Visiblement destiné à l’éloquence de la chaire et à l’action de l’orateur, on ne lui laissa pas complètement ignorer l’action même du théâtre : il vit donc des spectacles dans sa jeunesse, mais sans s’y attacher ; et après en avoir profité pour ce qui le concernait, il n’en fut que plus sévère ensuite contre la Comédie, jusqu’à nous sembler violent même et cruellement injuste : son jugement sur Molière restera une des taches, une des inintelligences comme des duretés de Bossuet.
Jusque dans ses traits M. de Chateaubriand portait cet illustre combat de sa destinée contre elle-même : il y avait dans sa tête la majesté pensive de la foi, les rayons de la gloire et ceux de la solitude, mais non pas toute la paix du chrétien qui depuis longtemps s’est assis au Calvaire en face de la Croix.
Issu d’une famille de cultivateurs et propriétaires ruraux, et à la fois gentilshommes, du pays de Caux, dont une branche s’est transplantée dans le Canada, il se destina de bonne heure aux travaux utiles, aux sciences, et fut reçu à l’École polytechnique le second de sa promotion, en 1825.
Il a, dans son talent monocorde et dans sa destinée, quelque chose d’essentiellement local ; il gagnera à être pris dans son cadre.
Notons bien la marche et l’enchaînement des destinées dans cet exemple majestueux.
Nous sommes destinés à voir se dérouler les conséquences prochaines du sénatus-consulte ; il n’y a pas à cet égard d’illusions à se faire, et il convient de se résigner à l’avance, sinon de se dévouer à presque toutes les conséquences qui en devront sortir.
Lyon, dans notre histoire littéraire, a eu des destinées particulières : l’Allemagne, l’Italie, la France y mêlent leurs génies ; l’activité pratique, l’industrie, le commerce, les intérêts et les richesses qu’ils créent n’y étouffent pas les ardeurs mystiques, les exaltations âpres ou tendres, les vibrations profondes ou sonores de la sensibilité tumultueuse : c’est la ville de Valdo et de Ballanche, de Laprade et de Jules Favre.
On n’expliquera pas de même avec des élèves pour qui la littérature ne devra être qu’une distraction sérieuse, un entretien de culture générale, et avec de futurs professionnels, destinés à fournir leur contribution à l’histoire littéraire ou à enseigner la littérature5.
Et quand le poète médite sur la destinée humaine, il appelle cela « agacer ce vieux sphinx du néant ».
Vous n’étiez amante que pour être mieux amie, et votre destinée était d’être l’amie d’un grand nombre.
Cette dernière destinée n’est pas la moins glorieuse ni la moins enviable.
Barbier, et qui est destinée à faire un dramatique contraste avec le rôle prépondérant qu’elle joue dans la suite.
Il suggère les plaisirs et les mélancolies de la solitude et du silence, le sens et le tourment de la destinée humaine, la peur et le dégoût du monde, la langueur exquise des rêveries, l’ivresse de la vie intérieure.
On pourrait toutefois trouver que leur destinée n’est point la même, puisque Epidicus gagne par son astuce la liberté, et que Chrisoforo, au contraire, engage la sienne ; ce qui, aux yeux de quelques-uns, pourrait rétablir les droits de la morale qu’on a tant accusé Plaute d’avoir méconnus.
De telles âmes ne se laisseront pas persuader aisément de la supériorité intellectuelle et morale de la société ; elles continueront à voir dans cette dernière une machinerie plus ou moins habile destinée à mater et à duper les individus et le sentiment qu’elles éprouveront vis-à-vis d’elle sera surtout la défiance.
La belle terre de Génésareth ne se doutait pas que sous le front de ce pacifique promeneur s’agitaient ses destinées.
Le mot de « royaume de Dieu » exprime, d’un autre côté, avec un rare bonheur, le besoin qu’éprouve l’âme d’un supplément de destinée, d’une compensation à la vie actuelle.
La Sagesse de Dieu a eu bien raison de dire 987 : « Je vous enverrai des prophètes, des sages, des savants ; vous tuerez et crucifierez les uns, vous ferez fouetter les autres dans vos synagogues, vous les poursuivrez de ville en ville ; afin qu’un jour retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie 988, que vous avez tué entre le temple et l’autel. » Je vous le dis, c’est à la génération présente que tout ce sang sera redemandé 989. » Son dogme terrible de la substitution des gentils, cette idée que le royaume de Dieu allait être transféré à d’autres, ceux à qui il était destiné n’en ayant pas voulu 990, revenait comme une menace sanglante contre l’aristocratie, et son titre de Fils de Dieu qu’il avouait ouvertement dans de vives paraboles 991, où ses ennemis jouaient le rôle de meurtriers des envoyés célestes, était un défi au judaïsme légal.
Et ensuite, comment madame Scarron aurait-elle pu croire que si la maîtresse du roi avait eu des enfants d’un autre que lui, on se fût adressé à elle pour élever ces enfants destinés à être les rebuts Ce tout le monde ; que les ducs de Richelieu et de Vivonne, et le marquis de Louvois se fussent entremis pour procurer une gouvernante comme elle à d’ignobles bâtards ?
Il y a trois volumes en tout : l’un est le roman de Jacopo Ortis ; l’autre est un volume de Tacite (le poète, dès ce temps-là, ne sortait jamais sans un Tacite, en prévision de ses futures destinées) ; enfin, le troisième volume est Paul et Virginie.
On regardoit Fénélon comme l’apôtre de saint Cyr, de cette maison naissante destinée à devenir l’asyle de la piété, aussi bien qu’une ressource pour la noblesse indigente.
Que l’on pense là-dessus ce qu’on voudra, ce n’est pas sur ce point que la philosophie spiritualiste veut engager ses destinées.
Que serait-ce si l’on voyait les traits de la rage et du désespoir, que la nature grave elle-même sur le front d’un homme et d’un peuple destiné à périr sans ressource ?
La destinée de l’homme est d’être trompé sur ce qu’il ne voit pas de ses propres yeux.
cette petite va-nu-pieds, ce brin de genêt à mettre au pied d’un bénitier tout au plus, était, même dès lors, destinée à devenir une Sainte et un poëte du même coup, — du même coup de la grâce de Dieu sur son berceau !
Tous les grands hommes n’ont pas que des filles à la manière d’Épaminondas… Tous les grands ministres, même ceux qui furent cardinaux, ne sont pas des moines comme Ximénès et ne sombrent pas tout entiers sous leur cilice et dans la tombe, et il est intéressant de suivre, après eux, la destinée de ces familles au sein desquelles ils ont brillé, — dont ils étaient l’âme et la puissance ; il est intéressant d’apprendre comment se sont écartées et rompues ces racines, verticales et horizontales (comme dit un écrivain allemand), qui les attachaient à la terre !
Si nous sommes destinés à continuer la monstrueuse histoire dont les premières vêpres ont été chantées, tout le pétrole des millions d’Omars qui brûleront les bibliothèques ne brûleront pas l’Histoire qui parle par la bouche (on ne nous enlèvera pas celle-là !)
… Voilà le défaut de son livre, et il faut bien le lui dire, puisqu’elle se destine au roman.
Ainsi, multipliant leur fortune par la misère des autres, ils étendaient leur insatiable avidité aux bornes de la terre, demandant, au nom et sous l’autorité du prince, tout ce qui flattait leurs désirs, sans qu’il fût jamais permis de refuser ; les villes les plus anciennes étaient dépouillées ; des monuments qui avaient échappé au ravage des siècles, étaient conduits à travers les mers pour embellir les palais destinés à des fils d’artisans, et leur faire des habitations plus belles que celles des rois : ces oppresseurs en avaient d’autres sous eux qui les imitaient ; l’esclave avait son ambition comme le maître ; à son exemple, il outrageait, tourmentait, dépouillait, chargeait de fers, et pour s’enrichir, reversait sur d’autres le despotisme que son maître exerçait sur lui.
La déesse bienveillante m’accueillit ; et, de sa main, elle me prit la main droite ; et elle me dit ces mots : « Ô jeune homme, qui fais route avec des conductrices immortelles, dont les coursiers t’amènent dans ma demeure, réjouis-toi88 ; car ce n’est pas une mauvaise destinée qui t’a fait prendre cette route, en dehors de la voie battue des hommes ; c’est Thémis elle-même et la Justice.
Habituellement calme dans ses gestes et d’un abord presque froid, il cachait, sous une réserve qu’il tenait des habitudes de son pays, une de ces âmes ardentes qui sont destinées à se consumer elles-mêmes. […] Le 7 février, cet artiste a adressé à l’Assemblée nationale la lettre suivante : « Monsieur le président, l’Assemblée m’a chargé d’enseigner les principes de mon art à deux jeunes enfants que la nature semble avoir destinés à être peintres, mais à qui la fortune refusait les moyens d’obtenir les connaissances nécessaires pour le devenir. […] Enfin, les dix ou douze sous que chaque concurrent remettait au brave caissier Grandin étaient employés à acheter un livre ou une gravure, prix destiné au vainqueur. […] Cependant la haute destinée de Bonaparte allait s’accomplir. […] Ce ne fut qu’après l’établissement complet du régime impérial que Fabre, pour reprendre en quelque sorte sa qualité de citoyen français, accepta l’exécution du portrait en pied du général Clark, destiné à la décoration de la salle des Maréchaux, aux Tuileries.
Au milieu du monde extérieur, certains êtres vivants ont pu paraître, au point de vue philosophique, faits pour créer les substances destinées à l’alimentation des autres. […] À l’état physiologique, on doit considérer le foie comme étant un organe destiné pour ainsi dire à établir un certain équilibre dans la constitution du sang. […] La fonction glycogénique de cet organe n’est-elle destinée qu’à suppléer au défaut de la matière sucrée, quand les aliments n’en fournissent pas ? […] Je vous ai déjà indiqué, dans la dernière séance, comment il fallait distinguer deux circulations dans l’organe hépatique, l’une purement chimique, destinée à l’accomplissement des phénomènes de sécrétion ; l’autre, mécanique, destinée à faciliter le renouvellement du sang dont l’excès peut arriver dans les veines hépatiques par des canaux spéciaux qui entourent les lobules du foie, sans traverser les cellules hépatiques. […] On a supposé dans certaines théories qu’il se détruisait en produisant la chaleur destinée à entretenir la température propre de l’animal.
Une évolution faite dans le sens de la liberté du rythme et de son élargissement est toujours destinée, à la longue au moins, malgré les réactions, à s’imposer ; les réactions sont fatales, l’action les cause. […] Lemaître destinée à en entendre bien d’autres, je la crois même destinée à accueillir bientôt non seulement les rythmes de Verlaine, mais d’autres rythmes nouveaux. […] Cette poétique avait sa valeur, et la garde en tant que cas particulier de la nouvelle, comme celle-ci est destinée à n’être plus tard qu’un cas particulier d’une poétique plus générale ; l’ancienne poésie différait de la prose par une certaine ordonnance, la nouvelle voudrait s’en différencier par la musique. […] L’idée de l’être ou du devenir se ramenait à des questions personnelles, et les grandes inquiétudes sur la destinée étaient ses problèmes de tous les jours et la matière de ses soliloques. […] C’est évidemment de beaucoup le plus beau de ses poèmes, des quelques-uns destinés à vivre, avec les Effarés si indépendants et si jolis de ton, des quelques féroces caricatures, Les Assis et Les Premières Communions.
sur la plus ingrate matière — la vie et l’art… Que voulut faire de moi la destinée ? […] Le Prince des sots était précédé d’un prologue de notre composition destiné à préparer le public à l’étrangeté du spectacle, car des pièces dans le goût de la grande dyablerie de Douai et des Cortez de la mort ne sont plus guère à la mode du jour. […] Hector Berlioz (né en 1803 — mort en 1870) Ce fut une destinée âpre, tourmentée et contraire que la sienne. […] Fils d’un médecin, destiné à la même profession, il quitta l’amphithéâtre pour le Conservatoire, où il étudia sous Reicha et Lesueur, il vit sa pension supprimée, et fut réduit à entrer comme choriste au théâtre des Nouveautés, à 50 francs par mois d’appointements, qui suffisaient aux sobres besoins matériels de cette vie consacrée tout entière à l’art. […] Il Pianto, destiné à peindre le voyage du poète en Italie, est d’une couleur comparativement sereine, et le tonnerre qui s’éloigne n’y gronde plus que par roulements sourds.
Autour du théâtre en particulier, tout un échafaudage pseudo-scientifique a été construit, destiné à donner le change sur son aspect réel. […] Le Braz n’est qu’un premier mot, je ne serais pas étonné, aussi, qu’il fût destiné à avoir le dernier. C’est égal, la destinée littéraire de cette race est bien curieuse. […] Albert une histoire littéraire proprement dite, l’histoire des genres qui ont été inventés, entretenus, cultivés et menés vers des destinées quelquefois glorieuses par les théâtres des boulevards. […] Il s’agit des origines du drame romantique en tant que destiné à supplanter et à remplacer la tragédie mourante.
Est-ce plus vrai, plus sensé, plus à propos que quand il prophétisait, il y a vingt-cinq ans, sur le rejeton posthume de la légitimité et lui prédisait une destinée triomphante ? […] — Dans sa notice un peu précieuse, mais ingénieuse et poétique, mise en tête des premières éditions d’André Chénier, Latouche parlant des tendresses passionnées qui inspirèrent le chantre de Fanny et de Camille, avait dit : Amour, qui accables et soutiens les jours du poète, nul peut-être n’était destiné à te rendre avec plus d’éloquence ! […] CLXXXIX Un homme qui a mal vécu n’a plus autorité dans les questions de destinée humaine et de haute vérité, car il a tout bas intérêt à une certaine solution plutôt qu’à une autre ; il est juge et partie. […] Tandis que Chateaubriand, vieillard, abdique noblement la carrière publique, sacrifiant son reste d’avenir à l’unité d’une belle vie, il est bien que le jeune homme qui a commencé sous la même bannière continue d’aller, en dépit de certains souvenirs, et subisse sans se lasser les destinées diverses de son pays.
Tailhade ne sont pas davantage destinées à faire rêver les belles madames qui s’éventent avec des plumes de paon ; il est difficile d’en citer même une pleine strophe. […] Paul Adam est pourtant un précoce, mais il y a des limites à la précocité, surtout chez un écrivain destiné à raconter la vie telle qu’il la voit et telle qu’il la sent. […] Le talent d’un écrivain n’est souvent que la faculté terrible de redire en phrases qui semblent belles les éternelles clameurs de la médiocre humanité ; des génies même, et gigantesques, comme Victor Hugo ou Adam de Saint-Victor furent destinés à proférer d’admirables musiques dont la grandeur est de recéler l’immense vacuité des déserts ; leur âme est pareille à l’âme informe et docile des sables et des foules ; ils aiment, ils songent, ils veulent les amours, les songes, les désirs de tous les hommes et de toutes les bêtes ; poètes, ils crient magnifiquement ce qui ne vaut pas la peine d’être pensé. […] Il reste Ériphyle, mince recueil fait d’un poème et de quatre « sylves », le tout dans le goût de la Renaissance et destiné à être le cahier d’exemples où les jeunes « Romans », aiguillonnés aussi par les invectives un peu intempérantes de M.
Les habitants vivaient pour la plupart des industries destinées aux pèlerins. […] Une loi, rédigée par Eubule, interdisait, sous une peine très grave, de proposer qu’on employât pour aucun autre usage l’argent destiné aux fêtes publiques. […] Et plus loin : « Maîtresse de ses destinées, jamais la Grèce ne se fût lancée dans l’Inde, où rien ne l’appelait. […] Un magistrat ne peut vendre la justice, mais il peut recevoir des présents destinés à se concilier ses sympathies. […] C’est par là qu’il s’élève au premier rang des grands moralistes et des grands poètes qui ont médité sur notre destinée.
La science aussi est bonne, et aussi l’action, qui nous apporte le même oubli que le rêve et a, de plus, cet avantage d’améliorer d’une façon durable, si peu que ce soit, la destinée commune. […] Ils rêvaient des poèmes qui eussent expliqué le monde et son histoire, la destinée de l’homme et de sa planète. […] » Prométhée seul connaît le secret des destinées. […] On ne songe pas assez à ce qu’il y a eu de particulier et de douloureux dans cette destinée. […] Il a éprouvé mieux que personne combien nos efforts sont vains et notre destinée indéchiffrable.
Sa muse fait-elle un seul pas sans décrire avec soin les cérémonies, les coutumes du peuple fugitif, dont elle chante les destinées, et des nations naissantes chez lesquelles il porte son culte et ses usages ? […] Pour tout dire, l’épopée étant destinée à consacrer ce qui est mémorable, refuse d’admettre des choses aussi fugitives que les existences individuelles et que les noms privilégiés par des institutions qu’on change et qu’on oublie. […] Nos pensées matérielles, qui n’aboutissent qu’à la mort, lui révéleront-elles le mystère de l’immatérialité des êtres destinés à se survivre ? […] Les six derniers chants seront destinés aux images de la guerre, et se rempliront d’une foule d’incidents tantôt pathétiques ou gracieux, tantôt majestueux ou terribles. […] Car, si Lucain eût voulu montrer Pompée dans sa haute fortune, il n’eut pas choisi le moment où sa triste défaite entraîna la ruine de la liberté du monde ; et l’on ne supposera pas qu’il ait eu le dessein d’illustrer César, contre qui, partout, il s’élève avec le courroux qu’inspire un spoliateur de tous les droits, un oppresseur des lois de l’état, un monstre politique, dont sa vertueuse muse présente la destinée et les victoires comme le plus odieux tissu de perfidies et de crimes ; autant vaudrait-il dire qu’il est là le héros du poème, ainsi que Dryden assurait que le détestable Satan était celui du Paradis perdu.
Elle se revoyait à cette place, douze ans auparavant, quand Numa lui faisait sa cour à gros bouquets, et que, parée de ses vingt ans, du désir d’être belle pour lui, elle le regardait venir par cette fenêtre, comme on guette sa destinée. […] Il se disait alors : « C’est ma destinée, donc c’est mon devoir. » Et rien ne comptait plus dans sa conscience ni dans sa mémoire. […] Tout cela est exact ; mais pourquoi de cet espiègle, de cette fantaisie bohème qui ne vaut que par son esprit, qui court toujours les rues comme lui, que par son cœur, qui parle quelquefois, faire tout à coup l’archange vengeur, maître de nos destinées ? […] Je crois que le lecteur la préférera à l’autre, et, si le drame est destiné à être repris dans l’avenir, je me figure qu’elle prévaudra même sur le théâtre. […] Les deux volumes qui vont paraître chez Dentu ne constituent que la première partie du livre de M. de Loménie ; la seconde partie, celle qui concerne particulièrement le grand orateur, a été interrompue par la mort du regretté académicien, mais elle est dans un état d’achèvement suffisant pour permettre à sa famille de la publier. — Les deux premiers volumes sont donc destinés à avoir une suite.
Ernest Renan, loin de garder rancune à la destinée de ces années misérables, lui resta reconnaissant de lui avoir fait connaître et aimer la pauvreté. […] C’était la première fois que la vie du Christ était écrite à un point de vue entièrement laïque, en dehors de toute conception supra-naturaliste, dans un livre destiné, non aux savants et aux théologiens, mais au grand public. […] Je me suis fait un grand plan d’étude et je destine mes trois années d’École à le remplir en partie ; plus tard, je le compléterai. […] Une introduction toute nouvelle sur l’esprit gaulois, le sol, la race, sur la personne et la vie de La Fontaine prend la place de cette théorie et est destinée à expliquer l’œuvre. […] Tout dans sa conduite et dans ses paroles, sa fierté vis-à-vis de ses supérieurs, la rigueur des règles qu’il s’impose, respire la conscience de sa force et la foi dans sa destinée.
Voici : d’Axa n’avait pas craint d’ouvrir une souscription destinée à venir en aide aux femmes et aux enfants des compagnons détenus ou assassinés. […] Comme toutes les religions, il n’est au fond qu’une explication du monde, un code social et politique destiné à faire régner tout le bonheur possible sur la terre. […] Sinon, nous serons les domestiques de la sottise ou bien nous pourrons prendre place dans ce clan d’avortons qui prône l’art pour l’art et s’épuise solitairement en d’absconses fioritures destinées à surexciter quelques initiés. […] Je ne sais si je suis un « camelot » mais je crois que les mots sont destinés à exposer la pensée de l’écrivain, le plus évidemment possible dans toutes ses nuances. […] On semble disposé à être un héros, un pasteur ou un philosophe… Comme nous possédons de mobiles mérites, on les occupe… au petit bonheur de la destinée.
. — Il ne faisait point cas — de l’inimitié du ver, — de son labeur, ni de sa valeur. » Et cependant il était triste et allait contre sa volonté, car « sa destinée était proche. » Il vit une caverne, « un enfoncement sous la terre — près de la vague de l’Océan, — près du clapotement de l’eau, — qui au dedans était pleine — d’ornements en relief et de bracelets. — Il s’assit sur le promontoire, — le roi rude à la guerre, — et dit adieu — aux compagnons de son foyer » ; car, quoique vieux, il voulait s’exposer pour eux, « être le gardien de son peuple. » Il cria, et le dragon vint jetant du feu ; la lame ne mordit point sur son corps, et le roi fut enveloppé dans la flamme. […] — Ils sentirent la crainte jusqu’au fond de leur cœur. — L’armée aurait bien voulu — rentrer dans son pays. — Leur orgueil était abattu. — Une seconde fois le terrible roulement des flots — vint les saisir. — Il n’y avait pas un d’eux qui pût revenir, — pas un des guerriers qui pût rentrer dans sa maison. — La Destinée, au milieu de leur course, — par derrière, les avait enfermés. — Là où tout à l’heure la voie était ouverte, — roulait la mer furieuse. — L’armée fut engloutie. — Les flots s’enflaient. — La tempête montait — bien haut dans le ciel. — L’armée se lamentait. — Ils criaient, ô douleur ! […] Jouffroy, Problème de la destinée humaine.
Il se croyait une destinée à lui seul, qui lui donnait la sécurité de son avenir sans empiéter sur aucun de ses contemporains. […] J’étais placé, pour mon malheur, près de l’échafaud, et je vis s’avancer jusqu’au pied nos malheureux amis, qui soutenaient le pauvre abbé Quillet, destiné à voir mourir son élève, qu’il avait vu naître. […] « Le Poète était tout pour moi ; Chatterton n’était qu’un nom d’homme, et je viens d’écarter à dessein des faits exacts de sa vie pour ne prendre de sa destinée que ce qui la rend un exemple à jamais déplorable d’une noble misère.
Le beau passage de Britannicus, « où la fureur de Néron à monter sur le théâtre est si bien attaquée, dit Boileau, avertit Louis XIV qu’il ne pouvait plus figurer décemment dans un ballet232. » Il est vrai qu’à ce témoignage de Boileau on oppose ce fait qui est exact, que trois mois après la première représentation de Britannicus, Molière destinait au roi les rôles de Neptune et d’Apollon dans les Amans magnifiques. […] L’œil fixé sur les destinées du roi, et comme dans la contemplation de cet idéal, Racine semble suivre dans son théâtre la vie de Louis XIV. […] « Il se remue pour Votre Majesté, disait-il dès 1660, quelque chose d’illustre et de grand et qui passe la destinée des rois vos prédécesseurs : ne mettez point par vos péchés obstacle aux choses qui se couvent261. » Plus tard, quand tout ce qu’il avait prophétisé se fut accompli, il disait du roi entrant dans l’âge mûr : « Un roi a été donné à nos jours, que vous nous pouvez figurer en cent cc emplois glorieux et sous cent titres augustes : grand dans la paix et dans la guerre, au dedans et au dehors, dans le particulier et dans le public ; on l’admire, on le craint, on l’aime.
Il arrivera que j’appellerai les pompiers, et que je vous ferai mettre à la porte. » …………………………………………………………………………………………… Ces points sont destinés à représenter ce qui se passa à la suite de cette impertinente réponse. […] Arrivant aux malheureuses destinées de la maison de Bourbon, à Louis XIV châtié dans Louis XVI, le poète ajoute : Quand il a neigé sous les pères, L’avalanche est pour les enfants. […] La France, par sa position topographique, est destinée à être l’arche de toutes les idées, le tabernacle de toutes les poésies.
« La destinée de la critique, écrivait-il, est de rester telle que nos pères l’ont comprise : le grand redresseur de torts du genre humain. […] C’est à qui rendra des oracles sur l’avenir et les destinées de la littérature. […] Depuis lors, tout Paris est habitué à voir aux premières sa taille légèrement voûtée, son regard aigu, son sourire narquois, son visage fin et maigre qui rappelle le masque de maître François Rabelais et en même temps (ô ironie de la destinée !) […] Je ne serais pas fort surpris que son idéal social fût une sorte d’aristocratie bourgeoise et savante, aux mains de qui seraient remises la direction des affaires politiques et les destinées des classes inférieures. […] Il ne peut s’empêcher de songer que le loisir des heureux du monde est fait de la sueur et du sang des pauvres ; il plaint la misérable destinée des déshérités, des travailleurs, « forçats de la matière ».
Jupiter est-il lui-même la destinée ? S’il l’est, Sarpedon n’est pas encore condamné ; et s’il n’est pas la destinée, il est inutile qu’il délibere. […] Jupiter craint qu’Achille ne renverse les murs d’Ilion contre l’ordre des destinées. […] Quoi donc, me, n’y avoit-il pas des heraults dans l’armée, des hommes destinez exprès pour faire ces fonctions ? […] Il n’y a point d’ennemi qui puisse me précipiter dans le tombeau, avant le jour fatal marqué par la destinée, et point d’homme vaillant ou lâche qui puisse éviter son sort : tout est reglé dès le prémier moment que nous venons à la lumiere.
Il faut, pour cet amusement, infiniment de doigté et de finesse et il n’est possible qu’avec la plus parfaite culture des intelligences : c’est à la préparer que se destinent les autres ouvrages de M. de Gourmont. […] Le principal de son œuvre, c’est en effet à des étudiants qu’il l’a destiné. […] Même scepticisme « cauteleux, insidieux, tranquille et lentement tournoyant et enveloppant », mais destiné à mieux faire apparaître de certaines vérités et qui sert d’introduction à une sorte d’utilitarisme… Il n’est pas jusqu’à l’athéisme « en quelque manière respectueux » de Bayle, et qui est tout ce qu’on peut imaginer de plus opposé à ce que recouvre aujourd’hui ce mot, qui ne ressemble très exactement à ce manque de sens mystique propre à M. […] Un labeur aussi ingrat et destiné à la seule commodité du public atteste chez M. […] Un père et son fils, une mère et sa fille, des frères et des sœurs sont soumis à des douleurs pareilles, dans des circonstances pareilles, (et ils ne soupçonnent pas ces similitudes de leurs destinées intimes.
Ayant un frère président à mortier au parlement de Bordeaux, il le destina à la magistrature. […] Possesseur d’une belle fortune, il pouvait le faire honorablement sans avoir l’intention de jeter son argent par la portière de sa voiture : il alla d’abord à Vienne où il rencontra le prince Eugène, ce Coriolan, qui n’avait pas épargné sa patrie ; de là il passa en Hongrie et ensuite en Italie ; il connut à Venise l’Écossais Law, tout meurtri des ricochets de son système, bombe éclatée entre ses mains, mais qui n’était pas un financier vulgaire ; il s’y entretint aussi avec le comte de Bonneval, aventurier destiné à mourir pacha.
Une circonstance, d’ailleurs, qui prouve bien que les discours rapportés par le quatrième évangile ne sont pas des pièces historiques, mais des compositions destinées à couvrir de l’autorité de Jésus certaines doctrines chères au rédacteur, c’est leur parfaite harmonie avec l’état intellectuel de l’Asie-Mineure au moment où elles furent écrites. […] Les expressions : « En ce temps-là… après cela… alors… et il arriva que… », etc., sont de simples transitions destinées à rattacher les uns aux autres les différents récits.
La destinée de Quinault, le premier Poëte qui travailla avec succès pour la scène lyrique, fut bien différente. […] Colardeau, a tourné beaucoup de nos jeunes Poëtes vers ce genre, qui demande beaucoup de chaleur dans l’ame & dans l’imagination de ceux qui s’y destinent.
Littré sait pourtant gré à l’homme de sa laborieuse destinée, oubliant que ce labeur dont l’homme souffre n’est que le travail forcé d’une machine qui serait douée de sensibilité. […] L’antithèse de la science et de la conscience, qui serait si fatale à la moralité humaine, si elle était réelle, n’est heureusement qu’apparente et destinée à disparaître devant la lumière d’une science plus fidèle à l’expérience que celle qui s’inspire des hypothèses matérialistes.
Daru très jeune, lui ayant écrit en 1788 pour le consulter sur l’opportunité de publier à celle date un poème épique dont la guerre d’Amérique serait le sujet, et ayant paru attribuer la préséance dans la famille des Muses à celle qui présidait aux sciences, Ramond, en répondant, lui rappelait que c’est la poésie au contraire à laquelle il appartient de donner à tout la vie et l’immortalité ; et convenant d’ailleurs que les circonstances étaient peu propices à l’épopée, il ajoutait : Mais c’est la destinée ordinaire des grands ouvrages de ce genre de n’être jamais des ouvrages de circonstance ; et si, par cette raison, leur succès est plus lent et plus difficile, leur gloire est plus pure et moins mortelle.
Ses Commentaires, ainsi nommés très justement, sont dans sa pensée un livre tout pratique, destiné à instruire la jeune noblesse de son temps et à la former au métier des armes.
Elle est trop fragmentaire pour être vraie ; elle montre à nu une faiblesse, une plaie, et se ferme là-dessus ; elle ment en partie par cela même qu’elle ne dit pas tout, et qu’en même temps elle dit à tous et qu’elle livre une confidence qui n’était destinée qu’à un seul.
Après avoir raconté qu’il a vu mourir sous ses yeux une vieille amie, une femme âgée et d’un esprit supérieur, avec qui il avait souvent épuisé, en conversant, toutes les réflexions morales et anticipé l’expérience de la vie : Cet événement, continue Adolphe, m’avait rempli d’un sentiment d’incertitude sur la destinée, et d’une rêverie vague qui ne m’abandonnait pas… Je trouvais qu’aucun but ne valait la peine d’aucun effort.
De même dans la vie et la destinée des hommes, — des grands hommes —, quand les circonstances y prêtent, il est de ces heures où ils paraissent tout d’un coup se retrouver tels qu’au début pour les qualités les plus vives, pour celles même que l’âge et la fatigue avaient nécessairement diminuées. 1814 fut pour Napoléon général une de ces merveilleuses saisons de rajeunissement.
Trois semaines ou un mois avant le jour destiné pour le carrousel, M.
Ce sont les questions qui se posent fatalement devant nous et qui reviennent inévitablement à l’esprit chaque fois qu’on se trouve en présence d’une de ces destinées brillantes, tranchées et interrompues.
Dans cette sphère, les hommes et les choses sont destinés à s’entre-tuer.
Il m’a paru quelquefois à regretter que le livre destiné à devenir classique, une fois mis en lumière, une fois livré au public et imprimé, on ne détruisît pas tous les manuscrits, tous les moyens d’un contrôle éternel et toujours renaissant ; qu’il n’y eût pas un règlement définitif et un arrêté de compte qui permît ensuite à l’admiration toute sa sécurité et son entière plénitude.
Les académies, les chaires oratoires sont plutôt destinées à montrer la société et la littérature par les côtés spécieux et par l’endroit ; il n’est pas indispensable ni peut-être même très-utile que ceux qui ont pour fonction de déployer et de faire valoir éloquemment les belles tentures et les tapisseries, les regardent et les connaissent trop par le dessous et par l’envers : cela les gênerait.
Voilà pourquoi sa destinée a eu cette splendeur que le monde n’avait pas vue avant lui, et qu’il ne reverra peut-être pas après lui. — Oui, oui, mon bon, c’était là un gaillard que nous ne pouvons pas imiter en cela !
Il y a entre eux quelque conformité de destinée comme de génie.
Ces Mémoires sont destinés à en tenir lieu.
Aussi, peu de jours après, l’intrigue fut démasquée, et M. de Senfft, fait pour une destinée plus honorable, alla se perdre dans cette lie de transfuges qui entourait les souverains alliés, réduit à y jouer un personnage dont il ne tarda pas à rougir.
A force de poursuivre tous les perfectionnements qu’a apportés l’Évangile dans la vie humaine et de pousser à bout toutes les conséquences de Jésus-Christ telles qu’il les comprend et qu’il les aime, il excède et il sort de toutes les proportions de l’histoire ; il est dans le dogme, il entre dans les mystères mêmes de la vie future et des récompenses destinées aux élus.
Leur destinée a été assez singulière : le fils de l’auteur, le comte Arthur Beugnot, homme d’esprit lui-même et qui avait le culte de la mémoire de son père, mais qui savait les précautions qu’il faut prendre quand on a plein la main de révélations contemporaines, en avait publié, essayé çà et là dans des revues quelques fragments et des chapitres détachés.
