Donnez-leur l’histoire du cœur humain dans les grandes conditions, cela devient pour eux un objet important. […] La mort comme la distance sont deux choses qui poétisent les objets dont on s’occupe et enlèvent à l’esprit une partie de la sévère rectitude qu’il doit avoir pour formuler son jugement. […] Mais comme, malgré tout son génie, le poète ne pouvait rien inventer, il devait se borner à faire avec tous les objets de la création une olla podrida qui parût d’une saveur nouvelle aux consommateurs. […] On voit alors très loin des objets que les hommes jeunes et dont les yeux sont sains ne peuvent voir, et on ne voit pas au bout de son nez. […] Oui, cet aventureux M. de Laborde met toute son audace à désirer, à demander que les objets industriels soient désormais faits avec goût !
Il suffit que j’aperçoive dans leur objet une grande utilité pour eux, assez peu d’inconvénient pour moi. […] J’ai étendu ou resserré les objets comme il m’a plu. […] Luneau, l’Académie répète les objets d’un art à un autre, et fait bien. […] Elle vous est, je gage, toujours chère, et vous êtes également l’objet de son affection. […] Vous savez quel est votre objet et quelle sera votre marche ; vous avez un comité, des syndics, des assemblées et des délibérations.
Nul art, nul talent naturel pour décrire une à une et avec ordre les diverses parties d’un événement ou d’un objet. […] D’un élan, elle parcourt les quatre coins de son horizon, et touche en un instant des objets qui semblent séparés par tout un monde. […] Il n’a point trop de tous les détails d’une peinture complète ; il aime à voir les objets, il s’attarde autour d’eux, il jouit de leur beauté, il les pare de surnoms splendides ; il ressemble à ces filles grecques qui se trouveraient laides si elles ne faisaient ruisseler sur leurs bras et sur leurs épaules toutes les pièces d’or de leur bourse et tous les trésors de leur écrin ; ses larges vers cadencés ondoient et se déploient comme une robe de pourpre aux rayons du soleil ionien. […] La profonde et poignante impression qu’il reçoit du contact des objets et qu’il ne sait encore exprimer que par un cri, l’exemptera plus tard de la rhétorique latine, et se tournera vers les choses aux dépens des mots.
Thiers aime assurément beaucoup de choses ; mais en parlant ainsi de la première journée marquante et de l’aurore de la discussion parlementaire, il parle de l’objet même et du théâtre de son talent, de son élément préféré, de ce à quoi (après l’histoire) il a le plus excellé et le mieux réussi.
Nous consentirions volontiers à cette créature refoulée, contrainte, silencieuse, qui cache les débris d’une âme trop sensible sous un vermillon de santé bienheureuse, la délicatesse des sentiments sous une gaucherie épaisse ; qui a tout fait pour s’égoïser et qui ne l’a pu qu’en apparence ; qui épie, devine, sait tout et n’en laisse rien voir, mais veille à chaque minute sur l’objet de son dévouement avec l’instinct d’un animal domestique.
Mais cette idée, qui, si elle avait été réalisée selon des conditions naturelles d’existence, dans un lieu, dans un encadrement déterminé, et à l’aide de personnages vivant de la vie commune, aurait été admise des lecteurs superficiels et probablement amnistiée, cette même idée venant à se transfigurer en peinture idéale, à se déployer en des régions purement poétiques, et à s’agiter au loin sur le trépied, a dû être l’objet de mille méprises sottes ou méchantes : on n’a jamais tant déraisonné ni calomnié qu’à ce sujet.
Le vœu ici est le même que dans la VIIIe idylle de Théocrite, quand le berger Daphnis chante ce couplet qu’on ne saurait oublier, et où il ne souhaite ni la terre de Pélops, ni les richesses, ni la gloire, mais de tenir entre ses bras l’objet aimé, en contemplant la mer de Sicile.
Les rêveries des poètes peuvent enfanter des objets extraordinaires ; mais les impressions d’habitude se retrouvent nécessairement dans tout ce que l’on compose.
Elle est presque toujours destructive des qualités naturelles ; ce qu’elles ont de spontané, d’involontaire, est incompatible avec des règles fixes sur tous les objets.
Vous pouviez conclure, de cette plaisante confusion et contrariété d’avis sur un si petit objet, à l’incurable vanité des jugements humains et, par suite, dédaigner mon opinion pêle-mêle avec les autres.
Loin de penser comme ce poète, je voudrais affirmer, en théorie de l’Art, cette vérité : L’âme est en devenir vers elle-même ; à tous les stades de son épanouissement, le moi ne peut être connu que par ses phénomènes, les idées, qui évoluent selon la durée, et le regard direct ou la conscience des spiritualistes n’a pour objet qu’une synthèse d’idées, elle aussi mouvante : nous ne sommes pas les mêmes, au plus profond de nous, dans l’adolescence et dans la vieillesse ; ce n’est point comme on l’a dit le voile qui se déchire ou retombe en lourds plis, ce n’est pas la conscience qui s’obscurcit ou s’éclaire, — c’est notre âme qui s’est renouvelée.
Séparer les choses pour les grouper ensuite, en considérant tour à tour les points par où elles diffèrent et ceux par où elles se ressemblent, c’est la marche naturelle et nécessaire dans toutes les recherches qui portent sur des objets concrets.
L’auteur s’y propose trois objets, 1°.
En effet, une idée fausse qui nous empêche de porter sur une chose un jugement sain, est comme un voile interposé entre nous et l’objet que nous voulons juger.
L’Abbé Terrasson, connu par son Sethos, laissa un ouvrage utile sous le titre de Philosophie applicable à tous les objets de l’esprit & de la raison.
Il concentre la haine universelle, et de cette haine universelle dont Dieu est l’objet, il est résulté dans les âmes, dans les mœurs, dans les probités, l’écroulement de tout ce qui vivait et se tenait autrefois.
Le livre de Martin Doisy, qui, de tous les ouvrages soumis au jugement de l’Académie, répondait seul sans réplique aux prétentions de l’Économie, fille de la Philosophie, par le tableau de tous les biens réels et possibles faits au monde par l’économie, fille de la charité, n’a été l’objet que d’une mention honorable.
Michel-Ange, même par tronçons qui s’interrompent, ce sont là des objets de comparaison effroyablement redoutables, je le sais, mais je sais aussi ce que je viens de voir dans ce poème qui commence comme le jour par les teintes les plus suaves, et, dès le troisième chant, tourne à la force, mais à la force qui reste dans la suavité.
Paul C’est que toutes ces manigances comitardes reposent sur l’échange de bons procédés, et n’ont pas au fond d’autre objet. […] Certains ont même refusé de lui mettre l’objet en main ! […] Il est possible que certains objets soient authentiques et d’autres faux.
Agile et sinueuse, la conversation est pour lui comme le vol pour un oiseau : d’idées en idées, il voyage, alerte, excité par l’élan des autres, avec des bonds, des circuits, des retours imprévus, au plus bas, au plus haut, à rase terre ou sur les cimes, sans s’enfoncer dans les trous, ni s’empêtrer dans les broussailles, ni demander aux mille objets qu’il effleure autre chose que la diversité et la gaieté de leurs aspects. […] Séparation des parents et des enfants. — L’éducation, ses lacunes et son objet. — Ton des domestiques et des fournisseurs. — L’empreinte mondaine est universelle. […] La gaieté ressemble alors à un rayon dansant de lumière ; elle voltige au-dessus de toute chose et pose sa grâce sur le moindre objet.
C’est une évocation : avant d’évoquer, il faut que les objets de l’évocation existent. […] Son cœur venait d’être déçu par l’objet de son premier amour. « Mademoiselle Aloïse Weber, dit Scudo, était une jeune et jolie cantatrice de grand talent que Wolfgang Mozart avait entendue et connue à Munich avant son départ pour Paris. […] C’est ainsi que les vrais poètes changent d’objet sans changer d’amour, parce qu’ils impriment sur tout ce qu’ils adorent l’image que Dieu a gravée dans leur âme.
L’ami contristé s’éloigna ; mais la mère, encore jeune, de Goethe l’arrêta, à l’insu de son mari, dans l’antichambre, lui redemanda le volume et le lut en secret comme un objet d’édification de ses enfants. […] Elle a toujours son front plongé dans son livre de prières ; elle flaire un à un tous les meubles pour s’assurer si l’objet est saint ou profane ; elle sentit donc clairement que l’objet n’apportait pas grande bénédiction dans sa maison.
Il se sentit appelé par des événements inconnus, et il partit pour Rome, en passant par l’Asie, pour visiter toutes les grandes écoles de littérature et d’éloquence, et pour s’assurer aussi si ces temples fameux, d’où le paganisme avait envoyé ses superstitions et ses fables à Rome, ne contenaient pas le mot caché sur la Divinité, objet suprême de ses études. […] Et, puisqu’il s’agit de la mort de Clodius, imaginez, citoyens (car nos pensées sont libres, et notre âme peut se rendre de simples fictions aussi sensibles que les objets qui frappent nos yeux), imaginez, dis-je, qu’il soit en mon pouvoir de faire absoudre Milon sous la condition que Clodius revivra… Eh quoi ! […] La mort lui ayant enlevé bientôt après sa fille Tullia, délices et orgueil de son cœur, il en conçut une telle douleur qu’il s’offensa de ce que cette douleur n’était pas assez partagée par sa nouvelle épouse, jalouse, sans doute, de n’être pas le seul objet de ses tendresses, et qu’il s’éloigna d’elle et se renferma dans la solitude avec ses larmes et son génie.
La médiocrité et le goût barbare des constructions ; la ridicule et mesquine magnificence du petit nombre de maisons qui prétendent au titre de palais ; la saleté et le gothique des églises ; l’architecture vandale des théâtres de cette époque, et tant, tant, tant d’objets déplaisants qui, tous les jours, passaient devant mes yeux, sans compter le plus amer de tous, ces visages plâtrés de femmes si laides et si sottement attifées ; tout cela n’était pas assez racheté à mes yeux par le grand nombre et la beauté des jardins, l’éclat et l’élégance des promenades où se portait le beau monde, le goût, la richesse et la foule innombrable des équipages, la sublime façade du Louvre, la multitude des spectacles, bons pour la plupart, et toutes les choses du même genre. […] Mais ce dédaigneux silence cessa de m’affliger lorsque, un moment après, je vis le roi répandre autour de lui cette monnaie de son regard sur des objets bien plus importants que je ne l’étais. […] Il suffit que vous soyez sûre d’être en bonnes mains, et que je ne me retire jamais de confesser au public l’assistance que je vous dois dans votre situation, étant sûr et très sûr que vous ferez honneur aux conseils ou avertissements que je pourrai prendre la liberté de vous donner dans quelques occasions, et qui sûrement n’auront d’autre objet que votre vrai bien devant Dieu et les hommes.
Le cardinal Spina fut envoyé à Turin pour cet objet. […] Il aurait pu se flatter, avouait-il, de convaincre le général Bonaparte s’il avait eu à l’entretenir d’objets politiques. […] « La chose ainsi arrêtée entre le Pape et moi, le même courrier extraordinaire portant à Paris le nouveau refus de Pie VII à propos des grandes affaires qui étaient l’objet des convoitises ambitieuses de l’empereur Napoléon, lui porta en même temps l’acceptation pontificale de mon éloignement du ministère, et la nomination de mon successeur.
[Question] Depuis quelque temps, le xixe siècle littéraire français semble être l’objet de critiques violentes et d’attaques passionnées. […] Léon Frapié L’art littéraire a pour objet la recherche de la beauté suprême, et la beauté suprême c’est : l’amour humain. […] S’il n’était question que d’une voix isolée, l’enquête des Marges aurait été sans objet : l’ouvrir eût été superflu.
Jules Huret sur l’évolution littéraire en 1891. « Nommer un objet, dit Stéphane Mallarmé, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème, qui est faite du bonheur de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve. C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le Symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d’âme par une série de déchiffrements. » C’est-à-dire que Mallarmé, interdisant avec raison à l’art descriptif et purement extérieur l’accès du poème, hiératise exclusivement un art qui évoque, qui suggère d’images de plus en plus spiritualisées et de valeurs analogiques très proches, telles pensées choisies d’après de premiers rapports d’émotivité.
Nous nous sommes sentis là, mordus d’un nouveau goût de raretés, du goût des objets d’art de la nature. […] Il y a là du bric-à-brac de toutes sortes, des saxes, tous les saxes possibles, les joujoux de Frédéric et de tous les princes, le Monument de la reine, des masques et des figures de cire de tous les Borussiens, des cercueils, des petits modèles de navire, des objets et des instruments inconnus de l’Orient, un immense et abracadabrant méli-mélo de choses, la resserre de bibelots d’une monarchie baroque, un musée de Curtius mélangé d’une musée Tussaud. — Et ce Mon bijou est gardé par un custode maniaque, d’un bavardage intarissable sur chaque objet ; et là, passe sa vie, en robe de fantôme, une vieille princesse allemande, qui est folle.
Et je vous garantis une vente de quarante exemplaires3. » Dimanche 3 avril Pour les objets que j’ai possédés, je ne veux pas, après moi, de l’enterrement dans un musée, dans cet endroit où passent des gens ennuyés de regarder ce qu’ils ont sous les yeux, je veux que chacun de mes objets, apporte à un acquéreur, à un être bien personnel, la petite joie que j’ai eue, en l’achetant. […] Par exemple, à propos du repas nocturne des bohémiens, au bord de la Seine, l’ouverture des Frères Zemganno, et où se trouve la description d’un saule, que je fais gris, sur une note prise d’après nature, il dit : « On sait que le vert devient noir la nuit. » N’en déplaise aux mânes de l’écrivain russe, mon frère et moi étions plus peintres que lui, témoin les très médiocres peintures et les horribles objets d’art qui l’entouraient, et j’affirme que le saule décrit par moi, était gris et pas du tout noir.
Les personnes qui s’arrêtent aux apparences, l’accuseront d’avoir varié, parce que tour à tour il fut bonapartiste, légitimiste, orléaniste, républicain ; mais une étude un peu attentive montre au contraire que sous tous ces régimes, il n’a jamais modifié sa conduite, que toujours, sans se laisser détourner par les avènements et les renversements de gouvernement, il poursuivit un seul objet, son intérêt personnel, que toujours il resta hugoïste, ce qui est pire qu’égoïste, disait cet impitoyable railleur de Heine, que Victor Hugo, incapable d’apprécier le génie, ne put jamais sentir. […] Pas un objet précieux ne manquait ». […] Cependant les lettrés du xviie siècle annonçaient que l’Adone effacerait à jamais le Roland furieux, la Divine Comédie et l’Iliade d, et des foules en délire promenaient des bannières, où l’on proclamait que l’illustre Marin était « l’âme de la poésie, l’esprit des lyres, la règle des poètes… le miracle des génies… celui dont la plume glorieuse donne au poème sa vraie valeur, aux discours ses couleurs naturelles, au vers son harmonie véritable, à la prose son artifice parfait… admiré des docteurs, honoré des rois, objet des acclamations du monde, célébré par l’envie elle-même, etc., etc. ».
Pour cet effet, je prens l’objet le plus simple, un beau buste antique de Socrate, d’Aristide, de Marc-Aurèle ou de Trajan, et je place devant ce buste l’abbé Morellet, Marmontel et Naigeon, trois correspondants qui doivent le lendemain vous en écrire leur pensée. […] Debout, derrière Caesar et ce chevalier, tout à fait à droite, un vieux chef de légion regarde le même objet avec une attention, et une surprise mêlée de douleur. […] Tout à coup elle reviendra sur elle-même avec la même rapidité, et pressera sur vous les objets.
On ne peut se le procurer que par l’entremise des voyageurs ; il n’existe pas dans le commerce européen, et les Indiens en font l’objet d’un échange, soit entre eux, soit avec les étrangers. […] L’objet de la physiologie générale est d’analyser chaque fonction et chaque acte de l’économie, afin de les ramener à leur élément organique. […] Il serait complétement hors de notre objet de décrire ici en détail le mécanisme de la circulation dans les différentes cavités du cœur. […] La méthode expérimentale a pour objet de transformer cette conception à priori, fondée sur une intuition ou un sentiment vague des choses, en une interprétation à posteriori, établie sur l’étude expérimentale des phénomènes. […] L’objet de la science est précisément de découvrir ces causes élémentaires afin de pouvoir les modifier et maîtriser ainsi l’apparition ultérieure des phénomènes.
Quel est l’objet de la philosophie ? […] S’il a été créé ; avant sa création, ou il manquait quelque chose à la gloire et à la félicité des dieux, et les dieux étaient malheureux ; ou il ne manquait rien à leur gloire ni à leur félicité, et, cela supposé, la création du monde, superflue pour eux, n’eut pour objet que l’avantage des êtres créés. Si la création du monde n’eut pour objet que l’avantage des êtres créés, pourquoi y eut-il des bons et des méchants ? […] Il n’aurait pas été mal de s’expliquer sur ces deux points ; car il est évident que la nature nous porte avec violence et nous éloigne avec horreur d’objets que le stoïcien exclut de la notion du bonheur. […] Si ces objets ne tiennent au stoïcien que comme son vêtement, je ne suis point stoïcien, et je m’en fais gloire ; ils tiennent à ma peau, on ne saurait me séparer d’eux sans me déchirer, sans me faire pousser des cris.
N’ayant point d’inspiration personnelle, ils s’en sont fait une avec les objets de leurs premières admirations et de leurs premières études, et cette influence, chez eux, persiste longtemps. […] L’art réaliste est la forme la plus impersonnelle de l’art, celle où l’artiste met le moins de lui-même, et se soumet le plus à l’objet. […] Je n’ai pas dit frivolité, je dis fragilité, pensée fine, brillante et légère, incapable des grands objets, et se brisant à les saisir. […] Il court trop vite au travers de la multitude d’objets qu’il rencontre. […] Mais il aime trouver l’intelligence dans les objets de son étude, et si d’intelligence générale il n’en voit pas dans l’histoire, il se plaît à y contempler des intelligences particulières.
Il y aurait quelque chose de contradictoire à parler d’une grande réputation dont l’objet, dans l’ordre moral, serait absolument vil ; et, si au mot réputation nous substituons le mot gloire, l’impossibilité d’un tel langage sera rendue flagrante. […] Non seulement la critique a le pouvoir de fonder une grande réputation, quand l’objet de ses éloges les justifie en quelque mesure ; elle peut encore créer de toutes pièces une gloire dont le héros est un pur néant. […] L’histoire de la littérature doit, en effet, comme toute histoire, être capable d’un sens philosophique, c’est-à-dire général ; pour devenir un objet de science, il faut qu’elle soit claire, méthodique et logique. […] Mais, à l’âge de l’éducation, pendant que l’autorité a de l’influence et que le caractère se forme, il est très possible de donner au goût des jeunes gens une certaine direction, et tel est justement l’objet de la culture esthétique. […] Mais un système philosophique est, d’un bout à l’autre, un poème complet, une construction idéale de l’esprit, où l’artiste crée tout, son objet et sa forme.
Si, d’ailleurs, on voulait chercher dans ce discours à inspiration généreuse et clémente, qui remplit éloquemment son objet, une étude approfondie de Washington, et le détail creusé de son caractère, on serait moins satisfait ; on ne demandait pas cela alors ; l’orateur, dans sa justesse qui n’excède rien, s’est tenu au premier aspect de la physionomie connue : et puis Washington, dans sa bouche, n’est qu’un beau prétexte. […] Une fois seulement il s’est rencontré directement avec lui, mais peut-être par identité d’objet plutôt que par imitation : Soleil, ce fut un jour de l’année éternelle. […] Halma ne pouvait être accueillie, par la raison que ce n’était pas au gouvernement à intervenir dans une semblable entreprise ; qu’il fallait la laisser à la disposition des gens de lettres, et qu’il convenait de réserver les encouragements pour des objets d’un plus vaste intérêt. […] Faut-il ajouter qu’il en voulait à Talma d’être l’objet de je ne sais quelle, phrase de madame de Staël, où elle disait qu’il avait dans les yeux l’apothéose du regard ? […] On peut lire, au tome II du Mémorial de Sainte-Hélène, la scène dont il fut l’objet à cette occasion, car c’est de lui qu’il s’agit, bien qu’on ne le nomme pas.
Si des inquiétudes morales sur presque tous les objets sans exception ne me tuaient pas, et surtout si je n’éprouvais, à un point affreux que je n’avoue qu’à peine à moi-même, loin de l’avouer aux autres, de sorte que je n’ai pas même la consolation de me plaindre, une défiance presque universelle, je crois que ma santé et mes forces reviendraient. […] Aux persécutions, aux tracasseries intérieures dont il est l’objet, on comprend ce que ce jeune cœur a dû souffrir et comment l’esprit chez lui s’est vengé. […] Tout à l’heure je vous ferai part de mes impressions ; mais pour l’instant je suis pressé de vous donner des nouvelles de vos compatriotes que j’extrais de la Gazette de Brunswick, le premier objet qui me tombe sous la main. […] Mais ce ne sont plus les petits Grecs que vous connaissez ; c’est un tout autre plan, un autre point de vue, d’autres objets à considérer. […] Adieu, ma chère, bonne et excellentissime grand’mère ; vous êtes l’objet continuel de mes prières.
Quand je songe que, dans l’âge voisin de la vieillesse et de ses infirmités, me voilà seul sur la terre, comme un célibataire débauché ou un homme personnel qui n’a vu que lui dans la nature ; que le sein sur lequel je m’appuie doucement, pour y chercher la consolation, est le sein d’une bonne mère de soixante-quinze ans ; que les objets qui devaient vivre avec moi et auprès de moi m’ont précédé si jeunes dans le tombeau ; quand je parcours tout cet espace qu’on appelle la vie, et que j’embrasse d’un coup d’œil cette longue chaîne de besoins, de désirs, de craintes, de peines, d’erreurs, de passions, de troubles et de misères de toute sorte, je rends grâces à Dieu de n’avoir plus à sortir du port où il m’a conduit ; je le remercie de la tendre mère qu’il me laisse, et des amis qu’il m’a donnés, et surtout de pouvoir descendre dans mon cœur, sans le trouver méchant et corrompu. […] Il nous a embrassés tous trois en entrant… Le dîner a été silencieux ou bien la conversation roulait sur des objets peu intéressants.
Sismondi, tout d’abord, et comme par précaution, le lui avait rendu quand il disait, — avant de le connaître personnellement, il est vrai, et sur la simple annonce de l’Histoire de France que Chateaubriand se proposait d’écrire : « J’ai une grande admiration pour son talent, mais il me semble qu’il n’en est aucun moins propre à écrire l’histoire : il a de l’érudition, il est vrai, mais sans critique, et je dirais presque sans bonne foi ; il n’a ni méthode dans l’esprit, ni justesse dans la pensée, ni simplicité dans le style : son Histoire de France sera le plus bizarre roman du monde ; ce sera une multiplicité d’images qui éblouiront les yeux ; la richesse du coloris fait souvent papilloter les objets, et je me représente son style appliqué aux choses sincères comme le clavecin du Père Castel, qui faisait paraître des couleurs au lieu de sons. » Sismondi ne voyait et ne prédisait là que les défauts. […] Nous sommes, chacun, fidèles à l’objet primitif de notre attachement ou de notre haine, moi aux choses, vous aux gens.
Ma pitié a changé d’objet, et mes espérances ont changé de lieu. […] Elle finit par être une fièvre qui tend la mémoire et rend plus douloureuse la fuite des jours loin des lieux qu’on aimait parce qu’on y a beaucoup aimé. — Ne vous ai-je pas dit que souvent je me lève pour aller chercher tel ou tel objet dans telle ou telle chambre où je ne le trouve pas ?
Quant à moi, si j’avais un article à écrire à propos d’une séance pareille, il me semble que les lois les plus simples et les plus naturelles de la rhétorique me diraient de commencer par mettre le lecteur au fait, de lui expliquer brièvement l’état de la question et le rôle des orateurs, de le faire par ordre et avec suite pour en venir après à discuter à fond l’objet du débat et à apprécier, à juger les différentes opinions en présence. […] Goerg et d’autres députés, amendement ayant pour objet de supprimer l’article 28 du décret du 17 février 1852 et de faire revivre l’article 20 de la loi du 26 mai 1819, qui, dans les cas d’imputation diffamatoire, autorisait la preuve par témoins contre les dépositaires ou agents de l’autorité en ce qui concernait les actes ou les faits de leur administration.
Il me manquait quelque chose pour remplir l’abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m’élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l’idéal objet d’une flamme future ; je l’embrassais dans les vents ; je croyais l’entendre dans les gémissements du fleuve ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l’univers. » « C’est juste l’Isolement de Lamartine, toujours avec la différence des complexions et des natures : Que le tour du soleil ou commence ou s’achève, D’un œil indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève, Qu’importe le soleil ? […] Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore, Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Tirer la conclusion définitive de la querelle des anciens et des modernes, montrer qu’à l’art moderne il faut une inspiration moderne (Chateaubriand disait chrétienne), ne pas mépriser l’antiquité, mais, en dehors d’elle, reconnaître les beautés des littératures italienne, anglaise, allemande, écarter les anciennes règles qui ne sont plus que mécanisme et chicane, et juger des œuvres par la vérité de l’expression et l’intensité de l’impression, mettre le christianisme à sa place comme une riche source de poésie et de pittoresque, et détruire le préjugé classique que Boileau a consacré avec le christianisme, rétablir le moyen âge. l’art gothique, l’histoire de France, classer la Bible parmi les chefs-d’œuvre littéraires de l’humanité, rejeter la mythologie comme rapetissant la nature, et découvrir une nature plus grande, plus pathétique, plus belle, dans cette immensité débarrassée des petites personnes divines qui y allaient, venaient, et tracassaient, faire de la représentation de cette nature un des principaux objets de l’art, et l’autre de l’expression des plus intimes émotions de l’âme, ramener partout le travail littéraire à la création artistique, et lui assigner toujours pour fin la manifestation ou l’invention du beau, ouvrir en passant toutes les sources du lyrisme comme du naturalisme, et mettre d’un coup la littérature dans la voie dont elle n’atteindra pas le bout en un siècle : voilà, pêle-mêle et sommairement, quelques-unes des divinations supérieures qui placent ce livre à côté de l’étude de Mme de Staël sur l’Allemagne. […] Avec les motifs d’inspiration, il a révélé la forme : il a rétabli l’art et la beauté, comme objets essentiels de l’œuvre littéraire.
La ville de Bayreuth, lieu des Représentations de Fête Wagnériennes, — le premier exemplaire et le modèle de toutes Représentations de Fête, — choisie par le Maître peut être pour quelque hasard, peut être, quoique admirable, pour quelque cause particulière, Bayreuth s’impose, aujourd’hui, nécessaire : site, édifice, théâtre miraculeusement propres aux artistiques jouissances, objet très convenant à sa fin, Bayreuth a cette éternelle consécration, l’agrément originel de Wagner ; et, s’il est bon que les Wagnéristes, en des temps fixes et réguliers, se réunissent de tous les pays, et qu’ils se réunissent au Théâtre de Fête, en un lieu absolument international, et Wagnérien, il est bon, aussi, qu’ils se réunissent auprès de la tombe du Maître. […] De même encore, Hegel et Wagner sont tous deux extrêmement préoccupés de l’action de l’art dramatique sur le public : le premier, dans le parallèle qu’il établit entre la poésie dramatique chez les anciens et chez les modernes, a marqué, dans le drame ancien « le caractère général éleve du but que poursuivent les personnages » en opposition avec la passion personnelle qui « fait l’objet principal » du drame moderne ; ailleurs, il assigne à l’art, une mission nationale.
Flaubert connaîtra l’art du clair-obscur, il ne donnera plus la même valeur aux choses les plus disparates, il n’entassera plus tous les objets sur le même plan, et s’il trouve quelque inspiration heureuse, quelque motif ingénieux ou grandiose, il se gardera bien de le noyer au sein de cette lumière dure, âpre, métallique, qui efface toutes les teintes et confond toutes les formes. […] Il veut peindre la réalité telle qu’elle est, donner à chaque chose son relief, et il ne s’aperçoit pas que cette attention accordée à tous les objets indifféremment, détruisant l’effet de l’ensemble, détruit aussi le détail.
Il a semblé qu’un intérêt de symétrie devait être sacrifié à un souci d’exactitude et qu’il était préférable d’endommager le cadre plutôt que de dénaturer les objets que l’on s’était proposé d’y faire tenir. […] Privés de descendants les ancêtres étaient privés du culte, ils étaient voués à la souffrance et voici pourquoi le célibat, dont l’idée dut être à l’origine repoussée avec horreur partout homme raisonnable, devint par la suite l’objet d’une interdiction religieuse, puis légale, qui longtemps fut maintenue en Grèce et à Rome.
Sans projets, sans envie, Ne cherchons désormais que l’oubli de la vie : Que chaque objet qui passe, ou noble ou gracieux, Nous attire, et sur lui laissons aller nos yeux ; Vivons hors de nous-même ; il est dans la nature, Dans tout ce qui se meut, et respire, et murmure, Dans les riches trésors de la création, Il est des baumes sûrs à toute affliction : C’est de s’abandonner à ces beautés naives, D’en observer les lois douces, inoffensives, L’arbre qui pousse et meurt où nos mains l’ont planté, Et l’oiseau qu’on écoute après qu’il a chanté.
Pour apercevoir, par exemple, dans la destinée de Napoléon autre chose qu’un objet d’amour ou de haine, qu’un phénomène politique utile ou funeste, pour y voir une force énergique, immense, majestueuse, qui saisit et subjugue, il n’est pas besoin d’être poète, et il suffit d’être homme, de même encore que cela suffit pour voir dans une belle nuit ou dans une tempête autre chose que du sec ou de l’humide, du vent qui rafraîchit ou de la pluie qui enrhume.
A chaque grande révolution politique et sociale, l’art, qui est un des côtés principaux de chaque société, change, se modifie, et subit à son tour une révolution, non pas dans son principe tout à fait intérieur et propre, qui est éternel, mais dans ses conditions d’existence et ses manières d’expression, dans ses rapports avec les objets et les phénomènes d’alentour, dans la nature diverse des idées, des sentiments dont il s’empreint, des inspirations auxquelles il puise.
Il est des points sans doute sur lesquels ces deux espèces de centralisations viennent se confondre ; mais en somme, et en prenant les objets dans leur ensemble, il reste facile de les distinguer.
Au-delà, sont deux défauts, deux excès, soit qu’on se hâte trop sans laisser le temps au lecteur de remarquer suffisamment les objets qu’on lui présente, soit qu’on s’attarde à lui montrer ce qu’il a bien vu d’un coup d’œil, à lui détailler ce qui n’en vaut pas la peine, à lui expliquer ce qu’il connaît.
Cependant, on voit par une multitude de lettres adressées par le duc de La Rochefoucauld à madame de Sablé, dans le temps qu’il complétait, corrigeait, soumettait à la critique les Maximes qu’il a publiées en 1665, que madame de Sablé les jugeait, et les modifiait très judicieusement ; on voit de plus qu’elle les soumettait au jugement d’autres femmes célèbres, de ses amies, notamment à la maréchale de Schomberg, Marie d’Hautefort, alors âgée d’environ 49 ans, anciennement l’objet de cette passion religieuse de Louis XIII, qui a été tant célébrée, et à son amie la comtesse de Maure ; qu’elle rédigeait elle-même des maximes, ou, pour parler plus exactement, des observations sur la société et sur le cœur humain, observations dont il paraît que le recueil de La Rochefoucauld renferme quelques-unes ; et enfin que cette dame avait de la fortune, une bonne maison, une excellente table, citée alors pour son élégante propreté ; qu’elle donnait des dîners dans la maison qu’elle occupait à Auteuil ; et que le duc de La Rochefoucauld allait souvent l’y voir.
L’objet de cette fable me paraît, comme celui de la précédente, d’une assez petite importance.
Dès 1763, dans un réquisitoire qui avait pour objet d’engager le parlement de Bretagne à demander au roi une réforme de l’éducation nationale, M. de La Chalotais, procureur-général, après avoir déploré qu’il y eût un si grand nombre de collèges s’exprimait ainsi : « Les frères de la doctrine chrétienne, qu’on appelle ignorantins, sont venus pour achever de tout perdre. » Je ne cite ceci que parce que ce n’est pas un fait isolé.
ce livre, qui a la prétention d’être une revendication historique et une justice tard rendue, mais enfin rendue, à un homme dont Mazarin et Louis XIV ont confisqué la gloire, — le mot me paraît vif venant d’une plume si rassise, — n’est, par le fait, rien de plus que l’exposition, inconsciente et inconséquente, des faveurs dont Lionne fut l’objet de la part de Mazarin et de Louis XIV qui, bien loin de confisquer sa gloire, lui en créèrent une dans la leur.
