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1644. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

La naissance et l’éducation d’André Chénier s’accordent merveilleusement avec les œuvres qu’il nous a laissées ; sa mère était grecque, d’une beauté remarquable, et d’un esprit ingénieux ; son père était consul de France à Constantinople. […] À seize ans, il lisait familièrement Homère et Sophocle : il avait retrouvé par l’étude la patrie de sa mère. […] Une jeune fille élevée sous les yeux de sa mère ne peut prendre pour une marque d’amour la familiarité qui réussit tout au plus auprès d’une aventurière aguerrie.

1645. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Certes la patrie de Cramer, de Calandrini, de Burlamaqui, de Trembley, de Bonnet et de Saussure, n’a rien à envier aux plus fières patries, surtout quand elle est la nourrice aussi et la mère adoptive de tant d’hommes dont le nom ne se sépare plus du sien, et quand elle a, selon les temps, Calvin pour les saints, Abauzit pour les sages.

1646. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Le cottage est propre ; il y a là des habitudes d’ordre ; les assiettes à dessins bleuâtres, régulièrement rangées, font un bon effet au-dessus du buffet brillant ; les carreaux rouges ont été balayés, il n’y a pas de vitres cassées, ni salies ; point de portes disjointes, de volets dépendus, de mares stagnantes, de fumiers épars, comme chez nos villageois ; le petit jardin est purgé de toutes les mauvaises herbes ; souvent des rosiers, des chèvrefeuilles encadrent la porte, et, le dimanche, on voit le père, la mère assis près d’une table bien essuyée, avec du thé et du beurre, jouir de leur home, et de l’ordre qu’ils y ont mis.

1647. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Les débris du toit paternel de Saint-Lupicin vendus à l’encan, que tu n’oseras plus regarder inaperçu que de loin, pendant que la fumée de l’étranger, se levant au souffle d’hiver, te rappellera ce cher foyer où ta jeune mère réchauffait dans ses mains tes mains d’enfant glacées par la neige !

1648. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Il le questionne et apprend qu’il est joaillier de profession ; qu’il se fait batelier les fêtes et les dimanches pour gagner quelque argent et seconder les efforts de sa mère et de ses sœurs ; que tous quatre travaillent et économisent dans le but d’amasser deux mille écus pour racheter leur père esclave à Tétouan.

1649. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Quand on regarde dans quelles impressions s’écoula l’enfance de Lamartine, on ne trouve rien autour de lui que d’aimable, de bon, de gracieux, père, mère, sœurs ; et pour cadre Milly, les coteaux du Maçonnais.

1650. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Sa mère voulait lui faire quitter les livres de droit pour les romans de d’Urfé ; son excellent naturel résista.

1651. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Et, quand l’homme apparut sur ce sol encore créateur, sans être allaité par une femme, ni caressé par une mère, sans les leçons d’un père, sans aïeux ni patrie, songe-t-on aux faits étonnants qui durent se passer au premier réveil de son intelligence, à la vue de cette nature féconde, dont il commençait à se séparer ?

1652. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Wagner annonce la femme authentique (amante et mère), et ses noces avec le poète d’où naîtra le drame.

1653. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

C’est la région des vérités abstraites, des lois, des formules, accessible seulement à l’esprit pur, le domaine mystérieux de l’impalpable et de l’invisible où règnent les principes de toutes choses comme les Mères du second Faust « qui trônent dans l’infini, éternellement solitaires, la tête ceinte des images de la vie, actives, mais sans vie. » Tous deux créateurs à leur manière : l’un parce qu’il sait manier les couleurs, les mots, les formés pittoresques qui donnent aux idées le vêtement et la vie ; l’autre parce qu’il croit avoir saisi les ressorts cachés qui font mouvoir le monde, les formules fécondes qui traduisent les lois de l’univers et d’où le flot des phénomènes s’échappe comme d’une source indéfectible.

1654. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

portait des vêtements de deuil et pleurait en silence ; les meilleurs de ses enfants étaient morts, la mère sanglotait comme la Niobé antique ; une grande désolation était répandue sur elle.

