Le paysage, le lieu, le ciel, les réflexions, les peintures, n’existent pas et ne peuvent pas exister pour lui ; ses tableaux ne peuvent avoir ni horizon, ni premier plan ; le spectacle de la nature et les analogies de cette nature avec l’homme lui sont à peu près interdits.
À coup sûr, jamais les doctrines, ou plutôt l’absence de doctrines que nous combattons : l’égoïsme sensuel, orgueilleux et profond, l’immoralité par le fait quand elle n’est pas dans la peinture et dans l’indécence du détail, le mépris réfléchi de tout enseignement, la recherche de l’émotion à outrance et à tout prix, et le pourlèchement presque bestial de la forme seule, n’ont eu dans aucun homme de notre temps, où que vous le preniez, une expression plus concentrée et plus éclatante à la fois que dans Edgar Poe et ses œuvres.
Pour achever la peinture de ces temps extraordinaires, il resterait à montrer, près du poëte chrétien, sublime de courage et de charité, une dernière image du poëte païen, hiérophante et rêveur.
Chateaubriand, qui ne soupire pas après Dieu, que la nature et la fortune avaient mis en position d’épuiser de bonne heure les réalités autour desquelles le pauvre Jean-Jacques tourna comme un affamé, Chateaubriand, dans ses peintures de l’amour, n’a rien emprunté de cet illuminisme. […] Par la suite, recommençant et recreusant, pour ainsi dire, cette histoire de ses sensations préférées, le poète a, pour les besoins de l’art, l’ennoblissement de la peinture, attribué à certains remords solennels, mais fictifs, cette consomption d’un cœur qui adore. […] Mais cette pureté de naturel, Lamartine ne l’a pas portée seulement dans la peinture de l’égoïste volupté juvénile. […] Comment ce thème aussi monotone qu’inépuisable pourrait-il alimenter des genres littéraires qui ont pour objet la peinture de l’humanité ! […] Une fantaisie de vénération a l’égard de l’autorité et de l’ordre lui a donné autant de pénétration et de vérité dans la peinture de ses représentants que la philosophie révolutionnaire, qui est son inspiratrice coutumière, met d’aveuglement et de folie dans la plupart de ses inventions psychologiques.
On la reçoit d’ordinaire dans ces Universités dont tels critiques ont fait une peinture à peu près aussi ressemblante que l’étaient, à Yonville-l’Abbaye, les imaginations d’Homais sur la vie des artistes et des journalistes eux-mêmes. […] Il faut, pour les mobiliser dans le simultané la convention de la peinture, le tableau d’Ingres, ou la paraphrase qu’en fait Sainte-Beuve. […] Ce secret de familiarité, de divination, de création, qui s’emploie à copier un auteur comme un graveur copie une peinture, je dirais qu’il date du xixe siècle et surtout de Sainte-Beuve, si la littérature anglaise ne possédait pas, dès le xviiie siècle, la Vie du Docteur Johnson.
» — Peut-être (je n’en sais rien pour ma part) que la peinture est vraie ; mais avouez que, si elle est vraie, l’émeute n’a pas si grand tort de gronder, et qu’une révolution, quelle qu’elle soit, est un peu en droit d’être impitoyable quand elle se voit ainsi méprisée ! À propos de peinture, notre censeur s’en va au salon de 1839, et il est aussi sévère pour 1839 qu’il l’a été pour 1837. […] » Sa conversation était remplie de peintures, de poésie et de sel, comme les bons morceaux des romans de Le Sage. — Elle se plaisait eu mille causeries avec elle-même. — « On la voyait des heures entières à sa fenêtre et les yeux levés au ciel. « Ma chère femme, à quoi pensez-vous ? […] Celui-ci, inoffensif s’il en fut, tendre et galant berger de la peinture de Watteau, méditait une idylle sur les amours de Tircis et de Chloé, à l’instant même où le crieur public — il y en avait jusque dans les campagnes — cria sous ses fenêtres sa condamnation à mort.
