Les deux personnages doivent être sans cesse rapprochés, mêlés l’un à l’autre, tout en restant bien distincts l’un de l’autre. […] Ils accordent aussi une influence considérable au milieu. « L’homme n’est pas seul, il vit dans une société, dans un milieu social, et dès lors, pour nous, romanciers, ce milieu social modifie sans cesse les phénomènes. […] La science n’a d’autre but qu’elle-même ; rien n’existe pour elle en dehors du résultat obtenu, l’homme ne compte qu’entant que moyen, mis de côté dès qu’il cesse d’être utile : il ne ferait que retarder, embarrasser sa marche ; le roman au contraire, tout entier tourné vers l’homme, ne verra l’œuvre de l’homme qu’à travers ses efforts. […] Il s’agit tout simplement de trouver par quel côté le laid cesse de l’être, c’est-à-dire en quel sens il a droit à notre sympathie, droit qui est celui de tout ce qui existe, à la seule condition qu’on sache regarder les choses sous un certain jour.
On en sort l’imagination éblouie par la richesse des couleurs, la sonorité d’un vocabulaire surabondant et la prodigieuse variété du spectacle ; — mais le merveilleux charme cesse avec le contact. […] Je hais les cuivres ; mais quand l’âpreté des cordes expressives a cessé de rythmer l’écho, je sais goûter un air de flûte ou de hautbois. […] Je pensais que la terreur hugolâtre avait cessé de régner. […] — Que Victor Hugo, l’emporte sur tous ses rivaux du xixe siècle c’est, selon moi, incontestable, et l’expression me manque pour définir, sans longueur, l’exceptionnel esprit qui n’a cessé de répandre avec une profusion miraculeuse, pendant plus de soixante ans, les plus magnifiques joyaux dont se soit jamais enrichi notre art français.
Gœthe, ce fanfaron calme des vices de son esprit, n’a cessé de répéter qu’il méprisait l’histoire. […] Ce qui est bas cesse d’être spirituel. […] Car, il faut revenir sans cesse à cela, quand on a carré et cubé à un homme une telle gloire, il faut que la Critique ne craigne pas de se répéter et de traîner derrière son char neuf fois autour des murs de Troie le cadavre de ce faux Hector. […] Cet amoureux des beaux marbres n’avait chez lui que des plâtres… Il s’asseyait, non pas, comme le cardinal capucin Micara, sur un escabeau devant l’ambassadeur d’Autriche debout, pour lui faire respecter la fière austérité de la sainte Église, mais il s’asseyait sur une chaise de bois pour souper maigrement entre deux chandelles, se posant, il est vrai, entre ces deux chandelles, le problème qui n’a cessé de tourmenter sa vie et sa pensée et que l’invention de la bougie a résolu : comment se passer de mouchettes ?
Cet officier serait bien mieux à son corps, car il fermente sans cesse. […] Non seulement ils se disputaient entre eux, mais encore ils s’occupaient sans cesse (et Dieu sait avec quelle incompétence) de ce qui ne les regardait pas. Le capitaine Bonaparte ne cessait de se plaindre aux députés. […] J’ai rencontré, un jour, en Anatolie, un vieux laboureur qui avait cessé de cultiver son champ. « Pourquoi, lui dis-je, ne cultives-tu pas ton champ ? […] La nacre incrustée cessa de chatoyer sous la lueur des girandoles.
En même temps qu’il a été si soigneux de rattacher à chaque page, à chaque vers, tout ce qui s’y rapporte directement ou indirectement chez les Anciens ou même chez les modernes, le nouvel éditeur ne tire point trop son auteur du côté des textes et des commentaires, et il ne prétend point le ranger au nombre des poëtes purement d’art et d’étude ; il relève avec un soin pareil, il sent avec une vivacité égale et il nous montre le côté tout moderne en lui, et comme quoi il vit et ne cesse d’être présent, de tendre une main cordiale et chaude aux générations de l’avenir : « Chénier, remarque-t-il très justement, ne se fait l’imitateur des Anciens que pour devenir leur rival. » À Homère, à Théocrite, à Virgile, à Horace, il essaye de dérober la langue riche et pleine d’images, la diction poétique, la forme, de la concilier avec la suavité d’un Racine, et quand il en est suffisamment maître, c’est uniquement pour y verser et ses vrais sentiments à lui, et les sentiments et les pensées et les espérances du siècle éclairé qui aspire à un plus grand affranchissement des hommes.