1655. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

N’est-ce pas une espèce d’endurcissement professionnel que celui de Tartuffe, s’exprimant, il est vrai, par la bouche d’Orgon : Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme, Que je m’en soucierais autant que de cela !

1656. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Le seul honnête homme est George III, un pauvre lourdaud borné qui devint fou, et que sa mère avait tenu comme cloîtré pendant sa jeunesse. […] Au lieu des courtisanes de Lély, on voit à côté d’eux des dames honnêtes, parfois sévères et actives, de bonnes mères entourées de leurs petits enfants qui les baisent et s’embrassent ; la morale est venue, et avec elle le sentiment du home et de la famille, la décence du costume, l’air pensif, la tenue correcte des héroïnes de miss Burney.

1657. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Il ne fixe sa vue que sur des objets brillants, sur la figure de sa mère ou de sa nourrice. […] Perez17. « Un enfant de six ans, fort distrait d’habitude, se mit un jour de lui-même au piano pour répéter un air qui charmait sa mère : ses exercices durèrent plus d’une heure.

1658. (1842) Discours sur l’esprit positif

Cette sommaire appréciation suffit ici pour indiquer la destination et signaler l’importance d’une telle loi encyclopédique, où réside finalement l’une des deux idées mères dont l’intime combinaison spontanée constitue nécessairement la base systématique de la nouvelle philosophie générale. […] La combinaison rationnelle de ces deux idées mères, en constituant l’unité nécessaire du système scientifique, dont toutes les parties concourent de, plus en plus à une même fin, assure aussi, d’une autre part, la juste indépendance des divers éléments principaux, trop souvent altérée encore par de vicieux rapprochements.

1659. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Un organisme tel que celui d’un Vertébré supérieur est le plus individué de tous les organismes : pourtant, si l’on remarque qu’il n’est que le développement d’un ovule qui faisait partie du corps de sa mère et d’un spermatozoïde qui appartenait au corps de son père, que l’œuf (c’est-à-dire l’ovule fécondé) est un véritable trait d’union entre les deux progéniteurs puisqu’il est commun à leurs deux substances, on s’aperçoit que tout organisme individuel, fût-ce celui d’un homme, est un simple bourgeon qui a poussé sur le corps combiné de ses deux parents. […] Des cobayes en gestation, dont on détériorait le foie ou le rein, transmettaient cette lésion à leur progéniture, simplement parce que la détérioration de l’organe de la mère avait engendré des « cytotoxines » spécifiques, lesquelles agissaient sur l’organe homologue du fœtus 44.

1660. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Que de choses surgissent devant les yeux émerveillés d’une mère qui regarde son petit enfant ! […] Disons plutôt que la réalité est grosse de possibilités, et que la mère voit dans l’enfant non seulement ce qu’il sera, mais encore tout ce qu’il pourrait être s’il ne devait pas à chaque instant de sa vie choisir, et par conséquent exclure.

1661. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

« Il donne à la mère attraction passionnée pour ces travaux immondes », et le problème est résolu. […] Elle le plongeait dans une atmosphère où les hommes ont peine à vivre, toute pleine d’aspirations sans but, d’espérances sans corps, d’êtres imaginaires qui ne sont plus possibles dans le milieu actuel. » Le jeune Quinet était rêveur avec de dangereuses délices, de bonne heure concentré et silencieux, semblant choisir pour camarade favori ce jeune homme dont il parle à sa mère, qui, pendant trois heures de promenades, ne lui adresse pas une parole. […] A seize ans, sa vie passionnelle se partage entre la musique, les psaumes de David, et ses lettres à sa mère, qui sont trop belles, trop bien écrites pour cet âge. […] Sa mère, protestante convaincue, tout en lui laissant faire sa première communion catholique, nourrit discrètement, mais constamment et d’instinct, d’autant plus fortement par conséquent, cette avide jeune âme de religion grave, triste et énergique. […] Chrétien individualiste, chrétien libre, fils de protestante du reste, et ayant beaucoup vécu, vivant encore de la vie morale de sa mère, il ne pouvait devenir que protestant.

1662. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Sa mère, devenue veuve, s’était remariée en 1811 à M. de Forcade La Roquette, qui fut juge de paix à Paris pendant plus de trente ans.