Il est, de tous nos grands écrivains, celui dont les procédés descriptifs font le plus songer à ceux de la peinture. […] Mais, après avoir reconnu ce qu’il y a d’exagéré et d’incomplet dans son point de vue et dans ses peintures, il faut rendre hommage, non seulement à la puissance et à la sincérité de son œuvré, mais aussi à sa vérité. […] Il a donné la place qu’elle méritait à la peinture des mœurs et des caractères, et il a montré combien les documents les plus secs peuvent devenir instructifs pour qui sait les interroger ; il a insisté sur l’influence jusque-là négligée des causes physiologiques et pathologiques en histoire, et ouvert aux investigations une voie nouvelle, très dangereuse il est vrai, mais fertile en découvertes curieuses. […] La poésie, le théâtre, le roman, la peinture ne représentaient plus que seigneurs féodaux, vieux donjons, châtelaines amoureuses de leurs pages ; et la sublimité des cathédrales gothiques faisait oublier la perfection des temples de la Grèce.
Mais mon égoïsme amical préfère goûter tes peintures au pays même où tu les inventas. […] Arsène Alexandre dans sa belle Histoire de la Peinture. […] Et comme c’est une fin d’été, comme un premier baiser de l’automne frôla l’épiderme de la terre, çà et là des teintes d’or roux annoncent la royale défaillance des végétaux… Évocation de l’âge mûr, suprême hymne de force avant le sommeil vers les renouveaux… C’est parce que j’ai trouvé ces choses dans ta peinture que je t’aime, Ami. […] Mallarmé a donné son sentiment sur trois faits capitaux ; la rénovation du drame lyrique par Richard Wagner, l’apogée de la peinture à la fin du xixe siècle dans l’œuvre de M.
Et l’on pourrait peut-être encore faire la contre-épreuve, achever la peinture en repoussoir, par quelques traits des héros que M. […] Et quelles descriptions des tragédies où la folie du gain jette les passionnés d’argent Notez que ce moraliste, cet ascète, est en même temps un poète, un poète épris de la vie, l’adorant dans ses manifestations et dans ses sources : et, dans cette contradiction, vous trouveriez peut-être l’explication de son goût pour les peintures violentes ou lubriques, qu’on a si injustement attribuées à de bas calculs de spéculateur. […] Ce que nous appelons « psychologie », quand nous parlons des œuvres du xviie siècle, qu’est-ce autre chose, sinon la peinture des désordres que soulève dans une âme cette lutte éternelle ? […] C’est d’abord l’absence complète d’individualisme, dans le sens égoïste du mot : car leurs livres ne sont pas les peintures de telles ou telles âmes plus ou moins personnelles, mais bien celles d’une âme collective, dont leurs héros ne semblent que des émanations.
En effet, ce ne fut qu’un petit cercle d’or ; mais, pour recouvrir la peinture, un gros diamant aminci servait de glace.
Le tribun paraissait alors, et, donnant du geste et de la voix l’éloquente explication de ces peintures énigmatiques, il incendiait le peuple d’indignation contre les oppresseurs de la patrie ; il prophétisait à une multitude, incapable de distinguer la différence des siècles, le prochain rétablissement de la liberté, de la puissance et de la gloire du sénat et du peuple romain.
D’ailleurs la poésie en est si belle, si harmonieuse, le ton aimable et sublime de l’antiquité y domine si continuellement, les peintures des mœurs y sont si naïves et si particularisées qu’elles suffisent pour rendre témoignage de leur authenticité.
L’Entretien du 1er janvier prochain, sur la peinture, considérée comme littérature des yeux, et sur le peintre Léopold Robert, ce Werther du pinceau, commencera la quatrième année.
Son secours me fut d’une grande utilité dans les établissements que mes amis et moi (le duc et la duchesse Amélie) nous nous proposions de créer à Weimar, pour le progrès de la peinture et de la sculpture.
Le corps auquel il appartenait guerroya, puis séjourna dans les Flandres et dans le Brabant ; le jeune soldat en sut profiter pour visiter les riches galeries de peinture dont la Belgique est remplie, et sa vocation allait se diriger tout entière de ce côté.
