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1665. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Baudelaire, qui a pris possession du poète et du conteur américain par sa manière de le traduire, doit nous donner successivement, ses œuvres complètes : d’abord la suite des Contes dont nous avons le commencement, et qu’il fera précéder de l’analyse des opinions littéraires et philosophiques de l’auteur, puis le poème d’Eureka et le roman d’Arthur Gordon Pym, et enfin, pour le petit nombre d’esprits à qui la poésie est encore chère dans sa forme et dans son essence, des poésies individuelles.

1666. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Le sens philosophique de puissance est, d’ailleurs, à peu près le sens littéraire d’impuissance, virtualité conçue qui ne passe pas à l’acte. […] Mais ce serait, je le répète, une erreur que de relier l’idéalisme de Mallarmé à des racines philosophiques, de le rattacher à l’influence de penseurs dont il n’a sans doute rien lu. […] Bien que sa culture philosophique ait été faible, il a eu, d’un fond très vivant, cette défiance du temps, cette mise en garde contre l’illusion et l’injustice de la durée, cette souplesse si ingénieuse à l’écarter qui paraissent manifestes chez un Platon ou un Descartes. […] Précisément parce que son esprit n’est pas apte à la généralisation philosophique, parce que ses impressions d’artiste sont originales et fraîches, Mallarmé porte cette manière de voir là où le défaut de spontanéité irréfléchie, la notion de l’usage commun et l’intelligence du général l’interdisent un peu au philosophe, — dans la forme de son exposition. […] Toute vie philosophique, dit le Socrate du Phédon, n’est qu’une préparation à la mort.

1667. (1802) Études sur Molière pp. -355

Pocquelin accompagne Louis XIII à Paris, à Narbonne, dans les camps ; partout il voit l’intérêt prendre les masques variés du courtisan ; son œil philosophique perce à travers, et ce qu’il aperçoit, ou ce qu’il devine, loin de lui faire perdre le goût de la comédie, sert à le ranimer journellement. […] Si je ne craignais d’être trop long, je réclamerais tous les vers de précaution, de sentiment, de situation qui mutuellement se font ressortir, tous ceux qui renferment une pensée philosophique, et que l’on retranche impitoyablement. […] Convenez, va-t-on me dire, qu’une pareille moralité est devenue inutile dans un siècle philosophique.

1668. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Telles sont la musique descriptive et pittoresque, et la peinture spirituelle ou philosophique, genres bâtards, auxquels ne se laissent jamais entraîner les véritables artistes. […] Et même, c’est par une sorte de tendance philosophique instinctive que les auteurs se laissent si facilement aller à composer des pièces entières pour tel acteur ou pour telle actrice. […] C’était là que portait tout l’effort de la création artistique, de l’observation philosophique et de l’imagination poétique ; et ces êtres, en quelque sorte abstraits, prenaient alors une intensité de vie morale d’une puissance extraordinaire et véritablement surhumaine. […] C’est là une raison toute philosophique.

1669. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Mme de Verdelin n’appartenait pas au monde philosophique ; elle avait des idées religieuses assez libres, assez élevées, sans étroitesse : ni philosophe, ni dévote, c’était sa devise.

