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1025. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Conçoit-on un éditeur, au contraire, qui intervient à tout propos à travers son auteur, parle en son propre nom durant des pages, exprime son opinion sur les événements et sur les personnes, prétend dicter à chacun le ton et donner la note sur ce qu’on peut juger aussi bien que lui ; qui déclare que la France, après s’être incarnéedans Napoléon, s’incarna une seconde fois dans Béranger, et que, depuis 1815 jusqu’en 1857, « la poésie de Béranger est Vessieu sur lequel tourne notre histoire : il a mû quarante ans nos destinées !  […] Je n’avais pas de quoi payer le piètre déjeuner préparé, mais vous jugez bien que mon opulence subite a opéré ; vous ne m’en voudrez pas d’avoir prodigué 15 ou 20 francs à cette petite fête, pleine pour moi de charmes… » 15 ou 20 francs pour un déjeuner à plusieurs !

1026. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Mais la première condition de l’esprit critique bien entendu est (sans cependant tout niveler dans son estime) de reprendre, chaque grand fleuve à sa source, chaque grande production et végétation humaine à sa racine, et de la suivre dans son vrai sens et comme de droit fil pour la bien posséder tout entière et être ensuite à même d’en juger tout à fait pertinemment, par comparaison avec d’autres, et en pleine connaissance de cause. […] Moland, c’est cette même arrière-pensée de miséricorde, terminant la sentence divine qui-a-inspiré plus tard à Milton de faire descendre, pour juger l’homme déchu, non le Père, mais le Fils, le futur Rédempteur en personne, le « doux juge et intercesseur à la fois », venant porter la sentence avec une colère tranquille « plus fraîche que la brise du soir » ; et même temps qu’il condamnait les coupables en vertu de la loi de justice, les revêtant incontinent, corps et âme, dans leur nudité, les aidant en ami, et faisant auprès d’eux, par avance, l’office du bon serviteur, de celui qui lavera un jour les pieds de ses disciples : admirable et bien aimable anticipation du rachat évangélique et des promesses du salut !

1027. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Je jugeai donc à propos de descendre de cheval, et je n’eus pas plutôt mis pied à terre que le cheval, sans hésiter, se jeta dans le penchant du précipice et descendit jusques au fond, en sorte que je fus obligé de faire à pied une lieue de chemin dans la neige. […] Il n’est pas gêné d’outre-passer les ordres de la Cour ou même de les supprimer, pour peu qu’ils puissent ralentir sa marche : « M. de Torcy m’a envoyé, au mois de juillet, un arrêt du Conseil portant rétablissement d’un ministre pour baptiser les enfants de la Religion prétendue réformée, mais je n’ai pas jugé à propos de l’exécuter. » À quoi bon songer à baptiser des nouveau-nés, quand on est en train, de supprimer d’emblée tout le peuple dissident, d’abolir la secte tout entière ?

1028. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Quoiqu’il ait peu produit, ce semble, à en juger surtout à la mesure abondante et surabondante d’aujourd’hui, il n’est pas de ceux qui se rongent les ongles et s’arrachent les cheveux à faire des vers. […] Lebrun, est admirablement exprimée ; jugez-en plutôt : Descendez, parcourez ces longues galeries, Qui sous le Luxembourg et vers les Tuileries S’étendent, et des morts montrent de toutes parts, En long ordre, aux parois, les reliques dressées, Et des fronts sans pensées, Et des yeux sans regards.

1029. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Il faut parler, il faut juger, même quand les choses n’en valent guère la peine ; il faut s’étendre et motiver, et savoir intéresser encore, tout en louant et en blâmant. […] Il a dans la pensée un type de théâtre à lui, une scène idéale de magnificence et d’éclat, de poésie en vers, de style orné et rehaussé d’images, de passion et de fantaisie luxuriante, d’enchantement perpétuel et de féerie ; il y admet la convention, le masque, le chant, la cadence et la déclamation quand ce sont des vers, la décoration fréquente et renouvelée, un mélange brillant, grandiose, capricieux et animé, qui est le contraire de la réalité et de la prose : et le voilà obligé de juger des tragédies modernes qui ne ressemblent plus au Cid et qui se ressemblent toutes, des comédies applaudies du public, et qui ne lui semblent, à lui, que « des opéras-comiques en cinq actes, sans couplets et sans airs » ; ou bien de vrais opéras-comiques en vogue, « d’une musique agréable et légère, mais qui lui semble tourner trop au quadrille. » Il n’est pas de l’avis du public, et il est obligé dans ses jugements de compter avec le public.

