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987. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Sûrement, il y a autre chose… » Le second acte original du jeune Empereur, ç’a été de briser l’homme qui représentait sans doute, en Allemagne, la politique nationale, mais aussi la vieille politique, celle des Richelieu, des Frédéric, des Napoléon, celle qui d’ailleurs a duré beaucoup plus longtemps que les conditions historiques qui la justifiaient, la politique du temps où les groupes humains étaient imparfaitement constitués, où les patries étaient multiples et incertaines, où les peuples pouvaient encore être considérés comme des fiefs et des héritages, où les guerres étaient guerres de princes et non de peuples.

988. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

Les autres croient tout au plus à l’utilité de leur mission publique et de la tradition qu’ils représentent.

989. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

On avait représenté de lui un drame en un acte, en vers, La Rencontre, se résumant en trois scènes d’une donnée amère, mais laissant l’impression d’une très pure poésie.

990. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Heredia, José Maria de (1842-1905) »

L’or ne vaut pas par lui-même, mais par ce qu’il représente.

991. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

Henri de Régnier La lamentable Sapho qu’on a représentée, l’autre soir, toute de rhétorique vide et de faible emphase, a eu raison de faire le « saut fatal » et n’entraine-t-elle pas avec clic et à sa suite, emblématiquement, la « poésie parnassienne », dont elle est un excellent modèle.

992. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

Il y a l’Académie française, où tout ce qui touche à la littérature est représenté : calcul des probabilités, présidence du Conseil, opérette, percement d’isthmes (ou prolifisme).

993. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 439-450

Cette Piece n’a point été représentée.

994. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

Les récits étoient allégoriques, & convenoient également aux personnages qui étoient représentés & aux princes qui jouoient dans ces sortes de divertissemens.

995. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Il représente son ennemi caché, entouré de ridicules beaux-esprits qui lui font habituellement leur cour, qui répétent à l’envi chacune de ses maximes, & qui vont partout rapporter, comme un bon mot, une sottise qu’il leur a débitée avec emphase.

996. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 42, de notre maniere de réciter la tragédie et la comedie » pp. 417-428

Il est assez établi en Europe, comme je l’ai déja dit, que les françois, qui depuis cent ans composent les meilleures pieces dramatiques qui paroissent aujourd’hui, sont aussi ceux qui récitent le mieux les tragedies, et qui sçavent les représenter avec le plus de décence.

997. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 2, du génie qui fait les peintres et les poëtes » pp. 14-24

Mais la fermentation du sang la plus heureuse ne produira que des chimeres bizarres dans un cerveau composé d’organes, ou vicieux ou mal disposez, et par consequent incapables de représenter au poëte la nature, telle qu’elle paroît aux autres hommes.

998. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 7, que les genies sont limitez » pp. 67-77

On voit à Bruxelles dans la gallerie du prince De La Tour de grands tableaux d’histoires, faits pour servir de cartons à une tenture de tapisserie, qui représente l’histoire de Turriani de Lombardie, dont descend la maison de La Tour-Taxis.

999. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « Introduction »

C’est à partir de cette époque que la libre vie de l’intelligence a repris son cours détourné par l’effort chrétien d’annihilation cérébrale, que la nature et l’esprit de l’homme ont repris contact et renouvelé leur alliance. « Pour la première fois, l’homme entre dans l’intimité de l’univers1. » La Réforme représente le premier coup porté au dogme catholique erroné.

1000. (1915) La philosophie française « II »

C’est une philosophie qui serre de près les contours de la réalité extérieure, telle que le physicien se la représente, et de très près aussi ceux de la réalité intérieure, telle qu’elle apparaît au psychologue.

1001. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Avares de leur attention, les Italiens, en voyant jouer les Horaces, ne vont pas chercher une leçon sur l’histoire romaine ; en voyant représenter un opéra bouffon, ils n’assistent point à un jeu d’esprit : l’action est nulle, que leur importe ? […] Le théâtre est fou comme les passions qu’il représente et qu’il se propose d’exciter. […] Qu’on se représente cette assemblée de critiques dans le costume du temps, avec leurs manteaux, leurs perruques, leurs fraises, leurs calottes, leur physionomie austère ; on ne sera point surpris de la barbarie de cette opinion. […] On pourrait croire que c’est à Maxime, représenté comme un vil scélérat, à faire le personnage de Cinna, et que Cinna devrait dire ce que dit Maxime. […] On n’entend pas bien comment la bassesse représente les premiers mouvements du cœur d’un héros : ces premiers mouvements sont-ils bas ?