Paul Albert, quand je pense à tout ce que j’y trouve de connu déjà et aussi de neuf, d’exact et de tout récemment démontré (car l’histoire littéraire est en marche, et elle avance sans cesse), je ne puis m’empêcher de m’écrier : Heureuses les jeunes filles d’aujourd’hui !
de longs ennuis… Toi qui veilles sans cesse et jamais ne te couches, Tu nous es le soleil des nuits.
Cette brièveté de la vie, dont Horace mêle sans cesse le souvenir à ses peintures les plus riantes, cette pensée de la mort, qu’il ramène continuellement à travers toutes les prospérités, rétablissent une sorte d’égalité philosophique, à côté même de la flatterie.
À Rousseau encore, Bernardin de Saint-Pierre a pris sa philosophie sociale, dont les effusions, mêlées sans cesse aux descriptions de la nature, font des Études un étonnant chaos.
Le sage, selon lui, ne devait pas s’obstiner d’appeler sans cesse un Dieu toujours caché ou toujours absent… Le comte Alfred de Vigny, à partir de 1835, garda le silence.
Si elle cesse d’être l’intermédiaire du commerce habituel de la vie, elle devient la langue savante et presque toujours la langue sacrée du peuple qui l’a décomposée.
Cette méthode n’est-elle pas plus agréable, plus instructive, plus sûre, que d’enseigner sans cesse ce qu’il faut faire, sans montrer comment on le fait ?
A les en croire, il étoit comparable en quelque sorte à Lucien, à Horace & à Boileau, occupé comme eux à combattre sans cesse les ennemis du bon goût, l’ignorance, le faux bel-esprit, le néologisme, le stile précieux.
L’attention à se conformer aux regles qu’on apprend dès l’enfance, cesse bientôt d’être une contrainte.
Malgré son amour pour l’État, ce mystère des mystères dans son livre, cet incompressible persistant qui disparaît à chaque révolution sans cesser d’être, Dupont-White n’est, au fond, qu’un individualiste comme les autres, un individualiste sans le savoir, lequel, avec des airs d’Hercule, file un coton assez maigre, sur une quenouille assez mince, aux pieds de l’Omphale du progrès !
Nous qui les avons lus aujourd’hui nous disons, au contraire, que sans cette inspiration révolutionnaire qui revient sans cesse en M.
Le premier est que l’analyse psychologique doit se repérer sans cesse sur le caractère utilitaire de nos fonctions mentales, essentiellement tournées vers l’action.
Tout ce qui vit, tout ce qui rampe, tout ce qui existe de mortel sur la terre, nous naquîmes de toi, nous sommes de toi une faible image ; je t’adresserai donc mes hymnes, et je ne cesserai de te chanter.
Cette recherche importune des agréments arrête les mouvements libres et fiers de l’imagination, et l’oblige sans cesse à ralentir sa marche.
Ces échanges ne furent autre chose que les cessions de terres faites au moyen âge, à charge de cens seigneurial (livelli).
Car les arts qui parlent aux sens peuvent être pervertis, s’ils ne remontent sans cesse à la source divine de l’âme ; et l’image impérieuse du beau moral les protège autant qu’elle les élève.
La science aujourd’hui possède des vérités acquises, l’espérance de découvertes plus hautes, une autorité sans cesse croissante, parce qu’elle est entrée dans la vie active, et qu’elle s’est déclarée servante de l’homme. […] On a reporté sur la première l’amour et la vénération qu’on avait pour les droits qu’elle défendait ; on a versé sur la seconde le mépris et la haine qu’on ressentait pour la servitude qu’elle voulait introduire ; les passions politiques ont enflammé les croyances religieuses ; le protestantisme s’est confondu avec la patrie victorieuse, le catholicisme avec l’ennemi vaincu ; le préjugé a subsisté quand la lutte cessait, et aujourd’hui encore les protestants d’Angleterre n’ont point pour les doctrines des catholiques la bienveillance ou même l’impartialité que les catholiques de France ont pour les doctrines des protestants. […] Il montre dans Charles le respect inné de la royauté, la croyance au droit divin, la conviction enracinée que toute remontrance ou réclamation est une insulte à sa couronne, un attentat à sa propriété, une sédition impie et criminelle : dès lors, vous ne voyez plus dans la lutte du roi et du parlement que la lutte de deux doctrines ; vous cessez de prendre intérêt à une ou à l’autre pour prendre intérêt à toutes les deux ; vous êtes les spectateurs d’un drame ; vous n’êtes plus les juges d’un procès. […] Le carême survenant, ils cessent d’engloutir les viandes, et ne cessent pas de tuer les bêtes.