L’art s’y trouvait d’abord et s’y résumait de main divine ; mais, depuis que l’abus de la liberté a précipité le monde en chute, la Création n’a plus été que le miroir brisé dans lequel les objets se déforment, s’interrompent et tremblent.
Né de l’aumône ramassée dans le sang des martyrs, — car les premiers Fidèles, au temps des persécutions et jusque dans les catacombes, portaient leurs offrandes aux évêques et aux prêtres, « et, outre les objets mobiliers, — dit M. de L’Épinois, — ils donnaient des biens territoriaux dont les revenus servaient à l’entretien des clercs », — ce gouvernement temporel ne cessa jamais de représenter la justice, la miséricorde et l’action morale sur la terre.
Collé est peut-être le seul homme dont il parle dans son livre qui n’y soit pas flatté, tandis que toute la littérature de notre temps y est l’objet des plus amples révérences et d’un moulinet de flatteries qui atteint toutes les oreilles.
Elle ne l’égaiera pas non plus, malgré les chansons dont elle est ornée et qui ne sont pas assez gaies pour cela… Vaudeville et drame, tout est faible, pâle, inerme, dans ce gros objet qui n’a pas même la force d’être ridicule.
la place Change et classe Les objets Et (que croire ?)
Soit le défaut des circonstances, soit celui d’une imagination ardente et forte, il fut sans cesse entraîné vers des objets d’éclat.
Lorsque, dans les fêtes de ses triomphes, au retour d’Égypte et de Phénicie, il fit célébrer de grandes représentations avec des chœurs de musique, ce n’était pas l’invention, mais le spectacle qui était l’objet des prix.
Elle est artificielle comme son objet, artificielle comme l’amour à l’analyse duquel elle s’applique. […] Il ne semble pas qu’il ait jamais été l’objet d’admirations enthousiastes, et les chiffres qui figurent sur la couverture de ses livres ne témoignent pas qu’ils aient connu les forts tirages des œuvres célèbres. […] L’amour sans objet qui l’enveloppe et l’occupe tout entier cristallise fatalement sur Madeleine, qu’il voit le dimanche suivant et regarde profondément pour la première fois. […] Et voici : « À qui est échu ce rôle de recevoir des aveux et d’être pris pour directeur et confident contre lui-même et contre la passion dont il était l’objet ? […] On entrevoit dans le Journal intime une pleureuse diaphane qui erre entre ces fragments brisés d’un bel objet d’art, — une pièce d’or inconnue dont ils sont plusieurs à nous donner la monnaie !
CLXXIX Exprimer ce que nul n’avait encore exprimé et ce que nul autre que nous ne pourrait rendre, c’est là, selon moi, l’objet et la fin de tout écrivain original. […] CXC Le bonheur moral et la vérité sous trois formes : Platon au Sunium (l’humanité un jour de jeunesse et de soleil), — Lucrèce ou Épicure sur le promontoire de la sagesse (un grand naufrage dont, tôt ou tard, on fera soi-même partie) : « Edita doctrina, etc. » — Saint Paul ou Jésus, le sermon sur la montagne (circoncision des cœurs, — médiocrité de la forme, beauté rentrée et du fond). — Une quatrième forme, le scepticisme qui comprend tout, qui se métamorphose tour à tour en chacun, et qui conçoit la pensée humaine comme le rêve de tout et comme créant l’objet de son rêve (Montaigne, Hume)… CXCI (Du temps que j’étais bibliothécaire). — À la Mazarine, j’ai sous les yeux deux sortes d’objets qui me font continuellement l’effet d’un memento mori : cette multitude de livres morts et qu’on ne lit plus, vrai cimetière qui nous attend ; et cet énorme globe terrestre où l’Europe et la France font une mine si chétive en regard de ces immenses espaces de l’Afrique et de l’Asie, et de cette bien plus immense étendue d’eau qui couvre presque tout un hémisphère. […] CXCVII On ne saurait se le dissimuler, les absurdités d’un temps deviennent l’objet sérieux des études d’un autre temps ; et comme on ne veut pas avoir l’air de s’appliquer gravement à des absurdités, on suppose à celles-ci des raisons secrètes et des lois profondes qui n’y furent jamais. […] Asselineau me fit demander (sans me dire l’occasion ni l’objet) ce que je pensais de lui comme poète.
La raison est l’âme des écrits, le vrai en est l’unique objet : telle fut la doctrine fondamentale de Boileau ; c’est la loi mère de toutes les autres, lesquelles ne sont que des manières diverses d’appliquer la raison à la diversité des genres, et de rechercher le vrai qui convient à chacun. […] L’objet de la raison, comme l’entend Boileau, n’est point une sorte de vrai ; c’est tout ce qui est vrai. […] Il n’est pas une des prescriptions de Boileau où l’on ne trouve la raison pour principe de l’inspiration, et le vrai pour objet. […] Nous devons à ces liaisons illustres non leurs grandes qualités, mais l’unité de direction et d’objet qui leur fit chercher et atteindre, dans les genres très divers où chacun d’eux est le premier, la perfection, c’est-à-dire le vrai par la raison. […] La lourde et interminable dissertation de Chapelain a pour objet de lui prouver que l’Adone est conforme aux règles d’Aristote, et de le raffermir dans son admiration.
Cela rappelle un peu, comme donnée fondamentale, la lettre volée de Poë : traiter l’objet précieux comme s’il était sans importance. […] C’est-à-dire qu’il faisait acheter des objets très cher et qu’il faisait fonder des orphelinats et des hôpitaux, mais pendant cela il continuait de calculer, car chaque mouvement des fibres nerveuses de son cerveau produisait un peu d’or qui s’ajoutait à la masse. […] L’autre jour on découvre un enfant atteint de la maladie appelée « écriture en miroir », c’est-à-dire qu’il voit et qu’il reproduit les objets renversés. […] J’ai l’honneur de vous informer qu’un objet à votre adresse, originaire de Pékin, qui paraît contenir des matières soumises aux droits de garantie, doit être ouvert par vous-même au bureau de la Garantie, rue Guénégaud, 4, à Paris, le 4 avril, à 10 heures du matin. Vous êtes donc prié de vous rendre au bureau indiqué, au jour et à l’heure fixés. » Dans la suite, on me menace, si je n’obtempère pas, des plus grands malheurs, notamment de voir ledit objet versé au bureau des rebuts « conformément aux dispositions des articles 903 et 937 de l’Instruction générale sur le service des postes ».
C’était bien autre chose encore si, négligeant tout ce qui n’est que matière d’administration, on passe aux deux objets essentiels de la direction de la librairie : la concession des privilèges et la censure des livres. […] Il y avait des censeurs bénévoles, ou plutôt des censeurs hors tour, et des censeurs de la première distinction, les ministres, par exemple, auxquels Malesherbes communiquait les manuscrits qui touchaient, qui lui paraissaient toucher aux objets de leur département. […] C’est aussi M. le chancelier qui est chargé de tout ce qui concerne les universités ; c’est lui qui nomme aux places d’imprimeur dans tout le royaume, et ce sont différents maîtres des requêtes qui sont chargés de lui rendre compte des affaires qui concernent ces deux objets. […] Il existe une logique formelle, c’est-à-dire des lois générales du raisonnement, qui restent ce qu’elles sont, à quelque catégorie d’objets que le raisonnement s’applique, et dans quelque ordre de sciences que l’activité de la pensée s’exerce. […] — importer pareillement des intentions de littérature dans la peinture, nous connaissons l’objet et l’idéal de Diderot.
Avant tout, il s’agissait de déterminer d’une manière précise l’objet de notre travail et d’en poser les limites. […] À la matière, les lois immuables et uniformes ; aux sciences, qui ont pour objet la nature physique, la certitude ; l’art est libre comme l’âme même dont il est la plus noble et la plus pure expression. […] Qu’une exposition universelle ait lieu à Paris, universelle par son objet, le serait-elle par ses résultats, si les journaux ne lui ouvraient leurs colonnes ? […] Sa vue est excellente, il le sait si bien qu’il ne prend pas toujours la peine de regarder attentivement les objets. […] L’œil visionnaire du poëte sait dégager le fantôme de l’objet, et mêler le chimérique au réel dans une proportion qui est la poésie même.
On peut parfaitement peindre Eugénie Grandet, Modeste Mignon, Ursule Mirouet et Mlle Claës d’après certaines jeunes filles de province. « Imaginer une composition, dit Delacroix, c’est combiner les éléments d’objets qu’on connaît avec d’autres qui tiennent à l’intérieur même, à l’âme de l’artiste. » Est-il bien exact, d’ailleurs, que Balzac ait toujours inventé ? […] Il sera toujours utile de leur montrer quels bénéfices l’art peut tirer de la délibération, et de faire voir aux gens du monde quel labeur exige cet objet de luxe, qu’on nomme Poésie. » C’est toujours faute d’un bon plan qu’on fait des romans trop longs. « Trop de papier », écrivait Flaubert à Alphonse Daudet, après avoir lu les deux volumes de Jack, un beau livre tout frémissant de pitié et de souffrance, mais un peu encombré d’épisodes. […] Les plus insignifiantes personnalités sont aujourd’hui l’objet d’énormes études qui rappellent les agrandissements de Victor Cousin et de Louis Vitet, contre lesquels protestait déjà Philarète Chasles. « Vitet, dit-il, a été de ceux qui ont mis à la mode les immenses monographies ; un volume pour un atome ; Boisrobert trois volumes ; Mlle de Soudéry cinq volumes. […] Marcel Prévost, même quand l’objet n’est pas de gagner son pain ou de la gloire avec ce qu’on apprend. […] Il s’en excuse, mais il l’emploie. « L’éloquence, dit l’abbé Maury, partage avec la poésie le privilège de revêtir d’expressions nobles des objets et des images qui, sans cet artifice, ne sauraient appartenir au genre oratoire.
La géométrie, par exemple, est une science au même titre que la chimie, la chimie une science au même titre que l’astronomie, encore que toutes trois poursuivent une connaissance exacte de leur objet, mais cet objet n’étant pas le même, cette connaissance exacte est obtenue par des méthodes différentes. […] La remarque vaut pour toutes les autres, identité dans leur caractère commun : l’exactitude, la soumission à l’objet, — diversité dans la méthode, précisément à cause de cette soumission à l’objet, divers lui-même. […] C’est la fin d’une autre jeune femme qui fait l’objet du second récit. […] Il signifie que ces institutions portent en elles une force cachée qui dépasse leur objet avoué et précis. […] Elles se sont trompées sur le but même et l’objet réel de l’enseignement secondaire ».
Dans la création vague et crépusculaire, Les objets effarés qu’un jour sinistre éclaire Sont l’un pour l’autre vision. […] Elle porte sur le véritable objet de l’amour, sur le vrai moi, qui est seul le « définitif ». — « La destinée, la vraie, commence pour l’homme à la première marche du tombeau. » Alors il lui apparaît quelque chose, et il commence à distinguer le définitif. — « Le définitif, songez à ce mot. […] L’enthousiasme est une chose sans prix, et si, dans tout enthousiasme humain, il y a toujours une part destinée à se flétrir, il y a aussi, plus qu’en tout le reste, une part de force vive impérissable : ce qui est chaud reste toujours jeune, et, quoique la flamme vacille, nul objet au monde ne vaut une flamme. […] Que les objets grandissent dans les imaginations des hommes comme les rochers dans les brouillards, à mesure qu’ils s’éloignent224. » Napoléon d’une part, la Révolution de l’autre, étaient deux types épiques, l’un individuel, l’autre collectif, qui devaient s’imposer naturellement à l’imagination d’un poète, mais ces deux types grandirent dans son cerveau, à mesure que son génie même grandissait ; et cette sorte de croissance invincible a fini par produire des images gigantesques et déformées, en dehors de toute réalité.
— Quoique la sélection naturelle ne puisse agir qu’en vue du bien de chaque être vivant, cependant certains caractères ou certains organes, considérés comme peu importants, peuvent être l’objet de son action. […] De ce que le pollen a pour seul objet la fécondation, il semble au premier abord que sa destruction soit une véritable perte pour les plantes. […] De récentes recherches ont beaucoup diminué le nombre des hermaphrodites supposés ; et même parmi les vrais hermaphrodites, il en est beaucoup qui s’apparient néanmoins : c’est-à-dire que deux individus s’unissent pour se féconder mutuellement, ce qui suffit à notre objet. […] Un éleveur choisit un but déterminé pour en faire l’objet de sa sélection méthodique ; et le libre croisement suffirait pour anéantir ses résultats acquis ; mais quand beaucoup d’hommes, sans avoir l’intention d’altérer la race, ont un idéal commun de perfection et que tous s’efforcent de se procurer les plus beaux sujets et de les multiplier, des modifications et des améliorations profondes doivent résulter lentement, mais sûrement, de ce procédé de sélection inconsciente, nonobstant une grande somme de croisements avec des sujets inférieurs.
Je dirais presque, en ce cas, que la laideur est une déformation, une dénaturation de l’être ou de l’objet. […] Les prétendus écarts de la création divine me jettent dans la rêverie ou dans l’émotion ; ils me font réfléchir ou trembler : mais vos objets d’art manqués me rendraient imbécile. […] Un buste de jeune fille, de grandeur naturelle, est l’objet d’art colossal de cette galerie : c’est un véritable chef-d’œuvre. […] Vous frémirez à l’idée de ce que vous éprouveriez s’il vous fallait revoir ces traits chéris ou vénérés devenus des objets d’épouvante ou de répulsion. […] L’Abbé. — Un objet qui devrait me faire trembler.
Ils affirmèrent leur croyance qu’il n’y a pas de poésie sans la fraîcheur de l’impression, — la poésie, en somme, n’ayant d’autre objet que de nous faire apercevoir la présence réelle de toutes choses. […] Ils s’efforcent d’être impersonnels et prétendent à ne pas déformer par leur vision spéciale l’objet de leur étude. […] Donc, si la poésie a certainement pour objet d’exprimer le monde, le rôle du poète consiste à éprouver, avec une ardeur, une intensité et une finesse particulière, toutes les sensations que la matière peut donner, à en prendre conscience et à les exalter dans son œuvre. […] Il apparaît, dans ses œuvres ultérieures, moins désespéré, moins hanté de sinistres appréhensions, plus dégagé, plus libre, plus apte à varier l’objet de sa rêverie. […] La douceur, la clémence, l’amour, les délicieuses vertus pacifiantes lui sont un objet de plus calme méditation.
Aujourd’hui, c’est un coin politique et historique ; demain, une poésie ou une rêverie mélancolique ; après-demain, quelque roman sanguinaire ou licencieux, puis tout d’un coup une chaste et grave et religieuse production ; il faut que la pauvre critique aille toujours à travers cela, il faut qu’elle s’en tire, qu’elle s’en teigne tour à tour, qu’elle voie assez de chaque objet pour en jaser pertinemment et d’un ton approprié.
Collombet ; ces deux somptueux volumes in-8°, de polémique et de discussion polie, ont pour objet de faire contre-partie et contre-poids aux Soirées de Saint-Pétersbourg, à ce beau livre de philosophie élevée et variée duquel l’auteur écrivait : « Les Soirées sont mon ouvrage chéri ; j’y ai versé ma tête : ainsi, monsieur, vous y verrez peu de chose peut-être, mais au moins tout ce que je sais. » — Rothaval est un petit hameau dans le département du Rhône, probablement le séjour de l’auteur en été.
Leur art dramatique ressemblait à leur peinture, où toutes les couleurs sont vives, où tous les objets sont placés sur le même plan, sans que les lois de la perspective y soient observées.
On désigne ainsi un assemblage de pièces de métal, destiné à soutenir ou à contenir les parties moins solides, ou lâches, d’un objet déterminé… Là-dessus on dispose la garniture, l’ouvrage d’art, c’est-à-dire les devoirs, les sentiments, etc. » Eh bien non, cette thèse est fausse.
Quand elle considérait un objet, elle en voyait le fort et le faible, et l’exprimait en des termes vils et concis, comme les habiles dessinateurs, qui, en trois ou quatre coups de crayon, ont voir toute la perfection d’une figure. » (Mém. de litt., t.
La Poésie n’a jamais été & ne sauroit être regardée que comme une imitation de la Nature, la peinture des objets & des passions : le but du Poëte doit donc être de peindre.
La fiction qui fait endormir Atys, et qui lui présente ensuite des objets si diversifiez durant son sommeil, devient plus vrai-semblable et plus touchante par l’impression que font sur nous les symphonies de differens caracteres qui précedent le sommeil, ou qui se succedent à propos pendant sa durée.
On dit et on nous répète partout, que le propre du poète est de peindre, que la poésie est une peinture parlante, et d’après cette définition, il n’y a point au bas de l’Hélicon de barbouilleur qui ne se croie un Raphaël : je demanderai d’abord ce qu’on entend par peindre ; c’est sans doute représenter l’objet à l’imagination, avec la même vivacité que si on l’avait devant les yeux.
… Assurément c’est ce que j’ignore, mais pour les bas-bleus religieux comme elle et comme il y en a encore quelques-uns dans la troupe de ces Bacchantes de la Libre Pensée, je ne serais pas surpris que la Vierge fût l’objet d’un culte vrai, quoique impur dans sa source.
Il a mis la main de l’Histoire à l’homme sanctifié par le sang, et il ne l’a pas profané en nous le montrant tel qu’il fut, car la lumière qui tombe sur un objet ne le profane pas !
Tamerlan, qui faisait des pyramides avec des têtes coupées, arrivait, avec d’horribles objets matériels, à une grande hauteur matérielle.
Après avoir fait la terrible histoire de l’amour dépravé de l’homme au xviiie siècle, MM. de Goncourt passent à celui de la femme, objet de leur livre : « La femme — disent-ils — égala l’homme, si elle ne le dépassa, dans ce libertinage de la méchanceté galante.
Éternellement et partout, c’est toujours la même vue brouillée, la même oreille qui tinte, la même main incertaine qui se pose aux objets et les dérange.
Mais, au fond, dans toutes ces stupides et éloquentes matérialités de Diderot, il n’y avait pas plus d’audace et de niaiserie que dans la théorie idéaliste d’Hegel, cette théorie qui croit aller du néant au devenir, de l’être à la notion, du sujet à l’objet, du fini à l’infini, de la connaissance à la volonté, bref, de l’Idée à la Nature, et qui n’y va pas !
À toi l’art d’embellir la vie Et de ne montrer que l’objet Qui vous reluit et qui vous plaît !
Plume appuyée, mordante, solidement éclatante, même quand elle appuie sur les choses vulgaires, procédant d’habitude par comparaisons plus pratiques que poétiques, mais qui font entrer l’objet comparé dans l’esprit du lecteur comme un coup de cette bûche emmanchée — le marteau des fendeurs de bois — qui enfonce le coin de fer dans le tronc noueux de l’arbre abattu… Vous voyez qu’ici, dans l’homme aux opinions et aux créations antiviriles de ce roman à petite morale, puisqu’elle est vide de Dieu, se retrouve le mâle que nous connaissions.
Dans un roman d’observation humaine et sociale, vous ne pouvez pas faire abstraction de tout ce qui n’est pas l’objet même que vous devez peindre.
Au milieu des prêtres catholiques s’épanouissait le sentiment du surnaturel avec des effets extraordinaires et visibles ; maintenant nous entrons parmi des pasteurs plus graves, plus pieux, plus exemplaires que le commun des hommes et qui ont pour objet l’exaltation morale.
Mais apprenez donc que l’amour passionnel n’est qu’une verrue, une chose anormale, la marque d’un mauvais fonctionnement du cerveau, du sang, qui vous fausse les objets et vous fait croire et voir ce qui n’existe pas ! […] Il faut (c’est dur) lire cet immonde Audigier dont la scatologie est faite pour révolter les esprits les moins délicats, il faut lire ces pages cyniques, écrites dans le rythme particulier d’Aiol et de Gérard de Roussillon (c’est une injure de plus) pour se faire quelque idée de la stupide réaction dont nos chansons de geste furent l’objet en plein siècle de saint Louis. […] Car c’est des objets surtout que l’on se souvient, et tel coin de rue, tel arbre penché sur une route, a le pouvoir de raviver des souvenirs que l’on ne savait pas si profondément empreints dans la mémoire. […] Henri Havard, sous l’impression de toutes les étrangetés produites par ceux croient qu’on peut devenir un artiste original par un effet de la volonté, et inventer un style, répond que la transformation d’un objet mobilier ne dépend pas de l’imagination du créateur de cet objet, mais doit d’abord répondre aux transformations qui se produisent dans nos besoins. […] Plus de 200 termes signifiant serpent furent l’objet d’un ouvrage d’un autre amateur de statistique.
Pour agréable qu’elle soit d’ailleurs, cette démonstration n’en serait pas moins hors de propos et sans objet. […] Il n’a pas pour objet de présenter une image idéale de la vie. « Les choses se passent ainsi, dit l’auteur dramatique. […] Ils lui savent gré d’avoir compris quel est l’objet de la littérature, et que c’est non de donner à penser, mais de nous divertir. […] Les objets et la vie lui apparaissent à travers un grossissement d’hallucination. […] On la retrouve dans les livres même où elle n’est pas l’objet principal.
Certains, et ce sont les chrétiens, placent l’objet de l’espérance seulement là-haut. […] Hugo place l’objet de l’espérance et ici-bas et là-haut et partout. […] Il vint à Paris avec Forster, et, comme je l’ai dit, pour le même objet. […] Par exemple, quand il nous dit, bien finement et fortement : « La vérité est un mot par lequel on exprime l’accord entre l’objet et la représentation, c’est-à-dire rien qui ait un sens pénétrable à une intelligence humaine, puisque nous ne connaissons jamais un objet que selon la représentation mentale que nous nous faisons de cet objet. […] En un mot, quels changements utiles peut-on opérer sur cet objet ?
La veuve Dentu se mit à rôder, de son pas léger, cherchant et disposant des objets invisibles avec des mouvements silencieux de garde-malade. […] Ce n’est pas seulement un objet d’art, c’est un livre, une sorte de procès-verbal qui étale sous les yeux du lecteur un nombre défaits, d’observations, le laissant libre d’en tirer ses déductions. […] Elle eut alors sous les yeux les tristes reliques du mort — sa montre, sa croix, quelques objets familiers, une boucle de cheveux noirs, un bout de linge taché de sang. […] J’ai, été l’objet d’hommages assez flatteurs. […] Assurément l’idéal sans objet n’aura plus de prise sur ces âmes expérimentales et désabusées.
Voulant enfin traduire cette vérité, que les objets extérieurs exercent une perpétuelle influence sur nos sentiments, et qu’ils avivent, selon les cas, ou diminuent nos jouissances, il imagine cet épisode…. […] Ces objets évoquent des idées, des souvenirs et, pour tout dire, des sensations qui varient selon le degré d’imagination et de culture de l’observateur. […] Le poète est assis à une table surchargée de paperasses, dans une pièce remplie de livres et d’objets d’art. […] Alors, levant un bras et un pan de son voile, Couvrant tous les objets terrestres disparus, Il me loucha le front du doigt. […] Les Prussiens seront rossés, jetés au-delà du Rhin, Berlin sera conquis en quelques marches forcées : cela ne fait l’objet d’aucun doute.
C’est dans la pièce de Sophie que se trouvent ces charmants vers dont se souviennent volontiers encore quelques personnes contemporaines de l’auteur : lorsqu’on les entend pour la première fois, on s’étonne de ne les point connaître, on se demande où Mme de Staël a pu les dire ; on ne s’aviserait point de chercher là cette jolie perle un peu noyée : Mais un jour vous saurez ce qu’éprouve le cœur, Quand un vrai sentiment n’en fait pas le bonheur ; Lorsque sur celte terre on se sent délaissée, Qu’on n’est d’aucun objet la première pensée ; Lorsque l’on peut souffrir, sûre que ses douleurs D’aucun mortel jamais ne font couler les pleurs. […] L’enthousiasme de Mme de Staël ne va pas moins haut pour l’objet de cet éloge que tout à l’heure il n’éclatait pour Jean-Jacques, bien qu’un tel sentiment puisse sembler ici moins motivé : mais elle a semé dans cet écrit les vues politiques hardies et neuves, en y prodiguant trop l’apothéose et la croyance au génie. […] Mais dès lors, au dire de Grimm, l’objet de ces satires avait su se placer à une hauteur où de pareils traits ne portaient pas. — Les terribles événements de la Révolution française vinrent couper court à cette première partie d’une vie littéraire si brillamment accueillie, et suspendre, utilement, je le crois, pour la pensée, le tourbillon mondain qui ne laissait pas de trêve. […] On y trouve quelquefois, à des faits généraux bien saillants et bien constatés, des causes trop ingénieusement cherchées pour être absolument vraies, trop particulières pour correspondre aux résultats connus. » Mais il y loue hautement la force, l’originalité : « Et ces deux qualités, dit-il, y plaisent d’autant plus qu’on sent qu’elles sont le produit d’une sensibilité délicate et profonde, qui aime à chercher dans les objets leur côté analogue aux vues les plus relevées de l’esprit et aux plus nobles sentiments de l’âme44. » La Clef du Cabinet des Souverains, journal un peu mixte, publié par Panckoucke, donna, sur l’ouvrage de Mme de Staël, des Observations dues au médecin-littérateur Roussel, auteur du livre de la Femme, mais surtout un jugement de Daunou, ou du moins une analyse bienveillante, ingénieusement exacte, avec des jugements insinués plutôt qu’exprimés, selon la manière discrète de ce savant écrivain dont l’autorité avait tant de poids, et qui porte un caractère de perfection sobre en tout ce qu’il écrit45. […] Le sentiment dont elle fut l’objet à cette époque de la part de M.
L’objet de cette quatrième lettre est énoncé en tête : Idée des lois et du gouvernement de Sa Majesté le roi de Sardaigne, avec quelques réflexions sur la Savoie en particulier. […] Et dans la préface du Pape, datée de mai 1817, lorsqu’il s’écrie : « Le sacerdoce doit être l’objet principal de la pensée souveraine. […] Dans ce palais des glaces qu’il habite, les objets se réfléchissent aisément sous des angles qui prêtent à l’illusion. […] si bien l’absence de son objet en de certains âges : « Le Beau, dans tous les « genres imaginables, est ce qui plaît à la vertu éclairée. » Intelligence platonique, M. de Maistre a compris et défini Aristote comme pas un de l’école ne l’eût fait ; on sent de quel avantage pour lui ç’a été de pratiquer de près et sans intermédiaire ces hauts modèles215 ; ni Bonald, ni Lamennais216, ni aucun de ce bord catholique, n’a été trempé de forte science comme lui. […] Il insiste encore sur ce qu’il ne s’agit pas seulement de compiler, de prendre chez les historiens et les critiques une matière toute digérée, mais de saisir par ordre les livres essentiels, les monuments principaux, chacun dans son moment, et alors, non pas en les lisant jusqu’au bout et tout entiers, mais en les dégustant, en sachant en saisir l’objet, le style, la méthode, d’évoquer par une sorte d’enchantement magique le génie littéraire d’un temps. — Et cela, il le conseille, non point pour la pure gloire des lettres, non pour le pur amour ardent qu’il leur porte (bien qu’il en soit dévoré), non par pure curiosité poussée à l’extrême (avis à nous autres, amateurs trop minutieux !)
Dans Montaigne, outre l’habitude de douter de toutes choses, qui est une marque d’étendue d’esprit plutôt que de justesse, l’imagination a trop de part à ses pensées, et son bon sens, en s’arrêtant à la surface des choses, soit timidité, soit crainte de se fatiguer à approfondir, n’est le plus souvent qu’une vue juste d’une partie seulement des objets. […] Qu’il s’agisse de la vérité religieuse ou de la vérité humaine, il paraît toujours saisi, comme malgré lui, de quelque objet qui est hors de lui, et qu’il n’est pas libre de ne pas voir tel qu’il est. […] Ayant manqué son principal objet, cet ouvrage a perdu ce qui fait surtout la vie des écrits. […] Certaines maximes de Mme Guyon y étaient, disait-il, textuellement censurées ; souscrire à l’écrit de Bossuet, c’était se rendre complice de la persécution dont cette dame était l’objet. […] D’abord, sur le premier bruit des préventions dont le livre des Maximes est l’objet, il incline vers Fénelon comme vers l’opprimé, « Ne fait-on pas un peu de tort à M. l’archevêque de Cambrai ?
La sève monte et, mélange de principes, elle s’épanouit en tons mélangés ; les arbres, les rochers, les granits se mirent dans les eaux et y déposent leurs reflets ; tous les objets transparents accrochent au passage lumières et couleurs voisines et lointaines. […] Si l’on veut examiner le détail dans le détail, sur un objet de médiocre dimension, — par exemple, la main d’une femme un peu sanguine, un peu maigre et d’une peau très-fine, on verra qu’il y a harmonie parfaite entre le vert des fortes veines qui la sillonnent et les tons sanguinolents qui marquent les jointures ; les ongles roses tranchent sur la première phalange qui possède quelques tons gris et bruns. […] L’étude du même objet, faite avec une loupe, fournira dans n’importe quel espace, si petit qu’il soit, une harmonie parfaite de tons gris, bleus, bruns, verts, orangés et blancs réchauffés par un peu de jaune ; — harmonie qui, combinée avec les ombres, produit le modelé des coloristes, essentiellement différent du modelé des dessinateurs, dont les difficultés se réduisent à peu près à copier un plâtre. […] Decamps, le soleil brûlait véritablement les murs blancs et les sables crayeux ; tous les objets colorés avaient une transparence vive et animée. […] Le seul reproche, en effet, qu’on lui pouvait faire, était de trop s’occuper de l’exécution matérielle des objets ; ses maisons étaient en vrai plâtre, en vrai bois, ses murs en vrai mortier de chaux ; et devant ces chefs-d’œuvre l’esprit était souvent attristé par l’idée douloureuse du temps et de la peine consacrés à les faire.
Et là-dessus comme il me parle d’un délicieux dessin qu’il vient d’acquérir, dessin représentant un vieillard au milieu d’objets d’art, prenant une prise de tabac au coin de sa cheminée, et dont il ignore le nom, je lui dis : « Ça doit être ça », et je lui tends le premier volume des Mémoires du baron de Besenval, où il y a en tête une vignette de son portrait dans son cabinet, d’après Danloux. […] Vendredi 31 janvier Je m’amuse, je crois l’avoir déjà écrit, à faire une collection de menus objets d’art de la vie privée du xviiie siècle, et d’objets spécialement à l’usage de la femme.
La décadence des lettres et des arts étoit déja un objet sensible. […] Tout ce que vous venez d’alleguer, me répondra-t-on, ne prouve point que sous les Antonins et sous leurs successeurs, les grecs n’eussent pas autant de génie qu’en avoient Phidias et Praxitéle, mais leurs artisans avoient dégeneré, parce que les romains avoient transporté à Rome les chef-d’oeuvres des grands maîtres, et qu’ils avoient ainsi dépoüillé la Grece des objets les plus capables de former le goût et d’exciter l’émulation des jeunes ouvriers. […] Il y avoit encore assez d’objets capables d’exciter leur émulation.
Quand je dis célébrer, je n’entends pas cette louange uniforme et banale qui tend à grandir et à exhausser un personnage au-delà du vrai ; la meilleure oraison funèbre, la seule digne des gens d’esprit qui en sont l’objet, est celle qui, sans rien surfaire, va dégager et indiquer en eux, au milieu de bien des qualités confuses, le trait distinctif et saillant de leur physionomie. […] Son art est précisément de saisir ces demi-teintes, ces nuances indécises qui craindraient le grand jour de la scène comique ; son secret est de nous montrer, à distance et de profil, certains objets qui, vus autrement, perdraient une partie de leur grâce.
On a l’épilogue de l’Hermès presque achevé : toute la pensée philosophique d’André s’y résume et s’y exhale avec ferveur : Ô mon fils, mon Hermès, ma plus belle espérance ; Ô fruit des longs travaux de ma persévérance, Toi, l’objet le plus cher des veilles de dix ans, Qui m’as coûté des soins et si doux et si lents ; Confident de ma joie et remède à mes peines ; Sur les lointaines mers, sur les terres lointaines, Compagnon bien-aimé de mes pas incertains, Ô mon fils, aujourd’hui quels seront tes destins ? […] L’inventeur est celui… Qui, fouillant des objets les plus sombres retraites, Étale et fait briller leurs richesses secrètes.