1663. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

À l’en croire, ses parents l’avaient perdue exprès sept ou huit fois, et sa mère avait fini par la vendre à des saltimbanques chez qui elle était restée deux ans.

1664. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

À cela il faut ajouter encore que, nourri dans un pays inculte et religieux, sous les yeux d’une mère pieuse, la vue du vieil autel catholique éveillait chez lui les souvenirs de l’enfance, toujours si puissants sur une imagination sensible et grande.

1665. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

» IX Un ardent enthousiasme pour la philosophie (ou la sagesse humaine), mère de toute vertu, ouvre la cinquième Tusculane.

1666. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Pour quiconque remonte attentivement, par les monuments écrits de nos jours et de nos races, aux premiers jours et aux premières races de cette terre pensante, il reste évident que la Divinité, mère, nourrice et institutrice de ses créatures, leur a révélé toujours et partout ces idées innées, ces exemplaires gravés dans leur âme, ces philosophies préexistantes, ces consciences instinctives d’où ils tirent les conjectures sur la vérité et la vertu.

1667. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Dans l’état actuel, une extrême critique est une cause d’affaiblissement physique et moral ; dans l’état normal, la science sera mère de la force.

1668. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Elle porte dans les pays hospitaliers où elle reçoit accueil la langue, les goûts, les idées de la mère patrie, et en même temps la haine du régime, quel qu’il soit, qui la force à se développer sur le sol étranger.

1669. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Mais, dans ces thèmes naïfs, au rythme jamais banal, que chantèrent enfants les mères de nos ancêtres, recherchez patiemment et sachez découvrir la qualité primitive de notre mélodie, et, par votre inspiration, par votre labeur personnel, développez jusqu’à une parfaite manifestation artistique l’âme musicale, inconsciente, de la patrie.

1670. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Ah, si acharné virtuose que l’on soit, l’on ne mettra pas un conte de Mère L’oye en draine lyrique !

1671. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Spencer dit qu’il y a une langue mère dans laquelle toutes les autres peuvent être traduites : la langue de la résistance ; selon nous, il y a une langue plus universelle, plus primitive, celle de l’appétition.

1672. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Toutes les autorités paraissant donc avoir été inutilement tentées, la dernière et la plus triste des dominations s’ensuivit, celle de l’indifférence, mère de la nuit et du chaos.

1673. (1929) La société des grands esprits

On a peu de renseignements sur la mère, une certaine Hélène, qui paraît avoir été de condition plus modeste que celle de Ronsard. […] Plus significatif encore est le passage de Caïn où Adah, sa sœur et sa femme, avoue qu’elle l’aime plus que leurs père et mère, et demande : « Est-ce là aussi un péché ?  […] D’autre part, Byron contait ceci à lady Melbourne : « Il est étrange que j’aie toujours eu un pressentiment : je me rappelle que, quand j’étais enfant, je demandai un jour à ma mère, en lisant l’histoire romaine, à propos de mariage, pourquoi je n’épouserais pas X… » X, c’est évidemment sa sœur. […] Si Byron mit sa fille naturelle Allegra dans un couvent, c’était pour embêter les Anglais et notamment la mère, l’insupportable Jane Clairmont.

1674. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Nous pénétrons dans l’intérieur tumultueux des Horn : c’est un tapage fait des brutalités du père affreusement ivrogne, du délire hystérique de la mère, des gémissements de Nelly, des cris effarés des enfants. […] Donc il devient l’amant de Nelly, il la rend mère, il quitte la mère et l’enfant, comme on les quitte quand on est d’ailleurs sans perversité, la mort dans l’âme. […] Tu auras véritablement relevé celle qui était déchue ; tu l’auras fait rentrer dans l’ordre, tu l’auras restituée dans son rôle d’épouse et de mère.

1675. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Elle a conservé plus particulièrement ses formes primitives dans un idiome illustré par des poètes qui furent nommés troubadours. » Il imagina donc qu’il y avait eu, au moment où la langue latine expirait, et où naissaient les idiomes modernes, une espèce de langue médiatrice, fille (un peu bâtarde) de l’une, mère très-légitime des autres, qui aurait eu ensuite son développement à part, et son plus direct, son plus précoce et son plus favori rejeton dans l’idiome des troubadours.

