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1344. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

On part d’Horace, le point de départ invariable, l’alpha et l’oméga des gens de goût ; on commence et on finit par lui, et, dans l’intervalle, on a fait une revue et une tournée instructive en compagnie d’un rédacteur spirituel et poli, s’exprimant dans une prose facile, encore qu’un peu traînante : on n’est pas sorti d’un empirisme délicat. […] Il prétend toutefois n’avoir pas le travail facile, et il ne se reconnaît un peu d’aptitude spéciale que pour les langues.

1345. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

) A moins de prendre ces paroles pour un insipide pléonasme qu’il n’est pas facile d’imputer à un écrivain élégant et soigné comme Sulpice Sévère, il faut y voir, conclut M. […] Dans cet exemple parfait et en quelque sorte idéal (et par malheur tous les mots ne se prêtent pas à un tel rangement), on suit l’altération qui a eu lieu sur toute ]a ligne, au gré des prononciations, — j’allais dire des mâchoires — plus ou moins souples, faciles, lentes, paresseuses.

1346. (1929) Dialogues critiques

Si vous croyez que c’est facile ! […] Pierre C’est plus facile.

1347. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Car elle sait qu’il faut plus d’intelligence pour pénétrer jusqu’au beau que pour s’arrêter aux taches qui en obscurcissent la splendeur, et que, la laideur fût-elle dominante, il y a plus d’esprit dans la bonté qui cherche encore et découvre quelque chose à louer, que dans la sévérité facile qui condamne tout313. […] Loin de s’enfermer dans l’impuissante fierté d’un trop facile silence, elle accepte gaiement la nécessité d’une discussion sans terme possible.

1348. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Le moi est un réactif entre cent millions d’autres, l’un des plus périssables, l’un des plus faciles à déranger, l’un des plus inexacts, l’un des plus insuffisants. […] Bref, en des milliers d’expériences faciles à répéter, elle éveille en nous cette série spéciale de sensations visuelles et tactiles que notre main, nos pieds, nos membres en mouvement, éveillent dans nos yeux et dans notre épiderme.

1349. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Le résultat de ce procédé est facile à comprendre. […] Tout m’est révélé clair et facile. » Ici un hymne magnifique, semblable sans doute à celui qui fit explosion des lèvres de la première créature intelligente, quand le monde entra avec son premier regard dans sa prunelle !

1350. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

« Un jour elle vint joyeusement à ma rencontre, et elle me dit : “Hier j’ai causé avec un médecin, et il m’a appris qu’il était très facile de se tuer.” […] Ces trois hommes ont eu des imitateurs trop tentés par les succès faciles du ricanement spirituel ; ils règnent aujourd’hui sur la jeunesse au cœur léger ; ils la mènent en chantant et en titubant, comme des ménétriers ivres dès le matin, aux fêtes d’un carnaval éternel de l’esprit.

1351. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Elle est facile à reconnaître, un enfant en bas âge y conduirait, car les maisons des Phéaciens ne ressemblent nullement à l’habitation d’Alcinoüs le héros. […] C’était le temps où la chirurgie avait inventé un moyen orthopédique et facile de rectifier les membres disloqués ; l’amour décida Dumas à subir, à tous risques, cette torture, afin d’être beau de la tête aux pieds aux yeux de celle qu’il aimait.

1352. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

« À peine étions-nous entrés dans le salon où se trouvait le premier consul, salon que remplissait tout un monde de magistrats, d’officiers, de grands de l’État, de ministres, d’ambassadeurs, d’étrangers les plus illustres, invités à ce dîner, qu’il nous fit un accueil facile à imaginer, ayant déjà vu son frère. […] Il est plus facile d’imaginer que de peindre cette expulsion de treize cardinaux en grande pourpre, expulsion opérée dans un lieu si public, à la face de tous et avec tant d’ignominie.

1353. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Pourvoir aux besoins de cinq personnes n’était pas tâche facile dans ces lieux sauvages : d’autant plus qu’au premier signal de l’étonnante disparition de cette famille extraordinaire, ils se virent traqués de tous côtés, et sans relâche. […] Ils partent ensemble et choisissent dans le bois un tronc d’arbre facile à creuser ; tour à tour le mari et la femme opèrent à coups de bec l’excavation qui doit contenir eux et leurs petits.

1354. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Ils trouvent plus facile de les rabaisser, que de grandir eux-mêmes. […] Les gens, qui se satisfont de cette généralisation inexacte et trop facile, en arrivent à haïr de parti pris le xixe  siècle, simplement parce qu’il est issu de la Révolution française.

1355. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Esprit facile, aimable, moraliste par vocation, il n’eut pas même la pensée de résister à son temps ; il parla peu du dogme à ces oreilles superbes. […] Cette justice nous paraît aujourd’hui facile ; elle ne l’était pas au temps de Vauvenargues.

1356. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Il vaut mieux la prendre veuve que fille, pas trop facile à vivre, intéressée. […] Descartes avait en vue ce type d’esprit, quand il écrivait cette phrase si significative : « Ce sont ceux qui se connaissent le moins qui sont le plus sujets à s’enorgueillir et à s’humilier plus qu’ils ne doivent110. » Se connaître n’est pas chose facile, même à ceux qui se cherchent.

1357. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Rien de plus facile, du reste Mais des splendeurs de Walhall — ne me parle plus !  […] Il serait facile d’enrayer ce mouvement.

1358. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Le seul fait d’avoir agi de telle manière dans telles circonstances crée un précédent qui entraîne notre activité dans la même voie : c’est la ligne de l’action la plus facile, c’est le résultat d’une force positive et d’une vitesse acquise ; les tendances négatives tirées de notre ignorance n’ont qu’une valeur abstraite et hypothétique, non une action réelle. […] La réalité, c’est ce qui est senti et perçu, non pas seulement conçu ; or, dit-on, « plusieurs phénomènes ou, ce qui revient au même, plusieurs mouvements ne peuvent être l’objet d’une seule perception que s’ils sont harmoniques, c’est-à-dire s’il existe entre leurs vitesses et leurs directions des rapports faciles à saisir140 ».

1359. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Ce poète, sans blesser personne, gourmande les cupides bassesses de ces foules du lendemain qui se précipitent sur tout ce qui tombe, et flétrit les faciles victoires de ces fanfarons d’après coup qui outragent tout ce qui est désarmé. […] « Si tu pouvais t’arracher aux spectacles du Cirque », dit-il à son interlocuteur imaginaire, « tu pourrais te construire à Sora ou à Frosinone une maison convenable, à moindre prix que tu ne payes à Rome le loyer d’un réduit ténébreux ; là tu aurais à toi un petit jardin, un puits peu profond, dont l’eau, tirée sans roue et sans corde, désaltérerait d’une facile ondée tes plantes naissantes et tendres.

1360. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

À quoi rêvent les jeunes filles n’est qu’une bouffonnerie en vers faciles, une scène de Don Quichotte rimée, un proverbe à jouer après souper entre deux paravents. […] La fumée d’un réchaud, la pointe d’un stylet, la goutte d’opium délayée dans un verre de vin de Champagne sont des issues plus faciles pour sortir d’embarras avec le sort, qu’un effort généreux pour reconquérir l’innocence et l’honneur, et qu’une vie d’honnête homme pour racheter une jeunesse de débauches.

1361. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Le même écrivain flétrira rigoureusement les cruautés banales de l’existence, puis se complaira avec indulgence et sans arrière-pensée aux joies faciles de chaque jour. […] Il a été un des premiers à ne plus écrire des pages psychologiques, mais il a animé ses personnages d’une mimique — un peu compliquée — et telle qu’il est facile pour le lecteur de déduire, à cause d’elle, le caractère de ces personnages.

1362. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Il l’avait trop, en effet, cet esprit facile, que les femmes mêmes ont ou peuvent avoir, pour débuter par cette sévère abstraction du temps où l’on vit qu’on appelle l’étude de l’histoire ; Audin avait la sensibilité et l’imagination d’un artiste. […] Dans le livre d’Audin, c’est l’envoûteuse de la France, chose trop facile à dire et trop vite dite.

1363. (1903) La renaissance classique pp. -

combien l’erreur est séduisante et facile. […] Mais ne nous abandonnons point à des illusions faciles !

1364. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Indépendamment de la narration qui devient pleine, variée et nourrie, et qui est d’un mouvement facile et continu, Mézeray est un grand peintre de portraits dans les résumés qu’il donne à la fin de chaque règne et où il retrace en abrégé le caractère, les mérites ou les défauts du roi dont on a lu l’histoire Un sentiment non seulement équitable, mais humain et, autant qu’il se peut, loyal et fidèle, domine dans ces jugements et en tempère la rigueur ; s’il y a quelque circonstance atténuante ou touchante pour les monarques même les plus désastreux et les plus funestes, Mézeray ne l’omet pas.

1365. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Un historien du temps a très bien rendu ce caractère conciliant, adroit et facile, qui était une des puissances de Gabrielle, et c’est un correctif nécessaire à l’impression que laisserait, sans cela, le récit un peu aigre de Sully : Le plaisir, dit l’historien Matthieu en parlant de cet amour de Henri IV, n’était pas le principal objet de ses affections, il en tirait du service au démêlement de plusieurs brouilleries dont la Cour n’est que trop féconde.

1366. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

» Il peut se tromper et il se trompe, mais il semble du moins deviner en lui une âme plus facile que ne le serait celle d’un Bossuet ou d’un Bourdaloue.

1367. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

On dit qu’il est toujours également facile, faible, rempli de puérilités, trop attaché à la table, trop renfermé.

1368. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Je me croyais peu nécessaire aux États généraux ; sans facilité pour parler et timide à l’excès, il était facile de trouver dans un autre et le même zèle et la même droiture, et plus de talents.

1369. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Les conversions, données comme si faciles chez Dangeau en 1685, ont leur contrecoup quelques années après, lorsqu’à la reprise de la guerre et quand toute l’Europe liguée est en armes contre Louis XIV, les protestants français y jouent leur rôle et sur les frontières et au-dedans du royaume : Lundi, 28 février 1689, à Versailles. — Hier, M. de Barbezieux vint dire au roi, comme il sortait du sermon, qu’il s’était fait quelques assemblées de mauvais convertis séditieux en Languedoc.

1370. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Toutefois, sa pensée et sa recommandation, pour être appréciées comme il faut, ne doivent point se séparer des temps où il écrivait : qu’on se reporte, en effet, à ce lendemain des guerres civiles et des fanatismes sanglants, à ces horreurs récentes exercées des deux parts au nom de la religion et d’une fausse piété, et l’on concevra tout le sens et l’application de cet endroit ; il redoute la confusion si facile à faire quand un zèle excessif s’en mêle ; il craint à bon escient et par expérience que l’on ne traite comme malhonnêtes gens et criminels tous ceux qui ne pensent point en matière de foi comme nous-mêmes, et il cherche, en émancipant moralement la probité, à bien établir qu’il y a des vertus respectables qui peuvent subsister à côté et indépendamment de la croyance.

1371. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Mais, en insistant sur ces détails, je crains aussitôt d’être injuste ; car il faudrait en même temps que je pusse faire remarquer combien il y a d’excellentes choses, et neuves et fines, et subtiles (au meilleur sens, au sens latin du mot), dans ce modeste ouvrage qui rend l’étude du même sujet plus facile à ceux qui viendront après.

1372. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

. — C’est ce qu’on appelle en Italie un facilone, disait de lui Gérard le peintre, comme qui dirait un facilitateur (qui trouve tout facile, qui ne voit de difficulté à rien).

1373. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

» Car, de même, continue Plutarque, que la poésie d’Antimaque et les peintures de Denys, ces deux enfants de Colophon, avec tout le nerf et la vigueur qu’elles possèdent, donnent l’idée de quelque chose de forcé et de peiné, tandis qu’aux tableaux de Nicomaque et aux vers d’Homère, sans parler des autres mérites de puissance et de grâce, il y a, en outre, je ne sais quel air d’avoir été faits aisément et coulamment : c’est ainsi qu’auprès de la carrière militaire d’Épaminondas et celle d’Agésilas, qui furent pleines de labeur et de luttes ardues, celle de Timoléon, si on la met en regard, ayant, indépendamment du beau, bien du facile, paraît à ceux qui en jugent sainement l’œuvre non pas de la fortune, mais de la vertu heureuse.

1374. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Serait-ce à quelques-unes de ces fautes de grammaire qu’il eût été facile et, je le crois, permis de corriger : je suis marché, pour j’ai marché ; ou à un indicatif au lieu d’un subjonctif, ou à un conditionnel mis de travers ?

1375. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

On sait les circonstances imprévues de la bataille de Rosbach : une marche fausse, prolongée, devant un ennemi bien posté, qui avait eu le temps de se ranger en bataille, amena une défaite facile et prompte, mais dont l’effet moral fut immense. « C’était une bataille en douceur, dit Frédéric en l’annonçant à la margrave (5 novembre).

1376. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Une fois la chose jetée en avant, elle ne laisse guère passer de courrier sans y revenir, sans y ajouter, n’omettant rien pour la rendre et la montrer possible et même facile.

1377. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Il serait facile de trouver des exemples assez nombreux pour justifier mon dire, qui n’est guère que celui d’Horace, un peu amendé et particularisé (« Aetas parentum pejor avis… »).

1378. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Tout ce qui est bon et facile aux yeux de la nature lui paraît, à elle, périlleux ou mauvais, vu des yeux de la grâce ; et réciproquement.

1379. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

s’écriait-elle à ce sujet, quand je les vis, ces princes, en Angleterre, ils écoutaient la vérité ; je leur peignais l’état de la France, ce qu’elle demandait, ce qu’il était si facile de lui donner.

1380. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Cette aversion du vulgaire, du trop simple et du trop facile même dans l’honnête, de ce qui n’a ni nouveauté, ni originalité, ni profondeur, l’a conduit, dans son remarquable travail sur Channing, à tracer sous forme d’éloge le plus spirituel et le plus ironique des portraits.

1381. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

que les inventions du génie sont plus faciles !

1382. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Qu’on se représente où en était, en général, le libéralisme sur la fin de la Restauration ; quelle doctrine peu élevée, peu intelligente du passé, et du passé même le plus récent, méconnaissant et méprisant tout de ses adversaires, purement tournée aux difficultés et au combat du moment, pleine d’illusions sur l’avenir, se figurant que, l’obstacle ministériel ou dynastique renversé, on allait en toute chose obtenir immédiatement le triomphe des idées et des talents, le règne du bien et du beau, une richesse intellectuelle et sociale assurée, une gloire facile, une prospérité universelle.

1383. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Là, l’auteur de ces romances sentimentales, dont l’une a dû à Rousseau une si délicieuse mélodie, put faire connaissance avec l’abbé Métastase et causer musique avec lui ; mais cette agréable rencontre, et celle aussi du bibliothécaire de l’empereur, le philosophe Jameray-Duval, qui lui marquait confiance et amitié, ne lui rendirent pas l’habitude d’une Cour plus facile ; il y resta peu et changea bientôt d’emploi.

1384. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

» C’est ici que Chrémès fait cette heureuse réponse qui a eu son écho à travers les siècles : « Je suis homme, et je considère que rien d’humain ne m’est étranger. » Et il s’attache de son mieux à désarmer la misanthropie du farouche voisin, à lui, rendre en un sens quelconque la réponse facile : « Prenez que c’est ou un avertissement, ou bien une simple question à mon usage ; si vous avez raison, pour que je vous imite ; sinon, pour que je vous ramène » Ménédème, malgré tout, regimbe encore : « C’est mon habitude à moi ; à vous de faire comme vous l’entendez ! 

1385. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Aux esprits que le surnaturel n’étonne pas et ne repousse pas, il paraîtra toujours plus facile et plus simple de croire à ce qui est transmis et enseigné par la tradition, que d’entrer dans l’explication tout historique et nécessairement laborieuse d’un passé si imparfaitement connu.

1386. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

L’Apennin est le Pinde de l’Italie ; mais, en formant l’arête de la Péninsule, il s’épanouit davantage, couvre le pays de sa masse, ménage des vallées et des plateaux qui se relient par de faciles passages et expire en plaines plus étendues sur des côtes moins découpées.

1387. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

» Je ne propose pas ce raisonnement comme modèle aux philosophes et politiques, aux gens du monde, aux littérateurs et artistes ; mais je le trouvais tout naturel et facile dans l’esprit d’un catholique croyant comme  l’était l’abbé de La Mennais.

1388. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Il y a des vertus qui vous attachent à votre famille, à vos amis, aux malheureux ; mais dans tous les rapports qui n’ont point pris encore le caractère d’un devoir, l’urbanité des mœurs prépare les affections, rend la conviction plus facile, et conserve à chaque homme le rang que son mérite doit lui obtenir dans le monde.

1389. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Il a pris la voie dure, périlleuse, incertaine, au lieu de la voie facile.

1390. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Or la visite complète de cet immense univers n’était guère permise et facile qu’à un homme de la fin de ce siècle.

1391. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

L’imitation n’est si commune que parce qu’elle est facile.

1392. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Quelle proie facile que ce milieu de rescapés aux ravages de l’anémie et de la tuberculose !

1393. (1890) L’avenir de la science « V »

C’est pour moi une véritable souffrance de voir des esprits distingués déserter le grand auditoire de l’humanité, pour jouer le rôle facile et flatteur pour l’amour-propre de grands prêtres et de prophètes, dans des cénacles, qui ne sont encore que des clubs.

1394. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Dans la synthèse primitive, les esprits différant à peine, l’harmonie était facile.

1395. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

La comparaison de cette triple étude des émotions dans le règne animal, le progrès de la civilisation et le développement individuel, rendraient plus facile une analyse vraiment scientifique des phénomènes affectifs.

1396. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Il est facile de voir, du premier moment qu’il parle de celui-ci, que ce sera le prince de son choix.

1397. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Sa manière est large, facile, heureuse ; son talent comme son cœur a de l’effusion.

1398. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Il paraît avoir goûté du premier jour ce génie habile, facile et laborieux, ouvert et insinuant, d’une autre nature que le sien, et d’un ordre à quelques égards inférieur, mais qui par cela même ne lui était pas désagréable, et en qui, même à cause des différences, il n’était pas fâché de se désigner un successeur.

1399. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Je les parcourrai rapidement, moins en juge qu’en lecteur empressé, à la fois séduit et résistant, et qui, pour contrôler ces pages faciles, n’a guère eu recours qu’à ses propres souvenirs.

1400. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

On l’entrevoit vaste, exagéré, facile et brillant, hardi et aventureux, plutôt d’expédients que d’ensemble, de ceux qui, par tous les vents, vont à toutes voiles et doivent tôt ou tard échouer par imprudence et témérité.

1401. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Il parlait de suite, avec enchaînement, sans jamais s’interrompre, et comme par le courant naturel et plein d’une improvisation facile.

1402. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Antiquaire, il n’a rien sacrifié de l’exactitude et de la précision de ses notes de voyageur, pour se laisser aller à des descriptions faciles ; romancier, il a scruté et buriné les sentiments du cœur, et les a indifféremment rendus tels qu’il les a observés dans leur crudité ou dans leur délicatesse primitive.

1403. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Au contraire, l’école démocratique et libérale lui était très-favorable ; c’est ce qu’il est facile d’expliquer.

1404. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Du temps de Henri IV le problème était encore bien facile à résoudre : sans parler des principes sur lesquels repose toute société, et qui n’avaient reçu aucune atteinte, il est certain qu’alors les mœurs étaient assez conformes aux opinions, pour qu’en s’associant aux mœurs de la nation française, le trône fût assuré au généreux vainqueur d’Ivry.

1405. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Ils peignent leur Rolande et ses vices avec un sans-souci de peintres indifférents à tout ce qui n’est pas la couleur et la plastique de leur peinture, et avec une impassibilité plus légère, mais aussi positive que celle de Flaubert, le plus fieffé matérialiste de peinture qu’il y ait dans ce temps de matérialisme en toutes choses… Ils disent le long de leur roman que Rolande a le don de fascination, ce qui est bien facile à dire quoique pas une seule fois on ne comprenne qu’elle l’ait dans le roman où elle se meut, mais ce don de fascination qu’ils lui ont fait, évidemment elle l’a pour eux.

1406. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Si nous voulions prouver expérimentalement notre opinion à cet égard, il nous serait facile de montrer ce que sont devenus, dans l’application préraphaélite, quelques-uns des préceptes les plus importants et les plus absolus de Ruskin ; nous nous bornerons à un seul exemple, assez général et assez frappant pour témoigner de la singulière transmutation d’une pensée saine en des œuvres chlorotiques.

1407. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

… Et elle est encore en ceci que mon exemple prouve qu’il est très facile de devenir riche… Quant à votre prétendu socialisme, ça n’est rien, rien du tout ! […] Et je leur dis : « Rien n’est plus simple, mes amis, ni plus facile. […] Commencé gaiement parmi des grâces légères, des ironies, des sensualités délicates, au milieu d’une société libertine et facile, le roman finit brusquement dans un coup de drame. […] Cela d’ailleurs, est facile à démontrer, non par des théories et des discussions dans lesquelles on ne s’entend pas et qui ne démontrent jamais rien, mais par M.  […] Il suffirait de remplacer les scènes érotiques par des scènes d’exaltation religieuse, ce qui est facile, et les gravures trop libres, par de belles images sulpiciennes !

1408. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Cette société est d’autant plus facile à concevoir, qu’elle existe : une bonne partie des couples humains, dans les grandes villes, se passe du mal égal. […] Le pressentiment est le fait télépathique le plus simple, le plus modéré et, en même temps, le plus commun et le seul facile à vérifier. […] Véritable montagnard d’adoption, il sourit de ces trop faciles moyens d’accès. […] Elle le mange, c’est un fait, mais elle le mange parce qu’elle a faim et parce que le mâle, épuisé, lui offre une proie facile. […] Connaissant la composition du corps humain, d’une part, et, de l’autre, la composition des aliments usuels, sachant ce qu’un homme ordinaire perd de substance en un jour, par le seul fait de vivre, il a paru très facile à des physiologistes distingués de déterminer quelle doit être, scientifiquement, la nourriture humaine.

1409. (1927) André Gide pp. 8-126

Que les amateurs de littérature facile lui reprochent d’être tendu, cela se conçoit : mais Gide, l’auteur de ce Traité du Narcisse, presque aussi hermétique que du Mallarmé ! […] Ce n’est pas moi qui proclamerais grand écrivain un simple auteur de faciles romans d’aventures, par discipline de parti ! […] André Gide préfère l’auteur du Monde comme volonté et comme représentation, peut-être tout simplement parce qu’il est plus facile à lire.

1410. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Il est alors, en effet, très facile de la publier malgré les lois, en les « tournant » simplement. […] Peut-être y aurait-il, en effet, certaines difficultés, faciles à vaincre cependant. […] Au contraire, il est très facile de séparer les revenus, qui sont nettement distincts, d’un capital qui reste intact, entier.

1411. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Il prêche la morale facile de l’abbaye de Thélème, et « en sa règle n’est que cette clause : Fais ce que voudras ». […] Moralistes français] sur les citations de Montaigne et l’impossibilité de les détacher du contexte. — Mais il a oublié que l’édition de 1595 contenait plus de « six cents » additions au texte de 1588 ; — et, d’une manière générale, que le caractère des Essais se définit précisément par leur composition successive. — L’idée n’en doit pas remonter au-delà de 1572 [Cf. livre I, chap. xx]. — L’édition de 1580 ; — et pourquoi de bous juges y voient le portrait le plus ressemblant de Montaigne ; — elle contient moins de citations et, par suite, l’apparence en est moins pédantesque ; — les raisonnements, étant interrompus par moins de digressions, y sont plus faciles à suivre ; — et l’allure en a quelque chose de plus vif. — Comparaison du chapitre de l’Institution des enfants dans la première et la seconde éditions. — Comment le texte de Montaigne s’enrichit, et souvent s’encombre de la diversité de ses lectures ; — que Montaigne retranche rarement, qu’il corrige toujours ; — et qu’il ajoute beaucoup. — Comparaison de l’Apologie de Raymond de Sebonde dans les éditions de 1580 et de 1588 ; — Absence entière de plan et de composition. — Les scrupules du styliste. — Dans quelle mesure il convient d’adopter les additions de l’édition de 1595. […] — Mais Pascal l’a sûrement beaucoup pratiqué ; — et à ce propos que les annotateurs de Pascal ont trop oublié Charron. — On sait comme il est facile et difficile à la fois de passer de Montaigne à Pascal ; — mais c’est vraiment Charron qui fait entre eux le pont. — Il n’a pas cru d’ailleurs qu’il pût être mauvais à la religion d’en fonder l’empire sur les bases de la raison ; — c’est ce qu’il a loyalement essayé de faire ; — et ainsi ses contradictions ne viennent que de ce qu’il n’a pas saisi la portée de quelques-unes de ses assertions.

1412. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Le facile métier que de faire du joli, du tendre, du coquet, du précieux, du faux idéal, du convenu à l’usage des filles et des banquiers ! […] Cela ne semble pas facile. […] Cette méthode si simple n’a malheureusement pas toujours été celle de nos devanciers, aussi serait-il facile de dresser à leurs dépens une liste lamentable, si l’on voulait démontrer la pauvreté de leurs doctrines, par l’exemple des conséquences personnelles et pratiques ou elles les ont conduits en assez grand nombre. […] Il est convenu parmi vous qu’il n’y a rien d’aussi facile à faire que du réalisme ; cela ne doit pas vous embarrasser.

1413. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Mesdames, Messieurs, un portrait d’homme, c’est relativement facile. […] Il s’est moqué très vite de la couleur locale, de ce bariolage de couleurs, de ce badigeonnage si facile qui consiste, comme il dit, à peindre Quelque ville aux toits bleus, quoique blanche mosquée Avec l’horizon rouge et le ciel assorti. […] Barberine est jeune, Barberine est jolie, et il est très facile de prévoir que, en l’absence du mari, le château où Barberine file sa quenouille sera l’objet d’entreprises qui ne seront pas des entreprises militaires. […] C’était très facile de se reconnaître, entre classiques d’un côté et romantiques de l’autre.

1414. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Seulement, après m’être diverti à ce jeu facile, j’ajoutais : — Oui, si l’on fait abstraction des personnes pour ne considérer que les actes (ce qui est d’ailleurs un exercice tout artificiel), M.  […] Dès lors, la prise de Paris est facile. […] Ce n’est point une de ces anecdotes faciles à déplacer, qui se peuvent adapter indifféremment à tous les siècles et à tous les pays, et où les personnages n’ont d’historique que le nom et le costume. […] Le courage devient presque facile quand il s’impose comme une nécessité et quand le meilleur parti qui s’offre, même au timide, est d’être brave. […] Et il y a un autre malheur : c’est qu’il n’est pas toujours facile, à première vue, de distinguer celles qui ressemblent à la « rose d’automne », de M. 

1415. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

C’est pourtant facile. […] Il m’était assez facile, hélas ! […] Il est plus facile de donner son cœur à un ami que de lui donner sa main. […] Il leur serait si facile d’étudier l’évolution de la peausserie à travers les âges, ou de dépouiller des cartulaires concernant la corporation des savetiers ! […] Il faut autre chose, une lumière spéciale, plus facile à entrevoir qu’aisée à définir.

1416. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Entendons-nous ; et ne laissons pas triompher les artisans d’une clarté facile. […] Là, il ne craignait rien ; là, il avait la certitude de ne pas se confondre avec la nature environnante, de ne pas mêler son âme à d’autres âmes et de n’être pas dupe des faciles incarnations, des avatars auxquels s’amuse un mol esprit. […] Il n’est pas facile de dénombrer, sans les déranger, sans défaire la combinaison de leur charme et de leur signification, tant de beautés. […] Or, il est facile de le constater, le roman français subit une crise. […]Facile à contenter, alors ?

1417. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Hochet ou sa veuve est encore de ce monde, il serait facile de constater l’authenticité de cette pièce. […] Si je comprends bien, non seulement Vinet ne se prononce pas contre l’authenticité de la lettre de Benjamin, mais il estime qu’il serait facile de constater cette authenticité, ce qui revient à dire qu’il la croit authentique. […] S’il n’est pas toujours facile de discerner ceux qui y sont arrivés, il est bien plus difficile de dire qui n’y est pas arrivé31. […] L’article d’ailleurs était facile à faire. […] À vrai dire, il n’est pas facile de rendre compte du fait, de le résumer, de le nommer ; l’auteur, je crois, ne le tenterait pas ; il y est, peut-être, moins compétent que personne ; il ne faut pas être au centre même d’un orage pour en saisir la forme, pour en voir l’origine, pour en mesurer l’étendue.

1418. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

[NdA] Je crains toujours dans ces portraits de pousser à la caricature, ce qui pour quelques-uns des personnages serait facile, mais ce qui est plein d’inconvénients et ce qui dérange pour le lecteur la vraie proportion des choses.

1419. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

On y apprend d’une manière facile mille choses nouvelles ; les réflexions naissent à chaque pas d’elles-mêmes par une comparaison presque involontaire.

1420. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Ce tempérament plein de feu s’était, par un heureux accord et dès sa pente première, porté tout entier du côté de la règle et des devoirs : son zèle pur les animait en s’en acquittant, et lui en rendait l’exercice facile et léger.

1421. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Mais c’est avec Picard, le facile, le bon et spirituel comique, que M. 

1422. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Il sait l’Antiquité mieux que Saint-Lambert ; quand il traduit Les Géorgiques de Virgile, au milieu de toutes les inexactitudes essentielles et des infidélités qui en altèrent le caractère et le ton, il a un cours général facile et des portions heureuses.

1423. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

puissé-je, s’écrie le poète par une transition facile et tout indiquée, puissé-je vivre exempt (tant que je vivrai innocent de tout excès glouton et funeste) de toutes ces douleurs arthritiques qui torturent l’orteil de l’intempérant !

1424. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Ce qui est singulier, ce n’est pas qu’on ait fait une telle déclaration, qui a dû ressembler à beaucoup d’autres, et qui roule sur un éternel lieu commun de morale facile ; mais c’est que trente ans après on prenne la peine de se la rappeler en propres termes, et de l’enregistrer comme mémorable au milieu des remarques philosophiques ou politiques qu’on tire de ses lectures.

1425. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

L’agriculture, les arts sont poussés à leur plus haut point de perfection ; le luxe, les commodités et toutes les recherches qui contribuent à l’agrément de la vie sont des moyens sûrs et faciles de s’enrichir pour les uns, tandis que les autres en jouissent ; la nation est heureuse, et l’État florissant.

1426. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Comptez toujours sur l’estime, sur l’amitié d’un vieux philosophe qui a la manie, à la vérité, de se croire un très bon cultivateur, mais qui n’a pas celle de croire qu’on ait tous les talents. » Quand Voltaire a raison, il n’y a que lui pour avoir la raison si facile et si légère.

