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1469. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Au moins, pour expliquer de cette façon le problème surnaturel de l’homme et de sa destinée, pour revenir en plein dix-neuvième siècle, — après les travaux philosophiques de Hegel et de Schelling, — à ce risible système de la métempsychose, digne tout au plus d’inspirer une chanson au marquis de Boufflers ou à Béranger qui l’a faite, fallait-il se sentir une force d’induction et de déduction irrésistibles ; fallait-il que la grandeur des facultés philosophiques sauvât la misère du point de vue que l’on ne craignait pas de relever.

1470. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Blanc-Saint-Bonnet (une autre gloire catholique qui se fait présentement devant Dieu et qui, un jour, saisira l’attention des hommes), la théologie est la seule science qui explique l’histoire, qui la prépare et puisse la gouverner, et il le prouva en en appliquant les notions à tous les problèmes soulevés dans son livre.

1471. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Saint-Bonnet nous explique ce qu’il entend par cette faculté, d’ordinaire si vaguement définie.

1472. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

III Ce livre des Docteurs du jour domine de beaucoup la littérature, et c’est même ce qui en expliquerait les défauts littéraires, car il en a, que la Critique est en droit d’y relever.

1473. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

On peut trouver qu’il ne s’explique pas suffisamment là-dessus.

1474. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Et c’est là ce qui explique qu’il soit si longtemps resté obscur beaucoup mieux que les Dragonnades de Louis XIV, comme disent ses éditeurs avec trop de ressentiment protestant.

1475. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Cette observation qui expliquerait Balzac et ses défaillances quand il en eut, M. 

1476. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Aussi est-ce par là qu’il faut expliquer les qualités du livre et ses vices.

1477. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Vous les voyez presque tous nés avec une espèce d’instinct qui se déclare dès le berceau et les entraîne ; c’est l’énigme de la nature : qui pourra l’expliquer ?

1478. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Dans la suite, les mystères d’Éleusis furent symboliquement expliqués par les sages ; et, plus tard encore, ils furent empruntés ou contrefais par une sorte de Théurgie, dernier sacerdoce du paganisme.

1479. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

— Je vais vous expliquer. […] Il n’a pas assez expliqué son âme et sa chair. […] « Je veux expliquer, y dit M.  […] C’est ce qui explique sa manière violente. […] C’est un exemple de l’optimisme physiologique que j’essayais d’expliquer.

1480. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Le titre ne peut pas être expliqué avec une entière certitude. […] Remarquez de plus, et c’est ce qui explique le succès intellectuel de Molière, non seulement auprès de ses contemporains, mais auprès de la postérité, que Molière a un flair merveilleux ou du moins bien remarquable pour démêler parmi le « sens commun » de son temps le « sens commun » qui a des chances de ne pas varier et d’être éternel. […] Ajoutons, si l’on veut, la Jeune fille ; mais aucune jeune fille de Molière n’a l’ampleur d’un type ; ce sont des silhouettes, très originales à la vérité et sur lesquelles nous aurons à nous expliquer avec un singulier intérêt. […] Ainsi dressé, ainsi, préparé, toutes les énormités de sa dévotion à l’égard de Monsieur Tartuffe, non seulement s’expliquent,, mais ne sont rien de moins que les plus naturelles du monde. […] Non seulement cela est dans la nature, mais il est très logique et s’explique facilement.

1481. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

  Le paradoxe d’un Lasserre royaliste et catholique admirant Voltaire et Molière se retrouve dans ses idées politiques et explique sans doute son évolution. […] Il explique l’abandon de ses enfants un jour par une insouciance criminelle de roué, une autre fois par la prévoyance d’un bon père. […] Par cette inspiration, achèveront de s’expliquer bien des traits relevés dans nos précédentes analyses, comme aussi ou en pourrait déduire, si on le voulait, les intimes caractères du romantisme105. […] Mais il y n’a de causes contraires à celles qui expliquent sa prédominance dans l’époque romantique. […] Comment expliquer une telle disposition, singulier alliage de mimique et de sincérité ?

1482. (1922) Gustave Flaubert

Je suis toujours un peu comme si j’avais trop bu ; avec ça de plus en plus inepte et inapte à comprendre ce qu’on m’explique. […] Cette nature lyrique qu’il portait en lui, Flaubert l’a étalée devant lui pour l’utiliser, la diviser, l’expliquer, la mettre en valeur par des contre-parties. […] Deux images contrastées s’expliquent et se complètent. […] (Il s’en explique d’ailleurs dans la lettre à Louise Colet du 17 janvier 1852.) […] Il répétait à ses amis : « Mais enfin, pouvez-vous m’expliquer l’insuccès de ce roman ? 

1483. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

C’est alors que les marchands « jouent » sur le sens du mot « publication » : les collectionneurs, expliquent-ils, « ne sont, pas toujours sur place et ne peuvent pas examiner un article qu’ils recherchent. […] On peut dire finalement que la répugnance des uns et des autres ne s’explique que par l’incompréhension générale du rôle véritable des lois et de la situation juridique de l’écrivain dans la société. […] Et quand on essayait de lui expliquer les nuances qui séparaient ces trois auteurs, il haussait les épaules, comme devant une subtilité par trop byzantine. […] J’ai expliqué dans l’Introduction de ce petit livre quels sont les services réels qu’ont rendus et que rendent toujours, par de nombreux aspects de leur activité, les libraires marchands d’autographes.

1484. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Et non seulement, si l’on omettait l’élément italien, on méconnaîtrait le vrai caractère du mouvement de la Renaissance, mais c’est la formation aussi du classicisme qu’on aurait peine à s’expliquer, et ce sont les raisons de sa longue domination. […] Ils ont voulu « faire de l’art », et cette ambition, qui a chez eux dominé toutes les autres, en rend compte et les explique. […] L’inspiration du livre. — Le chapitre : Que philosopher c’est apprendre à mourir ; — et que la grande préoccupation de la vie de Montaigne a été de se soustraire à l’horreur de la mort. — De là procèdent : sa curiosité de lui-même ; — de la diversité des coutumes et des mœurs ; — de l’histoire. — De là aussi son épicurisme, que l’on a pu quelquefois appeler son christianisme ; — parce qu’en effet le christianisme n’est qu’une préparation à la mort ; — mais en réalité Montaigne n’a rien eu du chrétien. — Comment la préoccupation de la mort explique la profondeur et la richesse humaine de sa philosophie ; — un mot de Schopenhauer [Cf.  […] 3º Le caractère de l’Astrée. — Aspect général de l’œuvre ; — et que, bien loin que les épisodes y soient, comme dans d’autres romans de la même forme, des hors-d’œuvre par rapport au récit principal, c’est le récit principal qui n’est que le prétexte ou l’occasion des épisodes. — Diversité d’intérêt qui en résulte : — 1º Episodes historiques [Eudoxe et Valentinian, IIe partie, livre 12] ; — 2º Allusions contemporaines [Euric, Daphnide et Alcidon, IIIe partie, livre 3] ; — 3º Inventions personnelles [Damon et Madonthe, IIe partie, livre 6]. — La forme des récits n’est pas moins variée : — descriptions [IIe partie, livre 5] ; — conversations [IIe partie, livre 12] ; — narrations [IIIe partie, livre 7], on y trouve des modèles de tout, de lettres encore et de sonnets d’amour ; — sans compter quelques pages d’une touche plus réaliste ou plus brutale. — Du style de l’Astrée : — son élégance et sa clarté ; — sa douceur et sa fluidité ; — sa justesse dans l’abondance, — sa valeur psychologique ; — et, comme conséquence, de la peinture des variétés de l’amour dans l’Astrée. — L’amour sensuel et brutal [Eudoxe et Valentinian, IIe partie, livre 12] ; — l’amour volage et capricieux [Hylas, Ire partie, passim] ; — l’amour jeune et passionné [Chryséide et Arimant, IIIe partie, livres 7 et 8] ; — l’amour chevaleresque [Rosanire, Céléodante et Rosiléon, IVe partie, livre 10] ; — l’amour mystique [Céladon et Astrée]. — Variété des caractères. — Qu’il ressort enfin de l’ensemble du livre une impression de charme et d’apaisement sans analogue jusqu’alors dans la littérature ; — qui explique sa fortune, l’une des plus prodigieuses qu’il y ait dans l’histoire littéraire : — et sa longue influence.

1485. (1899) Arabesques pp. 1-223

Je crois qu’elle explique les phases de l’évolution qui, grâce à une tension de plus en plus énergique de ma volonté récupérée, m’amena de l’ornière où je m’enlisait à l’existence normale au grand soleil. […] Les autres s’inspirent de l’observation, se réclament de la Révolution et considèrent que le jeu des lois naturelles suffit à déterminer l’homme et l’univers sans qu’il soit besoin d’invoquer un moteur divin pour les expliquer. […] Il faut donc, avant tout, faire table rase en soi, puis expliquer à tous qu’il est nécessaire d’appliquer ce nivellement au milieu. […] L’abbé partait pour Rome, voulant se défendre, expliquer au Pape ses désirs et ses espoirs. […] Sa conduite s’explique, puisque le premier devoir de l’homme est de sauvegarder son existence et qu’on lui refuse le moyen d’y pourvoir.

1486. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Et ainsi s’explique peut-être son malaise à lire docilement des séries d’idées suivies. […] L’essentiel est de m’expliquer et de m’excuser si je fais intervenir une réflexion sur le sens de la durée chez Mallarmé. […] « Je ne comprends pas la philosophie de l’absolu, et je suis de la sorte trop mal fait pour expliquer M.  […] Lorsque nous évoquons notre pensée afin de l’expliquer, elle se résoud bien pour nous en images. […] Je n’oserais dire que Mallarmé lui-même s’en soit expliqué, mais enfin il a voulu s’en expliquer, et il s’est défendu d’avoir réalisé une poésie de mots.

1487. (1888) Portraits de maîtres

Cela nous explique l’antithèse absolue du génie de Lamartine avec celui de Chateaubriand, bien autrement désolé, bien plus impétueux. […] Oui, je l’avoue, je ne m’explique pas cela. […] Autrement, comment expliquer l’éclipse des traditions républicaines sous le premier Empire ? […] Il faut remonter à l’année précédente pour s’expliquer ce courage presque insoucieux. […] « Alors je m’explique ce prodige d’orgueil et d’humilité qui est tout l’homme.

1488. (1901) Figures et caractères

L’imperceptible y vit à côté du gigantesque ; la science s’y mêle à la rêverie ; l’élément y explique l’animal. […] Madame Sand, dans les siennes, explique son cœur et ses sens. […] Le public demande moins à un écrivain de lui expliquer le mystère du monde que de lui continuer l’illusion de la vie. […] D’ailleurs, peut-on prétendre expliquer quoi que ce : soit à qui que ce soit, surtout des vers ? […] Cela explique ce qu’elle a acquis de vague, d’incertain et de mystérieux, de fluide, et de nuancé.

1489. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Il commence une de ses plus jolies pièces par ce vers compliqué, obscur, gracieux pourtant sans qu’on sache trop pourquoi, et qui ne s’explique qu’ensuite : Ils sont petits et seuls ces deux pieds dans la neige. […] Nisard a dit récemment, en parlant d’Érasme : « Dans ce temps-là on ne connaissait pas le poëte, cet être tombé du ciel et qui meurt sans enfants, et pour qui le monde contemporain n’est qu’un piédestal d’où il s’élance, et où il vient replier de temps en temps ses ailes fatiguées. » Or c’est précisément ce poëte, contesté par l’homme de lettres et par le mondain, que M. de Vigny a voulu, non pas justifier dans des actes de frénésie28, mais plaindre, expliquer et venger aussi d’une oppression que peut-être la défense exagère.

1490. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Si je puis expliquer ma pensée par un exemple familier, ils ressemblent à une orange avec sa peau. […] Nous avons expliqué (p. 44) pourquoi il n’y a pas de concept, ou idée générale, sans un signe.

1491. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Beaucoup de pages de ces poésies intimes expliquent les mystères de son âme et de sa vie. […] Nous ne les rapporterons pas ; c’est l’atmosphère fabuleuse des grands hommes, l’imagination frappée voit plus beau que nature ce que la nature ordinaire ne peut expliquer.

1492. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

L’homme sert beaucoup à expliquer le livre. […] En 1848, j’envoyai M. le comte de Circourt à Berlin, pour expliquer, dans un sens inoffensif et favorable, la révolution inopinée qui renversait la famille d’Orléans de son trône mal assis et mal défendu, pour lui substituer une république conservatrice de la paix de l’Europe.

1493. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Le papier est le papier ; il ne parle pas pour s’expliquer ; d’ailleurs, il aurait beau s’expliquer, le mal est fait ; il ne ferait pas reverdir en une parole des pampres de trois cents ans.

1494. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

Fior d’Aliza (suite) Chapitre VII (suite) CCXVI — Oui, j’ai pensé en moi-même : ne disons rien ; qu’il nous suffise de soupçonner qu’elle est là ; que son cousin n’y est probablement pas loin d’elle ; que le bon Dieu, en permettant ce rapprochement, a peut-être un dessein de bonté sur le pauvre prisonnier comme sur vous-mêmes, et attendons que le mystère s’explique avant d’y mêler nos indiscrètes curiosités et nos mains moins adroites que celles de l’amour innocent ! […] Je n’en dis pas plus ce jour-là sur les moyens que je rêvais pour sa délivrance ; il me pressa en vain de lui tout expliquer : — Non, non, ne me le demande pas encore, répondis-je, car si tu savais tout d’avance, tu refuserais peut-être encore ton salut de mes mains, ou bien tu pourrais le laisser échapper dans l’oreille des prêtres qui vont venir pour te résigner peu à peu à ton supplice.

1495. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Il ne voulait que le silence ou l’applaudissement ; il s’en expliqua nettement avec ses frères, Joseph et Lucien Bonaparte, moins dédaigneux que lui des influences littéraires et des puissances morales sur l’opinion. […] répliquai-je, « il ne s’agit pas de ce que je veux, mais de ce que je pense. » J’ignore si cette réponse lui a été rapportée, mais je suis bien sûre du moins que, s’il l’a sue, il n’y a attaché aucun sens ; car il ne croit à la sincérité des opinions de personne, il considère la morale en tout genre comme une formule qui ne tire pas plus à conséquence que la fin d’une lettre ; et, de même qu’après avoir assuré quelqu’un qu’on est son très-humble serviteur, il ne s’ensuit pas qu’il puisse rien exiger de vous, ainsi Bonaparte croit que lorsque quelqu’un dit qu’il aime la liberté, qu’il croit en Dieu, qu’il préfère sa conscience à son intérêt, c’est un homme qui se conforme à l’usage, qui suit la manière reçue pour expliquer ses prétentions ambitieuses ou ses calculs égoïstes.

1496. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Ne t’explique point, ne t’excuse point, je sais tout ; j’ai tout compris, comme si j’avais été avec toi. […] Alors s’expliquèrent pour moi plusieurs choses que je n’avais pu comprendre ; ce mélange de joie et de tristesse, qu’Amélie avait fait paraître au moment de mon départ pour mes voyages, le soin qu’elle prit de m’éviter à mon retour, et cependant cette faiblesse qui l’empêcha si longtemps d’entrer dans un monastère, sans doute la fille malheureuse s’était flattée de guérir !

1497. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

C’est l’aventure qui fait les preux, et met les « pauvres brigands » de pair avec les chevaliers : sentiment bizarre, mais bien français, et bien humain, puisqu’il donne la clef de l’universelle popularité des Mandrin, des Cartouche et des José Maria, puisqu’il explique le prestige littéraire des contrebandiers et flibustiers. […] Ils débitent des contes, expliquent des allégories : leur sermon est tantôt un miracle de Notre-Dame, tantôt un fabliau, tantôt un chapitre de Physiologus et tantôt un débat ou une bataille.

1498. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Sans cesse, il fallait recourir aux principes de l’ancien droit, ou du droit nouveau, les expliquer, les fonder, les dissoudre, rechercher le sens des grands événements d’où le présent était sorti, et dresser comme des inventaires de leurs résultats moraux ou sociaux. […] Voilà ce que Royer-Collard expliquait en nettes formules, dans d’incomparables leçons, rappelant toujours toute discussion aux principes, et déduisant de la Charte toute doctrine, comprenant bien au reste son temps, et les deux grands faits, non pas créés, mais dégagés par la Révolution696 : la lourde centralisation administrative, et la vigoureuse expansion de la démocratie.

1499. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Il lui eût été facile de produire, lui aussi, des systèmes ; d’expliquer, par exemple, tout le développement d’une littérature par deux ou trois idées directrices, et de l’enfermer de gré ou de force (et si c’est de force, c’est plus beau) dans le cadre ingénieusement contraignant d’une histoire philosophique. […] Il est vrai qu’alors ce ne serait plus proprement le miracle… Ou bien n’y a-t-il point des phénomènes qui, tout en restant « naturels », — tels que l’hallucination de Jeanne d’Arc ou de Bernadette, — ne s’expliquent pourtant que par quelque chose d’inexplicable, par une force divine cachée dans une âme ?

1500. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Je vais essayer de l’expliquer. […] Je l’ai expérimenté souvent sans m’en expliquer les motifs, un Rythme inflexiblement mesuré convient mieux à modeler une immobile stature s’il est binaire que s’il est ternaire.

1501. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Leur solidité s’explique par le choix libre et savant de leurs sujets. […] Je m’explique par cette passion pour le grand, par cette vie de son esprit au sein du grand, ce qu’on raconte de sa candeur, de son ingénuité, de ses absences, de sa maladresse pour les choses de la vie réelle.

1502. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

La psychologie explique ici que le désir est la manifestation consciente d’une aptitude de l’organisme. […] En un ensemble d’œuvres, les plus étranges de notre siècle, nous avons noté un ensemble de caractères d’abord externes, puis intérieurs Ces caractères associés selon leur similitude, analysés selon leur signification, nous ont permis de conclure chez celui dont ils marquent les écrits, à certaines propriétés mentales, dont l’existence et les modifications réciproques expliquent pourquoi l’œuvre de Poe est telle que nous l’avons vue.

1503. (1772) Éloge de Racine pp. -

Avouons que ce ne sont pas là des modèles ; avouons que Racine a donné ce modèle qui n’existait pas avant lui ; que dans Andromaque les grands crimes sont produits par les grandes passions, les intérêts clairement développés, habilement opposés l’un à l’autre sans se nuire et sans se confondre, expliqués par les personnages et jamais par le poëte ; que les moyens que l’auteur emploie ne sont jamais ni trop vils ni trop odieux ; que les ressorts sont toujours naturels sans être prévus, les événemens toujours fondés sur les caractères ; et convenons que Racine est le premier qui ait su assembler avec tant d’art les ressorts d’une intrigue tragique. […] Les moeurs, nouvelles pour nous, d’une nation avec qui nous avions eu long-temps aussi peu de commerce que si la nature l’eût placée à l’extrémité du globe ; la politique sanglante du sérail, la servile existence d’un peuple innombrable enfermé dans cette prison du despotisme ; les passions des sultanes qui s’expliquent le poignard à la main, et qui sont toujours près du crime et du meurtre, parce qu’elles sont toujours près du danger ; le caractère et les intérêts des visirs qui se hâtent d’être les instrumens d’une révolution, de peur d’en être les victimes ; l’inconstance ordinaire des orientaux, et cette servitude menaçante qui rampe aux pieds d’un despote, et s’élève tout à coup des marches du trône pour le frapper et le renverser : voilà le tableau absolument neuf qui s’offrait au pinceau de Racine, à ce même pinceau qui avait si supérieurement crayonné la cour de Néron ; qui dans Monime et dans Iphigénie traça depuis avec tant de vérité la modestie, la retenue, le respect filial que l’éducation inspirait aux filles grecques ; qui dans Athalie nous montra les effets de la théocratie sur ce peuple fanatique, toujours conduit par des prodiges, ou égaré par des superstitions.

1504. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

On ne peut s’expliquer que par l’esprit d’imprudence et d’erreur, la négligence ou l’oubli du Théâtre-Français à l’égard d’un tel ouvrage. […] Nous nous sommes expliqué franchement sur toutes les questions ; nous avons proclamé nos admirations avec une grande probité littéraire, sans aucune influence d’amitié ou d’opinion ; pourquoi ne pas apporter en littérature cette indépendance de principes, cette conscience passionnée qui seule réussit maintenant en politique ?

1505. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Pour l’expliquer en deux mots, c’est l’assimilation de l’Histoire aux sciences naturelles, rien de plus. […] Mais une société dont il ne faut pas séparer l’homme, comme l’ont fait les théories les plus fausses du xviiie  siècle, et qui sont restées le plus populaires en raison même de leur fausseté, est autre chose qu’un animal qui ne relève que du microscope et du scalpel et qu’on étudie du dehors, pour en expliquer le dedans.

1506. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Idée juste d’une haine qui savait calculer, et qui explique ces préliminaires de l’expulsion que l’abolition devait suivre. […] Ils l’ont décrite sans l’affaiblir ; ils l’ont expliquée sans l’insulter.

1507. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Un fait demeure bien constant : L’Hôpital dans un premier moment avait incliné du côté des réformés au point de se rallier à eux et de leur donner même des gages ; ses édits subséquents de tolérance s’expliquent mieux de la sorte, et, quand on veut suivre ce grand magistrat dans sa carrière publique, il y a une borne extrême au point de départ qu’il ne faut pas perdre de vue et qui nous est indiquée par d’Aubigné.

1508. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Au petit rayon de clarté qui me paraît maintenant, mon esprit se développe et se met en devoir d’expliquer vos paroles, et de regarder d’un meilleur œil cette excellente fille qui a ravi votre cœur.

1509. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Pour moi, après cette lecture patiente, suivie, instructive, lorsque j’arrive aux événements du 1er mars, au débarquement de Napoléon à Cannes, quand j’entends vibrer les paroles aiguës, vengeresses, de sa proclamation, de son adresse à l’armée, j’éprouve un soulagement, un sentiment de délivrance, coûte que coûte, après tant d’affronts et d’inepties ; je suis entraîné, je suis peuple, je sens comme le peuple, et, sans plus de théorie, 1815 m’est expliqué.

1510. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Abel Jeandet (de Verdun), prend soin de nous expliquer dans une introduction avec le zèle et la sympathie d’un compatriote ; je parcours le recueil : c’est tout un monde bourguignon, des souvenirs du cru, des amitiés d’enfance, des paysages naturels, de riches aspects qu’anime la Saône ; puis le combat, la lutte et la mêlée, la souffrance, bien des amertumes, des injustices même éprouvées ou commises, le fouet de la satire qui siffle, et finalement une sorte de tristesse grave et de découragement austère ; — toute une vie, enfin, de quinze années qui se reflète dans des vers inégaux, rudes parfois, vrais toujours et sincères, et dont quelques-uns attestent une force poétique incontestable.

1511. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Cousin en était venu à s’occuper d’histoire au sens le plus sévère du mot ; il s’était attaché à Mazarin ; il tenait à éclaircir et à expliquer jusqu’à la dernière précision, jusqu’à la minutie même, certaines circonstances de la vie du grand négociateur.

1512. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Viguier, quand il lisait et expliquait à sa conférence de l’Aristophane, — de ce Voltaire-Rabelais, et qui était encore quelque chose de plus, — était lui-même tout à fait à peindre, ne se tenant pas d’aise et de surprise à chaque instant, trépignant de plaisir, riant et pleurant tout ensemble, rougissant lorsqu’une énormité succédait dans le texte à des détails exquis ; et il s’écriait avec une douceur charmante : « Ah !

1513. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Il y raconte tout et peut-être au-delà ; il s’y montre à nu, sans façon et d’assez bonne grâce pour un vieillard ; épicurien comme Horace, qu’il aime à citer, sensualiste ouvertement, sans trop de cynisme, quelque peu chrétien par là-dessus, à ce qu’il dit, je ne me chargerai pas d’expliquer comment ; plein de regrets pour le passé, mais sans trace de repentir, il va, il déroule à plaisir, il recommence sa jeunesse.

1514. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Ensuite il se guinda de tout son effort pour composer une bonne fiction mythologique à l’éloge de Vaux ; il expliquait sa fiction dans une préface, tout au long, avec des précautions qui auraient fait honneur aux pédagogues Bossu et Rapin.

1515. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Si j’étais père de famille, au lieu d’être un solitaire de l’existence entre deux générations tranchées par la mort, du passé et de l’avenir de ce globe, qui n’a plus pour moi que le tendre et triste intérêt du tombeau ; ou si j’étais un instituteur de la jeunesse, chargé de lui enseigner le plus rapidement et le plus éloquemment possible ce que tout homme doit savoir du globe et de la race à laquelle il appartient, pour être vraiment intelligent de lui-même, je suspendrais un globe terrestre au plancher de ma modeste école, et j’expliquerais, avec ce miraculeux démonstrateur de l’astronomie, le second Herschel, la place et le mouvement de notre globule au milieu des espaces et des mouvements de cette armée des astres, qui exécutent, chacun à son rang et à son heure, la divine stratégie des mondes.

1516. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Et la marque infaillible de sa vocation, la voici : tandis que les poètes, qui sont essentiellement et éminemment poètes, ne font guère que la théorie de leur talent, érigeant en bornes de l’art leurs impuissances et leurs procédés en lois, celui-ci échappe à la tyrannie du tempérament : il explique ce qu’il ne sait faire ; il conçoit un art supérieur au sien ; sa théorie est infiniment plus vaste et plus haute que sa pratique.

1517. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Ainsi s’explique qu’il ait pu faire ses églogues, qui sentent si peu le pastiche.

1518. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Pas de philosophie de l’histoire littéraire ; pas de loi universelle, prétendant expliquer la genèse des œuvres ; pas de système dont Marivaux fût employé à donner la démonstration.

1519. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Cela suffit à expliquer pourquoi les Poèmes antiques et les Poèmes barbares n’ont jamais obtenu de vogue parmi les lecteurs qui sont emprisonnés dans le domaine de la sensation, et pourquoi leur place est plus haute parmi ceux qui pensent ; si haute, que la poésie contemporaine en est dominée tout entière.

1520. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

L’hésitation ultime du novateur, tel que celui présenté dans le roman d’Adam, s’explique par ce doute où il s’abîme : ai-je agi pour mon plaisir ?

1521. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

» Il expliquait : « Concevez-vous cela ?

1522. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Les petits esprits qui conçoivent la perfection comme une médiocrité, résultant de la neutralisation réciproque des extrêmes, appellent cela des excès ; mais c’est là une étroite et mesquine manière d’expliquer de pareils faits.

1523. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Enfin, le laps de huit jours est beaucoup trop court pour expliquer tout ce qui dut se passer entre l’arrivée de Jésus dans cette ville et sa mort.

1524. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Cela n’expliquerait-il pas, en partie, le coloris funèbre qui assombrit la Lucrèce Borgia de Victor Hugo, jouée l’année suivante ?

1525. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

L’inclination mutuelle des sexes est un sujet si fécond et si varié de conversation ; ils ont tant de choses à se dire pour faire entendre ce qu’il leur est prescrit de taire ; il faut tant de paroles pour expliquer cette prière muette 11 qu’ils s’adressent continuellement l’un à l’autre ; il faut partir de si loin, il va tant de circuits à faire pour arriver au but désiré, qu’on ne peut assez multiplier les occasions de se parler, de se communiquer, s’ouvrir assez de chances favorables, étendre la conversation à un assez grand nombre d’objets divers.