1002. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Il n’exprime que la magnificence dans ceux qui par leur état doivent représenter ; il exprime la vanité dans les autres. […] L’erreur n’étoit pas d’adorer un morceau de bois ou de marbre, mais d’adorer une fausse divinité représentée par ce bois & par ce marbre. […] La religion juive qui précéda la nôtre, & qui fut donnée par Dieu même, étoit toute remplie de ces images sous lesquelles Dieu est représenté. […] Vous calculez ; mais il faut que vous vous représentiez des unités redoublées, sans quoi il n’y a que votre main qui opere. […] Loin de dépendre de la volonté, elle la détermine, elle nous pousse vers les objets qu’elle peint, ou nous en détourne, selon la maniere dont elle les représente.

1003. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Fondus en un seul volume et complétés par des pièces de vers de date plus récente, ils représentent la vie poétique de l’auteur jusqu’en 1845. […] Hypatie est la muse de Leconte de Lisle et représente admirablement le sens de son inspiration. […] Le ton du livre est tout à fait moderne et représente assez justement l’état actuel de la poésie. […] Chaque siècle est représenté par un tableau important et qui le caractérise, et ce tableau est en lui-même d’une perfection absolue. […] Léon Faucher, aucun de ces prix ne fut donné à un des ouvrages nouveaux représentés sur la scène de la rue Richelieu.

1004. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Lorsque M. de Balzac arrête sur le trottoir de quelque rue étroite et boueuse un usurier, une fille à parure équivoque, un petit rentier, un recors, un marchand, il a, pour nous représenter, pour nous détailler sa créature, une verve, une certitude de trait qui saisit l’esprit et le cloue au récit du conteur. […] Octave est censé représenter un type assez commun dans la jeunesse de nos jours. […] Le sujet disparaît sous les accessoires, et au lieu d’un drame politique émouvant par les faits importants qu’il représente et par la grandeur des personnages qu’il met en scène, Lorenzaccio n’est plus qu’une pièce fort amusante et très spirituellement écrite. […] Avec une pareille donnée, on a, certes, les coudées franches pour représenter le bonheur, ou au moins le plaisir ; le poète a cependant tiré un très médiocre parti de tant d’éléments réunis à si grands frais. […] Le représenter comme une vertu farouche !

1005. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Montigny avait, en effet, le droit de représenter une pièce qu’on lui avait adressée, avec prière de la jouer, et dont les droits d’auteurs, perçus par l’agent dramatique, seraient à la disposition de l’inconnu, quand il lui plairait de se faire connaître ; mais le directeur du théâtre n’avait pas le droit de vendre à un éditeur la pièce qu’il représentait. […] Marcel Prévost d’apporter un léger correctif au mot Vierge, pour que ce mot qui représente l’innocence et la candeur devienne suspect, presque impudique. […] L’une d’elles représente l’irréductible logique, l’autre le rêve enthousiaste qui n’a pas assez de l’univers pour y développer son domaine. […] Chacune de ces divisions représente une étape de la vie de l’homme et des pérégrinations de sa pensée, qu’elle constate un fait ou nous entraîne aux hautes spéculations de sa philosophie et de sa poésie. […] L’étude prolongée du cadavre humain avait donné au sculpteur le désir de représenter l’animal vivant.

1006. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

En outre, si ces images valent elles-mêmes quelque chose, leur valeur ne consiste pas uniquement dans la forme qu’elles représentent ; il faut qu’une matière plus ou moins précieuse y ait aussi sa part, et la matière les rend fragiles. […] Quelle « suggestion » plus forte et plus incessamment présente pouvons-nous imaginer que celle du nom qui est notre signe, qui nous accompagne et nous représente partout, qui est nous-mêmes et qui durera plus que nous-mêmes, puisqu’il continuera de vivre et de nous représenter au moins un certain temps quand nos personnes auront disparu ? […] La postérité, ayant décidé que La Rochefoucauld représentait en perfection le talent d’exprimer sous une forme sententieuse et brève les observations misanthropiques d’un grand seigneur désabusé du monde, a brusquement arrêté à cet article la liste de ses mérites supérieurs, sans examiner s’il en avait d’autres, laissant à Retz et à Saint-Simon l’honneur exclusif de représenter, supérieurement aussi, un talent d’une autre espèce. […] Assurance précaire, dont l’idée fait rire et rappelle la question naïve du campagnard au Parisien qui lui représentait la fragilité de ce trésor immense à la merci d’un incendie : « Est-ce que tout ça n’est pas assuré ?  […] La pièce, plusieurs fois représentée, avait attiré peu de monde, et le directeur de l’Odéon était décidé à offrir au public un autre spectacle, quand tout à coup le temps changea, la pluie se mit à tomber, et le théâtre se remplit.