Quand j’ai dit qu’il ne remplit jamais ses devoirs de directeur, il y eut pourtant une circonstance où il en fit les fonctions : c’est lorsqu’on songea à réunir les différentes fondations successives, destinées à des prix d’académie, et à les constituer en un seul fonds pour un prix annuel qui subsiste encore sous cette forme, et qui est alternativement d’éloquence et de poésie.
Si elle a manqué plus d’un à-propos de destinée, elle a rencontré du moins celui de l’esprit, de la langue et du goût.
Ce fut nous du moins pendant des siècles ; nous avions arrangé nos affaires pour ne regarder que la terre et l’existence présente, et pour être débarrassés de tout ce qui gênerait l’action : nous avions donné procuration à l’Église de régler pour nous la question de la destinée, de la mort et de l’éternité, de façon à n’y plus penser que dans les courts moments où elle nous établit notre compte.
Patru suivait l’instinct du siècle quand, ne voyant que la « vérité », et ne considérant la fable que comme un appareil destiné à enregistrer les résultats d’une étude expérimentale de l’homme et de la vie, il conseillait à La Fontaine d’écrire en prose.
Qu’est-ce que cet amour de la vérité, poursuivie en dehors de tout intérêt matériel ou moral, à plus forte raison en dehors de toutes les théologies et dans l’oubli de toutes les explications qu’on a pu tenter de l’univers et de sa destinée qu’est-ce que cet amour, sinon une religion encore ?
Ce qui trompe, ce qui fait qu’on lui prête des complications de pensée et de caractère, c’est la bizarrerie de sa silhouette et le pittoresque de sa destinée.
Elslander65 définissent cette éducation en fonction des intérêts sociaux et des destinées sociales telles qu’ils les conçoivent ; ils la subordonnent à quelques grandes lois directrices de l’évolution sociale qu’il convient de favoriser et dont le tenue semble être un eudémonisme collectif où l’individu s’absorberait passivement dans l’uniformité et la médiocrité générales.
Un besoin de dévouement et de sacrifice semble nous avertir que toute notre destinée ne se joue point ici-bas et qu’il y a pour nous, sur terre, autre chose à conquérir qu’une vaine satisfaction physique.
La poésie familière de Coppée se rattache aux pièces où Sainte-Beuve disait déjà les résignations grises et les destinées modestes.
La mauvaise rumeur des prochaines années Passe dans les frissons heureux de la forêt, Dans chaque bruit résonne un bruit de destinées Et, là-bas, le jardin des baisers apparaît.
Vulpian, en France, en Allemagne, avant eux, Herbart et Müller168, ramener tous nos actes psychologiques à des modes divers d’association entre nos idées, sentiments, sensations, désirs, on ne peut s’empêcher de croire que cette loi d’association est destinée à devenir prépondérante dans la psychologie expérimentale, à rester, pour quelque temps au moins, le dernier mode d’explication des phénomènes psychiques, elle jouerait ainsi, dans le monde des idées, un rôle analogue à celui de l’attraction dans le monde de la matière.
L’année 1675 éclaircit beaucoup l’avenir que pouvait espérer Madame Scarron, et lui fit entrevoir sa destinée.
Bossuet ne repousse point les lueurs ni les secours de l’antique philosophie, il n’y insulte point ; selon lui, tout ce qui achemine à l’idée de la vie intellectuelle et spirituelle, tout ce qui aide à l’exercice et au développement de cette partie élevée de nous-mêmes, par laquelle nous sommes conformes au premier Être, tout cela est bon, et toutes les fois qu’une vérité illustre nous apparaît, nous avons un avant-goût de cette existence supérieure à laquelle la créature raisonnable est primitivement destinée.
Il se garda bien sur-tout de s’emporter contre un auteur, qui faisoit la destinée des réputations.
Une bataille n’est pas seulement un accident, c’est la destinée de tout un peuple.
Cependant, par une destinée bizarre, ces traducteurs sont traités plus sévèrement que les autres.
* * * Une plus grande variété des titres s’introduisit dans la littérature lorsque, au xviiie siècle, un genre qui, jusque-là, n’avait eu qu’un développement médiocre, le roman, prit tout à coup une extension considérable, et destinée à devenir plus vaste encore de notre temps.
Sous Louis-Philippe, elle devait avoir d’autres triomphes, et une autre destinée.
En effet : la vie nationale de l’Italie, entravée déjà au cours de la première et de la deuxième ère par des circonstances spéciales, aurait dû commencer du moins au lendemain de la Révolution française ; on sait que Napoléon Ier encouragea cette espérance jusqu’à un certain point ; mais la Restauration paralysa le mouvement : il ne s’est pleinement réalisé qu’avec la prise de Rome ; politiquement ; restaient d’énormes difficultés sociales et morales ; l’Italie, maîtresse de ses destinées, assagie par sa défaite en Érythrée, ne marche sûrement au triomphe que depuis 1900 environ ; à cet état des choses, à cet état d’âme, devrait correspondre une floraison épique.
Êtes-vous destinés, par vos talents, à la renommée ?
« Parlerai-je de Titius, dit-il183, destiné bientôt à retentir dans les bouches romaines, lui qui n’a pas craint d’aborder la pleine source de Pindare, par dégoût des lacs immobiles et des courants ouverts à tous ?
C’était à nous que la missive était destinée. […] Chacun a l’air de dire à l’autre : « Si c’est toi qui es destiné à faire l’oraison funèbre de la troupe, ne m’oublie pas. » Quelle étrange chose que la mort, et comme l’esprit a de la peine à s’y ployer ! […] Il suspend leurs médaillons à un cippe funéraire, et il pose sur leur marbre des couronnes d’immortelles avec une sollicitude où il est difficile de ne pas voir comme un pressentiment de sa propre destinée. […] Au-delà s’étendent, jusqu’à la rue des Orties, des terrains vagues parsemés de blocs de pierre destinés à l’achèvement du Louvre, entre lesquels poussent la folle avoine, la bardane et les chardons. […] Il n’y avait pas d’objection à faire à des raisonnements si logiques : les camarades furent convoqués ; on dressa des échelles, et chacun se percha le moins incommodément possible pour esquisser le trumeau et le panneau qui lui était destiné dans la distribution du travail.
Mais le génie de Bonaparte prélude déjà à ses prochaines destinées d’Italie, et dicte les opérations de la campagne qui va s’ouvrir190. […] L’auteur du mémoire, témoin oculaire, en signale les hideuses particularités qui ne sont qu’une variante de ce qui se passait alors universellement ; on emprisonne les hommes d’une part, les femmes de l’autre ; on sépare les mères et les enfants ; on sépare les époux : « C’était, disait le représentant Albitte, pour satisfaire à la décence. « La cruauté dans le cours de cette Révolution a souvent eu, s’écrie l’auteur, la fantaisie de plaisanter : on croit voir rire l’Enfer : il est moins effrayant quand il hurle. » Le règlement des prisons destinées à enfermer les suspects les accuse d’un crime tout nouveau, d’être coalisés de VOLONTÉ avec les ennemis de la république ; sur quoi l’auteur ajoute : « Caligula ne punissait que les rêves, il oublia les désirs ! […] Déjà dans les Considérations, M. de Maistre avait fort insisté sur l’ancienne constitution monarchique écrite es-cœurs des Français ; il revient expressément ici sur l’origine divine de toute constitution destinée à vivre. […] L’origine du mal, l’origine des langues, les destinées futures de l’humanité, — pourquoi la guerre ?
Au lieu d’être troublé d’appréhensions sur sa destinée, ou agité d’efforts convulsifs pour se retenir à la foi, il se fit répéter quelques-unes des paroles saintes qu’il avait le plus aimées à cause de leur inépuisable profondeur, et il s’endormit du dernier sommeil en les méditant. […] Bossuet entra tout d’abord dans sa destinée. […] Avant de se décider, Bossuet voulut soumettre le livre à l’approbation de certains prélats, et il en fit imprimer, pour faciliter l’examen, quelques exemplaires, « destinés, dit-il, à tenir lieu du manuscrit de l’auteur128. » Comparé à ces exemplaires, le texte rendu public offrait de légères différences qui « regardaient uniquement l’expression, la netteté du style. » La Bastide prétendit y voir autre chose, et, la passion aidant, il fit deux volumes pour prouver que ces différences de rédaction n’étaient rien moins que des contradictions de doctrine. […] Retenue dans les mains de Bossuet par l’ordre de Louis XIV, qui voulait ménager le pape, puis reprise et refondue vers la fin du siècle, elle ne parut que vers 1740, publiée par les soins de l’abbé Bossuet, sur une copie destinée au roi.
Mais ce genre de critique est destiné aux recueils de poésie et aux lecteurs poétiques. […] Exalter la ligne au détriment de la couleur, ou la couleur aux dépens de la ligne, sans doute c’est un point de vue ; mais ce n’est ni très-large ni très-juste, et cela accuse une grande ignorance des destinées particulières. […] Un tableau est une machine dont tous les systèmes sont intelligibles pour un œil exercé ; où tout a sa raison d’être, si le tableau est bon ; où un ton est toujours destiné à en faire valoir un autre ; où une faute occasionnelle de dessin est quelquefois nécessaire pour ne pas sacrifier quelque chose de plus important. […] Les uns n’avaient pas plus d’importance que les autres, et rien chez lui n’était accessoire ; tant chaque partie de la toile était travaillée avec curiosité, tant chaque détail était destiné à concourir à l’effet de l’ensemble !
C’est une destinée humble et triste que la sienne. […] Je ne vous parlerai point d’Une Amère Destinée. […] Si je n’avais pas déjà rencontré cela quelque part, Une Amère Destinée m’eût ravi. […] Mais il est bon comme le pain, et, à travers toutes les situations bizarres où sa destinée le promène, il reste un parfait gentleman. […] Epouser Berthe, ce serait, pour Gérald, déclarer publiquement qu’il entend séparer sa vie morale et sa destinée de celles de son père.
Si l’on cherche la cause de cet affaiblissement continu ou de cette barbarie persistante, ce n’est pas seulement dans la sottise ni dans la folie des chefs qu’on la trouve ; c’est d’abord et surtout dans cette structure intime des âmes, qui, en tout pays, impose à chaque nation sa fortune bonne ou mauvaise, et la destine aux désastres ou aux succès. […] Les choses vont ainsi jusqu’à ce que tout le bien soit mange ; alors le maître cède tout, sauf une pension viagère. — Même incurie et même désordre pour l’éducation des enfants ; sitôt qu’on les a destinés à l’épée, on ne leur enseigne plus le latin ni l’histoire ; on ne les fait pas voyager ; ils n’apprennent pas même à faire des armes ni à monter à cheval ; il n’y a point d’académie à Madrid pour les exercices de corps. […] On dirait que la « sombre mise en scène de son livre n’est qu’un artifice d’artiste, un cadre de cyprès destiné à rehausser la volupté de ses contes et la beauté de ses femmes… Quelle joie de vivre au fort de la mort ! […] La destinée était devenue clémente, et, après une vie très dure, lui donna la plus douce mort. […] Ce sont de pareils actes, répétés et soutenus dès la première, adolescence, qui décident des talents et des destinées. — Un oncle de M. de Loménie, officier dans la garde royale, obtint pour lui une demi-bourse au collège d’Avignon.
. — Rousseau reprend et redouble : Si la nature nous a destinés à être sains, j’ose presque assurer que l’état de réflexion est un état contre nature et que l’homme qui médite est un animal dépravé. […] Il lui semblait, dit-il, que « la destinée lui devait quelque chose qu’elle ne lui avait pas donné ». […] » Et encore : « Connaissez-le enfin, ma Julie ; un éternel arrêt du ciel nous destina l’un pour l’autre : c’est la première loi qu’il faut écouter ». […] Le gouverneur connaît depuis longtemps la jeune fille qui convient à son élève et qu’il lui destine ; il connaît ses parents, il sait où elle demeure. […] — Ou anarchiste, ou séïde du maître : voilà la destinée d’un enfant élevé strictement selon Rousseau.
L’auteur a la charité, la foi et l’espérance ; il habite de cœur dans ces astres qu’il destine aux migrations et au perfectionnement des âmes : il console les hommes en leur parlant de la providence de Dieu et de l’harmonie des mondes. […] Il crut que les « idées sont des êtres organisés, complets, qui vivent dans le inonde invisible, et influent sur nos destinées » ; que, concentrées dans un cerveau puissant, celui d’un bon magnétiseur, par exemple, elles peuvent maîtriser le cerveau des autres, et franchir des intervalles énormes en un éclair. […] Je ne puis plus me révolter contre mon mal dès que je vois que, par la composition de tout l’univers, il est de toute éternité lié à ma destinée, et que pour l’ôter il faudrait renverser la loi universelle et l’ordre entier. […] Nous ne sommes point des Romains, nous nous sentons hommes ; la pitié nous prend ; nous faisons un retour sur notre propre destinée. […] C’est pourquoi par la suppression radicale de cette attache nous pouvons rompre la barrière de la destinée universelle, échapper à la renaissance, atteindre la délivrance finale.
Par la petite grille, destinée à reconnaître les amis au temps des guerres civiles, les curieux pouvaient apercevoir, au fond d’une voûte obscure et verdâtre, quelques marches dégradées par lesquelles on montait dans un jardin que bornaient pittoresquement des murs épais, humides, pleins de suintements et de touffes d’arbustes malingres. […] … » XIII Balzac conduit ce roman, ou plutôt cette histoire jusqu’à la dernière ironie de la destinée.
Ce fut avec le visage le plus affable et qui témoignait vraiment la satisfaction de son cœur, qu’il me dit : “Cher Monsignor, vous savez que nous ne recevons jamais personne pour les remercîments, mais nous avons voulu vous recevoir contre l’habitude, malgré cette journée si occupée, et quoique notre dîner soit servi, afin d’avoir le plaisir de vous dire nous-même ceci : En ne vous comprenant pas dans la dernière promotion, parce que nous avons été contraint d’attribuer à un autre le poste qui vous était destiné, nous avons éprouvé autant de tristesse que nous goûtons de joie à nous trouver en état de vous offrir de suite la charge de votante di segnatura maintenant vacante. […] C’était le jour destiné par la Providence pour faire cesser le veuvage de l’Église romaine, et pour donner un suprême pasteur aux fidèles, après une vacance du Saint-Siège de six mois et seize jours, et après trois mois et quatorze jours de conclave.
V En effet, il fallait un homme consommé par l’âge avancé, par la science sacrée, par les vicissitudes de la vie humaine, par le bonheur et par le malheur de l’existence orageuse des assemblées et des cours, pour se rendre compte en lui-même de tout ce qu’il avait souffert, pour distinguer parmi la trame mêlée de sa vie le fil conducteur de sa destinée, et pour lui donner ce nom de consolation intime qu’il ne trouvait que dans la philosophie suprême : la résignation en conformité avec la divine volonté. […] Ce gouvernement occulte, mais sacré, de la créature, voilà le seul progrès et la seule transformation assurés de la destinée humaine ici-bas, car l’homme n’a qu’un moyen de transformer sa condition mortelle : c’est de la sanctifier ; l’homme n’a qu’un moyen de transformer sa nature : c’est de la diviniser ; l’homme n’a qu’un moyen de diviniser sa volonté : c’est de l’unir par l’humilité résignée et laborieuse à la volonté divine, et, d’homme qu’il est par la chair, de vouloir avec Dieu par l’esprit ce que Dieu lui-même veut en lui !
A l’origine, par exemple, le prix d’éloquence, fondé par Balzac, était en réalité destiné à récompenser un sermon élégamment écrit ; il garda ce caractère jusqu’en 1758 où l’éloquence sacrée fit place à l’éloge des grands citoyens et des grands écrivains ; et depuis lors, cet exercice oratoire tend à se transformer en une étude historique et critique ou sont mis en balance mérites et démérites du grand homme désigné aux candidats. […] que de destinées manquées !
- Cette institution avait un caractère, absolument, différent à la première ; tandis que la Souscription ne visait que la construction du Théâtre et les trois représentations de la Tétralogie, le Patronat devait être une institution permanente, d’une durée illimitée, composée de « membres pour la vie », destinée à assurer, par ses cotisations, l’existence de l’Ecole de Style et les Représentations-modèles : chaque cotisation fut fixée à quinze marks par an, elle donnait le droit d’assister aux représentations du Théâtre de Fête, — À la même époque, Richard Wagner fonda les « Bayreuther-Blaetter » pour être, sous la direction de M. […] Friedrich Schœn, de Worms ; il était destiné à fournir les moyens, à des artistes ou amateurs pauvres, de venir aux représentations de Bayreuth.
Cette introduction renferme et révèle l’élément mystique, toujours présent et toujours caché dans la pièce ; secret divin, ressort surnaturel, suprême loi de la destinée des personnages, et de la succession des incidents que nous allons contempler. […] Et de fait, si nous voulions savoir la signification du mot dans l’acception très haute, très vaste, il nous suffirait de considérer la destinée des sublimes conceptions du Maître, écloses depuis Lohengrin, qui, seul, aux yeux de bien des gens, passe pour avoir « réussi ».
et parmi ces langueurs agonisantes, c’est déjà le très océaneux aperçu, le lent sublime immensément distant vers où l’on avait rêvé, le fuyant idéal, ah, par le désir de qui l’on est damné : et une force juvénile a brisé la force massive ; encore les gémissements, profonds, souterrains, décroissants et implorants, et des lamentations, les lentes plaintes des destinées évanouies : hélas, j’eus des jours victorieux, je fus puissant, je fus un regard levé au ciel, je fus heureux, je meurs, hélas, hélas ; plaintes, lamentations et gémissements, qui se traînent à terre et s’affaissent, en la vision de l’idéal et du désir qui l’a perdu ; car voilà qu’une commisération s’est élevée, large comme les sanglots mourants, comme l’éloignement des entrevus effacés, et qu’une intime commisération monte envers la brillant Siegfried des Victoires pour l’Or, et l’âme avec tant de regrets périe s’exalte en une charité, oh Fafner, âme simple, et tu dis en ta mort la pitié des quelconques chercheurs d’idéal. […] Kundry : Je suis le Parsifal féminin ; le désir et l’erreur… Ich sah ihn… je l’ai vu, lui, l’amant, et j’ai ri… « Moi Hérodias, Gundryggia, Kundry, L’Innommée, l’Eve, Femme de tous les temps, j’ai fait ceci : par les antiques villes très joyeuses et tranquilles des âges omni-historiques, fille errante et nubile d’amour, j’allais les attentes de l’Amant ; et vint l’instant des destinées : c’était en d’incertaines occurrences, à l’exemple de soirs d’automne, et dans la ville ; des plus éloignés lointains sortait-il ?
De son atelier du boulevard de Vaugirard, Rodin nous mène à son atelier près de l’École-Militaire, voir sa fameuse porte, destinée au palais futur des Arts décoratifs. […] La pièce paraît destinée à un succès, et Porel, tout guilleret, les yeux émerillonnés, s’écrie : « Ça va !
Voilà ce que j’ai vu par-delà les années, Moi, Skulda, dont la main grave les destinées, Et ma parole est vraie ! […] Moi que sans mon aveu l’aveugle destinée Embarqua sur l’étrange et frêle bâtiment, Je ne veux pas non plus, muette et résignée, Subir mon engloutissement.
Si une voile dérive par un jour serein du port, on pense aux rivages lointains et inconnus où cette voile ira aborder, après avoir traversé pendant des jours sans nombre ce désert des lames ; ces terres étrangères se lèvent dans l’imagination avec les mystères de climat, de nature, de végétation, d’hommes sauvages ou civilisés qui les habitent ; on s’y figure une autre terre, d’autres soleils, d’autres hommes, d’autres destinées. — Émotion ! […] » s’écrie-t-elle, « quand un jour tu penseras à ma destinée, quels seront tes remords ?
C’est le catalogue des richesses que la nature a destinées à nos besoins et à nos fantaisies. […] On sait alors tout ce qu’il faut savoir pour passer aux leçons propres à l’éloquence et à la poésie et devenir grand orateur et grand poëte, si l’on y est destiné.
Si vous vouliez octroyer que mon fils demeurât dans le pays en ma place pour le garder et gouverner, je prendrais maintenant la croix et irais avec vous vivre ou mourir, selon ce que Dieu m’aura destiné. » À ces nobles paroles du vieillard un grand cri s’éleva et l’acclamation publique répondit.
Arago se destinait alors à l’artillerie.
Il faut y voir plutôt une noble construction, conçue en idée et en présence de l’Histoire naturelle de Buffon : des discours généraux en tête, puis une narration suivie, faite pour être lue et, jusqu’à un certain point, entendue de tous, des gens du monde comme des savants ; la discussion des faits, les preuves ou éclaircissements étaient rejetés dans une seconde partie du volume, plus particulièrement destinée aux astronomes et aux savants, mais nullement inaccessible au reste des lecteurs, pour peu qu’ils fussent attentifs et curieux.
Lenz, qui avait vécu à Strasbourg et qui retourna mourir dans le Nord, avait été fort connu de Ramond, qui lui destinait une plus longue dédicace.
Les deux destinées, celles du frère et de la sœur, sont si étroitement liées qu’il faut revenir à l’un quand on a à parler de l’autre, car elle ne nous entretiendra que de lui.
Son gouvernement de Fribourg lui donne occasion d’aller visiter les entrées des montagnes Noires : « Il ne les trouva pas d’un accès si difficile que l’on le publiait, et dès ce temps-là il prit des connaissances qui lui furent utiles dans la suite. » Le roi lui demande même des mémoires sur les projets de guerre qu’on peut former : Villars les lui remet en audience particulière ; le roi les lit et l’assure que c’est avec plaisir, et qu’il en comprend les conséquences et l’utilité : mais comme celui qui pensait n’était pas à portée d’être chargé de l’exécution, qu’il y avait trois maréchaux de France destinés au commandement de l’armée d’Allemagne, et que, d’ailleurs, le ministre de la guerre (c’était alors Barbesieux) était ennemi déclaré du marquis de Villars, ses idées ne furent point suivies.
Sa destinée est à faire envie à ceux (et ils sont nombreux) qu’un aiguillon incessant presse et déchire, qu’un fardeau inégal courbe et accable, pour qui l’antique corvée n’est point tout à fait abolie, et à qui il est dit, même dans ce champ libéral des études : « Tu produiras toujours, tu produiras à heure fixe, et, que tes goûts t’appellent ici ou là, tu iras où est la borne, et tu laboureras cet espace entre l’aurore et le couchant. » Heureux homme, a-t-on droit de s’écrier !
Quel mystérieux sujet de méditation et de rêverie pour ceux qui aiment à se prendre aux grandes destinées interrompues !
Les événements de ces années étaient les plus grands qui pussent intéresser et passionner une intelligence attentive à méditer sur les destinées des empires.
Dès à présent, et comme on n’a pas tout à fait oublié d’ailleurs ce qui s’est passé ensuite, on est en mesure, ce me semble, de répondre à la première question que je me suis posée : Quelle idée peut-on se former, d’après cette seule lecture, du régime politique que l’ouvrage est destiné à justifier ou même à glorifier ?
Guizot ce choix et cet arrangement de destinée.
Biot trouve de nobles paroles pour caractériser ce nouvel effort héroïque d’où sortirent l’École polytechnique dans sa première forme plus ouverte et plus libre que depuis, et surtout l’École normale d’alors qui dura peu, mais qui donna, dans cette résurrection des esprits, une impulsion puissante et décisive, — assez pour que sa destinée fût remplie : « On voulut qu’une vaste colonne de lumière sortit tout à coup du milieu de ce pays désolé, et s’élevât si haut, que son éclat immense pût couvrir la France entière et éclairer l’avenir… Ce peuple, qui avait vu et ressenti en peu d’années toutes les secousses de l’histoire, était devenu insensible aux impressions lentes et modérées ; il ne pouvait être reporté aux travaux des sciences que par une main de géant. » Ces géants civilisateurs et pacifiques qui remirent alors en peu de mois l’édifice entier sur ses bases, se nommaient Lagrange, Laplace, Monge, Berthollet… moment immortel !
Ce livre, destiné à dénoncer le scandale littéraire, en fait désormais partie.
Après l’état des lieux, on a le dénombrement et le signalement, des élèves dont aucun, à ce moment-là, si, l’on excepte Granet, n’était destiné à devenir un grand peintre ; le temps des Gérard, Gros, Girodet, était passé : celui d’Ingres ne devait venir qu’un peu après.
Qu’on veuille songer à ce qu’on doit de reconnaissance à celui qui, dans une publication continue de vingt années, nous a initiés à ce degré, tous tant que nous sommes, à l’esprit et au détail politique, administratif, militaire, de la plus grande époque et la plus invoquée dans les entretiens de chaque jour ; qui, sans que nous soyons hommes d’État ni politiques de métier, nous a fait assister, par le dépouillement des pièces les plus secrètes et les plus sûres, aux conseils et aux débats diplomatiques d’où sont sorties les destinées de l’Europe et de la France pendant l’ère la plus mémorable ; qui, sans que nous soyons financiers, nous permet, avec un peu d’attention, de nous rendre compte des belles et simples créations modernes en ce genre ; sans que nous soyons administrateurs, nous montre par le dedans ce que c’est que le mécanisme et les rouages de tout cet ordre civil et social où nous vivons ; sans que nous soyons militaires, nous fait comprendre la série des mouvements les mieux combinés, et par où ils ont réussi, et par où ils ont échoué en venant se briser à des causes morales et générales plus fortes.
Elle s’imagine que de connaître les mystères de la déesse la soulagerait ; elle voudrait surtout la contempler dans son secret sanctuaire, voir de ses yeux la vieille idole couverte du manteau magnifique, du voile sacré d’où dépendent les destinées de Carthage ; il lui semble que ce voile défendu et dont le seul contact fait mourir, s’il lui était permis du moins de le considérer, lui communiquerait quelque chose de sa vertu.
Celui-ci, interpellé soudainement sur un sujet aussi délicat, répondit avec un peu d’embarras qu’aucune instruction de sa Cour ne l’autorisait à traiter d’un mariage entre une princesse de Naples et le fils de l’Impératrice : « Il ne pouvait donc soumettre à la reine que ses opinions personnelles ; il lui semblait que, dans l’intérêt de sa maison et de ses peuples, elle devrait favoriser une semblable union ; Eugène de Beauharnais avait toute l’affection de l’Empereur, et de grandes destinées semblaient promises à ce jeune homme. » La reine demeura quelque temps sans répondre : un sourire amer parut un moment sur ses lèvres ; elle semblait agitée intérieurement par des réflexions pénibles ; enfin elle rompit le silence et dit, comme avec effort, qu’elle n’avait aucune objection à élever contre la personne du jeune Beauharnais : « Mais il n’avait pas encore de rang dans le monde ; si, plus tard, la Providence l’élevait à la dignité de prince, les obstacles qui s’opposaient aujourd’hui à une pareille alliance pourraient être écartés. » Le moment une fois manqué ne revint pas.
Je m’y suis accoutumé et j’ai depuis longtemps écrit le nom de l’auteur sur mes tablettes (dût le mot le faire rire), je l’ai noté pour un sujet futur, un jour où je serais las du sérieux, où je relèverais de quelque gros ou grave article, au lendemain de considérations sur les destinées du monde ou d’une dissertation sur l’Iliade.
quelle influence eût-il exercée, le cas échéant, dans les futures destinées de son pays ?
Il montrait des goûts militaires très prononcés ; mais les circonstances étant peu favorables, les régiments suisses en France se trouvant licenciés par le fait de la Révolution, on le destina au commerce.
Ils appartiennent, au moins depuis quelques années, à des systèmes opposés et qui se sont combattus ; l’origine de leurs idées semblait les destiner à se combattre bien plus nettement encore.
Il dort, et voit en songe les destinées futures de l’Amérique jusqu’à La Fayette et Bolivar ; puis, vers le matin du troisième jour, il se réveille aux cris de : Terre !
Il y a dans cette destinée quelque chose de toujours à côté, pour ainsi dire, et qui ne satisfait pas.
Elle aime dans les littératures du Nord la mélancolie, la rêverie, l’exaltation dans la tristesse, « le sentiment douloureux de l’incomplet de la destinée », la position des problèmes métaphysiques dans les âmes angoissées.
Il faut admirer en elle la conscience nette qu’elle conserve de sa destinée.
Selon l’auteur de ce livre extraordinaire, aux quatre empires profanes, destinés à crouler, succédera un cinquième empire, qui sera celui des Saints et qui durera éternellement 220.
Béatrix, qu’il aima, est immortelle comme Laure, et peut-être la destinée de ces deux femmes est-elle digne d’observation ; mortes toutes deux à la fleur de leur âge, et toutes deux chantées par les plus grands poëtes de leur siècle.
Pavillon, avait également désapprouvé, dès le principe, l’idée de mettre en corps de communauté les filles destinées à l’éducation de l’enfance.
Marie Stuart, née le 8 décembre 1542, six jours avant la mort de son père, lequel était en lutte, comme tous les rois ses devanciers, avec sa turbulente noblesse, commença en orpheline sa destinée d’inconstance et de malheurs.
C’est là le cadre de cette destinée de douleur et de sacrifice, sur laquelle l’Antiquité eût versé aussitôt la poésie et l’idéal, mais qui ne nous laisse entrevoir qu’une beauté intérieure, à demi voilée, comme il sied au christianisme.
Lorsque Barthélemy publiait son voyage, M. de Choiseul était mort depuis 1785 ; Mme de Choiseul existait et était destinée à survivre à l’ami qui la célébrait si délicatement.
Se conçoit-il au contraire à l’image d’un modèle absolument différent, le voici encore destiné à périr.
Il a acquis à cette connaissance de la vie, la dose de véracité qui est indispensable au roman moderne, la force, la précision, la richesse et le pittoresque du style, les moyens, en somme, l’outil lui permettant d’élaborer et de ; réaliser sa conception particulière de l’âme et de la destinée humaine.
Toujours est-il que le caractère remarquable de la société contemporaine est précisément cet effort d’appliquer la science à l’amélioration de la destinée humaine.
Le premier acte est toujours destiné à l’exposition du sujet ; mais, dans les autres, il est de l’art du poète de ménager dans chacun, des situations intéressantes, de grands troubles de passions, et des choses qui fassent spectacle.
Il est destiné pour la chambre criminelle de Rouen.
Le sentiment des personnes habiles est, que les personnages allegoriques n’y doivent être introduits qu’avec une grande discretion, puisque ces compositions sont destinées à répresenter un évenement arrivé réellement et dépeint comme on croit qu’il est arrivé.
Mais nous ne saurions ni nous étonner ni nous plaindre de ces contestations salutaires ; il est bien clair, en effet, que nos formules sont destinées à être réformées dans l’avenir.
Évite surtout, quand tu prends en main la plume du politique, les phrases de ce genre : « Dans les légations ce sont les mêmes personnes qui administrent les revenus et les sacrements » (Question romaine), bien que je ne me dissimule pas l’irrésistible influence de cette phrase sur les destinées futures de l’Italie centrale.
Les deux autres, Edgar Poe et Baudelaire, ont eu leur destinée.
Par la modernité des têtes, par le dialogue surtout, si rare maintenant sur nos scènes sans esprit, qui en ont — quand elles en ont — uniquement dans les situations, Gustave Droz aurait sa place et une destinée au théâtre.
L’hypothèse du réaliste n’est donc ici qu’un idéal destiné à lui rappeler qu’il n’aura jamais assez approfondi l’explication de la réalité, et qu’il devra établir des relations de plus en plus intimes entre les parties du réel qui se juxtaposent à nos yeux dans l’espace.
Qui leur a dit qu’au-dessus de toutes les incertitudes, il est une certitude suprême, une vérité égale à toutes les vérités de la géométrie, c’est à savoir que, dans la mort comme dans la vie, un Dieu tout-puissant, tout juste et tout bon, préside à la destinée de sa créature, et que derrière les ombres du trépas, quoi qu’il arrive, tout sera bien, parce que tout sera l’ouvrage d’une justice et d’une bonté infinies ?
Je vois avec allégresse la fin différente que nos destinées nous amènent : à toi le désespoir et les soucis du sceptre ; à moi, de triompher et de mourir. » « Il dit ; et, la tête en bas, lancé du haut de la montagne dans le cours mugissant du torrent, il plongea jusqu’à la nuit éternelle. » Voilà, sous la langueur de la prose, cette ode célèbre qui fit tressaillir l’imagination anglaise, et qui suffit, depuis un siècle, à la gloire nationale d’un poëte !
Nul, avant lui, à son époque, et longtemps encore après lui, ne comprit aussi bien la vraie marche du poëme destiné au théâtre. […] Apollon avait l’habitude de mettre derrière son oreille une plaque jaune destinée à représenter le soleil. […] C’est dans cette tragédie de Phaéton que l’on trouve le très-singulier portrait suivant des Destinées : Ces juges souverains de la terre et de l’onde, Ont toujours dans leurs mains le gouvernail du monde. […] Destiné d’abord à l’autel, il jeta bien vite le froc aux orties afin d’être tout à sa passion pour l’une des plus charmantes actrices de cette époque, la Belle-Rose. […] Cet abbé Abeille eut une assez singulière destinée.