1427. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il avait réellement la philosophie familière et souriante ; il croyait qu’on pouvait rendre la sagesse accessible et facile, la vulgariser à l’usage du grand nombre : « Oh !

1428. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Il est naturel par le fond des choses et dans le courant du récit, sinon dans le détail de l’expression ; il est facile désormais, grâce à son traducteur ; il est agréable, excepté dans le dernier livre ; il est instructif partout sur le chapitre des mœurs et usages.

1429. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Pour me rafraîchir et me raviver les impressions à son sujet, je viens de relire sa Correspondance24 si vive, si amusante, à laquelle il ne manque, pour être tout à fait agréable, qu’une clef, l’indication possible et facile à donner (mais qu’on se hâte !)

1430. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Quelle capacité facile et agréable ; et combien d’affaires, et des plus délicates, dans le grand règne, dont il tient le fil et dont le nœud se dénoue entre ses mains !

1431. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Il n’y a que deux notaires à Argenteuil, et les recherches promettaient d’y être plus faciles que dans les nombreuses études de Paris.

1432. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Pour l’un, c’est la littérature morale et haute, sévère et abstraite, ce qu’il appelle l’esprit pur, qui lui fait illusion ; pour l’autre, c’est la littérature négligente, aimable et facile, la seule joyeuse et vraiment heureuse ; pour un autre, c’est la marotte d’une noble cause dont il se figure être la personnification vivante et le représentant tout chevaleresque.

1433. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

La conversation d’abord ne fut pas facile.

1434. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Que ne restait-il pas à faire aux écrivains pour le détail de la diction, pour la souplesse, pour la grâce, la douceur, et l’application heureuse et facile à tous les sujets !

1435. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Celle de Filleau de Saint-Martin, en 1678, vint permettre enfin à tout le monde de le lire dans une langue facile et agréable.

1436. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Et d’abord il a traduit Homère : il l’a travesti, dit-on ; et là-dessus on l’écrase, on le compare à La Motte ; prenant le texte original en deux ou trois endroits, on se donne l’honneur d’une facile victoire.

1437. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Cela joint à la porte par où il a plu à Sa Majesté de me faire voir que j’en sortirai, me fait souffrir ma détention avec une bien facile patience. » La porte dont il parle était son brevet de maréchal de camp, déjà signé depuis quelques jours, et ce gouvernement d’importance.

1438. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Cependant il est incontestable que les dunes marchent dans la direction des vents alizés. » — « Il est plus facile, ajoute M. 

1439. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

le vôtre, le mien : pétulance, un sang chaud, quelque parole trop vive, beaucoup d’années sans trop penser à Dieu, un cœur malhabile à le saisir, facile à s’en distraire. » Là-dessus une conversation s’engage : le pasteur (ou Mme de Gasparin déguisée en pasteur) s’applique à rassurer Lisette : elle ne croyait qu’en Jéhovah le Dieu terrible : il lui montre le Dieu d’Abraham, le Dieu du pardon, celui qui s’est immolé et qui a souffert.

1440. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Mais une lecture longue, continue, complète, n’est possible à la plupart même des gens instruits que lorsqu’elle est facile, et l’une des causes qui ont le plus retardé chez nous l’introduction des idées essentielles nées à l’étranger, ç’a été la lenteur des traductions ou importations.

1441. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Joseph Bertrand, doué par la nature de la faculté mathématique la plus élevée et la plus profonde, à laquelle l’éducation a donné tout son développement, se trouve être de plus un esprit ingénieux, aimable, facile et de lui-même ouvert au goût des lettres.

1442. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

L’aîné des jeunes Saint-Hilaire était là, dans le groupe ; on a son récit : « Un spectacle aussi tragique, dit-il, me pénétra d’une douleur si vive, que j’éprouve encore aujourd’hui qu’il est plus facile de la ressentir que de la bien exprimer.

1443. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Jasmin a adressé, en 1832, une pièce de vers français à Béranger, son patron naturel en notre littérature ; ces vers faciles et corrects, mais communs, prouveraient, s’il en était besoin, que le français est pour Jasmin une langue acquise, et que la couleur, l’image, la pensée, lui viennent en patois.

1444. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Qu’il eût reçu de la nature un génie prompt, facile et brillant, c’est ce que les contemporains ont reconnu généralement, et ce qu’il serait cruel, après ses malheurs, de venir lui refuser.

1445. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

… Cependant si, après sa première campagne, il revient du tumulte des camps, avide de gloire, et pourtant satisfait, dans votre paisible demeure ; s’il est encore doux et facile pour vos anciens domestiques, soigneux et gai avec vos vieux amis ; si son regard serein, son rire encore enfant, sa tendresse attentive et soumise vous font sentir qu’il se plaît près de vous… oh !

1446. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

C’est qu’au fond tout était lutte, souffrance, obstacle et désir dans cette belle âme, ardente comme les climats des tropiques où avait mûri sa jeunesse, orageuse comme les mers sillonnées par Kersaint ; c’est qu’elle était une de celles qui ont des instincts infinis, des essors violents, impétueux, et qui demandent en toute chose à la terre ce qu’elle ne tient pas ; qui, ingénument immodérées qu’elles sont, se portent, comme a dit quelque part l’abbé Prévost, d’une ardeur étonnante de sentiments vers un objet qui leur est incertain pour elles-mêmes ; qui aspirent au bonheur d’aimer sans bornes et sans mesure ; en qui chaque douleur trouve une proie facile ; une de ces âmes gênées qui se heurtent sans cesse aux barreaux de la cage dans cette prison de chair.

1447. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Elle avait fini par lire couramment la pensée du cachet qui se variait sans cesse avec caprice, facile blason de coquetterie encore plus que d’amour, et qui ne demande qu’à être compris.

1448. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

. — Deux autres distinctions moins faciles ne sont pas moins nécessaires.

1449. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Puissant en influence et en séduction sur ses subordonnés, sur ses proches, sur ses collègues ; homme à qui il était plus facile de décerner l’empire par son crédit que de l’obtenir pour lui-même. » En Judée, Vespasien et son fils Titus commandaient trois légions ; ils étaient pleins de déférence pour Mucien, leur collègue le plus rapproché, et se concertaient entièrement avec lui.

1450. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Au fond, pour lui comme pour Régnier, comme pour D’Aubigné, Ronsard, par une illusion dont l’histoire littéraire offre plus d’un exemple, Ronsard était devenu le représentant de la liberté de l’art, du facile et fécond naturel, contre Malherbe et contre les puristes tyrans du vers et de la langue.

1451. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Quant à remplacer les caractères par les conditions, il est facile de réfuter Diderot.

1452. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

On m’assure que le conférencier de Notre-Dame est le plus brave homme du monde et qu’il est très gai, d’une gaieté facile, joviale, bruyante, presque gamine.

1453. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Dans ce frénétisme de vivats, de bravos, la fillette volte, bondit, dissimule si harmonieusement le travail musculaire de tout son corps que sa danse paraîtrait facile, la distraction d’une libellule, sans les quelques pointes de sueur sur la chair gracile et pleine du décolletage et le sourire en coin des lèvres, aiguisé, volontaire, presque méchant, où se trahit l’effort, la fatigue du ravissant petit animal. » Je vous prie de méditer sur cette page.

1454. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Mais du moins le nouveau livre du poète des Rougon-Macquart m’a donné la joie d’assister au développement prévu de ce génie robuste et triste, de retrouver sa vision particulière, ses habitudes d’esprit et de plume, ses manies et ses procédés, d’autant plus faciles à saisir cette fois que le sujet où ils s’appliquent appelait peut-être une autre manière et se présentait plutôt comme un sujet d’étude psychologique (je risque le mot, quoiqu’il soit de ceux que M. 

1455. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Depuis longtemps il s’adonne à la nouvelle et au feuilleton, articles d’un placement plus facile.

1456. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Sa petite âme, « semblable à l’âme humaine », est « facile à distraire et prompte à l’oubli des maux ».

1457. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

En un mot, même en face de César, et pas trop au-dessous dans l’ordre de la pensée, il y a place toujours pour Cicéron, et pour toutes les formes variées de discours, riches, faciles, naturelles, éloquentes ou ornées, que ce nom de Cicéron représente.

1458. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Cette connaissance du siècle et de ses faiblesses lui ménage de faciles alliances avec l’imagination et le cœur de son jeune public.

1459. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

J’ai dit que Mme Sand applique le procédé de Paul-Louis Courier ; mais, en s’en souvenant, elle moins savante ; par une grâce de génie, elle fait mieux d’emblée, c’est-à-dire avec plus de verve, plus d’entrain facile.

1460. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Enfin il était érudit avec variété, sans pédantisme, facile de plume, un peu prolixe, caustique, ce que n’était pas Dussault, qui, dans deux ou trois circonstances, fit preuve pourtant de sarcasme.

1461. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Elle le jugea du premier coup d’œil, le prit en dégoût, le quitta, essaya par moments de se remettre avec lui, en trouva l’ennui trop grand, et finit par se passer avec franchise toutes les fautes et les inconséquences qui pouvaient nuire à la considération, même en ce monde de mœurs relâchées et faciles.

1462. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

J’aimerais à voir la jeunesse s’apprivoiser et s’adoucir petit à petit à ce style plus simple, à ces manières de dire vives et faciles, qui étaient réputées autrefois les seules françaises.

1463. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Dumas, tout le monde sait sa verve prodigieuse, son entrain facile, son bonheur de mise en scène, son dialogue spirituel et toujours en mouvement, ce récit léger qui court sans cesse et qui sait enlever l’obstacle et l’espace sans jamais faiblir.

1464. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Après avoir parlé de la langue pure, légère, non appuyée, tout à fait courante et facile, que le xviie  siècle finissant avait en partie léguée au xviiie , je voudrais parler aujourd’hui de cette langue du xviiie  siècle, considérée dans l’écrivain qui lui a fait faire le plus grand progrès, qui lui a fait subir du moins la plus grande révolution depuis Pascal : « Une révolution de laquelle, nous autres du xixe  siècle, nous datons.

1465. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Il avertit Ronsard, dès l’année 1555, de ne pas se prêter comme il fait à cette pente facile par où tout périt, de ne pas courtiser et flatter ses disciples, de ne pas laisser dégénérer enfin une œuvre élevée, en un tumulte et une ovation de coterie.

1466. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Obéissant en ceci encore aux dispositions naturelles de son esprit, autant qu’à l’intérêt de la cause qu’il prenait en main, il s’appliqua, à l’aide de rapprochements fins et peut-être forcés, à rapporter ce grand acte, qui fut l’erreur de tout un siècle, à des causes secondaires accidentelles, et à en diminuer le dessein primitif ; c’était une manière d’en rendre plus facile, plus acceptable à tous, la réparation.

1467. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Colbert, de facile et aisé qu’il était, devint difficile et difficultueux.

1468. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Une chose plus importante pour Mme des Ursins que de contenter les grands, c’est d’avoir des troupes, de trouver moyen de les payer : après quoi on peut se moquer du reste : « Plût à Dieu, s’écrie-t-elle, qu’il nous fût aussi facile de prendre le dessus sur les prêtres et sur les moines, qui sont la cause de toutes les révoltes que vous voyez ! 

1469. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

D’Antin, qui saisissait par l’esprit et même par le cœur bien des lueurs de sagesse et de vérité, avait l’âme muable, facile, ouverte et abandonnée à toutes les choses qui passent, et y reprenant sans cesse.

1470. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

À sa fille et à sa famille, dans les grands moments, il parle trop avec la solennité et l’emphase d’un père de mélodrame ; à ses maîtresses (car il en eut toujours), il écrit sur un ton qui fait reculer d’étonnement les moins scrupuleux et qui condamne ce coin de sa correspondance à ne jamais sortir du tiroir ni du cabinet des curieux ; mais avec ses amis, dans le tous-les-jours, il redevient uniment le gai, le bon et facile Beaumarchais : Je viens de revenir, écrit-il à l’un d’eux (6 juin 1797), dans ma maison du boulevard, dont le séquestre n’était pas levé quand je suis rentré dans Paris.

1471. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Les contemporains nous l’ont peint tel qu’il était dans la société et dans l’habitude ordinaire, très vif, extrêmement aimable, plein de saillies originales, plaisant, mais sans causticité, « facilement ému par la résistance et par la contradiction » ; ayant « de petites colères qui faisaient rire ceux qui en étaient témoins, et dont il ne tardait pas aussi à rire lui-même » ; il avouait qu’il lui était plus facile de se contenir sur de grands objets que sur de petits.

1472. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Lui, il est le contraire de ces natures-là ; il est le plus doux, le plus égal, le plus actif à la fois et le plus pacifique des cœurs, le plus adroit à tout convertir en mieux ; il se mêle à ceux des autres pour y verser la consolation et l’amour ; il est amoureux des âmes pour les guérir ; il s’y insinue pour y faire entrer cette « dévotion intérieure et cordiale, laquelle rend toutes les actions agréables, douces et faciles ».

1473. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Chez le végétal, il semble que les impulsions ou tendances organiques existent sans l’accompagnement de la sensibilité, ce qui prouverait ipso facto que les tendances, au moins végétatives, précèdent les sentiments ; mais on peut toujours se demander si un rudiment de sensibilité confuse n’accompagne pas, jusque chez la plante, ou du moins dans ses cellules élémentaires, le cours facile ou difficile de la vie.

1474. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Elle goûtait fort, au début, ces divertissements scéniques où l’auteur, avec des petits airs indépendants, la flattait jusque dans ses ridicules et lui rendait, par ses complaisances, la pratique de la vertu si facile.

1475. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Rien n’étoit plus facile que de trouver les microscopes après l’invention des lunettes d’approche.

1476. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

En même temps, la place privilégiée qui a toujours été faite aux valeurs de luxe devient facile à justifier.

1477. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Ce mépris de la vie est facile à constater dans les contes.

1478. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Sa jeunesse n’attendit pas longtemps une renommée qui vient souvent si tard à ceux qui la méritent le plus, il fut célèbre dans un temps où la gloire était facile et coulait à pleins bords, à la portée de ceux qui en avaient soif et qui n’avaient qu’à se baisser pour prendre dans leur main de cette eau brillante qui passait.

1479. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Au milieu d’aperçus si brillants qu’ils semblent parfois des paradoxes, comme, par exemple, le passage de l’article de Dryden, qui tout à la fois éblouit et navre, sur le peu de nécessité des grands hommes, Macaulay a des étreintes impitoyables de bon sens et parfois des simplicités pleines de force, qui résument et finissent tout d’un trait, comme quand il dit de Lord Byron ces quelques mots faciles à trouver, dirait-on, mais qui ont détendu d’un seul coup tous les arcs du Cant et de la Calomnie bandés contre l’immoralité du grand poète : « Lord Byron n’a pas été plus coupable qu’aucun autre homme qui ne vit pas bien avec sa femme. » Peut-on dire plus simple, plus profond et plus vrai ?

1480. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Déjà, dès cette époque, l’idée de l’émancipation commençait à sourdre dans la tête d’Alexandre, ce jeune Louis XVI russe, à la beauté de Louis XIV, et dont le peuple, plus docile et plus facile à mener que celui de Louis XIV, l’eût sauvé de la ressemblance de destinée avec l’autre émancipateur s’il avait poussé un peu plus loin ses velléités généreuses.

1481. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

« Une palme facile, ô amis, ne se prépare point pour nous.

1482. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Il est aisé de distinguer dans la langue poétique du jour deux courants différents qui ne mêlent guère leurs eaux ; dont l’un est comme un filet mince, pur, profond et discret ; dont l’autre, d’introduction plus récente, roule son flot avec l’allure un peu troublée et tapageuse d’un torrent venu des montagnes : le premier est celui de l’ancienne tradition française, l’autre est moins facile à nommer. […] Le respect est un devoir facile à remplir envers le petit nombre des personnes qui se distinguent de la foule profane en respectant encore quelque chose, et cet écrivain éminent, par une exception de plus en plus rare, a au suprême degré le respect de la langue, la foi, la ferveur littéraire, le culte de ses dieux, la religion de l’art et du style. […] Le génie, c’est l’originalité naturelle, l’invention facile et heureuse. […] Il est facile à qui marche dans une plaine bien unie et peu étendue de poursuivre son but sans s’égarer. […] Dans les écrits spécialement consacrés par lui à la défense ou à l’exposition de la foi, il était facile de découvrir sous le chrétien, à première vue et, pour ainsi dire, à fleur de croyance, l’homme d’État, le leader influent et dominateur des conseils de l’Église réformée, tellement qu’on a osé prétendre qu’au fond la religion n’était pour lui qu’une grande mesure d’ordre public et d’utilité sociale.

1483. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

S’il contient d’ailleurs quelques jolis vers, d’une veine assez facile, quoique toujours un peu prosaïque, la diffusion, la confusion, les répétitions, et les contradictions en rendent la lecture non pas pénible, si l’on veut, mais à, tout le moins ennuyeuse. […] Et, à cette interprétation de ses vrais sentiments, les faits ne donnent-ils pas une apparence de probabilité, quand on considère, si le Cid eût contrarié quelqu’un de ses desseins politiques, comme il lui eût été facile, au lieu de le faire critiquer, d’en interdire la représentation. […] On veut se « distinguer », se tirer de la foule ; on veut dire des choses « qui ne s’attendent point » ; et l’originalité qu’il n’est jamais facile, ni même toujours possible, de mettre dans les choses que l’on dit, parce qu’il faut avoir quelque chose à dire, on la met, on essaye au moins de la mettre dans la manière dont on dit les choses, dans l’usage imprévu que l’on fait des mots, dans le tour de la phrase. […] Relisez ses Satires, ses Êpitres, son Art poétique, relisez ses Préfaces, et en particulier la plus ample, celle qu’il a mise en tête de son édition de 1701. « Il y a bien de la différence entre des vers faciles et des vers facilement faits. […] Rien ne fut donc plus facile à Voltaire, après avoir découvert ou révélé Shakespeare à la France, que de se réserver à lui tout seul le privilège ou le monopole de l’imiter.

1484. (1923) Nouvelles études et autres figures

Sa présence dans le jeune ménage avait amené des complications faciles à prévoir. […] Plaisanteries faciles, dira-t-on. […] oui, très faciles. Mais il était encore plus facile de ne pas s’y exposer. […] Et ce n’est pas facile !

1485. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il n’était pas facile de grouper dans un ordre logique des poèmes conçus et écrits à des époques diverses, et répondant parfois à des ordres d’idées et de sentiments contradictoires, MM.  […] Il serait trop facile, et bien inutile de s’en moquer… D’ailleurs, l’avouerai-je, j’ai lu cette œuvre d’un trait, et — malgré ses naïvetés, ses défaillances — j’y ai goûté un réel plaisir. […] rien n’est plus facile, reprend Maurice, heureux d’exaucer un caprice de celle qu’il aime. […] Mais il jouit d’une réelle notoriété, et ses œuvres aimables, élégantes et faciles, sont devenues populaires. […] En insistant à ce point sur les défauts de Maître Gratien, je n’obéis pas au plaisir facile de taquiner un écrivain, dont je goûte le talent, et dont j’estime infiniment le caractère.

1486. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Jules Lemaître vient de publier un petit conte philosophique, Serenus 77, qui ne fut qu’un jeu pour son esprit facile et charmant, mais qui pourra bien un jour marquer dans l’histoire de la pensée du xixe  siècle, comme Candide ou Zadig marque aujourd’hui dans celle du xviiie . […] Moqueur et bon enfant, avec un fond de conception aimable et l’habitude de laisser faire, il n’a point l’indignation facile et tonnante. […] Je laisse de côté ici le poète ; dans le roman, il a des pages de description minutieuse et pointilleuse qui rappellent Dickens144 ; telles de ses tirades à panache sont d’un Alexandre Dumas supérieur145 ; la sobriété et l’horreur muette de certains dialogues font penser à Mérimée146 ; par le heurté et le vif de quelques analyses, il dépasse Vallès147 ; d’autres fois, — moins souvent — c’est M. de Montépin en personne qu’il nous présente, mais un Montépin correct et presque académisable148 Du rhéteur, il a encore l’ampleur d’accent, l’adroite sophistique qui sait plaider le faux et le vrai, les généralisations faciles surtout. […] « Il serait facile de le démontrer, dit M.  […] À son grand étonnement, quand il se mit à l’œuvre, il trouva en lui des accents pleins, énergiques et mâles, qu’il avait ignorés jusqu’alors, impression facile d’une âme civilisée par la douleur.

1487. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Oui, je suis effrayé de voir une tradition aussi grandiose que celle de la royauté française remise à un souverain aussi borné, aussi étourdi, aussi accessible à la calomnie, aussi facile à surprendre que le peuple représenté par le suffrage universel. […] Mais, dès que les rapports entre les sons successifs ou entre les sons simultanés cessent d’être très simples, très unis, très faciles à saisir, je n’y suis plus, je n’entends plus que du bruit. […] C’était pourtant bien facile à trouver. […] Il y aurait, en France, deux orthographes, comme il y a deux littératures (celle de M. de Heredia, si vous voulez, et celle des romans-feuilletons), deux cuisines (celle des riches et celle des pauvres), deux façons de s’habiller, etc., etc… Il y aurait une orthographe simplifiée, toute nue, facile à apprendre, pour les philistins, les marchands d’épices et les journalistes, et une orthographe ornée, compliquée, héraldique et décorative pour les poètes, les artistes, les lettrés et les érudits ; bref, une orthographe vulgaire et une orthographe noble. […] J’y ai trouvé une gaieté, un entrain, une grâce facile, une gentillesse spirituelle et un peu folle, et j’ajoute une décence (car tout est relatif), oui, en vérité, une décence dont les secouements d’entrailles et les tortillements de croupes de là-bas m’avaient déshabitué.

1488. (1902) Le critique mort jeune

Sachant ce que peut la nature humaine, ils se sont efforcés de plier sur elle les règles de la religion et de ne pas lui rendre la vertu inaccessible : « Ni dupes, ni hypocrites, ils ne consentent pas à prêcher une morale inapplicable ; ils aiment mieux être utiles que d’acquérir par le facile moyen de l’écriture une réputation de stoïcisme et d’intégrité. » M. de Gourmont ajoute avec un égal sérieux, à un autre endroit : « Si c’est Escobar qui défend la liberté de la vie, nous ne rirons plus d’Escobar. » Les jansénistes s’enfermaient dans une inflexible et barbare austérité, décourageant le pécheur par la terrible théorie de la grâce et le jetant dans le dégoût d’agir et même de tenter le bien. […] On jurerait, après lecture de cet essai, que Proudhon a toujours pratiqué une infaillible méthode, possédé le plus facile des systèmes et développé harmonieusement au cours de sa vie une pensée toujours sûre d’elle-même. […] Il n’est peut-être pas inutile de remarquer qu’Anatole France introduisait sa philosophie du plaisir, son hédonisme facile et souriant, en même temps que Maurice Barrès faisait ses analyses de la volupté et rendait, je crois bien, à ce mot pompeux et décoloré, un sens nouveau et plus fort, en y ajoutant quelque chose de grave, d’âpre, de tendu qui l’apparente à la douleur plus réellement que ne font les métaphores classiques. […] Mais pourquoi faut-il que parfois, et visiblement quand il se néglige, M. de Régnier se laisse aller sur la voie facile de la redondance et de l’énumération ? […] Un peu d’accord, et, bien que nos lois n’admettent pas le divorce par consentement mutuel, rien ne serait plus facile que de se séparer quasiment à l’amiable.

1489. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Quarante mille vers, ce n’est point trop pour contenter leur bavardage : esprit facile, abondant, curieux, conteur, tel est le génie de la race ; les Gaulois, leurs pères, arrêtaient les voyageurs sur les routes pour leur faire conter des nouvelles, et se piquaient comme eux « de bien se battre et de facilement parler. » Avec les poëmes de chevalerie, ils ont la chevalerie ; d’abord, il est vrai, parce qu’ils sont robustes, et qu’un homme fort aime à se prouver sa force en assommant ses voisins ; mais aussi par désir de renommée et par point d’honneur. […] Déplorable abondance des idées distinctes et faciles ; on l’a retrouvée au dix-septième siècle, dans le cailletage littéraire qui s’échangeait au-dessous des grands hommes ; c’est le défaut et le talent de la race. […] Elle respire dans cet hymne aimable116 : « Bénie sois-tu, Dame,  — pleine de délices célestes,  — suave fleur du paradis,  — mère de douceur. —  Bénie sois-tu, Dame,  — si brillante et si belle ; — tout mon espoir est en toi — le jour et la nuit117. » Il n’y a qu’un pas, un pas bien petit et bien facile à faire, entre ce culte tendre de la Vierge et les sentiments des cours d’amour ; les rimeurs anglais le font, et quand ils veulent louer les dames terrestres, ils prennent, ici comme tout à l’heure, nos idées et même nos formes de vers.

1490. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Il n’y a qu’un seul moyen de salut : c’est de creuser des fossés : est-ce facile ? […] VIII Panchine, après la résolution de Lise de s’enfermer dans un couvent d’Odessa, cultive madame Lavretzky, facile à consoler et va à Pétersbourg. […] La vie est devant vous, et elle vous sera plus facile : vous n’aurez pas, comme nous, à chercher le chemin, à lutter, à tomber et à vous relever dans les ténèbres ; nous ne songions qu’à nous sauver, et combien d’entre nous n’y ont pas réussi !

1491. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

» « Il était facile de leur faire agréer ce conseil ; elles cherchèrent leurs riches habits. […] « — Il vous est facile maintenant de vous vanter, dit Sîfrit. […] Il est plus facile de payer rançon, étant ici, que chez les Hiunen.

1492. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Le peuple est bien moins capable que les classes élevées ou éclairées de résister à la séduction des plaisirs faciles, qui ne sont sans inconvénients que quand on est blasé sur leur compte. […] Il était facile de voir que la révolution française, faiblement arrêtée un moment par les événements de 1814 et de 1815, allait une seconde fois voir se dresser devant elle son éternelle ennemie, la race germanique ou plutôt slavo-germanique du Nord, en d’autres termes, la Prusse, demeurée pays d’ancien régime, et ainsi préservée du matérialisme industriel, économique, socialiste, révolutionnaire, qui a dompté la virilité de tous les autres peuples. […] Il fut bien plus facile à Turgot d’être ministre en 1774 qu’il ne le serait de nos jours.

1493. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Ce n’est certes pas là une médiocre vertu et si Clément Marot vit encore, si Régnier se fait lire, sans aucun doute ils ne le doivent l’un et l’autre, qu’à leur allure facile. […] On a préféré se mettre en dépense d’un axiome, et il en est résulté que tout écrivain, si petit qu’il fût, a pu se dire avec orgueil : « Je veux être moi-même ; comme Homère, comme l’Arioste, comme Shakespeare, je veux me laisser aller tout naturellement à ce que j’éprouve et exprimer ce que j’ai dans l’âme, ainsi qu’il me semblera bon de le faire. » Mettre en œuvre cette idée, c’était chose très facile ; mais le résultat pouvait tourner contre ses ingénieux inventeurs, car rien au monde n’avait d’avance démontré que leurs idées valussent la peine d’être reproduites, sans examen préalable, et que leur forme fut nativement parfaite. […] La distinction est facile à établir.

1494. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

L’éminent académicien qui, avant M. de Heredia — et plus simplement peut-être — acquit une juste gloire en confectionnant d’adorables et doux petits sonnets, dont les vers faciles chantent dans toutes les mémoires, M.  […] » Je crois que le vers libre triomphera, et qu’il triomphe déjà… Je crois que, pour les curieux de poésie, la sélection entre les vrais poètes et les adaptateurs sera plus facile à faire parce que, quand le vers libre n’est pas manié par une personnalité vive, il devient de la mauvaise prose assonancée. […] Or il sera toujours plus facile de trouver des rimes très riches, que des rimes très simples.

1495. (1910) Rousseau contre Molière

Philinte dans Molière n’est pas un égoïste, je crois l’avoir démontré ; c’est un homme, et voilà une grande différence, qui dit à un autre : « Soyez donc un peu plus égoïste que vous n’êtes. » Mais, parce que Fabre l’a vu, d’une part, à travers l’Optimiste de Collin d’Harleville, délicieux, mais qu’il est si facile de tourner en caricature, et, d’autre part, à travers la magnifique page de Jean-Jacques Rousseau : « C’est un de ces hommes qui… ». […] Cela, très certainement, lui était plus facile avec d’autres pièces du même auteur et puisqu’il y en avait d’autres… Il est possible même que Rousseau n’ait pas pris Don Juan très au sérieux, Don Juan, pièce tirée de l’espagnol, très vite mise sur pieds pour les besoins, alors très pressants, du théâtre et à laquelle Molière n’avait pas attaché sans doute une très grande importance. […] Comme il est indéniable qu’il y a un esprit de malice ou tout au moins une absence de charité à la racine de toute satire et de toute comédie satirique, il n’est pas si facile de démêler, si, peignant des sots victimes de fripons, le poète, si dur pour les sots, n’est pas — mettons inconsciemment — un peu du côté des scélérats, Vous ne me nierez point que sa devise ne soit : Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs. […] Ajoutez le vieil anticléricalisme français, la vieille irréligion nationale et le public se disant pêle-mêle de Tartuffe et d’Orgon : « Tous ces gens-là sont dévots » et les enveloppant dans une moquerie confuse et presque impartiale ; et il devient facile de comprendre pourquoi, si Don Juan a été froidement reçu, Tartuffe l’a été avec un grand applaudissement. […] Contre eux, il y a la satire, qui est une dénonciation avec noms propres imprimés ou faciles à lire entre les lignes ; il y a la religion, le sermon, aptes, sinon à effrayer les criminels, du moins à arrêter ceux qui s’engagent sur la voie du crime ; enfin et surtout, il y a la loi.

1496. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Certes, plus d’une fois souffrant trop d’être ainsi séparé du seul être auquel il s’intéressait dans la vie, il avait résolu de faire venir Étiennette du pays, de lui trouver quelque facile emploi dans une des nombreuses fabriques de la ville. […] Louis Dépret, vient de paraître chez Dentu ; ce petit volume, écrit d’une fine plume, contient une série de nouvelles de lecture facile ; j’y trouve cette petite histoire très touchante et intéressante surtout par la forme humoristique sous laquelle elle est présentée. […] La vie a marché, il étudie, il vient à Paris ; il dit tout ce qu’il a éprouvé d’abord : Je me rappelle y avoir été plus frappé par les grâces faciles de la décadence que par les vrais chef-d’œuvre. […] Notre tort est donc de peu connaître la Russie que nous aimons, et pourtant, rien ne nous est plus facile aujourd’hui que de pénétrer dans les vastes contrées qui la composent, par la lecture de leur histoire. […] Du reste, la modération devient une vertu facile à l’âge où la vie n’est plus « qu’une force qui s’achève, une ardeur qui s’éteint ».

