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1232. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

Scaliger s’indigne de voir toutes ces comparaisons tirées des objets les plus sauvages, de la nature la plus farouche.

1233. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Aussi, ai-je entendu la bombe, qui a fait le bruit d’un coup de canon, tiré à la cantonade. […] Il se trouvait à Santos, faire partie d’une société, qui, en prenant l’apéritif de tous les matins, tirait à la courte-paille, qui est-ce qui serait mort le lendemain. […] Il parle de Lourdes, se plaignant que la campagne catholique faite contre son livre, qui serait une bonne chose pour un livre tiré à 30 000, est très préjudiciable à un livre, tiré à 120 000, parce qu’elle lui enlève les 80 000 acheteurs, qui pouvaient faire monter son livre, à 200 000. […] Il se trouve une autre épreuve de : La Femme comme il faut, l’article publié dans Les Français peints par eux-mêmes, avec le bon à tirer de B, terminé par un paraphe en tortil de serpent. […] Edmond de Goncourt, peint à l’huile par Carrière (1892), sur un exemplaire de : Germinie Lacerteux, de l’édition in-4º, tirée à trois exemplaires, aux frais du bibliophile Gallimard, un admirable portrait, où se voit, dans le fond, le médaillon de bronze de Jules, et dans lequel, Carrière a merveilleusement exprimé la vie fiévreuse des yeux de l’auteur.

1234. (1864) Le roman contemporain

Gouvernement venu par l’épée, pourrait-il éviter de tirer l’épée ? […] Elle porte des habits d’homme, va à la chasse, tire le pistolet, monte des chevaux fougueux. […] Vous ramenez la femme à la condition ignominieuse d’où elle a été tirée par la grande victime du Calvaire. […] Sandeau tirât ce drame malencontreux de la Famille de Pénarvan, M.  […] Je tire de la dédicace et de la préface du livre deux conséquences ; la première, c’est qu’il y a un certain effort d’esprit à faire pour comprendre la moralité du roman de M. 

1235. (1925) Comment on devient écrivain

fit-il dédaigneusement, il ne tire qu’à 50 000 !  […] Cette cacographie illustre, ou ces exemples de mauvais style tirés des œuvres de nos grands hommes, me dònne fort à faire, et le choix m’embarrasse. […] Le roman anglais, au contraire, vit d’honnêteté et tire des gens honnêtes l’intérêt que les auteurs français tirent d’un coquin ou d’une femme équivoque. […] Je cherchais un nom pour un personnage tel que vous ; vous me tirez d’embarras en m’apprenant le vôtre. » Comme on sut l’histoire, tous les petits‌ maîtres allèrent à l’envi voir l’original du Fleurant de la comédie. […] Il s’agit de tirer parti d’une inclination impérieuse et de vous créer une notoriété dans un monde composé de personnes profondément indifférentes aux questions d’art et de perfection.

1236. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Enfin je les ai obtenues toutes deux l’une après l’autre, et c’est sans doute tirer d’une personne tout ce qui s’en peut tirer. » — C’est ici même le genre d’esprit particulièrement propre à Fontenelle, homme d’ironie couverte et qui sourit du coin des yeux. […] » Le sophisme est un peu fort ; mais encore pour cette fois l’amour-propre s’est tiré d’affaire. […] Car de deux choses l’une : ou il est malheureux, et c’est un drame qui commence, ou il est heureux, et il n’y a rien à en tirer du tout. […] Un pessimiste qui croit en Dieu tire l’idée de Dieu du pessimisme même. […] De ses Espagnols, qui n’ont que de l’imagination, comme il n’en a pas, il ne tire rien.

1237. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ce que j’en dirai aujourd’hui atteste moins son talent, que les aventures singulières de sa vie, et les secours qu’il tirait de ce talent, au milieu des crises de sa fortune. […] Le comte tire son épée, et veut frapper le prélat. […] Par cette mystérieuse alchimie de la Providence, qui tire si souvent le bien du mal, quel fut celui qui hérita du fruit de tant de spoliations et de violences ? […] Il ne faut que de la patience pour tirer de ces ruines la statue complète du passé. […] On ne tirera pas de cette époque un livre de plus à mettre dans la bibliothèque choisie du genre humain.

1238. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Il a une idée, qui est fort simple, et qu’il vient soumettre à Eraste : « Vous voyez quel gain le roi tire tous les ans de ses ports de mer. […] je n’ai pu parvenir, en huit jours, à la tirer au clair. […] Il a tout entendu : il tire l’oreille à Georges, puis le presse contre son cœur, et écrase virilement une petite larme. […] Il n’y a rien à en tirer. […] Les figurants, avec des façons gauches, tirent des coups de fusil et lancent des fusées : ce sont les bombes.

1239. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Elle tire ce petit malheureux du gouffre. […] Et combien mes cruels ennemis tireront d’avantages de l’impossibilité où ils m’ont mis de parler ! […] Quel parti les barbares en ont tiré ! […] Je vous dis cela, persuadé que mon mal n’a jamais été connu de personne et qu’on en pourrait peut-être tirer quelques observations utiles à la médecine. […] A moins qu’on ne veuille simplement dire : — « Tous les hommes naissent en pleurant, tous meurent dans l’angoisse et la souffrance ; tous sont soumis aux mêmes nécessités naturelles, etc.. » Mais, de cela même, s’il y a quelque chose à tirer pour le moraliste et pour le chrétien, il n’y a rien à tirer pour l’État.

