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1067. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

 » Une de ces pensées, par exemple, qui s’inscrivaient toutes seules sur les arbres, sur quelque vieux tronc bien chenu, tandis qu’il se promenait par les bois un livre à la main, la voulez-vous savoir ? la voici ; elle lui échappe à la fin de cette même lettre : « Il me reste à vous dire sur les livres et sur les styles une chose que j’ai toujours oubliée : achetez et lisez les livres faits par les vieillards qui ont su y mettre l’originalité de leur caractère et de leur âge. […] Les amateurs de tableaux en mettent toujours dans leurs cabinets ; il faut qu’un connaisseur en livres en mette dans sa bibliothèque. »  — Que vous en semble ? […] Je renvoie au livre ; ceux qui en seront avides et dignes sauront bien se le procurer ; ils forceront d’ailleurs par leur clameur à ce qu’on le leur donne : il est impossible que de tels élixirs d’âme restent scellés. […] Le Romain l’a donc adoucie et affaiblie. » Mais je m’aperçois que je me rengage. — Nul livre, en résumé, ne couronnerait mieux que celui de M. 

1068. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Je n’accepte rien de cette calomnie du livre le plus plein de sang, mais le plus plein de larmes que je connaisse. […] Je n’en doute pas, car ce livre, multiplié déjà à cent milliers d’exemplaires, était partout dans les mains du peuple pensant. […] Croyez-moi, calomniateurs de cette histoire, laissez-lui ce livre au lieu de le redouter : c’est l’école des peuples. […] Il portait ordinairement un livre sous son habit. […] Il livre à ce qu’il croit le besoin de sa situation les têtes du roi, de la reine, de leur innocente sœur.

1069. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Mais ce qui a donné à ce livre, qui n’est aujourd’hui qu’ennuyeux, sa réputation et son attrait auprès de quelques esprits, ce sont les derniers chapitres où, dans une assemblée générale des peuples, s’agite et se plaide contradictoirement la cause des diverses croyances religieuses. […] Volney, ami de Jefferson et de l’école de Franklin, se trouva avoir contre lui John Adams, élu président en 1797 ; on le rendit suspect comme Français, comme agent supposé du Directoire ; et, dans le même temps, un savant chimiste qui se mêlait ardemment de théologie, le  Priestley, le dénonçait, pour le livre des Ruines, comme coupable d’incrédulité. […] Il prétend (ce qui n’est pas) que le livre des Ruines « respire en général cet esprit de doute et d’incertitude qui lui paraît le plus convenable à la faiblesse de l’entendement humain ». Le livre des Ruines, au contraire, est plein d’un dogmatisme négatif et d’affirmations scientifiques de tout genre. […] Ce livre de Volney est de ceux qui se lisent moins qu’ils ne s’étudient : la partie intéressante pour le lecteur ordinaire se trouve rejetée dans les notes et les Éclaircissements.

1070. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Ce livre n’a pas eu le même succès que le roman de Caleb Williams, parce qu’on n’y retrouve pas le même talent. […] Les conversations brillantes vivent de saillies, les bons livres de méditations. […] Aussi Fénelon aimait-il beaucoup ce livre de Fleury. […] L’article sur Mirabeau fut écrit à l’occasion du livre intitulé Esprit de Mirabeau. […] Le livre de la République.

1071. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. 3e édition. »

  Nous avons déjà eu tant de fois occasion d’exposer le tableau de notre Révolution, et, en le faisant, nous avons avec tant de liberté mis à profit le livre et les idées de M.  […] C’est aussi de la sorte qu’en jugea Malebranche lorsqu’à la lecture du livre De l’homme, il se sentit tout à coup pénétré de dédain pour l’étude des historiens ecclésiastiques, et que dès ce jour il estima l’histoire indigne de son génie. […] On s’étonnera sans doute que nous adressions au livre de M.  […] Dans l’une les faits se rangent à l’appui d’une loi énoncée par avance, dans l’autre les lois découlent du simple récit des faits ; d’un côté l’intention logique est partout empreinte et s’est tout subordonné, de l’autre on aperçoit encore le laisser-aller du narrateur qui volontiers se livre aux descriptions et impressions du moment.

1072. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Ce fut un de ces livres où une société prend conscience d’elle-même, qui l’aident à dégager son goût, à connaître et satisfaire son besoin. […] Croyons-en la gratitude de Montaigne : « Surtout je lui sais bon gré, dit-il d’Amyot, d’avoir su trier et choisir un livre si digne et si à propos, pour en faire présent à son pays. Nous autres ignorants, étions perdus, si ce livre ne nous eût relevés du bourbier : sa merci, nous osons à cette heure et parler et écrire ; les dames en régentent les maîtres d’école ; c’est notre bréviaire. » Ne s’y reliât-il que par Montaigne, Amyot serait encore un des facteurs essentiels du xviie  siècle classique : en lui se résume l’apport de l’humanisme dans la constitution de l’« honnête homme » et de la littérature morale. […] Sept livres des histoires de Diodore Sicilien, Paris, 1554.

1073. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Paul Bourget, Études et portraits. »

Taine, les livres de M.  […] Il est dans cet admirable chapitre XX du livre 1er, qui contient toute sagesse : « Que pouvez-vous voir ailleurs que vous ne voyiez où vous êtes ? […] je me suis, sans doute, figuré depuis que j’avais fait le plus adorable voyage, et je le raconte quelquefois en coupant mon récit de cris d’admiration ou de plaisir : mais, quand je rentre en moi-même et que je tâche d’être sincère, je sens très bien que, ce coin du Sahara, c’est à travers le livre de Fromentin que je le revois, non à travers mes propres souvenirs ; je sens que ce voyage n’a rien ajouté à la vision que j’apportais avec moi, et que mes yeux ont, sans le savoir, conformé la réalité à cette vision. […] A quoi bon aller chercher, bien loin, d’autres paysages, puisque ces paysages, même imaginés d’après les livres, c’est-à-dire plus beaux qu’ils ne sont, me font moins de plaisir que celui-là ?