C’est seulement à la fin de 1788130 que le fameux salon du Palais-Royal, « avec une hardiesse et une déraison inimaginables, prétend que, dans une véritable monarchie, les revenus de l’État ne doivent pas être à la disposition du souverain, qu’il doit seulement lui être accordé une somme assez considérable pour les charges de sa maison, ses dons et les grâces de ses serviteurs, ainsi que pour ses plaisirs, que le surplus doit être déposé au Trésor royal pour n’y être employé qu’aux objets sanctionnés par l’Assemblée de la Nation ». […] Le fermier est souverain législateur dans les matières qui font l’objet de son intérêt personnel.
La mémoire, c’est la lampe du soir de la vie : quand la nuit tombe autour de nous, quand les beaux soleils du printemps et de l’été se sont couchés derrière un horizon chargé de nuages, l’homme rallume en lui cette lampe nocturne de la mémoire ; il la porte d’une main tremblante tout autour des années aujourd’hui sombres qui composèrent son existence ; il en promène pieusement la lueur sur tous les jours, sur tous les lieux, sur tous les objets qui furent les dates de ses félicités du cœur ou de l’esprit dans de meilleurs temps, et il se console de vivre encore par le bonheur d’avoir vécu. […] Quand ces poètes politiques, fussent-ils, comme Juvénal ou Gilbert, les suprêmes satiristes, passent du beau idéal au laid idéal, objet de leur satire, ils sortent de leur vraie nature et faillissent à leur vraie mission.
. — La passion de ces mains est égale à l’objet. […] Les objets passés vont au cœur ; papa le regrette autant que moi.
. — Va, pauvre cahier, dans l’oubli avec ces objets qui s’évanouissent ! […] Mais il paraît que cet amour était né trop tard et que l’objet n’était pas libre de l’accepter.
« Désirant donner un soutenir à tous les membres de la secrétairerie d’État, et ne pouvant disposer d’assez d’objets pour tant de personnes, je me propose de laisser à chacun d’eux quelques ouvrages de ma bibliothèque, qui leur seront remis (ainsi qu’à M. le comte Celano) par mon héritier fiduciaire, d’après les instructions que je lui en laisserai, dès que j’en aurai moi-même fait le choix. […] Je suis à chercher une meilleure distribution de ces objets ; mais dans le cas où je viendrais à mourir avant de l’avoir définitivement arrêtée, je maintiens celle-ci, qui, dans le moment, me paraît la plus convenable.
Il voit toute chose avec un œil de myope, il travaille à la loupe, et son regard se voile ou se trouble dès que l’objet examiné atteint quelques proportions. […] Nul objet n’a vraiment la forme qu’il lui prête ; Ta muse s’évertue en vain à les saisir.
Sans doute la persévérance qu’on a dans ses opinions prouve la grande conviction que l’on a de son droit ; mais quand la voix publique condamne l’objet de nos récriminations, il est plus que déraisonnable de ne pas céder, ou du moins de ne pas réclamer contre elle avec douceur et politesse. […] Si mes opinions se trouvent encore sur ce sujet contraire aux vôtres, c’est que probablement il est dans ma destinée de ne pas voir les objets sous la même forme que vous.
Le soulèvement de l’Italie, son indépendance, l’Italia fara da se, sont l’objet de l’incrédulité méprisante de M. […] Ferrari, à ne voir que son livre actuel, et malgré ses erreurs nombreuses, est un des hommes les plus richement doués de tous ceux-là qui, dans les sciences ou dans les lettres, aiment à porter ce nom si sec d’esprits positifs, et ne s’occupent que de l’objet de leur recherche, disant du reste, le : Cela ne me regarde pas, qu’autrefois écrivait Descartes, et cependant voilà que ce positif, qui ne voit que les faits dans le monde, et qui ne se soucie même pas de leur raison d’exister, finit en chimérique un livre où les faits seuls devaient se montrer glorifiés.
Il peint tout, dans cette Halle qu’il a choisie comme sujet de peinture incessante, dans cette Halle qui est bien plus le sujet de son livre que les personnages qui s’y agitent ; et il peint avec une telle absorption de lui-même dans l’objet, qu’il n’est plus une main conduite par une pensée, mais une espèce de palette mécanique, un pinceau qui va par l’effet d’un ressort, un procédé. Lui qui devrait avoir plus d’esprit que cette cruche vide de Courbet, il croit, comme lui, que tous les objets sont égaux devant la peinture, et il peint n’importe quoi, avec la fureur glacée du parti pris, comme Courbet, qu’il n’égale même pas ; car la langue, cette palette des peintres littéraires, n’a de valeur que par l’âme qu’on infuse dans les mots, et s’ils n’ont pas d’âme, ils sont, plastiquement, bien inférieurs à la couleur matérielle.
Parmi les différents arts, ceux de la forme et du dessin sont, à ses yeux, les préférés ; son goût, à cet égard, est même prédominant, et il entre un peu de condescendance pour ses amis et pour sa société dans ce qu’elle accorde à cet autre art si transportant et si ravissant, mais un peu vague d’objet et de moyens, à la musique.
Il n’était pas de ceux que la critique console de l’art, qu’un travail littéraire distrait ou occupe, et qui sont capables d’étudier, même avec emportement, pour échapper à des passions qui cherchent encore leur proie et qui n’ont plus de sérieux objet.
Il s’établit au fond de nous une sorte d’intelligence et de connivence presque forcée entre notre talent et notre jugement, surtout quand ce jugement porte sur l’objet même auquel se rapporte notre talent habituel.
Mais, quand il n’est plus, il faut bien s’arrêter, sous peine d’erreur, dans cette observation dont l’objet se dérobe, et alors on fait comme pour un procès : on rassemble toutes les preuves, toutes les dépositions, et on règle, au moins dans ses articles principaux, un jugement, un Arrêt.
Si l’on n’en fit pas plus de premier jour, si l’on ne poussa pasau-delà des bois en avant de Fleurus, il y avait à cela de bonnes raisons, et rien ne périclitait, l’objet principal étant d’attirer le gros de l’armée prussienne à une journée décisive pour le lendemain.
À voir même le soin particulier avec lequel il en efface toutes les indications essentielles, on pourrait croire souvent qu’amusé autour des objets de détail, il n’a pas saisi le mouvement général de la pensée ni les rapports des diverses parties entre elles.
La déception, dont de nobles vœux ont été récemment l’objet, provoque avant tout une épaisse amertume, un dégoût abattu qui ne laisse guère de place à l’alerte moquerie, un sentiment pensif et sérieux, qui se relèvera peut-être dans la patience, mais qui n’a pas pour la chanson l’entrain de la colère.
L’objet de cet amour désespéré, qui a marqué toute sa jeunesse, était, assure-t-on, la très-spirituelle sœur de Mme de Girardin, la comtesse O’Donnell.
En France, Ronsard, Du Bellay, Baïf, furent les chefs de cette ligue poétique, qui, bien qu’elle ait échoué dans son objet principal, a eu tant d’influence sur l’établissement de notre littérature classique.
il est des talents jactancieux qui se font gloire d’étaler et de produire au jour les tristes objets dont ils ont rempli leur vie.
Cousin de même, dans l’ordre oratoire ou dans les développements de l’écrivain, n’a qu’à se laisser aller à sa pente et comme à son torrent : s’il ne se préoccupe d’aucune démonstration philosophique trop spéciale, il trouvera d’emblée, il parlera ou écrira avec plénitude et de source cette belle langue du xviie siècle qui fait l’objet de nos regrets et de nos admirations.
Au lieu de ce noble amour de la liberté et du gouvernement républicain qui nous a fait surmonter toutes les difficultés de la guerre, il s’est formé un parti monarchique et aristocratique dont l’objet avoué est de nous imposer la substance, comme il nous a déjà donné la forme du gouvernement de l’Angleterre.
Quant aux devoirs qu’une manifestation de ce genre impose à celui qui en est l’objet, la constance morale et la loyauté qui, chez M.
Après avoir réfuté les diverses objections qui ont été faites contre mon ouvrage, je sais fort bien qu’il est un genre d’attaque qui peut éternellement se répéter ; ce sont toutes les insinuations qui ont pour objet de me blâmer, comme femme, d’écrire et de penser.
La morale reparaît comme l’objet supérieur de la Réforme religieuse : Marot, trop protestant pour rester à la cour, est trop peu moral pour vivre à Genève.
Armand Silvestre a copieusement vengé le pauvre dieu Crépitus, et je ne m’en étonne plus : il est assez naturel qu’ayant, dans sa poésie savante, les imaginations des anciens hommes, il ait aussi leurs gaietés et se gaudisse des mêmes objets.
Le Lys rouge enseigne précisément ce qu’un amour de cette sorte, étant inséparable de la jalousie et d’une jalousie dont l’objet est concret, délimité, visible et tangible contient nécessairement de haine.
Gratiano, joyeux, emmène Pedrolino avec lui, afin de lui remettre ces objets.
C’est des amours fous ou criminels, l’oubli de la femme chérie, le droit à changer d’objet que s’arroge l’Amour, et à choisir en aveugle, qu’il faut accepter puisqu’on n’a pas refusé son choix quand il avait fait une première sélection, providentielle ; c’est la sœur de l’épouse qu’on désire, et c’est deux femmes qu’on tue ; et l’envie dans le mal dont on se sent irresponsable de courir le monde et des cieux non témoins, et la lassitude finale de tout ce qu’on peut toucher dans la vie d’inutile, de tragiquement bête, de vaniteusement vain.
Une nouvelle série de la Plume a paru sous la direction de Karl Boès, mais cette série étant postérieure à 1900 ne saurait être examinée ici et fera l’objet d’une étude ultérieure.
Avoir fait de la pauvreté un objet d’amour et de désir, avoir élevé le mendiant sur l’autel et sanctifié l’habit de l’homme du peuple, est un coup de maître dont l’économie politique peut n’être pas fort touchée, mais devant lequel le vrai moraliste ne peut rester indifférent.
Madame de Sévigné nous étale les hommages dont elle est l’objet, dans une lettre du 17 mai : « Madame de Montespan est à Bourbon, où M. de La Vallière a fait donné ordre qu’on la vint haranguer de toutes les villes de son gouvernement : elle ne l’a point voulu, Elle a fait douze lits à l’hôpital ; elle a donné beaucoup d’argent ; elle a enrichi les capucins ; elle souffre les visites avec civilité.
J’étais dans la salle à manger, le soir d’un de mes mercredis, causant et buvant avec deux ou trois amis… La nuit finissait, l’aurore se leva à travers les petits rideaux, mais une aurore d’un sinistre jour boréal… Alors tout à coup beaucoup de gens se mirent à courir en rond dans la salle à manger, saisissant les objets d’art, et les portant au-dessus de leurs têtes, cassés en deux morceaux, entre autres, je me souviens, mon petit Chinois de Saxe… Il y avait aux murs, dans mon rêve, des claymores, des claymores immenses ; furieux j’en détachai une et portai un grand coup à un vieillard de la ronde… Sur ce coup, il vint à ce vieillard une autre tête, et derrière lui deux jeunes gens qui le suivaient, changèrent aussi de têtes, et apparurent tous les trois avec ces grosses têtes ridicules en carton, que mettent les pitres dans les cirques… Et je sentis que j’étais dans une maison de fous et j’avais de grandes angoisses… Devant moi se dressait une espèce de box où étaient entassés un tas de gens qui avaient des morceaux de la figure tout verts… Et un individu, qui était avec moi, me poussait pour me faire entrer de force avec eux… Soudain je me trouvai dans un grand salon, tout peint et tout chatoyant de couleurs étranges, où se trouvaient quelques hommes en habit de drap d’or, avec sur la tête des bonnets pointus comme des princes du Caucase… De là je pénétrai dans un salon Louis XV, d’une grandeur énorme, décoré de gigantesques glaces dans des cadres rocaille, avec une rangée tout autour de statues de marbre plus grandes que nature et d’une blancheur extraordinaire… Alors, dans ce salon vide, sans avoir eu à mon entrée la vision de personne, je mettais ma bouche sur la bouche d’une femme, mariai ma langue à sa langue… Alors de ce seul contact, il me venait une jouissance infinie, une jouissance comme si toute mon âme me montait aux lèvres et était aspirée et bue par cette femme… une femme effacée et vague comme serait la vapeur d’une femme de Prud’hon.
Les symbolistes, eux, qui, bien qu’ils aient combattu les parnassiens avec un acharnement souvent injuste, sont leurs continuateurs, en ce sens qu’ils ont transporté l’objectivité parnassienne de la terre dans les nuées, les symbolistes, par une hautaine gageure, prirent pour objet le Mystère.
Toute affection, a dit Victor Hugo, est une conviction, mais c’est une conviction dont l’objet est vivant et qui, plus facilement que toute autre, peut s’implanter en nous.
Maupertuis ne vit qu’avec beaucoup de peine, arriver à Berlin, quelques années après lui, l’objet de sa jalousie.
Et en effet, il n’est pas un seul caractère du rêve qui ne se rencontre dans la folie, et réciproquement : même incohérence dans les idées, mêmes associations fausses, mêmes raisonnements justes sur des principes faux, rapidité extrême des sensations et des idées, exagération des sensations, transformations d’une sensation interne en objet externe, etc.
Baillarger, une femme qui ne peut nommer aucun des objets les plus usuels ; elle ne peut même dire son propre nom… Elle a conscience de son état et s’en afflige… Cependant elle prononce une foule de mots incohérents, en les accompagnant de gestes très expressifs qui prouvent que derrière cette incohérence il y a des idées bien déterminées qu’elle veut exprimer61. » M.
On ferait des volumes rien qu’avec les conjectures dont il a été l’objet.
quel rapprochement heureux des petites choses et des grands objets !
Saint Augustin dit dans l’endroit de ses rétractations où il parle du livre qu’il avoit écrit sur la musique, qu’en l’écrivant son objet principal avoit été d’y traiter du secours merveilleux qu’on peut tirer de la mesure et du mouvement.
Cependant, comme c’était sous le masque du patriotisme et au nom de la liberté, qu’à cette époque déplorable on persécutait les patriotes et qu’on établissait la tyrannie, Chamfort était assez difficile à atteindre : depuis le commencement de la révolution, il marchait sur la même ligne, et en quelque sorte aux premiers rangs de la phalange républicaine ; nul n’avait supporté, avec plus de courage, et ses propres pertes, et les crises violentes qui avaient agité le corps politique, et cette espèce de réforme, ou si l’on veut ce commencement de dégradation sociale, qui, rangeant l’esprit parmi les objets de luxe, privait nécessairement l’amour-propre d’une partie de ses jouissances.
Ainsi, pour rentrer dans ce qui fait l’objet de ce chapitre, la société est nouvelle, c’est-à-dire qu’elle est sans préjugés et sans maximes ; elle est donc encore sans institutions.
S’il n’y avait ici qu’une préoccupation d’études, qu’une adoration de savant qui finit par faire une idole de l’éternel objet de sa pensée, nous trouverions cela touchant et assez frais, car la pensée a aussi son enfance comme la vie ; et, si ce n’était pas suffisant pour expliquer une admiration si naïve ou si profonde, nous penserions à ces moines du mont Athos qui finirent par voir la lumière incréée, à force de regarder attentivement leur ombilic.
Ce que nous appelons avec respect l’éducation militaire, cette forte éducation des choses qui l’emporte tant sur celle des livres et qui fait entrer les notions dans le cerveau par l’œil et la main, l’éducation militaire avait pu lui donner ce regard rectangulaire qui voit avec précision les objets, et la fermeté du dessin qui sait les reproduire, mais la maîtresse faculté de Daumas était le sentiment du pittoresque, et son livre de la Grande Kabylie le prouvait.
Il est des livres qui entrent si naturellement dans le torrent des idées et la civilisation générale que, quels que soient le pays et la langue dans lesquels on les publie, ils tombent forcément sous le regard de toute Critique qui n’a pas seulement pour objet les questions de forme littéraire, mais les questions d’idées… et telle est l’Histoire d’Angleterre 9 de Macaulay.
Pour eux, on peut dire justement que l’Histoire est un art… Mais l’Histoire, comprise par les Modernes, dont les besoins de vérité et de moralité sont bien supérieurs à ceux des Anciens, l’Histoire a la noble ambition d’être une science indépendante de l’historien, et d’arriver à l’objet de toute Science, qui est la Certitude, quel que soit le talent ou l’art de celui qui s’est donné fonction de l’écrire.
Je le trouve plus fort… Matérialiste raffiné, qui raffine parce qu’il a l’anxiété de ne pas faire son chemin dans le monde ou de n’être pas tranquille une fois qu’il l’a fait, qui sans cela ne raffinerait point et serait matérialiste sans hypocrisie, Gœthe prise peu la dialectique et n’aime que l’étude de l’objet.
Les trois actes de la pièce de Μ. de Girardin se passent donc à dérouler cette intrigue de gros fil blanc qui a pour objet de marier Μ.
Cette substitution du vivant au mort, en changeant l’objet, diminue l’importance d’un livre où l’on sent, comme un vent coulis, la froideur de l’abbé Maynard entre soi et le chaleureux Crétineau !
Moraliste mondain, observateur de société, il en savait les petites lois et les grands ridicules, — et, puisqu’il s’agit de ses Lettres écrites de France et sur la France, il porta sur les hommes et les choses de la société de ce pays des jugements presque toujours justes et que l’amabilité et l’engouement dont il fut l’objet à Paris ne firent jamais fléchir.
Parler des hommes et des choses d’une époque, avec cette politesse qui est l’uniforme des hommes d’État, et un uniforme qui ne cache pas une bravoure, avec ce respect des faits accomplis qui est le caractère de l’école dont M. de Rémusat est sorti, n’est pas plus comprendre cette époque que toucher un objet avec l’extrémité des doigts n’est le saisir et le soulever !
Elle les tire des objets les plus familiers et les plus agrestes, mais, d’ordinaire, elle a la transparente splendeur de la pensée, la diaphanéité du sublime.
Cette plume est grave, orthodoxe, renseignée, pleine de droiture, très au courant des obligations de l’histoire et de l’historien, que celui qui s’en sert a exposées avec netteté dans une introduction fort bien faite, mais où il a un peu trop insisté peut-être sur les critiques dont son premier livre a été l’objet.
selon ce critique, qui est chrétien pourtant et d’une noble race, fidèle aux anciennes traditions et aux anciennes mœurs, il fallait que l’amour d’Armelle mis dans la balance avec le serment fait à la mère l’emportât dans le cœur du fils, sous peine de disproportion entre le motif du sacrifice et son objet ; et, le pourra-t-on croire ?
Seulement, ne vous y trompez pas, l’objet unique d’un pareil poème n’est pas de nous montrer, comme on pourrait le croire, dans un cadre colossal, les ombres chinoises ou les marionnettes historiques.
Et Anatole France s’est rangé (discrètement, j’en conviens,) à l’opinion du plus grand nombre, qui n’est jamais les hommes d’esprit, sur les mérites de Le Sage, lesquels n’ont — que je sache — jamais été l’objet de la moindre contestation… Alors même que la Littérature, jalouse de la Politique, a voulu, Mort-Dieu !
Nous montrer les côtés faibles ou mauvais d’une grande œuvre qui noie ses défauts dans une splendeur éblouissante, appliquer une vue de lynx sur cette vue d’aigle qui a embrassé tant d’objets, mais à laquelle beaucoup ont pu échapper, signaler enfin dans l’homme le plus imposant la petitesse humaine qui doit empêcher l’idolâtrie, c’est là une entreprise qui a son mérite, ses difficultés, sa valeur.
Sa licence s’oublia, devant son art profond de langage ; on le médita comme Pindare et comme Homère lui-même ; et, dans cette riche série de modèles que le génie grec, à ses âges divers, offrit au goût laborieux des Romains, il fut l’objet de l’émulation des plus habiles.
Elle me retient par elle-même, et pourvu que je ne songe pas trop à ce qui en est l’objet. […] Seulement, nos aïeux, esprits plus alertes, n’avaient besoin d’être avertis que par des mots fort simples pour se figurer les objets. […] Car, comment contrôler la vérité d’une peinture, quand l’objet nous en est si profondément étranger ? […] Dumas a su tirer de leur intervention un surcroît de souffrance pour la princesse : « Ainsi mon amour, ma jalousie, les plus secrètes pensées de mon âme sont livrées aux laquais, objet de spéculation, de moquerie ou de pitié ! […] On ne se distingue plus nettement des objets extérieurs.
Parce qu’il aimait Molière, il lui a été donné de vivre dans le temple de Molière et dans l’ombre même de la sacristie, parmi des objets qui viennent de Molière ou qui parlent de lui. Et ainsi sa piété s’est entretenue à manier tous les jours les objets du culte et à feuilleter les archives du sanctuaire. […] On n’a qu’à dire que le caractère d’Alceste est, aux yeux de Molière lui-même, respectable dans son fond, et qu’il n’est ridicule qu’en tant que certaines de ses colères sont excessives dans la forme et disproportionnées avec leur objet. […] On a, en le lisant, l’impression que ces choses ont été écrites par un homme congestionné, dont les tempes battaient la chamade, et qui ne voyait plus les objets qu’à travers une brume chaude de cauchemar. […] Ces imaginations se déroulent dans un style extrêmement pénible, souvent pédantesque et ridicule et sans proportion avec les objets, tout en expressions superlatives ; un style qui est tantôt… je n’ose dire d’un imbécile et tantôt d’un très grand écrivain.
Car, à mesure que le temps passe, le sable fin des heures tend à niveler l’empreinte des objets enfuis. […] Mais sans doute Meilhac ne pensait point que tel fût nécessairement l’objet du théâtre. […] Le théâtre a pour objet, non de reproduire le vrai, mais de faire paraître vrai ce qu’il nous montre, et cela, dans le moment seul de la représentation. […] Elles ne sont pas encore pour lui des idées actives, elles ne transforment pas à ses yeux tout l’ensemble des objets qui les lui ont suggérées. […] L’objet du mariage n’est pas de faire vivre les gens dans de perpétuelles délices.
C’est un amour sans objet, parce que l’objet qu’il poursuit est idéalement beau et ne saurait exister ici-bas. […] Ce sont là des secours secondaires, des objets d’ornement que le génie peut accepter sans cesser d’être lui-même. […] Flaubert a été l’objet sous l’empire. […] Aux yeux du poète, les objets inanimés prennent une âme et tour à tour ont des sourires et des larmes qu’il aperçoit et qu’il nous fait voir. […] Zola, il s’attache assurément à faire sentir la vue d’un objet, mais aussi, mais surtout à en représenter l’aspect physique.
Un petit appartement décoré de médiocres objets d’art du xviiie siècle et de quelques tableaux et esquisses de son frère. […] * * * — Un phénomène de ce temps, c’est que la valeur la plus positive, la plus réalisable, est l’objet d’art. […] Il y a un ordre froid, une symétrie inanimée, rien ne flâne, rien ne traîne, rien ne met aux meubles la trace d’un hier à vous, un livre, un objet oublié. Au fond c’est nu, garni du strict nécessaire, des éléments du mobilier, sans le luxe et la distraction de la moindre inutilité, à peine une gravure au mur, pas un portrait, pas un souvenir, pas un de ces objets personnels, pour ainsi dire, à un lieu.
Joignez à ces procédés généraux l’emploi de la petite phrase courte et sans verbe, de l’adjectif démonstratif ce, cette, ces, qui indique les objets comme présents, et de l’adverbe très, qui accentue la couleur ou la forme des objets, vous aurez, je pense, l’ensemble des procédés d’exécution communs à M. […] L’anthropopithèque qui s’avisa le premier de désigner un objet par une onomatopée fit du symbolisme, et il ne paraît pas que le symbolisme contemporain diffère sensiblement du symbolisme de ce primitif. […] Et comme il voit les êtres, il voit les objets. […] La réalité se déforme naturellement pour lui, comme pour ces bœufs dont on dit qu’ils voient les objets quatre fois au-dessus de leur grandeur vraie. […] Bertrand Robidou, qu’on connaît moins156, a prodigué dans tous les genres, histoire, philosophie, roman, théâtre, poésie, un talent qui semble n’avoir rien perdu à se répandre sur un objet si vaste.
Les fréquentes mentions dont elle a été l’objet ont éveillé la jalousie de la maîtresse Jacques de M. […] Que voulez-vous qu’on ramone quand la cheminée n’est plus qu’un objet d’art ? […] Au moment où je passais devant ses magasins, on opérait le déballage d’objets provenant de l’exposition de Manchester. […] Voyez ce cadran. — L’aiguille est arrêtée sur le chiffre indiquant la pesanteur du corps de ma femme, qui est dans la chambre voisine. — Le moindre objet ajouté à ce poids serait indiqué immédiatement par mon cadran. […] Ponsard. — Ce fut à rompre cette association antinaturelle que la critique a longtemps travaillé, et jusque dans les agressions dont il était l’objet, M.
Tendresse de mère De même que les amoureux ne peuvent pas dire trois mots sans parler de l’objet aimé, M. […] Abel Hermant a enfermée dans son livre amusant comme un roman, intéressant comme un livre d’histoire, d’histoire licencieuse, il est vrai, mais à laquelle on pardonne, parce qu’elle est « de l’époque », comme disent les amateurs d’objets du passé. […] Si terrifiant que soit l’aveu, il ne rebute pas assez la jeune femme qui, voyant que l’objet de son amour a pris la fuite, se rejette dans une autre aventure, laquelle ne lui réussit d’ailleurs pas mieux. […] À vouloir voir les objets de trop haut on finit par ne les plus voir du tout : à force de vouloir être impartial, on ne sait plus ni aimer ni haïr, on ne sème plus ni reconnaissance ni haine, on ne touche plus ni les cœurs ni les esprits ; ceux-ci vous mettent hors la vie et ne vous considèrent plus que comme un objet inanimé, un méridien dont l’ombre vous marque l’heure ; l’humanité ne serait-elle pas plus heureuse d’ignorer l’absolue vérité et la marche du temps ? […] Très ordonné, aimant que chaque objet demeurât en sa place, il défendait de rien ôter de lui, excepté l’eau et les flegmes qui s’y pourraient trouver.
[…] Si j’expose à ses yeux l’objet le plus charmant, Il le regarde en juge et non pas en amant ; Et si j’offre à ses feux quelque illustre matière, À son peu de chaleur il joint trop de lumière ; Il examine trop les lois de sa prison, Et veut joindre à l’amour un peu trop de raison. […] Dès l’arrivée à Clermont sa raillerie change d’objet, et il montre M.
La poésie française, qui fait, à travers tout, l’objet favori de mes pensées, et dont la régénération n’a cessé, à aucun instant, de m’être présente, y gagnerait peut-être plus qu’il ne semble. […] » Bien que le plus grand nombre des traits qui composent ce tableau entre d’ordinaire, bon gré, mal gré, dans toute description du printemps, et que la poésie, en émigrant vers le nord, n’ait cessé de s’inspirer et de se ressouvenir de ces mêmes anciennes peintures du midi, comme si dans leurs objets elles restaient toujours présentes, on peut s’assurer qu’il n’en était pas ainsi pour Méléagre, et qu’il avait bien réellement sous les yeux le spectacle fortuné qu’il décrit.
Et c’est pour cela que cette merveille, devenue ainsi un objet d’étude et de reproduction éternel pour les artistes du dessin, fut transportée au palais des Médicis, dans la grande salle d’en haut, d’où il arriva que livré avec trop de confiance aux mains des artistes, on négligea de le surveiller pendant la maladie de Julien de Médicis, et il fut lacéré par eux en plusieurs lambeaux dont chacun emporta ici et là une relique dans toutes les villes d’Italie ! […] Un écrivain qui s’est trompé de date en naissant, et qui aurait dû naître dans le siècle de Léon X, dont il a le zèle et la studieuse curiosité pour les lettres et pour les arts, le comte de Circourt, a découvert sur les lieux l’objet jusque-là inconnu des premiers vers de Michel-Ange.
Ici encore relisez Madame Bovary : vous verrez que tous les actes, toutes les démarches, toutes les rêveries même d’Emma sont expliqués, d’abord par sa nature, puis par quelque excitation du dehors, une rencontre, un objet qu’elle voit, un mot qu’elle entend. Souvent, le dernier petit poids qui emporte la balance n’a l’air de rien : ce rien est tout, venant après le reste… Ou bien, quand on accorde à ces étrangers le privilège de savoir rendre seuls « l’entour de la vie », veut-on dire que, tandis que le romancier français « choisit, sépare un personnage, un fait, du chaos des êtres et des choses, afin d’étudier isolément l’objet de son choix, le Russe, dominé par le sentiment de la dépendance universelle, ne se décide pas à trancher les mille liens qui rattachent un homme, une action, une pensée, au train total du monde, et n’oublie jamais que tout est conditionné partout ?
Il n’y faisait aucune concession, car la vérité de l’orthodoxie ne fut jamais pour lui l’objet d’un doute. […] La théologie dogmatique, outre les Prolégomènes comprenant les discussions relatives aux sources de l’autorité divine, se divise en quinze traités ayant pour objet tous les dogmes du christianisme.
Fouquet, pour les raisons que vous savez, pour des raisons très sérieuses, les historiens en sont sûrs, Fouquet tomba, cet homme que nous ne pouvons pas nous empêcher, non seulement de plaindre mais d’aimer ; car il était charmant, Fouquet ; il était tout à fait un Italien, un grand seigneur italien du seizième siècle : il aimait les arts, il aimait les lettres, il aimait les choses somptueuses, il aimait les grandes architectures, les appartements magnifiques, il aimait la conversation des femmes élégantes et distinguées, il aimait la conversation des poètes, tout ce qui était beauté était l’objet des amours et des passions de Fouquet. […] Oronte est à présent un objet de clémence : S’il a cru les conseils d’une aveugle puissance, Il est assez puni par son sort rigoureux, Et c’est être innocent que d’être malheureux.
Dans un premier recueil, la Flûte de Pan, il s’est livré à des études de poésie en quelque sorte plastique et sculpturale ; il avait demandé à la nature extérieure le sens confus de ses harmonies et de ses symboles : aujourd’hui, sous le titre de la Lyre intime 46, il aborde le monde du cœur ; il se détache, non sans peine et sans effort, du grand Pan pour en venir à un sentiment plus distinct, plus défini, qui a pour objet la personne humaine.
L’objet de deux Études, par Mme Charles Lenormant et par M.
Il n’a pas vu que l’impression de tous serait qu’un objet respecté eût été mieux honoré et loué par une omission entière.
Quand il parlera donc de son mal désormais, que ce soit de loin, sans les crudités qui sentent leur objet ; que ce soit en homme tout à fait guéri.
Nul n’est plus propre qu’Homère à remplir cet objet grandiose que j’invoque et que j’aimerais à voir de loin planer sur toute étude, même diverse, comme on voit au fond de l’atelier du sculpteur régner le front du Jupiter olympien.
Il ne serre pas d’assez près ses contours, il ne jette pas aux objets ou n’en reçoit pas de ces traits de flamme qui fixent l’image et qu’on emporte.
En dehors du mouvement philosophique s’est formé un courant d’études d’archéologie et d’art, qui avaient pour objet les monuments antiques, ruines d’architecture, fragments de peintures statues, vases, débris de toute sorte et de tout âge.
Il faut qu’elle devienne objet, ne reste pas ombilicalement liée à son auteur.
C’est elle qui différencie ce sentiment de puissance en l’appliquant chez les différents individus à des objets différents.
III La première difficulté a été remarquée depuis longtemps ; elle a fait l’objet de longues discussions et on peut dire que la question est tranchée.
L’objet de la connaissance est un immense développement dont les sciences cosmologiques nous donnent les premiers anneaux perceptibles, dont l’histoire proprement dite nous montre les derniers aboutissants.
Certes, il ne faut pas regretter de voir les peuples passer de l’aspiration spontanée et aveugle à la vue claire et réfléchie ; mais c’est à la condition qu’on ne donne pas pour objet à cette réflexion ce qui n’est pas digne de l’occuper.
Dans ce beau temple, objet de tous leurs désirs, ils ne trouvaient souvent que l’avanie.
Avant qu’ils nous l’aient bien décrite, nous n’avions pas saisi la beauté des objets dont nous sommes entourés constamment et partout.
