On raconte que Boileau, apprenant que Racine s’était engagé à traiter ce sujet sur la demande de la duchesse d’Orléans, s’écria : « Si je m’y étais trouvé, je l’aurais bien empêché de donner sa parole. » Mais on assure aussi que Racine aimait mieux cette pièce que ses autres tragédies, qu’il avait pour elle cette prédilection que Corneille portait à son Attila.
Ses légendaires distractions ne l’empêchaient pas de voir clair dans la vie : le caractère était mou et ployable en tous sens, mais l’intelligence était aiguisée et pénétrante.
Ce serait le rôle des Académies littéraires, mais dégagé de l’esprit à la fois maniéré et rétrograde qui empêche la nôtre par exemple d’être utile aux lettres.
S’il se présente à heure indue un gentilhomme qui ait bien de l’or et nous en fasse part généreusement, il ne convient pas de l’empêcher de continuer librement son chemin.
« Quand un homme aimé de Dieu, se plaisait-il à dire à propos de lui-même, s’écarte du droit chemin, Dieu l’y ramène à grands coups de pied dans le cul. » Ce n’est pas non plus Louis Veuillot qui eût pu se concilier la faveur œcuménique, encore qu’il montât la garde aux portes de l’Église comme un suisse « pour empêcher les chiens d’entrer ».
Mais quand même il y aurait des ouvrages vraiment indifférents entre le bien et le mal, ils sont à coup sûr peu nombreux et cela n’empêche nullement qu’il n’y en ait une foule d’autres qui inclinent et veulent incliner les esprits dans une direction facile à reconnaître.
Certes, nous devons l’espérer, n’étant plus empêché par aucun obstacle étranger, M.
Vulpian, en France, en Allemagne, avant eux, Herbart et Müller168, ramener tous nos actes psychologiques à des modes divers d’association entre nos idées, sentiments, sensations, désirs, on ne peut s’empêcher de croire que cette loi d’association est destinée à devenir prépondérante dans la psychologie expérimentale, à rester, pour quelque temps au moins, le dernier mode d’explication des phénomènes psychiques, elle jouerait ainsi, dans le monde des idées, un rôle analogue à celui de l’attraction dans le monde de la matière.
On empêchera de la voir aujourd’hui, demain, toujours peut-être.
La jeune femme a puisé dans son éducation et dans la société de son mari les pures doctrines du xviiie siècle ; elle est incrédule, matérialiste, athée même ; cela ne l’empêche pas d’être très liée avec M. de Bonald, et c’est un jour, pour lui complaire, que le poète des Méditations aurait commis innocemment, sans trop savoir ce qu’il faisait, cette ode au Génie, dédiée au grand adversaire de la liberté.
Âgé de trente-cinq ans, il se tourna à cette œuvre avec le feu et la précision qu’il mettait à toute chose : de nouveaux désordres plus graves, qui survinrent dans sa santé, l’empêchèrent de l’exécuter avec suite, mais il y revenait à chaque instant dans l’intervalle de ses douleurs ; il jetait sur le papier ses idées, ses aperçus, ses éclairs.
C’est une différenciation et une intégration spontanées qui empêchent chaque sensation de jamais demeurer isolée, de même que la constitution d’un instrument de musique ajoute toujours à chaque son des harmoniques qui lui donnent son timbre.
Mais cette dissidence apparente ne m’empêche pas de croire avec Sainte-Beuve et surtout d’après la triple tradition de Marot, de Ronsard et de Malherbe, d’après toute la tradition française, que l’exactitude et la plénitude de la Rime sont indispensables 6 : car cette exactitude et cette plénitude communiquent au vers français le scintillement du cristal ou l’éclat de la pourpre et le rehaussent encore d’une suavité mélodieuse ou d’une sonore magie qui n’ont d’égales que dans les combinaisons harmoniques des plus grands musiciens.
Il chassa d’Italie tous les histrions, dit Tacite ; c’étoit l’unique moïen d’empêcher les tumultes qui naissoient au théatre.
Maurice Barrès donna Sous l’œil des Barbares, les causeurs et les critiques trop nombreux qui parlent des livres après les avoir à peine feuilletés, s’imaginèrent que l’auteur entendait par ces Barbares, à la mode romantique, les imbéciles, les bourgeois, les Philistins, tandis qu’au contraire il comprenait dans ce terme tous les hommes, fussent-ils de la plus haute, de la plus délicate culture, qui attentent à l’intégrité de notre moi, ou empêchent que nous en prenions pleine conscience.
Mme Colet a beau, en effet, s’absorber dans l’adoration de la Liberté et de la Révolution italienne et se plonger en leurs délices, il faudrait bien des révolutions, les unes sur les autres, pour empêcher sa personnalité de remonter à la surface, et pour faire disparaître de ses livres, cette petite vanité de bas-bleu, qui y remonte toujours, comme sur l’eau dans laquelle on le noie, un petit chat, impossible à tuer !
Cela n’empêchera pas la sociologie proprement dite de pousser aussi loin qu’elle le pourra la recherche des actions propres aux phénomènes qui sont de son ressort.
Ainsi, après s’être occupé de ses grands desseins avec ses généraux et ses ministres, il se délassait quelquefois en conversant avec Racine : il ordonnait qu’on représentât devant lui les chefs-d’œuvre du vieux Corneille : il sentait de l’orgueil à se voir servir dans son palais par l’auteur du Misanthrope et du Tartufe, et donnant à Molière son roi pour défenseur, empêchait qu’une cabale d’autant plus terrible, qu’on y mêlait le nom de la vertu, n’opprimât un grand homme.
Des actes odieux d’Octave, des actes de tyran ou plutôt de bourreau, en souillant ses mains, ne flétrirent pas son nom, et n’empêchèrent pas que, lorsque son ambition assouvie se contenta de l’obéissance, sans prendre les biens et la vie, une acclamation de reconnaissance s’éleva presque dans tout l’empire.
Ce mal est commun à toute l’Europe chrétienne ; il ne paraît pas ni que le protestantisme doive être exclusivement accusé de le produire, ni que le catholicisme ait la force de l’empêcher. […] Ainsi, l’esprit de nouveauté religieuse, son orgueil, sa mobilité, ses contradictions, qui choquent si souvent son bon sens dans la suite de l’établissement du protestantisme, l’ont empêché de voir l’esprit d’indépendance des peuples, non seulement en face de l’étranger, mais, dans l’intérieur, en face du souverain. […] Tout à coup, elle sort de sa retraite et recommence ses étranges nouveautés de la grâce, dont la plénitude était telle qu’il fallait, selon ses paroles, « la délacer pour l’empêcher d’en crever. » Elle professe de nouveau cet état passif « où Jésus-Christ même est un dernier obstacle à la perfection d’un cœur qui reçoit Dieu immédiatement, dans le vide de toute affection, de toute crainte, de toute espérance, de toute pensée quelconque. » Un poète du temps décrit cet état dans ce portrait plaisant de Mme Guyon : Ce modèle parfait, ce Paraclet nouveau, Donne du pur amour un spectacle bien beau, Quand tout d’un coup, sentant un gonflement de grâce, Elle crève en sa peau si l’on ne la délace. […] Avant son sacre, il avait souscrit au formulaire ; après son sacre, sa conscience l’empêchait de souscrire au commentaire rédigé par Bossuet, d’accord avec ses collègues.
Le savant lui-même peut à peine s’empêcher de croire que la loi « préside » aux faits et par conséquent les précède, semblable à l’Idée platonicienne sur laquelle les choses avaient à se régler. […] Mais l’intelligence intervient, avec la faculté de choisir : c’est une autre force, toujours actuelle, qui maintient la précédente à l’état de virtualité ou plutôt de réalité à peine visible dans son action, sensible pourtant dans sa pression : telles, les allées et venues du balancier, dans une horloge, empêchent la tension du ressort de se manifester par une détente brusque et résultent pourtant de cette tension même, étant des effets qui exercent une action inhibitrice ou régulatrice sur leurs causes. […] Là où elle paraît fonder l’obligation, elle se borne à la maintenir en résistant à une résistance, en s’empêchant d’empêcher. […] A vrai dire, aucun philosophe ne peut s’empêcher de poser cette nécessité d’abord ; mais le plus souvent il la pose implicitement, sans le dire.
Ces légères critiques n’empêchent point que M. […] Je ne devais pas m’y attendre ; j’ai fait tout ce que j’ai pu pour l’empêcher ; mais à présent, elle est faite, vous m’avez donné barre sur vous ; trouvez bon que j’en profite. […] Le contraste est si plaisant qu’on ne peut s’empêcher d’en rire. […] Elle empêche qu’on entende un seul mot du discours de M. […] En 1877, je ne sais quel accident m’a empêché d’assister à la reprise que M.
Comment empêcher le poète de s’exalter en faveur de cet être supérieur, de nous faire la confidence de son enthousiasme, de son admiration, de sa haine même, où l’admiration entre encore ? […] La science, qui vient au-devant de nous par tant de voies, nous empêche de comprendre l’indigence intellectuelle d’une société où n’existait point encore ce messager de toutes les idées, le livre. […] Ce penchant est favorisé encore par la tendance qui porte l’esprit populaire à faire passer peu à peu la métaphore à l’état de réalité concrète, et qui l’empêche de bien distinguer ce qu’il voit, de ce qu’il imagine. […] La pauvre femme gémit de ce dédain et ne peut s’empêcher d’applaudir aux habiletés qui mèneront peut-être son fils à quelque beau mariage. […] Puis cette seconde croyance parut s’évanouir en un panthéisme vague ; enfin il a fallu sa déclaration dernière pour empêcher qu’on ne fit remonter jusqu’à lui le positivisme de ses disciples.
. — Dans cette foule bigarrée, réellement gênante, qui semblait empêcher toute contemplation, car cette rumeur et ce trépignement couvraient le silence si peu frissonnant des eaux, une jeune fille se distinguait. […] S’il ne le fut, c’est qu’il ne put l’être et que le malheur des temps l’en empêchait. […] Balzac, tempérament opposé, représentait en tout l’antithèse même des opinions de Victor Hugo, et la mort empêcha une consécration égale. […] Nul n’apparut avec un geste moins dominateur et un langage plus uni ; nul ne fut moins comédien, moins personnage littéraire ; ce qui n’empêcha la littérature d’être toute sa vie. […] Notons pourtant que le dégoût de l’auteur pour ces poèmes n’est pas suffisant pour l’empêcher de les publier là, pour la première fois.
Les drames politiques de Corneille ont beau être « le bréviaire de l’homme d’État », il est extrêmement douteux que, si le poète avait été mis en demeure de passer de la théorie à la pratique et d’appliquer ses vues dans l’exercice d’un ministère ou d’une principauté, comme le rêvait Napoléon, il s’y fût montré plus apte, moins fauche et empêché que le bon Sancho dans le gouvernement de son île. […] S’il ne s’agissait que de percer et de briller de quelque façon que ce soit, on concevrait encore qu’aucune circonstance adverse ne pût empêcher le génie de se faire jour ; mais quelle assurance pouvons-nous avoir que te petit paysan né avec la bosse de la sculpture fera la rencontre de l’homme riche, éclairé et charitable, qui, émerveillé de ses bonshommes d’argile, se chargera des frais de son éducation et l’enverra à une école de dessin ? […] De ce nombre est la théorie des héros, que nous venons d’exposer et de critiquer, où un homme de génie lui-même considère les génies comme des forces purement spirituelles et souverainement libres, qu’aucune hostilité des choses extérieures ne peut empêcher d’accomplir leur glorieuse destinée. […] Il y a donc certains génies grands sans être complets, qu’une malencontreuse petite déviation de leur pente naturelle, une fausse direction donnée ultérieurement, soit par l’éducateur, soit par les circonstances, un peu à côté de celle où ils auraient rempli toute leur destinée, semble avoir empêchés d’atteindre cette plénitude de l’être qui résulte de la parfaite harmonie du talent et de l’œuvre. […] L’habitude d’expliquer les faits simplement, sans errer dans les nuages de la théorie et de l’hypothèse, communique à l’esprit un goût sain pour ce qui est clair et solide, qui l’empêche de se plaire aux questions bavardes d’une indiscrète curiosité.
C’est moi qui l’ai empêchée de prendre la place qu’elle avait payée. […] J’entrai dans ce salon, que l’émotion ne m’empêcha pas de regarder très curieusement. […] ma bonne vieille, mon mari est un jaloux qui me couperait le nez pour m’empêcher de gagner encore à ce jeu de bagues. […] On a dénoncé des prêtres pour avoir dit la messe : ils la diront plus longtemps si on les empêche de la dire. Celui qui veut les empêcher est plus fanatique que celui qui dit la messe.
Son désespoir ne l’a pas empêché de vivre, et ne lui a fait dédaigner ni l’amour ni la gloire. […] Qui empêche de supposer que ce modèle ait été emprunté à quelque autre souvenir de la vie de Benjamin Constant ? […] Empêche-t-il de trouver un peu d’exagération dans ces larmes que j’ai vu verser par une jeune mère et sa fille dans la chambre d’un homme qui mit ses enfants à l’hôpital ? Empêche-t-il de rire de cette foule de pèlerins qui ne sont venus là que pour inscrire leurs noms sur les murailles du jardin, et jusque sur le buste du héros, dont la joue droite est couverte tout entière par le nom de M. […] Tous, enfants que nous sommes, nous ne pouvons nous empêcher d’en être émus. » Il portait dans les distractions de son âge une gravité précoce.
Vos cinq pieds six pouces ne vous empêcheraient pas d’être fusillé dans deux heures. » Le général Dumas ne fut pas fusillé. […] À peine affranchie de la sujétion païenne et de la tutelle quasi musulmane où la tenaient nos anciens préjugés, la femme retombe vers un nouvel esclavage qui l’empêche, cette fois, d’être épouse et mère. […] On n’a pas écrit pour écrire, mais pour fixer un rapide mirage, pour perpétuer ce qui se passe, pour vaincre la fuite du temps et empêcher l’inévitable mort d’une vision qui nous fut chère. […] À présent, si quelque obstacle nous empêche d’aller vers les Grecs, ce n’est assurément pas l’excès de christianisme. […] Mais on ne peut s’empêcher d’admirer des gens pour qui le sens de la vie fut si parfaitement clair.
Mais, arrivé à la sensation, nous sommes à la limite du monde moral ; de là au monde physique, il y a un abîme et comme une mer profonde ; nous ne pouvons plus pratiquer nos sondages ordinaires ; l’eau nous empêche de vérifier si la couche que nous avons suivie d’un bout à l’autre de notre sol va rejoindre l’autre continent. […] On doit donc admettre que son action éveille partout des événements moraux d’espèce voisine ; et puisque d’ailleurs, même dans la protubérance et les lobes, la majeure partie de ces événements n’apparaît pas à la conscience, rien n’empêche que, dans la moelle, son action n’éveille aussi des événements moraux analogues à la sensation, situés, cette fois, non par accident, mais par nature, hors des prises de la conscience. — Il y aurait ainsi trois degrés dans la sensation. […] Quand je la repousse au fond, elle remonte peu après, et, si je l’en empêche, elle fait son possible pour remonter sur un autre point.
Un des opérés de Home, dix minutes après l’opération, interrogé sur la figure d’un petit carton rond, répondit : « Laissez-moi le toucher, et je vous répondrai. » On l’en empêche, il réfléchit et dit, peut-être un peu au hasard, qu’il est rond. […] En effet, non seulement l’atlas visuel s’est substitué presque partout à son rival ; mais encore il l’a empêché d’acquérir toute la perfection qu’il pouvait avoir. […] Nunnely, « le jeune patient disait que les objets touchaient ses yeux, et il marchait avec précaution, tenant les mains élevées devant ses yeux, pour empêcher ces objets de les toucher et de les blesser ».
Mais quand on jette les yeux sur leurs productions, on ne sauroit s’empêcher d’y remarquer l’empreinte profonde de l’ignorance. […] Mais dire qu’elle se soit épuisée, c’est l’outrager ; c’est autoriser la paresse, qui, bercée de la fausse idée qu’il n’est plus rien de neuf à inventer, ferme les livres, laisse-là l’étude & s’endort ; c’est étouffer le génie naissant, l’empêcher d’éclore, & le détourner de tenter des efforts heureux ; c’est rendre enfin à l’ignorance tout son empire, & au bel-esprit la gloire de se soutenir par ses frivoles & inutiles productions. […] Mais Zaïre, Brutus, Mahomet, Mérope, & tant d’autres pièces qui cimentent la gloire & forment la couronne de ce célèbre & fécond Auteur, n’ont point empêché le mauvais goût de prévaloir.
Je ne puis m’empêcher d’être inquiet. […] Ampère appelle l’idéogénie, serait venue, dans sa méthode, plus tard à fond ; mais elle ne serait venue qu’après le dénombrement et le classement complet, mais surtout la préoccupation des facultés distinctes ne scindait pas, dès l’abord, les groupes analogues, et ne les empêchait pas de se multiplier à ses regards dans leur diversité.
Il soufflette un M. de Rieux qui lui rend son soufflet, et l’on est obligé de les tenir à bras le corps pour les empêcher de se ruer l’un sur l’autre. […] Un d’entre eux obtint cependant un jour l’insigne faveur d’être écouté et le roi avoua qu’il n’avait jamais ouï parler si bien ; mais cela ne l’empêcha pas, quelques mois plus tard, de donner quinze jours aux ministres de la religion prétendue réformée pour quitter le royaume, de faire condamner aux galères ou à mort ceux qui s’obstinaient à rester, et de faire couvrir par le roulement des tambours la voix de ceux qui, du haut de l’échafaud, essayaient de haranguer la foule.
Seulement d’ordinaire, au moment où elle accepte ce qu’elle n’a pu empêcher, elle est déjà distancée par la société qui a continué de marcher ; elle se trouve derechef en arrière, défendant ce qu’elle condamnait vingt ans plus tôt, combattant ce qu’elle accueillera vingt ans plus tard. […] Leçon de choses qui n’empêche pas les générations suivantes de faire les mêmes rêves, de tenter les mêmes aventures, d’éveiller au départ les mêmes espérances.
Et, contre elles, il réagit, mais de sa façon, en développant, sous ces formes, son génie, fièrement, librement, comme si cette enclave subie n’existait pas à l’empêcher. […] Et dans un tel monde, Beethoven, bien plus que Mozart, s’est trouvé, toujours, empêché de plaire par la beauté de ses œuvres.
Et comme Berthelot lui oppose les siècles grecs, je ne puis m’empêcher de lui dire : « Allez, vous aurez beau chercher dans ces siècles, vous ne rencontrerez pas un siècle, où se trouvent un bout de règne d’un Louis XIV, et un 93. » Mercredi 20 février Quelqu’un racontait avoir connu un fils, qui pour faire manger son père, tombé en enfance, était obligé de le menacer, de faire claquer un fouet de poste, et ce monsieur disait qu’il était arrivé à désirer la mort de son père, tant il souffrait de ce supplice de tous les jours. […] Elle contient cette phrase sortie, dit le correspondant, d’une des plus jolies bouches de Paris : « Nous devons empêcher nos maris de lire Chérie, ça leur en apprend trop sur notre passé !
« Il était empêché d’ailleurs par une sorte de crainte religieuse. […] Chacun de ses doigts était pour lui plus qu’une chose, presqu’une personne… Il l’appelait Marie, adorant ce nom là fait exprès, disait-il, pour être soupiré dans l’extase et qui semblait contenir des nuages d’encens, des penchées de roses. » D’aussi, belles pages marquent encore la sensualité contenue de ces deux êtres mûrs pour l’amour, et exacerbant leurs nerfs malades ; la promesse de son corps accordée et ce sacrifice empêché par la maladie de son fils tandis que dehors l’émeute se déchaîne puis la séparation des deux amants, jusqu’à cette scène effroyablement aigüe où Frédéric, se trouvant un soir chez elle pâle et en larmes, est emmené par sa maîtresse, tandis que les rires délirants de Mme Arnoux sonnent dans l’escalier, et en trouent l’ombre ; la ruine de cette femme, cette chose intime et presque obscène, la vente de ses effets : enfin cette suprême et dure entrevue, où éclairée tout à coup par la lampe, elle montre à son amant vieilli, et travaillé de concupiscences, la froideur pure sur ses doux yeux noirs, de ses cheveux désormais blancs, dont, déroulés, elle taille une mèche, « brutalement à la racine »… Par ce type de femme de la grâce la plus haute, Flaubert se compensait de toutes les brutes que son souci de la vérité le forçait à peindre.
En vérité, quand l’homme est arrivé à l’horizon sérieux de la vie par les années et par la réflexion, il ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine honte de lui-même et un certain mépris de ce qu’on appelle si improprement encore les conditions de la poésie. […] Damayanti, informée enfin que son époux existe, mais que la honte l’empêche de se découvrir à elle, fait usage d’un subterfuge qui doit arracher à Nala le cri de la nature.
Mais notre titre de Français du dix-neuvième siècle ne doit pas nous empêcher cependant de rendre justice à notre patrie et à notre temps. […] Voilà pourquoi nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître dans la littérature française les trois grands caractères qui finissent par dominer un monde et une ère de l’esprit humain.
Dom Rivet avait soixante-cinq ans, et, d’une santé naturellement délicate, il s’était usé dans ces occupations assidues de la bibliothèque et de la cellule, qui ne l’empêchaient pas de vaquer encore à bien d’autres soins et à la pratique des bonnes œuvres ; car « nous ne sommes point différents des autres hommes, disait-il, et nous avons nos occupations, comme eux les leurs ».
Aujourd’hui que l’auteur n’est plus, rien n’empêche de dire quelle fut l’impression universelle, ou plutôt il suffit de l’indiquer et de la rappeler à tous les témoins qui l’éprouvèrent si péniblement.
Il aime ces formes souveraines ; il étend la main sur les choses, et, durant le temps qu’il parle, il ne peut s’empêcher de faire l’office du Dieu son maître.
Dans son éloge de M. de Lamure, Vicq d’Azyr parlant des succès de ce professeur de Montpellier, raconte que lorsqu’on félicitait M. de Lamure déjà vieux sur l’intérêt de ses cours, celui-ci répondait : « C’était dans ma jeunesse qu’il fallait m’entendre. » Et Vicq d’Azyr à ce propos, ramené de quatorze ans en arrière à ses propres souvenirs, ne peut s’empêcher de s’écrier : Combien, en effet, cette jeunesse dont on se méfie tant n’a-t-elle pas opéré de prodiges !
Il qualifie quelque part cette peinture des Italiens modernes d’un seul mot : « On dirait de la peinture d’ennuyés. » Ici il en cherche la cause : J’y ai cependant fait une observation que je ne peux m’empêcher de vous communiquer, celle de n’y avoir trouvé aucun tableau un peu original : tous ne sont que de faibles réminiscences des ouvrages anciens et modernes, et rien de véritablement senti sur la nature.
Ici je ne puis m’empêcher de remarquer combien l’influence d’Homère, de ce grand poète naturel, fut petite dans notre littérature, ou, pour parler plus exactement, combien elle en fut absente ; et, afin de rendre le fait plus net et plus sensible, je me pose une question : Quels sont les grands écrivains français qui auraient pu s’aller promener aux champs en emportant un Homère, rien que le texte, ou qui, s’enfermant comme Ronsard en des heures de sainte orgie, auraient pu avoir raison en trois jours de L’Iliade ou de L’Odyssée ?
Mais il doit aussi être juste, et ne pas prétendre que je reste plus longtemps où je suis, mannequin responsable de tout le mal qu’il ne peut ni prévoir ni empêcher… (Septembre 1810.)
Pour moi, qui me réserve de faire un choix sévère dans cette masse de poésies, ma simple conclusion sera : relisons ces livres du passé, connaissons-les bien pour éviter les jugements tout faits et nous former le nôtre, pour nous faire une juste idée avant tout des mœurs et des modes d’esprit aux diverses époques ; soyons comme les naturalistes, faisons des collections ; ayons-les aussi variées et aussi complètes qu’il se peut, mais ne renonçons point pour cela au jugement définitif ni au goût, cette délicatesse vive : c’est assez que nous l’empêchions d’être trop impatiente et trop vite dégoûtée, ne l’abolissons pas.
C’était une personne toute de mouvement ; je n’ai jamais rien vu de si vif ; quand la dispute s’échauffait entre elle et mes parents, je ne pouvais m’empêcher de trembler pour eux : les cris, les interruptions, les démentis, les sorties furibondes en brisant les portes, tout faisait croire qu’ils ne se reverraient de leur vie.
Toutes les fois qu’on voudra citer les hommes qui ont eu le goût passionné de la lecture, de l’étude, de la critique historique désintéressée, de l’érudition en elle-même, à la suite de ces noms fameux et toujours répétés des Huet, des Gabriel Naudé, des président Bouhier et de tant d’autres, lorsqu’on arrivera à notre siècle si rare en esprits de ce genre, en esprits aussi avides de savoir que peu empressés de le dire, on ne pourra s’empêcher de nommer Guillaume Favre.
C’est un véritable instinct, qui me tient renfermé en moi-même et qui empêche l’expansion des idées ou des sentiments.
Autant qu’il m’est permis d’avoir un avis en telle matière, je ne trouve pas que Buffon ait en rien manqué à la reconnaissance ni à l’hommage qu’il leur devait, et que, ce me semble, il leur a très équitablement payés en temps et lieu convenable : ce qui n’empêche pas qu’après coup il ne soit intéressant de se rendre mieux compte des services qu’il a dus à chacun d’eux.
Je ne demande qu’à obéir ; qu’on me dise seulement ce que je dois faire, car, durant ma malheureuse existence, je ne puis pas m’empêcher d’être quelque part, mais rester ici ne m’est pas possible, et je suis bien déterminé, quoi qu’il arrive, à ne plus essayer de la maison d’autrui.
… Je fais ma partie de roi, que mes ministres fassent la leur comme ministres ; si nous savons jouer, nous nous mettrons d’accord. » On assure qu’il dit un autre jour, moins noblement : « ils ont beau faire, ils ne m’empêcheront pas de mener mon fiacre. » Il disait, en parlant de Casimir Perier, qu’il avait trouvé sous sa main bien à propos : « Savez-vous que si je n’avais trouvé M.
Ses rivaux même, ces amis un peu malicieux (comme on en a), et qui ne louent qu’en restreignant, ne peuvent s’empêcher de dire : « C’est un grand metteur en œuvre que Guizot !
Et cela ne l’eût pas empêché (satisfaction très vive, mais bien vaine et passagère !)
Quelquefois il ne peut s’empêcher d’être étonné de ses excès et de ses fougues : malgré son chagrin, il sourit des paroles extravagantes qui lut ont échappé.
C. de Lafayette ne s’attribue en rien cette supériorité dont il ne peut s’empêcher cependant d’avoir conscience, et il n’en fait pas honneur à son propre talent ; il aime à la rapporter à des maîtres, à des devanciers qu’il nomme et que parfois même il exagère un peu (nous avons le droit de le remarquer).
M. de Pontmartin vient de même d’introduire toute une révolution dans sa manière : de critique aristocratique, de défenseur des hautes doctrines de la société, de chevalier avoué du trône et de l’autel, il s’est fait pamphlétaire satirique, auteur de Guêpes, diseur de vérités et de malices à tout prix ; les lauriers d’Alphonse Karr l’ont empêché de dormir.
Mais lui-même, avec son tact rapide, il a trop glissé, il est allé bien vite, et la peur de paraître embarqué en un sujet frivole l’a empêché d’insister autant qu’il l’aurait pu : « Que renferme la jolie pastorale de Longus ?
Un peu plus tard, quand elle sait parler, elle entre en colère contre sa gouvernante qui, au bord d’un étang, prétend l’empêcher de monter sur un cygne ; car Sibylle voulait absolument chevaucher l’un des cygnes qui voguaient sur la pièce d’eau, et faire ainsi le tour de l’étang.
Il s’agit des belles-lettres : Velléius, à un moment, se met à en discourir, car il ne s’interdit pas les digressions, et c’est une de ses formes ordinaires de dire : « Nequeo temperare mihi… Je ne puis m’empêcher, je ne puis me contenir… » Il vient de parler des colonies romaines établies sous la République, et, passant à un tout autre sujet, il s’adresse à lui-même une question : Pourquoi y a-t-il pour les choses de l’esprit des époques et comme des saisons exclusivement favorables, où tout se rassemble et se groupe, et passé lesquelles on ne retrouve plus le même goût ?
Sa santé altérée et sa fin prochaine l’empêchèrent d’exécuter ce beau dessein ; mais il laissa à son fils des notes nombreuses, des souvenirs vivants, l’esprit même de la tradition.
Passe pour Mme Clorinde, dont une pièce sur trois a dû sombrer ; mais les Stances à Théophile Gautier, qui donc l’empêchait de les reproduire ?
Les diverses cours féodales grandes ou petites, l’importance prise par les villes, ont peu à peu centralisé ces divers patois, les ont fait passer à l’état de langue : mais cela n’empêche pas qu’il ne soit resté des traces de diversité presque à l’infini dans les montagnes, dans les campagnes ; les rudes vestiges sont encore vivants ; il y a des patois locaux qui sont restés à peu près ce qu’ils étaient à l’origine, qui ne sont jamais devenus des langues ; ces patois restés paysans n’ont pas éprouvé de malheurs, si vous le voulez, mais aussi ils n’ont pas eu de bonheur, ni de chance, comme on dit.
Le grand Frédéric, qui n’était pas des plus tendres, ne put s’empêcher de le remarquer quand il eut vu M. de Gisors et pris connaissance de son régime : « Il se couche trop tard, disait-il, et se lève trop matin.
Quant au chapitre de Victor Hugo sur l’année 1847 et que je ne me charge pas de justifier dans les points inexacts, je ne puis m’empêcher pourtant de trouver qu’il est bien étrange qu’on en soit venu à faire un volume tout entier, là où deux ou trois pages eussent amplement suffi.
Troplong, qui lui rendait dans le particulier en bienveillance ce que les passions déchaînées l’empêchaient de lui témoigner à la tribune et en séance. — Je ne parle pas (bien entendu) de ses deux amis de tous les temps et confrères de l’Académie, M.
Il ne voit rien de plus élevé ni de plus rempli de fureur et de sublime que les vers de Duché, ce qui ne l’empêche pas d’écrire à propos de M. de Monchesnay : « Je ne connois que lui (M. de Monchesnay !)
La mort n’interrompait point des projets illustres, ni la progression d’utiles pensées ; elle ne brisait point des liens chéris, elle n’arrachait point à des affections profondes ; elle empêchait seulement de goûter le lendemain l’amusement qui peut-être avait déjà fatigué la veille.
À la mort du premier Dauphin313, pendant que les gens de la chambre se jettent au-devant du roi pour l’empêcher d’entrer, la reine se précipite à genoux contre ses genoux, et lui crie en pleurant : « Ah !
Sa surdité l’empêchait de participer aux agréments de cette société très-distinguée, mais sa femme et ses filles attiraient chez lui la cour et la ville.
À certains moments, ils se précipitent d’un tel train qu’on n’entend plus que leur bruit sans en concevoir le sens ; c’est assurément un défaut que mon parti pris d’extase ne saurait m’empêcher de reconnaître.
Il a beau supplier et pleurer, évoquer les jours d’autrefois : sa maîtresse ne se souvient de rien, ne le reconnaît pas ; et cela est si douloureux que saint Pierre lui-même ne peut s’empêcher d’être ému.
Le bohème a sa fin dans son état transitoire lui-même ; il raconte toute sa vie qu’il va créer, jusqu’au jour où il prend l’attitude du vieux lutteur que la dureté de la vie a empêché de se révéler.
Et si l’ordonnance est médiocre, le médecin incapable, n’empêche que les malades demeurent qui l’attendaient, — et qui nous intéressent, et dont il est urgent de préciser le diagnostic.