1240. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Preuve des lois positives de l’art, tirée de la perfection des beaux poèmes. […] « Ai-je droit de tirer de cette nuit profonde « Ces grands événements, secrets d’un autre monde ? […] Expressions tirées de la bulle même du pontife ! […] Son art arrête le soleil, soulève l’océan, suspend les fleuves, et tire de la lune, qui descend à sa voix, une écume dont la force mystérieuse ressuscite les morts. […] Vainement y cherche-t-on ces axiomes clairs et solides, desquels il ne reste plus qu’à tirer les conséquences comme autant de brillants corollaires.

1241. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Quel parti le poète en a-t-il tiré ? […] Est-il permis, par exemple, de dire que la culture de la canne à sucre tire le miel des entrailles de la terre ? […] Cependant il n’y a pas une strophe qui soit tirée littéralement du poème hébraïque. […] Les comparaisons sont tirées des détails les plus vulgaires, de la réalité la plus triviale. […] Le poète a tiré bon parti de cette éternelle opposition.

1242. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Je serais peut-être de ce dernier avis, sauf les conclusions trop générales qu’en tire le poëte régulateur : Étudiez la cour et connoissez la ville ; L’une et l’autre est toujours en modèles fertile. […] Mademoiselle Molière, dans cette situation difficile, lui donna le change sur Lauzun en avouant une inclination pour M. de Guiche, et s’en tira, dit la chronique, par des larmes et un évanouissement. […] Molière disait du grand Corneille : « Il a un lutin qui vient de temps en temps lui souffler d’excellents vers, et qui ensuite le laisse là en disant : Voyons comme il s’en tirera quand il sera seul ; et il ne fait rien qui vaille, et le lutin s’en amuse. » N’est-ce pas dans ce même sens, et non dans celui qu’a supposé Voltaire, que Richelieu reprochait à Corneille de n’avoir pas l’esprit de suite ? […] Il eut même bien des difficultés pour y réussir et ne se corrigea de cette volubilité, si contraire à la belle articulation, que par des efforts continuels qui lui causèrent un hoquet qu’il a conservé jusqu’à la mort et dont il savoit tirer parti en certaines occasions. […] On peut tirer de cette théorie une conclusion immédiatement applicable à un éminent poëte de nos jours.

1243. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Elle eut à la vérité ses différens âges tirés de la rudesse ou de la politesse des plumes qui la traitèrent, comme le remarque le P. […] C’est pour le bonheur des sciences & des lettres, que ces Corps ont subsisté : jamais des Particuliers, dissipés par les affaires domestiques, détournés par celles du dehors, n’auroient pu se livrer à un travail si long & si pénible ; & c’est un des grands avantages qu’on ait tiré de ces laborieux & savans Solitaires, qui, du fond de leur retraite, éclairoient le monde qu’ils avoient quitté. […] Une autre raison décisive pour faire usage de ces langues anciennes, c’est qu’il falloit s’instruire, & qu’il n’existoit aucun ouvrage en François, dont il fût possible de tirer la moindre utilité. […] Ce grand homme, rempli d’Aristote & d’Horace, tira de son génie créateur, & puisa dans l’élévation de son ame, toutes les beautés mâles dont brillent ses ouvrages. […] Pourrions-nous oublier que c’est elle, qui nous a tirés de cette honteuse & profonde ignorance où nous avons langui pendant tant de siècles ?

1244. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Jeudi 11 octobre J’ai reçu hier une lettre de Jules Vidal, qui me demande à tirer une pièce de mon roman des Frères Zemganno, en collaboration avec Byl. […] Puis, tout en battant le pavé, et m’échauffant la cervelle de mon accès de fièvre dramatique, je me disais qu’il fallait faire la pièce moi-même, et je ne sais comment ma pensée allait encore à La Faustin, avec l’idée d’en tirer une autre pièce, songeant à faire de Germinie Lacerteux, de La Fille Élisa, de La Faustin, une trilogie naturiste. […] … » C’était ma dernière cartouche à tirer, et je tenais à la tirer… Mais cette malechance qui m’a poursuivi toute ma vie ! […] Jeudi 29 novembre Aujourd’hui, à la mairie des Batignolles, dans un conseil de famille, convoqué par Mme de Nittis, je suis près de Claretie, qui veut bien me dire que je devrais faire une pièce tirée de Chérie, que c’est tout à fait un tableau du monde, et comme je lui répondais que je ne voyais pas de pièce dans le roman, et que j’ajoutais, que j’avais été au moment de lui présenter La Patrie en danger, il me faisait cette objection : « Il y a, voyez-vous, dans votre pièce, l’acte de Verdun… c’est grave pour un théâtre de l’État… au Théâtre-Libre, c’est autre chose, et ça se comprend très bien, qu’Antoine vous joue. » Aurait-il, quand je l’ai fait tâter par Febvre, pris conseil du ministère, d’après le ton qu’il a mis à ses paroles ? […] Je descends jusqu’au boulevard, avec Dumény, qui me montre des lithographies de Gavarni, ad usum Jupillon, qu’il tire de sa poche, et me parle de la manière de se faire une bouche méchante, en la dessinant, dans le maquillage, de la minceur d’une bouche de Voltaire, et la relevant d’un rictus, dans un seul coin.