1074. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

 ; ou : Il est maintenant superflu de louer ce livre, puisque la voix universelle déclare toutes les louanges fort au-dessous de son mérite, etc., etc. Quoique ces diverses formules, au dire du discret conseiller, ne fussent pas sans quelque vertu tentatrice, l’auteur de ce livre ne se sentit pas assez d’humilité et d’indifférence paternelle pour exposer son ouvrage au désenchantement et à l’exigence du lecteur qui aurait vu ces magnifiques apologies, ni assez d’effronterie pour imiter ces baladins des foires, qui montrent, comme appât à la curiosité du public, un crocodile peint sur une toile, derrière laquelle, après avoir payé, il ne trouve qu’un lézard. […] Si messieurs les journalistes l’accusent de n’avoir pas fait de corrections, il prendra la liberté de leur envoyer les épreuves, noircies par un minutieux labeur, de ce livre régénéré ; car on prétend qu’il y a parmi ces messieurs plus d’un Thomas l’incrédule. […] Il lui reste à remercier les huit où dix personnes qui ont eu la bonté de lire son ouvrage en entier, comme le constate le succès vraiment prodigieux qu’il a obtenu ; il témoigne également toute sa gratitude à celles de ses jolies lectrices qui, lui assure-t-on, ont bien voulu se faire d’après son livre un certain idéal de l’auteur de Han d’Islande ; il est infiniment flatté qu’elles veuillent bien lui accorder des cheveux rouges, une barbe crépue et des yeux hagards ; il est confus qu’elles daignent lui faire l’honneur de croire qu’il ne coupe jamais ses ongles ; mais il les supplie à genoux d’être bien convaincues qu’il ne pousse pas encore la férocité jusqu’à dévorer les petits enfants vivants ; du reste, tous ces faits seront fixés lorsque sa renommée sera montée jusqu’au niveau de celles des auteurs de Lolotte et Fanfan ou de Monsieur Botte, hommes transcendants, jumeaux de génie et de goût, Arcades ambo ; et qu’on placera en tête de ses œuvres son portrait, terribiles visu formæ , et sa biographie, domestica facta .

1075. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Livre premier. […] Ce n’est point là une fable, quoiqu’en dise La Fontaine ; c’est un compliment en vers adressé à M. le duc de la Rochefoucault sur son livre des Maximes. […] On le voit à travers un nuage ; cela est si vrai, que La Fontaine est obligé d’expliquer son idée toute entière, et de dire enfin : Et quant au canal, c’est celui Que chacun sait, le livre des Maximes. […] Cet Apologue est non-seulement le meilleur de ce premier livre, mais il n’y en a peut-être pas de plus achevé dans La Fontaine.

1076. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

Il faut des figures pour faire entendre sûrement et distinctement, les livres les plus méthodiques qui traitent de ces sortes de choses. […] Vitruve n’a pas écrit son livre de l’architecture avec autant de méthode et de capacité qu’il l’a fait, sans l’avoir écrit en même-temps avec toute la clarté dont son sujet est susceptible. […] Le tableau ne livre qu’un assaut à notre ame, au lieu qu’un poëme l’attaque durant long-temps avec des armes toûjours nouvelles. […] L’espece de paralelle que je viens de faire n’est pas aussi rempli d’érudition que la comparaison de la peinture et de la poësie qui se trouve dans le sçavant livre de Dujon le fils sur la peinture des anciens ; mais je m’imagine que mes refléxions vont mieux au fait que l’érudition de cet auteur.

1077. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

Ainsi c’est dans son livre que nous prendrons l’idée generale de la musique des anciens. […] Enfin, Quintilien dit dans le chapitre de son livre où il veut prouver que l’orateur est du moins obligé d’apprendre quelque chose de la musique. " on ne me refusera point de tomber d’accord… etc " . […] Par exemple saint Augustin qui a composé sur la musique un ouvrage divisé en six livres, dit qu’il n’y traitera point de toutes ces pratiques, parce que ce sont des choses sçues communement par les hommes de théatre les plus mediocres. Ainsi les auteurs dont je parle, ont écrit plutôt en philosophe qui raisonne et qui fait des speculations sur les principes generaux d’un art dont la pratique est sçue de tous ses contemporains, que comme un auteur qui veut que son livre puisse sans aucun autre secours, enseigner l’art dont il traite.

1078. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Hebel11 Jean-Pierre Hebel est un poète allemand que nous ne connaissions guères, malgré notre allemanderie, comme parlait déjà le prince de Ligne bien avant que madame de Staël eût écrit son livre De l’Allemagne et que nous fussions coiffés du chapeau sans fond de la philosophie hégélienne, qui ne sera pas pour nous, par parenthèse, le petit chapeau de Fortunatus. […] Quant à Hebel, ce frère cadet de La Fontaine, il aura produit un de ces petits livres qui suffisent peut-être à la gloire d’un homme et d’un pays, mais derrière lequel la Critique voit l’idéal encore, l’idéal qu’elle ne voit plus derrière le livre de Burns, tant il est complet et tant il est exquis ! […] C’est en vain qu’à toute page de son livre il les a relâchés d’une main habile ou forcés d’un muscle puissant.

1079. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

I Je ne le connaissais pas encore, — mais ce livre-là me l’a fait connaître ! […] Je connaissais le Monselet de tant d’autres livres où l’érudition se cache sous l’agrément, ce qui n’est pas ordinairement sa couverture ! […] Mais je ne connaissais pas le Monselet intime, — le Monselet du Monselet, — la quintessence de l’essence, et c’est ce livre, intitulé tout uniment et tout simplement : Poésies complètes de Charles Monselet, qui me l’a fait connaître, qui m’a appris l’autre Monselet dont je ne connaissais que la moitié. […] n’a pas toujours été de près ce qu’il paraissait à distance, à travers ses livres faciles et légers.