Le temps que passe l’enfant à peindre son cerf-volant est perdu pour l’usage auquel il le destine. […] Ces figures deviendront le symbole de notre destinée à tous. […] À remarquer l’emploi des majuscules, destiné dans toute glose symboliste à magnifier le sens des mots et à généraliser les images particulières. […] Je crois que le réalisme, loin de pouvoir être regardé comme l’art de l’avenir, est destiné à perdre de jour en jour du terrain. […] Ce sera par exemple la méthode de dissociation des tons, destinée à faire vibrer davantage les couleurs et à produire l’effet d’une extraordinaire luminosité.
Albalat ne raconte que des anecdotes destinées beaucoup moins à les ridiculiser qu’à les situer parmi leurs contemporains. […] J’entends encore de quel ton douloureux il concluait une discussion sur la destinée humaine : « La vérité, c’est qu’on ne sait rien et qu’on ne saura jamais rien ». […] Après quelques résistances de politesse destinées à rassurer son amour-propre, je le tins quitte de tout et lui donnai raison en tout. […] Sans famille, sans occupation, simple dilettante de lecture et de travail, n’aimant ni l’érudition ni l’histoire, Moréas était fatalement destiné à être la proie de l’ennui. […] C’est ainsi que la terre elle-même suit les destinées de la poésie.
Anxiétés, désolations de la vieille foi chrétienne menacée ou déjà frappée par la moderne philosophie d’une blessure peut-être mortelle qui risque de ruiner, avec elle, toute l’espérance humaine ; appels ardents et timides à un Dieu nouveau qui se communiquerait à l’humanité dans le souffle naturel de son infini hors de l’appareil, aujourd’hui brisé, des révélations et des dogmes ; mélancolie et désarroi de l’homme du siècle, condamné a faire le dur chemin de la vie sans le soutien des antiques croyances et des tutélaires encadrements ; question de la France et de sa destinée, de cette destinée dont on ne sait si les prodigieux événements de la Révolution et de l’épopée impériale sont une foudre qui l’a frappée ou l’auréole d’une gloire unique qui l’a sublimée ; question du peuple, héros et maître apparent des révolutions, de son aptitude à se maintenir par la raison positive au niveau de bonté et de civilisation où l’élevaient ses anciens rêves religieux et à se conduire lui-même sans l’aide des anciennes aristocraties spirituelles ; voilà ce qu’ont chanté, agité en des sens divers, sous l’empire de passions diverses, parfois versatiles, les Lamartine, les Hugo, les Vigny, les Musset, sans oublier les Barbier et les Béranger. […] Elle devint matière d’exploitation pour l’imprimerie à bon marché, qui la dépeça et remplit de ses récits mutilés de petits volumes de colportage destinés aux gens de la campagne. […] Nous croyons que d’une manière générale l’œuvre dramatique de Saint-Saëns n’est pas destinée à survivre, parce que le genre ne répondait pas à sa nature. […] Son commerce prospérant, celui qui devait rester dans la tradition de la maison, « le père Laveur », quoiqu’il n’eût pas eu d’enfants, fit venir de son pays natal des neveux, nièces, cousins et cousines qu’il destinait à partager en bonne harmonie la succession de la maison.
Il faut pourtant se hausser un peu au-dessus du plan de l’actualité, confronter les vivants avec les maîtres du passé et tâcher de prévoir leurs destinées futures. […] Ce besoin de spéculation et de discussion sur la destinée, c’est la marque de l’esprit philosophique, engendrant cette forme de littérature dont Candide et Faust sont probablement les chefs-d’œuvre. […] Il dira par exemple : « L’unique fin des êtres semble de devenir la pâture d’autres êtres destinés à la même fin. […] En l’amour seul il y a douceur… À quoi sert-il, ami, de méditer en son âme profonde sur les incertaines destinées de l’homme ? […] Dans cette série de méditations ou d’élévations sur la destinée de l’empereur, M.
Une révolution s’ensuivit avec le temps dans la destinée de la femme. […] Que de protectrices ou d’amies il intéressa et affectionna passionnément à sa destinée, les Luxembourg, les Boufflers, les d’Épinay, — et dans la bourgeoisie, les La Tour-Franqueville et bien d’autres, ferventes, fidèles, ignorées, — des jeunes filles comme la future Mme Roland, tout un monde de Claires et de Julies !
C’est à cette invasion de 440 que se rapporte très-probablement l’établissement de la tribu franke qu’on trouve occupant le pays de Tongres en 445, ayant pour chef Clodion, puis Mérovée, le vrai noyau des Franks, conquérants de la Gaule, le groupe privilégié, destiné un jour à l’empire. […] — Il nous manque, pour savoir en quoi consistaient précisément les altérations que le peuple romain lui-même faisait subir à la langue de Cicéron, et pour nous faire une juste idée du latin vernaculaire, de posséder quelques-unes de ces petites comédies populaires que l’on désignait sous le nom d’Atellanes ; mais ce qu’on peut affirmer, c’est que, là comme partout, la multitude tronquait, altérait les formes des mots, les désinences caractéristiques destinées à en nuancer la valeur grammaticale17 ; ou plutôt elle continuait de faire comme avaient fait ses pères, elle suivait les habitudes commodes et la voie large de l’idiome vulgaire, lequel était probablement antérieur à la création du latin savant, qui s’était plus ou moins modelé sur le grec.
Pierre Il y va des destinées de l’esprit. […] Paul Abus de confiance, tromperie sur la marchandise, usurpation de fonctions, attentat contre l’esprit dont les destinées semblaient tant vous intéresser il y a cinq minutes.
Remontons maintenant à son berceau, et suivons-le de là, de destinée en destinée et de chefs-d’œuvre en chefs-d’œuvre, jusqu’à l’apothéose ; car la tombe pour lui n’a été qu’une apothéose : ce n’est pas un homme comme nous, c’est un immortel.
C’était Frédéric Mistral, le jeune poète villageois destiné à devenir, comme Burns, le laboureur écossais, l’Homère de Provence. […] XXX Quant à toi, ô poète de Maillane, inconnu il y a quelques jours aux autres et peut-être inconnu à toi-même, rentre humble et oublié dans la maison de ta mère ; attelle tes quatre taureaux blancs ou tes six mules luisantes à la charrue comme tu faisais hier ; bêche avec ta houe le pied de tes oliviers ; rapporte pour tes vers à soie, à leur réveil, les brassées de feuilles de tes mûriers ; lave tes moutons au printemps dans la Durance ou dans la Sorgue ; jette là la plume et ne la reprends que l’hiver, à de rares intervalles de loisir, pendant que la Mireille que le Ciel te destine sans doute étendra la nappe blanche et coupera les tranches du pain blond sur la table où tu as choqué ton verre avec Adolphe Dumas, ton voisin et ton précurseur.
Mettez la fortune de Bonaparte dans la destinée de Balzac, il eût été complet ; car il aurait pu ce qu’il imaginait ! […] Il ne descend que tous les trois ou quatre jours pour les achats, va chez les marchands les plus voisins et les plus mal approvisionnés du quartier ; les autres sont trop loin, et le garçon économise au moins ses pas ; de sorte que ton frère (destiné à tant de célébrité) est déjà nourri absolument comme un grand homme, c’est-à-dire qu’il meurt de faim !
Il vit ou il crut voir que ses élans passionnés dans Werther, que ses aspirations désordonnées dans Faust, poussaient l’humanité hors de sa sphère en faisant rêver aux peuples des destinées supérieures à ce qu’ils peuvent atteindre ici-bas. […] Il aurait fallu pour cela que la destinée m’eût fermé plus hermétiquement et plus obstinément toutes les carrières de la vie active… Si j’avais concentré toutes les forces de ma sensibilité, de mon imagination, de ma raison dans la seule faculté poétique… je crois… que j’aurais pu accomplir quelque œuvre non égale, mais parallèle aux beaux monuments poétiques de nos littératures… Il en a été autrement, il est trop tard pour revenir sur ses pas !
Les Sémites, au contraire, qui n’offrent aucune tentative d’analyse, qui n’ont pas produit une seule école de philosophie indigène 142, sont par excellence la race des religions, destinée à leur donner naissance et à les propager. […] Et en effet n’est-il pas remarquable que les trois religions qui jusqu’ici ont joué le plus grand rôle dans l’histoire de la civilisation, les trois religions marquées d’un caractère spécial de durée, de fécondité, de prosélytisme, et liées d’ailleurs entre elles par des rapports si étroits qu’elles semblent trois rameaux d’un même tronc, trois traductions inégalement belles et pures d’une même idée, sont nées toutes les trois en terre sémitique et de là se sont élancées à la conquête de hautes destinées ?
Samedi 25 mai Toutes les aristocraties sont destinées à disparaître. […] On sentait qu’il était destiné à devenir son représentant.
Cette impuissance interne, il l’attribue aux autres hommes ; il déprécie leurs efforts, conclut de son avortement au leur, arrive à la doctrine essentielle du pessimisme qui éclate dans ses œuvres classiques, Hamlet, Werther, Faust : l’affirmation que l’humanité est une foule impuissante de victimes, engagées dans une vaine lutte contre une destinée cruelle, immuable et ironique. […] Le mépris des choses réelles ne les détourne pas de chercher à atteindre l’impossible destinée qu’ils ambitionnent dans une société hostile.
Lisons-les tous les deux, nous serons dans le vrai de l’histoire et de la destinée du genre humain, en littérature comme en politique. […] XXIV Voilà ce que j’ai voulu pour l’Italie ; voilà ce que j’ai fait à son insu pour elle ; voilà ce que la destinée contraire a décidé d’elle et de moi dans les journées de juin 1848.
Tout trahir et tout perdre était ta destinée ; Tu fis ton dieu mortel, et tu l’en aimas mieux. […] XIV Ici se trouve dans le volume un magnifique fragment de poésie lyrique qui aurait pu, si je l’avais entendu à temps, rapprocher nos deux destinées et nos deux cœurs.
Et c’est bien naturel, puisque ces symboles, toujours destinés à des mesures, ne peuvent exprimer que des distances. […] À vrai dire, tourbillons et lignes de force ne sont jamais dans l’esprit du physicien que des figures commodes, destinées à schématiser des calculs.
Le prince de Ligne souffrait par moments de n’être pris que comme une curiosité, une simple utilité mondaine dans cette réunion de rois et de ministres qui allait trancher les destinées du monde.
Marmontel, destiné un moment dans sa jeunesse à l’état ecclésiastique, et qui avait étudié quelque temps à Clermont, eut l’occasion de visiter l’éloquent évêque, et, dans ses Mémoires, il a fait de cet ancien souvenir une scène affectueuse dont l’impression générale au moins doit être fidèle : Dans l’une de nos promenades à Beauregard, maison de plaisance de l’évêché, nous eûmes le bonheur, dit-il, de voir le vénérable Massillon.
En ce dernier acte qui trancha la destinée de la république, Villetard, secrétaire de la légation française, joua un rôle102 ; dans l’absence de son supérieur, le ministre de France Lallement, homme modéré, et tandis que les commissaires du grand conseil s’étaient rendus pour traiter auprès du général en chef avec un dernier espoir, cet agent secondaire prit sur lui de révolutionner Venise, et, en excitant les hommes exaltés, il renversa le fantôme de gouvernement aristocratique qui restait encore debout : Dans ce temps d’effervescence, dit à ce sujet M.
Il était résolu pourtant à ne pas s’enterrer à La Chaux-de-Fonds, où il était retourné ; il sentait que sa destinée n’était pas là, lorsque la protection d’un compatriote, M. de Roullet-Mézerac, vint le chercher à l’improviste et lui offrir les moyens d’aller étudier à Rome, sauf à s’acquitter ensuite.
Ramond, dont le talent semble destiné à être prostitué à des charlatans, élevait le divin Motier encore plus haut qu’il n’avait fait le divin Cagliostro, dans son journal intitulé L’Ami des patriotes, etc., etc. » Ramond ne passe point pour avoir été le rédacteur de L’Ami des patriotes, journal modéré d’ailleurs, rédigé alors par Regnault de Saint-Jean-d’Angély.
Ces conseils ou ces vœux de d’Aubigné et des vrais amis de Henri pour que leur maître devînt un prince tout à fait à la hauteur de son mérite et de sa destinée, ne tardèrent point à se trouver justifiés et remplis.
Que s’il se mêle à cette question de liturgie une part de dogme, on trouvera tout naturel que je la néglige ici pour ne considérer que ce qui est du ressort du goût, ce dernier ordre de considérations étant très suffisant pour nous permettre de bien juger du caractère, du rôle et de toute la destinée de Santeul ; car il ne fut jamais qu’un homme de verve, et nullement un homme de doctrine.
Le père de Santeul a une veine pure, aisée ; il n’appartient guère à un homme comme moi d’en juger, je veux dire à un homme destiné à la retraite et à des lectures toutes sérieuses ; cependant on ne laisse pas d’en remarquer les traits.
Il a laissé de son voyage une relation destinée à fixer ses souvenirs, à contenter ses amis, et dédiée à sa mère.
Frédéric était un grand homme, de ceux en qui réside et se personnifie la force et la destinée d’une nation ; le prince Henri, tel qu’il ressort à nos yeux de la correspondance qu’on vient de publier et des divers témoignagnes, me paraît un prince raisonneur, réfléchi, méthodique, quelquefois jusqu’au bizarre et au minutieux, ombrageux, susceptible, capable d’envie, fastueux, aimant la montre, ne haïssant pas d’être trompé, ayant une forte teinte de la sensibilité et de la philanthropie de son siècle ; avec cela de la justesse par places, de la mesure habile, de la combinaison, de l’adresse, des parties ingénieuses ; mais grand homme, c’est beaucoup dire : il n’est grand en rien, il n’a rien d’héroïque ; c’est un esprit distingué et un guerrier de mérite.
C’est, madame, que M. de Torcy, de son chef, et sans y intéresser le nom du roi en rien, voulût, par manière de conversation, demander à l’ambassadeur de Savoie, qui est à Paris, quelle est la personne que son maître destine ù cet emploi, et qu’il voulût bien me nommer comme m’y trouvant assez propre.
On ne donne pas ces choses au public pour qu’il s’en amuse, on les destine aux historiens pour qu’ils s’en servent.
Elle a été galante, elle a été légère, elle a ébloui les yeux des princes et de ceux qui sont devenus rois ; elle n’a pas cru qu’on dût résister à la magie de sa beauté ni qu’elle dût y résister elle-même ; elle a tout naturellement cédé et sans combat, elle a triomphé des cœurs à première vue et n’a pas songé à s’en repentir ; elle a obéi à cette destinée d’enchanteresse comme à une vocation de la nature et du sang ; il lui a semblé tout simple de jouer tantôt avec les armes royales de France, et tantôt avec celles d’Angleterre qu'elle écartelait à ses panneaux : mais tout cela lui a été et lui sera pardonné, à elle par exception ; tous ses péchés lui seront remis, parce qu’elle a si bien pensé, parce qu’elle a si loyalement épousé les infortunes royales, comme elle en avait naïvement usurpé les grandeurs ; parce qu’elle est entrée dans l’esprit des vieilles races à faire honte à ceux qui en étaient dégénérés ; parce qu’elle a eu du cœur et de l’honneur comme une Agnès Sorel en avait eu ; parce qu’elle a eu de l’humanité au péril de sa vie, parce qu’elle a confessé la bonne cause devant les bourreaux, et qu'elle a osé leur dire en face : Vous êtes des bourreaux !
Conçoit-on un éditeur, au contraire, qui intervient à tout propos à travers son auteur, parle en son propre nom durant des pages, exprime son opinion sur les événements et sur les personnes, prétend dicter à chacun le ton et donner la note sur ce qu’on peut juger aussi bien que lui ; qui déclare que la France, après s’être incarnéedans Napoléon, s’incarna une seconde fois dans Béranger, et que, depuis 1815 jusqu’en 1857, « la poésie de Béranger est Vessieu sur lequel tourne notre histoire : il a mû quarante ans nos destinées !
D’abord destiné au barreau, on conçoit qu’il eût fait un bien spirituel, un charmant et caustique avocat.
convaincu peut-être et converti, et cela dans une Compagnie dont l’égalité est le principe et dont la parole est l’âme ; — oui, être menacé de ne plus sortir d’une même nuance et bientôt d’une même famille, être destiné, si l’on vit encore vingt ans, à voir se vérifier ce mot de M.
Dans leur sève j’ai vu mes espoirs se flétrir : Un songe ardent brûla mes fraîches destinées, Et mon cœur s’est fermé pour ne se plus rouvrir !
Dans la poésie la plus vantée, elle ne retrouvait pas d’idée, et dans la conversation point de sentiment. » Car elle voulait du sentiment aussi et avant tout, mêlé aux idées, avec des éclairs de gaieté fugitive, quantité de rapports fins, subtils, déliés, des anecdotes d’une application spirituelle et imprévue, de soudains essors et comme des flammes vers les plus hauts sommets ; mieux que des aperçus, des considérations politiques et historiques, fortement exprimées, mais sans s’y appesantir ; des images même, qui peut-être n’auraient point paru des images en plein soleil, mais qui en faisaient l’effet dans un salon ; puis tout à coup (car c’était une femme toujours) un soupir romanesque jeté en passant, et quelque perspective lointaine vaguement ouverte sur la destinée, les peines du cœur, les mystères de la vie ; un coin mélancolique à l’horizon.
Napoléon revenu de l’île d’Elbe inaugure ce nouvel empire si rapide et si court qui peut s’intituler l’Empire constitutionnel : il change de système, il modifie profondément sa manière de gouverner, il introduit dans les Constitutions de l’Empire ce fameux Acte additionnel dont Benjamin Constant est le principal rédacteur, reconnaissable à la parfaite clarté et à l’élégance ; dont Sismondi, alors à Paris, se fait l’avocat et le défenseur officieux dans le Moniteur, et qui est destiné à donner satisfaction au parti libéral, à tous les patriotes ralliés.
Les médecins liront avec intérêt toute cette description mémorable en son genre, et même, quand on est à demi profane, on partage presque l’enthousiasme du savant et pieux Vallot qui dit en finissant : « Cette évacuation (une très abondante sécrétion finale par les voies urinaires) continua neuf jours de cette même force, et fut tellement avantageuse qu’elle acheva ladite guérison de Sa Majesté, sans aucun accident et sans aucune rechute, et même sans aucun ressentiment de la moindre incommodité du monde ; de manière qu’après cette parfaite guérison, le roi s’est trouvé beaucoup plus fort, beaucoup plus vigoureux et plus libre de toutes ses actions, tant du corps que de l’esprit, et l’on peut dire avec vérité que Dieu a conduit cet ouvrage par des voies si extraordinaires et par des secours et des grâces si particulières, s’étant servi des causes secondes en une conjoncture qui semblait devoir être plutôt destinée au miracle qu’à l’industrie et l’expérience des médecins. » Vallot ne fait là que délayer le mot d’Ambroise Paré : « Je le traitai, Dieu le guarit.
Ferrari, s’arrêtant sur le rôle et la fonction historique de la Rome moderne, et cherchant en vain à se la représenter sous une figure nouvelle digne de son passé, il va jusqu’à la vouer à jamais à la destinée mélancolique et pittoresque de gardienne des tombeaux ; il est poëte et peintre à outrance ce jour-là, ni plus ni moins que Chateaubriand : « Pour moi, s’écrie-t-il, je ne puis envisager sans terreur le jour où la vie pénétrerait de nouveau ce sublime tas de décombres.
Son fils unique, qui semblait destiné, si l’on en juge par les éloges et les regrets qu’il inspira, à faire refleurir la tige poétique des Racine, périt dans un voyage, victime du tremblement de terre de Lisbonne, à l’âge de vingt et un ans (1755).
A côté de la dignité, n’oublions jamais cet autre sentiment inspirateur, au moins égal en prix, l’humanité, c’est-à-dire le souci de la misère, de la souffrance, de la vie insuffisante et chétive du grand nombre ; revenons en idée au point de départ et aux mille entraves qui arrêtent si souvent à l’entrée du chemin, pour en affranchir peu à peu les autres ; inquiétons-nous de tout ce qu’il y a de précaire dans toutes ces existences qui ne se doutent pas qu’elles s’appellent des destinées.
De même, la première leçon qu’un père prévoyant devrait donner à son fils, si ce fils se destinait à devenir un critique journaliste, ce serait, selon moi : « Mon fils, n’ayez pas le goût trop dégoûté ; apprenez à manger de tout. » Or, imaginez un poète, c’est-à-dire un être accoutumé à cultiver et à chérir un idéal, à le caresser dès l’enfance sur l’aile de la fantaisie, imaginez ce poète subitement mis à pied par la fortune et obligé par métier d’essayer de toutes les combinaisons, de déguster tous les breuvages et toutes les boissons à leur entrée, ou, si vous aimez mieux, de tremper le doigt dans toutes les sauces.
Ce nouvel état social, fût-il uniforme dans sa simplicité d’organisation, aurait donc, selon les lieux et les peuples, une physionomie autre et des destinées fort différentes ; il aurait, lui aussi, ses orages, ses luttes, ses accidents imprévus, peut-être ses catastrophes, résultat des passions et du peu de sagesse humaine.
Homme obscur, ignoré dans la république des lettres ; jeté, par cette force invisible qui maîtrise nos destinées, dans les agitations d’une vie errante et toujours malheureuse ; appelé, par un concours de circonstances extraordinaires, à des emplois redoutables, où le moment de la réflexion était sans cesse absorbé par la nécessité d’agir ; remplissant encore aujourd’hui des fonctions administratives, bien plus par l’amour de la justice et l’instinct du devoir que par la connaissance approfondie des principes sur lesquels nos grands maîtres ont établi l’art si difficile de l’administration publique ; demeuré, par une captivité longue et douloureuse, presque entièrement étranger aux nouveaux progrès que des savants recommandables ont fait faire à la science, mon premier devoir, Citoyens, est de faire ici l’aveu public de mon insuffisance, et de vous déclarer que tout ce que je puis offrir à cette Société respectable est l’hommage sincère, mais sans doute impuissant, de ma bonne volonté… » Et se voyant amené, par l’ordre des idées qu’il développait dans ce discours, à parler de la Révolution française, explosion et couronnement du xviiie siècle, de « cette Révolution à jamais étonnante qui, déplaçant tout, renversant tout, après des essais pénibles, souvent infructueux, quelquefois opposés, avait fini par tout remettre à sa véritable place », il s’écriait, cette fois avec le plein sentiment de son sujet et avec une véritable éloquence : « La Révolution !
Il ne se hâte donc point de conclure ; et ce qui l’intéresse si fort, ce qui est son histoire, celle de ses semblables, le secret de son existence et de la leur, et de toute sa destinée, il se résigne à ne le conjecturer que modestement, sans rien affirmer d’absolu aux autres, sans rien s’affirmer à lui-même.
Quand on est assez vieux pour avoir vu une grande destinée individuelle s’accomplir à travers ses inégalités, ses caprices, ses luttes, ou même ses scandales, il est bon de vieillir encore pour voir comment tout cela se réduit et se capitalise dans une somme de qualités éminentes et de gloire consacrée. » Se peut-il un jugement plus élevé et mieux rendu ?
Son bon sens, s’il eût été écouté alors, aurait sans doute été d’un grand contrepoids dans la balance des destinées, Un grave problème, et des plus tristes, qui, bon gré mal gré, se dresse devant nous un peu avant cette époque dans la vie de M. de Talleyrand, c’est la part qu’il aurait prise, non pas seulement une part de transmission et d’information ministérielle, mais un rôle d’instigation et d’initiative, à l’arrestation et à l’enlèvement du duc d’Enghien.
Ce que notre destinée a eu de terrible, force à penser ; et si les malheurs des nations grandissent les hommes, c’est en les corrigeant de ce qu’ils avaient de frivole, c’est en concentrant, par la terrible puissance de la douleur, leurs facultés éparses.
Ne pas croire en Dieu, c’est nier le mystère de la vie et de l’univers et le mystère des instincts impérieux qui nous font placer le but de la vie en dehors de nous-mêmes et plus haut ; c’est nier le plaisir que nous fait cette chose insensée qui est la vertu ; c’est nier le frisson qui nous prend devant « le silence éternel des espaces infinis » ou le gonflement du cœur par les soirs d’automne, et la langueur des désirs indéterminés ; c’est déclarer que tout dans notre destinée et dans les choses est clair comme eau de roche et qu’il n’y a rien, mais rien du tout, à expliquer.
Certes, nous sommes bien ambitieux pour elle, puisque la gloire de ces commencements ne nous suffit pas, et que nous appelons quelque époque féconde qui mette en possession de sa vraie destinée cette langue à laquelle, du nord au midi, l’Europe rendait hommage.
De là ses descriptions passionnées, et parmi des erreurs que la science a redressées avec son aide, un sentiment de la vie, de la beauté, de la force dans les animaux, de la convenance de leur organisation à leurs besoins, de leurs mœurs à leurs destinées, qui rachète le tort du grand naturaliste en nous rendant plus sensible le Dieu dont il s’est passé.
Les faibles sont destinés au rôle de souffre-douleurs.
Chaque époque — la nôtre comme les autres — produit, à côté d’une foule d’œuvres qui dépendent de la mode du moment et disparaissent avec elle, quelques œuvres d’une portée plus, sérieuse, destinées à survivre un temps plus ou moins long, dignes en tout cas d’être examinées et reconnues : les écrivains sont trop disposés à consacrer par des admirations exagérées les productions éphémères dont ils subissent l’attrait ; l’Université englobe trop souvent dans le même mépris les écrits insignifiants et les œuvres durables.
Il n’aurait pas dit qu’elle manquait de goût, car il a laissé échapper ce mot dans les notes qui ne paraissent pas avoir été destinées à l’impression.
À propos des expériences de ce savant sur la greffe : On apprend dans son ouvrage, dit-il, que deux sèves destinées à circuler ensemble doivent avoir entre elles une analogie déterminée, et que l’on rapprocherait en vain des rameaux que la nature n’a pas formés l’un pour l’autre.
M. de Laborde se propose de faire réimprimer l’ouvrage, et de tirer de cet appendice, d’abord destiné aux seuls bibliophiles et dont ils se montrent si friands, tout ce qui est réellement significatif, à la fois piquant et convenable, pour l’offrir à cette portion plus considérable du public à laquelle il faut toujours penser.
M. de Sauvigny (littérateur d’alors spirituel et pas trop médiocre) me guidait dans mes lectures : je faisais des extraits ; j’avais trouvé dans les offices un grand in-folio destiné à écrire les comptes de la cuisine ; je m’en étais emparée, et j’écrivis dans ce livre un journal très détaillé de mes occupations et de mes réflexions, avec l’intention de le donner à ma mère quand il serait rempli.
Droz s’est fait l’objection à lui-même, et il y a répondu en disant : Il est une révolution paisible, lente, mais sûre, que le temps opère, et qui conduit le genre humain vers de meilleures destinées.
Il y dressa aussitôt sa batterie de guerre, son Mercure britannique, publication destinée à combattre avec suite, et par des tableaux mêlés de discussions, la politique du Directoire : « L’expérience est perdue, disait Mallet, si on ne la grave pas au moment même par des écrits qui en fixent l’impression. » La passion déclarée et le parti pris de l’attaque n’empêchent point dans ce Mercure la sagacité et, jusqu’à un certain point, l’impartialité des jugements.
La Providence, qui fait aux nations des origines et des destinées diverses, ouvre aussi à la justice et à la liberté plus d’une voie pour entrer dans les gouvernements ; et ce serait réduire follement leurs chances de succès, que les condamner à se produire toujours sous les mêmes traits et par les mêmes moyens.
Dans ce voyage extrême de Laponie, après avoir aperçu du haut d’une montagne la mer Glaciale et toute l’étendue de la contrée, après avoir laissé sur une pierre une inscription en vers latins, signée de ses compagnons, et de lui, et destinée à n’être jamais lue que des ours, Regnard, qui s’est frotté, comme il dit, à l’essieu du pôle, songe au retour ; il ne revient point pourtant en France directement, et il achève le cours de ses pérégrinations instructives par la Pologne et par l’Allemagne.
En effet, lorsqu’une haute et jeune destinée a subi de ces catastrophes soudaines et qui sont restées par quelque côté mystérieuses, lorsqu’un prince a disparu de manière à toucher les imaginations et à laisser quelque jour à l’incertitude, bien des têtes travaillent à l’envi sur ce thème émouvant ; les romanesques y rêvent, se bercent et attendent ; les plus faibles et ceux qui sont déjà malades peuvent sérieusement s’éprendre et finir par revêtir avec sincérité un rôle qui les flatte, et où trouve à se loger leur coin d’orgueilleuse manie ; quelques audacieux, en même temps, sont tentés d’y chercher une occasion d’usurper la fortune et de mentir impudemment au monde.
Il ne s’agit, selon lui, que de les conjurer le plus longtemps possible, et lorsque enfin ils se présentent, il n’y a plus qu’à se couvrir la tête de son manteau et à se soumettre à sa destinée.
Cette poétique possède sa valeur et la conserve en tant que cas particulier de la nouvelle comme celle-ci est destinée à n’être plus tard qu’un cas particulier d’une poétique plus générale ; l’ancienne poésie différait de la prose par une certaine ordonnance ; la nouvelle voudrait s’en différencier par la musique, il se peut très bien qu’en une poésie libre on trouve des alexandrins et des strophes en alexandrins, mais alors ils sont en leur place sans exclusion de rythmes plus complexes… » Nous avons bien en français un accent tonique ; mais il est faible et cela tient à l’amalgame que fit Paris des prononciations excessives et différentes des provinces, les usant pour en constituer une langue modérée, calme, juste milieu, quant au retentissement des consonnes et au chant des voyelles, neutre de préférence à bariolée.
La littérature proprement dite est la peinture de notre âme à tous et de nos mœurs à nous tous, avec une certaine exagération savante destinée à mettre en relief les parties les plus importantes et les plus intéressantes de la vérité elle-même.
Mais la femme — la mère des enfants — n’a de destinée et de dignité que dans le mariage, du moins jusqu’à ce moment ; car l’effroyable mouvement qui emporte la société et l’arrache à toutes les lois chrétiennes, un de ces jours emportera aussi le mariage, et tous les bâtards y comptent bien !
Elle lui montre qu’il est double comme sa destinée, qu’il y a en lui un animal et une intelligence… L’homme, se repliant sur lui-même, commença à prendre en pitié l’humanité, à méditer sur les amères dérisions de la vie.
« Né de parents pieux, dit-il quelque part, et dans un pays où la foi catholique était encore pleine de vie au commencement du siècle, j’avais été accoutumé de bonne heure à considérer l’avenir de l’homme et le soin de son âme comme la grande affaire de ma vie52. » Cette préoccupation dura jusqu’au bout : hors du christianisme, il suivait la pente du christianisme ; devenu philosophe, c’est de l’avenir qu’il s’inquiétait encore ; en ramenant toute la philosophie au problème de la destinée humaine, il cherchait le salut sous un autre nom ; ses recherches étaient intéressées : ce n’est point une curiosité qu’il contentait, mais une inquiétude qu’il calmait.
On désigne ainsi un assemblage de pièces de métal destiné à soutenir ou à contenir les parties moins solides, ou lâches, d’un objet déterminé. […] Il connaît la signification des choses, et leur fatalisme dans la nature terrible et belle, la destinée des êtres, en proie au mal de l’universel massacre. […] Ardent jusqu’à la brutalité, passionné jusqu’à la fureur, il est inquiet aussi, jusqu’à la souffrance, devant tout ce que révèle d’inexpliqué la destinée humaine et la mystérieuse nature, sous sa double et même face de vie et de mort. […] Ernest La Jeunesse, Sagesse et destinée, de ce moderne Marc-Aurèle, qu’on appelle Maurice Maeterlinck. […] Les deux autres que j’aime, L’Holocauste pour sa sensibilité aiguë et son lyrisme passionné, Sagesse et destinée pour la vive, calme et pacifiante lumière qui allume dans les âmes, viendront ensuite.
Je veux parler de cette conception grandiose d’après laquelle la musique, étroitement unie à la poésie et sortant de la même âme, doit être l’interprétation la plus profonde et la plus pathétique du mystère de la destinée humaine, suspendue entre l’amour et la mort, entre l’égoïsme et le sacrifice, entre l’aspiration idéale et la fascination des sens. […] Il rentre, il est vrai, dans le paradis infernal, et semble par là renoncer au vrai paradis ; mais le miracle du bâton peut signifier qu’il est néanmoins sauvé, et qu’au jugement dernier, quand s’accomplira la destinée des hôtes de la montagne mystérieuse, il aura la joyeuse surprise de se trouver rangé à droite, tandis que le pape qui l’a témérairement condamné ira subir dans l’enfer la peine de sa présomptueuse dureté. […] Elle nous réconcilie avec notre destinée en nous montrant que cette destinée nous est imposée par notre nature et que nous en rêverions vainement une autre tant que nous garderons cette nature, dont nous ne pouvons nous défaire sans cesser d’être nous-mêmes. […] On put regarder cette destinée soit comme une récompense, soit comme un châtiment, et de là vient qu’on l’attribua soit au disciple bien-aimé, à qui elle semblait d’ailleurs clairement prédite, soit au contraire à un homme coupable d’une offense particulière envers le Christ. […] « Il s’en alla par telle destinée. » 310.