De plus, l’expérience ne suit ces deux lignes que jusqu’à une distance bornée, dix, cent, mille pieds, et l’axiome est vrai pour mille, cent mille, un million de lieues, et à l’infini ; donc, à partir de l’endroit où l’expérience cesse, ce n’est plus elle qui établit l’axiome. […] Nous ne pouvons imaginer un espace enclos par deux lignes droites ; sitôt que nous imaginons l’espace comme enclos, les deux lignes cessent d’être droites ; sitôt que nous imaginons les deux lignes comme droites, l’espace cesse d’être enclos. […] Vous n’avez pas besoin pour cela de les suivre à l’infini, vous n’avez qu’à vous transporter par l’imagination à endroit où elles convergent, et vous avez à cet endroit l’impression d’une ligne qui se courbe, c’est-à-dire qui cesse d’être droite1484. […] Prenons un oiseau qui est dans l’air et respire ; plongeons-le dans l’acide carbonique, il cesse de respirer.
De plus, l’expérience ne suit ces deux lignes que jusqu’à une distance bornée, dix, cent, mille pieds, et l’axiome est vrai pour mille, cent mille, un million de lieues, et à l’infini ; donc, à partir de l’endroit où l’expérience cesse, ce n’est plus elle qui établit l’axiome. […] Nous ne pouvons imaginer un espace enclos par deux lignes droites ; sitôt que nous imaginons l’espace comme enclos, les deux lignes cessent d’être droites ; sitôt que nous imaginons les deux lignes comme droites, l’espace cesse d’être enclos. […] Vous n’avez pas besoin pour cela de les suivre à l’infini, vous n’avez qu’à vous transporter par l’imagination à l’endroit où elles convergent, et vous avez à cet endroit l’impression d’une ligne qui se courbe, c’est-à-dire qui cesse d’être droite13. […] Prenons un oiseau qui est dans l’air et respire ; plongeons-le dans l’acide carbonique, il cesse de respirer.
Il a cessé de considérer la vertu comme un fruit de l’instinct libre, et d’allier les délicatesses de l’âme à la santé du corps. […] À mesure que le temps marchait, l’esprit belliqueux s’affaiblissait ; les mots de liberté et de guerre cessaient de se trouver ensemble. […] Une trêve qui ne préjuge rien des conditions do la paix, et partant, rien des cessions territoriales, comporte pour toutes les provinces envahies le droit d’élire des députés à l’Assemblée qui traitera. […] Non seulement il remaniait et recommençait sans cesse, mais encore, seul dans son atelier, immobile devant sa toile, il méditait et combinait, pendant des heures entières, parfois toute une journée, sans tracer un seul trait. […] De la plus haute opulence, elle était tombée dans la médiocrité étroite sans cesser de sourire, et, pour retenir ou attirer autour d’elle l’élite de la société polie, ce sourire suffisait ; quand on l’avait vu une fois, on voulait le revoir toujours.
Sophie Cirilovna ne cessait de parler, tout en jetant de temps à autre un regard impérieux sur ses domestiques. […] Son ami Pierre avait cessé de lui parler d’elle. […] — Cesser vos visites. […] À l’instant même on arrêta le navire, à l’instant on lança la chaloupe à l’eau ; mais il était trop tard : Boris avait cessé de vivre. […] Il cause et joue sans cesse avec eux, surtout avec le petit garçon qui, comme lui, s’appelle Étienne, et qui, sachant l’ascendant qu’il exerce sur son aïeul, s’amuse à le contrefaire quand le vieillard se promène dans la chambre en répétant : « Braou !
Nous abordons maintenant une question bien plus obscure : c’est l’étude du mécanisme intérieur par lequel un état de conscience est maintenu péniblement, malgré le struggle for life psychologique qui tend sans cesse à le faire disparaître. […] Ce malade, très cultivé, nous dit dans sa confession : « Je ruine ma santé en pensant sans cesse à des problèmes que la raison ne pourra jamais résoudre et qui, malgré les efforts les plus énergiques de ma volonté, me fatiguent sans trêve. […] La contemplation implique encore l’exercice de la volonté et le pouvoir de faire cesser la tension extrême de l’esprit. […] Toutefois même cette manière d’entendre cesse lorsque le ravissement est à son plus haut degré. […] La diffusion n’est pas seulement intérieure ; elle se traduit sans cesse au dehors et se dépense à chaque instant.