. — Aucune analyse, si détaillée soit-elle, ne peut donner aucune idée de ces cinq drames ; ils ne rappellent quoi que ce soit, et l’on est étonné qu’ils existent ; ils semblent palpiter et vivre, avec des organes nouveaux, agiter des bras inconnus, respirer avec des branchies, penser avec les sens, et sentir avec les objets ; — mais ils vivent pourtant ; ils vivent d’une vie rouge et violente, pour étonner, rebuter et exaspérer le grand nombre, pour enthousiasmer quelques-uns. » La Dame à la Faux de M.
Supposez que tout se passe dans l’histoire de Joseph comme il est marqué dans la Genèse ; admettez que le fils de Jacob soit aussi bon, aussi sensible qu’il l’est, mais qu’il soit philosophe ; et qu’ainsi, au lieu de dire, je suis ici par la volonté du Seigneur, il dise, la fortune m’a été favorable, les objets diminuent, le cercle se rétrécit, et le pathétique s’en va avec les larmes.
On peut dire la même chose d’Eustatius, d’Asconius Pedianus, de Donat, d’Acron et des autres commentateurs anciens qui ont publié leurs commentaires quand on parloit encore la langue de l’auteur grec ou latin, l’objet de leurs veilles.
Le premier étoit, comme on va le voir, plus facile que l’autre, et la raison porte à croire que de deux arts qui ont à peu près le même objet, celui dont la pratique est la plus aisée, ait été trouvé le premier.
Le masque du batave aux cheveux roux, et qui est l’objet de votre risée, fait peur aux enfans, dit Martial.
Ce n’est point même encore l’objet de ce chapitre, parce que je dois, pour le moment, laisser la question indécise jusqu’à ce qu’elle sorte d’elle-même de la discussion comme conséquence rigoureuse.
Quand sainte Térèse, dans sa Vie, nous rend compte de ses contemplations intérieures, qu’elle nous dresse une carte de mysticité comme pilote n’en dressa jamais des mers qu’il aurait parcourues, et où tout est marqué, même les plus imperceptibles écueils ; quand sa pensée va du recueillement à la quiétude, de la quiétude à l’extase, et de l’extase au ravissement, sainte Térèse s’exprime rarement par des images, et lorsqu’elle en a, c’est comme Dante : elle les tire des objets les plus familiers et les plus agrestes.
Disons le mot qui renverse tout, les miracles dont Colomb est l’objet sont hardiment posés, hardiment décrits, en pleine lumière.
Parmi les livres nombreux couronnés par elle, la moitié, au moins, a pour objet la glorification, sous une forme ou sous une autre, de ce paganisme qu’on croyait fini et enterré, et qui — n’est-ce pas curieux ?
Privés de renseignements et d’objets de comparaison, les critiques futurs prendraient pour de l’invention ce qui n’est qu’imitation et souvenir.
Le grand et durable renom du poëte donna tant d’éclat à cette tradition anecdotique qu’elle suggéra, dans le déclin du génie grec, la composition de sophiste la plus étrange, un recueil de lettres dans lequel l’impitoyable Phalaris, tout en étalant ses vengeances, y compris le taureau d’airain enflammé où il brûlait ses victimes, se montre plein d’admiration pour Stésichore, déclare ce poëte un objet sacré, comble d’honneurs sa vieillesse, et, à sa mort, presse les Himériens de lui élever un temple81.
Des poèmes dont l’objet est si mystérieux se prêtent mal à l’analyse. […] Cela devient presque impossible, quand la description d’un objet déterminé comporte un quart d’heure de lecture. […] Trois belles personnes exécutent une danse du ventre — d’ailleurs tempérée — dont l’objet est de nous ragaillardir. […] Il est donc éminemment poète, si de percevoir une âme dans les objets matériels, et la vie dans la mort, et le passé dans le présent, cela est une grande part de la poésie, est presque la poésie même. […] L’amour ne vit que d’illusion et de mensonge ; et ce qu’on aime, c’est l’idée qu’on se fait de l’objet aimé.
Le mystérieux séjour de ces quatre saints à la Ferté-Milon fut évidemment un objet d’édification et une occasion de bons efforts pour les Racine et les Vitart et les chrétiens sérieux de la petite ville. […] « Il avait, dit Sainte-Beuve, le don de la spiritualité morale, le sens des emblèmes », et il marchait dans le monde « comme dans une forêt enchantée, où chaque objet qu’on rencontre en recèle un autre plus vrai et cache une merveille ». […] Évidemment le jeune Racine est plus intéressé par des faits de cet ordre que par les paysages où les objets pittoresques. […] Il avait des façons de grand seigneur, ou tout au moins d’épicurien-dilettante : fastueux, aimant le luxe ; déjà collectionneur d’objets d’art ; très généreux. […] L’Académie avait critiqué le Cid, mais courtoisement ; d’ailleurs, le caractère solennel et officiel de cette critique la faisait honorable pour celui qui en était l’objet.
— Assurément, et si je ne suis sensible qu’aux injustices dontje suis l’objet, je suis un simple égoïste. Mais je puis être un homme assez haut placé dans le degré de l’humanité, si je suis sensible aux injustices dont je suis l’objet, à la condition de l’être aussi aux autres, et si je suis également affecté des injustices qui frappent les autres et de celles qui m’atteignent. […] La femme doit être un objet de plaisir pour son mari ; elle doit être un « harem » pour son mari ; mais il ne s’agit pas et il ne faut point qu’elle soit un objet de plaisir et un harem pour d’autres que pour son mari, comme l’est une grande musicienne, une brillante chanteuse, une danseuse raffinée. […] C’est l’esprit qui, non seulement vivifie le corps, mais qui le renouvelle en quelque sorte ; c’est par la succession des sentiments et des idées qu’il anime et varie la physionomie, et c’est par les discours qu’il inspire que l’attention, tenue en haleine, soutient longtemps le même intérêt sur le même objet. […] L’homme dit ce qu’il sait, la femme dit ce qui plaît ; l’un pour parler a besoin de connaissances ; l’autre, de goût ; l’un doit avoir pour objet principal les choses utiles, l’autre, les agréables.
Presque tous ceux de ses aînés ou de ses contemporains que nous aimons le plus ont été l’objet de ses venimeuses et inintelligentes attaques. […] Il y a quelque chose de pire que de mettre brutalement sous les yeux l’objet et l’appareil des sensations damnables : c’est de suggérer ces sensations. […] Quelle possession de son objet ! […] Or, la jalousie, outre qu’elle fait souffrir mille tortures à ceux qui la ressentent, n’accommode guère mieux ceux qui en sont l’objet. […] La femme lunaire n’est qu’une utilité, — elle fait le ménage et la soupe, — ou un ornement, un objet d’étagère.
Ce qui fait une comédie immortelle, c’est l’immortalité de son objet et, par conséquent, l’inutilité de son effort. […] Car si Molière était convaincu que l’homme doit suivre son mouvement naturel, Molière, dans sa vie à lui et c’est-à-dire dans sa vie d’auteur, suivrait son mouvement naturel d’auteur ; il s’abandonnerait à son imagination au lieu de s’assujettir à l’objet, ce qui est une contrainte. […] Mais peut-être, me dira-t-on, le mouvement naturel de Molière était justement de s’assujettir à l’objet. […] Tout cela dit, et l’on voit que je ne m’y suis pas ménagé, pour justifier Molière ou plutôt pour ramener les accusations dont il est l’objet à leur mesure juste, je reconnais qu’il y a un fonds de vérité dans ces incriminations et réquisitoires. […] Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ?
Il ne peut se faire obéir : autorité impérieuse et faible, objet de raillerie. […] Ainsi le fantastique a droit à notre hommage Et nos feux pour objet ne veulent qu’une image. […] — Mais je n’ai jamais vu cet objet plein d’appas. […] Mais c’est que les choses administratives survivent très longtemps à leur cause et à leur objet. […] Car le propre de ces passions-là, c’est d’être absorbantes et exclusives et de vouloir posséder tout entier l’objet aimé, sans que celui-ci fasse la plus petite réserve, retienne à son usage quoi que ce soit de lui-même.
Il paraît qu’alors Séjan, à son tour, fut l’objet des soupçons de Tibère. […] L’objet de la comparaison est frivole sans doute ; mais nulle part les différences n’auraient paru plus marquées et plus à l’honneur de la civilisation nouvelle. […] Longtemps renfermée dans son pays, elle est depuis un demi-siècle un objet d’émulation pour les étrangers ; mais, sous ce rapport, son influence a moins de force et d’éclat. […] De même que l’on peut remarquer dans Homère une connaissance singulière de tous les objets naturels, Milton possédait au plus haut degré la science des livres ; et il y puise quelquefois sans réserve et sans goût. […] Le puritanisme religieux et politique en avait fait un objet perpétuel d’allusions.
La « question d’argent » est l’objet principal du théâtre de Pisemsky. […] et le moyen d’être sans jalousie, Lorsque ce cher objet te doit plus que la vie ? […] Il l’aime et la glorifie, indépendamment de l’objet qu’elle poursuit. […] Enfin, l’âme de chaque combattant emprunte un prix infini à l’objet du combat. […] Ce sont donc encore ces objets qu’ils aiment en elle, et c’est pour cela qu’ils l’aiment surtout de loin.
Barrès demeure à l’opposé de ce qui est description, déploiement, objet. […] Style qui crée les objets avec sa propre matière, plutôt qu’il ne les suscite en une vision où ils apparaîtraient par eux-mêmes, détachés de lui. […] À ces étages l’esprit de la critique peut différer par son degré, par son objet, par le talent qu’il met en jeu ; il ne diffère pas par sa nature. […] Le foyer d’énergie avant les formes de l’énergie, la passion pour la passion, non pour les jugements de valeur sur son objet. […] Je veux dire la littérature, l’acte de mettre du noir sur du blanc et de publier, se prenant lui-même comme matière à approfondir et comme objet à réfléchir.
Est-ce parce qu’il a plu aux hommes d’attacher la plus grande gloire de l’art au mérite de représenter l’objet de leurs plus chères complaisances ? […] Il faut donc que le personnage sacrifie tout à l’objet aimé ; ou s’il a le cœur assez haut pour lui préférer le devoir, il faut que ce sacrifice lui coûte la vie. […] L’objet de leur ambition, différent en apparence, au fond est le même.
Il nous est arrivé, en reprenant une conversation interrompue pendant quelques instants, de nous apercevoir que nous pensions en même temps, notre interlocuteur et nous, à quelque nouvel objet. — C’est, dira-t-on, que chacun a poursuivi de son côté le développement naturel de l’idée sur laquelle s’était arrêtée la conversation ; la même série d’associations s’est formée de part et d’autre. — Nous n’hésiterons pas à adopter cette interprétation pour un assez grand nombre de cas ; toutefois une enquête minutieuse nous a conduit ici à un résultat inattendu. […] Nous avons ajouté que, pour la commodité du langage et la facilité des relations sociales, nous avions tout intérêt à ne pas percer cette croûte et à admettre qu’elle dessine exactement la forme de l’objet qu’elle recouvre. […] Tandis que l’objet extérieur ne porte pas la marque du temps écoulé, et qu’ainsi, malgré la diversité des moments, le physicien pourra se retrouver en présence de conditions élémentaires identiques, la durée est chose réelle pour la conscience qui en conserve la trace, et l’on ne saurait parler ici de conditions identiques, parce que le même moment ne se présente pas deux fois.
C’est un pur impressionniste, qui au premier abord semble docilement subordonné à l’objet et uniquement soucieux d’en saisir les nuances telles quelles. […] Si l’on est parfois un peu dérouté, c’est à cause de l’abondance de ce verbe intarissable, qui charrie une masse d’objets imprévus et disparates, comme un fleuve débordé. […] Leur « vêture antique » a pour principal objet de leur assurer le recul propice à ce large et magnifique symbolisme. […] Et tout ce qui en est l’objet lui devient par là même sacré. […] Ce n’est point être égoïste que de consacrer ses veilles à l’étude de la métaphysique, dont l’objet est au premier rang de ceux qui dépassent les limites du moi.
Dans le village abandonné, des voitures de déménagement stationnent, sans chevaux, devant des matelas et des objets de literie jetés sur le trottoir, et çà et là, quelques vieilles femmes assises au soleil, devant la porte d’une allée obscure s’obstinent à rester, à vouloir mourir, là où elles ont vécu. […] Les marchandises de tous les magasins s’ingénient à se convertir en objets de rempart ; il n’y a plus que des couvertures de rempart, des fourrures de rempart, des lits de rempart, des couvre-chefs de rempart, des gants de rempart. […] Le blessé est devenu un objet de mode. Il est pour d’autres un objet d’utilité, un paratonnerre. […] Il est vrai que les grandissements excessifs développent l’accident chromatique, la diffusion, le contour irisé de l’objet, mais cela ne fait rien, la photographie devrait nous donner mieux que ces cartes montagneuses. » Puis, je ne sais comment la conversation tombe de la Lune à Dumas père.
Songez au nombre de thèmes caractéristiques qu’on va pouvoir poser, transposer, déformer, développer, mêler, représentatifs qui d’idées, qui de sentiments, qui d’objets, car les objets symboles foisonnent dans le poème. […] Mais de quel art d’expression choisi et mesuré ne faut-il pas être le maître pour atteindre victorieusement à ce miraculeux objet ! […] Tu sauras que, musardise, musardie — comme on disait au vieux temps — signifie rêvasserie douce, chère flânerie, paresseuse délectation à contempler un objet ou une idée : car l’esprit musarde autant que les yeux, si ce n’est plus. […] Il est régulièrement évoqué au fil des articles qui composent Nos Directions ; Phocas le Jardinier fait l’objet d’une étude spécifique, au sein des « Notes sur le drame poétique » (voir infra). […] Les Musardises, recueil de poèmes, a été publié chez Lemerre en 1890 et fait l’objet d’une réédition chez Fasquelle, en 1911.
Mme de Maintenon était moins recherchée et entourée : M. le duc de Noailles a cru qu’il était du devoir de sa maison et de son nom, de réparer l’injustice dont elle était l’objet, de redresser l’opinion sur son compte, et de lui rétablir aux yeux de tous sa situation véritable. […] Le duc de Nivernais passa quelques mois à voir tous les jours Frédéric et à l’entretenir sur les objets les plus intéressants, à étudier son caractère : car,, pensait-il avec raison, dans les monarchies mixtes et non purement absolues, là où l’organisation de certains conseils est régulière et où l’État se conduit par les vrais principes, on peut saisir les motifs déterminants de la conduite, par la combinaison des circonstances avec l’intérêt de l’État : ainsi, les puissances voisines d’une telle monarchie ont des moyens de direction solides pour traiter avec elle ; mais, dans les pays où le souverain n’a d’autre conseil que lui-même, où ses perceptions non comparées à d’autres perceptions sont la seule occasion et la seule règle des mouvements de l’État, le caractère du prince est le gouvernail de l’État : la politique, l’intérêt fondamental ne sont que ce que l’intuition du prince veut qu’ils soient ; et les puissances voisines d’une telle monarchie ne peuvent traiter avec elle que d’après la connaissance des mouvements intérieurs du monarque, qui seuls impriment le mouvement à toute la machine.
. — Voilà l’état présent, et, s’il change, c’est en pis. « Car423 toute l’occupation des rois ou de ceux qu’ils chargent de leurs fonctions se rapporte à deux seuls objets, étendre leur domination au dehors, et la rendre plus absolue au dedans. » Quand ils allèguent un autre but, c’est prétexte. « Les mots bien public, bonheur des sujets, gloire de la nation, si lourdement employés dans les édits publics, n’annoncent jamais que des ordres funestes, et le peuple gémit d’avance, quand ses maîtres lui parlent de leurs soins paternels. » — Mais, arrivé à ce terme fatal, « le contrat du gouvernement est dissous ; le despote n’est maître qu’aussi longtemps qu’il est le plus fort, et, sitôt qu’on peut l’expulser, il n’a point à réclamer contre la violence ». […] Sens-tu s’allumer dans tes veines un feu secret à l’aspect d’un objet charmant ?
Il a voulu que ces deux objets fussent envoyés au ministre de la marine en France. […] L’existence de ce jeune fils peut servir de base aux réclamations qui auraient pour objet d’obtenir les manuscrits et les instruments, seul héritage de son père.”
Victor Hugo est bien mal choisi ou bien mal imaginé pour en faire l’objet d’un intérêt si tendre, et le modèle de si patientes vertus à l’œil de ses lecteurs. […] L’auteur a senti que les religions bien entendues sont, comme étant à la fois divines dans leur objet, humaines dans leurs ministres, pleines de controverses, d’incrédulités et de crédulités populaires dans leurs dogmes, mais qu’en masse les religions sont des vases célestes transmis de générations en générations aux peuples, et dans lesquels les philosophes de tous les âges ont versé tour à tour, en les clarifiant, la plus pure morale, les plus saintes règles de vie, les plus admirables pratiques de charité et de fraternité qui aient honoré les siècles ; en sorte que, sans disputer sur leur nature révélée par la raison, lumière de Dieu, ou par Dieu lui-même, quand une religion se brise, toute la morale se répand, et le peuple risque de mourir de soif.
Cependant quel objet se présente à ma vue ! […] Dans les pages du Dictionnaire philosophique, où il laisse courir sa pensée sur tous les objets avec la liberté d’une confidence à voix basse, il parvient par les seules forces de sa raison jusqu’à des extases d’adoration et de vertu qui égalent le plus sublime mysticisme de l’Inde ou du christianisme.
Jean-Jacques Olier, issu d’une famille qui a donné à l’État un grand nombre de serviteurs capables, fut le contemporain et le coopérateur de Vincent de Paul, de Bérulle, d’Adrien de Bourdoise, du père Eudes, de Charles de Gondren, de ces fondateurs de congrégations ayant pour objet la réforme de l’éducation ecclésiastique, qui ont eu un rôle si considérable dans la préparation du xviie siècle. […] Les Entretiens sur la Métaphysique et les Méditations chrétiennes étaient l’objet perpétuel de mes réflexions.
Me voici donc, comme un chirurgien, qu’on arracherait à d’aimables curiosités, obligé de reprendre la cruelle autopsie moderne, la brutale prose, le travail qui fait mal, et dont tout mon système nerveux souffre, tout le temps que le volume se pense et s’écrit… * * * — Il s’élève, à l’heure qu’il est, une génération de jeunes liseurs de bouquins, aux yeux ne connaissant que le noir de l’imprimé, une génération de petits lettrés, sans passion, sans tempérament, les yeux fermés aux femmes, aux fleurs, aux objets d’art, à tout le beau de la nature, et qui croient qu’ils feront des livres. […] Mon père, un soldat, n’a jamais acheté un objet d’art, mais aux choses qui servaient au ménage, il leur voulait une qualité, une perfection, un beau non ordinaire.
Il écrivit sans doute ainsi, en anathèmes, la moitié du livre, qui alors fut assez proche en effet, de Manfied ; puis il eut l’idée d’un procédé qui a donné à l’œuvre son originalité ; il remplaça toutes les abstractions par des noms d’objets ou, de préférence, d’animaux n’ayant avec les poèmes aucun rapport logique. […] Tel autre qui se croit être du verre est pour son propre sentiment un objet aussi fragile que le verre.
. — De corusco, trembler ; coruscans, agité, tremblant, d’où le mot exprimant des lueurs mobiles sur objet brillant. […] — Cercle brillant autour d’un objet.
MM. de Goncourt ont regardé à la loupe ce phénomène dans tous ses détails, et ils nous l’ont rendu avec cette saillie de style qui est une autre loupe fixée sur l’objet regardé et déjà grossi. […] Les peintures sur peintures des objets physiques, les badigeonnages éternels, les enluminures acharnées et effrontées, qui fatiguent d’abord et deviennent bientôt insupportables, ne sont pas la vie et ne peuvent pas la remplacer.
D’après son curieux récit, il paraîtrait que le président, en sachant gré au roi de la marque de confiance dont il était l’objet, imputait à la jalousie de Sully, et au désir que celui-ci avait de l’éloigner, le choix qu’on faisait de lui dans des circonstances aussi difficiles.
On a des trésors de talent quand on parle de l’objet de sa passion.
Scherer ne se laisse pas distraire un seul instant de son objet principal ; sa plume a quelque chose d’inflexible.
Lorsque je vins en Russie, et les premières années de notre union, pour peu que ce prince eût voulu se rendre supportable, mon cœur aurait été ouvert pour lui ; il n’est pas du tout surnaturel que quand je vis que de tous les objets possibles j’étais celui auquel il prêtait le moins d’attention, précisément parce que j’étais sa femme, je ne trouvai pas cette situation ni agréable ni de mon goût, qu’elle m’ennuyait et peut-être me chagrinait.
On dirait qu’il s’est passé des siècles entre les deux descriptions, tant le même objet y est présenté sous un jour différent et contraire.
Au tome VI du Pour et Contre (1735), parlant du Voyage de Jordan qui venait de paraître, Prevost touche quelques mots de l’accusation, à la fois vague et grave, dont il s’y voit l’objet ; mais, soit qu’il se sente la conscience moins nette, soit que les compliments mêlés à ce mauvais propos l’aient amolli, il répond moins vivement qu’il n’avait fait, l’année précédente, à Lenglet-Dufresnoy : « Je me suis attendu, depuis mon retour en France, dit-il, à ces galanteries de MM. les protestants, et je ne suis pas fâché d’avoir occasion de m’expliquer sur la seule manière dont je veux y répondre.
Un très petit nombre d’hommes se vouait, chez les anciens, à cette morale stoïcienne qui réprimait tous les mouvements du cœur : la philosophie des modernes, quoiqu’elle agisse plus sur l’esprit que sur le caractère, n’est qu’une manière de considérer tous les objets de la vie.
Peu d’objets, vigoureusement éclairés, la lumière fût-elle un peu crue, voilà ce qu’il faut d’abord à de jeunes esprits, dont le défaut ordinaire est de regarder sans voir.
Or, pour arriver à la perfection du style poétique et plastique, il est peut-être nécessaire de n’être point ému en écrivant, de considérer uniquement la valeur musicale et picturale du langage et, en face des objets matériels, de s’arrêter à l’impression qu’on a tout d’abord reçue d’eux, à la sensation première et directe, ou d’y revenir artificiellement afin de n’exprimer qu’elle.
Je ne répondrais pas qu’en flétrissant ces perversions il défende à son imagination de s’y attarder quelque peu, ni qu’il n’éprouve point une sorte de plaisir obscur à prolonger, sur ces objets, sa colère ou sa raillerie (nous sommes faibles) ; mais il a trop souvent commenté le Naturam sequere, et cette antique devise est trop évidemment la sienne, pour qu’on puisse douter de la sincérité de ses vertueuses indignations.
Et nous connaissons alors que l’objet de M.
Au lieu de réhabiliter celui qui la trompait, elle, devient pour lui un objet de pitié.
Qu’un homme répande des larmes sans objet, qu’il pleure sur l’universelle douleur, qu’il rie d’un rire long et mystérieux, on l’enferme à Bicêtre, parce qu’il ne cadre pas sa pensée dans nos moules habituels.
Devenue pour tous un objet d’amour ou de haine, convoitée par deux fanatismes rivaux, la Galilée devait, pour prix de sa gloire, se changer en désert.
Deux d’entre eux, Jean et Pierre, surtout, furent l’objet de tendres marques d’attachement.
C’est à ce prix qu’était la considération pour elle, cette considération qui, dans le monde, devait lui tenir lieu de la fortune si nécessaire pour en concilier un peu aux gens sans mérite, cette considération qui sans doute ne met pas absolument au-dessus du besoin, mais du moins aide puissamment à en sortir, en fait toujours sortir sans déshonneur, parce qu’elle intéresse l’honneur même d’un grand nombre de nobles amis à préserver de tout avilissement l’objet de leur affection et de leur estime.
Il n’est guère de cœur de femme qui ne comprenne cette passion une et multiple, une, par l’objet auquel elle s’attache, multiple, par les diverses raisons de son attachement.
Le livre commence par une préface sous forme de lettre adressée à un ami ; cette préface apologétique a pour objet d’excuser l’auteur, qui sent, malgré tout, l’inconvenance d’une publication romanesque dans les circonstances graves où il s’est placé et où il a tout fait pour placer son pays.
Les voitures de toutes sortes, et quelques-unes de la plus grande élégance, chargées d’objets précieux, vont pêle-mêle avec les fourgons et les charrettes qui portent les vivres.
Combes me paraît encore au-dessous de celui de Spurzheim pour la représentation des objets.
Telle est la raison d’être de cette méthode que Comte appelle historique et qui, par suite, est dépourvue de tout objet dès qu’on a rejeté la conception fondamentale de la sociologie comtiste.
Jamais la bourgeoisie, ses mœurs et ses habitudes, n’avoient été jusque alors l’objet d’une analyse aussi studieuse, aussi détaillée, que celle que leur consacre Furetière dans son roman.
Une fois évanoui l’éther avec le système privilégié et les points fixes, il n’y a plus que des mouvements relatifs d’objets les uns par rapport aux autres ; mais comme on ne peut pas se mouvoir par rapport à soi-même, l’immobilité sera, par définition, l’état de l’observatoire où l’on se placera par la pensée : là est précisément le trièdre de référence.
Ils découvraient l’inconscient ; ils le proclamaient objet de poésie.
Et d’ailleurs il fallait toujours qu’il y eût entre lui et l’objet de sa pensée un espace libre de solitude et de rêve. […] Quoi qu’il en soit, j’achèverai ce travail qui est par son objet même un rude exercice ; puis, l’été prochain, je verrai à tenter saint Antoine. […] Le monde ne lui a paru mériter qu’il y vécût qu’en tant qu’il était ou pouvait être objet de littérature, matière à style. […] Ni l’un ni l’autre n’ont d’illusion sur la valeur des objets de désir et d’imagination, et une moitié de l’artiste, la moitié réaliste, peindra impitoyablement ces objets médiocres et dérisoires. […] Trois phases : d’abord un sujet qui vit pour lui-même, puis un objet qu’on caresse pour son plaisir, enfin une chose qu’on jette quand on en a eu ce qu’on voulait.
Une de ces paysannes s’en aperçut, quitta ses compagnes et vint couvrir de la rotondité de ses jupes l’objet qu’elle voulait dérober. […] Et comment, aveuglé par sa passion et brûlant de trouver dans l’objet aimé une étincelle du feu qui le dévorait, aurait-il pu distinguer la reconnaissance de l’amour ? […] Les applaudissements prodigués à cette pièce ne pouvaient être égalés que par les critiques furieuses dont elle fut l’objet. […] Lui fit-on en outre cadeau d’un bijou ou d’un objet d’orfèvrerie ? […] Le dénouement fut rare ; M. de Montausier, charmé du Misanthrope, se sentit si obligé qu’on l’en eût cru l’objet, qu’au sortir de la comédie il envoya chercher Molière pour le remercier.
La vision de l’enfer, du purgatoire et du paradis, a pour objet de ramener par la certitude des récompenses et des châtiments éternels, par une salutaire frayeur et par une espérance vive, les âmes qu’ont entraînées au péché l’orgueil de la science et les concupiscences de la chair. […] La beauté, à qui les chroniqueurs florentins rapportaient la première occasion des guerres civiles, y était, comme dans Athènes, l’objet d’un culte. […] Ils veulent que son objet soit connu, aimé, admiré de tous ; ils le veulent exalté dans la mémoire des hommes. […] Dès le berceau, je vous le disais tout à l’heure, Cornélie fut pour son frère l’objet d’une passion jalouse. […] Dès sa petite enfance, le Colisée, le château Saint-Ange, la coupole de Saint-Pierre, étaient pour Wolfgang des objets familiers autant que le Rœmer et l’église de Saint-Barthélemy.
Cela veut dire que ce qui possède une qualité ne possède pas la qualité contraire, ou qu’un individu, un objet, étant lui-même, n’est donc pas un autre. […] Il condamne l’entreprise de « peindre avec des mots qui ne s’adressent qu’à l’oreille ou à l’esprit les objets qui ne parlent qu’aux yeux ». […] Tant qu’il s’agit de l’art autonome et n’ayant d’autre objet que le beau, en dehors de tout didactisme, de toute vulgarisation morale ou politique, on ne songe point à y contredire. […] Louis Dimier en infère que la philologie n’était pas un objet dont Descartes se mît fort en peine, et que « pas plus que Bossuet, il semble qu’il n’ajoutait d’importance à l’exégèse ». […] « De telles propositions à celle qui présenterait l’Allemagne elle-même comme l’objet de la religion, je demande, dit M.
Eh bien, cette foi, il veut la répandre, et l’objet de cette foi, il veut le réaliser. […] Il faut dépouiller comme un vêtement embarrassant et étouffant, ou exsuder comme un virus mortel, cette morale qui n’a jamais qu’un but, qu’un objet, qu’une préoccupation, qu’une passion : tuer l’individu, dans le dessein, erroné du reste, de faire vivre la société. […] Il est évident que les estimations de valeur morale ont eu primitivement pour objets les hommes et n’ont été que par la suite rapportées à des actions. […] D’après la morale des esclaves, c’est le méchant qui inspire la crainte ; d’après la morale des maîtres, c’est justement le « bon » qui l’inspire et qui la veut inspirer, tandis que le « mauvais » est l’objet du mépris. […] Le savant est coupable s’il s’avise de découvrir de prétendues vérités pour démoraliser ses semblables : l’artiste est coupable s’il fait servir l’art à la corruption des hommes ; le politique est coupable, si, sous prétexte de bien public, il se livre à des actes immoraux qui n’ont pas pour objet le bien public, mais le sien ou celui de son parti.
Le soleil éclairait ces pauvres objets, en faisait voir les taches, et des plis formés par les mouvements du corps. […] dit Zakhare, en tâtant les papiers et les autres objets étalés sur la table. […] La mère avait défendu que l’on touchât à aucun des objets qui avaient appartenu à son fils ; elle les avait tous devant les yeux, comme elle avait dans la mémoire toutes les minutes de sa vie. […] Avant de renvoyer son fils à Paris, l’objet de ses rêves, le comte tint à lui expliquer que ni lui ni son oncle ne sont, comme il le suppose, deux inutiles. […] Elle tira lentement de la caisse les objets qu’elle contenait, les maniant et les flairant l’un après l’autre avec la curiosité attentive d’un fauve qui retourne sa proie.
Une buée éloignait les objets, glissant entre les masses sombres. […] Le drôle la voyait aussi, et leurs yeux se rencontrant sur ce même objet, ce fut comme un éclair pour elle. […] Le plus difficile de tous est celui dont la vie a été l’objet de l’émotion et de la curiosité publique. […] Une honte irréfléchie, mais irrésistible, m’empêchait d’avouer à ma mère l’objet de mon amour. […] Le tout admirablement mis en scène et ciselé à la façon des véritables objets d’art.
Il devait savoir se dédoubler, s’occuper d’une affaire en la conduisant au but, mais en même temps en l’étudiant pour elle-même, et les hommes qui y étaient mêlés comme objets très intéressants pour le curieux de choses humaines. […] La lampe se balance au bout de son fil ; on l’approche du cou : “… Pince… Éponge… Une autre pince…” Ces mots on se les passe aussi vite que l’objet qui disparaît entre les phalanges robustes de Malasvon. […] ………………………………………………………………………………………… « L’art n’a pas la vérité pour objet. Il faut demander la vérité aux sciences, parce qu’elle est leur objet ; il ne faut pas la demander à la littérature, qui n’a et ne peut avoir d’objet que le beau. […] On lui apporte ces deux objets, et il se déculotte devant tout le monde, en disant très haut : “J’ai là une chienne de blessure qui me fait par trop souffrir.”
Mais au sentiment religieux qui le soutient et le guide dans sa pénible carrière le paysan russe joint un tour d’esprit gracieux et poétique ; les pages charmantes intitulées la Prairie semblent avoir pour objet principal de mettre en évidence cette disposition naturelle. […] Les cochers commencèrent à apporter des malles, des cassettes et d’autres objets, en s’efforçant de faire le moins de bruit possible avec leurs épaisses chaussures. […] La vue traverse, comme une flèche, le fluide lumineux répandu dans les airs, et on découvre distinctement les objets les plus éloignés… Qu’on respire librement !