» Mais je n’avais plus la force de répondre, et seulement à la fin, nous étant assis l’un à côté de l’autre, je pris la montre et je dis : « Cette peinture, tante Grédel, représente deux amoureux qui s’aiment plus qu’on ne peut dire : Joseph Bertha et Catherine Bauer ; Joseph offre un bouquet de roses à son amoureuse, qui étend la main pour le prendre. » Quand la tante Grédel eut bien vu la montre, elle dit : « Viens que je t’embrasse aussi, Joseph ; je vois bien qu’il t’a fallu beaucoup économiser et travailler pour cette montre-là et je pense que c’est très-beau… que tu es un bon ouvrier et que tu nous fais honneur. » Je l’embrassai dans la joie de mon âme, et depuis ce moment jusqu’à midi, je ne lâchai plus la main de Catherine ; nous étions heureux en nous regardant.
Tout se mêle encore dans Rousseau, le moi et la nature, l’abstraction et la sensation, la logique et la passion, l’éloquence, le roman, la poésie, la philosophie, la peinture.
Rosny, Aîné, de l’Académie Goncourt Le siècle de Balzac, de Stendhal, de Hugo, de Baudelaire, de Vigny, de Flaubert, des Goncourt, des naturalistes, des symbolistes… Le siècle de l’électromagnétisme, des principes de Carnot, de la chimie organique, de la biologie supérieure, de la radioactivité… Le siècle où la peinture française devint la première du monde.
Si quelque chose peut faire comprendre la portée de la critique et l’importance des découvertes qu’on doit en attendre, c’est assurément d’avoir expliqué par les mêmes lois Homère et le Râmâyana, les Niebelungen et le Schahnameh, les romances du Cid, nos chansons de geste, les chants héroïques de l’Écosse et de la Scandinavie 127 Il y a des traits de l’humanité susceptibles d’être fixés une fois pour toutes, et pour lesquels les peintures les plus anciennes sont les meilleures.
Et lorsque, dans les crises de grandes passions, il lui faut les exclamations les plus violentes, les plus pathétiques, il prend toujours les mêmes trois ou quatre mois : « selig, brunstig, heilig »… les termes génériques dans leur plus simple expression, parce que ceux-ci seuls siéent aux héros de son poème. « L’homme vivant et vrai, dit Wagner, ne décrit pas ce qu’il veut et ce qu’il aime : il aime et il veut… La poésie ne faisait plus que décrire… elle vous donnait le catalogue d’une galerie de peintures, mais pas les tableaux… elle était forcée de devenir platement prolixe… J’ai dû éliminer tout ce qui était superflu, fortuit, indécis, retrancher tout ce qui dénature les vrais sentiments des hommes… je n’ai gardé que le noyau… et je l’ai exprimé dans une langue concise, eu serrant autant que possible les accents de la phrase… » La langue est donc très forte, très concise, abrupte, « quintessenciée ».
Il est surtout connu pour avoir été l’ami de Delacroix et pour avoir été conservateur de la peinture du Musée du Louvre de 1848 à 1861.
Donc il me déplaisait déjà, quand il m’est devenu odieux, en disant d’une fausse peinture de Rubens qu’il a chez lui : « C’est si honnête !
Homère est un des génies qui résolvent ce beau problème de l’art, le plus beau de tous peut-être, la peinture vraie de l’humanité obtenue par le grandissement de l’homme, c’est-à-dire la génération du réel dans l’idéal.
Dickens et Thackeray, ses émules, vivent et produisent encore tous les jours de nouveaux chefs-d’œuvre de peintures de mœurs et de sensibilité.
Le tableau est étroit, la peinture est sobre de couleurs ; l’impression est éternelle !
Il y a, au salon de peinture de cette année, à Paris, un petit tableau de Gérôme, que j’ai admiré hier et qui me semble représenter parfaitement la disposition d’esprit d’Alfred de Musset à cette époque de sa vie.