1030. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Mais le cercle s’est élargi, la vue s’est fort étendue depuis eux en dehors des horizons purement français : Shakspeare a grandi, Goethe s’est élevé, la connaissance des littératures étrangères a découvert les sources et permis de juger avec la dernière exactitude la quantité et la valeur des emprunts. […] Il n’est pas nécessaire d’être poète pour la juger ; il suffit de connaître les hommes et les choses, d’avoir de l’élévation et d’être homme d’État. » Et s’animant par degrés : « La tragédie, disait-il, échauffe l’âme, élève le cœur, peut et doit créer des héros.

1031. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Je me suis laissé traîner à la remorque pour parler de ce livre important : c’est que, malgré le désir que j’avais de lui rendre toute justice, je sentais mon insuffisance pour en juger pertinemment et en pleine connaissance de cause, pour l’explorer et l’embrasser, comme il le faudrait, dans ses différentes parties. […] Les avantages d’une telle palestre savante, d’un tel séminaire intellectuel, sont au-delà de ce qu’on peut dire, et c’est ainsi qu’en doivent juger surtout ceux qui ont été privés de cette haute culture privilégiée, de cette gymnastique incomparable, ceux qui, guerriers ordinaires, sont entrés dans la mêlée sans avoir été nourris de la moelle des lions et trempés dans le Styx.

1032. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Comme jusqu’alors ses intentions avaient été droites, il désespéra de pouvoir jamais faire le bien, parce qu’on est toujours plus disposé à regarder comme impossible en soi ce qu’on n’a pas le courage de faire… C’est à ce point qu’était parvenu par degrés un homme qui, s’il fût né particulier, aurait été jugé, par son intelligence et son caractère, au-dessus du commun et ce qu’on appelle proprement un galant homme. […] On prétend qu’il fit choix lui-même de la comtesse de Mailly qu’il jugea propre à remplir ses vues.

1033. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Sir Henry Bulwer, homme d’État et étranger, moins choqué que nous de certains côtés qui ont laissé de tristes empreintes dans nos souvenirs et dans notre histoire, a jugé utile et intéressant, après étude, de dégager tout ce qu’il y avait de lumières et de bon esprit politique dans le personnage qui est resté plus généralement célèbre par ses bons mots et par ses roueries ; « L’idée que j’avais, dit-il, c’était de montrer le côté sérieux et sensé du caractère de cet homme du XVIIIe siècle, sans faire du tort à son esprit ou trop louer son honnêteté. » Il a complètement réussi à ce qu’il voulait, et son Essai, à cet égard, bien que manquant un peu de précision et ne fouillant pas assez les coins obscurs, est un service historique : il y aura profit pour tous les esprits réfléchis à le lire. […] Ne pouvant qu’effleurer cette existence de Talleyrand, qu’éclairer deux ou trois points saillants, et tout au plus donner un coup de sonde a deux ou trois endroits, je ne voudrais rien dire que d’exact, de sûr, et en même temps mettre le lecteur à même de juger, ou du moins d’entrevoir les éléments divers du jugement.

1034. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Ce dernier résultat ne me paraissait pas, je l’avoue, aussi déplorable et aussi nécessairement infertile que l’a jugé l’illustre auteur. […] Que si Rome intervenait et lui commandait de cesser, il me semble (autant qu’on a droit de raisonner sur les desseins providentiels) qu’il n’était pas si déraisonnable à un catholique resté croyant à la liberté et en même temps soumis au Saint-Siège, de juger ainsi : « Il a été bon que M. de La Mennais et ses amis, durant deux années, jetassent ces germes dans le monde : il peut être bon que pour le moment ces germes en restent là, et, puisque Rome le décide, agissant en ce point aveuglément si l’on veut, et par des ressorts intermédiaires humains, mais d’après une direction divine cachée, il faut bien qu’il y ait utilité dans ce retard.