Raphaël, quelque pur qu’il soit, n’est qu’un esprit matériel sans cesse à la recherche du solide ; mais cette canaille de Rembrandt est un puissant idéaliste qui fait rêver et deviner au-delà. […] Cette méthode double contrarie sans cesse leurs efforts, et donne à toutes leurs productions je ne sais quoi d’amer, de pénible et de contentieux. […] Ce n’est pourtant pas ainsi, — il faut le répéter sans cesse, — que M. […] Il y mêle beaucoup de son âme, comme Delacroix ; c’est un naturaliste entraîné sans cesse vers l’idéal. […] Car ils étaient intéressés à représenter sans cesse le passé ; la tâche est plus facile, et la paresse y trouvait son compte, Il est vrai que la grande tradition s’est perdue, et que la nouvelle n’est pas faite.
Le général Debelle, le beau-frère de Hoche, répétait sans cesse : « Nous sommes déroutés, c’est à perdre l’esprit ! […] Il n’a pas cessé de revenir à une conception sérieuse et tendre de la vie. […] Et, pourtant, on ne cessera jamais de lire des romans historiques et d’y prendre plaisir. […] En Suisse même, on a cessé de se quereller, dans les soirées mondaines, sur les questions épineuses qui furent l’occasion du colloque de Poissy. […] Le peuple l’entourait de tous côtés et criait sans cesse : “À bas le tyran !”
Il n’a pas de cesse qu’il n’ait arraché le dernier mot à son art. […] Elle a cessé d’être la base sur laquelle tout repose. […] Il cesse d’être intelligible, et donc il cesse d’être du français. […] Dans le délire de ses nuits, c’est cela qu’elle répète sans cesse : J’ai honte ! […] Remarquez-vous que parmi les éloges que Weiss décerne à ses écrivains favoris, il en est un qui revient sans cesse : c’est qu’ils sont des poètes ?
Je vins à Paris pour la première fois en septembre 1818, et depuis ce temps, sauf de rares absences, je n’ai cessé de l’habiter. […] Dans les provinces, ou l’on n’est pas sans cesse distrait d’une idée par de mouvants et changeants spectacles, où un événement lugubre a le temps de marquer et de se graver profondément, il est impossible d’oublier, à des années de distance, ce qu’on a vu quand on y a été témoin d’une époque de terreur. — M. […] Sainte-Beuve chez sa mère, ce qui ne laissait pas de la troubler un peu : sans cesse préoccupée sur le sort et l’avenir de son fils, en bonne et simple bourgeoise qu’elle était, vivant dans la retraite, ayant connu dans son enfance des temps orageux et terribles, elle redoutait qu’il ne fût entraîné trop loin par une relation trop chevaleresque. — Et ce que toutes les mères et les pères aussi qui s’intéressent à la carrière d’un fils, lancé dans cette voie épineuse des Lettres, comprendront, elle ne crut véritablement le sien sauvé que le jour où il fut reçu de l’Académie française. — Je retrouve à l’instant même une lettre qui avait beaucoup touché M.
Le pur littérateur aime les livres, il aime la poésie, il s’essaye aux romans, il s’égaye au pastiche, il effleure parfois l’histoire, il grapille sans cesse à l’érudition ; il abonde surtout aux particularités, aux circonstances des auteurs et de leurs ouvrages ; une note à la façon de Bayle est son triomphe. […] Il y a plus : poëte, romancier, préfacier, commentateur, biographe, le littérateur est volontiers à la fois amateur et nécessiteux, libre et commandé ; il obéira maintes fois au libraire, sans cesser d’être aux ordres de sa propre fantaisie. […] Les soirs même de dimanche, en cet Arsenal toujours gracieux et embelli, s’il s’oublie quelquefois, comme par mégarde, à causer et à rajeunir, si, debout à la cheminée, il s’engage en un attachant récit qui ne va plus cesser, à mesure que sa parole élégante et flexible se déroule, écoutez, assistez !