Quand Voltaire voulait donner son avis sur une question à la mode, il publiait une brochure ; nous autres, nous publions un article dans une revue ou dans un journal ; mais Voltaire, au bout de l’année, ne recueillait pas en un volume ses diverses brochures ; il les laissait suivre séparément leur destinée. […] On jugea inutile bientôt de cultiver un paysage destiné aux dévastations populaires ; il y eut une littérature sans style comme il y a des grandes routes sans herbe, sans ombre et sans fontaines. […] Ce dernier principe est seul en cause quand la charité, acte d’amour ou acte de pitié, prend un caractère noblement égoïste et conforme à la destinée de l’homme, qui est de s’affermir dans sa vie et de s’affirmer dans l’exercice des sentiments qui lui font éprouver fortement la joie de la supériorité personnelle. […] La destinée d’une langue est déterminée par deux causes, l’une intime et l’autre d’action extérieure, l’une toute littéraire et l’autre toute politique. […] Le hollandais ne doit pas attendre une meilleure destinée, ni le portugais ; mais ces deux langues pourraient, longtemps encore, évoluer, l’une en Afrique, l’autre au Brésil, où, malgré de singulières modifications, elles garderaient assez de leur figure primitive pour faire douter de leur disparition réelle.
L’étoile du berceau de madame de Maintenon semble avoir jeté quelque influence de goût, d’esprit et de destinée sur le sien. […] Garat, que nous trouvons ainsi au début de Fontanes, et qui, nonobstant son article sévère, d’ailleurs très-convenable, fut et resta lié avec lui dans les années qui précédèrent la Révolution, Garat, plus âgé de plusieurs années, nous offre à certains égards, et en fait de destinée littéraire, le pendant du poëte dans le camp opposé, dans les rangs philosophiques : grand talent de prosateur, s’essayant d’abord aux éloges académiques, se dispersant en tout temps aux journaux, puis intercepté brusquement par la Révolution et désormais lancé à tous les souffles de l’orage ; exemple déplorable et frappant du danger de ne se recueillir sur rien, et, avec des facultés supérieures, de ne laisser qu’une mémoire éparse, bientôt naufragée ! […] Ils doivent, si je ne me trompe, changer les destinées de l’Europe et de l’Asie. […] Dans son assez bonne Épître au comte de Schowaloff qui est destinée à célébrer son abdication du Mercure et comme sa retraite à Salone, La Harpe, faisant une sortie contre le pittoresque à la mode, disait en des vers dont l’à-propos semble d’hier et nous va au cœur : Que dis-je ?
Mais, songez-y, les vers d’un jeune homme, les vers d’un inconnu, les vers d’un provincial, des vers qui, suivant le mot d’un libraire fameux d’alors et qui ne se doutait pas qu’il allait dire une sottise destinée à devenir fameuse, des vers qui ne ressemblaient aux vers de personne. […] Alfred de Vigny s’est servi de ce procédé pour mettre en vers, dans une série de pièces composant le recueil des Destinées, une philosophie qui lui est particulière. […] Il y a, à coup sûr, une doctrine supérieure à celle de Vigny, c’est celle qui consiste, au lieu d’un stoïcisme farouche, à nous donner la confiance dans une volonté suprême et la résignation à ses ordres : mais cette doctrine-là, c’est celle qu’enseigne la religion, et comme philosophie humaine, purement humaine, je crois qu’il y en a peu qui montrent autant de vigueur, autant de noblesse que celle que Vigny a exprimée dans ses Destinées. Voilà donc, dans Alfred de Vigny, un poète philosophe, un poète penseur, un poète qui met, comme vous le voyez, dans ses vers autre chose que son histoire à lui-même, qui y met ses réflexions sur l’ordre du monde, ses idées sur l’ensemble de notre destinée.
On ne sait pas assez quelle influence désastreuse sur la destinée d’un homme de lettres et sur l’opinion de ses contemporains peut avoir sa chevelure ! […] Ce bonheur, la destinée le lui envia. […] Après avoir flanqué une gifle à ce jeune gentleman qui m’avait bousculé dans la foule, j’observai sa mine éveillée qui me plut, et je lui ouvris de plus belles destinées en lui offrant d’être mon valet de chambre. […] Pour nous élever jusqu’à nos destinées définitives, il faut jeter le lest ancien. […] Puisqu’il vous a montré l’exemple d’être doux, Laissez au repentir ma jeune destinée.
Henri IV destinait de longue main Rosny pour ses finances.
Et dans le même ouvrage, à un autre endroit, parlant des gens à la mode et montrant l’inconvénient de cette prétention pour les diverses conditions du magistrat, du militaire, il ajoutait : « L’homme de lettres, qui, par des ouvrages travaillés, aurait pu instruire son siècle et faire passer son nom à la postérité, néglige ses talents et les perd, faute de les cultiver : il aurait été compté parmi les hommes illustres, il reste un homme d’esprit de société. » Ces deux passages rapprochés renferment toute la destinée de Duclos comme homme d’esprit et comme écrivain.
Peu de morceaux, peu de couplets chez Bourdaloue qui se puissent détacher ; il en a pourtant, et, dans son premier point Sur la pensée de la mort, quel beau passage que celui où, par contraste avec l’effet de cette pensée présente, il montre que, si l’homme était sûr de ne point mourir et de jouir dès ici-bas d’une destinée immortelle, il n’y aurait plus de remède ni de raison à opposer au libre débordement de sa passion !
Tandis que celui-ci, gai, riant, plein de verve et sous ses airs d’Anacréon, semble avoir rempli sa destinée naturelle, La Fare fait plutôt l’effet d’avoir manqué la sienne ; on voit dans son exemple de riches facultés qui se perdent, et des talents distingués qui s’altèrent et s’abîment faute d’emploi ; on est involontairement attristé.
Les figures les plus hardies et les plus marquées, celles que les plus grands orateurs n’emploient qu’en tremblant, vous les répandez avec profusion, vous les faites passer dans des pays qui jusques ici leur étaient inconnus ; et ces ordonnances véritablement apostoliques, destinées au seul gouvernement des âmes, au lieu d’une simplicité négligée qu’elles avaient avant vous, sont devenues chez vous des chefs-d’œuvre de l’esprit humain.
Destinée selon toute apparence à monter sur un trône, celui d’Angleterre, elle ne le désirait que médiocrement et se consola de le manquer.
Brave, aimant son métier, embrassant avec ensemble et précision ce qui concernait son corps particulier de troupes, il n’avait pas cette avidité à s’instruire dans toutes les branches qui dénote une nature de général proprement dit, l’homme destiné à de grands commandements.
Linguet veut expliquer à ses contemporains comment Voltaire a pu être et paraître si universel, et par quel enchaînement de circonstances, par quelle suite d’événements qui ne furent des épreuves que le moins possible, la destinée le favorisa en lui donnant une jeunesse si aisée, si répandue, si bien servie de tous les secours, et en lui ménageant à Ferney une longue vieillesse si retirée et si garantie du tourbillon : « La jeunesse de presque tous les écrivains célèbres, disait Linguet, se consume ordinairement, ou dans les angoisses du malaise, ou dans les embarras attachés à ce qu’on appelle le choix d’un état.
Sachons seulement qu’il ne se replie si fortement sur lui-même que parce qu’il ne lui a pas été donné de se déployer : « Il était dans sa destinée, a très bien dit M.
Mais comme, d’un autre côté, la cause en est belle, j’écarte comme je puis ces idées, et je me laisse entraîner par ma destinée.
Comme les plus capables et les mieux destinés à leur emploi, Louvois eut cependant besoin de quelque apprentissage.
Et Goethe que l’on peut citer à côté de Boileau, Goethe le grand et judicieux critique, a observé excellemment que « lorsqu’une famille s’est fait remarquer durant quelques générations par des mérites et des succès divers, elle finit souvent par produire dans le nombre de ses rejetons un individu qui réunit en lui les qualités et les défauts de tous ses ancêtres : il en est de même, ajoute-t-il, des peuples célèbres qui, la plupart, ont vu naître dans leur sein des hommes profondément empreints de la physionomie nationale, comme si la Nature les avait destinés à en offrir le modèle. » Et il cite en exemple Voltaire, le plus Français des hommes, celui que la Nature semble avoir chargé de représenter la France à l’univers.
I Je voyais l’autre jour, à l’Odéon, Macbeth si bien rendu, si bien exprimé et resserré au vif par notre ami Jules Lacroix, ce mouleur habile et consciencieux du groupe sophocléen, l’Œdipe roi : j’admirais, même dans les conditions inégales où elle nous est produite, cette pièce effrayante, effarée, sauvage, pleine d’hallucinations, de secondes vues ; où l’on voit naître, grandir et marcher le crime, le remords ; où l’horreur d’un bout à l’autre plane à faire dresser les cheveux ; où le cœur humain s’ouvre à tout instant devant nous par des autopsies sanglantes ; sillonnée de mots tragiques immortels ; où le poignard, l’éclair, le spectre, sont des moyens d’habitude et devenus vraisemblables ; où la faiblesse est forte, où le héros est faible et misérable ; où tout s’enchaîne et s’entraîne, où la destinée se précipite tantôt vers la grandeur, tantôt vers l’abîme ; où l’homme est montré comme le jouet de la fatalité, une paille dans le tourbillon ; où Shakespeare nous dit son dernier mot philosophique par la bouche de son Macbeth s’écriant : « Hors d’ici, éteins-toi, flambeau rapide !
Il se destinait à la prédication pour laquelle il se sentait du goût et des moyens, et il fit ses provisions de doctrine en conséquence.
En quelque fâcheuse condition où sa destinée le réduise, vous le verrez également éloigné de la faiblesse et de la fausse fermeté, se possédant sans crainte dans l’état le plus dangereux, mais ne s’opiniâtrant pas dans une affaire ruineuse, par l’aigreur d’un ressentiment, ou par quelque fierté mal entendue.
Quiconque a reçu la faculté de sentir et de penser ne peut nier cette mystérieuse assertion ; mais quiconque aussi voudra prouver l’existence de Dieu ne pourra l’expliquer qu’à l’aide d’arguments que je m’abstiens de qualifier, parce que toutes les croyances doivent être inviolables, et qu’elles sont toutes sacrées pour moi tant qu’elles ne me sont point imposées. » Les religions, on le voit, y sont respectées dans leur formes et honorées dans leur principe : « Je crois que toutes les religions sont bonnes, je crois que, hors le fanatisme, toutes les erreurs des cultes obtiendront grâce devant Dieu, car notre ignorance est aussi son ouvrage… J’adopte toutes les idées religieuses qui peuvent élever l’esprit, je rejette celles qui le rétrécissent ; et s’il fallait décider entre toutes les religions établies celle qui me paraîtrait la meilleure, je répondrais : — La plus tolérante. » À un endroit où le fils abandonné se suppose forçant enfin la destinée par sa vertu, parvenant à percer par ses œuvres, et méritant que sa mère revienne s’offrir à lui comme fit un jour la mère de D’Alembert au savant déjà illustre, il y a une apostrophe pieuse, un mouvement dans le goût de Jean-Jacques : « Dieu !
En un mot, toutes les nuances possibles d’opinion, comprises dans une admiration commune pour le caractère et la destinée d’une pure et illustre victime, étaient sorties au grand jour et se maintenaient en présence.
Il résultait de là, selon Wolf, que les poëmes d’Homère, tels qu’ils existaient d’abord à l’état homérique primitif, étaient et devaient être tout ce qu’il y a de plus différent des poëmes d’un Apollonius de Rhodes, d’un Virgile, d’un Milton, de tout autre poëte épique destiné à être lu ; qu’ils flottaient épars, comme des membres vivants, dans une atmosphère créatrice et imprégnée de germes de poésie ; mais que, tels que nous les avons et les lisons aujourd’hui, ils ne datent guère que de l’époque de Solon et surtout de Pisistrate, lorsque, le souffle général venant à cesser et l’écriture étant en usage, on sentit le besoin de recueillir cette richesse publique, cet héritage des temps légendaires, d’en faire en quelque sorte l’inventaire total et d’y mettre un ordre, un lien, avant qu’ils eussent couru les chances de se perdre et de se dissiper.
« Les êtres inconnus qui habitent tous ces mondes de l’espace, ce sont des hommes partageant une destinée semblable à la nôtre.
En tout cas, il n’y avait rien du ligueur chez La Bruyère, et s’il lui arrivait de penser quelquefois à ses origines politiques, c’était bien certainement pour sourire du contraste qu’elles faisaient avec sa destinée présente. — Le nouveau commentateur s’empare ainsi de toutes les circonstances connues de la vie de La Bruyère ; il les rapproche de son livre : on trouvera de l’esprit dans ces rapprochements, mais c’est serré de trop près ; c’est excessif.
Né le 15 juin 1709, on le destina de bonne heure à l’état ecclésiastique ou du moins à des bénéfices d’Église.
Ce ne fut qu’après Richelieu, après la Fronde, sous la reine-mère et Mazarin, que tout d’un coup, du milieu des fêtes de Saint-Mandé et de Vaux, des salons de l’hôtel de Rambouille1 ou des antichambres du jeune roi, sortirent, comme par miracle, trois esprits excellents, trois génies diversement doués, mais tous les trois d’un goût naïf et pur, d’une parfaite simplicité, d’une abondance heureuse, nourris des grâces et des délicatesses indigènes, et destinés à ouvrir un âge brillant de gloire où nul ne les a surpassés.
qu’il est bien peu vrai que ce qu’on doit aimer, Aussitôt qu’on le voit, prend droit de nous charmer, Et qu’un premier coup d’œil allume en nous les flammes Où le Ciel, en naissant, a destiné nos âmes !
« Par cet acte, les destinées de la patrie et celles de notre maison ont été placées dans vos mains.
Elles substituent au nom propre de l’objet le mot qui fait ressortir un attribut, une propriété, un caractère, sur lequel le mot propre n’appellerait pas suffisamment l’attention : ainsi lorsqu’Alfred de Musset représente les paysans de la Forêt-Noire qui viennent perdre leur argent à la roulette de Bade, il ne nomme pas l’argent, mais la sueur qu’il leur a coûtée, le pain qu’il leur donnerait : Je les ai vus, debout, sous la lampe enfumée, Avec leur veste rouge et leurs souliers boueux, Tournant leurs grands chapeaux entre leurs doigts calleux, Poser sous les râteaux la sueur d’une année, Et là, muets d’horreur devant la destinée, Suivre des yeux leur pain qui courait devant eux.
Il a posé en face l’un de l’autre ces deux êtres destinés à s’aimer, qui se sentent disposés à s’aimer avant de se connaître, et qui font effort pour se connaître avant de s’aimer, qui s’observent, s’étudient, se tendent des pièges, tâchent de forcer le mystère de l’âme par laquelle ils se voient pris irrésistiblement.
Renan, qui a toutes les franchises, ne nous cache point l’envie que lui inspire la destinée des hommes du monde.
Mais on y sent surtout le philosophe moral, le poète moral, qui semble n’être artiste que pour relever et purifier le cœur de l’homme, qui est toujours occupé du problème de la destinée de l’homme, et amoureux de son perfectionnement.
L’analogie et la vérité des descriptions étaient frappantes ; elles conviennent encore à ce pays, après tant de siècles et de vicissitudes. » Il y eut là un moment où cette grande destinée faillit se détourner à jamais ; une victoire de plus pouvait la faire verser du côté de l’Asie.
C’était un auxiliaire destiné à corriger en partie l’esprit antivoltairien des autres.
Tant il est vrai qu’elle était destinée, comme on l’a dit, à être toujours sage en jugement, et à faire toujours des sottises en conduite.
Une réflexion pourtant se présente, et elle-même n’était pas sans se la faire : quelle témérité d’aller confier son bonheur, sa destinée, tout son avenir comme femme, à un homme de lettres, aussi homme de lettres que Voltaire, à un poète aussi poète, et à la merci, chaque matin, de son tempérament irritable !
Son génie lui parla ; un état médiocre ne lui parut point valoir assez pour être mis en balance avec cette destinée nouvelle qu’il tenait entre ses mains : « Il vaut mieux, pensa-t-il, déroger à sa qualité qu’à son génie » ; et, se reportant aux grandes actions qu’il avait été donné à d’autres plus heureux d’exécuter, il se dit : « Qu’il paraisse du moins, par l’expression de nos pensées et par ce qui dépend de nous, que nous n’étions pas incapables de les concevoir. » Cette prédominance, cette préoccupation toujours présente de l’action et de l’énergie vertueuse, supérieure et préférable à l’idée elle-même, est un des caractères du talent littéraire de Vauvenargues, et elle contribue à conférer aux moindres de ses paroles une valeur et une réalité qu’elles n’auraient pas chez tant d’autres, en qui l’auteur se sent à travers tout.
[NdA] Ce recueil avait été imprimé en Prusse en 1750 et en 1752 ; mais ces deux premières éditions, toutes confidentielles, avaient été tirées à très peu d’exemplaires et destinées uniquement aux amis du roi.
Il eut une grande influence sur la destinée de Florian ; il arrêta à temps en lui ce que la seule influence de Voltaire et celle de tout le siècle auraient pu y produire d’un peu libertin.
Cette biographie, destinée d’abord au seul cercle de la famille, a conservé le caractère d’une douce et sainte solennité domestique.
Et, loin de s’abattre et de maudire le sort de l’avoir fait naître en un âge si orageux, il s’en félicite tout à coup : « Sachons gré au sort de nous avoir fait vivre en un siècle non mol, languissant ni oisif. » Puisque la curiosité des sages va chercher dans le passé les confusions des États pour y étudier les secrets de l’histoire et, comme nous dirions, la physiologie du corps social à nu : « Ainsi fait ma curiosité, nous déclare-t-il, que je m’agrée aucunement de voir de mes yeux ce notable spectacle de notre mort publique, ses symptômes et sa forme ; et, puisque je ne la puis retarder, je suis content d’être destiné à y assister et m’en instruire. » Je ne me permettrai pas de proposer à beaucoup de personnes une consolation de ce genre ; la plupart des hommes n’ont pas de ces curiosités héroïques et acharnées, telles qu’en eurent Empédocle et Pline l’Ancien, ces deux curieux intrépides qui allaient droit aux volcans et aux bouleversements de la nature pour les examiner de plus près, au risque de s’y abîmer et d’y périr.
C’est, en effet, un trait original et des plus distinctifs du caractère de Mme des Ursins que d’avoir su être une personne aussi tranquille au fond, sous une forme aussi active et dans une destinée si agitée ; et c’est à cela qu’elle dut, après une chute si rude à soixante-douze ans, de s’en être allée mourir en paix et de vieillesse à quatre-vingts.
» Dans une de ses lettres finales, nous surprenons de lui un espoir ou du moins un désir sur l’immortalité de l’âme : Je n’aime pas, disait-il à un ami, que, dans vos réflexions philosophiques, vous regardiez la dissolution du corps comme l’avenir qui nous est exclusivement destiné ; ce corps-là n’est pas nous ; il doit périr sans doute, mais l’ouvrier d’un si bel assemblage aurait fait un ouvrage indigne de sa puissance s’il ne réservait rien à cette grande faculté à qui il a permis de s’élever jusqu’à sa connaissance !
Paul-Louis Courier, né à Paris sur la paroisse Saint-Eustache, le 4 janvier 1772, d’un père riche bourgeois, et qui avait eu maille à partir avec un grand seigneur, fut élevé en Touraine sous les yeux et par les soins de ce père qui le destinait à servir dans le corps du génie et qui l’appliqua en attendant aux langues anciennes.
Sa famille le destinait à l’état ecclésiastique, et il fut d’abord tonsuré.
Cet aimable saint, né le 21 août 1567, au château de Sales, à quatre lieues d’Annecy, d’une noble famille, et l’aîné de tous ses frères et sœurs, fut voué par sa pieuse mère à Dieu, et destiné par son père à la carrière sénatoriale.
Il est improbable que le commun des poètes s’approprie les secrets de cet art aussi facilement que les procédés parnassiens ; mais, quels que soient l’avenir et la destinée de cette poétique, il reste que par Moréas, Gustave Kahn, Vielé-Griffin, Verhaeren, Henri de Régnier (car les recherches et les résultats furent parallèles) un vers plus libre est possible en France et, avec ce vers, des laisses d’aspect nouveau, et avec ces laisses, des poèmes assez différents, en ce qu’ils ont d’acceptable et de très bon, pour justifier des espoirs qui n’avaient paru d’abord que d’obscurs désirs.
* * * Bourgeois, fils de bourgeois, appartenant à cette classe moyenne qui fut si longtemps la maîtresse de nos destinées, Émile Augier ne pouvait pas, sans angoisses, assister à la rapide et inévitable dispersion de cette élite, oublieuse des vertus et des efforts passés, engourdie dans son bien-être et dissipant, en moins de deux générations, le patrimoine d’honneur, de travail, de modestie dans les goûts, de pureté dans les mœurs, légué par les ancêtres.
Obtenez des personnes opulentes, auxquelles vous destinez mes cahiers, l’ordre ou la permission de faire prendre des esquisses de tous les morceaux dont j’aurai à les entretenir ; et je vous réponds d’un sallon tout nouveau.
Cependant, à une époque plus rapprochée de nous, une femme justement célèbre, toute française par ses sentiments, ses affections et ses goûts, mais que les vicissitudes de sa destinée avaient rendue cosmopolite, rapporta d’une de ses plus longues excursions le système germanique, nous en apprit le nom en même temps que les principes, et nous révéla la fameuse distinction de classique et de romantique, qui divisait, à leur insu, toutes les littératures, et partageait la nôtre même, qui ne s’en serait jamais doutée.
Mais dans sa pensée, ce livre était un manifesté destiné à lui rallier les poètes qu’effrayaient déjà les tendances ultra-symbolistes de Moréas.
Nous aurons atteint notre destinée la plus haute, et c’est nous, les hommes, qui désormais ferons les confitures et les cornichons7 !
que la vie finisse de lui apprendre ce métier de critique auquel, de facultés, je le crois destiné d’après ce livre.
Mais les lettres que voici sont d’une telle platitude que le préjugé traditionnel en faveur de Mérimée ne résistera pas au soufflet de leur publication, VII On ne s’y attendait pas, mais c’est une destinée !
Déjà, dès cette époque, l’idée de l’émancipation commençait à sourdre dans la tête d’Alexandre, ce jeune Louis XVI russe, à la beauté de Louis XIV, et dont le peuple, plus docile et plus facile à mener que celui de Louis XIV, l’eût sauvé de la ressemblance de destinée avec l’autre émancipateur s’il avait poussé un peu plus loin ses velléités généreuses.
Il y a plus, je ne trouve pas Renan de la Vie de Jésus au niveau de Renan des débuts, comme s’il était dans la destinée de cet homme, qui n’a qu’un procédé et qui diminue toutes les notions par système et par infirmité, de diminuer celle qu’on avait de lui, quoi qu’elle ne fût pas gigantesque !
L’homme n’est donc plus le propriétaire d’un sol destiné, préparé, assuré à sa race, le roi paisible d’une nature qui a travaillé et qui s’est pacifiée pour lui ?
Quelques siècles auparavant, Pindare avait dit de Pélée : « Il a vu le cercle magnifique180 où s’étaient assis les rois du ciel et de la mer, faisant apparaître les dons et la puissance qu’ils destinaient à sa race. » Depuis lors, cette image des noces de Thétis et de Pélée avait souvent occupé la peinture comme la poésie : c’était un des thèmes favoris de l’art grec, aussi familier que le voyage des Argonautes, la vengeance de Médée, ou l’abandon d’Ariane.
Il semblait dans les mœurs comme dans la destinée de la nation : elle ne tendait plus au grand ; elle n’aimait plus ni la religion, ni la gloire, sans doute pour avoir abusé de l’une et de l’autre.
Il a dit : « Le Peuple a confié sa destinée, le 24 février, à des hommes de différents partis. […] Elle s’est trompée sur sa destinée. […] — Ce prix-là, lui répondit-on, ce prix-là est un prix destiné à récompenser la vertu. […] Mêmes destinées, même histoire, même évolution, même cycle. […] Buisson fut, ce jour-là, le représentant, est formée d’un redoutable mélange de tous les cléricalismes… Ces messieurs ont le dessein, paraît-il, de façonner avec le débris de leurs morales particulières, dont ils sacrifient généreusement chacun un petit morceau, une tierce morale destinée à empoisonner, sans distinction, toutes les classes de la société.
Leur nature et leurs destinées sont communes. […] Il a remplacé tout cela par des états de crise, par des visions fugitives, par des souffrances ressenties, par la nation au hasard de choses qui ne seraient pas destinées à la publicité. […] Je me résignerai à ma destinée, et ce n’est que parce que je dispute encore avec elle que j’éprouve de si cruels déchirements ; mais quand je me serai soumise à mon sort ! […] Pardon, trop cher ami, je me résignerai ; je m’endormirai d’un sommeil de mort sur ma destinée. […] C’est dans son Discours que les jeunes gens qui se destinent aux lettres doivent étudier de près cet art d’écrire sur lequel les maîtres de tous les temps se sont montrés si difficiles.
Au reste, les destinées de l’idéalisme risquaient d’être compromises moins encore par les premières œuvres que par le génie même des Barbares du Nord. […] Voici les actes de la vie du Christ, sa passion douloureuse, sa résurrection, les phases de la destinée de l’homme, noble de naissance, puis déchu, relevé à la fin. […] Nation neuve, douée cependant de réflexion par le commerce de peuples plus avancés, elle regarde avec une curiosité douloureusement insatiable le chaos où s’agitent ses destinées, et ce drame réel, dont elle est la grande actrice, l’attache plus fortement que les jeux désintéressés où se plaît l’activité des esprits, quand ils ont perdu leur fièvre, dans une nation formée, assise, mise en possession d’un idéal propre et, pour un temps, satisfaite. […] Leconte de Lisle, les Destinées, les Moires, ne sont plus des jouets inoffensifs aux mains d’un poète classique « égayant » son sujet d’ornements mythologiques : elles reprennent leur autorité impérieuse. […] » Pendant les campagnes, pendant les sièges, pendant les invasions, pendant les luttes suprêmes où sont en jeu les destinées d’un pays, les provinces, les villes bloquées elles-mêmes, gardent les habitudes de leur existence placide et monotone.
Quoi qu’il en soit, je suivis le Génie, & en peu de tems nous arrivâmes au lieu destiné pour cette assemblée. […] Ma destinée est de vaincre cet Auteur, dit-il : Alaric fit oublier la Pucelle, & cela devait être ; jugez-en par ce portrait d’une Nymphe ; voyez combien il enchérit sur celui de la belle Agnès. […] Il fuit, telle est sa destinée ; Mais il combat avant de fuir : Et cette veuve abandonnée, De ses feux n’a plus à rougir. […] Ses travaux furent destinés à diriger ceux qui voudraient désormais la parcourir. […] Le Génie approuvait en entier le plan d’un nouveau Palais destiné à être le berceau des jeunes Eleves de Mars, monument de magnificence & de bonté digne d’un Roi qui, non content de récompenser les services, daigne encore les prévenir.
XI Après la messe, les deux héros se confient leurs destinées bien différentes. […] « Le roi commanda aux Hiunen de se préparer pour rendre à la reine les honneurs qu’on lui destinait. […] Mon éloquence ne suffit pas à vous exprimer avec quels sentiments d’affection nous ont envoyés ici et Etzel et votre noble sœur, dont la destinée est si heureuse.
Vendredi 14 décembre Aux curieux d’art et de littérature, qui dans le xxe siècle, s’intéresseront à la mémoire des deux frères, je voudrais laisser un inventaire littéraire de mon Grenier, destiné à disparaître après ma mort ; je voudrais leur faire revoir dans un croquis écrit, ce microcosme de choses de goût, d’objets d’élection, de jolités rarissimes, triés dans le dessus du panier de la curiosité. […] En fait d’objets chinois ou japonais, il y a encore sur les murs, deux panneaux de Coromandel, ces riches panneaux de paravents, à intailles coloriées, où des fleurs et des poissons ressortent si bien du noir glacé de la laque ; — un bas-relief composé d’un bâton de commandement, en jade, posé sur un pied de bois de fer, admirablement sculpté ; — une plaque de porcelaine ayant dû servir à la décoration d’un lit d’un grand personnage, une plaque de porcelaine de la famille verte, où les peintures de la porcelaine arrivent à la profondeur intense des colorations d’émaux, enchâssés dans le cuivre ; — une grande sébile en bois (destinée à contenir des gâteaux secs), où un quartier de lune, fait d’une plaque d’argent, brille au milieu des aiguilles du noir branchage verticillé d’un sapin. […] C’est aujourd’hui dans sa bouche, et avec la mimique de sa physionomie et de tout son corps, l’histoire d’Adolphe Dumas le poète boiteux, destiné à devenir tailleur, le métier de tous les boiteux de là-bas.
(L’Église, qui alors pénétrait tout, rend les destinées et les âmes plus pittoresques.) […] Hémon et Antigone (acte II, scène I) : Hémon ………………… Un moment loin de vous me durait une année, J’aurais fini cent fois ma triste destinée, Si je n’eusse songé jusques à mon retour Que mon éloignement vous prouvait mon amour, Et que le souvenir de mon obéissance Pourrait en ma faveur parler en mon absence Et que, pensant à moi, vous penseriez aussi Qu’il faut aimer beaucoup pour obéir ainsi. […] C’est qu’il croit réellement à sa destinée supérieure. […] Il la critiqua dans une dissertation adressée à une dame, mais destinée à passer de main en main. […] Les Plaideurs, que Racine avait destinés d’abord au Théâtre-Italien, ne sont qu’un amusement, oui, mais d’un génie charmant, et au moment où ce génie était dans toute l’ivresse de sa jeune force.
Mais ce sujet n’est point de ceux où La Fontaine pouvait s’attarder, dans un recueil qu’il destinait lui-même à l’enfance. […] Lintilhac au Sénat a voté trente mille francs pour le bicentenaire, aurait mieux fait de destiner cette somme à nous donner les moyens de lire commodément Rousseau qu’à organiser de vagues festivités éphémères et superflues. […] Il est mort le 17 septembre 1863 ; il n’avait plus rien publié depuis 1835, qui est l’année de Grandeur et servitude militaires et de Chatterton : les Destinées (1864) et le Journal (1867) avaient seuls paru depuis lors. […] Lorsque l’âme est remuée à une certaine profondeur, les grands problèmes de la destinée surgissent invinciblement, et l’on passe des joies ou des souffrances de l’amour à l’évocation de la mort. […] Décidément les courants d’opinion observés par Agathon dans une partie de la jeunesse contemporaine ne semblent pas destinés à un succès durable71.
Racine n’avait pas destiné cette pièce pour le Théâtre-Français ; elle lui paraissait appartenir de droit aux Italiens et à Scaramouche. […] Silanus, frère de Junie, avait été destiné, par Claude, pour être l’époux de cette Octavie qu’Agrippine fit épouser à Néron. […] Ce fils d’Agrippine et de Domitius Barberousse (en latin Œnobarbus) n’était point destiné au trône ; il ne touchait que très indirectement à la famille impériale par sa mère Agrippine, fille de Germanicus, et par son aïeul maternel Drusus, fils de Livie, depuis femme d’Auguste ; mais Livie était déjà enceinte de Drusus quand elle fut forcée de quitter Claudius Tibérius Néron pour épouser Auguste en secondes noces ; les plaisants et les malins disaient, sans aucun fondement, que ce Drusus était le fruit de l’adultère de Livie avec Auguste : calomnie pleinement démentie par la vertu et la sagesse de Livie, la plus chaste des femmes. […] L’éclat et la magnificence des représentations d’Esther, faisaient espérer qu’Athalie n’aurait pas une destinée moins brillante ; mais cette célébrité même d’Esther, cette pompe théâtrale dans une maison religieuse, de jeunes pensionnaires produites sur la scène aux yeux de toute la cour et de ce qu’il y avait de plus grand à la ville, la dissipation, le luxe inséparable de ces fêtes, tout cela fut regardé par les gens sages et pieux comme la profanation d’un lieu sacré. […] Cette destinée d’Athalie, très consolante pour les mauvais poètes, n’est pas moins propre à décourager les vrais talents.
Et la Maison du Berger des Destinées, le Voyage des Fleurs du Mal, marquent des états de ce conflit. […] Et pour Mallarmé les ciels d’automne n’étaient-ils pas destinés à immobiliser dans une essence de cristal et dans une distillation d’or les idées et le rêve que lui construisait la vie ? […] Et ce que nous savons et ce que nous lisons de Mallarmé nous indique que plus peut-être, de ces destinées alternatives, la seconde pencha vers lui. […] Mais pour lui, dans chacune de ses mains, de ses mains presque vides, la destinée avait mis la même valeur en deux gemmes non classées, et sans prix courant. […] La façon dont il fut conçu par Lamartine et Victor Hugo eut une influence réelle sur les destinées de la France.