1497. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Il était facile, en un pareil sujet, de prendre une grosse voix de sibylle, de prédire la fin de Sodome et de tonner contre les orgies de Gomorrhe. […] La morale y trouvera son compte, puisqu’il est prouvé que l’amour rend toutes les corvées faciles et tous les « devoirs » légers. […] Partout une grâce facile. […] En divulguant leurs procédés, ces maîtres rendirent le métier trop facile aux artisans. […] Henri de Régnier a descendu élégamment cette pente facile.

1498. (1924) Critiques et romanciers

Peut-être le manuscrit n’est-il pas d’une lecture très facile ; mais, comme ces deux passages se retrouvent dans les Sourires pincés et dans la Lanterne sourde, il était facile de corriger les deux fautes. […] Leurs défauts les signalent plus que leurs qualités honnêtes à l’attention d’un public nombreux ; et, plus faciles à imiter que leurs qualités honnêtes, leurs défauts leur valent des adhérents. […] Il serait facile de signaler le danger qu’il y aurait eu à suivre les commandements de la logique tels que les formulait Paul Adam, et à les suivre au moment qu’il les formulait. […] Facile audace, faute de goût ! […] Il n’a plus à montrer l’audace que je disais, déplorable audace et qui serait à présent trop facile.

1499. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

J’aurais voulu tirer aujourd’hui de ce gros livre un volume plus maniable et d’une lecture plus facile. […] Pour un poète difficile, pour un Baudelaire ou un Mallarmé, Banville incarne ce qui contredit davantage leur faiblesse naturelle, la poésie dont le flot coule sans s’affaiblir dans de la clarté, du sourire et du bonheur, une santé facile et sûre, une nature ovidienne qui ne respire que dans le rythme et ne parle que selon la rime. […] Un art nouveau, vivant, se constitue d’ailleurs généralement contre la description facile qui est, dans un art sur sa fin, le moyen des honnêtes ouvriers. […] Ce n’est là d’ailleurs qu’un pas plus logique vers une limite idéale que ni Mallarmé ni aucun langage ne peuvent atteindre, mais que sa rêverie se plut à imaginer : la phrase supprimée, le minimum grammatical aboli, un rosaire de mots égrené sur la page blanche (Un coup de Dés jamais n’abolira le Hasard) — et plus loin encore la page blanche toute nue, suggestion et réceptivité infinies — (Il était, diront les critiques grincheux, facile de commencer par-là et de s’y tenir.) […] « Narrer, enseigner, décrire, cela va, et encore qu’à chacun suffirait peut-être pour échanger la pensée humaine, de prendre ou de mettre dans la main d’autrui en silence une pièce de monnaie, l’emploi élémentaire du discours dessert l’universel reportage dont, la littérature exceptée, participe tout entre les genres d’écrits contemporains… Au contraire d’une fonction de numéraire facile et représentatif, comme le traite d’abord la foule, le dire, avant tout, rêve et chant, retrouve chez le Poète, par nécessité constitutive d’un art consacré aux fictions, sa virtualité110 ».

1500. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Colvin ne nous a point donné un portrait bien ressemblant de Keats, il nous a certainement raconté sa vie dans un livre agréable et d’une lecture facile. […] Des comparaisons de cette sorte ont évidemment quelque valeur auprès du vulgaire facile à contenter. […] Elle avait en haine le lustrage facile et le poli artificiel. […] La grâce naturelle de leurs attitudes, ainsi que le merveilleux pittoresque de leur teint, fait d’eux des sujets faciles, — peut-être trop faciles, — pour la brosse du peintre. […] Combien il est bon pour nous, en ces temps d’éducation populaire et de facile journalisme, de s’entendre rappeler qu’une vraie culture est essentielle à l’écrivain accompli, qui, « sincèrement épris des mots pour eux-mêmes, observateur minutieux et constant de leur physionomie », évitera ce qui est pure rhétorique, ornement d’ostentation, mauvais choix des mots par négligence, redondance sans portée, qui se fera reconnaître à des omissions pleines de tact, par son habileté dans l’économie des moyens, par son choix, l’art de se restreindre, et peut-être surtout par cette construction artistique, consciente, qui est l’expression de l’esprit dans le style.

1501. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Il ne se contente pas de disserter sur la Batrachomyomachie, il la traduit en vers, en sizains coulants et faciles, comme aussi il fera pour le Moretum de Virgile. […] Il traînait à Naples ses dernières années, séquestré du monde et de toute communication active avec le dehors, gêné par la censure locale dans les éditions définitives qu’il voulait publier de ses écrits, mais jouissant du moins et profitant quelque peu des faciles douceurs de Capodimonte et de Portici, mais entouré des tendres soins de son fidèle Ranieri, et consolé aussi par quelques visites passagères, telles que celles du noble poëte allemand Platen, qui s’en allait mourir en Sicile vers ce même temps.

1502. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

On raconte que, lorsqu’il était à Colombier chez elle, comme ils restaient tard le matin chacun dans sa chambre, ils s’écrivaient de leur lit des lettres qui n’en finissaient pas, et la conversation se faisait de la sorte ; c’était un message perpétuel d’une chambre à l’autre ; cela leur semblait plus facile que de se lever, étant tous deux très-paresseux, très-spirituels et très-écriveurs. […] Tout ce qu’elle dit dans le premier entrain d’aveux à Émilie, ce que celle-ci apprend sur son oncle le grand-vicaire, sur son oncle le marquis, sur sa tante la marquise, fait ouvrir de grands yeux à l’orpheline, et nous exprime le dix-huitième siècle dans sa facile nudité.

1503. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

En France, à Paris, parmi les riches bibliothèques alors renommées, y compris celle du Roi, il n’y en avait aucune qui répondît au vœu de Naudé, c’est-à-dire qui fût ouverte à chacun et de facile entrée, et fondée dans le but de n’en dénier jamais la communication au moindre des hommes qui en pourra avoir besoin. […] Quoi qu’il en soit, l’honneur lui en reste ; il est le premier à qui la France dut cette sorte de publicité et de conquête, l’idée et l’exemple de l’accès facile vers ces nobles sources de l’esprit.

1504. (1813) Réflexions sur le suicide

Cette douleur, l’unique peut-être qui dépasse ce que Dieu nous a donné de force contre la souffrance, a pourtant été considérée par divers moralistes comme plus facile à supporter que celles dans lesquelles l’orgueil offensé se mêle de quelque manière. […] Il est clair que le Créateur a voulu que l’être mortel parvînt à se déprendre de lui-même et qu’il commençât ce grand acte de désintéressement longtemps avant que la dégradation de ses forces le lui rendît plus facile.

1505. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Il n’en était pas besoin : un seul de ses regards rappelant ce qu’il avait dit tant de fois sur le danger de guerres incessantes, le spectacle de ses deux jambes brisées, la mort d’un autre héros d’Italie, Saint-Hilaire, frappé dans la journée, l’horrible hécatombe de quarante à cinquante mille hommes couchés à terre, n’étaient-ce pas là autant de reproches assez cruels, assez faciles à comprendre ? […] Quel autre que lui pouvait avoir cette patience facile, quoique obstinée au travail, de rechercher dans cet océan de documents financiers, administratifs, diplomatiques, surtout militaires, qu’il fallait réunir et compulser pour présenter des états de situation de cet immense empire, depuis le dernier centime perçu sur le dernier contribuable de Hollande, de Prusse, d’Espagne, d’Italie, de France, jusqu’au dernier soldat recruté directement ou auxiliairement par tout le continent, des bords du Tage aux bords de l’Elbe ou aux embouchures de l’Escaut ?

1506. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Avant même que le jeune général d’Italie et d’Égypte eût déclaré son ambition de dictateur civil et militaire à ses confidents, M. de Talleyrand s’était insinué résolument dans sa pensée, et lui avait montré en perspective un coup d’État facile, un abandon certain de la France à toute usurpation de puissance qui lui promettrait la paix, la réconciliation avec l’Europe, la reconstruction d’un ordre civil personnifié dans un héros. […] Votre force s’augmentera dans le présent de toute la foi que le pouvoir héréditaire inspirera au monde dans votre avenir. » M. de Talleyrand, pilote plus exercé aussi aux pronostics de l’opinion publique en France, croyait plus que Bonaparte lui-même à la prostration facile des hommes et des choses ; il savait combien la France politique est complaisante aux événements, et combien le lendemain d’un coup d’État ressemble peu à la veille.

1507. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Suis ton père et ta mère, attentif et docile ; Ils te feront longtemps une route facile : Enfant, tant qu’ils vivront, tu ne manqueras pas, Et leur ardent amour veillera sur tes pas. […] Dans son admirable et charmant Jocelyn, M. de Lamartine, avec sa sublimité facile, a d’un pas envahi tout ce petit domaine de poésie dite intime, privée, domestique, familière, où nous avions essayé d’apporter quelque originalité et quelque nouveauté.

1508. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Il n’a point parlé davantage de plusieurs autres qui leur tiennent de bien près, telles que le gouvernement, l’éducation et les lois spéciales à la classe des laboureurs : or il n’est ni plus facile ni moins important de savoir comment on l’organisera, pour que la communauté des guerriers puisse subsister à côté d’elle. […] « Quant aux autres constitutions, qui sont les diverses formes de démocraties et d’oligarchies admises par nous, il est facile de voir dans quel ordre on doit les classer, celle-ci la première, celle-là la seconde ; et ainsi de suite, selon qu’elles sont meilleures ou moins bonnes, comparativement au type parfait que nous avons donné.

1509. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

On les trouve commodes pour empêcher, pour rejeter, pour renverser ; il est moins facile d’en tirer l’indication positive de ce qu’il faut faire. […] Mais puisqu’ils sont détachés de lui, ils peuvent lui être pris ; les prendre tout faits est plus facile que de les faire.

1510. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

On avait commencé par des succès : la prise de Mahon, la victoire d’Hastenbeck, les premiers avantages du duc de Richelieu dans le Hanovre semblaient promettre un gain de cause facile à la nouveauté de la combinaison diplomatique.

1511. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

C’était un heureux et facile génie que Racan, peut-être mieux doué, à quelques égards, que Malherbe, et en poésie comme en distraction un vrai précurseur de La Fontaine.

1512. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Les Mémoires de Sully existaient, d’un volume considérable, mais d’une lecture lente et pénible : l’abbé de L’Écluse, en 1745, se chargea de les alléger, de les rendre faciles et agréables ; il en dénatura la forme, le langage, et parfois le fond ; il donna à son auteur un certain air plus dégagé, et qui fait contresens.

1513. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Le ciel au-dessus était ouvert, peuplé en chaque point de figures vivantes, de patrons attentifs et manifestes, d’une invocation directe, et faciles à intéresser ; le plus intrépide guerrier marchait dans ce mélange habituel de crainte et de confiance comme un tout petit enfant.

1514. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Au fond, quand il s’abandonne à les goûts et à ses instincts dans les arts, Beyle me paraît ressembler fort au président de Brosses : il aime le tendre, le léger, le gracieux, le facile dans le divin, le Cimarosa, le Rossini, ce par quoi Mozart est à ses yeux le La Fontaine de la musique.

1515. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Le style de Mme Dacier, quoique pur, exact et facile, ne me paraît pas toujours noble, élevé, poétique, tel enfin que le demandait son sujet.

1516. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Et maintenant les nerfs rafraîchis et remontés, et les esprits réjouis, nous foulons le désert, dont les sentiers bien ménagés, se déroulant d’une courbe facile et douce et d’une ligne trompeuse, simulent un grand espace dans d’étroites limites.

1517. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Du reste, ses vers sont dans le genre de ceux de Fontenelle : ils sont doux et spirituels ; sa prose est coulante et facile ; son éloquence n’est point mâle ni dans le grand genre, quoiqu’il ait remporté des prix à l’Académie française, il y a déjà plus de trente ans.

1518. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Le maréchal de Thémines, qui avait l’avantage des forces, tient campagne, ravage le plat pays et s’empare de Saint-Paul, seule action un peu notable que Rohan lui attribue, en la diminuant de son mieux et la présentant comme plus facile qu’elle ne fut peut-être.

1519. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Si peu de gens savent bien lire, et il sera si facile désormais d’en abuser !

1520. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

La seule conclusion que nous tirons, nous, lecteur vulgaire, de ce rare sentiment de satisfaction que nous le voyons éprouver quand il a fini et bien fini, c’est que ce qui lui a manqué, ç’a été la satisfaction plus fréquente de produire, et le plaisir sérieux, mérité, qui accompagne un labeur plus ou moins facile, mais répété, habituel et fécond.

1521. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Passons là-dessus, je veux bien ne pas rappeler nos querelles ; mais soyez bien persuadé qu’il me serait plus facile de justifier ma conduite, qu’à vous de colorer la vôtre.

1522. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Tel à peu près, sous le Directoire et lors de la renaissance des études au sortir de la Révolution, l’abbé Coupé, dans ses Soirées littéraires, a donné quantité de traductions plus ou moins exactes, mais courantes et faciles, des meilleurs morceaux de l’Antiquité.

1523. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Il ne se borna point, dans sa confiance envers le jeune séminariste, à des préceptes de vie facile ; il n’hésita pas, se voyant seul avec lui, à reprendre ses habitudes intérieures : « Deux belles paysannes de dix-huit à vingt ans, l’une brune et l’autre blonde, que je n’avais pas même aperçues jusque-là, vinrent se placer le soir à la table du maître.

1524. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Il avait la plume facile, distinguée, élégante, de cette élégance courante, qui ne se donne pas le temps d’approfondir, mais qui sied et suffit au compte rendu de la plupart des œuvres contemporaines.

1525. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Si la vie humaine n’était destinée qu’à être plaisir et fête, féerie continuelle dans un cercle magique et dans une île enchantée, je ne saurais pas de destinée plus enviable dans l’ancienne société et sur le déclin de l’antique monarchie que celle de ces princes de Conti, nés proche du trône, à distance suffisante pour n’en pas être trop gênés et offusqués, jouissant des prérogatives du sang sans avoir les ennuis de la charge ni même ceux du trop de représentation ; pas d’obligation étroite, nulle responsabilité, popularité facile et à peu de frais.

1526. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Le prince de Ligne, regrettant le passé, la comptait dans son souvenir parmi les rares ornements d’une société comme il ne s’en retrouvera plus : « Une Mme de Boufflers, s’écrie-t-il, un peu paradoxale, mais qui, dans un cadre de simplicité, faisait pardonner son sophisme et sa supériorité d’éloquence ; bonne, protégeante dans la société, facile à vivre !

1527. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

. — Elle est polie et facile de manières, mais Allemande et ordinaire.

1528. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Il était bien facile de décrire en détail cet hôtel d’Orsel de la rue des Carmélites, cette vieille et très belle maison de province ; il y avait de quoi tenter une autre plume que celle de M. 

1529. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Rien n’est cependant plus du sien, et Sa Majesté est persuadée qu’il convient tout à fait à son service, de faire entrer son armée en Piémont la campagne prochaine… Vous devez avoir reçu une lettre de Sa Majesté par laquelle elle vous marque que, voulant absolument que son armée entre en Piémont la campagne prochaine, elle ne vous rendra en aucune façon responsable des événements de la campagne, et c’est ce qu’elle m’a encore ordonné de vous confirmer… Comme je crois que vous voulez bien me compter au nombre de vos amis, j’ai cru ne pouvoir vous donner une plus grande marque que j’en suis que de vous avertir pour vous seul, s’il vous plaît, que Sa Majesté est persuadée que, si votre goût n’était point aheurté à une guerre défensive, il ne se trouverait peut-être pas tant de difficultés à en faire une offensive cette année : ainsi, quoique je ne sois pas capable de vous donner des conseils, cependant je crois devoir vous donner celui de renouveler de soins et d’attentions pour essayer de rendre facile, par l’avancement de la voiture (du voiturage) des farines, une chose que le roi désire aussi ardemment. » Catinat répondait en remerciant Barbezieux de cet avis amical, et il protestait que la défensive n’était point chez lui un parti pris et que son goût n’était point aheurté à ce genre de guerre ; qu’elle lui tenait, au contraire, l’esprit dans une continuelle inquiétude dont il aimerait mieux se décharger en agissant ; il ajoutait : « Le roi me demande des mémoires sur les dispositions de l’offensive : je ne puis que me donner l’honneur de les lui envoyer aussi détaillés qu’il m’est possible avec les difficultés qui se rencontrent dans leur exécution, afin qu’il lui plaise de donner ses ordres pour les surmonter. » Louis XIV se rendait en dernier ressort aux raisons et démonstrations de Catinat ; mais il se formait de lui peu à peu une idée qui n’était plus aussi avantageuse qu’auparavant, ni aussi brillante.

1530. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Coulmann me plaît, dans ses Mémoires, par ce côté même d’absence de toute originalité : il est l’expression honnête et facile du milieu où il vit, et il nous en marque la température assez exacte, sans y mêler la résistance ou le surcroît d’un caractère trop individuel.

1531. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Sand ; mais je crains bien que, facile et bon comme il est, il ne tombe de Charybde en Scylla.

1532. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle ne manquait pas d’esprit, ne médisait jamais, ne cherchait point à nuire à ses camarades ; enfin elle avait un cœur excellent et facile ; — jalouse pourtant… Voilà, bien cher monsieur Sainte-Beuve, tout ce que mon père peut retrouver dans ses souvenirs.

1533. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Consulté par l’Empereur sur le point où l’on pouvait franchir la Bérésina, il donna un bon avis, dissuada d’une manœuvre militaire, d’une concentration de forces dont Napoléon eut l’idée un moment, et qui eût été facile en Souabe ou en Lombardie, mais qui n’était plus de saison dans les circonstances présentes.

1534. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

En causant avec lui (quand vous en aurez l’occasion), il vous sera facile de savoir ce qu’il pense à mon égard et quelles sont ses vraies idées.

1535. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Dans ses plus mauvais chemins, la vérité rayonnante, l’image inespérée, l’éclat facile et prompt, jaillissaient de la poussière de ses pas.

1536. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

L’honorable biographe s’est tellement appliqué et a si bien réussi à retrouver tous les canevas et projets qui ont pu passer dans l’esprit ou s’ébaucher sous la plume de l’auteur sommeillant et indécis, que nous nous perdons avec lui dans cette multitude d’essais oiseux, de dédicaces sans but et de faciles avortements.

1537. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Dans la première, une femme de qualité établie à Lausanne, la mère de la jolie Cécile dont nous avons cité le portrait, écrit à une amie qui habite la France les détails de sa vie ordinaire, le petit monde qu’elle voit, les prétendants de sa fille et les préférences de cette chère enfant qu’elle adore ; le tout dans un détail infini et avec un pinceau facile qui met en lumière chaque visage de cet intérieur.

1538. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Et puis, lui rendre service n’était pas chose si facile.

1539. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il affectait de ne voir en Malherbe qu’un regratteur de mots et syllabes ; il lui reprochait de faire de la poésie une coquette fardée : il s’imaginait que Ronsard et Desportes, c’était le beau naturel, facile et nu !

1540. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Les obligations que votre choix m’impose aujourd’hui me seront, je ne dis point faciles, mais assurément très douces à remplir.

1541. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Il n’est pas facile en effet d’analyser la pensée de deux hommes qui n’ont pas encore achevé leur œuvre.

1542. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Quand Euripide conçoit l’idée d’Iphigénie, ou Vinci celle de La Joconde, l’œuvre d’art est née, et pour quelle devienne publique, il suffit du métier qui est facile.

1543. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Les sciences diverses d’ailleurs, ont des problèmes communs ou analogues quant à la forme, lesquels sont souvent beaucoup plus faciles à résoudre dans une science que dans une autre.

1544. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Ce que Pascal a dit de l’esprit de finesse et de l’esprit géométrique reste la loi suprême de ces discussions, où le malentendu est si facile.

1545. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Mais, dans les temps modernes, l’indépendance de deux mouvements parallèles n’est pas aussi facile à reconnaître.

1546. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

La genèse d’un atome n’est pas plus facile à concevoir que la genèse d’une planète.

1547. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

On meurt ou l’on souffre à présent de cette plaie d’argent jadis si facile à guérir.

1548. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Le monde, si facile à médire des situations fausses, n’a jamais douté que M. de Simerose n’ait eu tous les torts.

1549. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Je veux vous parler comme ferait un homme de plaisir à un autre, s’il a du goût et de l’esprit. » Et il s’exprime en conséquence, stimulant le plus qu’il peut le jeune homme vers les arrangements honnêtes et les plaisirs délicats, pour le détourner des habitudes faciles et grossières.

1550. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Il y a deux manières de prendre les choses et les personnages du monde et de l’histoire : ou bien de les accepter par leurs surfaces, dans leur arrangement spécieux et convenu, dans leur maintien plus ou moins noble et grave ; et cette première vue est facile, presque naturelle, quand il s’agit d’époques comme celle de Louis XIV, auxquelles le décorum a présidé.

1551. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Mais là où Diderot est surtout excellent à entendre, même pour des peintres, c’est quand il insiste sur la force de l’unité dans une composition, sur l’harmonie et l’effet d’un ensemble, sur la conspiration générale des mouvements ; il comprend d’instinct cette vaste et large unité, il y revient sans cesse ; il veut la concordance des tons et des expressions, la liaison facile des accessoires à l’ensemble, la convenance naturelle.

1552. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

À la longue, cette prétention (car c’en était bien une), en se réduisant et en s’adoucissant, finit par devenir l’habitude facile, le pas égal et naturel de sa pensée.

1553. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Personnellement, ceux qui ont connu M. de Biron ont toujours mêlé à leur jugement sur lui un sentiment de regret et un hommage pour ses qualités brillantes, faciles ou généreuses.

1554. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

De Maistre a lu Catulle comme l’avait lu Fénelon, et il en citait un jour quelques vers dans une lettre à Bonald ; celui-ci en paraît un peu étonné : « Vous m’avez fait dire les plus jolies choses par Catulle, répondait-il, et, si je n’en avais vu le nom au bas, ayant un peu oublié ce grave auteur, j’aurais cru les vers de vous, tant ils sont faciles et agréables. »

1555. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Elle était agréable dans la société, honnête, douce et facile ; vivant, avec ceux qui avaient l’honneur de l’approcher, sans nulle façon.

1556. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Dans cette négociation, comme dans toutes, il met en avant de cette gaieté naturelle et de cet esprit de plaisanterie qui sert à couvrir les affaires sérieuses et qui les rend plus faciles.

1557. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Dans les années qui suivirent, il réforma les différentes parties de cette arme, il simplifia les calibres de campagne, rendit le matériel léger, d’un facile transport, et établit le système qui a fait le tour de l’Europe pendant toutes les guerres de l’Empire.

1558. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Dans un de ces petits Livrets que Courier laissait tomber de sa poche vers 1823, et qui sont comme ses Guêpes (une méchante et trop facile littérature), il se faisait dire par un homme de sa connaissance, qu’il rencontrait au Palais-Royal : « Prends garde, Paul-Louis, prends garde !

1559. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Le poème de La Pitié de Delille, qui venait de paraître, occupait et passionnait tous les esprits ; il traduisait en vers faciles les sentiments de cette société restaurée, rassurée et redevenue humaine à loisir ; il lui donnait satisfaction dans ses ressouvenirs royalistes et bourboniens, et dissimulait quelque retour d’espérance sous ce qui ne semblait qu’un culte de deuil pieux et de regrets.

1560. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Les conversations où j’entrais en étaient plus agréables ; la manière modeste dans laquelle je proposais mes opinions leur procurait un plus facile accueil et moins de contradiction ; j’avais moins de mortification moi-même quand je me trouvais dans mon tort, et je venais plus à bout de faire revenir les autres de leurs erreurs et de les faire tomber d’accord avec moi quand je me trouvais avoir raison.

1561. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

On le retrouve mieux dans son caractère et dans le ton qui lui est facile, lorsqu’il écrit la lettre suivante à un de ses grands vicaires, qui s’était un peu trop émancipé auprès de lui : (1610.)

1562. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker est en quelque sorte définitif, à prendre celui-ci comme homme de société : il parle bien quand il consent à parler, mais il n’est point d’une facile conversation pour les autres ; on ne se trouve point d’esprit avec lui.

1563. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Un des défauts caractéristiques auxquels se laisse bientôt aller celui qui vit trop exclusivement pour l’art, c’est de ne plus voir et sentir avec force dans la vie que ce qui lui paraît le plus facile à représenter par l’art, ce qui peut immédiatement se transposer dans le domaine de la fiction.

1564. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Il est facile d’appliquer ces moyens d’analyse à tous les genres et aux autres arts.

1565. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

La coopération des facultés exactes et de celles qui portent le romancier à altérer la réalité est facile et fructeuse en des oeuvres homogènes dans lesquelles l’analyse seule distingue des disparates.

1566. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Seulement, au milieu du cornet, vous trouverez deux diamants à plusieurs carats : c’est l’article sur le Don Quichotte et celui sur l’Histoire de la littérature allemande, par Menzel, que je recommande aux amateurs de critique littéraire non anatomique mais vivante, et qui s’essaient en ce genre dangereusement facile des comptes rendus dans les journaux.

1567. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Elle m’aura élargi la vue (toute ma vie intérieure est devenue plus facile, plus large — large comme une avenue où j’aimerais voir aller et venir beaucoup de passants) — surtout en me montrant les effets que peuvent avoir sur les autres un visage égal, souriant, accueillant à n’importe quelle heure, et quelques bonnes paroles.‌

1568. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Mais ce me sera facile, grâce aux indications que tu viens de me fournir.

1569. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

En dépit de leur apparente insensibilité, elles concourent à l’adoucissement des mœurs ; elles rendent peu à peu la vie plus riche, plus facile et plus variée. […] C’est un livre intéressant, écrit avec élégance et d’une lecture facile. […] Quand on l’étudie, il n’est pas toujours facile de marquer le point où finit l’illusion du voyant, où commence la fraude pieuse. […] Mais ingrats que nous sommes, ô Maurice Spronck, nous lui répondons : « Poète riche et facile, heureux Théodore de Banville, vous êtes le plus mélodieux des chanteurs. […] Dans sa farouche innocence, il maudissait les joies faciles et les plaisirs vulgaires.

1570. (1774) Correspondance générale

monsieur, qu’il est facile à un aveugle de se perdre dans un labyrinthe de raisonnements semblables, et de mourir athée, ce qui toutefois n’arriva point à Saunderson ! […] Les libraires sentent aussi bien que moi que d’Alembert n’est pas un homme facile à remplacer ; mais ils ont trop d’intérêt au succès de leur ouvrage pour se refuser aux dépenses. […] Je n’entre dans tous ces détails que pour supplier Votre Excellence d’épargner à mon ami toutes sortes de regrets, de lui accorder votre protection entière, et de lui procurer un travail facile et un séjour heureux. […] Il est mille fois plus facile, j’en suis persuadé, pour un peuple éclairé de retourner à la barbarie que pour un peuple barbare d’avancer d’un seul pas vers la civilisation. […] L’exécution de notre projet n’en sera que plus facile ; M. de Sartine n’est pas mon protecteur, c’est mon ami de trente-cinq ans ; il m’a écrit deux fois pendant mon absence de France ; une fois ici, une fois à Pétersbourg ; il est tolérant autant qu’il peut l’être.

1571. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

C’est ce qui devait rendre si facile le passage d’une tyrannie à une autre tyrannie. […] … Je méprise le paradoxe, prouesse facile ; mais il faut avoir le courage de dire que nul n’a mieux restitué la manière et le sentiment de ce xviie  siècle. […] Une distinction assez facile à faire y mettrait un peu de clarté : c’est qu’il y a dans l’histoire de notre théâtre une période romantique, mais il n’y a pas de théâtre romantique. […] Rien n’est plus facile que de l’abuser, et ceux qui s’en mêlent n’ont pas besoin de se mettre en frais d’invention : c’est merveille de voir comme les mêmes moyens, qui ont déjà servi tant de fois, sont toujours les meilleurs. […] Il est entouré de tout ce qui rend la vie plus agréable et plus facile : fortune, élégance, distinction de la naissance et du rang.

1572. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

C’est qu’en effet il n’était pas facile de traiter à nouveau ce sujet, déjà pétri et façonné par la main souveraine du génie. […] Il est si facile de passer son habit brodé, de coiffer le claque et de se camper devant sa glace ! […] Il était si facile à M.  […] Chacun de ses cheveux est un filet d’or, et, vu la valeur de ce métal, sa coiffure naturelle ne s’évalue pas à moins d’un million. — Malheureusement, le public, qui n’est pas facile à contenter, trouve que sa chevelure a par trop déteint sur son talent.

1573. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Et son travail fut facile, puisqu’elle n’eut qu’à suivre sa méthode habituelle : l’instinct est en effet coextensif à la vie, et l’instinct social, tel qu’on le trouve chez l’insecte, n’est que l’esprit de subordination et de coordination qui anime les cellules, tissus et organes de tout corps vivant. […] Il est facile, en effet, de définir la science, puisqu’elle a toujours travaillé dans la même direction. […] Les sociétés qui sont restées plus ou moins « primitives » sont probablement celles qui n’ont pas eu de voisins, plus généralement celles qui ont eu la vie trop facile. […] Nous avons montré comment on donne ordinairement ce nom à des représentations orientées vers l’action et suscitées par la nature dans un intérêt déterminé ; on a pu exceptionnellement, et pour des raisons qu’il est facile d’apercevoir, étendre l’application du mot à des représentations qui ont un autre objet ; la religion n’en devra pas moins être définie conformément à ce que nous avons appelé l’intention de la nature.

1574. (1929) Amiel ou la part du rêve

Monnier aux Débats dans un flot d’articles faciles, Scherer dans ses trois mille cinq cents articles du Temps, Cherbuliez dans ses pages guère moins nombreuses de la Revue des Deux Mondes, où il avait parfois, sous deux noms, deux articles par livraison, fournissent de pensée et d’art les classes moyennes françaises entre 1860 et 1880. […] * L’aspect d’une vie de célibataire intellectuel n’est pas toujours facile à établir. […] Il sentait aussi cette vocation comme une facilité, une pente de sa nature, une pente pour une eau courante. « Il est plus facile de les aimer toutes que de se consacrer à une seule. […] L’induction était si facile que j’en voyais la formation à chaque instant.