1670. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

La peinture, dans chacune de ces villes ou de ces nations, prit non seulement le caractère du chef d’école, mais elle prit le caractère de l’école et du peuple où elle fut cultivée par ces grands hommes du pinceau : Titanesque avec Michel-Ange, plus païen que chrétien dans ses œuvres, et qui semble avoir fait poser des Titans devant lui ; Tantôt mythologique, tantôt biblique, tantôt évangélique, toujours divine avec Raphaël, selon qu’il fait poser devant sa palette des Psychés, des saintes familles, des philosophes de l’école d’Athènes, le Dieu-homme se transfigurant dans les rayons de sa divinité devant ses disciples, des Vierges-mères adorant d’un double amour le Dieu de l’avenir dans l’enfant allaité par leur chaste sein ; Païenne avec les Carrache, décorateurs indifférents de l’Olympe ou du Paradis ; Pastorale et simple avec le Corrége, qui peint, dans les anges, l’enfance divinisée, et dont le pinceau a la mollesse et la grâce des bucoliques virgiliennes ; Souveraine et orientale avec Titien, qui règne à Venise pendant une vie de quatre-vingt-quinze ans sur la peinture comme sur son empire, roi de la couleur qu’il fond et nuance sur sa toile comme le soleil la fond et la nuance sur toute la nature ; Pensive et philosophique à Milan avec Léonard de Vinci, qui fait de la Cène de Jésus-Christ et de ses disciples un festin de Socrate discourant avec Platon des choses éternelles ; quelquefois voluptueux, mais avec le déboire et l’amertume de la coupe d’ivresse, comme dans Joconde, cette figure tant de fois répétée par lui du plaisir cuisant ; Monacale et mystique avec Vélasquez et Murillo en Espagne, faisant leurs tableaux, à l’image de leur pays, avec des chevaliers et des moines sur la terre et des houris célestes dans leur paradis chrétien ; Éblouissante avec Rubens, moins peintre que décorateur sublime, Michel-Ange flamand, romancier historique qui fait de l’histoire avec de la fable, et qui descend de l’Empyrée des dieux à la cour des princes et de la cour des princes au Calvaire de la descente de croix, avec la souplesse et l’indifférence d’un génie exubérant, mais universel ; Profonde et sobre avec Van-Dyck, qui peint la pensée à travers les traits ; Familière avec les mille peintres d’intérieur, ou de paysage, ou de marine, hollandais ; artistes bourgeois qui, pour une bourgeoisie riche et sédentaire, font de l’art un mobilier de la méditation ; Enfin mobile et capricieuse en France, comme le génie divers et fantastique de cette nation du mouvement : Pieuse avec Lesueur ; Grave et réfléchie avec Philippe de Champagne ; Rêveuse avec Poussin ; Lumineuse avec Claude Lorrain ; Fastueuse et vide avec Lebrun, ce décorateur de l’orgueil de Louis XIV ; Légère et licencieuse avec les Vanloo, les Wateau, les Boucher, sous Louis XV ; Correcte, romaine et guindée comme un squelette en attitude avec David, sous la République ; Militaire, triomphale, éclatante et monotone, alignée comme les uniformes d’une armée en revue, sous l’Empire ; Renaissante, luxuriante, variée comme la liberté, sous la Restauration ; tentant tous les genres, inventant des genres nouveaux, se pliant à tous les caprices de l’individualité, et non plus aux ordres d’un monarque ou d’un pontife ; Corrégienne avec Prud’hon ; Michelangelesque avec Géricault dans sa Méduse ; Raphaëlesque avec Ingres ; Flamande avec éclectisme et avec idéal dans Meyssonnier ; Sévère et poussinesque dans le paysage réfléchi avec Paul Huet ; Hollandaise avec le soleil d’Italie sous le pinceau trempé de rayons de Gudin ; Bolonaise avec Giroux, qui semble un fils des Carrache ; Idéale et expressive avec Ary Scheffer ; Italienne, espagnole, hollandaise, vénitienne, française de toutes les dates avec vingt autres maîtres d’écoles indépendantes, mais transcendantes ; Vaste manufacture de chefs-d’œuvre d’où le génie de la peinture moderne, émancipée de l’imitation, inonde la France et déborde sur l’Europe et sur l’Amérique ; magnifique époque où la liberté, conquise au moins par l’art, fait ce que n’a pu faire l’autorité ; république du génie qui se gouverne par son libre arbitre, qui se donne des lois par son propre goût, et qui se rémunère par son immense et glorieux travail.

