Saint-Bonnet que ce livre, entrepris dans un but différent du sien.
Sa prétention est de les écrire avec un tour d’imagination des plus rares et qui fait fleurir la poésie jusque dans le giron austère de la Vérité ; et cette prétention a sa racine peut-être dans une ambition légitime, car, esprit intermédiaire bien plus que primaire, il peut engrener, l’un dans l’autre, deux ordres de faits différents, — les faits de l’imagination et ceux de la mémoire exacte, et il a ce style poético-scientifique ou scientifico-poétique, comme on voudra, dans lequel l’abstrait et le concret se balancent, mais pour s’énerver tous les deux !
Sans cela, il nous serait facile de montrer, les faits en main, qu’il n’a pas plus creusé dans l’esprit des différentes époques du monde qu’il n’a fouillé, au début, dans les origines et les facultés de l’homme ; et qu’en cela, trop souvent, son livre, empreint de ce fatalisme géographique qui explique les fonctions des peuples par le milieu dans lequel ils se meuvent (fatalisme ressuscité de tous les matérialistes de fait, d’intention ou d’aveuglement), a donné, en preuve de ses dires, l’apparence pour la réalité, et la superficie pour le fond.
Il n’était pas, d’ailleurs, de vocation absolue, un romancier, quoiqu’il ait fait aussi des romans, et, entre autres, ces Docteurs du jour, qui ont un cadre romanesque dessiné pour y mettre bien autre chose que des romans, et qui pourtant en contiennent un, si ce n’est deux… Brucker avait d’autres facultés que celles-là avec lesquelles on crée des fictions intéressantes ou charmantes, et ces facultés impérieuses et précises avaient trop soif de vérité pour s’arrêter beaucoup aux beautés du rêve, qui traversèrent cependant son imagination dans la chaleur de sa jeunesse, quand, par exemple, il écrivit en collaboration ce roman des Intimes, oublié, comme s’il l’avait fait seul, malgré les diamants d’esprit qu’y jeta Gozlan et qui ne firent point pâlir les rubis que lui, Brucker, plaça à côté… La gerbe de facultés différentes qu’avait Brucker et qui se nuisaient peut-être les unes aux autres par le fait de leur nombre, avaient, au centre du magnifique bouquet qu’elles formaient, deux fleurs superbes et excessivement rares : la métaphysique, — non pas froide chez lui comme chez les autres métaphysiciens, mais de feu, — et une puissance de formule algébrique qui donnait à ses idées et à son style — même littérairement — une rigueur et une plénitude incomparables.
l’histoire d’un seul Pape, dans l’histoire de l’Église, a de tels rayonnements en avant et en arrière que ce n’est plus l’histoire d’un siècle ni d’un Pape, mais l’histoire de l’Église universelle et éternelle, concentrée dans la minute d’un siècle ou d’une vie d’homme, comme tout un horizon répercuté et concentré dans une facette de diamant… En intérêt, l’Histoire de la Papauté pendant le xve siècle, par l’abbé Christophe, vaut, avec d’autres événements et des personnalités différentes, son Histoire de la Papauté pendant le xive siècle, et elle a le même mérite d’unité dans la variété qui est le caractère particulier de toutes les histoires détachées de l’histoire générale de l’Église, qui a bien raison de s’appeler catholique, c’est-à-dire universelle ; car si Dieu l’ôtait de ce monde, il s’y ferait un de ces trous, comme dit Shakespeare en parlant des monarchies qui croulent, que rien — quoi qu’on y jette — ne peut plus combler !
Les différentes civilisations successives ont si bien secoué l’âme humaine, que tout ce qui n’était qu’à la fleur de sa surface est tombé.
Elle a eu de grands poètes, de grands artistes, des hommes politiques à la manière de Machiavel, comme furent Talleyrand et Fouché, des observateurs scientifiques de la force de Cuvier et de Geoffroy Saint-Hilaire, et par-dessus tout elle a eu Napoléon, un homme taillé comme un diamant de plusieurs côtés différents, et par tous jetant le feu et la lumière, — Napoléon, l’homme le plus étonnant dans le fait qui ait peut-être jamais existé ; — mais de métaphysicien égal à ces esprits supérieurs dans sa spécialité transcendante, il faut le dire, pour apprendre aux philosophes à être modestes, le xixe siècle et la langue française n’en ont point encore.
Il prend la Création du pied des faits où elle n’est pas, car elle est le principe générateur de tous les faits, et sa Création, quand elle serait tout ce qu’il dit, ne serait pas encore la Création, mais l’histoire des choses créées, ce qui est différent.
Chez l’auteur de Colombes et Couleuvres, cette poésie humaine et vraie, qui prend sa source dans les sentiments éternels et que chaque poète exprime avec une voix différente, a une fraîcheur d’accent que rien n’a flétrie, et à laquelle se joint une morbidesse qui relève encore le charme de cette étrange fraîcheur… Autrefois, sous cette Monarchie qui mettait de la force dans les institutions et de la poésie dans les mœurs, le deuil de la cour était noir et rose.
Peu importe que le fond de ces deux ouvrages soit, sous deux noms différents, le même prétexte ou le même procédé pour nous faire voir le monde merveilleux ou historique des légendes et nous réverbérer, en le concentrant dans notre âme, ce prodigieux panorama ; mais il importe fort pour le mérite du poète et son progrès, pour l’intérêt et pour l’émotion du lecteur, que la forme et la manière de l’un ne soient pas par trop identiquement la forme et la manière de l’autre !
Corneille et d’Aubigné font des choses différentes, mais ce sont des esprits de même race, qui diffèrent bien plus par la forme, par la langue, par l’heure de la langue qu’ils parlent, que par le fond de la pensée.
Leur action est différente et on peut la hiérarchiser.
Comparez cette physionomie, forte et pourtant voilée de tristesse, avec l’air fat et triomphant des derniers soldats de l’ancienne monarchie, avec l’air austère et inspiré du soldat de la Révolution et de l’Empire, et vous trouverez ici que la physionomie est aussi différente que les uniformes.
I Je les ai mis ensemble, et pour cause… Voici la cause : Quoique deux esprits très différents par la manière d’écrire, Albéric Second et Xavier Aubryet se ressemblent par le milieu dans lequel ils vivent et font vivre leurs inventions.
Il peut avoir son originalité propre et ses mérites particuliers dans le détail, l’expression des passions et le tour d’observation de son œuvre ; il peut être comme observateur et comme écrivain très différent de la manière de Balzac ; mais, de conception, il est timbré de cet homme qui a mis son cachet — sa griffe de lion — sur tous les esprits de notre temps.
Distinguant du reste soigneusement le sourire du rire, ce que je persiste à faire, les éléments, même physiologiques, de l’un et de l’autre étant très différents, je n’appliquais qu’au rire la théorie ci-dessus. […] Tolstoï avoue) qu’il y a d’autres moyens que celui de la langue individuelle pour donner à un personnage un caractère et une physionomie différents du caractère et de la physionomie d’un autre. […] Son rôle (Silvain de Bois-Doré) fut repris par Lafont en 1867, avec des moyens et une conception de l’art tout à fait différents, mais un succès, nous dit George Sand, presque égal. […] Edmond Aubé (ne pas confondre : ce n’est pas de lui ; il est dans des sentiments très différents), à M. […] Les poètes-ouvriers de 1840-1850 en avaient aussi, peut-être un peu plus, s’il est possible ; mais ils étaient dans des idées toutes différentes, quoique tous républicains et tous socialistes.
Dans cette planète différente de la nôtre, le poète, comme on devait s’y attendre, ne nous montre rien qui ne soit terrestre. […] Mais le modèle est bien différent. […] Je crois, au contraire, que je la conterais d’une façon un peu différente. […] Mais s’ils se conduisaient de semblable manière, c’était pour des fins différentes et même contraires. […] Mais son art n’est point essentiellement différent du leur.
Jacques Vingtras se sent trop différent des autres et par la fortune et par la nature. […] Dans notre société moderne, deux sortes d’esprits très différents se partagent la royauté des pensées. […] Car être nouveau, c’est être différent et c’est déplaire. […] Elle est assez malaisée à définir, cette esthétique, — lien commun entre des esprits aussi différents que ceux de M. […] — dans un groupe d’êtres humains, les formes d’esprit doivent être différentes, par suite là marche de là volonté.
Ce Lafcadio, élevé dans le luxe et le désordre, maintenant orphelin et pauvre, forme le contraste le plus complet avec Julius et Anthime, lesquels au contraire étaient à peu près de la même qualité morale, bien qu’ils eussent commencé par suivre des voies bien différentes, l’un à droite, l’autre à l’extrême gauche (et voilà qui prouve l’impartialité de M. […] Il la mène au concert, à Neufchâtel, lui fait remarquer les sonorités différentes des cordes, des bois et des cuivres et l’invite à se représenter les colorations rouges et orangées analogues aux sonorités des cors et des trombones, les jaunes et les verts à celles des violons, des violoncelles et des contrebasses ; les violets et les bleus étant suggérés par les flûtes, les clarinettes et les hautbois. […] Il y en a même une — une Rouennaise — dont il devient inopinément amoureux, d’ailleurs avec un certain calme, et qu’il voudrait épouser. « Rien de plus différent, dit-il, que ces deux familles ; rien de plus différent que ces deux, provinces de France, qui conjuguent en moi leurs contradictoires influences.