1035. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

On revient, après dix ans, en vue des mêmes idées, non plus pour y aborder, mais pour les juger ; si on y revient ensemble, il y a de quoi se consoler peut-être. […] Mais on est tenté d’oublier ces portions magnifiques quand on songe à tant d’autres récidives simplement opiniâtres, à cette absence totale de modification et de nuance dans des théories individuelles que l’épreuve publique a déjà coup sur coup jugées, à ce refus d’admettre, non point en les louant au besoin (ce qui est trop facile), mais en daignant les connaître et en y prenant un intérêt sérieux, les travaux qui s’accomplissent, les idées qui s’élaborent, les jugements qui se rassoient, et auxquels un art qui s’humanise devrait se proportionner.

1036. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Je conçois cela pour le mémoire sur les médailles italiotes qui forme appendice ; il y a là matière toute spéciale et demi-grimoire ; mais pour le récit, pour le corps même du volume, dussé-je parler par anticipation d’une seconde édition, je persiste à en juger d’après l’effet éprouvé, c’est à tout le public que l’excellent Essai s’adresse, c’est à travers tout ce public qu’il ira çà et là découvrir son juge entre cent lecteurs203. […] Souvent dans les débris de statues tronquées, quand elles sont de grande façon, un seul reste du torse ou du masque donne à juger de l’ensemble : de même pour quelques-uns des hommes dont il s’agit.

1037. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Colbert, qui jugeait si mal Homère et Pindare, entendait le moderne à merveille ; il avait le sentiment de son temps et de ce qui pouvait l’intéresser ; il trouva là une veine bien française, qui n’est pas épuisée après deux siècles ; on lui dut un genre de spectacle de plus, un des mieux faits pour une nation comme la nôtre, et l’on a pu dire sans raillerie que, si les Grecs avaient les Jeux olympiques et si les Espagnols ont les combats de taureaux, la société française a les réceptions académiques. […] Cet avenir, tel qu’il le jugeait, devait d’ailleurs avoir pour lui peu de charmes.

1038. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Je voudrais jouir et souffrir de la terre entière, de la vie totale et, comme saint Antoine à la fin de sa tentation, embrasser le monde… Vous pouvez, si cela vous plaît, juger excessive l’impression que laissent en moi ces romans. […] Il me fait trop de plaisir, et un plaisir trop aigu et qui s’enfonce trop dans ma chair, pour que je sois en état de le juger.

1039. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Pour autant que nous en pouvons juger, c’est surtout chez l’homme qu’ils éclatent. […] On jugerait plutôt l’individu pleinement adapté à cette vie sociale passagère, et l’on ne constate pas de lutte vive, d’antagonisme durable entre les désirs de l’individu et les exigences de la famille et de la race.

1040. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Alors seulement on pourra juger du livre de la spirituelle reine, que tous les éditeurs, même les premiers éditeurs, m’assure-t-on, ont étrangement défiguré. […] Ceux qui l’ont jugée avec le plus de sévérité conviennent d’ailleurs qu’elle se corrigea avec l’âge, et que sa volonté, son rare esprit, le sentiment du rang qu’elle allait tenir, triomphèrent, sur la fin, de ses impétuosités premières et de ses pétulances : Trois ans avant sa mort (écrit la duchesse d’Orléans, mère du Régent, honnête et terrible femme qui dit crûment toute chose), la Dauphine s’était entièrement changée à son avantage ; elle ne faisait plus d’escapade, et ne buvait plus à l’excès.

1041. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Son esprit sensé, livré à lui-même, s’émancipait aux lumières de l’expérience ; il jugea la femme habile et artificieuse qui avait été mêlée si avant aux malheurs de sa maison. […] Elle l’a nourri et formé à la lettre ; elle l’a bien jugé de bonne heure, et on retrouve dans ce premier jugement, on y devine toutes les qualités et les limites que la vie de ce prince a manifestées depuis.