Peut-être a-t-il marché sur les pieds de Mendès. » — « N’empêche, conclut Wilde, que ce diable d’homme est terriblement amusant. » * * * Pour comprendre Oscar Wilde, il faut considérer qu’il était irlandais.
Il est remarquable comme Rabelais veut que son royal élève soit en quête et curieux de toutes choses utiles, de toute invention moderne, afin qu’il ne se trouve empêché ni étonné nulle part comme tant de petits savants qui ne savent que les livres.
La nuit tombe, le voiturier approche du gîte, mais une femme acariâtre qu’il a au logis l’empêche d’offrir l’hospitalité au jeune couple.
Le gouvernement provisoire vénitien décida alors de tout faire pour empêcher le Directoire de ratifier le traité.
C’est ainsi que, vers la fin, dans le séjour à Délos, il n’a pu s’empêcher de se donner carrière : l’homme s’est révélé ; il a placé dans la bouche de Philoclès ses propres idées sur le bonheur, sur la société, sur l’amitié, et a introduit par extraits cet ancien petit Traité de morale qu’il avait composé bien des années auparavant pour le neveu de M. de Malesherbes.
Elle les empêche d’inventer, de créer et comme de produire.
L’interprétation des émotions sera simple et directe s’il s’agit d’œuvres évidemment et franchement passionnées ; il faudra recourir à des détours quand, par impassibilité, par ironie ou par toute autre cause, l’auteur semble s’efforcer d’empêcher que l’on aperçoive quelles émotions il a voulu suggérer, ou même que l’on en ressente une.
Folantin, dans A Vau l’eau, ou le passage suivant de A Rebours, qui est un exemple parfait du paralogisme pessimiste, consistant à ôter d’un ensemble toute bonne qualité, et à le déclarer ensuite mauvais : « Il ne put s’empêcher de s’intéresser au sort de ces marmots et de croire que mieux eut valu pour eux que leur mère n’eût pas mis bas.
Je ne saurais m’empêcher de croire qu’en sculpture une figure qui fait bien ce qu’elle fait ne fasse bien ce qu’elle fait, et par conséquent ne soit belle de tous côtés.
Notre courte vue ne doit point nous empêcher d’apercevoir un soin paternel de la Providence à choisir certains peuples pour diriger et mûrir les idées des autres.
Rousseau, que l’on trouve sur le chemin de toutes les vérités, lorsqu’il n’est pas contraint d’en sortir par l’esprit de système, Rousseau avait bien compris l’obstacle de l’union des sexes dans l’état absolu d’ignorance ; et c’est même une des objections qu’il se propose dans son Discours sur l’Inégalité des conditions : cependant cela ne l’empêche point, dans son Contrat social, de se hâter de dissoudre les liens de famille sitôt que, selon lui, le besoin cesse de s’en faire sentir pour l’enfant.
Le style qui sauve tout, le style qui empêche, dans Mme de Staël, qu’Oswald avec ses bottes à glands, Corinne avec sa harpe, ne soient des gravures de l’Empire ; le style conservera-t-il les inventions de Mme Sand, — de cette femme qui n’eut pour tout génie d’invention que d’être mal mariée, bohème et démocrate, et qui n’a jamais que ces trois sources d’inspiration : le mauvais ménage, le cabotinisme et la mésalliance, par haine du noble et amour de l’ouvrier ?
— ayant toujours sous sa diable de plume, qu’on ne peut s’empêcher d’aimer, le mot impertinent, très réussi, quand il s’agit des choses religieuses, Droz, qui a même trouvé dans la monotonie de son procédé contre la dévotion du xixe siècle la punition de s’en être moqué, Droz, qui prononce le nom de Dieu vers la fin de son livre, quand il est ému, aussi bêtement qu’un bourgeois, lui, le spirituel artiste !
Il ne pourra s’empêcher de remarquer que le talent de composition a été inégalement réparti, non seulement entre les hommes, mais entre les nations ; que le roman d’un Français est composé autrement que celui d’un Russe, d’un Anglais, d’un Allemand.
Tout en éprouvant une instinctive répugnance pour cette sorte de rime, qui d’ailleurs n’amène guère d’effets imprévus — car la rime de voile avec étoiles n’est pas moins banale que celle de voile avec étoile, — je reconnais que ma répugnance n’a point de motif qui soit valable d’une façon générale ; il me serait impossible de rimer ainsi ; cela n’empêche point que rimer ainsi ne soit loisible à tous les autres.
Son esprit ressemblait à celui du dix-septième siècle ; il n’a pu s’empêcher d’aimer, d’admirer, de louer uniquement le dix-septième siècle.
Et d’un autre côté, si ce monde qui doit faire place à un monde nouveau laissait un trop riche héritage, il empêcherait que le nouveau ne s’établit.
François Coppée : cela ne l’empêche point de faire, quand il lui plaît, des poèmes qui attendrissent les foules. […] Car c’est bien lui qui a révélé à ses élèves Joubert et Stendhal à une époque où ces deux écrivains, surtout le second, n’avaient pas encore fait fortune ; et cela ne l’empêche point d’être un des plus pieux entre les fidèles de Bossuet. […] Au reste, s’il est vrai que le bonheur est souvent la récompense des cœurs simples, il me paraît qu’une intelligence supérieure et tout ce qu’elle apporte avec soi n’est point pour empêcher d’être heureux. […] Mais ces caractères dont l’absence empêche M. […] Il y a des règles nécessaires dont la violation empêche une œuvre de valoir tout son prix : (encore l’interprétation de ces règles peut-elle être plus ou moins rigoureuse).
Et qui eût empêché d’y mêler, pour varier les couleurs et les lignes, les personnages de la comédie antique avec leurs tuniques, leurs chlamydes et leurs voiles : l’esclave rusé, le parasite jovial, le leno, le miles gloriosus et les belles esclaves grecques aimées des fils de famille ? […] Et, si l’on craignait que le tableau ne fût un peu vide, rien n’empêchait d’y ajouter Oronte et Arsinoé et quelques seigneurs et quelques dames. […] Puis les enfants ont presque tous une sorte d’innocence invincible, une irréflexion qui les protège, qui les défend du mal que pourrait faire à leur âme une science prématurée, et qui les empêche même d’apercevoir et de comprendre ce qui les flétrirait. […] Elle boit beaucoup, ce qui ne l’empêche point de manger de grand appétit ; elle tire des hommes l’argent qu’elle peut, elle est bête, paresseuse, insouciante, — assez bonne fille en somme. […] Et comme sa femme fait la dégoûtée : « C’est vrai, dit-il, que tout d’abord… taïè… ça suffoque pour ainsi dire ; mais on s’y fait… C’est comme du marc, pour ainsi dire… et puis on y gagne assez… Quant à l’odeur, pour ainsi dire, taïè… nous autres, nous ne devons pas y regarde trop près : sans compter que rien n’empêche de se changer. » La parole d’Akim, vous le voyez, n’est qu’un balbutiement, un embryon de langage.
Ce n’est pas à dire qu’il n’y faut pas de la raison : c’est comme les beaux vers ; … toute la raison du monde ne les empêche pas d’être mauvais, s’ils choquent l’oreille. […] Mais, pour réussir dans cette tâche, il fallait cette alliance de qualités dans laquelle je tendrais à voir le plus beau fleuron de la couronne de Maurois : le courage à défendre ces choses précisément de la défense desquelles nul lustre ne rejaillit sur le défenseur, et non moins cette modestie qui consiste à écarter, à repousser doucement, tous ces diamants faux par l’appât desquels la pensée nous tente — pour nous empêcher de penser plus avant. […] Autour du corps elles sont posées, comme des arcs légers et de délicats cerceaux ; elles l’entourent ainsi qu’un bras, il est au milieu d’elles comme empêché parmi les cercles de sa grâcego ». […] Il est certain que plus encore que d’autres — et bien plus irréparablement à cause de ce qu’il aurait pu, lui, donner — Rivière a connu, vécu le sort qui tend trop à devenir « l’éminente dignité » des meilleurs aujourd’hui : c’est la vie même qui les empêche de réaliser les projets qui sont le plus profondément leurs ; il est certain qu’il a consenti en faveur de La Nouvelle Revue française un sacrifice incalculable, que celle-ci n’oubliera pas, qu’elle ne doit jamais oublier. […] Ici par-dessus tout je m’interdis d’interpréter, mais ne puis m’empêcher de réfléchir.
Le fils de Racine n’excuse pas ici les habiles écrivains de la licence qu’ils prennent, mais il leur attribue le privilège de mouvoir au gré de leur art les constructions du discours, pourvu que la prudence et le savoir les empêchent d’user de cette liberté avec excès. […] On a prétendu que, s’il n’avait pas approfondi l’art, il avait au moins donné aux gens du monde connaissance des branches de la littérature que leurs affaires ou leurs distractions les empêchent d’étudier : c’est trancher légèrement, ce me semble. […] Mais la subversion que je crois pouvoir ici me permettre, ne m’empêchera pas de replacer dans la suite toutes les choses au rang qui leur convient, et de vous en faire ressaisir le fil aisément. […] mais l’irrégularité du Cid empêche de le choisir pour modèle, et c’est un admirable écart du génie, qu’on pardonne en faveur de son vif éclat. […] Des commentateurs plus sérieux ont donné au même texte une autre interprétation : ils présument qu’Aristote, ne parlant point du but moral de l’art, mais de l’art en soi, fait entendre que les passions tragiques doivent être purgées de l’excès qui les empêche de plaire.
On dit quelquefois que l’analyse refroidit le sentiment esthétique : je ne vois pourtant pas que l’éducation musicale nous empêche de goûter un effet d’orchestration et d’en être émus. […] Il faut donc qu’il surveille sa plume, qu’il la tienne sous le contrôle, qu’il l’empêche de se laisser aller aux formules toutes faites. […] On ne peut s’empêcher d’être frappé de ce qu’il y a de tourmenté, de fébrile dans ces efforts d’innovation. […] Cela n’empêche pas le spectateur de les voir en grandeur normale. […] Il nous empêche de prendre trop au sérieux des images de pur caprice, d’insister lourdement sur des fantaisies légères.
Quoique cette consolation ne soit pas de celles que notre époque ait fréquemment cherchées, elle a été réelle cependant pour quelques âmes meurtries, et Lamartine reconnaît avoir trouvé dans ses croyances déistes un appui qui l’empêcha de rouler jamais bien profondément dans les abîmes du désespoir et du scepticisme45. […] Il indiquait en même temps quelques traits fort justes de son caractère : son horreur de la popularité, son mépris pour l’émotion dans l’art, pour le sentimentalisme, son goût pour les bizarres et les incompris, comme Manet ou Richard Wagner : qualités ou défauts — selon le point de vue auquel on se place — qui, avec bien d’autres, furent poussés chez lui jusqu’au degré d’acuité le plus extrême, et qui l’empêcheront, quoi qu’il arrive et quoi qu’on dise, d’élargir jamais beaucoup le cercle de ses admirateurs. […] Ce qui ne l’empêche pas de poser des principes que n’eussent pas désavoués plus tard M. […] Nous n’avons voulu prouver que les inconciliables divergences qui creusent un abîme entre chacun des genres, et qui empêcheront à jamais de les confondre en un seul amalgame. […] Du reste, comme presque tous lus systèmes, fussent-ils détestables en principe, le sien a tiré bénéfice dans l’opinion générale du génie des hommes qui l’avaient pratiqué : de ce qu’il n’a pas empêché de créer des chefs-d’œuvre, on a conclu à son excellence.
De même il rit de Jourdain, ce qui ne l’empêche pas de mépriser Dorante. […] Dans la première, Don Juan fait ressortir la stupidité de la piété du pauvre, que son commerce assidu avec le ciel n’empêche pas de mourir de faim ; et Sganarelle, représentant du bon sens populaire, ne proteste pas. […] Or, le grand vice s’écarte de lui et il en rirait volontiers comme d’une anomalie ; mais il en a peur et cela l’empêche de rire. […] Qui est-ce qui empêche les mères de les élever comme il leur plaît ? […] Vous empêche-t-on de les instruire et faire instruire à votre gré ?
On ne peut s’empêcher de dire, en fermant ces deux livres : quel dommage qu’il soit mort, et quels services il eût rendus ! […] Elles n’empêchent pas que l’on ne continue à soupçonner une fois que l’on a été conduit de déceptions en déceptions sur la route de la défiance, à ce carrefour fatal où l’on sait que l’on est trompé. […] Le 12 novembre, il signa de nouvelles ordonnances qui empêchaient les Chablaisiens d’aller à Genève et à Lausanne, défendaient de célébrer les mariages ou les baptêmes ailleurs que dans les églises catholiques, rendaient obligatoires pour les hérétiques adultes la présence aux sermons catholiques et pour les enfants l’assiduité au catéchisme. […] Son fils s’étant couché en travers de la porte pour l’empêcher de partir, elle lui passa sur le corps. […] Émile Zola s’était laissé aller à manifester publiquement des ambitions électorales, consacrait à la politique une de ces chroniques hebdomadaires qui l’empêchent, depuis longtemps, de faire des vers.
Il ne peut pas empêcher que ce chemin ne conduise à un point déterminé. […] Qui l’empêche, tout comme l’autre, de montrer les caractères de ces personnages historiques dans leur humanité éternelle ? […] Leur multiplicité ne l’empêchait nullement de se vanter, à l’occasion, d’une fidélité sans défaillance, aussi bien, quand l’argument lui semblait opportun, que d’une chasteté pratiquée pendant plusieurs années. […] Cette intrigue galante ne l’empêchait pas d’écrire à Mme Récamier, la pure idole, des lettres remplies de la nostalgie de la revoir. […] La mort l’a empêché de réviser les épreuves de ce recueil.
Quant à son fils, malgré les battements douloureux de son cœur, il ne put s’empêcher de céder à la curiosité de regarder les vingt-cinq ou trente condamnés que l’on traînait à l’échafaud. […] Cela n’empêche pas que tu ne sois en état de commencer un tableau pour l’exposition prochaine, ce que je t’engage à faire. […] qui nous empêche donc, de dire que c’est fort beau ? […] — L’un n’empêche pas l’autre. […] Trois choses ont empêché Girodet de goûter le moindre repos pendant toute sa vie : la peinture, le goût des vers et la gestion de sa fortune.
Pierson, empêché par une indisposition, de se faire remplacer, pendant quelques jours, par le petit Taine. […] Garnier lui faisait savoir que les conclusions de sa thèse sur les Sensations empêchaient la Sorbonne de l’accepter. […] Les bruits du dehors l’empêchaient d’entendre le rythme intérieur. […] Il s’obstine et gâte sa récolte : je fais une injustice si j’essaie de l’en empêcher. […] Si pendant dix ans encore la France empêche l’Autriche d’envahir l’Italie, ils comptent que le nombre des libéraux sera doublé et que la nation sera faite.
Cette tension perpétuelle de Bakounine dans le sens de l’action, la correspondance énorme — non publiée dans ce volume — au moyen de laquelle il développait ses idées à ses partisans l’ont toujours empêché de parfaire les livres qu’il entreprit. […] Ils empêchent la foule de prendre conscience d’elle-même en lui montrant leur derrière. […] Qu’ils naissent à Marseille, à Givet, à Nancy ou à Quimper-Corentin, ils ne peuvent s’empêcher d’être Suisses. […] Rien n’empêche de trouver que ce sont là de bons vers. […] — Et voici, dit Balthazar, un petit tricot de laine qui empêchera l’Enfant de s’enrhumer. » La Mère se confondait en remerciements.
Son admiration pour les grandes œuvres ne l’empêchera pas de goûter les œuvres légères ; l’art sérieux ne la rendra pas injuste pour l’art qui admet le caprice et la fantaisie. […] Mensonges et démentis — soit railleurs, soit violents — n’empêchent pas du reste les sentiments ou, pour parler plus juste, les sensations. […] Vainement il veut l’empêcher de livrer le secret à Homodei qui attend sous la fenêtre, l’acte infâme est consommé. […] Averti du crime qui est projeté, il n’avait qu’à rester près de sa caisse pour l’empêcher ; mais quoi ? […] Cette impression pénible n’empêche pas ensuite les cœurs de se détendre et les pleurs de couler.
Cette restriction calculée n’empêchera pas que le Réalisme contemporain, et même le pur Naturalisme, se fondent et s’appuient sur des principes proclamés par l’école Romantique. […] Considérant l’œuvre au point de vue littéraire, les amis de Flaubert, quand il leur lut ce manuscrit, preuve évidente de sa rare érudition, émirent l’arrêt suivant : « Tu as fait un angle dont les lignes divergentes s’écartent si bien qu’on les perd de vue ; une goutte d’eau mène au torrent, le torrent au fleuve, le fleuve au lac, le lac à l’océan, l’océan au déluge ; tu te noies, tu noies tes personnages, tu noies l’évènement, tu noies le lecteur, et ton œuvre est noyée. » Puis, comme ils le voyaient consterné de ce verdict, ils lui conseillèrent d’entreprendre un autre travail, un livre où il peindrait la vie réelle et où le terre à terre même du sujet l’empêcherait de tomber dans l’abus du lyrisme— défaut qui, chez lui, était un héritage du romantisme. […] Ils n’empêcheront pas que la génération nouvelle ne marche derrière ses œuvres, attirée par l’odeur des idées dont on l’a nourrie dans les écoles, dans les amphithéâtres, dans les athénées et dans les revues, mais dépouillées ici de la sévérité didactique et vêtues de chair. […] D’abord, cette ignorance de Zola est relative, puisqu’elle se borne uniquement aux détails, et qu’elle n’empêche pas son intelligence d’embrasser la synthèse et l’ensemble des doctrines. […] Depuis son berceau même, le roman anglais est dominé par des tendances utilitaires, qui le lient au sol, pour ainsi dire, et l’empêchent de voler par les espaces sublimes que parcourt la libre fantaisie de Shakespeare et de Cervantès.
Seulement, il n’était pas tout à fait sûr de n’être pas lui-même un aristocrate ; de n’avoir pas une certaine indulgence pour les princes, qui honorent les poètes et qui leur fournissent une pension ; ce qu’il ne savait que trop, c’est que les camarades prolétaires buvaient, fumaient, sentaient mauvais, étaient sales ; et il ne pouvait pas s’empêcher de dire que si le peuple lui serrait la main, il irait la laver. […] Lorsqu’en 1825 Amédée Pichot, dans son Voyage historique et littéraire en Angleterre et en Écosse, découvre Coleridge et la Chanson du vieux Marin, il ne peut s’empêcher d’être étonné et choqué, en dépit d’une bienveillance toute prête. […] Cette contrainte du rythme mathématique et de la rime obligée, qui paraissait détestable, on la respectait cependant : hommage à un dieu inconnu auquel on n’apportait plus que de tristes offrandes, mais qu’on ne pouvait s’empêcher de respecter toujours. […] On ne peut s’empêcher de songer à quelque merveilleuse prédestination, quand on voit s’accomplir ce travail. […] « J’ai toujours eu pour M. de Leibniz la plus grande vénération ; j’en ai donné les marques les plus authentiques, dans toutes les occasions où j’ai eu à parler de cet homme illustre : cependant je ne puis m’empêcher de m’écarter ici de ses opinions… » (Œuvres, Lyon, 1756 ; Tome I, Avant-Propos, p.
Quoique d’ordinaire on ne sache jamais bien ces choses, une anecdote qui courut dans le temps, et qui est singulière72, empêche de croire qu’elle lui ait toujours résisté ; il y eut un moment où elle lui céda ; elle sut, malgré tout, ne pas trop s’abandonner et observer assez exactement les convenances, tant que vécut son mari ; et, après qu’elle l’eut perdu, elle tint bon plus qu’on ne l’aurait pu supposer ; elle résista à son penchant par devoir de mère et dévouement pour ses filles, et refusa de se remarier. […] Elle ne pouvait s’empêcher de prendre Rousseau pour confident de sa peine secrète : « Imaginez, mon bon voisin, que votre très aimable lettre est tombée entre les mains d’une créature qui n’existait plus ; peignez-vous l’état d’une âme touchée au-delà de toute expression, qui depuis sept ans ne vit, ne respire que pour un être qui était prêt à la sacrifier au fanatisme d’un dévot.
Les modifications matérielles qu’il apporta à la versification, ses enjambements et ses découpures ne furent que des gentillesses sans conséquence, et qui n’empêchèrent pas chez lui, en somme, le rétrécissement de l’alexandrin. […] L’abbé de Tressan, mal reçu d’elle un jour, ne put s’empêcher de dire à Delille : « Quand on choisit ses nièces, on les devrait mieux choisir. » — On trouvera à la fin de cet article une note contradictoire au sujet de madame Delille : une personne respectable qui l’a beaucoup connue a cru que l’opinion était à redresser sur son compte.
À la fin, j’en fus persuadé ; puis tout devint confusion… Je perdis l’esprit, et je demeurai trente ans dans un asile. » Au sortir de l’asile, il avait conservé la même faculté de peindre un portrait d’après l’image intérieure du modèle ; mais on l’empêcha de travailler, par crainte du même accident. […] En revenant de cette visite, il avait pris une dose modérée de laudanum pour empêcher le mal de mer, et il était sur une couche dans la cabine, quand la figure de la dame apparut devant lui d’une façon si distincte que sa présence actuelle n’eût pas été plus vive.
Mais il y avait aussi bien des heures pénibles : le berceau était placé la nuit auprès de mon lit ; son moindre mouvement me réveillait ; il fallait lui donner à boire, la coucher à côté de moi, et, si elle ne se taisait pas vite, se lever du lit et marcher pieds nus à travers la chambre en la berçant ; ce qui n’empêchait pas, sitôt le jour venu, d’être au lavoir, au marché, et ainsi de suite, comme je serai demain. […] Méphistophélès l’y a suivi, comme le doute suit la foi, pour l’empêcher de s’enraciner dans l’âme pieuse.
VI Le hasard me les a fait connaître familièrement l’un et l’autre ; mais, avant de parler de l’un et de l’autre, on ne peut s’empêcher de remarquer que, par un phénomène littéraire qui doit avoir sa raison cachée dans les choses, c’est la même petite vallée de Savoie qui a donné au dix-huitième et au dix-neuvième siècle les deux plus magnifiques écrivains de paradoxes du monde moderne : Jean-Jacques Rousseau et le comte de Maistre ; l’un, le paradoxe de la nature et de la liberté poussé jusqu’à l’abrutissement de l’esprit et à la malédiction de la société et de la civilisation ; l’autre, le paradoxe de l’autorité et de la foi sur parole, poussé jusqu’à l’anéantissement de la liberté personnelle, jusqu’à la glorification du bourreau, et jusqu’à l’invocation du glaive du souverain et des foudres de Dieu contre la faculté de penser. […] Je ne connais aucun peuple que je mette au-dessus des Piémontais pour ce qui s’appelle bon sens et jugement ; mais, lorsqu’ils venaient en Savoie pour y commander, ce bon sens n’était plus le même. » XXVI On a vu en 1848 combien le comte de Maistre avait eu le sentiment de ces antipathies intestines qui empêchent tout amalgame durable entre les diverses nationalités italiennes, sous un sceptre italien, et plus peut-être sous un sceptre italien que sous un protectorat étranger.
Je n’ai jamais pu m’empêcher de mal espérer d’un pays qui a fait du rire une institution dans ses journaux ; cela n’avait lieu à Rome que dans les triomphes, pour rappeler aux heureux qu’ils étaient hommes. […] Elle vient sur ma page, et m’empêche d’écrire, Et bat de l’aile, et part d’un long éclat de rire Qui nous fait rire tous les deux.
XI Le père de M. de Guérin avait émigré tout jeune, mais son extrême jeunesse même avait empêché que la petite fortune de la famille ne fût confisquée. […] « Pour moi ce n’est rien, ce qui passe, et je ne l’écrirais pas ; mais je me dis : — Maurice sera bien aise de voir ce que nous faisions pendant qu’il était loin et de rentrer ainsi dans la vie de famille, — et je le marque pour toi. » XXXIV Examinons les causes cachées de cet ennui, que la résignation pieuse de la jeune fille empêchait seule de se convertir en désespoir : le malheur a sa paix et sa gaieté dans l’âme qui s’est jetée tout entière au Dieu des peines et des espérances éternelles.
Il ne créait plus, — je n’appelle pas création cette seconde et éternelle partie de Faust, — mais il revenait sur lui-même, il revoyait ses écrits, préparait ses Œuvres complètes, et, dans son retour réfléchi sur son passé qui ne l’empêchait pas d’être attentif à tout ce qui se faisait de remarquable autour de lui et dans les contrées voisines, il épanchait en confidences journalières les trésors de son expérience et de sa sagesse. […] S’il était occupé d’une grande idée, ses paroles coulaient avec une inépuisable richesse ; on croyait alors être au printemps, dans un jardin où tout est en fleur, où tout éblouit, et empêche de penser à se cueillir un bouquet.
Dangier, arme d’un bâton d’épines, Honte, Peur, Malebouche l’empêchent d’y arriver. […] Priez, amants, qui voulez en lyesse Servir amour ; car guerre par rudesse Vous destourbe (empêche) de vos dames hanter, Qui maintes fois fait leur vouloir tourner Et quand tenez le bout de la courroye, Ung estrangier si vous le vient oster.
Mille causes de respect et de timidité empêchent sur ce point la franchise, sans laquelle il n’y a pas de discussion rationnelle, et rendent au fond la position de ces grands systèmes plus défavorable qu’avantageuse aux yeux de la science. […] Œuvre admirable que j’envie à celui qui la réalisera, et qui sera celle de mon âge mûr, si la mort et tant de fatalités extérieures, qui font souvent dévier si fortement les existences, ne viennent m’en empêcher !
Au château de Blois, Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, fit démolir toute une aile pour la rebâtir à sa guise, et la mort seule l’empêcha de détruire le reste. […] Ils apprirent à leurs dépens que le Bois de Boulogne n’était pas une forêt de l’antique Calédonie et qu’il y avait une police à Paris, ce qui n’a pas empêché d’autres époques de connaître depuis lors d’innocentes mascarades du même genre.
Franz Millier que l’idée de Tristan et Isolde l’obsédait au point de presque l’empêcher de travailler au Ring, il venait de terminer la Walküre. […] Ce qui n’a pas empêché M.
Faire semblant de prendre intérêt par le remuement et le jeu de la physionomie au bruit de paroles dont le devoir est seulement d’empêcher le silence, devient une attention crispante au bout de quelque temps. […] Et nous allons religieusement émus dans ce passé tout présent, tout vivant encore en ces arbres, ces eaux, ces rochers, ces pavillons, cet opéra-comique de la nature, cette berquinade de la princesse et d’Hubert-Robert, marchant peut-être où elle a marché, et coudoyant des bourgeois irrespectueux, et où rien ne rappelle plus la royauté qu’une sentinelle ridicule, du haut d’un pont rustique, s’efforçant d’empêcher un cygne en fureur de battre les autres.
Il nous répondait dans une lettre, où il remplaçait le chers amis par chers messieurs, lettre entortillée, et où il semblait dire, à mots couverts, que sa position actuelle vis-à-vis de la princesse, l’empêchait de faire les articles promis. […] La raison principale qui empêcha Sainte-Beuve de faire les articles, je l’ai donnée dans une note jetée au bas d’une lettre de mon frère à Zola du 10 avril 1869 : « À quelques jours de là (de la visite à Sainte-Beuve) la princesse nous félicitant d’avoir un article de Sainte-Beuve, l’un de nous lui répondit : “Princesse, il n’y a pas tant à nous complimenter, M.
Elle ne m’écoute pas, quand je lui dis qu’un homme à moi viendrait chercher l’Empereur dans un coupé sans armes, au chemin de fer… Oui, c’est l’Impératrice, de concert avec Palikao, qui a empêché le retour de l’Empereur. […] La répétition d’une pièce, ça l’empêche d’en faire une autre, et comme, dit-il, il n’a plus que quatre ou cinq années à produire, il veut faire les dernières choses qu’il a en tête.
Vendredi 13 novembre À déjeuner, à propos de Zola, dont le nom a été prononcé par moi, et qu’on abîme comme démocrate, je ne puis pas m’empêcher de m’écrier : « Mais c’est la faute de l’Empire. […] » Et les mépris bruyants des penseurs du dîner pour la pure littérature, empêchent d’entendre la légère parole moqueuse d’Ernest Picard racontant à ses voisins, qu’il était au moment de demander le vote des lois constitutionnelles, quand Dufaure, qui se trouvait derrière lui, lui a jeté dans l’oreille : « Ne parlez pas de cela, la Chambre va se mettre à rire !
Ces hommes d’exclusion ressemblent à ces Arabes des frontières de Perse qui étendent des toiles autour des palmiers mâles de leurs tribus, dans le temps de la floraison, pour empêcher le vent du désert d’aller porter les semences de leurs palmiers aux palmiers femelles des tribus voisines. […] Peut-être l’émonda-t-il trop, nous ne le nions pas ; mais remarquez cependant qu’il n’empêcha de naître et de grandir ni Molière, ni Corneille, ni Racine, ni Bossuet, ni Fénelon, ni Pascal, ni surtout Voltaire, qui naissait à côté de lui, sur sa trace, et qui, avec un esprit mille fois plus original, plus indépendant et plus étendu, fut cependant, comme il l’avoue partout en s’en glorifiant lui-même, son disciple et son ouvrage dans le domaine de la langue, de la critique et du bon sens dans l’art d’écrire.
On sema le feu sur les édifices, la cendre sur le sol, le sel sur la cendre, pour empêcher les vieilles superstitions et les vieilles philosophies de regermer jamais de leurs racines. […] Sa petite épigramme imméritée (car nous ne nous sommes jamais mis, comme poète, au niveau seulement d’un vers du Dante) ne nous empêchera pas de remercier cet écrivain de son excellente interprétation.
Les convenances m’empêchaient d’y être admis aussi souvent que mon cœur m’y portait et que le sien m’y appelait par son affection avouée de sœur. […] Tu as été trop indifférent aux causes publiques de ta patrie et du monde, et le choc des verres t’a empêché d’entendre le choc des idées, des opinions, des partis, qui germaient, combattaient, mouraient pour la cause du bonheur ou du progrès du peuple ?
Sans doute, quand vous égalez le nombre 3 à la somme 1 + 1 + 1, rien ne vous empêche de tenir pour indivisibles les unités qui le composent : mais c’est que vous n’utilisez point la multiplicité dont chacune de ces unités est grosse. […] Mais rien n’empêche de supposer les points M′ et M″ plus rapprochés encore du point M, et l’on conçoit qu’il faille alors remplacer vk et vp par deux nouvelles vitesses vj et vn, l’une supérieure à vh, l’autre inférieure à vp.
Mais nous sommes si habitués à renverser, pour le plus grand avantage de la pratique, l’ordre réel des choses, nous subissons à un tel degré l’obsession des images tirées de l’espace, que nous ne pouvons nous empêcher de demander où se conserve le souvenir. […] Nous ne pouvons nous empêcher de voir dans ces derniers phénomènes le véritable substrat matériel des premiers.
Nous ne pouvons donc nous empêcher ni de tenir tout heu pour relatif, ni de croire à un mouvement absolu. […] Habituée à chercher son point d’appui dans un monde d’images toutes construites, immobiles, dont la fixité apparente reflète surtout l’invariabilité de nos besoins inférieurs, elle ne peut s’empêcher de croire le repos antérieur à la mobilité, de le prendre pour point de repère, de s’installer en lui, et de ne plus voir enfin dans le mouvement qu’une variation de distance, l’espace précédant le mouvement.
Il a constamment sous les yeux la race dont il sort et dont le génie et la tradition l’enveloppent : ce qui ne l’empêche pas de franchir chaque fois qu’il le faut les limites de sa « petite patrie », de suivre avec une attention réfléchie la marche des événements dans le monde, et enfin de n’ignorer rien de tout ce qu’un esprit initié de bonne heure aux méthodes intellectuelles peut acquérir d’expérience et de savoir par les voyages, la culture et l’étude. […] Cette conviction ne nous empêchera point d’être curieux, à notre manière, des sciences et des philosophies.