1080. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXII » pp. 286-290

Car les livres nouveaux que Paul met en lumière Sont combinés par Jean et sont écrits par Pierre. […] Amédée Pommier, nous dit-on, a déjà publié beaucoup de recueils de vers et plusieurs ouvrages, le Livre de sang, les Océanides, etc., dans lesquels il y avait de grands excès du mot propre et des descriptions impitoyables de crudité : c’est un converti qui revient à mieux et qui s’amende, qui se fait satirique un peu dans le genre, mais dans un meilleur sens que Barthélemy. — Quoi qu’il en soit, c’est moins par des satires directes, ce nous semble, qu’il faut combattre l’ennemi, que par des exemples plus calmes et en continuant de marcher de plus en plus, et chacun de son mieux, dans sa direction littéraire, sans s’en laisser détourner. […] L'auteur, en mettant ses œuvres à des prix si exagérés, se livre par là même aux bailleurs de fonds et se dessaisit, en quelque sorte, de ses droits paternels sur l’œuvre.

1081. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ch.-V. de Bonstetten : L’homme du midi et l’homme du nord, ou l’influence du climat »

Quoique M. de Bonstetten n’ait exprimé nulle part ces considérations, il semble les supposer tacitement ; et les observations de détail, si ingénieuses et si vraies, qui remplissent son livre, s’y rangent. […] Ce qu’il a donc vu de piquant et de tranché dans les mœurs du nord et du raidi, il le raconte dans ce livre, et en fait sentir le rapport avec le climat. […] Si le livre a une idée principale, c’est celle-là ; et elle est féconde en explications pleines d’exactitude et de finesse.

1082. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

que fait la prononciation, lorsqu’il s’agit de composer des Livres ? […] N’avons-nous pas une infinité de Gens de Lettres qui ont appris l’Anglois, l’Espagnol, l’Italien, l’Allemand, par le seul secours des Livres ? […] La même plume, qui a si bien tracé le parallele d’Homere & de Virgile, de Démosthene & de Cicéron, de Platon & d’Aristote, de Thucydide & de Tite-Live, nous a laissé un Livre très-estimé sur la Vie des Prédestinés.

1083. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Il n’est personne qui n’ait experimenté ce que j’avance, si jamais il lui est tombé dans les mains quelque livre qu’il souhaitât avec beaucoup d’impatience de lire. Avant que d’en pouvoir lire les premieres pages avec une attention entiere, il lui a fallu parcourir son livre d’un bout à l’autre. […] Alors l’esprit se livre sans distraction à ce qui le touche.

1084. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Law »

Et c’est aussi un petit livre, à l’adresse de cette société détournée des choses littéraires, qui se rue au gain avec une ardeur famélique, et qui ne lit plus, par suite d’affaires, comme dit si comiquement le vieux Turn-Penny dans le Redgauntlet. […] Il est connu par des travaux très renseignés sur des questions économiques, la plupart anglaises, et son livre sur Law montre qu’il est fait pour mieux que pour jauger des chiffres et comparer des statistiques. […] L’abbé Galiani disait : « Il y a des États qui ne sont jolis que dans leur décadence. » Le petit médaillon historique de Law, peint par Cochut, est un livre de ces sortes d’États à leur déclin, ce qui ne veut pas dire, du reste, que nous soyons le moins du monde « jolis » en tombant comme nous le faisons.

1085. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Noirot »

L’abbé Noirot8 Voici le livre d’un homme obscur encore, mais qui sortira — nous en sommes certains — de cette obscurité trop modeste. […] Les hommes, pour lui, passent avant les livres. […] Le livre de l’abbé Noirot, ou, pour parler mieux, ses idées peuvent donner l’espérance que philosophiquement notre pays n’a pas perdu tout à fait le sentiment de la vérité métaphysique, c’est-à-dire, en somme, de la plus haute vérité.

1086. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Introduction Nous avons au livre premier établi les principes de la Science nouvelle ; au livre second, nous avons recherché et découvert dans la sagesse poétique l’origine de toutes les choses divines et humaines que nous présente l’histoire du paganisme ; au troisième, nous avons trouvé que les poèmes d’Homère étaient pour l’histoire de la Grèce, comme les lois des douze tables pour celle du Latium, un trésor de faits relatifs au droit naturel des gens. Maintenant, éclairés sur tant de points par la philosophie et par la philologie, nous allons dans ce quatrième livre esquisser l’histoire idéale indiquée dans les axiomes, et exposer la marche que suivent éternellement les nations.

1087. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Or, ces livres ont été écrits. […] Avant la guerre, ce même livre coûtait 3 fr. 50. […] Ce livre, nous dit M.  […] Dans un livre publié en 1918, MM.  […] Le livre que M. 

1088. (1888) Poètes et romanciers

Le livre mystique, le livre antique, l’antiquité biblique, l’antiquité homérique, le livre moderne, tout cela en moins de trois cents pages ! […] Un beau livre aurait été capable de ce miracle, et M. Victor Hugo pouvait faire ce livre. […] Ils donnent assez bien la note du livre. […] Dans le livre de M. 

1089. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Il faut lire cette comparaison dans le livre de M.  […] que d’entrer dans l’avenir courbé sous le poids d’un pareil livre ! […] mais c’est qu’en effet ce livre est avant tout un livre d’histoire ; voilà son originalité et son prix. […] Quels sont pour l’homme fait les meilleurs livres ? […] quel livre !

1090. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Dans le livre, ce sont des traits sensationnels qui poignent le cœur et rendent les yeux humides. […] La grande masse des lecteurs de feuilletons lit probablement peu de livres. […] Le peuple veut des livres d’action et d’héroïsme, ou d’espérance et de pitié. […] Or, dans ces livres, qu’est-ce que Dickens, sinon un Richebourg supérieur ? […] II. — Le livre, la conférence, s’il a un tempérament didactique.