1007. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

De même le mot humour, comme le mot snob d’ailleurs, de quoi j’ai parlé naguère, semble avoir changé peu à peu de signification, de manière à représenter maintenant, à très peu près, le contraire de ce qu’il représentait jadis. […] Tous les personnages de Shakespeare parlent, non une langue qui leur serait propre, mais toujours la langue de Shakespeare, cette langue imagée, artificielle, que non seulement ne pouvaient parler les personnages qu’il représente (M.  […] Mais si j’étais directeur de la Comédie-Française, je ferais certainement, dans la même soirée, représenter la Bérénice de Racine et Tite et Bérénice de Corneille. […] Cependant, jugeant qu’il n’avait rien à faire en Italie, il se disposa à retourner en Allemagne pour tâcher d’y faire représenter ses pièces, qui attendaient toujours les feux de la rampe. […] , Molière y est représenté en tragique.

1008. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Elle vous représente tel que vous étiez au théâtre de Berlin vers 1780. […] On l’a représenté comme un enfant ailé. […] Ils se représentent le monde extérieur d’après les impressions qu’ils en reçoivent. […] — Je vous trouve bien impertinent, lui dit-il, de représenter la nature comme vous faites. […] Il représentait, quand il parut, l’état de la science.

1009. (1876) Romanciers contemporains

Fabre a représenté l’orgueil, dans le Marquis de Pierrerue. […] Tel on se le représente d’après ses livres, tel il est, et, en l’apercevant, on le devine. […] Mais il n’a représenté que ce qui est d’une vérité générale, et non d’une vérité accidentelle. […] Ces exagérations de style sont plus fréquentes chez ceux qui représentent un caractère ou une passion d’exception. […] Chavette, que toutes les classes de la société sont sans peine représentées dans ce tissu d’horreurs.

1010. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Bernstein, et qui fut représentée au Théâtre libre en 1901. […] Le peintre Berger construit mieux encore son malheur ; persuadé qu’on ne peut le désirer, il est hanté par l’idée de représenter une fausse image. […] Au cours de ses conclusions, Drieu, plein d’un respect toujours naïf devant la force, qu’elle soit représentée par Lénine ou par M.  […] Et qu’on le veuille ou non, il représente actuellement la France à l’étranger, avec Anatole France. […] H. de Jouvenel fut nommé ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, en mars 1924, par Poincaré, avant de représenter la France au Liban et en Syrie de novembre 1925 à juin 1926.

1011. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Rigal vient d’étudier si consciencieusement la biographie et les œuvres, a-t-il pour lui de représenter toute une époque de l’histoire du théâtre français. […] Les tragédies de Garnier, représentées dans les collèges, par des lettrés et pour des lettrés, écrites pour être lues, n’appartiennent qu’à peine — et comme qui dirait pour mémoire — à l’histoire du théâtre français. […] Qu’est-ce à dire, sinon que Hardy, dans l’histoire du théâtre français, représente moins un auteur qu’un moment, et son théâtre bien moins une œuvre qu’une époque ? […] Racine seul, au xviie  siècle, saura peindre et représenter comme d’Urfé les passions de l’amour. […] Ce n’est point d’ailleurs un vieillard, comme il semble qu’on se le représente, et beaucoup de gens se croient jeunes à son âge.