Il passa agréablement son temps à la cour du roi Soleyman, fit de belles affaires pendant quelques mois de séjour à la cour du Louis XIV de la Perse, le grand roi Sha-Abbas ; puis, encouragé par ces succès et provoqué par le roi de Perse, il revint à Paris chercher de nouveaux objets de commerce, et rentra en Perse ; mais Sha-Abbas était mort. […] L’amant qui se plaint d’être séparé de son objet, et voudrait vivre toujours dans l’union et la jouissance, n’est pas véritable amant, puisqu’il ne se résigne pas au bon plaisir de ce qu’il aime. Le comble du plaisir est d’être uni à l’objet qu’on aime.
Ayant violemment froissé la susceptibilité des universitaires par la rudesse de ses critiques, s’étant fait d’autre part, par la nature toute païenne de son génie, des adversaires acharnés parmi les catholiques, il ne tarda pas à se voir l’objet de la plus grande hostilité qui ait jamais accueilli un auteur. […] Et ce sont comme des chœurs des tragédies antiques, mais où les objets réels n’ont besoin, pour se célébrer, d’aucun intermédiaire. […] Émile Zola disait lui-même au jour de ses belles Haines : « Tout homme qui ne ressemble pas aux autres devient, par là même, un objet de défiance.
Tout objet fixé par lui prend un relief énorme. […] Il représente l’objet comme la nature le crée, c’est-à-dire qu’il enclot, en un tout, par de subtiles ellipses, les différentes qualités que cet objet possède. Alors que, pour décrire cet objet dans sa forme, sa coloration, son mouvement, son harmonie avec les objets voisins, les autres poètes sont obligés de le dissocier en phrases nombreuses, de l’éparpiller en des expressions où il finit toujours par perdre son vrai caractère, avec son homogénéité, M. Stéphane Mallarmé le fixe par un seul verbe, qui devient l’objet lui-même. […] Pareil à un objet d’art unique, il est trop cher pour la foule des acheteurs moyens ; seuls les millionnaires de l’esprit, qui sont souvent les plus pauvres d’argent, peuvent le posséder.
C’est encore Armande qui lui inspire dans le rôle d’Alceste cette peinture de l’amour noble, élevé, et, quant à son objet, fourvoyé, qui ne peut éviter par moments une teinte de ridicule, qui est comme l’empreinte de l’indigne objet auquel il s’attache. […] Si votre âme les suit, et fuit d’être coquette, Elle sera toujours, comme un lys, blanche et nette ; Mais s’il faut qu’à l’honneur elle fasse un faux bond, Elle deviendra lors noire comme un charbon ; Vous paraîtrez à tous un objet effroyable, Et vous irez un jour, vrai partage du diable, Bouillir dans les enfers à toute éternité : Dont vous veuille garder la céleste bonté. […] Personne ne sondera jamais les profondeurs de l’âme dans ces intuitions, ces visions du génie, dans ce phénomène qui fait qu’un homme qui s’appelle Molière et qui vit en 1666, ne perçoit pas les objets et les choses absolument comme ses contemporains de 1666. […] Là où la raillerie ne se propose d’autre objet et n’atteint d’autre effet que la raillerie même, nous n’avons pas l’esprit dans sa fleur ; une nuance de trop d’humeur chagrine, qui s’y montre, l’altère et nous empêche d’en jouir. […] Quand nous étudions l’histoire, l’éclat des événements politiques laisse notre vue obscurcie pour tout autre objet ; ce n’est que par le rapprochement laborieux de mille anecdotes diverses, par la recherche fatigante du détail, que nous parvenons à nous faire une idée, encore trop vague, de la vie intime d’un peuple.
À force de le vouloir définir dans toutes ses diversités et ses exubérances, il ne faut pas non plus faire de ce style un monstreah : très souvent il n’est que l’expression la plus directe et la plus vive, telle qu’elle échappe à un esprit plein de son objet. […] Je prends au hasard les premiers que je rencontre : Louville, ce gentilhomme attaché au duc d’Anjou, au futur roi d’Espagne, et qui aura bientôt un rôle politique, — Saint-Simon se sert de lui tout d’abord pour faire sa demande d’une entrevue à M. de Beauvilliers ; il raconte ce qu’est Louville, et il ajoute tout courant : « Louville étoit d’ailleurs homme d’infiniment d’esprit, et qui avec une imagination qui le rendoit toujours neuf et de la plus excellente compagnie, avoit toute la lumière et le sens des grandes affaires, et des plus solides, et des meilleurs conseils. » Louville reviendra mainte fois dans les Mémoires ; lui-même il a laissé les siens : vous pouvez les lire si vous en avez le temps ; mais, en attendant, on a sur l’homme et sur sa nuance distinctive et neuve les choses dites, les choses essentielles et fines, et comme personne autre n’aurait su nous les dire. — M. de Luxembourg a été un adversaire de Saint-Simon ; il a été sa partie devant le Parlement, après avoir été son général à l’armée ; il a été l’objet de sa première grande colère, de sa première levée de boucliers comme duc et pair.
J’ai dit que tous les arts étaient littéraires, parce que l’objet de tous les arts était d’exprimer des pensées ou de communiquer des sensations. […] « Chez un peuple appelé par sa double vocation à cultiver la philosophie et les beaux-arts, d’un esprit indépendant et amoureux du beau, la forme humaine devait être et fut en effet l’objet d’un culte.
J’aime véritablement les objets qui sont, pour ainsi dire, mes compagnons de vie, et que je vois chaque jour : aussi, tous les soirs, avant de me retirer dans la tour, je viens saluer les glaciers de Ruifort, les bois sombres du mont Saint-Bernard, et les pointes bizarres qui dominent la vallée de Rhème. […] Je revois sans cesse les mêmes objets, et c’est une sensation d’horreur qui surpasse tous mes autres maux.
Mais si, plus tard, quelque propos lui rappelle la méprise dont il fut l’objet, il en manifeste un ressentiment que le temps n’a guère affaibli. […] Un être quelconque, un homme ou un objet, « doit » être approprié à sa destination.
Cette nuit, j’avais la fièvre, et chaque fois que je me retournais dans mon lit, je trouvais près de ma figure, sur mon oreiller, un des objets, dont je venais de dresser le catalogue pour la publication illustrée de La Maison d’un artiste, que doit faire Gauchez. Et me retournant de l’autre côté, c’était un autre objet : — et cela durait ainsi, toute la nuit.
Mme de Staël constatait le même fait : « Depuis que les institutions sont changées et même dans les moments les plus calmes de la révolution, les contrastes les plus piquants, n’ont pas été l’objet d’une épigramme ou d’une plaisanterie spirituelle. » On avait supposé que cette incapacité de rire et de railler était une maladie passagère des esprits, surmenés par les événements révolutionnaires ; il n’en est rien, elle est constitutionnelle, elle tient à des causes organiques, que je ne puis rechercher dans cet article ; je me borne à signaler le fait. […] Le Don Juan d’outre-Manche s’accommoderait sans façon des deux amoureuses à la fois ; mais l’aristocrate et la roturière rivalisent non à qui accaparera l’objet de leurs flammes communes, mais à qui le cédera à sa rivale.
» — Le char vole. « Voyez », dit l’écuyer à son tour au prince, « comme ces nobles coursiers, depuis que les rênes ne retiennent plus leur élan, portent avec grâce en avant leurs fumants poitrails ; la poussière qu’ils élèvent, sans que le fouet les touche, fuit en tourbillons derrière eux ; leurs aigrettes, tout à l’heure agitées sur leurs têtes, semblent maintenant immobiles par la résistance de l’air qu’ils fendent ; ils dressent avec énergie leurs oreilles veinées et nerveuses ; non, ils ne courent pas, ils glissent sur la plaine émaillée de fleurs. » — « J’atteins si vite les objets que je viens à peine d’apercevoir dans le lointain, répond le prince, et je les dépasse si rapidement, que rien n’est loin, rien n’est près de moi. » XVI Le char vole. — Près d’atteindre une gazelle qui s’est levée au bruit, un cri d’effroi s’élève de derrière un rideau d’arbres : « Épargnez la gazelle ! […] Ma fille, lorsqu’après avoir été pendant de longues années l’objet des soins de ton époux, qui ne seront partagés qu’entre toi et le gouvernement de son vaste empire, il remettra sa puissance au jeune héros que tu lui auras donné, tu reviendras alors avec lui achever de couler des jours tranquilles au sein de cette retraite, consacrée à la vertu.
Celui-ci, au moment de l’expédition, était jeune, dans la fleur de l’espérance et de la confiance première ; et lorsque plus tard, parvenu à l’âge le plus avancé, il retraçait ses souvenirs chéris, il était dans son beau châtel de Joinville, entouré des objets de ses affections et de tout ce qui pouvait lui rendre le sourire.
Lorsque les Commentaires de Montluc furent imprimés pour la première fois quinze ans après sa mort, en 1592, l’éditeur les fit précéder d’une dédicace « À la noblesse de Gascogne » qui est en des termes dignes de son objet : Messieurs, comme il se voit de certaines contrées qui produisent aucuns fruits en abondance, lesquels viennent rarement ailleurs, il semble aussi que votre Gascogne porte ordinairement un nombre infini de grands et valeureux capitaines, comme un fruit qui lui est propre et naturel ; et que les autres provinces, en comparaison d’elle, en demeurent comme stériles… C’est votre Gascogne, messieurs, qui est un magasin de soldats, la pépinière des armées, la fleur et le choix de la plus belliqueuse noblesse de la terre, et l’essaim de tant de braves guerriers… Sans faire tort aux autres provinces et sans accepter ces injurieuses préférences de l’une à l’autre, il est un caractère constant et qui frappe dans les talents comme dans les courages de cette généreuse contrée, et l’on ne saurait oublier, en lisant Montluc, que cette patrie de Montesquieu et de Montaigne, comme aussi de tant d’orateurs fameux, fut celle encore, en une époque chère à la nôtre, de ces autres miracles de bravoure, Lannes et Murat.
[NdA] Depuis que ces articles sont écrits, Montluc et son frère l’évêque de Valence ont été l’objet de recherches et d’études approfondies.
En fait, la condition de l’homme de lettres a changé ; le nombre est de plus en plus grand de ceux qui, ne pouvant s’assujettir à ce qui fait l’objet de la plupart des ambitions, à ce qu’on appelle une place, sont prêts à se confier tout entiers, eux et les leurs, à leur plume, à leur plume seule.
Autant pour tous ceux qui sont de l’espèce de Figaro, de Gil Blas et de Panurge, de ce Panurge « sujet de nature à une maladie qu’on appeloit en ce temps là faute d’argent, c’est douleur sans pareille (et toutefois, dit Rabelais, il avoit soixante et trois manières d’en trouver toujours à son besoin, dont la plus honorable et la plus commune étoit par façon de larcin furtivement fait) » ; — autant pour cette bande intrigante et peu scrupuleuse, la question d’argent est à la fois importante et légère, objet avoué de poursuite et de raillerie, un jeu et une occupation continuelle, et à toute heure sur le tapis, autant c’est un point sensible et douloureux pour ces natures pudiques et fières, timides et hautes, qui n’aiment ni à s’engager envers autrui ni à manquer à personne, qui ont souci de la dignité et de l’indépendance autant que les autres de l’intérêt.
Mais il le lui conseillait en des termes d’un bien beau choix, et avec une poésie digne de son objet : Comment voulez-vous, en effet, lui disait-il, que j’aie quelque confiance en moi, si vous n’en avez pas en vous, vous que je regarde comme si éminemment douée !
Il commence ce pèlerinage, qui asurtout pour objet la Suisse catholique, par une diatribe violente contre Genève, où l’on célébrait, quand il ypassa, l’inauguration de la statue de Jean-Jacques, un sujet tout trouvé d’anathème : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, s’écrie l’auteur, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence… » Je laisserais ce passage et le mettrais sur le compte de la jeunesse, si les mêmes sentiments d’exécration ne revenaient sans cesse sous la plume de l’auteur ; si, dans ces volumes de Çà et Là où il y a de charmants paysages et de beaux vers pleins de sensibilité, je ne voyais, lors d’une nouvelle visite à Genève (chapitre Du Mariage et de Chamounix), la même répétition d’injures contre la statue et les mêmes invectives contre les Genevois en masse.
Les spectateurs d’alors se contentaient à moins. » Quand des érudits des plus compétents parlent avec cette modestie et cette bonne foi de l’objet de leurs études, on se sent d’autant plus porté à leur accorder ce qui est juste, et on est tout prêt à placer avec eux leur vieux Mystère à son rang dans la série des anneaux intermédiaires qui permettent de mesurer les lents efforts, en tout genre, de l’esprit humain.
Ceux qui admiraient son art et sa force sentaient pourtant quelques-uns de ses défauts, cette description trop continue, cette tension perpétuelle qui faisait que chaque objet venait saillir au premier plan et tirer le regard ; on aurait voulu aussi que, sans renoncer à aucune hardiesse, à aucun droit de l’artiste sincère, il purgeât son œuvre prochaine de tout soupçon d’érotisme et de combinaison trop maligne en ce genre : l’artiste a bien des droits, y compris celui même des nudités ; mais il est besoin qu’un certain sérieux, la passion, la franchise de l’intention et la force du vrai l’absolvent et l’autorisent.
L’épouse alors devient maussade, la mère négligente : elle ne se rend compte ni de l’objet de son trouble, ni du but de son anxiété ; mais son humeur, son langage, s’altèrent… » — « Mais le remède, le remède !
Il y a bien les Académies, l’Académie des Sciences, et en particulier celle des Sciences morales et politiques, laquelle au premier abord semblerait répondre à l’objet et au vœu de M.
Laujon, dans cette carrière facile, — pas si facile qu’il semblerait, — se proposait pour maître et pour modèle, il le reconnaît, l’ingénieux Benserade, ce véritable inventeur des ballets modernes et qui, à toutes les critiques dont il se voyait l’objet en son temps de la part du rigide Despréaux, avait pour réponse : « J’ai du moins imaginé un plaisir. » Collé, d’une humeur moins douce que Laujon, et qui sur la fin n’avait de gaieté que dans ses œuvres, fut aussi appelé à Berny.
Cette figure intéressante du comte de Gisors, l’honneur de l’armée et « l’un des meilleurs sujets du royaume », est devenue l’objet d’une étude historique particulière sous la plume de M.
M. de Talleyrand fut à l’Assemblée le principal agent et l’organe de la motion qui avait pour objet la vente des biens du clergé au profit de la nation.
Il fit observer que nulle part dans son ouvrage on ne trouvait l’empreinte de la passion : « Je n’ai jamais, disait-il, attendu des temps de trouble aucun avantage personnel… Ce livre n’avait pas pour objet d’être orthodoxe, mais on y demande la tolérance en faveur des cultes, comme entre les cultes,… et je n’approuverais pas plus l’exigence, au nom de la philosophie, que l’intolérance sous le prétexte du dogme… En 1798, j’ai été arrêté dans le Jura, parce que je n’avais pu obtenir un passeport.
Il aima, il fut aimé ; mais, au moment de posséder l’objet promis, une mère cruelle et intéressée préféra un survenant plus riche.
Et puis, qui sait si le prolétariat n’est pas fier d’avoir un chef qui est marquis, qui possède des objets d’art et qui s’amuse ?
Comme le butor est toujours à ses côtés, Arlequin s’imagine que c’est la mélancolie qui lui trouble la vue et lui présente des objets fantastiques.
» Et il se demande encore : « Pourquoi la littérature catholique est-elle nulle, moins que nulle, négative, un objet de dégoût pour les moins sévères ?
Les constructions romaines, même les plus utiles, étaient de la part des Juifs zélés l’objet d’une grande antipathie 1124.
Elle « peut être considérée comme une fonction première de notre intelligence et signifie, en quelque sorte, notre effort même vers la généralisation abstraite, qui est le moyen et l’objet de tout savoir ».
Ce qui me paraît plus sûr et plus souhaitable pour cette touchante mémoire de Marie-Antoinette, c’est qu’il puisse se dégager, de la multitude d’écrits et de témoignages dont elle a été l’objet, une figure belle, noble, gracieuse, avec ses faiblesses, ses frivolités, ses fragilités peut-être, mais avec les qualités essentielles, conservées et retrouvées dans leur intégrité, de femme, de mère et par instants de reine, avec la bonté de tout temps généreuse, et finalement avec les mérites de résignation, de courage et de douceur qui couronnent les grandes infortunes.
C’est déjà un honneur pour l’homme que d’avoir de tels désespoirs placés en de si hauts objets.
Un ouvrage de M. de Rémusat est fait de tout temps pour attirer l’attention et appeler l’intérêt de ceux qui lisent : aujourd’hui il devra trouver un accueil plus empressé encore et plus favorable auprès de tous ceux qui regrettent l’éloignement d’un si aimable et si ingénieux esprit, qui en veulent à la tourmente politique de l’avoir enveloppé dans son tourbillon, et qui trouveraient certainement des accents pour invoquer les dieux après l’orage, si ce maudit point d’honneur politique ne venait à la traverse, et si l’on ne craignait de déplaire à celui même qui serait l’objet d’un vœu si innocent.
Despréaux se défendit en retournant contre Cotin ses propres traits, en l’accablant de sarcasmes & d’épigrammes, en le rendant le plastron des plaisanteries du public, & même l’objet des huées du bas peuple.
Sénèque, si excellent à citer et si fatigant à lire de suite, qui tourne sans cesse avec une rapidité brillante autour du même objet, différent en cela de Cicéron, qui avance toujours vers son but, mais avec lenteur ; Lucain, le Sénèque des poètes, si plein de beautés mâles et vraies, mais trop déclamateur, trop monotone, trop plein de maximes et trop dénué d’images ?
Mais si l’observateur qui est au sommet de la montagne est bien placé pour étendre au loin ses regards sur toute une contrée, dans un horizon d’autant plus vaste que la montagne est plus élevée, ne peut-il pas arriver aussi qu’un rideau de nuages lui dérobe quelquefois plusieurs objets importants ?
Les différents objets se prêtent plus ou moins docilement aux exigences du sujet, mais ses exigences restent identiques, et sa satisfaction est au même prix.
Nous ne pensons pas que notre idiome ait jamais été, entre les mains d’un romancier, l’objet d’un aussi brutal vandalisme. — Cette absence complète de style, ou plutôt, ce style éminemment original à force d’être barbare, est-il racheté, chez l’auteur des Bourgeois de Molinchart, par la science de la composition ? […] De l’emploi de la femme laide en littérature Une chose m’a toujours révolté : c’est l’indifférence ou plutôt le dédain dont la femme laide a de tout temps été l’objet de la part de MM. les romanciers, les dramaturges et les poètes. […] Mademoiselle Périga A récemment été l’objet d’une odieuse et lâche persécution dont plus d’un journal a retenti. […] L’objet divin du récit et la majesté des Lieux-Saints peuvent expliquer suffisamment cette émotion convaincue, ce souffle religieux et attendri ; mais chez un sceptique du petit journal et du grand format, ceci atteste évidemment le voisinage des soutanes. […] L’article dont je veux parler, ayant pour objet l’analyse des œuvres de Charles de Bernard, est une des pages les plus remarquables des Causeries littéraires.
L’inconvénient de trop idéaliser les objets, c’est qu’on finit par leur ôter leur existence réelle, et par les rendre méconnaissables. […] Ajoutez à cela une synonymie d’une richesse incomparable ; toutes les épithètes de la vieille et de la nouvelle langue amoncelées à la suite de chaque objet décrit, dans l’ordre et selon la gradation indiqués par leurs nuances, de façon à faire entrer l’objet sous toutes ses faces dans la pensée du lecteur ; toutes les ressources enfin d’un langage riche, énergique, efflorescent, qui semble parler aux yeux en même temps qu’à l’esprit, et qui fait tableau lui-même, à côté des scènes qu’il décrit. […] ………………………………………………………… Restons loin des objets dont la vue est charmée ; L’arc-en-ciel est vapeur, le nuage est fumée. […] La colonne de la place Vendôme, fondue avec les canons autrichiens, est l’objet de pèlerinages hostiles à la royauté. […] Victor Hugo ; la description, fille de la mémoire et de l’imagination ; de la mémoire, qui dispose les objets par plans, et de l’imagination, qui les colore.
Elle a pour objet la conquête, et dans la philosophie de l’histoire des romanciers on sait que la conquête est le but des plus grands cœurs. […] Il est moderne en toutes choses, par sa tournure d’esprit, par les objets habituels de sa pensée et de ses préoccupations, par sa manière d’entendre son art et par son style. […] Cette poésie est tout ce qu’il y a de plus objectif, et son objet n’intéresse que son objet. […] Ce qui est fortuit c’est l’objet de l’ambition, l’objet des désirs, l’objet de l’amour. […] Voilà les deux objets du livre. 1° Il faut écrire en français, 2° il faut écrire en français mieux qu’on a fait jusqu’à présent.
Il y a là toute une question de méthode que je veux aborder devant vous, avant d’entrer dans l’objet du cours de ce second semestre. […] L’expérimentation peut seule apprendre quelque chose sur les propriétés des objets que l’anatomiste constate et décrit. […] Elles sont l’effet de propriétés plus spéciales des organes glandulaires dont nous nous proposons de faire l’objet du cours de ce semestre, et dont nous allons commencer immédiatement l’étude. […] Chez certains animaux, tels que le cheval, par exemple, ce fluide pharyngien est très abondant, et il a été l’objet d’études spéciales de la part de M. […] Les anciens physiologistes avaient attribué aux liquides salivaires un rôle purement mécanique, ils pensaient qu’ils avaient surtout pour objet de faciliter la mastication.
La philosophie initiale y subit la plus profonde transformation que puisse comporter l’ensemble de sa destinée réelle, en ce que la vie y est enfin retirée aux objets matériels, pour être mystérieusement transportée à divers êtres fictifs, habituellement invisibles, dont l’active intervention continue devient désormais la source directe de tous les phénomènes humains. […] Après avoir considéré l’esprit positif relativement aux objets extérieurs de nos spéculations, il faut achever de le caractériser en appréciant aussi sa destination intérieure, pour la satisfaction continue de nos propres besoins, soit qu’ils concernent la vie contemplative, ou la vie active. […] Elle consiste à classer les différentes sciences, d’après la nature des phénomènes étudiés, selon leur généralité et leur indépendance décroissantes ou leur complication croissante, d’où résultent des spéculations de moins en moins abstraites et de plus en plus difficiles, mais aussi de plus en plus éminentes et complètes, en vertu de leur relation plus intime à l’homme, ou plutôt à l’Humanité, objet final de tout le système théorique. […] Cet objet final de toutes nos spéculations réelles exige, évidemment, par sa nature, à la fois scientifique et logique, un double préambule indispensable, relatif, d’une part, à l’homme proprement dit, d’une autre part, au monde extérieur.
C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d’âme, par une série de déchiffrements. […] Il doit y avoir toujours énigme en poésie, et c’est le but de la littérature, — il n’y en a pas d’autres — d’évoquer les objets. […] Quant au symbole, c’est le mélange des objets qui ont éveillé nos sentiments et de notre âme, en une fiction. […] Nous sommes encore l’Italie du dix-septième siècle où le chef des poètes cavaliers, le corrupteur Marini, était l’objet d’une idolâtrie. […] Il est évident que les mêmes objets n’ont pas pour nous la même signification à tous les moments de notre existence.
Il y a vingt ans, Lamartine était déjà abandonné, tandis que Musset restait l’objet d’une ferveur qui s’est peu à peu refroidie. […] Vous échappe-t-il que les Christs en croix et les Vierges peintes sont dans toute la chrétienté les objets de la plus grossière idolâtrie ? […] Vous réfléchissez tous deux les objets selon les lois de l’optique. […] Je ne dis rien de la géographie, qui fut longtemps l’objet des espérances les plus superstitieuses. […] Mais il reste à savoir si l’enseignement secondaire doit avoir pour unique objet l’utile.
Quand vous baisez le museau de votre Aliborond et que vous l’appelez poète, en le couronnant de roses, vous n’êtes pas moins miraculeuse que le sublime chevalier : miraculeuse et miraculée, votre prestige à tous les deux est incomparable : vous créez votre objet. […] La vie et l’œuvre de Han Ryner ont été l’objet de nombreuses études. […] Max Jacob Henri Hertz w J’ai une grande crainte en voyant la curiosité et le succès dont le dernier livre de Max Jacob est l’objet : La défence de Tartuffe : Extases, remords, visions, prières, poèmes et méditations d’un juif convertix .
) — Je ne veux pas oublier de vous dire que j’ai trouvé terriblement de l’esprit au comte de Saint-Paul. » Pour ajouter à l’intérêt de cette lettre, qu’on veuille bien se rappeler la situation précise : M. de Saint-Paul, fils de Mme de Longueville et probablement aussi de M. de La Rochefoucauld, venant voir Mme de La Fayette, qui passe pour l’objet d’une dernière passion tendre, et qui voudrait le voir détrompé… ou trompé là-dessus. — Le terriblement d’esprit du jeune prince allait droit, je pense, au cœur de Mme de Longueville, à qui le post-scriptum au moins, et le reste aussi sans doute, fut bien vite montré. […] Dès que cette Princesse, ainsi annoncée à l’avance, parut, elle fut l’objet de toutes les conversations et correspondances ; Bussy et Mme de Sévigné s’en écrivaient ; on était partout sur le qui vive à son propos ; on s’abordait dans la grande allée des Tuileries en s’en demandant des nouvelles.
Dès ce temps, Nodier avait commencé un poëme sur les charmants objets de ses études ; on en citait de jolis vers que quelques mémoires, en le voulant bien, retrouveraient peut-être encore. […] Peu m’importe que la pensée Qui s’égare en objets divers, Dans une phrase cadencée Soumette sa marche pressée Aux règles faciles des vers ; Ou que la prose journalière, Avec moins d’étude et d’apprêts, L’enlace, vive et familière, Comme les bras d’un jeune lierre Un orme géant des forêts ; Si la manière en est bannie Et qu’un sens toujours de saison S’y déploie avec harmonie, Sans prêter les droits du génie Aux débauches de la raison.
L’homme, jeté au milieu de cet univers, sans savoir d’où il vient, où il va, pourquoi il souffre, pourquoi même il existe, quelle récompense ou quelle peine recevront les longues agitations de sa vie : assiégé des contradictions de ses semblables, qui lui disent, les uns qu’il y a un Dieu, auteur profond et conséquent de toutes choses, les autres qu’il n’y en a pas ; ceux-ci, qu’il y a un bien, un mal, qui doivent servir de règle à sa conduite ; ceux-là, qu’il n’y a ni bien ni mal, que ce sont là les inventions intéressées des grands de la terre ; l’homme, au milieu de ces contradictions, éprouve le besoin impérieux, irrésistible, de se faire sur tous ces objets une croyance arrêtée. […] Depuis que la France, objet des égards et des empressements de l’Europe, était remplie des ministres de toutes les puissances, ou d’étrangers de distinction qui venaient la visiter, il était frappé de la curiosité avec laquelle le peuple et même des gens au-dessus du peuple suivaient ces étrangers, et étaient avides de voir leurs riches uniformes et leurs brillantes décorations.
C’est cette même Néère qui devint plus tard l’objet des chants plus tendres et plus mélancoliques du poète Tibulle. […] Sa maison d’Ustica dans la Sabine, sa chère fontaine de Blandusie, près de la petite villa napolitaine de Venouse, le lieu de sa naissance, aujourd’hui Palazzo, restèrent éternellement l’objet du même pèlerinage et du même culte de la mémoire.
Le jeune et charmant objet de ce double culte fut enlevé dans sa première fleur à son époux et à son adorateur. […] XXXII Ma renommée de poète à peine éclos, ma qualité de diplomate français, l’accueil dont j’étais l’objet à la cour du souverain, mon bonheur intérieur, la présence de mes meilleurs amis, le loisir réservé à la poésie de ma vie comme à celle de mes pensées, ma reconnaissance pour tous ces dons de la Providence et mon penchant à la contemplation pieuse qui s’est toujours accru en moi dans les moments heureux de mon existence, comme les parfums de la terre qui s’élèvent mieux sous les rayons du soleil que sous les frimas des mauvais climats, semblaient me promettre une félicité calme dont je remerciais ma destinée ; lorsqu’un événement étrange et inattendu vint changer du jour au lendemain cet agréable état de mon âme en une sorte de proscription sociale qui se déclara soudainement contre moi, et qui me fit craindre un moment de voir ma carrière diplomatique coupée et abrégée au moins en Italie, ce pays du monde dont j’aimais le plus à me faire une patrie d’adoption.
Dans une brève Préface (p. 77 et 78), Wagner expose le motif et l’objet de son livre. […] Il n’y avait plus même dans le monde aucun objet capable de lui donner cette illusion, volage, mais charmante, qui pouvait encore faire sortir Mozart de son univers intérieur, à la poursuite d’un plaisir externe.
Les strophes qui suivent nous montrent dans les transports de l’amour ce que Schopenhauer appelait la « méditation du génie de l’espèce » pour conserver l’humanité : Quand, pressant sur ce cœur qui va bientôt s’éteindre Un autre objet souffrant, forme vaine ici-bas, Il vous semble, mortels, que vous allez étreindre L’infini dans vos bras, Ces délires sacrés, ces désirs sans mesure Déchaînés dans vos flancs comme d’ardents essaims, Ces transports, c’est déjà l’humanité future Qui s’agite en vos seins. […] Cela tient à ce que l’aristocratie vraie, qui est un objet d’imitation servile de la part des foules, est aujourd’hui composée des savants ou des artistes, nécessairement incrédules ; autrefois l’aristocratie était composée d’hommes qui partageaient les préjugés religieux, qui leur empruntaient d’ailleurs une partie de leur autorité et qui avaient intérêt à s’appuyer sur eux.
L’accent était profond comme l’infini, les mots transparents comme l’éther limpide, les images parlantes et répercussives de l’objet comme le miroir des mers et des cieux, le sentiment jaillissant comme un flot de l’éternité, émanation de chaleur et de lumière qui s’échappe du soleil sans jamais tarir son foyer, une illumination de l’infini par les girandoles des astres sur l’autel de Dieu. […] Il est le dedans et le dehors, le mobile et l’immobile de la nature ; par l’imperceptibilité de ses parties dans ce que nous appelons l’infiniment petit, il échappe à la vue ; il est loin, et cependant il est présent ; il est indivisible, et cependant il est divisé en toutes choses ; il est ce qui détruit et ce qui produit ; il est la lumière, mais il n’est pas les ténèbres » (nette protestation contre le panthéisme dont ces doctrines sont accusées) » ; il est la sagesse, l’objet et la fin de toute sagesse !
Énumérez seulement quelques-unes des conditions innombrables de ce qu’on nomme style, et jugez s’il est au pouvoir de la rhétorique de créer dans un homme ou dans une femme une telle réunion de qualités diverses : Il faut qu’il soit vrai, et que le mot se modèle sur l’impression, sans quoi il ment à l’esprit, et l’on sent le comédien de parade au lieu de l’homme qui dit ce qu’il éprouve ; Il faut qu’il soit clair, sans quoi la parole passe dans la forme des mots, et laisse l’esprit en suspens dans les ténèbres ; Il faut qu’il jaillisse, sans quoi l’effort de l’écrivain se fait sentir à l’esprit du lecteur, et la fatigue de l’un se communique à l’autre ; Il faut qu’il soit transparent, sans quoi on ne lit pas jusqu’au fond de l’âme ; Il faut qu’il soit simple, sans quoi l’esprit a trop d’étonnement et trop de peine à suivre les raffinements de l’expression, et, pendant qu’il admire la phrase, l’impression s’évapore ; Il faut qu’il soit coloré, sans quoi il reste terne, quoique juste, et l’objet n’a que des lignes et point de reliefs ; Il faut qu’il soit imagé, sans quoi l’objet, seulement décrit, ne se représente dans aucun miroir et ne devient palpable à aucun sens ; Il faut qu’il soit sobre, car l’abondance rassasie ; Il faut qu’il soit abondant, car l’indigence de l’expression atteste la pauvreté de l’intelligence ; Il faut qu’il soit modeste, car l’éclat éblouit ; Il faut qu’il soit riche, car le dénûment attriste ; Il faut qu’il soit naturel, car l’artifice défigure par ses contorsions la pensée ; Il faut qu’il coure, car le mouvement seul entraîne ; Il faut qu’il soit chaud, car une douce chaleur est la température de l’âme ; Il faut qu’il soit facile, car tout ce qui est peiné est pénible ; Il faut qu’il s’élève et qu’il s’abaisse, car tout ce qui est uniforme est fastidieux ; Il faut qu’il raisonne, car l’homme est raison ; Il faut qu’il se passionne, car le cœur est passion ; Il faut qu’il converse, car la lecture est un entretien avec les absents ou avec les morts ; Il faut qu’il soit personnel et qu’il ait l’empreinte de l’esprit, car un homme ne ressemble pas à un autre ; Il faut qu’il soit lyrique, car l’âme a des cris comme la voix ; Il faut qu’il pleure, car la nature humaine a des gémissements et des larmes ; Il faut… Mais des pages ne suffiraient pas à énumérer tous ces éléments dont se compose le style.