1676. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Pour le punir, François Ier réclame la Savoie comme héritage de sa mère, Louise de Savoie.

1677. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

« Au mois de mars de cette année, je reçus des lettres de ma mère, et ce furent les dernières.

1678. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

En marchant à travers des ajoncs, des genêts ou des genévriers, vous êtes attiré vers quelque hallier d’où vous avez entendu s’élever un son doux, assez semblable à la syllabe chit plusieurs fois répétée ; le père et la mère troglodyte voltigent autour des jeunes rameaux ; et bientôt vous voyez un petit qui, d’une aile faible encore, mais en toute hâte, rentre sous le buisson, en poussant un cri étouffé.

1679. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Il y a eu là tout au moins un jour où la religion de sa mère lui a parlé.

1680. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Cette dernière annonce à l’enfant la mort de son père et de sa mère.

1681. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

L’enfant ne subsiste que si la mère, le père, une foule d’individus subsistent autour de lui.

1682. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

La nécessité vitale est mère de l’industrie intellectuelle.

1683. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Un certain Cimmino, de Naples, avait fait inscrire sur sa poitrine ces paroles plus simples, mais qui ont couleur de sincérité : « Je ne suis qu’un pauvre malheureux. » — Dans leurs vers, souvent très touchants, le même sentiment de mélancolie est exprimé : Ô mère, comme je regrette, heure par heure, Tout ce lait que vous m’avez donné !

1684. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Bovary par exemple, et le Frédéric Moreau de L’Éducation sentimentale, peuvent paraître plus vraisemblables, d’une sorte de vérité banale mieux saisie que les comtesses d’Octave Feuillet ; mais ces dernières ont pu fort bien être faites et très exactement d’après nature, comme ont été peintes de même les vierges de Raphaël, les bacchantes de Rubens et les vieilles mères de Rembrandt.

1685. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Par exemple, ses opinions sur la semence et la génération, sur la manière dont se forme l’enfant dans le sein de sa mère, et si vous l’entendiez assurer que l’âne, non-seulement ne rit pas, mais qu’il ne peut ni charpenter ni ramer ! 

1686. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Il avait idéalisé dans ses dieux les âges, les sexes, toutes les conditions de l’humanité : le jeune homme, la vierge, le guerrier, la mère, le prêtre, le chantre, l’athlète, le roi, tout le monde avait son idole, comme on disait au moyen âge, son saint. […] Que le devoir n’est que la conséquence du droit, puisque celui-ci date pour nous de l’instant où nous étions encore dans le ventre de notre mère, et que si la pratique du droit est facultative, celle du devoir ne devient rigoureuse qu’à la condition qu’on lui laisse pour auréole la liberté.

1687. (1891) Esquisses contemporaines

C’est ainsi que j’ai été mathématicien, musicien, érudit, moine, enfant, mère. […] Il en est cent pour un ; des raisons de convenance empêchent de citer les meilleurs : « Elle avait feuilleté tour à tour les œuvres de Balzac et de Spielhagen, Monsieur de Camors et Cometh up as a flower, confusément, sans jamais se placer au point de vue impersonnel qui seul établit la perspective des œuvres de cette sorte et permet de s’affranchir de leur ivresse en les comprenant… » « La personne est tout pour l’amour, et les faits ne sont rien ; il a cette clairvoyance de comprendre que la félicité ou le malheur ont pour condition première et dernière cette essence indéfinissable qui est comme l’arrière-fond des êtres… » « Il y a une espèce d’immoralité impersonnelle, particulière aux femmes, et qui est celle des mères, des sœurs et des amantes. […] Lui qui n’avait connu ni son père ni sa mère, cette seule phrase de la sublime oraison lui causait une émotion inexprimable… » Enfin dans son dernier ouvrage, M. 

