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904. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 414-416

Bussy, [Roger de Rabutin, Comte de] de l’Académie Françoise, né à Epiri dans le Nivernois en 1618, mort à Autun en 1693 ; Bel-Esprit de la Cour de Louis XIV, & un des plus polis Ecrivains de son siecle ; nous ne disons pas des meilleurs, parce qu’avec de la vivacité dans l’esprit, de la facilité pour écrire, il a peu de littérature, trop de penchant à la satire, plus de finesse que de justesse dans le raisonnement, & sur-tout un ton de prétention qui dépare toutes ses bonnes qualités. […] Il rétracta, long-temps avant sa mort, les égaremens de sa jeunesse, & sur-tout ces Productions malignes & licencieuses, où l’esprit se pare des vices du cœur, comme dit M. le Duc de Nivernois.

905. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 55-57

Une mort prématurée la lui enleva. Après l’avoir célébrée pendant sa vie, il la célébra après sa mort, & l’on soupçonneroit son amour ou ses regrets d’avoir été très-foibles, à en juger par les Vers que M.

906. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 235-237

MARSAIS, [César Chesneau du] Avocat au Parlement de Paris, né à Marseille en 1676, mort à Paris en 1756 ; un des plus habiles & des plus profonds Grammairiens de notre Nation. […] du Marsais a paru rétracter ses écarts philosophiques : il est mort en remplissant avec édification les devoirs d’un bon Chrétien.

907. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 280-282

MAYNARD, [François] de l’Académie Françoise, né à Toulouse en 1582, mort en 1646 ; ami de Regnier & de Desportes, & l’Eleve de Malherbe. […] Las d’espérer & de me plaindre Des Muses, des Grands, & du Sort, C’est ici que j’attends la mort, Sans la désirer ni la craindre.

908. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 502-504

PETIS DE LA CROIX, [François] Secrétaire Interprete du Roi pour les Langues Orientales, Professeur en Arabe au Collége Royal, mort à Paris en 1713. […] On a aussi publié, après sa mort, l’Histoire de Timur-Bec, connu sous le nom du grand Tamerlan, Empereur des Mogols & Tartares.

909. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 346-348

Thou, [Jacques-Auguste de] Président au Parlement de Paris, sa patrie, né en 1553, mort en 1617. […] D'ailleurs, la maniere dont il est mort, en soumettant tous ses Ecrits au jugement de l'Eglise, est une preuve convaincante de l'orthodoxie de ses sentimens.

910. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 409-411

Vaniere, [Jacques] Jésuite, né dans le Diocese de Beziers, en 1664, mort à Toulouse en 1739 ; est un des Poëtes Latins qui a le mieux saisi la maniere & le ton de Virgile, dans le genre pastoral. […] M. de Voltaire & M. d'Alembert qui pensent trop souvent d'après ce Poëte, ont beau dire qu'on doit s'attacher à sa Langue, & renoncer aux Langues mortes, dans lesquelles, selon eux, il est impossible de bien écrire, ils ont oublié, sans doute, que c'est en étudiant la Langue de Virgile, d'Horace, de Cicéron & de Tacite, celle d'Homere, de Sophocle, de Démosthenes, & de Thucydide, qu'on peut se former le goût pour bien écrire dans la sienne.

911. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Après la mort, elle est peut-être quelque chose de mieux, puisqu'elle devient un objet d'émulation pour la Postérité, qui, sans elle, retomberoit dans la barbarie. […] Sa mort vient de me ravir l'honneur de lui offrir à lui-même cette image d'un regne aussi glorieux que sage. […] Elle a pour titre, Problême Littéraire, & pour but, de prouver que les meilleurs Morceaux des Trois Siecles sont de la façon d’un Vicaire de Paroisse, nommé Martin, mort il y a environ deux ans, avec lequel j’ai été long-temps lié de l’amitié la plus étroite. […] l’Abbé Martin (mort il y a environ quatre ans) n’est pas l’Auteur des Trois Siecles, il l’est au moins des meilleurs Morceaux de cet Ouvrage, ainsi qu’il l’a donné lui-même à entendre à plusieurs Habitués de Paroisse. […] Il publie à présent que les Articles que vous avez ajoutés à votre Ouvrage depuis la mort de l'Abbé Martin, sont d'un vieux Médecin de Franche-Comté : il n'est point d'absurdité que l'excès de sa haine ne lui fasse débiter contre vous.

912. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Il dit que toute la société vit aujourd’hui de passif, que tout le monde, à de rares exceptions, passe sa vie dans les dettes, et que les mariages, les successions, et enfin la mort, font durer et mettent en règle cet état général. […] Je vais à la messe de mort de Fervaques, dans cette église d’Auteuil, où je ne suis pas entré depuis l’enterrement de mon frère. […] Samedi 2 septembre À mon âge, et dans mon métier, quand on se sent, certains jours, talonné par la mort, l’angoisse est affreuse de savoir, s’il vous sera donné de terminer le livre commencé, et si la cécité, le ramollissement du cerveau, ou enfin la mort, n’inscriront pas le mot fin, au milieu de votre œuvre. […] » Mardi 12 décembre Quelques six mois avant sa mort, me dit du Mesnil, je causais avec Fromentin. […] Est-ce la menace de la congestion, avec la mort à bref délai.

913. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Je me soumets — conclut Chesterton — au christianisme comme à un facteur d’éducation, vivant, et non point mort. […] Il est mort dans un naufrage en mer Blanche, en revenant d’un voyage en Russie où il était parti clandestinement en 1920. […] Georges Bannerot (1891-1917), poète français mort de maladie durant la première guerre mondiale, est également l’auteur des poèmes du Cantique des morts (1914-1916) et des Statues mutilées, publiées en 1918 par la Librairie d’action d’art de la ghilde « Les Forgerons » (Paris). […] En 1914, il est condamné à mort par contumace pour son poème « À nos frères inconnus, les poètes allemands ». […] Ce recueil de poèmes inspirés par l’Afrique, imprimé en 1919 sur les presses de l’imprimeur-libraire François Bernouard, avec une gravure sur bois de Vlaminck, ne comporte pas d’informations sur l’auteur qui publie une nouvelle, « Les hommes de la mort », dans ce même numéro d’Action : « Les hommes de la mort.

914. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Et comme il doit désirer la mort, celui qui ne peut pas mourir ! […] Une voix a crié sur la mer : « Pan est mort !  […] Et puis cette mort lui a inspiré de si belles pages, si tendres, si harmonieuses ! […] La mort d’Emma donne bien une émotion aussi forte que la mort d’Athalie. […] Mais ces morts et ces tortures, c’est le drame même : M. 

915. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Elle songea à la mort. […] La révocation de l’Édit de Nantes a eu lieu ; Colbert est mort ; Louvois vient de mourir ; Turenne est mort ; Condé est mort. […] Mais il n’a été en bronze qu’après sa mort. […] Est-ce une raison pour être mort ? Est-ce deux raisons pour être mort ?

916. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Beaucoup sont morts. […] Tout le reste dort, ou est mort. […] Le mort, on veut l’aider. […] Souvenons-nous des jeunes morts. […] Ce qui est mort, il le néglige après avoir séparé beaucoup de vie de ce qui paraît mort.

917. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Les adversaires se confessent et communient, et, ainsi préparés à la mort, ils entrent dans la lice. […] La plus belle est celle où sont enterrés les deux rois de Perse, derniers morts. […] Le roi Abbas II étant mort en son absence, toutes ses espérances de fortune étaient mortes avec lui, la cour avait changé de goût. […] Presque tous les grands du temps du feu roi étaient ou morts ou disgraciés. […] L’envoyé alléguait pour ses raisons que son collègue, qui avait des ordres libres, était mort ; mais que lui n’avait point le pouvoir de rien donner, outre ce que portait sa commission.

918. (1925) Proses datées

A peine sera-t-il mort qu’on sera étonné de la place qu’il aura occupée. […] Sera-ce la mort ? […] Viaud étendu sur le rivage de la mer à bout de forces et à demi mort. […] Le nègre d’ailleurs était mourant : « Pourquoi sa mort ne m’aurait-elle pas été utile ?  […] A sa mort, en 1780, il laissa trois fils.

919. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

On le crut mort. […] Victor Cousin pour revêtir des belles formes de sa poésie les idées de la philosophie la plus noble et la plus pure qu’ait enfantée l’esprit humain. « Si la mort de Socrate fut celle du plus sage des hommes, avait dit Jean-Jacques Rousseau, la mort de Jésus-Christ fut celle d’un Dieu : il semble que le poëte se soit souvenu de ce rapprochement, et qu’il ait voulu peindre la première de ces deux morts comme l’humble préface de l’autre. […] M. de Lamartine ne chante pas la mort de Socrate, il la récite. […] Il y a enfin quelque chose d’excessif et de peu naturel dans cet enthousiasme à la vue de la mort ; Dieu, qui nous l’imposa comme un châtiment, l’a faite terrible à l’homme ; le philosophe et le poëte ont beau parer le spectre, la laideur indélébile de la mort paraît sous la fraîcheur des idées et sous le charme des vers. […] C’est le tableau du sensualisme païen placé comme pendant en face du spiritualisme païen de la mort de Socrate.

920. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Aujourd’hui ces romans sont morts. […] Encore un roman mort ! […] À l’occasion de sa mort. […] à l’occasion de sa mort. […] A l’occasion de sa mort.

921. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Malgré qu’ils usèrent d’ironies et de badinages, ils aimèrent la Vie et la préférèrent à la Mort. […] Les pieux héros font retentir les cités mortes. […] Et enfin les dominant de sa statue, voici la Mort, atroce et grandiose figure qui semble résumer l’horreur entière de cette contrée pestilentielle, la Mort qui apparaît. […] Mais un soir nous avons éprouvé combien il était vain de marcher, enivrés, vers la mort. […] Discours sur la Mort de Narcisse (St-G. de Bouhélier).

922. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Léon Dequillebec » pp. 165-167

C’est là qu’il est mort sans bruit, comme il avait vécu, sans une mention dernière dans les feuilles publiques, et le jour même où le convoi entrait sous les voûtes de Notre-Dame du Bon Voyage, l’Académie décernait des couronnes et jetait, comme une suprême ironie, sur le cercueil de ce poète mort pauvre, un bruit inutile de pièces d’or.

923. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 249-251

Beausobre, [Isaac de] né à Niort en 1659, mort à Berlin en 1738, où il s’étoit réfugié. […] « Il considere ce progrès insensible, mais si rapide de la vie vers sa fin, la mort toujours prochaine, ou plutôt toujours présente, le tombeau, la cendre, le tribunal de son Juge, les peines & la gloire de l’Eternité ; il attache sa vue sur ces dernieres fins de l’homme, si propres à régler sa course, &, prosterné chaque jour devant Dieu, il lui demande la grace de bien vivre, pour avoir celle de bien mourir ; sacré soin, précieuse solitude, sceau de Dieu dans les ames prédestinées, vigilance nécessaire, mais rare dans tous les hommes, plus rare dans les Grands, & plus nécessaire encore aux Grands qu’aux autres hommes ».

924. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 412-415

GODEAU, [Antoine] Evêque de Grasse, né à Dreux en 1605, mort à Vence en 1672. […] Je ne sais point s’il passera à la postérité, mais il faudra pour cela qu’il ressuscite, puisqu’on peut dire qu’il est déjà mort, n’étant presque plus maintenant lu de personne. » Nous remarquerons, avant de finir cet article, qu’on lit dans une Ode de M.

925. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 544-546

IVETEAUX, [Nicolas Vauquelin des] Abbé, fils du Poëte la Fresnaye, né dans un Château près de Falaise, mort en 1649 ; est plus connu par son goût pour les plaisirs, que par ses Ouvrages, quoiqu’il écrivît dit-on, purement en Latin, en Italien & en François, soit en Prose, soit en Vers. […] C’est ainsi qu’on parvient à cette prétendue élévation d’ame, ou plutôt à cette insouciance destructive de tout sentiment noble, & dans laquelle on ne s’endort avec complaisance, que parce que, n’écoutant que soi-même, on ne trouve pas de Contradicteurs : espece de mort morale, dont on ose faire une vertu sublime, tandis qu’elle anéantit toutes les vertus.

926. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 441-443

Taurin, né à Cognac, dans l’Angoumois sur la Charente, en 1649, mort à Paris en 1728. Il a eu le sort de la plupart des Auteurs médiocres, c’est-à-dire quelques succès pendant sa vie, & le plus profond oubli après sa mort.

927. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Préface (1859) »

Si un auteur pouvait avoir quelque droit d’influer sur la disposition d’esprit des lecteurs qui ouvrent son livre, l’auteur des Contemplations se bornerait à dire ceci : Ce livre doit être lu comme on lirait le livre d’un mort. […] Le vrai, l’unique : la mort ; la perte des êtres chers.

928. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Mignet y a prononcé l’éloge de Jouffroy, mort il y a plus de dix ans, mais qui est encore assez présent par sa physionomie et par ses écrits au souvenir de ses amis et contemporains pour qu’on ait pu songer naturellement à le célébrer. Il n’y avait donc rien en apparence que de très simple : une des sections les plus graves de l’Institut allait rendre un hommage un peu tardif, mais bien mérité, à l’un de ses membres, à un philosophe mort en 1842. […] Oui, mort il y a dix ans, il aurait pu attendre quelques années encore à être célébré par M.  […] Il a raconté, dans des pages publiées après sa mort, et qui n’ont été que légèrement affaiblies par l’éditeur, la crise morale qu’il subit à l’âge de vingt ans, le moment plein d’effroi, où lui, élevé dans ses montagnes et dans la foi des patriarches, il s’aperçut tout d’un coup qu’il ne croyait plus : Je n’oublierai jamais, écrivait-il, la soirée de décembre où le voile qui me dérobait à moi-même ma propre incrédulité fut déchiré. […] Cousin, qui excelle à réparer sa ligne quand elle est rompue, voyant Jouffroy mort, a repris solennellement possession de son disciple sur sa tombe.

929. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Henri IV mort, le président continua d’être un des principaux conseillers de l’État, et pendant près de douze années encore (1610-1622) il ne cessa, sauf un court intervalle marqué par le premier ministère de Richelieu, de servir chaque jour soit dans les finances, dont il eût le maniement en chef, soit dans toutes les affaires si compliquées de la régence et des premières années de la majorité. […] Au reste, pour apprécier l’ensemble de la conduite et du caractère du président Jeannin en ces années, on n’a rien de mieux à faire que de s’en rapporter au témoignage décisif du cardinal de Richelieu, un moment son adversaire, qui le vit de près à l’œuvre, qui lisait et relisait ses Négociations manuscrites durant son exil d’Avignon, et à qui il échappe à son sujet des paroles d’une admiration généreuse : On ne saurait assez dire de ses louanges, écrit-il à l’occasion de sa mort ; mais il faut faire comme les cosmographes qui dépeignent dans leurs cartes les régions tout entières par un seul trait de plume. […] On dit que celui-ci, malgré sa douleur, prit sur lui de présider le Conseil le jour même de cette mort, comme à l’ordinaire. […] Il se préparait à aller jouir du repos en sa maison de Montjeu près d’Autun, et d’où l’on a une des plus belles vues sur la ville et le pays, lorsqu’il mourut à Paris, le 31 octobre 1622. disent toutes les biographies ; cependant, comme il y a des lettres de lui qu’on présente comme datées des deux premiers mois de 1623, j’incline à croire que la vraie date de sa mort est des derniers jours de février ou peut-être de mars de cette même année. […] Claude, de la Bibliothèque impériale, m’a bien voulu donner copie, entre autres pièces, d’une lettre de Jeannin au président de Thou, dont j’ai cité un passage sur la mort de Scaliger.

930. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Il y a quelque chose qui, dans une étude sur Bailly, dominera toujours sa vie et ses ouvrages : c’est sa mort, son courage calme et céleste 66, sa patience, ce mot simple et sublime, le seul tressaillement suprême qui échappa à sa conscience de juste et d’homme de bien. […] Les sciences ont perdu ces deux hommes illustres dans la force de leur âge ; une mort prématurée a terminé leurs travaux et leurs succès, et m’a privé des ressources sur lesquelles j’avais fondé mes espérances. […] N’ayant pas cru faire assez, Bailly revint encore sur ce sujet dans de nouvelles Lettres sur l’Atlantide de Platon et sur l’ancienne histoire de l’Asie, qui ne parurent qu’en 1779, après la mort de Voltaire, mais qui lui étaient également adressées comme s’il était toujours présent. […] Martin68, a vu, non pas naître, mais se développer avec une faveur toute nouvelle deux hypothèses peu conciliables, et pourtant acceptées alors avec enthousiasme par les mêmes esprits, parce qu’elles dérivent d’une même source, de la passion pour le nouveau et l’inconnu, savoir : l’hypothèse du progrès indéfini de l’humanité, et l’hypothèse d’un âge d’or des sciences mathématiques et physiques près du berceau du genre humain. » En effet, dans le temps même où Turgot traçait pour l’humanité le programme d’une marche ascendante et d’un progrès indéfini, que Condorcet devait développer avec une sorte de fanatisme et pousser aux dernières limites, jusqu’à dire que la mort pour l’homme pourrait se retarder indéfiniment, Buffon, Bailly se reportaient en arrière vers un âge d’une date non assignable, dans lequel ils plaçaient je ne sais quel peuple sage, savant, inventeur à souhait, et créaient un véritable âge d’or pour des imaginations d’académiciens. […] L’abbé de Molières est mort en combattant sur les ruines du système de Descartes.

931. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Le 15 mai 1840, la Revue des deux mondes publiait un article de George Sand sur un jeune poète dont le nom était parfaitement ignoré jusque-là, Georges-Maurice de Guérin, mort l’année précédente, le 19 juillet 1839, à l’âge de vingt-neuf ans. […] » S’il était mort, en effet, à cette heure ou dans les mois qui suivirent, s’il s’était brisé dans sa lutte intérieure, quelle belle et intacte mémoire il eût laissée ! […] Après trois années d’une vie indépendante et toute parisienne, aux approches de la mort, les siens eurent la consolation de le voir redevenir chrétien. […] Ces passages subits de lumière donnaient à ces profondeurs si majestueuses dans l’ombre quelque chose de hagard et d’étrange, comme un rire sur les lèvres d’un mort. […] Leur mission d’amour accomplie, elles sont mortes, comme une mère qui périt en donnant la vie.

932. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Au moment même où la science rendait les éminents services qu’il vient vivement de nous décrire, elle voyait la mort planer sur elle et frapper les plus nobles têtes : Lavoisier, Bailly, Condorcet. Elle n’y regardait pas, non plus que le vaillant soldat ne s’arrête aux morts dans la bataille, et elle continuait de travailler. Un jour, un officier dépêché d’une de nos frontières arrive au Comité de salut public ; il annonce que les armées sont en présence, mais qu’on n’ose envoyer le soldat au feu parce que les eaux-de-vie sont empoisonnées : des malades qui en ont bu dans les hôpitaux sont morts. […] Les volumes de Mélanges contiennent quelques articles insérés au Mercure de France, à ce Mercure déjà mort ou mourant dès le temps de La Bruyère, depuis lors remourant sans cesse, et qu’on essayait de ressusciter en 1809, sous le titre de Nouveau Mercure. […]  » Je me rappelle qu’un jour, citant ces vers où Virgile nous décrit les signes extraordinaires qui éclatèrent à la mort de César : « Combien de fois l’Etna n’a-t-il point vomi des laves et des flammes !

933. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Il traîna ainsi plus de quarante ans, n’étant mort qu’en 1788. […] La jeune princesse Aloïsia de Stolberg, née à Mons en Hainaut (1752), était fille d’un lieutenant général autrichien, mort à la bataille de Leuthen : on aurait dû naturellement demander l’agrément de l’impératrice Marie-Thérèse ; on ne le fit pas, et l’impératrice en témoigna son mécontentement à la mère de la jeune princesse. […] Quand un homme a pris l’habitude de tomber ivre mort, il est difficile au cœur ou au bras d’une faible femme de le relever, et lorsque avec cela il lui vient, de temps en temps, de soudaines envies de la saisir à la gorge et de la traîner par les cheveux, ce qu’elle a de mieux à faire pour sa dignité comme pour sa sûreté, c’est de se mettre à couvert. […] Je ne demande pas une admiration excessive pour Mme d’Albany que j’aurai bientôt à définir, sous sa forme dernière, comme une personne gracieuse, distinguée et surtout sensée, comme une vraie reine de salon et une maîtresse de maison parfaite, dont la mort, en 1824, mit le deuil dans Florence et fut une perte pour la société européenne tout entière ; mais, à considérer sa vie telle qu’elle sut la réparer et la fixer, je ne vois pas qu’il y ait lieu ni prétexte contre elle, de la part d’un esprit juste, à aucun anathème. […] Elle y resta fidèle, et à quarante années d’intervalle, quatorze ans après la mort d’Alfieri, recevant de je ne sais quel poète une Dédicace pompeuse, elle remerciait en répondant avec modestie que la comtesse d’Albany ne la méritait pas, et elle ajoutait, en parlant d’elle-même, ce mot dont elle aurait voulu faire comme la devise de toute sa vie : « Elle n’a d’autre mérite que d’avoir été l’amie d’un homme supérieur. » Je continuerai, à la suite de M. 

934. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Jules Philippe, les Poëtes de la Savoie 50, qui se recommande par une Introduction sur les anciens poëtes et versificateurs du pays, et par un choix des modernes, y compris les vivants, j’ai été frappé de la notice sur Jean-Pierre Veyrat, né en 1810, mort en 1844, que l’éditeur n’hésite pas à saluer du titre, non pas de « poëte souverain », mais de « grand poëte. » Les extraits qui suivent, dans le volume, ne me paraissant pas tout à fait suffisants pour motiver un pareil éloge, j’ai voulu remonter à la source, aux œuvres mêmes, et, pour achever de m’éclairer, j’ai consulté un de mes amis, un proche parent de Veyrat, et qui m’avait déjà entretenu de lui à la rencontre, M.  […] Il avait vingt-huit ans ; le jeune homme était mort en lui : l’homme était fait. […] … Il rappelle ses premiers bonheurs dans une vie patriarcale et pure, les peines cruelles de l’exil, tout ce que l’exilé au retour ne retrouvera plus : Qui me ramènera vers les bords fortunés Où sont morts mes aïeux, où mes frères sont nés ? […] dût le chemin qui mène à ma patrie Être plus rude encore, et ma tête meurtrie Ne pas trouver de pierre où se poser le soir ; Dussé-je n’avoir pas une table où m’asseoir, Pas un seul cœur ému qui de moi se souvienne, Pas une main d’ami pour étreindre la mienne ; Comme le lépreux d’Aoste, au flanc de son rocher, Dussé-je cultiver des fleurs sans les toucher, N’avoir pour compagnon, dans ma triste vallée, Qu’un chien, et pour abri qu’une tour désolée, Et quand je souffre trop pendant les longues nuits, Qu’une sœur pour me plaindre et bercer mes ennuis, Une sœur qui, souffrant de la même souffrance, Prie et veille avec moi jusqu’à la délivrance…, Je veux aller revoir les lieux que je chéris, De mon bonheur au moins retrouver les débris ; Si ce ne sont les morts qui dorment sous la pierre J’embrasserai leurs fils, hélas ! […] Il était dans son entier développement et dans sa véritable maturité lorsque la mort le frappa à trente-quatre ans.

935. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

disait-elle, il est mort ce soir à six heures ; sans cela, vous ne me verriez pas ici. » Sous ce régime continu de distractions et d’amusements, il n’y a plus de sentiments profonds ; on n’en a que d’épiderme ; l’amour lui-même se réduit à « l’échange de deux fantaisies »  Et, comme on tombe toujours du côté où l’on penche, la légèreté devient une élégance et un parti pris301. […] À la mort du premier Dauphin313, pendant que les gens de la chambre se jettent au-devant du roi pour l’empêcher d’entrer, la reine se précipite à genoux contre ses genoux, et lui crie en pleurant : « Ah ! ma femme, notre cher enfant est mort puisqu’on ne veut pas que je le voie ». […] Devant la mort présente, ils n’ont pas le soubresaut de sang et de colère, le redressement universel et subit de toutes les puissances, l’accès meurtrier, le besoin irrésistible et aveugle de frapper qui les frappe. […] Trait suprême du savoir-vivre qui, érigé en devoir unique et devenu pour cette aristocratie une seconde nature, se retrouve dans ses vertus comme dans ses vices, dans ses facultés comme dans ses impuissances, dans sa prospérité comme dans sa chute, et la pare jusque dans la mort où il la conduit.

936. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

En attendant qu’il fût connu, et que ses élégies, confiées à l’amour ou à l’amitié, dussent se répandre après sa mort par la bouche des admirateurs, on avait, à la fin du xviiie  siècle, un goût croissant et plus ou moins bien entendu pour l’antique : c’est ce goût et presque cette mode que le Voyage du jeune Anacharsis est venu servir et accélérer. […] Lorsque Barthélemy publiait son voyage, M. de Choiseul était mort depuis 1785 ; Mme de Choiseul existait et était destinée à survivre à l’ami qui la célébrait si délicatement. Le Voyage d’Anacharsis avait paru depuis quelques mois, et le succès allait aux nues : une place devint vacante à l’Académie française par la mort du grammairien Beauzée, et Barthélemy, choisi tout d’une voix pour lui succéder, fut reçu dans la séance publique de la Saint-Louis (août 1789). […] Dans une des séances de la Convention qui suivirent la mort de Barthélemy, Dusaulx, l’ancien ami de Jean-Jacques et le traducteur de Juvénal, monta à la tribune, et prononça de lui un éloge, dans lequel il recommandait les neveux du défunt à la sollicitude de la patrie. […] [NdA] Mme de Choiseul, après la mort de son mari, s’était retirée dans un couvent rue du Bac ; après la suppression des couvents, et sous le Directoire, elle habitait un entresol de l’hôtel de Périgord, rue de Lille.

937. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Mais le travail lui a été imposé, et il n’y a pour lui de repos que dans la mort. […] Si l’homme laisse envahir son domaine par la solitude, la nature reprend ses premiers droits ; et l’homme est de nouveau frappé par la mort. […] Le chêne criait sous la cognée, et le sillon produisait des semences de mort. […] VI L’homme règne sur les animaux : mais les uns fuient son approche, les autres viennent chercher les fers de la servitude, les autres enfin accourent autour de son habitation pour l’embellir ou pour être protégés par lui ; il en est même qui viennent chercher la mort pour sa nourriture, ou offrir leurs molles toisons pour ses vêtements. […] Trois grands hommes sont morts la même année, et ont laissé chacun un nom immortel, qui se rattache à un ordre différent d’idées : le dernier des Grecs, Philopœmen, enveloppé dans la gloire du guerrier qui défend ses foyers ; Scipion, qui venait de donner aux Romains le sceptre de la domination universelle ; et le plus grand des hommes de guerre qui ait jamais paru, Annibal, survivant, au sein de l’exil, à une patrie qu’il ne peut sauver.

938. (1864) Études sur Shakespeare

À peine permet-il quelques mots à Juliette entre la mort de Roméo et la sienne ; Macduff se taira après le massacre de sa femme et de ses enfants ; et Shakespeare a voulu que Constance fût morte avant de nous apprendre la mort d’Arthur. […] Burbadge, le premier acteur de son temps, avait contribué au succès des pièces de Shakespeare ; Hemynge et Condell ont donné, sept ans après sa mort, la première édition complète de ses œuvres dramatiques. […] Le jour de sa mort avait été, en Espagne, celui de la mort de Cervantes. […] Shakespeare mort, Ben-Johnson vivait. […] C’est qu’il s’adresse au spectateur et non à Thésée : Thésée, déjà instruit que son fils est mort, n’est plus capable de se prêter aux impressions du récit.

939. (1894) Critique de combat

Qui donc a dit que le soleil était mort et qu’il n’y aurait plus de printemps ? […] Zola a encore enrichi sa galerie déjà si riche de morts tragiques. […] Qui nous dira le lendemain de la mort ? […] Dites : naître… La mort est bleue. […] Le royaume de l’Histoire, c’est le royaume de la Mort.

940. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Mais voici la Mort qui, de sa main voilée, lève les voiles. […] Pan est mort ! » — ce sanglot : « Christ est mort !  […] Il est mort, le pauvre enfant. […] Ce qu’il espérait, c’était la prompte mort.

941. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Goffic, Charles (1863-1932) »

Il était tout Breton, puisque celle qui l’inspirait avait grandi dans la lande, et que celui qui l’éprouvait y mêlait du vague et le goût de la mort. Le poète nous apprend que sa bien-aimée, paysanne comme la Marie de Brizeux, avait dix-huit ans et se nommait Anne-Marie… Le poète semble bien croire que, si l’amour est bon, la mort est meilleure.

942. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

. — La Mort de Rotrou (1811). — Charlemagne, poème en dix chants (1812). — Élégies, suivies d’Emma et Eginard (1812). — Goffin, ou le Héros liégeois (1812). — Poésies diverses (1812). — Alfred, poème (1815). […] Quoi de plus touchant que l’Anniversaire où le poète déplore la mort de son père !

943. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 285-288

Berruyer, [Isaac-Joseph] né à Rouen en 1681, mort à Paris en 1758, seroit sans contredit le meilleur de nos Historiens, si les Histoires qu’il a écrites portoient un autre titre que celui de Peuple de Dieu. […] On est fâché de voir le même Ecrivain qui fait si bien nous peindre l’avénement du Messie, la sublimité de sa doctrine, la sainteté de sa morale, l’éclat de ses miracles, les circonstances de sa passion, les ignominies de sa mort, donner dans des écarts, dont une sagacité aussi profonde & aussi déliée que la sienne auroit dû le garantir.

944. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 390-393

Brumoy, [Pierre] Jésuite, né à Rouen en 1688, mort à Paris en 1742. […] Brun, [Laurent le] Jésuite, né à Nantes en 1607, mort à Paris en 1663 ; Poëte Latin qui a prétendu égaler les plus grands modeles, en n’imitant que les titres de leurs Ouvrages.

945. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 367-370

GALLOIS, [Jean] Professeur en Grec au Collége Royal, de l’Académie Françoise & de celle des Sciences, né à Paris en 1632, mort dans la même ville en 1707. Le Journal des Savans, qu’il se chargea de continuer seul, après la mort de M.

946. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 445-448

GRESSET, [Jean-Baptiste-Louis] de l’Académie Françoise & de celle de Berlin, né à Amiens, mort en 1777. […] Gresset a toujours fait de ses talens, lui avoit accordé, peu d’années avant sa mort, des Lettres de Noblesse, dont voici le préambule.

947. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 480-482

PELISSON, [Paul] de l’Académie Françoise, né à Beziers en 1624, mort à Paris en 1693. […] Les Protestans qui ont osé assurer qu’il est mort dans des sentiments suspects, ne l’ont pas connu : une ame aussi élevée que la sienne, étoit incapable de dissimulation.

948. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 544-547

POSTEL, [Guillaume] né à Baranton dans la Basse-Normandie, mort à Paris, âgé de 107 ans, en 1581, & non en 1582, comme l’ont assuré plusieurs Auteurs. […] Linguet, ce sont les consolations qu’elle presente à tous les Fideles, & contre les dégoûts de l’opulence, & contre les horreurs de la pauvreté, contre les fureurs des persécutions, & contre les angoisses même de la mort.

949. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

Sa maîtresse alors se relève et lui dit en riant : « Ne te fais pas de mal à la main ; le morhoméné ouâra est déjà mort. […] Est-ce la femme qui a eu le courage de rester seule, en pleine nuit, sous le cadavre du fauve, sans savoir si celui-ci était tout à fait mort ou bien encore si une autre panthère ne surviendrait pas ?

950. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Je suis tenté de répéter ici ce que je dis souvent, quand je vois toutes les inventions qu’on fait après coup des hommes que nous avons le mieux connus : « Il faut attendre que nous soyons morts pour nous faire avaler cela. » I. […] Je rentrai chez moi, maudissant les salons, les femmes, les journalistes, et tout ce qui ne voulait pas la République à la vie et à la mort. […] Benjamin Constant, un peu avant sa mort, était donc lassé, usé et archi-usé, presque éteint, et il ne se réveillait que par secousses. […] il en souffrit comme d’une humiliation et d’une injure personnelle ; on l’entendit sur son lit de mort, et dans le délire suprême de l’agonie, murmurer ces mots qui ressemblaient à un reproche et à une plainte : « Après douze ans d’une popularité justement acquise, justement méritée ! […] Armand Carrel, dans le National du 12 décembre 1830, consacra quelques lignes à la mort de Benjamin Constant ; mais cet article où le journaliste se représente, lui et son parti, comme si pressés par les événements, qu’on n’a pas même le temps de pleurer et de célébrer ses morts, semble trop avoir pour but d’éluder un plus complet éloge.

951. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

A l’âge de douze ans, m’étant trouvé d’une constitution assez forte, on me fit soldat dans la légion saxonne qu’Auguste donna à l’Empereur, l’année 1709, et je jurai aux enseignes, le 15 janvier, dans la plaine de Lützen en Saxe, fameuse par la mort du grand Gustave-Adolphe. […] Poniatowski et Fritsch étaient les vraies gens pour M. le Cardinal, et il avait confiance en eux. » La Saxe avait donc en lui, chez nous, un très bon observateur, un attaché du premier ordre, qui de tout temps l’aima, la servit, et qui certainement l’aurait servie encore davantage, à plein collier et de son épée, si elle l’avait voulu et si elle avait osé prendre un grand parti à l’heure décisive où, Charles VI mort, s’ouvrit la succession de l’Empire. […] Le maréchal, la rassurant avec quelque ironie, lui répondait qu’on l’avait vu à Paris, qu’il en était reparti le lendemain, à ce qu’on disait : « Ce qu’il y a de certain est qu’il n’est point mort, comme vous le croyez. Vous êtes avec lui comme certaine héroïne qui disait de son amant : Il est mort, puisqu’il ne paraît point. […] La race poétique ne prend pas la chose si fort à cœur. — Voltaire a donné deux tragédies depuis la mort de Mme du Châtelet : on le disait mort aussi, parce qu'on le croyait fort attaché à cette dame.

952. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Je ne fus jamais ambitieux que par amour, et j’aurais bien fait ; car, de toutes les passions, une seule survit et renaît en nous jusqu’à la mort : c’est l’amour. […] Les uns et les autres lui déconseillèrent cette publication qui allait l’engager avec les morts de la Révolution. […] Une lettre qu’il reçut à peu près à cette époque de madame de Farcy, sa sœur, lui annonça la mort de sa mère. […] Mais à côté se trouve le touchant tableau de la jeune mère indienne ensevelissant et berçant son enfant mort parmi les branches d’un érable. […] Le vieux prêtre, le père Aubry, marche comme un vieillard expérimenté de la mort.

953. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Rien surtout ne saurait donner du poème une idée plus favorable que le morceau qui se trouve, du reste très illogiquement, l’ouvrir : le Jugement de Renart est vraiment un chef-d’œuvre, à quelques grossièretés près, et telle de ses parties, comme l’arrivée de dame Pinte demandant justice de Renart pour la mort de Copée, donne la sensation de quelque chose d’achevé, d’absolu, d’une œuvre où la puissance, l’idée de l’écrivain se sont réalisées en perfection. […] Et voici tout le service funèbre de Renart (qui du reste n’est pas mort) : d’abord on chante auprès du corps les leçons, répons et versets des vigiles des morts ; puis le lendemain on sonne les sains, on porte le corps à l’église, on le dépose devant l’autel, et l’office commence. Bernart l’archiprêtre, « un peu avant l’évangile », fait l’oraison funèbre de Renart, qui commence, ainsi qu’il sied, par une grave méditation de la mort, et se termine en ordurière polissonnerie. […] L’un d’eux nous conte, avec une décision crue de style, la « ribole » de trois commères parisiennes qui, après une longue séance au cabaret, sont ramassées dans le ruisseau, ivres, noires de boue : on les croit mortes, et on les jette au charnier des Innocents où elles se réveillent le lendemain, la face couverte de terre, des vers dans les cheveux80. […] L’idéal exquis du genre pourrait être représenté par le Curé et le Mort de La Fontaine.

954. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Impossible de douter que la misère ne fût éternelle, comme la maladie et la mort, puisqu’elle avait toujours existé. […] Rien de plus visible que ce va-et-vient dans ce qui s’est écrit en notre siècle à propos de la peine de mort. […] » Ainsi tout autour de la peine de mort s’épanouit une abondante floraison d’œuvres littéraires, qui, si elles n’ont pas encore réussi à la faire disparaître, l’ont du moins réduite à se défendre, à se cacher, à reculer devant la lumière du jour et le regard de la conscience humaine. […] Dans la Princesse de Clèves, l’époux meurt de chagrin et de jalousie en séparant par sa mort ceux qu’il a séparés de son vivant. […] Contre ceux qui contrevenaient aux ordonnances étaient édictées les peines les plus sévères comportant pour les libraires la saisie des exemplaires mis en vente, l’amende, la prison, le pilori, les galères, entraînant pour les auteurs le bannissement, la Bastille, et même en certains cas la mort.

955. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Il l’avait dit dans sa France libre : « La mort éteint tout droit. […] On raconte qu’il s’évanouit presque en entendant leur arrêt de mort, et qu’il s’écria : « C’est moi qui les ai tués !  […] J’ai dit que Camille, dans un endroit du Vieux Cordelier, a un mouvement d’élévation véritable ; c’est dans le numéro 5, quand il fait bon marché de sa vie et qu’il se montre prêt à la sacrifier pour la cause de l’humanité enfin et de la justice, c’est quand, s’adressant à ses collègues de la Convention, il s’écrie : Ô mes collègues, je vous dirai comme Brutus à Cicéron : Nous craignons trop la mort, et l’exil et la pauvreté. […] Cette descente ne nous offrira aucuns paysages inconnus, aucuns sites qui ne se soient offerts mille fois plus délicieux à ce Salomon qui · disait, au milieu de ses 700 femmes, et en foulant aux pieds tout ce mobilier de bonheur : J’ai trouvé que les morts sont plus heureuses que les vivants, et que le plus heureux de tous est celui qui n’est pas né. […] Tous ces gens de la noce (excepté Mercier, qui n’échappa à la mort que par l’incarcération), tous périrent de mort violente, y compris les deux époux, et tous du fait de cet autre convive, ce cher M. de Robespierre.

956. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Mais une fois jeté en prison (avril 1794), détenu au Luxembourg, La Harpe, avec cette âpre personnalité qu’on lui connaît, s’étonna plus qu’un autre d’avoir été atteint ; l’idée de la mort lui apparut, son imagination lui fit tableau ; il fut en proie à un grand tumulte, et, dans ce bouleversement de tout son être, il sentit une révolution s’opérer en lui : il eut le coup de foudre, ce qu’on appelle le coup de la grâce, qui le renversa et le retourna. […] D’un côté, ma vie était devant mes yeux, telle que je la voyais au flambeau de la vérité céleste, et de l’autre la mort, la mort que j’attendais tous les jours, telle qu’on la recevait alors. […] Marie-Joseph Chénier, vers ce temps aussi, publia sa satire, Les Nouveaux Saints, dans laquelle La Harpe joue un grand rôle, et où on lui fait dire : Avant Dieu, j’ai jugé les vivants et les morts. […] Le 10 février 1803, la veille de sa mort, La Harpe ajouta une déclaration à son testament : « J’exhorte tous mes compatriotes, disait-il en terminant, à entretenir des sentiments de paix et de concorde. » Il était grand temps, et le conseil avait du naïf de la part du belliqueux vieillard qui avait disputé et bataillé jusqu’à extinction. […] [1re éd.] qu'on a données après sa mort.

957. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Pour les morts, c’est différent. Avec les morts, M.  […] Tel est le coup de pied ferré à la glace qu’il détache dans les jambes, non de Byron mourant, mais de Byron mort. « Ne crève pas mes pauvres yeux, Hubert !  […] Trelawney sera mort, attendra-t-il aussi longtemps un biographe intime qui dévoile à son tour cette misère de cœur que l’on appelle l’ingratitude, et qui aura peut-être existé ? […] Noble douleur, anglaise et chrétienne, dont il a fini par mourir (Voir dans les Recollections la lettre à sa sœur que la mort a interrompue, comme les stances d’André Chénier).

958. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Auguste Fabre, frère cadet de Victorin, formé par lui aux lettres et deux fois sauvé de la mort par son dévouement, avait pour cet aîné, nous l’avons dit, un véritable culte qui prenait des formes touchantes et d’autres fois bizarres. […] Comme, en 1815, après les Cent-Jours, quelques électeurs de l’Ardèche avaient eu l’idée de porter à la députation Victorin Fabre, Auguste s’est échappé à dire, dans une notice biographique écrite après la mort de son frère, que cette nomination, si elle avait eu lieu, aurait pu changer le cours des choses et arrêter sur leur penchant les destinées de la patrie. Lorsque Victorin fut mort, Auguste, atteint du coup, se renferma dans l’appartement de son frère, laissa croître sa barbe, ne sortit plus, ne permit plus qu’on enlevât la poussière des papiers et des meubles, désormais consacrés à ses yeux ; il mourut tout entier à ce deuil, et constatant sa pensée fixe dans un testament dont un récent procès est venu révéler les dispositions singulières.

959. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

et Novissima Verba, ou Mon âme est triste jusqu’à la mort. […] Il est.. il serait tout, s’il ne devait finir, Si le cœur d’un mortel le pouvait contenir… Mais lui-même il passe ; la mort le brise ou le temps l’use ; il périt dans le déchirement, ou il s’éteint dans l’indifférence : Je vois passer, je vois sourire La femme aux perfides appas Qui m’enivra d’un long délire, Dont mes lèvres baisaient les pas ! […] Ces mêmes anxiétés se retrouvent avec plus d’énergie et de profondeur encore dans le poème intitulé : Novissima Verba, ou Mon âme est triste jusqu’à la mort ; c’est une véritable agonie au jardin des Olives ; agonie longue, traînante, dont les assauts n’ont pas de fin.

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