1575. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Ce n’est pas chose facile, car dans les rues règne une obscurité égyptienne, interrompue seulement à de lointaines distances par la flamme fumeuse d’une lampe à l’huile. […] Ce retard est historiquement facile à expliquer. […] Imiter Cimabue et Giotto, cela est relativement facile. […] » Ce que veut Rossetti est facile à voir. […] Bavarder est tellement plus facile et commode que chercher et trouver !

1576. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Bon pour le poète courtisan, nous fait-il entendre, d’user d’une langue et d’un style si faciles et coulants qu’on le comprenne de premier abord, et, qui sait ? […] Ce n’était pas un Goethe, ni même un Colardeau, que Rouget, surnommé de l’Isle, pour pouvoir entrer à l’École militaire (ce qui prouve en passant que ces terribles règlements de l’ancien régime excluant les roturiers du corps des officiers n’étaient rigoureux que sur le papier, étant si faciles à éluder) Rouget donc, ou Rouget de l’Isle, ou Rouget de Lisle, ou Rouget Delille, car il a porté toutes ces désignations suivant les régimes, n’était pas un Goethe. […] Le jeu des idées a été pour lui un ravissement de toutes ses heures et un épanouissement harmonieux et facile de toutes ses forces. […] Cela l’amène quelquefois au paradoxe pur et simple et par conséquent trop facile, comme l’éloge ironique du mensonge, qui est joli, mais à la fois un peu violent et agressif et un peu exempt de ces nuances légères qui font le charme des paradoxes. […] C’est très facile.

1577. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Huysmans et quelques autres personnes, il y a, en réalité, un mouvement ininterrompu, qu’il était facile de prévoir. […] Il est d’ailleurs si facile de tourner en ridicule ses patientes investigations ! […] On m’a reproché de beaucoup prôner cette religion, facile en apparence, en réalité la plus difficile de toutes. […] Un littérateur, un psychologue, un artiste se trouve là hors de chez lui. » La critique ici serait trop facile. […] Qu’il crève donc de faim et de froid, ce peuple facile à tromper, qui va bientôt se mettre à massacrer ses vrais amis !

1578. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Et ils confirment tout cela par l’autorité des poètes… Pour prouver qu’il est facile d’apaiser les dieux, ils allèguent ces vers d’Homère : “Les dieux mêmes se laissent fléchir par des paroles flatteuses, et quand on les a offensés, on les apaise par des libations et des victimes”… Ils font accroire, non seulement à des particuliers, mais à des villes entières, qu’au moyen de victimes et de jeux on peut expier les fautes des vivants et des morts. […] L’une consiste dans le poids, le nombre et la mesure : il n’est point d’État, point de législateur à qui il ne soit facile de la faire passer dans la distribution des honneurs en les laissant à la disposition du sort. […] Il n’est point du tout facile de tracer la limite ne moveatur entre ce qui est métaphysique et ce qui ne l’est point. Que des choses dépassent la portée de nos observations, rien n’est plus facile à constater ; mais que des choses dépassent la portée de nos raisonnements, et quelles sont ces choses, c’est ce qu’il est beaucoup plus malaisé de déterminer ; parce qu’il n’est pas si facile que l’on peut croire de distinguer une hypothèse raisonnable d’un raisonnement et de dire : ceci est imagination, ceci est raisonnement véritable. […] Ici l’on démontrerait, ce qui serait assez facile, que l’artiste, quand il cherche à introduire dans son œuvre un élément moral, a une préoccupation étrangère à son art et qui peut être funeste à l’art. — Il y aurait les arts où le beau moral peut entrer pour quelque chose, pour plus ou moins ; d’où, du reste, il peut être absent : musique, danse, poésie descriptive, comédie, conte, roman.

1579. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Une intrigue nette et facile à nouer et à dénouer, des caractères simples, des incidents qui naissent d’eux-mêmes, des tableaux sans cesse variés par le moyen du clair-obscur, des passions douces, quelquefois violentes, mais dont l’accès est passager ; un intérêt vif et touchant, mais qui par intervalles laisse respirer l’âme : voilà les sujets que chérit la poésie lyrique, et dont Quinault a fait un si beau choix. […] Les sujets de Quinault sont simples, faciles à exposer, noués et dénoués sans peine. […] Le style lyrique doit donc être énergique, naturel et facile.

1580. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Mais il est plus facile de définir la méthode que de l’appliquer. […] S’absorbant dans la forme qu’elle va prendre, elle entre dans un demi-sommeil, où elle ignore à peu près tout le reste de la vie ; elle se façonne elle-même en vue de la plus facile exploitation possible de son entourage immédiat. […] Ils constituent, réunis, un « monde intelligible » qui ressemble par ses caractères essentiels au monde des solides, mais dont les éléments sont plus légers, plus diaphanes, plus faciles à manier pour l’intelligence que l’image pure et simple des choses concrètes ; ils ne sont plus, en effet, la perception même des choses, mais la représentation de l’acte par lequel l’intelligence se fixe sur elles.

1581. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

L’appareil ne lui était qu’extérieur : « Il a, disait le président Dupaty, l’accueil le plus facile, le commerce le plus uni. » Le caractère de sa politesse était d’être aisée et nuancée, de même que son esprit, vers la fin, semblait plutôt doux et reposé que brillant8.

1582. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

On aurait peine à se figurer le désordre et la confusion où était l’enseignement de la jeunesse en 1800 : toutes les méthodes faciles, toutes les fantaisies philosophiques et philanthropiques s’étaient donné carrière sous le Directoire ; il s’agissait de remettre la règle et un peu de sévérité dans cette licence et cette bigarrure.

1583. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Quelquefois on nous en fait habilement accroire, sans qu’on puisse nous reprocher d’être faciles de croyance : et cet auteur a voulu nous dire que souvent le cœur tourne l’esprit comme il veut ; qu’il le fait aisément incliner à ce qui lui plaît ; qu’il lui ôte sa pénétration ou la dirige à son profit ; enfin qu’il le séduit et l’engage à être de son avis, bien plus par les charmes de ses raisons que par leur solidité… Voilà bien des choses que l’idée de dupe renferme toutes, et que le mot de cette idée renferme toutes aussi.

1584. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

[NdA] Il avait dit aux femmes de son temps bien des impertinences en effet et aussi des vérités ; il les avait montrées plus faciles à séduire par l’éclat et la vanité, que par le sentiment ou même les sens ; il avait dit par exemple : Louez, admirez, soyez étonné, en extase, ne craignez pas d’outrer les flatteries, l’enthousiasme auprès des femmes ; faites croire, si vous pouvez, à celle que vous voulez séduire qu’elle est une substance particulière plus près de l’ange que de la femme : vous serez cru ; que dis-je ?

1585. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Saint-Martin pensait qu’il lui serait plus facile dans cette profession militaire, et durant les loisirs de la paix, de cultiver, en les cachant, ses inclinations studieuses.

1586. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Selon lui, elle n’était nullement nécessaire avant d’éclater, elle était évitable ; elle a été purement accidentelle, en ce sens que « le caractère de ceux qui ont eu part à l’ancien gouvernement (à commencer par le caractère du roi, ennemi de toute résistance) a été le seul principe de la totale subversion de ce gouvernement » ; mais ce caractère de quelques personnes étant donné, et la faiblesse de l’opposition qu’elle rencontrera étant admise au point de départ, M. de Meilhan est bien d’avis que la Révolution en devenait un effet presque nécessaire : « Sa marche, dit-il, a été déterminée et hâtée par cette faiblesse ; le défaut de résistance a rendu tout possible, et, semblable à un torrent qui ne trouve aucune digue, elle a tout dévasté. » Il ne croit donc pas que la Révolution soit directement sortie des écrits de Rousseau ni de ceux des encyclopédistes, comme on le répète souvent, ni qu’elle découle de causes aussi générales : Si l’on suit attentivement la marche de la Révolution, il sera facile de voir que les écrivains appelés philosophes ont pu la fortifier, mais ne l’ont pas déterminée ; parce qu’une maison a été bâtie avec les pierres d’une carrière voisine, serait-on fondé à dire qu’elle n’a été construite qu’en raison de ce voisinage ?

1587. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Mais en évitant de faire la seule grande chose, on arrivait à n’en pas faire même de médiocres ; « À la guerre, Sire, écrivait Villars, il n’y a que de certains moments à prendre et la diligence, sans quoi, au lieu d’avantages, il faut craindre des revers. » Les premiers et faciles succès que l’électeur était allé chercher dans le Tyrol se perdaient six semaines après dans une insurrection générale des paysans.

1588. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Il oubliait que le nombre et la mesure plaisent naturellement aux hommes, que la cadence est aussi un rythme intérieur de la pensée ; que le chant, dans quelques organisations prédestinées, est un don facile, involontaire, une source qui jaillit d’elle-même et se renouvelle sans cesse : Je chantais, mes amis, comme l’homme respire, Comme l’oiseau gémit, comme le vent soupire,     Comme l’eau murmure en coulant.

1589. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

C’est à la comtesse Aimée de Coigny seule, à sa gracieuse figure, à son caractère facile et insouciant, que peuvent s’appliquer les traits particuliers sous lesquels André Chénier nous a peint si délicatement sa riante compagne d’infortune.

1590. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Il serait facile de rêver après coup un système de monarchie selon les données fournies par l’histoire de Henri IV, et de déclarer ce système préférable à celui qui a prévalu sous Louis XIV.

1591. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

que par le trou de la serrure : Sur mol duvet assis un gras chanoine, Lez un brasier, en chambre bien nattée ; À son costé gisant dame Sydoine… avec ce refrain naturel et facile : Il n’est trésor que de vivre à son aise.

1592. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Charles que de l’original lui-même, auquel une intelligence amie a bien voulu m’ouvrir un entier et facile accès.

1593. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

MM. de Goncourt sont deux frères jeunes encore, qui ont débuté dans les lettres il y a une douzaine d’années ; qui se sont dès le premier jour jetés en pleine eau pour être plus sûrs d’apprendre à nager ; qui y ont très-bien réussi ; qui ne se sont jamais séparés, qui ont étudié, écrit, vécu ensemble ; qui ont mis tout en commun, y compris leur amour-propre d’auteur ; que cette union si étroite et qui leur semble si facile distingue et honore ; qui ont fait chaque jour de mieux en mieux ; qui, adonnés aux arts, aux curiosités, aux collections tant de livres que d’estampes, ont acquis du xviiie  siècle en particulier une connaissance intime, approfondie, secrète, aussi délicate et bien sentie que détaillée.

1594. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Ce n’est pas de la poésie, si vous voulez ; mais c’est de la prose facile, rapide, presque de l’action, comme dit M. 

1595. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Braves gens, vous haussez les épaules et vous dites que ce sont là des exagérations, des excentricités, de pures manières, un genre extravagant et après tout facile à copier, toutes vérités claires comme le jour et que vous vous mettez en devoir de démontrer point par point.

1596. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

car il n’est facile de rien faire ni de rien dire sans sa flamme.

1597. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Pour moi, et là où je suis plus à même d’en juger, c’est avant tout un esprit bien fait, net, délié, philosophique, au courant de toute science et de toute branche d’étude ; un écrivain facile, alerte, spirituel.

1598. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Faugère a fait preuve dans ses différentes publications, et notamment dans son excellente édition de Pascal, l’ont bien servi dans cette tâche nouvelle, incomparablement plus facile.

1599. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Lui qu’on a appelé d’Argenson la bête, il continue le portrait en refusant au comte de Saxe l’esprit : « Il a peu d’esprit, dit-il, il n’aime que la guerre, le mécanisme12, et les beautés faciles.

1600. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Plaire au dauphin, agréer à ce jeune veuf austère, n’était pas chose aussi facile qu’on le croirait, même pour une jeune princesse aussi aimable : elle eut à faire tous les frais.

1601. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Et quand on songe qu’une telle histoire est ainsi continuée d’un cours égal et plein à travers la Convention et le Directoire jusques et y compris l’époque du Consulat et les victoires de Marengo et de Hohenlinden, on appréciera tout ce que Jomini a préparé de matière toute digérée et de besogne, relativement facile, aux historiens de la Révolution qui ont succédé.

1602. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Autour de Hugo, et dans l’abandon d’une intimité charmante, il s’en était formé un très-petit nombre de nouveaux ; deux ou trois des anciens s’étaient rapprochés ; on devisait les soirs ensemble, on se laissait aller à l’illusion flatteuse qui n’était, après tout, qu’un vœu ; on comptait sur un âge meilleur qu’on se figurait facile et prochain.

1603. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Ici je m’étais pris au nom de son aimable frère par manière de prélude et comme à de faciles et gracieuses prémices d’un sujet plus sévère.

1604. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Outre le journal qu’il rédigeait, de Loy chantait l’impératrice ; il devint (ses amis l’assurent et moi je n’en réponds pas) commandeur de l’ordre du Christ ; il était, ajoute-t-on, gentilhomme de la chambre ; mais laissons-le dire, et faisons-nous à sa manière courante, quelque peu négligée, mais bien facile et mélodieuse : Me voici dans Rio, mon volontaire exil, Rio, fille du Tage et mère du Brésil.

1605. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Après le succès éclatant de son histoire, M. de Barante dut concevoir quelques autres projets que son talent vif et facile lui eût permis sans doute de mener à fin ; la révolution de Juillet est venue les interrompre, en le jetant encore une fois dans la vie politique active.

1606. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Mme de Pontivy, sans être exigeante, mais parce qu’elle était passionnée, trouvait nécessaire et simple que M. de Murçay se retranchât quelquefois certaines paroles, certains jugements, certaines relations même, qui pouvaient aliéner de lui l’esprit de sa tante, plus absolue en vieillissant, et rendre leur commerce moins facile.

1607. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

On en retrouve le regret en même temps que l’expression en plus d’une page des Mémoires de M. de Ségur ; car combien, sous cette plume facile, d’aperçus historiques profonds et vrais !

1608. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

La mémoire de Mme de Krüdner est désormais assurée contre l’oubli, et, ce qui vaut mieux, contre le dénigrement facile qui naissait d’une demi-connaissance.

1609. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Sa démarche est légère, son abord ouvert et serein, il parle beaucoup et avec volubilité ; son langage est harmonieux et facile.

1610. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Ce n’est pas la causerie facile d’Horace, si finement liée par l’unité de la pensée qui suit sa pente naturelle : ce n’est pas la déclamation fougueuse de Juvénal, entassant avec rage faits sur faits, invectives sur invectives, pour enfoncer dans l’esprit du lecteur le sentiment qui réchauffe.

1611. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

De même le dialogue est juste, facile, vivant : il se poursuit trop sans autre but que lui-même, et tourne au jacassement vide.

1612. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Et quant à ceux, en plus grand nombre, qui naissent intelligents et distingués, on dirait qu’on leur en sait plus de gré qu’aux autres hommes, sans doute parce qu’ils pourraient mieux se passer de ces dons ; et il semble aussi qu’il leur soit plus facile qu’à nous d’user de cette intelligence pour se composer une vie élégante et délicieuse à souhait.

1613. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Le même Florus en parlant des Samnites, dit que leurs villes furent tellement détruites, qu’il est difficile de trouver à-présent le sujet de vingt-quatre triomphes, ut non facile appareat materia quatuor & viginti triumphorum.

1614. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires ; il retire cette force à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l’amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières.

1615. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

. — La géométrie qualitative Tout cela est relativement facile à comprendre et je l’ai déjà si souvent répété que je crois inutile de m’étendre davantage sur ce sujet.

1616. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Relisez ses articles dans la collection déjà précieuse du fameux canard, vous dégageant, bien entendu, de tous préjugés, de par la Presse hostile lue, ou des plaisanteries trop faciles, écoutées ; relisez surtout le récent pamphlet, et vous resterez persuadés comme moi, non seulement de la conviction si profonde et si courageuse, mais encore et surtout, de l’absolu bon sens absolument triomphal, envers et contre tout et tous, du polémiste comme du théoricien.

1617. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Un poème ainsi conçu, quelles que soient les précautions qu’on prenne pour le rendre accessible, n’est jamais d’un accès immédiatement facile.

1618. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Les confidences de ces jeunes pervertis sont faciles à obtenir ; car, ainsi que madame Gros le remarque, le premier sentiment qu’elle trouve toujours chez eux est la fierté de leurs crimes.

1619. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Les jésuites, contemporains de la Ligue et vaincus avec elle, sont révolutionnaires, prêchent le régicide, lancent des pamphlets, cultivent l’éloquence populaire ; devenus au siècle suivant confesseurs et directeurs des rois, ils auront des souplesses de courtisans, une morale facile, une connaissance approfondie de la casuistique, des façons de parler onctueuses et doucereuses.

1620. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

La courbe d’un mouvement est plus facile à calculer, quand le regard peut l’embrasser sur une plus longue étendue.

1621. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Mais ce qui est évident, c’est qu’elle a été faite avec le parti-pris tellement marqué d’incriminer les relations du roi de Bavière et de Wagner, que le sens des mots est parfois dénaturé : et il est trop facile de traduire « enthousiasme » par « passion » et « amitié » par « amour », c’est ce que M. 

1622. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Ma remarque pourra paraître minutieuse, mais ce n’est pas une petite chose pour un poète de savoir donner à son héroïne un nom qui aille à son caractère comme une guirlande à son front. « S’il te naît une fille, — disent les livres sacrés de l’Inde, — donne-lui un nom doux, facile à prononcer, et qui résonne harmonieusement à l’oreille. » Molière, Shakespeare, et tous les grands poètes ont suivi, sans le savoir, le conseil des brahmes ; Shakespeare surtout, qui, pour parer ses filles de prédilection, va cueillir on ne sait où, dans la lune, sur les nuées, des noms inouïs, éthérés, célestes, des auréoles de pudeur, des étoiles de couronnement.

1623. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Il vivait depuis de longues années à Weimar, à la petite cour de Charles-Auguste, dans la faveur, ou, pour mieux dire, dans l’amitié et l’intimité du prince, dans une étude calme, variée, universelle, dans une fécondité de production incessante et facile, en tout au comble de la félicité, du génie et de la gloire.

1624. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Ils sont moins faciles à relire aujourd’hui que Les Provinciales, qui ne laissent pas elles-mêmes par endroits de fatiguer un peu.

1625. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Il serait facile de trouver de plus grands exemples que Mme de Caylus, qui n’a écrit qu’à peine et par rencontre ; mais ces exemples prouveraient autre chose, quelque chose de plus que ce que j’ai en vue, et la délicatesse dont je voudrais donner l’idée s’y compliquerait en quelque sorte du talent même de l’écrivain.

1626. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Une course de chevaux, une chasse, une mode nouvelle, une chose frivole prise au sérieux, une sérieuse prise au frivole, ce sont là ses sujets, ses triomphes ordinaires et faciles.

1627. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Ce qu’il voulait avant tout, en prêchant devant elle, c’était de porter à cette âme une bonne parole, et non de briller aux yeux des mondains par un de ces miracles d’éloquence qui lui étaient si faciles et si familiers : Mais prenez bien garde, messieurs, qu’il faut ici observer plus que jamais le précepte que nous donne l’Ecclésiastique : « Le sage qui entend, dit-il, une parole sensée, la loue et se l’applique à lui-même. » Il ne regarde pas à droite et à gauche, à qui elle peut convenir ; il se l’applique à lui-même, et il en fait son profit.

1628. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Lorsque je lui fis mon compliment, raconte-t-elle, il me dit qu’il était bien persuadé de l’honneur que je lui faisais de prendre part aux bontés que le roi avait pour lui. » Ce simple mot la transporte : « Je commençais dans ce temps-là à le regarder comme un homme extraordinaire, très agréable en conversation, et je cherchais très volontiers les occasions de lui parler. » Elle commençait à s’ennuyer vaguement dès qu’elle ne le voyait plus : « Cet hiver, dit-elle (1669), sans savoir quasi pourquoi, je ne pouvais souffrir Paris ni sortir de Saint-Germain. » Chaque jour elle lui trouvait plus d’esprit et d’agrément quand elle parvenait à l’entretenir dans quelque embrasure de croisée, ce qui n’était pas toujours facile à cause de l’étiquette et du rang.

1629. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Il me serait facile de faire de Mirabeau enchaîné à Vincennes un Titan, un géant, Encelade sous l’Etna, que sais-je ?

1630. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

C’était un homme d’assez d’esprit, d’une littérature facile et assez ornée, mais qui, vers la fin, s’était jeté dans une dévotion méticuleuse.

1631. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Un moraliste physiologiste a dit : « De même que, lorsqu’on s’est trop appliqué le soir à un travail, on a mille idées pénibles, tiraillées, fatigantes, qui reviennent avant le sommeil ; mais, au matin, tout s’éclaircit, et l’on se réveille avec de nouvelles idées faciles et vives, qui sont dues pourtant à cet effort du soir précédent : de même, d’une génération à l’autre, les formes d’idées qui, chez Mme Necker, sont à l’état de préparation laborieuse et compliquée, et presque de cauchemar, se réveillent chez Mme de Staël, jeunes, brillantes et légères. »

1632. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

On le vit se multiplier en ces années orageuses, retrouver au Lycée, aux Écoles normales où il avait été nommé professeur, quelques-unes de ces inspirations littéraires faciles et lucides, et à la fois se disperser et s’exalter de plus en plus dans la politique des journaux.

1633. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

« Il est facile à un homme d’honneur de remplir son devoir quand il est tout tracé ; mais qu’il est cruel de vivre dans des temps où l’on peut et où l’on doit se demander où est le devoir ! 

1634. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Pour devenir général, il ne s’agissait pour le prince que d’une chose, faire ce qui était le plus agréable à Mazarin, épouser une nièce ; cette première idée, dont Sarasin lui jeta la semence, ne manqua pas de lever en peu de temps : « Ce prince, ajoute Cosnac qui le connaît jusque dans le fond de l’âme, était homme d’extrémités, à qui il était facile d’inspirer les choses, pourvu qu’elles flattassent sa passion, que l’exécution en fût prompte, et qu’elle ne dépendît pas de son application et de ses soins. » Bien qu’il fallût ici beaucoup de suite et de négociations, le prince de Conti s’en remet sur ses domestiques du soin de mener à bien cette affaire ; et en attendant qu’il épouse une nièce et devienne général, en attendant même que, pour s’illustrer dans cette nouvelle carrière par un coup d’éclat, il appelle en duel le duc d’York (autre idée des plus bizarres qui lui était venue), il ne songe qu’à s’amuser à Pézenas où il a fait venir sa maîtresse de Bordeaux, Mme de Calvimont.

1635. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Mentez, mes amis, mentez, je vous le rendrai dans l’occasion. » Quand on joue ainsi de bonne heure et si gaiement avec le mensonge, il nous devient un instrument trop facile dans toutes nos passions ; la calomnie n’est qu’un mensonge de plus ; c’est une arme qui tente ; tout menteur l’a dans le fourreau, et on ne résiste pas à s’en servir, surtout quand l’ennemi n’en saura rien.

1636. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Par l’habitude, il se forme des voies de communication directes et faciles, par cela même des centres relativement moteurs, correspondant aux divers membres.

1637. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Un des défauts caractéristiques auxquels se laisse aller celui qui vit trop exclusivement pour l’art et s’attache au culte des formes, c’est de ne plus voir et sentir avec force dans la vie que ce qui lui paraît le plus facile à représenter par l’art, « ce qui peut immédiatement se transposer dans le domaine de la fiction. » Flaubert, qui était artiste dans la mœlle des os et qui s’en piquait, a exprimé cet état d’esprit avec une précision merveilleuse : selon lui, vous êtes né pour l’art si les accidents du monde, dès qu’ils sont perçus, vous apparaissent transposés comme pour l’emploi d’une illusion à décrire, tellement que toutes les choses, y compris votre existence, ne vous semblent pas avoir d’autre utilité.

1638. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Ne nous parlez pas des abus possibles de la liberté ; il est trop facile de répondre par les abus de l’ignorance, de la superstition et du fanatisme.

1639. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

En quoi consiste précisément cette idée, c’est ce qu’il n’est point facile de dire ; mais le sens intime nous atteste que nous avons un tel pouvoir, quoi qu’en puisse dire la physiologie.

1640. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Sainte-Beuve d’ailleurs l’eût approuvée puisqu’il déclare : « L’important, aujourd’hui, est de maintenir l’idée et le culte (du classicisme). » La tâche a été rendue facile par les influences subies.

1641. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Au lieu d’une méthode courte & facile, on fut fâché de ne voir qu’un ouvrage extrêmement prolixe.

1642. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Quand au fond, il est parfaitement d’accord avec le reste, ce qui n’est ni commun ni facile.

1643. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Dans ces dernières y aurait-il certains traits fins, subtils et cachés, faciles à sentir quand on les a sous les yeux, infiniment difficiles à retenir quand on ne les voit plus, impossibles à rendre par le discours ; ou serait-ce de ces physionomies rares et des traits spécifiques et particuliers de ces physionomies que seraient empruntées ces imitations qui nous confondent et qui nous font appeller les poëtes, les peintres, les musiciens, les statuaires du nom d’inspirés ?

1644. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

J’ai constaté combien il est facile à la foule spectatrice de suivre et de comprendre les moindres nuances des différents états d’âme de l’aviateur Etant donnée l’identification du pilote et de son aéroplane, celui-ci devient le prolongement de son corps : les os, les tendons, les muscles et les nerfs se prolongent dans les fils et les câbles.

1645. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Pour nous l’erreur était bien facile, parce que les véritables sujets tragiques des anciens, transportés sur nos théâtres, ne pouvaient être que des sujets d’imagination.

1646. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

… Semblable à toutes les grandes corruptions qu’il est facile d’étouffer dans leur première molécule empoisonnée, la Révolution a semé la vie telle qu’elle l’a créée, et cette vie malade, souillée, folle, a levé de toutes parts !

1647. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Question qui se lève tout à coup au bout de nos éloges, et qu’il est facile de résoudre.

1648. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

En revanche, il est facile de citer les grands génies qui ont été de grands sensuels : les Shelley, les Gœthe, les Hugo et les Wagner.

1649. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il lui était d’autant plus facile de s’abuser que l’odieuse ivraie montait sous ses pas pareille au blé mûrissant. […] Et il m’est arrivé quelquefois de rimer, tout en marchant, des vers faciles : Dans la vallée Au creux charmant, La Bièvre coule Et se déroule Comme un ruban. […] Je crois bien que le premier se faisait volontiers un peu scélérat, et que le second était fort sincère en se disant : doux, facile, indulgent, trop peut-être… Lecteur, ils ont sans doute commis des fautes tous les deux ; et là-dessus je me rappelle certaines paroles de Socrate dans le Second Hippias, dialogue attribué à Platon, et qui probablement est de lui, malgré l’opinion de nombreux commentateurs. […] — Souvenez-vous, me dit Tiberge, des paroles du philosophe : « Je fais bien de ne pas rendre l’accès de mon cœur facile ; quand on y est une fois entré, on n’en sort pas sans le déchirer ; c’est une plaie qui ne cautérise jamais bien. » Vous voilà, et vous passerez pour insensible. […] Pour ce qui est de son humeur, il ne l’avait point facile, à ce qu’on dit.

1650. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

* * * L’accès de Roncevaux, du côté de la France, est maintenant des plus faciles. […] Dans Turpin, il lui donne en outre l’idée — dont l’émir aurait pu s’aviser tout seul — de cacher ses troupes dans les bois et les montagnes qui entourent Roncevaux ; dans la Chanson, il ne lui suggère même pas ce facile stratagème : il se contente de lui promettre qu’il fera placer Roland à la tête de l’arrière-garde. […] C’est la mise en action, sous une autre forme, de la parole évangélique : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’être sauvé. — Aucun riche ne peut donc être sauvé ? […] Mais, ô petit oiseau, que le second est facile à donner et difficile à mettre en pratique, et comme on voit bien que dans votre léger corps emplumé ne bat pas un cœur pareil au nôtre ! […] Cette dernière partie de la perfection courtoise était naturellement la plus facile à acquérir, celle aussi dont on se targuait le plus et dont le manque exposait surtout aux railleries et au dédain.

1651. (1929) La société des grands esprits

Brochard était un excellent écrivain et de ceux qui croient que la philosophie n’a pas besoin d’un jargon barbare, mais seulement d’un vocabulaire facile à comprendre, n’excluant ni la correction ni la limpidité, ni même l’agrément du style. […] Au surplus, même si l’ordonnance n’avait pas la garantie de la Faculté, elle serait du moins facile et agréable à suivre. […] Quelques amateurs de paradoxe13 ont pris la défense des casuistes, sans nier les textes, parce que cette morale facile leur paraît plus conforme à la nature que le rigorisme janséniste, ils ont même dit plus païenne. […] Il n’est pas facile de prendre Voltaire en défaut. […] Peut-être, selon le mot fameux, faisait-il difficilement de la prose facile.

1652. (1898) Essai sur Goethe

Mais cette doctrine n’est point d’une pratique facile : entre la nature et nous, il y a la solide barrière qu’ont élevée des siècles de civilisation, en sorte que nous pouvons à peine encore la sentir et la comprendre autrement qu’à travers ceux qui l’ont comprise et sentie avant nous. […] On est en tout cas fondé à en conclure que l’auteur, pris de doutes sur son œuvre, n’en ignorait point les imperfections : il s’aperçut qu’il était plus facile de les reconnaître que de les corriger. […] Il ne songe plus à distraire Charles-Auguste ou la duchesse-mère, à s’amuser soi-même comme un oisif qui chercherait à tuer le temps, à présenter sous les couleurs qui lui conviennent ses liaisons du jour, à recueillir les applaudissements faciles des petits courtisans de sa petite cour. […] En 1780, il écrit encore à Lavater : « La tâche dont je suis chargé, et qui me devient chaque jour plus facile et plus difficile, exige jour et nuit ma présence ; ce devoir me devient de plus en plus cher, et je voudrais y égaler les plus grands hommes. […] Comme le poète des Rimes, il joua agréablement sur le nom de la bien-aimée, qui s’y prêtait58 : Ce sont deux mots, courts et faciles à dire, que nous prononçons souvent avec une douce joie ; mais nous ne connaissons point clairement les choses dont ils portent l’empreinte particulière.