C’est avec Diderot plus qu’avec personne qu’il fallait un ordre et une sévérité de méthode qui nous fit voir sans trouble les différentes aptitudes de cet esprit d’une certaine puissance, mais désordonné, et dont les facultés empiétaient les unes sur les autres pour se diminuer, toutes, les unes par les autres. […] Il a embourgeoisé Rabelais, Sterne et Voltaire, en les imitant ; Sterne, Voltaire et Rabelais, des bourgeois comme lui de naissance sociale, mais de race de tête différente. […] Ce que je viens de dire de son imitation de la Chaussée, La Harpe l’affirmait avant moi : « Diderot — dit-il dans son Cours de littérature, avec le haussement d’épaules très perceptible de la pitié, — crut toute sa vie qu’il avilit fait une grande découverte en proposant le drame honnête, la tragédie domestique, le drame sérieux, mais, sous tant d’affiches différentes, c’était tout uniment le drame de la Chaussée, moins la versification et le mélange de comique… » Ainsi, ce n’était plus seulement du la Chaussée, c’était du la Chaussée réduit. […] Génin, critique renchéri et pincé, entreprit la tâche difficile qu’aucun de ceux qui avaient jusque-là parlé de Diderot, pour les différentes raisons philosophiques ou littéraires chères à chacun d’eux, n’avait osée : — c’était de le laver, aux yeux des hommes, de son athéisme et de son immoralité.
L’observation dans ces livres d’ordre différent est toujours aussi aiguë, mais le trait est moins incisé : ce sont griffes de burin, non plus morsures d’eau-forte. […] Dans un ordre différent, si on leur demande : — Qu’est-ce que ces situations fausses et ces sentiments sans vérité ? […] En sens inverse, se documenter sur un auteur contemporain ou non, c’est entrer en relation avec lui et se créer une liaison assez peu différente de celles qui sont de l’ordre des sentiments. […] De même qu’il y a différentes qualités d’observation, il y a des façons bien diverses de se montrer observateur. […] Les épisodes et les événements mettent successivement en valeur ses différentes caractéristiques comme une lampe, tournant autour d’une statue qu’elle éclaire, y dessine de grands pans d’ombre et de lumière déplacés selon son mouvement.
Bernard y voyait, non sans raison, un précis historique très-net de la naissance, des progrès et des différentes péripéties de la Ligue ; il y voyait, d’un coup d’œil moins juste à mon sens, la ligne principale et comme la grande route de l’histoire à ce moment ; ce n’en était plus au contraire qu’un sentier escarpé et perdu, qui menait au précipice. […] Si de nos jours, à propos d’un autre pamphlet royaliste bien différent, qui n’exprimait que l’étincelante colère et les représailles d’un écrivain de génie, un moment homme de parti avant d’être l’homme de la France, — si Louis XVIII pourtant a pu dire de la brochure intitulée De Buonaparte et des Bourbons, apparue sur la fin de mars 1814, qu’ elle lui avait valu une armée , Henri IV n’aurait-il pas pu dire plus justement la même chose de sa bonne Satyre nationale ?
C’est dans la prévision de cette journée de sédition normale que j’avais cherché un général républicain pour le mettre à la tête d’une armée de la capitale, et que je faisais approcher, jour par jour, les différents corps de cette armée de Paris, afin que son général, venu d’Algérie, la trouvât nombreuse et prête, sous sa main, au jour prévu. […] On accusa les socialistes de différents systèmes, avec lesquels, certes, je n’ai pas pactisé, et auxquels je ne marchanderais pas l’accusation et même le soupçon, s’ils étaient mérités.
V Pierre de Médicis, qui venait de succéder à Laurent le Magnifique et qui avait contracté une amitié de jeune homme avec le commensal des jardins et du palais de son père, continua sa faveur à Michel-Ange ; il lui commanda différents bas-reliefs ; il se fit même un jeu de son génie et lui fit exécuter, un jour d’hiver, une gigantesque statue de neige pour décorer ses jardins. […] Nous avons éprouvé bien souvent nous-même, aux différentes heures de la journée qui diversifient l’effet de l’ombre ou de la lumière sur ces marbres, la magie du ciseau de Michel-Ange autour de ces tombeaux.
Peut-être parce que Platon est mort voilà plus de deux mille ans et parce qu’un coin de rue parisienne est extrêmement différent de l’idée que nous nous faisons du Pnyx ou de l’Acropole Mais, à ce compte, tout est drôle Parfaitement. […] C’est-à-dire qu’il mêle des rythmes d’un caractère non seulement différent, mais opposé.
Bref, les écrivains du Nord, et c’est là leur charme, nous renvoient, si vous voulez, la substance de notre propre littérature d’il y a quarante ou cinquante ans, modifiée, renouvelée, enrichie de son passage dans des esprits notablement différents du nôtre. […] Et si ce n’est point, comme chez Tolstoï, pour notre conversion ou notre édification, c’est que la vanité des choses peut prêter à des conclusions extrêmement différentes, ou même se passer de conclusion.
Or cela est absurde, et jamais on ne vit maître plus différent des disciples qu’il eut à subir. […] Quoique ces deux classes se touchent souvent et se mêlent (et cette rencontre même est un phénomène social que l’auteur du Prince d’Aurec a étudié d’un effort très sérieux), elles lui inspirent des sentiments bien différents.
René Ghil a des considérations très différentes de celles-ci, — quant à leur but surtout ! […] Dans les limites d’une mesure on peut inscrire des rythmes différents presqu’à l’infini, et une même mesure en contient souvent plusieurs à la fois.
Mais leur terminologie à cet égard reposait sur des notions toutes différentes des nôtres sur le gouvernement du monde. […] J’imagine qu’un dialogue de Platon nous représente réellement une conversation d’Athènes, bien différent des compositions analogues de Cicéron, de Lucien et de tant d’autres, qui ne prennent le dialogue que comme une forme factice pour revêtir leurs idées, sans aspirer à rendre aucune scène de la vie réelle.
La littérature était pour moi chose si secondaire, au milieu de l’enquête ardente qui m’absorbait, que j’y fis d’abord peu d’attention, je sentis cependant un génie nouveau, fort différent de celui de notre xviie siècle. […] Dieu me condamnera-t-il pour avoir admis simultanément ce que réclament simultanément mes différentes facultés, quoique le ne puisse concilier leurs exigences contraires ?
Jeudi 18 juillet En réfléchissant combien mon frère et moi, nous sommes nés différents des autres, combien notre manière de voir, de sentir, de juger était particulière, — et cela tout naturellement et sans affectation et sans pose — combien en un mot notre nous n’était pas une originalité acquise à la force du poignet, je ne puis m’empêcher de croire que l’œuvre que nous avons produit, ne soit pas un œuvre très différent de celui des autres.
Ce sont bien deux formes de l’esprit malicieux et satirique, mais tellement différentes qu’il est difficile à ceux qui sont habitués à l’une de s’acclimater à l’autre. […] Alors il devient assez intéressant, à l’aide de ces trois étiquettes, de classer les différents écrivains illustres avec lesquels nous avons commerce.
Ce mot a été souvent mal appliqué ; il a été surtout employé dans des sens assez différents.
Au clair de lune et par un froid excessif, il fait, accompagné de Joubert, la reconnaissance de l’armée ennemie et observe les lignes des feux sur les différentes hauteurs.
Thiers, de l’intelligence, qui consiste à entrer dans l’esprit des situations et dans les vues des hommes d’État, nécessairement différentes selon les époques.
c’est différent ; plût à Dieu que nous en eussions recueilli juste assez pour pouvoir retirer, sans remords, cette partie de nous-même qu’on appelle notre nom de cette dure, quoique honorable servitude, qui nous expose tous les jours à ces fastidieux retentissements et à ces odieuses interprétations de la publicité !
Comptez quarante mille Druses, véritables Helvétiens du Liban, peuple fier, industrieux, sédentaire, vivant immémorialement en fraternité avec les Maronites dans le même village, et en parfaite harmonie, malgré leur culte différent, toutes les fois que des médiations étrangères ne leur mettent pas les armes à la main pour défendre leur part de nationalité dans les mêmes montagnes.
Aux anciens, à quelques modernes, comme Racan ou Corneille, Malherbe ou Voiture ; mais, aussi, et d’une façon particulièrement significative, à quelques auteurs nouveaux, de mérite encore contesté ou obscur, et dont surtout on ne s’avisait pas encore qu’ils fussent si différents des autres : un comédien poète qui venait de la province, un jeune tragique encore à ses débuts, un poète négligé qui, n’étant plus jeune, n’avait pas fait grand’chose encore : l’auteur de l’École des femmes, l’auteur d’Alexandre, et l’auteur de Joconde.
« Et cependant il n’est pas prouvé, parce que cette unité demeure hypothétique ou approximative, que l’on ne puisse apporter, dans l’application de deux méthodes différentes, à deux ordres de sciences le même esprit scientifique.
Elle lui donne un rendez-vous et s’arme d’un poignard pour satisfaire sa vengeance ; mais le prétendu valet du capitan, qui a assisté à ces différentes scènes et qui s’est convaincu de l’injustice de ses soupçons, se démasque.
Mais sûrement le socialisme qui triomphera sera bien différent des utopies de 1848.
Bien que très différents, les prêtres et les Pharisiens se confondirent ainsi dans ses antipathies.