1012. (1813) Réflexions sur le suicide

Les sauvages sont heureux seulement de vivre, les prisonniers se représentent l’air libre comme le bien suprême, les aveugles seraient prêts à donner tout ce qu’ils possèdent pour revoir encore les objets extérieurs ; les climats du midi, qui animent les couleurs et développent les parfums, produisent une impression indéfinissable ; les consolations philosophiques ont moins d’empire que les jouissances causées par le spectacle de la terre et du ciel. […] Mais ceux qui se représentent les Anglais comme des hommes d’un caractère froid, se laissent tout à·fait tromper par la réserve de leurs manières. […] L’imagination se représente cette belle France qui nous accueillerait sous son ciel d’azur, ces amis qui s’attendriraient en nous revoyant, ces souvenirs de l’enfance, ces traces de nos parents que nous retrouverions ; à chaque pas ; et ce retour nous apparaît comme une sorte de résurrection terrestre, comme une autre vie accordée dès ici-bas ; mais si la bonté céleste ne nous a pas réservé un tel bonheur, dans quelques lieux que nous soyons nous prierions pour ce pays qui sera si glorieux, si jamais il apprend à connaître la liberté, c’est-à-dire, la garantie politique de la justice Notice sur Lady Jane Grey. […] À ce souvenir un regret insensé de la vie s’empara de moi ; je me la représentai sous des couleurs auprès desquelles le monde à venir ne me paraissait plus qu’une abstraction sans charmes.

1013. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« Ainsi ont été représentés les trois grands caractères sur lesquels repose le drame. […] Lord Talbot, bruyant, insupportable et obligeant sans bonté, a été représenté avec élégance, ainsi que ses amis importuns. […] On aurait en vain parlé raison à ce public, on aurait en vain représenté à cet enthousiasme socialiste que la société ne doit à personne, et surtout à un enfant de dix-huit ans comme Chatterton, que le prix réel de ses services, et non le prix auquel il évalue ses rêves ; qu’il n’y a rien d’humiliant dans un emploi servile bien rétribué, quand cet emploi, qui est celui des dix-neuf vingtièmes de la population, est honorable ; que le cri de haine contre la société étayée ainsi est le cri d’un fou qui veut avoir raison contre la nature des choses, et que le suicide à dix-huit ans par impatience est l’acte d’un frénétique. […] Il rajusta sur sa tête le schako couvert de toile cirée, et il donna ce coup d’épaule que personne ne peut se représenter s’il n’a servi dans l’infanterie, ce coup d’épaule que donne le fantassin à son sac pour le hausser et alléger un moment son poids ; c’est une habitude du soldat qui, lorsqu’il devient officier, devient un tic.

1014. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Il y a eu, il est vrai, un temps en Allemagne où l’on se représentait un génie comme petit, faible, voire même bossu ; pour moi, j’aime un génie bien constitué aussi de corps. » Goethe, pendant cette soirée, me plaisait plus que jamais. — Tout ce qu’il y avait de plus noble dans sa nature paraissait en mouvement ; les flammes les plus pures de la jeunesse semblaient s’être ranimées toutes brillantes en lui, tant il y avait d’énergie dans l’accent de sa voix, dans le feu de ses yeux. […] Elles sont pour les jeunes poètes, désireux d’apprendre comment on se représente, comment on traite artistement un sujet. […] Et après les supplices que l’on endure, on n’est pas dédommagé par le plaisir que l’on éprouverait à voir la nature humaine et les caractères humains représentés avec exactitude ; il n’y a dans son livre ni nature ni vérité ; ses personnages principaux ne sont pas des êtres de chair et de sang, ce sont de misérables marionnettes, qu’il manie à son caprice, et auxquelles il fait faire toutes les contorsions et toutes les grimaces qui sont nécessaires aux effets qu’il veut produire. […] Faust devient le nom du mal, Marguerite le nom du bien et du beau réunis dans une femme, Méphistophélès le nom de l’égoïsme indifférent au bien et au mal, et représente la corruption de ce monde vulgaire et pervers.

1015. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Ces trois vers sont admirables en effet, pour représenter le bonheur d’un héros chrétien désabusé, dans le ciel. […] On représente le plus souvent Malherbe dans sa chambre, entouré de ses disciples, trônant au milieu d’eux et leur disant toutes sortes de mots plus ou moins mémorables.