1526. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Toutes ces vertus ne sont possibles qu’au prix d’un travail constant, d’une épuration perpétuelle, d’études rigides et sévères, Les mathématiques qui expliquent les nombres, la physique qui règle les rapports des corps entre eux, la chimie qui expose leurs décompositions, l’astronomie qui enseigne les mouvements des astres, l’agriculture qui révèle les principes terrestres, la botanique et la médecine qui instruisent les hommes sur les choses du monde, telles sont les sciences nécessaires à la création des stances et des drames.

1527. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

J’ai besoin de m’expliquer, ayant là-dessus depuis longtemps des idées qui ne sont peut-être pas d’accord avec celles qui ont cours aujourd’hui.

1528. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

C’est pourquoi il faut traduire, commenter, publier, imprimer, réimprimer, clicher, stéréotyper, distribuer, crier, expliquer, réciter, répandre, donner à tous, donner à bon marché, donner au prix de revient, donner pour rien, tous les poètes, tous les philosophes, tous les penseurs, tous les producteurs de grandeur d’âme.

1529. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

N’oublions pas qu’il était de robe, et que M. de Bonald était d’épée ; ce qui peut expliquer en partie la différence de leurs vues.

1530. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Il nous reste maintenant à nous expliquer sur le rythme.

1531. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Littérature dramatique Il n’y a pas beaucoup de littérature dans les pièces qui se jouent chaque soir à Paris et il y a peu de jeunes auteurs joués, ce qui explique la brièveté de ce chapitre.

1532. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Si encore les faits sociaux étaient seuls à produire cette conséquence, l’imitation pourrait servir, sinon à les expliquer, du moins à les définir.

1533. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Cela s’explique.

1534. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

L’un l’aimait comme un père spirituel à qui il devait reconnaissance du don de la vie ; l’autre l’aimait comme un homme à qui il devait de savourer continuellement sa supériorité intellectuelle ; l’un l’aimait avec dévotion, l’autre avec égoïsme ; l’un l’aimait de tout l’amour que l’on a pour l’être d’élection, l’autre de tout l’amour que l’on peut avoir pour soi-même ; et l’un était fier de se dire que, s’il rencontrait Proudhon, il le réfuterait et le confondrait assurément ; et l’autre de se dire que, s’il rencontrait Proudhon, il l’expliquerait à lui-même avec une clarté définitive.

1535. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

Albalat voit des intentions de poète, Bossuet n’avait que des intentions de théologien. » Il est très vrai que le souci d’exactitude théologique explique certaines ratures de Bossuet ; j’accorderais même, si l’on y tient, qu’aucune de mes citations n’est probante.

1536. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

C’est la raison, sans doute, qui explique l’abandon familier de la notice d’Henry de la Madelène, lequel s’est contenté de nous raconter son héros dans un style rapide et quelquefois un peu saccadé, mais qui va de verve et rencontre çà et là des touches limpides.

1537. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Dominé par cet Antonelli qui lui ressemblait si peu, et sans que l’histoire puisse encore expliquer cette domination mystérieuse, Pie IX laissa Mgr Pecci trente-deux ans d’épiscopat à Pérouse, dans ce confinement d’un diocèse qui a été pour lui un royaume, et dans lequel il s’apprenait laborieusement à être pape, sous l’œil de Dieu, et sans savoir qu’après Pie IX ce serait lui qui le deviendrait !

1538. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Mais le comte de Gasparin nous explique pourquoi il a choisi, dans la liste magnifique des pontifes romains, Innocent III, pour en parler de préférence aux autres pontifes.

1539. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Il faut bien le dire, pour expliquer le peu de poésies qui surnagent sur la grande quantité de vers écrits par des plumes d’un talent à faire illusion, la poésie, en dehors des procédés matériels du rhythme, c’est la force de l’individualité rompant subitement la chaîne des traditions et le fil délié des réminiscences.

1540. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Dire comment il n’est que le troisième, expliquer sa place hiérarchique dans l’ordre de composition qu’il avait choisi pour les ambitions et les bonheurs de sa pensée, nous donnera l’occasion de poser quelques-unes de ces idées générales préliminaires sur lesquelles la Critique doit s’élever pour mieux juger les hommes qui seraient plus haut qu’elle de plain-pied.

1541. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Non content d’avoir expliqué son héroïne par son père, son éducation, son mariage et surtout son mari, M. 

1542. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

C’est encore, d’après cette théologie mystique que les poètes furent appelés par les Grecs, μύσται, [qu’Horace traduit fort bien par les interprètes des dieux ], lesquels expliquaient les divins mystères des auspices et des oracles.

1543. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Mais un peu plus loin, à propos d’Homère que Jean Racine expliquait à La Fontaine, Louis Racine ajoute : Il n’était pas nécessaire de lui en faire sentir les beautés : tout ce qui était beau le frappait. […] Je choisis trois petits morceaux de ton différent : quelques vers d’amour d’Hémon et d’Antigone ; quelques vers de psychologie juste et aisée où le politique Créon explique pourquoi il veut que les deux frères se rencontrent pour un accommodement ; et quelques vers d’Étéocle au moment où il attend Polynice et sent redoubler sa haine à l’approche de son frère. […] Comme nous concevons bien, nous, par cette revue du passé d’Agrippine, que les crimes de la mère expliquent, appellent, nécessitent les crimes du fils, et qu’ils auront dans ceux-ci leur fructification naturelle et, à la fois, leur inévitable châtiment ! […] … Titus ne s’est pas encore expliqué. » Mais Bérénice ne veut rien entendre, et nous la plaignons, pauvre petite, d’être si confiante et si gaie. […] Ce n’est même que quatre ans plus tard (préface de 1676) qu’il aura cette belle et ingénieuse remarque sur « l’éloignement du pays qui répare en quelque sorte la trop grande proximité du temps » et qu’il expliquera comment la vie du harem est propre à rendre les femmes plus savantes en amour.

1544. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Le Chourineur, ce personnage affreux d’un roman où se pressent tant d’horribles personnages, ce type poétisé de l’assassin, explique à sa façon comment la soif du sang qui s’allume en lui est le fait de son tempérament et l’a fatalement poussé à l’homicide : « Le sang me portait toujours aux yeux… Quand, mon grand couteau à la main, j’avais autour de moi quinze ou vingt chevaux, tonnerre ! […] … » Bien évidemment, il y a dans ces dernières lignes autre chose que renonciation d’un fait vulgaire ; il y a une théorie, qui explique et justifie les actions des hommes par leur tempérament, leurs aptitudes, leurs inclinations naturelles. […] L’histoire contemporaine l’explique. […] Le drame que nous avons cité plus haut, Le Brigand et le Philosophe, et où se trouve si naïvement exposée la théorie du vol, explique aussi comment c’est la société qui corrompt ses membres et les pousse à l’improbité. […] Quand nous parlons de l’influence que la littérature a pu avoir sur les mœurs, on comprend d’ailleurs, sans qu’il soit besoin de l’expliquer, que nous prenons ici cette expression de mœurs dans son sens le plus général : ce n’est pas seulement des mœurs proprement dites que nous entendons parler, mais aussi de cet ensemble d’opinions communes, d’idées reçues, d’habitudes naturelles ou acquises qui constituent l’état moral et intellectuel d’un peuple.

1545. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

En conséquence c’était par expliquer le monde qu’ils commençaient. […] Mais les Grecs n’en étaient pas là et s’obstinaient à vouloir expliquer chaque chose par le tout et à poser toujours l’absolu pour en déduire le relatif. […] Cette vue est surtout métaphysique, elle est une manière d’expliquer un fait universel qui est curieux et surprenant ; elle a cependant aussi son importance morale. […] Le parallèle est intéressant et éclaire assez bien les deux choses et explique assez bien le caractère des deux défauts : « D’où vient, en effet, la misanthropie ? […] De plus, le besoin qu’ont les contraires de s’unir peut, si l’on veut, s’expliquer même sans intervention du génie de l’espèce et sans qu’on dise que c’est proprement l’instinct qui agit.

1546. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Pour expliquer la différence prodigieuse qu’il y a de la Métromanie aux autres ouvrages de Piron, on raconte (ce qui est fort probable) que la pièce dut beaucoup aux conseils de Mlle Quinault et de son frère Dufresne, qui avaient tous deux infiniment de connaissance et de goût. […] En fait d’épigrammes, il y aurait à en citer encore de très-jolies de Piron sur d’Olivet, La Chaussée, l’abbé Le Blanc ; celle-ci contre La Harpe est vigoureuse ; quoique de l’extrême vieillesse, elle ne sent pas du tout son vieux Priam : Quand la Harpie, oracle du Mercure, Du grand Rousseau vient déchirer le nom ; Que pour le prix de cette insulte obscure Voltaire élève au ciel ce mirmidon ; Expliquez-nous qui des deux, je vous prie, De plus d’opprobre a souillé son pinceau : Ou la Harpie, en déchirant Rousseau, Ou bien Voltaire en louant la Harpie ? […] Il faudrait à tout instant un commentaire pour expliquer toutes ces allusions et ces ricochets de bons mots à double entente.

1547. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Tout cela, on le voit ; concorde et s’explique à merveille ; on a le cadre et le canevas du roman ; mais c’est de la physionomie des personnages et de la nature des sentiments qu’il tire son véritable et durable intérêt. […] D’une part, elle est trop courte pour qu’à cette époque M. de Ferriol pût se rendre, dans cet intervalle, de Constantinople en France ; d’autre part, elle est suffisamment expliquée par l’extrait suivant d’une lettre du Roi à M. de Ferriol : « Extrait d’une lettre de Louis XIV à M. de Ferriol. […] Mais est-il besoin d’en expliquer le charme à ceux qui ont aimé ?

1548. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il n’y a point de société ni de conversation qui puisse subsister dans le monde sans bonté ou quelque autre chose qui en ait l’apparence et en tienne la place ; pour cette raison, les hommes ont été forcés d’inventer une sorte de bienveillance qui est ce que nous désignons par le mot d’urbanité. » Il vient ici d’expliquer involontairement sa grâce et son succès. […] On trouve un fonds de grossièreté dans cette façon de traiter les choses divines, et on aime encore moins l’exactitude avec laquelle il explique Dieu, le réduisant à n’être qu’un homme agrandi. […] Ils expliquent ainsi pourquoi il ennuie un peu.

1549. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Ceci était nécessaire pour expliquer à M.  […] On ne s’expliquait pas ce mouvement irrésistible de patriotisme et d’ambition qui, à la nouvelle des désastres de la République, l’avait entraîné à retourner en France. […] Thiers trouve dans la coïncidence de destinée l’occasion d’un de ces parallèles de Plutarque qui sont le reflet d’un caractère sur l’autre et qui les expliquent tous les deux.

1550. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Ce principe explique une prédilection pour Baudelaire, beaucoup plus capable de s’adapter à des tempéraments très divers par son intelligence précise des idées, des sensations et des mots. […] Des goûts comme des couleurs on ne discute pas… Et puis ce serait trop long à expliquer ; vingt-cinq lignes n’y suffiraient pas. […] … Aux siècles passés, la question s’expliquait : Quel est votre poète ?

1551. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Et tous ces changements, sans aucun des développements intermédiaires qui devraient expliquer ces rapidités d’action et ces péripéties, s’agitent et se précipitent en des scènes qui sautent ici et là, car il n’en est pas deux qui tiennent l’une à l’autre. […] Et si vous voulez bien comprendre votre Gœthe, si vous voulez vous dépouiller de l’illusion dans laquelle on vous a jusqu’ici entortillé, ne perdez jamais de vue son procédé, ce procédé d’investigation, de recherche et de retouche, qui l’explique et qui le suit partout, comme Marguerite. […] Porchat, qui est si honnête, ne se permet pas de l’interpréter ou de l’expliquer.

1552. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Faut-il vous expliquer ma fable ? […] C’était toujours un texte Latin, expliqué en Français, un exorde, un premier & un second point. […] Il le fut davantage de la chaleur, de la rapidité avec laquelle un Philosophe moderne lui expliquait son systême, lui développait ses idées sur le langage universel de la nature, sur l’interprétation qu’elle-même nous donne tacitement de ses principes & de ses loix, sur les facultés de l’ame dans un homme né aveugle & sourd ….. Un autre Philosophe expliquait l’influence du physique sur le moral, & de notre intérêt personnel sur nos actions & nos sentimens. […] Perraut expliquait Vitruve & joignait à ces leçons le plan de sa colonnade(a) qui était un sublime exemple.

1553. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Mais déjà, lorsque nous parvint cette lettre où le superbe aède expose si clairement sa nouvelle théorie poétique, nous avions commencé notre enquête auprès des maîtres du vers, auprès des chefs des différentes écoles, et partout, académiques, romantiques, indépendants, modernistes, tous préoccupés de l’œuvre nouvelle, cherchaient à défendre, à expliquer, commenter ou combattre la révolutionnaire attitude du chantre provençal. […] Le subtil, l’émotionnant poète du Voyage dans les yeux, de Bruges-la-Morte et du Voile, chante aussi la gloire de Mistral et nous envoie ce petit bleu, aimablement accompagné d’un petit poème inédit : Cher Monsieur, Mistral a lui-même expliqué que, si son poème sera écrit en vers sans rimes, c’est qu’il se trouve exposé à retomber dans les mêmes, après trente mille vers publiés ! […] Dans cet opuscule aride, je m’attache à distinguer avec netteté l’essence de la prose et celle des vers, parce que nos présents réformateurs me semblent faire de la prose sans le savoir, et j’explique de mon mieux la genèse de la versification française par la loi physiologique du moindre effort appliqué à l’acoustique du langage rythmé ; ce qui ne laisse aucune part à l’arbitraire, dans la constitution du vers. […] Mistral a fort bien expliqué qu’il n’avait rien de commun avec ce qu’on appelle aujourd’hui le vers libre français.

1554. (1925) Portraits et souvenirs

Elle écrit alors la terrible lettre LXXXI où elle se livre, où elle explique le chef d’œuvre de sa conduite, où elle raisonne son caractère. […] Il ne l’est pas moins quand il nous explique la manière dont l’ingénieux et subtil adaptateur que savait être José-Maria de Heredia tirait parti de la riche et souple matière anthologie pour la refondre dans sa strophe afin d’en composer les petits tableaux votifs, funéraires ou descriptifs qu’il excellait à animer en les dramatisant. […] C’est ainsi, et cependant, par une manière d’hypocrisie inconsciente, je ne laisse pas de m’inventer des prétextes pour n’expliquer à moi-même pourquoi j’abandonne si volontiers mes occupations les plus pressantes pour aller vivre quelques semaines, annuellement, de la molle et absorbante vie vénitienne. […] Cette énigme, plusieurs critiques ont trouvé sa solution en déclarant que Le Greco était fou, ce qui est un moyen facile d’expliquer tout artiste difficile. […] En pensant ainsi, Mandrin était d’accord avec le sentiment populaire et c’est ce qui explique ses étonnantes randonnées en pays de France, telles que M. 

1555. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Professeur d’éloquence latine au Collège de France, j’expliquais dans les Annales de Tacite l’admirable récit du complot où périt Galba. […] Il trouva la chose quelque peu incorrecte, et il l’expliqua par un simple oubli, qui allait être, me dit-il, réparé. […] Il nous expliqua par quel mécanisme de compensations les traités de 1860 avaient préservé notre commerce et nos finances du contrecoup de la guerre d’Amérique. […] Ceux qui ont été surpris que l’Académie ait fait choix d’un avocat qui n’était pas même le premier de la robe, ont pu s’expliquer la chose en lisant les premières productions académiques de M.  […] Il ne fallait pas moins y penser tous les jours, souvent avec ce surcroît d’appétit qu’explique trop bien le reste de faim qu’on reportait d’un repas au repas suivant.

1556. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

La manière dont il s’expliqua dans ses derniers momens, est remarquable. […] L’empereur eut la patience de lui expliquer comment c’étoit précisément la même chose ; comment les lettrés n’étoient point des athées qui admettoient seulement le ciel matériel : il justifia les honneurs que ses sujets rendoient aux morts. […] Le premier chirurgien du roi, La Martinière, s’explique ainsi dans un mémoire présenté au roi. […] Ceux qui s’étoient expliqués le plus ouvertement sur des matières aussi délicates, furent les premiers à se plaindre, à demander hautement réparation de l’outrage, à protester contre ce qu’on imputoit à la vénérable compagnie des pasteurs & professeurs de l’église & de l’académie de Genève. […] Sous notre capuchon, vivant en libertins, Expliquez-moi par quelle grace, Sous notre capuchon, mourrions-nous donc en saints ?

1557. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Elle m’en expliqua l’usage : l’un servait à assujettir son turban, et l’autre à cacher sa figure, quand elle ne voulait pas être reconnue. […] J’ai passé huit jours dans la grotte d’un santon retiré dans les rochers du Liban ; je couchais près de lui sur des feuilles sèches ; il m’expliquait le Coran et m’initiait aux secrets de sa vieille expérience.

1558. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Dargaud à ce roi mourant nous paraît donc une erreur d’homme d’État, expliqué par une préoccupation qui est aussi la nôtre pour la liberté religieuse. […] Mais le cœur des femmes a plus de mystères que la magie elle-même n’en peut expliquer.

1559. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Là, ils s’arrêtèrent, Bourgoing expliqua à la reine le scrupule étrange de ses gens, qui désiraient ne pas avoir l’air de la conduire à la boucherie. […] Sa mort, expliquée par la politique, avait ressemblé à un martyre ; sa mémoire, exécrée par les presbytériens d’Écosse et par les protestants d’Angleterre, fut adoptée par les catholiques comme celle d’une sainte.

1560. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

La verve étincelante et facétieuse de l’Italie méridionale aurait expliqué ainsi par sa source l’originalité étrangère et quelquefois burlesque de l’imitateur futur d’Arioste. […] …………… …………… Ses dix-huit volumes de correspondance sont pleins des témoignages de sa foi dans l’Être créateur, providentiel et rémunérateur, et de mépris contre les athées qui nient la cause suprême faute de pouvoir l’expliquer.

1561. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Pour toute joie, toute douleur, tout sacrifice, tout événement, elle a un chant qui exalte, console, explique ou fortifie. […] Cette fortune s’explique par le fait que la révolution prosodique accomplie ainsi a coïncidé avec la plus grande révolution psychologique de notre âge.

1562. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Son séjour presque continuel à Rouen, loin de la cour, expliquerait tout au plus les locutions provinciales qui gâtent son beau langage. […] Le petit nombre des pièces de Racine pourrait s’expliquer par la rareté des sujets tout aussi bien que par ses scrupules de religion.

1563. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Dans la France nouvelle, leur position sociale s’est améliorée encore, et cela s’explique aisément. […] Cette théorie, qui consiste à donner la première place aux facteurs économiques dans l’évolution humaine, serait fort insuffisante à expliquer en totalité l’évolution littéraire ; mais elle appelle l’attention sur quelques-unes des causes les plus profondes dont la littérature subit l’influence et je n’ai pas craint d’insister sur les rapports étroits qui existent entre des phénomènes qu’on néglige trop souvent de rapprocher les uns des autres.

1564. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Ainsi s’explique la nécessité du Réalisme dans l’art : mais non point d’un réalisme transcrivant, sans autre but, les apparences que nous croyons réelles : d’un réalisme artistique, arrachant ces apparences à la fausse réalité intéressée où nous les percevons, pour les transporter dans la réalité meilleure d’une vie désintéressée. […] Bartholomé est Français ; mais voici deux peintres qui, à coup sûr, ne le sont point et ainsi je m’explique, par leur ignorance de Paris, qu’ils aient eu l’idée d’exposer, dans ce bazar, leurs œuvres honnêtement créées.

1565. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Il faut qu’il parle, il faut qu’il s’explique. […] On l’eût comprise, expliquée, presque excusée.

1566. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Mon petit Pierre Gavarni expliquait, ce soir, assez ingénieusement, le talent de Fromentin : un manque d’études suivies, une inexpérience curieuse du métier de la grande peinture, mais le jet sur la toile d’un milieu et d’une heure, que le peintre peuple après d’Arabes et de chevaux mal dessinés et incomplètement peints, mais qui sont au fond charmants, presque vrais, et qui vivent par l’exquise et poétique trouvaille de la nature ambiante. […] Samedi 16 décembre C’est très difficile à expliquer.

1567. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Bien que le détail de cette action, qui de sa nature est secrète, échappe nécessairement, il est possible encore aujourd’hui de suivre dans la conduite du président une certaine ligne générale, et d’expliquer les circonstances même où il sembla s’en écarter.

1568. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Mais celui qui ne sentirait pas tout ce qu’il y a de rare, de foncièrement salubre et de moralement exquis dans les bonnes pages que nous indiquons, ne s’expliquerait pas l’estime universelle qu’il inspire.

1569. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Je m’explique.

1570. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

L’éducation, le tour d’esprit, la forme de talent de Bossuet, expliquent suffisamment cette manière de penser et d’agir.

1571. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Vacherot, il a assez expliqué le pourquoi.

1572. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Et sur Mirabeau, pour nous bien expliquer le culte constant et inviolable qu’il lui voua, remarquons en passant que Frochot, tout exécuteur testamentaire qu’il était, ignora toujours ou du moins put toujours révoquer en doute bien des choses que nous savons aujourd’hui de science certaine et qui déjà avaient fait bruit dans le temps, lorsqu’on découvrit l’armoire de fer.

1573. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Jouffroy et Damiron, elle est merveilleuse à décrire jusque dans leurs moindres nuances les idées, les sentiments, les habitudes logiques de l’individu de nos jours, tel que le christianisme moins la foi, tel que le christianisme devenu philosophie l’a élaboré ; elle analyse avec beaucoup de sagacité le dernier produit intellectuel de la civilisation chrétienne, mais sans portée pour nous expliquer la formation antérieure de ce produit, sans puissance pour le féconder et le transformer.

1574. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

— Je ne prétends point expliquer tout le phénomène, mais enfin j’en dirai le peu que j’ai pu observer et que je sais, et cette explication n’est point un hors-d’œuvre, car en montrant comment s’est formée la nécessité de la situation, elle avertit par là même combien il importe pleinement d’y satisfaire.

1575. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Il se soutient, peut-être, par l’espoir de se montrer lui-même alors qu’il aura atteint son but ; mais s’il faisait naufrage avant d’arriver au port, s’il était banni, pendant, qu’à l’imitation de Brutus, il contrefait l’insensé, vainement voudrait-il expliquer quelle fut son intention, son espoir ?

1576. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

. — Direct ou renversé, le procédé s’explique de même.

1577. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il raconte à Mme de La Fontaine que son premier soin, en entrant dans un pays, est de s’enquérir des jolies femmes : « Je m’en fis nommer quelques-unes, à mon ordinaire. » Il entre dans une allée profonde et couverte, et explique (toujours à Mme de La Fontaine) « qu’il se plairait extrêmement à avoir en cet endroit une aventure amoureuse. » Il insiste pour plus de clarté (toujours dans une lettre à Mme de La Fontaine) : « Si Morphée m’eût amené la fille de l’hôte, je pense bien que je ne l’aurais pas renvoyée.

1578. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Le physicien, qui veut expliquer la nature et qui opère sur les données de l’expérience, cherche les lois des phénomènes qu’il voit, et procède par induction.

1579. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Mais quand il veut s’expliquer, il ordonne au poète « d’imiter, inventer ou représenter les choses qui sont ou qui peuvent être » : voilà qui va bien, mais il ajoute : « ou que les anciens ont estimées comme véritables ».

1580. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

L’explication du mystère qui nous occupe serait peut-être dans ce passage de Milton où il est dit que l’homme « contemple » et que la femme « aime »… Et puis, au bout du compte, tout cela est trop général et n’explique rien.

1581. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

La commedia dell’arte en France Nous avons expliqué comment et dans quelles circonstances les Italiens réussirent à représenter des pièces dont le dialogue était abandonné à l’inspiration de chaque acteur.

1582. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Il y a là une contradiction au moins apparente qu’il est nécessaire d’expliquer.

1583. (1890) L’avenir de la science « XXI »

L’apparition du Christ serait inexplicable dans un milieu logique et régulier ; elle s’explique dans cet étrange orage que subissait alors la raison en Judée.

1584. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Quand on obligeait les chefs des prêtres à s’expliquer nettement sur ce point, on les embarrassait fort 301.

1585. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Et d’abord, plus on y songe, et mieux on s’explique son amour de mère, cet amour qui, pour elle, représentait tous les autres.

1586. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

La manière en semble faite exprès pour expliquer le mot de Voltaire : La grâce en s’exprimant vaut mieux que ce qu’on dit.

1587. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Expliquons-nous pourtant, non pas avec la police à laquelle, moi, honnête homme, je défends de parler de ces matières, mais avec le petit nombre de personnes respectables et consciencieuses qui, sur des ouï — dire ou après avoir mal entrevu la représentation, se sont laissé entrainer à partager cette opinion, pour laquelle peut-être le nom seul du poëte inculpé aurait dû être une suffisante réfutation.

1588. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Déjà, dans l’antiquité, Érasistrate l’avait défendue, et il expliquait la supériorité intellectuelle de l’homme par le nombre de ses circonvolutions.

1589. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Je m’explique.

1590. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Au bout d’un certain temps, à la vérité, ils cessèrent de m’être utiles, parce que je m’aperçus que de tous les livres dont ils parlaient, ils n’avaient jamais lu une page, ce qui m’expliqua la netteté de leurs décisions et l’originalité de leurs aperçus.

1591. (1761) Apologie de l’étude

Une seule espèce d’écrivains m’a paru posséder un bonheur sans trouble ; c’est celle des compilateurs et commentateurs, laborieusement occupés à expliquer ce qu’ils n’entendent pas, à louer ce qu’ils ne sentent point, ou ce qui ne mérite pas d’être loué ; qui pour avoir pâli sur l’antiquité, croient participer à sa gloire, et rougissent par modestie des éloges qu’on lui donne.

1592. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Mais ni la fatuité nonchalante, ni la superficialité sans gêne d’une Critique qui n’aime que les livres bientôt lus ou aisés à pénétrer, ne suffisent aujourd’hui pour expliquer l’étrange silence, très injuste selon moi, qui, relativement à son importance, enveloppe, pour le moment, un livre fait, de sujet seul, pour retentir, et dont le titre pour les partis ressemble à une provocation d’amour ou de haine.

1593. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Or, cet être inouï n’était pas une femme préservée par l’amour ardent d’un mari ou par ces tendresses des enfants qui suffisent aux mères : ce n’était ni une mère, ni même une épouse, quoiqu’elle fût mariée, mais une mariée dont les circonstances les plus exceptionnelles avaient fait une Édith mondaine, une Édith dont la sainteté n’expliquait pas, comme pour l’autre, la virginale pureté.

1594. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Tous les autres qui viendront après lui pourront l’imiter, le recommencer, le modifier, l’expliquer, le réfuter même.

1595. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Je ne m’explique pas comment un organisme malade intérieurement peut être sain à l’extérieur ; s’il apparaît tel, cette santé ne peut être qu’une illusion de la part des spectateurs du dehors.

1596. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

Mais comment expliquer, d’une manière générale, ce rapprochement entre le temps et la ligne de lumière ?

1597. (1915) La philosophie française « I »

Mais concurrence et sélection expliquent comment certaines variations se conservent ; elles ne rendent pas compte — Darwin le disait lui-même — des causes de la variation.