1245. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

. — Tous les jours, l’esprit de l’homme est tiré du néant par la parole. — L’entendement est la faculté de concevoir des idées d’objets intellectuels à l’occasion des mots, lesquels rendent ces idées sensibles à l’âme. — L’idée est innée en elle-même, acquise dans son expression. — Les idées innées sont en puissance dans l’esprit de l’homme : ce sont des idées que l’homme peut apercevoir dans son esprit sous certaines conditions ; ces conditions sont la connaissance des expressions qui nomment les idées. — Les idées attendent dans l’esprit qu’une expression vienne les distinguer. — La parole porte la lumière dans les ténèbres de l’entendement, et appelle chaque idée, qui répond : Me voilà ! […] Toujours préoccupé de vérités immuables, de principes sociaux éternels, Bonald n’a pas le sens du devenir ; il comprend mal la vie du langage ; de même, en psychologie, s’il observe parfois avec précision, il généralise trop vite, il néglige les nuances dès qu’il a trouvé l’antithèse où il se complaît à enfermer sa pensée ; la sécheresse, en psychologie, est toujours inexactitude ; il était difficile de reconnaître la vie de l’âme, cet être « ondoyant et divers », dans les formules concises où Bonald prétendait la résumer ; enfin et surtout, il avait à l’avance compromis son autorité comme psychologue par les conséquences démesurées qu’il avait cru pouvoir tirer d’une observation d’ailleurs bien faite. […] II, § 6 et 11 ; ch. 111. § 11] ; Damiron lui reproche, non pas d’employer mal ce procédé très légitime, mais de le substituer à l’observation de conscience : l’auteur des Recherches philosophiques, dit-il, « ne se fie pas au sens psychologique ; c’est dans les mots qu’il veut tout voir et tout apprendre ; … ce serait d’une analyse verbale qu’il tirerait toute la psychologie. » La critique est fondée ; mais Damiron n’a pas vu que la valeur du procédé reposait, dans la doctrine de Bonald, sur certains rapports du langage et de la pensée, dont quelques-uns avaient été reconnus par une observation psychologique directe et n’étaient nullement chimériques. […] Observateur consciencieux et pénétrant, logicien timide et médiocre, écrivain d’une clarté persuasive quand il décrit les faits, flottant et peu rigoureux quand il aborde les lois générales, il a fait, dans le second volume de son ouvrage68, une étude approfondie de la parole et de récriture au point de vue psychologique, dans laquelle il a, le premier, assigné à la parole intérieure sa place légitime, non seulement dans la théorie du langage, mais aussi dans la psychologie générale ; on peut dire qu’il a fait entrer dans la science ce qui, parmi les idées de Bonald, méritait de durer ; malheureusement son ouvrage n’est jamais sorti d’une quasi-obscurité d’où les deux cents pages consacrées à la théorie du langage auraient dû suffire à le tirer. […] Cardaillac n’a pas la même puissance de construction, et les conséquences qu’il tire de ses observations ne sont ni rigoureuses ni précises ; mais sa description est beaucoup plus complète et plus exacte que celle de son devancier, et, comme il a tenté de rattacher la parole intérieure aux faits les plus généraux et aux lois fondamentales de l’âme, il a posé sur leur vrai terrain les problèmes que soulève l’existence et l’étendue de ce phénomène105.

1246. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Mais le doux poignard de la musique, dans les quatre chambres du cœur, ne nous tire que des larmes et nous attache à nos pleurs. […] Shakespeare nous tire de Venise, qui est un charnier comme toute la terre des hommes, toute Venise qu’elle soit. […] Cela seul peut expliquer qu’on n’ait point encore tiré de son œuvre une métaphysique, une éthique, une politique, et même une psychologie qui l’eussent divinisé ; car la foule respecte héréditairement les prêtres, les cartomanciennes et les philosophes. […] Personne n’a donc lu Han Ryner avec plaisir et avec soin pour qu’on ignore encore la possibilité d’en tirer un miraculeux florilège philosophique ? […] Si des critiques essaient de tirer de ce côté le jugement et l’attrait des lecteurs, ils se trompent et ils sont injustes.