1016. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Lorsque la Révolution de 89 éclata, Roederer avait trente-cinq ans ; sa vie antérieure était déjà pleine de services, et surtout d’études et de travaux en tout genre, il nous représente bien à sa date, et dans sa province, ce que pouvait être un homme éclairé de cette génération qui portait en elle l’idée et les principes d’un ordre nouveau. […] Il s’était élevé en France une multitude d’hommes d’une éloquence forte et barbare, tels que notre fabuliste nous représente le Paysan du Danube, qui avaient bien mieux découvert que les orateurs des Assemblées nationales les voies de la persuasion et de l’entraînement, qui entraient bien plus avant dans les pensées, dans les passions, dans les préjugés, dans les intérêts imaginaires ou réels des dernières classes du peuple, qui sont les plus nombreuses.

1017. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

si cette Madame pouvait nous bien représenter celle que nous avons perdue !  […] Celle-ci se rendit chez la princesse, et, en présence de la duchesse de Ventadour pour témoin, représenta à Madame, après l’avoir écoutée, que le roi avait eu à se plaindre d’elle, mais qu’il voulait bien tout oublier.

1018. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Ce second ouvrage eut peu de succès, et ce n’était déjà plus le goût du temps ni des mondains, qui ne s’étaient jamais représenté Voiture comme un homme d’étude et de science. […] Parlant de cette patrie excellente de Voiture : « Il n’est rien, disait-il, qui sente mieux le sel attique ou l’urbanité romaine. » Girac allait plus loin, il voyait dans quelques-unes des lettres de Voiture un caractère moral assez marqué pour qu’on pût se représenter une image de l’âme de l’auteur, de ses mœurs, de son esprit plaisant et doux, de son agréable liberté de parole ; il citait comme exemple quelques-unes des lettres adressées à M. d’Avaux, et celle entre autres où il parlait de la duchesse de Longueville faisant diversion et lumière au milieu des graves envoyés germaniques au congrès de Munster.

1019. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Soubise, l’irréductible et l’insoumis, pour qui l’idée de violation ou de devoir envers le souverain de la France n’existait pas, déterminé, à toute extrémité, à faire la guerre des pirates plutôt que de se soumettre à son roi, nous représente bien le Français qui s’est oublié et jusqu’à un certain point dénaturé, ou qui du moins (car je ne voudrais rien dire d’injuste pour un vaincu) s’est tout à fait dénationalisé. […] Son style aime le panache, et ce panache ne lui messied pas, non plus qu’à la nation qu’il conduit et qu’il représente.

1020. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Et enfin, le 17 juin 1778 : Mon cher frère, je suis bien fâché que vous voyiez tout en noir, et que vous vous représentiez un avenir funeste, quand je ne vois de mon côté que de ces sortes d’incertitudes qui précèdent tous les grands événements. […] On lit dans une lettre du roi ce bel éloge : « Nous avons eu ici (10 octobre 1784) M. de Bouillé, qui est un homme de mérite, parce qu’il a su allier au mérite d’un bon militaire tout le désintéressement d’un philosophe ; et, quand on est assez heureux de rencontrer des hommes pareils, il faut en tenir compte à toute l’humanité. » Le prince Henri, en recevant M. de Bouillé à Rheinsberg, ne put s’empêcher de s’exprimer devant lui, de s’épancher sur le compte du roi son frère, comme il n’avait cessé malheureusement de penser et de sentir : Il le représentait, dit M. de Bouillé dans des mémoires dont on n’a donné que des extraits57, comme impatient, envieux, inquiet, soupçonneux et même timide, ce qui paraît extraordinaire ; il lui attribuait une imagination déréglée, propre à des conceptions décousues, bien plus qu’un esprit capable de combiner des idées pour les faire judicieusement fructifier.

1021. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Voltaire qui représente l’esprit ne conçoit nulle limite à son essor, et dès le premier jour il fraie sur le pied d’égalité avec les premiers. […] Il laissa donner sa Mérope, et il lui dut à Paris un triomphe des plus flatteurs, et qui présageait celui qui l’attendait aux mêmes lieux trente-cinq ans plus tard : Mercredi 20 (mars 1743), lit-on dans le journal de l’avocat Barbier, on représenta à la Comédie-Française la tragédie de Mérope, veuve du fils du grand Alcide et mère d’Égisthe.

