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845. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Il jouissait, sybarite intellectuel, de la vie et de la pensée dans son rayonnement solitaire, sans se préoccuper le moins du monde de la longueur de ses rayons.

846. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Et cependant Aubryet l’a tout autant subie, cette asservissante influence de Paris, dans son livre, qu’Albéric Second dans le sien… Grand étonnement pour moi, je l’avoue, qu’un homme qui a, comme Xavier Aubryet, toutes les bravoures de l’esprit, que ce crâne pimpant du paradoxe à qui j’ai vu, dans l’ordre intellectuel, casser tant d’assiettes, ne se soit pas soustrait, avec le bond de la contradiction, à cette domination de Paris qu’en politique il sait éloquemment maudire !

847. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Féval ne savait ni la grammaire de leur langue, ni la grammaire de leurs mœurs, comme si dans leur insularisme susceptible et hautain et tout aussi intellectuel que politique, les Anglais, enragés de nationalité blessée et justes comme des bœufs qui saignent, ne dénigreront pas toujours l’étranger qui voudra les peindre ou s’avisera de les juger !

848. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

la civilisation ronge davantage, voilà les parentés intellectuelles de l’auteur de Miréio, le poète, et du moraliste qui a écrit le roman qui s’appelle : — Le Marquis des Saffras !

849. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Nos idées ne sont que des instruments intellectuels qui nous servent à pénétrer dans les phénomènes ; il faut les changer quand elles ont rempli leur rôle, comme on change un bistouri émoussé quand il a servi assez longtemps. […] L’essence du phénomène minéral le plus simple est aussi totalement ignorée aujourd’hui du chimiste ou du physicien que l’est pour le physiologiste l’essence des phénomènes intellectuels ou d’un autre phénomène vital quelconque. […] Mais, pour l’encéphale, ajoutait-il, il n’y a aucun rapport matériel à établir entre la structure du cerveau et la nature des phénomènes intellectuels. […] Il faut être, en un mot, dans une disposition intellectuelle qui semble paradoxale, mais qui, suivant moi, représente le véritable esprit de l’investigateur. […] Il doit conséquemment avoir fort peu de confiance dans la valeur réelle de ces théories, mais pourtant s’en servir comme d’instruments intellectuels nécessaires à l’évolution de la science et propres à lui faire découvrir des faits nouveaux.

850. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

La question nationale des Bastions de l’Est vient encore compliquer la question intellectuelle et esthétique, et cela oblige les ducs de Lorraine à toute une diplomatie compliquée. […] doit-il se dire ; laissez-leur prendre un pied chez vous… » Mais enfin, on ne saurait reprocher aux catholiques de se chercher une discipline intellectuelle proprement et authentiquement catholique. […] Si son prestige littéraire demeure, sa pensée en perd toute valeur d’autorité intellectuelle. » Sera-ce renaniser que de tirer de l’essai de M.  […] Personne n’était mieux que Renan désigné par sa nature pour mener la calme vie de chanoine intellectuel, dévolue aux épicuriens de la connaissance. […] Parménide et Héraclite demeurent, pour les familles d’esprit, des chefs de file, des pères intellectuels, aussi pressants et aussi actuels que Pascal et Voltaire.

851. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Mais, je l’ai dit, nous étions, quoique rimeurs, fort modestes, et nous n’osions pas croire qu’une analogie dans le dénigrement impliquât la moindre parité dans la valeur intellectuelle. […] Je suis persuadé qu’il y avait en lui, malgré les mauvais conseils et les mauvaises habitudes qu’on lui donnait, un magnifique désir du beau poétique et des élévations intellectuelles. […] À cause même de son immensité, il y a de la place dans ce continent intellectuel pour tous les efforts, pour toutes les entreprises. […] … Cette intimité intellectuelle s’augmentait d’une familiarité de tous les jours. […] L’équilibre dans leurs puissantes facultés intellectuelles, la continuité de l’inspiration leur font malheureusement défaut.

852. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Dans la septième semaine ont commencé des sons d’un tout autre caractère et que j’appellerais volontiers des sons intellectuels. […] Ainsi, dans le vieux nom aryen du cheval (asva en sanscrit, equus en latin, ἵππος en grec, ehu en vieux saxon), nous ne découvrons rien qui rappelle le hennissement d’un cheval, mais nous découvrons le concept de rapidité incorporé dans la racine ak, signifiant être aigu, être rapide, d’où nous ayons aussi tiré des noms pour désigner la promptitude intellectuelle, par exemple acutus.

853. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Avec les mystères, tout s’explique, depuis Dieu lui-même jusqu’aux lois physiques et intellectuelles dans les phénomènes qui composent, en découlant de lui, son véritable Cosmos. […] Ce recueil est le télescope universel qui rapproche les îles et les continents de nous, pour nous faire comprendre le Cosmos intellectuel, le globe pensant. — M. 

854. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Les mœurs austères des premières nations chrétiennes auraient vu dans cette institution de plaisir intellectuel un souvenir de la bayadère des Indes ou de la courtisane de Rome. […] Elle était en effet à cette époque la plus haute supériorité intellectuelle et sociale de Paris, elle régnait sur les salons, elle maniait les esprits, elle tenait les fils des factions les plus diverses, elle donnait le ton aux opinions, elle pouvait populariser ou dépopulariser d’un mot le nouveau gouvernement.

855. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

L’homme de génie purement littéraire, qui n’a pour œuvre que de sentir, de penser et de reproduire ses sentiments et ses pensées par la parole, peut concentrer toute sa force intellectuelle dans le siége inconnu de l’intelligence, et n’offrir aux yeux, sur son visage, que le miroir lucide et presque immatériel de sa pensée, la force de son âme est souvent attestée par la délicatesse et par l’immatérialité de son corps, la matière n’est qu’un poids pour lui ; plus son intelligence s’en affranchit, plus elle est intellectuelle.

856. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Le xive et le xve siècle forment entre le moyen âge et la Renaissance une longue époque de transition, pendant laquelle tout l’édifice intellectuel et social du moyen âge tombe lentement, tristement en ruines, mais pendant laquelle aussi pointent de ci, de là, les germes épars encore et chétifs de ce renouvellement universel qui sera la Renaissance. […] Ne lui demandons ni idées, ni sentiments, ni personnalité intellectuelle et morale d’aucune sorte : mais s’il s’agit de montrer un chevalier en armes, une armée en bataille, le travail sanglant d’une mêlée, ou bien une entrée de reine, l’éclat des tournois, noces et curoles, c’est notre homme.

857. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Je n’ai guère besoin de vous citer, après la biographie de La Fontaine que je vous ai faite, les hommages rendus à La Fontaine par Mme de Sévigné, par Mme de Thianges, par Mme de La Sablière, c’est-à-dire par les femmes les plus intellectuelles, les plus distinguées de son temps. […] Je vous ai dit que ce livre a contribué infiniment à remettre La Fontaine dans les préoccupations littéraires, dans les préoccupations intellectuelles de tout son temps, et à cause de cela, et parce qu’il contient beaucoup de vérités, il faut s’incliner très bas devant ce grand livre de la jeunesse de Taine, malgré le défaut que j’ai indiqué et qui consiste en ce qu’il considère trop exclusivement La Fontaine comme un moraliste satirique.

858. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Le muscle intellectuel est venu à l’éphèbe des Amoureuses, et c’est des Lettres de mon moulin que datera sa virilité. […] Alphonse Daudet — il faut l’en croire — se vante de l’avoir pris pour le sien, mais sa nature proteste contre son choix et sa préférence intellectuelle.

859. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Il existe nécessairement dans la nature une langue intellectuelle commune à toutes les nations ; toutes les choses qui occupent l’activité de l’homme en société y sont uniformément comprises, mais exprimées avec autant de modifications qu’on peut considérer ces choses sous divers aspects. Nous le voyons dans les proverbes ; ces maximes de la sagesse vulgaire, sont entendues dans le même sens par toutes les nations anciennes et modernes, quoique dans l’expression elles aient suivi la diversité des manières de voir. — Cette langue appartient à la science nouvelle ; guidés par elle, les philologues pourront se faire un vocabulaire intellectuel commun à toutes les langues mortes et vivantes.

860. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Lanjuinais : « Vous appartenez, et je me permets de dire, nous appartenons à une famille intellectuelle et morale qui disparaît. » Je reconnais le droit de le dire à celui qui parle ainsi, comme je le reconnaissais à M. 

861. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Il appartint comme élève à la première génération de l’École normale en 1811 ; il fit partie de ce qu’on pourrait appeler sans exagération l’avant-garde intellectuelle du jeune siècle : toutes les idées et les vues nouvelles qui flottaient depuis quelques années dans l’air et qui émanaient du mnonde de Mme de Staël, — qu’elle-même devait au commerce de l’Allemagne, — devinrent pour la première fois chez nous, dans cette haute École, des études précises et bien françaises.

862. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Cette poésie-là, avec plus de force de pensée, plus de génie et d’art dans l’expression, n’est encore que la poésie des Delille et des Esménard : elle est essentiellement didactique, analytique, intellectuelle ; elle ne dépasse pas le ton oratoire.

863. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Aucune des relations de l’œuvre et de l’auteur n’était négligée : biographie, origines intellectuelles, place dans l’histoire du roman, place dans l’histoire et la comédie, influence sur le roman anglais, rapport avec la peinture de Watteau ou de Chardin, rapports avec les divers mouvements des idées morales et littéraires au XVIIIe siècle.

864. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Cela est fort remarquable, et cela l’est devenu, par ce temps de morosité, d’inquiétude et de complication intellectuelle.

865. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Mais c’est le mal du siècle tombé dans une nature intellectuelle, et c’est une poésie dont le tissu premier est une trame d’idées.

866. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Sans quoi il demeure au livre quelque chose de trop intime, comme d’indiscrétion intellectuelle, en même temps qu’on y sent une tutelle superflue et gênante.

867. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

C’est aux terrassiers de Verlaine que je pensais, le soir de l’inauguration de son monument, à ce banquet où trois cents intellectuels se livraient à un charivari forcené, jetaient leurs assiettes à la tête des récitants et se refusaient même à entendre ses vers, et la comparaison n’était pas à leur désavantage.

868. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

II On a longtemps divisé, dit l’auteur, les phénomènes de la pensée en deux classes : facultés intellectuelles, facultés actives.

869. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Les deux chapitres283 qu’il a consacrés à étudier ce fait psychologique chez l’homme et chez les autres animaux, à en montrer les conséquences sociales, à rechercher comment la puissance intellectuelle et les aptitudes morales ont dû jouer un grand rôle dans le struggle for life de l’homme contre la nature, contre les autres espèces animales, contre les formes inférieures de sa propre espèce, renferment un grand nombre de faits intéressants, de vues curieuses et neuves ; bref, sont très propres à initier à la nouvelle méthode philosophique les esprits imbus des idées courantes. — Son Expression des Emotions traite un point de la corrélation du physique et du moral.

870. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Nous assistons à ce spectacle, curieux autant que lamentable, d’une élite intellectuelle dispersée, contradictoire, comme étrangère à elle-même.

871. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Mécaniquement infatigable, tu pourrais être à bout de forces dans l’ordre intellectuel et moral !

872. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Chapitre I : La science politique au xixe  siècle2 A toutes les grandes époques de liberté intellectuelle, on a vu la philosophie s’unir à la politique, lui prêter ou en recevoir des lumières.

873. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

Le très perspicace Vinel, qui a parlé si hautement et si profondément de Pascal, est très frappé de ce fait : l’antithèse, dit-il « est la figure tout intellectuelle que Pascal emploie de prédilection, si ce n’est même exclusivement, Et l’un de mes auditeurs me faisait observer, l’autre jour, que les antithèses, chez Pascal, se redoublent et s’entrecroisent, opposant plusieurs mots à plusieurs mots, la phrase à la phrase, et souvent une série à la série inverse, avec la plus attentive exactitude.

874. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Je me suis replongé dans les premières sensations intellectuelles et les premières admirations de ma vie ; mais ces sensations retrouvées, je ne les ai pas dues à celle de qui j’en attendais de plus vives et de plus complètes.

875. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

l’imagination boréale, plus éclatante qu’une aurore, ce cerveau apocalyptique, l’Hécla intellectuel qui a fondu pour la première fois les neiges d’un Protestantisme glacé ; Swedenborg !

876. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

L’élégance dans la force, qui est le caractère distinctif de sa tournure intellectuelle, il l’a, sans nul doute, acquise et développée dans sa vie aux gardes ou à l’armée, car la vie active pénètre la pensée et la trempe, et c’est un fier bonheur pour elle !

877. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Comme la vie morale est au-dessus de la vie intellectuelle, les héros sont au-dessus des poètes, et Raousset était un héros.

878. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Ils ne seraient pas fâchés, je pense, d’être accouplés ici par moi et dressés comme les supports intellectuels de l’écusson de Lamartine, qui, du reste, se tiendrait très bien debout sans eux.

879. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

en parlant du démon, et un autre mot non moins superbe, cité par madame de Staël, le brillant phalène intellectuel qui allait, de plein vol, à la flamme, partout où elle était allumée, et vous n’avez plus de sainte Térèse que le portrait presque populaire de Gérard, qui n’est pas elle, mais un mensonge.

880. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Pour ceci, il fallait une force de vie morale sans laquelle la force de la vie intellectuelle défaillait et le triomphe du génie devenait impossible.

881. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Si enveloppées et si drapées qu’elles soient, si ingénieuses de réserves et d’explications qu’elles puissent être, il s’échappe des doctrines des hommes, il suinte, pour ainsi parler, de leur pensée et de leur expression, de ces vapeurs intellectuelles qui pénètrent et qui avertissent.

882. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Otez-en l’amour tel qu’il est dans les Contes d’Espagne et d’Italie, l’amour en uniforme, Alfred de Musset ; ôtez ces vieilles douleurs égoïstes dont nous avons été assez rebattus, les douleurs de l’accouchement intellectuel, le soi-disant mal que nous fait la forme quand elle se débat sous notre prise et que nous avons peine à la fixer comme notre pensée l’entrevoit et l’ambitionne ; ôtez enfin cette autre douleur d’être méconnu, de n’avoir pas sa gloire, argent comptant : c’est-à-dire, en somme, toujours le mal de l’œuvre et par l’œuvre, — de toutes les douleurs la plus orgueilleuse, la moins touchante, la moins sacrée !

883. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Pour les besognes intellectuelles, il faut regarder faire les hommes. » Dites donc cela aux bas-bleus !

884. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Nourri du dix-septième siècle français, cet âge de froide étiquette et de servilisme intellectuel, Voltaire et son temps, au nom de Corneille, excommunient Shakespeare, qui écrase cependant le tragique français de toute la souveraineté de son génie.