1042. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Cette charge, qui était, je crois, dans les forêts et domaines, bien qu’achetée par Beaumarchais, ne put être conservée par lui ; il trouva comme obstacle insurmontable les prétentions liguées de la compagnie dans laquelle il voulait entrer, et qui ne l’en jugeait pas digne par ses antécédents d’horloger. […] Il est poussé à outrance, il est vaincu, écrasé ; il n’a plus pour ressource, dans une affaire désormais jugée et de nature déshonorante, qu’un chétif accessoire par où se rattacher au principal ; il est mis en demeure d’avoir à l’instant de l’énergie, de l’esprit, du génie ; il en aura.

1043. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Nous avons toutes raisons pour croire que beaucoup de ces formes douteuses, ou étroitement alliées, ont gardé avec permanence leurs caractères en leur contrée natale pendant une longue période de temps et, autant que nous en pouvons juger, aussi longtemps que de véritables espèces. […] Je crois donc qu’une variété bien tranchée doit être considérée comme une espèce naissante ; mais on ne pourra juger de la valeur de cette opinion que d’après l’ensemble des considérations et des faits contenus dans cet ouvrage.

1044. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Il y avait en ces poésies autre chose que des vers, des rhythmes et des mascarades de forme à juger. […] Vous jugerez de cette lutte acharnée entre l’esprit qui ne croit pas et l’âme qui veut croire : « Bonaparte meurt en disant : Tête d’armée, et repassant ses premières batailles dans sa mémoire ; Canning, en parlant d’affaires ; Cuvier, en s’analysant lui-même et disant : La tête s’engage… « Et Dieu ?

1045. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Les savants jugeront. […] Croit-on vraiment que Mme de Sévigné ait jugé de même ?

1046. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Je les ai longtemps trouvés bizarres, et j’ai fini par les juger conséquents. […] Ayant considéré la vie d’un homme, d’un peuple, d’un animal, j’ai trouvé que le mot destinée me venait aux lèvres, lorsque je saisissais les faits principaux qui composent la vie de chacun d’eux, et que je les jugeais nécessaires.

1047. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Audacieux et entreprenant, il jugea d’un coup d’œil sûr la situation, et se posa en révolutionnaire zélé. […] Le romantisme est assez loin de nous aujourd’hui, pour que nous le jugions, avec une indépendance dont l’éclecticisme de goût de notre siècle est un sûr garant. […] Jugez-en plutôt par cette description de l’intérieur de Bonne-Ame, la sœur de la Faustin et la maîtresse de Carsonac, un écrivain dramatique quelconque. […] Pas une ligne de plus chez les contemporains en état de juger la question. […] Un homme de tant de flair qui a si bien jugé leur ennemi !

1048. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Gabriel Naudé »

Toutes ces campagnes et expéditions littéraires veulent être jugées en elles-mêmes et comme formant des touts différents. » 254.

1049. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Il avait pour maxime de ne juger des ouvrages d’esprit, surtout au théâtre, que par ses impressions.

1050. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Ils y perdraient ; ils payeraient plus d’impôts. » Cela, c’est leur affaire ; ce serait à eux de juger si le contentement de faire librement partie d’une plus grande communauté fraternelle ne compenserait pas quelque accroissement d’obligations et de charges. — On dit enfin : « Cette solution serait grosse de dangers.

1051. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Madame de Sévigné, plus désintéressée que madame de Maintenon, jugeait mieux le cœur du roi à l’égard de madame de Montespan.

1052. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IV »

Je n’ai pas qualité pour juger des avantages offerts par le système métrique, ni pour affirmer que la routine des Anglais ait entravé leur développement commercial et restreint leur expansion dans le monde.

1053. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

Très souvent, après une brève réflexion, on le jugera tout à fait inutile : steamer est un doublet infiniment puéril de vapeur ; et quel besoin de smoking-room pour un parler qui possède fumoir ou de skating, quand, comme au Canada, il pourrait dire patinoir110 ?