1247. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

En ce cas si fréquent, toute l’exigence et toute la rapacité de l’entrepreneur, décidé à gagner ou tout au moins à ne pas perdre, s’abattent sur les paysans : « C’est un loup ravissant, dit Renauldon, que l’on lâche sur la terre, qui en tire jusqu’aux derniers sous, accable les sujets, les réduit à la mendicité, fait déserter les cultivateurs, rend odieux le maître qui se trouve forcé de tolérer ses exactions, pour le faire jouir. » Imaginez, si vous pouvez, le mal que peut faire un usurier de campagne armé contre eux de droits si pesants ; c’est la seigneurie féodale aux mains d’Harpagon ou plutôt du père Grandet. […] , liv. 2, chap. 2, 182. — Lettre du bailli de Mirabeau du 25 août 1770. « Cet ordre féodal n’était que fort, et ils l’ont appelé barbare, parce que la France, qui avait les vices de la force, n’a plus que ceux de la faiblesse et que le troupeau, qui était autrefois dévoré par les loups, l’est aujourd’hui par les poux… Trois ou quatre coups de pied ou de bâton ne nuisent pas tant à la famille d’un pauvre homme, ni à lui-même, que six rôles d’écritures qui le dévorent. » — « La noblesse, disait déjà Saint-Simon, est devenue un autre peuple qui n’a d’autre choix que de croupir dans une mortelle et ruineuse oisiveté qui la rend à charge et méprisée, ou d’aller se faire tuer à la guerre à travers les insultes des commis, des secrétaires d’État et des secrétaires des intendants. » Voilà les réclamations des âmes féodales  Tous les détails qui suivent sont tirés de Saint-Simon, Dangeau, Luynes, Argenson et autres historiens de la cour. […] Tu ne saurais penser le plaisir que j’ai eu les jours de fête de voir le peuple entier partout dans le château, et de bons petits paysans et petites paysannes venir regarder le bon patron sous le nez et presque lui tirer sa montre pour voir les breloques, tout cela avec l’air de fraternité sans familiarité. […] « Le sieur de Montmorin, capitaine des chasses de Fontainebleau, tire de sa place des sommes immenses et se conduit en vrai brigand.

1248. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

IX L’année suivante, 1665, Racine donna au théâtre la tragédie d’Alexandre le Grand, tirée de Quinte-Curce et imitée de Corneille et du roman chevaleresque de Mlle de Scudéri. […] « Il est juste », écrivait-il à cette époque, « que l’auteur laborieux tire de son travail une rémunération légitime. » Le roi ajouta à cette aisance des gratifications annuelles s’élevant de 500 jusqu’à 1 000  louis pendant huit ans et plus, une charge de gentilhomme ordinaire de sa chambre avec une nouvelle pension de 4 000 livres, et enfin la charge à la fois politique et littéraire d’historiographe de son règne et de ses campagnes, avec Boileau, son collègue et son ami. […] …………………………………………………… …………………………………………………… Du triste état des Juifs nuit et jour agite, Il me tira du sein de mon obscurité, Et, sur mes faibles mains fondant leur délivrance, Il me fit d’un empire accepter l’espérance. […] Relevez, relevez les superbes portiques Du temple où notre Dieu se plaît d’être adoré ; Que de l’or le plus pur son autel soit paré, Et que du sein des monts le marbre soit tiré.

1249. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Comment on peut tirer, de ces caractères de l’épopée proprement dite, une division de son histoire. — Elle a dû débuter par les chansons du Cycle du roi, c’est-à-dire dont Charlemagne est le héros [Ex. la Chanson de Roland] ; — auxquelles ont succédé les chansons du Cycle de Garin de Montglane [Ex. la Chanson d’Aliscans] dont les héros sont les continuateurs de la lutte du grand Empereur contre le Sarrasin ; — et à celles-ci les chansons du Cycle féodal [Ex. […] Le Roman de la Rose. — On en saisit mieux le rapport avec les genres qui les ont précédées, et entre elles. — En observant qu’elles sont toutes, ou à peu près, du même temps, on s’aperçoit que l’« allégorie » caractérise toute une « époque » de la littérature du Moyen Âge ; — et on est conduit à chercher les raisons de ce goût pour l’allégorie. — Il s’en trouve de sociales, comme le danger qu’on pouvait courir à « satiriser » ouvertement un plus puissant que soi ; — mais il y en a surtout de littéraires, qui se tirent — du peu d’étendue de l’observation « directe » de la réalité au Moyen Âge ; — du peu d’aptitude de la langue à exprimer les idées générales sans l’intermédiaire d’une personnification matérielle ; — et de la tendance des « beaux esprits » de tout temps à parler un langage qui ne soit pas entendu de tout le monde. […] Ce sont des contes d’animaux moralises ; — ci d’où l’on tire tantôt, comme Philippe de Thaon, des enseignements chrétiens — ou, comme Richard de Fournival, des enseignements d’amour ; C. — Les Dits et surtout, les Débats — comme la Bataille de Carême et de Chantage ; — dont Rabelais a repris le thème dans son récit épique de la lutte de la Reine des Andouilles et de Quaresme prenant ; — ou comme la Bataille des Sept Arts d’Henri d’Andeli ; D. — Les Arts d’Amour, parmi lesquels on cite le De arte honeste amandi, d’André le Chapelain, traduit en français par Drouart la Vache ; — La Clef d’Amours, de Jacques d’Amiens ; — Le Conseil d’Amour, de Richard de Fournival ; — et par l’intermédiaire desquels la poésie courtoise s’insinue dans le Roman de la Rose. […] Froissart] ; — ni d’un historien moraliste ; — c’est-à-dire capable de tirer des faits une signification qui les dépasse ; — C’est ce qui le distingue de son contemporain Machiavel, entre autres traits ; — et sans rien dire de son ignorance du latin ou de de la tradition classique. — Ses qualités d’écrivain ; — et ce qu’elles retiennent de l’esprit du Moyen Âge.