. ; soit entre des faits de différente nature ; association des sentiments avec des idées, des sensations avec des volitions, etc.
Dans l’Art poétique, il les cite tous deux comme dignes d’éloges dans deux genres différents : Malherbe d’un héros peut vanter les exploits ; Racan chanter Philis, les bergers et les bois.
Toutes les fois qu’il s’est agi des différens Auteurs que nous censurons, n’avons-nous pas rendu justice aux talens, lors même que nous nous attachions le plus à en faire sentir les abus, & à prévenir les dangers qui pouvoient résulter d’une estime indiscrete ?
Si j’en crois de bons renseignements, M. de Montalembert, dans son procédé de composition oratoire, a passé par les différentes phases qui sont familières aux gens du métier.
Posnett, dans un livre tout récent : Comparative literature, envisage dans un esprit nouveau le problème de la morphologie artistique, et s’attache à démêler, dans une énumération malheureusement superficielle, quelle influence ont exercée sur la forme littéraire, sur l’individuation des personnages par exemple et la description de la nature, les différentes formes de la vie sociale, le clan, la communauté urbaine, la nation, le cosmopolitisme.
Mais tandis que les sectes et les écoles se partageaient comme je viens de le dire, quelques esprits élevés et indépendants cherchaient la vérité à leurs risques et périls, dans des voies libres et particulières, auxiliaires plutôt que soldats des différentes opinions que nous venons de résumer.
* * * Ces remarques faites, combien différente nous apparaît, dans son utilité immédiate et dans ses conséquences, l’étude de la conception poétique.
Regardons : L’Allemagne est une portion de l’Europe où vivotent — d’une vie très contestable — trente petits États différents, sans lien aucun, tous parfaitement séparés et distincts.
Quels que soient, d’ailleurs, les titres différents que M. de Coulanges donne à ses ouvrages, ils ne sont tous, si j’en saisis bien le sens et la portée, que les chapitres écrits d’un livre qui se continue, que les parties échafaudées d’un ensemble historique embrassé de haut, comme on embrasse tout un pays du sommet de ses montagnes.
Rationalistes, sceptiques, éclectiques, et, par-dessus le marché, païennes de tendance, de portée et de volonté, — c’est-à-dire, sous des noms différents, ennemies de l’Église catholique et n’ayant de préoccupation et d’intérêt que pour les travaux qui la diminuent, — les Académies, et en particulier l’Académie française, dont il est seulement question ici à propos du livre de M.
La femme allemande, dans sa simplicité, dans son éternelle facilité à croire, la femme allemande, née plus séduite que les autres femmes, et qui se rencontre aussi bien dans les ridicules romans d’Auguste Lafontaine que dans les romans et les drames du grand Goethe, voilà en une seule toutes les femmes de Goethe, dont Paul de Saint-Victor a fait, lui, des femmes différentes, en exécutant sur le motif monotone de Goethe de ces prodigieuses variations à faire prendre le change aux plus habiles et leur faire croire que Goethe a mis dans ses femmes ce que lui, Saint-Victor, seul, y a vu !
L’Histoire de Clément XIV, cette nouvelle histoire publiée par un prêtre élevé en dignité, consulteur des saintes congrégations de l’Index et du Saint-Office, préfet coadjuteur des archives secrètes du Vatican, traduite au même moment en trois langues différentes pour qu’elle ait son triple retentissement simultané, ce livre, qui fait bruit à Rome et qui fera probablement bruit dans le monde, n’est point, à coup sûr, un de ces livres qui naissent spontanément et sans dessein dans la pensée laborieuse d’un annaliste.
Or, cette œuvre qu’hier le poète dressait devant la postérité, comme son exegi monumentum, avec une piété sincère à sa mémoire, est-elle réellement digne, si rien de nouveau et de différent ne vient s’y ajouter, du regard qu’elle provoque et qu’elle veut captiver pour des siècles ?
J’en fais ce qu’il est, l’hébétement, la destruction et la mort… Je n’aperçois qu’un monde d’insectes de différentes espèces et de tailles diverses, armés de scies, de pinces, de tarières et d’autres instruments de ruine, attachés à jeter à terre mœurs, droits, lois, coutumes, ce que j’ai respecté, ce que j’ai aimé ; un monde qui brûle les villes, abat les cathédrales, ne veut plus de livres, ni de musique, ni de tableaux, et substitue à tout la pomme de terre, le bœuf saignant et le vin bleu.
Il y aurait donc enfin deux moi différents, dont l’un serait comme la projection extérieure de l’autre, sa représentation spatiale et pour ainsi dire sociale.
Les jurisconsultes romains raisonnent mieux en considérant ce droit naturel comme ordonné par la Providence, et comme éternel en ce sens, que sorti des mêmes origines que les religions, il passe comme elles par différens âges, jusqu’à ce que les philosophes viennent le perfectionner et le compléter par des théories fondées sur l’idée de la justice éternelle.
Elles supposent deux conceptions de la vie si différentes en elles-mêmes, et si diverses dans leurs conséquences ! […] Savez-vous bien qu’il y a eu cent trente-trois éditions de ses différents ouvrages publiées de son vivant ? […] Alexandre est extrêmement différent de la Thébaïde. […] La vraisemblance en est merveilleusement observée, avec une profonde connaissance du cœur humain dans les différentes crises des passions. […] La conception de Racine est toute différente, presque contraire : c’est Phèdre qui est le personnage central et favori, et voici comment il l’a vue.
Maspero nous font voir une Égypte nouvelle, familière, vivante et mobile, si différente de cette Égypte, solennelle et guindée, dont l’ennuyeuse image s’est perpétuée jusqu’au commencement de ce siècle, grâce à l’éloquence des rhéteurs. […] Bourget, dit-il, est assez différent de ceux qui ont précédé. […] Les villes de l’antiquité, bien différentes des cités américaines qui commencent par un hôtel éclairé à la lumière électrique et par l’installation du téléphone, n’étaient guère, à leur naissance, qu’un asile pour les fugitifs, les chercheurs d’aventure, les nomades las d’errer. […] Mais l’armée dont parlait le capitaine Alfred de Vigny était très différente de celle où nous sommes tous inscrits, où notre place est marquée pour le jour des sacrifices nécessaires et des dangers obligatoires que ni la peur, ni la rhétorique, ni le socialisme ni l’anarchie ne sauraient éviter. […] Mais quand le vaillant pasteur quitte les sommets de l’histoire, qu’il parcourt, comme les dieux d’Homère, en quelques enjambées, il excelle à peindre ce qu’il a vu de ses propres yeux : les jeunes gens, qu’il connaît bien pour les avoir pratiqués dans des milieux différents, à tous les degrés de l’échelle sociale.
Émile Deschanel, à un point de vue un peu différent, avait eu déjà la fantaisie de vanter le romantisme des classiques, auquel on peut ajouter que le classicisme des romantiques ne le cède en rien. […] Stendhal d’une part, Hugo, Flaubert, Valéry de l’autre, sont trop exclusifs dans leur antagonisme, mais nous ont donné des merveilles, toutes précieuses, quoique de genres différents. […] Il en possédait en effet un texte qu’on pouvait considérer comme presque définitif, dicté par Stendhal, et assez différent du premier jet autographe qui nous est resté. […] Cependant, il a lui-même toujours détesté Chateaubriand, par raison d’école, et s’est bien souvent permis sur différents sujets des boutades volontairement hyperboliques, qu’il ne faut pas prendre à la lettre. […] Comment aussi, revenant sur le libre arbitre, mêle-t-il deux questions tout à fait différentes ?
Les différents caractères que Fielding a mis en action sont d’une vérité complète et saisissante. […] Je suis volontiers de son avis, mais pour une raison différente, c’est que la pièce de Kotzebue est médiocre. […] La lecture, je l’avoue, m’a rangé à l’opinion de Garrick, mais par des motifs tout différents. […] Il comprend très bien la différence des devoirs que le séjour des différents pays impose au voyageur. […] L’entraînement de ces deux cœurs, si différents et si mal connus l’un de l’autre, deviendra peu à peu irrésistible.
Bien différent de quelques poètes, d’ailleurs admirables, qui dédaignent l’achèvement, ou du moins veulent être achevés en ceux qui les liront, Charles Baudelaire, non sans offrir à tous l’occasion du prolongement de leur rêve, a toujours prétendu à l’expression totale et précise de soi-même. […] Je ne pense pas qu’à aucune époque d’aucune littérature, des poètes du même moment aient été à la fois plus unis de cœur et plus différents par l’idée et par l’expression ; car ce n’est pas, me semble-t-il, une stricte similitude que de détester en commun la banalité ou l’incohérence de l’idée, et l’incorrection du verbe. […] On peut dire qu’il existait dans son esprit, qu’il existe dans son œuvre un dix-neuvième siècle radicalement différent du xixe siècle tel que le conçoit la généralité des modernes. […] Anatole France, dans les lignes suivantes, nettes, simples, belles, et, à mon sens du moins, irréfutables : « Je ne crains pas qu’on dise qu’il y a absurdité à supposer une même méthode appliquée par une foule d’individus différents. […] Jean Lorrain a fait représenter, j’écrivais, il n’y a pas longtemps : « Lorsque Çakia-Mouni fut tenté, au Jardin des Bambous, par les soixante filles de Pipâ, chacune d’elles voulut le séduire d’un charme différent.