La sensation d’odeur proprement dite y est compliquée d’une autre qui cesse, s’accroît ou se renverse selon l’état de l’estomac ; la même odeur, celle d’un plat de viande fumante, est agréable pendant la faim et désagréable pendant une indigestion ; probablement, dans ce cas, il y a d’autres nerfs profonds du canal alimentaire qui entrent aussi en action ; la sensation totale est composée d’une sensation du nerf olfactif et de plusieurs sensations adjointes. — On peut enfin diviser en deux les odeurs fraîches ou suffocantes, c’est-à-dire, d’un côté, celles des sels volatils, de l’eau de Cologne, du goudron, du tan, et, de l’autre côté, celles du renfermé, celle d’une pâtisserie, d’une manufacture de coton, d’un magasin de laine ; visiblement ici, à la sensation d’odeur proprement dite s’ajoute une sensation de bien-être et de malaise qui vient des voies respiratoires et qui a pour canaux des nerfs de contact et de douleur. — Je pense aussi que dans plusieurs cas, par exemple lorsqu’on respire de l’alcool, une faible sensation de chaleur vient compliquer la sensation d’odeur proprement dite. — Restent les pures sensations d’odeur, agréables ou désagréables par elles-mêmes, celles de la violette et de l’assa fœtida par exemple ; il y en a un nombre infini desquelles on ne peut rien dire, sinon qu’elles sont agréables ou désagréables ; par elles-mêmes, elles résistent à l’analyse, et pour les désigner nous sommes obligés, de nommer le corps qui les produit. […] « Dès que ces malades cessent de voir leurs membres, ils n’ont plus conscience de leur position ni même de leur existence. […] On peut impunément leur enfoncer un instrument piquant dans les chairs, à condition, bien entendu, qu’ils n’en soient pas avertis par la sensibilité persistante de la peau. » Partant, quoiqu’ils aient gardé toute leur vigueur musculaire et que même ils ne puissent plus connaître la fatigué, ils marchent très difficilement, quand ils sont dans l’obscurité, ou quand, avec les yeux, ils cessent de surveiller leurs mouvements ; il faut que chez eux les sensations de la vue soient toujours là pour suppléer aux sensations musculaires absentes.
III Sous le Directoire la proscription avait cessé, les différents clergés professaient librement chacun leur foi, et, se faisant une libre concurrence par la persuasion dans l’esprit des populations chrétiennes, étaient également inviolables dans l’exercice purement spirituel de leur ministère. […] S’il s’agissait pour le premier Consul de flétrir l’impiété, ce parricide moral de l’humanité ; de relever le sentiment religieux, cette piété filiale de l’esprit humain dans l’âme du peuple ; de faire respecter, honorer, vénérer sous toutes ses formes sincères les cultes libres qui sont les actes volontaires et spontanés de cette piété du cœur humain, et qui, en rappelant sans cesse l’homme à sa source et à sa fin, sont sa filiation divine, sa noblesse entre les créatures, sa conscience, sa morale, sa vertu, sa consolation, son espérance, rien ne serait plus plausible que l’argumentation de M. […] Ce qui est le fatigue ou l’oppresse ; ce qui a cessé d’être acquiert tout à coup un attrait puissant.
À l’égard de Gorgias, il m’était assurément fort utile pour m’exercer à la déclamation, mais j’ai obéi aux ordres de mon père, qui a voulu que je cessasse de le voir. » On sait d’ailleurs que ce Gorgias était un corrupteur de la jeunesse, redouté des parents. […] Il parlait sans cesse à Mécène d’Horace et à Horace de Mécène ; il voulait rejoindre ses deux amis. […] Quand il leur plaira d’enchaîner les vents qui se combattent sur la mer écumante, les cyprès et les ormes séculaires cesseront de plier sous leurs coups.
Quant aux Précieuses ridicules, si elles ne nous font pas ôter tous les livres des mains de nos filles, elles nous font adorer dans une femme la simplicité, la grâce, les soins du domestique portés légèrement, la femme qui sait être utile sans cesser d’être agréable. […] L’imagination ne se fatigue pas d’originaux qui se renouvellent sans cesse autour de nous, qui sont nous-mêmes. […] Ce qui en a vieilli revient à la mode ; ce qui en est parfait n’a pas cessé de le paraître.
« Ainsi la musique a quitté son état d’innocence sublime ; elle a perdu son pouvoir, le pouvoir qui rachetait l’homme du Péché de l’Apparence ; elle a cessé d’être la révélatrice de la Nature réelle, et s’est jetée dans cette illusion de la Représentation, dont elle devait nous sauver (p. 100). […] C’était la Compréhension qui avait construit l’air d’opéra, dicté, les unes après les autres, en série, les pièces d’opéra : c’était elle encore qui avait enchaîné le génie de Haydn, le contraignant à égréner, sans cesse, une à une, les perles de son écrin. […] La plainte même, qui, si profondément, s’exprimait, sans cesse, en ses œuvres antérieures, se calme, ici, et devient un sourire.