Henri commence en marquant son intention : Allons nous promener, nous deux seuls, lui dit-il en lui prenant la main et passant familièrement, selon sa coutume, ses doigts entre les siens ; j’ai à vous entretenir longuement de choses dont j’ai été quatre fois tout près de vous parler ; mais toujours me sont survenues, en ces occasions, diverses fantaisies en l’esprit qui m’en ont empêché.
Qu’on veuille bien se reporter au temps : des membres du Parlement comme les Harlay, plus tard les Molé, les Lamoignon, étaient de bons et fidèles sujets, et à la fois ils étaient ou ils se croyaient un peu Romains : il y en avait qui étaient Pompéiens, c’est-à-dire pour Pompée et le parti de la république contre César, ce qui ne les empêchait pas d’être en réalité de bons royalistes ; de même jusqu’à un certain point alors, quand on était homme d’étude et de cabinet, on était stoïcien ou sceptique en philosophie, on était partisan de Sénèque ou d’Épictète ou de Cicéron (selon son goût et son humeur), et l’on était cependant chrétien dans la pratique et l’habitude, dans le cœur même un peu.
L’auteur ou les auteurs de cette notice, au moment de la terminer, ayant conscience d’être allés trop loin, ne peuvent s’empêcher de dire : « En admettant même que nous eussions un peu trop ombré le tableau, notre portrait ne serait-il pas-encore plus fidèle que celui qu’a tracé Scipion Dupleix ?
Santeul les attendait au passage, et, se jetant à la traverse, les poursuivait son apologie à la main jusqu’à la porte du collège exclusivement ; car je ne sais quelle terreur panique l’empêchait de passer outre.
Pourtant on ne peut s’empêcher de remarquer que si Boileau avait ajouté à ses talents de poète et à sa finesse de critique les grâces et le monde de Voiture, son art de vivre sur un pied de familiarité avec les plus grands et de jouer sans cesse avec eux sans s’oublier, il eût mieux ressemblé à Horace.
Rohan sera, à sa manière, un héros, mais un héros empêché, qui aura un fardeau à porter sur les épaules : on dirait qu’il s’y plaît encore plus qu’il ne s’y résigne ; il aime la peine.
Les jeunes princes s’unirent, ils s’accoutumèrent à rester liés et un peu ligués entre eux, à le révérer, à le craindre, et le prince Henri, le plus distingué des trois par l’esprit et par les talents, ne put s’empêcher de l’envier.
Trahissant ses faiblesses secrètes, Voltaire ne put s’empêcher, en publiant d’abord son ode, d’y rattacher et d’y coudre en notes toutes sortes de malices qui n’y avaient nul rapport, des invectives contre les ennemis de la philosophie et contres les siens propres : il y vit surtout une occasion de semer par le monde une diatribe de plus, en la glissant dans les plis de la robe de cette renommée funèbre.
Pourquoi rechercher des dignités qui dépendent de mille hasards, et ne vous empêcheraient pas de mourir d’ennui ?
je l’ignore ; mais je sais qu’elle ne peut renaître qu’après un bouleversement complet et universel… Cela ne m’empêchera pas de lutter jusqu’au bout.
Ayant passé presque en un seul jour de l’obscurité entière au plein éclat et à la vogue, il sait à quoi s’en tenir sur la faiblesse et la lâcheté de jugement des hommes ; il ne peut s’empêcher de se railler de ceux qui n’ont pas su le deviner ou qui n’ont pas osé le dire.
Je ne puis blâmer la vigilance et la surveillance jalouse d’une noble famille sur cette gloire domestique ; mais, au point de vue du public, et même à celui de l’illustre morte, je ne puis m’empêcher d’avoir un regret.
Mme de Maintenon, de moitié dans la surveillance et toute en Fagon, était très-appliquée aussi de son côté à empêcher le roi de trop manger de ces petits pois verts qui étaient son dédommagement et son danger les jours maigres.
Toutes seules, et comme la critique, qui est leur droit et leur fort, elles excellent à avertir et à empêcher, encore plus qu’à entreprendre.
On voyait en première ligne, en tête de ces partisans des rigueurs salutaires, un Bonald, à l’air respectable et doux, métaphysicien inflexible et qui prenait volontiers son point d’appui, non pas dans l’ancienne monarchie trop voisine encore à son gré, mais par-delà jusque dans la politique sacrée et dans la législation de Moïse : oracle du parti, tout ce qu’il proférait était chose sacro-sainte, et quiconque l’avait une fois contredit était rejeté à l’instant, répudié à jamais par les purs ; — un La Bourdonnaie, l’homme d’action et d’exécution, caractère absolu, dominateur, un peu le rival de Bonald en influence, mais non moins dur, et qui avec du talent, un tour d’indépendance, avec le goût et jusqu’à un certain point la pratique des principes parlementaires, a eu le malheur d’attacher à son nom l’inséparable souvenir de mesures acerbes et de classifications cruelles ; — un Salaberry, non moins ardent, et plus encore, s’il se pouvait ; pamphlétaire de plume comme de parole, d’un blanc écarlate ; — un Duplessis-Grenedan, celui même qui se faisait le champion de la potence et de la pendaison, atroce de langage dans ses motions de député, équitable ailleurs, par une de ces contradictions qui ne sont pas rares, et même assez éclairé, dit-on, comme magistrat sur son siège de justice ; — M. de Bouville, qui eut cela de particulier, entre tous, de se montrer le plus inconsolable de l’évasion de M. de Lavalette ; qui alla de sa personne en vérifier toutes les circonstances sur les lieux mêmes, et qui, au retour, dans sa fièvre de soupçon, cherchait de l’œil des complices en face de lui jusque sur le banc des ministres ; — et pour changer de gamme, tout à côté des précédents, cet onctueux et larmoyant Marcellus, toujours en deuil du trône et de l’autel, d’un ridicule ineffable, dont quelque chose a rejailli jusqu’à la fin sur son estimable fils ; — et un Piet, avocat pitoyable, qui, proposant anodinement la peine de mort pour remplacer celle de la déportation, disait, dans sa naïveté, qu’entre les deux la différence, après tout, se réduisait à bien peu de chose ; ce qui mettait l’Assemblée en belle humeur et n’empêchait pas le triste sire de devenir bientôt, par son salon commode, le centre et l’hôte avoué de tous les bien pensants ; — et un Laborie que j’ai bien connu, toujours en quête, en chuchotage, en petits billets illisibles, courtier de tout le monde, trottant de Talleyrand ou de Beugnot à Daunou, mêlé et tripotant dans les journaux, pas méchant, serviable même, mais trop l’agent d’un parti pour ne pas être inquiétant et parfois nuisible.
Le propre de l’homme de lettres, il n’y a pas longtemps encore, était d’être empêché dès qu’on le tirait de ses livres, et de ne pas savoir comment se nomment les choses.
Il en est une contre laquelle je résiste de toutes mes forces, et que je ne puis m’empêcher de réfuter ici en passant.
Lamennais, le fougueux, le personnel, l’obstiné, celui qui croyait que la volonté de l’individu suffît à tout, ne pouvait s’empêcher à certain jour d’écrire : « Plus je vais, plus je m’émerveille de voir à quel point les opinions qui ont en nous les plus profondes racines dépendent du temps où nous avons vécu, de la société où nous sommes nés, et de mille circonstances également passagères.
Elles faisaient tout pour se contraindre et se tenaient à quatre aux heures de trêve, en répétant les conseils du divin Maître ; le lendemain, la lutte se rengageant de plus belle, elles ne pouvaient s’empêcher d’éclater.
Zeller, avec plus de précision et résumant le sens politique de toute la conduite romaine dans ces mêmes siècles, dira : « Vous avez cet admirable gouvernement où la sagesse du Sénat tempère l’élan de la place publique ; où la monarchie temporaire, sous le nom de dictature, empêche ou modère les luttes ou les excès de l’aristocratie et de la démocratie ; où les Consuls conservent toujours un pouvoir fort ; où les assemblées n’ont que la délibération et la sanction, le contrôle et les appels des grandes causes politiques ; cette société, enfin, où le mariage et la propriété constituent en quelque sorte la cité même, où la famille est réglée comme un État, où l’État et la religion se pénètrent au point que le gouvernement fait un avec le culte, et que l’amour des dieux est le culte même de la patrie, et le culte de la patrie l’amour des dieux !
Les contemporains, en effet, s’ils ont les avantages de leur position, en ont aussi les inconvénients : s’ils savent quantité de points, ils en ignorent une infinité d’autres ; le détail leur dérobe l’ensemble, les arbres les empêchent de voir la forêt ; de plus, ils sont juges et parties ; ils souffrent, ils combattent, ils succombent ou ils triomphent ; vainqueurs ou vaincus, ils aiment ou ils haïssent : comprendre purement et simplement l’objet de leur enthousiasme ou de leur colère est ce dont ils se soucient le moins.
Voilà ce qu’il pense, et moi je crois que c’est une chose embarrassante pour le roi et qui empêchera que l’on ne se serve de lui autant qu’il le croit.
Quels qu’ils soient, ils sont courts… C’est, on le voit, une confession grave, ingénue, où l’onction religieuse et une haute moralité n’empêchent pas un reste de coup d’œil amoureux vers ces chimériques délices dont on est mal détaché.
On a dit de Montesquieu qu’on s’apercevait bien que l’aigle était mal à l’aise dans les bosquets de Gnide : nous sera-t-il permis de dire que l’auteur d’Éloa a souvent dû être fort empêché en voulant déployer ses ailes de cygne dans la biographie de l’auteur de Joconde et des Deux Gendres ?
L’instruction vaut quelquefois beaucoup mieux que l’érudition ; car, dans la nuit de l’antiquité, l’on peut se perdre dans des faits de détails qui empêcheront de saisir la vérité de l’ensemble.
L’aisance des manières existait sans l’abandon des sentiments, la politesse classait au lieu de réunir ; et tout le naturel, toute la simplicité nécessaire à la perfection de la grâce, n’empêchait pas de veiller avec une attention constante ou avec une distraction feinte sur le maintien des moindres signes de toutes les distinctions sociales.
Mais cette image incertaine n’est pas l’arbre abstrait, ni le polygone abstrait ; la mollesse de son contour ne l’empêche pas d’avoir un contour propre ; elle est changeante et obscure, et l’objet désigné par le nom n’est ni changeant ni obscur ; il est un extrait très précis ; on peut en beaucoup de cas donner sa définition exacte.
Le grand, l’immense succès de l’Art poétique n’empêche point qu’il n’y ait un désaccord latent entre l’auteur et son public.
Et après le père, ce fut la femme : Mirabeau plaida lui-même contre sa femme devant le Parlement d’Aix (1782) ; il ne put empêcher la séparation d’être prononcée ; et il ne resta de ce procès tapageur que les imputations également diffamatoires des deux parties.
Son siècle, plus fort que sa raison, l’empêcha de voir la main qui a prodigué ces variétés infinies de structure, et qui a mis jusque dans des infusoires invisibles une parcelle de vie que les plus désarmés n’abandonnent pas sans la défendre.
N’empêche que la brutalité du refus n’était pas de nature à le dérider et ne fit que l’enraciner dans ses sombres humeurs.
Au mois de mai 1684, dans son discours de réception à l’Académie française, il fit amende honorable sur ses contes, qui avaient longtemps empêché le roi d’approuver son élection.
Je ne vois pas que la tradition catholique, la tradition protestante ou la tradition évolutionniste empêchent Malebranche, Leibnitz et Spencer d’être de grandes et fécondes intelligences.
Que faire pour empêcher ce crime ?
Il était à table ; il perdit subitement la parole ; il voulait s’approcher de la fenêtre ; mais, croyant bien faire, on l’en empêcha, et on le retint près du feu.
Quand arrive l’heure de la Restauration, M. de Lamartine pourtant ne peut s’empêcher de redevenir l’homme de 1814, et de saluer l’ère véritable de laquelle il date et où il a reçu, lui et nous tous, le baptême de l’esprit : « Le règne des épées finissait, dit-il, celui des idées allait commencer. » Les hommes politiques encore existants qui ont vu de près ces grandes choses de 1814, l’arrivée des Alliés devant Paris, les négociations d’où sortit le rétablissement des Bourbons, et qui ont assisté ou qui ont été immiscés à quelque degré à ces conseils des souverains, en laisseront sans doute des récits dignes de foi et circonstanciés ; ces hommes trouveront immanquablement à redire en bien des points aux vastes exposés de M. de Lamartine.
Si prévenu qu’il fût des profusions et des splendeurs de Vaux, Louis XIV en arrivant fut étonné et ne put s’empêcher de le paraître.
La Convention expirante, et tout à la veille de finir (car elle finit le 4 brumaire), avait lancé in extremis un décret de moribond en colère, un de ces codicilles testamentaires ab irato que les Assemblées conventionnelles finissantes ne sont pas fâchées de léguer à leurs héritiers pour les entraver et les empêcher de vivre, de se développer plus librement qu’elles n’ont pu faire elles-mêmes.
Parlant de l’expédition projetée par son frère le duc d’Alençon en Flandre, elle le montre, en termes d’une énergique beauté, représentant au roi : Que c’était l’honneur et l’accroissement de la France ; que ce serait une invention pour empêcher la guerre civile, tous les esprits remuants et désireux de nouveauté ayant moyen d’aller en Flandre passer leur fumée et se saouler de la guerre ; que cette entreprise servirait aussi, comme le Piémont, d’école à la noblesse de France pour s’exercer aux armes, et y faire revivre des Montluc et Brissac, des Terme et des Bellegarde, tels que ces grands maréchaux, qui, s’étant façonnés aux guerres du Piémont, avaient depuis si glorieusement et heureusement servi leur roi et leur patrie.
Étienne ne l’empêcha jamais de saisir l’à-propos et l’occasion quand elle le vint chercher soit dans les Chambres dont il faisait partie, soit dans les solennités académiques.
Si j’étais ce que je ne suis réellement pas, suffisamment habile en votre excellente langue pour être un juge compétent de la poésie, l’idée que j’en suis le sujet devrait m’empêcher d’exprimer aucune opinion sur ce vers ; je me contenterai de dire qu’il m’attribue beaucoup trop, particulièrement en ce qui concerne les tyrans ; la Révolution a été l’œuvre de quantité d’hommes braves et capables, et c’est bien assez d’honneur pour moi si l’on m’y accorde une petite part.
Et à ce propos je ne puis m’empêcher de remarquer à part moi, en souriant, combien M. de Sacy est, en tout, de la famille d’esprits la plus opposée à celle de M.
On n’aurait même pas de peine à découvrir chez lui un certain goût sensuel que l’on pourrait dire innocent et primitif, contemporain des patriarches, mais qui l’empêche de se perdre dans le raffiné des sentiments.
L’innocence du premier âge a un prix inestimable ; on ne peut cependant pas empêcher que l’expérience ne nous l’enlève, et ne nous apprenne bien des choses avec lesquelles il faut compter.
Mais, j’ai besoin de le répéter, cette aristocratie qui repose dans nos mœurs et dans notre langue ne peut empêcher le mouvement progressif.
Vaniteuse qui prend les rages de la vanité pour les fiertés de l’ambition, cette princesse des Ursins manquée, ratée avant d’avoir agi, qui ne voudrait pas du pouvoir, cette mâle chose qui se suffit à elle-même, s’il n’était pas extérieur et voyant comme une de ses toilettes, n’est, en somme, rien de plus qu’une cocotte, soufflée, comme un éléphant de baudruche, jusqu’à des proportions gigantesques, mais qui ne l’empêchent pas d’être une cocotte, cette variété de courtisane moderne, indigne même de ce nom de courtisane déshonoré dans d’autres siècles mais relevé en celui-ci, tant tout est tombé bas, même dans l’infamie !
Prenez la préface de ce volume, que l’impossibilité des citations empêche la critique de rouler par les escaliers, et dans la partie diable de cette préface (il y en a une qui ne l’est pas), vous apprendrez comment Michelet de simple professeur passa prêtre, et prit solennellement charge d’âmes.
Bardoux et Lockroy firent des efforts inutiles pour empêcher que la politique française ne commît cette faute grave dont elle devait ressentir bientôt les effets.
La contraction et le relâchement alternatifs du bas de l’œsophage, joints à l’effet d’un sphincter, empêchent l’aliment de remonter.
Mais il en est peut-être de plus fondamentales qu’on ne peut s’empêcher de regarder d’un œil d’effroi. […] Mais la douceur de son caractère, et l’amour du repos qu’il préféra toujours aux jouissances de la vanité, l’empêchèrent d’embrasser aucune opinion avec chaleur ; Dans les querelles sur les anciens et les modernes, il pencha du côté des adversaires de l’antiquité, mais combattit sans passion. […] Ces avantages si précieux dans l’esprit d’un littérateur l’empêchaient de remarquer que l’autorité royale venait de renverser tout l’ancien ordre de choses, d’abolir toutes les traditions, et de jeter une funeste incertitude sur les principes de notre droit public. […] Leur vanité, leur amour du succès les empêchaient, plus encore que le genre de leurs études, de former une secte. […] Au fond de son cœur, il les accusait sans doute aussi de ses fautes ; et il nourrissait ainsi un sentiment d’aigreur et d’hostilité contre la société, où son caractère et les circonstances l’avaient empêché de prendre une place convenable.
Mais cela ne l’empêche pas d’être arrogante et catégorique. […] Une nouvelle période de sa pauvre vie commence, plus hasardeuse encore que la première, plus empêchée de difficultés, plus attristée d’incurable nostalgie. […] Empêcher l’âme de tomber dans cette torpeur, l’entretenir toujours fervente, c’est le rôle de l’Art, et il n’y réussit que par de « minutieux et subtils coups de fouet, le mouvement, le nouveau ». […] Il voulait empêcher que le vers fût une harmonie quelconque et vaine, qui s’amuse à se ressasser et n’est plus significative. […] La grâce et le subtil raffinement de cette poésie ne l’empêchent pas d’être pénétrante et sincère.
Je ne cherche point de raisonnements pour m’empêcher d’avoir du plaisir. […] Quand le Chevalier eut parlé, je ne pus m’empêcher de sourire, et comme il vit qu’il ne m’avait pas déconcerté, et que je me préparais sans doute à lui faire une réponse en forme, il s’assit sur une chaise au pied du Vercingétorix, et m’invita à m’asseoir à côté de lui. […] Il ne cherchait point de raisonnements pour s’empêcher d’avoir du plaisir.
Une tumeur lui vint sur l’œil, telle qu’il resta un mois sans dormir, et qu’il fallut cinq personnes pour l’empêcher de s’arracher l’œil avec les ongles. […] D’abord je sens très-vivement combien les personnes d’esprit et de plaisir doivent être choquées et murmurer à la vue de tant de prêtres crottés qui se rencontrent sur leur chemin et offensent leurs yeux ; mais en même temps ces sages réformateurs ne considèrent pas quel avantage et quelle félicité c’est pour de grands esprits d’avoir toujours sous la main des objets de mépris et de dégoût pour exercer et accroître leurs talents, et pour empêcher leur mauvaise humeur de retomber sur eux-mêmes ou sur leurs pareils, — particulièrement quand tout cela peut être fait sans le moindre danger imaginable pour leurs personnes. […] « Proposition modeste pour empêcher que les enfants des pauvres en Irlande ne soient une charge à leurs parents ou à leur pays, et pour les rendre utiles au public. » 1729. — Swift devint fou quelques années après.
En 1702, pour un pamphlet entendu à contre-pied, on le condamne à l’amende, on le met au pilori, on lui coupe les oreilles, on l’emprisonne pendant deux ans à Newgate, et c’est la charité du trésorier Godolphin qui empêche sa femme et ses six enfants de mourir de faim. […] Leurs successeurs font de même, et toutes les diversités des tempéraments et des talents n’empêchent pas leurs œuvres de reconnaître une source unique et de concourir à un seul effet. […] Deux de ses voisines qui la guettaient l’en empêchent
Et cependant nous ne pouvons nous empêcher de nous po=er cette question : Pourquoi une telle abondance, et à quoi bon tant de romans ? […] L’effet poétique est empêché par cette vérité trop spéciale ; nous savons trop que le terrain sur lequel nous marchons est un terrain à part. […] Mais à son insu il suffit pour empêcher qu’aucun autre amour ne s’éveille en elle ; il maintient son cœur exempt de trouble et indifférent. […] Il n’y aura peut-être plus autant de poètes que par le passé, mais rien n’empêche qu’il n’y en ait d’aussi grands. […] Il nous semble qu’à la place de M. de Maurillac nous ne pourrions nous empêcher de répondre : « Une bonne action, mademoiselle ?
Il va tout d’une pièce, à tout petits pas, l’œil vif sur un visage immobile, et l’on ne peut s’empêcher de songer que ce petit homme raide et tranquille, devait avoir l’air assez crâne, en 1870, dans sa vareuse de capitaine de mobiles. […] Nul ne pouvait l’empêcher de tomber. » Ayant ainsi parlé, l’illustre psycho-physiologue me quitta. […] Pourtant je ne puis m’empêcher de trouver qu’elles choisissent parfois d’une façon étrange leurs confidents terrestres et qu’elles se plaisent mieux dans la compagnie de gens grossiers et ignorants que dans le concile des sages. […] Cela empêche d’avoir du goût, de la finesse, de l’agrément, de la délicatesse et de l’à-propos. Cela empêche aussi d’avoir des idées ou bonnes ou mauvaises.
Mais, sans faire injure à aucune mémoire, et dans l’éloignement où l’on est de leur tombe, on ne peut s’empêcher de pousser le rapprochement : Garat, avec plus de verve et bien moins de goût, louant Desaix et Kléber, comme Fontanes louait Washington ; Garat se flattant toujours d’élever le monument métaphysique dont on ne sait que la brillante préface, comme Fontanes se flattait de l’achèvement de la Grèce sauvée ; mais, avec une imagination trop vive chez un philosophe, Garat n’était pas poëte, et l’avantage incomparable de Fontanes, pour la durée, consiste en ce point précis : il lui suffit de quelques pièces qu’on sait par cœur pour sauver son nom. […] Il ne pouvait s’empêcher pourtant de trouver, à travers son admiration, que, dans le potentat de génie, perçait toujours au fond le soldat qui trône, et il en revenait par comparaison dans son cœur à ses rêves de Louis XIV et du bon Henri, au souvenir de ces vieux rois qu’il disait formés d’un sang généreux et doux. […] Je ne puis m’empêcher, en cherchant dans notre histoire littéraire quelque rôle analogue au sien, de nommer d’abord le cardinal Du Perron. […] Sortant du Lycée où il avait entendu une leçon de La Harpe et revenant à pied avec Fontanes, de Candolle ne put s’empêcher de lui exprimer son étonnement du discours violent de La Harpe et de ce qu’il avait l’air d’y applaudir : « Ne vous y trompez pas, lui aurait dit Fontanes ; notre but n’est pas de rétablir la puissance des prêtres, mais il faut frapper l’opinion publique de l’utilité d’une religion, et ensuite nous avons l’intention de pousser la France au protestantisme. » De Candolle, qui croit avoir eu à se plaindre plus tard de Fontanes Grand-Maître, triomphe de la contradiction.
Il n’en verra pas davantage, je l’en empêcherai. […] Point du tout, on ne peut s’empêcher de l’aimer. […] Soyez comme il vous plaira, je suis obéissante247. » — Cette vivacité, cette pétulance n’empêche pas la modestie craintive et la timidité silencieuse ; au contraire, elles ont la même cause, qui est la sensibilité extrême. […] Lorsqu’on entre dans les comédies de Shakspeare, et même dans ses demi-drames298, il semble qu’on le voie sur le seuil, à la façon de l’acteur chargé du prologue, pour empêcher le public de se méprendre et pour lui dire : « Ne prenez pas trop au sérieux ce que vous allez écouter ; je me joue.
Une autre raison aurait dû m’empêcher d’en entreprendre la tâche. […] Il ne comprit pas bien, ce qui ne l’empêcha pas de répondre : « C’est convenu ! […] Comme les fers que j’avais aux pieds m’empêchaient de me tourner même légèrement sur le côté, je recevais la poussière et les toiles d’araignée dans les yeux. […] Son écriture, indéchiffrable pour qui n’en a pas l’habitude, empêchait de lire son nom. […] Regarder en arrière, empêche de marcher en avant.
Voilà comme ils en parlent, et ils souffrent plus aisément la faim et les autres nécessités de la vie que de travailler, disent-ils, comme des mercenaires, ce qui n’appartient qu’à des esclaves ; de sorte que l’orgueil, secondé de la paresse, les empêche la plupart d’ensemencer leurs terres, à moins qu’il ne vienne des étrangers les cultiver. […] Avec cela, elles sont fort brunes ; de sorte que cette petite peau noire collée sur les os déplaît naturellement à ceux qui n’y sont pas accoutumés… C’est une beauté parmi elles, que de n’avoir point de gorge, et elles prennent des précautions de bonne heure pour l’empêcher de venir. […] Leur clameur a trompé les Allemands, et les trompe encore ; le bruit confus qui sort de la rue empêchait d’entendre une autre parole, celle-ci sincère et sérieuse, la voix basse, triste, universelle de l’opinion. ‒ A partir du 19 juillet, ceux-là même qui poussaient à la guerre l’acceptaient par nécessité, non par choix. […] La ténacité du caractère héréditaire et transmis explique les obstacles qui empêchent telle civilisation, telle religion, tel groupe d’habitudes mentales et morales de se greffer sur une souche différente ou sauvage. […] Quand le chemin de fer lui amenait un ami, il se ranimait, et sa conversation redevenait charmante ; ses lettres l’étaient toujours ; il ne pouvait s’empêcher d’avoir l’esprit le plus original et le plus exquis.
Mais le danger auquel il s’expose ne peut empêcher un homme de faire ce qu’il a reconnu comme son devoir. […] On ne le peut d’ailleurs même pas, pas plus que la femme ne peut volontairement s’empêcher de mettre au jour le fruit mûr de ses entrailles. […] Ils sont naturellement toujours les plus modernes de tous, car nul commandement d’originalité, nulle conscience artistique ne les empêchent d’imiter constamment avec le même zèle d’artisan, en le défigurant, le modèle le plus récent. […] La personnalité inconsciente commet des folies et des méfaits, et la consciente, qui reste là impuissante et ne peut les empêcher, cherche à les pallier par toutes sortes de prétextes.
C’est, avant tout, le bon ménager et l’économe du roi ; c’est l’homme le plus diligent et industrieux à lui rassembler des deniers sans surcharger le peuple, à les faire entrer dans le coffre royal, et à les empêcher ensuite d’en sortir autrement qu’à bon escient : Il ne faut pas faire apporter ici lesdits deniers, lui écrivait Henri IV du camp d’Amiens, qu’il ne soit temps de les employer ; car il y a tant d’affamés ici comme ailleurs, que s’ils savaient que notre bourse fût pleine, ils ne cesseraient de m’importuner pour y mettre les doigts, et me serait difficile de m’en défendre.
Si l’exercice même d’un seul bataillon ne vous transporte pas, si vous ne sentez pas la volonté de vous trouver partout, si vous y êtes distrait, si vous ne tremblez pas que la pluie n’empêche votre régiment de manœuvrer, donnez-y votre place à un jeune homme tel que je le veux : c’est celui qui sera fou de l’art des Maurice, et qui sera persuadé qu’il faut faire trois fois plus que son devoir pour le faire passablement.
Le pressentiment de sa vocation se décèle lorsqu’il dit en parlant d’Auguste et regrettant que la variété de ses sujets l’empêche de l’étudier à fond : « Que ne me permet-elle (cette variété) de faire connaître ce gouvernement raffiné, ces chaînes qu’on portait sans les sentir, ce prince confondu parmi les citoyens, ce Sénat respecté par son maître !
On lit, en effet, dans une lettre du chevalier de Bouillon à l’abbé de Chaulieu, qui était alors à Fontenay, en 1711 : Malgré votre peu d’attention pour moi, je ne puis m’empêcher, mon cher abbé, de vous assurer que vous n’avez point d’ami qui regrette si fort votre absence, et qui soit plus sensible à votre retour.
On appela les charpentiers… Comme le roulis m’empêchait de dormir, je m’étais jeté sur mon lit en bottes et en robe de chambre : mon chien paraissait saisi d’un effroi extraordinaire.
Comme le chèvrefeuille enlace l’arbre qu’il peut atteindre, aune rugueux, frêne à l’écorce unie ou hêtre luisant, enroule autour du tronc ses anneaux en spirale, et suspend aux branches feuillues ses glands dorés, mais il cause un dommage là où il prête une grâce, entravant la croissance par un embrassement trop étroit ; de même l’amour, lorsqu’il s’enlace aux plus fiers esprits, empêche le déploiement de l’âme qu’il subjugue : il adoucit, il est vrai, la démarche de l’amant, le forme au goût de celle qu’il aime, enseigne à ses yeux un langage, embellit son parler, et façonne ses manières ; mais adieu toute promesse de plus heureux fruits !
— Enfin, rien ne m’empêche plus aujourd’hui de dire que la réception de M. de Vigny, par M.
Il crut devoir en parler à M. de Chauvelin, qui lui répliqua avec assez de feu : « qu’il ne le souhaitait pas, que cela était au-dessous de lui, qu’il trouverait à s’instruire dans son cabinet de toutes choses, et que c’étaient des fanatiques et de mauvais royalistes que tous ceux qu’il lui nommait… » Il ressort de ces indications précises que M. de Chauvelin, qui voulait toute sorte de bien à d’Argenson et faire de lui un homme de gouvernement, s’efforçait de le mondaniser le plus possible, et aussi de le prémunir contre son penchant à traduire la politique en discussion et en raisonnement : il voulait l’empêcher de tourner à l’abbé de Saint-Pierre.
Et encore, et plus gaiement (septembre 1770) : Je crois que rien ne pourra empêcher le factum de La Chalotais de paraître ; le public s’amusera, disputera, s’échauffera ; dans un mois, tout finira ; dans cinq semaines, tout s’oubliera.
Après sa prière, il s’est mis à lire du saint Basile ; ce mot de saint est de moi : car, en sa qualité de protestant, Casaubon s’interdit ces mots de sanctus, de divus, ce qui ne l’empêche pas de se nourrir avec délices de ces écrits des Pères.
Ce dont il convient de le louer résolument, c’est d’avoir mis toujours l’intérêt de la France au-dessus de son opinion individuelle : « J’ai, disait-il à Lamennais, une conscience méticuleuse qui m’empêche d’être homme de parti, comme il faut l’être ; je ne suis qu’homme d’opinion.
. — Rien, disait-il encore en ouvrier amoureux de son ouvrage, rien n’est mieux conduit ni plus beau que toute cette maçonnerie ; l’on n’y voit pas le moindre défaut. » La maçonnerie était belle, mais on menait les maçons un peu rudement : « Pour empêcher la désertion des maçons, qui me faisait enrager, j’ai pris, sous votre bon plaisir, deux gardes de M. le maréchal (d’Humières), des plus honnêtes gens, qui auront leurs chevaux toujours sellés dans la citadelle, avec chacun un ordre en poche et un nerf de bœuf à la main ; les soirs, on verra ceux qui manqueront ; après quoi, dès le matin, ils les iront chercher au fond de leur village, et les amèneront par les oreilles sur l’ouvrage. » Est-il besoin d’avertir qu’il y a quelque plaisanterie dans cette rudesse un peu grossière ?
Il y a bien des manières d’être voyageur, et je ne voudrais en exclure aucune ; mais je ne puis m’empêcher d’opposer cette façon d’aller de Montaigne à celle d’un grand écrivain moderne, voyageur par ennui plus encore que par curiosité, et qui, dès qu’il avait saisi les grands horizons, les vastes contours, les ciels et les sommets dominants d’un pays, ne daignait y rien, regarder de plus.