Il a fallu deux races différentes pour développer des principes de croyance si opposés. […] Dieu met partout l’ordre et l’unité ; donc nous devons reconnaître que tous ces corps sont les formes différentes d’une même matière, de même que les diverses forces de la nature sont les effets différents d’une même Providence, — et vingt autres propositions semblables. — Que signifient de pareilles affirmations en présence des cornues, des récipients et des réactions ? […] Selon que l’état des choses est différent, les besoins des hommes sont différents ; par suite telle qualité de l’esprit ou du cœur devient plus précieuse ; on l’érige alors en vertu ; et, en effet, elle est une vertu puisqu’elle sert un intérêt public. […] L’hostilité publique était si grande, que, pour préserver les sépultures, ils durent mettre des sacs de sable dans les cercueils à la place des corps, et enterrer les deux morts dans un endroit différent, en secret et à minuit. […] C’est « une seule substance divisée en mille corps ; distincts, une seule âme circonscrite en mille natures différentes ».
C’est dans ce sens seulement que Socrate a pu dire qu’« un vrai poète tragique est en même temps poète comique », et, si cette proposition reste contestable, puisque après tout la connaissance et l’art, savoir et pouvoir, sont deux choses très différentes, elle indique du moins à la critique un procédé infaillible. […] Ainsi composée, elle se divise en autant de genres différents qu’il y a d’éléments divers qui peuvent y dominer tour à tour. […] Le plan de son Avare est tout différent, et c’est une machine fort compliquée.
Or la politique a toujours deux aspects souvent très différents : un aspect extérieur, sur lequel le vulgaire juge par les apparences ; un aspect intérieur et intime, sur lequel les hommes d’élite jugent sur les réalités. […] Les négociations avec l’Autriche, celles avec la Prusse ; les premières agaceries diplomatiques de Bonaparte à Paul Ier, empereur de Russie ; le coup d’œil sur l’état intérieur et scandaleux de la cour de Madrid, livrée à un favori, Godoy, tracé d’une main qui charge les couleurs afin d’atténuer d’avance les torts du cabinet des Tuileries envers les Bourbons d’Espagne ; les négociations avec le Saint-Siège, préludes de négociations plus graves pour le Concordat ; la rupture des conférences par l’Autriche, les préparatifs de guerre repris des deux côtés avec une égale vigueur ; le tableau de la prospérité croissante de la France en dix mois d’un gouvernement personnifié dans un jeune dictateur ; l’analyse savante et pénétrante de la situation des différents clergés, séparés en sectes par les serments ou les refus de serments constitutionnels ; la rentrée rapide des émigrés, la statistique profondément étudiée des partis dans l’opinion et dans les assemblées ; les portraits de M. de Lafayette, de Fouché, de M. de Talleyrand, de Carnot, de Berthier, portraits finis et fermes, sans minutie comme sans recherche, où l’on voit que l’historien s’oublie lui-même pour ne penser qu’à son modèle, remplissent ce volume. […] Il faut, pour y dominer, outre cet art de la flatterie, qui procure des succès dans les cours, cet art si différent de la parole, quelquefois vulgaire, quelquefois sublime, qui est indispensable pour se faire écouter des hommes réunis ; il faut encore, ce qui n’est pas un art, ce qui est un don, ce caractère avec lequel on parvient à braver et à contenir les passions soulevées.
Là il préparait ou revoyait ses harangues, enlevant avec la plume les imperfections de la parole ; il dictait les règles des différents genres d’éloquence, il composait ses deux poèmes épiques, il commentait la philosophie grecque de Platon, il la dépouillait de ses rêveries sophistiques, il la fortifiait par cette sévérité logique et expérimentale, caractère de la haute et sévère raison des Romains. […] XI C’est dans ces traités ou dialogues sur la rhétorique, sur l’orateur, que l’esprit aussi critique que créateur de Cicéron donne sur les différents styles oratoires les préceptes qui gouverneront éternellement l’expression de la pensée humaine. […] Si ma vie se prolonge, je ne renonce pas à traiter d’autres matières encore ; mais quiconque voudra s’appliquer à étudier mes ouvrages de philosophie reconnaîtra qu’il n’y a point de lecture dont on puisse recueillir plus de fruit. » Il part de là pour faire contre Épicure la plus magnifique théorie de la vertu et des différentes théories du bien qui ait été écrite en aucune langue humaine.
. — Le style imagé est déjà une espèce de style rythmé ; l’image est en effet la reprise de la même idée sous une autre forme et dans un milieu différent : c’est comme une réfraction de la pensée, qui s’accorde avec la marche générale des rayons intérieurs. […] Comparons deux passages tout à fait similaires de Musset et de Leconte de Lisle ; ce sont les mêmes idées avec des rimes différentes et surtout un rythme différent.
Des génies de tempéraments différents l’avaient appuyée de leurs chefs-d’œuvre. […] Rien d’aussi différent, rien d’aussi contraire à l’idée balancée et rythmique que nous nous faisons en France d’une pièce. […] Nous sommes, eux et nous, à des points de vue trop différents. […] Les points de départ sont trop différents, nous ne pouvons nous entendre. […] Le malheur, ai-je dit, est qu’on veut mettre le théâtre à part, le considérer comme d’essence absolument différente.
Je ne puis le suivre dans sa discussion des différentes définitions données jusqu’à ce jour. […] Mais si nous voulons juger les actes d’un autre homme et savoir les mobiles qui le font agir, c’est tout différent. […] Le circulus social est identique au circulus vital : dans la société comme dans le corps humain, il existe une solidarité qui lie les différents membres, les différents organes entre eux, de telle sorte que, si un organe se pourrit, beaucoup d’autres sont atteints, et qu’une maladie très complexe se déclare. […] J’admire beaucoup leur talent, les qualités différentes qu’ils apportent. […] D’ailleurs, il est certain que les conditions d’existence du théâtre seront toujours différentes.
Un siècle illustre disparaît ; le glorieux talent qui le caractérisait le mieux, et dans les nuances les plus accomplies, meurt, en emportant, ce semble, son secret ; ceux qui le veulent suivre altèrent sa trace, les autres la brisent en se jetant de propos délibéré dans des voies toutes différentes : on est en plein dans un siècle nouveau qui lui-même décline et va s’achever. […] Il suffit que moi, qui viens tard, je ne sois pas indigne de lui, que je l’honore par mon goût dans un siècle bien différent déjà, et que jamais du moins je n’aie faussé son lointain et supérieur accord par mes accents. » Dans cette sobriété et cette paresse même du poëte, se retrouve donc un sentiment touchant, modeste, et qu’on peut dire pieux. […] Le critique insistait beaucoup, en louant M. de Fontanes, sur la marche imposante et soutenue de sa phrase poétique, et cet art de couper le vers sans le réduire à la prose, et de varier le rhythme sans le détruire, deux choses, dit-il, si différentes, et qu’aujourd’hui l’ignorance et le mauvais goût confondent si souvent. […] Après avoir énuméré les différents genres de poésie, ce successeur, souvent rival, de Lucrèce, ajoute : Omne genus rerum doctae cecinere Sorores : Omnis ad accessus Heliconis sernita trita est, Et jam confusi manant de fontibus amnes, Nec capiunt haustum turbamque ad nota ruentem : Integra quaeramus rorantes prata per herbas. […] Et Manilius, au livre Ier, passant en revue les différentes origines possibles du monde, soit l’absence d’origine, l’éternité, soit la création du sein du Chaos, dit avec une précision qui certes a aussi sa beauté : Seu permixta Chaos rerum primordia quondam Discrevit partu, mundumque enixa nitentem Fugit in infernas caligo puisa tenebras.
Voici un trait bien fin sur les évasions qu’on se fait à soi-même dans les cas difficiles : « Je ne sais, dit le héros du roman, si tout le monde est comme moi ; mais quand je me suis longtemps occupé d’un projet qui m’intéresse beaucoup, quand la difficulté que je trouve à en tirer parti m’a contraint à le retourner en différents sens, je me refroidis et n’attache plus aucun prix à la chose à laquelle, l’instant d’auparavant, je croyais n’en pouvoir trop mettre. » Et ailleurs : « Comme il arrive toujours lorsqu’on est occupé d’un projet, si peu important qu’il puisse être, j’oubliai pour un instant tous mes chagrins. » Que dirait de mieux un ironique de quarante-cinq ans, retiré du monde ? […] Car, pour moi, j’aime beaucoup mieux notre église, qui a différents dessins et des figures dans des niches, que ces colonnes toutes semblables et qui ne signifient rien. » Cette opinion sur le gothique, énoncée en l’an VII par la bouche de Pierre, a-t-elle d’autre portée que celle d’une boutade piquante ?
Il est rédigé comme si la philosophie néo-platonicienne ou éclectique était unique et universellement reconnue, comme s’il n’y avait pas d’autre théorie qui explique par d’autres raisons et qui assoie sur un principe différent l’autorité des lois pénales65. […] ce qui nous frappe et nous choque sous d’autres noms à distance nous paraît tout simple de notre temps et à nous-mêmes sous des noms différents.
Toutes les femmes étaient réunies sur la place du hameau, c’est-à-dire sous le four banal, où les paysannes avaient fait cuire des châtaignes, des pommes de terre, et les courges dorées ; des pots de crème en terre rouge, et des raisins de différentes couleurs étaient épars autour de nous ; nos yeux étaient enivrés d’avance de ce frugal et délicieux repas. […] Enfin, le jour s’éteignit tout à fait, et on nous conduisit toutes les quatre aux différentes maisons du village où l’on avait préparé nos lits.