Quelle contradiction et quelle folie ne serait-ce pas de se plaire à regarder les simples copies de ces êtres en admirant l’art ingénieux qui les a reproduits en peinture ou en sculpture et de ne point se passionner encore plus vivement pour la réalité de ces êtres que crée la nature et dont il nous est donné de pouvoir découvrir les causes !
Ce développement sur les peintres surréalistes et la vue libérée présente les caractéristiques de l’écriture à la fois lyrique et critique des surréalistes ; l’idée du tableau comme ouverture creusée dans le mur du réel revient chez Breton, au début du Surréalisme et la peinture ; la porte qui livre passage à Crevel est devenue une fenêtre « dont mon premier souci est de savoir sur quoi elle donne, autrement dit si, d’où je suis, « la vue est belle » […]. » cc.
Le Léon X, avec toute la Renaissance groupée autour de lui, comme un Olympe envahisseur, le Henri VIII, avec l’effroyable drame de ses femmes, que le génie de Shakespeare n’a qu’effleuré, mais comme un tel génie effleure, en laissant dans le marbre qu’il touche l’empreinte du coup de son aile, — ont leurs splendeurs et leurs passions qui rappellent les splendeurs et les passions de Luther avec sa diète de Worms, sa guerre des Paysans, sa solitude de la Wartbourg, toutes ces choses dignes de la grande peinture.
Diderot s’emportait avec raison contre la peinture et la sculpture de son temps, qui versaient dans les rébus allégoriques et ne savaient plus parler leur langue propre.
L’auteur, en y développant une peinture déjà touchée dans la Henriade, y faisait preuve de son admiration pour Voltaire et de son amour pour Henri IV, deux traits essentiels qui ne le quittèrent jamais. […] Et tout ce qui suit. — Le style, dans le détail, arrive quelquefois à un parfait éclat de vraie peinture, à une expression entière et qui emporte avec elle l’objet : on compte ces vers-là dans notre poésie classique, même dans Racine, qui en offre peut-être un moins grand nombre que Boileau : Quand la lune arrondie en cercle lumineux Va, de son frère absent, nous réfléchir les feux, Il vous dira pourquoi, d’un crêpe enveloppée, Par l’ombre de la terre elle pâlit frappée.
Ils voulaient que leur livre commun fût à la poésie ce que le Salon annuel est à la peinture. […] Il tient ce siècle ainsi que les empereurs des peintures portent le globe universel. […] L’impression qu’on en garde, c’est d’avoir été Faune soi-même, de s’être mêlé aux voix des eaux amoureuses, aux langueurs de l’heure fauve, à la luxure des roseaux souples qui gardent depuis la disparition des baigneuses la forme d’un enlacement vide, et l’on est sur le point de s’écrier avec le rôdeur des marécages siciliens : Tâche donc, ô maligne Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m’attends ; Moi, de ma rumeur fier, je vais parler longtemps Des déesses, et par d’adorables peintures, Enlever à leur ombre encore des ceintures.
Faire semblant de n’être pas hypocrites, c’est la grande vertu. » Il entendait cela d’une société quelconque de Philistins ou d’Amalécites littéraires, mais on dirait que c’est à son peuple qu’il pense, et que c’est lui qu’il veut désigner, tant la peinture est fidèle ! […] Je ne suis pas un critique d’art et j’ignore tout en peinture. […] Sa poétique, à lui, c’est que « les peintres puissants peuvent tout peindre et que leur peinture est toujours assez morale quand elle est tragique et qu’elle donne l’horreur des choses qu’elle retrace.
