataniques comme Byron, tantôt Chrétiens résignés comme l’auteur de l’Imitation.

500. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Nous n’admirons qu’à la condition de nous reporter au temps auquel appartiennent ces monuments, de nous placer dans le milieu de l’esprit humain, d’envisager tout cela comme l’éternelle végétation de la force cachée. […] Si les chants ossianiques de Macpherson étaient authentiques, il faudrait les placer à côté d’Homère. […] Que me fait cet homme qui vient se placer entre l’humanité et moi ? […] Il faut la placer plus ou moins haut dans l’échelle de l’idéal, mais ne pas blâmer l’auteur d’avoir pris la chose sur tel ton et par conséquent de s’être refusé tel ordre de beautés.

501. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Il prêchoit souvent dans son Diocèse ; mais ne le faisant que de l’abondance du cœur, nous n’avons rien de ce qu’il fit dans ce genre qui puisse être placé au premier rang. […] On connoît les Sermons de Tillotson que son mérite fit placer sur le siége de Cantorbéry. […] Quoiqu’on ne cesse de nous annoncer la décadence de tous les genres de littérature, & en particulier celle de l’éloquence de la chaire, nous avons encore quelques Orateurs dignes d’être placés à coté de ceux du dernier siécle. […] Les maîtres d’éloquence donnent pour regle de choisir dans une cause, les deux moyens les plus concluans, l’un pour ouvrir, l’autre pour fermer la marche, & de placer au centre ceux qui sont les moins capables de résister à l’ennemi ; mais Cochin cherchoit à fixer d’abord l’incertitude des juges en débutant par le moyen le plus décisif.

502. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Je n’ai pas à suivre ici les péripéties de l’entreprise ni à faire le siège de Constantinople : qu’il me suffise de rappeler que les croisés ne prirent point d’abord la ville pour leur compte ; ils exécutèrent fidèlement leur promesse, rétablirent sur le trône le père d’Alexis et y placèrent ce jeune homme lui-même. […] Il a des larmes de pitié sous sa visière, mais il n’en abuse pas ; il sait s’agenouiller à deux genoux, et se relever aussitôt sans faiblesse ; il a l’équité et le bon sens qu’on peut demander aux situations où il se trouve ; jusqu’à la fin sur la brèche, il porte intrépidement l’épée, il tient simplement la plume : c’est assez pour offrir à jamais, dans la série des historiens hommes d’action où il s’est placé, un des types les plus honorables et les plus complets de son temps.

503. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Quand les hommes forts de notre race ont paru dans la foule, quand Victor Hugo, Lamartine, Auguste Barbier, Alfred de Vigny, Balzac, ont parlé, il s’est fait tout à coup un grand silence autour d’eux ; on a recueilli religieusement chacune de leurs paroles, on a battu des mains, et, d’un seul élan, on les a placés si haut que nul encore de nos jours n’a pu les atteindre. […] Il semblerait vraiment, d’après ce qui précède, que MM. de Lamartine, Hugo, de Vigny et Balzac, à leurs débuts, aient été des libéraux en toute chose et qui souffraient (comme pouvait le faire Casimir Delavigne) des événements de 1815, tandis que tous ceux qui les ont vus et suivis pendant des années savent qu’ils étaient surtout, par leurs origines et leurs premières inclinations, dans le parti contraire, dans le parti dit royaliste, ce dont, au reste, on ne saurait les blâmer ; ils étaient les hommes de leur éducation et du milieu social où un premier hasard les avait placés.

504. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Dieu m’a donné, pour mon supplice, une vanité sans bornes et une hauteur ridicule par rapport à ma fortune ; mais je ne suis pas assez sot pour la placer aussi mal. […] J’ai eu quelque pensée sur M. d’Oraison ; il a un fils qu’il voulait mettre au Régiment du roi ; je le défie de l’y faire entrer, à qui que ce soit qu’il s’adresse ; mais il est riche, il a des amis ; cela ne le touchera guère ; il trouvera bien à le placer : cependant, s’il persistait à le vouloir avec nous, je le prendrais bien sur moi, et je lui tiendrais parole ; mais comment lui dire cela, comment même l’en persuader ?

505. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Et n’a-t-il pas mérité que le plus auguste et le plus glorieux des patriotes, celui qui a reporté plus haut qu’il n’avait été placé depuis quarante-cinq ans le drapeau de la France, le désignât du nom auquel on le reconnaît d’abord, en l’appelant un historien national ? […] Se décidant aussitôt à se placer entre Schwarzenberg et Blucher, il laisse quelques corps et divisions échelonnés sur la Seine, et il se porte en secret, en toute diligence, vers la Marne, où il compte bien (car de son coup d’œil supérieur il a tout deviné) tomber en plein à travers les corps en marche de Blucher, dispersés et distants, et faire bombe au milieu d’eux.

506. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Cervantes, quoique malade de la fièvre, insista pour combattre et fut placé au poste le plus périlleux avec douze soldats d’élite ; il y déploya un grand courage dont il porta les marques jusqu’à la mort ; car, sans compter deux coups d’arquebuse dans la poitrine, il en reçut un autre qui l’estropia et le priva de l’usage de la main gauche pour le reste de sa vie. […] On a besoin, il faut bien le dire, de quelque défaut secondaire et d’un travers qu’on ne sait trop où placer, pour s’expliquer le guignon constant de Cervantes.

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