Les leçons de philosophie et de poésie, la correction des œuvres littéraires de Frédéric, l’amitié cultivée des princesses ses sœurs, les voyages de cour, les résidences dans les différentes demeures de plaisance de Sans-Souci et de Postdam, les soupers libres, les conversations sans frein, les entretiens par-dessus la tête des peuples, l’étude enfin, ce premier des plaisirs pour Voltaire, remplirent les premières années de cet exil auprès de Frédéric. […] Sa fortune considérable, indépendante des caprices et des confiscations des gouvernements, était en partie disponible, en partie placée en rentes sur les différentes contrées de l’Europe ; elle s’élevait à deux cent mille livres de rente ; ses besoins personnels bornés laissaient une grande partie de ce revenu à la disposition de ses goûts pour des libéralités princières, le reste en économie pour les éventualités extrêmes de sa vieillesse.
L’imprécation de Guanhumara, quand elle prend la nature à témoin de son serment de vengeance, est un des plus beaux morceaux de notre littérature : c’est l’ampleur de la poésie à toute volée de la tragédie antique, bien différente de la tragédie classique… Soutenir ainsi ce ton d’apogée, ce bel élan lyrique pendant trois grands actes, M. […] En lui voyant le visage d’un ange, il s’imagine qu’elle en a l’âme aussi : Là-haut, dans sa vertu, dans sa beauté première, Veille, sans tache encore, un ange de lumière ; Un être chaste et doux, à qui sur les chemins, Les passants à genoux devraient tendre les mains… Marion ne comprend pas très bien ce langage, différent de celui qu’elle a entendu jusqu’à ce jour.
Rien de plus différent pourtant que ces deux choses. […] L’effet en est d’ailleurs fort différent sur les combattants et sur les témoins.
Saint-Sulpice fut, au milieu d’une société si différente, ce qu’il avait toujours été, tempéré, respectueux pour le pouvoir civil, désintéressé des luttes politiques 12. […] Je pensais surtout à Malebranche, qui dit sa messe toute sa vie, en professant sur la providence générale de l’univers des idées peu différentes de celles auxquelles j’arrivais.
Le Figaro du 21 avril annonce officiellement la première de Lohengrin pour le samedi 23 ; fait un tableau encourageant des préparatifs ; donne la liste des gens inscrits pour la première, public bizarrement mêlé d’anciens wagnéristes connus, de quelques noms respectables, et de beaucoup d’inconnus, d’étrangers, de faux-mondains et de rastaquouères : d’où cette étrange première aux costume ; cérémonieux et vieille mode, si différente des grandes simples fêtes de Bayreuth ! […] La reprise des propos des différents compositeurs interrogés est savoureuse.
Je ne partage pas cette opinion et je crois que le même morceau, écrit à quatre époques différentes, dans des dispositions d’esprit dissemblables, aura dans chacune de ses élaborations, s’il est écrit par un homme de talent, une excellence, une perfection autre, mais adéquate. […] Dimanche 5 mars Aujourd’hui Tourguéneff est entré chez Flaubert, en disant : « Je n’ai jamais si bien vu qu’hier, combien les races sont différentes : ça m’a fait rêver toute la nuit… Nous sommes cependant, n’est-ce pas, nous, des gens du même métier, des gens de plume… Eh bien, hier, dans Madame Caverlet, quand le jeune homme a dit à l’amant de sa mère qui allait embrasser sa sœur : « Je vous défends d’embrasser cette jeune fille. » Eh bien, j’ai éprouvé un mouvement de répulsion, et il y aurait eu cinq cents Russes dans la salle, qu’ils auraient éprouvé le même sentiment… et Flaubert, et les gens qui étaient dans la loge, ne l’ont pas éprouvé ce moment de répulsion… J’ai beaucoup réfléchi dans la nuit… Oui, vous êtes bien des latins, il y a chez vous du romain et de sa religion du droit, en un mot, vous êtes des hommes de la loi… Nous, nous ne sommes pas ainsi… Comment dire cela ?
Il s’y porte critique habile et pénétrant des différents dogmatismes. […] Ces deux parties ont été composées à deux époques distinctes de la vie de l’auteur et sous des impressions différentes.
La conception de l’Homme qui rit, que j’ignore, mais qu’il n’est pas si difficile de deviner, est peut-être différente ; mais les mêmes manières ou les mêmes absences d’art s’y retrouvent. […] Le faire entendre, c’était tout simple, mais il trouve plus ingénieux, et vraiment cela l’est, mais cela l’est trop, de le montrer à Lantenac, ce tocsin, qui sonne à vingt endroits différents dans le paysage, par l’agitation de la corde de la cloche, se détachant, grêle, sur la lumière, dans la cage à jour des clochers, et cela à des distances où il est encore plus difficile de voir que d’entendre !
Tous deux ont été les hommes d’État de la Ligue, bonnes têtes avec des caractères tout différents.
Il porte dans son esprit je ne sais quelle vision apocalyptique qu’il promène devant lui et qu’il projette dans les différentes sphères d’idées et de passions qu’il traverse.
Ne confondons pas, pour déprécier l’une ou l’autre, des inspirations si inégales d’haleine, des œuvres d’un genre et d’un ordre tout différent.
Les points de vue d’où l’on part et ceux où l’on tend sont si différents, si contraires ; les mobiles sont si opposés !
On dirait qu’il s’est passé des siècles entre les deux descriptions, tant le même objet y est présenté sous un jour différent et contraire.
N’a-t-on pas relevé chez Virgile lui-même, le plus réfléchi des poëtes, une contradiction inconciliable dans l’âge qu’il assigne au jeune Ascagne en deux moments différents ?
« Le fumeur d’opium est aussi différent de celui qui avale le produit que manger un cigare pourrait l’être de le fumer.
On croit influer dans les révolutions, on croit agir, être cause, et l’on n’est jamais qu’une pierre de plus lancée par le mouvement de la grande roue ; un autre aurait pris votre place, un moyen différent eut amené le même résultat ; le nom de chef signifie le premier précipité par la troupe qui marche derrière, et pousse en avant.
Quand elles ne veulent plaire que pour être aimées ; quand ce doux espoir est le seul motif de leurs actions, elles s’occupent plus de se perfectionner que de se montrer, de former leur esprit pour le bonheur d’un autre que pour l’admiration de tous : mais quand elles aspirent à la célébrité, leurs efforts, comme leurs succès, éloignent le sentiment qui, sous des noms différents, doit toujours faire le destin de leur vie.
Et l’on découvre, par l’étude des chefs-d’œuvre de Michel-Ange et de Rubens, deux artistes d’inspiration si différente, que cette altération a pour but de rendre sensible un caractère essentiel.
Un esprit gagné à la fine psychologie de Marcel Proust, et à la métaphysique qui s’y implique, soutiendrait sans doute que le moi et le non-moi sont inséparablement mêlés dans nos perceptions et notre connaissance, que s’il y a une réalité extérieure, elle ne se révèle à nous que par des réactions qui ne sont jamais les mêmes au même instant chez deux hommes, ni chez le même homme à deux moments différents, que nous sommes dans l’impossibilité de choisir entre les vingt images d’une personne que la vie a mises en nous, qu’il n’y en a pas une qui soit la seule vraie ni la plus vraie, ou que toutes sont vraies également, sans que nous puissions y distinguer ce qui est de l’objet perçu et ce qui est du sujet sentant.
Soulary est plutôt celui d’un écrivain très laborieux et très inégalement heureux dans ses rencontres ; il ne cisèle pas, il complique et entortille, ce qui est bien différent.
Je crois que ce qu’il y a de sincère en lui, c’est le goût de la grandeur, de la force, de l’héroïsme, et la joie de se sentir « différent » de ses contemporains.
La tige, plantée dans le sable humide, différentes fleurs bizarrement assorties composaient ces gerbes aux vives couleurs… J’ai cru voir là une image assez fidèle de la poésie de M.
Nous avons du moins la confiance que s’il apparaît parfois, dans son extrême complexité, un peu différent de celui auquel on s’était accoutumé, il n’en sera ni moins grand, ni moins attrayant, ni moins digne d’être aimé.
Les différentes générations d’hommes, & leurs opinions diverses passent sous ses yeux avec leurs Villes, leurs mœurs, leur culte & leurs loix.
L’entraînement mutuel de ces deux cœurs, si différents et si mal connus l’un de l’autre, deviendra peu à peu irrésistible.
Le soufi et le corybante croyaient, en s’égarant la raison, toucher la divinité ; l’instinct des différents peuples a demandé des révélations à l’état sacré du sommeil.
C’est Jean l’évangéliste ou son école qui plus tard cherchèrent à prouver que Jésus est le Verbe, et qui créèrent dans ce sens toute une nouvelle théologie, fort différente de celle du royaume de Dieu 720.
Mais les mouvements causés par les émotions sont fort différents de ceux causés par la volonté : les premiers agissent sur les muscles souvent exercés, comme ceux de la face et la voix ; les seconds agissent surtout sur ceux qui peuvent augmenter le plaisir ou diminuer la douleur.
« Quoique j’aie éprouvé de la pauvreté et passé par des états bien différents de ceux où vous me voyez, j’étais contente et bienheureuse, j’étais libre.