Ce qui n’empêche pas que Guérin ne soit mort converti, repentant peut-être, ou du moins réconcilié.
l’empêchèrent de faire le voyage qui lui aurait permis d’aller s’éclairer face à face et d’allumer sa torche tragique non plus à la lanterne sourde de Le Tourneur, mais au tonnerre même ; il n’était pas homme à se dire à la manière d’Épaminondas : « J’ai deux filles immortelles, Juliette et Lady Macbeth !
Parmi les sujets que vient de reproduire excellemment la photographie, je ne puis m’empêcher de signaler encore, pour le dessin comme pour le sentiment, cette scène de l’homme du peuple, de l’ouvrier faisant choix d’une épouse, lui posant la main sur l’épaule, et dans un langage grossier, que la légende a rendu au naturel, lui déclarant une affection grave pourtant et des plus sérieuses : l’attitude et le visage de cette femme debout, les yeux baissés, acceptant avec simplicité une vie commune qui lui sera rude, ont un véritable caractère de chasteté.
A propos donc de ce tableau anglais, Venise telle qu’on la rêve, Théophile Gautier ne peut s’empêcher d’intervenir et de dire : « Pour notre part, nous l’avons fait souvent, le rêve de M.
Cela n’empêchait pas cet honnête homme si soigneux, si rangé dans son langage et dans son procédé envers tout le monde, vivant d’ordinaire auprès des ‘grands, d’être, on ne sait trop comment, criblé de dettes.
Mais de même que je me rappelais tout à l’heure Virgile en le lisant, je ne puis m’empêcher encore de me reporter à cette autre parole d’Andromaque dans Euripide, laquelle, au plus fort de ses douleurs et de ses alarmes maternelles, s’écrie : « … Oui, cela est vrai pour tous les hommes : leurs enfants, c’est leur âme même, et celui qui, pour n’en avoir pas l’expérience, dit le contraire, celui-là souffre moins, mais il est heureux sans bonheur.
Le diable s’en mêlant, cela ne l’empêche pas d’avoir l’œil aux jolis minois qui passent et d’en conter à Lisette, fille du jardinier.
L’intelligence du style et de la couleur propre à chaque temps et à chaque œuvre est une conquête de notre âge ; ce qui n’empêche pas, dans la multiplicité, quelque confusion.
Oui, même en sortant de lire, hier encore, l’intéressant et lumineux rapport de M. de Rougé sur les antiquités égyptiennes et sur ces quelques noms de plus arrachés à l’oubli, je ne pouvais m’empêcher de me redire cette parole.
Retenu et empêché ici par mon travail, je n’ai pu prendre part à la discussion ; s’il m’avait été permis d’y assister, loin de désavouer en partie M.
Je pensai que si la reine de France faisait ainsi tous ses repas, je n’aurais pas envié l’honneur d’être son commensal. » De son côté, Voltaire, dont l’esprit était un peu cousin de celui de Casanova, ne put se taire sur cet ennui qui s’exhalait à Versailles autour du jeu de la reine, et il fit ces vers dont il voulut ensuite se justifier, mais qu’elle ne put s’empêcher de prendre pour elle, car elle jouait tous les soirs au cavagnole : On croirait que le jeu console, Mais l’ennui vient à pas comptés S’asseoir entre des Majestés, À la table d’un cavagnole.
Cette négociation avec Mirabeau échoue, on peut le dire, par la faute de Louis XVI toujours timide, toujours empêché par des scrupules de conscience qui lui cachaient les incertitudes de sa propre volonté.
Comme simple lecteur, je ne puis m’empêcher de faire une observation : Marie-Antoinette parle d’une personne sûre et bien posée ; cette dernière locution m’étonne un peu au xviiie siècle.
Des parties de l’Odyssée ont dû sans doute être récitées séparément, mais si l’on donne à un rhapsode plusieurs journées de suite, ou si l’on suppose (ce qui avait lieu dans les assemblées et les fêtes publiques) une suite de rhapsodes qui se succédaient et se relayaient pour la récitation, rien n’empêche de concevoir que, même sans écriture aucune, l’Odyssée ait pu se transmettre en entier, dans toute son intégrité, sauf peut-être tel épisode à tiroir et tel passage ou telle scène qui aura pu s’y glisser après coup : mais l’agrégation première, la cristallisation, pour ainsi dire, du poëme doit dater de la période légendaire, de l’époque créatrice et inspirée, de l’âge même des rhapsodes.
Et moi, en voyant cet enchaînement, ce renchérissement de conclusions toutes plus extraordinaires les unes que les autres, cette série d’hypothèses échafaudées, je ne puis m’empêcher de dire : Oh !
On est même allé jusqu’à contester cette entière probité et délicatesse qu’aucun des contemporains n’avait soupçonnée, et, s’autorisant d’un passage des Mémoires du duc de Luynes, on a dit que « l’incapacité complète de Saint-Simon en matière d’affaires ne l’empêcha pas, à un moment donné, de faire perdre cinquante pour cent à ses créanciers, en substituant habilement 40,000 livres de rente à sa petite-fille, la comtesse de Valentinois ».
Ce qui n’empêche pas le charmant motif dont on vient de voir l’esquisse d’être d’une parfaite vérité pour les cœurs atteints et mordus de la chimère.
Dans ma vie intellectuelle, sujette à bien des variations, un heureux instinct plus encore que la prudence a su me garder à temps et m’empêcher de prendre de ces engagements absolus, qu’il est ensuite pénible de rompre : M. de Montalembert aura donc beau dire, il ne fera pas de moi un renégat (au sens où il le voudrait), — ni un renégat du catholicisme, malgré des liaisons anciennes et chères, et dont je m’honore, — ni un renégat du libéralisme, malgré la vivacité de quelques-uns de mes coups de plume, quand je servais en volontaire dans ce camp et sous ce drapeau128.
En voici les dernières stances : Le Sommeil, aise de t’avoir, Empêche tes yeux de me voir, Et te retient dans son empire Avec si peu de liberté.
La forme en est enveloppée et comme empêchée, la pensée en reste souvent obscure ; le critique a bonne envie d’attaquer, et il ne veut pas avoir l’air d’être hostile ; il proteste de son respect, et il multiplie les restrictions à mesure qu’il aggrave les offenses ; on dirait que dans ce duel littéraire qu’il entreprend, il n’ose enfoncer sa pointe ni casser tout à fait le bouton de son fleuret.
. — D’autre part, on a vu que, dans le son aigu comme dans le son très grave, la sensation élémentaires un maximum ; nous démêlons ce maximum dans le son très grave, nous ne le démêlons pas dans le son aigu ; il existe cependant dans l’un comme dans l’autre ; mais, dans le son très grave, la distance plus grande de deux maxima nous permet de les distinguer, et, dans le son aigu, la proximité trop grande de deux maxima nous empêche de les distinguer. — Bien plus, chaque sensation élémentaire, pour passer de son minimum à son maximum, passe, dans la courte durée qu’elle occupe, par une infinité de degrés ; à plus forte raison ces degrés sont-ils invisibles à la conscience ; en sorte que, dans un son aigu, la sensation élémentaire indistincte comprend, outre deux états extrêmes indistincts, une infinité d’états intermédiaires indistincts.
Ensuite, parce que les événements que l’histoire raconte ont par eux-mêmes un attrait de curiosité, un intérêt, pour nous exprimer autrement, qui empêche le lecteur de faire attention à l’insuffisance ou à la médiocrité du style.
Il y a un sentiment fin et juste de la couleur, si l’on peut dire, des expressions et des langues dans la démonstration que Boileau entreprend ; mais la gaucherie de la forme est plus sensible que la vérité du fond, et l’on ne peut s’empêcher de sourire, quand on voit Boileau alléguer Thalès, Empédocle et Lucrèce, pour faire valoir la dignité de l’eau dans l’antiquité, quand il ne veut pas qu’Homère ait parlé du « boudin » : un « ventre de truie », à la bonne heure, voilà qui est noble ; ou quand enfin il aime mieux mettre aux pieds de Télémaque une « magnifique chaussure » que de « beaux souliers », et maintient obstinément qu’il ne faut pas appeler « cochons » ou « pourceaux » les animaux de nom « fort noble », en grec, dont avait soin le « sage vieillard » Eumée, qui n’était pas un « porcher ».
Il lui confie son trésor, et fait publier partout que nid clef ni serrure désormais n’empêchent d’y parvenir : naturellement trois voleurs en profitent pour le dérober.
Heureusement un scrupule d’artiste a empêché Michelet de retoucher ses premiers volumes, pour les imprégner de ses nouvelles idées.
Il ne nous reste qu’un regret tranquille, qui nous laisse toutes nos forces pour le bien et ne nous empêche plus d’espérer un meilleur avenir.
Il aurait fallu deux cents vers dans l’ancien système pour répandre toutes ces images ; ou plutôt il aurait été impossible de les accumuler ainsi : l’habitude même de la forme aurait empêché le poète d’y songer ; car l’ancienne forme répugnait tellement à cette profusion, que jamais vous ne trouverez dans un poète du Dix-Septième ou du Dix-Huitième Siècle plus de deux comparaisons pour une même idée.
Oui, je vous garde rancune : vous êtes, ô bavarde, ô pédante, ô étourdie, l’assembleuse des nuages qui décourageront presque tous les regards, les empêcheront de pénétrer jusqu’à l’ange et d’apercevoir son noble flambeau.
Cela n’empêche pas qu’il ne nous semble fort singulier qu’on soit si célèbre quelque part et si inconnu chez nous, et nous serions tenté de dire à ce génie étranger, comme les Parisiens du temps de Montesquieu disaient à Usbek et à Rica dans les Lettres persanes : « Ah !
Sa politesse extrême, que ses nombreuses relations entouraient de mille liens, n’empêchait pas la raillerie, quand elle avait à sortir, de se glisser dans ses articles je ne sais comment, dans le tour, dans la réticence ; il savait faire entendre ce qu’il ne disait pas.
» On voit percer, même dans cette scène qui vise et touche à l’émotion, cette double fatuité qui ne le quitte jamais, celle de l’homme à bonnes fortunes qui veut rester jeune, et celle du personnage littéraire qui ne peut s’empêcher d’être glorieux.
Sa marche est souvent embarrassée et comme empêchée d’érudition ; il est moins vif et moins court-vêtu que Montaigne, et même il l’est moins que cet habile ignorant, Philippe de Commynes.
Ses articles nous semblent assez froids aujourd’hui ; mais les plaignants et les blessés appelaient cela des satires pleines de fiel, et si on le lui reprochait, comme l’honnête Dorat le fit un jour, il répondait naïvement : « Je ne puis m’en empêcher, cela est plus fort que moi. » Voilà le critique, celui à qui Voltaire n’avait pas besoin de crier Macte animo , comme il fit tant de fois, celui dont il a eu tort de dire que « son courage était égal à son génie », mais égal, et même supérieur à son goût, c’est ce qu’il eût fallu dire.
Mme des Ursins, remontant au principe de la succession d’Espagne, montre quel fond on doit faire sur cette fidélité de si fraîche date des Espagnols à la maison de Bourbon, et quel en est le vrai sens politique : pour les grands, empêcher la division de la monarchie ; pour les peuples des provinces, bien vendre leurs laines.
C’était le temps des conspirations militaires contre la Restauration (1820-1823), il y trempait, et ses chefs pourtant ne pouvaient s’empêcher de distinguer ce sous-lieutenant des plus incommodes comme un jeune officier instruit, studieux et plein l’avenir.
Pour m’en tenir au point de vue littéraire et à celui du goût, je ne puis m’empêcher de remarquer à quel point l’argent prend d’importance dans sa manière de prouver et de raisonner.
Et c’est le même qui, à Rome, en se trouvant pour la première fois au milieu de ces augustes solitudes du Colisée et des Terme Antoniane, ne pourra s’empêcher « de ressentir dans l’âme quelque petit saisissement, à la vue de la vieille majesté de leurs antiques masses révérées et abandonnées » ; c’est le même qui aura sur les marbres antiques et sur leur magnificence grandiose une page pleine de majesté et presque d’amour : « On peut dire qu’en France nous ne savons presque ce que c’est que des marbres, et qu’on n’en a point vu si l’on n’est venu dans ce pays-ci… » (T.
Au milieu des changements merveilleux qui s’accomplissent et qui inaugurent de toutes parts une ère de paix et de régularité, la littérature ne saurait souffrir : pour peu qu’elle se ressemble à elle-même et à ce qu’elle a été dans les beaux temps, elle aime l’ordre, le travail, une société plus active qu’orageuse, assise et florissante, et qui n’est plus uniquement occupée chaque jour à s’empêcher de périr.
L’activité primordiale est alors l’expansion première de l’être et de la vie, et il faut bien poser d’abord l’être avec cette expansion active : « Au commencement, dit Faust, était l’action. » Aussi ne pouvons-nous nous empêcher de placer dans tous les êtres, même dans les forces les plus aveugles de la nature, une certaine activité, alors même que nous nous les figurons insensibles.
Végèce était comte de Constantinople, ce qui n’empêche pas sa tactique d’être oubliée.
Et fussent-elles assez puissantes, pour, par leur présence, résumer en leur sens la question, elles n’empêcheraient pas que le lendemain de nouvelles recherches se montreraient au jour, plus instruites, plus souples et plus tenaces, dans leur volonté d’exprimer le plus possible avec le moins d’entraves techniques.
Cela ne l’empêcha pas de compter parmi ses plus solides amis Théophile Gautier, qui domina la critique dramatique précisément pendant la période de floraison d’Émile Augier.
Le pape Clement XI qui avoit beaucoup de goût pour les arts, et qui aimoit les antiquitez, n’aïant pu empêcher la destruction des peintures de la vigne Corsini sous le pontificat d’un autre, n’a point voulu que les curieux pussent reprocher au sien de pareils accidens, qui sont pour eux des malheurs signalez.
Que les particuliers se gouvernent comme s’ils devoient avoir leur ennemis pour héritiers, et que la géneration présente se conduise comme si elle devoit être le dernier rejetton du genre humain ; cela n’empêche pas que nous ne raisonnions mieux dans les sciences que n’ont fait tous les hommes qui nous ont précedé.
J’en ai fait l’expérience avec les Foutanké et les Habé et je n’ai malheureusement séjourné que très peu de temps dans le Fouta Djallon ou dans le cercle de Bandiagara, ce qui m’a empêché d’apprivoiser des gens, très réfractaires tout d’abord à la confiance, surtout en ce qui concerne les êtres mystérieux.
Et c’est cette érudition prodigieuse… et monstrueuse pour les petits galants littéraires qui s’occupent, dans les journaux, de rendre compte des livres qui traversent la publicité pour s’y éteindre comme des éclairs, c’est cette érudition, je n’en doute pas, qui a empêché le grand retentissement auquel un pareil livre avait droit.
Le comte de Maistre est, avant tout, — avant d’être un métaphysicien involontaire, qui ne croit pas à la métaphysique et qui ne peut s’empêcher de faire de la métaphysique, — un grand esprit pratique, ne perdant jamais terre, politique même quand il l’élève, la politique, à sa généralité la plus vaste.
Elle avait aimé cet enfant, qui a vieilli sans devenir un homme ; et la pureté dans la faiblesse, cette chose si rare dans des temps d’inspiration grossière, l’empêchait de dire qu’il n’était plus !
Je ne puis m’empêcher de signaler ce recul de la poésie populaire.
Cela n’empêcha point que, dans des panégyriques de son temps, et même après sa mort, il n’ait été appelé le grand Henri III.
Chaque matin, ces écrivains attaquaient la philosophie irréligieuse et révolutionnaire dans ses plus illustres représentants sans que personne criât au scandale ou au sacrilège, sans que cette témérité nuisît à leur influence et les empêchât d’être acceptés par l’Europe entière comme les arbitres du goût. […] Eugène Sue l’empêchaient de dormir, et ce fut un des châtiments de ce fantasque corrupteur, qu’un talent très inférieur au sien obtint des succès beaucoup plus retentissants. […] J’ai pris les mesures nécessaires pour empêcher cette indignité. Grasset, se voyant empêché, est venu me proposer ce manuscrit pour cinquante louis, et me dit que, si je ne l’achetais pas, il le vendrait à d’autres. […] Leurs fautes mêmes et leurs faiblesses n’empêchent pas qu’on les aime, surtout dans le passé, parce qu’elles s’y dégagent du côté vulgaire et mesquin, inséparable des erreurs humaines.
Comme penseur, il était empêché, embarrassé, nébuleux, obscur, et personne au monde, non pas même Ballanche, non pas même Quinet, n’a plus que lui pris un tourbillon de brouillard pour une idée. […] J’ai simplement empêché une jeune femme de suivre la voie naturelle et d’épouser un jeune homme qui l’aurait tout simplement rendue heureuse ! […] Pour mon compte, le dogmatisme intempérant m’est si antipathique, que je me défends, mais que je ne puis m’empêcher de me laisser aller un peu et d’avoir quelque faiblesse pour M. de Gourmont. […] Ce qui ne l’empêcha pas, de quarante-cinq à soixante-deux ans, d’être un très bon mari et un très bon père de famille, comme Fouché et comme d’autres, beaucoup plus bandits que Choderlos. […] et mettez-vous à leur place, — ils sont bien embarrassés pour la définir, et bien empêchés, quoique dessinateurs, pour tracer la ligne exacte de démarcation où finit la galanterie et où l’obscénité commence.
Roscommon compose une pièce sur un petit chien mort, sur le rhume d’une jeune fille ; ce méchant rhume l’empêche de chanter : maudit hiver ! […] Pour empêcher les échappées de l’esprit distrait, un personnage secondaire, le laquais, la suivante, l’épouse, viennent, couplet par couplet, doubler en style différent la réponse du principal personnage, et à force de symétrie et de contraste nous maintenir dans la voie tracée. […] Je sais que l’amour est puissant, et que personne ne peut s’empêcher d’être épris. […] Comment pouvais-je m’empêcher d’avoir des charmes ? Et comment pouviez-vous vous empêcher de devenir mon captif ?
Lorsque les préoccupations de la forme ou l’effervescence de l’imagination l’entraînent aux dépens de la raison et du vrai, quand le culte du passé l’empêche de voir les curiosités et les besoins de notre époque, il ne fait rien qui vaille. […] Nous ne la connaissons pas, disent les autres, par la raison que nous sommes au beau milieu et que nous ne pouvons nous rendre compte de l’esprit du siècle étant aveuglés par nos intérêts, et entourés de personnalités qui nous empêchent de voir à quatre pas autour de nous. […] « — Et cette persuasion doit-elle empêcher qu’on y représente l’événement de la manière la plus naturelle ? […] Edmond About vient d’être nommé premier commis de la maison Hachette afin d’empêcher l’introduction dans cette maison honnête, des livres dangereux qui poussent les sous-maîtresses à s’enfuir avec des sous-lieutenants. […] Dans cette saison où les jours sont courts et sombres on ne peut travailler qu’un petit nombre d’heures, et deux mois de moins pour faire un tableau auraient empêché beaucoup de peintres d’être prêts pour l’époque indiquée.
Pourquoi m’oppose-t-on toûjours trois mille ans d’admiration non interrompuë, tandis qu’il y a de siecle en siecle, les protestations nécessaires pour empêcher la prescription ? […] Cependant cette multiplicité d’action n’empêche pas que les avantures de Télémaque ne soient un poëme agréable ; et selon presque tout le monde, plus agréable que l’iliade même. […] mais Macrobe , dit-on, les a louées expressement. je ne sçaurois qu’y faire : Macrobe et Me D n’empêcheront pas que la plûpart des hommes n’en soient blessez ; et ce qu’il y a de pis, qu’ils ne rendent de bonnes raisons de leur dégoût. […] Mais ces derniers ont des troupes de plusieurs villes qui leur ont envoyé du secours ; et c’est ce qui renverse tous mes desseins, et qui m’empêche de saccager Troye . […] Mais j’ai grand peur que ce discours n’ait pas plus d’effet que celui de Nestor, qui tout éloquent qu’il étoit, n’empêcha pas les malheurs des grecs.
On ne peut s’empêcher de remarquer ici, que le pere Bouhours dit du ministre d’Etat Pompone ; il avoit une hauteur, une fermeté d’ame, que rien ne faisoit ployer. […] Rollin qui répete tous les contes de cette espece, admire la science de l’oracle, & la véracité d’Apollon, ainsi que la pudeur de la femme du roi Candaule ; & à ce sujet, il propose à la police d’empêcher les jeunes gens de se baigner dans la riviere. […] Il est certain qu’à force de renouveller la mémoire de ces querelles, on les empêche de renaître. […] & quand on vous demande ce que vous entendez par ces mots, pouvez-vous vous empêcher de vous figurer quelque image sensible, qui vous fait souvenir qu’on vous a dit quelquefois ce qui étoit, & fort souvent ce qui n’étoit pas ? […] Comment se peut-il faire qu’un peu d’une certaine liqueur qui empêchera de faire un calcul, donnera des idées brillantes ?
Elle empêche les sens de voir, la raison de juger. […] On ne sera pas moins surpris qu’à soixante ans je conserve cette exaltation patriotique, et qu’il faut tout ce qu’il y a en moi d’amour de l’humanité et de raison éclairée par l’expérience pour m’empêcher de lancer contre les peuples nos rivaux les mêmes anathèmes que leur prodiguait ma jeunesse. » Ce fut là le plus clair de son éducation, l’éducation patriotique. […] Un Comte Julien, une Mort d’Alexandre, un épisode des Guerres civiles en Italie, un Charles VI, un Spartacus, ce furent là autant d’essais incomplets, presque aussitôt abandonnés qu’entrepris, ce qui ne les empêcha pas d’avoir été pour lui une étude utile et amusante. […] La science positive a beau dire et beau faire ; en vain elle nous dit que l’homme n’est qu’une pièce infiniment petite, perdue et entraînée dans le jeu du mécanisme universel ; l’homme, spectateur de la vie, la juge ; témoin de l’inégale répartition des biens et des maux, il s’en indigne ; témoin de sa propre vie, il se condamne quand il fait mal ; il ne peut s’empêcher de juger et la nature et lui-même. […] L’invraisemblance d’un grand nombre de détails et le hasard trop complaisant des événements que l’auteur tient dans sa main, n’empêchent pas l’émotion, tant les sources de cette émotion sont vives et pures.
Enfin le fait que l’auteur ne se déverse pas manifestement dans son œuvre n’empêche pas qu’il n’y soit présent. […] Cela n’empêche point la hiérarchie, mais la permet, la dévoile, la consacre. […] Rien n’empêche évidemment que les six deviennent cinquante, et que M. […] L’état de joie, qu’empêchent notre doute et la dureté de nos cœurs, pour le chrétien est un état obligatoire. […] Ce qui n’empêche nos trois naturalistes d’apparaître, après Flaubert, comme des Épigones.
Il était trop replié sur soi pour s’éprendre d’autre chose : le roidissement habituel de la volonté empêche l’esprit d’être flexible ; sa force, toujours concentrée pour l’effort et tendue vers la lutte, l’enfermait dans la contemplation de lui-même, et le réduisait à ne jamais faire que l’épopée de son propre cœur. […] Cela ne me fait pas dormir plus mal, ni ne m’empêche d’aller à cheval dans les endroits solitaires, parce que la précaution est inutile. […] Est-ce que les convenances peuvent empêcher la beauté d’être belle ?
Elle parle avec amour des bêtes, de son cheval qui lui écrase les pieds, et auquel elle ne peut s’empêcher de porter tous les jours des morceaux de sucre, des chats qu’elle adore, des chiens, dont son hôtel est une maison de refuge. […] Je ne puis m’empêcher de dire à Ajalbert, qu’à sa place, je regretterais joliment de n’avoir pas fait partie de cette tournée, en compagnie des vingt-cinq cabotins et cabotines, qu’Antoine traînait à sa suite, et de l’étrange impresario belge. […] Samedi 4 août Les jeunes gens, élevés à la campagne, et passant des heures à contempler le paysage, ou à regarder le bouchon flottant d’une ligne, gagnent à ce trop long contact avec la nature, un lazzaronisme, une torpeur, une paresse de l’esprit, qui les empêchent de faire quelque chose dans la vie.
Mérimée eût contresigné cette phrase, ce qui ne l’empêchait pas de pratiquer, comme Beyle, les vertus du galant homme : fidélité en amitié, stricte correction en affaires, délicatesse dans les moindres actes. […] Si le soin trop minutieux du style l’a empêché d’avoir toute l’ampleur dont il était capable, comme l’attestent ses lettres de jeunesse, il a imposé par son exemple un salutaire souci de la forme aux romanciers venus après lui. […] … En remplissant envers un compagnon disparu ce devoir pieux de redire quel puissant et délicat ouvrier de beauté il demeura jusqu’au bout, je ne peux m’empêcher d’adresser une question aux personnes qui se sont chargées de recueillir une souscription pour élever un monument à ce remarquable écrivain. […] S’il était démontré que les nécessités purement matérielles sont de nature à empêcher les uns d’avoir le loisir du laboratoire et à emprisonner les autres dans une production mercenaire, il y aurait péril pour la pensée française. […] Une modestie exagérée vous a empêché de réunir en volumes tant de leçons et de conférences.
Qui pouvait l’empêcher ? […] Le pur Racine a tous les défauts du milieu où il a vécu, à commencer par le ton de cour française qu’il donne à ses héros antiques, ce qui fut une adorable qualité pour les amateurs de son temps, ce qui est un hiatus de couleur très répréhensible aujourd’hui à nos yeux, et ce qui ne l’empêche pourtant pas d’être un beau génie, selon vous, selon moi aussi. […] De même qu’il n’est pas de grand personnage historique qui n’ait eu dans sa vie quelque erreur ou quelque tache, il n’est pas de grand artiste qui n’ait eu son côté faible ou désordonné, et dont on ne puisse dire : il fut homme ; ce qui n’empêche pas d’ajouter : il fut grand. […] Dans tous ces héros je vois des défauts, des faiblesses, des erreurs qui m’empêchent de me prosterner ; mais j’y vois aussi un fonds de grandeur, de probité, de justice, qui me les fait aimer et plaindre. […] Voyez-le dans son œuvre, dans sa pensée jeune et fraîche, épurée par le travail et enflammée par ces grands instincts de liberté qui ont empêché la France de mourir après l’invasion.
Le positiviste ne réussit pas à empêcher le poète constructeur de synthèses de dire, malgré tout, son mot sur l’« inconnaissable ». […] J’ai peur cependant que le système n’opprime l’œuvre et ne l’empêche d’être autre chose qu’un essai magnifique. […] Or, Montaigne avertit ces « contrerolleurs » des actions humaines ques, quoi qu’ils fassent pour les « r’apiesser et mettre à même lustre », ils en seront empêchés. […] celle chose fluente, l’essence qui circule en moi, anime l’agrégat momentané qu’est mon être physique, en répare l’usure, l’empêche de se dissoudre ? […] … Et, parmi les êtres, quelle prédilection touchante pour les humbles, quelle tendresse pour ces « enfants… dont une fée mauvaise empêcha le développement, qui n’ont pu débrouiller le premier songe du berceau, peut-être des âmes punies, humiliées, sur qui pèse une fatalité passagère » !
Il fit acheter très-cher aux habitants des îles le pardon de leur révolte, ce qui ne l’empêcha pas de faire exécuter tous ceux qu’il put prendre encore dans le Lochaber. […] Loin de rien ajouter aux incidents que lui a fournis la relation à laquelle il emprunte son sujet, il en retranche beaucoup ; il élague surtout ce qui altérerait la simplicité de sa marche et embarrasserait l’action de ses personnages ; il supprime ce qui l’empêcherait de les pénétrer d’une seule vue et de les peindre en quelques traits. […] Le roi qui lui donne son nom régnait du temps de César Auguste, selon Holinshed, ce qui n’a pas empêché Shakspeare de peupler Rome d’Italiens modernes, Iachimo, Philario, etc. […] Le rôle brillant de la Méchante Femme est celui de Petruchio ; nous ne pouvons nous empêcher de donner quelquefois tort à son obstination, à ses caprices bizarres et à l’extravagance qu’il affecte pour dompter la pauvre Catherine ; car elle devient à la fin si malheureuse qu’on est tenté de la plaindre. […] Le mélange de subtilité, que Shakspeare devait à l’esprit de son temps, n’empêche pas que dans cette pièce, ainsi que dans celles où reparaît Falstaff, la gaieté ne soit peut-être plus franche et plus naturelle que dans aucun autre ouvrage du théâtre anglais.
Ou, en d’autres termes : la nature et l’histoire sont sous nos veux comme des modèles, et puisque notre « opinion » d’un jour ne les empêchera pas d’être ce qu’elles sont, ce qu’elles étaient avant nous, ce qu’elles seront quand nous ne serons plus, nous ne devons donc employer tous les moyens de l’art qu’à les faire vraies et ressemblantes. […] Mais nous en avons de solides raisons, qui sont justement celles que, dans ce résumé de l’histoire de la littérature française, nous avons essayé de mettre en évidence. — Si le dilettantisme a certainement eu cette conséquence heureuse, en développant ou en excitant la curiosité de l’esprit, d’en aiguiser la pénétration ou d’en étendre la portée ; et si d’autre part on ne saurait nier, — comme aussi bien nous n’en avons eu garde, — que le naturalisme nous ait rendu, deux ou trois fois au moins dans le cours de notre histoire, d’utiles et même de précieux services ; rien n’empêche une littérature « sociale » de s’approprier les conquêtes du naturalisme et du dilettantisme. […] — Qu’en tout cas, c’est à partir de ce moment qu’il devient irréconciliable ; — et qu’il publie ses pamphlets les plus vifs ; — ce qui ne l’empêche pas, dans sa vie privée, d’être le plus exigeant des propriétaires ; — le plus impitoyable des maîtres ; — le plus dur des créanciers ; — et qu’il faut le savoir pour ne pas imputer son assassinat aux « cagots » ; — comme on le fait encore dans de certaines histoires [Cf. […] Le choix de ce dernier texte n’est qu’affectation pure ; et rien n’est plus laborieux ni plus pédant que la traduction de Daphnis et Chloé. — 2º Ses Pamphlets, littéraires, qui sont la Lettre à Mr Renouard, 1810 ; et la Lettre à MM. de l’Académie des inscriptions, 1819 ; — et politiques, à savoir : Pétition aux deux Chambres, 1816 ; — Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-1820 ; — Simple discours (à l’occasion de la souscription pour l’acquisition de Chambord), 1821 ; — Procès de Paul-Louis Courier, 1821 ; — Pétition pour des villageois qu’on empêche de danser, 1822 ; — et le Pamphlet des pamphlets, 1824. — 3º Différents Fragments, dont le plus intéressant est La Conversation chez la comtesse d’Albany (rédigé en 1812) ; — et 4º Un volume de Lettres, souvent réimprimé sous le titre de Lettres de France et d’Italie (1797-1812). […] — et que, si ce nom de romanesque est synonyme de singularité des événements ; — d’arbitraire des combinaisons ; — d’idéalisation systématique des caractères ; — et d’excès de sentimentalisme ; — les romans de Feuillet ne le méritent point. — Mais ce sont des romans « aristocratiques » ou « mondains » ; — parce que l’auteur était « du monde » ; — et que, dans les milieux mondains, les réalités mesquines de la vie ne contrarient pas le développement de la passion. — On n’y est point empêché d’aller à un rendez-vous par la nécessité du travail quotidien ; — ni soumis aux exigences de la vie matérielle [Cf. à cet égard les princes et princesses de la tragédie classique]. — Ce sont en second lieu des romans idéalistes ; — par la suppression des détails de la vie commune ; — par ce fait que le dramatique y procède généralement du conflit de la « passion » et de « l’honneur » [Cf.