1091. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

La Bataille des Livres ne réparait pas l’erreur de sir Temple, mais elle payait avec usure les incivilités des adversaires. […] est-elle restée, pour plaire à son adorateur, dans ces hautes régions romanesques, ou descend-il pour elle à agir avec une fin moins séraphique, ou pour tout concilier, associent-ils les livres et l’amour ? […] Une patente lui fut accordée pour frapper 108,000 livres st. de monnaie de cuivre et pour les écouler en Irlande dans l’espace de 14 ans. […] Peut-être que, pendant tout ce temps, je vous parle d’un livre que vous n’avez jamais vu, et qui n’a pas encore touché l’Irlande. […] Nos misères mêmes qui sont le fond de ce livre, y sont moins exagérées que séparées de tout ce qui, dans le monde, les atténue au point de les faire parfois oublier.

1092. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

. — Ce livre des Confidences, dont il s’agit, est un des livres de poésie les plus substantiels que je connaisse ; l’auteur, malgré la science qu’il déploie, habite véritablement dans sa passion ; il y est, pour ainsi dire, en plein milieu ; mais il y est tantôt dans un brouillard épais, tantôt dans un marais sans rivage, quelquefois comme enchaîné dans un bloc immense ; ce qui lui manque essentiellement, c’est le style, selon l’acception la plus large du mot, le style qui choisit, qui détermine, qui compose, qui figure et qui éclaire. Je voudrais rendre toute ma pensée, sans diminuer en rien l’expression de l’estime que je fais du livre de M. Lefèvre ; car il y a dans ce livre autant de fonds et de précieuse matière poétique qu’en aucune publication, même célèbre, de ce temps-ci. […] Cet excès de timidité, qui avait sa noblesse, avait aussi ses grands inconvénients, et de là en partie le peu de retentissement qu’ont obtenu son nom et ses livres. » A le voir en ces années avec son beau et large front sillonné de pâleur, sa figure fine, sa réserve silencieuse, et un certain air de malheur répandu sur toute sa personne, on eût pu le croire envieux et malade du succès des autres.

1093. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre III »

Les combinaisons sont nombreuses par lesquelles se façonnent les mots composés ; ce n’est pas ici le lieu de les expliquer, mais on peut conseiller, en principe, à tous les innovateurs d’avoir toujours sous la main les deux livres admirables de Darmesteter sur la formation actuelle des mots nouveaux et des mots composés . […] — Pour dire l’art de restaurer les livres, Nodier conseille sérieusement bibliuguiancie. […] Le Professeur Brissaud, Histoire des expressions populaires relatives à la médecine (1888), livre fort intéressant et qui m’a été des plus utiles pour ce chapitre sur le grec médical. […] J’ai relevé ce mot et le suivant, car il s’agit de les prendre en des livres de littérature, dans une étude de M.  […] Je prends la plupart des autres dans un excellent livre de M. 

1094. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Oui, funeste à Shakespeare que, de fait, ce système rapetisse, dans le livre même d’Emerson ; funeste à tous les grands hommes, dont il est la décapitation évidente ; et funeste par cela seul à l’histoire, qui n’est faite qu’à coups de grands hommes, — ou du moins qu’à coups de grandes individualités. […] Le Représentant de l’humanité ronge, dans son livre, qui porte ce titre : The Representative Men, l’originalité de l’homme. […] Ni Aubrey, le premier historien de Shakespeare, qui écrivait cinquante ans après la mort de ce grand homme, compris par le public de son temps avec la finesse et la sûreté d’appréciation ordinaires à toutes les foules et à tous les publics ; ni Nathan Drake, qui a fait un livre énorme sur Shakespeare qu’il appelle Shakespeare et son temps (Shakespeare and His Time), un titre, je crois, de la connaissance de Guizot ; ni Guizot enfin, lequel pourtant, je m’imagine, ne doit pas être l’ennemi complet du représentatif dans l’humanité, n’ont pensé comme Emerson et, comme lui, fait également bon marché de la prodigieuse originalité du génie de Shakespeare et de la vie privée de cet homme phénoménal, — à lui seul tout un monde perdu, qui attend encore son Cuvier ! […] Il en a beaucoup, et il y a dans son livre d’aujourd’hui telle et telle page de critique non sur Shakespeare, mais à côté de Shakespeare, qui lui font le plus grand honneur. […] Tieck a fait un livre intitulé : Voyage dans le bleu.

1095. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Je ne connais que son livre, qui m’a attiré par l’obscurité de son auteur. […] Lui seul, en effet, cet Urbain Legeay, — un obscur toute sa vie, mais qui est sorti, après sa mort, de son obscurité, pour entrer dans la lumière de son livre, — lui seul a enfin mis la dernière main à la notion intégrale de Louis XI, de ce roi immense, calomnié, rapetissé et caricaturé par de sottes histoires. […] J’ai désigné plus haut les livres publiés sur le roi René, auquel on revient par la pente du bibelot, de la vignette, du manuscrit illustré, de la peinture et des œuvres poétiques, ce qui, du reste, est bien la pente d’un temps d’art prétentieux, de trissotinisme et d’amusettes littéraires comme le nôtre. […] Son livre est très travaillé ; il est très pétri, mais il reste pâteux. […] Lecoy de la Marche, dont je ne sais rien que le livre, serait-il de l’École des Chartes ?

1096. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

I Ce n’était pas même un livre qui me tombait sous la main, c’était ce qu’en jargon de librairie on appelle une plaquette. […] Laid de couverture comme un livre utilitaire et tiré à cent exemplaires, pour que le gros public, le Jocrisse aux trois cent mille têtes, s’en torchât le bec, comme dit l’expression populaire avec une insolence qu’ici j’aime. Eh bien, cette misérable plaquette, d’un si austère mépris pour toutes les coquetteries extérieures des livres, s’appelait fastueusement : Poésies philosophiques, comme si elles étaient d’Aristote ; — mais elles n’en sont pas. […] Le poète des Poésies philosophiques est une aigle, qui déplace beaucoup d’air autour d’elle quand elle vole… Rien que le livre qu’elle a publié ne peut montrer intégralement cela. […] Mais ce sont d’autres flots, c’est un bien autre orage Qui livre des combats dans les airs ténébreux ; La mer est plus profonde et surtout le naufrage            Plus complet et plus désastreux.