1054. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

En somme, le moment n’est peut-être pas encore venu de le juger.

1055. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Des dictionnaires Historiques Pour juger sainement des Dictionnaires historiques, dit l’Abbé Desfontaines, il faut examiner si leurs auteurs ont choisi ce qui étoit intéressant, indiqué les véritables sources & marqué des dattes sures.

1056. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

A la fin d’une première, d’une seconde, d’une troisième année d’études, les élèves ne seront point admis à l’année suivante sans en être jugés dignes par des épreuves publiques.

1057. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Paris a jugé.

1058. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 34, du motif qui fait lire les poësies : que l’on ne cherche pas l’instruction comme dans d’autres livres » pp. 288-295

Si l’on veut rappeller les choses à leur veritable principe, c’est donc par la poesie du stile qu’il faut juger d’un poeme, plûtôt que par sa regularité et par la décence des moeurs.

1059. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

Cette difficulté est bien moins grande à présent : les dernières sessions des Chambres peuvent être considérées comme une arène où nous avons été appelés à juger du combat, sans effort pour nous, car toutes les opinions se sont trouvées naturellement en présence et à découvert.

1060. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Ce n’était pas assez selon lui de plier son être sur l’idéal composé par nos aïeux ; il jugea qu’il était aussi de son devoir de restituer aux fils, en quelque mesure, les avantages qu’il avait reçus des pères.‌

1061. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Probablement, les exécuteurs testamentaires ont écarté ces pages parce qu’ils en ont jugé la rédaction provisoire, mais les idées étaient mûries depuis longtemps.

1062. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Il était déjà charmé de sa conversation ; mais il voulut le juger sur ses œuvres, et lui ayant remis des couleurs, du papier, des pinceaux, il l’invita à revenir bientôt avec un échantillon de son talent. […] Elle fut charmée de rencontrer une femme dans une position qu’elle jugea semblable à la sienne. […] Nous jugeâmes que le vaisseau était à peu de distance de nous, et nous courûmes tous du côté où nous avions vu le signal. […] Madame de la Tour passa toute la nuit dans ces cruelles souffrances ; et par leurs longues périodes, j’ai jugé qu’aucune douleur n’était égale à la douleur maternelle. […] Elle surprit Vernet, qui avait entendu plusieurs fragments des Études, et qui voulut juger un ouvrage sorti de la même plume.

1063. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

de se moquer de Polyeucte, et qui ne se serait pas fait brûler le bout du petit doigt pour la vérité, a partagé en deux son gâteau empoisonné des Pensées philosophiques, et celles qui sont de par derrière sa tête il les avait laissées soit en Hollande, soit à Saint-Pétersbourg, dans la bibliothèque de l’Ermitage, bien sûr que le lieutenant de police, qui avait remplacé la crainte de Dieu pour Diderot, ne viendrait pas les chercher là… Mais, à présent que nous avons les unes et les autres, nous pouvons les juger, ainsi que le Pascal à la renverse qu’a voulu être Diderot, qui n’a été que le Jocrisse de l’impiété. […] Quant à ses prétentions d’esprit, il les eut toutes, et nous les jugerons dans les livres qui nous restent à examiner. […] C’est sa force de critique qu’il nous faut juger. […] Il n’avait pas été mis à la tête, ou plutôt à la queue de l’édition des frères Garnier, pour juger Diderot avec la fière impartialité d’un critique qui se sent du sang dans les veines, mais pour tintinnabuler à pleines volées en l’honneur du xviii° siècle et de l’homme dont ils publiaient les Œuvres complètes pour la première fois. […] Eh bien, Villemain, malgré son goût et son indulgence pour le xviiie  siècle, dans le jus duquel il a fait cuire, à doux feu, sa littérature, Villemain, malgré ses petites entrailles oratoires, en sympathie naturelle avec les entrailles oratoires de Diderot, est étonnant de fermeté de tête quand il s’agit de juger et de caractériser la philosophie de Diderot et la moralité de ses œuvres !