J’aimai toujours ce point de colline déserte, Avec sa haie au bord, qui clôt la vue ouverte Et m’empêche d’atteindre à l’extrême horizon. […] Mais assurément (je ne puis m’empêcher encore d’ajouter ceci) la plus criante incohérence, dans le cas présent, c’est d’avoir fait intervenir de but en blanc le plus noble, le plus sobre, le plus austère des poëtes, pour appuyer une théorie où il est surtout question de Lisette et de Margot, et où, pour tout idéal d’art sérieux, l’enfant d’Épicure et d’Ovide s’écrie : Vive d’un doigt coquet le livre déchiré Qu’arrose dans le bain le robinet doré !
Ces sentiments sont en petit nombre ; leur conflit n’est jamais qu’un duel ; les événements extérieurs ne peuvent pas empêcher la lutte de courir à son dénouement nécessaire, le retour du Divin à l’unité absolue de son essence : de là la simplicité du drame grec. […] La violence d’une passion déterminée, comme la jalousie dans Othello, l’ambition dans Macbeth, n’absorbe jamais les facultés intellectuelles et morales de ses héros tragiques, et n’empêche pas ce qui est humain en eux de se développer librement.
« Tu sais que le Miserere de la chapelle Sixtine est estimé si haut qu’il est défendu aux musiciens de la chapelle, sous peine d’excommunication, d’en emporter une partie hors la chapelle, de la copier ou de la donner à qui que ce soit ; ce qui n’empêche pas que nous l’avons déjà. […] Tu es un jeune homme de vingt-deux ans ; tu n’as par conséquent pas le sérieux de l’âge qui peut empêcher de rechercher ta connaissance ou ton amitié tant de jeunes hommes de quelque rang qu’ils puissent être, tant d’aventuriers, de mystificateurs, d’imposteurs, jeunes ou vieux, qu’on rencontre dans le monde de Paris.
Mon Méphistophélès chante une chanson de Shakespeare, et qu’est-ce qui l’en empêcherait ? […] — Cette fine écorce de bouleau qui le couvre empêche de voir ; les extrémités sont libres, mais trop noircies par le temps.
Mais, malgré toute leur bonne volonté, ils ne purent rien empêcher, tant était terrible la colère de Volkêr et de Hagene. […] Il la portait, mon doux bien-aimé, la dernière fois que je le vis, et de sa perte mon cœur a souffert plus que de tous mes autres maux. » Elle tira l’épée du fourreau sans qu’il put l’empêcher, — elle voulait enlever la vie au guerrier, — et la soulevant des deux mains, lui abattit la tête.
C’est malheureux, si vous le voulez, au point de vue de l’art, mais cela n’empêche point que ce sentiment soit très respectable et très émouvant. […] Mais il y en a dans tous les genres, et l’exception n’empêche pas qu’il existe dans la catégorie des feuilletonistes comme dans les plus élevées, des écrivains, sans doute modestes, des écrivains dont vous avez tout le droit de discuter les œuvres, mais qui ont la très légitime prétention de ne le céder à aucun, au point de vue de la probité littéraire et qui, s’ils n’y réussissent pas toujours, font toujours de leur mieux pour apporter leur toute petite pierre, le simple grain de mortier si vous voulez, à l’immortel édifice des Lettres Françaises.
. — Il répond par ces mots d’une tristesse infinie : — « Je les ai empêchés de prévoir la mort. » — « Par quel remède les as-tu guéris de ce mal ? […] Thémis avait donc pu transmettre au Titan, comme une arme extrême, l’arrêt du Destin ; et ce changement vraisemblable forme le nœud de la tragédie, en mettant le tyran à la merci de sa victime qui seule peut l’empêcher de périr.
Il en était de même aussi pour les moissons et pour les foins ; chacun avait sa fonction proportionnée à son sexe, à sa force, à son aptitude, à ses années : les uns maniaient la faux à l’heure de la rosée ; les autres, la faucille à l’heure où la paille sèche brûle la plante des pieds ; ceux-ci nouaient la gerbe, ceux-là la chargeaient sur les chariots ; les jeunes filles éparpillaient sur la pelouse tondue le sainfoin coupé et suspendu aux dents de bois de leur râteau ; les enfants, les glaneuses cueillaient çà et là les épis et les herbes oubliés, pour en rapporter de maigres fascines sous leurs bras ; d’autres se suspendaient à droite et à gauche aux ridelles du char pour le tenir en équilibre dans le chemin raboteux et pour empêcher le monceau d’épis de crouler en route avant d’arriver aux granges. […] Peut-on empêcher le cœur d’éclater quand il est trop plein ?
Ces deux défauts cependant n’ont point empêché que l’on ne l’ait mis à la tête des Poëtes Comiques Latins. […] Peut-on en lisant Lucréce n’être pas frappé de cette admirable abondance, de cette richesse d’expression, que la stérilité de sa langue, dont il se plaint, n’a pu l’empêcher de répandre, avec tant d’agrément, dans son Poëme ?
Nous aurons à revenir plus généralement sur cette question ; je veux seulement ajouter ici que leur variabilité est probablement due à leur inutilité, et par conséquent à ce que la sélection naturelle n’a aucune action sur eux pour empêcher leurs variations de structure. […] Les parties multiples sont variables en nombre et en structure, peut-être par suite de ce que de telles parties n’ont pas été exclusivement adaptées à des fonctions toutes spéciales, de sorte que leurs modifications n’ont pas été strictement empêchées par la sélection naturelle.
J’enlevai toutes les Fourmis pressées autour d’un groupe d’environ une douzaine d’Aphis sur une plante d’Oseille, et j’empêchai leur retour pendant plusieurs heures. […] C’est l’accoutumance qui nous empêche de remarquer les changements considérables qui se sont effectués dans les facultés mentales de nos animaux familiers par le fait de la domestication.
Parmi les grands qui paraissent faire cas des gens de lettres, ceux qui ont quelques prétentions au bel esprit, forment une espèce singulière ; la vanité leur a donné ces prétentions, l’orgueil les empêche de les montrer indifféremment à tout le monde. […] Racine, à qui peut-être il n’a manqué pour surpasser Corneille que d’avoir vécu comme lui, n’a pas laissé d’avoir des adversaires à combattre ; cet esprit de courtisan qu’il possédait trop, et qui sans Athalie, Phèdre, et Britannicus, serait une espèce de tache à sa gloire, ne l’a pas empêché d’essuyer bien des chagrins de la part de ceux dont Pradon était l’esclave et l’idole.
Ce qui est bien plus important, il me semble, c’est d’empêcher qu’on ne fasse grimacer le génie des plus grands hommes par des analyses infidèles ou fausses, ou des admirations à rebours ; et lorsque je dis important, ce n’est pas pour eux que je parle, c’est pour le public et pour nous. […] On sait notre opinion sur ces exubérantes préfaces, inspirées par l’amour-propre d’un jeune traducteur qui veut prouver qu’il sait penser pour son propre compte et qu’il a des aperçus à son service, je ne dis pas par-dessus la tête, mais entre les jambes de son colosse… Néanmoins, dans cette introduction, où je trouve trop d’aperçus encore, il est un point de critique, posé et discuté, qui valait bien la peine de l’être, et je ne puis m’empêcher de savoir un gré infini à François-Victor Hugo de l’avoir posé et discuté.
La multiplicité des Temps que j’obtiens ainsi n’empêche pas l’unité du temps réel ; elle la présupposerait plutôt, de même que la diminution de la taille avec la distance, sur une série de toiles où je représenterais Jacques plus ou moins éloigné, indiquerait que Jacques conserve la même grandeur. […] Cela n’empêche pas les deux systèmes, S′ aussi bien que S, d’avoir des simultanéités vécues, réelles, et qui ne se règlent pas sur des réglages d’horloges.
Le duel offrait seul un moyen d’empêcher que les guerres individuelles ne s’éternisassent. […] Un ami qui le trouvait un jour avec elles, ne put s’empêcher de répéter ce passage du Tasse : C’est Alcide qui, la quenouille en main, amuse de récits fabuleux les filles de Méonie.
Elle dira par la bouche d’un héros insultant un autre héros : « Tu crois voir partout la mort à tes trousses. » Tout cela n’empêche pas Mme Dacier d’être encore aujourd’hui peut-être, pour l’ensemble, le traducteur qui donne le plus l’idée de son Homère.
Les rivières, les campagnes et les villes ont beau s’opposer à mon contentement, elles ne sauraient m’empêcher de m’entretenir de vous avec ma mémoire… Voiture répondait sur le même ton, mais leur correspondance ne fut jamais très vivev ; ils se contentèrent d’être bien ensemble et de se complimenter par des tiers : « L’amitié que nous conservons ensemble sans nous en rien écrire, disait Voiture à un ami, et l’assurance que nous avons l’un de l’autre est une chose rare et singulière, mais surtout de très bon exemple dans le monde, et sur laquelle beaucoup d’honnêtes gens, qui se tuent d’écrire de mauvaises lettres, devraient apprendre à se tenir en repos et à y laisser les autres. » Ils sentaient tous deux que de s’écrire les aurait constitués en une trop grande dépense d’esprit et les aurait mis à sec pour plusieurs semaines.
Mais, même lorsqu’il fut devenu ce qu’il n’aurait pu dans aucun cas s’empêcher d’être, le roi des poètes de son temps et le chef du parti philosophique, même alors Voltaire avait des regrets et des habitudes d’homme de société, d’auteur de société, et qui n’aurait voulu rester que cela.
Cela n’empêche point qu’à quelques jours de là, et sur la demande de l’abbé Bossuet, il ne compose ce mémoire dont nous avons parlé, et qui était destiné dans le principe à servir de matériaux et de notes pour une oraison funèbre ; mais il y met avec raison son amour-propre, et, voyant que les premiers cahiers réussissent auprès de ceux à qui il les lit, il redouble de soin et fait un ouvrage utile et plus agréable qu’on n’était en droit de l’attendre de lui.
Est-il besoin de remarquer qu’il suffirait d’un mot lâché par lui sur sa plaie secrète, sur ce qui l’empêche d’aller à Paris, pour que Mirabeau, qui sans doute ne demanderait pas mieux et qui semble provoquer la confidence, lui offrît sa bourse ?
Il faudrait lire tout son discours : c’est bien l’image d’un cloître, quand la foi, l’amour et l’espérance se sont retirés : « Vous avez fait de bonnes études, ajoutait-il ; et après une année de noviciat vous pourriez entrer dans les ordres ; raison de plus pour vous désespérer quand vous vous verrez renfermé pour jamais dans ces murailles, sans livres, sans conversation, sans ami, au milieu d’envieux imbéciles et méchants, qui ne chercheront qu’à vous empêcher de sortir du cloître.
Le spectacle de cette entrée épouvantable et de cette exécution laissa une longue horreur imprimée aux âmes, et quand on lit ensuite le traité de la Servitude volontaire d’Étienne de La Boëtie, l’ami de jeunesse de Montaigne, on ne peut s’empêcher d’y reconnaître un profond sentiment de représailles autant et plus peut-être qu’un ressouvenir et une imitation de l’antiquité.
Fromentin lui même, quoiqu’il affirme « qu’avec le burnouss saharien ou le mach’la de Syrie on ne représentera jamais que des Bédouins », et non d’antiques Hébreux, ne peut s’empêcher quand il voit les Arabes sous un beau jour et quelque noble tribu en marche, quelque noble chef donnant audience ou exerçant dignement l’hospitalité, d’être frappé avant toute réflexion et de faire un rapprochement instantané, involontaire, avec cette antique civilisation patriarcale ; sa sensation de peintre vient, bon gré, mal gré, à la traverse de sa doctrine classique par trop respectueuse.
Fromentin applique, en effet, aux figures le même mode d’expression qu’il a porté dans ses tableaux naturels ; au lieu de s’en tenir à la description pure des traits, du teint, des cheveux et de chaque partie de la personne, à ces signalements minutieux et saillants, qui, à force de tout montrer, nous empêchent parfois de voir et de nous faire une juste idée de l’ensemble, M.
Mais je ne puis, malgré tout, m’empêcher tristement de sourire quand je vois de jeunes écrivains venir aujourd’hui se faire forts de la vertu entière de la femme en Marie-Antoinette et y mettre comme la main au feu avec une confiance intrépide ; car tous ces chevaliers, dont Burke a parlé dans un éloquent passage, ces jaloux défenseurs qu’avait à son service la reine de France en ses beaux jours et qui lui ont manqué à l’heure du danger, elle les retrouve aujourd’hui un peu tard et après coup.
Fénelon, ami de Croisilles, ne put s’empêcher de lui dire que son frère avait un peu trop négligé le style dans sa narration, sur quoi Catinat répondait : « Je l’ai écrite naturellement et currente calamo, ayant été extraordinairement occupé depuis que l’armée a passé en Piémont.
Qui t’a empêché de te lier à ce diocèse, si ce n’est la liberté que tu voulais te réserver de le quitter en cas que les événements m’appelassent ailleurs ?
Tel grand poëte épanche sans relâche l’harmonie et les flots ; tel autre, à l’étroit dans cette civilisation étouffante, ne peut s’empêcher de remonter à une scène héroïque et au monde des géants.
. — Si j’avais à écrire un article sur lui, je ne pourrais m’empêcher de le commencer en ces termes : « Il faut avoir quelque esprit pour être parfaitement sot : Töpffer l’a dit et Viennet l’a prouvé. » Vers la fin sa vie, il me disait en me parlant des poëtes : « Je n’en reconnais que huit avant moi. — Et lesquels ?
Rendons, rendons enfin admiration et justice à ces hommes qui ont imposé leur nom à leur siècle, Périclès, Auguste, Léon X et Louis XIV ; oui, ils ont été pour beaucoup dans la grandeur et la majesté de l’âge qu’on les a trop accusés d’accaparer ; leur absence totale et prolongée est bien capable aujourd’hui de faire apprécier leur rôle : ils ont empêché les génies et les talents de s’égarer, de se dissiper, les médiocres de passer sur le corps des plus grands ; ils ont maintenu les proportions, les rangs, les vocations, la balance des arts.
Ceux de Gresset avaient pourtant de quoi plaire dans leur nouveauté : Jean-Baptiste Rousseau, qui les recevait à Bruxelles, ne se contenait pas de joie, et voyait déjà dans le nouveau-venu un rival et un vainqueur de Voltaire : « Je viens de relire votre divine Épître (celle à ma Muse), lui écrivait-il, et, si la première lecture a attiré mon admiration, je ne puis m’empêcher de vous dire que la seconde a excité mes transports. » Il est vrai que, dans l’épître en question, Gresset y parlait de Jean-Baptiste comme d’un Horace, et le proclamait ce Phénix lyrique.
L’esprit, la pénétration brillaient en lui de toutes parts jusque dans ses violences ; ses reparties étonnaient, ses réponses tendaient toujours au juste et au profond ; il se jouait des connaissances les plus abstraites ; l’étendue et la vivacité de son esprit étaient prodigieuses et l’empêchaient de se fixer sur une seule chose à la fois.
Et notre réalisme ne peut s’empêcher d’en vouloir à Montesquieu d’avoir créé l’illusion de tous ces faiseurs de constitutions, qui croient changer le monde par des articles de loi.
Ils reçoivent plus qu’ils ne donnent… Cette doctrine ne détruit la responsabilité de personne, mais elle l’étend à ceux qui trouvent commode de s’en affranchir. » Il nous rappelle ainsi à chaque instant que c’est tout le monde qui fait l’histoire et que nous avons donc tous, pour notre part infime, le devoir de la faire belle — ou de l’empêcher d’être trop hideuse.
Plusieurs d’entre eux attirent par le talent ; mais, on ne peut s’empêcher de le remarquer, leur méthode et celle des œuvres suggestives diffèrent entre elles comme une plaisanterie fortement appuyée diffère de l’allusion qui indique tout sans rien nommer et déjà se détourne en créant des sourires.
Mais je ne peux approuver un William Jones, qui, sans être philosophe, déverse son activité sur d’innombrables sujets, et, dans une vie de quarante-sept ans, écrit une anthologie grecque, une Arcadia, un poème épique sur la découverte de la Grande-Bretagne, traduit les harangues d’Isée, les poésies persanes de Hafiz, le code sanscrit de Manou, le drame de Çakountala, un des poèmes arabes appelés Moallakat, en même temps qu’il écrit un Moyen pour empêcher les émeutes dans les élections et plusieurs opuscules de circonstance, le tout sans préjudice de sa profession d’avocat.
Vivre sous un œil céleste empêche de mal faire.
Dès le seuil de la vie active, elle congédie l’amour, l’illusion, l’enthousiasme comme des amis importuns dont le cortège retarderait sa marche et l’empêcherait d’arriver.
Ces indignes scènes qu’il flétrit n’empêchent pas M.
Les Mémoires de Mme d’Épinay nous font assister à ces derniers ; l’entretien y est piquant, mais libre jusqu’à être licencieux, ce qui ne l’empêche pas de devenir parfois déclamatoire.
Elle fit des livres, ce qui ne l’empêchait pas de faire des nœuds, de la tapisserie et des chansons.
Déjà vieux et tout à fait retiré du monde, il écrivait à une dame française : Vos bons auteurs sont ma principale ressource ; Voltaire surtout me charme, à son impiété près, dont il ne peut s’empêcher de larder tout ce qu’il écrit, et qu’il ferait mieux de supprimer sagement, puisqu’au bout du compte on ne doit pas troubler l’ordre établi.
Elle ne pouvait s’empêcher de faire des cadeaux à tous, au plus pauvre homme de lettres comme à l’impératrice d’Allemagne, et elle les faisait avec cet art et ce fini de délicatesse qui ne permet pas de refuser sans une sorte de grossièreté.
Cependant, après avoir lu ce morceau d’une exactitude inexorable, et l’avoir goûté en ce qu’il a de sobriété piquante, je n’ai pu m’empêcher d’écrire en marge cette impression plutôt morale que littéraire : « C’est très bien, mais pourquoi cette âcreté mal dissimulée pour des choses si simples ?
En se dépouillant aujourd’hui, pour le juger, de toute prévention et comme de tout ressouvenir personnel, on ne peut au moins s’empêcher de voir qu’il méconnaissait sur des points essentiels le génie du temps, celui même de la nation, et qu’il blessait la fibre française.
Ninon essaie de le consoler par une lettre sentie et sensée qu’elle ne peut s’empêcher de terminer par ces mots : « Si l’on pouvait penser comme Mme de Chevreuse, qui croyait en mourant qu’elle allait causer avec tous ses amis en l’autre monde, il serait doux de le penser. » En parcourant ces pages, on se prend à désirer entre ces deux vieillards aimables un ressort, un mobile de plus, ne fût-ce qu’une illusion.
Mme Chardon voulut l’y suivre, et on ne put l’en empêcher.
C’est sur cette vigne que compte le poète pour empêcher ses amis de lui échapper, pour les lui rattacher avec son fruit savoureux.
C’est par des expériences fines, raisonnées et suivies, que l’on force la nature à découvrir son secret ; toutes les autres méthodes n’ont jamais réussi, et les vrais physiciens ne peuvent s’empêcher de regarder les anciens systèmes comme d’anciennes rêveries, et sont réduits à lire la plupart des nouveaux comme on lit les romans.
Mais un moment de réflexion fait apercevoir que, si dans ce cas le nombre des Templiers ajoute à l’idée qu’on peut prendre de leur croyance et de leur foi, puisque sur ce grand nombre pas un seul ne fut infidèle à son Dieu, ce même chiffre diminue beaucoup de l’idée de leur bravoure, puisqu’il ne les a pas empêchés de se rendre.
Ce serment, comme celui de tous les gens possédés d’un démon, faillit être vain, et sa jolie Pétition à la Chambre des députés pour des villageois que l’on empêche de danser (juillet 1822) lui valut un nouveau procès : il en fut quitte pour la saisie de l’ouvrage.
Ceux-ci refusèrent d’abord, disant qu’il avait payé en ramant ; il insista pour donner son shilling de cuivre : « L’homme, remarque-t-il, est quelquefois plus généreux quand il a peu d’argent que quand il en a beaucoup : peut-être pour empêcher qu’on ne soupçonne qu’il n’en a que peu. » Il fit son entrée dans la ville, tenant trois gros pains qu’il venait d’acheter, un sous chaque bras, et mangeant à même du troisième ; il passa ainsi devant la maison de sa future femme, miss Read, qui était à sa porte, et qui lui trouva l’air un peu extraordinaire.
Grimm a prononcé. » Ce caractère d’oracle est assez naturel à tous les maîtres critiques : Grimm, sous la forme polie et sous un air du monde, ne pouvait s’empêcher de le marquer dans ses paroles et dans son procédé ; il aimait à donner le ton ; il avait cette rigueur et cette exigence du bon sens qui va rarement sans quelque sécheresse.
Cette influence ne sera pas plus fatale à la critique scientifique qu’elle n’a empêché le développement de la physiologie, que la philosophie de Kant, en démontrant l’impossibilité de connaître les choses en soi, n’a arrêté l’essor de toutes les sciences naturelles.
Il est une autre cause d’un ordre tout différent qui empêche encore M.
Buffier, on ne peut s’empêcher de trouver de la profondeur & de la finesse dans ses réfléxions.
… Quoique j’aie cherché, sans le trouver, dans les deux trop petits volumes de M. de Lescure, l’écrivain oublié des Actes des Apôtres, de ces Apôtres moins heureux que ceux de Jésus-Christ, qui fondèrent le Christianisme, tandis qu’eux, ces nouveaux pauvres diables d’Apôtres, n’ont pu empêcher la royauté très chrétienne de s’en aller en quatre morceaux, j’y ai trouvé pourtant assez de journaliste et même, disons le mot, assez d’homme d’État dans Rivarol pour appuyer aujourd’hui sur ce qu’il fut comme journaliste, malgré le flot du temps qui remporta et qui, comme journaliste, devait l’emporter, et sur ce qu’il aurait pu être comme homme d’État, sans la faiblesse aveugle d’une Royauté vouée à toutes les fautes, et dont l’imbécillité fut le bourreau, avant le bourreau… VII Oui, le journaliste, — et, à travers le journaliste,, l’homme d’État que le journaliste, comme on sait, n’implique pas toujours, voilà ce qu’est et ce qu’apparaît presque exclusivement Rivarol dans cette publication nouvelle de M. de Lescure.
Elle ne lui demande pas respectueusement la permission de le jeter par la fenêtre ; elle l’y jette, voilà tout, et elle ferme la porte pour l’empêcher de remonter par l’escalier.
Il y a des figures qui empêchent d’entrer.
Qui empêchera les nœuds de l’amitié ou de l’amour de se former par-delà les territoires, entre ennemis politiques et même entre belligérants ?
Il nous empêche de jeter les yeux à droite et à gauche, et même, la plupart du temps, en arrière ; il veut que nous regardions droit devant nous, dans la direction où nous avons à marcher.
Et d’autres compositions nous montrent le prince Minamoto Yoshitaka, dans un pèlerinage, faisant la rencontre de Raïgô, et le prêtre lui communiquant son pouvoir surnaturel, si bien qu’un jour le prince, poursuivi par un ennemi, fait un appel aux rats dont le flot montant entre eux deux empêche de l’atteindre. […] Et, pour que le papier pût rester tendu, il avait été fait dessous un lit de paille de riz d’une grande épaisseur et, de distance en distance, des morceaux de bois, servant de presse, empêchaient le vent de soulever le papier. […] Or dans cette société il y avait des gens de service, ignorant que le peintre et le poète étaient le même homme, et il arriva qu’un soir on lui apporta une lanterne dont le papier était blanc, sans aucune ornementation ; Hokousaï demanda un pinceau et dessina des tiges de fougères, d’un trompe-l’oeil si extraordinaire que le domestique qui avait apporté la lanterne ne put s’empêcher de crier : « Oh ! […] Voici les raisons qui m’ont empêché d’aller vous remercier du livre de Soga Monogatari (livre ancien prêté). […] Le poète dans la poésie, en tête de la planche, dit au vent d’empêcher les nuages de couvrir la lune.
Cela ne l’empêche de bien accueillir ceux qui viennent à lui avec du courage, de la loyauté et de bonnes intentions. […] Dans la bourrasque de sifflets qui emporta l’opéra d’Hector Berlioz, madame Stoltz, charmante dans le rôle d’Ascagno, se montra, jusqu’au dernier jour, dévouée au musicien que tous abandonnaient : cela empêcha-t-il, quelques années plus tard, Berlioz-Brutus d’immoler madame Stoltz et sa reconnaissance au succès de la coalition qui devait emporter M. […] Montazio accuse positivement Verdi de l’avoir recueillie de la bouche des Lazzaroni : ce qui ne l’empêche pas, tout en croyant suivre sa démonstration apparemment, de la terminer par cette conclusion stupéfiante : « Des mélodies charmantes, des cantilènes pétillantes de verve et d’imagination, sont semées à pleines mains dans le courant de cinq actes. » Nous voici bien loin des masques trop connus de tout à l’heure ! […] * * * Remarque et anecdote, tout cela ne m’empêche pas de reconnaître que si M.
Empêchée et comme emmaillotée par des habitudes chéries, et presque malheureuse par trop de bonheur, l’individualité se révèle en Angleterre de la façon la plus bizarre. […] Ordre avait été donné d’empêcher la rencontre des deux adversaires. […] Shandy ne pouvait s’empêcher de bondir toutes les fois qu’il entendait son frère mentionner ce nom. […] puisque je rencontre ici ton doux souvenir, je ne puis m’empêcher de me détourner un instant de mon sujet et de m’autoriser de la méthode shandyenne des digressions pour te saluer en passant. […] On injurierait volontiers Sterne au moment même où l’on ne peut s’empêcher d’admirer l’art extraordinaire avec lequel sont filées ses histoires et ses dissertations scabreuses.
Tout cela n’empêche point que Shakspeare ne soit un génie. […] Il consiste en ceci qu’un homme est ridicule et sent qu’il l’est, plus ou moins, et ne peut pas s’empêcher de l’être et de continuer de l’être. […] Cela n’empêche pas d’avoir du bon sens ; mais cela ne laisse pas le bon sens tout à fait au premier plan. […] Rien n’est venu empêcher qu’elle ne continuât. […] Et cela n’empêche pas sa tragédie d’être très intéressante toujours et souvent très agréable et souvent d’un assez beau style.
Et il n’a pas empêché que la France n’ait pour l’éternité la plus séduisante des physionomies personnelles. Et le bilinguisme de la Belgique ne l’empêche pas d’être une nation, individuelle et originale. […] Que les flamingants luttent, qu’ils rendent obligatoire le flamand dans les provinces flamandes, ils ne pourront cependant réagir contre une loi naturelle, fatale, dont l’histoire et la géographie garantissent le maintien, ils n’empêcheront jamais la Belgique de rester une province littéraire de la France : les écrivains belges emprunteront notre langue, notre culture, ou ils ne seront point. […] * * * Si les Rimes de Joie de Théodore Hannon53 rappellent souvent les poèmes somptueusement ouvragés de Théophile Gautier par le choix de qualificatifs précieux et de mots scintillants, elles font surtout penser à Baudelaire : même goût pour les charmes pernicieux de la femme, même obsession de fleurs fanées, de parfums malsains et de vice, même atmosphère de découragement, de rancœur… En lisant les Rimes de Joie, on ne peut s’empêcher de les comparer aux Fleurs du Mal, tant, malgré la différence des titres, les inspirations morbides se ressemblent, tant il y a, dans les deux recueils, de spleen aux relents luxurieux. […] Mais quels que soient les liens qui unissent étroitement les destinées de la littérature belge à celles de la littérature française, ils ne doivent empêcher ni d’apercevoir, ni d’apprécier les caractères spéciaux très marqués d’un mouvement intellectuel riche et puissant par lui- même.
Que si en ces ocasions nous disons plutot, retenez vos larmes, retenez votre colére, c’est que pour exprimer ce sens, nous avons recours à une métaphore prise de l’action que l’on fait quand on retient un cheval avec le frein, ou quand on empêche qu’une chose ne tombe ou ne s’échape. […] Souvent pour faire un compte rond, on ajoute ou l’on retranche ce qui empêche que le compte ne soit rond : ainsi on dit la version des septante, au lieu de dire la version des soixante et douze interprètes, qui, selon les péres de l’eglise, traduisirent l’ecriture sainte en grec, à la prière de Ptolomée Philadelphe roi d’Egypte, environ trois cens ans avant Jésus-Christ. […] Le défaut de jugement qui empêche de sentir ce qui est ou ce qui n’est pas à propos, et le desir mal entendu de montrer de l’esprit et de faire parade de ce qu’on sait, enfantent ces productions ridicules. […] L’une et l’autre pratique est une fécondité stérile qui empêche de sentir la propriété des termes, leur énergie, et la finesse de la langue, come je l’ai remarqué ailleurs. […] Lorsqu’il ne s’agit que de faire entendre l’idée comune, sans y joindre ou sans en exclure les idées accessoires ; on peut employer indistinctement l’un ou l’autre de ces mots, puisqu’ils sont tous deux propres à exprimer ce qu’on veut faire entendre ; mais cela n’empêche pas que chacun d’eux n’ait une force particulière qui le distingue de l’autre ; et à laquelle il faut avoir égard selon le plus ou le moins de précision que demande ce que l’on veut exprimer.
À le voir si délicieux, à le sentir si émerveillé, on ne pouvait s’empêcher de l’aimer, et je ne doute pas que ces sentiments d’affection, partagés par un si grand nombre de natures sensibles, ne se transforment bientôt en d’autres plus forts encore. […] Quand il m’envoyait ses livres avec des dédicaces dans ce genre : « À Maurice Le Blond, en profonde admiration pour sa très haute pensée », et quand il m’assurait de « son invariable amitié », c’était sans doute pour s’attirer de ma part une critique favorable, puisque cela l’empêchait si peu de « m’éreinter par derrière ». […] Je ne puis m’empêcher d’être ému par Un jour.
La membrane de cellulose dont le protoplasme s’enveloppe, en même temps qu’elle immobilise l’organisme végétal le plus simple, le soustrait, en grande partie, à ces excitations extérieures qui agissent sur l’animal comme des irritants de la sensibilité et l’empêchent de s’endormir 53. […] Il y a une particularité dont on ne peut s’empêcher d’être frappé quand on jette un coup d’œil sur la faune des temps primaires. […] Ce qu’il y a de mouvant dans l’action ne nous intéresse que dans la mesure où le tout en pourrait être avancé, retardé ou empêché par tel ou tel incident survenu en route.
Aussi, à la mort du pontife, comme les passions irritées cherchaient à se venger sur ses restes, et que le catafalque placé dans l’église de Saint-Pierre, pendant la neuvaine des obsèques, n’était point en sûreté, Bernis, fidèle à l’amitié et au respect envers l’illustre mort, entretint à ses propres frais une garde qui, jour et nuit, veilla autour de ce catafalque pour en préserver les inscriptions et empêcher tout scandale.
Les herbes ont chacune leur propriété, leur naturel et singularité ; mais toutefois le gel, le temps, le terroir, ou la main du jardinier y ajoutent ou diminuent beaucoup de leur vertu : la plante qu’on a vue en un endroit, on est ailleurs empêché de la reconnaître.
Les horreurs dont il est témoin, et dont il s’estime préservé tout exprès par une sollicitude particulière de la Providence, ne l’émeuvent qu’assez légèrement, et n’interrompent qu’à peine le cours de ce qu’il appelle sa délicieuse carrière spirituelle : En réfléchissant, dit-il en un endroit, sur les rigueurs de la justice divine qui sont tombées sur le peuple français dans la Révolution, et qui le menacent encore, j’ai éprouvé que c’était un décret de la part de la Providence ; que tout ce que pouvaient faire dans cette circonstance les hommes de désir, c’était d’obtenir par leurs prières que ces fléaux les épargnassent, mais qu’ils ne pouvaient atteindre jusqu’à obtenir de les empêcher de tomber sur les coupables et sur les victimes.