1022. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Mes amis et ma famille s’y sont opposés : on m’a représenté que j’avais trop de bien dans ce pays-ci pour prendre un pareil parti ; j’ai cédé : il a donc fallu tâcher de se mettre ici à même d’aller son chemin ; je l’ai fait, et dans peu vous verrez si je vous trompe ; je ne saurais vous en dire davantage à présent. […] Mirabeau lui adresse de là, de ce lieu qu’il déteste, dit-il, par excellence, et où il est pour une affaire qui doit lui procurer de l’avancement ou amener sa démission du service, une lettre toute de conseils et d’excitations, et sur le même thème toujours ; « Vous êtes le premier raisonneur de France, mais le plus mauvais acteur » (acteur pour homme d’action) ; et en même temps il se représente, lui, comme un sage, un homme à principes fixes, et aussi un désabusé de l’ambition : Pour moi, dans les idées qui s’offrent à mon imagination, plusieurs se présentent avec empire, mais nulle avec agrément, que celle d’une solitude aimable et commode, quatre ou cinq personnes assorties de goût et de sentiment, de l’étude, de la musique, de la lecture, beau climat, agriculture, quelque commerce de lettres, voilà mon gîte !

1023. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Qu’on se représente bien la situation vraie et le lieu de chaque personnage. […] J’y opposerai seulement une certaine page des mémoires de Marolles où il se représente, sans y être obligé, comme singulièrement attaché à la pudeur, et n’ayant jamais manqué en rien d’essentiel aux devoirs de sa condition, et aussi cette autre page où, déplorant en 1650 la mort d’une petite fille née en son logis et sœur des deux autres personnes dont parle Jean Rou, il la regrette en des termes si touchants, si expressifs et si publics, que véritablement il ne semble pas soupçonner qu’on puisse attribuer sa douleur à un sentiment plus personnel : « Cela fait bien voir, dit-il simplement, ce que peut quelquefois la tendresse de l’innocence sur le cœur d’un philosophe quand il ne s’est pas dépouillé de toute humanité. » — Cette remarque faite pour l’acquit de ma conscience, chacun en croira pourtant ce qu’il voudra.

1024. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Comprendre une situation, recueillir les influences éparses autour de lui et les diriger vers un point auquel il était de leur intérêt d’arriver, c’était là son talent particulier, Mais soutenir une lutte longue et prolongée, intimider et dominer les partis en lutte, cela dépassait la mesure de ses facultés, ou plutôt de son tempérament calme et froid31. » Il fut heureux d’échapper le plus tôt possible aux ennuis de sa situation à l’intérieur en prenant en main le jeu diplomatique et en allant représenter la France au congrès de Vienne. […] Dans les commencements de leur liaison et quelques années auparavant, M. de Talleyrand avait eu l’idée de donner à Paris un grand dîner de personnages considérables, et représentant chacun quelque chose : Cuvier, la science ; Gérard, la peinture… Royer-Collard devait y représenter l’éloquence politique.

1025. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ainsi lorsque plus tard, à l’Odéon (1813-1815), elle jouait dans un drame de Rigaud, Evelina, le Mercure la louait en ces termes : « Mlle Desbordes représente Evelina avec décence. […] Cinq ans après, en 1827-1828, lorsqu’une nouvelle troupe anglaise revint à la charge pour représenter Shakspeare, un grand progrès s’était accompli dans l’intervalle chez les esprits cultivés ; les idées du journal le Globe avaient fait leur chemin dans la jeunesse.

1026. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

L’anxiété où il était alors, — où il fut durant tout cet été et cet automne de 1810, — sa fièvre morale nous est vivement représentée dans des lettres écrites à un ami, le baron Monnier, qui occupait un poste assez important auprès du duc de Bassano. […] Mais la volonté absolue, qui allait se briser contre la nature du Nord, n’aimait pas qu’on lui représentât ce qui en était, ni qu’on l’avertît trop de ce qui contrariait ses desseins.

1027. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Soumet et Guiraud appartiennent purement à cette phase de notre poésie, et en représentent, dans une espèce de mesure moyenne, les mérites passagers et les inconvénients. […] Quelques fragments imprimés depuis dans la Revue de Paris, et un petit drame en prose, représenté sans succès et lu avec plaisir, n’avaient pas contribué à éclaircir l’énigme : aujourd’hui Un Spectacle dans un Fauteuil l’a-t-il résolue ?