1671. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Nous passions de longues soirées, tête à tête, dans des entretiens purement littéraires ou philosophiques qu’il avait la complaisance de rechercher.

1672. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

« Cependant le mauvais temps continuait avec une obstination incroyable ; depuis plus de quinze jours que j’étais à Paris, je n’avais pas encore salué le soleil, et mes jugements sur les mœurs, plus poétiques que philosophiques, se ressentaient toujours un peu de l’influence de l’atmosphère.

1673. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

L’âme n’a donc point d’existence propre ; elle est toute corporelle ; et Aristote, par un silence assez peu philosophique, en ce qu’il est peu courageux, ne dit pas un mot de l’immortalité de l’âme, que tend à nier toute sa doctrine unitaire et matérialiste.

1674. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Nous n’avons jamais considéré le premier des Bonaparte comme une autorité en matière de goût poétique, ni de haute raison philosophique et diplomatique, mais nous l’avons toujours reconnu le plus grand écrivain de son temps, et l’homme de la plus forte imagination, toutes les fois que ses passions ambitieuses ne l’emportaient pas à mille lieues, du triste et du vrai.

1675. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Le xixe  siècle lui-même, durant la période de réaction philosophique qui marqua ses trente premières années, a accablé de sarcasmes et d’invectives l’œuvre des encyclopédistes, Rousseau, Helvétius, Voltaire « et son hideux sourire ».

1676. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Que sont en effet les prescriptions sans la loi, et quelle différence y a-t-il, en matière de morale, entre l’enseignement philosophique et l’enseignement religieux, si l’auditeur n’y voit que des conseils qu’il est libre de négliger ou de suivre ?

1677. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

C’est toute une théorie de la nature même de l’art, théorie intuitive par son origine, philosophique et historique par sa méthode, et qui aboutit à la démonstration de la suprême importance que pourrait et devrait avoir l’art dans la vie de l’homme et dans la vie de la société.

1678. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

La connaissance est, ou purement logique, quand elle se ramène à un travail abstrait de la pensée sur elle-même ; ou scientifique, quand elle est un travail de la pensée sur les phénomènes réels ; ou philosophique et métaphysique, quand elle est une spéculation de la pensée sur le fond dernier des réalités.

1679. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Deux heures avant sa mort, il s’est fait lire les Contes philosophiques de Voltaire.

1680. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

6 mars Tant d’ennuis, tant de contrariétés, une sorte de désespoir de la vie venant de ses impitoyables taquineries, nous ont mis en bon état philosophique pour le refus de notre pièce : ce sera une amertume qui passera dans la masse.

1681. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Gustave Geffroy, qui vient de réveillonner chez Rollinat, racontait que le curé de l’endroit, qui leur a donné à déjeuner le lendemain de Noël, quand il se mettait à dire, ce curé singulier, quelque chose d’un peu vif, d’un peu audacieusement philosophique, jetait au commencement de sa phrase : « Si j’étais un homme ! 

1682. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Les détails de style, d’agrégation de phrases, la composition, la succession des chapitres, leur nombre, le développement des événements, toute cette mise en œuvre extérieure de l’expression est subordonnée à la nécessité d’englober la masse des faits psychiques et humains qui passionnent et remplissent l’Âme de l’auteur ; ces faits, les scènes où ils se révèlent, les circonstances qui les provoquent sont innombrables ; d’autre part, ils ne peuvent ni être ordonnés en série comme les incidents d’un récit unipersonnel, ni résumés, par rapports de dépendance en lois, comme les concevrait une intelligence philosophique moins soucieuse de leur reproduction que de leur classification.

1683. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Quelle indécence n’y auroit-il pas eu de se mettre des pompons de la même main dont on écrivoit un passage Grec. » Tout ce que Cartaud de la Vilate, dans ses Essais historiques & philosophiques sur le goût, rapporte de madame Dacier, est écrit de ce ton & de ce stile.