— L’ennui de ceux qu’il a pour objet de charmer par la perfection de la langue, de l’attitude, du geste, de l’action. […] Dans ses vastes États il fallut donc chercher Quelque nouvel objet qui pût l’en détacher.
Sa vue a ranimé mes esprits abattus ; Mais lorsque, revenant de mon trouble funeste, J’admirais sa douceur, son air noble et modeste, J’ai senti tout à coup un homicide acier Que le traître en mon sein a plongé tout entier… De tant d’objets divers le bizarre assemblage Peut-être du hasard vous paraît un ouvrage. […] Jérusalem, objet de ma douleur, Quelle main en un jour t’a ravi tous tes charmes ?
Il y a, en effet, une littérature qui n’a pour objet que le beau, l’utile, le grand, le vrai, le saint. […] Il y a une autre littérature qui a surtout pour objet l’agrément, le délassement, le plaisir, la littérature de l’esprit et, faut-il tout dire ?
De mécontentement il dresse la tête ; il n’y eut bête si hardie, Ours ni Sanglier qui ne tremblât à ce soupir et à ce mugissement de leur roi, et Couard, le Lièvre, en prit une telle peur, qu’il en eut deux jours la fièvre… Et encore : « De mécontentement, il (le roi) redresse sa queue et s’en frappe d’une telle colère, qu’en résonne toute la maison. » Quant à ce qui est de la fièvre que le Lièvre a prise, il est à remarquer qu’il ne s’en guérira qu’après avoir dormi sur le tombeau de la pauvre Poule qu’on enterre solennellement par ordre du roi, et qui, martyre du fait de Renart, devient un objet de vénération.
Son objet principal et même unique était de faire connaître le caractère, la physionomie et les mœurs des savants qu’il présentait au monde dans ses gracieuses et discrètes notices.
Il voit la nature toute fleurie, toute vivante sous ses plus riants emblèmes ; il rejoint plus directement les objets de sa piété aux images de la nature physique, aux vendanges, au printemps.
Dans ses Considérations sur l’esprit et les mœurs, M. de Meilhan a écrit tout ce qui se peut de plus sceptique sur la médecine et les médecins ; Il paraît être d’avis qu’ils se valent à peu près tous dans la pratique : Tout est de mode en médecine, dit-il, comme pour les objets les plus frivoles.
C’est l’objet des vœux et des regrets du monde : des regrets supposent nécessairement une perte un changement, un ancien état détruit. » Il analyse ce qui pour chacun en particulier, à mesure qu’on avance dans la vie, peut s’appeler l’âge d’or : Qui ne regrette pas, s’écrie-t-il, le temps de sa jeunesse ?
[NdA] Dangeau, nommé ambassadeur en Suède, s’adressait à Chapelain pour lui demander s’il ne connaîtrait pas « quelque homme de bien et d’érudition qui pût, à des conditions honorables, lui tenir compagnie pendant son voyage de Suède, et lui servir soit par la conversation, soit par la lecture des bons livres anciens et modernes, le divertir des objets désagréables, etc. » C’est ce qu’on apprend d’une lettre (manuscrite) de Chapelain au marquis de Dangeau, datée d’avril 1671.
un tout petit ouvrage où j’encadrerais mes pensées, mes points de vue, mes sentiments sur un objet… J’y jetterais ma vie, le trop plein de mon âme qui s’en irait de ce côté.
Il avait le roi pour lui, mais Louvois était contre ; et, de plus, en cette saison Villars était amoureux, violemment amoureux (il ne nous dit pas l’objet de cette belle passion), ce qui, sans nuire à son service, nuisait peut-être à son assiduité en Cour pendant les hivers.
Ces anciens étaient privilégiés pour la poésie et pour la peinture des objets naturels.
Eynard, au réveil patriotique de la Grèce : mais dans l’ordre des études il n’eut la passion que de l’étude en elle-même ; il n’y apporte qu’un zèle pur, impartial, innocent, indifférent presque sur l’objet auquel il s’applique, et ne s’y appliquant pas moins en toute exactitude et en toute dilection.
Buffon ne commence à devenir celui que l’on connaît et que nous admirons que du moment qu’il est placé à la direction du Jardin et du Cabinet du roi : jusque-là c’était un génie expectant, et à qui manquait son objet.
Si tout est fixé, jusqu’aux moindres détails, il n’y a plus d’émulation : que l’objet de l’enseignement soit déterminé ; que la forme générale en soit réglée ; qu’il soit dirigé par une réunion d’hommes éclairés, mais que l’instruction publique soit vivante : que l’on cherche à exciter les esprits plutôt qu’à les enchaîner.
Peu de personnes y étaient à leur avantage ; Élisabeth y brillait entre toutes : « Ont aurait toujours voulu avoir les yeux attachés sur elle ; et on ne les en détournait qu’à regret, parce qu’on ne trouvait nul objet qui la remplaçât.
Les premières heures que l’élève passe seul dans l’atelier (car Moreau ne venait que tard et rarement) sont occupées à des réflexions sans nombre ; le propre d’Étienne est de réfléchir sur tout et de chercher à se rendre compte de tout par lui-même : « Malgré l’inexpérience du jeune élève, cette journée passée dans l’atelier des Horaces et les réflexions que tant d’objets nouveaux lui firent faire agirent avec puissance sur son esprit.
L’idée de Spendius est de se servir de Mâtho, plus fort et plus hardi que lui, pour enlever du temple de la déesse le voile sacré qui est comme le palladium de Carthage : il a de la peine, toutefois, à le décider, car Mâtho craint les dieux, et il est sérieusement persuadé de la vertu divine de l’objet ; il a peur de commettre un sacrilège.
. — Eckermann, selon son usage, reprenant la pensée de Goethe au point où elle s’arrêtait, et la lui renvoyant avec de légères variantes, lui répondit (toujours pendant ce même dîner) : « La mesure dans laquelle se renferme l’œuvre entière m’a paru excellente ; c’est à peine si on rencontre une allusion à des objets étrangers qui nous feraient sortir de cet heureux cercle.
Le pauvre fou Jacques Féray, objet de sa pitié, subit son ascendant, se voue à elle et devient son serf et sa chose.
Nous étions jeunes, nous avions besoin d’un objet public d’enthousiasme : il s’en présentait un devant nous, nous l’avons saisi.
Son intimité avec Berthaud et surtout avec Hégésippe Moreau, avec qui il vécut quelque temps, je l’ai dit, rue des Beaux-Arts, et à qui même il prêta plus d’une fois sa grande redingote verte d’un vert clair, pourra devenir l’objet d’un chapitre intéressant.
La guerre se civilisa notablement au xviie siècle, quand l’idée politique, cette autre Minerve, y présida, et que l’objet des combats et du sang versé tendit à une plus juste constitution de l’Europe et à l’équilibre des États entre eux, les plus faibles n’étant pas fatalement écrasés par les plus forts.
Et pourtant l’Académie a subsisté, a revécu du moins, et sans trop se modifier encore ; elle a peu dévié de l’esprit de sa fondation, elle y est revenue dès qu’elle a pu ; elle a même gardé de son prestige, et le mot de d’Alembert, dans son ingénieuse préface des Éloges, qui répond d’avance à tout, reste parfaitement vrai : « L’Académie française, dit-il, est l’objet de l’ambition secrète ou avouée de presque tous les gens de lettres, de ceux même qui ont fait contre elle des épigrammes bonnes ou mauvaises, épigrammes dont elle serait privée pour son malheur, si elle était moins recherchée101. » Montesquieu, Boileau lui-même, Charles Nodier, avaient commis bien des irrévérences contre le corps ou contre les membres immortels, et ils en ont été ; et, chose plaisante !
Il s’agit des terres de Blet et des Brosses La terre et baronnie de Blet est située dans le Bourbonnais, à deux lieues de Dun-le-Roi Blet, dit un mémoire de l’administration des aides, est une « bonne paroisse sans être d’objet ; bonnes terres, la plus grande partie en bois, foins et pacages, le surplus en terres labourables de froment, seigle et avoine… Chemins affreux et à périr en hiver.
Il jouissait d’être l’objet de la contemplation envieuse de tous ceux à qui ces magnificences et sa belle figure le faisaient reconnaître ; il tenait le sceptre de l’ostentation.
La grandeur des objets qui mettaient les hommes aux prises — c’était la religion avec la morale — faisait que l’actualité échauffait la poésie sans la rapetisser, la précisait sans la dessécher.
A Nîmes, dans le jardin de « monsieur Eyssette », c’est un bambin imaginatif qui joue éperdument Robinson dans son île et qui s’attache aux objets avec une sensibilité violente.
Un divorce, un adultère d’artistes inspirent à cette caste une joie haineuse que les intellectuels ne soupçonnent pas : c’est l’objet des commentaires méprisants ou fielleux de mainte bourgeoise et de maint rentier enrageant de leur obscurité, conscients de leur nullité morale, et ravis de se retrancher derrière les principes honnêtes et la légalité pour se venger de la beauté, de la gloire et de l’indépendance représentées par les artistes.
Il lui manquait, pour lutter avec ce sombre et puissant spéculatif, la profondeur, qu’on ne remplace point par l’étendue ; il lui manquait le temps de s’arrêter à des objets d’un débat qui doit durer autant que l’homme.
Cette personnalité exaltée n’est pas l’égoïsme ; car de tels hommes, possédés de leur idée, donnent leur vie de grand cœur pour sceller leur œuvre : c’est l’identification du moi avec l’objet qu’il a embrassé, poussée à sa dernière limite.
C’est le nom que l’on donne au tissu d’une pièce de théâtre, dont le plan est jeté sur le papier, distribué en actes divisés par scènes, et dont l’objet est clairement indiqué par l’auteur.
Ici seulement les objets sont plus grands, les scènes plus terribles.
Les sociétés humaines naissent et meurent ; mais leur berceau et leur tombeau sont des objets sacrés, également secrets et inconnus.
Ils n’ont pas fait attention, d’une part, que ce n’est pas lorsque les castes anciennes n’ont plus d’objet que l’on peut créer des castes nouvelles : les castes maintenant n’ont rien à conserver.
Il nous avait semblé qu’au lieu de se servir de la nature, comme nos romantiques, pour la défigurer, peut-être serait-on tenté de l’imiter de plus près, de l’étudier plus consciencieusement, avec plus d’amour et de naïveté, de l’exprimer enfin plus fidèlement ; et ainsi qu’on pourrait rendre à l’art, avec son véritable objet, son inépuisable matière.
Raoul Toché enveloppa l’objet dans un morceau de journal ; je le suivis, et d’un air insinuant, nous l’offrîmes à l’éminent critique. […] Il est certain que, moralement, elles « déméritent » en violant la pudeur, c’est-à-dire une des lois dont le maintien est le plus nécessaire à la famille et, par suite, à la société telle qu’elle est constituée chez nous ; il est certain aussi qu’elles avilisent leur personne en en faisant l’objet d’un troc et d’un commerce. […] Après avoir dit du bien des gens, il arrive insensiblement à en dire du mal, il déprécie ce qu’il a loué, il dit blanc et noir sur le même objet (avec cette particularité, que c’est toujours par « noir » qu’il finit). […] Séparée de ce maître, l’unique objet de sa vie…, elle ensevelit en un antre inconnu ses souvenirs et son âme Elle meurt enfin d’amour, en recevant d’un évêque envoyé de Dieu la chair sacrée du Fils de Dieu. » Il ne faut qu’adorer. […] Et ils le racontent avec des insistances telles, qu’on se demande dans quel état une pareille concentration d’esprit sur un seul objet, et sur cet objet-là, a pu laisser les auteurs.
Brunetière se trompe, ce ne peut jamais être que largement et superbement, sur de vastes objets et non sur des vétilles. […] Ce qui nous réjouit surtout, nous, c’est la perception voluptueuse de nos rapports avec les objets extérieurs, quand ces objets sont traduits par une imagination ou une sensibilité plus rare que la nôtre : ce qui le réjouit uniquement, lui, c’est la perception des rapports des idées entre elles et de ses rapports avec les idées, en tant qu’il les ordonne et les enchaîne. […] Il semble aussi que la faculté de sentir avec acuité les objets extérieurs ait été moins répandue qu’aujourd’hui. […] Il arrive « nécessairement » que l’intrigue d’amour devient l’objet principal du poète. […] Champcourtier reconnaît l’objet.
Le jugement favorable dont il a été l’objet de la part de l’éminente compagnie m’encourage à le soumettre aujourd’hui au public. […] Sue, une de ces créations bizarres où se joue la fantaisie des romanciers et qui n’ont d’autre objet que d’amuser les imaginations. […] … Un déisme si pâle et si chancelant, si plein d’hésitations et de ténèbres, si incertain de lui-même et de son objet, que son vrai nom, ce n’est pas spiritualisme, c’est scepticisme. […] Selon qu’elle nous représente des objets beaux ou laids, selon qu’elle nous intéresse à des héros dignes d’admiration ou de mépris, à des actions nobles ou honteuses, on peut dire que son influence est salutaire ou funeste. […] Il semble qu’à part tout esprit de système, elle ait aimé le mal pour lui-même, et trouvé je ne sais quelle volupté malsaine à en faire l’objet de ses contemplations.
Le bon roi Priam traînait sur la scène une casaque de marchand arménien, et toutes ces absurdes bigarrures de costume, loin d’être l’objet de plaisanteries dans le public, étaient souvent applaudies et admirées. […] Des volumes ont été écrits sur le Cid ; mais, malgré les critiques qu’on en fit, malgré l’opposition dont la pièce fut l’objet lors de son apparition, par suite de la haute cabale qui s’éleva pour la faire tomber, cette œuvre eut un retentissement inconnu jusqu’alors. […] Il est vrai que ce bon public français, toujours le même, ne pouvait voir dans la coulisse un brave homme vannant de l’avoine, et qu’il ignorait aussi que le pauvre animal, objet de son admiration, était à jeun et ne soupait qu’après avoir fourni son emploi avec l’instinct que donnent à tout être vivant la faim et la soif. […] Admiré des plus grands princes, jalousé par un grand ministre, estimé des plus grands hommes du siècle, il fut l’objet des hommages les plus spontanés et les plus délicats de son vivant ; sa mort fut un deuil général, et bien longtemps après qu’il fut descendu dans la tombe, sa mémoire, ainsi que nous allons le dire, fut honorée dans la personne de ses descendants. […] Énée et Lavinie, autre opéra en cinq actes, musique de Colasse, joué en 1690, fut l’objet de très-jolies critiques en vers.
Mais il ne faut pas pour cela que la littérature soit uniquement un objet de théories et de déductions, une sorte de branche nouvelle des sciences morales ou sociales. […] Les attaques dont fut l’objet le célèbre lundiste, à propos de ses articles sur Flaubert et Feydeau, montrent qu’il était, à cet égard, très en avance sur la manière de voir de son temps. […] Il reproche à l’auteur de faire saillir chaque objet au premier plan, comme si ce défaut, si c’en est un, n’était pas le défaut capital d’Homère, qui n’a guère fait que des bas-reliefs. […] Ce sont deux manifestations différentes de l’Art, contradictoires en apparence, mais qui se touchent et s’unissent, parce qu’elles résument les deux éternels objets de l’observation humaine : la civilisation et la nature. […] Le doux mal qu’elle a expié fera à jamais l’objet de nos rêveries et de nos lectures.
Les bourgeois à leur tour deviennent l’objet de l’envie de ce même peuple, qui jette à bas cette oligarchie ploutocratique. […] Mais observer avec une entière soumission à l’objet, qu’est-ce autre chose qu’une application du grand principe scientifique ? […] L’hiver précédent, il avait été l’objet des plus amicales attentions de Guillaume et voici que tout d’un coup, entre deux morceaux de ce concert, celui-ci se lève. […] Comme je n’ai à vous parler que du musée Condé, je citerai seulement les pages qu’il a consacrées, dans le Bulletin des Musées, aux petites collections de Chantilly, petites par le nombre des objets, mais grandes par l’intérêt historique que ces objets présentent : émaux et miniatures, gravures et orfèvreries, céramiques, sculptures, armes et étendards. […] Un autre objet offert par le prince de Condé au grand-duc Paul vient également de rentrer dans notre Musée.
De ce luxe de détails, de ces pages substantielles résulte parfois le malaise qu’on éprouve à voir un tableau trop rempli et qui, surchargé d’objets placés les uns sur les autres, manque forcément d’air et de perspective. […] La preuve en est la facilité de vivre qu’un Français éprouve dans toute l’Italie, se sentant partout un peu chez lui, en familiarité avec les objets et les gens, et s’y trouvant comme dans une ancienne patrie. […] Le brouet achevé, on se jette sur le pain, et le croûton, morceau du lion, est encore l’objet de jalouses convoitises. […] Les hésitations d’une femme mariée qui en est à son premier rendez-vous, ses déceptions quand elle voit de près l’objet aimé, ses retours d’esprit, ses incertitudes, tout est décrit avec une rare habileté de main. […] Guy de Maupassant, André Theuriet, Renan, Édouard Rod et bien d’autres écrivains y sont l’objet d’observations et de critiques d’une rare vivacité d’esprit et de clairvoyance.
Il n’osa pas la formuler nettement, parce qu’elle était encore trop proche de son objet, mais il en nota les répercussions. […] Parce que la Terreur est un objet de répulsion historique, au lieu que beaucoup de personnes soupirent encore : « Ah ! […] C’était cela, le cléricalisme, dont le seul nom est aujourd’hui encore, après cent trente ans d’abrutissement méthodique, un objet d’horreur et de terreur pour le libéral. […] Car, si nous ne pouvons connaître que subjectivement, en raison de nos catégories intérieures, si l’objet « en soi » doit toujours demeurer inconnu de nous, il est parfaitement vain d’aller plus loin. […] Son doute, liminaire et injustifié (quant à l’adéquation de l’objet et de l’entendement qui perçoit l’objet), rend toute démarche du raisonnement impossible ; puisque, d’après lui, nous ne pouvons saisir que des ombres.
Lisez plutôt : Ces meules, dans ce champ désert, ce sont des objets passagers où viennent se marquer, comme à la surface d’un miroir, les influences environnantes, les états de l’atmosphère, les souffles errants, les lueurs subites. […] Le style en est souple, léger, transparent, docile au contour des objets, exactement ajusté à l’importance des choses, style de femme élégante et drôle, qui fait vite et bien, qui aime ce qui est gracieux et « bon enfant », qui déteste tout ce qui bouffe, tout ce qui gondole, tout ce qui exagère et déforme. […] Nul voyageur n’a catalogué ces objets avec autant de soin que M. […] Voici : On désigne ainsi un assemblage de pièces de métal, destiné à soutenir et à contenir des parties moins solides, ou lâches d’un objet déterminé. […] Une jeune fille, de la plus rare beauté, était préposée à la garde et à l’entretien de ces objets.
On aime encore les lettres, on croit difficile de s’en passer ; mais le charme qu’elles exercent ressemble à tous ceux qu’on se reproche, auxquels on cède à regret et sans rien conclure en l’honneur de l’objet aimé. […] Il est pauvre, en effet ; mais, depuis cinquante ans, il a collectionné avec tant de patience et de goût des tableaux et des objets curieux, que son cabinet, son musée, a acquis un prix énorme. […] Que dire de cette manie de loger des âmes de trépassés dans tous les objets de la création ? […] Il y revient sur ces anecdotes, ces images de son adolescence, où tressaillent confusément cette poésie rêveuse, ces communications intimes avec la vie rustique et les tableaux de la nature, ce rayonnement d’une âme juvénile sur les objets extérieurs, dont il sera plus tard l’instrument sonore et inspiré. […] Mais entre ces deux objets de son égale affection, elle rencontre le terrible cardinal, qui s’est déclaré l’implacable ennemi de la reine, et qui ne veut d’influences auprès du roi que celles qu’il pourra diriger.
La vérité de l’art n’est point celle de la nature ; tout objet rendu par le moyen de l’art contient forcément une part de convention : faites-la aussi petite que possible, elle existe toujours, ne fût-ce en peinture que la perspective, en littérature que la langue. […] Les yeux, d’un bleu singulier, semblaient parfois atones, car ils regardaient plus les pensées que les objets ; mais à la moindre discussion ils s’illuminaient de vives étincelles. […] Vous pensez bien qu’un style d’une allure si caractéristique, d’une saveur si spéciale, d’un cachet si marqué a dû être l’objet de bien des imitations, mais personne ne l’a si bien imité que Janin lui-même. […] ses charmes aux voyageurs, et s’étaler la feuille large et luisante de la banane avec ses longues grappes de fruits, et dans le fond, plus loin, le gris-vert de l’olivier, placé là comme pour reposer les yeux de tant d’objets splendides. […] Jamais tableaux n’ont été l’objet de tant de précautions ; il laissait quelquefois une teinte sécher trois mois avant de revenir dessus ; aussi avait-il toujours une grande quantité d’ouvrages en train.
Il importait d’en dégager le sens philosophique pour qu’on ne vît pas là un simple jeu d’esprit et de la fantaisie sans objet et sans portée. […] Ce qu’il faut croire, c’est qu’à de certaines hauteurs où nous n’atteignons pas, nous faibles mortels, les objets les plus dissemblables revêtent une teinte uniforme qui leur donne un air de famille. […] Je voulais indiquer seulement que, même dans la partie la moins distinguée de l’œuvre, celle qui touche par certains points au réalisme, il y a, à côté de la description des objets extérieurs, la vérité de l’observation morale. […] Cette passion verse en quelque sorte sur les objets son trouble et sa tristesse. […] Puis des scènes fort délicatement traitées, mais longuement aussi, ayant pour objet de nous faire savoir que le comte est devenu pour sa fille une mère et un père en même temps.
Cette maison d’Ajaccio, dont la façade bourgeoise se rehaussait d’un blason seigneurial, j’avoue que je la vois mal dans ce récit dont la lucidité limpide décolore un peu les objets. […] Mais c’est surtout aux Corses qu’il s’adressa pour bien connaître le héros corse qui est devenu, depuis quelque temps, l’objet préféré de ses soins. […] « Représentants, disait-il, tous les objets relatifs aux approvisionnements militaires de l’armée regardent l’artillerie. […] À vingt-quatre ans, je les ai abandonnées pour la politique. » Ce sage de Hollande, si vite guéri de ses passions, trouva, dans la politique, un objet moins digne d’enthousiasme et d’amour. […] Notre complaisance sentimentale y est reflétée, un peu grossie comme en ces miroirs « magiques » où les objets sont plaisamment exagérés.
Parcourez les pièces qui composaient la modeste demeure où le grand Balzac s’était retiré, loin des tracas et des bruits de Paris et où ne le visitaient guère que les personnages créés par sa prodigieuse imagination, vous y verrez un assemblage déjà important de gravures, de publications, de documents concernant la Comédie humaine et un certain nombre d’objets ayant appartenu à son auteur. […] Et chacune de ces esquisses me reportait au moment où tant d’admirables objets se dispersèrent, qui ornaient cette maison d’Auteuil dont je revoyais en esprit l’aspect d’autrefois. […] J’avais plaisir à le voir ainsi, en sa vieillesse glorieuse, en cette charmante maison remplie des objets chers à son goût, par cette après-midi ensoleillée, qui faisait voleter les oiseaux dans les arbres du petit jardin qu’on apercevait à travers les vitres et où il nous conduisit. […] Aux murs, des toiles de Guardi ou de Longhi offrent à la vue des scènes de la vie vénitienne, et les personnages des tableaux, s’ils descendaient de leurs cadres, retrouveraient autour deux les meubles, les objets, et jusqu’aux moindres brimborions qui leur furent familiers. […] Il avait formé une excellente galerie de tableaux, dont quelques-uns figurent actuellement au musée du Louvre, de même qu’un sarcophage égyptien qui lui appartint, car il prisait les objets rares et curieux.
Un rebelle, un maudit, si différent de ceux de sa race et de son milieu, qu’il avait été un objet de scandale à toutes les époques de sa vie, et jusque dans les circonstances de sa mort. […] Je doute qu’on trouve chez un seul de nos poètes français une connaissance de la nature aussi poussée, un amour de la nature aussi exalté, aussi exaspéré, que chez un Shelley : Sa vie se passa dans la contemplation de la nature… Il était sans rival, pour ce qui est de l’exactitude et de l’étendue de ses observations sur les objets naturels. […] Ainsi s’exprime le Genevois Lesage, en 1722 : La philosophie ne doit pas travailler à détruire les passions, mais à nous faire voir quels doivent être leurs véritables objets ; après quoi l’on peut, sans scrupules, y tendre à pleines voiles. […] Il nous dira que Locke est le premier qui ait remarqué que l’inquiétude causée par la privation d’un objet est le principe de nos déterminations ; mais qu’il a le tort de faire naître l’inquiétude du désir, tandis qu’en réalité le désir naît de l’inquiétude ; que d’ailleurs, Locke a mis entre le désir et la volonté plus de différence qu’il n’y en a en effet ; qu’il restait donc à démontrer que cette inquiétude est le premier principe qui nous donne les habitudes de toucher, de voir, d’entendre, de sentir, de goûter, de comparer, de juger, de réfléchir, de désirer, d’aimer, de haïr, de craindre, d’espérer, de vouloir ; que c’est par elle, en un mot, que naissent toutes les habitudes de l’âme et du corps. […] Ajoutons, à la série des métaphores que nous avons signalées plus haut, à propos des passions, celles de Bonnet, qui sont d’un ton encore plus vif : (Contemplation de la nature, 1764 ; cinquième partie, chap. 5) : « Admirables instruments, mis en œuvre par le sage auteur de la nature, heureuses passions qui, semblables à des vents bienfaisants, faites flotter les machines animées sur l’Océan des objets sensibles !
Il n’est jamais plus satisfait que quand il peut revêtir sa propre pensée de l’expression de quelque ancien sage ; et, par exemple, il tire à lui et détourne ici à son objet, en l’accommodant quelque peu, ce beau mot du philosophe Charron traitant de Dieu même : « Le plus expédient est que l’âme s’élève par-dessus tout comme en un vide vague et infini, avec un silence profond et chaste et une admiration toute pleine de craintive humilité. […] Nous sommes dans une forêt de vaste savoir où bien des routes pratiquées en tous sens nous appellent ; nous les indiquons du doigt sans y pénétrer, et nous arrivons peu à peu à notre objet principal.
Diez a travaillé à augmenter la précision des recherches et des résultats, et plus que jamais il faudra, dans les investigations qui auront ces langues pour objet, suivre maintenant son exemple31. » Fuchs, qui a consacré un livre à l’étude de la transmission du latin aux langues romanes, a mis en avant une opinion, une doctrine qui, bien qu’elle semble d’abord excessive, a trouvé des partisans éclairés. […] En fussé-je capable, ce ne serait point le lieu : car notre objet et notre devoir, bien que nous ne soyons point ici pour cueillir seulement des fleurs, et que nous ne craignions point de rechercher les racines, c’est avant tout de vous offrir et de vous faire goûter les fruits.
XXVIII L’ordre, selon la politique de la Chine, étant la première nécessité comme le premier objet de la société, passe avant la liberté. […] Les relations entre les hommes de différents âges et de différentes dignités dans la société constituée ne furent pas pour Confucius l’objet de préceptes moins attentifs et moins humains.
À l’instant où les carbonari l’aperçurent en armes en Lombardie, elle devint l’objet des craintes et des imprécations des carbonari ; leur cri unanime fut : Guerre à l’Autriche ! Jusque-là elle n’avait pas été trop impopulaire, depuis 1814, en Italie, et, par une versatilité habituelle aux peuples qui changent de joug, son retour à Milan, en 1814, avait été l’objet d’un fanatisme de joie poussé jusqu’à la férocité contre le gouvernement français que l’Autriche venait remplacer.
Une batterie de cuisine, composée de bassins de cuivre luisant comme l’or, de vastes soupières grossièrement peintes, et de grands plateaux à mettre le poisson quand on péchait tous les trois ans l’étang du moulin, complétaient cet ameublement, objet d’admiration et d’envie pour toutes les ménagères du village. […] C’est sa direction naturelle qu’elle reprend sitôt qu’elle est dégagée des objets terrestres.
« Cependant, sans Gori, le séjour de Sienne me devint tout d’abord insupportable ; j’espérai qu’en changeant de lieux et d’objet j’allais affaiblir ma douleur sans rien perdre de sa mémoire. […] Il n’a pas réfléchi que son intérêt réel était au contraire de faire disparaître cet adorateur postiche de l’attention d’une cour sévère et puritaine, justement offensée d’une cohabitation si expressive ; et quand on sait, du reste, que la comtesse rapporta de Londres la pension considérable que lui fit cette cour, on ne peut raisonnablement douter que cette pension, si offensante pour la mémoire de son premier mari, le Prétendant, n’ait été l’objet et le prix du voyage.
S’il préfère les sujets compliqués aux sujets simples, c’est, avoue-t-il, qu’il est plus aisé d’en faire le dialogue ; et il ajoute : « La multitude des incidents donne pour chaque scène un objet d’intérêt déterminé ; au lieu que si la pièce est simple, et qu’un seul incident fournisse à plusieurs scènes, il reste pour chacune je ne sais quoi de vague qui embarrasse un auteur ordinaire ; mais c’est où se montre un homme de génie. » Rien de plus vrai. […] Collin a toujours en vue la peinture d’un caractère, et c’est à sa louange ; mais l’objet à peindre lui échappe.
Rousseau a été l’objet d’un culte. […] Rousseau accorde pourtant qu’il peut lui prendre fantaisie de casser des objets de prix, et il veut bien ne pas le tenir pour bon.
On s’est avisé en notre siècle que l’homme, n’étant pas un pur esprit, est sensible aux choses qui l’environnent, non seulement aux divers aspects de la nature, mais aux objets avec lesquels il vit tous les jours et qui par leur seule présence exercent une action profonde sur sa manière d’être et de penser. […] § 5. — De même qu’il est utile à l’historien de chercher le goût d’une époque dans les objets dont l’homme aime à s’entourer, de même il lui importe de connaître les types de femmes qui ont été tour à tour à la mode.
Hélène Cao définit ainsi le leitmotiv (ou motif sous la plume de Chamberlain) : « par leitmotiv, on désigne un élément musical associé à un personnage, un objet, un lieu, un sentiment ou un concept, et qui reparaît à plusieurs reprises dans la partition » (Dictionnaire encyclopédique Richard Wagner, p. 1078). […] Le magicien Klingsor en avait profité pour se saisir de la lance du roi, objet sacré entre tous puisqu’il s’agissait de la sainte lance qui avait blessé le Christ au flanc.
Un historien du temps a très bien rendu ce caractère conciliant, adroit et facile, qui était une des puissances de Gabrielle, et c’est un correctif nécessaire à l’impression que laisserait, sans cela, le récit un peu aigre de Sully : Le plaisir, dit l’historien Matthieu en parlant de cet amour de Henri IV, n’était pas le principal objet de ses affections, il en tirait du service au démêlement de plusieurs brouilleries dont la Cour n’est que trop féconde.
Ce renoncement suprême en vue de Marianne ne lui paraissait pas même mériter le nom de sacrifice : « Je ne sens que de la joie, disait-il, en songeant que je vais, en attendant la mort, mener une vie plus triste qu’elle, et j’aime si fort ma douleur qu’il me semble que c’est encore un moindre malheur de la souffrir que de la perdre ; si ma chère Marianne la peut voir, elle lui fait plaisir. » Il haïssait les biens, les grandeurs, tout ce qu’il ne pouvait plus partager ; il n’aimait que cette douleur, la seule chose qui lui restât de son amie ; il en parlait, d’ailleurs, comme d’une peine poignante, qui le tenait cruellement éveillé durant les nuits et qui prolongeait ses insomnies jusqu’au matin, où il ne s’assoupissait qu’à la fin et par excès de fatigue : « Mais j’ai beau faire, je ne saurais perdre de vue l’objet de mon tourment.