Et, par exemple, lui qui savait si bien le latin et qui avait une des plus belles bibliothèques de particulier, il avait peu étudié le grec, et des oracles qu’il citait sans cesse, il y avait une bonne moitié qu’il ne prenait pas directement à leur source : J’ai grand regret, écrivait-il à Spon, de n’avoir exactement appris la langue grecque tandis que j’étais jeune et que j’en avais le loisir ; cela me donnerait grande intelligence des textes d’Hippocrate et de Galien, lesquels seuls j’aimerais mieux entendre que savoir toute la chimie des Allemands, ou bien la théologie sophistique des Jésuites… Pour bien juger Gui Patin, il le faut voir en son cadre, en sa maison, dans son étude ou cabinet, et, par exemple, le jour enfin où, ayant été nommé doyen de la Faculté (honneur pour lequel il avait déjà été porté plus d’une fois, mais sans que le sort amenât son nom), il traite ses collègues dans un festin de bienvenue (1er décembre 1650) : Trente-six de mes collègues firent grande chère : je ne vis jamais tant rire et tant boire pour des gens sérieux, et même de nos anciens. […] En politique, Gui Patin a plus que des échappées : il semble dans un état d’opposition et de fronde continuelle, il blâme tout ; cela commence sous Richelieu et ne cesse pas un instant sous Mazarin.
Et qui donc sait mieux à quoi s’en tenir, en pareil cas, que celui qui s’observe sans cesse ? […] savoir le grec, c’est l’apprendre sans cesse et poursuivre une étude qui ne saurait être un hors-d’œuvre dans la vie, et qui, comme un Ancien l’a dit du métier de la marine, doit être et rester jusqu’à la fin un exercice de tous les jours, de toutes les heures : sans quoi l’on se rouille et l’on ne sait plus bien.
On lui attribue tout ce qui paraît de plus beau et de plus enviable au moment où l’on est, et la vieille chanson rhabillée recommence sans cesse. […] Il tient sa parole et ne cesse dès lors de guerroyer et contre les Maures, et contre les Aragonais, contre les Navarrais, et contre les Français, les Savoyards.
Elle réunit, cette même loi, les hommes moins enthousiastes, qui, accoutumés à la discussion des intérêts divers et si compliqués que la société met sans cesse aux prises, savent les difficultés de la pratique, aiment à voir agir en tout l’expérience, ne recourent que dans les cas extrêmes aux principes de métaphysique, toujours contestables, et qui ont reconnu bien souvent que la réalité des choses, en se développant, déjoue la plupart des espérances ou des craintes que l’imagination s’était faites à l’avance. […] Tout va plus vite dans la société actuelle ; tout va plus loin en moins de temps : il faut, pour vivre et durer, pour se faire un nom et le garder, recommencer et récidiver sans cesse.
Nous adressons ces chicanes de détail à M. de Balzac, parce que nous savons qu’elles ne sont pas perdues avec lui, et que, malgré toutes les incorrections par nous signalées, il soigne son style, corrige et remanie sans cesse, demande jusqu’à sept et huit épreuves aux imprimeurs, retouche et refond ses secondes et troisièmes éditions, et se sent possédé du louable besoin d’une perfection presque chimérique. […] Cette prétention l’a finalement conduit à une idée des plus fausses et, selon moi, des plus contraires à l’intérêt, je veux dire à faire reparaître sans cesse d’un roman à l’autre les mêmes personnages, comme des comparses déjà connus.
Cette continuation, ce progrès de littérature et de poésie n’a pas cessé de nos jours, comme bien l’on pense. […] Il y a des duretés de mots et d’images15 ; il y a de ternes et pénibles endroits16, des invasions du style doctrinaire et rationnel17, qui font que tout d’un coup la transparence a cessé.