1250. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Grâce à cette diversion et au parti qu’en tire Grinbert le Blaireau, les affaires de Renart se raccommodent devant l’assemblée, si bien que le Connil, le timide Lapin, ose se mettre en avant, parler à son tour en sa faveur et se porter pour sa caution avec l’Âne. Tout se passait donc au mieux pour Renart : le roi penchait à la paix, et Ysengrin, tout dolent, ne sachant plus comment s’en tirer avec sa colère, restait assis à terre entre deux bancs, sa queue entre les jambes, lorsqu’un coup de théâtre vient tout changer.

1251. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Mais ce qui était bien véritable aussi et frappant, c’est que tout ainsi que Montesquieu pouvait dire : « L’esprit que j’ai est un moule, on n’en tire jamais que les mêmes portraits », l’esprit de Marivaux, à plus forte raison, devait paraître un patron d’où il avait tiré à la fin toutes les broderies et toutes les dentelles.

1252. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Au bout d’un an, vers le mois de juin 1202, ceux des croisés qui furent fidèles au rendez-vous de Venise (car un grand nombre ne le furent pas, et chacun tirait de son côté), ceux-là qui tinrent la convention première, ne purent fournir aux Vénitiens toute la somme promise. […] [NdA] Combien il serait à désirer que M. de Wailly fît pour Villehardouin ce qu’il a fait pour Joinville, une traduction moderne exacte, qui nous tirât des à-peu-près et qui nous épargnât les petits faux sens !

1253. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Avoir vu, ne fût-ce qu’un jour, Richelieu tout-puissant dans la pourpre, et bientôt après voir la Fronde, la guerre civile déchaînée et l’anarchie, ce fut pour Bossuet un cours abrégé de politique dont il tira la juste leçon : mieux vaut certes un maître que mille maîtres, et mieux vaut encore que le maître puisse être le roi lui-même que le ministre. […] En résumé général, dans cette physionomie, la grâce du caractère couvrait si complètement la force de l’intelligence, et la suavité y tempérait si harmonieusement la virilité de l’ensemble, qu’on ne s’y apercevait du génie qu’à l’exquise délicatesse des muscles et des nerfs de la pensée, et que l’attrait l’emportait sur l’admiration… Voilà un Bossuet primitif bien adouci et attendri, cela me semble, un Bossuet qu’on tire bien fort à soi du côté de Jocelyn et de Fénelon, afin de pouvoir dire ensuite : « L’âme évidemment dans ce grand homme était d’une trempe, et le génie d’une autre.

1254. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

et aussi, cette revue faite, n’y a-t-il pas une conclusion générale à tirer sur le caractère presque exclusivement latin de notre littérature ? […] » Je crois qu’ici il y a trop d’envie de tirer à soi et à son sujet ce qui réellement n’y appartient ni de près ni de loin.

1255. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Je ne veux pas dire que d’autres écrivains ayant les mêmes pièces sous les yeux n’en tireraient pas d’autres idées, une autre conclusion ; mais, dans l’Histoire de M.  […] Je l’aime pour en tirer des sons, des accords, de l’harmonie ; je l’aime en artiste.

1256. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

L’air de Paris l’a tué, je le crois ; je le savais, et je ne pouvais pas le tirer de là. […] J’ai de tout essayé, jusqu’à tirer ma quenouille du fond de son étui où je l’avais depuis mon départ du Cayla.

1257. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

à plus forte raison à des officiers, qui ne doivent pas quitter leurs troupes, et moins encore des troupes de cavalerie. » — « J’ai cru, lui répondit Villars, que Votre Majesté me pardonnerait de vouloir apprendre le métier, de l’infanterie, surtout quand la cavalerie n’a rien à faire. » C’est encore à ce siège, et pour une autre action de Villars, que le roi dit de lui : « Il semble, dès que l’on tire en quelque endroit, que ce petit garçon sorte de terre pour s’y trouver. » Le maréchal de Bellefonds, ne pouvant aider son jeune parent que de ses conseils, lui donna du moins celui-ci, dont Villars profita : c’était d’apprendre le métier de partisan, et d’aller souvent faire des partis avec ceux qui passaient pour entendre le mieux ce genre d’entreprise ; car, faute d’avoir ainsi pratiqué le détail de la guerre, et de cette guerre légère de harcèlement et d’escarmouches, bien des officiers généraux, quoique braves, se trouvent ensuite fort embarrassés quand ils commandent des corps détachés dans le voisinage d’une armée ennemie. […] Après quelques ordres donnés, le prince se mit à la tête des premiers escadrons et tira son épée.

1258. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

C’est presque s’attribuer la sagacité souveraine et usurper sur la puissance universelle que de dire d’un être semblable à nous : « Il est cela ; et, tel point de départ étant donné, telles circonstances s’y joignant, il devait être cela, ni plus ni moins, il ne pouvait être autre chose. » Notez que je ne parle ainsi que parce que j’ai devant moi une ambition scientifique impérieuse et précise ; car, littérairement, et sans y attacher tant de rigueur, on peut se permettre de ces résumés vifs, de ces termes brefs qui peignent et qui fixent un personnage, de ces aperçus qui animent une analyse et qui ne tirent pas à conséquence. […] Sa tête est comme un creuset ; il sait tirer des choses ce qu’il cherche, pour peu qu’il y en ait des éléments : il les concentre.