Cela ne m’amuse guère… Mme de Coigny tâche de m’inspirer son goût pour Mockranowski, son admiration pour Radzivill, sa passion pour Braniki et tant de ki, toujours vaincus, toujours si malheureux, désolés, perdus, ruinés… » Elle ne peut s’empêcher (c’est bien l’image de la jeunesse) de se consoler de sa lecture en dansant toute seule sur les airs du bal d’en face qu’elle entend.
Il fait la campagne d’Iéna ; mais des circonstances indépendantes de la volonté des chefs empêchent la division Legrand de donner dans cette guerre autant qu’elle l’aurait voulu.
Suivant lui, François, d’abord surnommé Corbueil, serait né en 1431 (l’année même de la mort de Jeanne d’Arc) à Auvers, près Pontoise, ce qui ne l’empêchait pas de se dire Parisien, sans doute parce qu’il était venu de bonne heure à Paris et y avait été élevé. « Rien d’ailleurs dans ses œuvres n’indique une enfance passée aux champs, absolument rien ; au contraire, tout y trahit l’enfant de la cité et le polisson du ruisseau. » Le nom de Villon, sous lequel il se fit ensuite connaître, n’était probablement qu’un surnom d’emprunt qu’il dut à un Guillaume Villon, lequel n’était ni son père, comme on l’a avancé, ni son oncle, mais seulement son maître.
Tout à coup, étant tombée sur deux ou trois prières particulières qui lui parurent bizarres et de mauvais goût, elle ne put s’empêcher de le dire ; et comme Mme de Genlis se hasardait à lui représenter qu’en fait de prières Dieu s’attachait sans doute à l’intention plutôt qu’aux paroles et au ton : « Eh bien !
S’il fréquenta quelque temps les amphithéâtres, il ne prit jamais en main un scalpel : ce qui ne l’empêchait pas de trancher à la rencontre sur la structure du corps humain, sur les formes et les dispositions précises des organes, comme il tranchait sur tout ; il y commettait parfois de singulières méprises9.
» Horace reste Français de cœur à l’étranger ; ce n’est pas un mal, puisque cela ne l’empêche ni de bien regarder ni de juger.
Étant à Alcala, où on l’avait envoyé pour le bon air, il eut envie, quoique en général il fût assez peu porté pour les femmes, de rencontrer la fille du concierge qui était à son gré et qu’on voulait l’empêcher de voir.
Je ne puis cependant m’empêcher, dans ce personnage de d’Albert qui est son René à lui, de noter ce touchant passage de la confession à son ami d’enfance Silvio, lorsque, déplorant la forme de corruption précoce et profondément tranquille, qui lui est survenue et qui lui est propre, il lui rappelle avec une sorte de vivacité attendrie le court éclair de leur pure et commune adolescence : « Te souviens-tu de cette petite île plantée de peupliers, à cet endroit où la rivière forme un bras ?
Il eût suffi, en cet endroit, d’un goût littéraire plus sévère et plus vrai pour empêcher Mme Roland de se laisser aller à une phrase, à une simple inadvertance déclamatoire, qui ressemble à un manque de tact moral.
Les patriotes se persuadaient que le côté droit voulait l’empêcher, C’étaient des cris, des gestes de commandement et le piétinement usité dans les grandes occasions.
Cette vogue usurpée, imméritée, presque inexplicable, du Roman de la Rose, et l’imitation à satiété qui en fut la conséquence, jetèrent l’esprit français dans une route de traverse où il s’empêcha et s’empêtra durant près de deux siècles.
. — Il y aura bien toujours cette légère inconséquence que Du Bellay, qui se moquait ainsi des vers latins faits par des Français, et qui devançait dans cette voie Boileau, ne put s’empêcher toutefois de célébrer Salmon Macrin, qu’on appelait le second lyrique après Horace ; et lui-même il finit par payer son tribut au goût du siècle en donnant un livre d’Élégies latines, fort élégantes, ce nous semble, et fort agréables.
Une personne grave et peu habituée aux comparaisons poétiques, qui avait en ce temps l’occasion de le voir avec ses sœurs sous l’aile de la mère, ne pouvait s’empêcher de comparer cette jeune famille aimable et d’un essor si naturel à une couvée de colombes.
Ce digne et naïf littérateur, lorsqu’il entendait plus tard retentir les succès bruyants, parfois contestés, de celui qui était devenu un homme, ne pouvait s’empêcher de dire avec componction : « Quel dommage !
Ce qui ne m’empêche pas de reconnaître, croyez-le bien, tout ce qu’il y a de naturel, de sincère et de bien vite pardonné dans ses perpétuels et affectueux retours à Sattendras ou à Longiron.
D’Andilly, dans ses Vies des Pères des Déserts, allait traduire Cassien et l’avait même déjà annoncé, lorsqu’il en fut empêché par les scrupules qu’on lui donna sans doute sur le semi-pélagianisme du solitaire trop indulgent.
Ce qui n’empêche pas qu’il ne nous faille travailler chacun à son jour, et faire vaillamment à son poste comme si tout devait durer et se finir.
Nommé au mois d’avril 91 ambassadeur extraordinaire à Rome en remplacement du cardinal de Bernis, la querelle flagrante avec le Saint-Siège l’empêcha de se rendre à sa destination.
dit Danton à l’exécuteur, tu n’empêcheras pas du moins nos têtes de se baiser tout à l’heure dans le panier.”
Il part, s’égare dans les bois, est pris par un parti de Muscogulges et de Siminoles ; il confesse hardiment, et avec la bravade propre aux Sauvages, son origine et sa nation : « Je m’appelle Chactas, fils d’Outalissi, fils de Miscou, qui ont enlevé plus de cent chevelures aux héros muscogulges. » Le chef ennemi Simaghan lui dit : « Chactas, fils d’Outalissi, fils de Miscou, réjouis-toi ; tu seras brûlé au grand village. » « Tout prisonnier que j’étais, je ne pouvais, durant les premiers jours, m’empêcher d’admirer mes ennemis.
La mécanique et le style Si la psychologie de Corneille n’est pas dramatique, cela n’empêche point que peu de gens aient eu à un plus haut degré le sens du théâtre : car il a admirablement masqué, ou mieux, admirablement utilisé sa psychologie.
Il se donna le tort pourtant de recourir à l’autorité pour empêcher la représentation de la comédie de Boursault.
De même que la Leuconoé aux inquiétudes ineffables, l’âme moderne, « consulte tous les dieux », non plus pour y croire comme la courtisane antique, mais pour comprendre et vénérer les rêves que l’énigme du monde a inspirés à nos ancêtres et les illusions qui les ont empêchés de tant souffrir.
» Ce qui n’empêche pas les contes de moines de revenir plus souvent qu’à leur tour, surtout de moines appartenant à l’ordre des cordeliers.
Pour ceux qui, soit meilleur goût, soit prévention contre le poète, pensaient que la France pouvait attendre encore, et qu’il valait mieux passer pour n’avoir pas la tête épique que de se tenir pour content de la Henriade, à grand’peine s’empêchait-on de les appeler mauvais citoyens.
Les autres sciences ont également des principes et cela n’empêche pas qu’on doive les appeler expérimentales.
Verlaine, froissé de ces procédés qu’il jugeait, à tort ou à raison, injurieux pour la mémoire de son ami, m’avait prié d’intervenir auprès de Baju pour qu’il s’en abstînt désormais, ce qui n’empêcha pas ce dernier de continuer — en l’absence de sonnets où il était incompétent — à émailler la revue d’annonces fantaisistes sur le grand disparu.
Je ne saurais m’empêcher tout au moins de vous nommer les poètes qui, autour de Paul Verlaine et de Stéphane Mallarmé, nous ont donné durant quinze ans une belle et riche période de Poésie individuelle et idéaliste.
Alors même qu’il saurait l’énigme insoluble, on ne pourrait l’empêcher de s’agacer et de s’user autour d’elle.
bâties de pièces incongrues, arrachées aux démolitions de la grande ville ; ce qui n’empêche pas qu’au milieu de ces tristes cabarets de barrière, de ces maisons qu’on dirait abandonnées ou hantées par le mal, éclatent tout à coup, par endroits, un champ de verdure qui vous sourit, de fraîches cultures que n’atteint pas la vulgarité environnante ?
Sous, la Révolution, la crise où se débattait la France empêcha d’établir quoi que ce fût de régulier.
La cour de Rome intervient pour empêcher la vente de la Henriade coupable de flétrir la Saint-Barthélemy et de célébrer Coligny, un huguenot.
Et à ce héros de l’esprit les ailes étaient liées ; de misérables obstacles empêchaient son vol céleste et l’enchaînaient à terre !
Au-dessus de cette matière de divinités informes, pesaient, comme pour les empêcher d’éclore, des Puissances aveugles, immémoriales, engourdies, à demi plongées dans le trouble des éléments et l’ombre des causes.
Il ignore le nom de sa maîtresse, et une sorte de pudeur sévère l’empêche de regarder de trop près dans cette partie de sa vie.
L’enfant, dès l’âge de six ans, eut à supporter bien des gênes et des taquineries de la part de ses jeunes cousins avec qui on le faisait élever ; paresseux et joueurs, ils s’entendaient pour l’empêcher de satisfaire l’indomptable amour de la lecture et de l’étude qu’il avait apporté en naissant ; car il eut, pour ainsi dire, cette passion dès la mamelle.
[NdA] Sa surdité presque complète ne l’avait nullement empêché, durant des années, de suivre la représentation de ses pièces : il n’en perdait presque rien, et disait même qu’il n’avait jamais mieux jugé du jeu et de l’effet que depuis qu’il n’entendait plus les acteurs.
Mme de Caylus n’était qu’un peintre vrai, et qui ne pouvait s’empêcher, même en courant, de saisir les objets au vif, que l’objet fût Mlle de Jarnac avec sa laideur dans un si beau jour, ou que ce fût cette ravissante Mme de Lowœnstein, avec sa « taille de nymphe qu’un ruban couleur de feu relevait encore ».
Voltaire lui avait dit encore, en lui pronostiquant le plus bel avenir pour la philosophie : « Laissez faire, il est impossible d’empêcher de penser ; et plus on pensera, moins les hommes seront malheureux.
Puisque nous sommes en un jour de récréation, ne nous montrons pas trop sévère ; Choisy a des titres à l’indulgence : il fut plus frivole et léger que corrompu : il resta naturel au milieu de ses bizarreries les plus étranges ; il eut, à un certain jour, des sentiments sincères de piété qu’il tâcha de nourrir ; il fit tout, dans ses trente dernières années, pour devenir sérieux et grave, il ne put jamais s’empêcher d’être amusant et aimable.
Tout cela n’était qu’un prélude pour le rôle qu’elle devait jouer dans la seconde Fronde : « Je ne prévoyais pas alors, dit-elle, que je me trouverais dans un parti considérable où je pourrais faire mon devoir et me venger en même temps ; cependant, en exerçant ces sortes de vengeances, l’on se venge bien contre soi-même. » Ce petit mot de repentir final n’empêche pas Mademoiselle d’être très fière et très glorieuse de ce qu’elle fit en 1652, quand elle put à la fois obéir aux ordres de son père et se livrer à ses instincts d’aventure.
Que ta manne, en tombant, étouffe le blasphème ; Empêche de souffrir, puisque tu veux qu’on aime ; Pour qu’à tes fils élus, tes fils déshérités Ne lancent plus d’en bas des regards irrités.
Dans ses Mémoires, où l’homme d’esprit, l’homme de tenue et de bon ton a recouvert les fautes du personnage politique, il est convenu lui-même de quelques-uns de ces torts : « La Fayette, dit-il, eut des torts avec Mirabeau, dont l’immoralité le choquait ; quelque plaisir qu’il trouvât à sa conversation, et malgré beaucoup d’admiration pour de sublimes talents, il ne pouvait s’empêcher de lui témoigner une mésestime qui le blessait. » Il est bon que ceux qui mettent la main aux affaires publiques et aux choses qui concernent le salut des peuples le sachent bien, les hommes en face de qui ils se rencontrent, et qui souvent sont le plus faits pour être pris en considération, ne sont pas précisément des vierges, et il n’est pas de plus grande étroitesse d’esprit que de l’être soi-même à leur égard plus qu’il ne convient.
« Les minutes des empires, dit-il magnifiquement, sont des années de l’homme… Quand je songe que la postérité dira peut-être : Cet ouragan ne dura que trente ans, je ne puis m’empêcher de frémir. » Au reste, pour caractériser Bonaparte et l’espèce de mission providentielle temporaire qu’il lui reconnaît, M. de Maistre ne trouve jamais que de hautes et belles paroles.
On applaudit à ces honorables sentiments et à ces justes principes ; on sourit pourtant en songeant à l’ami de Mlle Clairon, de Mlle Navarre et de tant d’autres, et à ces confidences tardives et embellies qu’il ne pourra s’empêcher bientôt d’en faire à ses enfants.
Il y a tant à dire sur La Harpe que je ne puis m’empêcher d’en venir reparler encore.
Il dut croire en avoir rendu un bien réel pour cet acte de vigueur qui avait empêché la dispersion et le sacrifice inutile de braves gens.
Tout cela tenait en haleine le monde parisien, et l’empêchait de s’endormir sur le Beaumarchais jusqu’à la première représentation du Barbier de Séville.
Ce qui tempérait l’effet de ces brusqueries et les empêchait de tourner autant qu’elles auraient pu contre celui qui se les permettait, c’est qu’il s’y mêlait de la gaieté, de la jovialité, et (je demande pardon du mot) un peu de turlupinade.
Selon Guyau, le moyen de renouveler et de rajeunir l’art, c’est d’introduire sous les sentiments mêmes les idées, car l’idée est nécessaire à l’émotion et à la sensation pour les empêcher d’être banales et usées. « L’émotion est toujours neuve, prétend V.
Ce qui ne l’empêche pas de s’occuper de vous, spectateur ou lecteur, de vous faire de la morale, de vous donner des conseils, et d’être votre ami, comme le premier bonhomme La Fontaine venu, et de vous rendre de petits services.
L’acceptation de l’oppression par l’opprimé finit par être complicité ; la couardise est un consentement toutes les fois que la durée d’une chose mauvaise qui pèse sur un peuple et que ce peuple empêcherait s’il voulait dépasse la quantité possible de patience d’un honnête homme ; il y a solidarité appréciable et honte partagée entre le gouvernement qui fait le mal et le peuple qui le laisse faire.
Si d’ailleurs il y avait lieu d’espérer que l’on pût par quelque moyen empêcher les hommes de penser de telle ou telle manière, s’il y avait quelque procédé sûr de maintenir les esprits dans cet état d’obéissance que l’on regarde comme si souhaitable, je comprendrais à la rigueur qu’on l’essayât ; mais depuis que le flot du libre examen a fait irruption dans la science, dans la société, dans la religion, il a marché sans cesse de progrès en progrès : il a pénétré de couche en couche dans toutes les classes, il a gagné les contrées les plus rebelles à sa puissance ; il n’existe aucune force capable de le contenir et de le refouler ; les pouvoirs qui commencent par marcher contre lui se voient ensuite contraints de marcher avec lui.
— On s’occupe du droit romain dans toutes ses branches, droit qui n’a presque aucun rapport avec le nôtre ; en sorte que celui qui vient d’être décoré du bonnet de docteur en droit est aussi empêché, si quelqu’un lui corrompt sa fille, lui enlève sa femme ou lui conteste son champ, que le dernier des citoyens.
Cela n’empêcherait pas mon bottier de me dire — parce que j’ai la figure longue, — que moi, Périgourdin, j’ai le type anglais ;-et mon tailleur, de vouloir me convaincre que je commis une erreur en ne naissant pas à Bruxelles !
Les règles ne sont destinées qu’à être le frein du génie qui s’égare, et non le flambeau du génie qui prend l’essor ; leur unique usage est d’empêcher que les traits vraiment éloquents ne soient défigurés par d’autres, ouvrages de la négligence ou du mauvais goût.
I Il est une tendance et presque une École que la critique ne peut s’empêcher de signaler, c’est le bourgeoisisme en histoire.
Si la timidité native de son esprit l’empêche quelque fois de conclure aussi ferme qu’il le pourrait du livre à l’écrivain, du système à l’homme, l’auteur de l’Histoire de la Littérature sous la Restauration voit cependant le mal toujours et le plus souvent il le signale.
Je ne m’aventurerai pas sur ce terrain ; je ne puis cependant m’empêcher d’attacher quelque importance aux observations recueillies avec un si infatigable zèle par la Society for psychical Research.
De même, la diversité des politiques préconisées n’empêche pas les libéraux et leurs adversaires, d’invoquer, les uns comme les autres, ces mêmes prescriptions.
L’armature est plus ou moins dissimulée ; ordinairement, tout à fait invisible ; mais c’est elle qui empêche la dislocation, quand surviennent les accrocs, les secousses, les tempêtes imprévues, quand l’étoffe des sentiments se déchire et que se fend la devanture des devoirs ou des grands principes. […] Mais nulle force, dans le monde, ne m’empêchera de clamer et de proclamer que voilà une idée qui n’est pas bête. […] … ne pus-je m’empêcher de crier avec enthousiasme. […] Par le mariage — c’est-à-dire par l’organisation de la richesse et la transmission de la propriété — tes lois civiles restreignent, empêchent la libre expansion de l’amour : elles tuent, en combien d’êtres humains, le germe de vie ; donc elles accomplissent une œuvre de mort. […] … Au lieu d’interdire par à-coups et sans raison, des pièces d’une haute portée sociale, comme Ces Messieurs, de Georges Ancey (je cite Ces Messieurs, parce qu’on pourrait croire que je fais allusion aux Avariés), pourquoi ne serait-elle pas quelque chose comme un tribunal qui empêcherait qu’on portât la main sur nos grands écrivains, aux œuvres desquels on n’a pas le droit de toucher, précisément parce qu’elles appartiennent à tous ?
Les Grecs semblent, d’ailleurs, avoir toujours eu une morale sexuelle fort vague, ce qui ne les a pas empêchés de faire une certaine figure dans l’histoire. […] Il y eut là, au seul point de vue intellectuel, un effort considérable d’abstraction qu’on ne peut s’empêcher d’admirer quand on regarde froidement fonctionner la machine cérébrale. […] Ainsi les feuilletonistes ont réussi à empêcher l’acclimatation en France de l’œuvre d’Ibsen ; ainsi les drames en vers, œuvre d’imitation par excellence, réussissent maintenant jusque sur les théâtres du boulevard ! […] Le peuple a une certaine conscience de son incapacité à se conduire et il est assez probable qu’il accepterait avec plaisir, en même temps qu’une loi qui l’empêcherait de se soûler, une loi qui le protégerait contre la syphilis. […] Aucunes lois n’empêcheront ni une femme bavarde de parler, ni une femme lascive de chercher des amants.
Le caractère spécial, désintéressé, de l’activité esthétique n’empêche pas évidemment que l’œuvre d’art puisse servir à des desseins déterminés d’ordre moral, social, pratique. […] Mais cela ne l’empêche pas de critiquer l’invention mélodique et harmonique de Wagner ! […] Mais cette impossibilité ne doit pas nous empêcher de reconnaître le caractère spécifiquement musical du génie de Wagner. […] Ce qui ne l’empêche pas de nous donner ailleurs, sur les mêmes maîtres et d’autres, des aperçus d’une subtilité et d’une grâce enchanteresses. […] Ce qui n’empêche pas Nietzsche de rencontrer, à tout propos, des vues justes.
Mais aucune des critiques auxquelles Chateaubriand peut donner matière n’empêcheront qu’il n’ait pris à notre époque l’initiative la plus hardie et la plus féconde. […] Ces périls, ces dangers, ces atteintes, ces éclipses, ces pièges, je les reconnais, je les dénoncerais au besoin dans l’œuvre de Chateaubriand ; je ne puis cependant m’empêcher de proclamer cette mélancolie de nos pères légitime à son heure et d’en glorifier le règne éphémère dans les œuvres durables qu’elle a produites. […] Les trois quarts du temps il ne dépasse pas la cuvette ou la table, mais si vous alliez empêcher de surgir un demi-dieu de l’art ! […] Les Ballades joyeuses de Banville n’ont pas empêché les Exilés ; les Chansons des rues et des bois n’ont rien enlevé aux Contemplations, et le Bouilhet des « Stances à M. […] Déjà leurs habitudes de bien-être, l’élégance de leurs toilettes suffiraient pour empêcher nos étudiants de se mêler à la vie de nos ouvriers.
Si le romancier expérimental marche encore à tâtons dans la plus obscure et la plus complexe des sciences, cela n’empêche pas cette science d’exister. […] Si Claude Bernard confesse que la complexité des phénomènes empêcheront [sic] longtemps de constituer la médecine à l’état scientifique, que sera-ce donc pour le roman expérimental, où les phénomènes sont plus complexes encore ? Mais cela n’empêchera pas le roman d’entrer dans la voie scientifique, d’obéir à l’évolution générale du siècle. […] Qu’est-ce donc qui a empêché M. […] quand on a décrit, avec les raffinements du reportage, la pissotière de M. de Germiny, on n’a plus le droit d’empêcher les amoureux de nos romans de s’aimer librement sous le clair soleil !
Une loi fait que la réflexion dérive de l’action empêchée. […] … Ces inventions de nos Muses tardives N’empêcheront jamais les races maladives De rendre à la jeunesse un hommage profond, dit-il en des vers remarquablement plats. […] Ainsi Pascal, réfléchissant sur l’art d’agréer, savait bien que convaincre autrui, besogne fragile, est souvent l’empêcher te se convaincre. […] Le vers pour lui porte son trait le plus divin dans son caractère définitif (ce qui ne l’empêchait pas de corriger fréquemment les siens dans les éditions nouvelles) « mot total, neuf et comme incantatoire » il l’emporte par la durée sur les mots isolés qui vieillissent, ou mieux il leur communique sa durée tant que subsiste la langue. […] L’intention dérisoire de ces lignes n’eût pas empêché Mallarmé, s’il avait assisté à sa nécrologie, d’y reconnaître à peu près exactement sa vision propre de la mort et l’idée même que pieusement, à propos de tous les disparus qu’il admira ou qu’il aima, il se plut, dans sa prose ou dans ses vers, à sculpter en hommage sur la porte de leur tombeau.
Langlade et Félix Gras23, — que M. de Pontmartin appelait le romantique provençal, — néanmoins le grand courant est encore fidèle aux principes acclamés à Fonsegugne : c’est l’honneur de Mistral, d’Aubanel et de Roumanille d’avoir su les maintenir en vigueur et d’avoir empêché les déviations déplorables qui ont ruiné nos écoles littéraires de 1830. […] Émile Zola, trouva la méthode expérimentale, ni les chroniqueurs Guillaume de Malmesbury, Henry de Huntingdon, Orderic Vital, ni Geoffroy de Monmouth, le fabuleux romancier, ni Robert Wace, son traducteur dans la langue de Thérould, ni Mandeville le voyageur, n’empêchèrent les bardes gallois de conserver leur popularité. […] Empêchons la jeunesse de voir l’œuvre de Manet. […] Pas un aveu dans le camp protestant, pas un mot dans les correspondances du temps qui implique d’une manière indiscutable la culpabilité de Coligny, Rien que les deux lettres de lui que je vais citer : celle où il écrit à la reine d’Angleterre pour lui annoncer la mort de son rival et la qualifie de chose d’importance ; celle qu’il écrit à Catherine, avec la hauteur de l’honnête homme, qui n’a pas à se justifier des accusations portées contre lui par un assassin : « Je dis qu’il ne se trouvera point que j’aye jamais recherché cettuy-là, ni d’autre, pour faire un tel acte ; au contraire, j’ai toujours empêché de tout mon pouvoir que telles entreprises ne se missent à exécution. […] En ce sens, Marius Bourrelly et La Sinso font peut-être œuvre plus utile que Roumieux, dont l’esprit est trop fin pour être goûté de tous, Roumanille que Mistral et Aubanel, ce qui n’empêche pas Mistral, Aubanel et Roumieux d’être des artistes beaucoup plus complets, et beaucoup plus intéressants pour nous, lettrés et critiques.
En vain un savant père s’efforce-t-il à nous dévoiler les trois vertus théologales sous l’emblème des trois Grâces, et les autres figures mystiques sous l’allégorie des nymphes de la fable : si l’obscurité de ce système symbolique n’empêchait pas même d’entrevoir l’ombre des saintetés qu’il explique avec tant de bonne foi, le ridicule des fictions du poème éclaterait plutôt que leurs beautés. […] La bienveillance que vous m’avez toujours témoignée m’encourage à me dépouiller devant vous de la fausse modestie qui embarrasse l’enseignement, et mon respect pour le public m’empêchera d’abuser jamais de votre complaisance favorable. […] Ces deux chants tiennent donc essentiellement au sujet que célèbre le poète ; mais ils renferment des incidents dont la suppression n’empêcherait pas que la fable restât en son entier ; et voilà proprement ce qu’on appelle des épisodes. […] N’est-ce pas, par miracle, que la vagabonde Angélique, quelque altière, quelque froide qu’elle soit, échappe au jeune défenseur qui, l’ayant délivrée d’un monstre marin, et emportant sur le dos de son hippogriffe cette moderne Andromède, aussi nue que l’antique, s’enflamme pour les charmes dévoilés qu’il tient en croupe, et ne peut s’empêcher de se tourner vers eux de temps en temps, et d’y lancer d’infidèles œillades qui la font trembler, jusqu’à la dernière crise où certain magique anneau la rend fort pudiquement invisible ? […] On sentirait combien la sensible dévotion des lecteurs resterait froissée, et leur amour de l’humble hiérarchie ecclésiastique scandalisé, si la dignité d’un prélat était obscurcie par un chantre, et si la discorde, assise sur son banc, empêchait à la fin que la paix régnât dans les saintes chapelles.
Il a fait la critique des obstacles, c’est-à-dire il s’est attaché à montrer l’inanité, la puérilité, l’absurdité ou la malfaisance de tout ce qui, dans les institutions humaines et dans les opinions humaines, contrariait ou contredisait l’optimisme, empêchait l’homme de vivre en liberté, en gaîté, en force, en héroïsme et en beauté. […] Songeant, bien vaguement, à cela, mais en tout cas ne songeant pas à autre chose, elles ne peuvent penser qu’à assurer à tous les hommes une vie excellemment médiocre, une petite vie humble et restreinte, qui ne gêne pas, qui n’empiète pas, qui ne se déploie pas, une vie telle que chacun, très rétréci et comprimé, n’empêche point les autres de naître d’abord, et d’avoir, eux aussi, chacun sa petite place, sa petite case, son tout petit champ d’évolution. […] » Les sociétés modernes, et depuis une antiquité assez reculée elles sont modernes, sont donc de soi antinietzschéennes ; et Nietzsche ne peut pas s’empêcher d’être un peu antisocial et surtout de le paraître. […] Et qui ne voit que cette invention de tout un monde surnaturel pour expliquer la morale, ou pour la fonder, ou pour empêcher qu’elle ne paraisse absurde, est tout simplement une transposition et une projection artificielles. […] Et, pour le dire entre nous et dans mon cas particulier, je ne veux me laisser empêcher ni par mon ignorance, ni par la vivacité de mon tempérament, d’être compréhensible pour vous, mes amis, bien que ma vivacité me force, pour pouvoir m’approcher d’une chose, de m’en approcher rapidement.
De sorte qu’il y aurait de l’injustice à rendre Balzac responsable de ce qu’il a redouté, de ce qu’il a déconseillé, de ce qu’il aurait voulu combattre et empêcher. […] La politesse n’empêcha point Wolf d’être furieux : neuf ans plus tard, il abominait encore « ces gens qui l’accusaient d’avoir repris à son compte les inepties démodées de quelques Français ». […] J’y plaçai l’idole de mon cœur, après avoir pris soin de l’envelopper de tous mes habits, pour empêcher le sable de la toucher. […] Quant à leur amour, il ne les empêche pas d’aller chacun de son côté, dès qu’ils sont descendus à Biloxi. […] Le poète Rustique a trop de vertus pour se plaire aux vanités du monde ; les apaches ont un entrain qui les empêche de se plier au bel usage.
Et si on ajoute à cette admiration que cet interprète si intelligent, si fidèle et si éloquent, décrit, parle et chante dans une langue aussi divine et aussi harmonieuse que sa pensée ; si on ajoute que cette langue cadencée et transparente comme les vagues et comme l’éther dont il est entouré dans ses paroles rythmées, l’ordre logique des idées, le nœud puissant et serré du verbe qui relie en faisceau la phrase, la clarté du plein jour sous un soleil d’Orient, la force de l’expression, la délicatesse des nuances, la saillie du marbre, la vivacité des couleurs, la sonorité des armures d’airain dans le combat, des vagues de la mer dans les cavernes du rivage, le sifflement de la tempête dans les vergues et dans les voiles, le susurrement du zéphire dans les brins d’herbe ou dans les feuilles des forêts, enfin jusqu’aux plus imperceptibles palpitations du cœur dans la poitrine des hommes, on reste confondu, en présence d’un tel prodige d’expression, de tout ce que les sens perçoivent, de tout ce que l’âme sent et pense, et l’on se demande par quel étrange phénomène le plus ancien des poètes en est en même temps le plus parfait, par quel contresens apparent le génie poétique de la Grèce sort des ténèbres le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre à la main ; et on ne peut s’empêcher de se récrier sur le blasphème ou sur la cécité de ceux qui préconisent notre vieille jeunesse au détriment de cette jeune antiquité. […] Combien je regrette que l’étendue trop considérable de ce chef-d’œuvre m’empêche de vous le traduire en le commentant ici !
M. de Talleyrand méprisait les hommes, cela peut être vrai ; il les jugeait d’après un type personnel qui n’était ni celui de la vertu publique ni celui du dévouement à un parti ; mais, tout en les méprisant, il les conseillait sagement, dans son intérêt d’abord, dans leur intérêt ensuite ; ce conseiller souple, mais sincère, n’aurait pas empêché Bonaparte d’user de sa fortune, mais il l’aurait empêché d’en abuser.
Elles veulent me combler de toutes sortes de cadeaux ; je les en empêche, je leur dis : Gardez donc votre argent ! […] « Le contentement qui enflait toutes mes voiles m’empêcha de voir les inextricables difficultés mises entre elle et moi par la vie si cohérente de la solitude de la campagne.
Et ce qu’il a exprimé, on ne peut s’empêcher de croire qu’il le découvrait en lui-même, en y descendant jusqu’au fond. […] Romancier, il était fort empêché et se chargeait lui-même de prohibitions et de chaînes.
Il remarquera qu’ils se cherchent, se poursuivent, jusqu’à ce qu’ils en viennent aux mains ; qu’il n’y a point de muraille qui les empêche de se joindre ; que des passions tragiques, une fois aux prises, veulent en finir : voilà l’unité de temps et l’unité de lieu. […] Racine a-t-il donc pensé à ceux que la maladie, l’éloignement, la pauvreté peut-être, empêcheraient d’assister à ces nobles fêtes de l’esprit ?
L’une d’elles, en manquant de respect, tout bas, très fort à sa mère, qui veut l’empêcher de boire du champagne, me conte sa première passion de couvent, son premier amour pour un lézard qui la regardait avec son œil doux et ami de l’homme, un lézard qui était toujours en elle et sur elle, et qui passait, à tout moment, la tête par l’ouverture de son corsage pour la regarder et disparaître. […] Il contait que son élève devenu avocat, avocat très peu occupé, avait fait un poème, intitulé : « L’art de cracher et de se moucher. » Sur ce, la sœur de Robespierre craignant qu’il ne perdît le peu de clients qu’il avait, s’il publiait son poème, allait trouver Isnard, et lui demandait un moyen pour empêcher la publication.
Charpentier, élu à l’Institut, son épée d’académicien, je n’ai pu m’empêcher de rire, une fois de plus, tant le contraste est comique entre l’idée d’académicien et l’idée d’épée à rigole pour le sang. […] Pourquoi empêcher un malade d’aller vers la source où il a mis sa foi ?