Mlle de Joyeuse devint la marquise de Brosses, et Maucroix, soit à Paris où il était allé se distraire, soit de retour à Reims où il retrouva l’objet de son mal, gardait un beau reste d’attache et de sentiment.
Henri cependant songea sérieusement, dit-on, à l’épouser, ou du moins il en parla comme aiment à faire les amoureux de l’objet qui les occupe.
Voltaire, dans son invention vive et rapide, se montre fidèle à son objet même : il est prompt, il ne s’appesantit pas, il est l’homme de l’impatience et de la délicatesse françaises ; il égaie chaque chose et peint chaque auteur en quelques traits ; il fait vivre son allégorie autant qu’une allégorie peut vivre.
L’origine était peu de chose : un grand-père, né de quelque honnête marchand, de quelque commis au greffe, avait commencé la fortune, humblement, laborieusement ; il s’était élevé degrés par degrés, en passant par tous les bas et moyens emplois, en se faisant estimer partout, en se rendant utile, nécessaire, en sachant mettre à profit les occasions ; il avait à la fin percé, il était arrivé, déjà mûr, à quelque charge honorable et y avait assez vieilli pour confirmer son bon renom : il avait eu un fils, pareil à lui, mais qui, né tout porté, avait pu appliquer dès la jeunesse les mêmes qualités à des objets en vue et en estime, à des affaires publiques et d’État.
Ces injures, ces invectives se reproduiront sous sa plume, durant plus de vingt ans, contre tous les pouvoirs plus ou moins constitués, contre ceux même qui se ressembleront le moins ; et un jour la république, cet objet final de son rêve, y passera comme les autres.
» Voici le début du traité : « On s’est souvent occupé de la vieillesse ; les moralistes, en donnant à cet objet de leurs méditations plus ou moins de développement et d’étendue, n’ont presque jamais omis d’y toucher ; plusieurs ont consacré des ouvrages uniquement à ce sujet.
Je me suis vu, à ses débuts, l’objet de ses malices entremêlées de douceurs ; il me ballottait, il avait bien envie d’en faire plus ; le sujet lui semblait appétissant ; assez longtemps il hésita : puis, tout bien considéré, un jour il prit le parti de ne pas déclarer la guerre et d’offrir gracieusement l’olivier.
Enfin, une lettre de Mme de Souza à Mme d’Albany, du 26 mai 1814, nous apprend que la réouverture du salon de Mme de Staël à Paris donna dès les premiers jours de l’ombrage : « Mme de Staël est ici, et son salon (ceci entre nous ; ne me répondez même pas là-dessus) est déjà devenu un objet d’inquiétude.
Sous une forme ou sous une autre, il est conquis à Jésus ; il l’est surtout depuis qu’il a visité cette Palestine, objet et terme désiré de son voyage, ce riant pays de Génézareth, qui ressemble à un jardin, et où le Fils de l’Homme a passé le meilleur temps de sa mission à prêcher les petits et les pauvres, les pêcheurs et les femmes au bord du lac de Tibériade ; il faut entendre comme il parle à ravir et avec charme de ce cadre frais et de ce paysage naturel des Évangiles.
L’un accepte et comprend les choses comme elles sont dans la nature et dans l’humanité ; il prend, sans les disjoindre (car tout cela se tient, se correspond et, pour ainsi dire, se double), le rat et le cygne, le reptile et l’aigle, le crapaud et le lion ; il prend le cœur à pleines mains, tel qu’il est au complet, or et boue, cloaque ou Éden, et il laisse à chaque objet sa couleur, à chaque passion son cri et son langage.
Nisard y puisse être l’objet d’une conclusion favorable ; et moi-même j’ai failli en être, des Débats, et en être à fond, bien plus que M.
Après cette Introduction, un prologue annonçait l’objet du véritable mystère : en quels termes ?
Et ces cruautés exercées comme des gentillesses par d’indignes soldats nous sont décrites de point en point, j’en fais grâce : « C’était là, nous dit la Relation protestante, le plus fort de leur étude et de leur application que de trouver des tourments qui fussent douloureux sans être mortels, et de faire éprouver à ces malheureux objets de leur fureur tout ce que le corps humain peut endurer sans mourir. » Je fais la part des exagérations et des invectives vengeresses chez des âmes ulcérées, et pourtant on n’invente pas absolument de pareils actes dans leur détail et avec toutes leurs circonstances.
Il en sort avec l’estime des doctes archéologues et des savants sémitisans, flattés dans l’objet de leurs études, avec l’estime encore, et mieux que cela, de quelques esprits éminents qui aiment la force jusqu’à ne pas en détester l’abus, et qui, rien qu’à lui voir cette vigueur héroïquement déployée, ont désiré de le connaître.
Guéroult a, selon moi, le mérite de voir surtout le but, l’objet essentiel ; et c’est maintenant que je suis en mesure de répondre à la question que j’avais posée d’abord : que représente-t-il dans la presse quotidienne ?
Vous ne trouverez que des périphrases : c’est la même difficulté pour les plaines et les vallons… « Il n’est donc pas étonnant que les voyageurs rendent si mal les objets naturels.
C’est, tout compte fait, un grand livre, et qui, ne dut-il atteindre qu’un quart de son objet, avance la question et ne laissera pas les choses, après, ce qu’elles étaient auparavant.
Je ne prétends pas dénigrer Louis XV, ni ajouter au mal qu’on a dit de lui ; j’ai lu bien des Portraits de ce roi : je n’en connais point de plus juste que celui qu’a tracé un homme qui l’aimait assez et qui le voyait tous les jours, Le Roy, lieutenant des chasses de Versailles ; on peut s’y fier : c’est un philosophe qui parle et qui, pendant de longues années de service, n’a cessé devoir de près son objet.
Il est bien plutôt occupé à rompre l’arrangement artificiel et les antithèses spécieuses qu’engendre la parole, pour se remettre sans cesse en présence de la vérité des objets et de la réalité nue.
Les contemporains, en effet, s’ils ont les avantages de leur position, en ont aussi les inconvénients : s’ils savent quantité de points, ils en ignorent une infinité d’autres ; le détail leur dérobe l’ensemble, les arbres les empêchent de voir la forêt ; de plus, ils sont juges et parties ; ils souffrent, ils combattent, ils succombent ou ils triomphent ; vainqueurs ou vaincus, ils aiment ou ils haïssent : comprendre purement et simplement l’objet de leur enthousiasme ou de leur colère est ce dont ils se soucient le moins.
Revenu de l’armée à Fontainebleau et à Versailles, comblé en public de bienfaits et de faveurs, recevant les félicitations de tous pour les attentions royales dont il se voyait l’objet, le maréchal répondait : « Le roi me parle, il est vrai, mais il ne me parle pas plus qu’à l’Assemate (gentilhomme de la Vénerie).
J’acquérais ainsi l’habitude du travail, de la maturité dans mes idées ; je m’étais déjà exercé sur divers objets, j’avais vu différents pays, beaucoup d’hommes et de choses ; j’avais donc, dès cette époque, des opinions arrêtées sur les intérêts et les devoirs des hommes, sur la morale, sur l’administration, sur la politique.
Au premier abord, et à ne juger que par les œuvres, l’art et le travail paraissent tenir peu de place chez La Fontaine, et si l’attention de la critique n’avait été éveillée sur ce point par quelques mots de ses préfaces et par quelques témoignages contemporains, on n’eût jamais songé probablement à en faire l’objet d’une question.
Il nous semble, en un mot, et pour revenir à l’objet de cet article, que la touche de Regnier, par exemple, ne serait point, en beaucoup de cas, inutile pour accompagner, encadrer et faire saillir certaines analyses de cœurs ou certains poèmes de sentiment, à la manière d’André Chénier.
C’est bien le cas de dire que les objets se boursouflent dans le vide.
Donc, peignant la vie, il peindra l’action, et les objets l’intéresseront à proportion qu’il y trouvera plus d’effort, plus de « vouloir être », plus d’action.
Ce ne sont ni les vocables curieux ni les expressions outrées qui donnent la sensation des objets : c’est, le plus souvent, un certain arrangement de mots fort simples et très connus.
De plus, c’est un miroir dont la courbure ne ressemble exactement à celle d’aucun autre, et qui déforme les objets d’une manière inimitable.
La reconnaissance augmente quand on pense que tant de bons offices, dont l’éminent historien est l’objet, sont dus à une femme.
Mais ce qu’il savait être surtout dans ces leçons, c’était un improvisateur animé, intéressant, pittoresque, anatomiste avec feu devant les gens du monde, décrivant les appareils des sens d’une manière visible, les développant de l’expression et du geste, poursuivant du doigt dans l’espace les moindres filets nerveux, les fibres les plus ténues, déroulant à n’en pas finir des considérations peu précises, peu concluantes, mais ingénieuses souvent et déliées comme leurs objets.
L’objet de Mallet serait de prouver que la vraie liberté ne se trouve que dans une monarchie modérée, et que dans la république on a la servitude.
Votre image, en votre absence, sera le plus cher objet de nos yeux : nous lui rendrons nos hommages, nos respects : nous lui ferons nos sacrifices. » Voilà le Patru officiel dans toute sa draperie et dans toute sa pompe.
Carrel, qu’on crut durant quelques jours dangereusement atteint, fut l’objet de témoignages publics unanimes, et de la part même du parti légitimiste adversaire, et de la part de tout ce qu’on appelait le juste-milieu (y compris le Palais-Royal), sans parler des opposants de toutes les nuances.
Je considérai l’état de ma vie présente, les voyages vagabonds, les changements de lieux, la diversité des objets et les mouvements continuels dont j’étais agité.
Le faux Démétrius, en effet, ne fut que la personnification de l’esprit populaire qui cherchait son objet, son libérateur, et qui se demandait de toutes parts : « D’où naîtra-t-il ?
Il avait la finesse, qui ne regarde pas de trop près pour voir, comme celle, par exemple, de Sainte-Beuve, qui ne voyait, lui, que parce qu’il se plantait le nez sur l’objet et le regardait microscopique ment.
On n’ignore pas que ces petits objets-là, exécutés avec une adresse de tourneur, ravissent, en France, nos imaginations de poupée.
Jules Simon : « La loi que je sollicite aurait donc ce double objet : « 1° D’approuver la proposition faite par l’archevêque de Paris d’ériger sur la colline de Montmartre en un point déterminé après une enquête, un temple destiné à appeler sur la France la protection et la bonté divines ; « 2° D’autoriser l’archevêque à acquérir, tant en son nom qu’au nom de ses successeurs, les « terrains nécessaires, à l’amiable et, s’il y a lieu, par voie d’expropriation, après déclaration d’utilité publique, à la charge par lui de payer le prix d’acquisition des terrains et les frais de construction de l’édifice, avec les ressources mises ou à mettre à sa disposition par la piété des fidèles. » Il est inutile, je pense, de faire remarquer la profonde habileté et la prudence d’expression de cette requête, qui cache, sous son apparente modestie, le piège où allait se prendre l’Assemblée nationale.
Jouffroy parmi les monades de M. de Biran, l’a conduit à considérer les facultés comme des choses réelles, véritables objets de la psychologie ; à emprisonner la psychologie dans une question de mots scolastique et oiseuse ; à exprimer les faits par des notations vagues, inexactes en elles-mêmes et grosses d’erreurs.
Cuvier ; il y causait avec feu, avec entraînement de ce qu’il avait lu, de ce qu’il avait vu, des objets divers de ses goûts et de ses studieuses ambitions : Mllle Clémentine Cuvier l’écoutait en silence, prenait un intérêt sensible à ses récits et se plaisait à les lui faire répéter. […] Ce fut Fauriel qui coupa court à cette première ébullition poétique sans objet bien précis, et qui le mit dans sa vraie voie, la critique sérieuse et la littérature comparée. […] Tocqueville devint l’objet d’un second choix, et par sa noblesse de caractère, par le sérieux de sa vie, par la profondeur, la finesse et la tristesse élevée qu’il exprimait dans toute sa personne, par ce qu’il montrait de talent et par ce qu’il en laissait à deviner, il réalisa pour Ampère le modèle d’amitié que celui-ci ne pouvait se passer d’avoir devant les yeux.
Peu d’objets au monde sont absolument soumis à la science, jusqu’à se laisser ou reproduire ou prédire par elle. Sans doute, un poème ne sera jamais de ces objets-là, ni un poète. […] Ni le charme de Cléopâtre, ni la douceur de Saint François-d’Assise, ni la poésie de Racine ne se laisseront réduire en formules et, si ces objets relèvent de la science, c’est d’une science mêlée d’art, intuitive, inquiète et toujours inachevée. […] C’était une honnête créature, que Hrotswitha ; attachée à son état, ne concevant rien de plus beau que la vie religieuse, elle n’eut d’autre objet, en écrivant des comédies, que de célébrer les louanges de la chasteté. […] Il y a des parties obscures dans sa vie : on dit qu’il fut pendant quelque temps l’associé d’un marchand d’objets religieux du quartier Saint-Sulpice.
Mais, soupire-t-elle, en s’adressant à l’objet de sa passion : je m’aperçois : Que si je veux de toy estre délivre, Il me convient hors de moy mesme vivre… Ainsi blessée par les flèches dangereuses de l’Amour, au milieu des hauts et des bas de sa passion, Louise n’oublie point le recours ordinaire des poètes. […] Les ouvrages de Raphaël frappent peu au premier coup d’œil : il imite si bien la nature que l’on n’en est pas d’abord plus étonné que si l’on voyait l’objet même, lequel ne causerait point de surprise. […] Je cite l’envoi : Reine des cœurs, objet délicieux, Que suit l’enfant qu’on adore en des lieux Nommés Paphos, Amathonte, et Cythère, Vous qui charmez les hommes et les dieux, En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! […] Voici le sonnet et la petite strophe à propos du portrait de Claudine peint par Sève : Sève, qui peins l’objet dont mon cœur sait la loi, Son pouvoir sans ton art assez loin peut s’étendre ; Laisse en paix l’univers, ne lui va point apprendre Ce qu’il faut ignorer, si l’on veut être soi. […] Je naquis dans ce mois : voici le jour que j’aime ; Daigne encor l’embellir, doux objet de mes vœux !
C’est qu’en considérant la généralité des opinions émises sur ce thème tant de fois débattu et le niveau moyen des discussions dont il fut l’objet, j’ai toujours été frappé de leur caractère vain et inadéquat, de leur parfaite futilité et superficialité. […] On ne peut dire d’une question, serait-ce la plus abondamment débattue, qu’elle est rebattue tant qu’on n’est pas arrivé à des certitudes à son objet. […] Eux aussi seraient plus tard l’objet des faveurs de l’Etat, remplissant peu à peu les places laissées vacantes par l’élimination des individus inférieurs. […] En revanche, les sciences physiques et naturelles seraient l’objet d’une étude approfondie. […] L’ensemble de ces sciences — dont quelques-unes seraient l’objet d’une étude approfondie alors que d’autres ne seraient qu’esquissées — constitueraient le cadre du programme.
Quel que puisse être l’objet adoré, glorieux ou même infâme, quand il est vraiment adoré, le monde entier n’y pourrait rien faire, parce que l’enthousiasme est incompressible et que la douleur est son aliment. […] On peut voir qu’il n’y a pas un seul mot qui n’ait l’intention évidente d’avilir son objet, et la pensée trouve le moyen d’être plus basse encore que les mots. […] Mais moi, dont le nom est imprimé à dix centimètres de l’objet je m’accorde le droit de lui dire dans son propre journal que cela est réellement déplorable pour ceux qui le souffrent autant que pour celui qui a le triste cœur de le faire. […] — étaient les épreuves d’un livre célèbre et immonde, dont un éditeur belge annonçait la publication prochaine. » Telles sont les volutes et les spirales de l’innommable objet qui tient la place du cœur dans la poitrine de coléoptère de ce romancier, qu’on appelle à la fois Abraham et Catulle et que d’intimes amis désignent plus précisément du nom du mauvais apôtre. […] J’ai eu la fantaisie de ramasser du bout des doigts, dans le milieu des déjections, l’objet que voici : Chrétienne, par M.
Tel est l’objet des doléances récemment confiées aux journaux des deux mondes par une assemblée de femmes qui s’intitule « le groupe la Solidarité ». […] Doué comme il était d’une vive sensibilité, frémissant au contact de l’œuvre d’art, il considérait que cette œuvre est l’objet supérieur du critique et de l’historien. […] Ils ont lu tout ce qu’on a écrit d’important sur l’objet de leurs études. […] Le catalogue des découvertes de la mission allemande est un inventaire de trésors incomparables : on a retrouvé cent trente statues ou bas-reliefs de marbre, treize mille objets de bronze, six mille monnaies, quatre cents inscriptions, mille menus objets de terre cuite, quarante monuments d’architecture. […] On a pendu au mur ou exposé sur des tables la meilleure part des objets précieux pris aux Carthaginois à la bataille d’Himère.
Il porte quelque avarice jusque dans l’affection et la faveur dont il est l’objet, et n’aime à la partager avec personne.
Un courrier expédié au duc qui était alors à Soissons, courrier dont les dépêches avaient pour objet de l’apaiser et de le retenir, ne put partir faute de vingt-cinq écus, et le duc passa le Rubicon : Telle est, dit Mézeray, la condition des plus grandes affaires, que, lorsqu’elles sont à un certain point où elles ne peuvent pas subsister longtemps, il ne faut que le moindre incident pour les faire tomber d’un côté ou d’autre ; et, si la fortune permettait qu’il fût évité, les choses pourraient se mieux tourner et prendre toute une autre pente.
On dirait que les objets sont nés dans le monde le jour ou il les a vus… J’ai déjà remarqué ailleurs93 qu’à l’autre extrémité de la chaîne historique on a tout le contraire de cette impression, quand on lit nos graves professeurs d’histoire d’aujourd’hui, nos auteurs de considérations politiques d’après Montesquieu, mais plus tristes que lui, tous ceux qui cherchent et prétendent donner la raison de tous les faits, l’explication profonde de tout ce qui se passe, qui n’admettent sur cette scène mobile ni l’imprévu, ni le jeu des petites causes souvent aussi efficaces que les grandes ; esprits de mérite, mais ternes et laborieux, ployant sous le faix de la maturité autant que Joinville errait et voltigeait par trop de candeur et d’enfance94.
Né à Dinan en Bretagne, le 12 février 1704, d’une honnête famille de commerçants, le dernier venu des enfants, il fut l’objet des soins de sa mère veuve, personne de mérite, de raison, qui ne mourut qu’à plus de cent ans, et quelques années seulement avant son fils.
Le fond de son commerce, où il entrait du sens, de l’équité et des qualités sûres, était « d’une sécheresse et d’une aridité singulières. » Deux ou trois dîners chez Mlle Quinault, qui nous le montrent en gaieté et en veine d’enthousiasme, accusent en même temps et convainquent cet enthousiasme de ne se monter que pour des objets et des tableaux d’une sensibilité toute physique et toute sensuelle : il ne croit ni à la chasteté ni à la pudeur, ni à aucune religion, et ne fait pas même grâce à la religion naturelle : — « Pas plus celle-là que les autres », s’écrie-t-il.
Parlant quelque part d’un homme d’un esprit étroit et faux qui mettait son orgueil à déplaire, et qui méprisait par principe la bonté et la douceur des gens véritablement grands : « Il n’admire du fer, dit-il, que la rouille. » Parlant du caractère des Français qu’il a si bien connus, qui sont portés à entreprendre et à se décourager, à passer de l’extrême désir et du trop d’entrainement au dégoût, il dit : « La lassitude du soir se ressent de l’ardeur du matin. » Enfin, voulant appeler et fixer l’attention sur les misères du peuple des campagnes dont on est touché quand on vit dans les provinces, et qu’on oublie trop à Paris et à Versailles, il a dit cette parole admirable et qui mériterait d’être écrite en lettres d’or : « Il nous faut des âmes fermes et des cœurs tendres pour persévérer dans une pitié dont l’objet est absent. » Si ce n’est pas un écrivain, ce n’est donc pas non plus le contraire que d’Argenson : sa parole, livrée à elle-même et allant au courant de la plume, a des hasards naturels et des richesses de sens qui valent la peine qu’on s’y arrête et qu’on les recueille.
Je signalerai encore dans ce volume les chapitres où sont décrites les trois régions de hauteurs par les végétaux qui y régnent, les hêtres, les pins, les mousses, et l’on a ensuite, en passant aux animaux et d’une manière plus ou moins correspondante, le gracieux, l’incomparable défilé des chèvres (objet d’une lutte restée indécise entre Doré et M.
Il lisait alors Pausanias et s’émerveillait de la multitude d’objets décrits par l’antiquaire grec : « La Grèce, disait-il, était comme un grand musée. » — Nous assistons aux deux ordres, aux deux suites d’idées qui se rencontrèrent et se rejoignirent en lui dans une alliance féconde.
Ce besoin et ce droit se personnifient dans la figure et dans l’âme de Louis XIV, qui, plein de son objet, put excéder sans doute et vouloir dépasser le but, mais qui en définitive l’a atteint, et, même après toutes ses fautes et ses grands désastres, n’a rien perdu d’essentiel de ce qu’il nous avait une fois acquis.
Mais c’est sur les antiquités de Rome particulièrement qu’il a des vues justes, tout à fait grandes et dignes de leur objet.
Quoique la prédication fût alors mon plus grand objet, je ne laissais pas de m’exercer à écrire selon l’occasion, soit en français, soit en latin, sachant bien que plus on vaut, plus on peut faire fortune auprès des Grands qui en sont la source.
On ne saurait l’omettre dans une étude qui a pour objet avant tout d’éclairer la nature distinguée dont Michel n’est pour nous qu’un léger masque à demi transparent.
Son principal objet, et il l’atteignit, était de protéger Arras et Cambrai dont la conquête était la visée de Marlborough.
Camille Rousset, sont l’objet de chapitres aussi intéressants que solides, et d’un judicieux qui emporte avec soi la conviction.
Le 14 Juillet et les journées qui suivirent brisèrent la résistance de la Cour ; mais ce ne fut pas encore du premier coup : les imprudences qui devaient amener le mouvement d’octobre se renouvelèrent ; l’illusion de la reine dura jusqu’à la dernière heure, et vers la fin de septembre 1789, comme un de ses fidèles et dévoués serviteurs, le comte de La Marck, fort lié avec Mirabeau, faisait dire par une voie confidentielle qu’on n’eût pas à se défier de cette liaison, et qu’il avait pour objet de modérer le plus possible le grand tribun et de le préparer à être utile au roi quand on jugerait le moment venu, la reine répondit, après quelque politesse pour M. de La Marck : « Nous ne serons jamais assez malheureux, je pense, pour en être réduits à la pénible extrémité de recourir à Mirabeau. » II.
Vous avez pour instrument particulier une pince très-fine qui va saisir son objet souvent très-loin et très-avant : pourquoi faut-il que la pince le tortille parfois en le retirant ?
Une qualité générale frappe au premier coup d’œil, en parcourant l’ensemble de cette vie bien courte et pourtant si remplie : quand je dis que cette qualité frappe, j’ai tort, il serait plus juste de dire qu’elle repose et satisfait : sa destinée a tout à fait l’harmonie ; et je n’en veux pour preuve que le sentiment universel qu’elle inspire, cette sorte d’admiration affectueuse et douce dont il est l’objet.
Tantôt chez un auteur j’adopte une pensée, Mais qui revêt chez moi, souvent entrelacée, Mes images, mes tours, jeune et frais ornement ; Tantôt je ne retiens que les mots seulement ; J’en détourne le sens, et l’art sait les contraindre Vers des objets nouveaux qu’ils s’étonnent de peindre.
Ne dites pas qu’il ne naît qu’une seule fois pour un même objet dans un même cœur, car j’en sais qui se renflamment comme de leur cendre et qui ont eu deux saisons.
Le cinquième élément nécessaire de cette création ou de cette poésie, c’est le don d’exprimer par la parole ce que nous voyons et ce que nous sentons en nous-mêmes, de produire en dehors ce qui nous remue en dedans, de peindre avec les mots, de donner pour ainsi dire aux paroles la couleur, l’impression, le mouvement, la palpitation, la vie, la jouissance ou la douleur qu’éprouvent les fibres de notre propre cœur à la vue des objets que nous imaginons.
Il leur enseigna en même temps de garder le silence sur l’objet de la cérémonie, de prier Dieu dans leur cœur et de se taire devant le bargello, pendant que lui, le père Hilario, dirait la messe des morts et que l’enfant de chœur qui servirait la messe entendrait, sans les comprendre, les paroles latines prononcées par le prêtre sur la tête des deux fiancés.
En somme, cette pièce, qui n’a rien de rare, peut être prise comme un type distingué des compositions dramatiques dont l’objet est de glorifier Notre-Dame.
Le cas n’est pas castillan, il est humain : et ainsi en sera-t-il dès lors de toute tragédie : grecque, ou asiatique, ou romaine, elle n’aura en réalité qu’un objet et qu’un modèle : l’homme.
Qu’il ajoute : « Ne serais-je pas plutôt l’objet de votre juste colère ?
Si l’on va tout au fond des choses, on trouvera que le véritable et le principal objet des réunions mondaines, c’est l’exhibition de la femme, accommodée, attifée, harnachée, habillée ou déshabillée de la meilleure façon possible pour charmer les yeux des hommes et pour les tenter.
Est-ce l’homme resté fidèle à ses affections du passé, qui nous parle en maint endroit de ces Mémoires, ou l’homme qui ne tient à son parti que par point d’honneur, et tout en trouvant bête (c’est son mot) l’objet de sa fidélité, et en le lui disant bien haut ?
Il a rempli cet autre vœu de Fénelon : « Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet, et ne toucher jamais que ce qu’on peut embellir. » Et, enfin, il semble avoir été mis au monde exprès pour prouver qu’en poésie française il n’était pas tout à fait impossible de trouver ce que Fénelon désirait encore : « Je voudrais un je ne sais quoi, qui est une facilité à laquelle il est très difficile d’atteindre. » Prenez nos auteurs célèbres, vous y trouverez la noblesse, l’énergie, l’éloquence, l’élégance, des portions de sublime ; mais ce je ne sais quoi de facile qui se communique à tous les sentiments, à toutes les pensées, et qui gagne jusqu’aux lecteurs, ce facile mêlé de persuasif, vous ne le trouverez guère que chez Fénelon et La Fontaine.
Suard l’a pris pour l’objet du plus long et du plus animé de ses écrits.
Étienne Pasquier a été, dans ces dernières années, l’objet d’études nouvelles et approfondies.
Cette calomnie a été imprimée et accueillie de tout Paris avec l’intérêt que l’on prend au pauvre diable qui en est l’objet.
Elle sentit que le jeu lui venait : elle ne parut point s’en saisir avec trop d’empressement ; elle se fit même prier pour ce qui était l’objet de son secret désir7.
Je n’ai pas eu moins d’attachement pour les mêmes choses, pour la Cour et pour tous les objets qui m’ont enivré depuis mon enfance, et dont rien ne m’a pu guérir, voyant et connaissant cependant mon extravagance ; chose étrange et qui m’humilie terriblement !
Chaque histoire est l’objet d’une moralité, d’un précepte bien ou mal déduit ; chacune est racontée à l’appui d’une certaine maxime, de quelque thèse en question sur la prééminence de l’un ou de l’autre sexe, sur la nature et l’essence de l’amour, et comme exemple ou preuve (souvent très contestable) de ce qu’on avance.
On causa, on parla de la philosophie de la forme des objets, et on parla de Dieu, auquel ils ne croient pas, ne croyant guère qu’aux esprits, à des manifestations des âmes des trépassés.
Après Metzu, vient Galilée qui perfectionne la trouvaille de Metzu, puis Kepler qui améliore le perfectionnement de Galilée, puis Descartes qui, tout en se fourvoyant un peu à prendre un verre concave pour oculaire au lieu d’un verre convexe, féconde l’amélioration de Kepler, puis le capucin Reita qui rectifie le renversement des objets, puis Huyghens qui fait ce grand pas de placer les deux verres convexes au foyer de l’objectif, et, en moins de cinquante ans, de 1610 à 1659, pendant le court intervalle qui sépare le Nuncius Sidereus de Galilée de l’Oculus Eliæ et Enoch du père Reita, voilà l’inventeur, Metzu, effacé.
Non, non, avec tout le respect que je dois au génie de vos lettres, je vous déclare que vous n’aimiez pas vos bois, que vous n’aviez qu’une tendresse bien vague pour un objet si vaguement décrit, et que vous ne goûtiez parmi eux que la liberté de vos pensées de femme et de vos regrets de Parisienne.
C’est une loi de notre intelligence que deux objets différents lui paraissent différer moins s’il les compare ensemble à un troisième, qui diffère beaucoup et de l’un et de l’autre.
Weimar, où sont recueillis ses souvenirs, est devenu la Mecque d’une religion dont il est le dieu : on y conserve sa tabatière et ses collections, les cailloux qu’il ramassait dans ses promenades, les objets d’art qu’il rapportait d’Italie, les présents qu’il recevait de ses admirateurs. […] Cette méthode l’a conduit à « une merveilleuse parenté avec chaque objet de la nature », à « un accent intérieur, une parfaite harmonie avec l’ensemble ». […] Kuno Fischer, le « sujet » s’est pris pour l’« objet ». […] Tandis qu’auparavant mes vœux ignorants s’égaraient entre mille objets, pour la première fois je rentrai en moi-même avec confusion, et j’appris à connaître le bien désirable. […] Si je suis pour vous le représentant de bien des objets divers, vous m’avez, de votre côté, ramené à moi-même, en me détournant de l’observation trop exacte des choses extérieures.
Il est peut-être fatal qu’il existe ainsi des songeurs modulant leur vagues tristesses et les élans de leur piété sans objet sur la harpe, au fond d’une cave, tandis que les Forts agissent combattent et se dépensent au grand air. […] Et, tout en essuyant la sueur de mon front, je cherche avidement quelque objet moins sévère où reposer mes regards, quelque jeu de reflets qui me fasse oublier cet azur implacable… Voici une touffe de genêts en fleurs : mais son or frêle accuse davantage encore le gris morne des rocs. […] Un objet de risée ou de honte et de douleur. Et c’est là, aussi, ce que l’homme doit être pour le Surhomme : un objet de risée, de honte et de douleur. […] Le meurtre étant en honneur, les instruments de meurtre tels que sabres, baïonnettes, obus étant l’objet de perfectionnements constants, il est naturel que des révoltés, décidés à faire le sacrifice de leur vie, usent des engins mis à leur portée par notre soi-disant civilisation.
Tel sera pourtant l’objet de ce petit livre, et tous les historiens à venir de Musset seront contraints d’en faire autant, quoi qu’il puisse leur en coûter. […] Maxime Du Camp, plus jeune que Musset d’une douzaine d’années, a écrit dans ses Souvenirs littéraires : « La génération artiste et littéraire qui m’a précédé, celle à laquelle j’ai appartenu, ont eu une jeunesse d’une tristesse lamentable, tristesse sans cause comme sans objet, tristesse abstraite, inhérente à l’être ou à l’époque. » Les jeunes gens étaient hantés par l’idée du suicide. […] Un vieux tableau, une tragédie que je savais par cœur, une romance cent fois rebattue, un entretien avec un ami me surprenaient ; je n’y retrouvais plus le sens accoutumé. » Les objets familiers qui l’entouraient le choquaient. […] L’épithète de Musset peint à la fois l’apparence extérieure de l’objet et sa signification poétique. […] Il se ravale à être le directeur de ses honteux plaisirs, le complice de ses forfaits, un objet de honte et d’opprobre auquel sa mère ne peut penser sans larmes et que le peuple appelle par mépris Lorenzaccio.
Et pour conclure hâtivement sur un sujet qui requerrait bien des pages, ce sujet de Mistral, il me semble un peu négligé dans une enquête dont il est le prétexte et l’objet, — que de pittoresques et poétiques expressions ait cours de l’œuvre ! […] Le rythme seul, par son harmonie et sa musique intérieures, peut donner au vers cette allure réglée et cadencée, que la rime m’a pas d’autre objet que d’accentuer encore. […] Mais voilà bien des pages, mon cher confrère, et je n’ai répondu encore qu’à l’une de vos questions, la plus limitée dans son objet.