1259. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Buffon lui accorde le génie créateur qui tire tout de sa propre substance : « Il n’existera jamais, lui dit-il, de Voltaire second » ; c’était une réplique au compliment de Voltaire qui avait appelé Archimède de Syracuse Archimède premier, pour donner à entendre que Buffon était Archimède second ; et faisant ainsi à son rival de Ferney les honneurs du génie, Buffon ne se réserve pour lui que le talent, lequel, si grand qu’il soit, dit-il, « ne peut produire que par imitation et d’après la matière. » Cette lettre à Voltaire, comme plus tard celles qui seront adressées à l’impératrice Catherine, passe la mesure ; Buffon y est deux fois solennel ; il y fait de la double et triple hyperbole, et l’homme qui, à son époque, avait le plus de sens et de jugement, nous fait sentir par là que ces qualités solides d’une éminente intelligence ne sont pas du tout la même chose que le tact et le goût. […] La série de lettres adressées à Mme Necker et tirées des archives de Coppet est sur un autre ton, et paraîtra des plus singulières, sinon des plus agréables.

1260. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Il croit qu’on peut tirer grand parti de ce vers alexandrin qui, bien manié, n’est pas si roide qu’il en a l’air, qui est capable de bien des finesses et même de charmantes négligences. […] Caen, imprimerie de Hardel, 1855, avec cette note : « Ce volume, tiré à petit nombre, ne se vend pas. » — J’en ai parlé au tome xii des Causeries.

1261. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Il n’y aurait pour cela qu’à partir de quelques principes généraux et convenus, à se montrer rigide et inexorable pour tout ce qui s’écarte de nos mœurs, de notre état de société et de civilisation, à faire la leçon d’un bout à l’autre, à condamner au nom d’un symbole whig ou d’un catéchisme libéral tout ce qui s’écarte de la droite ligne, une fois tirée : on arriverait ainsi à un effet certain et à une unité de conclusion qui séduit et satisfait toujours à première vue les lecteurs superficiels et les esprits tout d’une pièce. […] Elle tira de sa poche sa boîte à mouches, et en choisit une de médiocre grandeur qu’elle m’appliqua sur le visage.

1262. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Il paraît bien que, dans sa paresse, il acceptait volontiers des extraits tout faits de certains auteurs ; il ne refusait pas en cadeau les tabatières et autres petits objets, et tirait argent de tout ; il est évident que sa feuille où il préconise des bandagistes, des oculistes, des remèdes contre la goutte, etc., était aussi une feuille d’annonces, et, comme on dirait, une industrie. […] Selon moi, il n’a pas tiré un parti assez sérieux de Linguet et de ses nombreux écrits ; Linguet le paradoxal, si éloquent lorsqu’il a raison ; celui de qui Voltaire écrivait dans une lettre à Condorcet (24 novembre 1774) : « Si ce Linguet a d’ailleurs de très-grands torts, il faut avouer aussi qu’il a fait quelques bons ouvrages et quelques belles actions » ; celui dont Mme Roland, qui l’avait vu à Londres en 1784, a parlé comme d’un homme « doux, spirituel, aimable », corrigeant dans sa personne et dans sa conversation ce que sa plume pouvait avoir d’âpre et d’amer, et en particulier (chose rare chez un exilé) ne s’exprimant sur la France et les Français qu’avec circonspection, réserve et modestie17.

1263. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Jasmin n’avait guère faibli d’ailleurs, et il soutenait jusque dans son dernier volume, avec une sorte d’aisance et une verve de tempérament, cette dureté de condition qui condamne les artistes toujours en scène à se répéter, à repasser sur les mêmes tons, à tirer de leur chanterelle jusqu’à la dernière note, à jouer de leur voix jusqu’à la dernière corde. […] A voir un poëte du peuple occuper et, selon eux, usurper ainsi l’entière renommée, de jeunes et beaux esprits provençaux s’étaient dit qu’ils avaient, eux aussi, un passé et un avenir ; ils se mirent de parti pris à remonter aux sources, à les rechercher et à étudier, tout en chantant ; ils fondèrent cette union de poëtes, la société des Félibres, assez singulièrement nommée, mais qui s’est justifiée et démontrée par ses œuvres : l’un d’eux, Mistral, charmant poëte, esprit cultivé et resté en partie naïf, s’est d’emblée tiré du pair et illustré par la pastorale de Mireïo.

1264. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Surtout, lorsqu’il revint auprès de Frédéric en Silésie après avoir visité Vienne, avoir vu l’impératrice Marie-Thérèse et l’armée impériale assemblée à Kolin, M. de Gisors fut en butte à des questions réitérées de la part du pénétrant monarque : c’était un pas glissant, d’où il se tira sans indiscrétion comme sans embarras. […] Après l’avoir désiré et sollicité avec instance au début de cette guerre, il n’a plus l’air de tenir à son commandement, et à chaque contrariété on le voit prêt, pour ainsi dire, à remettre les mains dans ses poches, et disant que pour pis aller il lui restera toujours l’agrément d’aller tirer les perdreaux à Bernv.