Un Père prodigue Sous une tout autre forme et dans un milieu différent, le sujet du Père prodigue est le même que celui du Fils naturel : la paternité y est encore jugée et censurée par l’enfant.
Nous avions parcouru le bois dans des directions si diverses, que nous ne pouvions plus reconnaître notre chemin ; les feux que l’on voyait allumés de différents côtés servaient encore à nous égarer.
Guizot ont été à plusieurs reprises l’objet des études de la Revue, à mesure que les différents volumes paraissaient ; mais aujourd’hui que l’ouvrage peut être considéré comme complet, au moins dans sa partie philosophique39, il sera intéressant de l’étudier dans son ensemble, et il devient plus facile d’en apprécier la portée.
En suivant une route contraire, cette étude aurait été pour vous une source intarissable de plaisir et d’instruction ; vous y auriez admiré les ressources de la nature, celles de tant de grands génies, soit pour la forcer à se découvrir, soit pour la mettre en œuvre dans les différents arts, monuments admirables et sans nombre de l’industrie des hommes, soit enfin pour apercevoir la liaison et l’analogie des phénomènes dont vous vous plaignez d’ignorer les premières causes.
C’est au contraire un esprit qui, sans se chercher, s’est rencontré dans des directions différentes.
Par les idées, c’est différent.
Pour connaître l’esprit des différents siècles, il n’est pas inutile d’observer que Mamertin, qui prononça cet éloge, parvint, par ses talents, aux premières dignités ; il occupa longtemps avec distinction le rang de sénateur ; et quand Julien monta sur le trône, il lui donna la place de surintendant général des finances de l’empire.
Tite-Live dit aussi que pendant ce règne de Servius Tullius, où l’intérieur de l’Italie était encore barbare, il eût été impossible que le nom même de Pythagore pénétrât de Crotone à Rome à travers tant de peuples différents de langues et de mœurs.
Mais cela même atteste un ordre d’élévation intellectuelle et mystique lié de près à la poésie, et que nous retrouvons à différents âges de l’esprit humain.
Il procède par a priori, tandis que c’est l’expérience qui juge la valeur des différents peuples. […] Bien que son point de vue soit différent, Gobineau a des affinités certaines avec les Théophile Gautier, les Flaubert, les Goncourt, les Loti, tous les artistes ou esthètes contempteurs de ce que Renan nommait la panbéotie moderne. […] Son surnaturel, à lui, était très différent. […] Deux esprits aussi différents ne pouvaient évidemment s’accorder. […] Louis Bertrand mêle ici deux affaires très différentes : celle de l’arianisme et celle du pélagianisme43.
Les opéras ne sont et ne peuvent être que des canevas qui fournissent à la musique des situations qu’elle puisse exprimer dans sa langue, et cette langue est essentiellement différente de la déclamation ; tout ce qui n’est point chant ou morceau d’ensemble, n’est donc qu’un remplissage que les Italiens ont le bon esprit de ne pas écouter. […] Que s’est-il passé qui puisse tout à coup le rendre si différent de lui-même ? […] Mais, quelque ressemblance qu’il y ait pour le fond entre ces deux scènes, elles sont bien différentes par le sujet et le motif, et par la manière dont elles sont traitées ; celle de Corneille est d’un bien plus grand intérêt. […] Leur caractère est bien différent et devait l’être, d’abord parce qu’une Asiatique et une Phrygienne ne devait pas parler comme une Romaine, ensuite parce que Corneille faisait parler ses personnages autrement que Racine. […] L’accusateur produit en preuve la ressemblance extraordinaire des deux pièces pour les idées, les caractères et les situations : cependant le cinquième acte est tout à fait différent ; Gilbert a changé les noms des deux princesses ; il appelle Rodogune la Cléopâtre de Corneille, et Lydie, celle que Corneille nomme Rodogune.
Généralités sur la Comédie, et sur ses différents caractères à toutes les époques. […] Le fonds de la règle est donc semblable ; mais l’application en est différente relativement aux impressions diverses que les deux genres se proposent d’exciter. […] une façon d’être différente des manières généralement reçues de la nation chez laquelle on vit. […] La différente humeur des deux frères cause entre eux le même débat, qui fait l’exposition. […] Les autres demandent à être présentés avec des couleurs différentes, selon les divers pays où l’on fait leurs portraits.
Molière et Bourdaloue ont vécu dans des milieux si différents, ils appartiennent à des ordres d’idées si dissemblables, que tout rapprochement entre eux ne saurait être qu’artificiel. […] l’une ou l’autre de ces deux interprétations, la scène prend une physionomie toute différente, et elle doit être jouée d’autre façon. […] C’était tout différent, comme vous voyez ; c’était tout aussi drôle. […] C’est ce qui fait que Molière et Regnard comportent des interprétations très différentes. […] Le comique de la situation, c’est que les deux frères étant semblables de figure et de voix, sont très différents, au contraire, par tout le reste.
Elles sont aussi différentes que possible l’une de l’autre ; mais ce sont deux enchanteresses auxquelles on ne résiste point. […] La méthode est différente : psychologiquement et esthétiquement, c’est du même ordre. […] Il y a partout, si l’on veut, une droite et une gauche, mais nul n’est tenu de siéger du même côté dans des assemblées différentes. […] Dans une œuvre littéraire, c’est différent : nous voulons comprendre. […] Bien que les cas exposés soient très différents, la substance psychologique du livre de M.
Ils ont été surpris les premiers par le succès inattendu de ces romans, si différents des nôtres et d’un abord si difficile. […] Krylof eut le talent de lui donner une apparence vraiment russe, une bonhomie rude et populaire, différente de la douce bonhomie du modèle. […] Ce même Karamsine joua un rôle politique bien différent de son rôle littéraire. […] La vie va lui montrer d’autres expériences, qui nécessitent un langage nouveau ; il continuera de les enregistrer, avec l’ardeur et la docilité de la machine que l’on transforme pour un labeur différent. […] … » — Il n’y a pas la moindre épigramme dans ceci ; je constate simplement un état de civilisation différent.
Chacun d’eux, pour sa part, avec des moyens différents, s’y évertue de tout son art. […] Morel-Fatio ; et je ne la crois pas, au surplus, très différente ni très éloignée de la sienne. […] Entre Descartes et Boileau, n’y eût-il que ce point de division, ce serait assez pour les classer dans deux camps différents et ennemis. […] Mais, aux différents étages de la société, cherchez et comptez combien d’hommes se sont proposé ce « renouvellement », ou ce « perfectionnement moral » d’eux-mêmes, comme objet de leur vie. […] Écrivant tous les trois pour un public différent, et ne s’étant proposé le même but qu’en gros, si l’on peut ainsi dire, il n’y a pas lieu de comparer l’édition de M.
Il a pu, dans tel fragment célèbre, l’un des plus considérables et des plus laborieusement travaillés du manuscrit, retrouver, sous les surcharges et les ratures, les différents états du style de Pascal, et nous montrer ainsi le grand écrivain à l’œuvre. […] Pascal », mais un ouvrage tout différent ? […] En de telles conditions, que tout se brouille et se confonde, il n’y a pas de quoi s’étonner, et, si l’éditeur en arrive jusqu’à ne plus reconnaître sous une expression légèrement différente une seule et même pensée, rien de plus fâcheux pour Pascal, mais aussi rien de plus naturel. […] Et la preuve en est que toutes les fois qu’à des époques différentes on a repris Turcaret, qui n’est pas, lui, comme le Misanthrope, défendu par le grand nom de Molière contre toutes les révolutions du goût, la comédie de Le Sage n’a pas rempli l’attente que la lecture en avait fait concevoir et n’a guère dépassé le succès d’estime. […] Forme et fond, il n’y a rien de si différent du théâtre de Corneille que le théâtre de Racine, pas même peut-être celui de Shakespeare.
Les écrivains les plus différents les uns des autres obéissaient à la même esthétique, élaborée lentement, éprouvée. […] Il faut donc créer un héros qui certes vous ressemble, mais qui soit différent assez pour donner le change au moi sempiternel. […] C’est, bel et bien, la formule de l’anarchisme : et, en effet, contemporaines et bandit appartiennent à la même école, dans des classes différentes. […] donc nous écartons cette hypothèse ; — ou bien la survivance avec une conscience différente de celle qui est aujourd’hui la nôtre. […] Elle vivait, différente d’elle-même.
Plus la bigarrure est grande et l’interruption fréquente, plus aussi j’avance dans ce livre dans lequel on n’est jamais qu’au milieu ; mais le profit, c’est de l’avoir lu ouvert à toutes sortes de milieux différents […] Que si réellement je parus embarrassé, ce dut être pour lui et non pour moi, n’ayant pas été le premier à le rechercher au début de notre liaison, l’ayant connu prêtre et qui disait encore sa messe, ultramontain et pur romain de doctrine, lui ayant rendu dans un camp, alors si différent, autant de bons offices littéraires que j’avais pu, n’ayant jamais été démagogue et le voyant, dans sa pétulance, m’enjamber et, comme au jeu de saute-mouton, passer par dessus ma tête pour aller tomber tout d’un bond de l’absolutisme dans la démagogie. […] Un jour, à l’Académie, que dans une discussion (sur saint Augustin, je crois), Cousin avançait une opinion différente de celle que venait d’exprimer M. […] En revanche, ils aiment fort la satire, ce qui est bien différent : mais la vérité, c’est-à-dire cet ensemble non arrangé de qualités et de défauts, de vertus et de vices, qui constituent une personne humaine, ils ont toute la peine du monde à s’en accommoder.