Malgré le retranchement susdit, la maison de la jeune princesse se montera encore à près de 80 personnes destinées au service unique de sa personne royale149 ». […] Superbement vêtu, beau, galant, d’une politesse exquise, le moindre de ses sourires était une grâce. « Son visage toujours riant inspirait la confiance ; il avait la vraie physionomie de l’homme destiné à représenter. » Telle est aussi l’attitude et l’occupation des principaux seigneurs laïques, chez eux, en été, lorsque le goût de la chasse et l’attrait de la belle saison les ramènent sur leurs terres.
. — Je demeurai longtemps en silence à côté de lui, cherchant à me rendre compte de ce caractère et de cette destinée. […] Je n’ai jamais su de quoi pouvait venir ce caprice d’acrimonie qui donnait le droit de douter de la bonté de cœur de ce vieillard. « Vous êtes un homme de bien que j’ai toujours voulu prendre pour un homme d’État, parce que la fortune, maîtresse des destinées, vous a fait naître illustre, riche et beau.
M’étant approché de lui, il causa beaucoup avec moi, et me dit qu’il aurait envie d’une belle salière, cassette qui contenait le sel et les serviettes destinées au roi, pour accompagner les vases que M. le cardinal lui avait donnés, et que j’en fisse le dessin le plus tôt possible. […] Un autre eût été aussi heureux que la destinée le comporte.
Nous l’avons déjà dit : c’est la nature elle-même qui a tracé la ligne de démarcation, en créant dans une espèce identique les classes des jeunes et des vieux, les uns destinés à obéir, les autres capables de commander. […] Supprimez-y deux chapitres et vous n’avez rien à ajouter, rien à retrancher pour que la Politique d’Aristote, écrite 350 ans avant Jésus-Christ, soit le manuel de l’homme d’État de toutes les époques, preuve que la vérité est éternelle et qu’il n’y a rien de nouveau sous le ciel que le mensonge et le sophisme destinés à soutenir toutes les tyrannies, celle du peuple comme celle des rois.
II C’est que Wagner et Tolstoï nous ont adressé leurs écrits, à tous les hommes, mais ne les ont point destinés à notre spéciale façon gauloise de lecture. […] Et combien mieux ira-t-elle aux hommes slaves — à leur bonheur tout destinée — l’œuvre que sans cesse couvrira cette expresse autorité de Jésus !
Maintenant ces images ne seraient pas, comme on l’a cru jusqu’ici, des images à l’usage des maisons de prostitution, elles seraient destinées à faire l’éducation des sens des jeunes mariés ; et dans un volume, illustré par la fille d’Hokousaï, racontant le mariage et ses épisodes, on voit roulée près du lit des jeunes époux, une série de makimono qui doivent être une collection de ces images. […] Il ne me semble pas destiné à faire de vieux os.
et c’est ainsi que l’homme qui a le plus fécondé les têtes de son temps, comme Socrate accouchait celles du sien, l’inspirateur de tant d’esprits pendant sa vie, va, après sa mort, par une singulière opiniâtreté de la destinée, en inspirer encore un. […] XXI Cependant, malgré cette position d’historien qu’il vient de prendre et qu’il pourrait garder, je crois bien que l’auteur des Merveilles du Mont Saint-Michel reviendra au roman, la vocation de toute sa vie, ardemment et continuellement obéie, par conséquent devenue maintenant presque une destinée… Seulement, en revenant au roman, il lui donnera un caractère nouveau qui l’élèvera bien au-dessus de tous ceux qu’il ait jamais écrits.
Qu’est-il donc, sinon une simple expression mathématique destinée à marquer que c’est le système de Pierre, et non pas le système de Paul, qui est pris pour système de référence ? […] Taille et dimension sont des termes qui ont un sens précis quand il s’agit d’un modèle qui pose : c’est ce que nous percevons de la hauteur et de la largeur d’un personnage quand nous sommes à côté de lui, quand nous pouvons le toucher et porter le long de son corps une règle destinée à la mesure.
À titre de cadet, on le destina à l’Église.
Et en même temps on sort de cette lecture plus disposé à rendre justice à M. de Choiseul qui, d’une situation si compromise et si perdue en réalité, sut tirer des résultats assez spécieux, assez brillants, pour jeter un voile sur la décadence et pour relever la nation à ses propres yeux, en attendant qu’elle se régénérât décidément à travers les orages et qu’elle entrât, désormais vaillante et rajeunie (mais toujours selon l’esprit des chefs qui la guident), dans l’ordre de ses destinées nouvelles.
La renommée de Sully a eu en France des destinées successives et bien diverses.
[NdA] Car il dicte et n’écrit pas ; et j’emprunte ici une remarque à un érudit en ces matières : On s’est longtemps récrié sur l’ignorance de l’antique noblesse, sur l’incapacité de tel ou tel seigneur qui ne savait pas écrire, attendu sa qualité de gentilhomme : si l’on se reporte au temps où tout châtelain avait à ses côtés un clerc ou chapelain, dont l’emploi était de tenir la plume pour son maître, on verra qu’il n’y avait rien d’extraordinaire à ce que le seigneur se dispensât d’écrire ; les écrivains alors remplaçaient les imprimeurs d’aujourd’hui, et étaient destinés comme eux à transmettre aux siècles futurs les pensées et les actes de leur époque… Les gens du métier seulement transcrivaient ce qu’on voulait conserver ; il en résulte de belles et uniformes copies.
On sait du reste que Frédéric n’était pas le philosophe tout idéal et tout à la Marc Aurèle que les gens de lettres ses amis se hâtèrent de promettre un peu témérairement au monde quand il monta sur le trône ; mais il était réellement philosophe par goût, par bon sens, parce qu’il réduisait chaque chose à la juste réalité, et que, tout en faisant vaillamment son rôle et son métier de souverain, il se séparait à tout instant de cette destinée d’exception pour se juger, pour se regarder soi-même et les autres.
Désabusée comme elle était, elle avait à craindre pourtant le grand ennemi des personnes qui ont vécu dans la société et qui se sont fait une habitude de la conversation, l’ennui. « Je voudrais, disait-elle, trouver quelqu’un qui calculât la vie et qui en fît le cas qu'elle mérite. » Oui, mais pour en causer avec ce quelqu’un et pour se donner le plaisir de dire ensemble que la vie n’est rien. « J’ai eu une destinée singulière, disait-elle encore : j’ai voulu être lettrée, et les lettrés m’ont paru ignorants ; femme du monde, et, outre la bêtise des gens du monde, c’est qu’ils ne savent pas vivre.
Traité d’abord au Quesnoy pour sa blessure, Villars put être transporté à Paris au bout de quarante jours : « Mon passage par les villes que je traversai, couché sur un brancard, fut une espèce de triomphe. » Arrivé à Paris, le roi l’envoya visiter, et lui fit dire qu’il le désirait à Versailles et qu’il lui destinait l’appartement du prince de Conti.
Ce qui la séduisit surtout dans cette union fut la certitude que sa petite sœur ne la quitterait pas, qu’elle resterait maîtresse de lui prodiguer ses soins et de lui servir de mère. » « On cita, parmi les seigneurs russes dont ce mariage avait frustré les vœux, un jeune homme auquel la naissance, la fortune et de rares qualités d’esprit ouvraient une grande destinée, le baron, depuis, comte Strogonof.
Son éducation première ne l’avait destiné ni à être peintre, ni à être précisément écrivain : c’est une double vocation qui l’a entraîné, à des heures différentes et bientôt alternatives.
Et quelquefois, à la fin de juin, par un jour brûlant, dans la robuste épaisseur d’un arbre en pleines feuilles, je voyais un petit oiseau muet et de couleur douteuse, peureux, dépaysé, qui errait tout seul et prenait son vol : c’était l’oiseau du printemps qui nous quittait. » Augustin, le précepteur de Dominique, est un très jeune homme, d’une nature tout opposée à celle de son élève : c’est un homme de livres, de logique, de science, un cerveau ; après bien des labeurs, après des âpretés et des difficultés sans nombre de carrière et de destinée, il arrivera un jour à se faire un nom parmi les écrivains sérieux de son pays, à se faire une haute situation même ; ce sera un politique, un économiste, un conseiller d’État, un ministre, que sais-je ?
Mais la fumée littéraire si subtile lui a évidemment monté au cerveau et l’a légèrement enivré ; bien traité et plus que poliment par des critiques en renom, il s’est dit qu’il était un critique littéraire lui-même, et voici en quels termes il parle ou fait parler de lui dans un Prospectus, destiné, dit-il, à la province, mais que les gens de Paris ont pu lire au passage : « M.
Comme le livre n’est destiné qu’à ceux de sa nationalité qui lisent le français et qu’il s’adresse, en revanche, à tous les lecteurs français dont la majorité est loin de posséder l’allemand, il eût été de meilleure grâce à M. d’Arneth d’en faire une publication toute française.
On a ainsi le duc d’Orléans, Mirabeau, La Fayette, Mathieu de Montmorency, le futur consul Lebrun, ce dernier très agréablement dessiné ; car Malouet s’entend mieux à montrer ces caractères moyens qu’à exprimer les personnages extrêmes : « Enfin un homme dont la fortune s’est élevée depuis au niveau de ses talents, dont les opinions s’étaient manifestées pour la conservation des trois Ordres, arrive comme vaincu dans le camp des vainqueurs ; et là, sans se mêler jamais à aucune autre discussion que celle des finances, il abandonne la Constitution à sa triste destinée dans toutes ses conséquences politiques ; mais il la soutient, il la défend dans tout ce qui est relatif aux impôts, aux monnaies, aux assignats, aux recettes et aux dépenses de l’État.
Telle est, messieurs, la liberté de la presse. » Il y disait encore : « La société, dans sa marche progressive, est destinée à subir de nouvelles nécessités ; je comprends que les gouvernements ne doivent pas se hâter de les reconnaître et d’y faire droit ; mais quand ils les ont reconnues, reprendre ce qu’on a donné, ou, ce qui revient au même, le suspendre sans cesse, c’est une témérité dont, plus que personne, je désire que n’aient pas à se repentir ceux qui en conçoivent la commode et funeste pensée.
Avec un peu d’attention et de patience, tout lecteur impartial va avoir la clef de cette destinée, qu’on peut dire unique et singulière entre toutes celles de la grande époque.
Or, depuis ce moment, l’expédition collective fut manquée ou accomplie, selon qu’on veut l’entendre, et chaque chef, poussant individuellement de son côté, poursuit à travers le siècle, par des voies plus ou moins larges, sa destinée, ses projets, la conquête de la glorieuse Toison.
Les Contes d’Espagne et d’Italie, en mettant hors de ligne la puissance poétique de M. de Musset, posaient donc en même temps une sorte d’énigme sur la nature, les limites et la destinée de ce talent.
Au xviie siècle, en 1643, on avait Corneille, et c’était l’année de Rocroy ; mais comment deviner alors, malgré de tels augures, les destinées merveilleuses du règne-enfant et les splendeurs de Louis XIV ?
Les personnes qui l’ont particulièrement connu ont retrouvé dans ces premiers essais de sa nature et dans ces premiers jeux de sa destinée les indices déjà prononcés de ce qu’elles avaient tant de fois observé en lui ; la ressemblance du personnage avec lui-même a paru fidèle, bien qu’à certains égards peu flatteuse.
La théorie développée dans ce curieux opuscule a laissé des traces dans l’Esprit des Lois, mais des traces éparses et confuses, recouvertes sans cesse par un système différent, dont le fond est cette idée chère à Montesquieu que de la construction de la machine législative dépend la destinée des peuples, et qu’un rouage ôté ou placé à propos sauve ou perd tout : or qu’y a-t-il de plus contraire au fatalisme politique que la superstition sociologique, la foi aux artifices constitutionnels ?
C’était, vous le voyez, sa destinée, d’avoir des commencements modestes et des réussites éclatantes, en sorte que chaque épisode de sa vie pût être tourné en exemple et en leçon.
Nous entendrons toujours ces sages paroles qui semblaient, par leur calme gravité, venir du fond d’un tombeau, et nous dirons pour finir par une grande pensée de lui : « Le temps, qui est beaucoup pour les individus, n’est rien pour ces longues évolutions qui s’accomplissent, dans la destinée de l’humanité.
Au nom de ce principe, nous pouvons approuver les formes les plus différentes : la phrase ample et majestueuse de Bossuet déroulant les destinées des empires et le caquetage vif, sautillant, coupé, le style parlé de Marivaux analysant les menus états d’esprit d’une jeune fille ; les vers aisés, inégaux et sinueux, qui se moulent avec tant de souplesse sur la pensée de La Fontaine, et les larges vagues de mélodieux alexandrins où se berce mollement la rêverie de Lamartine.
D’où sortait donc cette personne si distinguée et si habile, qui ne semblait point destinée à un tel rôle par sa naissance ni par sa position dans le monde ?
Bazin était un des plus fameux et des plus destinés aux couronnes.
Son génie, car il en avait, et on ne saurait donner un autre nom à une telle largeur et à une telle puissance de facultés diverses, s’y plia si bien, qu’on ne sait aujourd’hui s’il eût été propre à un autre régime, et qu’on est tenté de croire qu’en se dispersant ainsi et en se versant de toutes parts et à tous venants, il a le mieux rempli sa destinée.
Notre folie, à nous autres, est de croire aussi que toute la nature, sans exception, est destinée à nos usages ; et quand on demande à nos philosophes à quoi sert ce nombre prodigieux d’étoiles fixes, dont une petite partie suffirait pour faire ce qu’elles font toutes, ils vous répondent froidement qu’elles servent à leur réjouir la vue.
Et maintenant, quand on a parlé de Ninon avec justice, avec charme, et sans trop approfondir ce qu’il dut y avoir de honteux malgré tout, ce qu’il y eut même de dénaturé à une certaine heure, et de funeste dans les désordres de sa première vie, il faut n’oublier jamais qu’une telle destinée unique et singulière ne se renouvelle pas deux fois, qu’elle tient à un incomparable bonheur, aidé d’un génie de conduite tout particulier, et que toute femme qui, à son exemple, se proposerait de traiter l’amour à la légère, sauf ensuite à considérer l’amitié comme sacrée, courrait grand risque de demeurer en chemin, et de flétrir en elle l’un des sentiments, sans, pour cela, se rendre jamais digne de l’autre21.
la belle destinée de ne pouvoir plus mourir, sinon avec un immortel !
» Sachant les vraies fins de l’homme, et que, dans les orages de la société, c’est à agir et non à lire que les hommes sont destinés, il sentait bien que lui-même, qui ne parlait qu’à des lecteurs, n’offrait qu’un remède insuffisant : « Des têtes noyées dans l’océan des sottises imprimées ne sont plus propres à se conduire, disait-il ; n’en attendez ni grandeur ni énergie ; ces roseaux polis plieront sous les coups de vent sans jamais se relever. » — « On ne combat pas une tempête avec des feuilles de papier », répétait-il souvent.
Né en octobre 1614, d’une famille illustre, destiné malgré lui à l’Église avec « l’âme peut-être la moins ecclésiastique qui fût dans l’univers », il essaya de se tirer de sa profession par des duels, par des aventures galantes ; mais l’opiniâtreté de sa famille et son étoile empêchèrent ces premiers éclats de produire leur effet et de le rejeter dans la vie laïque.
Les qualités solides, l’application laborieuse de son esprit, et les sentiments de son cœur, répondirent à ce vœu de la nature et au rôle de la destinée.
Il aurait dû mourir ce jour-là pour sa gloire, disent des historiens que j’estime, mais qui ne voient que le côté brillant et purement militaire de la destinée ; et peut-être bien que lui-même, à certaines heures, ulcéré dans son honneur de soldat, il aura dit comme eux.
— La nature, disait-il encore, a mis dans l’âme et dans le caractère de celui qu’elle destine aux grandes actions une sorte de verve semblable à celle qui crée les chefs-d’œuvre ».
Dans cet écrit publié par lui et destiné à la combattre, il énumérait tous les titres qu’il avait à la reconnaissance de la nation, et n’oubliait pas d’y ajouter les comptes d’argent.
On le rencontre aux deux extrémités d’une grande destinée.
Cette même Anne Boleyn, destinée au trône, d’où elle devait aller plus loin, était éblouie quand sa mère lui achetait trois chemises de toile, à six pence l’aune, et lui promettait, pour danser au bal du duc de Norfolk, une paire de souliers neufs valant cinq schellings.
N’avoir pas deviné la grandeur des sociétés protestantes ni la grandeur des sociétés libres, c’est avoir eu les yeux fermés sur les plus grands faits des temps modernes, sur l’esprit moderne lui-même, tel qu’il est sorti du xvie siècle, génie momentanément interrompu dans ses destinées par la halte glorieuse de Louis XIV, mais qui devait en avoir de tout autres que celles que rêvait Bossuet.
l’homme heureux enfin et vainqueur de la destinée, qui a mis la main sur son rêve et qui caresse sa chimère, qui maintenant n’est plus une chimère !
Le calme magnifique de sa destinée fit le calme de sa raison et affermit sa moralité.
Dans son livre, il ne l’a pas écrite, mais il y a touché de manière à nous faire croire qu’il était destiné à récrire.
Il y a quelque chose de douloureux et d’attachant dans cette destinée d’un jeune esprit qui regarde le monde et la vie exclusivement à travers la nation juive et qui meurt au service de ceux qu’il aime le plus, mais dont il tient à se distinguer.
Malgré l’individualité bien nette des idéals nationaux et la diversité des rôles que les peuples sont destinés à jouer dans l’histoire, il y a au fond de leurs efforts et de leurs luttes une identique aspiration vers un état meilleur, une commune recherche de plus de force et de plus d’équilibre.
Le personnage en O a envoyé au personnage en A un rayon de lumière destiné à lui revenir aussitôt.
Certes, si le mental était rigoureusement calqué sur le cérébral, s’il n’y avait rien de plus dans une conscience humaine que ce qui est inscrit dans son cerveau, nous pourrions admettre que la conscience suit les destinées du corps et meurt avec lui.
Quelle devait être sur les peuples de la Grèce accourus aux pompes sacrées d’Athènes la puissance de ces hymnes de gloire et de ces plaintes funèbres, apothéose et prophétie de la destinée diverse de deux mondes ; du monde civilisé et du monde barbare !
Pour d’intelligents et probes regards ouverts sur les agitations de poètes en les derniers mois de l’année 1886, énonçait la Direction, par leur amour de l’Art et leurs visées exemptes d’imprudence et de puérilité vers un progrès respectueux du passé, quelques esprits s’imposent : un Groupe que l’on dénommera le « groupe Symbolique et Instrumentiste »… Il veut : en des livres composés, en des œuvres composées par des poèmes, de vers classiques, harmoniés et instrumentés selon l’emploi savant et sur des mots, les mots usuels de la langue pris en leur sens originel, chercher, induisant de Symbole en Symbole, la raison de la Nature et de la Vie. » En même temps que « d’Avant-dire » de Mallarmé, le premier numéro publiait un article rappelant l’Instrumentation et quelques points du Traité du verbe, précisait une seconde partie de « l’Œuvre » dans laquelle « la raison cherchée de l’être humain s’élargirait en la raison cherchée de l’Humanité, où l’auteur donnera sa philosophie et sa religion. » Les « Ecrits pour l’Art » paraissaient mensuellement, à seize pages seulement : les Revues d’alors surtout destinées à des expositions d’idées rapides et de lutte, n’étaient point volumineuses, et le puissant « Mercure de France » lui-même commença par des numéros de trente-deux pages. […] Dans lesStances il exprime selon son seul instinct et selon sa destinée, sa propre âme, et il nous enchante en l’exprimant. » — Mikhaël : « Il est probable qu’il eût continué le Parnasse, s’il n’était mort si jeune » Paul Fort n’est plus « un faux simpliste » : « A défaut de la simplicité réelle que personne ne saurait avoir, il affirme sincérité, et j’ai talent. » — Rodenbach : « Ame ouverte à toutes les impressions de lointain, artiste à l’art volontaire et sûr ». […] Or, nulle part en l’œuvre antérieure ou postérieure, l’on ne découvre un lien de pensée générale, directrice, entre les divers poèmes et sonnets, un indice révélateur nous donnant à supposer cette œuvre secrète qui nous était promise par le Maître et à laquelle il devait travailler. « On doit attribuer à deux causes sa si limitée production », écrivait le critique italien Vittorio Pica dans une large Etude : « la première est qu’il travaille continuellement à un drame poétique destiné à l’incarnation suprême de son vouloir artistique. » (Revue Indépendante, Mars 1891)… Il est plus qu’évident que pas une page parmi sa publication poétique, n’a trait à cette œuvre elle-même. […] Mais le « Moi » conscient par introspection des idées « immortelles et innées » les rappelle et les rapporte à soi hors du monde d’apparences matérielles — qui ne sont que Symboles : les thèmes qu’eût pu concevoir Mallarmé se seraient donc essentiellement rattachés (nous l’avons vu par le seul qu’il ait accidentellement indiqué) à la pensée Platonicienne — l’Idée archétype de toutes choses… Funeste concept à heureuse destinée en la philosophie grecque et par elle en les spéculations occidentales, du millénaire Système Indou du philosophe Vyasa94 tandis que de son antagoniste, que l’on pourrait dire « évolutionniste », Kapila95, la doctrine puissante n’apparaît qu’en les Ioniens sachant la mutabilité des choses, et ne s’est avérée qu’hier — encore sournoisement attaquée ou adultérée).
Elle a un double but : D’une part elle doit satisfaire un besoin de l’esprit ; de l’autre, elle est destinée à faciliter et à améliorer la pratique. […] Si c’était consciemment que l’abeille bâtit les cellules destinées à recevoir son miel, il faudrait croire qu’elle sait la géométrie. […] C’est l’ensemble des moyens destinés à appliquer les vérités établies par la spéculation. […] Pour être sûr que la raison n’est pas destinée à nous induire en erreur, il faudrait le prouver ; mais on ne le ferait qu’au moyen de la raison : cercle vicieux. […] L’expérimentation est une observation destinée à prouver une hypothèse préalable.
. — L’institut physiologique de Munich dirigé par Pettenkofer et Voit, attira son attention d’une manière spéciale ; il put voir dans cet établissement un magnifique appareil destiné à étudier les produits de la respiration, vaste et belle installation où l’on peut, heure par heure, jour par jour, mesurer la combustion et faire une statique exacte des phénomènes chimiques de la vie. […] C’est là que l’animal passe de l’état de larve à l’état parfait ; ses organes sexuels, qui ne s’étaient point encore développés, apparaissent et atteignent leur perfectionnement organique ; la femelle pond des œufs qui arrivent à éclosion et vivent à l’état de larve dans la cavité qui renferme les parents destinés à périr. […] Le sucre formé dans la betterave n’est pas destiné non plus à entretenir la combustion respiratoire des animaux qui s’en nourrissent ; il est destiné à être consommé par la betterave elle-même dans la seconde année de sa végétation, lors de sa floraison et de sa fructification. […] Tantôt elle assimile la substance ambiante, pour en former des principes organiques, destinés à être détruits dans une seconde période ; tantôt elle forme directement les éléments des tissus. […] Toutefois, la matière glycogène dans les animaux, aussi bien que dans les végétaux, n’est pas seulement destinée à se transformer en sucre ; elle semble aussi faite pour entrer directement dans la constitution des tissus pendant l’évolution embryogénique55.
* * * Le poupard et sémillant abbé Monselet, le dernier de ceux qui s’assoient sur les genoux des dames, a voulu à toute force nous présenter quatre de ses amis qui l’ont aidé à faire son roman des Chemises rouges, et son autre livre si réussi de la Franc-Maçonnerie des femmes, vainement destiné à détrôner Legouvé père et fils. […] Louis Enault a publié un roman religieux dans le Constitutionnel : la Bourgeoise de Prague.C’est un écrivain qui se destine au couvent. […] Gérard se destine aux lettres ; il est courageux, travailleur, il veut arriver à tout prix. […] Aussi, dans l’absence d’une philosophie, il lui fallait une religion, la religion étant destinée à conduire par la foi ceux qui résistent à la raison, et la raison ne pouvant s’accommoder des rêveries romantiques. […] Cent autres estimés, loués et destinés à aller se perdre dans les greniers de la province.
Des notes jetées à la hâte sur le papier, car cela était destiné à la Russie où on devait les traduire. […] Mais il est admis que cette catégorie de déshéritées, gouvernantes, institutrices, est un gibier destiné aux fils de famille ! […] Monsieur Alphonse est destiné à vivre longtemps. […] De légères escarmouches, une épreuve de vingt-quatre heures dont la vie est à peine atteinte et effleurée ; un simple malentendu qui sera presque sans conséquences, car des deux côtés on reprend sa liberté et on pourra disposer à son gré de sa destinée. […] Pour passer le temps, écoutons un long récit de ce qui s’est passé au premier acte, nouvelle exposition destinée aux spectateurs qui n’étaient pas arrivés à l’heure.
L’Académie française n’a pas été créée pour autre chose que pour inféoder les destinées de la littérature à celles de la France même ; et pour qu’il ne fût pas dit qu’une force sociale aussi considérable qu’était déjà celle de l’esprit pût échapper entièrement à l’action du pouvoir central. […] On a soulevé là-dessus la question de savoir si « les caractères de grandeur qui distinguent le plus singulièrement le xviie siècle ne tiendraient pas à la marche générale de la civilisation européenne plutôt qu’à l’influence et aux destinées de la France ? […] Examen de Rodogune, édition Marty-Laveaux, IV, 621], — « Le second acte passe le premier ; le troisième est au-dessus du second ; et le dernier l’emporte sur tous les autres. » — Il est le maître de ses sujets comme ses héros sont les maîtres de leurs destinées, [Voyez le contraire dans le drame romantique.] […] — et l’invincible confiance que nous avons dans une destinée meilleure ? […] Les Élévations et les Méditations, qu’il avait lui-même destinées à l’impression, n’ont paru qu’en 1727 et 1730-1731, par les soins de son neveu, l’évêque de Troyes.
Lorsque la Providence destine à un trône, c’est toujours un malheureux qu’elle condamne à des travaux infinis. […] Monsieur, que vous êtes à plaindre, destiné à prononcer sur l’honneur, la fortune et la vie des citoyens et à ne presque jamais entendre la vérité ! […] Quant à la destinée de mon temps et de ma personne, je vous promets bien que votre prophète radote sur ce point. […] Si j’étais sûr que ce que je suis en train d’écrire ne dût pas tomber en d’autres mains que celles auxquelles je le destine, je pourrais vous dire qu’un avocat général a chassé les Jésuites de Bretagne. […] Destinées à figurer dans le Recueil de la Société historique russe, elles sont jusqu’à ce jour inédites.
C’est le rêve, le rêve étrange fourmillant de pensées profondes, la contemplation douloureuse de la destinée humaine, l’idée vague de la grande énigme, la réflexion tâtonnante qui, dans la noirceur des bois hérissés, à travers les emblèmes obscurs et les figures fantastiques, essaye de saisir la vérité et la justice. […] Au milieu d’eux s’élève un écrivain de génie, poëte en prose, doué d’imagination comme Spenser et comme Shakspeare, Jeremy Taylor, qui, par la pente de son esprit comme par les événements de sa vie, était destiné à présenter aux yeux l’alliance de la Renaissance et de la Réforme, et à transporter dans la chaire le style orné de la cour. […] Après la Restauration, deux mille ministres, pour ne pas se conformer à la nouvelle liturgie, renoncèrent à leurs cures, sauf à mourir de faim avec leurs familles. « Beaucoup d’entre eux, ne croyant pas avoir le droit de quitter leur ministère après y avoir été destinés par l’ordination, prêchèrent à ceux qui voulurent les entendre dans les champs et dans les maisons particulières, jusqu’à ce qu’ils fussent saisis et jetés dans des prisons où un grand nombre d’entre eux périrent405. » Les cinquante mille vétérans de Cromwell, licenciés tout d’un coup et sans ressources, ne fournirent pas une seule recrue aux vagabonds et aux bandits. « Les royalistes eux-mêmes confessèrent que dans toutes les branches d’industrie honnête, ils prospéraient au-delà des autres hommes, que nul d’entre eux n’était accusé de larcin ou de brigandage, qu’on n’en voyait pas un demander l’aumône, et que si un boulanger, un maçon ou un charretier se faisait remarquer par sa sobriété et son activité, il était très-probablement un des vieux soldats d’Olivier406. » Purifiés par la persécution et ennoblis par la patience, ils finiront par conquérir la tolérance de la loi comme le respect du public, et relèveront la morale nationale comme ils ont sauvé la liberté nationale. […] Les mémoires, même ceux de Ludlow, de mistress Hutchinson, sont longs, ennuyeux, véritables factums dépourvus d’accent personnel, vides d’effusion et d’agrément ; tous, « ils semblent s’oublier et ne s’occupent que des destinées générales de leur cause410. » De bons ouvrages de piété, des sermons solides et convaincants, des livres sincères, édifiants, exacts, méthodiques, comme ceux de Baxter, de Barclay, de Calamy, de John Owen, des récits personnels comme celui de Baxter, comme le journal de Fox, comme la vie de Bunyan, une grande provision consciencieusement rangée de documents et de raisonnements, voilà tout ce qu’ils offrent ; le puritain détruit l’artiste, roidit l’homme, entrave l’écrivain, et ne laisse subsister de l’artiste, de l’homme, de l’écrivain, qu’une sorte d’être abstrait, serviteur d’une consigne.
La lâcheté, — comme la vertu, — trouve toujours sa récompense, et ceux qui ont payé l’impôt à la plume vénale sont destinés à devenir ses victimes, ce dont personne ne les plaindra. » — Mon cher de Calonne, vous êtes des nôtres et l’on ne devrait pas tirer sur ses alliés : toutefois, permettez-moi de relever en passant et pour mémoire deux assertions quelque peu irréfléchies qui entachent votre excellente Chronique musicale. […] Les termes de comparaison entre la Sémiramis d’il y a dix ans et celle d’aujourd’hui sont comme deux lignes parallèles, destinées à ne jamais se rencontrer… si ce n’est sous votre plume. […] Mademoiselle Macé, qui joue avec sensibilité la jeune mariée de la Nuit blanche, est tour à tour, dans le prologue, une charmante fantaisie et le plus espiègle des titis parisiens ; elle récite fort bien les jolis vers de Méry que Figaro a publiés en partie, et dit avec beaucoup d’esprit et de finesse des couplets de facture, sur un air nouveau d’Offenbach, destiné à la popularité du bal et du piano. […] Le Coq, que la poêle à frire n’est ici qu’une simple casserole destinée à faire revenir la chair des damnés : après avoir passé par vingt-sept enfers, une rôtissoire plus complète les attend.
J’ai idée que, s’il fut roi, il ne renonça ni à sa couronne ni à ses trésors, et qu’il jouit jusqu’au bout des iniques avantages qu’il tenait de la destinée. […] le droit de « se créer sa morale, sa règle », de « remplir toute sa destinée divine », d’être à soi-même son propre dieu ! […] Et il me plaît aussi de “peser sur une destinée” d’homme, comme les femmes du Norvégien Ibsen. […] Il est responsable de la destinée de ce peuple, à qui il a juré aide et protection. […] De l’instinct de conservation elle dégage en nous l’héroïsme par le sentiment très net d’une solidarité de destinée avec les hommes de notre race.
* Si la chance vous a fait l’ami d’un homme destiné à la gloire, ne souhaitez pas qu’elle lui vienne de son vivant. […] * L’esprit d’opposition est une gourme que jettent les hommes destinés à gouverner, et que gardent jusqu’à la fin ceux qui ne savent ni commander ni obéir. […] Il était si compatissant à leurs souffrances, si occupé de leurs besoins, que, sans compter ce qu’il leur donnait de sa bourse, les fondations, les institutions destinées à leur venir en aide se multipliaient à sa voix. […] * Cela a été une inconséquence de ma destinée plutôt que de ma volonté, de me voir enveloppé dans la politique, sans en avoir le goût ni les mœurs ; d’être entraîné dans ses chances, sans en avoir ni voulu, ni su jouer le jeu ; complice de ses fautes sans en être coupable ; et, finalement, d’en payer les frais sans en avoir eu les profils. […] Sortait-il de chez lui, soit pour porter à la mairie de l’argent destiné aux pauvres, soit pour aller aux ambulances, soit pour présider aux pesées de viande, ou bien pour recenser les logements où l’on pourrait recueillir les émigrants des quartiers bombardés, ou enfin pour aller plaider au Palais — qui donc avait l’humeur processive en un pareil temps ?