Racine n’y a pas pénétré l’essence même de la poésie hébraïque orientale24 ; il y marche sans cesse avec précaution entre le naïf du sublime et le naïf du gracieux, et s’interdit soigneusement l’un et l’autre. […] Je compte les miennes pour rien ; mais votre mère et vos petites sœurs prioient tous les jours Dieu qu’il vous préservât de tout accident, et on faisoit la même chose à Port-Royal. » Et plus bas : « M. de Torcy m’a appris que vous étiez dans la Gazette de Hollande : si je l’avois su, je l’aurois fait acheter pour la lire à vos petites sœurs, qui vous croiroient devenu un homme de conséquence. » On voit que madame Racine songeait toujours à son fils absent, et que, chaque fois qu’on servait quelque chose d’un peu bon sur la table, elle ne pouvait s’empêcher de dire : « Racine en auroit volontiers mangé. » Un ami qui revenait de Hollande, M. de Bonnac, apporta à la famille des nouvelles du fils chéri ; on l’accabla de questions, et ses réponses furent toutes satisfaisantes : « Mais je n’ai osé, écrit l’excellent père, lui demander si vous pensiez un peu au bon Dieu, et j’ai eu peur que la réponse ne fût pas telle que je l’aurois souhaitée. » L’événement domestique le plus important des dernières années de Racine est la profession que fit à Melun sa fille cadette, âgée de dix-huit ans ; il parle à son fils de la cérémonie, et en raconte les détails à sa vieille tante, qui vivait toujours à Port-Royal dont elle était abbesse25 ; il n’avait cessé de sangloter pendant tout l’office : ainsi, de ce cœur brisé, des trésors d’amour, des effusions inexprimables s’échappaient par ces sanglots ; c’était comme l’huile versée du vase de Marie.
Il y touche cet état moral de son âme en traits ingénus et suaves qui marquent assez qu’il n’est pas guéri : « Je connois la foiblesse de mon cœur, et je sens de quelle importance il est pour son repos de ne point m’appliquer à des sciences stériles qui le laisseraient dans la sécheresse et dans la langueur ; il faut, si je veux être heureux dans la religion, que je conserve dans toute sa force l’impression de grâce qui m’y a amené ; il faut que je veille sans cesse à éloigner tout ce qui pourroit l’affoiblir. […] Ce bon doyen de Killerine, passablement ridicule à la manière d’Abraham Adams, avec ses deux bosses, ses jambes crochues et sa verrue au front, tuteur cordial et embarrassé de ses frères et de sa jolie sœur, me fait l’effet d’une poule qui, par mégarde, a couvé de petits canards ; il est sans cesse occupé d’aller de Dublin à Paris pour ramener l’un ou l’autre qui s’écarte et se lance sur le grand étang du monde.
Lemonnier, que je vis, me dit qu’il espérait, comme tout le monde, que la fièvre du roi cesserait dans la nuit, mais que son affaissement lui faisait craindre que non, et qu’alors le lendemain matin il lui demanderait du secours et de choisir un renfort de médecins. […] Il se faisait tâter le pouls six fois par heure par les quatorze ; et quand cette nombreuse Faculté n’était pas dans la chambre, il appelait ce qui en manquait pour en être sans cesse environné, comme s’il eût espéré qu’avec de tels satellites la maladie n’oserait pas arriver jusqu’à Sa Majesté.
Elles cessent toutes pour le dormeur ordinaire ; pour le rêveur, celles-là seules subsistent qui concordent avec son rêve ; le somnambule et l’hypnotisé n’en gardent non plus qu’une série, celles qu’on nomme musculaires ou celles des sons proférés par l’opérateur. […] Une dame vient de perdre son mari, s’afflige beaucoup, et, comme elle croit à l’immortalité de l’âme, elle s’occupe sans cesse de son mari comme d’une personne encore existante11.
Revenant sans cesse au prix inestimable des louanges distribuées par le poète à ses héros : « Comme le vent emporte le navigateur sur la plaine liquide, « Comme les rosées abondantes engraissent la terre et la fécondent, « Ainsi les louanges des poètes contemporains aux hommes qui veulent illustrer leurs noms par leurs vertus ou par leurs victoires, « Les hymnes plus douces que le miel, transmettent leurs exploits aux siècles à venir !… « Il est temps », dit-il lui-même à la fin de ces interminables digressions qui semblent l’éloigner de sa route, « il est temps que mes mains cessent de lancer ces poignées de flèches qui volent loin du but que je veux atteindre !