Il nous est aisé aujourd’hui de séparer le dix-septième siècle en deux moitiés distinctes, et d’y reconnaître deux époques littéraires différentes. […] Je sais bien qu’on n’a pas cessé depuis lors de faire des vers licencieux, qu’on en fit même sous ses yeux et, pour ainsi dire, sous sa férule ; mais il était fort différent que le licencieux ne fût que le travers secret de certains poètes, ou qu’il continuât d’être un genre à la mode qu’on pouvait cultiver sans s’en cacher. […] Au vrai, qu’il a su trouver et exprimer dans la satire, dans le poème didactique et dans l’épître, trois genres si unis quoique si différents. […] L’idée d’un dialogue avec son jardinier a pu lui venir d’Horace disant, lui aussi, à son fermier : « Disputons qui de nous deux saura le plus bravement arracher les épines, moi de mon esprit, toi de ton champ, et lequel vaut le mieux d’Horace ou de sa chose166. » Mais le sentiment est différent : ce qui n’est dans Horace qu’un agréable trait de douce et oisive philosophie, dans Boileau est un vœu ardent de s’amender, avec l’inquiétude chrétienne de n’y pas réussir.
Toutefois, l’animal étant dépourvu d’imagination, cette folie doit prendre chez lui des caractères très différents de ceux que prend la folie humaine, et surtout ils doivent être moins accentués. […] L’animal n’a pas beaucoup d’actes différents à sa disposition, mais il s’acquitte merveilleusement de ceux qui sont en son pouvoir et cela précisément parce qu’il n’a pas d’imagination. […] Les Finances ont donné de la présente histoire une interprétation différente. […] Notre manière de le voir n’est pas la manière qui plaira le mieux aux générations à venir, dont l’idéal sera sans doute assez différent du nôtre.
Et puis, s’il n’est pas arrivé à une vue des choses beaucoup plus consolante que l’auteur de Rolla, au moins est-ce par des voies très différentes ; sa mélancolie est d’une autre nature, moins vague et moins lâche, plus consciente de ses causes, plus digne d’un homme. […] Mais il s’est trouvé que les sonnets où le poète, à vingt-cinq ans, contait au jour le jour sa vie intérieure pouvaient être rangés sous ces quatre titres : Amour, Doute, Rêve, Action ; et le poète nous les a livrés comme s’ils se rapportaient à quatre époques différentes de sa vie. […] J’ose dire que, parmi nos poètes, il est, avec Victor Hugo, dans un goût très différent, le plus grand trouveur de symboles. […] A propos de la rédaction de la Torah, qui n’a fait aucun bruit, qui est restée anonyme, dont on ne sait même pas la date précise parce que tout ce qui est écrit là était déjà connu, existait déjà dans la tradition orale : Comme ça est différent, n’est-ce pas ? […] Les effets ne sont pas les mêmes dans la tragédie et le roman, les conditions mêmes et les conventions des deux genres étant différentes ; mais ces effets sont peut-être équivalents.
Il lui fait grâce, ce qui est très différent, et il ne lui fait grâce que parce qu’il s’est purifié par des rites qui sont des signes de repentir. […] Sauf erreur, il y a dans la comédie de Molière deux Tartuffes d’aspect notablement différent. […] Mais peu à peu une nouvelle génération grandit, animée d’un esprit différent. […] J’en sais aussi qui, avec un style différent, mais non moins odieux, étalent encore les prétentions et les ridicules de Desgenais. […] les deux frères n’ont voulu voir là qu’un moyen commode, un fil pour relier entre elles les différentes parties de leur étude.
En voulez-vous une autre, dans un genre tout différent ? […] On pourra construire avec eux vingt édifices différents ; mais il y aura toujours un reliquat de morceaux de bois. […] Il lui reste pourtant de sérieux scrupules, et voici de quoi s’avise l’Aurore pour les lever : Procris croit retrouver Céphale dans ces lieux ; Sous des traits différents, qu’il paraisse à ses yeux ! […] C’est se moquer des gens que de rapprocher le troisième acte des Jacobites du quatrième acte du Roi s’amuse, sous prétexte qu’ici et là une jeune fille aime un roi et se dévoue pour lui ; car les deux situations sont d’ailleurs aussi différentes que possible. […] Or, les textes classiques étant plus malaisés à dire, parfois même à comprendre, et d’un tour, d’une syntaxe, d’un vocabulaire un peu différents de ceux d’aujourd’hui, rendent cette expérience beaucoup plus nette et plus significative.
Cousin dans deux voyages successifs s’assimila les idées nouvelles de Kant, puis de Hegel, et les importa en France où elles se transformèrent en pénétrant dans les différentes branches de la science. […] « Cet état d’aspiration est réellement ce qui distingue les hommes entre eux, ce qui les sépare par des barrières infranchissables, ce qui les fait différents, ce qui constitue le moi, la personnalité des êtres. […] Bouilhet, Baudelaire, de Banville, sont restés fidèles à la manière du maître, ce qui ne les empêche pas d’avoir chacun un talent fort différent. […] À la même époque on joua dans trois théâtres de Paris, à l’Odéon, au Théâtre français, et à la Porte Saint-Martin, trois traductions différentes d’Intrigue et Amour de Schiller, mais sans grand succès, l’action de cette pièce paraissant trop odieuse au public français. […] C’est ainsi qu’à son début, le grand acteur créait des types nouveaux, parfois tout différents de ceux indiqués par les auteurs même.
L’Abbaye au Bois et le Cénacle avaient au fond une esthétique très différente. […] Notre littérature française offre dans sa généralité un caractère complètement différent. […] Mais je crois que ce sont toujours les mêmes écoles qui se renouvellent à des époques différentes. […] L’essence de l’art est de rester immuable tout en se prêtant à des modes d’application différents. […] L’un et l’autre sont deux faces différentes de la vérité humaine.
Elle était au matin pareille aux autres, ni plus brave, ni moins brave ; et au soir elle est différente. […] Elle est, elle reste différente, marquée aux yeux de tous par la grâce auguste du combat. […] Et en ceci il est fort différent d’une certaine tendance de Pascal. […] Ce sont des manifestations différentes mais ce ne sont point des manifestations étrangères. […] — Des leçons fort différentes.
« Très différent en cela de Saint-Simon, à qui du reste on n’a pas eu tort de le comparer. […] « C’est l’étude du même paysage pendant les saisons douces, aux différentes heures du jour. […] Je trouve, quelques pages plus loin, cette pensée qui ralliera bien des suffrages de femmes, que toute créature humaine est un être différent en chacun de ceux qui la regardent et qu’en ce sens une même femme n’a jamais appartenu à deux hommes. […] Les uns et les autres nous mènent, par des chemins différents à la guerre civile. […] Dans cette même conversation, l’Empereur justifie et explique le coup d’État demandé par Thiers, par le comte Molé, chacun avec une arrière-pensée différente, il est vrai, par Odilon Barrot, par tout le monde enfin.
Les marques constitutives de l’originalité d’esprit sont diamétralement différentes, en France, de celles admises par les autres nations, sauf la race chinoise peut-être. […] Les raisons de cette admiration sont de trois sortes : les idées appartiennent au fonds commun ; la langue dans laquelle elles sont exprimées n’a point de caractère propre ; les vers différent peu de la prose courante et sont incolores, sourds et mal construits. […] Notre-Dame de Paris, injustement critiquée par Gœthe, restera une vivante reconstruction archéologique et historique, telle que Victor Hugo l’a conçue et voulue, et quelles que soient les différentes façons de concevoir et de reproduire, dans une invention romanesque, les mœurs, les caractères, la vie des hommes du quinzième siècle, au moment de leur histoire choisi par l’auteur.
Il est fort différent, surtout pour la comédie, d’avoir à peindre ses personnages au repos, dans le naturel de leurs habitudes, où d’être forcée de les saisir dans quelque mêlée, au passage, dans le flot qui les pousse avec le poète lui-même. […] Par une convenance admirable, les talents parurent appropriés aux différents âges et aux besoins de conscience de Louis XIV. […] La foi et les lettres doivent à cette conduite de Louis XIV les beaux travaux de l’épiscopat de Bossuet : ces prédications, ces exhortations appropriées aux auditoires les plus différents, à des enfants, à des religieuses, aux gens du monde ; ces lettres spirituelles, où la lumière qu’il jette sur les inquiétudes et les troubles obscurs de la vie dévote éclairent tant de circonstances de la vie mondaine ; deux chefs-d’œuvre d’éloquence et d’onction chrétiennes, les Elévations sur les mystères, et les Méditations sur l’Évangile.
Telles sont donc, et nous nous bornons en cela à relever un résultat, les diverses physionomies de la pensée aux différentes ères de l’homme et de la société. […] Il faut seulement que ces parties, savamment subordonnées au tout, gravitent sans cesse vers l’action centrale et se groupent autour d’elle aux différents étages ou plutôt sur les divers plans du drame. […] C’est la même nature qui féconde et nourrit les génies les plus différents.