1688. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

  Pourquoi chercherais-je à dissimuler que la pensée mère de ces Essais est une réflexion personnelle ? […] Gœthe et Victor Hugo, la sainte qui fut ma mère, se sentaient immortels : est-ce que c’est une raison pour que le gros X… soit en péril sérieux de survivre à son existence ignoble et à son corps souillé ? […] Les génies ne tombent pas sur nous du ciel à l’improviste par un caprice des dieux ; ils sortent, à l’heure convenable, de la terre, mère des hommes, et, quand ils naissent, tout est prêt pour les produire comme pour les recevoir. […] Si Mme de Grignan était restée près de sa mère, pour la plus grande joie de celle-ci, Mme de Sévigné, littérairement, ne serait pas ou existerait à peine.

1689. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Les Infants de Lara, Glenarvon, le Cœur et la Dot, les Mères repenties, les Sceptiques, les Mémoires de Don Juan, témoignent d’une pensée élevée, forte et poétique, que trahit parfois une exécution rebelle, mais la volonté du beau et du bien est partout. […] Pendant longtemps, Hippolyte Monpou, de même que tous les poètes dont il traduisait les vers, fut regardé par les bourgeois électeurs et éligibles comme un écervelé, comme un furieux qu’on avait tort de laisser chanter sans muselière ; quand il s’asseyait au piano, l’œil en feu, la moustache hérissée, il se formait autour de lui un cercle de respectueuse terreur : aux premiers vers de l’Andalouse, les mères envoyaient coucher leurs filles et plongeaient dans leurs bouquets, d’un air de modeste embarras, leur nez nuancé des roses de la pudeur. […] Ce n’était plus la brillante courtisane attendrie et purifiée par l’amour, c’était la pauvre femme du peuple, la mère de douleurs du faubourg, ayant dans le cœur les sept pointes d’épée, comme la Marie au Golgotha.

1690. (1890) Nouvelles questions de critique

Il se trouve avoir à citer quelque part un couplet d’une Ballade de Villon, la Ballade de la Vierge, que Villon, comme on le sait, composa pour sa mère. […] Le Petit que Marivaux, comme il a l’air de vouloir l’insinuer, soit une invention de mademoiselle Mars et de madame Arnould-Plessy, cependant on n’avait pas besoin, sur les éditions originales de l’École des mères ou de Marianne même, de tant de renseignements. […] Car si l’on fait une fois commencer l’histoire d’un mot français avec celle du mot latin dont il est dérivé, quelle raison aura-t-on de ne pas poursuivre et remonter jusqu’au grec, jusqu’au sanscrit, jusqu’à la prétendue langue mère indo-européenne ? […] Justement dans ces périodes lointaines de l’histoire, qui ne relèvent pas de l’Académie française ; et non seulement dans les grands écrivains de l’époque classique, mais encore dans les écrivains du moyen âge ; non seulement dans les écrivains, mais dans les chartes, mais dans les diplômes, mais dans les « documents d’archives », ainsi qu’on les appelle ; mais dans les débris enfin des anciens dialectes et jusque dans la formation des langues sœurs ou dans la corruption de la langue mère.

1691. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

On me dit une mère et je suis une tombe, Mon hiver prend vos morts comme son hécatombe, Mon printemps ne sent pas vos adorations. […] Lorsque, par un décret des puissances suprêmes, Le poète apparaît en ce monde ennuyé, Sa mère, épouvantée et pleine de blasphèmes, Crispe ses poings vers Dieu qui la prend en pitié. […] La nature est-elle une mère pour nous, ou la spectatrice impassible de nos misères et de nos souffrances ? […] Sully Prudhomme non plus, les Gaulois de race ou de tempérament, ceux qui trouvent le vin bon, les filles belles, et la vie joyeuse ; ou les optimistes, ceux qui croient que la nature est une « mère » pour l’homme ; ou enfin les épicuriens, ceux qui se piquent de la duper elle-même et d’en jouir en s’en moquant, tous ceux-là trouveront ce sentiment bien bizarre… Mais qu’ils fassent attention seulement qu’ils sont en présence ici de l’une des formes les plus aiguës du pessimisme, née de l’impuissance où nous sommes de faire dominer l’esprit sur la chair ; qu’ils se souviennent que, du désespoir de n’y pouvoir pas réussir, on leur en pourrait nommer qui en sont morts ; et qu’ils considèrent surtout que toutes les exagérations, s’ils le veulent, mais aussi, dans l’histoire de l’humanité, toutes les beautés de l’ascétisme et de la sainteté nous sont venues de là.