885. (1910) Rousseau contre Molière

Oui ; car comme on rit du mystifié en proportion de sa bêtise, et c’est-à-dire en proportion de la grossièreté du piège tendu, on ne peut avoir ni sympathie ni approbation, même intellectuelle, pour celui qui imagine des tromperies si épaisses, et plus le trompé est ridicule, plus le trompeur est méprisé. […] Mais pour cela, il faut qu’elle soit intellectuelle et élevée intellectuellement. […] Il est vrai que le bon Arnolphe n’a aucun mérite intellectuel ni aucun talent propre à éblouir. […] Encore qu’Arnolphe ne puisse guère compenser le désavantage de l’âge par une supériorité intellectuelle, encore est-il que le désavantage et le ridicule de l’âge paraîtraient moins énormes à une intellectuelle qu’il ne le paraît à une simple. […]  » Ainsi a raisonné Clitandre, et il est bien l’exemple de ceux qui, éblouis d’abord par les mérites intellectuels d’une femme, réfléchissent à ce qu’elle deviendra plus tard, la manie du bel esprit se développant en elle, et battent en retraite prudemment du côté d’une femme de bon sens.

886. (1890) Dramaturges et romanciers

La sympathie intellectuelle s’est singulièrement élargie, et il n’y a plus aujourd’hui d’idée qui ait à craindre la barbare inhospitalité des âges précédents. […] Octave Feuillet, car de tous les écrivains de notre époque, il est celui peut-être dont les œuvres expriment le mieux l’âge intellectuel de leur auteur. […] Ce cheval n’est pas né d’une imitation laborieuse, il n’est pas né davantage d’une conception purement intellectuelle. […] Ce travail de combinaison des détails observés par l’artiste s’opère non par juxtaposition, mais par fusion intérieure, par fermentation intellectuelle. […] À notre avis, il a eu raison ; l’exercice d’une profession, même appartenant à un ordre purement intellectuel, est essentiellement antipathique et funeste à la libre floraison de l’esprit.

887. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Je demande seulement s’il n’y a pas d’autres sciences que la physique, s’il n’y a pas d’autre pouvoir que celui de l’industrie et si l’économie politique épuise toute notre capacité intellectuelle. […] De même on voit ce qui est, on l’observe ; mais ce qui devrait être, mais la raison des phénomènes, mais leur loi ne se voit ni ne s’observe, et nous sommes ici dans un monde tout intellectuel, qui ne tombe pas sous la méthode expérimentale. […] Monde extérieur, monde intellectuel, monde moral, tout est soumis à ces deux idées. […] Je ne veux point rechercher ici les lois intellectuelles cachées sous les lois physiques ordinaires. […] Dieu a voulu que l’humanité eût un développement régulier, pour qu’elle retînt quelque chose de lui, quelque chose d’intellectuel et d’intelligible, Dieu étant l’intelligence dans son essence même et dans ses moments fondamentaux.

888. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

» L’École normale, ce savant séminaire intellectuel, a été la pépinière de nombreux élèves qui, une fois formés et maîtres d’eux-mêmes, n’ont eu rien de plus pressé que de rompre leurs liens, de prendre leur essor à travers le monde et qui y ont brillé en se dissipant. […] On peut prendre idée de la forte acquisition et de la dépense intellectuelle de Gandar durant tout ce temps par ses discours et programmes imprimés, mais surtout dans ses lettres, qui nous initient à ses efforts et à cette suite, à cette simultanéité de riches et fécondes études. […] Il ne le cédait pour la rapidité du fonctionnement intellectuel à aucun, — à presque aucun des hommes distingués de sa génération.

889. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Il est de la race de ces hommes qu’il ne faut pas prendre au premier mot, mais dont il faut attendre le développement intellectuel, politique et moral, développement qui ne s’arrête plus en eux qu’à la mort ; hommes qui grandiraient toujours en intelligence, en sagacité, en talent, si Dieu n’avait pas mis à leur développement les bornes de leur existence ici-bas. […] Thiers dans cet Avertissement, est trop conforme à son individualité intellectuelle pour être en lui une théorie de circonstance. […] Dans l’ordre matériel, le miroir doit se borner, en effet, à réfléchir et à reproduire avec une fidélité neutre les objets ; mais, dans l’ordre intellectuel et moral, le miroir, qui est l’âme vivante de l’homme, doit non seulement reproduire, il doit penser, il doit sentir, il doit juger ce qu’il reproduit.