Jamais, à la vérité, il n’en vint à lui dire avec une froide vanité ces mots blessants, ces mots cruels que les hommes les meilleurs ne peuvent s’empêcher de prononcer en ces moments d’emportement : « Vois-tu, je t’avais bien dit d’avance ce qui arriverait. » Mais il lui reprocha vivement son indifférence envers Viéra, et enfin le décida à se rendre près d’elle et à lui demander si elle était souffrante. […] Il se rendit à cet ordre, non sans inquiétude, et dès qu’elle le vit apparaître : « Dis-moi, s’écria-t-elle, ce que c’est que ce chien qui a aboyé toute la nuit et qui m’a empêchée de dormir. […] Étienne, qui connaissait cette habitude et qui attendait ce moment, se précipita sur la chienne comme le vautour sur un poulet, la serra contre le parquet, puis, l’étreignant sur sa poitrine pour l’empêcher de crier, descendit l’escalier sans regarder s’il était suivi, s’élança dans un drochky et se fit conduire au marché.
Mais cette constatation ne nous empêchera pas de goûter à la beauté de ces vers de Mme Delarue-Mardrus : Été ! […] Si, en lisant les poèmes de Renée Vivien, on ne peut s’empêcher de songer à Baudelaire, par cette perversité voulue et par cette sérénité et cette perfection, voulues aussi, de la forme, quelques subtilités sentimentales plus actuelles nous rappellent Verlaine, le Verlaine qui chanta les Amies. […] Elle parle à l’amour, qui est nu devant elle, et elle s’écrie : Quand vous nous imposez vos farouches élans, Lorsque vous nous brisez sous le grand poids de vivre… Mais pour nous empêcher d’être à vous, de vous suivre, Il faudrait qu’on changeât la forme de nos flancs !
Tantôt il l’imagine nécessaire et immuable, puisque toute la supériorité de Jupiter ne va qu’à prévoir avec douleur des événemens qu’il ne peut empêcher : tantôt il l’imagine variable et dépendante ; puisqu’il avance en plusieurs rencontres, que l’ordre du destin couroit risque alors de demeurer sans exécution, ce qui étoit arrivé quelquefois, comme il lui échappe de le dire positivement. […] " Othryonée, vous serez le plus brave de tous les hommes, … etc. " la raillerie me paroît aussi froide que mal placée, et je ne puis m’empêcher de dire, à cette occasion, que les héros d’Homere sont de fort mauvais railleurs ; ils ne disent jamais rien en ce genre d’ingénieux ni de bien choisi. […] Je me suis du moins affermi dans ces pensées, par le plaisir que cet endroit m’a paru faire à ceux qui l’ont entendu. à l’égard des défauts, je n’ai pas cru devoir retrancher ceux qui ne s’apperçoivent que par la réflexion, et qui ont au premier aspect de l’éclat et de la beauté ; le poëme s’accommode assez de ces défauts-là, et ils n’empêchent pas qu’on ne réussisse ; parce que le lecteur une fois touché, ne se demande gueres à lui-même, s’il a assez de raisons de l’être.
L’image consiste à desserrer l’écrou qui empêchait, sur un point donné, le monde de couler. […] Dans l’Ame et la Danse, Valéry fait dire à Eryximaque : « La raison, quelquefois, me semble être la faculté de notre âme de ne rien comprendre à notre corps. » La Jeune Parque figure un effort poétique pour écarter cette raison, cette facile intelligibilité qui nous empêche de comprendre le corps, de poser frais et nu le problème du corps. — Psychologique en un sens tout à fait opposé à celui que le théâtre, le roman, le langage courant donnent à ce mot lorsqu’ils en font l’épithète d’« analyse ». […] Il m’arriva un jour de voir assez clairement en Valéry comment un de ces « germes de personne » fut favorisé par l’occasion, mais plus favorisé encore fut le poète qui sut l’empêcher d’être pour lui-même, le gober dans l’œuf, et s’en nourrir.
Je les raconte, je les répands sur tout ce qui m’environne, et je retrouve partout le même étonnement de cette activité de bienfaisance envers un étranger, un inconnu, à qui son âge et sa situation ne permettent plus ni d’empêcher le mal, ni de reconnaître le bien qu’on voudrait lui faire. […] Je trouve vos raisons bien mauvaises pour ne pas venir ici, ou plutôt je voudrais que rien ne pût vous en empêcher. […] Mais Fauriel trouve que la question était susceptible d’une solution contraire ; il lui semble « que toutes les causes de la Réformation, renforcées et multipliées par quelques excès de plus dans l’exercice de l’autorité papale, et surtout par un degré de plus d’instruction et de lumières, degré que, d’après les données essentielles de la question, nul obstacle ne pouvait empêcher, il lui semble, dit-il, que toutes ces causes, pour avoir agi un peu plus tard, n’en eussent agi que d’une manière plus générale et plus complète. » En un mot, l’esprit humain, irrité du retard, eût très-bien pu, selon lui, sauter à pieds joints sur la Réformation pour arriver d’emblée en pleine philosophie. […] Si utile que le savant maître ait été dans cette dernière fonction, il y a lieu de regretter sans doute qu’elle l’ait empêché de mener à fin la grande entreprise historique de toute sa vie.
Le transcendantalisme en est illusoire, en ce qu’elle est toute mêlée de matière, et c’est là ce qui nous la rend si obscure ; car nous nous évertuons péniblement à comprendre comme rationnels des concepts qui sont en réalité un confus mélange de matériel et de rationnel, et où se sent le vain effort d’une réflexion souvent puissante, mais empêchée dans ses démarches par l’obsédante vapeur des impressions animales, pour arriver aux aperçus abstraits et dominateurs, aux claires généralisations qu’elle cherche. […] « L’impossibilité d’atteindre aux êtres réels me jeta dans le pays des chimères ; et, ne voyant rien d’existant qui fût digne de mon délire, je le nourris dans un monde idéal, que mon imagination créatrice eut bientôt peuplé d’êtres selon mon cœur… Dans mes continuelles extases, je m’enivrais à torrents des plus délicieux sentiments qui soient jamais entrés dans un cœur d’homme. » Chose étrange, ou plutôt trop compréhensible, que le chimérique et dangereux idéal de l’amour romantique soit sorti des rêveries de ce poète quelque peu empêché parmi les réalités de l’amour naturel ! […] Cela n’empêchera pas ma description d’être vraie dans l’ensemble, d’exprimer une disposition réelle, habituelle, dominante des êtres, de reposer sur la subtile, mais efficace parenté d’esprit qui existe entre un Montaigne, un Fénelon et un Montesquieu, de rendre le type commun et familier que ces grands hommes nous offrent en son efflorescence supérieure et animée de génie. […] * * * Et cependant, cette synthèse correspond à une réalité que l’auteur russe a puissamment sentie d’instinct, à ce qu’il me semble, plutôt qu’il ne s’en est rendu compte à la réflexion, ce qui l’a empêché de la bien traduire.
On est entré dans un génie vaste où les pas résonnent sur les dalles d’écho en écho : la multiplicité des sons pourrait empêcher qu’on ait bien entendu ce que des voix disent tout bas derrière les piliers. […] Fontainas des traces d’un emploi heureux de l’allitération et de la répétition ; il use encore avec modération de ces artifices, souvent nécessaires, car l’assonance intérieure, par exemple, facilite singulièrement l’expression du rythme ; elle est des plus légitimes dans le vers de douze syllabes, alors que l’écartement des finales empêche les rimes de donner toute leur sonorité. […] Tout cela ne m’empêche pas de reconnaître le talent très particulier de Jehan Rictus. […] Tous ces détails, que les gens graves de l’an 1855 taxaient d’enfantillages, ne les empêchèrent pas de dégager les premiers le véritable rôle de la reine et de montrer que tous les fils venaient se nouer autour de ses doigts fins et redoutables.
Je ne pus m’empêcher de lui tendre ma main. — Il parut étonné ; il la prit et la pressa avec force. […] Fressermann avait les dents mauvaises, et il souffrait parfois de névralgies insupportables, ce qui ne l’empêchait pas de faire son service avec une louable ponctualité. […] En écrivant ce nom, je ne puis m’empêcher de penser à l’inconvénient que comporte souvent l’honneur d’être de la famille d’un homme illustre. […] Ses haillons, sa barbe inculte donnaient à ce malheureux un aspect si repoussant que je ne pus m’empêcher de lui dire : « Vous êtes condamné d’avance, soyez-en certain, si vous vous présentez demain dans cet état devant le jury. — Que faut-il donc faire, monsieur l’avocat ? […] On devait y viser quelque peu au bel esprit ; Mérimée ne s’en défend pas, ce qui ne l’empêche pas de nous montrer se profilant déjà dans l’ombre la statue du Commandeur.
N’empêche qu’ils affectionnent tous des altitudes d’emphase, espagnoles, italiennes, de perspective théâtrale. […] À vrai dire ces Jeunes, s’ils avaient eu le temps de rendre, comme on dit, la pareille au plaisantin, eussent été bien empêchés : on ne parodie que ce qui existe et je défie M. […] Il y eût fallu un cerveau plus métaphysique, une imagination plus joyeuse, une sensibilité moins empêchée de piqûres d’épingle. […] Theuriet pour de jolis sentiments de nature, — aussi peut-être pour la calmante conception générale de ses œuvres qui sont les dialogues épiques de la Ville et des Champs : l’amoureux est rustique, l’amoureuse, citadine : de là les poignants drames d’amours empêchées ou troublées par le conflit des préférences. […] Cela ne l’empêche pas d’être, à d’autres heures, frénétiquement gai, plus tard dans la nuit.
Il y a des écrivains qui croient que leur supériorité seule les empêche d’écrire dans les journaux. […] Mais il l’écarte avec son épée pour l’empêcher de boire. […] Rien n’empêcherait de philosopher longtemps sur les tentatives de ce genre. […] Je ne puis m’empêcher pourtant de trouver qu’il est trop indulgent pour Constantin, bien qu’il le soit moins que M. le duc de Broglie. […] Elle n’empêcha pas la barbarie et la longue rudesse des sociétés nouvelles.
Il visite l’abbaye, le trésor « où il y a bien du galimatias et de la badinerie », dit-il ; puis les tombeaux des rois « où je ne pus m’empêcher de pleurer voyant tant de monuments de la vanité de la vie humaine ; quelques larmes m’échappèrent aussi au monument du grand et bon roi François Ier, qui a fondé notre Collège des professeurs du roi.
Toutes les charges de sa maison sont vacantes ; il n’y a plus ni grandeur ni dignité ; son avarice et son incertitude en sont cause ; il n’est magnifique qu’en secrétaires dont il a dix-huit ou vingt : il est tout le jour enfermé, sous je ne sais combien de verrous, avec quelqu’un de ses secrétaires ; et ceux qui ont affaire à lui, après avoir cherché longtemps, trouvent à peine dans une garde-robe quelque malheureux valet de chambre, qui souvent n’oserait les annoncer ; si bien qu’ils sont des deux et trois mois sans lui pouvoir parler ; sa femme et ses enfants n’oseraient pas même entrer dans sa chambre qu’il ne leur mande… Tout est mystère à l’hôtel de Condé, et rien n’y est secret… Il a des biens immenses et Chantilly, c’est-à-dire la plus belle demeure du monde ; il trouve le moyen de ne jouir de rien de tout cela et d’empêcher que personne n’en jouisse… Il aime mieux y vivre sans aucune considération que d’assembler le monde et les plaisirs dans des lieux enchantés où il serait avec dignité.
Cela n’empêchait pas le farouche d’avoir de temps en temps des retours, des caprices de civilisation ; il s’y montrait d’autant plus aimable, — surtout avec les femmes.
D’ailleurs, son revirement est aussi singulier et aussi brusque ; mais le roi ne peut s’empêcher d’en faire la remarque et de s’en étonner, ce à quoi on n’avait pas songé dans la Chronique.
Quoique je me sois interdit tout rapprochement avec les auteurs français, je ne puis m’empêcher de transcrire la description d’un paysage semblable, que j’ai lue il y a quelques mois : « L’endroit était charmant ; le pré, doucement incliné vers l’eau, était tout parsemé de spirée-reine-des-prés, de grandes salicaires pourpres qui dépassaient princièrement la foule pressée des vulgaires plantes fourragères.
. — Le biographe de Rancé n’a pu s’empêcher de rappeler, à propos de ce voyage de Rome et de ce procès perdu, un autre voyage et une autre condamnation qui ont eu bien du retentissement de nos jours ; mais les moments, les situations, les intentions, diffèrent autant des deux parts que la conduite qui a suivi.
Reçu au Caveau en 1813, condamné à sa part d’écot en couplets, il ne put s’empêcher d’y porter sa curiosité et son imagination de style, sa science de versification, la richesse de son vocabulaire.
Elle devrait suffire à faire vivre le nom de Frédéric Monneron, à l’empêcher de tout à fait mourir.
Les coups d’encensoir obligés à M ousin ne vous ont pas empêché de lui donner71 sur les points qui sont précisément les essentiels.
Mais au fond c’était une nature soumise, non raisonneuse, altérée des sources supérieures, encline à la spiritualité, largement crédule à l’invisible ; une intelligence de la famille de Malebranche en métaphysique ; une de ces âmes qui, ainsi qu’il l’a dit de sa Cécile, se portent d’une ardeur étonnante de sentiments vers un objet qui leur est incertain pour elles-mêmes ; qui aspirent au bonheur d’aimer sans bornes et sans mesure, et s’en croient empêchées par les ténèbres des sens et le poids de la chair.
Ailleurs, de certaines barrières factices empêchent la confusion totale des diverses éducations ; mais lorsque le pouvoir ne repose que sur la supposition du mérite personnel, quel intérêt ne doit-on pas mettre à conserver à ce mérite tous ses caractères extérieurs !
La perte des affections les plus chères n’empêche pas de sentir jusqu’au plus faible tort de l’ami qu’on aimait le moins.
Écartons les obstacles qui l’empêchent de se parfaire.
Mais c’est la raison cartésienne, dominatrice et directrice de l’âme humaine, dont elle règle toutes les facultés sans en empêcher aucune : c’est celle qui, par essence, distingue le vrai du faux.
Le dit de l’outillement au vilain 86 nous fait défiler sous les yeux tout ce qui compose un ménage rustique, jusqu’à la vache dont le lait empêchera le marmot de crier la nuit.
Cette fantasmagorie ne vaut guère mieux que les tigres de carton que les Chinois plaçaient sur leurs forteresses pour empêcher nos gens de donner l’assaut.
Elle diminuera la part du mal inévitable ; elle l’empêchera du moins de s’aggraver jusqu’au point où les remèdes meurtriers sont nécessaires et où les nations ont à jouer leur vie pour la sauver.
Je n’empêche pas qu’un autre n’analyse longuement les dépêches et qu’il n’entrecoupe le récit par des extraits ; — mais alors il fait une histoire diplomatique ; — qu’il ne s’étende sur les dissensions intérieures de la Hollande et sur la fin tragique des De Witt ; mais c’est entreprendre sur l’histoire de la Hollande ; — qu’il ne raconte au long les combats qui en si peu de jours mettent la Hollande aux abois, et la forcent à se noyer pour se sauver ; — mais ce sont là des mémoires militaires.
Il le disait avec agrément : « La géométrie est ma femme », et il reprochait à ceux qui l’attiraient vers les lettres de l’empêcher de se remettre en ménage.
. — Oui, mais c’est l’expérience qui nous a appris les lois du mouvement d’un solide invariable ; rien n’empêcherait d’imaginer qu’elles fussent différentes.
Quant aux passions, qui tiennent trop du corps, elles sont condamnées comme des causes d’erreur et d’achoppement : ce sont elles qui empêchent l’homme d’aller droit au vrai et au bien.
Tout au moins entend-il se faire payer sa retraite, et il menace Clorinde de tuer Fabrice, en trois temps, au moyen d’une botte infaillible, si elle l’empêche de réclamer, en son nom, le pot-de-vin du départ.
Buonaparte l’aurait pu dompter en l’écrasant, en l’envoyant mourir sur les champs de bataille, en présentant à son ardeur le fantôme de la gloire, afin de l’empêcher de poursuivre celui de la liberté ; mais nous, nous n’avons que deux choses à opposer aux folies de cette jeunesse : la Légitimité escortée de tous ses souvenirs, environnée de la majesté des siècles ; la Monarchie représentative assise sur les bases de la grande propriété, défendue par une vigoureuse aristocratie, fortifiée de toutes les puissances morales et religieuses.
Distraction venue à temps et qui nous empêche de songer au retardement de notre roman dans La Presse.
Dans un retour triste sur mon frère, je ne peux m’empêcher de dire à Lafontaine, rencontré dans un corridor : « Ce n’est pas le public d’Henriette Maréchal. » Tout est accepté, claqué, et seuls, au dernier tableau, deux ou trois coups de sifflet, timides, peureux : c’est toute la protestation dans l’enthousiasme général.
Se laver les mains est bien, empêcher le sang de couler serait mieux.
Il nous semble que ce qui empêche le plus de réussir, c’est la passion exagérée de réussir.
Des circonstances, inutiles à rappeler, suspendirent et semblèrent définitivement empêcher la réalisation d’un projet arrêté et qui a été réalisé depuis.
Mais c’est vrai que le travail et le labeur normal font les mœurs et les courages, sans lesquels rien n’est possible et d’où naissent les supériorités, et je reconnais, je salue tout ce qu’il y a de réel et de bienfaisant dans cet orgueil de classe, dans cette piété du travail manuel qui rattachent l’enfant à la stabilité et l’empêchent de se jeter aux courants rapides.
Le commandant observa que ce n’était pas le moment et qu’il ferait mieux de prendre ses dispositions. « Mon commandant, répondît l’autre, cela ne m’empêche pas de prendre mes dispositions et de me battre, et je me sens plus fort. » Alors, j’ai dit : « Mon capitaine, je fais comme vous, et moi aussi je m’en trouve bien. » (Lettres d’André Cornet-Auquier, distribuées à ses amis.)
Sans doute enfin l’univers matériel lui-même, défini comme la totalité des images, est une espèce de conscience, une conscience où tout se compense et se neutralise, une conscience dont toutes les parties éventuelles, s’équilibrant les unes les autres par des réactions toujours égales aux actions, s’empêchent réciproquement de faire saillie.
Platon dans le Criton a fait tenir par Socrate, sur le respect dû aux Lois et sur l’obéissance absolue due à la Loi, un très beau langage ; mais cela ne l’a pas empêché de se moquer du régime des Lois dans la Politique. […] Il faut empêcher en général tous les artistes « de nous donner soit en peinture, ou en architecture, ou en quelque autre genre que ce soit, des ouvrages qui n’aient ni grâce, ni correction, ni noblesse, ni proportions. […] La religion c’est : « Dieu vous regarde », et la métaphysique c’est : « regardez le monde » ; et sans doute ce n’est pas tout à fait la même chose ; mais il ne s’en faut pas d’autant qu’on pourrait croire, et à regarder le monde l’homme ne peut pas s’empêcher de croire qu’il en est regardé aussi et comme embrassé ; et son sentiment de solitude en diminue. […] L’homme est un être qui a été doué de la faculté de distinguer le juste de l’injuste et encombré d’une foule de passions qui l’empêchent de faire ce départ. […] Ils étaient donc vertueux par cette raison et aussi à cause de leur extrême simplicité qui les empêchait de se défier des discours qu’on leur tenait sur le vice et la vertu ; au contraire, ils y ajoutaient foi et y conformaient naïvement leur conduite.
Empêché un peu, sans doute, pour des raisons démographiques. […] Cela n’empêcha pas qu’au bout de dix minutes elle ne s’écriât : « J’ai compris ! […] L’introduction gréco-latine ne compte pas, le moyen âge est présenté ridiculement ; La Harpe n’a rien lu du xvie , ce qui ne l’empêche pas d’en dire ce qu’il peut : des sottises. […] Cette mascarade ne l’empêcha pas plus que les autres de faire connaissance avec la prison de Luxembourg, observatoire d’où les Jacobins et leurs pères lui parurent des monstres, et où une lecture de l’Imitation le convertit, très sincèrement croit-on. […] Les Pamphlets exposent moins des raisons politiques qu’ils ne traduisent les états de sensibilité qui empêchent la majorité de la bourgeoisie d’avoir un langage commun avec les Bourbons et avec l’ordre qu’ils représentent.
Mais une fois dérouillé, une fois décrassé, tout cela n’empêchera pas de chanter au soleil de midi. […] Ou au contraire l’une barrait l’autre, empêchait de passer, quand il y en avait trop. […] Nous avons autour de nous des dévouements tels que ces dévouements iraient, n’hésiteraient pas, jusqu’à nous empêcher, par la force, de faire des sottises. […] Il est devenu si évident pour un certain nombre de personnes, et cette année même pour l’opinion, en général, pour la grande opinion, que nos cahiers sont (devenus), constituent plus qu’une entreprise unique, une institution unique, d’un prix unique, et en un certain sens une réussite unique que je sais bien qu’il y a une conspiration constante, un complot permanent, non pas peut-être pour nous nourrir, mais pour nous empêcher de tomber, et même pour nous empêcher de nous exposer.
Les passions n’ont pas encore laissé de traces ; la timidité de leur âge, la modestie, l’hypocrisie qu’on leur impose empêchent leur visage de dénoncer leurs instincts. […] * * * Du reste c’est lui (car il est à peu près le dernier esprit délicat, Boufflers et Rivarol réunis sous un rabat et un menton rose et gras), c’est lui qui a dit ce mot charmant : L’esprit est une poussière d’or qu’on jette devant les choses lorsqu’on veut empêcher qu’on ne les voie distinctement. […] Comme toutes ces personnes sont très célèbres et que je ne le suis pas le moins du monde, cela m’empêchera de faire mon chemin. […] Tous les étais, les contreforts, les arcs-boutants dont s’entourent les arts et la littérature, incohérents, inhabiles et baroques comme les cathédrales du moyen âge, et qui consistent dans l’historique, l’idéal, conventions qui ont pour objet d’empêcher l’homme de penser et de s’élever, en liant son esprit par des lisières, s’écrouleront, et la gent des restaurateurs de monuments effondrés cherchera fortune autrement. […] L’instinct irraisonné et naïf de la foule et la raison profonde des penseurs se donneraient la main si, comme un cordon de gardes municipaux un jour de revue, ces idéalistes ne les empêchaient de communiquer par leurs analyses pleines de fatuité, de vanité et de vide, qui irritent l’une et intimident l’autre.
Mais ce qu’il y eut de piquant en ce grand caractère, fut qu’un si vigoureux sentiment de la vanité des choses ne l’empêcha pas d’en accepter l’usage. […] Le souci du confort n’empêche pas le goût de l’élégance. […] Enlevez les barrières de bois qui empêchent, l’accès des pièces, éloignez les gardiens qui surveillent un public respectueux, refaites la solitude nécessaire, rendez à cette maison ses bruits discrets et familiers. […] Rien n’empêchera cette muette fatalité de la matière. […] … Je ne saurais m’empêcher tout au moins de vous nommer les poètes qui, autour de Paul Verlaine et de Stéphane Mallarmé, nous ont donné durant quinze ans une belle et riche période de Poésie individuelle et idéaliste.
Il est ennemi déclaré de la mauvaise compagnie, et craint par-dessus tout de manquer aux convenances ; ce qui n’empêche pas que dans ses moments de bonne humeur il ne lui arrive de se poser en partisan d’Épicure ; mais il estime peu, toutefois, la philosophie ; il l’appelle la nourriture brumeuse des intelligences germaniques, et parfois même il la traite de fatras insipide. […] Qu’il se rassure ; je me bornerai aux pages qu’il vient de lire ; mais avant de prendre congé de lui, je ne puis m’empêcher d’ajouter encore quelques remarques sur la chasse.
Il vivait solitaire dans le vallon d’Éragny, entre ces deux génies, la mélancolie et l’amour ; les personnes qui le rencontraient ne pouvaient s’empêcher de s’arrêter devant ce sage conduit, précédé et suivi par cette ravissante figure de jeune femme, jouant avec ses deux enfants dont elle paraissait la sœur aînée. […] De leur côté, ils ont toujours empêché qu’on n’insérât aucun de mes rapports dans les Mémoires de l’Institut.
Il est comme une entente, pour nous empêcher de prendre possession, de notre vivant, de notre petit morceau de gloire. […] Aujourd’hui elle crache ses amertumes à propos de l’ingratitude des artistes, au sujet de X… et de Y…, qu’elle accuse d’avoir mené toute l’intrigue, pour empêcher la première médaille d’Hébert.
J’arrive enfin aux sciences historiques, — si ce sont des sciences, — et, comme les sciences naturelles, je ne puis m’empêcher d’observer d’abord qu’elles nous ont appris assurément beaucoup de choses, mais aucune de celles que nous attendions de leurs progrès. […] On le voit bien dans cette belle page des Élévations sur les Mystères, si littérale et si symbolique à la fois : « Contenons les vives saillies de nos pensées vagabondes… nous commanderons en quelque sorte aux oiseaux du ciel ; empêchons nos pensées de ramper toujours dans les nécessités corporelles, comme font les reptiles sur la terre… Ce sera dompter des lions que d’assujettir notre impétueuse colère.
. — Ce qui n’empêche pas qu’on ne s’injurie quelquefois, et qu’on ne se tue. […] Ce sont ces idées accessoires nécessairement liées à la nuit et aux ténèbres qui empêchent de porter la terreur dans le cœur d’une jeune fille qui s’achemine vers le bosquet obscur où elle est attendue ; son cœur palpite, elle s’arrête, la frayeur se joint au trouble de sa passion, elle succombe, ses genoux se dérobent sous elle ; elle est trop heureuse de rencontrer les bras de son amant, pour la recevoir et la soutenir, et ses premiers mots sont : est-ce vous ?
Mais alors elle est inobservable, car l’observation pure, par la mémoire, ne la donne pas, et l’expérimentation directe est exposée à des erreurs qui nous empêchent d’accorder confiance à son témoignage. […] III, § 12] ; d’ordinaire, il est averti qu’il parle haut par le son de sa voix et par le tactum buccal ; mais un certain degré de préoccupation peut l’empêcher de remarquer les caractères extérieurs de sa parole ; cette illusion est difficile, mais elle est possible, parce que la parole extérieure garde alors un des caractères de la parole intérieure : elle est prévue, conforme aux pensées antécédentes et concomitantes, avec lesquelles elle forme un groupe rationnel ; le même homme sera lire de sa distraction par un bruit subit, ou par la parole d’autrui ou par toute autre sensation imprévue.
Tous les grands artistes organisent, en effet, l’univers suivant le rythme qui leur est propre, et c’est en cela qu’ils sont créateurs, au même sens qu’on peut dire que Dieu est créateur, si on appelle Dieu la force permanente et éternelle qui organise durablement l’univers, qui maintient la loi d’attraction entre les astres qui évoluent dans l’infini du ciel, et qui empêche partout la vie de se décomposer et de se dissoudre. […] certes, ce n’est pas par des raisonnements que nous donnerons du génie ni même du talent à ceux qui n’en ont pas, mais on pourrait du moins empêcher peut-être ceux qui en ont de le gaspiller parmi des chinoiseries et des futilités.
Leur industrie se résume eu petites adresses, et les détails plaisants qu’ils rencontrent d’aventure empêchent qu’ils ne voient les grandes lignes que pourraient avoir leurs compositions ou les grands traits que pourraient avoir les caractères qu’ils représentent. […] Sa vision est d’une extrême acuité ; la curiosité du détail caractéristique ne l’empêche pas de toucher la réalité profonde. […] Montfort a l’esprit particulièrement juste et que le fait d’être mêlé au mouvement littéraire ne l’empêche pas d’apercevoir nettement dans quel sens il se produit et comment il s’oriente. […] Les uns, Balzac, Hugo, Zola — noms que l’on s’étonnera peut-être de voir réunis — tracent un tableau d’une incomparable ampleur où les évolutions de masses énormes de figurants n’empêchent pas que l’on aperçoive le mouvement des individus brassés par le tumulte qu’ils ont entrepris de dépeindre.
Mais un excès de modestie vous empêche d’en convenir… Tout vous fait voir que c’est vous que j’aime… Je vous suis déjà attachée par la reconnaissance… » Ariste, à part. […] La jalousie est un sentiment atroce, même dans les meilleures âmes, aussi bien chez Orosmane que chez Marco ; et cela n’empêche point que la jalousie ne passe pour être encore de l’amour. […] Cela devrait le rendre indulgent, ou du moins l’empêcher y de brusquer les choses, lui conseiller l’attente, la patience, l’emploi de la persuasion. […] Kabanov : Une chose n’empêche pas l’autre. […] On le pourrait aisément tourner en plaisanterie, dire que ces Russes sont de jolis farceurs et que le trait essentiel de cette fameuse « âme slave », c’est de laisser aller son corps où il veut, — mais en se frappant la poitrine et en se répétant comme le Marmeladoff de Crime et Châtiment : « J’ai péché, je suis un cochon. » Car cette idée toujours présente du péché n’empêche nullement nos gens de le commettre… Qu’est-ce à dire ?
Enfin, si quelque passion éclate dans ce livre, j’ose dire que c’est seulement celle de la vérité et du bien : heureux si j’avais pu mettre en garde contre quelques erreurs, dissiper quelques illusions, empêcher ou guérir quelque mal ! […] Pourquoi ne pas briser le mur de glace qui nous entoure, s’il empêche le rayon divin de pénétrer jusqu’à nous ? […] S’il ne peut pas empêcher ses affections de changer, ne peut-il pas leur résister et les contenir ? […] Sans vouloir défendre toutes les démocraties et toutes les monarchies absolues, on ne saurait pourtant s’empêcher de protester au nom de la démocratie d’Athènes, de l’empire d’Auguste et de la monarchie de Louis XIV. […] la pauvreté, c’est le pire de tous les vices, car c’est le seul qui empêche de faire du bien259 !
Colin s’écrie : Si dire qu’on fait mal empêchait de mal faire… Et Colette de répondre : Savoir qu’on le dira n’y fait pas consentir. […] Mais, on ne peut s’empêcher d’admirer ce bouillonnement de sève. […] Et ces deux instincts lutteront en lui et gouverneront sa vie, la paresse qui l’empêchera de sortir du rang, l’amour des voyages qui l’entraînera à de folles équipées, et une certaine noblesse naturelle qui le distinguera, malgré les lacunes de son instruction, de ses camarades plébéiens. […] La « veuve Capet » descend au jardin et s’arrête étonnée devant la visiteuse, et jetant un regard sur les œillets, ne peut s’empêcher de murmurer : « Les belles fleurs ! […] … Tout homme incapable de s’accommoder de la vie que l’ordre nouveau ferait aux individus, c’est-à-dire tout homme incapable de vivre sinon aux dépens des autres et de se contenter d’un bien-être modeste, — lequel d’ailleurs n’empêche point la véritable noblesse de la vie, qui est uniquement dans la pensée, — peut n’être pas un méchant homme, mais ne mérite cependant pas un intérêt bien vif… C’est le manque de vertu, même moyenne, qui fait que les conservateurs s’opposent si furieusement à toute transformation sociale… C’est aussi ce manque de vertu qui empêchera sans doute la révolution de porter tous ses fruits.
Lorsqu’il a fini son Werther et qu’il s’apprête à le publier, il a une crainte, c’est de blesser les jeunes epoux : il glisse dans ses lettres toutes sortes de précautions à cet égard, des précautions mystérieuses et pour eux obscures, mais qui avaient pour but de les prévenir et de les empêcher de se trop choquer.
J’ai le bonheur de n’être sur la route de personne, les lauriers de Miltiade ne m’empêchent pas de dormir.