1598. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

. — Aussi Josèphe ne craint point d’avouer cette longue obscurité des Juifs, et il l’explique de la manière suivante : Nous n’habitons point les rivages ; nous n’aimons point à faire le négoce et à commercer avec les étrangers.

1599. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Tout s’explique dans ce prodige, non pas seulement par l’heureuse condition du climat et de la race, mais aussi par les accidents de la vie sociale et par la Culture que recevait l’homme.

1600. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Ainsi peut s’expliquer le langage inspiré, l’enthousiasme d’Empédocle parlant de lui-même et invoquant la foi docile de ses concitoyens.

1601. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Les notions historiques sont distribuées un peu au hasard, à propos des auteurs expliqués ou des faits rencontrés en chemin. […] Son œuvre qui, tous les jours, s’augmente, servira plus tard de preuve contre cette théorie du « milieu » et de la « race », par laquelle Taine voulait expliquer l’évolution des littératures. […] « Ce duc, m’explique M.  […] Est-il nécessaire, après cela, d’expliquer la thèse impliquée dans ce récit ? […] oui, un roman, une « fiction », comme disaient mes maîtres La Harpe, Geoffroy et Gustave Planche… Je voudrais m’expliquer.

1602. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

S’agit-il d’expliquer l’embarras d’un jeune homme obligé de choisir une carrière parmi les convoitises et les doutes de l’âge où nous vivons, il vous montre1393 « un monde détraqué, ballotté, et plongeant comme le vieux monde romain quand la mesure de ses iniquités fut comblée ; les abîmes, les déluges supérieurs et souterrains crevant de toutes parts, et dans ce furieux chaos de clarté blafarde, toutes les étoiles du ciel éteintes. […] Ce catéchisme cynique, jeté au milieu de déclamations furibondes, donne, je crois, la note dominante de cet esprit étrange : c’est cette tension forcenée qui fait son talent ; c’est elle qui produit et explique ses images et ses disparates, son rire et ses fureurs. […] Ce ne sera pas mal employer le temps que de chercher à celui-ci sa place, et d’expliquer par quelles raisons et dans quelle mesure il doit manquer ou atteindre la beauté et la vérité. […] Expliquer une révolution, c’est faire un morceau de psychologie ; l’analyse des critiques et la divination des artistes sont les seuls instruments qui puissent l’atteindre ; si nous voulions l’avoir précise et profonde, il faudrait la demander à ceux qui, par métier ou par génie, sont connaisseurs de l’âme, à Shakspeare, à Saint-Simon, à Balzac, à Stendhal.

1603. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Cette liaison que la morale chrétienne réprouve, mais que les mœurs du xviiie  siècle n’expliquent que trop, eut pour conséquence le salut de plus d’un Bordelais. […] Et c’est précisément tout ce sous-entendu du passé de Selwyn et de lord Annandale qui me rend moins rebelle à admettre le dénouement et à m’expliquer le dégoût lent et l’oubli de la Faustin. […] Il fallut lui faire expliquer par la voix du plus sceptique des chroniqueurs la portée et la signification du roman incompris : Albert Wolf raconta que la madame Ebsen de l’Évangéliste était une pauvre maîtresse d’allemand, à qui l’une des sectes bizarres, dont la plus illustre est l’Armée du salut, avait enlevé sa fille, et que Daudet avait écrit sous la dictée des larmes de cette malheureuse mère. […] Il nous faut expliquer cette incartade, car c’en est une, même pour le libéralisme protestant. […] Ainsi s’explique bien aisément le silence gardé sur un écrivain, que sa patrie elle-même était loin, même hier, d’apprécier à sa valeur.

1604. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Damis avait choisi Dorine pour sa commère, ce qui vous explique l’esprit, la verve et en même temps le bon goût de la jeune catéchumène… Donc l’enfant grandit sous les chênes touffus, au bord des ruisseaux, à l’ombre des bocages en fleurs ; fleurs de chiffons, chênes en bois peint, ruisseaux tracés sur la toile. […] Mais expliquez-nous donc ce mystère ! […] En même temps, — avec beaucoup de tact et de finesse, les deux amis nous expliquent comment la délicatesse de l’amour français répugnait à cette convention funeste par laquelle Phœdia, l’amant de Thaïs, se tient éloigné, pour deux grands jours, de la présence de sa jeune maîtresse, laissant la place libre à son rival ; il explique aussi (c’est un étrange dénouement pour un public parisien) ce Phœdia, amant reconnu de Thaïs qui consent désormais à recevoir chez lui, comme ami de la maison, ce capitaine ridicule qui lui a déjà pris sa maîtresse pendant un jour. […] La comédie grecque n’appartient à aucun genre, elle n’est pas définie dans les livres ; Aristote lui-même, qui s’est occupé des moindres détails de l’art de rhétorique, ne s’explique pas sur la comédie, par la raison, dit-il, que l’art n’enseigne pas à faire rire. […] qui le lui explique ?

1605. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

C’est un juge impartial qui pèse ce que chaque secte enseigne de contraire ou de conforme à la vérité, et qui s’en explique avec franchise. […] La question se réduirait à savoir s’il est licite, ou non, de s’expliquer librement sur la religion, le gouvernement et les mœurs. […] Lorsque Saint-Évremond s’expliquait si légèrement sur Sénèque, il ne l’avait pas lu. […] C’est à elle-même à s’expliquer ; il faut l’interroger, et non répondre pour elle. […] Cela est… » Et cela s’explique.

1606. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Il s’en explique avec une loyale modération dans la chanson du Nouveau Diogène : Où je suis bien, aisément je séjourne ; Mais, comme nous, les dieux sont inconstants ; Dans mon tonneau, sur ce globe qui tourne, Je tourne avec la fortune et le temps. […] Le peuple, en me voyant rentrer dans son sein, ne se défiera pas de moi, et j’aurai plus d’empire sur lui dans ses propres rangs que je n’aurais d’ascendant sur les bancs de ses maîtres. » Ce furent évidemment là ses pensées ; je ne les approuve pas, je les explique. […] Elles expliquent la profonde tristesse civique qui saisit Béranger quand, à la place de l’unanime et patriotique enthousiasme qui soulevait le peuple et l’Assemblée nationale au-dessus de terre en 1848, il vit l’Assemblée législative jouer, comme une assemblée d’enfants en cheveux blancs, à l’utopie, à la Terreur, à la Montagne, à la réaction, à l’orléanisme, au militarisme, à l’anarchie, à tous les jeux où l’on perd la liberté, la dignité, l’ordre social et la patrie.

1607. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

C’est ainsi qu’il s’en expliqua. […] L’abbé jouit un moment de ma surprise ; il m’avoua qu’il s’était usé sur les beautés de nature, mais qu’il était toujours neuf pour la surprise qu’elles causaient aux autres, ce qui m’expliqua la chaleur avec laquelle les gens à cabinet y appellaient les curieux. […] Il n’en est rien. — Voilà un mystère bien surprenant, car enfin, sans me rappeller d’idées, sans me peindre d’images j’ai pourtant éprouvé toute l’impression de ce terrible et sublime morceau. — C’est le mystère de la conversation journalière. — Et vous m’expliquerez ce mystère ?

1608. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Je m’explique. […] La soubrette, que nous appellerons Zerbine, par discrétion, eut heureusement une excellente idée. « Vous serez souffleur », dit-elle à son amoureux, et elle lui expliqua ce que c’est que d’être souffleur. […] En ce temps-là, « un barde » était tenu, avant toutes choses, de pleurer sans fatigue pendant au moins deux cents vers, et dispensé largement du reste d’expliquer pourquoi il pleurait. […] Cette sympathie s’explique. […] Je m’explique.

1609. (1925) Proses datées

Il est vrai que cette réputation de causeur agaçait un peu Mallarmé, de même que son renom de poète « abscons ». « Pourquoi explique-t-il mes vers ? […] Elle a bien des défauts et sa huppe est un oiseau insupportable, mais elle m’a promis de m’expliquer toutes les énigmes… » Je rencontre souvent, en rêve, Gérard de Nerval. […] Cette double campagne typographique et la part qu’il prit au mouvement populaire suffirent, il faut le dire, à guérir ce qu’il appela plus tard sa « folie » et que, dans Mon cœur mis à nu, il cherche à s’expliquer à lui-même quand il écrit « Mon ivresse de 1848. […] S’il n’avait, lui, point trop à expliquer sa vie, ayant été le plus honnête homme du monde, il lui restait beaucoup à dire de celle des autres, et il s’agissait de redresser les torts que la destinée avait eus envers lui. […] Ces faits expliquent le retour à Beaune, le 17 août, du jeune ponte, retour qui coûte 108livres.

1610. (1887) George Sand

C’étaient « les deux faces d’un esprit porté à s’assombrir et avide de s’égayer, peut-être d’une âme impossible à contenter avec ce qui intéresse la plupart des hommes, et facile à charmer avec ce qu’ils jugent puéril et illusoire… Je ne peux pas, disait-elle, m’expliquer mieux moi-même. […] Si l’on s’étonne que l’amour soit, non pas le plus grand, mais presque l’unique devoir de la vie, Mme Sand vous l’expliquera en disant qu’il vient de Dieu. […] Leibniz d’abord, et puis Lamennais, Lessing, puis Herder expliqué par Quinet, Pierre Leroux, Jean Reynaud enfin, voilà les principaux maîtres qui l’empêchèrent, par des secours successifs, de trop flotter dans sa route à travers les diverses tentatives de la philosophie moderne. […] Ainsi s’explique ce va-et-vient des personnages les plus compromettants et les plus faciles à compromettre, qui entrent dans le parc et le château, ou bien en sortent, comme il leur plaît, le jour et même la nuit. […] Je m’expliquai donc, comme je le devais, sur ces deux points avec sincérité.

1611. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Madame Récamier ne put sans doute ignorer toutes ces inconstances de goût qui ne furent peut-être pas des inconstances de cœur ; nous croyons, sans oser l’affirmer, que le chagrin qu’elle dut en ressentir explique seul son éloignement de Paris et son second voyage à Rome, à l’époque la plus triomphante du séjour de M. de Chateaubriand à Paris. […] Il est difficile d’expliquer autrement certaines excuses à double sens de M. de Chateaubriand dans ses lettres subséquentes.

1612. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Il explique avec une sagacité véritablement divine la pensée ou la passion des personnages, rois, consuls, magistrats ou peuple, qui amenèrent, dans tel ou tel but, telles ou telles vicissitudes dans les destinées du peuple romain ; il montre comment de l’événement accompli devait nécessairement découler tel autre événement par la seule fatalité des grands esprits, la fatalité des conséquences ; il refait l’histoire romaine tout entière avec une lucidité rétrospective qui éclaire mille fois mieux les faits que l’historien romain lui-même. […] Nous ne l’excusons certes pas, mais nous l’expliquons.

1613. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Nous pourrions encore, avec toute vraisemblance, ajouter au cortège de notre soleil, et placer dans la sphère où s’exerce immédiatement son action centrale, d’abord un anneau de matière nébuleuse et animé d’un mouvement de rotation ; cet anneau est probablement situé entre l’orbite de Mars et celle de Vénus, du moins il est certain qu’il dépasse l’orbite de la terre : c’est lui qui produit cette apparence lumineuse, à forme pyramidale, connue sous le nom de lumière zodiacale ; en second lieu, une multitude d’astéroïdes excessivement petits, dont les orbites coupent celle de la terre ou s’en écartent fort peu : c’est par eux qu’on explique les apparitions d’étoiles filantes et les chutes d’aérolithes. […] Ce qui montre encore dans la tradition dont il s’agit le caractère manifeste de la fiction, c’est qu’elle prétend expliquer un phénomène en dehors de toute expérience, celui de la première origine de l’espèce humaine, d’une manière conforme à l’expérience de nos jours ; la manière, par exemple, dont, à une époque où le genre humain tout entier comptait déjà des milliers d’années d’existence, une île déserte ou un vallon isolé dans les montagnes peut avoir été peuplé.

1614. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Ce sont comme deux fragments, le terme et le début, d’une immense épopée spiritualiste sur la destinée humaine ; la huitième vision de la Chute d’un ange nous explique la conception du poète : l’homme fait sa destinée, monte ou descend par son propre mérite, supprime le mal en s’élevant à Dieu, raison de l’être, et terme de l’aspiration de toute créature. […] Si l’on se rappelle l’étude que nous avons faite du moyen âge, on comprendra à quelle puissante tradition se rattache Béranger ; l’on s’expliquera ainsi la merveilleuse adaptation de cette œuvre assez basse à notre moyen esprit, et pourquoi, seule peut-être en notre siècle, elle a été véritablement populaire.

1615. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Malgré tout ce soin pour n’admettre que des mots en quelque sorte légitimes, Vaugelas ne laissait pas d’avoir encore des scrupules, non sur l’usage, mais sur la manière dont il en avait expliqué les décisions. […] Cela peut s’expliquer sans faire tort ni au livre, ni aux suffrages illustres dont il a été l’objet, ni à la postérité qui le néglige.

1616. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Le « devoir » synthétise assez bien et domine tout ce que l’âme sociale veut imposer au moi égoïste, il en explique et en fonde la valeur. […] Et ceci expliquerait fort bien que l’autorité ne s’attache pas spécialement à l’originalité de l’esprit, ni à son raffinement.

1617. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Tandis que, pleine d’images charmantes, de plaisanteries, se déroule l’amusante intrigue, sur la scène, l’orchestre, au lieu d’expliquer les profondes intimités psychologiques des personnages, dispose les spectateurs à être joyeux, doucement, tranquillement, comme il convient, pour qu’ils donnent intérêt à l’action générale. […] Par l’audace et la simplicité de ses conceptions tragiques, par son intime connaissance des passions humaines, par son vers musical, par sa musique poétique, par l’invention d’une nouvelle forme mélodique qu’on a appelée la mélodie continue et qui fait que le chanteur chante sans avoir l’air de le faire exprès, par son merveilleux orchestre, qui joue à peu près le rôle du chœur dans la tragédie antique et qui, toujours mêlé à l’action, la corrobore, l’explique, en centuple l’intensité par des rappels analogues ou antithétiques à chaque passion du drame, Richard Wagner vous transportera extasiés dans un milieu inconnu, où le sujet dramatique, vous pénétrant avec une puissance incomparable par tous les sens à la fois, vous fera subir des émotions encore inéprouvées.

1618. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Je ne saurais comparer les sentiments de ces dames pour leurs médecins qu’à ceux que leurs grand-mères avaient, à la fin du siècle de Louis XIV, pour leurs directeurs ; et, dans le fait, la préférence que de nos jours le corps avait obtenu sur l’âme explique assez ce déplacement d’affections.

1619. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Fagon de ce qu’il parle de médecine d’une manière si simple et si intelligible qu’on croit voir les choses qu’il explique : un médecin de village veut parler grec. » Dans le texte actuel des lettres de Mme de Maintenon telles que nous les possédons enfin, sans les altérations de La Beaumelle, il nous est permis, à notre tour, de juger avec plus d’assurance de sa façon de dire et d’écrire.

1620. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Elle racontait encore très bien qu’en 1815, comme elle s’étonnait devant le duc de Wellington que les Bourbons rentrant s’appuyassent sans répugnance sur ce même personnage, et que Louis XVIII, cédant à une prétendue nécessité de circonstance, prît pour ministre l’homme si fameux par tant d’actes révolutionnaires, le duc de Wellington, après s’être fait expliquer ce que c’étaient que ces actes (les horreurs de Lyon), lui dit, en se méprenant sur la valeur du mot français : « Oh !

1621. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Thiers me l’a traduit, expliqué point par point ; il me fait assister à tout, non seulement aux actions, mais aux conseils, aux idées rapides qui illuminent, à chaque incident imprévu, cette imagination de feu, si ardente à la fois et si positive ; il me donne l’intelligence et le secret de chaque solution.

1622. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Bontemps l’assura qu’il pouvait donner cette bonne nouvelle à celui que cela regardait ; enfin, ils s’expliquèrent plus clairement, et M. de Nangis, fort embarrassé de savoir si, sur cette conversation, il devait profiter de la permission, dit à Bontemps qu’il irait dès le lendemain, et que, si le Roi le trouvait mauvais, il le citerait.

1623. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Il a des diagnostics et des pronostics excellents de sagacité ; il sait tâter le pouls à son malade ; il dira le danger, il en expliquera les causes ; mais, comme beaucoup de savants médecins, il ne va pas jusqu’au remède, — je ne parle que du remède efficace, du remède possible à l’heure même.

1624. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Il raconte vivement, mais sans vanterie, sa conduite en ces deux journées, dans une lettre qui vient expliquer et confirmer les récits donnés par les historiens militaires.

1625. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

On raisonna beaucoup dans le temps sur cette mort ; il me semble qu’elle s’explique tout naturellement.

1626. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Aussi je m’explique qu’un poète qui n’habitait pas volontiers les sommets humides et blanchâtres, un poète des choses du sang et de la vie, Alfred de Musset, un jour que l’on discutait à l’Académie sur les mérites d’un des recueils de M. de Laprade, se soit penché à mon oreille, et m’ait dit avec impatience : « Est-ce que vous trouvez que c’est un poète, ça ? 

1627. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Il se dessinerait tel surtout, si on le suivait dans ses démêlés et ses querelles avec les hommes de son parti et qui ne sont pas précisément de son bord, avec les catholiques qui le désapprouvent et le désavouent ; en se défendant contre eux, il s’explique et oppose système à système.

1628. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Expliquons bien, posément et de point en point, de quoi il est question, afin que chacun comprenne et s’y intéresse.

1629. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Il faut voir, dans les premières pages des Souvenirs du général Pelleport, comment il expliquait à ces nouveaux venus l’ordre et la marche : « Souvenez-vous, disait-il aux volontaires dans une retraite où ils accéléraient un peu trop le pas en entendant siffler les balles espagnoles, qu’il faut prendre le pas ordinaire quand on tourne le dos à l’ennemi, et le pas de charge quand on lui présente la poitrine. » Il avait vite électrisé son monde et obtenu des prodiges ; : et quand Doppet (un bien triste général) vint prendre la succession de Dagobert en Cerdagne, il y trouva des soldats tout faits et dignes des chefs les plus intrépides.

1630. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il aspira, vers le milieu de sa carrière, à être le secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences pour la partie physique et mathématique ; il s’y acheminait dès longtemps auparavant, il s’y préparait, et c’est probablement même dans le dessein de montrer son aptitude à ce noble emploi, qu’on le vit, de 1809 à 1812, se livrer à des productions littéraires assez diverses dont on s’expliquerait peu, sans cela, l’opportunité et la convenance dans une vie de savant si occupé.

1631. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Je voudrais être peintre pour mieux m’expliquer.

1632. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

On a besoin, il faut bien le dire, de quelque défaut secondaire et d’un travers qu’on ne sait trop où placer, pour s’expliquer le guignon constant de Cervantes.

1633. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Je mande à l’archichancelier de m’expliquer tous ces logogriphes.

1634. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Loin de nier l’espèce de police à laquelle il se livrait, il en explique à merveille et avec esprit les difficultés dans un pays si vaste et chez un peuple à imagination vive, doué à ce degré de la faculté d’illusion : « L’établissement et la direction d’une agence assez nombreuse d’observation militaire formait alors, nous dit-il, l’une de mes plus laborieuses attributions.

1635. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Duveyrier sans me rappeler et en quelque sorte m’expliquer cette confusion de mots, cette association d’idées.

1636. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Lui-même, érudit fort distingué, mais encore plus causeur spirituel, il se plaisait à raconter des scènes de la vie de son père, des épisodes dramatiques et comiques du Conseil d’État, des malices sur quelques contemporains du Consulat et de l’Empire, par exemple sur François de Neufchâteau, qui, ayant à faire le récit du 19 brumaire, le soir même, devant des auditeurs avides et impatients, ne parvenait pas à sortir des parenthèses ni des embarras que sa voiture avait rencontrés dans sa route vers Saint-Cloud : on lui demandait les grands résultats, les résolutions prises, et il vous expliquait, à n’en pas finir, comment il avait eu toutes les peines du monde à passer.

1637. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Quand un plus long discours hâterait trop l’action, on s’arrête, on sort sans s’expliquer, dans un trouble involontaire : Quoi ?

1638. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Ainsi s’explique que les premiers protecteurs et les premiers imitateurs que la poésie méridionale obtint en deçà de la Loire, soient du Nord et de l’Est.

1639. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Et par un raisonnement que nous faisons tous les jours à propos de nos semblables, du profil et de l’aspect de l’animal, il en induit le caractère, c’est-à-dire un caractère humain, qu’il lui attache : il en explique les actes familiers par les motifs et les mobiles qui rendent compte des actes des hommes.

1640. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Sans doute le seul plaisir de l’enquête expliquerait en grande partie le courage de l’érudit ; mais il y a, je crois, autre chose.

1641. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Vous attendez, après cela, ou une grande résolution, ou du moins une grande délibération ; rien de moins, et je ne saurais mieux vous expliquer l’issue de cette conférence qu’en vous suppliant de vous ressouvenir de ce que vous avez vu quelquefois à la comédie italienne.

1642. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Il peut au contraire, comme nous l’avons expliqué, être mis de propos délibéré au service des sentiments égoïstes et antisociaux et s’appliquer à inhiber les sentiments sociables.

1643. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

  Et si son nom rayonne, à jamais triomphant, C’est qu’il comprit la loi de vivante harmonie : « Sois fier comme un héros et pur comme un enfant. » Fourcaudbv Chronique du mois La Walküre ne sera peut-être pas représentée cette année à Bruxelles, et c’est une histoire qui vaut d’être expliquée.

1644. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Elle fut la même par deux traits essentiels et qui seuls l’expliquent, en ce que jeune, au plus fort des ravissements et du tourbillon, elle resta toujours pure ; en ce que, retirée à l’ombre et recueillie, elle garda toujours son désir de conquête et sa douce adresse à gagner les cœurs, disons le mot, sa coquetterie ; mais (que les docteurs orthodoxes me pardonnent l’expression) c’était une coquetterie angélique.

1645. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Nous avons entendu Lauzun l’autre jour expliquer son aventure à sa manière : le fait est que, d’une manière ou d’une autre, il échoua.

1646. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Mais quand on sait ce qu’était Monsieur, peureux, défiant, dissimulé, changeant d’avis plusieurs fois le jour, se mettant à siffler quand il ne savait plus que dire, et employant tout son esprit à cacher sa lâcheté par des faux-fuyants, on s’expliquera la perplexité et les embarras journaliers de Retz.

1647. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Cette première édition ne contint pas tout ce qu’il avait laissé ; on n’y donna que les principaux morceaux, et, dans ce qu’on donna, des scrupules de diverse nature, soit de doctrine, soit même de grammaire, firent corriger, adoucir, expliquer certains endroits où la vivacité et l’impatience de l’auteur s’étaient marquées en traits trop brusques ou trop concis, et d’une façon décisive qui, en telle matière, pouvait être compromettante.

1648. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Et cependant pour ceux qui s’étonneraient de la nature même de cet ouvrage, expliquons encore auparavant comment M. de Rémusat a pu être amené à le produire.

1649. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Ordinairement chaque professeur a un livre élémentaire imprimé qui sert de fondement à ses leçons, qu’il explique à ses auditeurs, et aux principes duquel il ramène toutes les digressions dont il se sert pour rendre les éléments de chaque science plus frappants et plus sensibles.

1650. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

D’ailleurs la poësie manque d’expressions propres à nous instruire de la plus grande partie de ces circonstances. à peine la physique viendroit-elle à bout, avec le secours des termes qui lui sont propres, de bien expliquer le temperament plus ou moins composé, et le caractere de chaque spectateur.

1651. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

On se borne, dans le cours des études, à mettre entre les mains des enfants un petit nombre d’auteurs, et même à ne leur en montrer pour l’ordinaire qu’une assez petite partie qu’on leur fait expliquer et apprendre : on charge indifféremment leur mémoire de ce que cette partie contient de bon, de médiocre et même de mauvais ; et grâces au peu de goût de la plupart des maîtres, les vraies beautés sont pour l’ordinaire celles qu’on leur fait remarquer le moins.

1652. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Et l’on ne regardait pas non plus à faire de longs titres, pour mieux expliquer ses intentions.

1653. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Ces deux sentiments peuvent seuls expliquer ce qu’elle a écrit.

1654. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Rien qui fasse plus rêver et sourire, et qui nous explique mieux l’homme que fut Sterne, l’humouriste qui, à force d’être aimable, se fait tout pardonner.

1655. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

" la cristallisation de Stendhal, dit-il, ne définit qu’un amour unilatéral : elle exprime ce qui se passe dans le moi d’un être songeant à rechercher un autre être, elle n’explique pas la réciprocité de cette recherche et c’est en quoi elle n’est pas complète.

1656. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

On ne peut l’expliquer que par la dégradation même des mœurs romaines, l’abaissement et la dureté des âmes.

1657. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

» Et Balzac de rire, sans s’expliquer davantage, de ce bon rire qu’il avait. […] Son mérite d’observateur, sa perspicacité de physiologiste, son génie d’écrivain ne suffisent pas pour expliquer l’infinie variété des deux ou trois mille types qui jouent un rôle plus ou moins important dans la Comédie humaine. […] Chacun se replongea donc seul dans la mêlée de la vie, combattant avec ses propres armes, et c’est ce qui explique pourquoi Balzac ne fut pas de l’Académie et mourut simple chevalier de la Légion d’honneur. […] Le mystère s’expliqua bientôt par le mariage de Balzac avec la femme qu’il aimait depuis longtemps. […] Nous nous éloignâmes rassuré, et au moment où nous montions en voiture, ou nous remit un billet de madame de Balzac, qui nous expliquait obligeamment et avec des regrets polis pourquoi nous n’avions pas trouvé son mari à la maison.

1658. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Mais cette tolérance s’explique par un seul fait : les artistes, leur famille et leurs élèves y étaient logés gratis. […] Le petit flatteur n’avait garde d’épargner les louanges pour satisfaire sa curiosité, et les artistes, hommes faits et assez renommés alors, introduisaient le petit espiègle dans leur atelier, lui expliquaient le sujet de leurs compositions, lui laissaient manier leurs brosses et leurs palettes, et enfin, après avoir savouré ses éloges, lui frappaient amicalement l’épaule en lui donnant le feu qu’il était venu chercher. […] D’après la manière assez leste dont Mme de Noailles s’expliquait sur les habitudes et le talent de Moreau, il était difficile d’imaginer ce qui pouvait décider cette dame à venir se mettre sous sa direction, et quand Étienne vit Moreau et sa jeune élève en présence l’un de l’autre, l’écolière parla au maître avec une aisance et en même temps une familiarité protectrice si habituelle, qu’il semblait que, dans son installation à l’atelier des Horaces, Mme de Noailles cherchât principalement un lieu où elle put trouver les objets et les ressources matérielles indispensables pour étudier l’art du dessin. […] Les journaux alors n’expliquaient, ne commentaient pas tout, comme sous les gouvernements constitutionnels. […] Cette précocité dans la pratique de la peinture est sans doute un fait remarquable, et qui explique l’admiration extraordinaire qu’excita à Paris le Marius de Drouais ; cependant cette qualité, qui avait quelque chose d’excessif chez ce jeune artiste, n’est pas toujours d’un favorable augure.