1684. (1894) Textes critiques

Mais Lautréamont l’avait entrevu et j’ai épluché jusqu’à la dernière écaille de pin l’artichaut de cette Bête, qui est notre mercure philosophique, notre Terre Sigillée, avec laquelle nous réchaufferons notre Or.

1685. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Son gigantesque cerveau resta hermétiquement bouché à la critique démolisseuse des encyclopédistes et aux théories philosophiques de la science moderne.

1686. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Nous ne parlons point ici de l’Orient, parce qu’il dort ; il dort après des siècles de fécondité littéraire, religieuse et philosophique.

1687. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

La meilleure preuve de ceci, c’est qu’elle n’a ni un grand poète épique comme Homère, Dante, le Tasse, ni un grand poète lyrique sacré comme David, ni un grand poète lyrique profane et philosophique comme Horace et Pindare, ni un grand dramatiste comme Eschyle ou Shakespeare.

1688. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Après ces deux entretiens, purement épisodiques, nous allons reprendre l’examen critique et philosophique du Dante.

1689. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Le Purgatoire C’est une des idées philosophiques les plus naturelles à l’humanité que celle d’un lieu d’épreuve continuée après cette vie, et d’achèvement de la destinée des âmes dans un séjour de purification et d’initiation appelé Purgatoire.

1690. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Mais Calvin et Genève, c’est la sécheresse de l’argument, c’est la terreur rabougrie, c’est le pédantisme dans la tyrannie, c’est enfin, dans sa forme la plus dure, la plus envieuse et la plus hypocrite, ce qui domine actuellement le monde humilié, — c’est-à-dire — le rationalisme philosophique et le sentiment bourgeois.

1691. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

. — EGGER, Le moi des mourants (Revue Philosophique, janvier et octobre 1896). — Cf. le mot de BALL : « La mémoire est une faculté qui ne perd rien et enregistre tout ».

1692. (1903) La renaissance classique pp. -

Nous mettons bien au défi de traduire avec la langue des Goncourt la plus humble des formules scientifiques ou philosophiques.

1693. (1900) Molière pp. -283

Vous n’avez qu’à ouvrir le Dictionnaire philosophique, le mot humanité n’y est pas. […] On ne peut pas interdire aux femmes de se piquer de critique philosophique, incidemment du moins, et d’une façon aussi heureuse que madame de Staël. […] Voilà qui menace de devenir philosophique.

1694. (1883) Le roman naturaliste

Cependant, il n’y a pas d’illusion plus commune, et il n’y en a pas de moins philosophique. […] Zola, c’est de manquer absolument d’éducation littéraire et de culture philosophique ; et, dans le vaste camp des littérateurs sans littérature, on peut dire qu’il est à la première place. […] On peut admettre que, moins irrésistiblement entraînée vers les spéculations de l’ordre philosophique, métaphysique même, elle n’eût point écrit les Impressions de Théophrastus Such, ni même certains chapitres de Daniel Deronda, peut-être.

1695. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Il est vrai qu’il s’en est lassé plus d’une fois, et, si ce n’avait été rattachement inviolable qu’il avait pour les plaisirs du roi, il aurait tout quitté pour vivre dans une mollesse philosophique. […] Un des plus intelligents et des plus fins fut ce Guilleragues, à qui Boileau a adressé une de ses meilleures épîtres, et à la fois des plus savoureuses et des plus philosophiques. […] Puis la note philosophique, qui ne manque jamais chez Euripide : Dois-je tenir tant à la vie ?

1696. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Au temps de Ham, par correspondance, écriture et rédaction d’un jeune homme sans énergie, dominé par une vision énergique, vision conçue dès l’enfance, entretenue par un entourage dont il subissait la pression avec une lassitude résignée ; point d’instruction réelle, beaucoup d’intelligence, les rudiments et même les éclairs d’un génie plutôt littéraire que philosophique et plutôt philosophique que politique. […] Littérature historique, philosophique et documentaire I. […] La librairie Germer-Baillière vient de mettre en vente un livre que nous recommandons spécialement à ceux qu’intéresse le mouvement philosophique contemporain.