Et ce qu’il y a peut-être de plus admirable encore dans son œuvre que l’œuvre même, c’est que, née en ce temps de Renaissance, et lui devant non seulement la plupart de ses sujets, mais l’éclat ou la manière de sa forme, et presque tout le vocabulaire et toutes les couleurs de son éloquence et de ses peintures, elle semble cependant, en beaucoup de ses parties, en ses plus extraordinaires parties, issue d’une puissance intellectuelle, non pas rénovée, mais neuve, d’une première éclosion de race, d’une virginité de génie. […] Elles sont nombreuses, les pièces historiques où de telles peintures avaient été essayées ; et quant à la « pitié » qu’Alfred de Vigny se proposa d’inspirer « après tout », personne n’ignore qu’elle a été le but du théâtre tragique de tous les temps. […] Ne nous attardons pas non plus à remarquer que, si la société moderne s’y accordait, la thèse dramatisée par Alfred de Vigny aboutirait peut-être au poète courtisan, au poète parasite ; et même, en mettant les choses au mieux, sans rappeler la tristesse du génie pensionné, il n’en résulterait guère, dans la pratique, que des prix de Rome pour la poésie comme il y en a pour la musique et la peinture. […] De sorte que ce poète, tantôt réputé insensible, tantôt accusé d’être enclin à de trop voluptueuses peintures, a de quoi faire rêver chastement, — naïf lui-même comme un petit cousin en vacances, — les plus ingénues demoiselles. […] Il ne blâme point ceux de ses compagnons qui, moins fiers que lui, se résignèrent à la célébrité ; en son acceptation de toutes les libertés de l’art et en sa douceur, il veut bien approuver qu’ils demandent à des poèmes moins jaloux de soi-même, au drame, au roman, au conte aussi, la récompense immédiate de leurs efforts ; si l’un d’entre eux, obéissant au voisinage de la vie, s’abandonne parfois jusqu’à la peinture des vices excessifs ou des frivolités perverses, il se garde de le réprimander, le défend au besoin contre les criailleries des austérités hypocrites ; il offre, lui, vraiment pur, l’exemple des indulgences.
Les genres ne paroissent avoir été institués que pour rendre plus sensible la corrélation des noms & des adjectifs ; & quand il seroit vrai que la concordance des nombres & celle des cas, dans les langues qui en admettent, auroient suffi pour caractériser nettement ce rapport, l’esprit ne peut qu’être satisfait de rencontrer dans la peinture des pensées un coup de pinceau qui lui donne pius de fidélité, qui la détermine plus sûrement, en un mot, qui éloigne plus infailliblement l’équivoque.
Mais quand Monpavon rentra, il l’appela tout de suite près de son lit, et devant le mensonge visible même sous la peinture de cette ruine : — Oh ! […] Le cours d’esthétique de Hegel lui avait appris les règles du beau dans les arts ; priais, en face d’un tableau, il ne pouvait pas dire si la peinture était bonne ou mauvaise. […] Seulement, elle s’est jetée dans la peinture, j’entends le Samojivopistvo 3 et comme cette science a fait des progrès !
Tout imprégnés encore d’italianisme, les Ronsard et les Du Bellay, mais Desportes surtout, ont failli exercer sur la direction générale de l’esprit français la même néfaste influence que l’admiration superstitieuse des Carrache et du Guide sur les destinées de notre peinture classique. […] La Vie de saint Bruno — que je n’admire pas plus qu’il ne faut, — et les Sept Sacrements, qui sont une des grandes choses de la peinture, ne doivent rien qu’au génie de leurs auteurs, et aux sentiments qu’ils partageaient avec leurs contemporains. […] C’est entre 1690 et 1700, ou à peu près, que cette révolution s’opère dans les mœurs, et, chose assez rare, les contemporains eux-mêmes s’en aperçoivent : « Il y a bien des choses changées depuis huit ou dix ans, écrit l’abbé Dubos à Bayle, dans une lettre datée du 19 novembre 1696, et ce n’a pas été toujours en bien. » Il ajoute de curieux détails : « Il semble, dit-il, que les femmes aient oublié qu’elles sont d’un autre sexe que les hommes… L’usage des suivantes est banni et aux filles de chambre ont succédé des valets de chambre… Au lieu des enfants qu’elles avaient autrefois pour laquais, elles choisissent les plus grands garçons et les mieux faits… La quantité d’eau-de-vie qui se consomme dans le royaume est quadruple de celle qui se consommait il y a dix ans… L’esprit du jeu a été porté à un point de raffinement que l’on ne saurait passer… » Décidément, auteurs comiques ou romanciers — dont on croirait que le métier même est de forcer la vérité de leurs peintures, — nous pouvons maintenant les en croire.