1028. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Parmi ces prétendants il y en avait de toutes sortes, de toutes professions, depuis le commerçant de diamants jusqu’au médecin et à l’académicien, jusqu’à l’épicier et au limonadier, puisqu’il faut le dire, et la moqueuse jeune fille se disait que, si elle représentait dans un tableau cette suite plus ou moins amoureuse, chacun avec les attributs de sa profession, comme sont les Turcs de théâtre en certaine cérémonie célèbre, cela ferait une singulière bigarrure. […] C’est que La Blancherie, ce jeune sage, cet ami de Greuze, avec ses vers, ses projets, ses conseils de morale aux pères et mères de famille, représentait précisément dans sa fleur le lieu commun du romanesque philosophique et sentimental de ce temps-là ; or le romanesque, près d’un cœur de jeune fille, fût-elle destinée à devenir Mme Roland, a une première fois au moins, et sous une certaine forme, bien des chances de réussir.

1029. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Cette différence ne consiste pas, je le crois, uniquement dans le rang des personnages que l’on représente, mais dans la grandeur des caractères et la force des passions que l’on sait peindre. […] En effet, la véritable grandeur du caractère, dans quelque situation douloureuse qu’on la représente, inspire aux spectateurs un mouvement d’admiration qui les rend plus capables de braver l’adversité.

1030. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

On peint de préférence les plus bruts, les plus intacts ; on a des tendresses pour les « innocents » et les idiots, parce qu’ils représentent l’humanité presque toute neuve et toute fruste, et telle à peu près qu’elle dut sortir de l’âge du bronze. […] M. de Glouvet a eu cette fois la chance rare de dresser en pied une figure humaine qui représente un sentiment très général et très beau sous une forme concrète et dans des conditions très particulières et très pittoresques.

1031. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Je me souviens de quelques vers où je montrais des cavaliers en un furieux galop ; mais j’indiquais bien vite qu’ils représentaient « les désirs » et j’obtenais des chants vraiment peu lyriques, tels que ceux-ci : Désirs, guerriers de fer à l’assaut du Bonheur et, plus loin : Lourds Désirs chevauchant l’Espoir vers la Douleur. […] Mais au contraire de M. de Régnier dont le Je paraît représenter non le poète, mais un personnage supposé, il ne reste pas toujours fidèle à l’expression indirecte ; lorsqu’il n’use pas du symbole, il parle simplement sa pensée.

1032. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

La majesté froide et grandiose de la première représente bien la noblesse un peu figée de l’époque ; la gaieté, quelquefois grossière ou guindée de la seconde, rappelle les rieurs survivants de l’âge précédent, et les jeunes maniérés du jour. […] Elle préfère porter son argent à des divertissements moins chers, plus amusants, plus nouveaux, en tout cas, dont la répétition garde quelque attrait : le cirque, le concert, le bal, les arènes, c’est-à-dire le spectacle — par opposition au théâtre où l’on ne joue que des œuvres dramatiques représentées par des comédiens — le spectacle, avec toute la variété d’attractions que son cadre énorme peut enclore.

1033. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

La majesté froide et grandiose de la première représente bien la noblesse un peu figée de l’époque ; la gaieté, quelquefois grossière ou guindée de la seconde, rappelle les rieurs survivants de l’âge précédent, et les jeunes maniérés du jour. […] Elle préfère porter son argent à des divertissements moins chers, plus amusants, plus nouveaux, en tout cas, dont la répétition garde quelque attrait : le cirque, le concert, le bal, les arènes, c’est-à-dire le spectacle — par opposition au théâtre où l’on ne joue que des œuvres dramatiques représentées par des comédiens — le spectacle, avec toute la variété d’attractions que son cadre énorme peut enclore.

1034. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Il faut se représenter la science comme un édifice séculaire, qui ne pourra s’élever que par l’accumulation de masses énormes. […] La connaissance qu’eut le Moyen Âge de l’antiquité classique est l’exemple le plus frappant de ces modifications insensibles des faits primitifs, qui amènent les plus étranges erreurs ou les façons les plus absurdes de se représenter les faits.

1035. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Quelles épaules pourraient en soutenir le fardeau, s’il lui fallait relire, par exemple, toutes les pièces qui ont été représentées au temps de Molière, tous les poèmes épiques mort-nés qui ont été composés au temps de Napoléon 1er ? […] Je ne dirai pas avec Guyau35 : « Lorsqu’il s’agit d’apprécier si une œuvre d’art représente la vie, la critique ne peut plus s’appuyer sur rien d’absolu : aucune règle dogmatique ne vient à son aide.