Sa grande pensée le poursuit, et quand il contemple un arbre, c’est pour méditer sur la destinée humaine. […] Toujours les poëtes de cette école se promènent, regardant la nature et pensant à la destinée humaine ; c’est leur attitude permanente. […] Ce qu’il expose, ce sont les grands intérêts de l’âme, « c’est la vérité, la grandeur, la beauté, l’espérance, l’amour, — la crainte mélancolique subjuguée par la foi, — ce sont les consolations bénies aux jours d’angoisse, — c’est la force de la volonté et la puissance de l’intelligence, — ce sont les joies répandues sur la large communauté des êtres, — c’est l’esprit individuel qui maintient sa retraite inviolée, — sans y recevoir d’autres maîtres que la conscience, — et la loi suprême de cette intelligence qui gouverne tout1222. » Cette personne inviolée, seule portion de l’homme qui soit sainte, est sainte à tous les étages ; c’est pour cela que Wordsworth choisit pour personnages un colporteur, un curé, des villageois ; à ses yeux, la condition, l’éducation, les habits, toute l’enveloppe mondaine de l’homme est sans intérêt ; ce qui fait notre prix, c’est l’intégrité de notre conscience ; la science même n’est profonde que lorsqu’elle pénètre jusqu’à la vie morale ; car nulle part cette vie ne manque. « À toutes les formes d’être est assigné un principe actif ; — quoique reculé hors de la portée des sens et de l’observation, — il subsiste en toutes choses, dans les étoiles du ciel azuré, dans les petits cailloux qui pavent les ruisseaux, — dans les eaux mouvantes, dans l’air invisible. — Toute chose a des propriétés qui se répandent au-delà d’elle-même — et communiquent le bien, bien pur ou mêlé de mal. — L’esprit ne connaît point de lieu isolé, — de gouffre béant, de solitude. — De chaînon en chaînon il circule, et il est l’âme de tous les mondes1223. » Rejetez donc avec dédain cette science sèche « qui divise et divise toujours les objets par des séparations incessantes, ne les saisit que morts et sans âme et détruit toute grandeur1224. » « Mieux vaut un paysan superstitieux qu’un savant froid. » Au-delà des vanités de la science et de l’orgueil du monde, il y a l’âme par qui tous sont égaux, et la large vie chrétienne et intime ouvre d’abord ses portes à tous ceux qui veulent l’aborder. « Le soleil est fixé, et magnificence infinie du ciel — est fixée à la portée de tout œil humain. — L’Océan sans sommeil murmure pour toute oreille. — La campagne, au printemps, verse une fraîche volupté dans tous les cœurs. — Les devoirs premiers brillent là-haut comme les astres. — Les tendresses qui calment, caressent et bénissent — sont éparses sous les pieds des hommes comme des fleurs1225. » Pareillement à la fin de toute agitation et de toute recherche apparaît la grande vérité qui est l’abrégé des autres. « La vie, la véritable vie, est l’énergie de l’amour — divin ou humain — exercée dans la peine, — dans la tribulation, — et destinée, si elle a subi son épreuve et reçu sa consécration, — à passer, à travers les ombres et le silence du repos, à la joie éternelle1226. » Les vers soutiennent ces graves pensées de leur harmonie grave ; on dirait d’un motet qui accompagne une méditation ou une prière.
Une Université est proprement un corps composé de gens gradués en plusieurs facultés ; de professeurs qui enseignent dans les écoles publiques, de précepteurs ou maîtres particuliers, et d’étudiants qui prennent des leçons et aspirent à parvenir aux mêmes degrés ; au lieu qu’une Académie n’est point destinée à enseigner ou professer aucun art, quel qu’il soit, mais à en procurer la perfection ; elle n’est point composée d’écoliers que de plus habiles qu’eux instruisent, mais de personnes d’une capacité distinguée, qui se communiquent leurs lumières et se font part de leurs découvertes pour leur avantage mutuel. […] Sous prétexte que Jésus-Christ a dit qu’il faut toujours prier, quelques maîtres, et surtout ceux qui sont dans certains principes de rigorisme, voudraient que presque tout le temps destiné à l’étude se passât en méditations et en catéchismes ; comme si le travail et l’exactitude à remplir les devoirs de son état, n’étaient pas la prière la plus agréable à Dieu. […] Dictionnaire On appelle ainsi un dictionnaire destiné à expliquer les mots es plus usuels et les plus ordinaires d’une langue ; il est distingué du dictionnaire historique, en ce qu’il exclut les faits, les noms propres de lieux, de personnes, etc. ; et il est distingué du dictionnaire des sciences, en ce qu’il exclut les termes de sciences trop peu connus, et familiers aux seuls savants.
Guérard, attaché aux Affaires étrangères, et par ordre des chefs de ce département : elle était destinée à servir d’élément et de matière à l’éloge académique de Bernis que devait prononcer alors le comte François de Neufchâteau.
Lorsqu’on lit les réflexions et fragments de cet autre généreux écrivain enlevé comme lui dès le début, de Vauvenargues, et qu’on en pénètre l’esprit, l’inspiration secrète, on voit certes un homme de pensée, mais on reconnaît encore plus un homme de caractère et d’action qui a manqué sa destinée et qui en souffre.
Qui que nous soyons et dans quelque genre que la vocation ou la destinée nous ait poussés, tâchons d’être de ceux-là ; tâchons, un jour ou l’autre, d’arriver à la perfection de ce qu’il nous est donné de faire, à la réunion de toutes nos forces, à la plus haute puissance de nous-mêmes : et, comme cette heure et cet accident de grâce et de lumière n’est pas en notre pouvoir, tenons-nous prêts et montrons-nous-en dignes en y visant constamment.
Là où la veille il n’y avait rien, le lendemain il y a un monde : que ce monde soit celui de Shakespeare ou d’Homère, de Molière ou d’Aristophane, de Sophocle ou de Corneille, d’Archimède ou de Pascal ; que ce soit, dans l’ordre réel, l’enchaînement des hauts faits d’un héros ou ces autres bienfaits publics émanés d’un législateur et d’un sage, il n’importe : la médiocrité de la foule, en ajoutant petit à petit tout son effort durant des années, n’aurait pu y atteindre ; tous les ingénieux Marivaux en tout genre, tous les distingués et les habiles, tous les grands médiocres (comme Marivaux lui-même les appelle), entasseraient grain sur grain pendant des siècles pour s’élever et se guinder en se concertant jusqu’à cette sphère supérieure, ils n’en sauraient venir à bout : ce sont des facultés distinctes et diversement royales, don de la nature et du ciel, qui destinent et vouent quelques mortels fortunés à ces rôles, tout aisés pour eux, d’enchanteurs de l’humanité, de conducteurs vaillants et de guides.
Le prince de Ligne s’arrête avec complaisance sur cette idée secrète et chère de M. de Meilhan, que celui-ci a manqué sa fortune et sa destinée et qu’il aurait dû être ministre à la place de Necker ou de Calonne : Avec l’air de mépriser tous les détails, les regardant au-dessous de vous, il n’y en avait pas un de votre intendance de Valenciennes qui vous échappât, et vous racontez très plaisamment ce que c’est que de travailler légèrement, quand M. de Calonne écrivait sur le coin de la tablette d’une cheminée sur ce que vous aviez été vingt-quatre heures à penser.
Or, Gavarni est devenu le nom d’un genre ; il est arrivé, sans le chercher, à cette solution la plus essentielle dans la destinée de tout artiste et, je dirai, de tout homme, d’avoir fait ce que nul autre à sa place n’eût su faire.
Il mérite vraiment qu’on le distingue, qu’on lui recompose sa physionomie, et qu’avec les petites pièces qu’il a laissées, au nombre de cent environ, on se forme une idée un peu nette de sa destinée, de sa vie et de son talent.
Dans un des articles de son grand Dictionnaire 43, il décrit la salle synodale de Sens, une de ces vastes salles destinées à des réunions nombreuses, où il fallait trouver de la lumière, de l’air, de grandes dispositions ; il nous la montre réunissant toutes les conditions d’utilité et de beauté.
Ce fut (chose assez piquante) pendant cette suite de marches destinées à couper à l’ennemi les moyens de subsister et à l’obliger à la retraite, que les amis de Catinat en Cour, M. le Peletier, Mme de Noailles, songèrent à le marier et lui en firent des propositions, même des instances.
Ce qui est nouveau, c’est lorsqu’on le peut, et autant qu’on le peut, de démêler attentivement ces diverses influences, d’en relever la trace ou d’en suivre les reflets à travers les œuvres, et d’y joindre toutes les indications puisées dans la vie, dans la destinée, dans le caractère, l’humeur, la complexion et le tempérament de l’écrivain.
C’est ainsi que la page suivante a toute sa valeur, venant de lui ; elle résume encore aujourd’hui avec exactitude ce que tant de publications récentes et de correspondances secrètes ont appris et démontré en détail : il vient de faire une revue générale des partis : « … Tel était alors l’état de la nation dont les représentants faibles ou corrompus avaient à régler les destinées ; ils en étaient incapables.
Rien ne se guérit dans mon triste cœur ; mais aussi rien n’y sèche, et tout est vivant de mes larmes. » Cette dernière sœur elle-même mourait ; la mesure des deuils était comblée, et il y eut des moments où, dans sa plénitude d’amertume, l’humble cœur jusque-là sans murmure ne put toutefois s’empêcher d’élever des questions sur la Providence, comme Job, et de se demander le pourquoi de tant de douleurs et d’afflictions réunies en une seule destinée : « (A sa nièce, 30 janvier 1855)… J’ai depuis bien longtemps la stricte mesure de mon impuissance ; mais tu comprends qu’elle se fait sentir par secousses terribles quand je sonde l’abîme de tout ce qui m’est allié par le cœur et par la détresse.
La terre destinée à la semence a un aspect d’ordre qui est une véritable beauté.
Le Clerc indique, en passant, une quantité d’éphémérides historiques des Grecs qui ne sont pas plus des journaux proprement dits, destinés aux nouvelles publiques, que la Bibliothèque de Photius n’est un journal littéraire.
Joubert158 Bien que les Pensées de l’homme remarquable, dont le nom apparaît dans la critique pour la première fois, ne soient imprimées que pour l’œil de l’amitié, et non publiées ni mises en vente, elles sont destinées, ce me semble, à voir tellement s’élargir le cercle des amis, que le public finira par y entrer.
Il en eut la nature, le génie, l’extérieur, la destinée, la mort ; il n’en eut pas la conscience.
Peut-être aussi ce livre était-il destiné à être, au moment de l’avénement du jeune prince à la couronne, la proclamation d’une politique nouvelle, le programme d’un gouvernement fénelonien ; c’était aussi une sorte de candidature indirecte au rôle de premier ministre, dont Fénelon pouvait avoir le pressentiment sans s’en avouer à lui-même l’ambition.
Boileau de la Grande Encyclopédie ; l’Esthétique de Boileau, dans la Revue des Deux Mondes du 1er juin 1889 (article destiné à servir de préface à l’édition de luxe des Poésies de Boileau publiée par la librairie Hachette) ; Histoire de l’évolution de la critique, chap.
4° Elle l’interrompt aussi quand du conte destiné à amuser, elle l’ait un instrument d’observation, une méthode de description des passions humaines.
Corneille n’était pas sans le comprendre, puisqu’il a essayé de créer au-dessous de la tragédie une comédie héroïque, destinée à l’analyse des caractères politiques.
Si l’on veut avoir une idée de la simplification hardie par laquelle Maupassant dégage le caractère de la réalité complexe et touffue, on devra prendre de préférence Une vie : une pauvre vie de femme, vie de courtes joies et de multiples déceptions, de misères médiocres et communes qui font de profondes blessures, vie d’espérance obstinée, indéracinable, qui, trompée par un mari, trompée par un fils, se reporte avec une navrante candeur sur le petit enfant destiné peut-être à lui fournir la dernière leçon de désillusion, si la mort ne vient pas avant.
Mais cette ironie, n’étant en somme que la conscience toujours présente du mystère des choses et de la fragilité des destinées humaines, implique la bonté, la pitié, la tendresse — une tendresse pleine de pensée et d’autant plus profonde.
Ce qu’il taille dans de la chair, ce qu’il pétrit dans du sang, c’est la destinée d’un peuple.
Mais la note fumiste était l’appât destiné à capter l’attention pour des fins plus sérieuses.
Mais les choses restant ce qu’elles sont, et bien qu’il n’apparaisse pas que l’on puisse, avec des restrictions, parvenir à démêler scientifiquement, — dans l’être éminemment paradoxal qu’est un homme de pensée considéré comme entité arbitraire à la fois et mécanique, — l’antinomie, constante en lui, de virtualités réductibles dans leurs seules efficiences immédiates, — il serait cependant puéril de nier que l’étude des hommes et des faits n’ait encore des révélations à produire et des progrès à marquer, dont la psychologie expérimentale, en particulier, qu’elle soit ou non destinée à rester une science d’approximations, ne doive recevoir le plus précieux secours et une autorité aussi efficace que nécessaire.
Pour dire vrai, ce n’est pas à eux seuls qu’appartient l’avenir et que la Poésie devra ses prochaines destinées.
Tout porte à croire, au contraire, que ce fait d’une civilisation étouffée par la barbarie sera unique dans l’histoire et que la civilisation moderne est destinée à se propager indéfiniment.
Je porte envie aux gamins qui entendent ces chefs-d’œuvre, destinés sans doute, comme les vrais chefs-d’œuvre, à rester toujours inédits.
. ― Je ne pousse pas plus loin cet aperçu, destiné simplement à donner une idée de ce que peut et doit contenir la formule générale d’une époque.
Sandeau : un Héritage ; un de ces contes d’Allemagne tels que sait les écrire le poète de Marianna et de Mademoiselle de la Seiglière, tendres et plaintives histoires doucement filées, lentement dévidées, semées de mille nuances exquises et légères, et qu’on dirait destinées à ces blondes jeunes filles des pays du Rhin qui, tout en lisant, filent le rouet ou tricotent les bas de Marguerite et veulent se perdre doucement dans les rêves du coeur, sans laisser échapper une maille.
Comment et par quelles épreuves, par quelles traverses arriva-t-il de bonne heure à cette connaissance de la vie, à cette entière et parfaite maturité à laquelle l’avait destiné la nature ?
M. de Broglie reçut cette communication qui lui fut faite par les ambassadeurs des trois cours, et par chacun sur un ton un peu différent ; il y répondit en des termes parfaitement assortis : De même, disait-il dans sa circulaire destinée à informer nos agents du dehors, de même que j’avais parlé à M. de Hügel (chargé d’affaires d’Autriche) un langage roide et haut, je me suis montré bienveillant et amical à l’égard de la Prusse, un peu dédaigneux envers le cabinet de Saint-Pétersbourg.
Voilà bien nos philosophes pris sur le fait, les voilà, comme tous les épicuriens du monde, faisant des questions les plus graves de la destinée et de la morale humaine un spectacle, une pure joute de loisir où le pour et le contre se traitent également à la légère, et tout étonnés ensuite (je parle de ceux qui survécurent, comme l’abbé Morellet) si, un jour, toutes ces théories de huis clos viennent à éclater, et, en tombant dans la rue, à se résumer sur la place de la Révolution dans les fêtes de la Raison et autres déesses.
que l’homme est ignorant de sa propre destinée et du sort qui l’attend demain !
Mme Cornuel justifia cette réputation de hardie railleuse, en disant de Mlle de Scudéry, fort noire de peau, qu’on voyait bien « qu’elle était destinée par la Providence à barbouiller du papier, puisqu’elle suait l’encre par tous les pores ».
Enfin, quelle que soit la place qu’on occupe soi-même dans la grande bagarre humaine dont nous faisons tous partie, on ne peut plus méconnaître en lui un philosophe politique du premier ordre, un de ceux qui, en nous éclairant sur l’esprit d’organisation des anciennes sociétés, donnent le plus à penser sur les destinées et la direction future des sociétés modernes.
Mme de Lambert, comme Mlle de Scudéry, pense que rien n’est si mal entendu que l’éducation qu’on donne aux jeunes personnes : « On les destine à plaire ; on ne leur donne des leçons que pour les agréments. » Elle, au contraire, fille d’une mère telle que nous l’avons dite, elle a senti de bonne heure le besoin qu’ont les femmes d’être raisonnables et d’être fortifiées contre leurs passions.
Mais ces défauts se rachètent ici plus aisément qu’ailleurs : le sujet l’inspire ; c’est élevé, c’est ingénieux ; et quand elle en vient à la considération du mariage dans la vieillesse, à ce dernier but de consolation et quelquefois encore de bonheur dans cet âge déshérité, elle a de belles et fortes paroles : « Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n’est souvent que l’extrait de notre vie passée. » Et montrant, d’après son expérience de cœur et son idéal, le dernier bonheur de deux époux Qui s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans, elle nous trace l’image et nous livre le secret de sa propre destinée ; il faut lire toute cette page vraiment charmante : Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent.
Ce sont de ces contes qui, s’ils ne sont pas vrais, sont bien imaginés, et qui résument les destinées d’une manière piquante.
Cinquante lettres de Fénelon, adressées à l’ami des Vendôme, des Chaulieu et des La Fare, au futur pacha, c’est là une agréable bizarrerie qui manque à la destinée de Bonneval ; c’est aussi une variété de tolérance qui n’irait pas mal avec l’idée de Fénelon.
tenait en ses mains la balance de nos destinées et semblait se plaire à prolonger l’incertitude.
» À quoi Frédéric répondait avec un mouvement de cordialité, et sans ombre d’ironie, je le crois : « Monsieur Rollin, j’ai trouvé dans votre lettre les conseils d’un sage, la tendresse d’une nourrice, et l’empressement d’un ami ; je vous assure, mon cher, mon vénérable Rollin, que je vous en ai une sincère obligation… » C’est par tous ces côtés que Rollin était le type excellent du professeur et du maître d’autrefois, tenant en quelque chose encore de la mère et de la nourrice, et destiné lui-même à être surpassé en bien des points par ceux qu’il avait élevés.
On y trouvera une belle méditation, purement morale, et qui, en comprenant tout ce qu’il y a de triste dans la destinée humaine, ne se fixe pas aux images lugubres, mais s’en détache à temps : la consolation est au bout, et du côté seulement où elle peut être.
l’esprit de parti, les animosités particulières, les préjugés, l’intérêt surtout, dénaturant, décolorant les faits, en publiant d’imaginaires… Les lettres familières nous semblent plus particulièrement destinées à enrichir l’histoire de documents authentiques.
Guyau attachait d’autant plus d’importance au caractère social et à l’influence sociale de fart qu’il considérait les religions comme destinées à s’affaiblir et à disparaître de plus en plus, d’abord dans les classes supérieures de la société, puis, par une contagion lente, dans les classes inférieures.
Rien n’a pu entamer ce peuple ; et sa destinée tragique ne fait que rendre plus forte sa cohésion et plus purs ses éléments.
L’homme vivant peut être une machine, l’homme pensant et voulant n’en est pas une : c’est un point qu’il ne faut pas oublier, si l’on veut garantir l’âme pensante des destinées plus ou moins incertaines de la force vitale.
Louis Bertrand destinait aux Chants séculaires de Joachim Gasquet.
« Soyons simples, soyons clairs, ne raffinons ni notre esprit ni notre sensibilité ; ne nous appliquons jamais à éprouver ce que les autres n’éprouvent point, car nos ouvrages échapperaient à la compréhension, et une œuvre d’art est destinée à être saisie pour être aimée.
On répond que ce tableau est destiné à une manufacture de tapisserie.
Je ne crains pas de l’avancer, son livre se rattache à la destinée des monarchies et doit contribuer à les sauver, si Dieu n’a pas voulu qu’elles périssent.
Un pas de plus dans le sens de cette poésie, qui est l’extrémité du rayon dont l’âme est le centre ; un pas de plus vers la circonférence des choses, et on trouverait la matière sèche, — sourde-muette inféconde, — la chinoiserie ; et le vers oubliant bientôt sa profonde destinée d’harmonie, ne demanderait plus sa mesure à l’oreille, mais aux yeux !
. — Trimolet fut une destinée mélancolique ; on ne se douterait guère, à voir la bouffonnerie gracieuse et enfantine qui souffle à travers ses compositions, que tant de douleurs graves et de chagrins cuisants aient assailli sa pauvre vie.
Mais quand il veut à toute force en donner une explication, sa logique, destinée à relier entre elles des images incohérentes, ne peut que parodier celle de la raison et frôler l’absurdité.
L’histoire, suivant Mommsen 58, va du canton à la nation ; elle est un « système d’incorporation », destiné à agglomérer, en des groupements aussi larges que possible, le plus grand nombre possible d’individus.
Ces barbares traitèrent la langue comme d’autres barbares en Italie avaient traité les arts, lorsqu’ils défiguraient des statues et des bas-reliefs antiques, pour les accommoder aux plus grossiers usages, ou qu’avec des tronçons, des colonnes et des débris de chapiteaux corinthiens, ils construisaient les chaumières destinées à les loger.
« La médecine est destinée à sortir peu à peu de l’empirisme, et elle en sortira de même que toutes les autres sciences par la méthode expérimentale. […] Il a été élevé dans les pratiques les plus strictes du catholicisme ; son premier désir est d’être prêtre, et toute son éducation, toute son instruction le destinent au sacerdoce. […] Ce sont des personnages sympathiques, des conceptions idéales de l’homme et de la femme, destinées à compenser l’impression fâcheuse des personnages vrais, pris sur nature. […] Augier d’être le génie attendu, le génie destiné à fixer la formule naturaliste ? […] On va même jusqu’à jurer que le théâtre n’aurait plus sa raison d’être, le jour où il cesserait d’être un amusant mensonge, destiné à consoler le soir les spectateurs des tristes réalités de la journée.
Voilà Beaumarchais au plus bas de la roue ; mais tout à coup il se relève, vainqueur d’un parlement, favori d’une nation, et ce qui fit son salut et son triomphe, c’est un nouveau procès, plus terrible encore, qui semblait destiné à achever sa ruine. […] Mme Goëzman ayant encore exigé quinze louis, destinés, disait-elle, au secrétaire de son mari, les quinze louis furent envoyés. […] Auguste Couat, a bien mis en lumière ce point, et c’est par là que son livre, œuvre d’érudition destinée à lui valoir le titre de docteur, mérite aussi d’intéresser le public. […] J’ignore si Napoléon IIl est capable de l’effort d’intelligence et de désintéressement personnel qui lui serait nécessaire pour reconnaître l’immense valeur poétique des Châtiments ; mais quelle destinée, ô ciel juste ! […] Les anecdotes, qui sont toujours agréables aux lecteurs, mais dont un goût sévère doit le plus souvent savoir éviter l’attrait un peu banal, ne sauraient guère, si on les choisit bien, être trop prodiguées dans un livre destiné aux enfants.
III) ; et Livilla, sa sœur, ne cessait de plaindre le peuple romain, à qui le sort destinait un pareil maître. […] LIX, in fine), à côté du cadavre de son mari, tenant dans ses bras sa fille, encore enfant, et déplorant leur commune destinée. […] LXIV-LXV), qu’il est de sa destinée de souffrir les désordres de ses épouses et de les punir ensuite. […] Si l’épitaphe que le critique destine à Sénèque ne lui convenait pas, nous lui trouverions encore une place. […] Vous presserez-vous d’absoudre, ou de condamner, ou de gémir sur la destinée des gens de bien jetés entre des scélérats puissants ?
Ils étaient des égoïstes radicaux ces peuples antiques qui n’admettaient même pas, qui ne comprenaient même pas qu’il y eût pour un peuple d’autre destinée que d’être conquérant ou conquis, qui allaient de l’avant, conquérant sans cesse, ajoutant des accroissements à des accroissements, étendant et développant leur personnalité, voulant remplir le monde de leur moi, jusqu’au jour, accepté par eux, où ils seraient conquis à leur tour. […] Qu’il y ait une règle des passions, comme il y a une règle du jeu, une règle des divertissements, une règle des voyages, une règle de la marche, de la course et de la danse, c’est-à-dire une disposition et une économie judicieuses destinées à tirer le plus grand plaisir possible de ces différentes choses, on le veut bien et ceci est très acceptable et même évident ; mais les passions en elles-mêmes sont des choses saines, comme savait déjà le dire Descartes, et si elles sont des manifestations de l’égoïsme, c’est qu’elles sont des manifestations de la vie, l’égoïsme étant la vie même. […] » Et enfin prenez garde qu’il est possible que l’abaissement démocratique lui-même soit et une condition et une cause de la formation d’une race noble destinée à régner dans l’avenir. […] Je ne vois pas, ce qui indique très nettement que sa mission soit de faire des choses destinées à ravir d’aise les poètes, les artistes et les dilettantes, « res fruendas oculis. » La beauté est une chose admirable. […] Nietzsche cite cela quelque part et le trouve épouvantable : « Y a-t-il quelque chose de plus audacieux, de plus effrayant, quelque chose qui éclaire les destinées humaines, tel un soleil d’hiver, autant que cette pensée ?
Mademoiselle Aïssé60 L’imagination humaine a sa part de romanesque ; elle a besoin dans le passé de se prendre au souvenir de quelque passion célèbre ; de tout temps elle s’est complu à l’histoire, cent fois redite, d’un couple chéri, et aux destinées attendrissantes des amants. […] Il est intéressant de voir, dans une histoire toute réelle et où la fiction n’a point de part, comment une personne qui semblait destinée par le sort à n’être qu’une adorable Manon Lescaut redevient une Virginie : il fallait que cette Circassienne, sortie des bazars d’Asie, fût amenée dans ce monde de France pour y relever comme la statue de l’Amour fidèle et de la Pudeur repentante.
La tragédie, en nous offrant le spectacle agrandi de nos devoirs, de nos passions, de notre destinée, nous invite à rentrer en nous-mêmes et à réfléchir profondément sur la vie ; c’est là sa mission : mais que la comédie s’en garde bien ! […] Quand le docteur Pancrace prie Sganarelle de passer de l’autre côté, « car cette oreille-ci est destinée pour les langues scientifiques et étrangères, et l’autre est pour la vulgaire et la maternelle76 » ; quand Clitandre, pour savoir si Lucinde est malade, tâte le pouls à son père77 ce sont là, n’en déplaise à Molière, de vraies plaisanteries comiques, et nullement des traits de caractère.
Le roman tout entier semble destiné seulement à aider au développement de ces deux caractères. […] Mais son étoile l’avait destiné à jouer le rôle de novateur, à partager les haines qu’excita la nouvelle école naturaliste Un jour qu’il flânait sur le boulevard, il rencontra M.
Naturellement la conversation est sur l’actrice Ozy, dont il vient d’hériter de 50 000 francs, qu’il destine à faire trois pensions à trois hommes de lettres. […] Il reste coucher, et le soir, il nous parle de sa famille, de son père : son père, élevé au séminaire, et destiné à être prêtre, s’engageant dans l’infanterie de marine, devenant général, gouverneur de la Guyane et de la Guadeloupe, et mourant à trente ans de vie exotique.
L’épopée antique contait la destinée des nations. […] La destinée des romanciers, et de tous les écrivains, est de prendre beaucoup les uns aux autres ; quelquefois ils s’en aperçoivent et, de la meilleure foi du monde, s’écrient avec Rossini : « Vous croyez que cette phrase n’est pas de moi ?
Voici une image de Flaubert, philosophique comme une analyse de passion, et qui est la traduction du moral en physique : « Elle n’avait plus de ressort (contre la destinée), elle se laissa entraîner… il lui semblait qu’elle descendait une pente266. » 3° Transposition de la sensation en sentiment. […] Il y a entre les deux combinaisons une nuance, presque imperceptible, mais elle existe : le vers perd un effet et une image lorsqu’on ne sent plus l’hésitation et le déplacement du temps fort qui devrait tomber sur ombre et glisse sur horrible, en produisant une surprise de l’oreille destinée à rendre le saisissement de l’effroi.
Ainsi elles s’en allaient chacune vers sa destinée. […] Au surplus, je me permets de déplorer le vague dans lequel flottent la plupart des termes destinés à servir de fanion à toute école littéraire ou philosophique.
Si Ménandre et Térence dans le domaine de la comédie, comme Euripide dans celui de la tragédie, tendent déjà vers un art plus fermé, plus spécialement destiné aux délicats, le fait est qu’ils donneront au drame original le coup de grâce : il a cessé d’être après eux. […] Ce fut la Farce du Pendu Dépendu qui développait un miracle de la Légende Dorée ; il essuya les plâtres d’un théâtre régulier récemment fondé à Montmartre, en face d’un public auquel il n’était en rien destiné, puis s’épanouit dans son vrai milieu avec une fortune inattendue. Le succès décida de ma nouvelle destinée et m’ouvrit tout à coup les yeux sur la vérité sommeillante que sans doute mille réflexions avaient élaborée en moi, celle sur laquelle précisément je viens d’établir devant vous tout l’édifice d’une dramaturgie : l’art dramatique ne peut vivre dans sa pureté et sa plénitude, que par un accord prévu et voulu entre l’auteur et le public.
D’autre part, si un artiste s’intéresse à la destinée, parmi les hommes, de son œuvre, il ne s’intéresse guère à cette œuvre une fois produite. […] Il a rêvé, à ses intervalles de rêve (car la destinée a rempli de pensées plus ordinaires sa vie réelle) d’une technique pure comme il y a une mécanique pure. […] Le poète ne nous accorde pas plus de confidences sur sa destinée personnelle que ne le faisait un poète parnassien (et Mallarmé nous montre comment le Parnasse a pu évoluer en symbolisme).
Ce qui suit ne sera donc, s’il vous plaît, qu’une humble analyse uniquement destinée à diriger votre admiration vers quelques détails d’un ensemble prodigieux. […] Et tout d’abord, en des pages éloquentes, d’une élégante et captivante précision, il rend hommage à la forme, pour ainsi parler, donnée par les architectes aux diverses parties de l’immense construction, véritable ville, brillante comme de féerie et presque comme d’histoire, destinée à contenir ces trésors d’art, d’invention, d’ingénieux et infatigable travail en tout genre, qui sont, plus encore et plus généralement que la seule peinture visée par le poète : … le meilleur témoignage Que nous puissions donner de notre dignité. […] Qu’on écoute encore Roger Marx expliquer, avec les réserves qu’il faut, l’agrément des pavillons destinés aux Arts libéraux et aux Beaux-Arts : « Le plus communément, l’éloge était provoqué par l’accord des nuances de turquoise et de chair, accord caressant et rare obtenu avec des matières méprisées, réputées grossières et que l’on montrait capables de toutes les délicatesses ».
Vous serez persécuté ; c’est votre destinée ; on vous fera boire la ciguë, Socrate l’a bien bue avant vous ; on vous emprisonnera, on vous exilera, on brûlera vos ouvrages, on vous fera peut-être vous-même monter sur un bûcher… Vous pâlissez ! […] » « Vous enviez à votre fils la destinée de votre père, et vous le plaignez sur un sort que votre père a désiré. » Les motifs que Sénèque emploie dans ses consolations, sont une cruelle Satire du règne des tyrans : je me plais à l’avouer ; combien il en faudrait effacer de lignes aujourd’hui ! […] Au chapitre XVIII, dans l’endroit où il arrête un des ancêtres de Marcia sur la limite de l’existence et du néant, le livre des destinées lui est ouvert, et la nature lui dit : « Tu connais à présent les biens et les maux qui t’attendent, toi et ta longue postérité ; veux-tu être, ou ne pas être ? […] Ambitionnez-vous cette destinée ? […] » « Cruelle destinée !
Quand Louis XIV, de son propre mouvement, destina Villars à l’armée d’Allemagne, il commençait à ne plus être content des services de Catinat.
Le reste, comme disait Bayle lui-même, était destiné à s’aller perdre à la voirie des bibliothèques, nous dirions plus poliment a la fosse commune.
Rien ne montre mieux combien en est sujet, avec le meilleur esprit, à ne pas bien juger des hommes à bout portant et à ne pas se rendre compte, entre contemporains, de la courbe générale d’un génie et d’une destinée. — Voici le premier endroit où il est question, chez lui, de Voltaire (juin 1720) : « Arouet, poète, auteur du nouvel Œdipe, étant à la Comédie avec le prince de Conti, la Le Couvreur, actrice, entra sur la scène.
Il a, nous écrit-on dans un premier résumé, il a reconstruit l’école des filles de Bournois, sa première paroisse ; construit, fondé et doté une école de filles à Villars-lez-Blamont, son pays natal ; créé à Blamont un pensionnat, un orphelinat et un ouvroir destinés aux filles du canton ; il a construit une église catholique à Villars-lez-Blamont où il n’y avait d’abord qu’un bâtiment commun pour les protestants et les catholiques ; il a reconstruit l’église de Laviron, sa propre paroisse ; il a fait élever et instruire à ses frais sept enfants orphelins appartenant à des familles pauvres, etc.