1653. (1927) Approximations. Deuxième série

C’est là, à mon sens, ce qui rend la position intellectuelle de Valéry à la fois si rare et si sûre : l’équilibre n’est que trop facile dans la plaine ou même à mi-côte : la beauté du cas, c’est que le phénomène se produise sur l’extrême pointe de l’esprit, que le corps prenne d’autant plus d’importance que l’esprit s’est avancé plus loin. […] Tandis qu’on les lit, il n’est pas toujours facile même à ceux qui les goûtent le plus de nettoyer la mémoire des paillettes poudreuses de tant de sémillants chroniqueurs, et en particulier d’un certain style « avant-propos pour catalogue d’exposition » dont le rapport aux réussites des Goncourt est à peu près celui d’un domino sur lequel il a plu aux taches vives d’une aquarelle de Boudin ou à quelque berge frissonnante de Sisley. […] Si parfois leur manque ce degré de lustre dans l’expression sans lequel les vues les plus vraies ne paraissent jamais tout à fait sorties, « le train d’idées que l’auteur y mène » — pour reprendre la commode et lumineuse formule de Barbey — se meut toujours dans la direction juste, sur la voie de laquelle il nous est devenu facile de ne plus dérailler. […] c’est par pure probité professionnelle et combien à contre cœur que je recours au terme : quand on l’applique à cet art, on a la sensation d’obéir à un pédantisme, presque à un tic — à tel point que dans Le Désert de l’amour un des prestiges les plus subtils réside dans le fait que les difficultés — accumulées ici à plaisir — sont résolues comme en se jouant, assument le masque d’une facilité désarmante, qu’il semble que l’on devine l’auteur murmurant à part soi : « Comme c’est facile ! […] À vingt-huit ans, à l’heure de ma jeunesse la plus facile et la plus comblée, quand je régnais sur le cœur de femme le plus épris, que je vous avais, vous, mes trois petits, si câlins et si bien portants, et que tout me réussissait au-delà de mes espérances, combien, brusquement, au sein même de cette richesse, la solitude m’a paru désirable !

1654. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Il avait commencé ce cours de littérature étrangère par Goethe, auquel il devait encore revenir plus tard ; mais après ce prélude, qui était une entrée en matière relativement facile, il aborda la difficulté de front, par les sommets, et s’attaqua à Dante. […] Le public, qui jouit couramment d’une lecture facile et charmante, ne se doute pas de tout ce qu’ont souvent exigé de soins et donné de peine ces éditions d’ouvrages ou de correspondances posthumes : une famille à satisfaire, des scrupules sans nombre à ménager, la vérité à ne point fausser ni trahir, les convenances pourtant à respecter, celles du moins qui eussent paru telles à l’auteur lui-même s’il avait vécu, c’est là le revers de la toile, et ce n’est pourtant qu’un faible aperçu de la tâche morale et littéraire qui était échue aux éditeurs dévoués de Maurice et d’Eugénie de Guérin.

1655. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

J’aime mieux insister sur les parties de l’ode où il exprime des sentiments qu’il nous est permis et facile de partager. […] On y verrait l’action heureuse, salutaire, d’un seul homme qui est un vrai maître, le pouvoir et le bienfait d’une juste et ferme discipline venue à temps, et ce que des talents distingués, mais secondaires, des génies faciles, mais négligents, gagnent à être mis dans une bonne voie, à y faire les premiers pas sous un œil vigilant et avec un guide sûr.

1656. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

V Je ne me donnerai pas le plaisir facile d’écraser Molière de l’immense supériorité de Shakespeare. […] Quant aux obligations qu’il avait, dit-on, contractées envers Le Médecin malgré lui, elles sont faciles à reconnaître, puisque ce ne fut qu’à la douzième représentation de cette farce qu’on la donna avec ce chef-d’œuvre, et cela cinq fois seulement ».

1657. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Ainsi vous serez, quel que soit votre sujet, si après une chose vous en faites venir une autre, avec le mouvement facile, et tour à tour paisible ou précipité de la nature. […] Il fallait ici un prétendu antagoniste au premier Consul pour donner au guerrier d’Égypte le facile honneur des triomphes : M. 

1658. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Qu’il me soit permis cependant de vous dire que, dans ce moment, vous oubliez le sens véritable de votre songe, et il est facile de vous le prouver. […] Vous ne douterez donc pas que nous ne vous ayons traités comme vous êtes dignes de l’être, et vous pourrez rapporter au roi, qui vous envoie, qu’un Grec, actuellement simple gouverneur de la Macédoine, a su vous procurer tous les plaisirs que peuvent donner la table et le lit. » Lorsque Alexandre eut cessé de parler, chacun des Macédoniens, qu’il était facile de prendre pour une femme, alla s’asseoir à côté d’un des députés, et au moment où les Perses voulurent porter les mains sur eux, les jeunes gens, tirant leurs poignards, les percèrent de coups. » Ces Péoniens aux mœurs féroces devaient être les Albanais d’aujourd’hui : les noms changent, jamais les mœurs.

1659. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

La prosopopée des Lois dans le Criton 28 est un des plus célèbres exemples de cette figure aujourd’hui passée de mode ; elle est d’ailleurs entièrement fictive ; Socrate ne fait pas intervenir le signe divin ; par une feinte hautement avouée, il introduit les Lois dans son dialogue, à la façon des poètes tragiques qui font descendre du ciel les divinités pour les besoins de leurs dénouements ; les Lois, dont l’éloquence triomphera de la morale trop facile de Criton, ne sont, il le fait clairement entendre, que la voix de sa conscience individuelle ; mais il se plaît, en orateur habile, à l’incarner dans les institutions d’Athènes, et il prête à celles-ci tout un discours. […] Les divers moments de ce processus ont été fréquemment décrits ou imités dans les œuvres littéraires ; c’est que l’observation dans la vie de chaque jour en est facile et presque toujours amusante.

1660. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— J’aime entre tous, le poète Stéphane Mallarmé parce que, méprisant tout ce qu’il se prouva facile en des poèmes tels que « Les Fenêtres » et « Apparition », il rêva de créer une symphonie poétique aussi définitive et magique que celle exécutée par Richard Wagner, en musique. […] Il est pour moi une excuse à des faiblesses, je le dis sans hypocrisie et, comme une indéfinissable bonté parfume l’œuvre du Pauvre Lelian, au-dessus des péchés, des fautes, au-dessus d’une religiosité assez floue et peut-être facile, le poète a été sincère.

1661. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Ce qui lui appartient dans Clavijo, comme une chose peut lui appartenir, à ce grand seigneur de l’emprunt facile, c’est la scène où Carlos reprend possession de l’âme de Clavijo, comme Narcisse de l’âme de Néron dans Britannicus ; et elle lui appartient d’autant plus, celle-là, que Carlos est un Méphistophélès clair de lune, un Méphistophélès en taille douce. […] Mais enfin Werther, malgré sa facile composition à bâtons rompus, est un livre qu’on peut ouvrir encore avec un intérêt d’intelligence et peut-être une émotion de sensibilité, tandis que le Wilhelm Meister et les Affinités électives ne sont pas des livres, même mauvais, mais des choses sans nom, inénarrables, illisibles, — et à aucun degré quelconque des compositions.

1662. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Car l’action accomplie n’exprime plus alors telle idée superficielle, presque extérieure à nous, distincte et facile à exprimer : elle répond à l’ensemble de nos sentiments, de nos pensées et de nos aspirations les plus intimes, à cette conception particulière de la vie qui est l’équivalent de toute notre expérience passée, bref, à notre idée personnelle du bonheur et de l’honneur. […] Or, il est facile de voir que cette conception véritablement mécaniste de la liberté aboutit, par une logique naturelle, au plus inflexible déterminisme.

1663. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Et cela lui sera facile, puisque la théologie a précisément capté un courant qui a sa source dans la mysticité. […] Mais à l’une et à l’autre la réponse est facile : la théorie platonicienne des Idées a dominé toute la pensée antique, en attendant qu’elle pénétrât dans la philosophie moderne ; or, le rapport du premier principe d’Aristote au monde est celui même que Platon établit entre l’Idée et la chose.

1664. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

A la fin, pressé par les prélats, il céda, soit triomphe de la vérité chrétienne, soit effet d’un changement de fortune qui l’avait rendu ou indifférent ou plus facile sur des choses de pure spéculation. […] Tronson, esprit profond et grave théologien, je ne puis qu’estimer ce que j’y entends et admirer ce que je n’y entends pas. » Un style sec, quoique précis et facile, point d’onction, rien pour le cœur ; des axiomes d’une théologie sans date et sans tradition ; une piété qui ne prie ni n’espère ; nulle des qualités aimables de l’auteur de Télémaque : tel est ce livre ; la cause de Fénelon avait gâté son génie151. […] Quoi qu’il en soit, Bossuet perdit patience, et, passant des doctrines aux faits, il publia la Relation sur le quiétisme, livre admirable, dont les belles et faciles réponses de Fénelon ne purent affaiblir l’effet.

1665. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Mettez l’iliade en tableau synoptique, — rien de plus facile ; et, quand vous aurez fini, dites hardiment : « elle est toute là. » le reste, le concert, la couleur, l’émotion, la poésie, c’est nous qui l’ajoutons au poème, nous, dis-je, si nous avons invité à le lire nos puissances de vision, de sentiment et d’intuition. […] Si bien qu’à la fin de chaque paragraphe, j’aurais pu écrire, comme Jacques Boulenger dans l’ opinion du 7 novembre : inutile d’insister… ; il serait trop facile d’accumuler des exemples, mais ceux qui ne savaient pas d’avance ce que nous venons de dire, ne le comprendront jamais. non, pas d’autre originalité que d’ordre dialectique ou pédagogique ; rien de neuf, sinon l’imprévu, le coupant de certaines formules ; la disposition que je donne à cette série de truismes et le mouvement qui les entraîne vers une conclusion, imprévue peut-être elle aussi, mais qui me paraît inévitable. […] Nos faciles plaisanteries n’y changeront rien.

1666. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Il serait des plus facile, à quelqu’un qui croirait que cela en valût la peine, de retracer les pentes d’habitude devenues le lit profond ou non, clair ou bourbeux, où s’écoulent mon style et ma manière actuels, notamment l’un peu déjà libre versification, enjambements et rejets dépendant plus généralement des deux césures avoisinantes, fréquentes allitérations, quelque chose comme de l’assonance souvent dans le corps du vers, rimes plutôt rares que riches, le mot propre évité des fois à dessein ou presque… En même temps la pensée triste et voulue telle, ou crue voulue telle. […] Il est, me semble-t-il, très facile de conclure de tout ce qui précède que le républicanisme de Victor Hugo, tout extérieur, venu sur le tard et pour des causes relativement accessoires et contingentes, non par l’évolution lente et normale d’un esprit bien équilibré, en ce sens devait influer sur sa littérature, postérieure aux évènements tant matériels que mentaux, déterminatifs de sa seconde manière. […] Mesdames, Messieurs, On me demande quelques mots sur la poésie ; or, il est pour un poète qui croit être sérieux et que beaucoup de gens prisent comme tel, il est plus facile, dis-je, et plus doux, de faire des vers que de parler à propos de vers.

1667. (1925) Portraits et souvenirs

Et la mort dut être facile à quelqu’un qui crut, comme Villiers, inébranlablement, à la seule vie de l’âme et qui, dans la certitude de son immortalité, disait ce mot si plein d’amertume et d’espoir en son ironie confiante : « Ah ! […] Le bon et charmant Gautier était un Olympien sans morgue et un Immortel de facile abord. […] Il n’est guère d’auteurs, même parmi les plus illustres, dont il ne soit assez facile d’établir les parentés et de fixer la filiation. […] Cette énigme, plusieurs critiques ont trouvé sa solution en déclarant que Le Greco était fou, ce qui est un moyen facile d’expliquer tout artiste difficile.

1668. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

C’est facile. […] Pour arriver à donner une telle impression, il faut une grande sûreté d’érudition, une pénétrante imagination visuelle, un style pur et flexible, un tact fin, une légèreté de main et une délicatesse extrêmes, enfin le don de l’ironie : avec toutes les vertus bien à leur aise dans un génie particulier, il était très facile d’écrire les Vies Imaginaires. […] Il n’est pas sot, il pense à aujourd’hui et non à demain, à lui-même, qui a faim et froid, et non aux problématiques mêmes encore prisonniers dans les reins faciles du prolétariat : Nous… on est les pauv’s ’tits Fan-fans, Les p’tits flaupés… les p’tits fourbus, Les p’tits fou-fous… les p’tits fantômes Qui z’ont soupé du méquier d’même… Elle est très amusante, cette ronde biscornue, la Farandole des Pauv’s ’tits Fan-fans. […] A la seconde question, la réponse est généralement plus facile.

1669. (1940) Quatre études pp. -154

Même une fable de La Fontaine est une « comédie », ou une « tragédie », avec ses actes faciles à découper dans leur succession progressive : on nous l’a suffisamment répété dans les classes pour que nous en soyons justement convaincus. […] Inégaux, et par moments trop faciles, ces vers ne sont pas sans charme. […] Son style même, si coulant, si aisé, et comme désespérément facile, reste à une température moyenne et toujours égale ; aucune chaleur. […] Qu’il est facile, cependant, de reconnaître Leibniz dans quelques-unes de ses affirmations !

1670. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Observateur superficiel des mœurs de son temps, écrivain abondant, facile, harmonieux, mais inégal et négligé, ce que Prévost a de plus original et de plus communicatif, c’est sa promptitude à s’émouvoir de ses propres imaginations. […] De l’utilité de ces détails pour l’intelligence des romans de Prévost : — il a vraiment vécu son œuvre ; — les hasards de sa vie en expliquent le décousu ; — et ce qu’il n’en a pas vécu, il l’a moins « imaginé » que « senti ». — Du caractère sombre et mélodramatique des romans de Prévost ; — et combien ils diffèrent des romans de Le Sage et de Marivaux. — La passion de l’amour dans les romans de Prévost ; — comment elle les remplit à peu près uniquement ; — et qu’elle y affecte les mêmes caractères de soudaineté ; — de violence ; — et de fatalité que dans les tragédies de Racine. — Que là même, et non pas du tout dans une peinture de la fille ou de la courtisane, est le mérite éminent de Manon Lescaut. — La peinture des mœurs dans les romans de Prévost ; — et combien elle y est insignifiante ou superficielle. — Les romans de Prévost sont des romans idéalistes ; — nullement psychologiques d’ailleurs ; — et le style en est celui de la passion ; — c’est-à-dire, tantôt capable de la plus haute éloquence ; — et tantôt de la pire banalité ; — toujours facile d’ailleurs, harmonieux, abondant et prolixe. […] II ; et Gabriel Compayré, Histoire des théories de l’éducation en France, 1885]. — Préoccupation générale des choses d’éducation aux environs de 1760. — Que, s’il n’est pas facile de ramener le Contrat social à un principe unique, il l’est presque moins encore d’y ramener l’Émile ; — mais que, l’Émile étant la reprise idéale des préceptorats de Rousseau, — la personnalité de Rousseau suffit pour donner à son livre une apparence d’unité. — De l’imitation de Locke dans l’Émile [Cf.  […] 3º Les Œuvres. — Il ne survit rien aujourd’hui de toutes les œuvres que nous venons de citer ; et bien moins encore de tant d’autres qu’il nous serait facile d’énumérer.

1671. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Et la preuve de cette innocence est bien facile à fournir. […] — Le coupable, désormais facile à suivre, comme dit la chanson, ne pourrait mettre le nez à la fenêtre de son wagon sans apercevoir dans les nues sa figure dénonciatrice. […] J’avais, plus facile et plus pleine, L’illusion qu’il était mien… — Et c’est aussi que son caprice Mettait tant de flamme à ses yeux, Qu’il fallait bien que je le prisse Ainsi qu’un ordre impérieux. […] La seule discipline qu’il imposât, — c’était la bonne, — consistait dans la vénération de l’art, dans le dédain des succès faciles. […] Sous son regard persistant, les beaux jeunes hommes et les faciles jeunes femmes des parcs enchantés dépouillent bientôt le satin de leur peau et l’or de leur chevelure.

1672. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Mais, cette histoire n’est pas facile à débrouiller. […] Mais il lui était sans doute facile de pardonner sans arrière-pensée au milieu de ses triomphes. […] Mais si vos occupations, ou simplement vos goûts, vous retiennent dans ce Paris toujours admirable, il vous est également facile de communiquer avec la Nature. […] D’honnêtes attraits, un talent aimable et facile, suffisaient sans doute à ces hommes savants et enjoués. […] *** Théophile professait qu’il fallait que le discours fût ferme et le sens naturel et facile ; il rejetait les afféteries « qui ne sont que mollesse et qu’artifice » comme par exemple : L’aurore toute d’or et d’azur, brodée de perles et de rubis, paraissait aux portes de l’Orient.

1673. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Leur source est aussi profonde que la source des vers qui disent la Vénus noire, mais plus facile à exposer au jour. […] Il faisait de bonnes études au collège de La Rochelle, s’acquittait brillamment de son travail scolaire, mais comme d’une corvée facile et où il ne s’excitait point. […] Il écrivit beaucoup de vers, des vers sans nerf et faciles. […] On le distingue encore, comme un point jaune taché de points obscurs, immobile, les ailes étendues, cloué pour ainsi dire comme un oiseau d’or sur du bleu. » Même parfois le paysage algérien donne déjà à Fromentin la primeur de certaines musiques, aux octosyllabes un peu faciles, qu’il gardait pour André Gide. […] Il serait facile de sourire, et on voit bien les pages dans lesquelles, un jour d’hypocondrie, pourrait l’apprécier la Correspondance de Flaubert.

1674. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

N’avait-elle pas encore à aimer, à veiller sur ses enfants, à leur rendre la vie heureuse et facile, à écarter de leur route tout ce qui pourrait les blesser ou les attrister ? […] — Oui, c’est facile à dire quand on a un mari loyal et droit comme le tien, quand on ne connaît pas cet étouffement du mensonge et de la trahison en trame autour de soi… C’est un hypocrite, je vous dis. […] Encore une de ces petites pièces pleines de charme et de grâce faciles qui contrastent avec les grands morceaux héroïques qui terminent le volume. […] Mais la critique est chose facile, et un livre de M.  […] Quel est cet homme au gros rire, aux larmes faciles, à l’amitié toujours prête, à l’accent expansif de ton compatriote du Midi ?

1675. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

… c’est facile à trouver, un joli nom !… RAOUL. — Facile à trouver, je ne dis pas ! […] Avais-tu l’idée imbécile Que la route serait facile ? […] Il lui apprend des vers très faciles à comprendre. […] Elle disait, comme lui, des choses faciles : « — Cette vue est bien belle.

1676. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

L’explication en est plus facile. […] » Découvrir la maison d’Aristide Bruant n’est pas chose facile. […] — « Bonheur n’est pas un livre facile à lire : c’est un livre dur, mais on sent que la vie a passé par là. […] On se tromperait fort en croyant n’avoir affaire là qu’à des lieux communs de morale facile, et qui coulent mollement des lèvres d’un prédicateur populaire. […] Il est encore plus facile de faire cette observation en Orient, où la vie elle-même généralise et produit des types, que dans une ville moderne, où les différences d’individu à individu servent à introduire de la confusion dans nos théories.

1677. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Cette plume infatigable, vaillante, loyale, plus soucieuse de laisser voir les choses à travers la transparence d’un style copieux et facile que de masquer, sous des broderies, la figure de la réalité, eût contribué peut-être à éclaircir bien des problèmes, à démasquer bien des sophismes, à dissiper, à la fois, beaucoup d’illusions et beaucoup de terreurs. […] « Allez au désert », nous dit Bonvalot, d’un ton dégagé, comme si cet exode était aussi facile pour nous que pour lui. […] Il lui fut plus facile de dire adieu à son beau-père, le baron Christophe de Rabutin, qui la détestait. […] Il est facile, en Bretagne, d’attirer la mort sur les personnes que l’on n’aime pas. […] Quel brave homme que ce Pingot, quelle bonne bête, et comme il est facile de se faire aimer, admirer de ce grand enfant !

1678. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Un gentilhomme de mœurs faciles à qui le plaisir a désappris toute croyance, sans ternir en lui le culte de l’honneur, épouse une jeune fille pieuse, élevée dans la pureté d’un milieu provincial, Mlle Aliette de Courteheuse. […] Toutes celles de vos pièces qui forment ce que l’on pourrait appeler votre « Théâtre d’amour », sont construites sur ce même type : un ton enjoué de facile causerie, un libre défilé de scènes prises au quotidien de l’existence et jetées comme au hasard, le modelage, par petites touches savamment données, de figurines qui s’animent, qui se précisent, qui bougent. […] Dans la pension familiale et facile, tout alla bien, quoique le jeune garçon dut souvent doubler le travail de ses leçons à savoir, par le travail des placards d’imprimerie à composer. […] Walewski et de Momy : « On se montrait alors », dit-il, « infiniment plus tolérant les uns envers les autres et de plus facile commerce entre dissidents politiques qu’on ne l’est au quart d’heure où ces lignes sont écrites. » Libéralisme, tolérance, — ces mots reviennent sans cesse sous la plume de l’ancien pair de France. […] Coppée avait la production non pas facile, mais heureuse.

1679. (1903) Propos de théâtre. Première série

» À quoi la réponse paraît d’abord facile. […] Oui, sans doute, la réponse est facile, et, après tout, elle est assez sensée, et peut-être ne laisse-t-elle pas d’être juste. […] Ce lui a été surtout une occasion de faire de jolis vers, faciles et gais. […] Elle a sur ses passions un souverain empire et qui semble lui être assez facile. […] C’est plus facile à sentir qu’à définir.

1680. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

L’Italie, toujours trompée, mais toujours facile à tromper, et qui attend toujours du dehors un sauveur, se précipite au-devant de Henri avec des frémissements de joie. […] Malgré toute la clarté de votre esprit, j’ai quelque peine à croire qu’il vous soit facile de dégager la pensée de Dante de ses nuages. […] À mesure que notre domaine intellectuel s’étend, il nous devient moins facile de le posséder et de le fertiliser. […] Dans les Travaux et les Jours, il est dit que la route de la vertu est escarpée et d’abord hérissée d’obstacles, mais que, en approchant du sommet, on la trouve facile. […] Jamais Gœthe ne séduit, au sens bourgeois du mot, jamais il ne raille, même la femme facile.

1681. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Si on vous disait : « Pendant le siège de Mons, la jeune noblesse en quittant Paris laissa bien des aventures galantes et des liaisons de cœur ; il y eut de belles affligées qui bientôt se consolèrent ; on s’écrivait des billets avant et après le siège, mais le retour pour plusieurs ne fut point aussi heureux que l’avait été le départ » ; si on vous disait cela, on ne vous apprendrait rien qui ne soit facile à supposer et qui n’ait dû être ; mais si l’on ajoutait : « Il existe une trentaine de lettres écrites par l’un de ces cavaliers de l’état-major du roi à une jeune dame de la Cour, qui fut persuadée, touchée, tendre à son égard, puis volage », on voudrait lire ces lettres : eh bien, le marquis de Lassay nous les a conservées.

1682. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Les livres qui s’échappèrent de sa plume en ces années : L’Homme du Midi et l’homme du Nord (1824) ; La Scandinavie et les Alpes (1826), faciles, agréables et décousus, ne le représentent que très imparfaitement.

1683. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Les critiques mêmes de profession, pour peu qu’ils fussent élégants, ne s’informaient pas assez à l’avance de tout ce qui pouvait donner à leur jugement des garanties d’exactitude parfaite et de vérité ; on en sait plus qu’eux aujourd’hui sur bien des points dans les sujets où ils ont passé ; on a sous la main toutes les ressources désirables ; sans parler de la biographie, la bibliographie, cette branche toute nouvelle, d’abord réputée ingrate, cette science des livres dont on a dit « qu’elle dispense trop souvent de les lire », et que nos purs littérateurs laissaient autrefois aux critiques de Hollande, est devenue parisienne et à la mode, presque agréable et certainement facile, et le moindre débutant, pour peu qu’il veuille s’y appliquer deux ou trois matinées, n’est pas embarrassé de savoir tout ce qui concerne le matériel des livres et le personnel de l’auteur dont il s’occupe pour le moment.

1684. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade le rappela à la bonté et à l’équité par une lettre qui est un modèle d’humaine sagesse : « Ceux que vous nommez, que vous accusez, sur lesquels vous appelez le ridicule ou peut-être quelque chose de plus sévère (car les révolutions, faciles et humaines à leur origine, sont quelquefois suivies de violentes réactions), ceux de qui vous riez, d’un rire bien amer et bien cruel, sont d’honnêtes gens, séduits d’abord par des illusions très-séduisantes, menés ensuite plus loin qu’ils ne l’avaient pensé.

1685. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

 » L’honnête homme en Boileau ne l’attirait pas moins que l’esprit judicieux et le critique : « C’est un homme » ajoutait-il, « d’une innocence des premiers temps et d’une droiture de cœur admirable, doux et facile, et qu’un enfant tromperait.

1686. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Le cardinal lui répondit : « Il est plus facile de trouver des Voiture que des Richelieu. » Voltaire bien loin de Voiture !

1687. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

» et dans leur bouche facile, habituée aux feintes, ce doute n’exprimait pas une trop violente injure.

1688. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Sue cette justice qu’il a sérieusement étudié son sujet, et non-seulement dans les sources ouvertes et faciles, mais dans les plus particulières.

1689. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Aujourd’hui, il nous paraît bien facile de juger et de trancher des Pensées de Pascal ; en 1668, c’était un peu autrement.

1690. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Ce qui lui paraît en général le plus facile, c’est le récit.

1691. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Je crois donc que Boileau avait raison lorsqu’il se glorifiait d’avoir appris à Racine à faire difficilement des vers faciles ; mais il allait un peu loin, si, comme on l’assure, il lui donnait pour précepte de faire ordinairement le second vers avant le premier.

1692. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Dans le calme, dans le bonheur, la vie est un travail facile ; mais on ne sait pas combien, dans l’infortune, de certaines pensées, de certains sentiments qui ont ébranlé votre cœur, font époque dans l’histoire de vos impressions solitaires.

1693. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

.) — « Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m’avaient donné occasion de m’imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes s’entresuivent de même. » (Descartes, Discours de la méthode, I, 142.) — Au dix-septième siècle, on construit a priori avec des idées, au dix-huitième siècle avec des sensations, mais toujours par le même procédé, qui est celui des mathématiques et qui s’étale tout entier dans l’Éthique de Spinosa.

1694. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Il semblait que la morale était devenue facile à pratiquer et que la balance de l’ordre social était si bien établie que rien ne pourrait la déranger. » 435.

1695. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

On l’assujettit s’il est bon et facile ; on l’aigrit et l’on l’irrite s’il est méchant… Il est tenu dans la misère, dans l’abjection, par des hommes qui ne sont rien moins qu’inhumains, mais dont le préjugé, surtout dans la noblesse, est qu’il n’est pas de même espèce que nous… Le propriétaire tire tout ce qu’il peut et, dans tous les cas, le regardant lui et ses bœufs comme bêtes domestiques, il les charge de voitures et s’en sert dans tous les temps pour tous voyages, charrois, transports.

1696. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Cela dit, il est facile de se rendre compte de la flûte, de la harpe et de la prosodie du berger musicien et du roi-poète.

1697. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

D’autre part, si bien doué qu’on soit, on ne naît pas avec la science du métier : en poésie, comme dans tous les arts, il faut apprendre la technique par où la nature s’exprime et manifeste son originalité ; bien rares sont les génies faciles en qui l’inspiration est immédiatement infaillible, et pour qui l’enfantement des chefs-d’œuvre est l’affaire d’un jour, et d’un accès de fièvre.

1698. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Mais tout se sait : on médit de leur accord ; les parents ou un mari gourmandent la trop facile dame, excitent son orgueil, lui font honte ou peur ; pour plus de sûreté, on la flanque d’une duègne ; plus de gracieux abord : l’amant est banni plus sévèrement et plus loin que jamais.

1699. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Il appelle son style « comique et privé, serré, désordonné, coupé, particulier ; sec, rond et cru, âpre et dédaigneux, non facile et poli234 » : jamais style en effet n’a été moins apprêté, moins bouffi, moins solennel, plus familièrement alerte.

1700. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Il est facile de prévoir qu’avant la fin du siècle les drames de Victor Hugo ne compteront dans l’histoire du théâtre qu’à titre de documents.

1701. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Les Gracques, en violant les lois, détruisirent ce qui modérait l’ambition des nobles et rendait la patience plus facile au peuple par l’espérance.

1702. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

J’ai cherché ensuite à former avec nos sensations visuelles un continu physique équivalent à l’espace ; cela est facile sans doute et cet exemple est particulièrement approprié à la discussion du nombre des dimensions ; cette discussion nous a permis de voir dans quelle mesure il est permis de dire que « l’espace visuel » a trois dimensions.

1703. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

« Je le regarde, dit-elle, comme un long esclavage. » Et, fidèle à ses principes, elle sauvegarde son indépendance avec une constance que sa figura lui rend peut-être plus facile qu’elle n’aurait souhaité.

1704. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Il serait facile de multiplier les preuves de semblables répercussions littéraires.

1705. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

« Elle peut se définir une généralisation de l’expérience »104, ou bien encore « le moyen de découvrir et de prouver des propositions générales. » Son fondement n’est pas, comme l’ont prétendu les Écossais, notre croyance à l’uniformité du cours de la nature, vu que cette croyance est elle-même un exemple d’induction, et d’une induction qui n’est pas des plus faciles ni des plus évidentes, puisqu’il faut, avant d’y arriver, avoir conçu les uniformités particulières dont l’uniformité générale est la résultante et la synthèse.

1706. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Ce sont des Philosophes qui ont décrié & réduit à fort peu de chose le mérite de l’inimitable Lafontaine [Voyez l’article de ce Poëte], qui ont appelé la satire un métier facile & méprisable, & prétendu que le plus grand honneur qu’ait pu recevoir Corneille, c’est que M. de Voltaire ait daigné le commenter [Voyez l’art.

1707. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Les vers ont l’allure facile et gracieusement négligente particulière à la poésie de M. 

1708. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Il serait plus facile d’analyser un liquide que de définir sa nature molle et inconstante, qui se corrompt sans être agitée.

1709. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Le cardinal de Fleury avait dirigé toute son éducation en ce sens de mollesse ; ce vieillard, de plus de quatre-vingts ans, à la fois par habitude et par ruse, avait tenu constamment son royal élève à la lisière, le détournant de tout ce qui ressemblait à une idée ou à une entreprise, attentif à déraciner en lui la moindre velléité ; il ne l’avait accoutumé qu’aux choses faciles.

1710. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Se séparant, pour le mieux flétrir, du faux bon ton qui n’avait jamais été le sien, et revendiquant le vrai bon ton éternel et naturel, celui qui est tel pour toute âme bien née, et qu’aucune révolution n’est en droit d’abolir : Tout homme qui a une âme bonne et franche, s’écriait-il, n’a-t-il pas en soi une justesse de sentiment et de pensées, une dignité d’expressions, une gaieté facile et décente, un respect pour les vraies bienséances, qui est en effet le bon ton, puisque l’honnêteté n’en aura jamais d’autre ?

1711. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

C’est cela surtout, l’éternité en arrière, que notre pauvre cervelle ne peut imaginer… Et pas une révélation, cela était si facile à Dieu… oui, de grandes lettres dans le ciel, quoi, une charte divine, imprimée clairement en caractères de feu.