Politien, remarquez encore que, de tous mes enfants, nul n’a montré une nature égale à celle de Pierre, de telle sorte qu’il me fait augurer et espérer qu’il ne le cédera à aucun de ses ancêtres, à moins que les expériences que j’ai déjà faites de ses talents ne me trompent. » Il m’a donné récemment une preuve de la vérité du jugement et de la prévision de son père, quand nous l’avons vu sans cesse près de lui dans sa maladie, toujours prévenant dans les services les plus intimes et les plus désagréables, supportant le plus patiemment possible les veilles, la privation d’aliments, ne pouvant souffrir qu’on l’arrachât du lit de son père que pour les affaires les plus urgentes de la république, et tout cela avec une merveilleuse piété répandue sur toute sa personne. […] Aussitôt que Laurent eut cessé de vivre, à peine pourrais-je vous dire avec quelle humanité et quelle gravité notre Pierre reçut tous les citoyens qui affluaient dans sa demeure ; comme il fut convenable et même caressant dans les diverses réponses qu’il fit aux condoléances, aux consolations et aux offres de service ; et bientôt quelle adresse, quelle sollicitude il montra dans l’arrangement des affaires de famille ; comment il secourut et releva tous ses amis frappés par ce grand malheur ; comment le moindre d’entre eux, celui-là même qui lui avait fait de l’opposition dans l’adversité, fut relevé dans son abattement, ravivé, encouragé ; comment, dans le gouvernement de la république, il suffit à toutes choses, au temps, au lieu, aux personnes, et ne se relâcha en rien.
On l’a fait d’Église malgré lui, pour conserver dans la famille l’archevêché de Paris : dès qu’il a reconnu la nécessité d’être prêtre sans vocation, peut-être sans foi, il cesse de regimber ; sa volonté se fixe un but, le ministère ; pour y atteindre, il prêche le bon peuple de Paris, il répand les aumônes ; il est populaire. […] Beaucoup d’entre eux ont laissé des lettres où revivent ces originales figures d’érudits, qui cherchèrent la vérité avec une passionnée indépendance sans cesser d’être d’humbles chrétiens.
Ce plan-là en vaut un autre ; il était nouveau alors : il n’a pas cessé d’être bon. […] Il ne veut pas que ce qui a cessé d’être bon l’ait été un seul jour ; le passé n’a pas été la préparation laborieuse et nécessaire, mais l’obstacle du présent.
La médiocrité est facilement satisfaite ; les grandes âmes sont toujours inquiètes, agitées, car elles aspirent sans cesse au meilleur. […] Ce privilège serait odieux, si l’on n’envisageait que la jouissance de l’individu privilégié ; il cesse de l’être si l’on y voit la réalisation d’une forme humanitaire.
« Vous me tuez », lui répétait-il sans cesse. — « Tant mieux ! […] Ici la mythologie cesse, et l’histoire commence, une peu noble histoire !
Dans tous les cas, si l’on a des ennemis au-dehors, si l’on en a aussi au-dedans, il faut de l’union pour les combattre et en triompher, et ce qui s’oppose le plus à cette union, c’est ce malheureux penchant aux soupçons, au tumulte, aux insurrections, qui est fomenté en France, et qui l’est surtout par une foule d’orateurs et d’écrivains : « Tout ce qui s’est fait de bien et de mal dans cette révolution est dû à des écrits », dit André Chénier ; et il s’en prend hardiment à ceux qui sont les auteurs du mal, à « ces hommes qui fatiguent sans cesse l’esprit public, qui le font flotter d’opinions vagues en opinions vagues, d’excès en excès, sans lui donner le temps de s’affermir ; qui usent et épuisent l’enthousiasme national contre des fantômes, au point qu’il n’aura peut-être plus de force s’il se présente un véritable combat ». […] Il le dira et le redira sans cesse : « Il est beau, il est même doux d’être opprimé pour la vertu. » Environ deux ans après son Avis aux Français, dénonçant dans le Journal de Paris (nº du 29 mars 1792) la pompe factieuse et l’espèce de triomphe indigne décerné aux soldats suisses du régiment de Châteauvieux, il terminera en s’adressant à ceux qui demandent à quoi bon écrire si souvent contre des partis puissants et audacieux, car on s’y brise et on s’expose soi-même à leurs représailles, à leurs invectives : Je réponds, dit-il, qu’en effet une immense multitude d’hommes parlent et décident d’après des passions aveugles ; et croient juger, mais que ceux qui le savent ne mettent aucun prix à leurs louanges, et ne sont point blessés de leurs injures.
Cette usurpation va cesser, leur heure arrive enfin, leur prédominance éclate, la civilisation, revenue à l’éblouissement vrai, les reconnaît pour ses seuls fondateurs ; leur série s’illumine et éclipse le reste ; comme le passé, l’avenir leur appartient ; et désormais ce sont eux que Dieu continuera. […] Il est temps que l’histoire se proportionne à la réalité, qu’elle donne à chaque influence sa mesure constatée, et qu’elle cesse de mettre aux époques faites à l’image des poètes et des philosophes des masques de rois.