Nous ne sommes d’ailleurs pas au bout de cette sorte de confession intellectuelle, la plus curieuse et la plus détaillée que je connaisse : « A cette première manière d’envisager le sujet, poursuis l’auteur, en a succédé dans mon esprit une autre que voici : il ne s’agirait plus d’un long ouvrage, mais d’un livre assez court, un volume peut-être ; je ne ferais plus, à proprement parler, l’histoire de l’Empire, mais un ensemble de réflexions et de jugements sur cette histoire ; j’indiquerais les faits sans doute et j’en suivrais le fil, mais ma principale affaire ne serait pas de les raconter ; j’aurais, surtout, à faire comprendre les principaux, à faire voir les causes diverses qui en sont sorties ; comment l’Empire est venu, comment il a pu s’établir au milieu de la société créée par la Révolution ; quels ont été les moyens dont il s’est servi ; quelle était la nature vraie de l’homme qui l’a fondé ; ce qui a fait son succès, ce qui a fait ses revers ; l’influence passagère et l’influence durable qu’il a exercée sur les destinées du monde, et en particulier sur celles de la France.
Ils ont été destinés au salon de Mme de Sablé, alors établie à la Place Royale.
Un jour, au milieu d’un festin, Néron ivre, pour le rendre ridicule, le força de chanter ; Britannicus se mit à chanter une chanson, dans laquelle il était fait allusion à sa propre destinée si précaire et à l’héritage paternel dont on l’avait dépouillé ; et, au lieu de rire et de se moquer, les convives émus, moins dissimulés qu’à l’ordinaire, parce qu’ils étaient ivres, avaient marqué hautement leur compassion.
En 1772, à propos du vingtième qui se perçoit sur le revenu net des immeubles, l’intendant de Caen, ayant fait le relevé de ses cotes, estime que, sur cent cinquante mille, « il y en a peut-être cinquante mille dont l’objet n’excède pas cinq sous et peut-être encore autant qui n’excèdent pas vingt sous654. » Des observateurs contemporains constatent cette passion du paysan pour la propriété foncière. « Toutes les épargnes des basses classes, qui ailleurs sont placées sur des particuliers et dans les fonds publics, sont destinées en France à l’achat des terres. » — « Aussi le nombre des petites propriétés rurales va toujours croissant.
Il y eut aussi quelques personnes, ainsi court l’imagination, qui virent un présage dans la destinée de ce médecin, le plus grand de notre temps.
Les impôts ne sont qu’une contribution destinée à fournir au prince les moyens de faire sa fonction.
Il ne prend de sa destinée que ce qui en fait un type.
Ainsi il ne faut pas que des arcanes subtils de la physiologie, et de la destinée, s’égarent à des mains, grosses pour les manier, de contremaître excellent ou de probe ajusteur.
Comme son maître, il a étudié la nature orientale ; il a visité le Caucase, cette Algérie de la Russie, siège d’une guerre acharnée dont il n’était pas destiné à voir la fin.
Mais ce serait un Thibaut moins léger, au plus grand cœur, et qui eût saisi la main tendue de la destinée.
Il y a une belle description de tempête au moment même des premiers troubles des deux amants ; mais elle est moins belle comme peinture de phénomènes inconnus à l’ancien monde, que par l’à-propos des images de destruction qu’elle mêle à nos pressentiments sur la destinée de ces deux jeunes cœurs, où gronde l’orage des passions humaines.
Avec elle, on traverse les mauvais jours, sans en sentir le poids, on se fait à soi-même sa destinée, on use noblement sa vie 190 Voilà ce que j’ai fait, ajoutait le noble martyre de la science à qui j’emprunte cette page, et ce que je ferais encore ; si j’avais à recommencer ma route, je prendrais celle qui m’a conduit où je suis.
Je maudissais ma destinée, qui m’avait amené de force entre de si fatales contradictions.
Il est visible que pour les trouvères de ce temps-là les petits sont destinés à être la proie et le jouet des grands.
De jeunes gens sans expérience, qui courent après la licence & la nouveauté ; de femmes frivoles, toujours dupes du faux Bel-Esprit qui les flatte, de femmes pédantes, rauques, surannées, abusées par une vanité pitoyable, ou séduites par de basses adulations ; de jeunes Littérateurs intéressés à l’anéantissement du goût, parce qu’ils n’en auront jamais, à l’abolition des regles, parce qu’ils sont incapables de les observer ; de Lecteurs destinés à grossir la foule & à recevoir le joug du charlatanisme ; de Prôneurs à gages, qui loueroient les antagonistes, pour peu qu’ils eussent intérêt de les louer.
C’était là, ce semble, une haute destinée d’homme de bien déjà toute remplie et toute consommée ; mais, pour l’enseignement de l’humanité et pour sa propre gloire, il fallait que M. de Malesherbes obtienne plus encore.
Ce n’était qu’une machine de guerre destinée à faire brèche au pouvoir et à l’envahir au nom de la faction royaliste pure.
Est-ce donc ainsi qu’il est utile de savoir de bonne heure jouer la comédie et se faire un front, quand on est destiné à devenir le premier des orateurs ?
Sa faute est à sa destinée, non à lui.
Cicéron, dans un endroit des Tusculanes2, a pris la peine de marquer les différentes significations des mots destinés à exprimer la tristesse.
Voudrons-nous nous imposer les efforts nécessaires pour conserver et accroître les trésors spirituels et moraux amassés pendant des siècles, éviter toute surprise et marcher avec sécurité vers nos hautes destinées ?
Ce regard, d’une pureté inoubliable, qui interroge à l’horizon, non pas leur propre destinée, mais celle de la patrie, comment le rendre sensible ?
Nos analyses étaient simplement destinées à préparer ce travail.
Mais imaginez une société composée de groupements spécialisés, dont l’organisation est orientée vers une certaine fin, — les uns destinés par exemple à servir certains intérêts économiques, les autres à contenter certaines aspirations religieuses, ou certains goûts esthétiques, — alors il semble impossible qu’une société ainsi composée ne se complique pas.
L’âme humaine, par son origine et sa destinée, est capable d’extase, mais pour un moment : elle y atteint, elle n’y reste pas.
Qu’on peut manquer sa destinée par orgueil, ambition et inquiétude ; que la réalité est toujours inférieure à nos désirs et à nos rêves, que nous ne savons jamais bien ce que nous voulons, et que le mieux est de « cultiver notre jardin ». […] C’est un crime, et c’est de ce crime que Borkman est puni. » Ella le répète à satiété ; et la petite Mme Wilton le redit à sa façon : « Il y a dans la vie humaine des forces qui obligent deux êtres à unir à jamais leurs destinées, quoi qu’il arrive. » Et ce serait parfait ; et nous suivrions avec plaisir le développement de cette vérité, qui n’a rien d’exorbitant, si le personnage chargé de l’appuyer et de l’éclairer par son propre exemple nous apparaissait digne de quelque sympathie et de quelque admiration. […] Mais sa tendresse va à Daniel, par le sentiment d’une conformité entre leurs destinées, elle infirme et lui malade. […] Est-ce que je ne sais pas que cette lettre était destinée à Henri ? […] … Je crois qu’il était facile d’impressionner profondément un homme comme Lazare Hoche, candide, sérieux, religieusement ému du miracle de sa propre destinée, en lui parlant au nom de la Révolution, qu’il arrivait sans doute à concevoir un peu comme une personne, comme une mystérieuse déesse, comme une austère Sainte Vierge… Car, comme vous savez, il n’y a guère de religion sans anthropomorphisme.
Ils aiment à jouir du présent, et ils ne se refusent rien qu’ils puissent se donner, n’ayant nulle inquiétude de l’avenir, dont ils se reposent sur la Providence et sur leur destinée. […] On mène ensuite l’ambassadeur à la place qui lui est destinée.
Il va sur le soir au palais, s’adresse au capitaine de la porte du sérail, lui conte la conjuration avec les particularités qu’il en savait, et que le jour suivant était destiné à l’exécuter. […] Il leur dit « qu’il ne doutait pas qu’ils ne l’eussent tous appris d’eux de la même sorte, et qu’ainsi ils auraient connu comment leur défunt monarque avait rendu l’esprit, sans avoir déclaré par écrit ni de vive voix auquel de ses deux fils il laissait le sceptre, et que, par cela, il était de leur devoir de procéder à cette élection au plus tôt, tant pour ne laisser davantage dans une condition privée celui des princes à qui la Providence avait destiné la couronne, que pour mettre l’État en sûreté, qui courait toujours fortune tandis qu’il n’aurait point de maître, vu qu’il en était des monarchies comme des corps animés, qu’un corps cesse de vivre au moment qu’il demeure sans tête, un royaume tombait dans le désordre au moment qu’il n’avait plus de roi ; que, pour éviter ce malheur, il fallait, avant de se séparer, élire de la sacrée race imamique un rejeton glorieux qui s’assît au trône qu’Abas II venait de quitter pour aller prendre place dans le ciel ; que ce monarque, de triomphante mémoire, avait laissé deux fils, comme il s’assurait que personne de ceux devant qui il parlait ne le révoquait en doute, l’un, Sefie-Mirza, qui était venu au monde il y avait environ vingt ans, et avait été laissé dans le palais de la Grandeur en la garde d’Aga-Nazir ; l’autre, Hamzeh-Mirza, âgé de quelque sept ans, qui se trouvait ici près d’eux à la cour, sous la garde d’Aga-Mubarik, présent en leur assemblée ; que, de ces deux, après avoir invoqué le nom très-haut, ils choisissent celui que le vrai roi avait préparé pour le lieutenant du successeur à attendre. » Par ce successeur à attendre, les Perses veulent dire le dernier des imaans (îmâm), qui est dans leur opinion comme leur Messie, dont ils attendent à tout moment le retour.
* * * 23 avril Je dînais hier à l’ambassade, à côté d’une jeune femme, la femme de l’envoyé des États-Unis à Bruxelles, une Américaine, et voyant à l’œuvre cette grâce libre et conquérante, ce diable au corps d’une jeune race, cette virtualité de la coquetterie qui garde le charme et la domination de la flirtation chez ces jeunes filles devenues des épouses, et me rappelant d’autre part l’activité et l’entrance de certains Américains de Paris, je me disais que ces hommes et ces femmes semblaient destinés à devenir les futurs conquérants du monde. […] Nous sommes dans ce salon fameux, et qui ne vaut pas le bruit qu’il fait, au milieu de ces peintures faites et encore à faire, destinées à représenter l’Assomption de la courtisane, et commençant à Cléopâtre et finissant par la maîtresse de la maison aumônant des égyptiaques.
Mais le penseur solitaire écrivant, agissant, fixe leur destinée. […] À la maison quand j’y mets les doigts et les yeux, je m’aperçois que c’est un tas de petits bouquets, destinés à fleurir les boutonnières des membres du comité… Est-ce bête… est-ce bête !
Elle lui montre qu’il est double comme sa destinée, qu’il y a en lui un animal et une intelligence, une âme et un corps ; en un mot, qu’il est le point d’intersection, l’anneau commun des deux chaînes d’êtres qui embrassent la création, de la série des êtres matériels et de la série des êtres incorporels, la première, partant de la pierre pour arriver à l’homme, la seconde, partant de l’homme pour finir à Dieu. […] C’est le moment où sa chimère lui échappe, où le présent lui tue l’avenir, où, pour employer une vulgarité énergique, sa destinée rate.
Sur le caractère et les œuvres de Béranger I Nous avons laissé Béranger jeune, pauvre, cherchant son talent en lui-même, et cherchant sa voie dans le monde, indécis comme tout homme l’est à cet âge sur ses propres opinions, rêvant un poème épique national et monarchique, attendri sur les destinées tragiques des Bourbons, célébrant le rétablissement du culte d’État dans sa patrie, applaudissant à l’inauguration providentielle d’une dynastie militaire sur un trône recrépi de gloire et de force ; en un mot nous avons laissé ce jeune homme faisant tout ce que M. de Fontanes, M. de Chateaubriand, M. de Bonald auraient pu faire pour la restauration poétique du passé : disons mieux, nous l’avons laissé ne sachant pas ce qu’il faisait, écolier du hasard ébauchant les thèmes de l’inexpérience et de l’imagination. […] Elle était longue ; elle contenait des maximes et des considérations d’homme d’État ; elle me prophétisait je ne sais quelles destinées grandioses trompées depuis.
» suffisent, même isolées de tout contexte explicatif, quand nous nous parlons à nous-mêmes132; la parole extérieure ne les admet dans un pareil isolement que quand nous parlons tout haut pour nous-mêmes, dans le monologue : or le monologue n’est que la parole intérieure devenue extérieure, devenue audible, sans être pour cela destinée à être entendue [ch. […] Racine, Mithridate, début de l’acte I, scène 3 où Pharnace, l’un des deux fils du vieux roi Mithridate qu’on croit mort, presse la princesse Monime qui était destinée à son père, de l’épouser et de le suivre : « Venez, fuyez l’aspect de ce climat sauvage, / Qui ne parle à nos (et non vos) yeux que d’un triste esclavage. » 20.
D’un bond suprême, le Centaure divin se cabre contre la destinée. […] Pauvre interrogation d’enfant destinée à rester à jamais sans réponse !
— il emporte avec lui le reste de cette aristocratique puissance qui dominait le Cloître ; Thomas, en prendra dans ses mains les destinées futures, plus temporelles. […] Mais Phocas ne peut pas échapper à sa destinée, à la destinée que lui a faite son vieux père ; il n’a pas la force de vivre pour soi. […] rien de plus tragique, à la fin de ce premier acte, où quatre destinées, du fait de leur seule rencontre se sont orientées ensemble vers le drame, que les paroles de Lechy Elbernon, anxieuse des forces en présence : « … Comme il y a une harmonie entre les couleurs, il y en a une entre les voix. […] Rostand opte pour une destinée plus ample.
Rappellant tout ce que lui avoit fait souffrir l’archevêque de Cambrai, « ma destinée est, disoit-elle, de mourir pour les évêques ». […] Il garda si peu de ménagement, en quittant Pekin, que l’empereur irrité fit revenir de Canton les présens destinés au pape. […] Et, comme peu d’esprits sont assez favorisés de la nature pour pouvoir faire de grands progrès dans une carrière si pénible, sans y être éclairés par les ouvrages des maîtres de l’art, qui sont la plupart écrits en Latin, & sans avoir acquis l’habitude de méditer & de former des raisonnemens justes par l’étude de la philosophie, nous avons reçu favorablement les représentations qui nous ont été faites par les chirurgiens de notre bonne ville de Paris, sur la nécessité d’exiger la qualité de maître-ès-arts de ceux qui aspirent à exercer la chirurgie dans cette ville, afin que leur art y étant porté par ce moyen à la plus grande perfection qu’il est possible, ils méritent également, par leur science & par leur pratique, d’être le modèle & les guides de ceux qui, sans avoir la même capacité, se destinent à remplir la même profession dans les provinces & dans les lieux où il ne saroit pas facile d’établir une semblable loi ». […] Il mourut la veille du jour destiné à la cérémonie, dans la cinquante-unième année de son âge. […] Entr’autres, celle-ci : « Les enfans qui meurent sans baptême, sont destinés à quelque chose de mieux que la vie éternelle ».
En voici une de deux dames de Smyrne, qui furent si remarquables en leur temps, que la cité leur vota des couronnes d’honneur ; voici un médecin grec examinant un bambin qui souffre d’indigestion ; voici le monument de Xanthippe, qui fut probablement un martyr de la goutte, car il tient à la main le moulage d’un pied destiné sans doute à être offert en ex-voto à quelque dieu. […] Les tapisseries, a-t-il dit, étaient pour le Nord ce que la fresque était pour le Sud, notre climat étant un nombre des raisons qui guidaient dans le choix des matières destinées à couvrir les murs. […] « En maints endroits habite la Destinée, qui ne dort ni jour ni nuit. […] Ainsi donc je t’enjoins de ne rien craindre pour toi de la Destinée et de ses actes, mais de les craindre pour moi, et je t’enjoins de prêter une oreille secourable à mon danger. […] Le Caucus52 est principalement composé de gens qui mettent du sable dans le sucre, de l’alun dans le pain, forgent des baïonnettes et des solives métalliques qui ploient comme des brins d’osier, envoient dans l’Inde du mauvais calicot, et assurent au Lloyd des navires qu’ils savent destinés couler, au bout de dix jours de navigation.
Rhéteur donc, si vous voulez, mais assurément un maître rhéteur, et, comme il dit encore, comme cette étrange Miarka, la « fille à l’ours », qu’un caprice de la destinée jeta de sa roulante tribu à la banalité des villes, une sorte de zingari civilisé, un zingari qui aurait fait ses classes, traversé la rue d’Ulm et les littératures anciennes, et qui garderait du tempérament ancestral les fièvres, les colères, les spasmes, l’amour enfantin du tam-tam et des paillettes, et le culte aussi des grandes choses naturelles149. […] Et Henriette aussi mourut173… — Ô poète, j’ai vu des yeux chers qui pleuraient sur la destinée d’Henriette et d’Armand. […] Sa mort a été une consternation sans égale, et l’on peut dire qu’aucun jeune homme, depuis ce Maurice de Guérin qu’il aimait tant et dont la destinée fut si voisine de la sienne, n’a emporté avec lui un regret si universel. […] Je me demande maintenant si c’est bien là tout l’homme, la synthèse de cette « âpre et solitaire destinée », dont a parlé M.
À ce propos, quelqu’un dit avoir eu communication d’une affiche imprimée, mais non affichée, destinée à la mobile, où le dit Trochu parle de Dieu et de la Vierge, comme en parlerait un mystique. […] En ce temps de suffrage universel, de conduite des affaires et de gouvernement du pays par tous les citoyens, jamais, jamais, la volonté d’un seul, qu’il soit Favre ou Thiers, n’aura disposé plus despotiquement des destinées de la France, et dans une ignorance plus entière de tous ses citoyens, sur tout ce qui se passe, sur tout ce qui se fait en leur nom. […] Vendredi 12 mai La terrasse des Tuileries est couverte de balles de chiffons, destinées à barricader le jardin, sur toute la face de la place de la Concorde. […] Mardi 27 juin En nous promenant avec de Béhaine dans la forêt de Carnel, nous causons tristement des destinées de la France, de sa dissolution, de sa mort, ou tout au moins de la mort de la société dans laquelle nous avons été élevés.
Je n’en crois pas ma destinée brisée, ni la gloire de M. […] Les Mages ont apporté un système religieux, philosophique et politique qui donne une pleine satisfaction à ses adeptes et a pour eux cet inestimable avantage de restreindre la part de l’inconnu et de trouver toutes solutions aux problèmes essentiels de la destinée humaine. […] Croyez-vous qu’il soit destiné à ce rôle ? […] Descaves quels étaient, parmi les jeunes écrivains de sa génération, ceux qui lui paraissaient destinés à représenter le mouvement nouveau. […] Sa fine tête de Pierrot distingué le destinait à les jouer, et il en joua, avec beaucoup de succès, au Théâtre-Libre.
On ne peut donc l’admettre qu’au point de départ, comme véhicule provisoire, destiné à conduire jusqu’à l’affection, et puis à s’absorber en elle. […] Si tout n’est qu’apparence et incertitude si le juste et l’injuste, le beau et le laid, la vertu et le vice sont destinés à flotter sans terme sous le prisme de nos impressions, permis au sceptique de donner à cette situation le nom de liberté ; je n’y saurais trouver, quant à moi, que l’aride et dur labeur de l’esclave. […] Il semblait destiné à corroborer le proverbe vulgaire : l’habit ne fait pas le moine. […] Au milieu de cette famille surabondante, le père remarqua dans notre auteur de si heureuses dispositions, que, sans reculer devant les sacrifices nécessaires à son éducation, il le destina à la carrière du droit. […] Nous la voyons enfin chez Moïse lui-même ; car, si je n’admets pas que son œuvre spéciale fut une religion, je suis loin d’admettre que la religion fut étrangère, non pas à son cœur, cela va sans dire, mais à ce que Dieu le destina à opérer.
C’est comme la vision rapide d’une humanité meilleure et d’une destinée plus conforme à la justice. […] Une destinée ingénieuse travaille pour elle. […] Car la poésie ne voit pas nécessairement les hommes meilleurs ni la destinée plus équitable. […] Le sévère prologue des Destinées, d’Alfred de Vigny (le monde antique disant : « Fatalité », et le monde moderne : « Responsabilité », ce qui du reste n’a pas changé grand’chose aux affaires humaines), pourrait, Dieu me pardonne ! […] » Là-dessus arrive, à l’adresse de Mme Lahirel, la lettre destinée à Cotte.
Seulement les surprises et les singularités de la destinée y sont conçues, non comme des divertissements et des amusettes, mais comme des enseignements et des leçons ; et il y règne un sentiment de terreur religieuse qu’on ne retrouve guère, il faut l’avouer, dans le répertoire de l’Ambigu ou de la Porte-Saint-Martin. […] Et je crois bien que, considérée ainsi, elle grandirait encore ; car ce qui s’agite dans ce drame, ce sont les destinées mêmes d’une des principales religions de l’humanité et de celle où, après tout, nous avons été encore nourris. […] Sa « révolte » est justifiée ; et, comme elle est intelligente et capable de s’insurger, finalement, non plus contre sa destinée personnelle, mais, par-delà, contre le monde mauvais, il s’en suit que cette révolte, où il y a du moins un petit germe de philosophie, peut, après certaines épreuves, se tourner en résignation. […] Encore qu’il soit, ici-bas, de pires misères et des souffrances plus dignes de pitié, je trouve assez mélancolique, au fond, la destinée de M. […] A peine l’eut-on fait sortir des mains des femmes pour faire de lui un homme, qu’il se hâta de s’y refourrer immédiatement, ce qui ne tarda pas à faire de lui un idiot… Impossible de songer à lui confier les destinées de 120 millions d’hommes !
Si tel de ses jugements particuliers paraît « étroit », comme on dit, ce n’est que par une illusion ou un jeu de mots ; car toute une conception de l’esprit humain et de la destinée humaine tient dans l’ampleur sous-entendue de ses considérants. […] Cette première tentative a pu échouer : elle n’en a pas moins porté ses fruits ; et ceux qui ont cherché, après la fin du romantisme, quelle pouvait être la destinée du théâtre, n’ont fait que remettre le pied dans le sentier frayé par La Chaussée ; ils se sont trouvés sur un terrain solide et n’ont eu qu’à marcher. » Et M. […] Cela est à remarquer : toute forme du rêve destinée à devenir populaire ; — en d’autres termes, le rêve bourgeois ou, si vous préférez, le romanesque, — est toujours à cent lieues du monde réel. […] Elles sont inexpliquées, puisque leur explication gît toute dans la destinée, qui est inexplicable. […] … » Faut-il entendre, par ces cygnes, les âmes de Pelléas et de Mélisande, et, par ces chiens, leurs destinées ??
Ce ne fut qu’une seconde et il posa sa tête sur la poitrine de Thérèse pour y oublier toute pensée tandis que la vague plainte de la mer arrivait jusqu’à lui, adoucie par la distance, — rumeur mystérieuse et lointaine comme l’approche de la destinée. […] Jean Mornas, ce pessimiste audacieux, attend Lucie qu’il à magnétisée, et qui revient de commettre le crime : Encore quelques minutes peut-être et Jean Mornas connaissait sa destinée. « Être riche ! […] Malgré ma résolution de ne rien citer, je ne puis m’empêcher de reproduire cette page si délicatement écrite : Cette causerie d’une heure, qui devait décider de deux destinées, ne détermina ni chez Jacques ni chez Christine le vague émoi et les battements de cœur qui, d’ordinaire, précèdent ou accompagnent les crises intérieures. […] Tout en écoutant son gentil babil, je ne pouvais penser sans tristesse à la destinée qui l’attendait probablement, à cette existence de harem sous les aspects de laquelle il m’était encore impossible de ne pas considérer la vie des mormonnes.
Si nous avons quelque chose dans notre littérature qui ressemble aux petits chefs-d’œuvre du naturalisme hollandais, à quelque Miéris ou à quelque Gérard Dow, — pour la familiarité de la donnée, pour l’intimité du caractère, pour le fini de l’exécution — c’est le Village, où Feuillet a si bien exprimé qu’il peut y avoir de poésie cachée, sous la règle, et dans l’uniformité d’une humble destinée provinciale. […] Et foncièrement pessimiste, il n’avait pas attendu pour s’inspirer de Vigny, tout en le dégradant, qu’une main pieuse eût réuni les Destinées en volume, et il avait déjà transposé dans sa langue réaliste ce qu’il y a d’horreur ou d’effroi de la nature dans la Maison du berger, par exemple, ou de haine de Dieu dans le Christ au mont des Oliviers. […] C’est le cri d’Alfred de Vigny dans ses Destinées : Le juste opposera le dédain à l’absence, Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité. […] « L’Égypte donna le veau d’or, le serpent d’airain, les oracles menteurs, le lévite, la circoncision, qui fut la plus grande erreur d’Israël et faillit un moment contrebuter ses destinées », toutes les pratiques, en un mot, et toutes les institutions dont on peut dire qu’en particularisant les religions elles leur enlèvent ce qu’elles ont de divin. […] Ou du moins, je me trompe, et on le voit trop bien : il reste une adoration mystique des énergies de la nature, et, sous le nom d’idéal, un sentiment plus vague et plus confus qu’élevé de la destinée future de l’espèce.
S’il est marié, ma tombe sera mon lit de noces. » C’est leur destinée qui se révèle. […] Il lui reste l’endurcissement du crime, la croyance fixe en la destinée. […] Vous reconnaissez en lui l’âme d’un poëte qui est fait non pour agir, mais pour rêver, qui s’oublie à contempler les fantômes qu’il se forge, qui voit trop bien le monde imaginaire pour jouer un rôle dans le monde réel, artiste qu’un mauvais hasard a fait prince, qu’un hasard pire a fait vengeur d’un crime, et qui, destiné par la nature au génie, s’est trouvé condamné par la fortune à la folie et au malheur.
Nos sciences les admettent aujourd’hui, et l’idée grecque de la destinée n’est rien déplus que notre idée moderne des lois. […] De la puissance sourde qui déroule et distribue les destinées, ils font leur Némésis20 qui abat les superbes et réprime tous les excès, « Rien de trop », disait une des grandes sentences de l’oracle. […] Sa grande affaire est d’avoir des fêtes bien entendues ; il a décrété la peine de mort contre quiconque proposerait de détourner pour la guerre une partie de l’argent qui leur est destiné.
Aujourd’hui, pour le jugement définitif du livre et le rang qui lui est dû dans l’ordre des œuvres de l’art, cette fin de Werther nuit aux parties principales, et quand on considère le caractère si opposé de l’auteur, et ses destinées en un sens si inverse, elle a peine à ne pas nous faire l’effet d’une mystification.
Il ne se considérait plus, disait-il, tant que les chaleurs de la veine tragique circuleraient dans ses veines, que comme destiné à lui faire des rôles et à contribuer au développement de ses talents.
L’homme d’esprit en lui, le philosophe avait parfois quelque remords de son bonheur qui lui ôtait de la curiosité : « Ma vie est heureuse, écrivait-il pour lui seul (26 février 1825), heureuse, mais uniforme ; je n’ai presque aucun désir qui me soit personnel ; j’ai aussi peu de craintes, sauf celles qui se rapportent aux destinées du genre humain.
je ne puis m’empêcher de comparer leur destinée à la nôtre, à celle des hommes !
Michelet espère pourtant que cette lumière de liberté morale, toute vacillante qu’elle semble, n’est pas destinée à périr, et nous l’espérons comme lui.
Bien des erreurs et des rigueurs suivirent sans doute de si favorables commencements et compromirent les destinées finales du règne ; mais l’élan, une fois donné, suffisait à produire de merveilleux effets ; les semences jetées au vent pénétrèrent et firent leur chemin en mille sens dans les esprits ; la politesse greffée sur la science s’essaya, et l’on en eut, sous cette race des Valois, une première fleur.
Il n’est pas moins vrai qu’il est profondément à regretter que, pour un acte public destiné à instituer comme un second temps, une seconde époque dans l’Empire, à donner un autre cours, une impulsion vigoureuse à l’opinion publique, et à manifester un renouvellement d’intentions dans le sens libéral, on ait dès l’abord, dans les sphères officielles, attaché par avance à la loi qui était présentée le commentaire extérieur le plus gratuitement illibéral : je veux parler du procès pour les comptes rendus.
. — Au théâtre de Grenoble, Barnave enfant589 était avec sa mère dans une loge que le duc de Tonnerre, gouverneur de la province, destinait à l’un de ses complaisants.
Défions-nous en toute langue de la poésie des rues, des mers et des montagnes, destinée à charmer les peuples ignorants.
C’était là tout ce que les passants pouvaient entrevoir ; mais en arrière du pavillon il y avait une cour étroite et au fond de la cour un logis bas de deux pièces sur caves, espèce d’en-cas destiné à dissimuler au besoin un enfant et une nourrice.
Les historiens et les critiques nous ont appris à lui attribuer un caractère éminemment grave et philosophique, à y respecter une des formes les plus expressives de la civilisation générale, où sont contenues toutes les conceptions de la vie et de la destinée humaines, toutes les représentations de l’univers et de l’être, par lesquelles l’humanité s’est consolée ou désespérée à chaque siècle.
. — Le Fin du fin ou Conseils à un jeune homme qui se destine à l’amour (1885)
Ainsi, dans cet art, les tableaux de la nature, les actions des humains, tous les phénomènes concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes : ce sont là des apparences sensibles destinées à représenter leurs affinités ésotériques avec des Idées primordiales.
Nos pères y ont admiré, il y a plus de deux siècles, ce que nous y admirons encore aujourd’hui, l’esprit français entrant enfin dans sa virilité, et une langue poétique conforme à sa nature et à ses destinées.
Au lieu du sombre docteur de Genève, qui pousse des générations de sectaires vers la mort, dont son orgueil croit avoir le secret, et par-delà laquelle il a marqué la destinée de chacun ; qui ne permet à personne de s’attarder et de prendre haleine dans ce rapide et douloureux voyage vers l’autre vie ; je vois un pasteur aimable qui conduit doucement son troupeau au dernier terme.
Il y a, d’ailleurs, de grandes ressemblances entre ces deux hommes, destinés à constituer la langue française dans ses deux formes, la poésie et la prose.
L’obscurité profonde où se trouve le spectateur, l’invisibilité complète de l’orchestre dont l’action musicale possède une si grande précision tant par l’exactitude de l’expression que par la puissance des combinaisons sonores, semblent destinées, par le prodigieux tact physiologique de ce tout puissant artiste, à « désorienter » dans le sens scientifique de ce mot, le spectateur et l’auditeur.
Il est sans doute permis aux Poëtes de personnifier les Passions & même les Êtres abstraits ; mais pour conserver la vraisemblance & l'illusion, ils doivent leur donner un corps visible & naturel, dès qu'ils s'en servent comme d'agens destinés à influer essentiellement sur l'action.
la destinée est inévitable.
Ainsi la doctrine de la chute, présentée comme une solution au mystère de notre destinée, n’explique rien, absolument rien.
. — Vous voyez donc qu’il n’y a pas à se désespérer encore, et que même avec cette chance unique de produire une idée nouvelle, il ne faudrait pas se trop lamenter sur la destinée de ce bel instrument.
… Après l’intérêt sacré de la conscience, — le plus haut intérêt pour les peuples comme pour les individus, — on peut parler de l’intérêt politique à une nation qui entend la puissance et qui n’a pas dit le dernier mot de ses destinées.
qui veut qu’elle ait sa récompense dans sa personne, et dont le roman est peut-être destiné à quelque prix académique, s’est fait dans son livre le sauveteur de ce que ce grand connaisseur croit la vertu.
Il nous touche par la douleur, par les destinées qu’il nourrit, par les conditions qu’il mélange, par les antagonismes qu’il crée.
Aussi ai-je entendu sans grande émotion la sommation hautaine qui nous a été récemment adressée : « La république sera naturaliste ou elle ne sera pas. » Non, le naturalisme n’est point le jeune officier d’avenir destiné à être bientôt général.
Dès que nos intérêts économiques, politiques ou autres sont enjeu, il nous est difficile de céder à un raisonnement qui porte précisément sur ce cas particulier de nos intérêts ; la vision d’une loi très générale, aussi vieille que l’humanité et inhérente à la nature humaine, serait d’une éloquence bien plus persuasive pour les bons esprits, et donnerait à la masse elle-même cette foi en ses destinées qui lui manque depuis longtemps, et qui seule est créatrice des grandes œuvres.
Demeurées à cet état, il faut bien savoir et il faut oser dire que les idées générales ne sont que des aperçus presque accidentels de l’intelligence, d’heureuses rencontres, utiles à la gloire posthume, quand d’autres, en leur faisant une grande destinée, ont la délicatesse de les rapporter à celui qui en a eu la première intuition ; mais qui ne prouvent aucune force, ni aucune largeur, ni aucune pénétration, à peine une certaine vivacité et éveil alerte de l’esprit. […] D’abord, malgré la loyauté de l’auteur, que je ne cesserai pas de reconnaître et de louer, on y sent trop que c’est un panégyrique à contrecoup, comme sont la plupart des panégyriques, un éloge de l’un à tendances satiriques contre l’autre, un hommage à l’Italie destiné moins à faire plaisir aux Italiens qu’à désobliger les Français. […] Pour Tocqueville ce devoir existe, et c’est bien un pur devoir ; car il ne croit pas beaucoup à l’influence des idées sur les destinées de l’humanité, surtout de nos jours : « Nous avons cessé entièrement d’être une nation littéraire, ce que nous avons été éminemment pendant deux siècles… Les classes influentes ne sont plus celles qui lisent. […] On s’étonne et l’on sourit un peu de trouver dans un livre destiné à montrer ce que la démocratie fait d’un peuple, des chapitres sur « les idées générales et pourquoi les Américains y montrent plus d’aptitude que les Anglais » ; — « la susceptibilité des Américains petite dans leur pays et grande dans le nôtre » ; — « la démocratie modifiant les rapports du serviteur et du maître » ; — « les institutions démocratiques tendant à raccourcir la durée des baux », etc. […] Des agrégations de ce genre sont-elles en voie de formation, des corps aristocratiques ou destinés à le devenir sont-ils en train de s’organiser au sein de l’Etat démocratique ?