1712. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Ce qu’il a eu dessein de faire, ce qu’il voudrait que la postérité vît dans son œuvre, si jamais elle s’occupe de si peu, ce n’est pas la défense spéciale, et toujours facile, et toujours transitoire, de tel ou tel criminel choisi, de tel ou tel accusé d’élection ; c’est la plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés présents et à venir ; c’est le grand point de droit de l’humanité allégué et plaidé à toute voix devant la société, qui est la grande cour de cassation ; c’est cette suprême fin de non-recevoir, abhorrescere a sanguine , construite à tout jamais en avant de tous les procès criminels ; c’est la sombre et fatale question qui palpite obscurément au fond de toutes les causes capitales sous les triples épaisseurs de pathos dont l’enveloppe la rhétorique sanglante des gens du roi ; c’est la question de vie et de mort, dis-je, déshabillée, dénudée, dépouillée des entortillages sonores du parquet, brutalement mise au jour, et posée où il faut qu’on la voie, où il faut qu’elle soit, où elle est réellement, dans son vrai milieu, dans son milieu horrible, non au tribunal, mais à l’échafaud, non chez le juge, mais chez le bourreau.

1713. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Réunissez et groupez le silence, l’obscurité, la victoire facile, l’infatuation monstrueuse, la proie offerte de toutes parts, le meurtre en sécurité, la connivence de l’entourage, la faiblesse, le désarmement, l’abandon, l’isolement ; du point d’intersection de ces choses jaillit la bête féroce.

1714. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Je n’oserais, si ce n’était pour vous ; Car c’est beaucoup que d’essayer ce style Tant oublié, qui fut jadis si doux Et qu’aujourd’hui l’on croit facile.

1715. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Les circonstances qui avaient renfermé son père, comme un patriarche, dans la culture de sa maigre vigne, arrêtèrent Mlle Eugénie sur la pente où la délicate originalité de son esprit se fût compromise ; car des lectures nombreuses et variées en eussent certainement altéré la nuance virginale, si elles lui eussent été faciles.

1716. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

» Cette lutte s’estompe dans un passé qui paraît lointain, et, maintenant que les rancunes sont tombées, avec l’ardeur de la bataille, que les dangers communs ont réuni, côte à côte, les ennemis d’hier, il est plus facile d’apprécier sainement l’intention dans le fait, jugé autrefois répréhensible, lorsqu’une occasion nous reporte à ces anciennes histoires.

1717. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

N’est-ce pas une ambition que je qualifierais à mon tour de médiocre que celle de plaire et d’être utile à une toute petite partie de l’humanité, toujours la même, la moins facile à émouvoir, et en un sens la plus négligeable, puisqu’elle trouve autour d’elle tant de moyens de jouissance et de perfectionnement ?

1718. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Dans ces conditions, il nous sera facile de suivre la règle que nous nous sommes imposée dans le présent essai : celle de ne rien avancer qui ne puisse être accepté par n’importe quel philosophe, n’importe quel savant, — rien même qui ne soit impliqué dans toute philosophie et dans toute science.

1719. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

La société, qui est la mise en commun des énergies individuelles, bénéficie des efforts de tous et rend à tous leur effort plus facile.

1720. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Et c’est pourquoi il sera toujours facile à une certaine philosophie, disions-nous, de localiser l’idée générale à une des deux extrémités, de la faire cristalliser en mots ou évaporer en souvenirs, alors qu’elle consiste en réalité dans la marche de l’esprit qui va d’une extrémité à l’autre.

1721. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Au contraire, si les différents côtés de sa personne ressortissent à des sociétés différentes, il n’est plus si facile à l’esprit de le classer du premier coup et une fois pour toutes ; nous établissons plus malaisément entre sa valeur et la valeur reconnue de telle collectivité cette solidarité qui nous empêche, comme le veut l’égalitarisme, de rendre à chacun ce qui lui est personnellement dû.

1722. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Il se pourrait enfin que contenant à un degré supérieur tout ce qui fait le prix de ses romans et, d’autre part, entièrement exempts d’effets un peu gros ou un peu faciles, les purs et simples carnets de route de Loti fussent d’une essence encore plus fine et d’une originalité plus rare. […] Cette observation d’une ironie facile ne prouve point cependant qu’il ait complètement échoué dans sa propagande. […] Là, il se livre à de sombres méditations sur les frères latins qui nous submergent et nous exproprient, sur les indigènes qu’il eût été si facile d’utiliser, sur l’avenir de l’Algérie, où il n’aperçoit, par suite de ces erreurs, que périls et tempêtes à l’horizon.

1723. (1886) Le roman russe pp. -351

Nos opinions sur la Russie étaient déterminées par une de ces formules faciles qu’on affectionne en France et sous lesquelles on écrase un pays comme un individu : « Nation pourrie avant d’être mûre », disions-nous, et cela répondait à tout. […] Le secret de la célébrité facile est peut-être de ne pas bouger : on a pour soi tous les photographes. […] Le sol fertile porte d’incomparables moissons, la vie est facile, partant joyeuse, dans cet éveil universel de la sève et du sang. […] Quand on étudie le théâtre russe, il est facile de deviner pourquoi cette forme de l’art est bien moins développée que les autres. […] Ivan Serguiévitch avait la main facile comme le cœur et donnait indistinctement à toutes les misères ; il suffisait d’être Russe pour trouver sa porte ouverte, sa bourse prête, et de bonnes paroles sur ses lèvres ; mais s’il a secouru les hommes, il n’a certainement pas coopéré à leur politique.

1724. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Plus d’un pâle bouquet ‌ Glisse d’un sein de vierge et jonche le parquet, ‌ Une molle sueur embrase chaque joue… Lisez les vers où est raconté le retour avec la légère et vénale Rose :‌ Et dès qu’à l’entresol sont tirés les verrous…‌ Lisez surtout, de-ci de-là, ces aveux jetés en passant, et qui traduisent les rancœurs des premiers égarements dans une âme voisine des fraîcheurs naïves de l’adolescence :‌ Pour dévorer mes jours et les tarir plus vite, ‌ J’ai rabaissé mon âme aux faciles plaisirs…‌ Et ailleurs :‌ J’ai mordu dans la cendre et dans la pourriture, ‌ Comme un enfant glouton, pour m’assoupir après… ‌ Et plus loin :‌ Et nous, nous qui sortons de nos plaisirs infâmes,‌ Un fou rire à la bouche et la mort dans nos âmes.‌ […] Il faut lire dans les notes en prose, soi-disant extraites des cahiers du mort, qui terminent Joseph Delorme, le morceau numéroté XVII sur l’esprit critique : « L’esprit critique est, de sa nature, facile, insinuant, mobile et compréhensif. […] La raison de cette préférence donnée aux thèmes violents sur les autres dans des récits de brève dimension est facile à concevoir. […] Il était si facile, en interrogeant quelques vétérans du journalisme36, de savoir que le romancier gagnait sa vie, à cette époque, en rédigeant, dans les gazettes du temps, des articles anonymes de politique étrangère, et présentait vainement à tous les éditeurs ses œuvres de début : son Brummel, refusé à la Revue des Deux Mondes ; sa Vieille Maîtresse, imprimée enfin par la protection d’un confrère, — M. 

1725. (1901) Figures et caractères

Il est assez facile d’intéresser les hommes chacun à lui-même, mais il est certes moins commode de les passionner pour l’un d’entre eux. […] Le défaut des meilleures biographies est que tout y paraît naturel, aisé, facile. […] Je ne veux pas, ce qui serait trop facile, plaisanter la mise en vers que fit jadis du drame de Shakespeare le bon Ducis, d’autant mieux que je ne suis pas sûr que ce triste camaïeu n’ait pas été tout ce qu’on pouvait faire accepter de couleur shakespearienne aux spectateurs ordinaires des tragédies de M.  […] Il se contente à leur égard de formules faciles, qui le satisfont entièrement. […] Un poème ainsi conçu, quelles que soient les précautions qu’on prenne pour le rendre accessible, n’est jamais d’un accès immédiatement facile.

1726. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Il devait être facile de s’entendre ; et, après quelques tâtonnements, c’est de cette entente qu’est sortie la pensée de l’Académie française. […] Il a très bien vu, du premier coup d’œil, où tendait l’exégèse de Richard Simon, ce qui n’était pas si facile à voir, dès 1678 ; et il a pressenti, puisque l’expression est de lui, « le grand combat qui se préparait contre l’Église sous le nom de cartésianisme », dès 1687. […] Mais elles trahissent le désir de plaire, et c’est un dernier caractère de la transformation de la langue : plus logique et plus simple en sa construction, plus facile à suivre en son tour et plus spirituelle, elle devient en même temps plus « sociale », ou si l’on veut plus mondaine. […] Il n’est pas facile, et il serait assez ridicule de raconter « oratoirement » les aventures de Gil Blas. […] Lalanne, III, 340], — et de ne pas confondre Mme de Scudéri, la femme de Georges, avec Madeleine, sa belle-sœur. — Qu’en dernière analyse, il est difficile de rien reconnaître dans La Princesse de Clèves qui porte la marque de La Rochefoucauld ; — qu’il est seulement vrai que La Princesse de Clèves et les Maximes sont également, et en des genres un peu différents, des « fleurs » naturelles de l’esprit précieux ; — et qu’il n’y a ni dans les unes ni dans l’autre de trace de « cartésianisme » ; — mais qu’il est facile d’y en signaler du « jansénisme » [Cf. la préface de la première édition].

1727. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Ils sont un peu longs ; tous les écrits de ce temps, français ou imités du français, partent d’esprits trop faciles ; mais comme ils coulent ! […] Comme tout cela est vivant, et quel ton facile !

1728. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Leur naturel est pliant et souple, leur esprit facile et intrigant. […] Mais il est facile de voir que, dans ce partage d’honneurs, le Lesqui avait les plus essentiels ; car il fut mis à la droite du roi, et quand l’ambassadeur de Moscovie voulut s’en plaindre, on lui répondit qu’on avait donné la droite au Lesqui, parce qu’il était venu le premier.

1729. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Il serait aussi facile aux chimpanzés de donner des leçons de zend et de sanscrit à leurs petits, « Maître de l’éducation, maître du genre humain », a dit Leibnitz. […] La seconde raison de l’hostilité qu’il a soulevée autour de lui est non moins facile à donner : c’est un artiste fort original et fort habile, et ceci, au besoin, eût suffi, car nous n’aimons pas les habiles.

1730. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Il est facile d’en conclure que, pour se guérir d’un mal, la première condition est de se persuader ou que le mai n’existe pas, ou qu’il n’est pas grave. […] Les images verbales sont comme des points d’application faciles et rapides pour une série d’actes conscients de volonté, à la fois commencés et retenus.

1731. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Il y avait là une gloire joviale, facile, enivrante, gloire de table qu’on se renvoyait au dessert de convive à convive, qui ne coûtait que l’écot d’un dîner et un refrain grivois ou gastronomique, et qui cependant se répandait assez promptement de la salle à manger dans la rue, par la voix des chanteurs publics. […] Il avait trouvé plus facile et plus sûr de faire tout le bien qu’il pouvait faire, homme par homme, dans un cercle privé autour de soi, que de faire un bien abstrait, incertain et problématique aux nations et à l’humanité dans l’ordre social ou politique.

1732. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Sa femme, que des causes pareilles irritaient contre le roi, n’épargna rien pour l’aigrir et lui fit comprendre combien il lui serait facile de se venger lorsque Duffe viendrait, comme cela lui arrivait souvent, loger à Fores, sans autre garde que la garnison du château, qui était entièrement à leur dévotion, et elle lui en indiqua tous les moyens. […] Il faut pour cela que Duncan périsse ; elle ne voit dans la mort de Duncan que le plaisir d’être reine ; son courage est facile, car elle n’aperçoit pas ce qui pourrait la faire reculer. […] Il est prêt à tout entreprendre, comme si tout lui était aussi facile que le maniement de sa navette. […] On pourrait leur répondre, même en parlant des règles qu’ils veulent imposer, que l’amour des deux femmes pour Edmond qui sert à amener leur punition, et l’intervention d’Edgar dans cette portion du dénouement, suffisent pour absoudre la pièce du reproche de duplicité d’action ; car, pourvu que tout vienne se réunir dans un même nœud facile à saisir, la simplicité de la marche d’une action dépend beaucoup moins du nombre des intérêts et des personnages qui y concourent que du jeu naturel et clair des ressorts qui la font mouvoir. […] On trouve aussi dans le recueil de Percy22, une ballade que quelques-uns ont cru plus ancienne que la pièce, ce qui n’est pas facile à décider : nous la plaçons en note.

1733. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Les dictateurs étaient en effet bien moins cruels et bien plus faciles à émouvoir que leur entourage. […] Il a beau renoncer à la poésie ; son vers, aussitôt qu’il y revient, coule aussi facile, aussi mélodieux ; il sait être grave et rêveur, gai et gracieux, mais le brillant lui manque peut-être un peu. […] Je sais fort bien que la victoire ne sera point obtenue sans combat, mais vraiment, quel argument allèguera-t-on, qui ne soit facile à réfuter ? […] C’est une évolution, très facile à distinguer, qui se produit dans la manière de l’écrivain : une modification très nette, non pas des procédés employés jusqu’ici par André Theuriet, mais de l’allure qu’affectait son œuvre. […] Bien que chaque phrase rythmée doive former un tout, il y a un lien bien facile à saisir, un lien qui est dans l’idée extraite, pour ainsi dire, de l’idée de la phrase première, ou pour mieux dire, qui est l’expression seconde de cette idée.

1734. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Il peut en croire l’éloge que lui adresse un Français qui, par une certaine fierté nationale, très facile à s’expliquer, eût rougi, tout en l’admirant, de chercher sa présence dans Paris, et qui désire que sa louange sincère le suive à Pétersbourg. […] Ce tour n’est pas ce qu’on appelle aisé, mais trop facile à employer : on ne sent pas que ce soit là un vers, sinon par la mesure des syllabes ; il n’est pas simple, mais plat. […] Ils ne se distingueront plus de la phrase du prosateur dont ils n’auront pas la facile éloquence, et dès lors l’égalité de leur scandaison syllabique fera le supplice de l’oreille, à tout coup heurtée de leur chute dissonante. […] L’un, déployait un talent plus correct, l’autre, plus séduisant et plus fertile ; l’un, une imagination plus haute, l’autre, plus agréable et plus riche ; l’un, montrait mieux son art, l’autre, brillait par plus de naturel ; celui-là sut chanter le génie, la liberté, la gloire ; celui-ci modestement conserver la noble indépendance de sa personne et de sa muse, se faire de vrais amis, et fonder sa renommée par la sensibilité de sa diction facile et touchante. […] Des critiques peu judicieux ont toutefois reproché des inutilités à la contexture de ce poème, telles que la surabondance des détails, la fréquence des combats, les harangues des guerriers ; et particulièrement les longues narrations de Nestor : je crois facile de les convaincre à l’égard des détails, que leur profusion enrichit l’ouvrage sans le surcharger, et que leur brillante variété repose l’âme et distrait l’esprit, que lasserait bientôt un récit dépouillé d’ornements.

1735. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

La première partie, qui comprendrait la Régence et le règne de Louis XV, formerait un opéra-comique, dont les paroles et la musique seraient faciles à trouver. […] Chateaubriand se dit lui-même disciple de Rousseau, et il est facile de reconnaître dans ses œuvres outre l’inspiration véritable, et le souffle de la nature, l’influence d’un ciel étranger. […] Rien même n’est plus facile que de trouver le talon d’Achille de ce poète excessif qui semble abuser à plaisir des richesses de son imagination. […] Seulement comme son originalité consistait essentiellement dans la forme, son style devint un véritable procédé, facile à imiter et qui ne tarda pas à être exagéré jusqu’à l’absurde. […] Il est facile de crier au scandale vingt ans après, quand le temps a refroidi l’enthousiasme et changé du tout au tout l’esprit public.

1736. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Ceci est une descente facile dans la nuit, facilis descensus Averni. […] La matière est d’exploitation facile, parce que, certainement, les passions, comme tout ce qui est beau, sont toutes pleines et toutes grosses de dangers. […] L’opposition des deux principes se rendra tout à fait sensible, si l’on remarque la nuance de dédain (même léger et bienveillant) qui s’attache au « bon » selon l’acception de la morale des esclaves, parce que le « bon » de cette morale c’est l’homme inoffensif, de bonne composition, facile à duper, peut-être un peu bête, un bonhomme. […] Ce n’est pas la faute et ses conséquences fâcheuses qui les intéressent, Shakespeare tout aussi peu que Sophocle (Ajax, Philoctète, Œdipe) ; bien qu’il eût été facile, dans les cas indiqués, de faire de la faute le levier du drame, on évite cela expressément. […] La plèbe romaine discutait et disputait avec son aristocratie, sans aucun doute ; mais jusqu’à l’établissement de l’Empire, elle lui restait attachée, puisqu’elle ne la renversait pas, ce qui pour une plèbe est si facile qu’il consiste simplement à ne pas soutenir.

1737. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

— En démocratie, il faut que tous fassent ce qui était très facile à un seul, difficile déjà à quelques-uns. […] Les premiers ont un système facile : l’Etat est tout. […] Le gouvernement despotique est le gouvernement naturel, quelque goût (pie les hommes aient pour être libres, parce qu’il est très facile à établir. […] La propriété est le plus faible des droits de l’homme et il n’y a rien de plus facile que, je ne dis pas de détruire la propriété, mais de dépouiller les propriétaires. […] Il n’y a donc qu’en France que la Constitution soit libre, ou qu’elle pourrait l’être, moyennant une modification en vérité assez facile.

1738. (1923) Au service de la déesse

Il n’est rien de plus facile et rien qui laisse moins de traces. […] D’ailleurs, la polissonnerie n’est pas indispensable : et ces Goncourt ont la dialectique facile en n’opposant à leurs romans « sérieux, graves », médicaux, scientifiques et terriblement dénués de frivolité, que la polissonnerie. […] En outre, c’est facile de remplacer la discrétion souveraine par l’amphigouri. […] Exemples : il est facile d’en trouver plusieurs à chaque page. […] Et il est de ces convertis que leur belle aventure spirituelle a, en quelque manière, entichés On voudrait qu’ils n’eussent pas si promptement perdu le souvenir d’une longue erreur et qu’un tel souvenir leur fît comprendre comme l’erreur est facile et, souvent, pardonnable.

1739. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Son esprit dans la conversation était prompt, ingénieux et agile, sa gaieté brillante, son imagination facile et si abondante, qu’au dire de ses camarades il ne raturait rien ; à tout le moins, quand il écrivait pour la seconde fois une scène, c’était l’idée qu’il changeait, non les mots, par une seconde poussée d’invention poétique, non par un pénible regrattage des vers. […] VII Rien de plus facile à un pareil poëte que de former des scélérats parfaits. […] Mes spectateurs du seizième siècle avaient l’émotion plus facile.

1740. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Mais apparemment que le portier l’avait trahi, car on continua à cogner, et bien plus on lui parla du dehors ; au milieu de paroles confuses, il fut même facile d’entendre ces mots : au nom du Roi ! […] C’est un homme partial mais de beaucoup de talent et qu’il est facile de juger, à voir dans son journal, le Corsaire, la façon dont il traite les gens qui n’ont pas le bonheur de lui plaire. […] que de combinaisons inconnues, d’industries secrètes, de révélations incroyables, il me serait maintenant facile de vous raconter, pour l’histoire du journalisme en France !

1741. (1932) Le clavecin de Diderot

Bouquet de forces et d’idées, les plus et les mieux subversives, s’il a commencé par crever les trop faciles écrans des neutralités poétiques et intellectuelles, il ne va pas s’arrêter en chemin. […] Quant à ceux qui ont fui le siècle, dans leur austérité la plus frugale, il est facile de dénoncer une gourmandise assez sûre de soi pour accepter comme un hommage, à elle dû, la maturité des fruits. […] Le poète, il est le plus sensible des clavecins sensibles, donc, de ce fait, le moins facile d’entre eux.

1742. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Pas trop de poètes on de peintres métaphysiques, je t’en conjure ; pas trop de messieurs de l’Empyrée, ni d’abstracteurs de quintessence : deux ou trois, par génération, suffisent ; mets-les à part et en haut lieu pour la rareté et pour la montre, garde-les pour tes grands dimanches ; mais, les jours ouvrables, sois heureuse encore et contente de retrouver de tes favoris et de tes semblables, de ces talents ou de ces génies faciles, qui, de tout temps, t’ont défrayée et charmée, qui te parlent ton langage et t’y entretiennent, qui te font passer tes plus agréables heures, et non pas les moins salutaires, en t’offrant à toi-même en spectacle sous tes mille aspects vivants, avec tes qualités et défauts divers : crânerie, héroïsme, gaieté, sentiment, humeur légère, audace brillante, coup d’œil net et bon sens pratique37.

1743. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Un principe pourtant se glissait, s’insinuait partout, et déterminait l’inclinaison dans la plupart des cas : en dehors du Palais, la Ville et la Cour étaient d’accord et dans une sorte d’émulation pour adoucir à l’envi les mots et la façon de les prononcer, pour rendre, en parlant, toute chose plus agréable et plus facile ; c’était là le courant général et la pente.

1744. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il y a des fleurs, des herbes, des senteurs de vie qui vous inondent malgré vous-même ; il y a une atmosphère d’insouciance qui vous berce et vous rend tout facile, même la souffrance.

1745. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Ces détails si vrais, si faciles, si heureux de présence d’esprit et de liberté d’expression, ces innocents et profonds souvenirs se jouant d’eux-mêmes dans le cadre sanglant, funèbre, qui les entoure, qui les resserre à chaque instant et qui bientôt va les supprimer avant la fin et les écraser, forment une des lectures éternellement charmantes et salutaires, les plus propres à tremper l’âme, à l’exhorter et à l’affermir en l’émouvant.

1746. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Or, à présent que la société est mêlée, de pareilles épreuves sont fréquentes et faciles.

1747. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

XI Devoir d’adoration envers le Créateur, qui a daigné tirer l’être du néant pour sa gloire ; devoir qui oblige l’homme à se conformer en tout aux volontés du souverain législateur, volontés manifestées à l’homme par ses instincts ; organe de la véritable souveraineté de la nature ; devoir facile, satisfait par son accomplissement, même quand il est douloureux aux sens ; devoir qui donne à l’homme obéissant à son souverain Maître cette joie lyrique de la vie et de la conscience, joie de la vie et de la conscience qui éclate dans tout être vivant comme un cantique de la terre, et que tous les êtres vivants, depuis l’insecte, l’oiseau, jusqu’à l’homme, entonnent en chœur au soleil levant comme une respiration en Dieu !

1748. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

VI « Résolvez les deux problèmes, encouragez le riche et protégez le pauvre, supprimez la misère, mettez un terme à l’exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein à la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivé, ajustez mathématiquement et fraternellement le salaire au travail, mêlez l’enseignement gratuit et obligatoire à la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilité, développez les intelligences tout en occupant les bras, soyez à la fois un peuple puissant et une famille d’hommes heureux, démocratisez la propriété, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriétaire, chose plus facile qu’on ne croit ; en deux mots, sachez produire la richesse et sachez la répartir, et vous aurez tout ensemble la grandeur matérielle et la grandeur morale ; et vous serez dignes de vous appeler la France.

1749. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Jeune encore, il fit briller, au milieu des ténèbres de la barbarie qui s’étaient étendues sur toute l’Italie, une simplicité de style, une pureté de langage, une versification heureuse et facile, un goût dans le choix des ornements, une abondance de sentiments et d’idées, qui firent encore une fois revivre la douceur et les grâces de Pétrarque. » Si l’on ajoute à ces témoignages respectables les considérations suivantes, que les deux grands écrivains dont on prétend établir la supériorité sur Laurent de Médicis employèrent principalement leurs talents dans un seul genre de composition, tandis qu’il exerça les siens dans une foule de genres différents ; que, dans le cours d’une longue vie consacrée aux lettres, ils eurent le loisir de corriger, de polir, de perfectionner leurs ouvrages, de manière à les mettre en état de supporter la critique la plus minutieuse, tandis que ceux de Laurent, presque tous composés à la hâte, et, pour ainsi dire, impromptu, n’eurent quelquefois pas l’avantage d’un second examen, on sera forcé de reconnaître que l’infériorité de sa réputation comme poëte ne doit pas être attribuée à la médiocrité de son génie, mais aux distractions de sa vie publique.

1750. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Mais que nous importe que son travail ait été pénible ou facile ?

1751. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Chateaubriand, dès l’enfance, trouva dans le rêve d’immédiates et d’absolues jouissances, des conquêtes faciles et complètes ; il se lit un monde en idée, et se sentit maître du monde.

1752. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Mendès qu’il n’y ait point en sa Médée trop de « beaux vers », vous savez des alexandrins lapidaires (et si faciles !)

1753. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Quant à savoir pourquoi il leur donne le nom de symbolistes, c’est moins facile, et je serais encore, à l’heure qu’il est, un peu embarrassé de le dire.

1754. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Quelques-uns affaiblissent en les développant, ou corrompent en les mêlant d’erreurs qui affectent la nouveauté, les vérités que ceux-ci ont exprimées d’autres, qui ont plus de fougue et d’audace, se retournent tout à la fois contre les vérités et les disciplines consacrées par les œuvres du génie, et attaquent le goût du public par impuissance de le contenter, Au xvie  siècle, où les écrivains supérieurs laissent d’ailleurs beaucoup à perfectionner, les écrivains secondaires ont l’importance et l’originalité d’auxiliaires chargés de quelque partie plus facile de la tâche commune, et qui, dans certains ordres de vérités et de connaissances, poussent l’esprit français et la langue, et complètent les conquêtes du génie.

1755. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Deux, entre autres, alors fort goûtés, le cardinal Duperron et Coeffeteau, évêque de Marseille, rendaient ce progrès sensible à tous les esprits par des ouvrages bien faits et d’une lecture facile.

1756. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

L’interprétation C’est le sujet facile aux conversations, dans Bayreuth, que la comparaison des divers artistes qui interprètent Tristan et Parsifal ; comme chaque rôle est tenu en triple ou en double, il y a beau jeu à discussions, parmi les pèlerins de Bayreuth.

1757. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

La nécessité de cette double condition sera facile à saisir si l’on remarque que l’objet de nos perceptions visuelles appartient invariablement à l’action, c’est le personnage, c’est le décor ; tandis que pour l’audition, l’objet, c’est l’orchestre qui tient tant de place chez nous, et qui est absolument écarté à Bayreuth.

1758. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Mais ici il est trop facile de lui répondre : L’homme est ainsi fait.

1759. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

31 mai … Alors Gavarni nous entretient de son dégoût et de son détachement des choses réalisées : « Je ne fais une chose qu’à cause de ses difficultés, et que parce qu’elle n’est pas facile à faire : ainsi mon jardin, quand il sera fini, j’en ferai volontiers cadeau à quelqu’un.

1760. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

» * * * L’attention, cette prise de possession intelligentielle de ce qui se passe autour de vous, cette opération si simple, si facile, si alerte, si inconsciente dans la santé des facultés cérébrales, l’attention, il n’en est plus le maître.

1761. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Elle répond très franchement que cela n’est plus, mais que cela était autrefois, quand elle était toute jeune, toute bien portante, toute vivante, dans le bonheur d’une existence facile et aisée, et qu’alors il n’y avait dans la charité qu’elle faisait, aucun attendrissement, rien de son cœur.

1762. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Ainsi en arrive-t-il pour Lamartine : quoique le sentiment soit vrai, trop souvent la pensée philosophique et religieuse, au lieu de projeter spontanément son expression vivante, est « traduite en vers », — en vers heureux, faciles, abondants, poétiques, mais qui n’en sont pas moins des traductions et des tours d’adresse84.

1763. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Mais nous oublions qu’il lui est beaucoup plus facile qu’au sociologue d’apercevoir la manière dont chaque phénomène affecte la force de résistance de l’organisme et d’en déterminer par là le caractère normal ou anormal avec une exactitude pratiquement suffisante.

1764. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

C’est tout simplement le petit jeune homme qui se laisse aller aux proies faciles du plaisir, quand il est lancé trop tôt dans le monde, avec son étourderie naturelle.

1765. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Comme tous les esprits énervés par de vieilles civilisations, et qui, au lieu d’agir, aiment à se regarder passionnément l’ombilic, Marc-Aurèle, chez qui le philosophe étouffait l’empereur, facile du reste à étouffer, avait son petit livre bleu comme les jeunes filles de ce temps-ci, qui y écrivent ce qui leur passe par la tête, et c’est là ce qui a ravi M. 

1766. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Rien de moins pensé, comme vous voyez, de moins trouvé et de plus facile.

1767. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

… Qu’elle soit ce qu’elle pourra, indigente, misérable, petite, facile à ramasser, comme une paille, à nos pieds, et non difficile à rapporter, comme une perle, du fond des mers, c’est toujours quelque chose qu’une vérité !

1768. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

D’abord, si les noms propres disparaissent avant les noms communs, ceux-ci avant les adjectifs, les adjectifs avant les verbes, c’est qu’il est plus difficile de se rappeler un nom propre qu’un nom commun, un nom commun qu’un adjectif, un adjectif qu’un verbe : la fonction de rappel, à laquelle le cerveau prête évidemment son concours, devra donc se limiter à des cas de plus en plus faciles à mesure que la lésion du cerveau s’aggravera.

1769. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Toutefois, s’il n’est pas facile de reconnaître directement, à des signes objectifs, la diversité croissante des individus, il est possible de la démontrer : elle apparaît, en vertu des lois de la transmission héréditaire et de la combinaison des caractères, comme une conséquence forcée de ces mélanges de races universellement reconnus.

1770. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Là, en effet, on trouve, non plus ce contraste facile que peuvent offrir deux mondes différents, deux cultes ennemis ; mais, sur le même sol, dans le même sanctuaire, pour ainsi dire, la dernière profanation de ce qui avait été le plus saint, le dernier opprobre de ce qui avait été le plus pur ; au lieu de la louange des Athéniens libérateurs, le culte servile d’un despote étranger, et, sur l’autel de la chaste Minerve, une courtisane amenée par Démétrius142.