1265. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Cette première fois le jeune enfant l’obtint ; il vit son père tiré vivant du sein du massacre et ramené à l’hôtel Molé aux applaudissements du même peuple mobile qui, la veille, l’aurait insulté, et qui le lendemain le verra mourir. […] La parole lisse, unie, polie, quand on la retrouve, en tire du charme.

1266. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Celui qu’invoquent nos prières Ne fait pas descendre les pleurs Pour étinceler aux paupières, Ainsi que la rosée aux fleurs ; Il ne fait pas sous son haleine Palpiter la poitrine humaine, Pour en tirer d’aimables sons ; Mais sa rosée est fécondante ; Mais son haleine, immense, ardente, Travaille à fondre nos glaçons. […] L’amour dont une âme est pleine, et qui cherche un langage, s’empare de tout ce qui l’entoure, en tire des images, des comparaisons sans nombre, en fait jaillir des sources imprévues de tendresse.

1267. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

En supposant cette conversion sincère, on s’étonne que Rousseau n’ait pas plus tiré parti pour sa poésie de cette nature de sentiments ; c’était peut-être en effet la seule corde lyrique qui fût capable de vibrer en ces temps-là. […] Quant à l’harmonie tant vantée de ce simulacre d’ode, elle n’est que celle du mètre que Rousseau emploie, qu’il n’a pas inventé, et dont il ne tire jamais tout le parti possible.

1268. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Ils sont toujours les fils de ceux qui, à Fontenoy, au lieu de tirer les premiers, mettaient le chapeau à la main, et, courtoisement, disaient aux Anglais : « Non, Messieurs, tirez vous-mêmes ».

1269. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Les troubles civils tireront de lui une manifestation originale et considérable, les Discours, dont nous parlerons en leur lieu ; auprès des contemporains, ils ont plus nui que servi à sa gloire, en lui aliénant les protestants. […] Mais si l’on veut être juste envers la Pléiade, on se souviendra qu’avant le romantisme, Ronsard est en somme notre plus certain lyrique ; en second lieu, qu’il est à peu près notre unique lyrique qui ait cherché son inspiration hors de la religion, hors même des faits historiques et de l’héroïsme, le seul qui ait tâché de tirer son œuvre des sources intimes du tempérament ; enfin, que Ronsard, c’est vraiment la première ébauche et la période, si l’on peut dire, préhistorique du classicisme : qu’alors dans la langue, dans la poésie, apparaissent une multitude de formes dont quelques-unes survivront, et deviendront les types parfaits, et stables pour un temps, de la poésie.

1270. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

« Les âmes les plus faibles de toutes sont celles dont la volonté ne se détermine point à suivre certains jugements, mais se laisse continuellement emporter aux passions présentes, lesquelles étant souvent contraires les unes aux autres, la tirent tour à tour à leur parti, et l’employant à combattre contre elle-même, mettent l’âme au plus déplorable état qu’elle puisse être… Il est vrai qu’il y a fort peu d’hommes si faibles et irrésolus qu’ils ne veulent rien que ce que leur passion leur dicte. […] De la même source se tirait aussi facilement l’exclusion du lyrisme et de l’histoire.

1271. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

On avise quelque sentiment ou quelque façon d’agir particulièrement honorable, et on tâche d’en donner quelque raison ou d’en tirer quelque remarque qui témoigne à la fois de notre esprit et de notre cœur. […] Et, par là-dessus, elle a sa voix, dont elle sait tirer parti avec la plus heureuse audace  une voix qui est une caresse et qui vous frôle comme des doigts  si pure, si tendre, si harmonieuse, que Mme Sarah Bernhardt, dédaignant de parler, s’est mise un beau jour à chanter, et qu’elle a osé se faire la diction la plus artificielle peut-être qu’on ait jamais hasardée au théâtre.

1272. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Ceux qui croient que la vérité est une non seulement en morale, mais en religion, en politique, en tout, qui croient posséder cette vérité en eux et la démontrer à tous par des signes clairs et manifestes, voudraient à chaque instant que la littérature ne s’éloignât jamais des lignes exactes qu’ils lui ont tracées ; mais comme il est à chaque époque plus d’une sorte d’esprits vigoureux et considérables (je ne parle ici ni des charlatans ni des imposteurs) qui croient posséder cette vérité unique et absolue, et qui voudraient également l’imposer, comme ces esprits sont en guerre et en opposition les uns avec les autres, il s’ensuit que la littérature, la libre pensée poétique ou studieuse, tirée ainsi en divers sens, serait bien embarrassée dans le choix de sa soumission. […] Laissons pour cette fois Voltaire, et, comme seule moralité à tirer de tout ceci, disons simplement : Jeunes filles, ne faites pas comme elle !

1273. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Il n’en reste pas moins qu’il existe une pathologie du Bovarysme, c’est-à-dire que le pouvoir de se concevoir autre, dont les bénéfices sont répartis d’une façon fort inégale à ceux qui en tirent profit, est pour beaucoup d’autres individus la cause d’égarement et le principe de ruine pu de ridicule que l’on a décrits. […] C’est en vertu de ce principe, et parce qu’elles étaient pourvues d’une organisation sociale toute rudimentaire, que les hordes barbares ont tiré un bénéfice du fait d’avoir adopté pour modèle un idéal étranger, l’idéal chrétien.