1064. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Pour cela il faut la pratiquer ; si le lecteur veut en faire l’essai, il pourra juger. […] Jugez par contraste de la bonne humeur et de la joie qu’on avait jadis. […] Cléarque, ayant jugé que le soldat de Ménon avait tort, le fit battre. […] Le moment serait opportun pour juger l’œuvre ; il vaut mieux définir l’auteur. […] Pour juger les anciens, il faut se mettre au point de vue antique.

1065. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Il a jugé les écrivains et les livres du haut des idées religieuses et sociales qui sont le fonds même de son intelligence ; mais il peut se rendre le témoignage qu’autant qu’il a été en lui, il les a jugés avec une impartialité bienveillante pour les hommes, équitable, sans être indifférente pour les œuvres littéraires. […] Dans la deuxième phase, le protestantisme se sécularise ; il s’élève à sa seconde puissance et devient l’esprit d’examen sans contrôle, sans règle comme sans limites, ce qui était inévitable, car l’inspiration individuelle, maîtresse de tout juger d’après la règle qu’elle interprétait à son gré, devait être fatalement conduite à juger et à détruire la règle elle-même et demeurer seule debout sur les débris qu’elle avait entassés. […] Parlant à une génération nouvelle qui, pendant la tourmente révolutionnaire, n’avait rien appris ou avait tout oublié, elle put tout lui dire, chargée pour ainsi dire de lui tout apprendre : tantôt répéter, tantôt réfuter ce qui avait été dit, juger ce qui avait été jugé, rétablir toutes les doctrines, revenir sur tous les anciens écrivains et sur toutes les littératures, et mêler à ces questions pleines d’intérêt des discussions plus graves encore. […] Comment juger si une théorie philosophique de la perception est vraie ou fausse, en quoi elle est vraie ou fausse ? […] Des hommes d’un âge plus mûr, des hommes dans toutes les situations, ne tardèrent pas à venir juger par eux-mêmes le mérite d’un enseignement dont le retentissement n’avait pu leur échapper.

1066. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Il faut donc établir d’abord l’objectivité d’un principe qui nous permette de juger de l’objectivité des autres. […] C’est à la suite d’une comparaison que nous jugeons la différence. […] Ce que je trouve beau n’est pas jugé beau nécessairement et au même titre par une autre personne. Nous ne nous entendons pas sur le mérite comparé de l’œuvre que nous jugeons avec un autre. […] Nous ne connaissons que nous ; c’est par comparaison dans leurs rapports avec nous que nous jugeons les objets.

1067. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

On l’admire de notre temps ; eux la jugeaient, et, précisément parce qu’ils la jugeaient, ils savaient y reconnaître et y reprendre leur bien. […] Car enfin, cet homme si préoccupé de son temporel, et que vous eussiez jugé « si curieux du denier dix », ouvrait volontiers sa bourse, et qui voulait y puisait. […] Non qu’il ne connût pourtant de longue date et qu’il n’eût jugé son Frédéric. […] Quelques amis zélés, quelques prôneurs intéressés ne pouvaient empêcher qu’on y jugeât l’homme très sévèrement, et ses œuvres très librement. […] Jugez donc, Monsieur, si je suis reconnaissant à M. 

1068. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Lisez, jugez et croyez ce que vous pourrez, et puis offrez à Dieu votre incrédulité, qui vaut mille fois mieux que la crédulité d’un autre. […] Je ne sais si je fais du galimatias ; vous en jugerez, mais je crois m’entendre. […] Necker, mettez-le entre deux poids pendant deux heures, déchirez la couverture et envoyez-la-moi : je la considérerai bien des deux côtés, je jugerai le livre et j’imprimerai 154. […] Jugez de mon plaisir quand, à mon réveil, mon fidèle de Crousaz165 m’a présenté le petit Persée. […] Il me semble que vous la jugez un peu sévèrement.

