/ 1822
504. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Et il dit : « Non, ça m’est égal, mais ça change tout mon ordre de travail, Je vais être obligé de faire Nana… Au fond, ça dégoûte les insuccès au théâtre… La Curée attendra… Je veux faire du roman. » Et il continue à faire tourner son couteau. […] Je suis seul dans mon wagon, et en la trépidation du chemin de fer, et par la nuit qui vient, ma pensée va au roman des « Deux clowns. » (Les Frères Zemganno.) […] Jeudi 12 septembre Saint-Cloud, où je vais étudier les saltimbanques pour mon roman. […] * * * — Il me semble que je dois bien faire mon roman des deux clowns, me trouvant en ce moment, la cervelle dans un état vague et fluide, convenant à cette œuvre, un peu en dehors d’une réalité absolue. […] * * * — Dans ce roman des « Frères Bendigo » ( Les Frères Zemganno), il y a quelques chapitres que j’écris avec le portrait de mon frère devant moi, il me semble que ça porte bonheur à mon travail !

505. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Si l’amour appelé vertueux, l’amour dans l’ordre et le mariage, lui paraissait peu favorable à son cadre de roman, s’il voulait l’amour libre et sans engagements consacrés, eh bien, c’était une conclusion encore satisfaisante et noble, encore digne d’être proposée de nos jours, non-seulement sans scandale, mais même avec fruit, au commun de la jeunesse ; du moins l’art, qui n’est pas si scrupuleux que la morale exacte, y trouvait un but idéal, une terminaison harmonieuse. […] C’est la différence, dans une même image, de la poésie lyrique au roman réel. […] Au fond il est bien clair aujourd’hui que cette Confession n’est que le récit, un peu voilé et dépaysé, du roman réel qui a fourni depuis le sujet de ces autres romans, à peine voilés et déguisés, Elle et Lui par George Sand, Lui et Elle par M.

506. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Le chanoine Gozzi avait une sœur de quatorze ans, Bettine, la plus jolie fille du quartier, toujours à la fenêtre, grande liseuse de romans, laquelle soignait et peignait les écoliers de son frère. […] Or, la réponse qu’il se fait est précieuse : « C’est en lisant des romans, dit-il. […] Quant à Casanova lui-même, il ne tarda pas à se perfectionner, et sans avoir besoin de lire beaucoup de romans, je crois. […] Mademoiselle de Liron est, comme on sait, l’héroïne d’un roman bien connu de Delécluze, le critique d’art du Journal des débats, et l’auteur des Souvenirs de soixante années, auxquels M. 

507. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

À deux ou trois ans de la prédication saint-simonienne, parurent les premiers romans de Mme Sand qui firent tant de bruit et trouvèrent tant de feuilletonistes à leur service, évidemment parce que l’auteur était femme et femme en rupture de ban du mariage, un inappréciable avantage en France, ce pays de mauvais sujets ! Ces romans n’étaient point, comme on eût pu le supposer, des impies plaidoyers en faveur des désordres d’une vie effrénée, mais une attaque directe et à fond contre l’inégalité matrimoniale, assez mal commode pour l’adultère. […] Elles tendirent à devenir dans la réalité la femme libre, que le saint-simonisme avait révélée ; car des romans passionnés popularisent une idée et la font passer plus vite dans les idées et dans les mœurs que la plus crâne et la plus cambrée des théories. […] Ce fut à dater des romans de Sand qu’on vit pulluler toutes sortes de livres en prose et en vers, écrits par des plumes féminines sur l’inégalité des conditions entre l’homme et la femme, et que le bas-bleu apparut, — le véritable bas-bleu, bien autrement foncé qu’en Angleterre, où le mariage, — une sauvegarde contre le bas-bleuisme, — est resté en honneur et où le mari s’appelle Lord encore… Comme il est beaucoup plus aisé de changer d’habit que de sexe, jamais, autant qu’en ce temps-là, on ne vit plus de femmes en habit d’homme, comme l’avait fait Mme George Sand, dont la redingote de velours noir, illustrée par Calamata, fut célèbre et qui s’appela longtemps George Sand tout court (le voyou, comme elle le disait elle-même dans ses Lettres d’un Voyageur) ; George Sand qui devait redevenir Mme Sand et presque Mme Dudevant dans sa vieillesse, — quand le terrible coup de locomotive de la vieillesse passe sur toutes les prétentions et les rafle, et qu’on acquiert la preuve alors qu’on n’était, de toute éternité, qu’une femme et que l’homme qu’on croyait faire n’a jamais dépassé le gamin !

508. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Quoique relativement supérieures à tout le reste du livre, les deux nouvelles de Lermontoff, qui sont les deux tiroirs d’un même roman et qu’il a intitulées Bela et la Princesse Mary, ne sont pas plus russes que les autres. L’auteur y refait, sous le nom de Petchorin, ce beau roman de René, la seule chose vraie qu’ait écrite Chateaubriand, et par un procédé assez grossier d’imitation (toujours l’imitation !) […] C’est le vieux type qui a couru le monde du xixe  siècle, un peu partout, que nous retrouvons dans le roman de Lermontoff, mais ni son bonnet caucasien ni sa redingote à brandebourgs d’or et à fourrures ne nous ont empêché de le reconnaître. […] » III Nous ne sommes pas plus heureux en mémoires privés qu’en histoire générale et qu’en roman.

509. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Haraucourt, Edmond (1857-1941) »

. — Amis, roman (1887). — Schylok, drame, adapté de Shakespeare (1889). — La Passion, poème dramatique (1890). — Les Vikings, poème (1890). — Seul, poèmes (1891) […] Car et plus encore dans son roman Amis que dans son livre de vers Âme nue, il avoue un retour, ce matérialiste, vers l’usage classique et spirituel de la pensée.

510. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Houssaye, Arsène (1815-1896) »

Houssaye, Arsène (1815-1896) [Bibliographie] Les Onze Maîtresses délaissées, roman (1840). — Les Sentiers perdus, poésies (1841). — Les Caprices de la Marquise, un acte (1844). — La Vertu de Rosine (1844) […] — La Poésie dans les bois (1845). — Histoire du quarante et unième fauteuil de l’Académie française (1845). — Romans, contes et voyages (1846). — Les Trois Sœurs (1847). — La Pantoufle de Cendrillon ; le Voyage à ma fenêtre (1851). — La Comédie à la fenêtre, un acte (1852). — Sous la Régence et sous la Terreur (1852). — Le Repentir de Marion (1854). — Poèmes antiques (1855). — Le Violon de Franjolé (1856). — Le Duel à la Tour (1856). — Le Roi Voltaire (1856). — La Symphonie de vingt ans (1867). — Le Chien perdu et la Femme fusillée (1872). — Cent et un sonnets (1873). — Roméo et Juliette, comédie (1873). — Lucie, histoire d’une fille perdue (1873). — Tragique aventure de bal masqué (1873). — La Belle Rafaela (1875). — Les Mille et Une Nuits parisiennes (1876). — Les Confessions.

511. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Un beau mot du général de Bellemare qui refusait de signer, et auquel un signataire disait : « Mais c’est du roman que vous faites là ! […] La volonté est remplacée chez moi par l’idée fixe, qui me rendrait malade, si je n’obéissais pas à son obsession. » Tout en taillant une pièce, dans Thérèse Raquin, il est, dans le moment, en train de chercher un roman sur les Halles, tenté de peindre le plantureux de ce monde. […] La conversation était tombée sur le roman. […] Oui, lui dis-je, je comprends votre goût, et les romans que mon frère et moi avons faits, et ceux surtout, que nous voulions dorénavant écrire, étaient les romans que vous rêvez. Mais pour faire ces romans tout unis, ces romans de science humaine, sans plus de gros drame, qu’il n’y en a dans la vie, il ne faut pas en pondre un, tous les ans… Savez-vous qu’il faut des années, des années de vie commune avec les gens qu’on veut peindre, pour que rien ne soit imaginé, qui ne corresponde à leur originalité propre… Oui, des romans comme cela, un romancier ne peut en fabriquer qu’une douzaine, dans sa longue vie, tandis qu’un de ces romans, qu’on fait avec le récit d’une aventure, amplifiée augmentée, chargée, dramatisée, on peut l’écrire en trois mois, ainsi que le fait Feuillet et beaucoup d’autres.

512. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Sue parmi les représentants littéraires du roman. […] Cette gazette, qui joue un si grand rôle dans le roman de M.  […] Pour encadrer le roman dans l’histoire, quelques rapides lectures ne suffisent pas. […] Ainsi conçu, le roman historique manque évidemment d’animation et d’unité. […] Hugo est arrivé au théâtre comme au roman, par l’ode.

513. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Mais plus tard, à Lyon, quand pour vivre il ajoute à ses travaux d’humaniste, à sa médecine, à ses almanachs une bouffonne imitation des vieux romans, il y tire sa principale inspiration des profondeurs de son expérience ; le souvenir de ses plus essentiels instincts comprimés et menacés pendant tant d’années met dans l’œuvre comme deux points lumineux : la lettre de Gargantua à Pantagruel, et l’abbaye de Thélème. […] Les vieux Romans, Geoffroy Tory, le Pogge, Cælius Calcagninus, Merlin Coccaie, le juriste Tiraqueau, le sermonnaire Raulin178, à qui ne doit-il pas ? […] Et quel bonhomme de cinq pieds et demi, dans nos romans et nos drames, est plus réel que ces géants ? […] Qu’on suive Pantagruel dans son tour de France : on verra comment Rabelais fait ressortir les choses d’un trait bref, avec quelle vigueur il enlève en trois mots une esquisse : au contraire, dans les amples scènes du roman, dans les discours étalés et les larges dialogues, dans la harangue de Janotus, dans les propos des buveurs, dans le marché de Panurge et Dindenaut, dans la défense du clos de l’abbaye ou dans cette étourdissante tempête, on sera confondu de la patience et de la verve tout à la fois avec lesquelles Rabelais suit le dessin de la réalité dans ses plus légers accidents et ses plus baroques caprices. […] Éditions : les Grandes et Inestimables Chroniques du grand et énorme géant Gargantua, réimpression d’un vieux roman où Rabelais a mis la main, Lyon, 1530.

514. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Le manuscrit s’est perdu ; mais ce qu’elle ne perdit jamais, c’est l’habitude de traduire en livre, en roman, en leçon, tout ce qui s’offrait à elle. […] Revenons au sérieux, et en présence de cette multitude d’œuvres, de traités, de romans, qui ne feraient pas moins de cent volumes, tâchons de dégager notre point de vue et de le simplifier. […] Après sa sortie de France et ses voyages à l’étranger, Mme de Genlis, rentrée à l’époque du Consulat, publia, de 1802 à 1813, quelques ouvrages qui tiennent à sa veine sentimentale et romanesque plus qu’à sa veine pédagogique, et dont quelques-uns ont obtenu un vrai succès : les Souvenirs de Félicie, première esquisse agréable, qu’elle a délayée depuis dans ses intarissables Mémoires ; une nouvelle qui passe pour son chef-d’œuvre, Mademoiselle de Clermont, et quelques romans historiques, La Duchesse de La Vallière, Madame de Maintenon, Mademoiselle de La Fayette : ce fut son meilleur moment. […] Je dirai donc quelque chose de l’éducation de Louis-Philippe et de la nouvelle de Mademoiselle de Clermont, c’est-à-dire de ce que Mme de Genlis a fait de mieux comme page d’histoire et comme page de roman. […] Dans ce petit roman, comme dans tous ceux de l’auteur, le récit, qui coule partout avec facilité, ne se relève nulle part d’aucune vivacité d’expression.

515. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

L’histoire d’Émire, au chapitre des Femmes, est un roman en cent lignes, ce qui est sans doute la vraie mesure du roman psychologique : car il y a des longueurs dans les quatre-vingts pages de la Princesse de Clèves (je ne compte pas les épisodes), et des redites dans les soixante pages d’Adolphe. […] Cet ennemi de l’esprit classique a, dans son besoin d’unité, soumis le réel aux simplifications et aux généralisations les plus impérieuses  Sa philosophie se retrouve, dramatisée, dans le roman naturaliste ; et l’on sait que le roman naturaliste lui faisait horreur. […] Il l’a découvert dans le roman russe, vous n’avez pas oublié avec quel succès. […] Victor Cherbuliez n’avaient cessé d’écrire, il proclama qu’il était urgent d’inventer le  « roman romanesque ». […] Prévost se mit à cuisiner des romans, — romanesques si l’on veut (je ne pense pas que lui-même tienne beaucoup à cette étiquette)  disons simplement des romans d’amour, où je vois bien qu’il y a moins de gros mots que dans les livres de M. 

516. (1894) Critique de combat

Vous allez nous parler de romans ? C’est bien de romans que nous avons affaire ! […] Le roman commence largement. […] Le roman social finit en roman d’aventures. […] Lisez alors le dernier roman que M. 

517. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 19, de la galanterie qui est dans nos poëmes » pp. 143-146

Monsieur Perrault avoit reproché aux anciens qu’ils ne connoissoient point ce que nous appellons galanterie, et qu’on n’en voïoit aucune fleur dans leurs poëtes, au lieu que les écrits des poëtes françois, soit en vers, soit en prose, ces derniers écrits sont les romans, se trouvent parsemez de ces gentillesses. […] Les poëtes et les faiseurs de romans, continuë Monsieur Woton, comme D’Urfé, La Calprenede et leurs semblables, qui, pour avoir occasion de faire parade de leur esprit, nous peignent leurs personnages pleins à la fois d’amour et d’enjouëment, et qui en font des discoureurs si gracieux, ne s’écartent pas moins de la vraisemblance, que Varillas s’écarte de la verité.

518. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Par sa conception, ce roman sort du cadre où se limite d’ordinaire le récit des romans. […] Tout en étant plus vague et moins bien encadré, le roman de Rosny nous touche plus directement. […] Le roman d’aventures, prises dans le sens que je vous ai indiqué, est le roman de l’avenir. […] Le chef-d’œuvre de la littérature moderne, Hamlet, est un roman d’aventures. […] Bibliothèque de romans historiques.

519. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

Ainsi, par exemple, au xviiie  siècle, le roman sans couleur, sans profondeur et sans idéal, de l’abbé Prévost, dont le héros est un escroc et l’héroïne une fille de joie, n’a-t-il pas été vanté comme un modèle littéraire par l’immoralité reconnaissante d’une époque abominablement dégradée ? Ainsi, plus tard, au xixe  siècle, n’avons-nous pas vu l’étrange fortune de ce petit roman d’Adolphe, si horriblement sec de fond et de forme, et dont personne n’eût parlé peut-être si l’auteur, plus roué qu’on ne croit, n’eût intéressé la fatuité humaine à la réussite de son ouvrage ; car tout homme, en disant que ce livre est vrai, ne semble-t-il pas révéler qu’il a connu le friand tourment d’une Ellénore ? […] Et nous disons romances, et non pas romans ; car le romancier le plus vulgaire, avec ce sujet d’une religieuse séduite et abandonnée, apostate de Dieu par amour d’un homme, aurait mis certainement plus de sang du cœur dans les larmes qu’il eût fait verser à sa chimère qu’il n’en passa jamais sur les joues de cette religieuse, qu’on nous donne comme une réalité.

520. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

L’Europe lut le roman espagnol et fut ravie. […] Dans le roman d’Avellaneda, le pauvre Don Quichotte n’a pas seulement, comme dans le roman de Cervantes, un côté du cerveau touché par le doigt mystérieux d’une bienveillante Fantaisie qui ne fait éclore le rêve que là où le doigt a touché ; non !

521. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Et, pour en revenir au roman si intéressant de M.  […] Confucius ne contait point de fables morales et ne composait point de romans métaphysiques. […] Le roman que je viens de lire, un Caractère, est certes une œuvre peu commune. […] C’est, avons-nous dit, un roman spirite. […] Par exemple, dans mon roman carthaginois, je veux faire quelque chose pourpre.

522. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Dujardin ne s’oublia pas lui-même ; il écrivit des contes, des poèmes, un roman et une trilogie dramatique, la Légende d’Antonia. […] Sans être un bon roman, ni de bonne littérature, Vieux est un roman amusant, et, avec cela, bien ordonné. […] Aurier serait allé très loin en ce genre, le roman de l’ironie comique, de l’amertume exhilarante : que de joies il nous eût données ! […] Tous leurs romans sont observés de haut, par un regard qui plonge ; ils dominent leurs personnages ; ils ne sont jamais familiers, mais jamais insolents. […] Tout ce qui ne put logiquement trouver place dans les romans devint la matière du Journal ― ce carnet colossal d’un romancier réaliste.

523. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [« Pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes »] » pp. 439-440

Et de tout temps les esprits de Benjamin Constant et de Mme de Staël s’étaient convenus bien mieux que leurs cœurs ; c’est par là qu’ils se reprenaient toujours… Benjamin Constant a laissé un roman qui fait suite à Adolphe : mais cela devient de plus en plus clairement son histoire. L’héroïne du nouveau roman est Charlotte, sa femme ; à la bonne heure !

524. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

. — Le Dernier Chapitre de mon roman (1803). — Le Peintre de Salzbourg, suivi des Méditations du cloître (1803). — Les Essais d’un jeune barde (1804). — Les Tristes, ou les Mélanges, tirés de la tablette d’un suicidé (1806). — Stella ou les Proscrits (1808). — Archéologie ou Système universel et raisonné des langues (1816). — Questions de littérature légale ; plagiat, supercheries (1812). — Dictionnaire de la langue écrite (1813). — Histoire des sociétés secrètes de l’armée (1815). — Jean Sbogar (1818). — Thérèse Aubert (1819). — Adèle (1820). — Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France (1820). — Smana ou les Démons de la nuit (1821). — Bertram ou le Château de Saint — Aldobrand (1821). — Trilby ou le Lutin d’Argail (1822). — Mélanges tirés d’une petite bibliothèque (1829). — Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux (1830). — La Fée aux miettes, roman imaginaire (1832). — Mademoiselle de Marsan (1832). — Souvenirs de jeunesse (1839). — La Neuvaine de la Chandeleur ; Lydie (1839). — Trésor des fèves et fleur des pois ; le Génie bonhomme ; Histoire du chien de Brisquet (1844).

525. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Ces mémoires sont absolument inédits, toutefois il m’a été impossible de ne pas à peu près rééditer, par-ci, par-là, tel petit morceau d’un roman ou d’une biographie contemporaine qui se trouve être une page du journal, employée comme document dans ce roman ou cette biographie.

526. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Ces mémoires sont absolument inédits, toutefois il m’a été impossible de ne pas à peu près rééditer, par-ci, par-là, tel petit morceau d’un roman ou d’une biographie contemporaine, qui se trouve être une page du journal, employée comme document dans ce roman ou cette biographie.

527. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Coleridge a écrit un roman historique réellement bon, et on peut le féliciter de son succès. […] Le roman, dit M.  […] Toutefois, le dernier de ces Livres Bleus, un lourd roman de M.  […] Naturellement il y a une histoire dans le roman de M.  […] Dans le cas du roman de M. 

528. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Comment le roman de Fielding a-t-il donné naissance aux livres de Valentin et de Lewis, comment à Lewis succéda M.  […] Mis en goût d’invention par ces publications de documents, ou peut-être poussé par son frère, Edmond de Goncourt s’adonna au roman moderne. […] Jamais un homme qui sent fortement ne fera, pour rappeler un paysage, ces ébauches de phrases si fréquentes dans le journal et les romans de notre écrivain. […] Sienkiewicz, dans son roman de Quo Vadis, parle sans cesse de jeunes gens et jeunes filles qui sont beaux comme des marbres. […] C’est pourquoi les hommes d’État lisent des romans d’aventures.

529. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

* * * — Placer dans un roman un chapitre sur l’œil et l’œillade de la femme, un chapitre fait avec de longues et sérieuses observations. […] Mme Dutillard, elle, était une grande liseuse de romans, et envoyait souvent le petit chercher des livres, dans un cabinet de lecture voisin. Le cabinet de lecture, où il allait chercher le plus généralement des romans d’Anne Radcliffe, était situé dans la maison, d’où devait partir, à bien des années de là, la machine infernale de Fieschi, et la bossue qui le tenait, avait pour commis un certain garçon, que Gavarni retrouva plus tard jouant les Amours dans les gloires des Funambules, et plus tard encore, libraire et éditeur de plusieurs séries de ses dessins. […] — Voyons, Madame, vous qui vous ennuyez, si vous mettiez un roman dans votre vie ! — Un roman, un roman ?

530. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Il a passé toute la représentation, dans le cabinet de Chabrillat, à lire un roman quelconque, trouvé dans sa bibliothèque, n’osant se montrer aux acteurs, que la veille, à la répétition, dit-il, sa mine désolée glaçait. […] * * * — C’est singulier, je suis un aristo, et je trouve qu’il n’y a que moi, dans le roman peuple, qui aie eu de la tendresse, des entrailles, pour la canaille. […] Pas un de ces critiques ne semble s’apercevoir de l’originale chose essayée par moi dans ce livre, de la tentative faite pour émouvoir avec autre chose que l’amour, enfin de la substitution dans un roman d’un intérêt autre, que celui employé depuis le commencement du monde. […] l’imagination de la peur… celle-là, je l’ai, oui, je l’ai… C’est malheureux, ajoute-t-il sur un ton léger, que cela ne puisse servir dans les romans. […] — la filiation d’un Pouyer-Quertier, descendant d’un ouvrier tisseur… Cela m’amusera, de l’écrire en dialogues, avec des mises en scène très détaillées… Puis mon grand roman sur l’Empire… Mais avant tout, mon vieux, j’ai besoin de me débarrasser d’une chose qui m’obsède, oui, nom de Dieu, qui m’obsède !

531. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Le roman de Clarisse venait de paraître, et comme il arrive pour tous les romans qui ont du succès, le monde, afin de le rendre plus ressemblant, s’appliqua aussitôt à l’imiter, à le copier de point en point. Le comte de Frise (Friesen), jeune seigneur allemand et neveu du maréchal de Saxe, très fat, très spirituel, se met en tête, un matin, de jouer au naturel le rôle de Lovelace ; il choisit son objet, il choisit aussi son confident : Pour rendre le roman complet dit Besenval, il fallait encore un Belfort, et j’en remplis le rôle sans en avoir le dessein. […] Besenval était ami de Crébillon fils, et il le consultait sur ses essais littéraires, il fit même un roman dans le genre de l’auteur à la mode, qu’il admirait : ici il aurait pu lui donner des mémoires, et, pour marquer l’époque dans son plein, c’est assurément mieux qu’un roman de Crébillon que ces deux chapitres de Besenval.

532. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

MM. de Goncourt sont deux auteurs qui n’en font qu’un et dont le nom a acquis toute sa signification depuis leurs deux ou trois derniers romans très-remarquables, mais surtout par ce drame d’Henriette Maréchal qui a fait éclat et qui les a bombardés tout d’un coup à la célébrité. […] La religion de l’histoire, le numen historiæ de Pline le Jeune et de Tacite, ils n’en ont pas une bien haute idée, ils ne l’admettent pas : « L’histoire, disent-ils, est un roman qui a été ; le roman est de l’histoire qui aurait pu être. » — La tragédie, ils n’en pensent pas mieux que de l’histoire, mais ils la redoutent davantage, et ils lui en veulent comme au fantôme ennemi qu’on évoque de temps en temps et qu’on fait semblant de ressusciter contre les genres vivants et modernes ; ils disent : « Il est permis en France de scandaliser en histoire : on peut écrire que Néron était un philanthrope, ou que Dubois était un saint homme ; mais en art et en littérature les opinions consacrées sont sacrées : et peut-être, au xixe  siècle, est-il moins dangereux, pour un homme de marcher sur un crucifix que sur les beautés de la tragédie. » Artistes jusqu’à la moelle, ils voient le monde par ce côté unique de l’art ; c’est par là qu’ils sont offensés, c’est par là qu’ils jouissent ; c’est à être un artiste indépendant, sincère, absolu et sans concession, qu’ils mettent le courage civil : « Il faut plus que du goût, il faut un caractère pour apprécier une chose d’art. […] Voltaire a enterré le poème épique, le conte, le petit vers et la tragédie : Diderot a inauguré le roman moderne, le drame et la critique d’art. […] Cette porte secrète, ce kiosque, ce mystère, ç’a été le roman de plus d’un rêveur et rôdeur mélancolique dans nos générations de 1830 et environ.

533. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Ils se risquaient, malgré l’édit de 1548, à jouer des mystères sacrés, déguisés parfois sous les noms nouveaux de tragédies ou de tragi-comédies : ils jouaient des moralités, des mystères profanes, histoires et romans, un Huon de Bordeaux, un Amadis, une Prise de Troie. […] On peut dire que par les unités l’esprit classique s’est construit la forme littéraire la plus apte à l’exprimer ; et sans doute il n’était pas nécessaire que Corneille écrivit le Cid en 1636 : mais du moins, pour l’extraire du drame de Guillen de Castro, il lui fut utile de se sentir lié par ces lois nouvelles qui obligeaient de concevoir la tragédie autrement que comme un roman découpé en scènes. […] Le Cid et Chimène restent des personnages de roman, mais des personnages de roman qui seraient vrais et sensés. […] Horace assure le triomphe de la tragédie et détermine la disparition définitive des formes hybrides et confuses, telles que la tragi-comédie : Horace enfin rompt avec le roman, le précieux, l’Espagne, et ramène à l’antique.

534. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Mme Du Deffand représentait le siècle avant Jean-Jacques, avant l’exaltation romanesque ; elle avait pour maxime que « le ton de roman est à la passion ce que le cuivre est à l’or ». Et Mme de Lespinasse était de cette seconde moitié du siècle dans laquelle entrait à toute force le roman. […] Elle sentit en lui aussitôt et les qualités propres à cet homme si distingué et celles de la race forte à laquelle il appartenait : elle lui en sut gré également ; et elle qui n’avait jamais aimé d’amour, qui n’avait eu que des caprices et point de roman ; qui, en fait d’amitiés, n’en comptait que trois jusqu’alors sérieuses dans sa vie, celle de Formont et celle de deux femmes, dont l’une encore l’avait trompée ; cette moraliste à l’humeur satirique devint tout d’un coup tendre, émue autant qu’amusée, d’une sollicitude active, passionnée ; elle ne s’appartint plus. […] Mme Du Deffand lui portait envie de ce qu’il ne s’ennuyait jamais dans la solitude ; mais, avec son goût sévère, elle ne comprenait pas qu’on aimât pêle-mêle tant de choses, qu’on pût lire à la fois Shakespeare et La Guerre de Genève de Voltaire, admirer Mme de Sévigné et se plaire aux romans d’un Crébillon fils. […] [NdA] J’oserai plus dans une note ; elle disait tout net : « Ni tempérament, ni roman.

535. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Il l’aborda de préférence par le genre des pastorales et des nouvelles, et lui emprunta Galatée (1783), qu’il traita avec liberté d’ailleurs, et qu’il accommoda selon le goût du temps, en y donnant une teinte plus récente de Gessner : « J’ai tâché, écrivait-il à ce dernier, d’habiller la Galatée de Michel Cervantes comme vous habillez vos Chloés : je lui ai fait chanter les chansons que vous m’avez apprises, et j’ai orné son chapeau de fleurs volées à vos bergères. » Ce roman pastoral, mêlé de tendres romances, réussit beaucoup : toutes les jeunes femmes, tous les amoureux en raffolèrent ; les sévères critiques eux-mêmes furent fléchis : « C’est un jeune homme d’un esprit heureux et naturel, écrivait La Harpe parlant de l’auteur de Galatée, et qui aura toujours des succès s’il ne sort pas du genre où son talent l’appelle. » Il est vrai que, peu de temps auparavant, le chevalier de Florian avait adressé au même M. de La Harpe des vers d’enthousiasme, au sortir de la représentation de Philoctète : Je ne sais pas le grec mais mon âme est sensible ; Et, pour juger tes vers, il suffit de mon cœur ! […] La duchesse d’Orléans, fille du duc de Penthièvre, était un de ces types d’Estelle ; mais Florian avait pensé encore à une autre personne, à une jeune femme du monde, à laquelle il voulait dédier le roman sans la nommer. […] écrit Louise à Charles dans Le Presbytère (ce roman si simple et si vraiment touchant de M.  […] Dans ton beau roman pastoral, Avec tes moutons pêle-mêle, Sur un ton bien doux, bien moral, Berger, bergère, auteur, tout bêle. […] On l’a voulu faire venir de l’Orient, et voilà que le Moyen Âge nous la montre arrivant du Nord dans cet admirable Roman de Renart, qui est toute une épopée.

536. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

La supériorité, démontrée avec éclat et profondeur à plus d’une place, du roman et du livre sur l’œuvre théâtrale, opinion si peu française, mais si vraie, nous dit de reste comme Aubryet met son chapeau. […] sont des romans, et de tous les genres de roman le plus difficile. Ce sont des romans concentrés, taillés dans le roc vif de la brièveté, et je vous assure que c’est un fier roc ! […] Il faut être Balzac pour écrire La Grande-Bretèche ou Facino Cane, des romans où tout est en profondeur, au lieu d’être en longueur comme dans les autres.

537. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Topffer venait à peu près de terminer le roman de Rosa et Gertrude, dont la donnée et les situations lui avaient été suggérées par un rêve, et qu’il composa d’abord tout d’une haleine. […] C’est ainsi que lui-même nous les a montrés autrefois dans son gai récit de la Peur ; c’est ainsi qu’il y revenait plus mélancoliquement dans son dernier roman de Rosa et Gertrude. Il y a pour nous à dire quelque chose de ce roman qu’on va lire274, et qui ne jurera en rien avec le récent souvenir funèbre. […] Ces pages ont été écrites pour être publiées d’abord en tête du roman même.

538. (1842) Essai sur Adolphe

Il n’y a pas une page de ce roman, si toutefois c’est un roman, et pour ma part j’ai grand’peine à le croire, qui ne donne lieu à une sorte d’examen de conscience. […] Il n’y a dans le roman de Benjamin Constant que deux personnages ; mais tous deux, bien que vraisemblablement copiés, sont représentés par leur côté général et typique ; tous deux, bien que très-peu idéalisés, selon toute apparence, ont été si habilement dégagés des circonstances locales et individuelles, qu’ils résument en eux plusieurs milliers de personnages pareils. […] Sans doute il eût été facile à une imagination plus active et plus exercée d’encadrer le sujet de ce roman dans une fable plus savante et plus vive, de multiplier les incidents, de nouer plus étroitement la tragédie.

539. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Mais jamais l’un ne se fut immortalisé sans ses Oraisons funèbres, & son Discours sur l’Histoire universelle ; non plus que l’autre, sans son poëme ou roman admirable de Télémaque. […] Est-ce Homère ou Virgile qui a tenu le crayon dans ce roman moral ? […] On disoit que ses Maximes des saints étoient un roman, & que le roman de Télémaque étoit les Maximes des rois.

540. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

C’est toujours (non plus ici dans le roman mais bien dans la réalité) ce Julien Sorel (du Rouge et Noir) « au front bas et méchant », que les femmes, qui se connaissent en ressemblance, disaient être un portrait fait devant une glace, quoiqu’il leur parût un peu sombrement idéalisé. […] Il a la force dans l’invention (voyez les héros de ses romans et même ses héroïnes, qui sont toutes des femmes à caractère !) […] Lorsque Stendhal mourut, il allait peut-être nous donner quelque grand roman sur l’Italie du xvie  siècle dont il s’était violemment épris. […] Dans cette Correspondance, qui commence en 1829 pour finir en 1842, nous trouvons, au milieu de toutes les questions intellectuelles qui y sont agitées, plusieurs lettres où Stendhal parle d’amour pour son propre compte et non plus pour le compte de ses héros de roman.

541. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

C’est toujours (non plus ici dans le roman, mais bien dans la réalité) ce Julien Sorel (du Rouge et Noir) « au front bas et méchant » que les femmes, qui se connaissent en ressemblance, disaient être un portrait fait devant une glace, quoiqu’il leur parût un peu sombrement idéalisé ! […] Il a la force dans l’invention (voyez les héros de ses romans, et même ses héroïnes, qui sont toutes des femmes à caractère !) […] Lorsque Stendhal mourut, il allait peut-être nous donner quelque grand roman sur l’Italie du xvie  siècle, dont il s’était violemment épris. […] Dans cette Correspondance, qui commence en 1829 pour finir en 1842, nous trouvons, au milieu de toutes les questions intellectuelles qui y sont agitées, plusieurs lettres où Stendhal parle d’amour pour son propre compte, et non plus pour le compte de ses héros de roman.

542. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Il n’a pas songé à une source aussi intéressante qu’importante : les romans. Les frères Leblond ont pu écrire un livre, l’Histoire de la société française sous la troisième république, d’après les seuls romans. […] Néo-classiques, divisés en école romane (Raynaud, Du Plessis, De La Tailhède) et indépendants (Hérold, Quillard, Tailhade). […] » — La réforme lexicographique n’a pas plus d’importance ; il ne faut mettre au compte de la poésie symboliste ni les fantaisies ingénues de l’école romane, ni l’archaïsme dont M. 

543. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

Je ne saurais mieux définir le sentiment de profonde affection et comme de piété que je portais alors jusque dans la critique littéraire, qu’en rappelant un passage de mon roman de Volupté, où Amaury s’écrie (chap. xxi) : « … Dans les Lettres mêmes, il est ainsi des âmes tendres, des âmes secondes, qui épousent une âme illustre et s’asservissent à une gloire : Wolff, a dit quelqu’un, fut le prêtre de Leibnitz. […] L’amitié resta entière entre nous jusqu’à la publication de mon roman de Volupté, qui, je ne sais pourquoi, déplut fort a Béranger par son esprit, et même lui porta ombrage en quelques endroits. […] Dans les divers projets dont vous m’avez autrefois entretenu, celui du roman populaire, d’un Gil Blas moral, m’a souvent souri, comme allant à merveille à votre rôle et devant compléter votre œuvre. — Il se prépare ici une saison assez littéraire, assez poétique même : nous allons avoir dans une quinzaine un volume lyrique de Hugo ; il y aura des vers d’amour ; malgré toutes les hésitations, il se décide à son coup de tête, et bien que ce soit une unité de plus qu’il brise dans sa vie poétique (l’unité domestiqueaprès à politique et la religieuse), peu importe à nous autres frondeurs des unités et au public qui ne s’en soucie plus guère : les beaux vers, comme seront les siens, je n’en doute pas, couvriront et glorifieront le péché.

544. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

… L’école du vrai dans le roman français ne semble pas avoir achevé son évolution… et je ne dis pas le vrai photographique et plat, mais le vrai suggestif qui fait penser, — difficulté aussi grande au moins que l’invention du symbole. […] Mais encore, dans le grand courant de la poésie française, il ne peut être et ne sera jamais que la source du thalweg, le ruisselet sous-marin qu’il est actuellement. » Et Alfred Vallette se préoccupait de nous donner le roman vrai en écrivant Monsieur Babylas. […] Moréas dira de tout cela, quelques années plus tard, sévère pour lui-même : « C’est purement grotesque. » Jean Lorrain y donna des extraits d’un roman, Très Russe, « où il y a, dit-il, des portraits, celui de Guy de Maupassant, celui de Paul Bourget, un panorama de la société royale et de l’Empire ».

545. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Ça s’appelle Joujou et c’est un démarquage d’un bien médiocre roman, L’amour infirme de Hugues Le Roux. […] En attendant l’ouverture, lointaine j’espère, de la succession, Henri de Régnier essaie de gagner quelque argent dans le roman. […] Il sait cuisiner un discours, un article de journal, un roman, un volume de critique ou presque et Mme Comédie-Française ne l’accuse pas tous les jours de faire danser l’anse du panier.

546. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Tout le roman moderne est en germe dans La Bruyère. […] Qu’est-ce qui surtout distingue ce roman des romans de Sand, de Sandeau, d’Alphonse Karr, etc. ? […] Bourget par ses premiers romans (et avec ou après lui tous ceux qui ont collaboré au roman psychologique) et par ses vers, et M.  […] Léon Bloy, pamphlétaire92 et romancier qui met le roman en pamphlet et le pamphlet en roman. […] Hector Malot pour ses premiers romans, M. 

547. (1874) Premiers lundis. Tome II « Le poète Fontaney »

Des infortunes privées, tout un roman désastreux que tous ses amis savent, s’y joignirent et achevèrent de ruiner, non pas son courage qui fut grand jusqu’au bout, mais sa santé et ses forces. D’une main affaiblie il écrivait encore dans cette Revue, il y a peu de temps, de bien fermes et spirituelles pages sur les romans et poésies du jour28 ; si quelque ironie chagrine y perce, il n’est aucun des blessés, aujourd’hui, qui ne le lui pardonne.

548. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbey d’Aurevilly, Jules (1808-1889) »

— L’Amour impossible, roman (1841). — La Bague d’Annibal (1843). — Du Dandysme et de Georges Brummel (1845). — Une vieille maîtresse (1851). — Les Prophètes du passé (1851). — L’Ensorcelée, roman (1854)

549. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

L’Histoire de la Baronne de Lus, les Confessions du Comte de ***, sont réellement des Ouvrages bien écrits, pleins d’esprit & de sagacité ; le dernier principalement passera pour un Roman original ; mais ses Ouvrages ne seront, après tout, que des Romans qu’on ne relit pas deux fois.

550. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Les hommes d’esprit des romans de Balzac sont plus spirituels que cela, et Dieu sait si les hommes d’esprit des romans de Balzac sont spirituels ! […] Le roman de M. Claude Lorris est le roman de la décristallisation. […] Il y a quelque chose de cela dans tout le roman. […] Il faut lire les romans de Goncourt ? 

551. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Élémir Bourges vient de publier, à la Librairie Parisienne, un nouveau roman. […] Dans le roman, les choses ne se passent pas de la même façon. […] Donc, le roman ne nous donne pas une divinité incontestable. […] voilà une pièce, et voilà un roman. […] Déroulède, repentant et dégoûté, avait donc fait un roman d’amour.

552. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Je ne crains pas d’affirmer que ce roman ne serait pas naturaliste. […] Mais son livre est jeté tout entier dans le moule du roman nouveau. […] Émile Zola aussi nous donnera, tôt ou tard, un roman militaire. […] On prétend que le roman naturaliste est une littérature fondée sur la science. […] Les romans de M. 

553. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Le roman est d’ailleurs une forme mille fois plus complète et plus large. […] Dans le roman, il semblerait qu’il méconnut les conceptions de Flaubert, des Goncourt ou de Zola. […] Zola considère le roman comme un chapitre d’histoire naturelle. […] Sinon nous ressuscitons le roman naturaliste. […] Mais c’est surtout dans la tragédie et dans le roman, qu’il faut en attendre d’immédiates réalisations.

554. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

C’est pourquoi je ne puis me décider, comme tant d’autres, à me marier sans mon cœur. » « Une femme qui n’a ni mari ni amant, ne peut écrire des romans. […] Mardi 10 janvier Dans la préface de son nouveau roman, Maupassant attaquant l’écriture artiste, m’a visé, — sans me nommer. […] Vendredi 10 février À propos de jolis détails amoureux, sur les vieux et les vieilles de Sainte-Périne, je répétais au jeune Maurice de Fleury, qu’il avait là un admirable roman à écrire, — le roman manqué par Champfleury, — et qu’il fallait continuer à prendre des notes, tous les jours, et à ne pas se hâter, et à attendre que son talent fût mûr, pour faire avec tout le temps nécessaire, une belle étude bien fouillée sur ces vieillesses des deux sexes. […] Vendredi 7 septembre Le succès présent du roman russe est dû, en grande partie, à l’agacement qu’éprouvaient nos lettrés spiritualistes, de la popularité du roman naturiste français, et qui ont cherché le moyen d’enrayer ce succès. […] Et voici Porel, avec sa facilité d’emballement, rêvant déjà de décors exotiques et de mélodies haïtiennes, et faisant du Mariage de Loti, dans son imagination, la pièce à succès de la fin de l’année, et voilà l’auteur du charmant roman, tout charmé, et sous le coup de la fascination de cette chose nouvelle : le théâtre, — et qui invite Porel à venir à Rochefort, et à travailler à la pièce, à eux deux.

555. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

La femme d’un de nos auteurs en vedette, un peu dépitée de l’admiration de son mari pour sa beauté, l’appelle « une héroïne de roman du Petit Journal ». […] Lundi 25 avril Oui, je le répète, à l’heure présente, la lecture d’un roman et d’un très bon roman, n’est plus pour moi, une lecture captivante, et il me faut un effort pour l’achever. Oui, maintenant j’ai une espèce d’horreur de l’œuvre imaginée, je n’aime plus que la lecture de l’histoire des mémoires, et je trouve même que dans le roman, bâti avec du vrai, la vérité est déformée par la composition. […] » Zola reprenant brutalement : « Il ne s’agit pas de couleur… ici, c’est un remuement des âmes qu’il faut peindre… Eh bien, oui, ce spectacle m’a empoigné de telle sorte que, parti pour Tarbes, j’ai passé, deux nuits entières, à écrire sur Lourdes. » Puis dans la soirée, il parle de son ambition de pouvoir parler, des essais qu’il fait de sa parole, jetant à sa femme, comme avec un coup de boutoir : « Des romans, des roman », c’est toujours la même chose !  […] À Rome, le récit de la vie de Mme Gervaisais, de la vie de ma tante, en notre roman mystique, est de la pure et authentique histoire.

556. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Daudet, Alphonse (1840-1897) »

. — Le Petit Chose, roman (1868). — Le Sacrifice, comédie en trois actes (1869). — Les Lettres de mon moulin (1869). — Les Lettres à un absent (1871). — Lise Tavernier, drame en un acte (1872) […] Georges Rodenbach On peut définir Alphonse Daudet le poète du roman.

557. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Le roman et la poésie ont voulu être de la peinture, de la musique, de la sociologie, etc… À ces croisements multipliés et peu raisonnables s’est abâtardie la sève littéraire d’un pays qui reste cependant encore le premier, dans le domaine littéraire et idéologique. […] Georges Casella à la Critique, au Roman et au Théâtre.

558. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Et enfin, par là-dessus, il a les préoccupations de trois procès : le procès en diffamation, à propos de Lourdes, un procès avec le Brésil, je ne sais à propos de quelle piraterie, un procès avec Le Gil-Blas, dont il n’a pas encore touché un sol des 50 000 francs, qui lui sont dus pour son roman de Lourdes. […] Finot ; le directeur de la Revue des Revues, un Polonais, qui me parle aimablement du succès de ma littérature dans les pays slaves, dans ces contrées, où se forment des réunions d’une trentaine de personnes, pour entendre la lecture d’un livre nouveau, et il m’apprend, à mon grand étonnement, que Charles Demailly est le roman de tous mes romans, qui a eu le plus grand succès là-bas. […] » Elle me parle d’un roman intitulé : Sarah Grand, qui a abordé la question sexuelle dans le mariage, et qui est beaucoup plus érotico-médical, que ne le sont mes romans, et elle m’affirme que sur les théâtres de Londres, le baiser, la caresse, le pelotage, vont plus loin, qu’on ne l’oserait sur un théâtre, en France. […] Brunetière, qui ne trouve rien de mieux, pour vous désigner au mépris public, que de vous appeler un romancier japonais, quand tous les romans japonais sont des romans d’aventures, et que les romans de mon frère et de moi, ont cherché, avant tout, à tuer l’aventure, dans le roman. […] Et cet effort du style, jamais il ne s’y livra avec plus d’acharnement, que dans le dernier roman qu’il devait écrire, dans Madame Gervaisais, où peut-être la maladie, qui était en train de le tuer, lui donnait, dans certains fragments, je le croirais, comme l’ivresse religieuse d’un ravissement.

/ 1822