Rien de plus friand pour un lecteur délicat que cet esprit léger, ailé, impalpable, toujours prêt à s’envoler vers les sphères idéales, mais sans cesser d’éclairer et de colorer les réalités, comme le rayon de soleil qui, tout en jouant dans l’azur ou dans les nuages, donne aux objets extérieurs le contour, la couleur et la lumière. […] Qu’on lise ses leçons sur le Beau dans l’esprit de l’homme ; le Beau dans les objets ; l’Art ; les différents Arts, et surtout l’Art français au dix-septième siècle 10 : il y a là tout un corps de doctrines qui échappe, Dieu merci ! […] Je viens de nommer l’objet des prédilections constantes de M. […] Défiez-vous de ces ferveurs maladroites, plus dangereuses pour les objets de votre culte que ce mélange de conseils et d’hommages dont j’ai donné de gracieux exemples ! […] Albert de Broglie l’objet d’un travail supérieur, selon nous, l’ouvrage même et où « les sources de l’hérédité de biens dans la race humaine » sont prises de plus haut et à une plus grande profondeur.
Naturellement aussi il y mène ses hôtes et les y défraye, eux et leurs gens : à Choisy, en 1780, outre les distributions, il y a 16 tables et 345 couverts ; à Saint-Cloud, en 1785, il y a 26 tables ; « un voyage à Marly de 21 jours est un objet de 120 000 livres de dépense extraordinaire » le voyage à Fontainebleau a coûté jusqu’à 400 000 et 500 000 livres. […] Sous Louis XVI, il y avait deux porte-chaises du roi, qui tous les matins, en habit de velours, l’épée au côté, venaient vérifier et vider, s’il y avait lieu, l’objet de leurs fonctions ; cette charge valait à chacun d’eux 20 000 livres par an.
Quelle distance il y a entre cette conception et l’objet, combien elle le représente imparfaitement et mesquinement, à quel degré elle le mutile, combien l’idée successive, désarticulée en petits morceaux régulièrement rangés et inertes, ressemble peu à la chose simultanée, organisée, vivante, incessamment en action et transformée, c’est ce que nulle parole ne peut dire. Figurez-vous, au lieu de cette pauvre idée sèche, étayée par cette misérable logique d’arpenteur, une image complète, c’est-à-dire une représentation intérieure, si abondante et si pleine qu’elle épuise toutes les propriétés et toutes les attaches de l’objet, tous ses dedans et tous ses dehors ; qu’elle les épuise en un instant ; qu’elle figure l’animal entier, sa couleur, le jeu de la lumière sur son poil, sa forme, le tressaillement de ses membres tendus, l’éclair de ses yeux, et en même temps sa passion présente, son agitation, son élan, puis par-dessous tout cela ses instincts, leur structure, leurs causes, leur passé, en telle sorte que les cent mille caractères qui composent son état et sa nature trouvent leurs correspondants dans l’imagination qui les concentre et les réfléchit : voilà la conception de l’artiste, du poëte, de Shakspeare, si supérieure à celle du logicien, du simple savant ou de l’homme du monde, seule capable de pénétrer jusqu’au fond des êtres, de démêler l’homme intérieur sous l’homme extérieur, de sentir par sympathie et d’imiter sans effort le va-et-vient désordonné des imaginations et des impressions humaines, de reproduire la vie avec ses ondoiements infinis, avec ses contradictions apparentes, avec sa logique cachée, bref de créer comme la nature.
Je commençai par le bassin d’argent que j’avais promis en France au cardinal, et que je retrouvai ébauché ; car l’aiguière m’avait été volée, avec quantité d’autres objets précieux. […] Son objet principal était de revoir le Titien et le fameux Sanzovino, sculpteur florentin au service de Venise ; il fut reçu d’eux en compatriote et en ami.
Quel spectacle émouvant et propre à réveiller dans l’imagination l’idée de cette éternelle fraternité de l’amour et de la mort, objet de tant de plaintes poétiques ! […] Si, maintenant, pour finir, nous ajoutons qu’il existe de certaines agences ayant le monopole des fonds de romans, qu’il est des cabinets d’affaires spéciaux où l’on recherche les manuscrits au dernier rabais, afin de les écouler ensuite sous forme de reproduction dans cent ou deux cents journaux de province, que les dites agences ont leur installation bien connue des miséreux de la profession ; qu’elles ne cachent point leur enseigne, mais, au contraire, la relèvent et la décorent d’étiquettes alléchantes, telles que celle-ci : À la Providence des romanciers ; qu’elles sont comme le Mont-de-Piété de la basse pègre écrivante, avec cette réserve que les objets engagés y changent aussitôt de nom et ne reviennent jamais à leurs propriétaires ; et nous aurons à peu près tout dit sur les secrets d’un trafic plus heureux qu’honorable.
Mais déjà, j’ose le dire, l’objet de Swift était rempli ; il avait exercé sur mon imagination enfantine l’influence qu’il voulait produire sur celle des hommes ; le miel dont il avait entouré sa coupe me l’avait fait vider tout entière. […] Nous n’en voyons plus que les misères, et par une contemplation assidue de l’indignité de l’objet de nos poursuites, nous aspirons à nous en détacher.
Mais l’amante de Mathô et sa tragique aventure ne sont pas les seuls objets de l’aversion des deux associés qui régentent notre Académie nationale de musique. […] Et nous retrouvons encore, ici, avec la différence des moyens proposés, l’identité des objets voulus.
La couronne de fer des rois Lombards est encore au trésor de l’empereur d’Autriche, et cette même Autriche en est réduite à faire tambouriner, avec les objets perdus, la couronne des rois de Hongrie… elle était d’or et de diamants ! […] Enfin, dans cette vie active, occupée, en plein bruit poétique, elle n’avait qu’une seule crainte, c’était d’être prise, à la fin de ses jours, par une de ces longues agonies qui font de votre cœur un lambeau, et de la femme la plus charmante un lugubre objet de pitié et de dégoût.
Le temps dépouille les objets des passions dont on les offusque ; et, quand ils sont bons en soi, on parvient à n’y plus voir que le bon.
Voilà, ajoute L’Estoile dans un langage plein de satiété et de pléonasme, et qui semble regorger de son objet, voilà les augustes et magnifiques titres de grandeur du grand duc de notre siècle.
L’esprit naturel avait ses saillies, ses échappées d’enjouement, ses subtilités et ses hardiesses toujours renaissantes : mais tout cela ne jouait encore que dans le cercle tracé, et venait s’arrêter à temps devant tout objet vénéré et redoutable.
Accoutumée d’ailleurs à révérer l’Antiquité sous toutes ses formes, à reconnaître aux grands hommes, aux grands écrivains du paganisme des qualités et des vertus qui étaient un acheminement vers la morale chrétienne, elle trouvait mieux à concilier les objets de son admiration et de son culte dans la pleine et large doctrine de l’ordre catholique, dans cette voie latine qui ramène encore au Capitole, que dans ces autres voies plus strictes et particulières où la Réforme prise au sens de Calvin l’eût tenue confinée113.
Il se croyait voué à une réprobation irrévocable, de même que Rousseau se voyait l’objet d’une conspiration universelle.
Après s’être vus à Paris et s’être fait toutes sortes de bonnes grâces, Balzac fut le premier à attaquer de lettres Voiture : Monsieur, bien que la moitié de la France nous sépare l’un de l’autre, vous êtes aussi présent à mon esprit que les objets qui touchent mes yeux, et vous avez part à toutes mes pensées et à tous mes songes.
Le Dieu ne paraît pas se douter qu’après la mort de Bossuet, et sauf le compte rendu de ses écrits posthumes, son journal n’a plus d’objet.
Le grand secret de ne pas s’ennuyer ni s’affliger en vieillissant est d’avoir des goûts à notre portée, et dont en même temps l’objet soit plus long que la vie.
Il a des vues neuves et sensées sur quantité d’objets d’utilité publique ; il écrit des mémoires aux ministres pour les faire approuver, et il en vient résolument à l’application : C’est moi, dit-il (avril 1720), qui ai le premier proposé, imaginé et exécuté la fourniture aux troupes, de grain, pour ensuite être, par les soldats, donné à la mouture et fait du pain (Passez-lui cette première phrase, il en aura bien d’autres).
Le siège de Mayence a été dans le temps l’objet de bien des discussions et des controverses : il ne faut rien exagérer dans les éloges qu’on décerne aux braves défenseurs.
Sa tête était toujours tendue à des objets sérieux, et ce pays ne fournit aucune distraction.
Tout d’abord Montaigne procéda avec ceux qui venaient de l’élire comme il avait fait avec les princes qui, durant ses séjours à Paris, l’avaient pris pour médiateur et négociateur : il ne se donna pas pour meilleur et plus grand qu’il n’était ; il les prévint de ses défauts et de ses manquements ; il fit toutes ses réserves pour qu’ils n’eussent ensuite aucun mécompte et ne se crussent pas en droit de se plaindre de l’objet de leur choix.
Alors, me supposant l’amie d’un homme à pendre, je suis devenue l’objet de la considération et de l’intérêt général, ce qui m’a valu des confidences de tous les genres et très nouvelles pour moi, je vous jure ; j’en ai bien fait rire notre ami.
Naturellement, dans une Correspondance avec sa mère, Marie-Antoinette s’épanche et revient perpétuellement sur cet objet qui fait, à toutes deux, leur constante et vive sollicitude.
Et pourtant, ce serait l’objet de tous mes vœux.
Elle y fut amenée par Planche qui lui servait de cavalier, et qui était alors dans une de ses courtes et rares périodes d’élégance ; elle connaissait très-peu d’entre nous, trois ou quatre au plus ; elle fut l’objet d’une vive curiosité qu’elle soutint simplement et avec bon goût, observant, parlant peu ; elle se retira de bonne heure.
Si j’ai dit que l’œuvre manquait d’unité, je me rétracte ; l’insaisissable unité se rassemble ici comme dans un éclair, et tombe magiquement sur ce visage : voilà l’objet d’idolâtrie.
Il expose comment toutes les lois de l’Angleterre ont pour objet la protection de la liberté politique des sujets, et comment cette liberté est assurée par le mécanisme de trois pouvoirs qui se complètent, se contiennent, s’équilibrent et marchent ensemble, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif.
La Philosophie étudie les conditions de l’être ; elle scrute sans répit le rapport du sujet à l’objet et tâche à trouver la raison de ce rapport, le générateur et la commune mesure de ses deux termes.
Jean Jullien : « Le but est d’intéresser le spectateur et surtout de l’émouvoir. » Barberou l’écrivait à Bouvard : « Le théâtre est un objet de consommation comme un autre, cela entre dans l’article Paris.
La vie ne se vérifie pas ; elle se fait sentir, aimer, admirer. » L’éminent philosophe me paraît s’être laissé entraîner ici à quelque exagération de pensée ou de langage, et la présente étude a eu précisément pour objet de montrer que le sentiment peut être efficacement aidé, guidé, contrôlé.
Cette imitation est aussi variée dans ses procédés que celle qui a pour objet les autres nations.
Il y a un certain degré de talent dans le peintre, qui peut sans doute donner à celui-ci la tentation de créer ou d’achever quelquefois son objet.
Le scandale public causé par le refus de sépulture dont elle fut l’objet, l’explication tragique et l’affreux soupçon qui ont couru au sujet de sa mort, ont répandu sur sa fin un intérêt mystérieux et ont fait d’elle une victime qu’on se sent d’abord disposé à aimer et à venger.
Avec une intelligence qui se formait et s’étendait chaque jour, avec une aptitude d’esprit qui pouvait s’appliquer à bien des objets, mais sans aucun de ces talents et de ces dons impétueux qui se déclarent d’eux-mêmes, il cherchait son propre emploi ; et tâtonnait un peu sur sa direction.
Mais, ici, l’Hippocrate ne sait pas garder son sang-froid ; il laisse échapper la joie qu’il y prend et à quel point sa curiosité se délecte ; il s’écrie, en présence de cette multitude de sujets de son observation : La promptitude des yeux à voler partout en sondant les âmes à la faveur de ce premier trouble de surprise et de dérangement subit, la combinaison de tout ce qu’on y remarque, l’étonnement de ne pas trouver ce qu’on avait cru de quelques-uns, faute de cœur ou d’assez d’esprit en eux, et plus en d’autres qu’on n’avait pensé, tout cet amas d’objets vifs et de choses si importantes forme un plaisir à qui le sait prendre, qui, tout peu solide qu’il devient, est un des plus grands dont on puisse jouir dans une cour.
La poésie de Jasmin est tout émaillée de ces vers charmants qui font luire aux yeux les objets, qui font briller sur la vitre le soleil du matin, et étinceler la maisonnette à travers le bouquet de noisetiers : mais ici cet éclat de description se confond avec le pur sentiment.
Et n’oublions jamais ceci : Retz, après tout, n’a point triomphé, il a manqué l’objet de sa poursuite, qui était de chasser Mazarin et de le remplacer auprès de la reine Anne d’Autriche.
Il avait de bonne heure, et par une sorte d’instinct qui l’honore, choisi cet illustre écrivain pour son grand homme de prédilection et pour l’objet de son culte.
L’enthousiasme d’un homme peut aisément être combattu ; l’enthousiasme qui s’empare d’une réunion d’hommes, pour quelque objet que ce soit, brave le ridicule et séduit presque toujours la multitude.
Gourville prend note volontiers de ces marques de familiarité et d’honneur dont il est l’objet ; il n’en est ni enflé ni étonné, mais il en est toujours touché comme par un retour modeste sur sa condition première.
L’objet de mon voyage lointain pourrait bien ne pas trouver grâce devant une piété sévère, et, si j’avais la dévotion et les scrupules de nos vieux pèlerins, peut-être me faudrait-il revenir une seconde fois aux saints lieux et faire un nouveau pèlerinage pour expier ce qu’il y a de mondain et de profane dans celui que j’achève maintenant.
Il était très frappé de ce que peut faire de prodigieux changements dans le monde un seul homme d’une capacité raisonnable, quand il s’applique avec suite et fixité à son objet, et quand il s’en fait une affaire.
Une autre passion dont on sait l’objet, est celle qu’il eut pour Mlle Fel, chanteuse de l’Opéra.
Non, non, non, la vérité, l’honnêteté, l’enseignement aux foules, la liberté humaine, la mâle vertu, la conscience, ne sont point des objets de dédain.
Les documents que je possède sur l’élite morale des israélites ne me font connaître que des consciences qui paraissent vidées de leur tradition religieuse… Là-dessus, un jeune officier israélite, industriel lorrain, qui a été l’objet d’une belle citation à l’ordre de l’armée, m’écrit une lettre intéressante qui commence par ces mots : « Je suis juif, sincèrement croyant et attaché à ma religion… » J’en détache quelques fragments : « Prenons comme exemple, me dit cet officier, un israélite de ce que l’on appelle la bonne bourgeoisie, c’est-à-dire le sous-lieutenant qui vous écrit… J’ai eu une instruction moyenne (études classiques à Carnot, puis commencement de droit).
Cela même portait le jeune poëte de Thèbes à prendre pour unique objet de ses chants ce qui pouvait surtout animer et servir la Grèce entière, le culte de ses Dieux protecteurs et l’émulation fortifiante de ses jeux guerriers.
Pour la première fois elle fut l’objet d’un récit suivi et vivant, où les œuvres viennent s’encadrer, où elles sont analysées, jugées, moins d’après un code de règles préexistantes que d’après l’expérience littéraire des honnêtes gens. […] Les deux protagonistes de cette génération précédente, l’auteur des Martyrs et l’auteur de l’Allemagne, en préparant un esprit nouveau avaient été en effet détournés, par une sage providence, de rien écrire qui pût devenir objet exprès d’imitation littéraire. […] Un Lamartine, un Hugo, un Musset, un Balzac ont été pour les lecteurs et les lectrices l’objet d’amours et de haines, l’objet de préférences exclusives et violentes, qui paraissaient jusqu’alors appartenir plutôt au domaine des relations passionnelles qu’à celui de la littérature.
« La moralité n’est pas l’objet de l’art. […] Créature d’instinct et de passion, elle a pour les chrétiens une haine d’autant plus violente qu’elle ne se rend pas compte de son objet. […] Il est tout entier avec une douleur qui vient d’un amour dont il n’est point l’objet et qui l’offense. […] Elle aurait une jalousie vague et inquiète, sans objet précis, affreuse encore. La découverte d’une rivale ne sert qu’à donner à sa jalousie un caractère plus précis et une saillie plus brusque, en lui donnant un objet.
Le second projette le regard d’un œil à facettes qui décompose indéfiniment un objet par un morcelage fastidieux. […] Il sera surpris de l’attrait dont il est l’objet pour cette partie considérable de monde féminin, et naturellement il réfléchira, il parlera à son journal : « C’est une magnétisation spéciale qu’exerce ma nature sur les femmes fortes et volontaires, que je dompte sans me le proposer, et qui se donnent à moi, comme la lionne à Androclès, par un instinct irrésistible. […] À qui est échu ce rôle de recevoir les aveux et d’être pris pour directeur et confident contre lui-même et contre la passion dont il était l’objet ? […] Il ne l’est plus pour lui, il n’en donne jamais l’idée à autrui ; mais bien celle du contraire de la marionnette, d’une force, d’une action qui n’est rien qu’à défaut d’être tout, et qui maintient dans ce rien le visage singulier de tout. « Si cet homme avait changé l’objet de ses méditations fermées, s’il eût tourné contre le monde la prévoyance régulière de son esprit, rien ne lui eût résisté. » Jamais ce Si ne viendra à l’idée devant Amiel.
. — Aujourd’hui, dans les romans, on ne peint plus guère les personnes isolées des choses ; on note avec soin par quel lien nous pouvons tenir aux objets qui nous sont habituellement voisins ou dont nous faisons usage. […] Certes, l’armée des mercenaires mourant de faim dans le défilé de la Hache, le Moloch d’airain où crépitent dans les braises les corps des petits enfants, la sanglante montée, au travers des rues de Carthage, de Mâtho supplicié par tout un peuple, ce sont là des spectacles atroces ; mais ce sont des atrocités traduites, et d’où le traducteur dégage une beauté de formes, de couleurs, de mouvements ; l’esprit est attentif à l’expression plus qu’à l’objet exprimé ; et comme, en réalité, cet objet demeure absent, l’épouvante et la pitié qu’il nous inspire laisse place en nous à d’autres impressions ; ou même il peut se mêler à cette pitié qui, par un mouvement naturel, s’élargit et s’épanche bientôt sur l’humanité tout entière, un certain contentement de soi et comme une complaisance pour sa propre sensibilité. […] Le ressouvenir en a perdu son aiguillon : on jouit de l’expression plus que de l’objet… et cependant on sent bien que c’est l’objet, présent quand même dans notre pensée, qui donne tant de saveur aux paroles détournées qui le traduisent ; mais on ne se l’avoue pas, il est presque permis de ne pas se l’avouer, et c’est un plaisir plein d’hypocrisie. […] Certains objets, abordés franchement comme matière d’art, deviennent par là inoffensifs. […] Ou bien il faut qu’il prenne la chose gaiement, qu’il raille l’œuvre immorale : mais ses railleries, inévitablement, seront à peu près aussi indécentes que leur objet.
Les femmes d’un roi nègre à la vue des menus objets d’art qu’on leur apportait en présent furent saisies d’une hilarité orageuse. […] Avez-vous jamais vu un adulte civilisé riant à un objet nouveau ? […] Il faut que l’objet inattendu développe en vous un sentiment de supériorité, de plénitude, d’augmentation du moi, comme il faut aussi que ce sentiment de plénitude soit provoqué par un objet ou une circonstance inattendue. […] Les objets de nos vœux le sont de nos plaisirs. […] La pièce est Cornaro tyran pas doux ex elle est de Dupeuty et Duvert. — La composition de la pièce est très souvent, comme on peut croire, l’objet des épigrammes de nos parodistes.
Premier jet : Que me font ces vallons, ces îles, ces chaumières, Froids objets dont pour moi le charme est envolé ! Fleuves, coteaux, forêts, ombres jadis si chères… Version définitive : Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé ! […] comment ne pas s’enflammer Pour l’aimable objet qui m’enchante ! […] La vue peut être appelée le plus pur de nos sens, mais il y a dans les profondeurs de l’âme un sens encore plus pur ; c’est lui qui, par la parole, nous rend les objets sensibles de la façon la plus haute et la plus rapide. […] Enfin, il faut parler aux yeux du public : offrons-lui des cérémonies pompeuses, des objets extraordinaires, des orages, des meurtres, du sang répandu… Hélas !
N’ayant pas voté la mort de Louis XVI, il n’était pas devenu, pour les habitants de sa ville, le Régicide, cet être terrible et maudit, cet objet d’aversion, d’horreur superstitieuse, que l’un des écrivains religieux du premier tiers du xixe siècle, Ballanche, nous a dépeint, parqué comme un lépreux et ployant sous le faix de la malédiction sociale : on ne lit plus guère, on admirait beaucoup jadis, avec un frisson de terreur, ce tableau puissamment mélodramatique intitulé : L’Homme sans nom. […] Se pénétrer de « l’harmonie » qui nous unit aux êtres, aux objets ; se réunir « non pas pour penser, mais pour sentir ensemble », voilà l’autre besoin impérieux, l’autre principe vital de l’âme suédoise. […] Précise dans sa documentation, nette dans ses formules, diverse dans son objet, dans son aspect, dans ses ressources, la critique d’André Beaunier a cet attrait qui lui est propre : elle intéresse le lecteur au même point et par les mêmes procédés qu’une œuvre d’imagination. […] Quelques pièces de cette Bonne Chanson semblent venir d’un peu trop loin ou n’avoir guère pour objet que d’étoffer un trop mince recueil. […] Repris par ses funestes habitudes, devenu pour sa jeune femme un objet de dégoût, peut-être même de terreur, subjugué par la tyrannie de ce cynique et formidable adolescent, Arthur Rimbaud, qui « né pour l’action », comme l’a dit un bon apologiste de Verlaine18, prit sur « un être tout de sensation » l’influence de ce qui est « simple » sur ce qui est « subtil, compliqué et flottant », ne trouvant plus, d’ailleurs, dans son propre foyer qu’intimes ennemis et que sujets d’affliction, préoccupé sans doute aussi — on l’oublie un peu trop — de ne pas rester à portée des conseils de guerre et des magistrats enquêteurs instruisant, à ce moment-là, sans beaucoup de pitié, le procès de tous ceux qui, de près ou de loin, avaient pris part à l’insurrection de la Commune de Paris, le poète à la « tête folle », aux « allures de hanneton » eut, un beau jour, comme un accès de manie impulsive, et il s’enfuit avec ce douteux compagnon, dont le génie, problématique et très peu démontré depuis, l’éblouissait.
Un principe m’a guidé en l’étudiant : sous peine de rapetisser son objet et de voir d’une vue basse, il faut avant tout chercher dans chaque homme distingué, et à plus forte raison dans un personnage historique, la qualité principale, surtout quand elle a rencontré les circonstances et l’heure propice où elle a eu toute son application et tout son jeu.
Je connais vos souffrances ; je sais que souvent, pour vous procurer du pain, vous avez vendu les objets précieux que vous possédiez, ceux même que vous teniez des mains les plus chères.
Pour Villon, ç’a été une manière de distribuer bien des malices et des épigrammes à ses ennemis, de bonnes paroles à ses amis et quelques-uns des objets qui lui avaient appartenu, dont ils avaient la signification et le secret, et qui à eux seuls, si on saisissait bien son intention, raconteraient toute sa vie : mais là encore l’épigramme, la contrevérité et la farce, on l’entrevoit, se glissent à chaque ligne, et ce qu’il lègue repose bien souvent sur les brouillards de la Seine.
Sa longue et belle existence permit à toutes ses qualités, je l’ai dit, de se développer à leur avantage et à leur honneur ; il usa, à force de durer et de vivre, toutes les critiques dont il avait été l’objet, et celles qui étaient injustes, et celles qui n’étaient que transitoires.
Mais une telle faveur déclarée, au moment où l’on était le plus mal avec la Cour des Tuileries et où elle se montrait irritée autant qu’elle en était capable, imposait à celui qui en était l’objet bien des délicatesses.
Ami, vous avez beau, dans votre austérité, N’estimer chaque objet que par l’utilité, Demander tout d’abord à quoi tendent les choses Et les analyser dans leurs fins et leurs causes ; Vous avez beau vouloir vers ce pôle commun, Comme l’aiguille au nord, faire tourner chacun ; Il est dans la nature, il est de belles choses, Des rossignols oisifs, de paresseuses roses, Des poètes rêveurs et des musiciens Qui s’inquiètent peu d’être bons citoyens, Qui vivent au hasard et n’ont d’autre maxime, Sinon que tout est bien, pourvu qu’on ait la rime, Et que les oiseaux bleus, penchant leurs cols pensifs, Écoutent le récit de leurs amours naïfs.
S’il avait vécu quelques années encore, il eût été très probablement amené, par les attaques et les dénonciations dont il se serait vu l’objet, à écrire son apologie, sa défense, et, comme la plupart des hommes de la Révolution qui étaient dans le même cas, à rédiger ses Mémoires.
Le présent livre a pour objet de le mettre en lumière.
Les éclaircissements que donne Malouet ont pour objet de prouver que, dans la conduite de cette affaire, il sut toujours se montrer Français sans perdre l’estime des Anglais, et qu’en s’exposant sur le moment à des calomnies inévitables, il n’a jamais démérité de ses concitoyens.
On n’a devant soi qu’un amateur passionné et un connaisseur, — j’allais dire un dilettante, — épris de son objet.
La Renaissance avait été d’abord exclusivement érudite et bornée à son objet principal d’exhumation et de restauration ; on avait porté dans la découverte et la mise en lumière des anciens manuscrits une passion sans partage.
De nos jours, les poëtes ont beau faire, la réalité les tient de toutes parts et les envahit ; ils sont, bon gré, mal gré, un objet de publicité : on les coudoie, on les lithographie, on les lorgne à loisir, on a leur adresse dans l’almanach, et ce n’est qu’en vers que l’un d’entre eux a pu dire : . . . . . .
La pièce intitulée les Étoiles, qui n’a d’ailleurs rien de commun que l’objet éthéré avec la méditation de Lamartine, est un chef-d’œuvre d’élégie idéale, sauf une faute de grammaire au milieu qu’il serait bien aisé de corriger : notre tendre poëte sait mieux en effet la guitare que la grammaire, et il s’est mépris à la règle des quelque 125 Aisément lié par sa promptitude de cœur, sa dévotion pour la poésie et sa jeunesse d’imagination, avec les générations survenantes, M.
Dans ce que je me permettrai de dire de l’association naissante, je m’enquerrai moins de son objet positif et financier que des conséquences littéraires probables et de certains abus (il s’en glisse partout, et surtout dans les corps) qui pourraient s’entrevoir déjà.
La lettre était cruelle : « Mon ami, nous venons de perdre la meilleure des mères : je t’annonce à regret ce coup funeste… Quand tu cesseras d’être l’objet de nos sollicitudes, nous aurons cessé de vivre.
Les témoignages d’admiration dont il était l’objet servirent la France.
Puis le récit court, léger, malicieux, aimable, jetant sur chaque objet une vive lueur, sans jamais s’arrêter ni insister : la pâmoison de dame Pinte, le rugissement du roi justicier, dont messire Couart le lièvre prend la fièvre, le service funèbre de dame Copée, et les miracles qui se font sur sa tombe, la guérison de messire Couart, Ysengrin faisant mine de se coucher sur la pierre du sépulcre, et se disant guéri d’un prétendu mal d’oreille, pour empirer l’affaire de Renart, meurtrier de la sainte miraculeuse.
Il est vrai « qu’il fut réglé que le jeune gouverneur ne prendrait résolution sur aucun objet important sans l’avis d’un conseil dont son père avait nommé tous les membres ».
Les rapports qu’il saisit et qu’il exprime, à la différence de ceux que perçoit le génie et dont l’homme en général est l’objet, ne sont-ils pas plus propres à un pays particulier, à une certaine forme de société, à des mœurs locales ?
Si l’on essayait de déterminer dans quel ordre s’est opéré l’affranchissement des diverses matières qui peuvent faire l’objet des livres, on verrait que la littérature pure, celle qui borne ses visées à plaire et à divertir, qui par conséquent ne heurte aucun intérêt grave et ne peut guère commettre d’autre méfait que d’ennuyer, a la première, comme il est naturel, obtenu sa place au soleil ; que la science, grande redresseuse de préjugés et par là suspecte, mais protégée contre les défiances du pouvoir par sa sereine impassibilité comme par les formules mystérieuses dont elle est d’abord enveloppée, a eu déjà plus de peine à se dérober au contrôle des gouvernants excités contre elle par l’Eglise ; que les écrits philosophiques et religieux ou antireligieux, malgré de nombreux retours offensifs de la même Eglise, ont su ensuite se libérer de la surveillance officielle ; enfin que l’histoire, les mémoires, et surtout les ouvrages traitant de questions politiques et sociales, exprimant de la sorte des idées pouvant du jour au lendemain se transformer en actes et troubler l’ordre établi, ont été les derniers à conquérir la faculté de paraître sans encombre.
De plus, ils se ressentent pour la plupart de l’engouement dont l’Espagne et l’Italie furent l’objet et ils ont des ressouvenirs de l’ancienne France.
Puis, lorsque le jeune homme s’apitoie naïvement sur cette passion rebutée, et lui dit que celle qui en est l’objet s’attendrirait si elle savait ses souffrances, — « Eh bien, dites-le-lui donc !
À mesure que l’ordre se rétablira, le poste que nous occupons deviendra de plus en plus l’objet d’une noble ambition ; les Chambres, dans un temps plus tranquille, verront les changements d’administration comme quelque chose qui compromet moins l’ordre public ; les hommes s’usent vite d’ailleurs, messieurs, aux luttes que nous soutenons.
» L’abbé de Choisy, jeune, auprès de sa mère, avait bien des fois été l’objet d’un pareil propos, et cette situation lui était restée en idée comme la plus ravissante et la plus désirable.
Tels étaient les propos du monde, qui aime à rabaisser et à dénigrer tout ce qui a brillé, sauf à s’apitoyer plus tard sur l’objet même de sa rigueur : on a ainsi joué de toutes les cordes de l’émotion et de la conversation.
Car, ne l’oublions pas, l’objet constant de Mirabeau, dans ses notes et correspondances avec la Cour, de quelque date qu’elles soient, et quelles qu’en paraissent d’ailleurs les variantes de ton, son but fixe est de concilier la liberté nationale et la monarchie, de chercher à former la coalition entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, sans laquelle un empire tel que la France ne peut durer.
Tout ce chapitre « De la conversation » est très bien observé ; et, après avoir parcouru les différents défauts d’une conversation, Cilénie ou Valérie, ou plutôt l’auteur, dans un résumé qui n’a d’inconvénient que d’être trop exact et trop méthodique, conclut que, pour ne pas être ennuyeuse, pour être à la fois belle et raisonnable, la conversation doit ne point se borner à un seul objet, mais se former un peu du tout : Je conçois, dit-elle, qu’à en parler en général, elle doit être plus souvent de choses ordinaires et galantes que de grandes choses : mais je conçois pourtant qu’il n’est rien qui n’y puisse entrer ; qu’elle doit être libre et diversifiée selon les temps, les lieux et les personnes avec qui l’on est ; et que le secret est de parler toujours noblement des choses basses, assez simplement des choses élevées, et fort galamment des choses galantes, sans empressement et sans affectation.
Ce qui était plus dangereux pour La Harpe que les grossièretés de Blin de Sainmore, c’étaient les bons vers et les bonnes épigrammes dont il se vit plus d’une fois l’objet et dont sa mémoire, jusqu’à un certain point, demeure victime.
Il s’y distingue, mais il y oublie trop celle qui le suit de ses vœux, de ses inquiétudes, et qui, au milieu de tous les torts dont elle est l’objet, reste glorieuse de son nom et fière de sa gloire : Mon inquiétude augmente chaque jour, en même temps que votre inexactitude, lui écrit-elle (25 juillet 1717), et je suis aussi constante à me tourmenter que vous l’êtes à me négliger.
Macdonald et Ney, et le duc de Vicence, qui en étaient porteurs, passèrent le 4 avril au quartier général d’Essonne, et y virent Marmont, à qui ils dirent l’objet de leur message : ils allaient plaider pour le roi de Rome et pour une régence.
C’était une des manœuvres qui lui étaient réputées familières : s’emparer d’une calomnie, d’une méchanceté dont il était l’objet, et la propager pour y mieux répondre, pour en tirer avantage et se faire des amis de tous les badauds indignés.
Aucun mot ne possède un sens unique ni ne correspond exactement à un objet déterminé, exception faite pour les noms propres.