1069. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Singulière façon de juger un homme et de faire connaître son œuvre. […] Le mot bonté n’est pas une seule fois prononcé, même par ceux des témoins de sa vie qui le jugent avec la plus grande bienveillance. […] par ceux qui le jugent si sévèrement. […] En sorte que son œil, juste autant que son esprit, a gardé cette première vision si précieuse et si difficile à conserver pour bien juger. […] On peut juger rien qu’à cette page de la façon dont chaque personnage est étudié et, sans se compromettre, classer M. 

1070. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Certains jugeront peut-être qu’il aurait donc pu se dispenser de l’écrire. […] On ne le pourra d’ailleurs juger définitivement que lorsqu’on en connaîtra les conclusions. […] Sur ce chapitre, le procès est jugé. […] Lui, il avait qualité pour couper, remanier et condenser, s’il le jugeait à propos. […] Louis Ratisbonne, apparemment, le jugeait indigne de l’impression.

1071. (1891) Esquisses contemporaines

Ses contemporains peuvent donc plus facilement le juger — si toutefois juger sans sympathie est encore juger — que l’apprécier à sa valeur réelle. […] Si l’impersonnalité est un bien, pourquoi ne pas m’y obstiner, et si elle est une tentation, pourquoi y revenir après l’avoir jugée ?  […] On voudrait juger d’ailleurs qu’on ne le pourrait plus. […] S’il est permis de juger sur quelques indices subséquents, tel ne fut point tout à fait le chemin suivi par Scherer. […] Il faut ajouter Pêcheurs d’Islande, paru postérieurement et que nous jugeons être le maître d’ouvrage de l’auteur.

1072. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Lui-même n’a jamais surfait beaucoup sa valeur de peintre, et, avec le bon sens lucide de son analyse, s’est jugé en cette matière avec assez de vérité. […] Ne jugeons ces actions et réactions qu’à leurs fruits, Fromentin nous en garde encore qui ne sont pas négligeables. […] Mais (on reconnaît ici l’autobiographie de Fromentin) Dominique a depuis longtemps l’habitude de l’analyse intérieure, et la lucidité froide de celui qui sait se juger. […] « Jugeait-il que la dernière évolution de son existence était accomplie ? […] Parce qu’il écrit en français, parce qu’une langue nous fait malgré tout une patrie sinon d’intelligence, du moins de style, les Français l’ont jugé du point de vue de leur littérature, de leur tradition, de leur capitale, et l’ont jugé durement.

1073. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Cousin est un des mille petits actes pareils qu’il s’est permis envers moi et envers d’autres, toutes les fois qu’il l’a jugé convenable.

1074. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Il connut ensuite pour lui et pour les siens la détresse et la misère ; il racontait, de ces années laborieuses, de précis et de touchants détails qu’on aurait pu rappeler sans inconvénientac, parce que de telles épreuves eurent une profonde influence sur son esprit et sur sa manière de juger les événements et sans doute les gouvernements.

1075. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

. — On trouve aussi que Fouché est jugé un peu favorablement et avec trop d’indulgence ; le portrait de M. de Talleyrand, très-agréable, n’est lui-même qu’ébauché ; l’historien, si bien au fait des secrets les plus honteux, ne peut tout dire ; mais ces portraits sont touchés avec infiniment d’art et de goût.

1076. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

d’où vient ce silence absolu sur nos faiseur d’arbitraire d’aujourd’hui, qui s’attaquent, non pas à des titres littéraires, à des fauteuils, mais aux garanties les plus inviolables du citoyen, qui jugent prévôtalement, et qui, avant peu de jours, si une clameur équitable ne s’élève, fusilleront ?

1077. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre I »

Quelle duperie, c’est de vouloir juger les hommes sur les apparences qu’ils se plaisent à se donner !

1078. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre V. Du jeu, de l’avarice, de l’ivresse, etc. »

quelle irrécusable preuve de malheur, que ce besoin d’éviter le cours naturel de la vie, d’enivrer les facultés qui servent à la juger !

1079. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

On sent que c’est quelque chose de voulu, de convenu, et que l’écrivain a jugé bienséant, à certains endroits, de parler de Dieu.

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