1659. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

La puissance de logique et d’enthousiasme qui explique les opinions de Milton explique son génie. […] Que Shakspeare et les poëtes nerveux rassemblent un tableau dans le raccourci d’une expression fuyante, brisent leurs métaphores par de nouvelles métaphores, et fassent apparaître coup sur coup dans la même phrase la même idée sous cinq ou six vêtements ; la brusque allure de leur imagination ailée autorise ou explique ces couleurs changeantes et ces entre-croisements d’éclairs. […] La dialectique empêtrée, l’esprit pesant et maladroit, la rusticité fanatique et féroce, la grandeur épique des images soutenues et surabondantes, le souffle et les témérités de la passion implacable et toute-puissante, la sublimité de l’exaltation religieuse et lyrique : on ne reconnaît point à ces traits un homme né pour expliquer, persuader et prouver.

1660. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

C’est une des raisons qui expliquent les malfaçons trop courantes, hélas ! […] On s’explique aisément, au lendemain du règne de David, le succès foudroyant du drame romantique. […] Cent autres comédies entourent, soutiennent et expliquent la comédie de Molière. […] Il serait trop long d’expliquer ici pourquoi la scène ne peut être un champ de bataille pour les idées, hormis dans la comédie satirique, si celles-ci n’ont pas été préalablement digérées par des personnages de chair et d’os qui les expriment en vivant.

1661. (1923) Paul Valéry

Il s’agit de porter dans le monde de la qualité ce sens combinatoire qui « dans les arts permet toutes les avances et explique l’emploi de plus en plus fréquent de termes resserrés, de raccourcis et de contrastes violents, existe implicitement sous sa forme rationnelle au fond de toutes les combinaisons mathématiques. » Problème qui rappelle et appelle le grand problème auquel Leibnitz consacra peut-être le plus patient et le plus ardu de ses méditations, celui de la caractéristique universelle. […] Valéry s’en est expliqué dans la note finale de l’Album de Vers anciens sur l’Amateur de Poèmes. […] C’est, me disait-il, comme si un Chinois expliquait le fonctionnement d’une machine à vapeur, dont il ignore le fonctionnement, par la chaleur qu’il y sent. […] Et il comparait le fait du corps à un fait de déperdition qui ne saurait rien expliquer du positif de notre activité spirituelle.

1662. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Et maintenant je puis, je dois peut-être, puisque c’est une responsabilité que j’assume en assumant de réimprimer mes premiers vers, m’expliquer très court, tout doucement, sur des matières toutes de métier, avec de jeunes confrères qui ne seraient pas loin de me reprocher un certain illogisme, une certaine timidité dans la conquête du « Vers Libre », qu’ils ont, croient-ils, poussée, eux, jusqu’à la dernière limite. […] Charles Maurras, je lui demanderai de s’expliquer sur un malheureux membre de phrase de lui me concernant. […] Que diriez-vous d’un botaniste qui vous expliquerait la nervure, la tissure et la membrure d’une plante, avec le style d’un Byron en prose ? […] Qu’on écoute encore Roger Marx expliquer, avec les réserves qu’il faut, l’agrément des pavillons destinés aux Arts libéraux et aux Beaux-Arts : « Le plus communément, l’éloge était provoqué par l’accord des nuances de turquoise et de chair, accord caressant et rare obtenu avec des matières méprisées, réputées grossières et que l’on montrait capables de toutes les délicatesses ».

1663. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Des mouvements intimes, des déplacements rythmiques, des thèmes généraux de la vie et des lettres françaises passent par lui et s’expliquent par lui. […] Les Allemands se sont beaucoup moqués de sa conversation avec Fichte, à qui elle demanda de lui expliquer en un quart d’heure sa philosophie. […] Ses passions et ses coups de tête, eux-mêmes, eux surtout, s’expliquent par un refus critique de se donner. […] La romantique allemande, expliquée surtout par Schlegel, peut passer pour un racisme littéraire. […] Mais la surface de la terre aujourd’hui ne s’explique pas sans une référence à un saint-simonisme latent.

1664. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Mais expliquez-moi ce que vous entendez par génie à grande extension ? […] Michelet a la pensée profonde qui creuse, l’œil artiste qui colore, le sentiment généreux qui explique : il écoute et regarde en philosophe, en peintre et en musicien, en moraliste et en homme de cœur. […] C’est Julie qui nous avait interrompus en nous demandant de loi expliquer ce que c’était que le columbarium des anciens. […] Alors que le poète nous est connu, le poème nous est expliqué. […] Seulement, l’état maladif de son cœur et de son organisation m’a expliqué l’importance qu’il avait donnée à des motifs si nuls, que j’aurais pu les appeler imaginaires.

1665. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

L’appréciateur fut, dit-on, Chapelain, et cela explique quelques-unes de ces notes, une surtout, celle qui concerne Chapelain lui-même47. […] Cet oubli des convenances explique la conduite non moins affligeante qu’il tint plus tard envers Molière. […] Corneille doit venir souper avec nous aujourd’hui, et vous lui direz qu’il vous les explique.” Dès que Corneille arriva, le jeune Baron alla lui sauter au cou comme il faisait ordinairement parce qu’il l’aimait, et ensuite il le pria de lui expliquer ces vers, disant à Corneille qu’il ne les entendait pas. […] Cette inconséquence ne peut, ne doit s’expliquer que par la réponse du prince de Condé à Louis XIV à l’occasion de Scaramouche ermite : le sujet de l’une blessait la morale, dont ils ne se souciaient point ; les autres les jouaient eux-mêmes, ce qu’ils ne pouvaient souffrir.

1666. (1911) Nos directions

Le banquet est servi ; Candaule, lyriquement s’explique : Nyssia se tait surtout : Gygès paraît et frappe. […] Que si mon point de vue me force, en présence de ce fortuné mariage de deux artistes de rare talent, à sacrifier l’un à l’autre, ce sera contre l’apparence le poète au musicien : mais ceci vaut que je l’explique. […] Henri Ghéon explique que tous les peuples de l’Occident se touchent en nous, se fondent et s’équilibrent et que la France, la France spécifique est réalisée au point où cet équilibre heureux s’accomplit. […] On s’explique comment la légende de Louis Racine a été accueillie avec tant de faveur. […] Au reste, on s’explique assez mal que, dès avant la quarantaine, pareille frénésie de vivre se soit éteinte ou ait consenti à se satisfaire de la table, du faste bourgeois, de la gloriole d’un historiographe du roi.

1667. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Hardouin, il y a très-peu de médailles vraies, & celles qui sont authentiques, on les explique fort bien en prenant chaque lettre pour un mot entier : par ce moyen, on découvre un nouvel ordre de choses dans l’histoire. […] Il ne cache à personne ses desseins furieux : il s’en explique ainsi à ses frères assemblés : « Écoutez-moi, mes frères ; je suis Louis de Fossombrone ; je suis Louis Ténaglia(*). […] Ce pape, qui, comme tous ses prédécesseurs, depuis Baïus, cherchoit à concilier les esprits, ordonna de croire le fait, sans expliquer si c’étoit d’une foi divine ou d’une foi humaine. […] Sa façon d’expliquer les médailles, lui occasionna une plaisanterie de la part de M. de Clèves, grand antiquaire. […] , qui se trouvent sur plusieurs médailles, & qu’on explique par Constantinopoli obsignatus, ou obsignatum, signifioient Cusi omnes nummi officina benedictina.

1668. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Je veux citer de Don Garcie quelques vers de tendresse, desquels Racine eût pu être jaloux pour sa Bérénice  : Un soupir, un regard, une simple rougeur, Un silence est assez pour expliquer un cœur. […] Mais ignorons, repoussons pour Molière ce que dément tout d’abord son génie si franc du collier, comme la duchesse palatine d’Orléans le disait de Louis XIV, et ce que dans Shakspeare au moins on peut tenter d’expliquer honorablement et d’idéaliser. […] Mais lord Southampton lui fit ensuite remarquer son erreur, et lui expliqua comment le visage humain et proportionné de Shakspeare, qui frappait peut-être moins au premier abord, était pourtant le plus beau.

1669. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Boileau le pleure ; il explique en deux vers touchants les difficultés qu’on eut à vaincre pour obtenir sa sépulture : Avant qu’un peu de terre, obtenu par prière, Pour jamais sous sa tombe eût enfermé Molière. […] Mes yeux et mes soupirs vous l’ont dit mille fois ; Et, pour mieux m’expliquer, j’emploie ici la voix. […] Je vous écoute dire, et votre rhétorique En termes assez forts à mon âme s’explique.

1670. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Pour l’homme de bien, au contraire, tout s’explique ou paraît explicable, tout reflète l’infinie vérité : L’éternel est écrit dans ce qui dure peu ; Toute l’immensité, sombre, bleue, étoilée, Traverse l’humble fleur, du penseur contemplée ; On voit les champs, mais c’est de Dieu qu’on s’éblouit ; Le lis que tu comprends en toi s’épanouit ; Les roses que tu lis s’ajoutent à ton âme. […] C’est « l’exiguïté d’intelligence » qui rend mauvais, car . . . . . . la bonté n’étant rien que grandeur, Toute méchanceté s’explique en petitesse201. […] Schiller se plaint à Goethe que Mme de Staël, avec son esprit français, « éloigne de lui toute poésie », parce que « voulant tout expliquer, tout com prendre, elle n’admet rien d’obscur, rien sa raison ne d’impénétrable… Ce que le flambeau de peut éclairer n’existe pas pour elle. » Doudan se souvenait peut-être de Schiller quand il a dit : « Il y a des moments où j’aime autant un grand gâchis qu’une précision étroite.

1671. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche ne put croire que le droit fût exclusivement d’un côté, et au lieu de prendre parti avec MM. de Bonald et de Maistre pour l’antique tutelle, ou avec Condorcet et Saint-Simon pour l’émancipation purement humaine, il s’avança, un rameau de paix à la main, pour expliquer comment chacun avait tort et avait raison, pour accorder aux uns la vérité dans le passé, aux autres le règne dans l’avenir. […] Ballanche, cette pensée éternelle d’un hymen à la fois accordé et impossible, cette initiation au vrai et au bien par la chasteté et par la douleur : « La douleur, dit Orphée, sera le second génie qui m’expliquera les destinées humaines. » Chaque page nous offre des pensées de tous les temps, dans la magnificence de leur expression : « Souvenez-vous que les Dieux immortels couvrent de leurs regards l’homme voyageur, comme le ciel inonde la nature de sa bienfaisante lumière. » Et encore : « Toutes les pensées d’avenir se tiennent ; pour croire à la vie qui doit suivre celle-ci, il faut commencer par croire à cette vie elle-même, à cette vie passagère. » Enfin, les approches de la mort d’Orphée, les troubles et l’agonie orageuse de cette grande âme qui, comme toutes les âmes divines au terme, se croit un moment délaissée, ont une sublimité égale aux plus belles scènes des épopées modernes.

1672. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

En la faisant expliquer, ils eurent dispute ensemble touchant l’explication d’un passage, et ni l’un ni l’autre ne vouloit se rendre au sentiment de son compagnon ; Mme de La Fayette leur dit : Vous n’y entendez rien ni l’un ni l’autre. — En effet, elle leur dit la véritable explication de ce passage ; ils tombèrent d’accord qu’elle avoit raison. […] Vers l’année 1665, comme je conjecture, et comme je l’expliquerai plus bas, elle avait choisi hors de ce tourbillon pour ami de cœur M. de La Rochefoucauld, âgé déjà de cinquante-deux ans105.

1673. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Non seulement les hommes ont commencé par la science, mais par une science différente de la nôtre et supérieure à la nôtre, parce qu’elle commençait plus haut, ce qui la rendait même très dangereuse ; et ceci vous explique pourquoi la science dans son principe fut toujours mystérieuse et renfermée dans les temples, où elle s’éteignit enfin lorsque cette flamme ne pouvait plus servir qu’à brûler. […] VIII « De cette prérogative redoutable dont je vous parlais tout à l’heure résulte l’existence nécessaire d’un homme destiné à infliger aux crimes les châtiments décernés par la justice humaine ; et cet homme, en effet, se trouve partout, sans qu’il y ait aucun moyen d’expliquer comment ; car la raison ne découvre dans la nature de l’homme aucun motif capable de déterminer le choix de cette profession.

1674. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

— Si la démence n’expliquait pas charitablement dans Rousseau un tel contraste entre l’homme et l’écrivain, faudrait-il donc accuser l’homme de perversité et le philosophe d’hypocrisie ? […] Aussi la fausseté de cette paternité humanitaire du sophiste de vertu éclate-t-elle à toutes les pages de ce ridicule système d’éducation dans un livre que la démence seule peut expliquer.

1675. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Ce bredouillement, l’incohérence de ses paroles, le flux de mots où il noyait sa pensée, son manque apparent de logique, attribués à un défaut d’éducation, étaient affectés, et seront suffisamment expliqués par quelques événements de cette histoire. […] L’amour lui expliquait l’éternité.

1676. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

j’oserai le dire : parce qu’elle ne lui a été au premier moment ni explicable ni expliquée. […] On a cru qu’elle voulait simplement entraîner ses deux alliés dans une guerre d’intervention uniquement française et monarchique, au lieu de combiner avec Londres et Madrid une démarche armée désintéressée, européenne, et a pour cela été redoutée et abandonnée ; or, de deux choses l’une : ou la France était sincère et elle ne voulait agir que dans l’intérêt commun, et alors il fallait s’expliquer nettement d’avance et n’agir qu’après un concert diplomatique et militaire européen à égal emploi de forces, qui ne donnât motif à aucune plainte de réticence et de défaut de franchise contre son intervention ; ou la France, voulant agir seule, devait agir avec des forces françaises dignes d’elle, et ne pas débuter par planter son drapeau protecteur au Mexique avec une poignée d’hommes héroïques, mais abandonnés de leurs auxiliaires, et insuffisants à l’accomplissement de sa pensée.

1677. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Cela explique pourquoi les époques les plus littéraires, au sens étroit du mot, sont celles où la nation retrouve le calme dans un ordre accepté par la grande majorité ; où il se forme pour un temps une quasi-unité de la conscience collective ; où le régime établi, quel qu’il soit, féodal, monarchique, démocratique, donne une impression de stabilité. […] L’influence de Paris mériterait à elle seule une étude particulière, et elle explique plusieurs des différences qui existent, au point de vue littéraire, entre le moyen âge et les temps modernes.

1678. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

L’esprit allemand, les manières et les mœurs allemandes, ces choses lui étaient expliquées en des Manuels de provenance espagnole et italienne. […] Nous en trouvons un indice, de la plus sublime pureté, dans sa Symphonie Neuvième avec Chœurs, dont nous devons, ici, considérer, plus intimement, la Genèse, pour nous expliquer cette prodigieuse concordance, vers la même fin, de toutes les tendances naturelles, reconnues, par nous, en notre Mage.

1679. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

» Expliquons cette exclamation involontaire, mais qui a cependant un sens profond quand la réflexion l’analyse. […] La maladie du désenchantement, vengeance de ceux qui n’ont pas placé leur perspective et leur espérance assez haut, explique les silences et les défaillances qu’on a reprochés à ses dernières années.

1680. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Pour qui veut ouvrir sur le xviie  siècle une autre fenêtre que la lucarne de Tallemant des Réaux, il est facile d’expliquer nettement tout ce que Richelieu y a fait. […] C’est ce qui explique même, — ajoute justement Mme de Staël, — tant d’incompréhensibles atrocités dites alors par d’assez innocents nigauds qui n’avaient pas l’âme de leurs paroles.

1681. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Gautier s’est donné la peine d’expliquer dans un de ses feuilletons de l’année dernière, à propos de M.  […] C’est ce qui explique la prédilection de certains coloristes pour un sujet si commun.

1682. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Royer-Collard, parlant à moi-même, me fit un jour l’honneur de s’expliquer au sujet de Jouffroy : son jugement était des plus sévères, il était même injuste ; je me permis de le lui représenter.

1683. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Avouons-le : on sent la force et l’ascendant de ce rare esprit, soit qu’il prêche de génie et sans préparation, soit qu’il prononce un discours étudié et oratoire, soit qu’il explique ses pensées dans la conversation.

1684. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Dante y tient une grande place ; Ginguené l’analyse, l’explique, le loue ou le critique en toute connaissance de cause ; et, sans rompre ouvertement en visière avec la façon légère et irrévérente du xviiie  siècle, il tend à la détruire par l’exposé même des faits, et à nous transporter peu à peu et comme par une montée unie dans l’intelligence de ce difficile poète.

1685. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Gandar explique mieux qu’on ne l’avait fait encore comment Ronsard n’a pu triompher des différences essentielles qu’offre chez les Anglais et chez les modernes le genre qu’il prétendait embrasser avec audace et renouveler dans toute sa variété.

1686. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Sur Mme de Genlis, dont elle parle au long dans deux lettres qui ne sont pas adressées à M. de Meilhan, elle développe les raisons de son antipathie et nous explique ses sévérités.

1687. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

L’illustre poète Monti avait déjà expliqué cette partie essentielle du vers : ce cheval ailé d’Arsinoé n’était autre, selon lui, que l’autruche.

1688. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Il ne dira rien qu’il ne pense sur les personnes, mais il ne dira pas tout ce qu’il pense ; il exposera les faits, il les expliquera dans leurs raisons principales et générales, il ne les éclairera par aucun jour inattendu.

1689. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Est-ce pour expliquer et motiver aux yeux de ceux qui la liraient la différence de leurs sorts et de leurs fortunes à tous deux ?

1690. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Je m’explique pourquoi cette physionomie, prise au repos et fixée par la photographie, est plutôt grave et triste, et si fortement travaillée ; je ne l’avais vu que dans le monde, c’est-à-dire causant, animé et charmant.

1691. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

J’ai cherché à m’expliquer une pareille erreur chez un écrivain auparavant réputé de bonne compagnie ; tout ce que j’ai dit jusqu’ici ne suffirait pas encore.

1692. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

A d’autres endroits on regrette aussi le manque d’un lexique final, dans lequel les mots étranges qu’on rencontre pour la première fois seraient définis et expliqués avec précision.

1693. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Tout est si bien médité, tous les événements sont préparés et expliqués de la façon la plus heureuse, comme par exemple pour le trésor trouvé près d’un dauphin pourri sur le rivage de la mer.

1694. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Un jour, dans une conversation à un dîner chez une noble dame, tante de Raoul, la discussion s’engage sur la religion, sur la croyance, et Raoul, pressé, questionné, mis en demeure de s’expliquer, et uniquement pour ne point faire l’hypocrite, se croit obligé de dire qu’il ne croit pas.

1695. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Ses pièces s’expliquent par sa vie.

1696. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Que si, dans cette disposition d’esprit, il vient à ouvrir par curiosité quelque volume de la collection de ces feuilles maudites, il est surpris tout d’abord d’y trouver du bon sens, de la modération même (une modération relative et qui nous paraît telle à distance) ; il ne s’explique pas les fureurs dont fut l’objet le folliculaire vivant, et il est tout porté alors à le venger après coup, à le justifier en tout point, à lui refaire une réputation posthume.

1697. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

L’historien de Louvois a eu ici, par contraste, à nous retracer le dépérissement de la discipline sous Louis XV, comme il nous en avait expliqué la vigueur et le ressort aux meilleures années de Louis XIV.

1698. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Jomini eut beau dire qu’il ne prétendait nullement en remontrer aux grands capitaines, mais simplement les expliquer et les démontrer ; on lui tourna le dos.

1699. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Dans ses remarques sur la versification et le rhythme, l’auteur explique comment il a cherché à approprier graduellement les vers de diverses sortes aux diverses parties du poëme, mesurant la familiarité ou la solennité du chant à celle du sujet.

1700. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Il y a dans Bajazet un passage, entre autres, fort admiré de Voltaire : Acomat explique à Osmin comment, malgré les défenses rigoureuses du sérail, Roxane et Bajazet ont pu se voir et s’aimer : Peut-être il te souvient qu’un récit peu fidèle De la more d’Amurat fit courir la nouvelle.

1701. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

L’admiration est une sorte de fanatisme qui veut des miracles ; elle ne consent à accorder à un homme une place au-dessus de tous les autres, à renoncer à l’usage de ses propres lumières pour le croire et lui obéir, qu’en lui supposant quelque chose de surnaturel qui ne peut se comparer aux facultés humaines : il faudrait, pour se défendre d’une telle erreur, être modeste et juste, reconnaître à la fois les bornes du génie et sa supériorité sur nous ; mais dès qu’il devient nécessaire de raisonner sur les défaites, de les expliquer par des obstacles, de les excuser par des malheurs, c’en est fait de l’enthousiasme ; il a, comme l’imagination, besoin d’être frappé par les objets extérieurs ; et la pompe du génie, c’est le succès.

1702. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Mais je crois la Charte suffisante pour donner à la Chambre l’occasion et le droit de s’expliquer, et, si je crains qu’elle soit attaquée un jour par le ministre, je ne crains pas moins qu’elle ne soit violée par un coup d’État parlementaire.

1703. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Les uns vont se satisfaire aux confins de la science, dans les phénomènes anormaux, d’apparence irrationnelle, insuffisamment expliqués ou établis : hallucinations, hypnotisme, maladies de la personnalité, télépathie, etc.

1704. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Mais, comme l’explique un damné, « l’air du paradis est fatal à la mémoire : chacun de nous a là-haut un parent, un ami, un frère, une sœur, une mère, une femme ; de ces êtres chéris nous ne pûmes jamais obtenir un regard ».

1705. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Vous irez visiter, pour votre bienvenue, Madame la Baillive et Madame l’Élue Qui d’un siège pliant vous feront honorer… Bref, c’est du hobereau peut-être autant que du saint homme que le bourgeois Orgon semble s’être entiché ; et cette croyance à la « qualité » de Tartuffe achève d’expliquer l’ascendant que Tartuffe a pris sur lui.

1706. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

« M. de Pomairols, qui faillit être élu, est beaucoup plus comme-il-faut que Baudelaire » explique Robert Scheffer.

1707. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Vous essaierez vainement de leur expliquer qu’ils viennent de voir des pantins, des caricatures d’artistes, de faux créateurs, le rebut de l’art vrai, toute la troupe prétentieuse et attristante dont les producteurs sérieux subissent la promiscuité et la camaraderie dans les premières années.

1708. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

L’exemple de Baudelaire explique les paradoxes et les excentricités d’Oscar Wilde.

1709. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Trois papes ont depuis accepté la dédicace de la Divina Comedia, et ont fondé des chaires pour expliquer les oracles de cette obscure divinité4.

1710. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Quand Mme de Graffigny eut assez de force pour parler, elle expliqua les simples mots de cette lettre qu’on avait si mal interprétée et décachetée si indignement : « Je le dis à sa louange, ajoute-t-elle, dès le premier moment Voltaire me crut et me demanda aussitôt pardon. » Mais il n’en fut pas ainsi de l’altière châtelaine, qui ne lui pardonna jamais le tort qu’elle-même s’était donné.

1711. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

On a fort discuté au sujet des opinions de Byron sur Pope, et on a cherché à expliquer cette espèce de contradiction par laquelle le chantre de Don Juan et de Childe-Harold exaltait l’école purement classique et la déclarait la seule bonne, tout en procédant lui-même si différemment.

1712. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Ici encore, non pas pour excuser, mais pour expliquer Marie Stuart, on a besoin de se représenter la morale du temps : bon nombre des mêmes seigneurs qui avaient pris part au meurtre de Riccio, et qui s’étaient ligués de fait et par écrit, s’offrirent à elle et, pour rentrer en grâce, lui firent entrevoir le moyen de se débarrasser d’un époux à charge et trop importun.

1713. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Dans son Œdipe chez Admète, où il confond deux actions distinctes, deux tragédies, celle d’Alceste voulant mourir pour son époux, et celle d’Œdipe expirant entre les bras d’Antigone, Ducis a plus que des mots ; il a, au troisième acte et au cinquième, des tirades pathétiques, une touche large, comme lorsque Œdipe, s’adressant aux dieux, les remercie, jusque dans son abîme de calamités, de lui avoir laissé un cœur pur : C’est un de vos bienfaits que, né pour la douleur, Je n’aie au moins jamais profané mon malheur… On s’explique aussi très bien le succès de son Othello, représenté pour la première fois en 1792, et parlant comme un soldat parvenu qui sert avec désintéressement la République et n’a rien à envier aux grands : Ils n’ont pas, tous ces grands, manqué d’intelligence, En consacrant entre eux les droits de la naissance : Comme ils sont tout par elle, elle est tout à leurs yeux.

1714. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Il a essayé, par une analyse très déliée, et comme l’eût fait plus tard un Dugald Stewart, d’expliquer pourquoi ces vieilles mélodies sont si agréables.

1715. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Les défauts et les qualités du livre s’expliquent très bien par la manière dont il fut composé, et par la nature d’esprit de l’écrivain.

1716. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Or, qu’il soit inhérent à l’essence même de la vie humaine, qu’il soit une condition de son progrès, cela explique et justifie qu’il survive & sa nécessité.

1717. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

C’est vrai, que tout est relatif et que chaque phénomène s’explique éternellement par un autre, et notre vouloir doit travailler à pénétrer le plus de relations pour, si on les trouvait toutes, arriver ainsi à la Cause première.

1718. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Ce caractère constant peut s’expliquer par le plaisir qu’il procurait à l’écrivain, par une disposition organique qui lui faisait ressentir vivement les émotions de grandeur et qui a influé sur toutes les parties de son œuvre.

1719. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Telle était, dans Tancrède, la difficulté d’empêcher que les deux amants ne pussent se voir et s’expliquer, ni avant ni après le combat.

1720. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Qu’il appelle deux hommes instruits qui lui expliquent séparément et en détail toute sa composition.

1721. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Je réponds que cette licence donnée aux peintres et aux poëtes, doit s’entendre, comme Horace l’explique lui-même, sed non ut placidis coeant immitia.

1722. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Je tenais à expliquer leur genre de succès.

1723. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Les livres bien faits, on les explique en quelques mots.

1724. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Presque tous les écrivains ont rencontré, une ou plusieurs fois, et ils ont traité des sujets dont l’affabulation peut être exposée, résumée, expliquée, devant un auditoire d’école primaire.

1725. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

» Ces choses expliquent, selon lui, le désaccord de la vraie Elvire avec Julie et le vague des phrases du roman. […] Diderot explique que la comédienne se comportait comme nous venons de le voir, au moment même où elle faisait verser des larmes, en jouant dans une pièce fort touchante de La Chaussée. […] Comment approcher Shakespeare, comment l’expliquer ? […] Aristote nous l’a suffisamment expliqué. […] Je m’empresse d’ajouter que cette constatation n’ôte rien au génie du grand poète et je m’en expliquerai.

1726. (1774) Correspondance générale

Je me vois expliqué. […] Je vous conjure de vous expliquer nettement et fortement là-dessus. […] Il y a dans le commencement de cette longue phrase je ne sais quoi d’incorrect et d’entortillé ; mais je n’ai pas le temps de m’expliquer plus nettement. […] Luneau a le secret d’expliquer et de faire dessiner les manœuvres et les instruments de la papeterie de Montargis, par exemple, ou des manufactures de Lyon, et cela sans les avoir vus, moi, je ne l’ai pas. […] J’attendrai, pour m’en expliquer avec mon conducteur, qu’il ait fait en Hollande sa tournée et qu’il revienne à La Haye.