1274. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Il en tire une beauté. […] En voici un des exemples le plus remarquables : il est tiré du Duc de Foix.

1275. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Une femme ne peut plier les genoux, un homme ne peut déployer son bras, prendre son chapeau sur sa tête, et tirer un pied en arrière, que sur un écran. […] Je défie le génie même de la peinture et de la sculpture de tirer parti de ce système de mesquinerie.

1276. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Et de chaque côté on tire sur l’obstacle, — c’est-à-dire sur Hugo. […] Soyez persuadé que, si Voltaire vivait de notre temps, Hugo et lui se tireraient très courtoisement leurs chapeaux et se tiendraient l’un l’autre en grande estime. — S’il vivait de notre temps, Voltaire écrirait l’Histoire de Charles XII et le Siècle de Louis XIV dans le style preste, clair et net que vous savez ; mais il ne médirait pas pour cela de la phrase colorée, pittoresque et précise de Notre-Dame de Paris.

1277. (1887) La banqueroute du naturalisme

Margueritte réussissent maintenant à le tirer de là, ils n’auront pas fait peu. […] Zola que l’éclatant insuccès de La Terre démente la leçon qu’il aurait dû lui-même tirer depuis longtemps du seul rapprochement de ces chiffres ; et je suis persuadé qu’il le souhaite avec nous.

1278. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Ce sont les termes du dix-septième siècle, exacts, nobles, tirés de la langue générale, ni techniques, ni abstraits. […] S’il se porte à des figures plus hardies, elles sont suivies, raisonnables, tirées d’objets ordinaires, préparées de loin, sans rien qui puisse étonner ou choquer, simples effets d’une éloquence passionnée, simples moyens oratoires, au même titre que les raisonnements et les faits : « La religion de Pascal, dit-il, n’est pas le christianisme des Arnaud et des Malebranche, des Fénelon et des Bossuet ; fruit solide et doux de l’alliance de la raison et du cœur dans une âme bien faite et sagement cultivée ; c’est un fruit amer, éclos dans la région désolée du doute, sous le souffle aride du désespoir. » Telle est l’imagination de l’orateur, bien différente de celle de l’artiste, qui est brusque, excessive, aventureuse, qui se plaît aux images nouvelles, qui frappe et éblouit le lecteur, qui se hasarde parmi les figures les plus rudes et les plus familières, qui ne se soucie pas d’élever, par des transitions ménagées, les esprits jusqu’à elle, et dont la folie et la violence mettraient en fuite l’auditoire que l’orateur doit se concilier incessamment pour le retenir jusqu’au bout.

1279. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Cousin a tirés de la carrière et dégrossis. […] Cousin en tire un instant après contre la Renaissance sont assez fausses.

1280. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Pantins de chair, hommes, pour vous, Le Destin tire la ficelle ! […] Elle tire bon parti des paralysies, des amnésies et des catalepsies. […] Quel parti chaque institutrice tire-t-elle de ces éléments invariables ? […] Eux restent pour tirer les conclusions et déplorer dans : A quoi bon ? […] , il tira une des plus belles plumes et il m’en fit présent.

1281. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Un diagnostic sur M. de Goncourt devrait donc se tirer de M.  […] Le reste est devant lui comme le néant devant Dieu et vous savez que Dieu a tiré toutes choses du néant. […] Il faudrait simplement tirer parti des décédés et industrialiser les cadavres. […] Il n’y a pas de poète au monde qui ne dût tirer d’une pareille œuvre un immortel honneur. […] Les natures vulgaires s’en tirent comme elles peuvent, en adorant l’argent ou la chair.

1282. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

En attendant, les journaux du parti légitimiste vont se nourrir à satiété de ces souvenirs et en tirer les conséquences chimériques qui font leur ordinaire pâture.

1283. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

Aliste, qui a un poignard tout prêt, le tire aussitôt, s’en pique légèrement à la cuisse, le passe aux mains de Berte, qui le prend sans savoir pourquoi ; puis Aliste se met à crier, à réveiller le roi qui continuait de dormir, à montrer son sang, bien qu’il fasse nuit, et à accuser Berte, que la vieille Margiste vient saisir aussitôt comme sa fille, et la disant folle, sujette à ces frénésies.

1284. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Appendice. Note concernant M. Laurent-Pichat, et Hégésippe Moreau. (Se rapporte à la page 395.) » pp. 541-544

Mais ce n’est pas assez pour un certain monde qui veut le tirer à soi, l’exalter, et, ce n’est pas trop dire, le canoniser.

1285. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Introduction »

Schopenhauer l’admet, mais il n’en tire point les conséquences légitimes pour l’explication des idées et de leur force.

1286. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

Le moi n’entre en rapport avec eux et ne réussit à les distinguer que dans l’émotion qu’il ressent à leur occasion ; c’est de l’unique substance de cette émotion qu’il tire la représentation qu’il s’en forme ; c’est cette émotion même dont une part plus ou moins grande se transforme en connaissance.

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