Le grand mérite, selon nous, de l’auteur de la Comédie Humaine, aura été de séparer le beau véritable de l’affectation grandiloquente du beau, et aussi de détacher l’auteur de son œuvre, par le dialogue, la peinture des caractères et des sentiments, envisagés en eux-mêmes, non plus seulement par rapport à leur peintre. […] Enfin la peinture de mœurs elle-même s’en est effacée, à la façon d’un pastel non protégé, par la transformation lente de ces mêmes mœurs. […] Qu’il s’agisse de peinture (Goya, Manet), de musique (Tannhauser, Beethoven), de gravure (Méryon), du sens de la rectification historique ou littéraire (Edgar Poe, Quincey), de linguistique et de style (Mon cœur mis à nu), d’analyse intellectuelle et sentimentale, le génie pénétrant, vibrant, dru, chaud et sûr de Baudelaire provoquait autour de lui une sorte de crainte. […] Pour ne pas aimer certaines toiles de Manet, de Monet, de Renoir, par exemple, il faut ne pas admirer la lumière, manifeste surtout en peinture, mais qui joue, dans tous les arts et en littérature, un rôle prépondérant.
Et, pourtant, il lui semble impossible de ne pas voir dans ce récit une peinture terrible et voulue du soldat français : Es ist nicht möglich, in der Hennique’schen Schilderung die absichtslose Darstellung einer Schattenseite des französischen Soldatenlebens zu sehen… On devine aisément ce que peut être ce numéro 7 ; l’auteur qui nous y introduit a décrit d’ailleurs très minutieusement le décor de son drame. […] Et puis il serait dangereux d’évoquer tous ces somptueux décors, après les peintures saisissantes et les pénétrantes analyses de Taine. […] Mêmes disparates dans le reste de l’ajustement : ici, « un mantelet descendant jusqu’à la ceinture, garni, au bord, de petites pelotes de soie dont le trémoussement incessant est fait pour hypnotiser ou mettre en fuite le spectateur nerveux », là un peplum grec ; ailleurs la robe empesée et monumentale de Catherine de Médicis, le corselet d’Agnès Sorel, les bouffants, les crevés et la fraise de Marie Stuart, la ceinture « empire » ; ou bien la redingote de drap et le devant de chemise amidonné, vicieuse parodie du costume masculin, ou bien encore « les blancs vêtements flottants des anges de l’Annonciation, tels qu’on les voit dans les peintures de Memling… ». […] L’homme qui a su mêler à la psychologie de Pingot tant de pensées, de sentiments et de vivantes peintures, sans compter l’histoire brève, presque tragique du déserteur Thomassot, et les cinq pages, sobres et poignantes, où est contée l’agonie de l’artilleur Daubard, est sûrement de ceux-là.
Mais il est vrai que Taine a développé de préférence la thèse originale de son livre et a montré avant tout dans les fables une peinture de la société du dix-septième siècle. […] La courte description que je viens de citer rappelle le goût des peintures galantes du dix-huitième siècle et des opéras ou des cantates mythologiques de Rameau. […] C’est Hercule sur le bûcher, dans sa fatale tunique… » Il y a aussi des peintures vivantes et grouillantes des vieilles rues de Toulon, un peu dans la manière de M. […] Vogüé a pris la peine d’étudier sérieusement l’architecture et la peinture de l’Athos, de comparer Panselinos à Giotto, de rechercher les causes de la décadence byzantine et de la floraison italienne.
L’analyse du cœur humain, la peinture des caractères remplacèrent sur la scène l’antique guerre des Dieux.
La peinture s’exprime par le dessin et par la couleur ; la sculpture, par la forme, le marbre et le bronze ; l’architecture, par l’édifice et le monument ; la danse elle-même, par l’attitude et le mouvement.
On y voit beaucoup de monuments de marbre, et de peintures de Cimabue et du Giotto.