1036. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Ces Titans, contemporains de la création, aînés de la nature dont ils représentaient les forces abruptes, étaient, même avant leur combat suprême, en querelle constante avec Zeus. […] Trois pierres gravées représentent — Prométhée mesurant le corps humain avec un fil de plomb : — Prométhée modelant le squelette : — Prométhée pesant dans une balance les membres du corps. — Images frappantes qui résument les règles de l’art si profondément scrutées par les Grecs.

1037. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Pélasgos, le roi de son drame, protecteur et défenseur de ses hôtes, représente, par son nom même, l’ancêtre le plus lointain de l’Hellade. […] » On dirait en effet l’Anubis aboyant, à tête de chacal, de la mythologie égyptienne, tel que des monuments le représentent quelquefois, portant un caducée et cuirassé d’une cotte d’armes. — « Tu vomis l’onde amère ! 

1038. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

À l’âge de quinze ans, elle s’entendit avec quelques jeunes gens du voisinage pour représenter Polyeucte et la petite comédie du Deuil (de Thomas Corneille). […] En entendant, l’autre jour, le drame intéressant dans lequel la lutte du talent et du sentiment vrai contre le préjugé et l’orgueil social est si vivement représentée sous son nom, je me disais combien les choses ont changé depuis un siècle, combien la haute société ne mérite plus, à cet égard du moins, les mêmes reproches, et combien elle est peu en reste d’admiration et de procédés délicats envers tout talent supérieur.

1039. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

S’il fallait nommer à distance, parmi les membres de cette grande Assemblée, l’orateur qui la représenterait le plus fidèlement depuis le premier jusqu’au dernier jour, dans sa continuité et sa tenue d’esprit, dans sa capacité, dans son éclat, dans ses fautes, dans son intégrité aussi et dans l’œuvre de sa majorité saine, ce ne serait ni Mirabeau, trop grand, trop corrompu, enlevé trop tôt, qu’on devrait choisir, ni Maury, le Mirabeau de la minorité, ni La Fayette, trop peu éloquent, ni d’autres ; ce serait, pour l’ensemble de qualités qui expriment le mieux la physionomie de l’Assemblée constituante, ce jeune député du Dauphiné, Barnave. […] J’avoue que mes muscles étaient crispés… On voit, ce me semble, la situation, l’attitude et le geste des deux parts : d’un côté, M. de Lally, celui qu’on a appelé le plus gras, le plus gai, le plus gourmand des hommes sensibles, ce personnage spirituel et démonstratif, à qui un moment d’éloquence généreuse et de pathétique dans sa jeunesse permit d’être déclamateur toute sa vie, ayant le beau rôle des larmes et se le donnant ici comme toujours ; de l’autre côté, un homme jeune, ardent, un peu amer, irrité de voir un mouvement d’humanité devenir une machine oratoire et un coup de tactique ; qu’on se représente les deux hommes en présence, et tout s’expliquera.

1040. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Si nos lecteurs n’ont pas tout à fait oublié un charmant Portrait, que nous avons cité autrefois, d’une grande dame du xviie  siècle, se dépeignant elle-même, la marquise de Courcelles4, ils peuvent se représenter les deux tons et les deux siècles dans leur parfaite opposition : d’un côté, la grâce fine, délicieuse et légère ; de l’autre, des traits plus fermes, plus dessinés, nullement méprisables, et un tour de grâce auquel il ne manque qu’une certaine négligence aisée et naturelle. […] Certes, il est impossible de mieux représenter l’état moral et physiologique de Rousseau ; et, avec un hôte d’une sensibilité si maladive, ainsi livré à la solitude « sans occupation, sans livres, sans société (hors celle de cette misérable Thérèse), et sans sommeil », Hume aurait moins dû s’étonner du résultat.

1041. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Dans la troisième partie, l’Ombre de Mme de Buffon, morte à la fleur de l’âge et de la beauté, nous est représentée s’adressant à la Parque pour la fléchir, et obtenant la guérison de son époux. […] Dans le seul voyage qu’il fit, il était allé jusqu’à Marseille et y avait vu la mer : « J’ai donc vu la mer, écrivait-il, ou plutôt je n’ai fait que la revoir, car mon imagination me l’avait mille fois représentée, même plus imposante et plus vaste.

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