1097. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Chez Maupassant, ne dit-on pas, qu’il n’y avait qu’un seul livre sur la table du salon : le Gotha ? […] Après dîner je me rapproche de Séverine, et lui demande pourquoi elle ne fait pas un livre. […] Dumas fils m’a dit : « C’est un livre épouvantable ! » Quant à Dumas père, il a jeté le livre par terre, en disant : « Si c’est bon cela, tout ce que nous écrivons depuis 1830, ça ne vaut rien !  […] Il n’y a absolument que deux tricheries à l’endroit de la vérité, dans tout le livre.

1098. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Freslon (3 novembre 1835) : C’est enfin la semaine prochaine que j’abandonnerai la lecture des livres et la recherche des vieux papiers, pour commencer à écrire moi-même. […] Y a-t-il en effet dans le sujet que j’ai choisi de quoi faire le livre que j’ai rêvé, et suis-je l’homme qu’il faut pour réaliser ce rêve ? […] Ces esprits faits, quand ils s’y mettent, ont sur les livres des jugements droits et justes, et qui ne sentent en rien le métier. […] M. de Tocqueville, favorable à l’auteur et au livre, en prit occasion d’exposer ses idées sur les beaux-arts et sur leur fonction dans la société : l’idée de moralité dominait sa pensée, le nom de Poussin y prêtait. […] Une autre fois, il s’agissait d’un livre de M. de Vidaillan sur l’organisation des conseils du roi dans l’ancienne France : l’ouvrage était également présenté pour l’un des prix, et M. de Tocqueville ne s’y opposait pas.

1099. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Il nous livre là le secret de sa rhétorique tant naturelle qu’artificielle, telle qu’il se la fit à lui-même un peu avant le voyage de Rome et après. […] Le premier livre qui le tira de ce pêle-mêle, en lui donnant un terme de comparaison, et qui l’initia à la littérature classique, ce fut Gil Blas, qu’il vit entre les mains d’un ami ; le livre, à peine lu, le dégoûta à l’instant « de la faconde moderne, du roman d’intrigue, du roman de thèse, du roman de passion, et de tout cet absurde et de toute cette emphase qu’il avait tant aimés. » Ce prompt effet du naturel et du simple sur un esprit ferme et né pour le bon style est rendu à merveille. Pourquoi faut-il que l’auteur converti se soit cru obligé d’ajouter à cet éloge, par manière de laisser-passer : « Gil Blas est un mauvais livre plein de misanthropie, avec du venin contre la religion… » ? […] La Bruyère a dû être pour un temps son livre de chevet. […] Veuillot a beaucoup écrit, et je ne puis parler de tous les livres qu’il a composés : le volume les Français en Algérie (1845) résume avec intérêt les souvenirs d’un voyage qui remonte à 1841, et dans lequel il fut l’hôte, le commensal et presque lesecrétaire du maréchal Bugeaud, nouvellement nommégouverneur général.

1100. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

« S’il m’était resté huit à dix mille livres de rente, assez faible portion du revenu que je devais attendre ; s’il m’en était même resté la moitié ou que ces quatre à cinq mille livres me fussent survenues après bien des embarras, mais tandis que j’étais jeune encore, j’aurais pu jouir de la vie et en faire jouir les miens : cela est possible avec peu. […] J’aurais entrepris à mes frais un écrit périodique destiné à relever toute erreur funeste par ses conséquences dans les livres nouveaux et dans les journaux, ainsi que toute injustice dans les critiques. […] « Vitruve dit dans sa préface (du moins cela est dans le chapitre vi, du livre II, du Selectæ e profanis scriptoribus historiæ) : « Cæteri architecti rogant et ambiunt, ut architectentur, mihi autem a præceptoribus est traditum, oportere eum qui curam alicujus rei suscipit rogari, non vero rogare. » « On peut voir en dix endroits du Journal de l’Empire même et, entre autres, le 27 juillet 1812, combien l’intrigue est nécessaire aux succès dans la littérature même. […] Un dernier mot sur le seul acte public de la vie de Sénancour. — Dans le procès qui lui fut intenté au mois d’août 1827 à cause de son livre, le Résumé de l’Histoire des Traditions morales et religieuses, où l’avocat du roi, Levavasseur, croyait trouver à chaque phrase l’intention manifeste de détruire la croyance à la divinité de Jésus, M. de Sénancour, défendu par Me Berville, voulut présenter lui-même au tribunal quelques explications. Il fit observer que nulle part dans son ouvrage on ne trouvait l’empreinte de la passion : « Je n’ai jamais, disait-il, attendu des temps de trouble aucun avantage personnel… Ce livre n’avait pas pour objet d’être orthodoxe, mais on y demande la tolérance en faveur des cultes, comme entre les cultes,… et je n’approuverais pas plus l’exigence, au nom de la philosophie, que l’intolérance sous le prétexte du dogme… En 1798, j’ai été arrêté dans le Jura, parce que je n’avais pu obtenir un passeport.

1101. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) […] Dans la première édition pourtant, l’arrangement était moins sévère ; les déviations pouvaient sembler plus fréquentes ; l’ensemble du livre portait moins uniquement le cachet distinctif de la Bretagne. […] Marie est le livre poétique le plus virginal de notre temps, c’est même le seul véritablement tel que je connaisse. […] Qu’il s’y livre désormais tout entier ; mais maintenant, assuré qu’il est de toutes ses épreuves et confiant à bon droit en sa trempe, il n’a plus peut-être à tant combiner ses coups, à tant se jouer dans les raccourcis. […] La forme du tercet, tel qu’il l’a pratiqué dans le Livre des Conseils, s’adapte très-bien d’ailleurs à la poésie gnomique, et il a eu le soin encore d’y trouver une autorité locale dans quelque forme analogue des anciens bardes.