Ils peignent avec exactitude l’enthousiasme pour tous les arts de la main qui renaissaient sous Léon X, le culte du génie, la liberté des passions individuelles, à qui les crimes même étaient pardonnés en faveur d’un chef-d’œuvre de peinture et de sculpture, et enfin ce mélange bizarre de dévotion sincère et d’attentats atroces que l’absolution du pontife effaçait de la main même de l’assassin.
L’âme est l’essence du corps qui sans elle n’est plus ce qu’il est, tout comme un œil de pierre, un œil en peinture n’est pas un œil véritable.
L’ensemble de ces travaux fournit une peinture sombre et un avertissement salutaire.
Si je n’étais pas saisi par la puissance de cette image réapparue devant moi, par l’aspect troublant de ce revenant que j’aime à voir revenir sous la plume évocatrice de Féval, je vous aurais fait remarquer toutes les beautés de cette peinture, dont chaque coup de pinceau est une pensée, dans un temps où ceux qui passent pour des peintres n’ont que de la couleur physique à mettre par-dessus leur néant, comme des maçons mettent du mortier dans des trous.
Darwin a tracé une peinture saisissante des réactions consécutives à une douleur de plus en plus aiguë : « Elle pousse l’animal à exécuter les efforts les plus violents et les plus variés pour échapper à la cause qui la produit… Dans la souffrance intense, la bouche se contracte fortement, les lèvres se crispent, les dents se serrent.
Croce s’est faite de l’intuition artistique (qui est, selon lui, expression) a d’autres conséquences logiques qui nous intéressent directement ; c’est ainsi qu’il combat résolument, à diverses reprises42, l’idée développée par Lessing dans son Laocoon : qu’il y a entre les différents arts (sculpture, peinture, poésie, musique) des limites précises et infranchissables.
Le génie d’Homère s’explique aussi sans peine ; l’incomparable puissance d’invention qu’on admire dans ses caractères, l’originalité sauvage de ses comparaisons, la vivacité de ses peintures de morts et de batailles, son pathétique sublime, tout cela n’est pas le génie d’un homme, c’est celui de l’âge héroïque.
Si Dieu n’y pourvoit, ajoute l’historien, cette corruption passera aux moines et aux religieux, quoique à vrai dire presque tous les monastères de la ville soient devenus des lupanars, sans que personne y contredise… » À l’égard d’Alexandre VI, amant de Lucrèce, sa fille, c’est au lecteur à chercher dans Burchard la peinture des priapées extraordinaires auxquelles il assiste avec Lucrèce et César, et l’énumération des prix qu’il distribue. […] Les cavaliers qui l’écoutent y trouvent, comme chez Ford, Beaumont et Fletcher, la copie crue de la vérité la plus brutale et la plus immonde, et la musique légère des songes les plus gracieux et les plus aériens, les puanteurs et les horreurs médicales374, et tout d’un coup les fraîcheurs et les allégresses du plus riant matin ; l’exécrable détail de la lèpre, de ses boutons blancs, de sa pourriture intérieure, et cette aimable peinture de l’alouette, éveillée parmi les premières senteurs des champs. « Je l’ai vue s’élevant de son lit de gazon, et, prenant son essor, monter en chantant, tâcher de gagner le ciel et gravir jusqu’au-dessus des nuages ; mais le pauvre oiseau était repoussé par le bruyant souffle d’un vent d’est, et son vol devenait irrégulier et inconstant, rabattu comme il l’était par chaque nouveau coup de la tempête, sans qu’il pût regagner le chemin perdu avec tous les balancements et tous les battements de ses ailes, tant qu’enfin la petite créature fut contrainte de se poser, haletante, et d’attendre que l’orage fût passé ; alors elle prit un essor heureux, et se mit à monter, à chanter, comme si elle eût appris sa musique et son essor d’un de ces anges qui traversent quelquefois l’air pour venir exercer leur ministère ici-bas.