1771. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

« Ô toi », disait-il en beaux vers223 à l’évêque de Lombez, « heureuse et belle âme espérée dans les cieux, qui marches revêtue et non appesantie de notre humanité, pour que les chemins te soient plus faciles, servante fidèle et bien-aimée de Dieu, voici que ta barque, déjà détournée de ce monde aveugle vers un meilleur port, reçoit le souffle d’un vent occidental, qui, par cette sombre vallée où nous pleurons nos fautes et celles d’autrui, la conduira dégagée des écueils antiques à cet Orient où elle aspire. » Rien de plus animé que ces images, dans la langue du poëte ; rien de plus guerrier que son espérance et son appel : « Tout homme », s’écrie-t-il, « entre la Garonne et les monts, entre le Rhône, le Rhin et les flots de la mer, suit le drapeau chrétien.

1772. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

J’eus des avis pour ; j’en eus contre, & je conclus qu’il n’étoit pas facile de traiter des affaires d’état au gré de tout le monde. […] Alors nous nous attachâmes à réformer le clergé, & j’osai prétendre qu’un ministre de la feuille ne pourroit mieux faire pour le repos de sa conscience & de sa santé, que de ne jamais donner d’audience aux ecclésiastiques qui convoitent des bénéfices, premiérement parce qu’il est contraire aux canons de les solliciter, ou de les faire solliciter ; fecondement parce qu’il n’y a rien de plus facile que de savoir des évêques mêmes quels sont les bons prêtres qu’on doit pourvoir. […] Il me semble que plus il y a de simplicité dans les sciences, & plus il est facile de les apprendre ; le peuple est effrayé du mot philanthropique, quoique ce mot n’exprime que bienfaisance & qu’amour du prochain. […] Il n’y a rien de plus excellent pour les peuples, que de leur ouvrir une voie facile pour exposer leurs besoins. […] C’est-à-dire qu’un royaume entier ressembleroit à l’hôtel royal des invalides, où il y a différentes tables, & où chacun est nourri… Votre comparaison est juste ; mais seroit-il possible de pratiquer, dans la vaste étendue d’un empire, ce qui s’exerce dans une simple maison… Rien de plus facile, s’il est vrai qu’on peut diviser & soudiviser un royaume comme une ville, une cité comme un quartier, & ainsi du reste.

1773. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

La politique ne suffit pas à Maginard, car il comprend qu’il faut mettre entre le ministre et lui un lien plus fort, moins facile à rompre et qui, rompu, laisse des traces bonnes à montrer plus tard. […] Zola, est facile à connaître et à déterminer. […] Je sais qu’il est hardi et facile de poser de telles affirmations qui, malheureusement, restent sans réponse et presque sans témoignages écrits. […] La chose est facile. […] À cela il y a une raison dont vous ne comprendriez sans doute pas l’héroïsme, c’est que M. de Goncourt ait été fidèle à son idéal et qu’il ait toujours refusé d’assouplir sa probité littéraire aux concessions faciles, d’accepter les reniements de conscience, de se livrer à ces petits travaux obscurs qui font que, pour monter dans l’estime du monde et l’admiration du public, il faut se baisser au niveau de la malpropreté de l’un et de la bêtise de l’autre.

1774. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Paul Margueritte, lui ont valu d’être classé parmi les écrivains trop rares qui savent obéir à leur tempérament ; les écoles naturaliste, analyste, ne l’ont pas préoccupé plus l’une que l’autre et, né observateur et conteur, il a écrit en une langue facile des œuvres de délicate saveur. […] Il leur faut pour cela des compagnons plaisants, faciles, gracieux des confrères aimables, des hommes entendus et sachant le monde. […] Malgré son effort, elle ne retrouvait plus cette belle indifférence, ou ce mépris, faciles de loin… Les pèlerins défilaient, et l’ombre tombait. […] Je ne suivrai pas notre jeune homme partout où il va ; je traverse avec lui un vieux parc bordé de statues de marbre qui sourient, sous les mousses, « sans rien savoir de leur ruine » ; je l’abandonne aussi chez des demoiselles du temps, cousines charmantes de Manon ; l’une d’elles voit tuer un homme pour ses beaux yeux et, sans, méchanceté, naïvement, se contente de répondre à celui qui lui reproche ce meurtre : « Croyez-vous qu’il soit si facile d’être jolie fille sans causer de malheur ?  […] À côté d’événements graves, M. de Tocqueville a crayonné des croquis de personnages, de détails caractéristiques, qui rendent la lecture du volume légère, en sorte que de ces notes, dont la plupart ont été écrites en hâte, se dégage un livre d’histoire facile à lire, chose rare s’il en fut.

1775. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Tout le monde tomberait d’accord à l’instant sur ce que veut dire ce mot, genre romantique ; et bientôt dans le genre classique l’on ne pourrait plus jouer que les pièces de Corneille, de Racine, et de ce Voltaire qui trouva plus facile de faire du style tout à fait épique dans Mahomet, Alzire, etc., que de s’en tenir à la simplicité noble et souvent si touchante de Racine. […] Vous me dites, monsieur, que je ne trouve de raisons que pour détruire, que jamais je ne m’élève au-dessus du facile talent de montrer des inconvénients.

1776. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

D’abord133 « il est facile d’établir par des exemples que, en l’absence pour ainsi dire complète d’un hémisphère cérébral, l’homme peut encore jouir de toutes ses facultés intellectuelles et même de tous ses sens externes… Tel était le cas d’un nommé Vacquerie, en 1821. […] Je pince la peau des parties latérales du corps ; il y a, comme vous le voyez, un mouvement de courbure latérale du corps produisant une concavité du côté irrité, et il est facile de voir que ce mouvement a pour résultat d’éloigner la partie irritée du corps irritant.

1777. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Huysmans, psychologue saugrenu et sans passion, aride écrivain de faciles monographies déliquescentes, d’un réalisme grossier, pénible et sans syntaxe. […] Pour ce sceptique, le sourire est un signe de sagesse, et lui-même se confie à nous en de pareils termes : « À certains jours, nous sommes aussi capables de prendre plaisir à des plaisanteries faciles sur ce qu’il y a de plus profond et d’essentiel en nos âmes.

1778. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Si la Tristesse d’Olympio se résume en cette vérité de la Palisse : « L’amour n’a qu’un temps, mais on s’en souvient toujours avec plaisir ;  » on peut résulter de même le Lac de Lamartine : « Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute la vie. » — Même le Moïse de Vigny : « Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux. » Le Mont des Oliviers de Vigny, comme le Désespoir de Lamartine : Le mal et la douleur ne sont pas faciles à concilier avec la divine Providence. Et Byron : « Tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. » — Même les poèmes des philosophes conscients et raisonnés, comme Sully-Prudhomme : — L’homme ne peut se résoudre à ne pas espérer (les Danaïdes) ; Les âmes délicates sont faciles à froisser (le Vase brisé) ; On serait heureux de retrouver dans une autre vie ceux qu’on a perdus (les Yeux) ; Les hommes travaillent l’un pour l’autre : il se faut entr’aider, c’est la loi de nature (le Rêvé) ; Les aéronautes sont des hommes courageux, qui se munissent de baromètres et qui font à leurs dépens des expériences de physique (le Zénith)192. — C’est un lieu commun aussi que de vivre, d’être homme : tous nous faisons tour à tour les mêmes réflexions ; cependant, pour chacun de nous, elles sont neuves, imprévues.

1779. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Parmi les animaux aquatiques, on connaît au contraire un grand nombre d’hermaphrodites qui peuvent se féconder eux-mêmes ; mais ici les courants marins ne leur offrent pas moins une occasion facile de croisements fréquents ; et, parmi eux, comme parmi les fleurs, je n’ai pu trouver une seule espèce chez laquelle les organes reproducteurs fussent si parfaitement internes que tout accès fût absolument fermé à l’influence extérieure d’un autre individu, de manière à rendre tout croisement impossible. […] J’ajouterai seulement, quant à présent, qu’en partant de ces deux principes : premièrement, qu’un très petit nombre des plus anciennes espèces ont laissé des descendants ; secondement, que tous les descendants de la même espèce, par une évolution lente et successive, arrivent à former une classe ; il devient facile de comprendre pourquoi il n’existe qu’un très petit nombre de classes dans chaque division du règne végétal et du règne animal ; et quoiqu’un très petit nombre des plus anciennes espèces aient encore de nos jours une postérité vivante et modifiée, cependant, dès les plus anciennes époques géologiques, la terre peut avoir été peuplée d’un nombre d’espèces, de genres, de familles, d’ordres ou de classes aussi considérable qu‘aujourd’hui73.

1780. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

. — Tous les hommes ne sont pas maîtres au même degré de leur parole intérieure : il y en a qui sont obligés, pour lire ou pour écrire, de parler tout haut ; d’autres se laissent vite distraire de leur méditation ; d’autres ne savent rien se dire par eux-mêmes ; il y en a, au contraire, qui, « doués d’une puissance de réflexion extraordinaire, passent des heures entières à se rendre compte de leurs idées », et chez qui cette éloquence silencieuse rivalise avec le talent de la parole extérieure : chez d’autres enfin, la parole intérieure est plus facile et plus abondante que la parole prononcée87. […] Il nous semble qu’on l’a généralement réfuté avant de l’avoir compris ; c’est qu’il était plus facile de prouver contre lui la possibilité de l’invention humaine du langage que de saisir la suite de ses idées avec leur vraie portée, leurs contradictions cachées, et ce qu’elles contenaient d’aperçus justes ou suggestifs.

1781. (1920) Action, n° 2, mars 1920

L’Atlante qui raisonne avec le Cruel et fait sans cesse choir dans l’absurde le soi-disant pragmatisme de ce radical-socialiste-national représente une sagesse avertie, logicienne et rigoureuse dont il serait pourtant bon qu’elle ne restât point vouée à l’oubli facile des adolescents. […] Il était facile de deviner, en effet, sous la pâte douce et tranquille cette confidence, un levain de liberté donnant lieu à des intuitions de l’intelligence, à des étincellements de l’esprit, à des boutades de l’imagination auxquels les nouveaux romanciers, orientés vers une sorte d’élégie sociale, étaient étrangers.

1782. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Le langage des Marionnettes, avant même qu’on l’ait compris, forme à ces pan pan un accompagnement mystérieux de cris, d’exclamations… Il est donc facile de comprendre qu’ici l’aspect matériel éclipse le moral… Par conséquent, montrer ce que disent les Marionnettes sans faire voir ce qu’elles font, est un problème difficile, redoutable même… » Malgré cela, Duranty fît paraître ses petites pièces sous le titre : Théâtre des Marionnettes du jardin des Tuileries. […] En effet, l’expérience ne nous sert à rien, et les trahisons trouvent en nous une proie toujours facile. […] Une fois qu’on a saisi le sens des paroles, qu’on les a gravées dans sa mémoire, il est facile de les débiter avec une parfaite justesse, tout en pensant à autre chose ; mais alors, il n’y a pas de sentiment. […] Il serait plus simple, sinon plus facile, d’adorer l’âme intègre de ce grand poète, et la grâce mesurée de son art personnel, en dehors des habitudes de ses contemporains subalternes.

1783. (1913) Poètes et critiques

Il me serait facile d’indiquer, parmi les ruisselets de poésies qui sont venus grossir le torrent de la Chanson des Gueux, tel filet d’eau, limpide comme du cristal, dérivé de l’Anthologie. […] Richepin en a fait deux minuscules chefs-d’œuvre : il est facile de retrouver les distiques un peu desséchés qu’il a fait refleurir, et qui ont répandu pour nous comme un parfum nouveau. […] Aussi admiré-je, avec respect, les professeurs prudents qui savent gouverner la fraîche floraison des intelligences ; et, avec mépris, les faciles idéologues qui lancent allègrement leurs trouvailles d’un jour et n’ont pas l’air inquiet de la moisson. » La page méritait d’être citée, non seulement pour sa subtilité exquise, mais pour son intérêt de document. […] Or ce n’est pas impunément qu’à l’âge où l’esprit est si facile à façonner et même à déformer, cereus in vitium flecti, l’adolescent précoce a entendu, a retenu ces invitations à l’ivresse, Le Vin des Chiffonniers, Le Vin des Amants, Le Vin de l’Assassin, Le Vin du Solitaire : Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde, Les baumes pénétrants que ta panse féconde Garde au cœur altéré du poète pieux ; Tu lui verses l’espoir, la jeunesse et la vie, Et l’orgueil, ce trésor de toute gueuserie, Qui nous rend triomphants et semblables aux dieux Et si Verlaine, en 1868, écrit le petit livre, Les Amies, qu’il n’ose pas, pourtant, produire au jour sans déguiser son visage de jeune auteur et sans abandonner l’honneur, plutôt suspect, de ces sonnets « artistes », mais libidineux, au licencié de Ségovie Pablo de Herlañez ; s’il s’est complu, comme un peintre de la décadence florentine, à perpétrer ces études de musée secret, c’est pour avoir sans doute été de très bonne heure initié par l’édition princeps des Fleurs du mal à des égarements voluptueux, exaltés dans des vers d’une harmonie alliciante : Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses, etc.

1784. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

N’allez pas croire que cette critique, pour être spontanée, soit plus facile que la critique érudite et armée. […] Et comme les phrases toutes faites sont les plus faciles à faire pour l’excellente raison qu’elles sont déjà faites, on voit la tentation… Notons d’ailleurs que ce péril n’est point particulier à la critique parlée. […] L’autorité qui décide de la qualité des plaisirs, l’autorité que le public reconnaît à un critique pour le détourner de certains plaisirs littéraires, faciles, bientôt fades, et pour le convier à d’autres plaisirs d’abord mêlés de peine et bientôt exquis, cette autorité n’est pas située hors d’un critique, mais bien en lui. […] Elle va par là dans la voie la plus facile, la plus naturelle.

1785. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Ne permettez fascher celle que vous avez conservée jusques ici sans rides, et sans pas un poil blanc ; et n’ostez, à l’appétit de quelque colère, le plaisir d’entre les hommes. » L’arrêt de Jupiter qui remet l’affaire à huitaine, c’est-à-dire à trois fois sept fois neuf siècles, et qui provisoirement commande à Folie de guider Amour, clôt à l’amiable le débat : « Et sur la restitution des yeux, après en avoir parlé aux Parques, en sera ordonné. » Cet excellent dialogue, élégant, spirituel et facile, mis en regard des vers de Louise Labé, est un exemple de plus (cela nous coûte un peu à dire) qu’en français la prose a eu de tout temps une avance marquée sur la poésie.

1786. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

On se remit à l’instant à vivre, à vivre avec délices, à jouir éperdument des dons naturels, de l’usage de ses sens, des plaisirs libres et faciles, du charme des réunions surtout et de la cordialité des festins.

1787. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Ses illusions sur les choses de fait étaient extrêmes, et souvent piquantes ; elle les avait eues faciles de tout temps.

1788. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Colin, jeune peintre français, d’un caractère aimable et facile, d’un talent bien vif et bien franc, se trouvait à Ischia en même temps que Farcy ; tous deux se convinrent et s’aimèrent.

1789. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

On se demande ce qui les arrête, pourquoi ils ne sont ni plus féconds, eux si faciles, ni plus certains, eux autrefois si ardents ; on se pose, comme une énigme, ces belles intelligences en partie infructueuses.

1790. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

J’en parlai à mon oncle : c’était l’esprit le plus accommodant et le cœur le plus facile à émouvoir qu’il y eût sous une poitrine d’homme

1791. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Quoi de plus facile que de la renouveler ?

1792. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

« Rien de plus facile à exécuter ; je dis même rien de plus difficile à contenir dans un moment où l’effervescence d’une révolution sans gouvernement donne de l’air à tous les soupiraux de Paris et de l’Europe.

1793. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Néron célébrait alors à Baïes les fêtes des vingt jours. » XXXIX « Il y attire sa mère, disant avec affectation qu’il fallait savoir supporter les mécontentements des auteurs de ses jours, et étouffer les griefs, afin d’ébruiter ainsi l’idée d’une réconciliation, et qu’Agrippine y crût avec cette crédulité facile aux choses qui les flatte, disposition naturelle aux femmes.

1794. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Avec tous ces charmes, une âme altérée d’attachement, un cœur facile à émouvoir, mais ne demandant qu’à se fixer ; un sourire pensif et intelligent qui n’avait rien de banal ; des intimités, des préférences, parce qu’elle se sentait digne d’amitiés.

1795. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

Ce n’était pas facile, car, pendant que ma zampogne jouait la fête, mon cœur battait la mort et l’enterrement.

1796. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Là, on s’émancipait à de plus vives gaietés, encore bien inoffensives : comme il arrive souvent aux gens voués par profession aux graves pensées et aux travaux sérieux, ces magistrats, ces savants et ces prêtres ont le rire serein et facile de l’enfance.

1797. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Sainte-Beuve n’a donné qu’un roman, Volupté (1834) : cette œuvre très moderne, plus facile à goûter aujourd’hui qu’il y a soixante ans, est lyrique par certains détails d’exécution, par des couplets effrénés, fort ridicules aujourd’hui, mais surtout par le caractère strictement intime et personnel de l’étude morale.

1798. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Leconte de Lisle a voulu multiplier les symétries faciles à saisir dans le rythme — et dans les rimes, où la consonne d’appui fait une symétrie de plus.

1799. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Le plus facile, à coup sûr, c’est de suivre alternativement ou de mêler et de combiner ensemble ces deux aspirations.

1800. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Et qu’y a-t-il d’étonnant qu’un juge si facile, toujours prêt à se récuser pour n’avoir pas à condamner, soit du goût de plus de gens qu’un juge qui condamne au nom, d’une règle établie ?

1801. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

IV Ma mère continua ainsi : « Tout n’est au fond qu’une grande illusion, et ce qui le prouve, c’est que, dans beaucoup de cas, rien n’est plus facile que de duper la nature par des singeries qu’elle ne sait pas distinguer de la réalité.

1802. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Cette œuvre n’est point facile ; et le concert est une bonne école.

1803. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

En son intérêt anecdotique de romancero, de moins bon aloi avec ses gros effets de mélodrame à coups d’épée, œuvre de facile succès, mais hardie, vibrante, resplendissante et superbement menée, et débordant de cet entrain prestigieux de sensualité qui était la moitié du génie de Wagner.

1804. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Sous les modulations faciles, sous les recherches rapides de complications harmoniques, il a. souvent, chanté une douleur aimable, ou des languides gaîtés.

1805. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Il est inconcevable que cet ouvrage, d’une compréhension facile, n’ait pas été repris depuis lors.

1806. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Facile et naturelle, cette poésie sort sans bouillonnement d’une source généreuse.

1807. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

On a ri souvent de la bonhomie de Ducis écrivant deux dénouements pour son Othello : l’un heureux et l’autre funeste, qu’il offre, dans sa préface, au choix du public et des directeurs de théâtre. « Pour satisfaire, — dit-il, — plusieurs de mes spectateurs qui ont trouvé, dans mon dénouement, le poids de la pitié et de la terreur excessif et trop pénible, j’ai profité de la disposition de ma pièce, qui me rendait ce changement très facile, pour substituer un dénouement heureux à celui qui les avait blessés, quoique le premier me paraisse toujours convenir beaucoup plus à la nature et à la moralité du sujet.

1808. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

L’opinion commune sur les gens à parole facile, les improvisateurs, les avocats, les bavards, les écrivains de premier jet, démontre en quelque façon que chez les discoureurs abondants on a remarqué une activité intellectuelle moins intense et moins vive relativement.

1809. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Un tas de polissons, soit par air ou par mode, se comptent parmi leurs disciples ; ils affectent de les copier, et s’érigent en sous-précepteurs du genre humain ; et, comme il est plus facile de dire des injures que d’alléguer des raisons, le ton de leurs élèves est de se déchaîner indécemment en toute occasion contre les militaires.

1810. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Les faits sont peut-être plus difficiles à interpréter parce qu’ils sont plus complexes, mais ils sont plus faciles à atteindre.

1811. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Je suis certain seulement que son exécution est facile.

1812. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

L’esprit du lecteur est plus facile à rompre ou à faire grimacer que ce fil de la Vierge auquel j’ai comparé le vers de Victor Hugo, et toutes les énormités que ce vers merveilleux porte légèrement, l’esprit du lecteur les rejettera de fatigue et de peur d’en être écrasé.

1813. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

Qu’on ait eu quelque peine à la saisir, et qu’il ne soit pas toujours facile, même au physicien relativiste, de philosopher en termes de Relativité, c’est ce qui ressort d’une lettre, fort intéressante, qui nous fut adressée par un physicien des plus distingués.

1814. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Lorsque les bègues tombent sur une syllabe qui leur est facile à prononcer, ils s’y arrêtent avec une sorte de chant, comme pour compenser celles qu’ils prononcent difficilement.

1815. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Si je ne l’avais pas franchement avoué d’abord, on s’en serait toujours aperçu et l’on tirerait avantage contre moi, avec une triomphante et facile ironie, d’un égoïsme transparent. […] La forme littéraire est, entre toutes les formes de l’art en général, celle qui fait briller aux yeux de l’individu la promesse d’immortalité la plus sûre et la plus facile à saisir en apparence. […] Dans toute l’étendue, fort considérable, de son immense domaine, où la littérature n’est pas encore l’art littéraire, le désintéressement occupe une place et joue un rôle faciles à voir et à comprendre. […] La Chanson de Roland pourrait être encore plus médiocre qu’elle ne l’est : ce sera toujours un manque de tact, et de goût de dénigrer par des critiques faciles ce vénérable monument de notre antiquité nationale. […] C’est très facile.

1816. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Walter Scott, sentimental et aventureux, maître des jeunes âmes, offrait le facile roman historique, pittoresque et attendri ; et, depuis longtemps déjà, cet obscur, bizarre, colossal et redoutable Shakespeare conseillait toutes les audaces à des traducteurs effrayés et réticents ; et il y avait Byron, inventeur de la mélancolie moderne. […] — lorsque les préciosités des faux abandons, la politesse des galanteries, et l’érotisme, pas même ardent, et l’art subtil, dégénéré en facile artifice, des petits poétastres qui traduisaient Ovide, Properce, Ausone, et ne traduisaient jamais leurs propres sentiments, et tout ce que, en un mot, on pourrait appeler l’ancien régime de la poésie amoureuse fut dispersé et remplacé par l’expansion, comme explosive, d’une vaste âme tendre et vraie. […] Que vous êtes à plaindre, vous tous qui tirez vanité du dénigrement, du bafouement, si faciles ; qui croyez prendre plaisir à la recherche de la tare dans le beau ou dans le bien, à la découverte de la plaie dans la santé, petits Américs-Vespuces de petits îlots de guano dans les Amériques d’azur, — hélas ! […] Voie facile. […] En même temps, François Coppée a été doué d’une vision, extraordinairement pénétrante, de la nature toute voisine de l’homme moderne, des paysages où se continue la ville ; et, tout de suite, des images neuves, vives, pittoresques, auxquelles personne n’avait songé avant lui, et qui ne seront plus oubliées, expriment sa vision, ou plutôt la font vivre d’une réalité à la fois facile et rare.

1817. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Assimiler les génies aux fous est trop facile, d’autant plus que nul n’a encore compris le génie ni la folie. […] Ici nulle recherche, ni de sensations, ni d’idées, ni de verbe : une coulée d’âme, une verve harmonieuse sur des thèmes faciles, qui tantôt donnent l’impression du sublime, et tantôt celle du médiocre. […] Il est facile aux historiens, qui n’ont comme horizon que des documents froids et des fiches, de rapetisser ensuite des exploits surhumains au niveau de nos consciences affaiblies. […] D’ailleurs, il serait facile de découper dans tout ce très intéressant ouvrage des pensées et maximes vigoureuses : « Tels vers, tels morceaux de prose, de musique ou de peinture, ne sont que des support sur lesquels l’être intime s’est développé ; veut-on en faire un objet d’étude, on ne les isole pas plus qu’on n’isole un trait particulier du visage ami qui le complète. […] Je préviens le lecteur qu’il n’est pas aussi simple qu’il pourrait le sembler de prime abord ; il m’eût été facile de montrer dans les Remous bien des curieux détours, mais j’ai préféré analyser à grands traits un ouvrage qui me paraît en puissance, intention et résultat, le plus sérieux effort lyrique de ce temps.

1818. (1903) La pensée et le mouvant

La critique d’une philosophie intuitive est si facile, et elle est si sure d’être bien accueillie, qu’elle tentera toujours le débutant. […] Il est facile de le trancher en raisonnant sur de purs concepts. […] Il est d’ailleurs facile de voir que la seconde erreur est déjà impliquée dans la première. […] Or, rien ne serait plus facile que de retrouver ces quatre thèses, formulées en termes à peu près identiques, chez les contemporains ou les prédécesseurs de Berkeley. […] Rien de plus facile que de dire que le moi est multiplicité, ou qu’il est unité, ou qu’il est la synthèse de l’une et de l’autre.

1819. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Nous avions, discuté ensemble le moment où mon voyage à Cannes lui serait le plus agréable et où les anxiétés et les douleurs dans lesquelles j’ai passé l’hiver, étant moins violentes, rendraient mon départ plus facile. […] Ampère ne termine pas ce règne d’Auguste sans apostropher le vieil empereur et lui dire son fait à dix-huit cents ans de distance : « Non, je ne t’applaudis pas, s’écrie-t-il avec feu et comme prenant sa revanche, pour avoir trompé le monde, qui ne demandait qu’à l’être, et pour être parvenu, avec un art que la soif de la servitude rendait facile, à fonder, en conservant le simulacre de la liberté, un despotisme dont nous verrons se développer sous tes successeurs les inévitables conséquences.

1820. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Sans doute on aurait peine à lui trouver ce je ne sais quoi d’entreprenant et d’insinuant qui est le facile apanage, dit-on, des enfants issus de la Guyenne ; lui, il se borna à la douce malice du sage, à la finesse demi-souriante. […] Il ne craignait pas d’avouer que, dans les comités des Chambres dont il faisait partie, il lui eût été plus facile de s’entendre, ou du moins de contester, avec M. de Bonald qu’avec M.

1821. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Le même amateur des anciens ajoute : « Il me serait facile de nommer beaucoup d’anciens, comme Aristophane, Plaute, Sénèque le tragique, Lucain et Ovide même, dont on se passe volontiers357. » Parmi les poètes français, il admire froidement Corneille, Molière, Racine même, sans les goûter. […] Rien ne lui serait plus facile que de s’en convaincre, s’il le voulait.

1822. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Elle s’avançait seule ; son port était noble, son air doux et sérieux, sa démarche facile ; tout en elle éloignait la crainte, inspirait le respect. […] Il n’y a que le mal de facile à faire. » Quand Paul fut sur le rivage, il voulut continuer sa route, chargé de sa sœur, et il se flattait de monter ainsi la montagne des Trois-Mamelles, qu’il voyait devant lui à une demi-lieue de là ; mais bientôt les forces lui manquèrent, et il fut obligé de la mettre à terre, et de se reposer auprès d’elle.

1823. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Le rapprochement est facile, je crois ; faites-le : vous applaudirez vivement à l’atticisme d’une si mordante comédie. […] Je m’exempterai donc d’un facile étalage d’érudition en vous citant ce que Quintilien, Macrobe, saint Jérôme, et le docte Scaliger, écrivirent en faveur de Plaute, qu’ils estimèrent en son genre comme un prince de la langue latine. […] Celle-ci eut besoin d’une fable qui lui servît de tissu : il fallut que le fait eût une étendue mesurée, que le sujet pût s’asservir aux trois unités, que le nécessaire et le vraisemblable ordinaire s’y réunît que le ridicule y éclatât par les caractères et par les mœurs qu’elle était destinée à peindre, que les passions lui prêtassent une chaleur d’où l’intérêt naquit, que les scènes, les actes, en fussent bien ordonnés, que l’exposition en fût facile, le nœud plus intrigué, le dénouement juste et vrai, que le style, que le dialogue en fussent également naturels : elle n’exigea pas absolument la force comique, les péripéties, les tableaux et la symétrie, mais la réunion des conditions ci-dessus marquées qui sont au nombre de dix-huit. […] Lorsque je considère la quantité de divisions et de sous-divisions que j’établis dans le genre comique et dans ses espèces, lorsque je suppute le nombre de ses qualités et de ses règles, ou conditions spéciales, qui me paraissent les seules recettes capables de purger l’art de tous ses vices, de guérir le goût de plus en plus malade des contagieuses erreurs du jour, et de rendre une circulation plus facile et plus libre à la verve du génie que les mauvaises critiques paralysent ; je crains, en faisant le compte de mes spécifiques, de ressembler au malade imaginaire, assis comme moi devant une table, pour compter exactement la somme des remèdes superflus que lui a fournis son apothicaire. […] L’un de nos auteurs vivants, dont on a justement loué la verve facile, le naturel et l’enjouement, en comparant ses pièces aux pièces les plus agréables du spirituel Dancourt, M. 

1824. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

De même qu’il n’est pas rare de trouver dans la Forêt-Noire, non plus qu’aux environs de Berlin, des types parfaitement celtiques ou slaves, de même il est facile d’observer que le naturel doux et peu actif de l’Autrichien et du Bavarois n’a rien de cet esprit de feu qui animait le Frank ou le Longobard. » Enfin, à la page 183 : « … Il n’est pas douteux que c’est encore en Suède et surtout en Norvège que l’on peut aujourd’hui retrouver le plus de traces physiologiques, linguistiques, politiques de l’existence disparue de la race noble par excellence… Si les populations norvégiennes et suédoises étaient plus nombreuses, l’esprit d’initiative qui les anime pourrait n’être pas sans conséquences ; mais elles sont réduites par leur chiffre à une véritable impuissance sociale ; on peut donc affirmer que le dernier siège de l’influence germanique n’est plus au milieu d’elles. […] Pour tout homme d’esprit libéral, il semble que deux cas se présentent et comportent chacun une solution facile : il y a les églises offrant un intérêt artistique et historique, dont l’État doit assurer la conservation, et il y a les autres, dont l’entretien dépendra naturellement de la générosité des fidèles. […] Là-bas, dans les jardins d’Asie, va continuer ta vie indolente et facile. […] Son vieux cousin n’avait jamais eu de goût que pour les ouvrages d’un renanisme facile.