1697. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

— « Je suis très reconnaissant aux gens de chercher une théorie philosophique sous l’histoire de Poil-de-Carotte. […] Laissons de côté les contes philosophiques de Voltaire et les dialogues de Diderot ; arrêtons-nous seulement à Rousseau et remarquez la grande diversité des moules où il jetait ses pensées : ses Discours, le Contrat social, la Nouvelle Héloïse, l’Émile, les Confessions, les Rêveries : tous des sujets de roman et tous différents. […] « Unité veut dire simplicité. — Mais je m’aperçois que notre conversation prend un tour de dissertation philosophique », me dit Marcel Schwob, qui, le front appuyé dans les mains, avait prononcé la dernière partie de son discours, comme s’il lisait dans un livre invisible. « Je dois vous avouer que ces jours-ci mon esprit est assez préoccupé d’une préface que je vais écrire pour un recueil de nouvelles, qui paraît le mois prochain. […] Ses drames philosophiques plus récents, son Caliban, etc., n’ont peut-être ni le relief, ni la sûreté de dessin que demande la perspective de la scène, mais là encore il me remplit d’aise, quand j’y vois comment, avec toutes ses timidités, il prépare l’avenir.

1698. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Balfour pour sa sophistique Apologie du doute philosophique, un des livres les plus ternes que nous connaissions, mais il faut reconnaître qu’en envoyant M.  […] Dans l’histoire de sa vie, telle qu’il nous la raconte, nous le trouvons, à l’âge de seize ans, commençant une étude précise et philosophique de la littérature. […] En outre, quelle importance philosophique pourrait bien avoir l’éducation, si elle aboutit simplement à rendre un homme différent de son voisin ?

1699. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Ce roman de M. de Constant est philosophique et très-agréable : en voici l’idée.

1700. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Ce que j’entends par là, ce n’est pas être dégoûté comme un malade, mais juger bien de tout ce qui se présente, par je ne sais quel sentiment qui va plus vite, et quelquefois plus droit que les réflexions. » « Il faut, si l’on m’en croit, aller partout où mène le génie, sans autre division ni distinction que celle du bon sens. » « Celui qui croit que le personnage qu’il joue lui sied mal ne le saurait bien jouer, et qui se défie d’avoir de la grâce ne l’a jamais bonne. » « Pour bien faire une chose, il ne suffit pas de la savoir, il faut s’y plaire, et ne s’en pas ennuyer. » « Ce qui languit ne réjouit pas, et quand on n’est touché de rien, quoiqu’on ne soit pas mort, on fait toujours semblant de l’être. » « La plupart des gens avancés en âge aiment bien à dire qu’ils ne sont plus bons à rien, pour insinuer que leur jeunesse étoit quelque chose de rare. » Cet honnête homme que le chevalier veut former, et qui est comme un idéal qui le fuit (car l’ordre de société que ce soin suppose se dérobait dès lors à chaque instant), lui fournit pourtant une inépuisable matière à des observations nobles, délices, neuves, parfois singulières et philosophiques aussi.

1701. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

C’est une abstinence philosophique ou chrétienne commandée à quelques organisations trop musicales.

1702. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« Cette porte est ouverte à présent, et le peuple le plus impatient a écouté les plus longs développements philosophiques et lyriques.

1703. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Il adopta volontiers pour sujet l’émotion produite, dans une âme étrangement pensive, par la création et la contemplation de rêves philosophiques.

1704. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Lier et coordonner les rapports, démêler les affinités et les rattacher par des nœuds subtils, tirer d’une idée première, d’une note initiale, mythologique ou philosophique, un concert d’accords et de variations infinies, ce fut là son instinct natif, son inépuisable aptitude.