1102. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Voyez son livre des Poètes maudits. […] Pour le lettré des albums et des livres, promis, espérés, par les longs intervalles de fascicules toujours incomplets. […] l’on vous a dit qu’autrefois j’ai composé des vers, des livres riches et rares, qu’on ne trouve plus aux bibliothèques, N’en croyez rien. […] Je ne me reproche point de toucher superficiellement un livre comme les Trophées. […] Un des livres du siècle est éclos, ce m’est l’escompte d’une joie historique de m’en sentir contemporain.

1103. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

On chargeoit Bussi de plusieurs griefs : il avoit fait un petit livre, relié proprement, en manière d’heures. […] Outre ce livre, il avoit donné son Histoire amoureuse des Gaules, ce tableau trop ressemblant des intrigues & des foiblesses des principales personnes de la cour. […] Boursault fit, par ordre du roi, pour l’éducation du dauphin, un livre intitulé l’Étude des souverains. […] La fortune le trahit encore dans une autre occasion ; il perdit une pension de deux mille livres qu’il avoit de la cour, & fut mis à la Bastille pour s’être diverti sur le compte des RR. […] De pareilles anecdotes, fussent-elles sûres, contrastent horriblement avec un livre où l’on prétend détruire tous les préjugés, & donner des règles de morale & de politique.

1104. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

Je soupçonne que, de tous ses livres, c’est celui-là, qu’il préfère encore, non peut-être pour sa perfection poétique, mais pour la qualité de l’émotion qui s’en dégage, pour sa jeunesse attendrie. […] [La Vie et les Livres (1895).] […] Voici qu’il édite maintenant chez Hachette un livre de poèmes au titre courageux : Vers la pensée et vers l’action.

1105. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

En effet, cette manière d’écrire l’histoire d’une époque, en la tournant autour d’un livre considérable ou d’une œuvre justement exhumée, nous semble plus intéressante, plus concentrée et plus vivante que l’histoire qui se déploie d’elle-même, dans son ordre chronologique et dans le mouvement général de ses événements. […] Son appréciation du livre de Furetière nous semble devoir fixer en beaucoup de points l’opinion sur cet homme de science et d’activité littéraire, et qui fut (heureusement pour lui, car la Postérité ne lit jamais de nous plus d’une page… quand elle la lit toutefois !) […] Asselineau a dépensé beaucoup d’esprit et de nuances pour justifier l’opinion qu’il exprime, mais il ne nous a point convaincu, et la meilleure réponse contre cette opinion qu’on s’étonne de trouver à côté d’une admiration si intelligente, c’est, pour les hommes doués d’un peu d’intuition littéraire, le livre même que le spirituel biographe a ressuscité.

1106. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Duclos, dans ses récits, dans ses livres de morale, a de ces observations de bon sens bien touchées, bien frappées, et qui prouvent que le moraliste en lui connaissait son sujet, et le médecin son malade. […] Il faut, pour être juste envers Duclos, en venir à son livre des Considérations sur les mœurs de ce siècle (1751). C’est un bon livre, qui ressemble à sa conversation refroidie ; les noms propres et les exemples qui pourraient égayer ou illustrer la matière font défaut : on a du moins un recueil d’observations fines, de maximes vraies et de définitions exactes. […] Tout ceci était à l’adresse de ceux dont il devait plutôt, dans l’habitude de la vie, paraître le complice et l’allié ; et, grâce à ces passages significatifs, il a pu dédier la seconde édition de son livre à Louis XV. — « Le roi sait que c’est un honnête homme », disait de Duclos Mme de Pompadour. — « Oh ! […] Malgré ces éloges mérités, le livre de Duclos manque d’agrément, et eut peu de succès à son heure ; l’effet général en est terne, et il y règne un air d’ennui.

1107. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Le style de ce livre est grave, nombreux, élevé, élégant ; il prend, par moments, avec bonheur, les accents de l’hymne. […] Pour couronne de ce livre qu’il dédiait à la mémoire de sa sœur, il a rencontré dans un mariage chrétien, par une découverte aussi imprévue que touchante, une noble fleur issue de la tige même d’Élisabeth. Ce n’est presque pas sortir de ce sujet que d’y joindre quelques mots sur un livre extraordinaire, publié en Allemagne par un poëte catholique, M. […] Un tel livre ne s’analyse point. […] Les véhémences et les splendeurs de ce talent, il les a autant que jamais et au même degré ; son théâtre oratoire lui manquant, il les a retrouvés et ressaisis par sa plume ; il les applique diversement et avec une vigueur égale dans ses grands morceaux de considérations politiques et dans ses livres.

1108. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Dans le roman d’Émilie et Alphonse, la duchesse de Candale, récemment mariée, écrit à son amie Mlle d’Astey : « Je me suis fait une petite retraite dans un des coins de ma chambre ; j’y ai placé une seule chaise, mon piano, ma harpe, quelques livres, une jolie table sur laquelle sont mes desseins et mon écritoire ; et là, je me suis tracé une sorte de cercle idéal qui me sépare du reste de l’appartement. […] La morale, la religion de ses livres sont exactes et pures ; toutefois ce n’est guère par le côté des ardeurs et des mysticités qu’elle envisage le cloître ; elle y voit peu l’expiation contrite des Héloïse et des La Vallière. […] » — Ceci s’imprimait en 1811 ; Bonaparte, dit-on, lut quelque chose du livre et fut mécontent24. Nous ne dirons rien des autres écrits de Mme de Souza, de Mademoiselle de Tournon, de la Duchesse de Guise, non qu’ils manquent aucunement de grâce et de finesse, mais parce que l’observation morale s’y complique de la question historique, laquelle se place entre nous, lecteur, et le livre, et nous en gâte l’effet. […] Un ami qui l’interrogeait, en 1814, sur l’état réel de la France jugée autrement que par les journaux, reçut cette réponse : que l’état de la France ressemblait à un livre ouvert par le milieu, que les ultras y lisaient de droite à gauche au rebours pour tâcher de remonter au commencement, que les libéraux couraient de gauche à droite se hâtant vers la fin, mais que personne ne lisait à la page où l’on était.