» Et cela n’empêche pas cependant, tant la nature de l’homme est mobile et associe les contraires, de sourire gaiement à quelque réveil de mai, de sortir par la petite porte de son parc avec une fleur encore humide de rosée, de sourire d’un air de fête au passant qu’on aimerait éviter peut-être, au jeune homme qui rougit et salue, et dont cette rencontre va enflammer la journée.
On lit au tome second des Essais de Nicole : « … En considérant avec effroi ces démarches téméraires et vagabondes de la plupart des hommes, qui les mènent à la mort éternelle, je m’imagine de voir une île épouvantable, entourée de précipices escarpés qu’un nuage épais empêche de voir, et environnée d’un torrent de feu qui reçoit tous ceux qui tombent du haut de ces précipices.
« Cependant elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il avait de beaux cheveux, de beaux yeux, de belles dents, un charmant son de voix, quand elle l’entendait causer avec ses camarades, qu’il marchait en se tenant mal, si l’on veut, mais avec une grâce à lui, qui ne paraissait pas bête du tout, que toute sa personne était noble, douce, simple et fière, et qu’enfin il avait l’air pauvre, mais qu’il avait bon air.
Et même cette idée qu’il avait allait un peu au-delà de ce qu’exigeait à l’ordinaire le public : mais, au fond, il ne déroutait pas les spectateurs, et ne leur présentait rien que leur degré de culture ne leur figurât aisément : ainsi il atteignait son but, qui était seulement d’empêcher leur attention de se détourner sur le détail et l’accessoire, et de la ramener tout entière sur la peinture des passions.
On serait étonné, si l’on y regardait de près, de ce qu’il y a chez Racine de mots familiers, de locutions de tous les jours ; la musique délicieuse de son vers nous empêche de remarquer les formes de la conversation courante qui souvent le remplissent.
Théodore de Banville Avec son jeune visage apollonien, et son menton ombragé d’un léger duvet frissonnant que n’a jamais touché le rasoir, rien n’empêcherait ce jeune poète d’avoir été le prince Charmant d’un des contes de Mme d’Aulnoy, ou mieux encore d’avoir été dans la Sicile sacrée, à l’ombre des grêles cyprès et du lierre noir, Damoitas ou le bouvier Daphnis, jouant de la Syrinx et chantant une chanson bucolique alternée, si ses yeux perçants et calmes, et sa lèvre féminine, résolue, d’une grâce un peu dédaigneuse, n’indiquaient tous les appétits modernes d’un héros de Balzac.
* * * Cette maladive manie de se séparer du reste des hommes n’empêche pas le décadent d’aimer le bifteck saignant, de recourir, quand il a besoin de protection, aux agents de cette société qu’il dédaigne, d’avoir un tailleur qui l’habille à la dernière mode et de pratiquer sans effort les règles de la civilité puérile et honnête dans ses rapports avec ses contemporains.
Je veux bien n’y pas voir un privilège ; mais si ce caractère n’est propre qu’à elle, et si d’ailleurs il n’a pas empêché que, depuis trois siècles, l’Europe politique et savante n’ait appris le français, il faut bien n’y pas voir une marque d’infériorité.
Quand cela serait, Mademoiselle, je serais en vérité excusable ; car, pour vous parler franchement, on est souvent bien empêché à trouver que dire, et je ne puis pas comprendre que, sans quelques inventions comme cela, des personnes qui n’ont ni amour ni affaires ensemble se puissent écrire souvent. » Les fastueuses épîtres à Ménandre et les billets galants de Voiture faisaient désirer des lettres qui fussent simplement des lettres.
Sur ce dernier point, les précautions et le respect n’empêchent pas un grain de malice.
Après les privations, il était maintenant « avide de jouissances » ; les sensations, les aspirations, l’ambition, « l’ardent désir d’amour », emplissaient son cœur ; il était dans un état d’excitation voluptueuse et dévorante, qui mettait sang et nerfs dans des transports fiévreux » ; son « être entier s’était consumé dans cette création », à tel point, que « l’idée qu’une mort subite le surprendrait » et l’empêcherait de terminer cette œuvre « puisée dans son cœur même », s’empara de lui et le fit poursuivre son achèvement avec une ardeur redoublée (IV, 342-348 ; et Glasenapp, Biogr. : I, 194).
On y rencontre une fort belle scène dans laquelle la princesse veut empêcher Lohengrin de partir pour combattre ses ennemis.
Dans une mise en scène convenable, je signale de lamentables exagérations ; ainsi, au premier acte, l’apparition, sous le clair de lune d’un jardin anglais éclairé à giorno ; nous ne réclamons pas des merveilles de scénerie, et sommes plein d’indulgence pour le pont de chemin de fer du second acte ; mais, au troisième, l’incendie final est d’une exubérance inouïe ; comme nous l’avions prévu, c’est un luxe de flammes, de fumées, de feux de bengale, et un tapage de machineries, une féerie laide et bruyante qui détourne de la musique l’attention des neuf dixièmes du public, et qui empêche l’autre dixième de rien entendre distinctement à la symphonie.
Quand je vois l’auteur de Salammbô, tantôt pour reconstruire Carthage, tantôt pour conduire au combat les multitudes féroces, s’agiter, se démener, accumuler les détails, ajouter traits sur traits, figures sur figures, et prolonger des énumérations sans fin, je ne puis m’empêcher de penser à cette histoire de Diogène si plaisamment contée par Rabelais.
Certain quaker, personnage non moins essentiel de la pièce, venait compléter cette morale naturelle de Betty et empêcher à temps l’ingrat Belton de la sacrifier, ce qu’il était bien près de faire.
Rien n’empêche d’admettre en gros cette anecdote, sans pour cela qu’on soit obligé d’en tirer la même conséquence.
La simple image n’a généralement pas la même force que la perception ; en vain, les yeux ouverts en plein jour, je voudrais voir la nuit : la réalité s’empare de ma conscience, je ne puis m’empêcher de voir clairement le jour.
De Belloy n’en avait pas besoin, il le remercie, l’empêche de repartir, et le mène le soir chez sa maîtresse.
Vous qui vous croyiez un pur savant, un chercheur désabusé ; voilà que vous aimez et que vous avez pleuré comme un enfant ; et votre raison proteste, et elle a raison, et elle ne vous empêche pas de pleurer.
Contre un pareil principe, il faut des règles fixes, qui empêchent les écrivains de frapper tellement fort qu’ils ne frappent plus juste du tout.
La conscience morale de la société se retrouverait tout entière chez tous les individus et avec une vitalité suffisante pour empêcher tout acte qui l’offense, les fautes purement morales aussi bien que les crimes.
. — Son dévouement à la passion qu’on pouvait dire éternelle, quoiqu’elle changeât continuellement d’objets, n’empêchait pas qu’une mouche ne lui donnât des distractions !
Sans doute il n’a point empêché la foule de courir à la reprise de Ruy Blas, mais du moins il a dit vertement leur fait à M.
N’empêche que, lorsque le livre allemand fait de lui un professionnel du mensonge, nous approuvons le petit garçon qui dit à M. […] Lemaître s’était obligé l’empêchait de consacrer une courte étude au style de Chateaubriand, mais vraiment n’aurait-il pu trouver, dans ses dix conférences, le moment de donner à ses deux auditoires, en ces matières, une leçon de goût ? […] Il a bien fait, cela ne nous empêche pas de trouver le chapitre de l’aqueduc admirable. Mais rien non plus ne nous empêche de nous divertir devant les colères qui prennent Flaubert lorsqu’on vient lui contester ses données historiques. […] Il n’est pas mauvais que nous prenions l’habitude de ces dialogues, et qu’en « conférant » nos opinions nous arrivions à découvrir les raisons qui nous accordent, ou, avec un bénéfice presque égal, les raisons qui nous empêchent de nous accorder.
Les vers de ces deux poètes sont fortement construits, et même ils riment par des sons où la convenance n’empêche point l’éclat. […] Je sais que le poète abusait de la rhétorique ; mais rien n’empêche un panache d’être trempe de larmes. […] Contre l’opinion générale, deux ou trois journaux s’étaient mis dans la tête d’empêcher le spectacle : « Hé ! […] Le bruit de la vague est imperceptible… * Au pied d’une colline qui n’empêche point de contempler le Parthénon, des porchers mènent leurs troupeaux. […] Mais n’est-ce point tous ces avantages qui empêchent, peut-être, une estimation plus juste de la valeur de cette nature au point de vue du beau sans mélange ?
Les vergiss-mein-nicht, les roses, les rossignols, les rêveries sentimentales et le clair de lune allemand n’empêchent en aucune façon Henri Blaze d’être un esprit français très net, très moqueur et très clair ; il sait mettre une petite fleur bleue cueillie au bord du Rhin dans le limpide verre d’eau de Voltaire. […] Gustave Nadaud a souvent mêlé à cette veine, qui vient d’Anacréon en passant par Horace et en continuant par Béranger, des morceaux d’une inspiration élevée et d’un sentiment exquis que le refrain seul empêche d’être des odes. […] François Coppée, l’auteur du Reliquaire, charmant volume qui promet et qui tient ; Paul Verlaine, Léon Dierx, Auguste Villiers de l’Isle-Adam, José Maria de Heredia, que son nom espagnol n’empêche pas de tourner de très beaux sonnets en notre langue ; Stéphane Mallarmé, dont l’extravagance un peu voulue est traversée par de brillants éclairs ; Albert Merat, qui a là un sonnet, les Violettes, d’un parfum doux comme son titre ; Louis-Xavier de Ricard, Henry Winter, Robert Luzarche, toute une bande de jeunes poëtes de la dernière heure, qui rêvent, cherchent, essayent, travaillent de toute leur âme et de toute leur force, et ont au moins ce mérite de ne pas désespérer d’un art que semble abandonner le public. […] Le beau antique corrige à propos le joli et l’empêche de tourner au coquet. Une goutte de vieux nectar mythologique tombe parfois au fond du verre à vin de Champagne et en empêche le pétillement trop vif.
J’ai une aversion naturelle pour l’égotisme, et je déteste infiniment l’habitude de se louer soi-même ; mais je ne puis m’empêcher de raconter ici une anecdote qui éclaire le point en question, et où j’ai agi, je crois, avec une remarquable présence d’esprit. […] Nous ne croyons pas utile à l’armée de Smith que le jeune de Bray soit colonel à vingt-cinq ans, — aux relations diplomatiques de Smith que lord Longues-Oreilles soit ambassadeur à Constantinople, — à notre politique, que Longues-Oreilles y fourre son pied héréditaire. — Nous ne pouvons nous empêcher de voir, Longues-Oreilles, que nous valons autant que vous.
» Et le samedi, il trouvait son monsieur, donnant le bras à une femme très bien, et de tout neuf vêtu, et orné d’un râtelier resplendissant, qui empêchait un moment Porel de le reconnaître — râtelier que pas plus que son habit, il n’avait payé. […] Et après le départ de Céard, je ne pouvais m’empêcher d’avouer l’espèce d’humiliation, de tristesse que j’avais ressentie de notre infériorité en ces questions, nous qui, à propos de toutes autres choses, trouvons des idées personnelles, des dires originaux.
» Mardi 24 février Ce matin, à propos du patriotisme de Renan, je reçois une carte postale signée : « Un patriote français vainqueur à Coulmiers (9 novembre 1870) » me disant : « L’article du 15 septembre 1870 de la Revue des Deux Mondes, signé Renan, connu plus tôt, eût, peut-être empêché son élection à l’Académie française, car cet article antifrançais, n’était pas fait pour encourager les soldats de l’armée de la Loire, qui, comme moi l’ont lu à Orléans, avant de marcher à l’ennemi. » Mercredi 25 février À midi, enfin arrive une dépêche de la comtesse Greffulhe, qui m’annonce d’une manière positive, que l’Impératrice de Prusse ne viendra pas décidément chez moi, ce qui me comble de joie, vu que dans l’état des esprits et le mouvement d’éreintement de ma personne, cette visite aurait fait demander ma tête. […] En effet, Maupassant parlait d’une visite faite par lui à l’amiral Duperré, sur l’escadre de la Méditerranée, et d’un nombre de coups de canon à la mélinite, tirés en son nom et pour son plaisir, coups de canon allant à des centaines de mille francs, si bien que Popelin ne pouvait s’empêcher de lui faire remarquer l’énormité de la somme.
Que de telles expressions21 aient amené Bossuet à démêler la parole intérieure parmi les « actes discursifs » qui, dans l’oraison parfaite, font place à des élans « courts et simples », dont l’âme ne garde ensuite qu’un souvenir indistinct, — bien plus, que la parole intérieure soit, à ses yeux, le principal obstacle qui empêche la plupart des âmes de parvenir à cette « excellente oraison » et au pur état contemplatif, — voilà ce qui paraît ressortir d’une belle page que nous allons citer presque en entier : « Cassien… dit que, dans l’état de pure contemplation, l’âme s’appauvrit, qu’elle perd les riches substances de toutes les belles conceptions, de toutes les belles images, de toutes les belles paroles » dont elle accompagnait ses actes intérieurs. […] D’une manière générale, le goût de Bonald pour les antithèses (symboles, à ses yeux, des harmonies des choses) l’a empêché de reconnaître la prééminence de la parole intérieure sur toutes les images visuelles, soit analogiques ou symboliques, soit phonétiques.
On voit dans l’histoire les idées directrices de l’humanité se succéder l’une à l’autre, par action et par réaction ; chacune d’elles, d’abord vague et mélangée d’éléments hétérogènes, dégage peu à peu son principe essentiel, à travers mille difficultés et retards, atteint la plénitude de son action, puis, de vivante qu’elle était, elle se cristallise, et c’est la décadence que nul ne saurait empêcher, de même que nul n’aurait pu arrêter la marche ascendante. […] J’ai déjà fait remarquer précédemment comment chaque époque lègue à la suivante des problèmes mal résolus et comment telles « vérités », naguère vivantes et agissantes mais désormais vieillies et figées, entravent la marche en avant, empêchent l’évolution normale d’un principe.
tu sais que tu me trouveras ici, — ici où je suis toujours ta chère bien-aimée, — ta plus dévouée, ta plus fidèle, — celle qui t’aime toujours et ne pourra jamais s’en empêcher, — celle qui est à toi et ne songe qu’à toi, — comme toi aussi, je pense, tu songes à elle, — à celle qui entre toutes les femmes — ne respire que pour être toute à toi. » Certainement c’est à sa femme274 qu’il pense en ce moment, non à quelque Laure imaginaire ; le rêve poétique de Pétrarque est devenu la peinture exacte de la profonde et parfaite affection conjugale, telle qu’elle subsiste encore en Angleterre, telle que tous les poëtes, depuis l’auteur de la Nut Brown Maid jusqu’à Dickens275, n’ont jamais manqué de la représenter. […] Ils reparaissent, ces dieux vivants, ces dieux mêlés aux choses, qu’on ne peut s’empêcher de retrouver dès qu’on retrouve la nature : « Cérès, la libérale reine, parmi ses riches cultures, blés, seigles, avoines, orges, vesces, pois en fleur, parmi ses montagnes herbeuses où vivent les brebis broutantes, parmi ses ruisseaux et ses rives, où regorgent les lis et les pivoines qu’Avril, l’humide Avril, pare pour en faire des couronnes aux chastes nymphes306 — Iris dont les ailes de safran versent sur les fleurs des gouttes parfumées et des ondées rafraîchissantes, Iris, la riche écharpe de la terre, qui de chaque bout de son arc bleu couronne les champs boisés et les pentes dégarnies. — Flore, brillante et parée, assise superbement au milieu de la pompe de toutes ses fleurs, et qui déploie le vert éblouissant de son manteau de fête307. » Toutes les splendeurs et les douceurs du pays moite et mouillé, toutes les particularités, toute l’opulence de ses teintes fondues, de son ciel changeant, de sa végétation luxuriante, viennent ainsi se rassembler autour des dieux qui leur donnent un corps, et un beau corps. […] Il en est ravi, il ne peut s’empêcher de regarder et d’admirer la charmante créature qui vient d’éclore ; il veut la voir encore, en voir de pareilles, et ne songe point à autre chose. […] Quant à la Paix, elle cassa sa branche d’olivier sur le crâne de ceux qui voulaient l’empêcher d’entrer. » Notez que ces ivrognesses étaient de grandes dames. « On ne faisait point ainsi, ajoute l’auteur, sous la reine Élisabeth » ; elle était violente et terrible, mais non ignoble, et ridicule.
Segrais, versificateur pittoresque et faible, écrivait solidement en prose, mais sans cette allure dégagée qui n’empêchait point Mme de La Fayette de creuser en profondeur. […] Corneille douta de son ouvrage et voulut empêcher les comédiens de le représenter. […] Empêché de remuer les jambes, il semblait néanmoins sain quant au reste. […] Ses opinions avancées ne l’empêchaient point de goûter les charmes de la vie bourgeoise.
Mais en général les éléments, les petits systèmes opèrent avec une certaine indépendance, quoique contrôlés et maintenus par l’orientation de l’esprit suivant une idée générale qui les empêche de trop vagabonder. […] Il empêche de naître ou il supprime immédiatement toute production qui ne s’accorderait point avec les prémisses qu’il pose. […] « Puis, ces vers terminés, il les tend d’une main nonchalante à sa sœur, qui les lit, et stupéfaite de leur beauté et de son air d’insouciance, ne peut s’empêcher de s’écrier : “Mon Dieu ! […] Quand elle arrive à ce degré, on voit l’ensemble des éléments de l’invention se souder parfois assez bien et assez vite pour pouvoir être considérés comme un seul élément et agir de la même façon pour évoquer les éléments nouveaux, et aussi pour empêcher l’activité désordonnée de ses propres composants.
C’est bien une incrustation spirituelle, un revêtement de l’habitude qui empêche désormais l’âme d’être mouillée par la grâce. […] Tout cet enduit dont elle recouvre la liberté de l’homme, tout cet enduit de vieillissement empêche de jouer la libre articulation de la liberté sur la grâce et ainsi il empêche, et d’autant, la grâce de prendre sur la liberté. […] Il n’y avait que lui qui empêchait. […] Et n’étant pas négociable il empêchait toute négociation, car il était au point d’origine de toute négociation. […] C’était le seul moyen d’empêcher de le lire dans les séminaires.
Cela ne m’empêchait pourtant pas, tout en rendant justice à ces excellents travailleurs, de noter quelques-uns de leurs défauts, l’engouement, l’enthousiasme excessif des uns, la complaisance un peu minutieuse des autres ; et en parlant de la sorte, c’était à M.
C’est un souvenir qu’a le poëte d’un site de la Clyde, qu’il a visité autrefois, et que quelque circonstance, dans son second voyage, l’empêche de revoir.
Elle se présente à lui comme la fille d’Otrée, roi opulent de toute la Phrygie, et comme une fiancée qui lui est destinée : « C’est une femme troyenne qui a été ma nourrice, lui dit-elle par un ingénieux mensonge, et elle m’a appris, tout enfant, à bien parler ta langue. » Anchise, au premier regard, est pris du désir, et il lui répond : « S’il est bien vrai que tu sois une mortelle, que tu aies une femme pour mère, et qu’Otrée soit ton illustre père, comme tu le dis, si tu viens à moi par l’ordre de l’immortel messager, Mercure, et si tu dois être à jamais appelée du nom de mon épouse ; dans ce cas, nul des mortels ni des Dieux ne saurait m’empêcher ici de te parler d’amour à l’instant même ; non, quand Apollon, le grand archer en personne, au-devant de moi, me lancerait de son arc d’argent ses flèches gémissantes, même à ce prix, je voudrais, ô femme pareille aux déesses, toucher du pied ta couche, dussé-je n’en sortir que pour être plongé dans la demeure sombre de Pluton !
Le poëte se proposait de clore le morceau des sens par le développement de cette idée : « Si quelques individus, quelques générations, quelques peuples, donnent dans un vice ou dans une erreur, cela n’empêche que l’âme et le jugement du genre humain tout entier ne soient portés à la vertu et à la vérité, comme le bois d’un arc, quoique courbé et plié un moment, n’en a pas moins un désir invincible d’être droit et ne s’en redresse pas moins dès qu’il le peut.
La prostration de l’âme m’empêchait de sentir la fatigue et le froid d’un âpre hiver pendant ce lugubre convoi.
XXVII Et qui empêchera désormais une confédération italienne de devenir la forme d’une renaissance de la terre qui fut Rome ?
Dégagé par la catastrophe de 1830 non de l’affection et des respects que je portais à la royauté des Bourbons légitimes exilés, mais dégagé par la fausse attitude des légitimistes dans la chambre de toute solidarité avec eux, excepté de la solidarité d’origine commune ; dégagé de la royauté d’Orléans, dont je ne conspirais pas la chute, mais dont je ne plaignais pas les dangers et les expiations ; plus dégagé encore des coalitions anarchiques que les aristocrates, les démocrates, les légitimistes, nouaient dans le parlement, rien ne m’empêchait d’écrire de la Révolution une histoire qui pût froisser, offenser, irriter même par son impartialité toutes ces opinions et profiter au besoin à la moralisation future d’une seconde république que j’entrevoyais dans l’ombre du lointain, comme une dernière ressource du gouvernement en France, après la chute, certaine selon moi, de la royauté d’Orléans.
C’est que leur cœur n’a rien qui les empêche d’entendre.
Je ne puis m’empêcher de voir la Providence claire comme un plein jour dans certain événements de la vie, non qu’elle ne soit en tous, mais plus ou moins manifestée.
Il ne pouvait s’empêcher de regarder, comme un inspiré du ciel, celui qui trouvait ces chants inaccoutumés des hommes.
XVII Une autre catégorie de philosophes, Buckle, par exemple, ont voulu voir dans la végétation luxuriante de la forêt primitive la cause qui doit empêcher la civilisation d’y prendre pied : dans une pareille région on ne parvient que par une excessive dépense de travail et d’énergie à lutter contre les milliers de germes végétaux qui disputent à l’homme la jouissance du sol.
ne pus-je m’empêcher de m’écrier, en entendant cette jeune paysanne emprunter naïvement une si charmante image pour exprimer son inexprimable anxiété d’amante et de musicienne, en jouant son air dans le vide, sans savoir si ses notes tombaient sur la pierre ou dans le cœur de son amant.
J’abandonne les autres ; mais je ne puis m’empêcher de réclamer un peu pour cette charmante Mme de Rémusat.
Ce qui empêche de lire aujourd’hui, c’est la situation actuelle des esprits ; c’est cette agitation constante qui ne leur permet pas de se fixer ; c’est ce flux et reflux des opinions qui laisse à peine le temps de réfléchir ; c’est cette préoccupation, inévitable dans les temps de révolution, qui tourmente les hommes, les uns par l’inquiétude, les autres par l’espérance ; ceux-ci par la cupidité, ceux-là par l’ambition ; tous par l’égoïsme et la peur.
D’autres imperfections empêchent de lire certaines pièces d’un genre élevé qui appartiennent plus à Ronsard, et que lui ont inspirées les événements de son temps.
Duel intermittent d’ailleurs, qui n’empêche pas entre elles un échange de bons offices, quand elles savent rester chacune à la place qui lui appartient en propre !
Mais déjà l’heure approche où les sons musicaux ne pourront plus produire l’émotion, s’ils sont directement entendus : leur caractère propre de sons empêchera l’âme de les considérer comme de purs signes d’émotions.
Ce n’est pas que la vénalité des chargés déplaise beaucoup à Faguet : elle lui paraît, au contraire, empêcher la vénalité du juge.
Terminons vite l’historiette de ce billet doux posthume, tombé des mains du père dans la poche du fils, et qui menace, au dernier acte, d’empêcher le mariage de Lucien et d’Aline Lagarde.
C’est là un phénomène de conservation et non de déformation, et même de conservation créatrice, car empêcher un mot de périr, c’est le créer une seconde fois.
Le poète dont toute l’activité intellectuelle se dépense en mots, qui use sans cesse de ces brillants faux jetons de la pensée, rie pourra s’empêcher de voir les choses aussi démesurées que les paroles qui les magnifient.
Dans un tableau d’Hogarth, qui fait partie de la série de son Mariage à la mode, et qui représente un laboratoire ou un capharnaüm d’apothicaire, on voit un appareil d’une complication singulière et presque menaçante ; on s’approche pour l’étudier ; et on s’aperçoit, ou du moins on croit s’apercevoir, car il ne faut répondre ici de rien, que cet appareil si savant, dont on ne peut s’empêcher d’admirer l’inventeur, n’a d’autre usage que de servir à déboucher les bouteilles.
Cet empiétement de l’art sur la science, qui empêche celle-ci de se développer, est d’ailleurs facilité par les circonstances mêmes qui déterminent l’éveil de la réflexion scientifique.
L’une poussait un faix, l’autre prêtait son dos : L’amour du bien public empêchait le repos.
Pindare, dont on peut comprendre la lettre, mais dont l’esprit évaporé sous le souffle des siècles rend la gloire incompréhensible, est presque un sujet vierge en littérature Longin et Boileau l’ont touché, mais le peu qu’ils en ont dit, ces porte-respects formidables, a suffi pour empêcher la petite critique familière de l’approcher ; et il est resté, ce fameux Pindare, sans traduction intégrale ou convenable, sous le balustre de son texte : mystérieux, fermé, mais n’ayant plus la vie, — absolument comme un tombeau, Certes, pour qui y voit la vie encore, il n’est rien de plus attirant que ce sépulcre fermé de Pindare, qu’il s’agit d’ouvrir pour nous montrer qu’il est plein de choses immortelles et que la Gloire n’a pas menti !
Ferrari ajoute, dans une formule magnifiquement audacieuse qui empêche toute équivoque, le Pape désarmé, l’Empereur absent.
La magie des mots n’empêche pas le déchet des choses… Elle n’en comble pas l’absence non plus.
Mais leurs visages terriblement graves attestent que leur joie ne les empêche pas de souffrir.
La symétrie est parfaite 55 : nous avons affaire, en somme, à deux systèmes S et S′ que rien ne nous empêche de supposer identiques ; et l’on voit que la situation de Pierre et celle de Paul, se prenant respectivement chacun pour système de référence et par là même s’immobilisant, sont interchangeables.
À mesure que l’on avance en âge, les idées que l’on conçoit semblent vieillir avec nous et perdre leurs grâces premières ; elles sont comme ces femmes passionnément aimées, que l’habitude et la familiarité quotidiennes déparent ; elles prennent peu à peu un air calme et reposé, quelque chose de déjà vu qui nous empêche de les regarder avec le ravissement et l’allégresse des premiers jours. […] De Jérusalem à Rome « Et Salomon commença de bâtir la maison de l’Éternel à Jérusalem, sur le mont Moria, qui avait été indiqué à son père David, sur la place préparée par David, sur l’aire d’Ornan le Jébuséen. » On ne peut s’empêcher de songer à cette phrase des Chroniques, lorsqu’on regarde les minarets, les cyprès, les coupoles et les turbés du Haram ech chérif, et lorsqu’on visite l’endroit appelé Heït el Moghrabi, où les Juifs viennent pleurer tous les vendredis, sur la ruine de Jérusalem. […] Tout cela n’empêche pas, mon ami, que je ne vive toujours sur les hauteurs intellectuelles, dans le calme, dans la contemplation sereine des formes divines. […] Ce qui n’empêche pas, au contraire, que je sois très révolutionnaire et irrévocablement dévoué à la réorganisation future et supérieure de la société européenne, c’est-à-dire à la théocratie nouvelle.
Et Antoine, amoureux et doux, épouserait sa sœur de lait : la famille l’en empêche. […] Paul Margueritte s’est plaint de ce que la loi n’admit pas le divorce au cas où l’un des conjoints serait fou : la démence de Polotzeff empêchait Simone de se libérer en faveur de Le Jas. […] René Perrout mérite le nom d’impressionniste : son amour de la vérité l’empêche de la composer. […] Les doigts sur ses lèvres, comme l’autre, il garde son secret : seulement, ses doigts à lui frémissent dans l’effort qu’ils font pour empêcher que la bouche ne se convulse.
Rien n’empêche que le contraire de certaines propositions d’expérience soit concevable, et le contraire de certaines autres inconcevable. […] Si la fourmi était capable d’expérimenter, elle pourrait atteindre l’idée d’une loi physique, d’une forme vivante, d’une sensation représentative, d’une pensée abstraite ; car un pied de terre sur lequel se trouve un cerveau qui pense renferme tout cela ; donc, si limité que soit le champ d’un esprit, il contient des données générales, c’est-à-dire répandues sur des territoires extérieurs fort vastes, où sa limitation l’empêche de pénétrer.
Car c’est un avantage capital de Taine, et que nul de ses ennemis ne songerait à lui contester, qu’il est net ; il ne masque point ses ambitions ; il ne dissimule point ses prétentions ; brutal et dur, souvent grossier, et mesurant les grandeurs les plus subtiles par des unités qui ne sont point du même ordre, il a au moins les vertus de ses vices, les avantages de ses défauts, les bonnes qualités de ses mauvaises ; et quand il se trompe, il se trompe nettement, comme un honnête homme, sans fourberie, sans fausseté, sans fluidité ; lui-même il permet de mesurer ce que nous nommons ses erreurs, et par ses erreurs les erreurs du monde moderne ; et dans les erreurs qui, étant les erreurs de tout le monde moderne, lui sont communes avec Renan, il nous permet des mesures nettes que Renan ne nous permettait pas ; nous lui devons la formule et le plus éclatant exemple du circuit antérieur ; je ne puis m’empêcher de considérer le circuit antérieur, le voyage du La Fontaine, comme un magnifique exemple, comme un magnifique symbole de toute la méthode historique moderne, un symbole au seul sens que nous puissions donner à ce mot, c’est-à-dire une partie de la réalité, homogène et homothétique à un ensemble de réalité, et représentant soudain, par un agrandissement d’art et de réalité, tout cet immense ensemble de réalité ; je ne puis m’empêcher de considérer ce magnifique circuit du La Fontaine comme un grand exemple, comme un éminent cas particulier, comme un grand symbole honnête, si magnifiquement et si honnêtement composé que si quelqu’un d’autre que Taine avait voulu le faire exprès, pour la commodité de la critique et pour l’émerveillement des historiens, il n’y eût certes pas à beaucoup près aussi bien réussi ; je tiens ce tour de France pour un symbole unique ; oui c’est bien là le voyage antérieur que nous faisons tous, avant toute étude, avant tout travail, nous tous les héritiers, les tenants, la monnaie de la pensée moderne ; tous nous le faisons toujours, ce tour de France-là ; et combien de vies perdues à faire le tour des bibliothèques ; et pareillement nous devons à Taine, en ce même La Fontaine, un exemple éminent de multipartition effectuée à l’intérieur du sujet même ; et nous allons lui devoir un exemple éminent d’accomplissement final ; car ces théories qui empoignent si brutalement les ailes froissées du pauvre génie reviennent, elles aussi, elles enfin, à supposer un épuisement du détail indéfini, infini ; elles reviennent exactement à saisir, ou à la prétention de saisir, dans toute l’indéfinité, dans toute l’infinité de leur détail, toutes les opérations du génie même ; chacune de ces théories, d’apparence doctes, modestes et scolaires, en réalité recouvre une anticipation métaphysique, une usurpation théologique ; la plus humble de ces théories suppose, humble d’apparence, que l’auteur a pénétré le secret du génie, qu’il sait comment ça se fabrique, lui-même qu’il en fabriquerait, qu’il a pénétré le secret de la nature et de l’homme, c’est-à-dire, en définitive, qu’avant épuisé toute l’indéfinité, toute l’infinité du détail antérieur, toute l’indéfinité, toute l’infinité du détail intérieur, en outre il a épuisé toute l’indéfinité, toute l’infinité du détail de la création même ; la plus humble de ces théories n’est rien si elle n’est pas, en prétention, la saisie, par l’historien, par l’auteur, en pleine vie, en pleine élaboration, du génie vivant ; et pour saisir le génie, la saisie de tout un peuple, de toute une race, de tout un pays, de tout un monde.