1705. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Les uns et les autres, ils se sont tous perdus, en mille papotages ingénieux, philosophiques, politiques et littéraires, et ils commençaient à comprendre le danger, lorsque la révolution française est venue interrompre brusquement cette aimable causerie.

1706. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Tête peu philosophique de nature, qui n’a pas dans l’esprit ces instruments de précision au moyen desquels un homme découpe le faux avec la netteté qu’il mettrait à découper le vrai et prend sur la pensée, par la supériorité de la formule, un ascendant, fût-il funeste, François Hugo n’a point appliqué à Shakespeare, avec une déduction puissante, les idées captieuses de Carlyle.

1707. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Mais cette idée, en tant que complète, est philosophique et non plus physique.

1708. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Croce ajoute aussitôt, d’un geste dédaigneux, quelques autres distinctions, « plus raffinées, d’aspect plus philosophique » : genre subjectif et genre objectif, lyrisme et épopée, œuvres de sentiment et œuvres d’imagination.

1709. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Les systèmes philosophiques ont réussi en raison du génie de leurs auteurs, sans qu’on ait jamais pu reconnaître en l’un d’eux des caractères de vérité qui le fissent prévaloir. […] « Je puis être hardie dans mes spéculations philosophiques, disait-elle ; mais, en revanche, j’ai toujours été extrêmement circonspecte dans ma conduite. […] Et tout, dans l’univers, est utile, à moins que tout ne soit qu’illusion et vanité ; ces deux idées sont également philosophiques. […] Sa faiblesse était de croire qu’une barbe est philosophique quand elle est sale. […] Partial et débonnaire, cet empereur recourt pour défendre l’orthodoxie aux subtilités du raisonnement et à l’ironie philosophique.

1710. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

. — Maintenant, on peut suivre une autre marche, partir des divers sens usuels du mot religion, les comparer entre eux et dégager une signification moyenne : on aura ainsi résolu une question de lexique plutôt qu’un problème philosophique ; mais peu importe, pourvu qu’on se rende compte de ce qu’on fait, et qu’on ne s’imagine pas (illusion constante des philosophes !) […] La conviction s’impose parce qu’elle n’a rien de philosophique, étant d’ordre vital.

1711. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

De l’esprit philosophique il a la rigueur, procédant volontiers par déduction et ne reculant pas devant le pédantisme de l’appareil logique. […] C’est qu’il l’estime pour la force et l’étendue de son esprit philosophique ; il lui sait gré d’avoir « promené sur les choses un regard désolé, mais d’une pénétration, d’une étendue et d’une sûreté qui ne le cède à aucun ». […] Ils pouvaient fonder une littérature philosophique admirable.

1712. (1888) Impressions de théâtre. Première série

j’oublie que Cendrillon est elle-même un mythe solaire, et qui se pourrait tourner aisément en poème symbolique et philosophique.) […] On a coutume de s’extasier sur la profondeur philosophique de ce morceau ; au fond, il est assez banal et d’une philosophie rudimentaire. […] Tout en modifiant profondément toute la partie extérieure du drame et en maintenant le style sur un ton de noblesse continue, j’imagine qu’il eût compris le caractère d’Hamlet comme Shakespeare, mais sans lui prêter d’échappées philosophiques, et qu’il l’eût strictement maintenu dans les termes de la future définition de Gœthe, sans la déborder, peut-être même sans la remplir tout à fait. […] » et d’Arcy : « Votre grande intelligence, saisissant à la fois les pôles opposés des choses, a toujours séparé l’esprit de la lettre, l’institution de son but idéal, la convention de ce qui la justifie. » C’est une sorte de transposition philosophique du langage de la passion.