1109. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Chateaubriand, avec son sixième livre des Martyrs et ses Franks sauvages, fut l’initiateur : A. […] Aux documents imprimés il joint les inédits ; aux chroniques, les actes, chartes, diplômes de toute sorte ; il interroge les œuvres de la littérature et de l’art ; une pièce de procédure ou un livre de dévotion révèlent la vie d’une époque, et mieux que les témoignages, si souvent falsifiés, des analystes et des historiographes. […] En lisant l’Imitation, tout enfant il avait « senti Dieu » : il resta toute sa vie un inspiré, et les livres qui parlèrent le plus à son cœur furent toujours les livres des voyants et des prophètes, l’Imitation, la Bible, les Mémoires de Luther ; même il sera tendre à Mme Guyon. […] Son livre se défend contre lui, et ne se laisse ni diffamer ni travestir. […] La même année 1843, où il termine son moyen âge, Michelet public avec Quinet son livre des Jésuites.

1110. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Et le livre présente encore un autre intérêt, et des plus rares. […] Or, à chaque livre nouveau du puissant romancier, je doute davantage qu’il y ait réussi. […] » Au reste, presque tous les artistes et les littérateurs ont, dans ce livre, des attitudes tordues ou écrasées d’athlètes, de cariatides, de damnés de Michel-Ange. […] Et la lamentation de Sandoz s’élève ; car l’artiste triomphant est aussi triste que l’artiste vaincu ; il doute de son œuvre, il doute de tout, et le livre finit par un chant de désespoir. […] S’il ne sort de Médan, il finira par des livres d’un naturalisme apocalyptique, qui pourront, d’ailleurs, être fort beaux.

1111. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Cependant, seul, dans les loisirs des garnisons et, dans ses quartiers d’hiver, il s’occupait continuellement des études sérieuses et des lettres ; à l’aide de quelques bons livres joints à beaucoup de réflexion, il avait mûri ses pensées, et il s’était appliqué, plume en main, à s’en rendre compte : Voulez-vous démêler, rassembler vos idées, conseillait-il par expérience, les mettre sous un même point de vue et les réduire en principes ? […] Dans un premier livre il traite de l’esprit proprement dit, et de ses principales branches, imagination, réflexion et mémoire ; dans le second livre il traite des passions ; dans le troisième il traite du bien et du mal moral, en d’autres termes, des vertus et des vices. […] Voltaire, lui écrivant sur une première lecture de son livre, après maint éloge ne peut s’empêcher d’ajouter : « Il y a des choses qui ont affligé ma philosophie ; ne peut-on pas adorer l’Être suprême sans se faire capucin ? […] En face de l’Encyclopédie, du livre d’Helvétius, des premiers paradoxes de Jean-Jacques Rousseau, et de cette croisade philosophique universelle, qu’aurait fait, qu’aurait dit Vauvenargues ? […] [NdA] Quintilien, au livre X, chap. 

1112. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Ils ont supprimé tout le verbiage des vieilles littératures au profit de la Sensation et de l’idée : leurs livres sont des quintessences. […] Bien qu’ils aient produit un nombre incalculable de livres, ils n’ont pas à présenter une seule œuvre de résistance. […] Il va faire paraître prochainement, dit-on, Le Premier Livre pastoral qui sera, dans sa pensée, une œuvre formulaire proposée à l’admiration et à l’imitation des jeunes romanistes présents et à venir. La publication de ce livre le forcera-t-elle à rester dans la nouvelle école et à s’y fixer définitivement ? […] Mais dans sa pensée, ce livre était un manifesté destiné à lui rallier les poètes qu’effrayaient déjà les tendances ultra-symbolistes de Moréas.

1113. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

, cet homme compliqué avait un cœur dont on ne se doutait pas, — disent les colleurs d’affiches de Michel Lévy et les critiques qui voient des cœurs dans les livres qu’ils ne lisent pas… Oui ! […] Le ridicule de l’homme pouvait au moins nous sauver de l’ennui du livre. […] Ils peuvent faire illusion dans leurs livres, travaillés longtemps, habilement élaborés, mis en posture et en perspective avec tout l’effort et les ressources d’un art savant. […] C’est alors qu’on voit dans toute sa vérité, dans toute la naïveté première de sa nature, l’écrivain qui, dans son livre, fera le beau avec toutes les recherches de l’art et quelquefois de l’artifice. […] Systématique et gouverné, très habile et sûr de lui-même, comme un tireur au pistolet qui met dans l’as de pique ou mouche une chandelle à trente pas, il n’aura pourtant avec ses livres, sans entrailles, sans chaleur, sans aucune de ces choses qui s’attachent généreusement et passionnément à l’âme des hommes, que tiré, toute sa vie, des coups de pistolet littéraires.

1114. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Pourquoi, si elle a pu loger dans un corps, ne demeurerait-elle pas dans un livre ? […] On peut donc hésiter sur la proportion des écrivains et des livres fameux. […] Ne serait-ce pas, par hasard, ce qu’on découvre de mérites dans un auteur ou dans un livre après que ce livre ou cet auteur a réussi ? […] Le numéro un est seul assuré d’une place au grand livre. […] C’est que notre conception du livre s’est profondément modifiée depuis la Renaissance.

1115. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Dès que j’aurai revu à mon aise le Parthénon et le golfe, tiré des livres et des hommes ce que je puis en espérer, j’irai vite à Corfou et à Ithaque. » Il suivit exactement son programme. […] J’aurais bien voulu voir le cabinet d’un Rollin ou même d’un Andrieux la veille d’une leçon : je vous demande s’il y était besoin de tant d’instruments et de livres auxiliaires. […] Ce cours, quoique le ton fût resté un peu trop solennel, était vivant, plus vivant que le très bon livre sur Bossuet couronné par l’Académie. […] On est tout surpris en général de voir un homme de mon âge publier un livre qui lui a pris six années de sa vie. […] Dufaure, lorsque le livre fut présenté au jugement de l’Académie française ; il n’y trouvait pas tout ce que le titre promettait.