1727. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

L’illusion de sa part dura des années : on avait beau se dire dans ce monde des poètes que la passion explique tout, excuse tout, purifie tout, le contraste ici était trop frappant, et plus d’un ancien admirateur d’Éloa ne pouvait s’empêcher de murmurer dans son cœur : « Sur quel sein cette larme de Jésus-Christ est-elle allée tomber !  […] Dans Le Joueur de Flûte, le poète a essayé de la poésie familière ; un sentiment d’humilité et de fraternité qui. ne lui est pas habituel l’a inspiré : il explique par une image sensible, empruntée à l’instrument de buis, les désaccords, les fautes et les gaucheries de l’exécution en toute œuvre de l’esprit et de l’art.

1728. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

XII Explique qui pourra ce phénomène, mais ce phénomène est un fait irréfutable. […] » XXXIII Les lois civiles qu’il promulgue et qu’il explique pendant son ministère au roi se résument : En propriété assurée et héréditaire ; Interdiction de rapports entre les sexes hors du mariage ; Union légalisée, sanctifiée et parfaite entre les deux époux ; Respect réciproque entre les citoyens des différentes conditions ou fonctions publiques ; Enfin, respect de soi-même fondé sur ce principe également logique et admirable : « Si haut qu’un homme soit placé, il doit respecter les autres, il doit se respecter soi-même.

1729. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Les ministres conclurent en annonçant que, dans notre lettre, nous pouvions très bien affirmer que nous n’avions pas comploté, que nous n’étions pas coupables de rébellion et d’autres actes semblables ; mais que nous ne devions pas expliquer le motif de notre abstention, c’est-à-dire qu’il importait de ne pas revenir sur la non-intervention du Pape dans l’affaire, car cette non-intervention était ce qui irritait le plus et ce qui donnait lieu aux conséquences tirées contre le nouveau mariage et la descendance future ; que dans cette lettre, il fallait arguer d’un motif indifférent, par exemple la maladie, la difficulté d’arriver à temps à cause de la foule, ou une autre excuse banale. […] M’apercevant que tout ce que l’on pouvait gagner était de sortir au plus tôt de l’appartement officiel et d’aller dans un endroit où il serait possible de s’expliquer avec maturité, je proposai aux ministres de nous laisser nous retirer dans la maison de notre doyen, qui était voisine.

1730. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

« Les piverts ont deux couvées par saison ; aussi cette race joyeuse pullule-t-elle dans les forêts de l’Amérique, et vous ne pouvez faire une promenade sans entendre leurs cris perçants et le retentissement de leur bec sur l’écorce des arbres. » Telles sont les couleurs vives, variées, naïves, que la plume du naturaliste, aussi pittoresque que son pinceau, emploie pour commenter et expliquer les admirables planches qui composent son ouvrage. […] Il y a ici une apparente contradiction qui s’explique quand on sait que, tandis que les vieux élans déposent leur bois en décembre et janvier, les jeunes ne le perdent qu’en avril et mai ; mais la première année ils ne le perdent pas du tout, par conséquent pas même au printemps.

1731. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

« — Écoute, me dit-il, nous sommes dans un grand moment ; nous avons maintenant un tremblement de terre, ou nous allons en avoir un. » « Il me fit asseoir sur son lit pour m’expliquer quels signes le lui faisaient savoir. […] Ce mystère de sa vie n’est pas connu, encore moins expliqué, mais il est vrai.

1732. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Cette création de la moralité, en soi et par soi, ne saurait s’expliquer que par la puissance de l’instinct moral intérieur, faussé d’abord ou amorti, et que les fautes mêmes, au lieu de l’oblitérer davantage, réveillent avec intensité. […] Il le sait, et il l’a dit souvent : qu’il ne prétend pas représenter ce qui est ou a été, mais, d’une part, ce qui a pu être et seul explique ce qui est, d’autre part, ce qui doit être.

1733. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Pour Buffon, qui prétend expliquer la nature extérieure où il ne tient que la place d’un seul être, et la création où il n’occupe qu’un point, n’y a-t-il pas de la témérité à refuser de s’y servir des yeux et des pensées des autres hommes ? […] C’est par Virgile mal expliqué que les romans s’introduisent dans nos écoles.

1734. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

20 janvier Comme on causait, aux bureaux de L’Artiste, de Flaubert, traîné, à notre instar, sur les bancs de la police correctionnelle, et que j’expliquais qu’on voulait en haut la mort du romantisme, devenu un crime d’État, Théophile Gautier s’est mis à dire : « Vraiment, je rougis du métier que je fais ! […] Et dans la vie, incapable de discernement, incapable d’un conseil : le sens pratique des hommes et des choses lui manquant absolument, si bien qu’il s’entêta quelque temps à vouloir marier sa petite-fille avec un prétendu qu’il assurait devoir faire son bonheur, et dont il disait les mérites dans cette phrase : « Il m’a très bien expliqué le baromètre ! 

1735. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Il dit qu’il a eu dès d’abord la plus grande défiance de Trochu, pour avoir vu sa signature, une signature au paraphe tremblé, qui lui a fait penser de suite à un ramollissement du cerveau, et il explique le défenseur de Paris, par ce ramollissement, tout en le reconnaissant très complexe, et ne pouvant donner la clef de ce mélange de roublarderie et de mysticisme. […] » Il demandait d’assister à l’autopsie, dans un sentiment qu’on ne put expliquer.

1736. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Prendre ainsi le moi pour centre et pour but, c’est méconnaître, somme toute, sa réelle grandeur ; y borner son regard, c’est enfermer la pensée et l’existence dans un cerveau humain, c’est oublier que la loi fondamentale des êtres et des esprits est un perpétuel rayonnement. « Connais-toi toi-même », dit l’antique sagesse ; oui, car se connaître, c’est s’expliquer à soi-même, par conséquent comprendre aussi les autres et se rapprocher d’eux ; le seul moyen que nous ayons de voir, c’est assurément de recourir à nos propres yeux et à notre propre conscience : nous sommes nous-mêmes notre flambeau, et nous ne pouvons que veiller à ce que tout serve en nous à alimenter la petite flamme qui éclaire le reste. […] A entendre Zola, le romancier cherche les causes du mal social ; il fait l’anatomie des classes et des individus pour expliquer les « détraquements qui se produisent dans la société et dans l’homme ».

1737. (1926) L’esprit contre la raison

Les remparts ont craquécd, l’ombre de la mort à elle seule disjoint les plus lourdes pierres. « Visage perceur de murailles »ce, explique le poète Paul Éluard, et de la planète minuscule nous partons pour le pays sans limite. […] Emmanuel Kant, « Les rêves d’un visionnaire expliqués par les rêves de la métaphysique » (1766), et « Critique de la raison pure » (1781/787) cd.

1738. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Mais comment expliquer une pareille genèse sans une intervention active de l’esprit ? […] On a essayé d’expliquer ce sentiment de la direction par la vue ou l’odorat, et plus récemment par une perception des courants magnétiques, qui permettrait à l’animal de s’orienter comme une boussole.

1739. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Tout annonçait en lui la supériorité et un mérite fait pour briller, et l’on s’explique peu comment, vers cette époque, il écrivait au général de l’Oratoire Sainte-Marthe « que, son talent et son inclination l’éloignant de la chaire, il croyait qu’une philosophie ou une théologie lui conviendraient mieux ».

1740. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

En face de ce colosse d’érudition et de pédantisme, elle fut même relativement légère et spirituelle : Quand je lui ôterai le mérite d’avoir entendu Homère et pénétré l’art de la poésie, disait-elle du docte jésuite, je ne lui ôterai presque rien : il lui reste des richesses infinies : au lieu que moi, si le révérend père m’avait ravi le médiocre avantage d’avoir passablement traduit et expliqué ce poète et démêlé l’art du poème, je n’aurais plus rien ; c’est la seule petite brebis que je possède116 ; je l’ai nourrie avec soin, elle mange de mon pain et boit dans ma coupe : serait-il juste qu’un homme si riche vînt me la ravir ?

1741. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Il voudrait le voir s’émanciper enfin, ne plus être soumis toujours ni docile à l’excès et subordonné ; il l’excite à prendre sur lui et à user de toute l’étendue des pouvoirs qu’il a en main, pour le bien du service : « Un prince sérieux, accoutumé à l’application, qui s’est donné à la vertu depuis longtemps, et qui achève sa troisième campagne à l’âge de vingt-sept ans commencés, ne peut être regardé comme étant trop jeune pour décider. » Le duc de Bourgogne lui répond avec calme, avec douceur, peut-être même avec raison sur certains détails, mais sans entrer dans l’esprit du conseil qui lui est donné ; et, quand il a tout expliqué et froidement, un scrupule d’un autre genre le prend, et il dit à Fénelon dans une espèce de post-scriptum : « Je me sers de cette occasion pour vous demander si vous ne croyez pas qu’il soit absolument mal de loger dans une abbaye de filles : c’est le cas où je me trouve.

1742. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

C’est alors que, par un concours de circonstances qu’il ne nous a expliqué qu’à demi, éclata tout d’un coup en lui une explosion de sentiments dont on a peine à se faire idée.

1743. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Il ne nie point certains faits singuliers ; il ne se charge point de les expliquer ; mais il repousse et réfute l’explication prématurée et intéressée que rien ne justifiait aux yeux de la saine physique.

1744. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Je suis très frappé dès les premières pages du Journal, et de plus en plus, à mesure qu’on avance dans cette lecture, de l’état de santé de Louis XIV, et je m’explique ainsi bien des changements qui survinrent alors dans son régime et dans ses mœurs.

1745. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Charron s’en remet pour cela à l’action directe et divine, sans trop s’expliquer.

1746. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

J’y reviendrai après avoir expliqué à ma manière ce qu’on peut entendre par Henri IV écrivain.

1747. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Il va par la rue Saint-Jacques chez ses amis les jésuites ; il s’arrête aux environs dans la boutique des libraires Thierry ou Cramoisy, chez qui sont en vente quelques-unes de ses pièces de vers publiées séparément en feuilles volantes avec images et vignettes : il expliquerait volontiers aux passants tout cela.

1748. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Il s’adressait à tous les pères jésuites de sa connaissance, il leur disait ce qu’il écrira un peu après au père de La Chaise et à Bourdaloue, pour expliquer son épitaphe.

1749. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

pour nous, et cependant qui peut être estimée pour son regard, et selon le monde, heureuse. » Et il explique en quoi et en quel sens (un peu païen et antique) cette mort fatale est heureuse pour le héros, une mort sans appréhension, sans douleur, commune à plusieurs grands personnages du passé, et qui laisse l’imagination rêver un avenir de gloire plus grand encore que ce qu’il avait obtenu.

1750. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Vous auriez besoin d’en faire beaucoup dans votre conduite ; mais je compte m’expliquer une autre fois sur cette matière.

1751. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Malgré les vertus et les lumières du comte Firmian qui le faisaient aimer et respecter des Milanais, Bonstetten discerna l’incompatibilité radicale qu’il y avait entre le régime allemand et le génie italien ; il s’explique là-dessus très nettement.

1752. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

J’ai indiqué le côté historique de ce petit volume, ce qui sert à expliquer le caractère d’un prince que l’histoire ne peut éviter.

1753. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Je ne m’explique pas bien les circonstances de cette offre assez singulière ; mais la réponse qu’y fait Béranger (novembre 1816) montre que la proposition était sérieuse.

1754. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Nous avons vu, sous la forme de femmes du Nord, de tous ces types-là ; et elles nous étonnent dans nos timidités et nos agréables routines parisiennes, elles nous déconcertent toujours ; nous avons peine à nous les expliquer, car nous ignorons les origines et les sources premières.

1755. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

On s’explique difficilement que l’Académie française, qui devait être, ce semble, « l’asile naturel d’un Racine », l’ait repoussé vers le même temps, ou du moins lui ait fait un petit signe de tête négatif et très-significatif, et cela pour la seconde fois : il dut renoncer à l’idée de s’y voir admis.

1756. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Mais avant d’en dire quelque chose, il est indispensable de parler du genre même des Mystères, duquel il n’est, après-tout, qu’une variante ; et cela nous mène à expliquer ce qu’était notre ancien théâtre ; car tout s’y tient, et il n’est pas possible d’en prendre une juste idée sans remonter aux origines et le suivre dans ses progrès et son développement.

1757. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Israël et le Magnificat ; que tout ce qu’il y a de poésie dans le culte chrétien, l’encens, les chasubles brodées d’or, les longues processions avec des fleurs, léchant, le chant surtout aux fêtes solennelles, grave ou lugubre, tendre ou triomphant, l’a vivement exalté ; qu’il a respiré cet air, vécu de cette vie, et que, par conséquent, il a dû pénétrer plus avant dans le sens et l’intelligence de la musique chrétienne que beaucoup de jeunes gens qui, nourris des traditions de collège et ne voyant dans la messe qu’une corvée hebdomadaire, ne se seraient jamais avisés d’aller chercher de l’art et de la poésie dans les cris inhumains d’un chantre à la bouche de travers. » Et plus loin, insistant, sur le caractère propre, à ces chants grandioses ou tendres, et qu’il importe de leur conserver sans les travestir par trop de mondanité ou d’élégance, devançant ce que MM. d’Ortigue et Félix Clément ont depuis plaidé et victorieusement démontré, il dira (qu’on me pardonne la longueur de la citation, mais, lorsque je parle d’un écrivain, j’aime toujours à le montrer à son heure de talent la plus éclairée, la plus favorable, et, s’il se peut, sous le rayon) : « J’ai dit tout à l’heure, en parlant du Dies iræ, que je ne connaissais rien de plus beau ; j’ai besoin d’y revenir et de m’expliquer.

1758. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

La condamnation de ces deux derniers, anciens généraux de brigade sous la République, et depuis longtemps rentrés dans l’ordre civil, présente des circonstances d’animosité féroce que l’historien, s’il ne se replonge dans les passions du temps, a peine à s’expliquer.

1759. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Elle lui parle avec douceur et en personne qui l’aime toujours ; elle lui explique l’aventure de la veille.

1760. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Je ne m’explique pas qu’un homme tel que l’auteur me dépeint Jésus puisse être si divin sans être Dieu, au moins en bonne partie.

1761. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Théophile Gautier, depuis que ceci est écrit, s’est lui-même expliqué sur la fonction de feuilletoniste, et ce qu’il en a dit, au moment où je le lisais, m’a dicté, à moi-même, cette remarque : « On admire chez Fontenelle la description des fonctions d’un lieutenant de police dans l’Éloge de d’Argenson, — chez Cuvier, la description des fonctions et des qualités d’un intendant général d’armée dans son Éloge académique de Daru.

1762. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

  Mais j’en viens, il en est temps, à la seconde partie de mon dire, et j’ai à expliquer, sans trop vouloir le défendre, le mot qui m’a été amicalement reproché : « Les Anciens, je le crains, perdront tôt ou tard une partie de la bataille. » I.

1763. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Ce lutin dont parlait Molière, lorsqu’il voulait expliquer les inégalités de verve de Corneille, et duquel il disait encore plus poétiquement que plaisamment, qu’il venait, au moment où le pauvre grand homme était dans l’embarras, lui souffler à l’oreille quelques-uns de ses plus beaux vers et de ses plus belles scènes, pour disparaître la minute d’après, — ce lutin n’était autre, en bien des cas, que le Génie même de la République et de l’Empire, ce puissant fantôme évoqué sans cesse, et que les Brutus et les César avaient vu apparaître plus d’une fois dans leurs veilles ou dans leurs songes.

1764. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Il a besoin de la chute et du péché originel, pour expliquer le mauvais instinct de l’homme, son penchant obstiné à la désobéissance, et aussi le vague sentiment, le souvenir comme héréditaire d’un premier âge antérieur d’innocence et de félicité.

1765. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Je n’oublie pas que ce que j’ai à expliquer maintenant, c’est la vue de M. 

1766. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

L’abbé d’Olivet eut la principale part dans ce travail ; il fut en réalité le secrétaire et la plume de l’Académie ; elle avait fini, de guerre lasse, par lui donner pleins pouvoirs ; il s’en explique lui-même dans une lettre au président Bouhier, du 1er janvier 1736, et l’on est initié par lui aux coulisses du Dictionnaire.

1767. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Ceci même expliquerait qu’on en eût fait mystère.

1768. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Le volume actuel est précédé d’une lettre-préface, dans laquelle le poëte, écrivant familièrement à l’un de ses amis, lui explique sa manière de travailler durant les courtes heures des rares saisons qu’il accorde désormais à la poésie.

1769. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Arrivant à l’éloge même du récipiendaire, et en se plaisant à reconnaître tout l’éclat de ses succès, le directeur a cru devoir excuser ou du moins expliquer les retards que l’Académie mettait dans certains choix, et l’espèce de quarantaine que paraissaient subir au seuil certaines renommées.

1770. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Zola, que de vouloir expliquer, et même expérimenter : erreur scientifique, erreur littéraire.

1771. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Ces vers sont les seuls, dans les écrits des auteurs classiques latins, et dans Horace lui-même, que l’on puisse expliquer comme faisant allusion à des tragédies sur des sujets romains : encore peuvent-ils être diversement interprétés.

1772. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Tout cela nous explique le tour que prit la querelle des anciens et des modernes, et pourquoi en somme Boileau y fut vaincu.

1773. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Certes, il y a sans aucun doute des causes sociales qui expliquent la richesse des moissons humaines portées ainsi tour à tour par les différentes provinces.

1774. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

On expliquerait rapidement ainsi comment la langue s’est formée, comment elle compte déjà plusieurs siècles de chefs-d’œuvre.

1775. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

C’est ainsi que je l’explique.

1776. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Lubis, j’ai toutefois sous les yeux une preuve trop précise de l’usage que M. de Lamartine en a fait pour ne pas en dire quelque chose, d’autant plus que cela éclaire tout le procédé historique de M. de Lamartine, et nous explique le secret de cette rapidité qui, dans un genre d’étude compliquée et sévère, est si faite pour étonner.

1777. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Son honneur à lui, c’est de n’avoir jamais, même aux moments les plus désespérés et les plus amers, cédé d’un point sur les conditions qu’il jugeait essentielles au rétablissement de la monarchie en France : « Il est aussi impossible de refaire l’Ancien Régime, pensait-il, que de bâtir Saint-Pierre de Rome avec la poussière des chemins. » Consulté de Vérone par Louis XVIII, et d’Édimbourg par le comte d’Artois, dans leurs projets excentriques de restauration, il ne cesse de leur redire : « Il faut écouter l’intérieur si l’on veut entreprendre quelque chose de solide… Ce n’est pas à nous à diriger l’intérieur, c’est lui qui doit nous diriger. » Dans une note écrite pour Louis XVIII en juillet 1795, Mallet du Pan lui pose les vrais termes de la question, que ce roi ne paraissait pas comprendre entièrement alors, et qu’il fallut une plus longue adversité pour lui expliquer et lui démontrer : La grande pluralité des Français ayant participé à la Révolution par des erreurs de conduite ou par des erreurs d’opinion, écrivait Mallet, il n’est que trop vrai qu’elle ne se rendra jamais à discrétion à l’ancienne autorité et à ses dépositaires ; il suffit de descendre dans le cœur humain pour se convaincre de cette vérité.

1778. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Au défaut du Dictionnaire de l’Académie, Patru aida de tout son pouvoir à la confection de celui de Richelet, ce qui explique en partie les qualités et les mérites de cet ouvrage.

1779. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Ce qu’étaient alors les finances, et le désordre qui y régnait, ne pourrait s’expliquer que moyennant de longs éclaircissements, et par de plus initiés que nous ne saurions l’être.

1780. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

C’était (sauf des différences qu’il serait trop long ici d’expliquer), c’était en somme une tentative de réorganisation de la justice en France sur un plan uniforme et d’après l’idée d’une législation homogène ; mais les auteurs de ce plan avaient bien moins songé à l’ordre judiciaire et à la justice en elle-même qu’aux conséquences politiques de cette mesure dans les difficultés extrêmes où ils se trouvaient.

1781. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

si l’Angleterre, me disais-je, a ses Grandisson, la France a ses Beaumarchais… » Pour s’expliquer un peu l’enthousiasme et le ton, il faut dire que Beaumarchais, à cette date, venait en effet, de se signaler par un acte énergique de dévouement envers les siens.

1782. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

J’y vois observation, finesse, une certaine naïveté qui s’y combine et qui aurait besoin d’être expliquée, et aussi l’absence d’étendue.

1783. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Le fait est qu’une méfiance assez singulière, entretenue par les négociateurs anglais, et dont il serait trop long d’expliquer la cause, s’était glissée depuis quelque temps dans l’esprit des commissaires américains, et leur avait fait passer outre à la politesse.

1784. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Pour cette raison, on est moins frappé qu’au premier jour ; mais ce n’est pas la seule raison, du reste, qui puisse expliquer la pâleur ou la lenteur du succès d’un livre dans lequel, selon moi l’auteur vaut bien ce qu’il valait quand il fit l’Oiseau, si même il ne vaut davantage !

1785. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Je réclame, comme un moyen de raison publique, le changement de l’orthographe nationale, et je ne crois pas cette proposition indigne d’être adressée à des législateurs qui compteront pour quelque chose le progrès, ou plutôt, si je puis m’exprimer ainsi, la santé de l’esprit humain. » Et il continue d’expliquer parfaitement la réforme proposée, et dont quelques portions ont prévalu, m’assure-t-on, dans l’abécédaire d’aujourd’hui. […] » Et arrivant à l’accusation de fédéralisme, dont ils sont victimes, celui qui vient de flétrir les bourreaux retrouve ses anathèmes de grammairien-idéologue contre les expressions mal définies : « Les tyrans ont eu constamment recours à certaines dénominations odieuses, à de vains noms qui, répétés sans cesse et jamais expliqués, semblaient désigner de grands crimes et n’étaient réellement que les mots d’ordre des assassinats. […] Daunou intervint pour expliquer, pour rectifier.

1786. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Elle le sait bien, et n’a pas d’autre moyen pour expliquer le vice que de les supposer absentes, « Sûrement, dit-elle en parlant de l’entremetteuse, cette femme est athée. […] Qu’un épicurien ait du plaisir à détailler les jolis péchés d’une jolie femme, rien d’étonnant ; mais qu’un romancier se complaise à surveiller l’alcôve de deux vieux bourgeois rances, à remarquer les suites de la chute d’un marron brûlant dans une culotte, à détailler les questions de la veuve Wadman sur la portée des blessures de l’aine, cela ne s’explique que par le dévergondage d’une imagination pervertie qui trouve son amusement dans les idées répugnantes, comme les palais gâtés trouvent leur contentement dans la saveur âcre du fromage avancé1088. […] Personne n’a égalé Sterne dans l’histoire de ces hypertrophies humaines ; il pose le germe, l’alimente par degrés ; il fait ramper alentour les filaments propagateurs, il montre les petites veines et les artérioles microscopiques qui s’abouchent dans son intérieur, il compte les palpitations du sang qui les traverse, il explique leurs changements de couleur et leurs augmentations de volume.

1787. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

La tête de Diderot étant donnée, cette belle tête de Houdon avec ces yeux qui boivent la lumière et ce grand front qui la renvoie, expliquez-vous si vous pouvez les niaiseries, les sottises, disons le mot ! […] Mais, quelles que soient les impuissances de l’homme à saisir et à expliquer les mystères que Dieu a mis devant nous, comme un mur, pour faire mourir l’orgueil au pied, je ne confonds pourtant ni les hommes ni les choses. […] Avertis par cette haine qui explique leur amour posthume pour Diderot, ils l’ont avisé, couché sous sa pierre de Sisyphe de l’Encyclopédie et sous l’amas de ses autres ouvrages, et ils l’ont tiré de là-dessous.

1788. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

On s’explique, sans plus abondants commentaires, que le poète, le romancier, le dramaturge Antoine Arnault se dégoûte assez vite de cette bacchante, qui se précipite au-devant de son désir, car les hommes les plus exigeants ont quelque répugnance à constater chez la femme des servitudes correspondantes. […] Des traits essentiels, que nous ne saurions retrouver dans l’empreinte des influences extérieures, s’expliqueront suffisamment par la plus immédiate hérédité ! […] Elles ne se trouvent pas là par obligation de créer un milieu, et parce qu’il faut de toute nécessité expliquer ses personnages. […] Sont-ils pas comme les deux volets d’un dyptique qui s’expliquent et se commentent naturellement ?

1789. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

inadvertance qui explique peut-être bien un peu la confusion qui règne toujours dans le débat. […] Le peuple partageait les idées et le sentiment des artistes : c’est ce qui explique comment dans cette société profondément idolâtrique, amoureuse de la forme par principe de religion, tout le monde, en matière de littérature et d’art, était compétent. […] Sans m’expliquer sur la justesse plus ou moins grande d’une qualification que nul, il faut l’espérer, n’est tenu de bien comprendre, je me bornerai à quelques mots de développement pour couper court aux malentendus. […] L’intention s’explique, car il est évident que depuis Victor Hugo, ce Louis XIV de la versification française, la pauvre susdite versification n’a plus guère fait, dans la personne de MM. de Musset, Gautier, Houssaye et compagnie, que tomber de régence en Louis XV.

1790. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Il ne se charge point de nous expliquer comment lui vint la fantaisie de demander la main d’Hermione à une famille pour laquelle il était un objet d’exécration et d’horreur. […] Telle est la doctrine d’Aristote, si bien expliquée par Corneille, et que la critique ne doit pas ignorer. […] Comment expliquer ces étranges conclusions d’un critique d’ailleurs si estimable ? […] Comment expliquer l’animosité des femmes contre un bel homme, estimé à la cour, et leur prédilection pour un obscur faquin tel que Pradon, dont la figure était aussi ridicule que les écrits ? […] Si le roi d’Égypte n’avait pas à sa cour quelque virtuose capable d’expliquer ces subtilités, et de satisfaire à ces demandes, le roi d’Égypte était vaincu, et devenait tributaire du roi de Lydie.

1791. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Même poétisé dans le « Printemps d’Hiver », même mélancolisé par Villon, même géantisé par Rabelais (je m’expliquerai tout à l’heure à ce propos), même attendri par le royal charme féminin de la Marguerite des marguerites, — ces marguerites hélas ! […] Des exemples expliqueront mieux ma pensée. […] Comment expliquer cette sacrilège hostilité intime, recouverte de semblants de piété, faisant songer à des prêtres qui, tout en accomplissant les rites du culte, ne croiraient pas en leur Dieu ? […] Ce Savoyard lui tient au cœur, il l’explique, le commente, l’excuse de ses audaces révolutionnaires, le désigne à la postérité. […] Par la tendresse qu’il dut inspirer à ceux qui avoisinèrent, qui furent comme tentés de protéger sa grâce fragile, presque sacrée par sa fragilité même, on s’explique la sorte de culte dont plusieurs l’environnent.

1792. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Quelques situations tragiques, quelques mots sortis des entrailles de l’homme, je ne sais quoi de vague et de fantastique dans les scènes, des bois, des bruyères, des vents, des spectres, des tempêtes, expliquent la célébrité de Shakspeare. […] Mackenzie s’en explique lui-même. […] Hobbes, dans sa Cité chrétienne, avait expliqué le Verbe comme l’auteur de la législation : in Testamento Novo græcè scripto, Verbum Dei sæpè ponitur (non pro eo quod loquutus est Deus) sed pro eo quod de Deo et de regno ejus… In hoc autem sensu idem significant λογος Θεου. […] On se rappelle avec admiration ces temps où l’on vit sortir des écoles chrétiennes, Racine, Molière, Montfaucon, Sévigné, La Fayette, Dacier ; ces temps où le chantre d’Antiope donnait des leçons aux épouses des hommes, où les Pères Hardouin et Jouvency expliquaient la belle antiquité, tandis que les génies de Port-Royal écrivaient pour des écoliers de sixième, et que le grand Bossuet se chargeait du catéchisme des petits enfants. […] Ce système a l’avantage d’expliquer les contradictions que l’on remarque dans le caractère de la nation britannique.