Le mystère de la destinée humaine, sans l’inquiéter, car il ne s’est jamais inquiété de rien, l’intéresse. […] Il laissait un court volume de vers (Les Destinées), publié en 1864, qui contient peut » être ses plus belles œuvres, et des notes personnelles réunies sous le titre de Journal d’un poète (1867). […] Voyez, à ce point de vue, l’Esprit pur, dont le début est si beau ; la Colère de Samson, d’une inspiration si forte cependant ; la Sauvage ; les Destinées, avec sa pensée générale si précise et si profonde, et sa conclusion confuse, même le Mondes Oliviers, même un peu La Maison du Berger. […] A quoi le destinait naturellement cette manière propre de concevoir l’œuvre d’art ? […] Il songe à sa destinée, et il regarde la mer.
Il s’arma de deux fusils, de deux revolvers et d’une provision de cartouches, et s’en vint habiter, tout seul, la masure qu’on lui destinait. […] Guy de Maupassant, par une grande habileté et par un grand talent, a su préserver son nom de ces destinées. […] Notez que je parle sérieusement, et que c’est avec une conviction profonde que je déclare que M. de Maupassant crée, dans ce genre, des chefs-d’œuvre immortels et qui ne périront pas : Boule de Suif, le Cochon de Morin, Le Retour, À cheval, Pierrot, sont d’admirables, d’incomparables choses, destinées à rester comme des modèles, dans notre littérature française, éternellement. […] Dans les destinées des grands hommes qui, presque toutes, se ressemblent, il y a de ces complications inattendues, de ces mélanges de noms bizarres, de ces évocations obscures et souterraines, fécondes en surprises d’une indicible mélancolie. […] Oui, la destinée du genre humain est étroitement liée aux 65 ou 70 pousses de la masse cérébrale, et l’histoire de l’humanité s’y trouve inscrite, comme dans un grand livre, plein d’hiéroglyphes. » Il y a peu de chances, cependant, pour qu’un tel livre soit tenté, de longtemps, dans la littérature, du moins.
Il est donc utile que quelques écrivains modestes, qui ne se reconnaissent pas le talent nécessaire pour créer une tragédie, consacrent chaque année une semaine ou deux à faire imprimer un pamphlet littéraire destiné à fournir à la jeunesse française des phrases toutes faites. […] Je développerai ailleurs la théorie dont voici le simple énoncé : le vers est destiné à rassembler en un foyer, à force d’ellipses, d’inversions, d’alliances de mots, etc.
VII Molière eut une destinée à peu près égale. […] Je vous épouse, Agnès ; et, cent fois la journée, Vous devez bénir l’heur22 de votre destinée, Contempler la bassesse où vous avez été, Et dans le même temps admirer ma bonté, Qui, de ce vil état de pauvre villageoise, Vous fait monter au rang d’honorable bourgeoise, Et jouir de la couche et des embrassements D’un homme qui fuyait tous ces engagements, Et dont à vingt partis, fort capables de plaire, Le cœur a refusé l’honneur qu’il veut vous faire.
Lui aussi d’ailleurs est destiné souvent à la propagande. […] Il s’aperçoit que tous les efforts de sa vie ont tendu à réaliser une destinée, logique sans doute mais imprévue.
ce fut ta destinée, Femme et belle et naïve, et du monde étonnée… Oui, Marceline a raison ! […] Malgré son désespoir, elle comprit que ce n’était pas le moment de gémir sur sa destinée. […] Nous, Faunes et Sylvains, cependant, et Naïades, Du lever de l’Arcture au déclin des Pléiades, Voyant le creux du ciel sur le pôle alternant, Nous interpréterons, suivant la destinée, Les présages divins que va dans l’air sonnant La rumeur prophétique aux lieux obscurs menée. […] Le corps affreusement déchiré, le jeune héros rassemble ses dernières forces pour plaindre sa fatale destinée, et pour protester contre l’accusation mensongère qui souille sa vertu.
Le cortège d’images que nous voyons se former autour des désirs et des tendances est destiné à leur donner une satisfaction, imaginaire sans doute, mais qui n’est pas sans quelque réalité. […] Il en est qui, plus que les autres, influent sur la nature et la destinée du système, mais ces différences ne vont que du plus au moins et elles diffèrent elle-même d’importance d’une évolution à l’autre. […] Enfin viennent des considérations sur le lieu où l’action doit forcément se passer, puis l’exposé des raisons qui ont décidé l’auteur à introduire dans son récit une tempête, un buste de Pallas et un coup frappé à une porte, des remarques sur la force du contraste, la préparation du dénouement et les deux strophes qui viennent apporter au poème leur qualité suggestive destinée à pénétrer tout le récit qui les précède et à en accentuer le symbolisme. […] Quoi qu’il en soit de ses destinées ultérieures, on peut être assuré qu’une idée neuve opérera des désorganisations fâcheuses — en même temps qu’elle laissera longtemps debout des survivances regrettables.
devoir se dit encore par extension de ce qui arivera, come si c’étoit une dette qui dût être payée : je dois sortir : instruisez-vous de ce que vous êtes, de ce que vous n’êtes pas, et de ce que vous devez être, c’est-à-dire, de ce que vous serez, de ce à quoi vous êtes destiné. […] sortes en latin se prend encore pour un oracle, soit parce qu’il y avoit des oracles qui se rendoient par le sort, soit parce que les réponses des oracles étoient come autant de jugemens qui régloient la destinée, le partage, l’état de ceux qui les consultoient. […] La fortune, le hazard et la destinée, que l’on personifie si souvent dans le langage ordinaire, ne sont que des termes abstraits. Cette multitude d’événemens, qui nous arivent tous les jours, sans que la cause particulière qui les produit nous soit conue, a afecté notre esprit de manière, qu’elle a excité en nous l’idée indéterminée d’une cause inconue que le vulgaire a apelée fortune, hazard, ou destinée : ce sont des idées d’imitation formées à l’exemple des idées que nous avons des causes réèles.
Les impulsions secrètes, inconnues de nous-même, qui précèdent et préparent les passions mortelles ; ce qu’il y a d’involontaire dans nos paroles, dans nos gestes, dans nos regards ; les communications muettes de la pensée, d’une créature à une autre ; les signes extérieurs qui parfois nous présagent, à notre insu, notre destinée ; de mystérieux rapports soudainement dévoilés entre le monde des corps et le monde moral ; la stupeur dont nous frappe quelquefois ce simple fait, que nous vivons, et comme cela est extraordinaire et incompréhensible ; corollairement, la peur de la mort et aussi les pressentiments, les divinations, la peur sans cause présente, la peur imprécise de quelque chose d’indéterminé ; certains phénomènes de télépathie ; toute la partie de nous-même que nous ignorons et que nous ne gouvernons point ; ce qui se passe dans les limbes de l’âme et qui est comme en deçà, de la pleine existence psychologique ; ce qui affleure à peine à la surface de notre « moi » ; nos ténèbres intérieures, et, pour le dire d’un mot, la vie inconsciente de l’esprit (cherchez-en la définition dans Schopenhauer), voilà principalement ce que M. […] Car il y a d’abord les juifs de la haute finance internationale, lès rois de l’or, plus puissants que les porte-sceptres ; il y a ce légendaire « Rothschild », dont la destinée revêt, dans l’imagination du peuple, un caractère presque fantastique, et qui, au fait, n’existe peut-être pas. […] Victorien Sardou ne nous montre ici que la superficie des choses ; qu’il eût été intéressant d’étudier un peu à fond le type du parvenu de l’Empire, de l’homme du peuple devenu prince par son épée, mélange de simplicité, de brutalité et d’idéalisme (car, pour le soldat de ce temps-là, la guerre fut réellement, pendant vingt ans, un métier, — ce qui ne s’est pas revu depuis, — et il y eut en lui du condottiere et de l’homme de proie, et aussi du troubadour, comme en témoigne la naïve et fastueuse phraséologie du temps ; et tout cela ensemble faisait un héros), si vous regrettez que l’auteur de Madame Sans-Gêne n’ait point essayé de nous peindre « l’état d’âme » très spécial et très curieux d’un de ces protagonistes soudains de la grande épopée, et les contre-coups et les retentissements d’une si invraisemblable fortune dans une âme fruste et mal préparée, et les étonnements, et l’espèce d’assurance éblouie devant une pareille destinée… je vous répéterai que M. […] — Trois napoléons, sire. » L’empereur ne se tient plus de joie, il a un moment de vraie simplicité et de vraie bonhomie, comme il devait en avoir quand il se souvenait, quand, réfléchissant au miracle de sa stupéfiante destinée, il avait l’impression que ce n’était pas lui, que c’était un autre, — et quand Madame Mère, gardant sa tête au milieu de ces prodiges, disait : « Pourvou qué ça doure ! […] Ferdinand Dugué, et, avant de l’ouvrir, je songe : — Je ne sais pas du tout ce qu’il y a là-dedans ; mais, puisque c’est un drame qui se passe à Rome et sous l’Empire, et qu’il s’appelle Tibère, je suis bien sûr d’y trouver… ce que j’y trouverais également s’il s’appelait Caligula, ou Claude, ou Néron, ou Vitellius, ou Domitien, ou Commode, ou Caracalla, ou Héliogabale, à savoir : 1e Un chrétien ou une chrétienne ; 2e Un Gaulois ou une Gauloise, qui pressent les destinées de la France, et entrevoit même la Révolution de 1789 et les désastres de 1870 ; 3e Tout un badigeon de couleur locale, à la façon de l’excellent Dezobry dans Rome sous Auguste, impressions de voyage d’un jeune Gaulois.
C’est que par la même raison qu’un tableau destiné à être vû de loin, doit être peint à grandes touches, le ton du théatre doit être plus haut, le langage plus soûtenu, la prononciation plus marquée que dans la société, où l’on se communique de plus près, mais toûjours dans les proportions de la perspective, c’est-à-dire de maniere que l’expression de la voix soit réduite au degré de la nature, lorsqu’elle parvient à l’oreille des spectateurs. […] Il dira, par exemple : l’homme est un des plus beaux ouvrages du Créateur, qui l’a formé à son image, lui a donné la raison, & l’a destiné à l’immortalité : mais cette définition, à parler exactement, tient plûtôt de la nature d’une description que d’une définition proprement dite. […] Ce défaut vient d’une mauvaise distribution de la fable en cinq actes, dont le premier est destiné à l’exposition, les trois suivans au noeud de l’intrigue, & le dernier au dénouement. […] Il ne faut pas douter, par exemple, que la composition de ces tableaux où l’on voit l’Enfant-Jesus caressant un moine, n’ait été ingénieuse & intéressante pour ceux à qui ces tableaux étoient destinés. […] Cependant comme ce n’est pas uniquement à nous amuser, mais sur-tout à nous instruire, que la fable est destinée, l’illusion doit se terminer au développement de quelque vérité utile : nous disons au développement, & non pas à la preuve ; car il faut bien observer que la fable ne prouve rien.
Il pourrait être destiné à éternuer dans le sac sous le couteau de la guillotine. […] C’était une destinée qui allait où elle devait aller. […] Éprouve-t-on du chagrin, — et une nature comme celle de Verlaine, ouverte à toutes les impressions, vibrante à chaque attouchement, a dû dès son enfance beaucoup souffrir, — on les considère comme une injustice du sort, et c’est un motif à faire des vers : on n’est pas encore parvenu à la triste expérience qui vous apprend que la fatalité n’existe pas en dehors de nous et que notre caractère lui-même est notre destinée. […] Et puis il y a quelque chose qui peut nous consoler au milieu des risques extrêmes de l’existence : personne n’échappe à sa destinée. […] Grâce à un miracle de dévouement exquis, elle rétablit le développement arrêté de son âme, et de cette fille sans pudeur renaît une femme pure, enlevée et comme consacrée par la mort à l’instant où la passion destructrice allait venir se mêler encore à sa destinée.
Magnin est destiné à être beaucoup consulté, beaucoup mis à contribution et peut-être pillé.
Le même intendant écrit, en 1784, année de famine679 : « On a vu avec effroi, dans les campagnes, le collecteur disputer à des chefs de famille le prix de la vente des meubles qu’ils destinaient à arrêter le cri du besoin de leurs enfants. » — C’est que, si les collecteurs ne saisissent pas, ils seraient saisis eux-mêmes.
« Le navire destiné à Agrippine, plus somptueusement décoré que tous les autres, se faisait remarquer au milieu de la flotte, comme si Néron avait voulu préparer cet honneur de plus à sa mère ; car elle avait l’habitude de se promener en trirème et de se servir, pour ses navigations, des rameurs de la flotte.
— C’est, répondit-elle, parce que M. de Chateaubriand est mon ami, et que M. de Lamartine est mon héros. » Ce mot est trop flatteur pour que je l’aie oublié, jailli d’une telle bouche, à une époque surtout où la fortune ne paraissait me préparer aucun rôle héroïque ; mais les femmes ont plus que nous dans leur cœur la prophétie de nos destinées.
Dans la traversée, accablé de chaleur et mourant de soif, il porte à ses lèvres et présente à la jeune Irlandaise une coupe contenant un philtre magique destiné à Marc’h et confié a Brangien, servante d’Iseult : fatale méprise !
Au Moyen Age, la loi des différences croissantes amène déjà la formation de deux musiques entièrement distinctes : l’une populaire, donc toute de rythme et de mélodie : l’autre savante, la musique religieuse et scolastique, destinée seulement aux âmes plus complexes.
A notre avis, les études sur la transmission héréditaire, considérée au point de vue psychologique, sont destinées à jouer un grand rôle, quand la science sera entrée complètement dans la voie qu’elle ne fait que d’essayer.
A la longue, les actes destinés à satisfaire l’appétit sont devenus plus complexes, et en même temps habituels.
— Un enfant qu’on ne voit jamais lire, est destiné par avance à une carrière seulement de mouvement et d’action.
Le lendemain, jour destiné à la célébration des saints mystères, le peuple accourut en foule à l’église pour y voir dans Eutrope une image éclatante de la faiblesse des hommes, et du néant des grandeurs humaines.
Si mes opinions se trouvent encore sur ce sujet contraire aux vôtres, c’est que probablement il est dans ma destinée de ne pas voir les objets sous la même forme que vous.
Si, de l’adjonction des capacités qu’il regrette, « on en est venu — dit Villemain — à ce qui lui ressemble le moins, le suffrage universel (nous croyons, nous, que c’est ce qui lui ressemble le plus), est-ce une raison pour ne plus souffrir dans le pays un degré supérieur, une aristocratie d’études destinée surtout à la classe aisée, et promettant, par l’habile emploi des premières années de la jeunesse, une recrue certaine d’esprits cultivés ?
On le lit à présent comme une thèse et surtout comme une réponse hautaine et péremptoire aux prétentions de ce parti qui s’appelle la jeune Italie, et qui est bien jeune en effet, si elle croit faire à l’Italie une destinée impossible et à contre-sens de ses facultés.
On peut conjecturer qu’il fut chef du parti du peuple, lorsque Athènes était gouvernée par l’aristocratie, et que ce conseil fameux qu’il donnait à ses concitoyens (connaissez-vous vous-mêmes), avait un sens politique plutôt que moral, et était destiné à leur rappeler l’égalité de leurs droits.
Singulière destinée de l’auteur d’Andromaque et de Phèdre ! […] Avant cela, deux scènes fort belles, destinées à « tendre » la situation jusqu’au point où elle deviendra si douloureuse et si atroce que nous dirons : « Ah ! […] Ce que je hais dans ces inconnus, c’est l’obstacle, c’est quelque chose d’impersonnel ; je me soulève contre eux, comme on fait contre une fatalité aveugle, contre le mystère du mal et de la douleur ; ils font partie, pour moi, de la Destinée mauvaise. […] Il faudrait donc, à mon avis, débiter le commentaire littéraire de Mascarille, non point avec des bouffonneries de diction, destinées à faire rire par elles-mêmes, mais avec sérieux et conviction, d’un ton pédant, professoral et doctoral. […] L’un ne croit qu’à la beauté que revêt l’univers sensible en passant par son cerveau ; l’autre croit aux prix des âmes, à une loi morale, à un sens caché de la destinée humaine, à Dieu, peut-être au diable.
Parmi ses rêves confus, il y en a un qu’elle formule avec précision : « Je veux, une fois dans ma vie, peser sur une destinée humaine. » Cela, c’est la réduction féminine du rêve de Napoléon et de tous les conquérants. […] Oui, c’est ce petit mouton de Théa qui a changé la destinée de ce fou génial. […] Même, car c’est encore une façon de peser sur sa destinée, elle précise cette idée en lui. […] Un astrologue provençal, interrogé sur la destinée de Jeanne encore enfant, avait répondu : Maritabitur cum Alio. […] Il faut dire que cette Catanaise est une redoutable intrigante, qui a su marier ses filles à des gentilshommes, qui a fait nommer son fils sénéchal du palais et confie d’Eboli, et qui rêve pour lui de plus hautes destinées encore, si la reine devenait veuve. — Voilà le premier acte.
J’en aurais bien le droit cependant, puisque c’étaient autant de pièces, comme on sait, destinées pour l’impression, et qui n’ont manqué de paraître du vivant de leurs auteurs que par des circonstances indépendantes de leur volonté. […] Courez, Ruisseau, courez, fuyez-nous ; reportez Vos ondes dans le sein des mers dont vous sortez ; Tandis que pour remplir la triste destinée Où nous sommes assujettis, Nous irons reporter la vie infortunée Que le hasard nous a donnée Dans le sein du néant d’où nous sommes sortis. […] C’est, en effet, un livre curieux, un livre intéressant, moins neuf peut-être que ne le croit son auteur ; — et aussi où l’on voudrait voir, si l’on osait former un vœu, moins de « scissions dans la trame de nos destinées littéraires », moins « d’erreurs qui reposent sur des lacunes ! […] Or, il existe une autre compagnie, une autre « classe de l’Institut », destinée, depuis qu’elle existe, à ce genre d’études ou de recherches : c’est l’Académie des inscriptions et belles-lettres. […] Il y a sans doute du gothique dans Notre-Dame de Paris ; il y en a même du flamboyant ; il y en a aussi dans la Tour de Nesle ; et il y a de la religiosité dans les Harmonies, dans les Destinées, dans les Contemplations ; il y en a, si l’on veut, dans les Nuits… J’ajouterai même, à cette occasion, qu’en renouvelant ainsi, chez un grand peuple, la conscience d’abord, puis l’orgueil de ses origines et de son rôle, nos romantiques n’ont pas rendu de moindres services à l’histoire qu’à la poésie.
Seules, les deux pièces, Les Femmes savantes et Tartuffe, ont des destinées différentes de celles des précédentes, Les Femmes savantes un peu différentes, le Tartuffe tout à fait. […] Certes, ne devant rien, que je sache, à personne, Je pouvais, satisfait de mon humble bonheur, Jouir paisiblement d’un repos fait d’honneur, Vivre au milieu des miens mes dernières années Et laisser s’accomplir en paix mes destinées. […] On ne remarque pas assez, et il remarque, lui, que la comédie, sur ce point, n’a rien à reprocher à la tragédie, et que tout autant que sa grande sœur, la comédie française, est oratoire, didactique et destinée aux « morceaux choisis ». […] Imaginez qu’il n’y a qu’un personnage relativement intéressant dans ce drame, et que sa destinée est accomplie au troisième acte, dans une pièce en cinq actes ! […] Quoique, pour mon goût personnel, j’aime assez la distinction nette des genres, je crois cette comédie destinée maintenant à durer toujours.
Ce que l’œuvre dramatique a, en effet, de caractéristique et de distinctif, c’est qu’étant faite pour être jouée — comme la peinture, par exemple, est faite, sans doute, pour réjouir les yeux, et la musique, d’abord et avant tout, pour charmer l’oreille, — on ne saurait vraiment la détacher ni des conditions matérielles de la représentation scénique, ni de la nature et de la composition du public auquel elle est destinée. […] Ils n’admettaient pas que l’homme fût libre d’une liberté qui rendît la grâce inutile, et qui le fît lui-même le seul et souverain arbitre de ses destinées. […] Libres ou non, esclaves de la fortune ou artisans de nos destinées, toute société des hommes n’est-elle pas effectivement fondée sur l’hypothèse, ou, comme disent les philosophes, sur le postulat de la liberté ?
» Ce mot d’heureux augure ne se vérifia point : ue suite de petits contre-temps et je ne sais quelle intrigue de coulisses déjouèrent le succès et fixèrent la destinée de la pièce. […] Bref, l’aimable et un peu romanesque savant suivit sa destinée, qui était d’être attaché à des femmes idéales sans que cela tirât à conséquence, et de diversifier passionnément l’une par l’autre l’étude et l’amitié.
A lire les détails de la lutte commençante et les vicissitudes si prolongées, si tiraillées, on comprend, à moins d’avoir un système de philosophie de l’histoire préexistant, combien la destinée de l’Amérique du Nord était liée à lui, et combien, un homme manquant, il pouvait de ce côté ne pas se former d’empire. — On parlait de Washington : « C’est un bien grand homme, disais-je, et les Mémoires du général La Fayette montrent que sans lui la révolution d’Amérique aurait pu de reste ne pas réussir. » — « Oui, répondit un philosophe74, il était bien nécessaire ; mais quand les choses sont mûres, ces sortes d’hommes nécessaires se rencontrent toujours. » — A la bonne heure ! […] « Bonaparte, mieux organisé pour le bonheur public et pour le sien, eût pu, avec moins de frais et plus de gloire, fixer les destinées du monde et se placer à la tête du genre humain.
Celui-ci prend pour Amédée l’aspect d’un vieux curé débonnaire, instruit de la captivité du pape, et le mystifie sans pitié, le présentant à Naples à un faux archevêque qui l’effare par son attitude scandaleuse destinée à détourner les soupçons. […] , s’éprend de Laura (d’une façon platonique, il est vrai), mais ensuite, et sans platonisme, d’une jeune fille nommée Sarah Vedel, passe brillamment son bachot, lutte victorieusement avec l’ange, c’est-à-dire qu’il se dérobe à la discipline traditionnaliste ; il entre comme rédacteur dans un journal et semble destiné à un brillant avenir.
Un traîneau découvert était destiné à son domestique, et il donna ordre d’y faire placer le jeune Français. […] Encore une lettre de Virginie qui annonce à sa mère que sa tante la déshérite et la renvoie pour n’avoir pas consenti à épouser un riche suranné qu’elle lui destinait.
La belle antiquité conçut avec raison l’immolation de l’animal destiné à être mangé comme un acte religieux. […] Même si la Terre ne sert un jour que de moellon pour la construction d’un édifice futur, nous serons ce qu’est la coquille géologique dans le bloc destiné à bâtir un temple.
Elle nous décrit son lit : une banquette avec une couverture ; elle nous parle de son pot à l’eau contenant une pinte d’eau, destinée à la soif et à la toilette de la semaine ; elle nous parle encore de cette écuelle de bois, dans laquelle les carmélites mangent, avec leurs doigts, leur soupe maigre, leurs œufs, leur poisson. […] Il y a dans le corridor une boîte qui a deux compartiments : l’un est destiné aux lettres pour la poste, l’autre aux lettres pour la maison.
Personne, moins que lui, n’a cru qu’il nous fût permis de nous abandonner à la liberté de nos instincts, et de borner à la joie de les rassasier l’unique ambition de notre destinée. […] La seule « antiquité » qu’on imite est ou sera bientôt l’antiquité latine ; et ainsi, comme un ferment qui n’était destiné qu’à favoriser une combinaison dont il ne devait point faire partie, le grec, après avoir servi à déterminer l’idéal classique, s’en élimine.
Si donc j’ai pu vous montrer, en vous parlant du Cid, comment, en 1636, par un effet du génie de Corneille, l’idée ou la notion de la tragédie, confondue jusqu’alors avec tant de contrefaçons d’elle-même, et toujours embarrassée dans ses langes, s’en était dégagée tout à coup pour devenir presque aussitôt « grande fille » ; et si vous avez bien vu, quand je vous ai parlé du Menteur, comment la comédie, s’en mêlant à son tour, avait achevé, par son premier succès, d’opérer pour deux siècles et demi la séparation des deux genres, destinés désormais l’un à nous faire rire, et l’autre à nous faire pleurer ; il faut que je tâche de vous faire voir maintenant ce qu’il est advenu de la tragédie livrée à elle-même, et comment elle a profité de son émancipation pour se perfectionner ; — ou déjà peut-être pour se corrompre. […] Empereurs ou rois, « qui n’ont plus rien à désirer du côté de la fortune, n’y trouvent rien aussi qui gêne leurs plaisirs », et nés, et destinés à mourir dans leur pourpre, rien ne traverse, ni ne partage, ni ne rompt leurs passions… si ce n’est les obstacles qu’elles se créent à elles-mêmes en courant à leur satisfaction35. […] Rhadamiste et Zénobie I. — Des destinées de la tragédie entre Racine et Crébillon. — Le Manlius Capitolinus de La Fosse. — Quelques mots de Saint-Réal. — La tragédie se laisse envahir à son tour par le roman. — Comment travaillait Crébillon. — Les sources de Rhadamiste. — L’imitation systématique. — II. […] si, dans ces jeux sanglants de l’amour et du hasard qu’il aime à mettre en scène, qui sont la matière de son Rhadamiste, il se proposait de nous montrer l’ironie de la destinée !
En cédant à sa mauvaise destinée, il pouvait se rappeler qu’après avoir occupé le trône de Syracuse, Denys fut maître d’école à Corinthe ; mais, plus heureux que le tyran, il pouvait interroger le passé sans effroi, regarder sa vie sans remords : elle n’avait brillé que dans un collège, il ne s’était occupé que du soin d’élever la jeunesse ; et Denys, du fond de son palais, avait fait conduire aux carrières le philosophe Philoxène, pour n’avoir pas assez admiré ses vers ; studieux, appliqué et presque séparé du monde, Geoffroy répandait les fruits de ses doctes veilles, et le tyran de la Sicile, après avoir rendu tout son peuple malheureux, devait être encore poursuivi par des malédictions. […] Si le dieu qu’il sert ne lui convient pas, demain il en prend un autre ; il en fait, non l’arbitre de sa destinée, mais le ministre de ses passions ; au lieu de l’adorer, il l’insulte. […] Cependant cet enthousiasme chevaleresque passait autrefois pour le sublime de la galanterie ; aujourd’hui notre théâtre paraît s’affranchir de cette servitude ; les femmes se sont rapprochées de la nature ; elles ont beaucoup rabattu de leurs prétentions ; elles influent moins sur la destinée des ouvrages et des auteurs. […] Les princes et ses héros ne sont jamais fous ; il faut excepter Oreste, dont l’amour est pour ainsi dire une fureur fatale et une suite de son affreuse destinée.
Vous pouvez bien regarder ces dix dernières années de sa vie, si vous songez qu’il a écrit vingt comédies en dix ans, et que non seulement il les a écrites, mais qu’il les a fait jouer, qu’il a dirigé la troupe destinée à les jouer, et la direction d’une troupe n’est pas une petite affaire, qu’il les a jouées lui-même, vous ne trouverez pas un jour de relâche dans ces dix années. […] La justesse de Molière est non moins étonnante dans le choix des circonstances destinées à exprimer un sentiment vif, et cela d’une façon tout à la fois simple et naturelle ; à le faire sauter, pour ainsi dire, aux yeux du spectateur, de la façon la plus prompte et la plus facile. […] Même justesse dans le choix des expressions destinées à exprimer une condition ou un caractère. […] Ceux-là même, parmi les successeurs de Molière, dont la destinée fut en apparence plus heureuse, n’ont acheté le génie comique et l’expérience amère qu’il suppose qu’au prix de bien des souffrances morales !
Une enceinte de lutteurs, formée de sacs de sable dans des enveloppes historiées, avec, au milieu, sur une petite table, deux bouteilles de saké destinées à être offertes aux génies du Japon, aux Kami, dans une cérémonie religieuse précédant la lutte. […] Et parmi les rarissimes estampes de ces années, il y a un Kintoki entre un singe et un chien portant son coffre ; un petit Japonnais riant d’un pêcheur auquel une pieuvre s’est attachée ; des têtes caricaturales destinées à être découpées pour l’amusement des enfants ; des promenades de Japonaises dans des campagnes désagréablement coupées par ces nuages rouges qui sont des imitations malheureuses des bandes de poudre dorée des anciens rouleaux. […] Le quinzième et dernier volume paraît en 1878 avec un avertissement où l’éditeur dit que « propriétaire de tous les bois de la Mangwa, il a été convenu avec Hokousaï, avant sa mort, qu’on poursuivrait jusqu’au quinzième volume, et qu’il a fait graver les dessins destinés à la publication, qui ne l’étaient pas ». […] Peinture à la gouache, jouant la peinture à l’huile, sur une planchette destinée à être attachée par un clou à un pilastre ou à une colonne. […] Deux dessins inédits de la série des Cent poètes racontés par la nourrice, dessins destinés à être gravés ; quatorze dessins de la même illustration, venant de la vente de l’ancienne collection Hart, sont chez M.
Il y a peu de pages plus amères que celles où le naturaliste Pline résume les misères de la vie humaine : L’homme, la nature le jette sur la terre ; de tous les animaux, c’est le seul qui soit destiné aux larmes ; il crie dès sa naissance, et jamais il ne rit avant le quarantième jour. […] Saint François ne destinait pas ses frères au service politique de l’Eglise ; il ne semble avoir eu d’autre but que de vivre humble, pauvre et joyeux, parmi la tristesse des malades et des pauvres. […] La notion récente que la faune terrestre est une transformation de la faune marine est exposée par Anaximandre qui, d’autre part, avait élargi l’idée d’évolution au point d’y faire entrer les destinées du monde sidéral. […] Mais n’est-il pas très logique de penser qu’un homme qui se laisse aller à boire jusqu’à devenir fou était, avant tout excès, destiné à la folie ? […] Cela prouve que Pascal aurait peut-être mieux fait de continuer ses expériences sur le vide, et qu’il n’était point destiné, par la nature de son génie, à entrer dans les querelles théologiques.
L’unité d’organisation mise en vigueur et appliquée dans le royaume pendant le long règne de Louis XIV rendit désormais inutile la création de ces machines extraordinaires et réparatrices, qualifiées du titre effrayant de Grands Jours et destinées surtout à abattre les restes de la tyrannie seigneuriale.
Mais ce qui est beau sans mélange, c’est la prison, le réfectoire, c’est cette galanterie refleurissant à Saint-Lazare, comme une île de verdure sur un marais croupissant ; c’est le noble André, brusque et tendre, Mlle de Coigny et sa coquetterie boudeuse, Mme de Saint-Aignan et sa passion décente, ensevelie, et la destinée mélancolique du portrait.
Bon nombre de ses épigrammes sont destinées à célébrer ses amours à Tyr, amours bien asiatiques la plupart, de ceux qu’on rougit seulement de nommer, qu’étalait si à nu la muse antique, pour lesquels Horace et Virgile lui-même ont trouvé des accents et Cicéron des madrigaux125, dont la poésie homérique était restée parfaitement exempte et pure, mais dont l’invasion dans la poésie grecque lyrique remonte jusqu’au temps d’Ibycus et de Stésichore.
Amuser, s’amuser, « faire passer son âme par tous les modes imaginables », comme un foyer ardent où l’on jette tour à tour les substances les plus diverses pour lui faire rendre toutes les flammes, tous les pétillements et tous les parfums, voilà son premier instinct. « La vie, dit-il encore, est un enfant qu’il faut bercer jusqu’à ce qu’il s’endorme. » Il n’y eut jamais de créature mortelle plus excitée et plus excitante, plus impropre au silence et plus hostile à l’ennui471, mieux douée pour la conversation, plus visiblement destinée à devenir la reine d’un siècle sociable où, avec six jolis contes, trente bons mots et un peu d’usage, un homme avait son passeport mondain et la certitude d’être bien accueilli partout.
Tant d’esprit et de courage, une si bonne tournure et une physionomie si expressive, ce génie inventif et ces inclinations de gourmet, le destinaient à vivre aux dépens d’autrui, à se cantonner dans le pays des riches aubaines, la cour, et à venir puiser le plus près possible à la source des grâces.