1713. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Si vous le voulez bien, nous démêlerons, dans les trois parties dont l’Orestie se compose, les types des principales espèces de drame qui se sont ensuite développées au cours des âges : drame de passion, ou de fatalité intérieure ; drame d’aventures, ou de fatalité extérieure ; enfin, drame philosophique et religieux. […] Lorsque Clytemnestre, dans Agamemnon, surgit, après le meurtre, au haut des marches de sa maison et y reste un moment immobile, cela n’est rien : mais, comme nous savons ce qu’elle est, ce qu’elle vient de faire et pourquoi elle l’a fait, cette rentrée et cette attitude nous paraissent plus tragiques que les rencontres subtilement préparées et combinées où tel de nos grands ouvriers de théâtre fait se heurter des fantoches… * * * Enfin l’Orestie dans son ensemble et en particulier les Euménides sont le premier type, et le plus parfait, du drame philosophique et religieux. […] Déjà, vous vous le rappelez peut-être, dans la Double Inconstance, Arlequin a des étonnements philosophiques sur les mensonges de la politesse, sur les usages des cours, et même sur les inégalités sociales. […] Et l’on se demande comment l’auteur des Jocrisses de l’amour, cet âpre et philosophique vaudeville, a pu si niaisement s’attendrir sur ce bon Jocrisse de Raphaël Didier, pauvre jeune homme sans défense mangé tout cru par une méchante courtisane : telles sont, d’une année à l’autre, la contradiction des sentiments et l’inégalité de la sagesse dans un même esprit.

1714. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Ne nous en plaignons pas : l’écheveau philosophique est bien assez embrouillé comme cela ! […] Cette question des chiffons pourrait fournir matière à des réflexions aussi philosophiques et d’une moralité aussi satisfaisante que celles d’Hamlet au bord de la fosse du pauvre Yorick.

1715. (1902) La poésie nouvelle

L’attitude lyrique en présence de la réalité est une attitude d’emprunt, dont la fausse et facile élégance choque un esprit délicat, autant qu’elle doit sembler sotte à un esprit philosophique. […] Il faut croire que c’est un sentiment essentiel au cœur humain, puisque les plus accoutumés à la méditation philosophique n’y échappent pas, cette poignante stupeur où vous laisse la Nature, quand on l’a, une fois, aperçue indifférente, étrangère, sans rien de fraternel ni de compatissant… ‌ J’espérais‌ Qu’à ma mort tout frémirait, du cèdre à l’hysope,‌ Qu’un soir, du moins, mon cri me jaillissant des moëlles,‌ On verrait, mon Dieu, des signaux dans les étoiles !‌ […] Le thème des Stances est quelquefois une idée morale, très simple, très nette, sans incertitude ni casuistique, — stoïque plutôt, le stoïcisme étant la doctrine philosophique la plus propre à de beaux vers bien frappés.‌

1716. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Lettres historiques, politiques, philosophiques et littéraires de lord Bolingbroke ; 3 vol. in-8°, 1808.

1717. (1879) À propos de « l’Assommoir »

On dirait même que, plus tard, entièrement dominé par sa pensée philosophique, obéissant sans réserves à son désir de peindre les mœurs dans toute leur crudité, M. 

1718. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Pendant le dîner, nous avons l’agacement d’entendre le fin causeur, le fin connaisseur ès lettres, parler art, à tort à travers, louanger Eugène Delacroix comme peintre philosophique, s’étendre sur l’expression de la tête d’Hamlet dans son tableau « Hamlet au cimetière », tirade que coupe presque brutalement Gavarni par cette phrase : « L’expression !

1719. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Enfin j’aurais voulu lui faire proclamer à nouveau — lui, qui a été le seul défenseur des tentatives révolutionnaires au théâtre, que tout ce qui est permis aux étrangers ne l’est pas à nous, de par notre critique actuelle, qui nous défend un théâtre élevé, littéraire, philosophique, original, un théâtre qui dépasse le goût et l’intelligence d’un Sarcey, un théâtre autre, que celui renfermé dans les aventures bourgeoises du ménage d’aujourd’hui.

/ 1789