1793. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Objections La tentative renanienne pour expliquer l’évolution religieuse sans avoir recours au surnaturel aura des conséquences infinies et un formidable contrecoup. […] Il y avait en lui un logicien, toujours prêt à expliquer au contemplateur lyrique et pessimiste des hommes et des choses, la raison de ses amertumes et de ses courtes joies. […] Il faut les expliquer par l’étude des circonstances qui ont entouré leur naissance et amené leur développement. […] Peut-être eût-il expliqué, dans ce traité de la Volonté, par où il avait rêvé de compléter son livre de l’Intelligence, comment s’accordent des affirmations si dissonantes. […] Ici, le titre est expliqué par une phrase empruntée à un prélat décadent et par des strophes prises dans l’anthologie d’un poète universitaire : Il acheta un beau jardin qu’il cultivoit lui-même.

1794. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Voyant cependant une guerre prochaine très probable avec le duc de Savoie, Henri IV revient à Rosny, lui confie son embarras, lui explique qu’il ne peut ôter cette charge à M. d’Estrées, au grand-père de ses enfants, sans lui faire affront, et propose l’expédient de retirer la charge de lieutenant général de l’artillerie au vieil officier qui en est chargé, de rehausser cette lieutenance générale de plusieurs prérogatives singulières : Étant rendue ainsi honorable, ma résolution, lui dit Henri IV, serait de la bailler à un certain homme que je connais et vous aussi, qui a le courage bon, l’esprit vif, est actif, diligent, a toujours affectionné cette fonction et témoigné en plusieurs occasions qu’il n’en est pas ignorant… Or, devinez maintenant qui est cet homme-là, et m’aidez à le persuader, car il est fort de vos amis.

1795. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Ils vous expliquent à vous-même ce que vous leur dites à l’instant même et qu’ils classent aussitôt dans les choses connues.

1796. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

 » Je ne fais aujourd’hui que courir à travers Bourdaloue en indiquant les points supérieurs par où il rachète et relève cette uniformité qui fut sa vertu, mais qui, à distance, a besoin d’être un peu expliquée pour sa gloire.

1797. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Enfin il se donne bien de la peine pour s’expliquer une chose très simple ; il n’était pas de ceux à qui l’image arrive dans la pensée, ou chez qui l’émotion lyrique, éloquente, éclate et jaillit par places dans un développement naturel et harmonieux.

1798. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Le persiflage est ce qui a le plus besoin d’être expliqué.

1799. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

C’est elle qui eut dans ce qui va suivre les premiers torts ; voici comment on les explique.

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Il faut l’entendre nous expliquer par le menu tout le procédé artificieux et méchant du comte de Frise envers la personne qu’il a gagé de séduire75, ses batteries masquées, ses instances soudaines et ses éclats de grands sentiments, ses lenteurs calculées, les complications qu’il introduit, les jalousies qu’il suscite et toutes les tortures qu’il inflige : J’étais, ose dire Besenval, le confident de ses plus secrètes pensées.

1801. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Quant à ses occupations silencieuses dans la solitude et dans les loisirs forcés des garnisons, il ne s’en explique encore qu’avec précaution et une sorte de pudeur.

1802. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

« Mettre des faits dans la mémoire, c’est se donner de l’expérience, c’est rivaliser avec le temps. » Il lui explique Phèdre, Britannicus, et en quoi l’une ou l’autre de ces pièces est supérieure.

1803. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Pour moi, après bien des tâtonnements et des reprises, après y avoir songé et ressongé, je m’explique un peu autrement son caractère, son esprit, sa part dans l’exercice du métier de roi.

1804. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Champfleury, que nous aurons peu aujourd’hui à envisager comme romancier, est lui-même, dans ses ouvrages, un studieux observateur et un copiste consciencieux des personnages et des situations naturelles ; il a ses défauts qui paraissent d’abord et qui ne se dissimulent pas ; mais il a sa vérité, sa façon de voir bien à lui, et qui, une fois appliquée à son objet, l’environne, le pénètre et ne le lâche pas avant de nous l’avoir bien montré et expliqué.

1805. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Quoi qu’il en soit, c’est ainsi qu’il expliquait et louait le talent d’Horace Vernet : Si copier simplement et promptement la nature, disait-il encore, est la véritable condition du génie ; si c’est bien la condition qu’ont remplie les anciens maîtres et qui les distingue de tous les autres, M. 

1806. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Louis XIV cependant voulait qu’on fît quelque chose : lui qui avait recommandé la prudence et d’éviter une affaire générale tant que la négociation se poursuivait avec l’Angleterre, il exigeait maintenant qu’on tentât plus qu’on ne le faisait, et qu’on jetât le dé plus hardiment : « Mon intention, mandait-il à Villars le 21 juillet, n’est pas de vous engager à faire ce qui est impossible ; mais, pour tout ce qu’il est possible d’entreprendre pour secourir Landrecies et empêcher que les ennemis ne se rendent maîtres de cette place, vous devez le faire ; votre lettre n’explique point en quoi consiste le désavantage qui peut se trouver en attaquant les ennemis entre la Sambre et le ruisseau de Prisches39.

1807. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Dans les nombreux Salons qu’il a faits et qu’il est loin d’avoir tous recueillis en volumes, je prendrai presque au hasard quelques exemples pour bien définir sa manière et expliquer son procédé.

1808. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Quiconque a reçu la faculté de sentir et de penser ne peut nier cette mystérieuse assertion ; mais quiconque aussi voudra prouver l’existence de Dieu ne pourra l’expliquer qu’à l’aide d’arguments que je m’abstiens de qualifier, parce que toutes les croyances doivent être inviolables, et qu’elles sont toutes sacrées pour moi tant qu’elles ne me sont point imposées. » Les religions, on le voit, y sont respectées dans leur formes et honorées dans leur principe : « Je crois que toutes les religions sont bonnes, je crois que, hors le fanatisme, toutes les erreurs des cultes obtiendront grâce devant Dieu, car notre ignorance est aussi son ouvrage… J’adopte toutes les idées religieuses qui peuvent élever l’esprit, je rejette celles qui le rétrécissent ; et s’il fallait décider entre toutes les religions établies celle qui me paraîtrait la meilleure, je répondrais : — La plus tolérante. » À un endroit où le fils abandonné se suppose forçant enfin la destinée par sa vertu, parvenant à percer par ses œuvres, et méritant que sa mère revienne s’offrir à lui comme fit un jour la mère de D’Alembert au savant déjà illustre, il y a une apostrophe pieuse, un mouvement dans le goût de Jean-Jacques : « Dieu !

1809. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Les diverses raisons qu’on pourrait trouver à ce succès si prompt et si universel de Don Quichotte seraient encore insuffisantes, et il faudrait y ajouter je ne sais quelle bonne étoile qui ne s’explique pas.

1810. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

franchement, si ami que je sois de la réalité, je regrette que Mme Roland n’ait pas obéi jusqu’à la fin au sentiment de répulsion instinctive qui lui avait fait ensevelir en elle ce triste détail, et qu’elle ait cru devoir consigner si au long un incident plus que désagréable ; pour l’excuser, pour m’expliquer cette franchise que personne au monde ne lui demandait à ce degré, j’ai besoin de me représenter l’autorité suprême et l’ascendant prestigieux que l’exemple de Rousseau avait pris sur elle et sur les personnes de sa génération.

1811. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote que tout s’expliquerait si l’on admettait qu’un Homère ou Homéride, s’emparant des rhapsodies antérieures d’une Iliade en fragments, et d’une Achilléide embryonnaire ou élémentaire, a refondu, remanié, agrandi les deux sujets, les a mis en rapport entre eux et a opéré un travail ardent, poétique, inspiré, d’où est sortie l’œuvre telle à peu près que nous l’avons, sauf toujours trois ou quatre chants qui sont par trop gênants ou sensiblement inutiles, et dont on fait bon marché : tout le reste appartient à une pensée suffisamment une et dominante.

1812. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Cette lenteur et cette temporisation à s’expliquer est d’autant plus fâcheuse que la principale des collections battues en brèche par la critique93 n’est entamée qu’en partie et reste solide et précieuse à beaucoup d’égards.

1813. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

J’espère d’ailleurs que le temps pourra quelquefois me justifier ; il apportera sur notre homme de grosses découvertes, mais on se souviendra des petites : la transcription, enfin raisonnable, de la lettre de La Bruyère à Santeul ; l’anecdote de la lettre de celui-ci remerciant La Bruyère de son portrait ; le certificat de licences prises par La Bruyère à Orléans ; l’anecdote de La Bruyère et du prédicateur ; celle de M. le Prince ne se frottant pas, pour s’en amuser, à son caustique gentilhomme ; la mention du mariage du frère aîné avec la fille de M. de Novion, par laquelle se trouve expliqué tout le côté parlementaire du livre ; l’histoire très-complétée de la petite Michallet, de son mariage, et du livre qui fut sa dot ; l’histoire non moins complétée des candidatures de La Bruyère et de sa réception à l’Académie ; le récit de sa mort soupçonnée de poison, etc., bien d’autres choses qu’on ne voit pas encore, parce que je n’ai rien fait pour les montrer ; pauvres aiguilles, comme vous dites, que j’ai perdues négligemment dans une botte de foin… » De mon côté, je ne restai pas sans réponse.

1814. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

En même temps on se l’explique très-bien.

1815. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Il essaye de décomposer et d’expliquer la fortune d’André Chénier par toutes les raisons les plus étrangères au talent même et au charme de ses vers ; il côtoie complaisamment les suppositions les plus gratuites en finissant par les rejeter sans doute, mais avec un regret mal dissimulé de ne les pouvoir adopter : « On se demanda, écrit-il (lorsque ces Poésies parurent), si on n’admirait pas sous la garantie d’une muse posthume l’effort d’un esprit moderne ; si, sous la main d’un éditeur célèbre et poëte lui-même, telle épître ou telle élégie n’avait pas pu s’envoler d’un champ dans un autre, et sans qu’il lui fût bientôt permis de revenir à la voix de son premier maître.

1816. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Mme de Staël représente toute une société nouvelle, Mme de Sévigné une société évanouie ; de là des différences prodigieuses, qu’on serait tenté d’abord d’expliquer uniquement par la tournure différente des esprits et des natures.

1817. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Elle arrange un peu les choses et explique son malheur à sa manière dans ses lettres à Mme Swetchine. » On n’a plus à espérer de voir rien paraître des autres productions inédites de Mme de Duras, auxquelles elle attachait pourtant bien du prix, dont elle avait par son testament désigné l’éditeur, et que la circonspection excessive de la famille a retenues assez longtemps pour que l’heure de les publier soit passée : les ouvrages d’esprit ont aussi leur saison.

1818. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Ces pièces ne sont pas d’un art nouveau : moins graves que les anciens drames liturgiques, plus sérieuses que le jeu de saint Nicolas et que les mystères, très familières et rarement comiques, elles ont un caractère à la fois populaire et dévot que leur destination explique.

1819. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Rabusson, employant par badinage le mode lyrique qui permet tout, nous explique en quoi l’amour des vieux peut préparer les femmes à l’amour des jeunes.

1820. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Une expression nouvelle qui revient une centaine de fois : à son entour pour autour d’elle ou de lui Je m’explique mal la tendresse de M. 

1821. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Le suicide s’explique par un défaut d’intégration sociale.

1822. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Henry Bordeaux nous explique gravement : « C’est la fin d’une race de déracinés. » Et je suppose qu’avant d’écrire cette phrase péremptoire, il avait longuement songé aux Américains du Nord, pauvre race transplantée qui se meurt d’impuissance et d’anémie.

1823. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Pourtant, ce n’est que par ce contact de Diderot qu’on s’explique bien en M. 

1824. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Quelquefois lui-même il s’arrête comme étonné devant les témérités de sa parole ; mais il la reprend, la répare aussitôt, ou seulement il la redouble, il l’explique ; car rien, chez lui, n’est sorti que d’un cœur net, d’une lèvre ardente et pure.

1825. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

On raconte que dans un couvent de la rue de Charonne, où elle était élevée, elle avait de bonne heure conçu des doutes sur les matières de foi, et elle s’en expliquait assez librement.

1826. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Pour s’en éclaircir, elle consulta un autre directeur, homme de sens, l’évêque de Chartres (Godet des Marais), et Fénelon eut à se justifier, à s’expliquer.

1827. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

J’ai prononcé le mot d’homme à bonnes fortunes ; il convient de l’expliquer à l’instant et de le relever.

1828. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

« Vous trouvez, écrit-il quelque part, que je m’explique assez clairement : je suis comme les petits ruisseaux, ils sont transparents parce qu’ils sont peu profonds. » Il disait cela en riant ; on se dit ainsi à soi-même bien des demi-vérités.

1829. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Les réflexions par lesquelles Frédéric termine son récit de la guerre de Sept Ans ressemblent très bien à une page de Polybe : « À deux mille ans de distance, c’est la même façon de juger les vicissitudes humaines, et de les expliquer par des jeux d’habileté mêlés à des jeux de fortune. » Seulement l’historien-roi est, en général, plus sobre de réflexions.

1830. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Observons toutefois, pour expliquer à notre tour et justifier cette profession un peu large d’impartialité, que les chefs des partis alors en présence, les trois Henri, étaient gens de renom et considérables à divers titres : Henri, duc de Guise, chef de la Ligue ; Henri, roi de Navarre, chef opposé ; et le roi Henri III, au nom de qui Montaigne était maire, et qui oscillait entre les deux.

1831. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

« Il n’avait pas dix ans quand son père mourut (6 mai 1749) : il en avait un peu plus de seize lorsqu’il perdit sa mère (16 février 1756) morte à l’Hôtel-Dieu. » La Harpe ne parla qu’assez tard de sa naissance ; soit mépris réel pour des propos à demi calomnieux, soit difficulté d’aborder ce point délicat, il ne s’expliqua pour la première fois qu’en 1790, et il le fit sur un ton qui nous montre assez son caractère.

1832. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Cependant M. de Montbreuse avait d’autres projets pour sa fille ; il la destinait au fils de l’un de ses meilleurs amis, et dont il était le tuteur : mais elle lui laisse à peine le temps de lui expliquer ce désir ; elle aime Alfred, elle n’aime que lui : Jamais d’autre !

1833. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

[NdA] Ce procédé de mosaïque en verre coloré est expliqué en détail au tome II, p. 296 et suiv., des Lettres de De Brosses.

1834. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

César, Frédéric, Napoléon, ont mérité d’être pareillement loués et admirés pour la simplicité de leurs récits quand ils expliquent leurs opérations de guerre.

1835. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

C’est lui-même qui, pour expliquer cet assemblage qu’il ressentait en lui, nous a dit : Il n’y a point d’âmes au monde, comme je pense, qui chérissent plus cordialement, tendrement, et, pour le dire tout à la bonne foi, plus amoureusement que moi ; et même j’abonde un peu en dilection… ; mais néanmoins j’aime les âmes indépendantes, vigoureuses, et qui ne sont pas femelles… Comme se peut-il faire que je sente ces choses, moi qui suis le plus affectif du monde ?

1836. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Il explique assez au long à Jordan les raisons qu’il a eues de faire sa paix séparément de la France, et il lui donne la clef de sa morale de souverain : chez un souverain, c’est l’avantage de la nation qui fait la règle et qui constitue le devoir : « pour y parvenir, il doit se sacrifier lui-même, à plus forte raison ses engagements, lorsqu’ils commencent à devenir contraires au bien-être de ses peuples ».

1837. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

C’est ce qui explique pourquoi le perfectionnement est propre à la science, et n’est point propre à l’art.

1838. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Expliquons-nous.

1839. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Elle crut, elle, avoir expliqué le sien, et elle se trompa, preuve qu’elle n’était pas Dieu.

1840. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Il a voulu expliquer, dans une préface, l’idée que n’expriment pas ces divers morceaux, réunis sous ce titre, qui n’est intelligible que s’il est menteur : « La Fleur d’or ».

1841. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Je crois même qu’il s’explique surtout par des considérations historiques.

1842. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Cousin : « Daignez, monsieur, nous expliquer ce qu’est l’âme ; pourquoi vous la nommez une force libre ; comment une force qui est une qualité peut être le moi qui est un être. » Et M. 

1843. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Au moment où, conduit par une rêverie savante à ce matérialisme épicurien dont César devait abuser en factieux quelques années après, Lucrèce allait expliquer la formation spontanée du monde, l’action exclusive de la matière, l’intelligence passagère qui en résulte et la mortalité absolue de l’être humain, il élève ses regards vers les cieux ; il y voit briller un astre cher à la superstition romaine ; il en retrouve le souvenir et le nom dans les origines de Rome, et il ouvre son poëme antimythologique et antiplatonique par cette invocation incomparable à la déesse de la fécondité dans la nature, à cette déesse de la beauté et de l’amour, qu’il supplie de désarmer le dieu de la force et de la guerre : « Mère des enfants d’Énée, charme des hommes et des dieux, bienfaisante Vénus !

1844. (1927) Approximations. Deuxième série

C’est ce qui explique que dans une phrase de Stendhal les membres de la phrase ne sont jamais les modulations d’un même air, les nuances d’une même tonalité fondamentale ; c’est une succession de visages qui se présentent, puis se détournent. […] Si le sommet de Mesure pour mesure réside dans les scènes du second acte entre Angelo et Isabelle avec les prodigieux monologues qui les précèdent ou qui les suivent, — expliquera-t-on jamais grâce à quel coup de force du génie rien n’apparaît plus normal, plus attendu, plus imploré même de l’auditeur qu’un monologue shakespearien ? […] Qu’en cette occurrence le survol soit possible s’explique précisément par l’intensification du présent dont la possession s’accompagne ; car il suffit que le présent revendique l’autonomie pour que le héros de Sindral — et ceux qui appartiennent à cette lignée — la lui dénient. […] Ici je me trouve en désaccord avec Henri Martineau, mais il se pourrait que notre désaccord ne naquît que d’une conception légèrement différente des propos d’un homme de génie, et je dois m’en expliquer. […] Victime, lui aussi, de la tyrannie d’une certaine notion régnante de la sincérité sur laquelle il faudra bien s’expliquer un jour parce qu’à son ombre trop de choses sont tapies ; mais victime, lui du moins, tout à fait sincère, — sincère jusqu’à la naïveté.

1845. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Rousseau la cite et la développe et l’explique avec un véritable enthousiasme : « … Revenons au droit et fixons les principes sur ce point important. […] C’est ce qui explique pourquoi les démocraties mènent presque toujours au despotisme proprement dit : c’est que, d’une part, le peuple y répugne très peu ; et que d’autre part les hommes qui de soi y répugnent le plus, en démocratie n’ont plus aucune raison d’y être hostiles. […] Il est à croire que ces « corps intermédiaires » ne lui auraient pas plu le moins du monde, comme limitant l’autorité royale, qu’il ne trouve jamais assez étendue ; mais enfin il n’a jamais eu l’occasion, n’ayant jamais habité un « pays d’Etats », de s’expliquer là-dessus8. […] Depuis ce temps le Parlement fut toujours compté par les Jésuites au nombre de leurs ennemis, et avec raison ; et l’on peut dire que pendant tout le XVIIIe siècle le monde parlementaire et le monde janséniste est à peu près le même, ce qui explique très suffisamment la haine implacable de Louis XIV pour les Jansénistes. […] Rousseau ne s’est pas expliqué sur ce point ; mais c’est évidemment très contraire à ses principes généraux.

1846. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Ainsi s’explique que, n’ayant pas autre chose à faire et vivant dans une solitude presque complète, il ait pu passer cinq ou six ans sur chacun de ses livres. […] Il y a autre chose malgré tout, un lien d’âmes que vous expliquera M. de Vogüé. […] Lorsque je quittai l’Université, une vieille amie, à qui je tâchais d’expliquer ce que j’allais faire à Paris, me répondit : « Tu diras tout ce que tu voudras, j’aimais mieux ce que t’étais avant. […] Lamartine, l’ayant appris, lui écrivit une longue lettre pour lui expliquer comment la chose s’était faite, que ce n’avait été qu’une plaisanterie inoffensive, et que « du premier au dernier, les vers cités n’étaient pas les siens ». […] Je ne suis pas assez grand clerc pour vous l’expliquer.

1847. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Je conviens de bonne foy avec elle, que je ne me suis pas expliqué clairement dans les quatre prémiers vers, et je m’attends bien à reconnoître encore d’autres fautes, quand il s’agira de ma poësie, que je réserve pour la troisiéme partie de mon ouvrage. […] Les auteurs ont été partagez sur son dessein ; il a fallu des Aristotes pour l’expliquer, et des peres Le Bossu pour expliquer encore les explications d’Aristote. […] On employe trois ou quatre mots pour nous en expliquer un seul ; mais qui peut nous dire ce qu’il entre de l’idée de chaque mot dans la valeur de celui qu’on nous fait entendre ? […] Il me paroît d’abord que dans mon imitation, j’ai corrigé un peu cet ordre positif de Jupiter ; aujourd’hui il me commande… je ne le donne que comme un avis du ciel, qui s’explique par l’état des affaires et par les obstacles.

1848. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

C’est ce qu’il convient maintenant d’expliquer. […] Ainsi le dogme s’expliquait par des commentaires sensibles, s’éclairait par de splendides « illustrations ». […] Le premier dictionnaire de l’Académie en avait dédaigné les termes techniques ; mais Thomas Corneille les a recueillis, l’Encyclopédie les explique. […] Courbet se présente à notre pensée ; car, à ne le consulter que dans son manifeste vague et équivoque, on pourrait le mettre dans la catégorie des peintres indifférents à tout, excepté à l’art, si nous ne connaissions un autre Courbet, le Courbet niveleur, réformateur et socialiste, qui nous a été expliqué par Proudhon et qui s’est expliqué lui-même par sa vie. […] Zola qui se suffise à lui-même, et qui nous explique entièrement la nature de ses héros.

1849. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

. — Lois qui concernent les choses réelles I Ici, dans le premier chemin, notre point de départ est l’acquisition déjà expliquée des idées générales. […] Appliquant encore une fois son demi-cercle, il constate que, toutes les fois que le premier de ces deux angles s’approche davantage de la valeur requise, le second s’en écarte davantage, en sorte que, la perte égalant le gain, la somme des deux angles est toujours égale à la valeur requise. — Ainsi dans tous les triangles, un angle étant donné, les diminutions ou augmentations qu’un des deux angles restants peut éprouver sont compensées par des augmentations ou diminutions égales de l’autre, et compensées de telle sorte que la grandeur totale des deux angles restants soit la valeur requise pour former avec l’angle donné une somme d’angles égale à deux droits. — Cela fait, notre chercheur a trouvé une liaison fixe entre les valeurs du deuxième et du troisième angle, une autre liaison fixe entre la somme de ces valeurs et la valeur du premier angle, et, par ces deux liaisons, il s’explique la valeur totale des trois angles. […] Plus tard, à la réflexion, nous désagrégeons ce bloc ; au moyen de mots abstraits, nous isolons ses idées composantes ; nous en trouvons une qui nous explique la jonction involontaire ou l’incompatibilité insurmontable de nos deux conceptions. — Qu’il y ait des idées probantes incluses dans les termes de l’axiome précédent, on ne peut en douter, puisque nous venons de les démêler et de les arranger en preuve.

1850. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Cette lutte préalable et cette transformation progressive composent la vie de Dryden, et expliquent son impuissance et ses chutes, son talent et son succès. […] Une sorte de vision possédait l’artiste ; les paysages et les événements se déroulaient dans son esprit comme dans la nature ; il concentrait dans un éclair tous les détails et toutes les forces qui composent un être, et cette image agissait et se développait en lui comme l’objet hors de lui ; il imitait ses personnages, il entendait leurs paroles ; il trouvait plus aisé de les répéter toutes palpitantes que de raconter ou d’expliquer leurs sentiments ; il ne jugeait pas, il voyait ; il était involontairement acteur et mime ; le drame était son œuvre naturelle, parce que les personnages y parlent et que l’auteur n’y parle pas. […] Il s’agit d’expliquer et de prouver ; c’est là tout le style classique, c’est tout le style de Dryden.

1851. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« Lorsqu’elle dit son rêve à sa mère Uote, celle-ci ne put l’expliquer à la douce jeune fille autrement qu’ainsi : « Le faucon que tu élevais est un noble époux, que tu dois bientôt perdre, si Dieu ne te le conserve. […] Le roi leur expliqua ensuite la mission dont il les chargeait pour Gunther et ses hommes. […] « Expliquez à ma mère les honneurs dont je jouis ici.

1852. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

La scène qui précède ce duel et où Mme de Maurescamp explique à son mari toute sa conduite, est admirablement rendue ; c’est un des beaux chapitres du roman. […] Mais arrivons au livre qui vient de paraître chez Hetzel et Quantin, et à son titre que le poète explique dans une sorte de préface où nous prenons ces quelques vers : Ces allures d’éclair, ce vol torrentiel, L’esprit humain les a comme vous, vents tragiques ; Comme vous le printemps, il a ses géorgiques ; Il est l’âcre Archiloque et le Hamlet amer ; Il gonfle l’Iliade ainsi que vous la mer. […] Pour l’expliquer sa confiance et pour gagner la tienne, il te raconte qu’ils lui ont tué son fils, son unique enfant. […] Voir quelques lignes de la préface de M. de Saint-Victor qui expliqueront mieux que nous ne pourrions le faire le plan et la marche de l’ouvrage. […] Pour expliquer les premières origines du théâtre grec, M. 

1853. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Tous les lettrés se rappellent avec délices la « théorie de la décadence » qu’il a exposée dans sa fameuse étude sur Baudelaire ; il expliquait, avec une délicatesse savante, pour quelles raisons il fallait préférer notre impuissance morbide aux prospérités vulgaires, et sacrifier nos appétits de gloire à notre besoin de plaisir intellectuel. […] C’était un matin lumineux, doux et triste, un vrai temps de pèlerinage, et j’avais avec moi, en passant le Tibre qui roule dans cette vallée, la Biographie de saint François, par saint Bonaventure. » Ce bréviaire à la main, il a suivi lentement les sentiers bénis où François expliquait à ses compagnons en quoi consiste la joie parfaite des Frères mineurs, et s’écriait, dans la plus charmante ivresse d’amour divin qui ait jamais troublé le cœur d’un homme : « Ô doux Jésus ! […] On a voulu faire du naturalisme la marque de fabrique d’une usine où travaillent beaucoup de romantiques attardés ; on a tenté de désigner par ce nom je ne sais quelle doctrine que ses représentants officiels n’ont jamais pu expliquer, et dont M.  […] » Il parla d’abondance de cœur et expliqua, en termes suaves, comment « il faut se faire tout à tous. » La renommée de ce « paradis de dilection » se répandit bientôt dans la Savoie et dans les provinces voisines. […] Un exégète ému nous expliqua leurs œuvres, nous fit voir comment leurs livres étaient nés d’un orgueil douloureux en révolte contre les injustices sociales, d’une croyance enthousiaste au triomphe final de la bonté, d’une instinctive sympathie avec le cœur des foules muettes.