1692. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

» — « Ci gît le soin que sa mère avait de la garder », ce qui est bien plus finement imaginé encore, car il faut renchérir. — Et les deux gentilshommes avancent. […] Au théâtre les acteurs jouent ces rôles chacun selon son « emploi » et rétablissent la différence ; mais examinez, et vous verrez qu’elle est factice. — Et, pareillement, les mères (le plus souvent) sont aussi jeunes de cœur que leurs filles ; les pères dressent des pièges joyeux où se prendront leurs enfants, d’une humeur aussi gaie et alerte que de jeunes valets. — Et tout cela est léger, capricieux, aérien, fait de rien, ou d’un rêve bleu, qui nous emmène bien loin, loin des pays qui ont un nom, dans une contrée où l’on n’a jamais posé le pied, et que pourtant nous connaissons tous pour savoir qu’on y a les mœurs les plus douces, les caractères les plus aimables, des imperfections qui sont des grâces, et que c’est un délice d’y habiter. […] Plantes, un peu plus mobiles, nourries par la mère commune, les hommes varient comme les végétaux d’un point à un autre de cet univers.

1693. (1911) Nos directions

Et je vois ces centaines de visages blancs Et je sais qu’il y a là le caissier qui sait que demain On vérifiera les livres et la mère adultère dont l’enfant vient de tomber malade Et celui qui vient de voler pour la première fois, et celui qui n’a rien fait de tout le jour. […] Marc et Marcellin sont liés au poteau ; leur mère, leurs sœurs, leur vieux père les supplient d’abjurer le Christ. […] Dès ce premier acte si plein d’action, si gros de pathétique possible, commence le « spectacle », et tous les accessoires et tous les artifices de « spectacle », défilent devant nous : rhétorique outrée de la mère, — inutiles offrandes des jeunes filles, en rondels gracieux, oiseux, — insistance dans les vœux, redoublement dans les miracles, — sans oublier la foule et sa loquacité confuse autour du préteur « dormant dans sa graisse ».

1694. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Par sa mère, elle se trouvait cousine germaine du cardinal de Retz, qui fit ce qu’il put pour qu’elle lui fût encore autre chose.

1695. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

À son retour, dans le repas des réjouissances, sa mère lui montra un violent poison qu’elle aurait mis dans sa boisson pour le soustraire à la sentence, et « pour montrer qu’elle n’était pas poltronne, ajoute Jonson, elle était résolue à boire la première. » On voit qu’en fait d’actions vigoureuses, il trouvait des exemples dans sa famille.

1696. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Pope veut se venger de ses ennemis littéraires, et chante la Sottise, auguste déesse de la littérature, « fille du Chaos et de la Nuit éternelle, lourde comme son père, grave comme sa mère », reine des auteurs affamés, et qui choisit Théobald pour son fils et pour son favori.

1697. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Voici pourquoi : XI Le règne si moral de l’infortuné Louis XVI avait fait, par suite des mauvais conseils d’un vieux ministre, une grande faute de moralité et une offense mortelle à l’Angleterre : cette faute était d’avoir pris en main la cause de l’insurrection civile des colonies anglaises de l’Amérique du Nord contre la mère patrie ; c’était d’avoir pris en main cette cause en pleine paix, c’est-à-dire déloyalement et en contravention avec le droit des gens, politique indigne d’un roi honnête homme et d’une nation qui se respecte dans sa parole, politique qui déclare de bouche la paix à la nation britannique, et qui attise d’une main cachée la plus malfaisante des guerres, la guerre civile, la guerre d’insurrection, la guerre filiale contre la nation avec laquelle on simule la loyauté et la paix.

1698. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Faible, il s’appuyait sur la lance de son père, sur cette lance qu’il détacha des salles de Lara à la vue de sa mère affligée ; mais bientôt le héros s’affaiblit et tombe comme l’arbre sur les plaines de Cona.

1699. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Le Créateur, dit-on, a fait Adam avec un nombril, comme s’il était sorti du sein d’une mère, donnant ainsi au premier homme le signe d’une origine illusoire ; M. 

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