Il avait des goûts artistiques très vifs, ou plutôt des sensations d’art très personnelles, des jouissances de dilettante profondes, et, ce me semble, assez originales ; plus justes, autant que je puis m’y connaître, en peinture qu’en musique, mais toujours très passionnées, qui d’abord lui ont rendu de très grands services, l’ont empêché de n’être qu’un satirique morose et bilieux ; ensuite ont ouvert à son esprit certaines régions qui, sans ces goûts, lui seraient restées très étrangères. […] — Et vous étudiez Stendhal comme théoricien littéraire sans dire un mot de la théorie des milieux, de cette vue de génie qui a simplement renouvelé la critique tout entière, disons mieux, qui l’a créée, puisqu’elle en a fait une science… — Non, je ne parlerai pas de la théorie des milieux, je ne citerai pas cette ligne : « Mon but est d’exposer avec clarté comment chaque civilisation produit ses poètes » ; ni celle-ci, d’ailleurs bizarre ; car je ne vois pas les énormes différences qu’il y a entre le climat de Londres et celui de Paris, ni entre le système politique de Louis XIV et celui d’Elisabeth : « Le climat tempéré et la monarchie font naître des admirateurs pour Racine ; l’orageuse liberté et les climats extrêmes produisent des enthousiastes de Shakespeare » ; et je ne chercherai pas à réduire en système les considérations incohérentes de l’Introduction à l’histoire de la peinture en Italie, d’où l’on peut conclure tour à tour, de dix en dix lignes, que le despotisme est éminemment favorable et absolument mortel aux beaux-arts ; je laisserai de côté ces vues profondes ; parce que Stendhal n’en a rien tiré, parce qu’une théorie n’a de valeur et ne devient titre de gloire que quand on s’en sert pour expliquer un certain nombre de faits, et pour grouper et pour soutenir et pour éclairer un certain nombre de vérités particulières ; parce que, quand un auteur n’a pas fait sienne une théorie par cet usage, ne la pas vérifiée par ces applications et ne l’a pas confirmée par cette suite, on peut toujours dire à coup sûr qu’à cet état rudimentaire elle était déjà dans un de ses prédécesseurs, et que tant s’en faut qu’elle fasse honneur, qu’au contraire en avoir eu l’idée et n’en avoir tiré rien est presque une preuve que tout en la découvrant on ne l’a pour ainsi dire pas comprise. — C’est bien, je crois, le cas de Stendhal. […] Cette partie flatteuse de la peinture de la démocratie par Tocqueville n’en est pas moins très intéressante, et dans son ensemble assez vraie. […] Pour le psychologue, le portrait de soi-même est toujours l’essentiel et le centre ; la peinture de l’humanité est le tableau, au milieu duquel le portrait prend toute son exactitude, en prenant une vérité de comparaison, de contraste, de relations et de rapports.
Et l’ardente et désespérée comtesse Lara, cette Louis Labé italienne ; et la pitoyable, attendrie et farouche Ada Negri, magnifique d’éloquence et de fougue lyrique dans ses peintures des souffrances des humbles et des meurtris ; et l’aimable poète de l’amour romanesque Luigi Gualdo ! […] Augustin Filon toute une peinture de plusieurs aspects de la vie anglaise, faite par quelqu’un qui connaît admirablement l’Angleterre, qui y vit depuis trente ans bientôt, qui l’étudie constamment et qui l’aime beaucoup.
……………………………………………… Ce furent de beaux lis qui, mieux que la nature, Mêlant à leur blancheur l’incarnate peinture Que tira de leur sein le couteau criminel, Devant que d’un hiver la tempête et l’orage À leur teint délicat pussent faire dommage, S’en allèrent fleurir au printemps éternel.
Mandez-moi tout, ma reine : la peinture la plus naïve et la plus circonstanciée sera celle qui me plaira davantage.
Il est vrai que, averti par l’ancien proverbe, je pense toujours aux vivants ; mais, quand je voudrais oublier Épicure, comment le pourrais-je, lui dont nos amis ont le portrait, non seulement reproduit à grands traits par la peinture, mais encore gravé sur leurs coupes et sur leurs bagues ?