1116. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Napoléon, de son œil d’aigle, avait vu, lui, la portée du livre et de l’illusion de madame de Staël. Il déclara que le livre n’était pas français et le fit mettre au pilon. […] L’Empire tomba, le livre reparut, illustré par un châtiment qu’on avait appelé une persécution, et la France vécut plus de trente ans famélique-ment sur les idées de madame de Staël. […] Et ce qu’il dit de ce chef-d’œuvre peut se lire encore après le livre de Lessing. […] Toutes les métaphores surannées qui ont passé sur la figure de Gœthe et la lui ont allongée depuis madame de Staël y repassent, dans le livre de M. 

1117. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

L’abbé Ogier fit paroître un livre intitulé L’Apologie de M. de Balzac, en réponse au manuscrit de dom André. […] « On a vu, dit-il, trois mois durant, certain nombre de ceux de sa faction sortir tous les matins de leur quartier, & prendre leur département de deux en deux, avec ordre de m’aller rendre de mauvais offices en toutes les contrées du petit monde & de semer par-tout leur doctrine médisante, avec intention de soulever contre moi le peuple, & le porter à faire de ma personne ce que leur supérieur a fait de mon livre… Ils ont été rechercher, pour grossir leur troupe, des hommes condamnés par la voix publique, fameux par leurs débauches & par le scandale de leur vie, connus de toute la France par les mauvais sentimens qu’ils ont de la foi. » Toutes les actions du P. […] « Quelques-uns de ses partisans, ajoute Balzac dans cette même relation, ont assuré qu’il avoit reçu un bref de notre saint père le pape… D’autres ont dit que l’assemblée du clergé avoit envoyé des députés pour se réjouir avec lui de la prospérité de ses armes… Il n’y a point de prince ni de princesse, de seigneur ni de dame de condition, à qui il n’ait fait porter ses livres en cérémonie, la plupart reliés en forme d’heures ou de prières dévotes. […] Il fit présent à l’église de saint Memin, près d’Orléans, d’une cassolette de vermeil, estimée quatre cent livres, avec un revenu annuel pour y entretenir des parfums.

1118. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

… Le livre de Forneron a la sienne ; celle que les anciennes rhétoriques, maintenant dépassées, attribuaient jadis à l’Histoire : la beauté sévère et froide et digne, sans rien de plus ! […] III Cela dit, la Critique, pour peu qu’elle reste élevée, a tout dit du livre de Forneron. Ce livre a la puissance personnelle des facultés qui font le talent, mais il a l’impuissance de son siècle, — d’un siècle à qui manque radicalement le sens des choses religieuses, et il en faut au moins la connaissance et la compréhension pour en parler dans une histoire où elles tiennent une si grande place. […] Or, c’est justement l’étude de cette grande chose qui plane sur toute la vie de Philippe II et qui le met à part, dans l’Histoire, lui et le XVIe siècle, c’est cette grande chose qui se trouve oubliée dans le livre de Forneron, où, excepté cette grande chose, il a tout vu.

1119. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

ils écrivent, par la main de Rigault, leur historiographe, dans leur journal, ce singulier livre d’or de leur noblesse, qu’ils s’appellent et se nomment, en France et en français : « Les honnêtes gens ». […] Cette critique, qui juge résolument qu’un livre est mauvais et qui donne les raisons de son jugement, « les salons l’ont tuée », nous dit cet éclatant homme du monde, ce comte d’Orsay, Μ.  […] Personne n’avait dit qu’être évasif dans les questions du bien et du mal littéraire, du bien et du mal moral, — car tout livre pose le double problème, — était le devoir, la fonction et la gloire de la critique ! […] Il s’agit d’être aimable, il s’agit d’être aimé, et de rapporter à la maison, de ses articles, un paquet de réclames pour son livre prochain.

1120. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Je sais qu’on me dira que la loi actuelle ne s’occupe que de la presse périodique, qu’elle n’atteint pas le livre. Le livre, en effet, dans toute cette discussion, est resté en dehors et comme dans le vague. […] Ce que je tiens à faire observer ici, c’est que, dans la pratique, ce point de vue qui sépare le livre du journal est plus apparent que réel ; la ligne de démarcation est toute fictive ; le livre est presque forcément impliqué et compris dans la situation qu’on fait à la presse périodique. […] Vous voyez donc que le livre n’échappe pas à la loi et qu’il tombera, lui aussi, presque toujours sous son application. […] J’ai nommé Boileau ; mais un La Bruyère ne serait pas possible aujourd’hui ; et, à chaque édition de son livre, il aurait dix procès de plus.

1121. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Leurs droits de l’homme se pèsent-ils donc à la livre, ou se mesurent-ils à la ration ? […] Rousseau dans l’Émile, un livre paraissait, un des livres que les curieux de littérature et de philosophie accueillent comme une bonne fortune de bibliothèque, parce qu’il leur révèle comme en confidence les secrets du métier de la littérature. Ce livre, par un homme de pensée libre, d’instruction variée, de goût sûr, de recherches patientes, M.  […] Sayous son biographe, l’objet de son livre intitulé la Religion essentielle à tous les hommes, livre dont Voltaire eut connaissance et dont il parle avec estime, livre qui fut communiqué à J. […] Rousseau, dans ce livre, fut un Girondin de la philosophie.

1122. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Tout le livre de M.  […] Si donc, dans le livre de M.  […] D’un autre côté, il est évident que le livre n’a pas un caractère dogmatiquement catholique. […] Si nous n’avons pas d’autorité, vous n’en avez pas davantage, et vous tombez dans une contradiction qui au moins nous fait défaut : c’est qu’il y a un livre sacré et divin, auquel vous devez vous soumettre, et ce livre, c’est vous qui le jugez. […] On serait plutôt frappé, en lisant son livre, du caractère rationaliste de sa philosophie chrétienne.

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