1854. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Pendant six semaines je n’ai pas vu deux personnes ensemble qui ne parlassent de la vente221 ; il serait trop long de t’expliquer ce que c’est, et je t’ennuierais autant que l’on m’a ennuyé. […] Peut-être tu n’exigeras pas que tous ses regards soient pour toi, ni tous les tiens pour lui : tu ne te reprocheras pas d’avoir regardé quelque autre chose, d’avoir pensé à quelque autre chose, d’avoir dit un mot qui pût lui avoir fait de la peine un instant ; tu lui expliqueras ta pensée ; elle aura été honnête, et tout sera bien.

1855. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

C’est ici que le mystère de ce qu’on appelle le droit d’intervention s’explique très logiquement, malgré ses obscurités et ses contradictions. […] M. de Talleyrand, presque seul parmi les conseillers appelés à délibérer devant Napoléon sur ce choix entre deux alliances de famille, n’hésita pas à se prononcer pour le mariage autrichien ; il le fit en termes d’oracle qui n’explique pas ses arrêts, mais qui les promulgue.

1856. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Aucun de ces motifs n’explique la dure captivité du poète ; nous avons trop de preuves de la réalité de sa démence, nous avons trop d’indices de l’innocence de Léonora ; les deux évasions du Tasse des États de Ferrare, avant cette captivité, sont le démenti, de fait, le plus formel à ces suppositions. […] C’est ce qui explique ces folies partielles où l’homme est génie d’un côté, démence de l’autre.

1857. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Explique-moi, je te prie, comment je t’ai permis d’être bonne à ce point de me suivre ici ? […] Il y avait bien à parier qu’un des cinq directeurs s’était ravisé et me les recommandait ; je ne m’expliquais pas bien pourquoi, parce qu’il y a des affaires d’État que je n’ai jamais comprises, moi ; mais enfin je croyais cela, et, sans savoir pourquoi, j’étais content.

1858. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Je les lui expliquai le plus clairement qu’il me fut possible, et je les passerai ici sous silence, pour n’être pas trop long. […] Ce temps explique Machiavel en politique, Benvenuto Cellini en art et en littérature.

1859. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Vous expliquez l’homme par son temps. […] Son portrait par Donat, qui a servi de point de départ à celui qu’on vient de lire par M. de Chateaubriand, peut se traduire plus légèrement peut-être, et s’expliquer comme il suit, en évitant tout ce qui pourrait charger : Virgile était grand de corps, de stature (je me le figure cependant un peu mince, un peu frêle, à cause de son estomac et de sa poitrine, quoiqu’on ne le dise pas) ; il avait gardé de sa première vie et de sa longue habitude aux champs le teint brun, hâlé, un certain air de village, un premier air de gaucherie ; enfin, il y avait dans sa personne quelque chose qui rappelait l’homme qui avait été élevé à la campagne.

1860. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Je voulais expliquer comment le paysan était arrivé en possession de ces dés pipés, et j’écrivis de ma main ces deux vers sur le manuscrit. […] Je vous l’ai déjà dit, tout expliquer avec soin n’était pas son affaire, et voilà peut-être pourquoi ses pièces produisent tant d’effet sur le théâtre.

1861. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« — Je vous donnerai un conseil, dit Hagene: priez le seigneur Dietrîch et ses bons chevaliers de vous mieux expliquer quelles sont les intentions de dame Kriemhilt. » Ils se mirent à parler entre eux, les trois puissants rois, Gunther, Gêrnôt et le sire Dietrîch: « Maintenant, dites-nous, noble et bon chevalier de Vérone, comment vous avez connu les dispositions de la Reine ?  […] Kant, le plus penseur et le plus sublime des philosophes, a scruté le monde et y a retrouvé Dieu dans la raison pure ; comme un Brahmane des derniers temps, Wieland, a rajeuni les traditions obscures et mêlé aux dogmes des Indes les légendes de la Grèce ; Schiller a tenté au théâtre et dans l’histoire de renouveler à Weymar les triomphes d’Athènes ; Gœthe enfin, génie plus fort, plus haut, plus complet, a retrempé Faust à la fois dans l’observation et dans le surnaturel, il a expliqué le monde des vivants par le monde des morts ; il a été le Volkêr des temps modernes, le Ménestrel des grands combats de notre ère, il a laissé en mourant l’Allemagne éblouie et vide comme si rien d’aussi grand ne pouvait naître de longtemps pour le remplacer.

1862. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Elle n’explique guère les grands écrivains. […] Pareillement, « la faculté maîtresse » explique tout dans l’œuvre d’un artiste, excepté la beauté.

1863. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

La conduite de Swift avec Vanessa ne sera ni loyale, ni humaine, mais elle peut s’expliquer par les mauvais sentiments du cœur humain ; Stella fut victime d’une obstination cruelle et déraisonnable que rien n’explique, et que la folie peut à peine excuser.

1864. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

VI La popularité persistante et désormais immortelle de Béranger s’explique, selon nous, par trois causes : Les circonstances de sa patrie ; Son talent ; Son caractère. […] L’esprit d’opposition à toute arme peut seul expliquer ce malentendu du poète et de ses principes.

1865. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Un jour que Bernis sortait de chez Mme de Pompadour, emportant sous son bras une toile de perse qu’elle lui avait donnée pour meubler son nouvel appartement, le roi le rencontra dans l’escalier, et voulut absolument savoir ce qu’il portait ; il fallut le montrer et expliquer le pourquoi : « Eh bien, dit Louis XV en lui mettant dans la main un rouleau de louis, elle vous a donné la tapisserie, voilà pour les clous. » Pourtant l’impatience vint à Bernis, et, suivant la spirituelle remarque de Duclos, voyant qu’il avait tant de peine à faire une petite fortune, il résolut d’en tenter une grande : cela lui fut plus facile.

1866. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

On ne s’expliquait pas cette obstination du poète Delille à rester éloigné de sa patrie quand elle redevenait paisible, glorieuse, et lorsqu’il ne l’avait point quittée autrefois pendant le règne même de la Terreur.

1867. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Dans une préface écrite avec sens et modestie, Mme Dacier explique son dessein : Depuis que je me suis amusée à écrire, dit-elle, et que j’ai osé rendre publics mes amusements, j’ai toujours eu l’ambition de pouvoir donner à notre siècle une traduction d’Homère, qui, en conservant les principaux traits de ce grand poète, pût faire revenir la plupart des gens du monde du préjugé désavantageux que leur ont donné des copies difformes qu’on en a faites.

1868. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Comme il s’est, dans la suite, prononcé en toute occasion contre les inconvénients de l’éducation publique, telle surtout qu’elle existait alors, on a cherché dans les circonstances de ses premières années à expliquer cette opinion qui s’accorde si bien d’ailleurs avec toute sa manière de sentir et de craindre.

1869. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Il ne se pique ni de naissance ni de titres illustres ; mais il est assez riche pour n’avoir besoin de personne… On trouve dans ce portrait sorti d’une plume amie tout ce qui peut expliquer les succès et la réputation du président dans le monde et en son bon temps.

1870. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Voici comment je me l’explique à peu près.

1871. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Il avait mieux à faire de sa santé que de forcer son ingénieux et rapide esprit à s’occuper de ces matières, qu’il comprenait assurément au moment ou on les lui expliquait, mais qu’il oubliait aussitôt, et qu’il lui eût fallu rapprendre l’instant d’après.

1872. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Cousin : « Voilà l’homme que vous avez proclamé le premier métaphysicien de notre temps, et cet homme, il avoue que le point d’appui indépendant qu’il avait cherché à sa fondation philosophique n’existe pas, et, par son dernier mot qui se révélé aujourd’hui, il vient à nous, il est avec nous, au pied de la croix. » — D’un autre côté, les philosophes de l’école positive et physiologique que Maine de Biran a abandonnée pourraient dire : « Toutes ces variations et ces voyages de l’auteur autour de sa chambre s’expliquent : il est faible, il est malade et inquiet, il cherche la vérité, mais sous forme de remède ; et le remède moral que désire si vivement un malade, il finit toujours, s’il cherche longtemps, par le trouver ou par croire qu’il l’a trouvé. » — La vérité est qu’un homme de plus est connu, mais la question n’a pas avancé d’un pas.

1873. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Je m’explique.

1874. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Chauvelin, en juillet 1734, ce ministre lui explique comment on a été contraint de faire la guerre par l’opinion que les ennemis avaient conçue au désavantage du présent gouvernement.

1875. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

L’envie et la jalousie naturelle au monde suffiraient pour expliquer la répugnance d’un grand nombre.

1876. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Feuillet de Conches les a encadrées dans un récit animé qui les explique et leur rend toute leur signification.

1877. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Bonhomme a écrit sur lui cette note incroyable au point de vue de la logique ; « L’abus de l’esprit et la recherche puérile déparent ses Lettres, qui, du reste, ont une juste célébrité. » Comment accommoder cette célébrité juste avec cette recherche puérile sans rien entre deux qui corrige et qui explique ?

1878. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Camille Rousset explique fort bien sans doute les hésitations de Catinat par une erreur de plume et un malentendu de rédaction dans l’une des dépêches qu’il reçut ; mais un autre que Catinat, saisissant plus hardiment l’esprit de son rôle et s’en pénétrant plus au vif, serait allé de l’avant sans tant marchander.

1879. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Elle a à s’expliquer avec sa mère, elle a à se défendre de certains bruits qui courent, et son besoin d’apologie la mène à dire sur ces deux personnages le fond de sa pensée et de ses sentiments.

1880. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Après cette retraite précipitée de la Galice, Ney, qui vient d’être placé sous le commandement de Soult, en est blessé ; il sent aussi le besoin de s’expliquer, de s’excuser auprès de l’Empereur, et il lui envoie Jomini, qui arrive à Vienne au lendemain de Wagram (juillet 1809).

1881. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Sua quemque… On touche en ces deux exemples les deux excès opposés, et l’un des deux explique l’autre. » 73.

1882. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Trop longtemps, jeune encore, elle a mêlé quelque peu de son vœu, de son espérance, à ce qu’elle voulait encore moins juger qu’expliquer et exciter.

1883. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Dès qu’il avait à expliquer quelque circonstance embarrassante et un peu humiliante de son passé, les Cent-Jours, cette folie la plus irréparable des siennes et qui faussa toute sa fin de carrière, les motifs qui, la veille encore, le poussaient, la burlesque tergiversation qui avait suivi, ou même lorsqu’il touchait quelques souvenirs plus anciens de sa vie romanesque et des scènes orageuses qui avaient fait bruit, sa raison toute honteuse prenait les devants, et il s’en tirait à force d’esprit, de verve à ses dépens, de moquerie fine : le genre humain à son tour n’y perdait rien.

1884. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Elle en est dès longtemps à ce qu’elle nomme ses fredaines de raisonnement : « L’universalité m’occupe, la belle chimère de l’utile (s’il faut l’appeler chimère) me plaît et m’enivre. » Elle juge en philosophe sa dévotion d’hier, et se l’explique : « C’est toujours par elle que commence quelqu’un qui à un cœur sensible joint un esprit réfléchi. » Son idéal d’amitié pourtant, avec la pieuse et indulgente Sophie, ne reçut point de ralentissement de ce côté-là.

1885. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Le jeune homme ne tarda pas à devenir prêtre, resta à Paris, et fut employé, pendant trois ans, à expliquer les mystères aux enfants du peuple, les jours de fête et les dimanches, dans la sacristie de l’église Saint-Sulpice.

1886. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

  La formule de la condition du théâtre analytiquement établie, vérifions sa justesse par le contrôle de l’histoire, avant de la requérir pour nous expliquer le présent et nous pronostiquer l’avenir.

1887. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

La formule de la condition du théâtre analytiquement établie, vérifions sa justesse par le contrôle de l’histoire, avant de la requérir pour nous expliquer le présent et nous pronostiquer l’avenir.

1888. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Le récit par lequel Hésiode explique les griefs de Zeus contre Prométhée, a la grossièreté d’une légende rustique.

1889. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

. — «  Regarde ces ceintures qui retiennent nos vêtements, et sache qu’elles nous viendront en aide. » — « Explique-toi, que signifient ces paroles ?

1890. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Je m’explique donc le choix de ce milieu obscur, presque neutre, fait pour dérouter la malignité.

1891. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

On expliqua plus naturellement cette mort par une dose d’ipécacuanha prise mal à propos.

1892. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Fontenelle a une singulière façon de raisonner de la galanterie, d’en deviser, de la déduire fil à fil, par le menu, d’en expliquer l’économie et le ménage (c’est bien le mot qu’il emploie).

1893. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

C’est que, répondit-il, je ne sais pas trop comment vous expliquer cela ; je voudrais vous faire voir l’ensemble tout d’un coup ; voilà ce qui m’embarrasse ; je vais pourtant essayer.

1894. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

En relisant aujourd’hui cette pièce, on se demande à quoi a tenu un tel succès, et on sent le besoin de se l’expliquer.

1895. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

» Quand on n’a lu que ces quelques strophes de Le Brun, on s’explique peu la stérilité générale de son œuvre, l’avortement de tant de hauts desseins, et on a besoin d’en chercher les raisons autre part encore que dans son talent.

1896. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Pour expliquer le succès et la vogue de ce petit livre, il faut se rappeler qu’on commençait à être las des monstrueux romans anglais dans le genre d’Anne Radcliffe, qui se succédaient depuis trois ou quatre ans, et où les souterrains, les spectres, les chaînes jouaient un grand rôle.

1897. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Mais depuis que j’ai eu à examiner de plus près les récits qui le concernent, et à le suivre lui-même dans les pages qu’il a laissées, il m’a semblé que la méthode pour l’expliquer et le présenter sous le meilleur jour à tous était simple, et qu’il suffisait de raconter et d’exposer.

1898. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Il le sentait bien au reste ; dans son Pamphlet des pamphlets il a fait sa théorie tout à sa portée et à son usage ; mesurant la carrière à son haleine, il a posé en principe qu’il fallait faire court pour faire bien : La moindre lettre de Pascal, dit-il, était plus malaisée à faire que toute l’Encyclopédie… Il n’y a point de bonne pensée qu’on ne puisse expliquer en une feuille, et développer assez ; qui s’étend davantage, souvent ne s’entend guère, ou manque de loisir, comme dit l’autre, pour méditer et faire court.

1899. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Buffon, si opposé à cette manière d’écrire, l’expliquait chez Montesquieu par le physique ; « Le président, disait-il, était presque aveugle, et il était si vif, que la plupart du temps il oubliait ce qu’il voulait dicter, en sorte qu’il était obligé de se resserrer dans le moindre espace possible. » Montesquieu est convenu lui-même qu’en causant, s’il sentait qu’il était écouté, il lui semblait dès lors que toute la question s’évanouissait devant lui.

1900. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Mais comme il paraissait en plus d’un endroit du récit que le cardinal de Richelieu parlait en son nom et à la première personne, on imagina de supposer que Mézeray dans sa jeunesse, par reconnaissance pour les bienfaits du cardinal, avait voulu, cette fois, prendre son personnage et se masquer sous son nom, et l’on se flattait d’expliquer par ce déguisement toutes les circonstances disparates de l’ouvrage.

1901. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Je m’étais expliqué avec Sa Majesté, dit M. 

1902. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Wolff était le disciple et le divulgateur de Leibniz, et, quand il n’était pas lui-même assez clair, M. de Suhm se chargeait de l’expliquer au prince.

1903. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Expliquons-nous à ce propos une fois pour toutes.

1904. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Je m’explique : il y a dans toute composition un chemin, une ligne qui passe par les sommités des masses ou des groupes, traversant différens plans, s’enfonçant ici dans la profondeur du tableau, là s’avançant sur le devant.

1905. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Le grand cœur qui seul est évident ici, le grand cœur à, qui la douleur de la vie mortelle a expliqué la vie d’après la mort, n’a pas plus voulu être poëte que la tête qui a déduit de telles espérances des faits et des paroles de l’Évangile ne veut être théologienne.

1906. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

il en a aussi le diamant taillé à facettes, et je crois même qu’il se reconnaît en se mirant dans la facette, ce qui explique par de la fatuité son amour si vif pour Montesquieu.

1907. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Ainsi s’expliquent cette placidité majestueuse, cette sérénité impassible de l’art antique. […] Que des écrivains, qui assistent de leur vivant à la faillite de leur propre esprit ; — que les Auriols grisonnants du feuilleton, dont le talent a fini par se casser les reins dans une voltige folle sur le tremplin de la citation, prennent le chemin de traverse de la rancune pour y assassiner le génie qui n’a pas l’idolâtrie des gazettes ; — que les Saturnes de Revue, qui n’ont pu parvenir à engendrer la moindre progéniture, s’en dédommagent en dévorant les enfants des autres, cela ne saurait se justifier, mais cela s’explique et cela se voit tous les jours. […] L’objet divin du récit et la majesté des Lieux-Saints peuvent expliquer suffisamment cette émotion convaincue, ce souffle religieux et attendri ; mais chez un sceptique du petit journal et du grand format, ceci atteste évidemment le voisinage des soutanes. […] Louis Enault, si un travail fait avec talent pouvait en avoir besoin, — elle est dans la notice biographique qu’il a consacrée à Goethe ; notice qui nous explique les origines de son roman célèbre et éclaire d’un jour tout nouveau la jeunesse du grand Wolfgang.

1908. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Pour expliquer ces violences d’impuissant faites à la langue française, il faut bien dire que ceci n’est point une tentative isolée, une parodie, un travestissement d’écrivains en belle humeur (on le croirait presque), mais un manifeste de parti. […] Voilà bien des raisons d’être indulgent à une publication qui n’a pas réussi, et l’on s’explique difficilement ensuite le motif qui a pu pousser M. de Pontmartin à l’achever à coups d’épithètes irritées ou dédaigneuses, en l’appelant une œuvre bizarre, une mystification, une gageure, une attrape pour les curieux, un désastre pour l’auteur, un livre mal écrit et qui nous donne le dernier mot d’un mauvais genre et d’une mauvaise littérature, une œuvre monstrueuse, qui, heureusement, porte avec elle un préservatif qui sera toujours très puissant en France : l’ennui . […] On aura beau faire et béait écrire le jugement en matière d’art est dominé par la sensation ; il l’explique, la coordonne et ne la supplée en aucun cas. […] Qui m’expliquera comment l’œuvre du romancier présente (question de moralité à part) un assemblage d’éloquentes invraisemblances et des montagnes de merveilleuses impossibilités ?

1909. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Pendant une longue carrière, il est aussi constant dans ses croyances que dans ses mœurs et ses amitiés ; il ne nous laisse pas plus de changements à expliquer que de taches à couvrir. […] Voici comment il explique les transformations successives, les démembrements de cette parole originelle. […] Si le rationalisme de cette école, si élevé qu’il soit, est insuffisant à rendre compte de tous les faits de l’âme humaine, il l’est encore plus à expliquer l’ensemble des faits sociaux et le mouvement de l’histoire. […] Il nous est aussi peu donné de le savoir que d’expliquer par quel mystère les aliments deviennent le sang humain et la matière inerte un organisme vivant. […] Les vers de la Henriade et les doctrines de l’Essai sur les Mœurs se supposent et s’expliquent mutuellement.

1910. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Roederer, nous dit Beugnot, en appuyant sur les reproches que l’empereur m’avait faits de n’être ni logé, ni meublé, ni arrangé, prit la peine de m’expliquer ce qu’il eût fait à ma place pour se procurer ces jouissances, et il me déploya une délicatesse de goût, une expérience de bien-être, une recherche en toutes choses qu’on ne se serait jamais avisé de rencontrer en lui.

1911. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Cette espèce d’incertitude et d’embarras, cette question qu’on s’adresse à soi-même pendant la lecture, vient à cesser et elle s’explique lorsqu’on a recouru, comme je l’ai dû faire, et comme M. 

1912. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Il désire donc simplement qu’on se nourrisse de tout ce que l’on sent de bon chez les modernes ou chez les anciens, et qu’ensuite on abandonne son esprit à son geste naturel : « Qu’on me passe ce terme, qui me paraît bien expliquer ce que je veux dire, ajoute-t-il aussitôt malicieusement ; car on a mis aujourd’hui les lecteurs sur un ton si plaisant, qu’il faut toujours s’excuser auprès d’eux d’oser exprimer vivement ce que l’on pense. » Si Marivaux n’avait jamais employé d’autres expressions plus hasardées ou plus raffinées, on aurait pu l’accuser encore de recherche (qui n’en accuse-t-on pas d’abord parmi ceux qui ont un cachet ?)

1913. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Je sais que je n’entrai pas grandement en matière avec elle, et que même je lui expliquai les lettres F. 

1914. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Un jour (mai 1741), il parla tout haut de lui avec humeur et conclut en ces mots : « Enfin, pour tout dire, c’est le digne ami de Voltaire, et Voltaire son digne ami. » En février 1741, M. d’Argenson succéda à son cadet dans la place de chancelier du duc d’Orléans, et cette succession peu expliquée parut singulière dans le monde.

1915. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

» Il se demande pourquoi ces livres traduits de l’anglais ont tant d’attrait pour lui ; il s’aperçoit bien de ce qui y manque pour l’ordre, pour la méthode, et combien « à décliner les choses par les règles » les écrivains français paraissent supérieurs ; il sent le besoin de s’expliquer cette action si réelle sur les esprits sérieux : C’est qu’ils raisonnent avec grande force, dit-il, et qu’il n’y a jamais de lieux communs comme dans nos auteurs, même comme dans ceux des nôtres qui raisonnent le plus à l’anglaise.

1916. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Mme de Tracy, il faut l’expliquer pour tous en peu de mots, était Anglaise de naissance, née à Stockport en 1789 ; elle s’appelait Sarah Newton, et appartenait à la famille de cet homme de génie, le plus grand qu’ait produit la science.

1917. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Et puis, circonstance principale qui explique tout !

1918. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Et ici je m’expliquerai très nettement.

1919. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

« Le texte avait ici de graves corruptions qui expliquent l’incertitude des traducteurs et qu’il a fallu rectifier.

1920. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Ce sera presque toujours ainsi avec lui : il a besoin d’être écouté, et sur la fin on ne l’écoutera pas assez, et lui-même il ne prendra plus guère la peine de s’ouvrir et de s’expliquer.

1921. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

C’est Napoléon qui est censé parler et qui explique comment, en quittant l’Egypte, il avait laissé le commandement en chef de l’armée à Kléber : « Kléber, dit-il, était capable de lutter contre tous les ennemis alors existants dans ces contrées.

1922. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Il s’agissait d’aller à Madrid expliquer au roi Joseph et à son major général, le maréchal Jourdan, le mouvement qu’il se proposait de faire sur les derrières de l’armée anglo-espagnole, commandée par lord Wellington.

1923. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

C’est le sens de ce que tu ne pouvais t’expliquer alors.

1924. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Il fallait pourtant les expliquer, en donner les motifs ou les prétextes, et à cet effet il dépêcha le 15 janvier M. de Fezensac au quartier général de l’Empereur à Varsovie.

1925. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Il sentait tout le premier le besoin d’aller au-devant des objections qu’on n’exprimait pas, de rectifier votre idée à son sujet et, au lieu du Jomini de prévention qu’on se figurait peut-être, d’expliquer le Jomini véritable et réel qu’il était.

1926. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Il accorde que la négligence de nos ancêtres, ayant plus à cœur le bien faire que le bien dire, a laissé le français rude et sec, si pauvre et si nu, qu’il a présentement besoin « des ornements et, s’il faut ainsi parler, des plumes d’autrui. » Il ignore notre langue romane française du xiiie  siècle, de laquelle Rivarol, par un instinct remarquable, disait : « Il faut qu’une langue s’agite jusqu’à ce qu’elle se repose dans son propre génie, et ce principe explique un fait assez extraordinaire, c’est qu’aux xiiie et xive  siècles la langue française était plus près d’une certaine perfection qu’elle ne le fut au xvie . » Combien cette langue du xiiie siècle, et presque européenne alors, avait perdu de terrain au commencement du xvie , on le voit par les termes mêmes de la tentative de Du Bellay ; il importe, pour apprécier équitablement cette tentative, qui fut celle de tous les jeunes esprits doctes et généreux d’alors, de se mettre au point de vue de cette génération même qui entra sur la scène vers 1550 et de ne pas lui demander plus ni autre chose que ce qu’elle pouvait raisonnablement.

1927. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Ce portrait faisait d’abord partie de la série des POËTES et romanciers modernes dans la Revue des Deux Mondes ; il s’agissait, en commençant, de justifier et d’expliquer cette classification.

1928. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

On ne s’étonnera donc pas qu’à propos du livre, et pour le mieux expliquer à notre gré, nous parlions aussi de l’homme même, des origines et des accroissements intérieurs de cet esprit si original et si vif.

1929. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Je disais tout à l’heure que, pour la question littéraire, la révolution de 1830 avait coupé court et changé les conditions de succès ; je ne me suis pas assez expliqué peut-être.

1930. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Nulle part, je le crois, on n’avait expliqué d’une manière aussi vivante et aussi suivie, dans un relief aussi palpable, le fait du passage même, le secret d’une métamorphose qui, plus sensible dans ce grand cadre, n’y fut point pourtant circonscrite et dut se répéter en diminutif sur plus d’un point de l’empire : Des prêtres fortunés foulent d’un pied tranquille Les tombeaux des Catons et la cendre d’Émile, a dit Voltaire.

1931. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Ainsi s’explique encore que souvent, et même dans ses pièces littéraires, Boileau n’aborde pas franchement ses sujets.

1932. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Ainsi s’explique la confiance de Boileau en ses « règles » ; elles définissent la perfection absolue, universelle, nécessaire, celle où doivent tendre toutes les œuvres qu’on fera, et d’après laquelle on doit juger toutes les œuvres qu’on a faites.

1933. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Partout cette tendresse et cette ironie s’accompagnent, car elles ont les mêmes origines ; elles sont l’une et l’autre d’une telle sorte qu’elles ne supposent pas seulement une disposition naturelle de l’esprit et du cœur, mais une science étendue, l’habitude de la méditation, de longues rêveries sur l’homme et sur le monde et la connaissance des philosophies qui ont tenté d’expliquer ce double mystère.

1934. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

La même raison psychologique explique peut-être encore ce fait que les divergences d’opinion en matière économique n’émeuvent pas autant les âmes et ne divisent pas aussi profondément les hommes que les querelles religieuses ou morales.

1935. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Je ne m’en crois que plus tenu d’expliquer pourquoi je ne puis le suivre jusqu’au bout.

1936. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Ainsi s’expliquerait, au moins théoriquement, ce choix d’un genre de littérature inférieur, le roman, par un cerveau comme celui de M. 

1937. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Cela explique ce qu’elle a acquis de vague, d’incertain et de mystérieux, de fluide et de nuancé.

1938. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Le fait seul que des salles ouvertes à tous, ennuagées de fumée, retentissant du (cliquetis des chopes et du bruit des disputes, peuplées de bohèmes en goguette et de vierges folles, ont remplacé des appartements luxueux et douillets où les voix, les pas, les sentiments et les idées étaient discrètement amortis, cela seul suffirait à révéler une orientation nouvelle de la littérature et à l’expliquer en partie.

1939. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Comment expliquer ce phénomène, qui paraît étrange au premier abord ?

1940. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

On peut la reconnaître dans tous ces personnages qui débrouillent et expliquent leurs sentiments avec une logique et une clarté parfaites, comme s’ils étaient des psychologues de profession.