890. (1925) La fin de l’art

Apollinaire risque de longs poèmes dénués de ces petits signes qu’on nous a habitués à croire indispensables et il prouve ainsi leur inutilité, au moins en poésie qui procède moins par analyse intellectuelle que par accumulation d’impressions. […] Ces livres, d’une gaîté si splénétique, répondent sans doute à un besoin du voyageur, de l’homme bien décidé à ne pas faire le moindre effort intellectuel, mais comme ils font regretter ceux que l’on oublie dans leur prison, ceux qu’on n’a pas le courage d’atteindre ! C’est que, précisément, sans effort intellectuel il n’est peut-être pas de plaisir possible.

891. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Mais enfin il y a ces questions si complexes, si indéfinissables, de direction intellectuelle, de parenté psychique, de cousinage d’esprit, de tendance cérébrale, de tempérament enfin… Or, en ce qui me concerne, mon admiration « cordiale », ma reconnaissance intellectuelle, mon affection « d’âme » vont tout droit à celui qui, en poésie, a créé la Musique, l’Harmonie, et qui a su si bien Aimer ! […] Mais s’il faut à tout prix désigner celui d’entre ceux-là qui requiert en moi la plus haute somme de songe intellectuel, je nomme hardiment l’auteur d’Éloa et de la Maison du Berger, l’élégant et fier Alfred de Vigny.

892. (1888) Poètes et romanciers

Je ne connais rien de tel que la poésie de M. de Vigny pour dissiper ces influences malsaines et purifier l’atmosphère intellectuelle. […] Son Louis XIIl est le symbole trop ridiculisé d’une royauté qui ne descendit jamais si bas, et qui sut toujours, même dans ses défaillances intellectuelles, conserver avec la conscience de sa grandeur, le signe de la souveraineté. […] Non, ce n’est pas dans la prédominance de la musique qu’il faut voir le plus grave symptôme des excitations maladives et des énervements de la race intellectuelle au milieu de laquelle nous vivons. […] Revenons bien vite à la date de cette évolution intellectuelle qui, sous l’impulsion de Chateaubriand, faillit donner au catholicisme un poète de plus. […] Nous devons marquer ici la place de cet essai nouveau dans un genre supérieur, pour ne rien omettre de ce qui touche à l’éducation intellectuelle que Béranger se donne à lui-même.

893. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Avec une petite honnêteté intellectuelle, ce père Cousin avait le sentiment net de ses volontés universitaires. […] Avec plus d’honnêteté intellectuelle, on avait aussi moins de prudence. […] L’intelligence humaine — et concevons-nous un autre mode intellectuel ?  […] La polémique des diverses religions et les bisbilles des diverses philosophies sont toute l’histoire intellectuelle de l’humanité. […] Seulement, avec une remarquable santé physique et morale, intellectuelle aussi, François a un défaut que M. 

894. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Mais ce qu’il importait de constater, c’est que, bien jeune et dès 1800, Fauriel eut, l’un des premiers, sur Mme de Staël une action intellectuelle. […] Elle éclaire l’histoire intellectuelle du temps et découvre les points précis de division entre les esprits les plus avancés d’alors. […] Ce n’est pas, comme vous le dites, une partialité peu philosophique qui me fait incliner pour la culture morale et intellectuelle de l’Allemagne protestante : c’est, j’ose le dire, un sentiment de préférence très-motivé, fondé sur dix ans d’études et d’observations. […] J’ai vos deux lettres, cher Président de la typographie asiatique, et Souverain intellectuel des contrées entre l’Inde et le Gange, et je ne saurais assez vous exprimer ma reconnaissance de tous les soins que vous avez pris de mon affaire. […] Mais, placé comme nous venons de le montrer, confident et un peu partner des meilleurs, une oreille aux brahmes, l’autre aux Lombards et aux Toscans, et, au sortir d’un épanchement d’Augustin Thierry sur les Anglo-Saxons, pouvant opter à volonté entre Milan et Bonn, entre Schlegel et Manzoni, on comprendra mieux, ce semble, toute son étendue intellectuelle et son rang caché.

895. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

J’ai mes souvenirs : ils ne sauraient remplacer une nouvelle lecture, que je ne puis faire sans perdre certain courant de vie intellectuelle, courant qui peut seul alimenter mes sujets particuliers et singulièrement mon Fontenelle. […] Or Brunetière, en son impérialisme intellectuel et en son bossuétisme intégral, annexe simplement à la critique tout le meilleur de la littérature. […] Voilà le binôme intellectuel. […] Il peut rendre un arrêt d’incompétence fondé sur le manque de compétence légale de son tribunal, non un arrêt d’incompétence fondé sur son manque de compétence intellectuelle. […] Socrate a pu éprouver souvent, au cours de ses soixante-dix ans de vie, l’état de satisfaction physique au-dessus duquel ne s’élève pas le pourceau, mais la réciproque n’est pas vraie, et le pourceau ne saurait connaître les satisfactions intellectuelles et morales d’un Socrate.

896. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Et je me réponds : Le premier et l’infaillible législateur, c’est celui qui a fait l’homme ; c’est celui qui, en faisant l’homme, a mis en germe dans l’âme de sa créature ces lois, non écrites, mais vivantes, consonances divines de la nature intellectuelle de l’homme avec la nature de Dieu, consonances qui font que, quand le Verbe extérieur, la loi parlée se fait entendre, à mesure que l’homme a besoin de loi pour fonder et perfectionner sa société civile, la conscience de tout homme, comme un instrument monté au diapason divin, se dit involontairement : C’est Juste ; c’est Dieu qui parle en nous par la consonance de notre esprit avec sa loi ! […] Le principe, c’est Dieu, qui a voulu que l’homme sociable et perfectible développât comme un magnifique spectacle devant lui ce phénomène matériel, et surtout intellectuel, et encore plus moral, de la société ; et c’est la nature, interprète de Dieu, qui a donné à l’homme dans tous ses instincts le germe de toutes ses lois et la condition absolue de cette souveraineté sans laquelle aucune société ne subsiste, parce qu’aucune loi n’est obéie.

897. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

On a raison, si c’est ainsi, de se moquer de ce qui est intellectuel, et de trouver incompréhensible tout ce qui n’est pas palpable. […] Il eut peu de lecteurs comme ce qui dépasse le vulgaire, mais il forma entre ceux qui le lurent et qui le comprirent, la famille intellectuelle de madame de Staël, la secte du beau, la religion de l’esprit.

898. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Parce qu’il doit poursuivre, volontairement, la fonction naturelle de toute activité intellectuelle. […] Ensuite, malgré les charmants essais des Robbia, et cette Renaissance où furent, un moment, restaurées les dispositions intellectuelles des anciens, ce fut la fin de la sculpture.

899. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Marc Lafargue a dit à son propos : « Delbousquet est Gascon, Toulouse est pour lui son centre intellectuel ; sa patrie c’est le pays qui va de la Garonne à l’Océan et aux Pyrénées. […] Maurras reconnut en lui un frère intellectuel.

900. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Celle-ci une aventurière qui est une intellectuelle sinue son élégance mouvante. […] L’influence du souffle vernal doucement dilatant les immuables textes inscrits en sa chair, lui aussi, enhard par ce trouble agréable à sa stérile pensée, était venu reconnaître par un contact avec la Nature, immédiat, net, violent, positif, dénué de toute curiosité intellectuelle, le bien-être général, et candidement, loin des obédiences et de la contrainte de son occupation, des canons, des interdits, des censures, il se roulait, dans la béatitude de sa simplicité native, plus heureux qu’un âne.

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