1825. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Il en est de même de Tancrède et d’Aménaïde ; la crédulité du héros, l’orgueil de l’héroïne, leur entêtement dans une erreur dont il leur est si facile de se désabuser, rend le spectateur beaucoup moins sensible à des malheurs imaginaires et romanesques auxquels il ne peut ajouter foi. […] Le sublime auteur de Polyeucte eut, depuis, quelque scrupule d’avoir fourni cette pâture aux esprits faibles qui se disent forts ; son génie était assez fort pour n’avoir pas besoin de faire entrer l’impiété dans les éléments de sa renommée : il est si facile, si dangereux et si bas d’insulter la religion de son pays, qu’il eût rougi d’une gloire achetée à ce prix. […] Si Corneille, dans son examen, a l’air de tant se complaire dans sa Rodogune ; s’il trouve qu’elle réunit tout, la beauté du sujet, la nouveauté des fictions, la force des vers, la facilité de l’expression, la solidité des raisonnements, la chaleur des passions, les tendresses de l’amour et de l’amitié  ; on dirait que Voltaire a pris un malin plaisir à déchirer cet objet des complaisances et de la tendresse de son auteur : il reconnaît la beauté du sujet ; mais les fictions lui paraissent plus absurdes que nouvelles, les vers plutôt ampoulés que forts, l’expression plus guindée que facile, les raisonnements plus subtils que solides, les passions plutôt outrées que vives, l’amour et l’amitié plus fades que tendres : c’est le résultat du commentaire, qui semble d’un bout à l’autre appartenir à la satire beaucoup plus qu’à une juste critique. […] Ce chef des incrédules paraît doué de la plus pieuse crédulité quand on veut lui persuader qu’il vaut mieux que Corneille et Racine ; il a pour ce mystère incompréhensible la foi aveugle d’un dévot : avec tout son esprit, il se laisse bercer de cette chimère comme un sot ; sa supériorité sur les deux maîtres de la scène est pour lui bien plus facile, et surtout bien plus douce à croire que la divinité de Jésus-Christ et l’Évangile des chrétiens ; ses entrailles s’émeuvent aux accents flatteurs de la louange ; et, dans l’ivresse de l’amour-propre, il s’écrie : « Vraiment vous avez mis le doigt dessus, en disant que Corneille est froid » ; (c’est-à-dire, vous avez touché l’endroit sensible de mon cœur). […] Les armes avaient commencé le grand œuvre de la conquête de l’univers ; la politique l’acheva : Rome trouva plus sûr et plus facile de diviser et d’affaiblir les rois que de les combattre et de les vaincre à force ouverte.

1826. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

La même année Hokousaï publie encore l’illustration de Tawara-Tôda Rôko dén, Conte d’un vieux renard et du guerrier Tawara Toda , pièce de théâtre par Tanéhiko, éditée en trois volumes et gravée avec une écriture plus grande, plus facile à lire que l’écriture du roman, de l’histoire. […] Dans le cas contraire, ils n’ont, ce qui leur sera plus facile, qu’à simplifier le dessin. […] Il commence ainsi : L’ignorant Hatiyémon dit : J’ai fait ce petit volume pour apprendre aux enfants qui aiment à dessiner la manière facile de colorier… publiant ce petit volume à bon marché, dans l’espoir que tout le monde pourra l’acheter et donner à la jeunesse l’expérience de mes quatre-vingt-huit ans. […] On a emprunté les lettres, les caractères de la calligraphie pour faire l’étude plus facile à l’élève. […] À la fin du volume, Hokousaï ajoute : L’idée qui m’a fait faire ce volume vient de ce que, un soir, chez moi, Yû-yû Kiwan nom fantaisiste m’a demandé : Comment peut-on apprendre à faire un dessin d’une manière rapide et facile ?

1827. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Ce résumé des impressions reçues durant ces quatre mois de haute judicature, et du rôle que chacun y a tenu, est d’un écrivain qui ne laisse rien au hasard, et qui sait comment on termine un ouvrage même facile, et qu’il ne publiera pas.

1828. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Son talent réfléchi et très-intérieur n’est pas de ceux qui épanchent directement par la poésie leurs larmes, leurs impressions, leurs pensées ; il n’est pas de ceux non plus chez qui des formes nombreuses, faciles, vivantes, sortent à tout instant et créent un monde au sein duquel eux-mêmes disparaissent : mais il part de sa sensation profonde, et lentement, douloureusement, à force d’incubation nocturne sous la lampe bleuâtre, et durant le calme adoré des heures noires, il arrive à la revêtir d’une forme dramatique, transparente pourtant, intime encore.

1829. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Il était à craindre que le public ou les critiques d’une génération renouvelée ne se montrassent volontiers ingrats, légers (c’est si facile), en raison même de l’écho fameux, contre l’œuvre déjà ancienne d’un auteur très-vivant, et arrivé par les voies les plus honorables aux dignités littéraires et sociales.

1830. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

La littérature des Latins se répand, se divulgue ; des entreprises utiles en rendent les accès de plus en plus faciles et patents ; la difficulté n’est pas là ; elle est encore où elle s’est presque toujours rencontrée en France, dans l’étude, la connaissance, le goût senti de la littérature grecque que tout le monde s’accorde si bien à louer et que si peu savent aborder comme il faut.

1831. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

qu’un peu mieux valait cet âge où la terre facile donnait tout d’elle-même : ……..Tibi dædala Tellus Submittit flores……… !

1832. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

. — La polémique qui s’est élevée, il y a plus de trente ans, au sujet de Jean-Baptiste Rousseau, de celui que des classiques de seconde main s’obstinaient à nommer le grand Lyrique, est dès longtemps épuisée ; il est facile aujourd’hui d’être juste et de ne lui dénier aucun de ses mérites.

1833. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Aujourd’hui rien de plus facile que de la sentir.

1834. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Le cou souvent incliné, l’attitude modeste du corps, la bouche un peu pendante aux deux extrémités, le coup d’œil adroit, le sourire caressant, le geste gracieux, la parole facile, rappelaient le fils d’un complaisant de la multitude et faisaient souvenir du peuple.

1835. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

« La sagesse humaine imparfaite a trouvé plus facile, plus sage et plus juste de dire à l’homme : “Sois toi-même ton propre juge ; rétribue-toi toi-même par ta richesse ou par ta misère.”

1836. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

L’œuvre, déjà plusieurs fois entreprise, n’était pas facile même à lui.

1837. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

À certaines époques de l’année, et dans certains recoins ouverts au soleil, les arbres et l’air fourmillent joyeusement d’oiseaux et d’insectes qui boivent la vie avec ivresse ; la chaleur, la lumière, une alimentation facile et abondante, animent et surexcitent ces multitudes.

1838. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Dire quel est le plus accompli des deux, c’est facile ; mais dire quel est le plus grand, nul ne l’oserait sans craindre de blasphémer dans l’un l’imitation de la nature, dans l’autre l’imagination du surnaturel.

1839. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

On s’aperçoit que cette impartialité, dont on lui sait gré malgré tout, lui était facile : il écrit pour des gens qui ne reconnaissent que la chevalerie, et qui sentent leur cœur plus près de l’ennemi qu’ils combattent que du peuple dont ils se disent les défenseurs.

1840. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Il a de leurs défauts une tendance à l’élocution trop facile, et, de-ci, de-là, au prosaïsme, — et la tendance aussi de ne se guère régler que sur son propre assentiment.

1841. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Innocente illusion qui ne convertit personne et n’inspire aux raffinés qu’une très facile résignation.

1842. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

En grammaire, au contraire, l’accord était facile.

1843. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Il n’est pas facile aux morts de revenir à la lumière, pour bien des causes, et surtout parce que les dieux d’en bas sont plus prompts à prendre qu’à rendre.

1844. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

De ces deux effets le premier est facile à produire.

1845. (1772) Éloge de Racine pp. -

Confondue dans une foule tumultueuse, elle est dispensée de rougir : elle a d’ailleurs si peu de chose à faire ; l’illusion théâtrale est si frêle et si facile à troubler ; les jugemens des hommes rassemblés sont dépendans de tant de circonstances, et tiennent quelquefois à des ressorts si faibles ; l’impression exagérée d’un défaut se répand si aisément sur les beautés qui le suivent, que toutes les fois qu’il y a eu un parti contre un ouvrage de théâtre, le succès en a été troublé ou retardé.

1846. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

[Article de Jules Barbey d’Aurevilly] « Mon cher Baudelaire, « Je vous envoie l’article que vous m’avez demandé et qu’une convenance, facile à comprendre, a empêché le Pays de faire paraître, puisque vous étiez en cause.

1847. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Maintenant que les non-sens des dénominations ont disparu, il sera facile de s’entendre.

1848. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Et la preuve de ce qu’on dit là est facile.

1849. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Et peu à peu les communications devenant plus faciles… Mais le principe reste vrai. […] Ce n’est déjà pas si facile. […] Certainement Sainte-Beuve a lu les Mémoires imprimés ; mais s’apercevoir que quelque chose n’est pas dans un très long ouvrage, ce n’est pas si facile que cela ! […] C’est admirable ; et quel tour facile ! […] Si enlever la Finlande à la Russie était rude, enlever la Norvège au pauvre Danemark était relativement facile.

1850. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Je n’insisterai pas sur le mérite du livre, il est facile à tout le monde de le constater. […] Puis il demanda à Lucie, du ton bref et sourd d’un complice qui n’ose même pas savoir tous les détails du forfait : — … Et… cela a été facile ? […] Clovis Hugues est bien frappé, vigoureux, facile, richement rimé ; la pensée qui l’anime est généralement élevée, et nul n’a plus de grâce quand il s’agit de peindre le charme de la nature. […] Qu’une belle-mère, douée de toutes ces qualités, marie sa fille à un parvenu, il est facile d’imaginer la vie aimable que se sera procurée celui-ci. […] Tout n’est au fond qu’une grande illusion, et ce qui le prouve c’est que, dans beaucoup de cas, rien n’est plus facile que de duper la nature par des singeries qu’elle ne sait pas distinguer de la réalité.

1851. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Rien ne paraît plus simple, plus facile et plus sage qu’une pareille marche ; cependant elle est à peu près impraticable, et elle ne peut mener à aucun grand résultat. […] Voilà le secret de sa puissance, et de l’obéissance facile qu’il rencontre. […] Remarquez que l’histoire n’est pas chose facile, qu’elle exige des travaux longs et pénibles, dans lesquels on ne s’engage pas sans un grave motif ; et ce motif est par-dessus tout le vif intérêt que cette science nous inspire. […] Tennemann, ne voyant que par les yeux de Kant, n’aperçoit pas tout ; faute de comprendre, il critique, ce qui est bien plus facile ; il est exclusif dans un sens opposé à celui de Tiedemann, mais il est exclusif aussi, et partant condamné à être injuste. […] Il ne manquait plus à la France qu’une meilleure organisation intérieure, mais cette nouvelle organisation ne pouvait avoir lieu que par le renversement de l’ancienne ; et ce renversement était très facile, car la vieille société tombait en ruines.

1852. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Le troisième poète de ce groupe, Du Ryer, semble supérieur à Tristan et à Mairet : son vers est large et facile, d’une fluidité et d’une mollesse italiennes. […] Aussi ne m’étonné-je pas beaucoup que le peuple, qui porte le jugement dans les yeux, se laisse tromper par celui de tous les sens le plus facile à décevoir ; mais, que cette vapeur grossière qui se forme dans le parterre ait pu s’élever jusqu’aux galeries, et qu’un fantôme ait abusé le savoir comme l’ignorance, et la Cour aussi bien que le bourgeois, j’avoue que ce prodige m’étonne, et que ce n’est qu’en ce bizarre événement que je trouve le Cid merveilleux. » Il reprochait à l’auteur du Cid de se glorifier jusqu’à se déifier. […] Mais quelques parties excellentes, un dialogue naturel et facile, l’imagination féconde et plaisante du Menteur, les récits bien faits, les descriptions brillantes où se joue sa fantaisie, l’élégance du style, l’agrément et la gaieté, assurèrent à la pièce française, comme à la pièce espagnole, un succès des plus vifs. […] Jusque-là, le valet Cliton fait bien quelques objections à Dorante sur ses menteries ; mais il est facile de voir que c’est seulement pour amener des effets comiques ou des répliques plaisantes, comme lorsque Dorante lui répond par ces vers pleins de relief où il lui expose le plaisir qu’il trouve à semer ainsi mille inventions qui déconcertent d’autres hâbleurs : J’aime à braver ainsi les conteurs de nouvelles ; Et, sitôt que j’en vois quelqu’un s’imaginer Que ce qu’il veut m’apprendre a de quoi m’étonner, Je le sers aussitôt d’un conte imaginaire, Qui l’étonne lui-même et le force à se taire. […] Quoique ni Rotrou, ni Corneille, ni Racine n’aient connu Shakespeare, — qui cependant à cette époque avait déjà produit tous ses chefs-d’œuvre (mais les communications avec l’Angleterre n’étaient pas alors aussi faciles qu’aujourd’hui), — on peut dire que le théâtre de Rotrou a quelque chose de Shakespearien, du moins dans la mesure que comportait l’esprit français.

1853. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

La conclusion à laquelle nous nous trouvons conduit est facile à dégager. […] La chose est facile à démontrer dans le cas des diastases ; le ferment glycosique ou diastase proprement dite se rencontre dans toutes les parties de l’organisme où l’amidon animal ou végétal doit être rendu soluble. […] Engelmann a observé les mouvements des cils vibratiles, mouvements qui sont faciles à apercevoir après que la membrane qui les supporte a été détachée de l’animal. […] Le fait est si facile à constater qu’il est très étonnant qu’il n’ait pas été vu plus tôt ; cela tient uniquement à ce que l’on était sous l’empire d’idées préconçues dont il fallait se dégager, et que d’autre part les investigateurs, ceux qui m’avaient précédé, avaient omis de suivre strictement les règles de la méthode expérimentale.

1854. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

. — On se dispense de les démontrer parce que l’analyse demandée est très facile, ou on évite de les démontrer parce que l’analyse demandée est très difficile. — Axiomes d’identité et de contradiction. — Axiome d’alternative. — Analyse qui le démontre. — Idées latentes contenues dans les deux membres de la proposition qui l’exprime. — Ces idées non démêlées déterminent notre conviction. — Il y a de semblables idées, latentes et probantes, dans les termes des autres axiomes. […] Les axiomes sont des théorèmes analogues, mais qu’on se dispense de prouver, soit parce que la preuve en est très facile, soit parce que la preuve en est très difficile.

1855. (1927) Des romantiques à nous

Guerre aveugle qui se figure que ses faciles victoires vont bénéficier à la poésie. […] Les chansons populaires de nos jours (En r’v’nant de la Revue, Madelon et autres) sont de la mélodie facile (dans le pire sens du mot) que sa facilité, son rythme de marche, quelque heureuse conjonction de circonstances fixent promptement dans la mémoire du peuple de Paris. […] Plus tard, le maître lui-même, revoyant les compositions de toutes sortes échappées à la plume trop facile de son enfance, observait qu’elles n’avaient, pour le fond, aucun intérêt musical, mais qu’on y eût vainement cherché une faute de grammaire ou d’orthographe, bien qu’il ne fût point encore passé par l’école.

1856. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Lui ayant entendu émettre quelques phrases intelligentes, je croyais qu’il me serait facile de le déterminer vers l’unité de conscience. […] — La chose est facile : d’un signe, je puis te faire oublier tout ce que je t’ai appris… Ce me sera pénible, car je t’aime, mais je n’hésiterai pas. […] Comme je suis riche et que j’ai le louis facile, mes camarades de « haute noce » — des princes roumains, des négociants de Chicago, des La Trémoille et des boursiers israélites, c’est-à-dire le Tout-Paris, — déclarent, avec indulgence, que je suis « un drôle de type ».

1857. (1896) Études et portraits littéraires

À qui estimerait trop facile sa bravoure d’aujourd’hui, je répondrais qu’il a nargué la Commune. […] « Je n’ai pas l’indignation facile », a dit un jour M.  […] Généralisons : il n’a pas l’émotion facile. […] Populaire, il dédaigna de l’être jusque dans le milieu immédiat où le plaçaient ses fonctions ; isolé même au pouvoir ; incapable des petites souplesses, des familiarités de couloir, répugnant à la poignée de main facile.

1858. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Ses chants sont naturels, mélodieux, insinuans & faciles ; tout le monde les retient(*). […] Frénuse, écrivain agréable & facile, réfuta promptement le livre du Parallèle, afin de prévenir les mauvais effets qu’il pouvoit faire dans le public, & le jugement qu’en porteroient les étrangers d’après celui d’un François. […] Ce ministre reconnut sa sottise, abandonna son projet & vit combien il eût été plus facile de reconcilier les puissances les plus ennemies, que deux corps divisés.

1859. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

. — L’honneur est moins sévère que la vertu ; la gloire est plus facile à contenter que l’honneur : c’est que, plus un homme nous éblouit par sa libéralité, moins nous songeons à demander s’il a payé ses dettes. » Elle entre à tout moment dans le vrai par le paradoxal, dans le sensé par le piquant, par la pointe pour ainsi dire ; il y a du Sénèque dans cette première allure de son esprit, du Sénèque avec bien moins d’imagination et de couleur, mais avec bien plus de sûreté au fond et de justesse : une sorte d’humeur y donne l’accent.

1860. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Quand le roi convoque les États Généraux, nul n’est « en défiance », ni ne s’effraye de l’avenir. « On parlait557 de l’établissement d’une nouvelle constitution de l’État comme d’une œuvre facile, comme d’un événement naturel. » — « Les hommes les meilleurs et les plus vertueux y voyaient le commencement d’une nouvelle ère de bonheur pour la France et pour tout le monde civilisé.

1861. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

La famille en effet est une puissance, l’individu n’est qu’un néant ; l’État le foule aux pieds sans l’apercevoir ; la dynastie de la famille détruite par l’égalité et par la mobilité des héritages, la dynastie royale devient facilement tyrannique ; la conquête même devient plus facile dans un pays où l’esprit de la famille a été anéanti par la dissémination sans bornes de l’égalité des biens.

1862. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Comme ils nous ont devancés dans une route que peut-être il nous faudra parcourir, je regarde comme un devoir de nous informer auprès d’eux si elle est rude et pénible, ou d’un trajet agréable et facile.

1863. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

III Après ses études classiques, prématurément achevées avec une facilité qui dévorait les difficultés de l’étude, son père, riche et facile, sans préoccupation de fortune pour son fils, le rappela dans sa maison pour lui laisser le choix réfléchi d’une carrière à suivre.

1864. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Pascal rend justice à la pureté de la vie des Pères, et ne leur prête nulle part le dessein exprès de favoriser la corruption : il dit que la Société poursuit un but politique, la domination des consciences pour le compte de Rome, et fait plier la morale de l’Évangile à sa politique, pour attirer les âmes par la religion aimable et le salut facile.

1865. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

et combien mille et mille fois il est plus facile d’avoir beaucoup de génie !

1866. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Les soirées sont belles, à cette saison, en ce facile pays de Bavière ; sur l’instant, des excursions s’organisent.

1867. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Les mythologues disent que, dans la fureur de l’ivresse, il lui arrivait quelquefois de tuer ses propres Ménades : ainsi fit-il dans la bacchanale tragique décrite par Tacite, — Messaline, lasse des prostitutions faciles, dégoûtée des adultères impunis, rêve une énormité rare, un attentat inconnu.

1868. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Sans doute, puisqu’il s’agit d’un roman à thèse, la composition n’est pas absolument pure de tout alliage, et bien qu’il soit facile de justifier individuellement chacun des coups de théâtre qui s’y succèdent, une critique pointilleuse pourrait trouver dans leur assemblage quelque chose de conventionnel.

1869. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

« Vous avez admiré, dit-il, vous avez pleuré au tragique : n’espérez pas, en revoyant le tragique après avoir vu la parodie, être ému comme vous l’avez été. » Vous ne retrouverez plus les beaux endroits ; vous les confondrez avec les plus repréhensibles ; vous jugerez d’une pièce entière d’après un bon mot, d’après une saillie heureuse ; la vertu sera représentée à vos yeux sous le masque d’un pédant ou d’un hypocrite : il aura été d’autant plus facile de la couvrir de ridicule, que rien n’y prête comme le sublime, comme les grands sentimens de la tragédie qu’on charge toujours, & qui, pour peu qu’on les charge encore, deviennent gigantesques ou puériles.

1870. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Cela est d’une habileté très grande, mais d’une monotonie facile à prévoir.

1871. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Je dirai même qu’il est plus facile de suivre le processus de ce mouvement que celui de la crise matérielle, Son organisme est plus simple que l’organisme des forces matérielles.

1872. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

C’est là une question littéraire facile à résoudre comme une question d’arithmétique.

1873. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

et à ce jeu, d’ailleurs facile, il a gagné de faire un livre toujours ennuyeux quand il n’est pas impatientant et incompréhensible.

1874. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Il serait facile de montrer comment la politique, réduite à ses données propres, n’est plus que l’art de Machiavel plus ou moins accommodé aux nécessités des temps et des lieux.

1875. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Siècle assez libre de tête pour se trouver fou, et cependant le plus facile à tromper qui fut jamais. […] A Annecy, aux Charmettes, des larmes, des caresses, des pardons effaçaient vite les chagrins survenus au cours de ces longues journées faciles et mollement exaltées. […] Fille un peu bien facile et pourtant romaine, maîtresse ensorcelante et prêcheuse calviniste, il y a, en effet, de quoi s’y perdre. […] Insoumis de pensée, mais à jamais timide par l’effet d’une éducation trop étroite sur une organisation nerveuse facile à briser, il se grisait d’aspirations et d’utopies silencieuses et se composait à outrance un monde irréel. […] Elle le rendit accueillant à la première idée venue ; et la première idée venue, c’est, moralement, la plus anarchique, c’est, esthétiquement, la moins résistante, la plus facile à développer ; c’est, de toutes façons, celle qui représente le moindre effort.

1876. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Nouveau problème dont l’importance est facile à sentir ; car si on le peut résoudre, quel jour répandu sur ces principes ! […] Quand nous avons sous les yeux un objet dont les formes sont parfaitement déterminées, et l’ensemble facile à embrasser, une belle fleur, une belle statue, un temple antique d’une médiocre grandeur, chacune de nos facultés s’attache à cet objet, et s’y repose avec une satisfaction sans mélange. […] Enfin la symétrie et l’ordre sont des choses belles, et en même temps ce sont des choses utiles, soit parce qu’elles ménagent l’espace, soit parce que les objets disposés symétriquement sont plus faciles à trouver quand on en a besoin : mais ce n’est pas là ce qui fait pour nous la beauté de la symétrie ; car nous saisissons immédiatement ce genre de beauté ; et c’est souvent assez tard que nous reconnaissons l’utilité qui s’y rencontre. […] Rien de plus facile à imiter que le sifflement des vents et le bruit du tonnerre. […] Ou plutôt cette langue est celle de Racine lui-même, de cette âme faible et tendre, qui passa vite de l’amour à la dévotion, qui se complaisait dans la poésie lyrique, et s’est épanchée tout entière dans les chœurs d’Esther et d’Athalie et dans les Cantiques spirituels ; cette âme, si facile à émouvoir, qu’une cérémonie religieuse ou une représentation d’Esther à Saint-Cyr touchaient jusqu’aux larmes, qui compatissait aux malheurs du peuple, qui trouva dans sa pitié et sa charité le courage de dire un jour la vérité à Louis XIV, et qui s’éteignit au premier souffle de la disgrâce.

1877. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Croirai-je qu’un homme ainsi troublé de visions poétiques et mystiques pourra toujours tenir d’une main ferme cette balance si délicate, si facile à renverser, où la critique pèse avec précision et précaution les idées et les faits de l’histoire ? […] Je disais tout à l’heure qu’ils formaient une ode : une ode est-elle facile à comprendre ? […] « Il rougit d’abord et parut encore plus beau (car cette pudeur convenait à son âge) ; puis il répondit d’une façon assez noble que, pour le présent, il ne lui était pas facile de répondre à ce qu’on lui demandait : “Car, si je dis que je n’ai pas de sagesse, d’abord il est étrange de dire de telles choses sur soi-même ; ensuite je démentirais Critias et les autres qui, selon lui, me trouvent sage. […] Il n’y a point de lecture si facile.

1878. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Trouvera-t-on facile ma besogne de reporter-impressario ? […] À quelque jargon qu’ils aient recours pour avantager l’importance de leurs productions, quel que soit leur besoin de laisser croire qu’ils continuent Darwin ou Spinosa, il sera toujours facile de ramener là tous nos conteurs. […] Les prosateurs me sont plus faciles à juger ; malheureusement, comme littérature nouvelle, ils n’ont donné que peu de chose. […] Ce serait trop facile. […] Paul Bonnetain Pas facile à rejoindre, l’auteur de l’Opium.

1879. (1925) Dissociations

Il y en a d’ailleurs des exemples, comme il y a des exemples encore plus nombreux, étant plus faciles à réaliser, de bonheurs parfaits fondés sur une médiocrité horatienne. […] On sait que les astéries ou étoiles de mer qui semblent inertes et inoffensives, connaissent parfaitement l’art d’ouvrir une huitre, ce qui est loin d’être facile à un homme inhabile.

1880. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Amaury, devenu le martyr d’une coquette, ne change rien à sa règle, allant du boudoir de sa maîtresse hautaine à la beauté facile « par-delà les guichets sombres », passant d’une satisfaction sensuelle à un désenchantement, d’un désir perfidement excité à un désir brutalement assouvi. […] J’ai voulu montrer, sous quelques-unes de ses faces et dans les endroits qui semblaient comporter une certaine simplicité facile et naturelle, le défaut dominant du style de Volupté, et je crois avoir atteint mon but.

1881. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

De cette matière elle tire de mieux en mieux parti par des inventions mécaniques, et les inventions mécaniques lui deviennent d’autant plus faciles qu’elle pense la matière plus mécaniquement. […] Il faudrait, pour y échapper, mettre sur les deux espèces d’ordre des noms différents, et ce n’est pas facile, à cause de la variété et de la variabilité des formes qu’elles prennent.

1882. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Enfin, on reconnaît un versificateur savant qui, s’il ne joue pas avec les difficultés rythmiquesc comme ce facile et léger Théodore de Banville, arrive pourtant, à force de patience et d’opiniâtreté, et en s’y reprenant à plusieurs fois, à monter la bête métrique. […] Les Prophètes connus, il est facile d’imaginer le criterium qui domine les Œuvres et les Hommes au dix-neuvième siècle. […] La preuve, à défaut de la cause, en est d’ailleurs facile à donner (et ce que je dis des gens de théâtre peut se dire aussi des gens de tribune) : Il est plus aisé d’avoir de l’action sur trois cents personnes que sur dix. […] La conclusion est facile à tirer : Maintenant que la Démocratie a pour elle le nombre et l’élite, que rien plus ne la peut soumettre, — émanciper les provinces, c’est, naturellement, mettre à l’œuvre démocratique une foule d’énergies toutes neuves et, partant, se montrer le fils intelligent et fidèle de la Révolution. […] Et cette influence de la littérature, elle est d’autant plus vive et facile que l’éveil intellectuel du peuple est plus récent, que ce peuple lui est livré sans défense.

1883. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Il est facile, coulant, sans rien qui dénote l’effort ni la recherche. […] Brunetière, qui fournissent aux petits journaux le thème de plaisanteries faciles, et où se complaisent aussi bien tous ceux qui ne peuvent pénétrer jusqu’à sa doctrine et en apprécier la nouveauté. […] » … Ce sont là railleries faciles, dépourvues d’ailleurs de tout agrément. […] Car ils parlent tous de l’abord peu sympathique, de la froideur d’aspect, de la sécheresse de manières, et de la hauteur d’aristocrate de M. de Hauteroche d’Hulst et aussi de ses dédains faciles, de son ironie toujours prête, de son esprit acéré.

1884. (1899) Arabesques pp. 1-223

Mais qu’ils ne s’imaginent pas que leur tâche sera facile. — D’abord, ils ne feront que préparer l’évolution future : pour que la pensée humaine enfante l’homme nouveau, ils auront beaucoup à souffrir, car tout enfantement est douloureux et, à cette heure, l’embryon commence à peine à se former. […] Il vous serait facile de vous en consoler à l’exemple de mon ami Signoret, lorsqu’il s’écrie : « J’ai ennobli la gloire même, l’ayant méritée. » Car Signoret n’attend pas qu’on le loue. […] La supériorité de l’homme sur le singe n’est pas plus facile à établir.

1885. (1893) Alfred de Musset

On voit que les origines intellectuelles de Musset sont faciles à démêler pour qui s’intéresse aux mystères de l’hérédité. […] Si quelque lectrice austère, estimant que Valentin ne méritait point tant d’indulgence, blâme son bonheur immérité, elle méconnaît l’un des plus beaux privilèges de son sexe, celui de purifier par une affection honnête les cœurs salis dans les plaisirs faciles, et d’en forcer l’entrée au respect. […] Son extraordinaire mobilité lui rendait la tâche assez facile.

1886. (1932) Les idées politiques de la France

Elles constituent pour des sociétés de pensée, pour des comités électoraux, un mot d’ordre et une ligne de conduite faciles. […] On a reproché à Louis XIV les guerres de magnificence : il y a la paix de magnificence, cette paix de prestige, à laquelle, de par sa formation socialiste, il a été plus facile à Briand de renoncer. […] L’un et l’autre parti peuvent se défendre, et à chacun la sophistique fournirait des armes faciles pour réduire l’autre à l’absurde.

1887. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Dans un meeting en plein air il avait la veille même de l’attentat dont faillit être la victime sérieuse le bourgmestre de Bruxelles, prédit en quelque sorte ce scandale, — assez facile à prévoir avec l’esprit d’émeute de la foule et la trop complaisante façon dont ledit fonctionnaire s’exhibait, paraît-il, revêtu de ses insignes. […] 9 Mais une certaine régularité, une beauté manquant peut-être un peu de variété en son langage pure et facile, pourrait, quoique bien injustement, être considérée parfois comme monotone ; je vais donc m’efforcer de justifier ma profonde conviction quant à la fausseté d’une semblable accusation. […] En effet, en ces temps de faciles, de fades, d’insipides, de banales et d’au fond odieusement et abusivement bourgeoises macabreries, il est digne et sain d’enfin entendre une voix qui chante bien, un cœur qui souffre bien, et de se complaire à voir parfois un sourire qui sied bien.

1888. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

« Pour qui observe, il est facile de remarquer que ce trait va s’effaçant à mesure que l’on monte des classes pauvres, laborieuses, aisées, aux classes riches, et qu’il s’efface entièrement au milieu du luxe et de l’oisiveté des hommes inutiles.

1889. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

En effet, il faut s’y conformer pour y vivre ; au bout de huit jours on sent qu’on doit renoncer ici à la jouissance délicate et savourée, au bonheur de se laisser vivre, à l’oisiveté abandonnée, au contentement des yeux, à l’épanouissement facile et harmonieux de la nature artistique et animale, qu’il faut se marier, élever un troupeau d’enfants, prendre les soucis et l’importance du chef de famille, s’enrichir, se pourvoir contre la mauvaise saison, se munir de bien-être, devenir protestant, industriel, politique, bref, capable d’activité et de résistance, et, dans toutes les voies ouvertes à l’homme, endurer et faire effort.

1890. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Tous les rôles lui étaient faciles, parce qu’il était très spirituel ; tous lui étaient bons, parce qu’il était sans principes.

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