1941. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Les lettres du roi de Bavière sont admirables de grandeur et de finesse ; elles expliquent merveilleusement son caractère resté pour nous mystérieux.

1942. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Pour expliquer une métamorphose si monstrueuse, il ne faudrait guère moins que cette baguette de la fée antique, qui changeait en bêtes féroces ses amants.

1943. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Nous touchons ici à l’un des traits essentiels du caractère de Huet, et qui explique toute sa nature, nature forte, persistante et puissante, bien que trop indifférente et impassible.

1944. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Tous ses discours, tous ses écrits sous la Restauration viendraient bien à l’appui de cette manière d’expliquer l’esprit si distingué et si éminent, si ingénieux et si complexe, que nous avons le regret d’étudier trop rapidement.

1945. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Je suis certain, au contraire, que la liberté serait consolidée, et l’Europe vaincue, si vous aviez un Comité de clémence. » Le mot est lâché ; il essaiera ensuite de l’expliquer, de l’affaiblir, de le diminuer : mais le cri des cœurs y a répondu, et la colère des tyrans n’y répondra pas moins.

1946. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Ce caractère d’Antoine est faible, disparate, et n’est pas suffisamment posé ni expliqué.

1947. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Disons seulement, de notre ton le moins profane, que, quand on vient de relire l’admirable chapitre v du livre III de l’Imitation, où sont exprimés les effets de l’amour divin, qui n’est dans ce chapitre que l’idéal de l’autre amour, Mme de La Vallière est une de ces figures vivantes qui nous l’expliquent en leur personne et qui nous le commentent le mieux.

1948. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

J’ai entrepris de te donner en vingt-cinq pages toutes les règles essentielles de la langue française, de t’en expliquer toutes les difficultés, de t’en énoncer les exceptions principales d’une manière aussi exacte que concise, et je crois y avoir réussi.

1949. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

M. de Maistre sent, avec l’instinct des grands esprits, que, s’il est un seul instant mis en mesure de s’expliquer devant cet autre grand esprit, Napoléon, il sera compris, et, dans tous les cas, apprécié et déchiffré.

1950. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

. — À tout moment reviennent sous sa plume des comparaisons qui, loin d’expliquer la pensée déjà obscure et énigmatique par elle-même, ont pour effet de l’obscurcir davantage ; le peu de rayon qu’on y entrevoyait s’évanouit.

1951. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Ce sont ses revanches, et l’on ne s’explique pas qu’il avait été repris à soixante ans de l’envie de donner je ne sais quelle tragédie de Numitor, qui lui était restée en portefeuille.

1952. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Insistant sur la qualité essentielle de la langue française, qui est la clarté, tellement que, quand cette langue traduit un auteur, elle l’explique véritablement, il ajoutait : Si on ne lui trouve pas les diminutifs et les mignardises de la langue italienne, son allure est plus mâle.

1953. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Avant de quitter Essonne, il eut soin d’expliquer aux généraux à qui il laissait le commandement, Souham le plus ancien, Compans et Bordesoulle, les motifs de son absence, son prochain retour.

1954. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Mais, dans un article sur les obsèques de Sautelet (16 mai), Carrel lui-même ne disait-il pas, en voulant expliquer l’âme douloureuse de son ami : La génération à laquelle appartenait notre malheureux ami n’a point connu les douleurs ni l’éclat des grandes convulsions politiques… Mais, à la suite de ces orages qui ne peuvent se rencontrer que de loin à loin, notre génération a été, plus qu’une autre, en butte aux difficultés de la vie individuelle, aux troubles et aux catastrophes domestiques… Et pourquoi, s’il en était ainsi de cette génération, pourquoi interdire à la sensibilité particulière et sincère son expression la plus naturelle et la plus innocente qui est la poésie lyrique, consolation et charme de celui qui souffre et qui chante, et qui ne se tue pas ?

1955. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Je vais en venir au Mariage de Figaro ; mais disons-le tout d’abord, il ne faut point tant de raisonnement pour expliquer la vogue et le succès de Beaumarchais.

1956. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

On a lieu de s’excuser pour une telle association de noms, et il est besoin de l’expliquer.

1957. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

C’est donc surtout par des raisons morales et sociales que doit s’expliquer, — et aussi se régler, — l’introduction du laid dans l’œuvre d’art réaliste. » L’art réaliste a pour conséquence d’étendre progressivement la sociabilité, en nous faisant sympathiser avec des hommes de toutes sortes, de tous rangs et de toute valeur ; mais il y a là un danger que Guyau met en évidence.

1958. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

La biographie pure, si clic suffit à nous expliquer un Alcibiade ou un Alexandre, un César même et à peine, ne parvient déjà plus à nous donner le sens intime ni de Frédéric le Grand, ni de Napoléon Ier, ni de M. de Bismarck ; il faut la correspondance et les œuvres littéraires de l’un, le mémorial, les bulletins, les lettres, les paroles de l’autre ; la correspondance ou les discours parlementaires du chancelier ; or le recours à ces ressources est du domaine de la critique scientifique, qui demeure ainsi, en somme, avec tous les auxiliaires dont elle s’entoure, le moyen le plus efficace de connaître tout entiers les esprits dont l’existence a compté et dont la gloire consiste à se survivre.

1959. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Expliquons-nous sur ce mot : simple.

1960. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Égalité dont le mystère s’explique quand on réfléchit que Dieu est intérieur à l’homme.

1961. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Il y a un terme, disent les uns, dans votre ouvrage, qui est rencontré et qui peint la chose au naturel ; il y a un mot, disent les autres, qui est hasardé, et qui d’ailleurs ne signifie pas assez ce que vous voulez peut-être faire entendre ; et c’est du même trait et du même mot que tous ces gens s’expliquent ainsi, et tous sont connaisseurs et passent pour tels.

1962. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Au bout de cinq à six mois de son installation dans la place de fermier général, lorsqu’il vit l’énorme masse d’argent qui lui revenait, il témoigna le peu de rapport qu’il y avait entre son mince travail et une aussi prodigieuse récompense ; il regarda cette richesse si subitement acquise comme un vol, et s’en expliqua sur ce ton à ses confrères, qui en haussèrent les épaules, ce qui ne l’empêcha pas de renoncer à sa place.

1963. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

n’aurait-il pas osé s’expliquer, lui qui écrit ses préfaces en vers aussi commodément qu’en prose, sur cette pièce, unique de sa sorte, de façon que nous ne savons pas si, en faisant flairer cette chinoiserie à sa Muse et au public de sa Muse, il a voulu les en effrayer l’une et l’autre ou les y accoutumer tous les deux ?

1964. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

C’est là une vérité d’ordre tellement extra-humain, qu’il serait téméraire de prétendre l’expliquer.

1965. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

L’histoire explique assez ce qui manquait à cette œuvre, inaugurée par la suppression arbitraire d’un État libre, et par la création factice de démocraties nominales, puis promptement réduite à ce pouvoir absolu qui exploite les bras d’un peuple, mais ne le ranime pas.

1966. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Cette circonstance explique et justifie en quelque sorte sa haine pour la révolution française, et l’amertume qu’on remarque dans tous les articles qu’il dirigea contre Voltaire, Chénier, Fabre d’Églantine, Beaumarchais, et même contre MM.  […] Nous avons déjà expliqué les motifs de la haine secrète qu’il portait à l’auteur de Mahomet ; en détruisant sa renommée comme poète, il cherchait à diminuer son influence comme philosophe. […] L’orgueil est le seul défaut que Chapelain reproche à Gilbert ; mais l’orgueil s’accorde fort bien avec la bassesse : ce qui explique comment Gilbert, malgré la haute opinion qu’il avait de lui-même, a pu s’accommoder sans façon de l’esprit d’autrui. […] Il est possible que l’indiscret qui trahit Corneille n’ait pas bien expliqué son plan et se soit trompé en quelque chose. […] M. de La Harpe ne s’explique pas si ouvertement ; mais son langage est partout celui d’un homme intimement persuadé de la supériorité de Voltaire sur Racine et Corneille.

1967. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Cinquante ans après, ainsi que nous l’expliquerons plus loin, Molière forma une troisième troupe. […] Comme on lui faisait observer que cette pièce des Amours d’Astrée était un peu longue, il expliqua dans la préface qu’on devait lui savoir gré d’avoir restreint en deux mille vers une histoire pour laquelle il avait fallu cinq gros volumes. […] Baron accepte, et dès que Corneille paraît, il lui saute au cou, l’embrasse et le prie de lui expliquer plusieurs vers. […] Un jour que le public redemandait l’Ariane, l’acteur Dancourt s’avança timidement sur le devant de la scène, fort embarrassé pour expliquer d’une manière convenable qu’on ne pouvait donner cette tragédie, vu la position, que nous appellerions aujourd’hui intéressante, de mademoiselle Duclos. […] A l’une des représentations de cette pièce, l’auteur en expliquait le sujet à un grand seigneur qui paraissait peu le comprendre.

1968. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Notez ceci que les religions, comme, du reste, les métaphysiques, mais plus peut-être, parce qu’elles passionnent davantage, ne gagnent pas en clarté à mesure qu’elles durent, mais, au contraire, s’enfoncent dans l’obscurité, parce qu’elles s’expliquent sans cesse, et finissent par s’ensevelir sous les commentaires. […] Ces obscurités augmentent de siècle en siècle par les explications toujours nouvelles et s’accumulant les unes sur les autres qu’on en donne ; et ainsi, aux yeux d’un peuple qui aime la clarté, plus une religion dure plus elle se détruit, parce que plus elle dure plus elle s’explique, et plus elle s’explique plus elle s’obnubile. […] » L’immoralité française — je m’expliquerai tout à l’heure sur ce gros mot — est chose encore qui contrarie l’influence du sentiment religieux. […] Un Dieu était venu sauver les hommes ; l’infini divin s’était mêlé un instant aux contingences humaines ; la loi qu’il avait dictée à quelques disciples allait être et devait rester l’intangible enseignement qu’aucune autre doctrine ne pourrait venir remplacer, qu’aucune autre leçon ne devait même atténuer ou expliquer. […] C’est elle qui explique l’élan passionné du fidèle agenouillé dans la ferveur mystique — et les abominables crimes de l’Inquisition.

1969. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Il commença cette vie de studieux loisir : « la liberté presque complète sous le plus beau ciel du monde, quelques livres que ce ciel explique », et, pour les yeux comme pour la pensée, l’accomplissement du vœu le plus cher à tout pèlerin classique digne de ce nom. […] Un seul coup d’œil explique cette différence : Némée est mesquin ; l’Isthme est sec ; l’idée de séparation est empreinte, comme l’idée d’alliance, dans cet étroit passage où les nations divisées s’étaient si souvent heurtées ; la ville même où se célébraient les jeux isthmiques n’était qu’une forteresse.

1970. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Nisard, qui dès auparavant avait eu les mêmes occasions, a résumé pour tous et a caractérisé avec netteté et force dans son Histoire de la Littérature française cette enfance et cette croissance du grand siècle et, là comme ailleurs, il a fait ce à quoi il excelle, qui est de donner à l’appui de la tradition les preuves morales qui la justifient et qui l’expliquent, de trouver des raisons ingénieuses et neuves à des conclusions généralement reçues. […] C’est ainsi seulement qu’on peut s’expliquer que Balzac ait semblé vouloir ridiculiser, en cette rencontre, celui qu’ailleurs il appelle son maître et son père.

1971. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

La Restauration le rendit subitement libéral ; il lui sembla qu’un voile tombait de devant ses yeux et que la Révolution s’expliquait pour lui. […] Et pour ceux mêmes qui se mêlent ici de juger M. de Rémusat et de l’expliquer aux autres, un de leurs précieux titres pourrait bien être un jour s’ils avaient eu, à leur début, l’honneur d’être remarqués et publiquement recommandés par lui224.

1972. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Cette occupation sied parfaitement à mon âge ; elle est plus que toute autre chose en harmonie avec ce que je puis avoir fait de louable dans ma vie publique ; rien de plus utile pour l’instruction de mon pays. » Après cette introduction, les amis s’asseyent pour écouter Cicéron, qui commence ainsi : XVIII « Socrate me paraît être le premier, et tout le monde en tombe d’accord, qui rappela la philosophie des nuages et des mystères pour l’appliquer à la conduite morale des hommes et lui donner pour objet les vertus ou les vices ; il pensait qu’il n’appartient pas à l’homme d’expliquer les choses occultes et qu’alors même que nous pourrions nous élever jusqu’à cette connaissance, elle ne nous servirait de rien pour bien vivre. » Il définit ensuite la philosophie pratique de Socrate et la philosophie spéculative de Platon, et il parsème son analyse de ses propres axiomes philosophiques à lui-même. […] Puisque donc le consentement de tous les hommes est la voix de la nature, et que tous les hommes, en quelque lieu que ce soit, conviennent qu’après notre mort il y a quelque chose qui nous intéresse, nous devons nous rendre à cette opinion, et d’autant plus qu’entre les hommes ceux qui ont le plus d’esprit, le plus de vertu, et qui, par conséquent, savent le mieux où tend la nature, sont précisément ceux qui se donnent le plus de mouvement pour mériter l’estime de la postérité……………………………………………………………………………………………… « C’est ce dernier sentiment que j’ai suivi dans ma Consolation, où je m’explique en ces termes : On ne peut absolument trouver sur la terre l’origine des âmes, car il n’y a rien dans les âmes qui soit mixte et composé, rien qui paraisse venir de la terre, de l’eau, de l’air ou du feu.

1973. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Ou laissez-moi la liberté d’aller à cette chasse, ou veuillez, du moins, m’expliquer comment vous croyez me servir en vous y refusant ? […] Voici l’anecdote par laquelle le fait commença à s’expliquer : « Le général au service des habitants de Chypre, Artybius, montait un cheval qui avait été dressé à se tenir droit sur ses jambes de derrière en présence d’un soldat armé.

1974. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Mais vous savez qu’en ce siècle raisonneur il s’est trouvé des prêtres ou des philosophes chrétiens, ou d’anciens élèves de l’École polytechnique, pour expliquer couramment ce qui est, par nature, inexplicable. […] Toutes ses variations apparentes s’expliquent par l’immutabilité même de sa pensée.

1975. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Deux fois, chez Barras et au Temple, Paméla et Bergerin se trouvent en présence et font mine de s’expliquer. […] Il ne serait pas fâché de s’offrir l’étoile en exploitant les anciens souvenirs ; mais, douce et grave, un peu solennelle et faisant paraître dans ses discours la hautaine mélancolie d’une âme supérieure, la grue arrivée lui explique qu’il y a des souvenirs si poétiques, si frais, si « ailes de papillon », qu’il ne faut pas commettre ce sacrilège de les dévelouter.

1976. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Elle travaille, toutes les nuits, d’une heure à quatre heures du matin, puis retravaille encore dans la journée, pendant deux heures — et, ajoute Manceau, qui l’explique un peu comme un montreur de phénomènes : « C’est égal qu’on la dérange… Supposez que vous ayez un robinet ouvert chez vous, on entre, vous le fermez… C’est comme cela chez Mme Sand. — Oui, reprend Mme Sand, ça m’est égal d’être dérangée par des personnes sympathiques, par des paysans qui viennent me parler… » Ici une petite note humanitaire. […] Aux murs de la pièce, exposée au nord, de la pièce froide et nue, il y a, je ne m’explique pas pourquoi, deux vues du Vésuve encadrées, de malheureuses gouaches qui semblent là, toutes frissonnantes et toutes dépaysées.

1977. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

» Boris lui expliquait le plus clairement possible cette merveilleuse invention, après quoi Pierre, qui ne l’avait pas compris, disait : « C’est étonnant !  […]Expliquez-moi d’où vient la défaveur qui s’attache à présent aux œuvres de Marlinski ? […] » Alors il se mit à expliquer à Guérassime aussi bien que possible, par signes, qu’il devait, pour complaire aux volontés expresses de la baruinia, sacrifier son chien, et que s’il s’y refusait, il lui arriverait malheur.

1978. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

L’œuvre et le talent de Chénier s’expliquent par l’imitation, arrivée à l’état d’assimilation parfaite. […] Charles Asselineau, dans un article sur Baudelaire, écrit : « Chacun a fait son petit Lac, son petit Pas d’armes du roi Jean, sa petite Comédie de la  Mort, sa petite Ballade à la lune. » Ce mépris s’explique. […] Nous avons donné des conseils pour apprendre à voir les choses ; nous avons expliqué la tournure d’esprit qu’il faut avoir pour sentir et rendre saisissant ce qu’on veut peindre. […] Taine a eu le courage d’expliquer pourquoi notre littérature classique s’est trouvée impuissante à bien traduire les Anciens. […] Divines marques, sacrés caractères par lesquels je connois mon Sauveur, que ne-puis-je vous expliquer à cette audience avec les sentiments que vous méritez !

1979. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Encore une fois, si je trouvais ces témoignages de Roederer dans des pages imprimées ou faites pour l’être, je me les expliquerais, mais j’y attacherais moins de valeur : ici c’est l’émotion prise à sa source et sans mélange.

1980. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Chamillart, dans une lettre à Catinat du 22 juillet, en demandant pardon « de s’expliquer sur une matière aussi délicate, sur laquelle il ne raisonne, dit-il, que par le bon sens que Dieu lui a donné, et sans aucune expérience », se prodigue en exhortations des plus vives : Il me semble que des troupes aussi bonnes que celles que vous avez, et en aussi grand nombre, ne doivent point appréhender l’armée de l’empereur, pourvu que vous les puissiez rassembler avant que le siège de Landau soit fini.

1981. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

C’est lui, l’auteur de Werther et de Faust, et qui s’y connaissait, qui a dit ce mot si juste : « J’appelle le classique le sain, et le romantique le malade. » Comme le classique, et même le romantique, font partie de la tradition, à la considérer dans toute sa série et dans l’étendue du passé, j’ai à m’arrêter à ce mot de Goethe, et je veux chercher à me l’expliquer devant vous.

1982. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade, un an et plus, oui plus ; et le tout a été copié, traduit, expliqué en peu de mois, et réimprimé, remanié en peu de jours. » Dans cette publication tout officielle qui, malgré les défectuosités, lui fait beaucoup d’honneur et où le premier il rompit la glace, il n’eut donc que les ennuis et les épines du métier ; il était hors de toutes ses habitudes.

1983. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Mais alors comment expliquer que dans une lettre à M. 

1984. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

J’ai parlé d’une pension qu’elle touchait ; ceci est à expliquer, d’autant plus que la correspondance sera remplie de détails pénibles, et qu’il serait injuste d’en tirer aucune conséquence extrême contre la société ni contre les hommes.

1985. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Une des raisons qui expliquent encore la vogue rapide de M. de Balzac par toute la France, c’est son habileté dans le choix successif des lieux où il établit la scène de ses récits.

1986. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

sM augère (tome II, page 169) explique très-bien et justifie au besoin, quant au sens, ce mot abêtira, qui ne reste pas moins malencontreux.

1987. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

On se l’explique à merveille : l’auteur portait, pour la première fois, l’ordre et la loi dans des récits qui jusque-là, sous d’autres plumes, n’avaient offert qu’anarchie et confusion comme leurs objets mêmes.

1988. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Le Pour et Contre, « ouvrage périodique d’un goût nouveau, dans lequel on s’explique librement sur ce qui peut intéresser la curiosité du public en matière de sciences, d’arts, de livres, etc., etc., sans prendre aucun parti et sans offenser personne », demeura consciencieusement fidèle à son titre.

1989. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

C’est ailleurs, dans un autre lieu qu’ici, devant des auditeurs ou des lecteurs plus désintéressés et plus attentifs, que j’ai essayé et que j’essayerai encore d’expliquer comme il convient quelques-unes de ses violences et de ses extrémités de parole : penseur ardent et opiniâtre, dialecticien puissant, satirique vigoureux et souvent éloquent, qui ne marchandait pas les vérités, même aux siens, rude honnête homme mort à la peine.

1990. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

L’instrument à peine formé manifeste déjà ses aptitudes ; on sent qu’il est fait pour expliquer, démontrer, persuader et vulgariser ; un siècle plus tard, Condillac aura raison de dire qu’il est par lui-même un procédé systématique de décomposition et de recomposition, une méthode scientifique analogue à l’arithmétique et à l’algèbre.

1991. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

La chose est à peine croyable, quoique certaine ; on ne peut l’expliquer que par le caractère du paysan français, par sa sobriété, sa ténacité, sa dureté pour lui-même, sa dissimulation, sa passion héréditaire pour la propriété et pour la terre.

1992. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Le jour suivant, Alberti, continuant de traiter le même sujet, explique à fond la doctrine de Platon sur le but et la véritable destination de la vie humaine, et il s’attache à l’éclaircir par les opinions des plus célèbres sectateurs de ce philosophe.

1993. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Dès le xiie  siècle aussi, le laïc ignorant pourra lire en anglo-normand la Consolation de Boèce, un des ouvrages fondamentaux, comme on sait, de la science scolastique, un de ces classiques que l’on expliquera, commentera dans les écoles jusqu’à la Renaissance87.

1994. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Certes, c’étaient toujours les belles lignes sculpturales, pleines de noblesse, qui nous ont arrêté dès le commencement de cette étude… » Cette espèce d’ingénuité s’explique par la vigueur même et la profonde sincérité de la conception.

1995. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Trop peu confiant dans l’intelligence ou l’imagination de son lecteur, il veut tout lui expliquer ; il se commente lui-même, et le moindre risque qu’il court, c’est de nous rendre, pour ainsi dire, témoins du travail de sa composition, au lieu de nous en présenter le résultat.

1996. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Tout ce qu’on nous explique, nous croyons le comprendre, et nous ne sommes pas loin de nous imaginer que les seules choses dont on puisse bien juger sans études, c’est la société et l’État.

1997. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Il explique clairement la pensée de l’Encyclopédie.

1998. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Barbès lui-même, le révolutionnaire irrationnel, aura ce jour-là sa légitimité ; on se l’expliquera et on s’y intéressera.

1999. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Ceci explique comment la science formait une partie essentielle du système intellectuel de Goethe.

2000. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Des découvertes étrangeres au bonheur de l’Homme ; des systêmes opposés les uns aux autres, dont aucun n’explique l’origine des choses ; une morale incertaine & d’ostentation, des sentimens vagues, des notions stériles, des méprises, des erreurs ; voilà à quoi se réduit leur Philosophie sagement analysée.

2001. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

. — C’est vrai, répond la jeune fille, tressaillante de honte et de joie ; car ce mensonge sauve son frère, il explique sa présence chez M. de Pienne ; il déconcerte Laffemas, qui regagne déjà la porte, l’oreille basse et la moue aux lèvres.

2002. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Pour avoir la clef de ces contradictions et s’expliquer tout l’homme, on n’a d’ailleurs qu’à recourir à cette nature poétique et littéraire, qui est essentielle et fondamentale en M. de Chateaubriand : c’est de ce dernier côté seulement qu’on trouvera l’explication.

2003. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Diseur de bons mots, mauvais caractère , a dit Pascal : Bussy vint à point pour expliquer cette pensée.

2004. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

* * * — Le peintre Dupray expliquait l’énorme protection de l’État en faveur de la musique, par ceci : c’est que tous les grands banquiers juifs sont mélomanes.

2005. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Depuis, chaque fois qu’au gré des funèbres jeudis de la cour de cassation, il arrivait un de ces jours où le cri d’un arrêt de mort se fait dans Paris, chaque fois que l’auteur entendait passer sous ses fenêtres ces hurlements enroués qui ameutent des spectateurs pour la Grève, chaque fois, la douloureuse idée lui revenait, s’emparait de lui, lui emplissait la tête de gendarmes, de bourreaux et de foule, lui expliquait heure par heure les dernières souffrances du misérable agonisant, — en ce moment on le confesse, en ce moment on lui coupe les cheveux, en ce moment on lui lie les mains, — le sommait, lui pauvre poëte, de dire tout cela à la société, qui fait ses affaires pendant que cette chose monstrueuse s’accomplit, le pressait, le poussait, le secouait, lui arrachait ses vers de l’esprit, s’il était en train d’en faire, et les tuait à peine ébauchés, barrait tous ses travaux, se mettait en travers de tout, l’investissait, l’obsédait, l’assiégeait.

2006. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

On explique comment François II succède à Henri II, Charles IX à François II et Henri III à Charles IX ; mais personne n’enseigne comment Watt succède à Papin et Fulton à Watt ; derrière le lourd décor des hérédités royales, la mystérieuse dynastie des génies est à peine entrevue.

2007. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

La mémoire, par exemple, a ses caprices, encore mal expliqués : bien souvent, les noms propres font défaut à l’appel de la pensée ; nous savons pourtant qui nous voulons nommer : son caractère, sa taille, sa profession, ses parents, ses opinions politiques, son vêtement habituel, tout ce qui constitue pour notre esprit la personnalité de l’anonyme, est synthétiquement présent à la conscience ; le nom seul est absent ; il nous revient plus tard, quand nous l’avons cherché, ou de lui-même quand nous ne le cherchons plus.

2008. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Peut-être les contes sont-ils — en principe — leur œuvre, ce qui expliquerait que, sur ce point, la littérature ne soit pas le reflet toujours fidèle de l’esprit de la race qui en fait son moyen d’expression.

2009. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Il est aisé d’expliquer par les principes ou plutôt par les faits que nous venons d’établir, pourquoi le Français, l’Anglais, l’Italien, l’Allemand, etc., trouvent tous jusqu’à un certain point de l’harmonie dans la langue et dans la poésie latine.

2010. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Plus d’une cause explique cette conformité singulière ; mais la première est dans ce fonds religieux et lyrique qui formait l’imagination du grand orateur et qu’avait nourri son ardente étude des livres saints, sa fréquentation solitaire du Liban et du Carmel.

2011. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Frédéric Masson, après Albert Sorel, Ernest Denis et Gross-Hoffinger, nous explique les causes profondes : François éprouve contre la Révolution et la France cette sorte d’horreur religieuse que doivent lui inspirer à la fois un cerveau peu développé, une éducation religieuse très stricte et le sentiment de sa majesté outragée. […] Ceci explique les disgrâces successives où tombèrent ces femmes diversement illustres et malheureuses : Marie-Antoinette, Mme Roland, Théroigne de Méricourt. […] Bard nous explique philosophiquement les raisons, bonnes ou mauvaises de cette coutume orientale : « Les extorsions des mandarins sont pour ainsi dire obligatoires. […] Vos journaux, vos magazines, vos revues publient, à chaque instant, des monographies qui prouvent un sincère désir de comprendre notre caractère et de l’expliquer au reste de l’univers. […] On lui expliqua que, par ce moyen, au ciel, la maman-poupée croirait encore voir Bébé-Alouette… Plus tard, quand il apprendra le secret de sa naissance, je ne sais ce qu’il pensera de l’auteur de ses jours.

2012. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Chaucer, d’après eux, expliqua dans ses vers187 l’art d’aimer, les dix commandements, les vingt statuts de l’amour, loua sa dame, « sa délicieuse pâquerette, sa rose vermeille », peignit l’amour dans des ballades, des visions, des allégories, des poëmes didactiques, en cent façons. […] Son grand poëme, Confessio amantis, est un dialogue entre un amant et son confesseur, imité en grande partie de notre Jean de Meung, ayant pour objet, comme le Roman de la Rose, d’expliquer et de subdiviser les empêchements de l’amour.

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