Le paysan de nos jours est tout différent. […] Je veux bien que pour se disculper et même se relever dans l’opinion, l’auteur en appelle à Saint-Augustin lui-même qui, pour démontrer la puissance de la volonté humaine sur nos différents organes, cite des individus qui, par des sons postérieurs ab imo, dit le texte, sans malpropreté sine pædore contrefaisaient des sons harmonieux. « Cité de Dieu. […] Aussi, a-t-il substitué à son encrier un récipient d’emploi différent.
Le pieux hagiographe nous dit : « Étant parvenu à l’âge viril, Gengoul épousa une femme de non moindre qualité que lui, mais fort différente de mœurs ; ce que Notre-Seigneur permit afin que sa patience fût éprouvée. » Elle le fut. […] Je l’aurais fait dîner au café Anglais, au bouillon Duval, et chez trois ou quatre de mes amis, de conditions sociales différentes… Mais il s’en ira, comme les autres fois, n’ayant vu de Paris qu’un vain décor. […] Ici, je vois de tout près et je conçois clairement un genre de vie absolument différent de celui que je mène huit ou dix mois de l’année. […] À vingt plans différents se déployaient, comme des décors dressés dans tous les sens, des rideaux de hêtres et de peupliers graduellement décolorés par la distance : les premiers, d’un vert généreux et dru ; les derniers, à l’horizon, bleus, violets ou couleur de fumée. […] On donna quelques pièces à l’homme ; mais l’élégante compagnie resta pensive à cette révélation subite d’une existence si différente de la sienne, d’une humanité si peu semblable à celle qui fréquente les exquis casinos d’été.
Je me suis mis dernièrement à regarder autour de moi, j’ai vu non seulement beaucoup de couleurs et des lignes qui ne sont pas plus étranges que celles d’autrefois, mais j’ai vu aussi la vie, une société, des actions, des professions, des physionomies, des milieux différents. […] Les plus sérieux, et par suite, les plus comiques sont ceux qui partent de raisonnements différents pour proscrire l’étude de l’époque où l’on vit. […] La musique et la littérature sont deux choses essentiellement différentes, non seulement comme manifestation, mais encore comme résultat. […] Il arrive au moins observateur de dire : cet homme est le type du bourgeois, de l’homme du monde, de l’épicier, du notaire, du bottier, etc… On ne dit cela que parce que l’individu en question résume les allures, les idées, les préjugés des différents bottiers, épiciers ou notaires qu’on avait vus précédemment. […] Quand donc il a réuni plusieurs de ces types, de même ou de différentes classes, lui est-il difficile d’établir leurs rapports ?
On rencontre dans Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie un joli croquis d’un Musset tout différent, « au regard ferme et clair, aux narines dilatées, aux lèvres vermillonnées et béantes ». […] L’auteur glisse sans s’en apercevoir de son sujet primitif à un autre sujet tout différent. […] L’amour chez la jeune fille, chez la femme, chez la coquette, chez l’épouse chrétienne ; l’amour chez Alfred de Musset à différents âges : adolescent candide ou homme blasé, et dans toutes ses humeurs : joyeux ou mélancolique, ironique ou passionné. […] Combien il est différent du petit polisson de Beaumarchais, qui court après toutes les jupes avec des airs délurés ! […] Les lettres de Musset citées dans ce volume ont été non seulement tronquées, mais parfois remaniées ; des fragments empruntés à des lettres de dates différentes ont été réunis pour en faire une seule.
Car la culture française ici n’aboutit pas ; sur ce sol trop différent, elle ne fait éclore que des fruits malsains, grossiers ou incomplets. […] Quoique Français et né dans une religion différente, je les écoutais avec une admiration et une émotion sincères.
« De là je descends sur le grand chemin, dans la taverne du village ; je cause avec les passants, je leur demande des nouvelles de leur pays ; j’entends des choses neuves et diverses, je remarque les goûts différents et les fantaisies opposées des hommes. […] Un empire ne survit pas à une religion ; une nation qui n’a plus de capitale n’a plus de tête, plus de cœur, plus de nom, plus de langue, plus de vie. » Il trace à grands coups de plume les invasions des peuplades du Danube : Hérules, Thuringiens, Lombards, Ostrogoths, Visigoths, Allobroges ; il montre du doigt les haltes de ces peuplades campées d’abord, colonisant ensuite, se distribuant, au gré de chefs plus ou moins héroïques, sur les différentes provinces dépecées de l’antique Italie.
Mais de même que l’art, c’est le développement de la nature sous un de ses aspects, à travers l’homme, une chose nouvelle et différente de l’art qui est dans la nature, de même, à une époque donnée, l’art est l’art de cette époque, faisant suite à l’art des époques antérieures. […] On se fait un paradis mystique et tout spiritualiste, bien différent du paradis chrétien, du paradis sur la terre, où les corps devaient renaître quand le règne de Dieu serait venu.
Son caquet ramène à l’orchestre le babillage du scherzo ; mais les basses, très différentes, s’associent encore à la rêverie du penseur. […] « Chaque chant de maître ou Bar a sa mesure régulière… Un Bar comprend le plus souvent différentes strophes… Une strophe se compose ordinairement de deux Stollen qui se chantent sur la même mélodie.
En termes plus concrets, tout ensemble dénué à l’origine de cohésion et de subordination, dénué encore dans son unité primitive de parties différentes, d’organes et de genres, informe encore, indéfini, imprécis, — devient nécessairement condensé et intégré, distribué en parties spéciales, et dépendantes, se différencie en ensembles subordonnés, acquiert la forme et se délimite. […] XI : Le Drame Allemand : — Le style idéal de Bayreuth exige, pour sa manifestation, cet endroit unique, exclusif, consacré ; mais on peut espérer que ce qui existe là comme la sphère même de l’Idéal, soit de loin aperçu comme un horizon vers lequel tendent des aspirations artistiques très différentes.
Tous ces printemps étaient italiens ou grecs ; ils se ressemblaient les uns les autres, comme le même visage répété par vingt miroirs différents. […] Ils étaient tous les trois, dans des mesures diverses et pour des causes différentes, ennemis du despotisme militaire qui avait succédé à l’anarchie de la Révolution, et qui pesait alors sur les esprits plus encore que sur les institutions : mon père, par attachement chevaleresque aux rois de sa jeunesse, pour lesquels il avait versé son sang et joué sa tête ; M. de Vaudran, par amertume d’une situation élevée conquise par ses talents, perdue dans l’écroulement général des choses ; l’abbé Dumont, par ardeur pour la liberté dont il avait déploré les excès dans sa première jeunesse, mais dont il s’indignait maintenant de voir la respiration même étouffée en lui et autour de lui.
Dans ses différentes marches, il étudie le terrain et les campements, ce qui s’y est fait autrefois de considérable.
Son Éminence a besoin de repos ; elle a l’estomac dérangé : M. de Luynes sait dans la dernière exactitude tous les détails de santé qui font rire quand Molière nous les étale, mais qu’on n’écrit plus ; il les note ; on a le compte, le chiffre exact des coliques du cardinal dans les vingt-quatre heures ; et « d’ailleurs, les différentes situations de la santé de M. le cardinal se remarquent aisément, se reflètent — sur le visage du roi. » Quant au cardinal, il continue de s’occuper d’affaires dans ses intervalles de répit ; il reçoit le viatique, mais il ne songe pas à lâcher le ministère ; il n’a pas l’idée qu’il puisse s’en aller déjà, et il le dit même assez agréablement à l’adresse de ceux qui attendent.
Avec les modernes, c’est tout différent ; et la critique, qui règle sa méthode sur les moyens, a ici d’autres devoirs.
C’est un plaisir pour nous de le rencontrer aujourd’hui sur un terrain si différent, et d’avoir le droit de le louer par un côté où il est accessible à tous.
On disait cela à l’auteur de Madame Bovary ; on le pressait de recommencer sans précisément récidiver, d’assurer son précédent succès par un autre un peu différent, mais sur ce même terrain encore de la réalité et de la vie moderne.
» Il ne se ressouvenait pas seulement d’Alger quand il écrivait ceci, il se reportait à tant d’autres circonstances qui avaient suivi cette ancienne infortune, et où il lui avait été dur de monter l’escalier et de manger le pain d’autrui ; mais il n’y mettait rien de l’amertume de Dante : génies égaux, mais différents et plutôt contraires ; incompréhensible variété de la nature !
Ces trois existences si diverses, successivement racontées et finement décrites, donnent beaucoup à penser et à réfléchir sur la forme que revêtent l’esprit et le cœur en trois pays et trois sociétés si dissemblables, sur les directions que parvient à se frayer la spontanéité humaine à travers des contraintes et des pressions si différentes.
Volney, dans le programme de ses leçons d’histoire aux Écoles normales (an iii, 1795), se propose d’examiner quel caractère présente l’histoire chez les différents peuples, quel caractère surtout elle a pris en Europe depuis environ un siècle : « L’on fera sentir, disait-il, la différence notable qui se trouve dans le génie historique d’une même nation selon les progrès de sa civilisation, selon la gradation de ses connaissances exactes. » Notez bien cette sorte de traduction qui définit le sens.
Je sais que d’autres peuvent avoir une impression différente ; mais pour moi, celle qui résulte d’un pareil épisode que ne relèvent en rien les distinctions de l’esprit est des moins attrayantes et des moins agréables ; je n’y puis voir qu’une des plaies et des laideurs de l’époque.
Les Ternaires, livre lyrique, sont un savant et ferme prélude, un de ces recueils qui, différents en cela de Marie, s’adressent aux artistes encore plus qu’au public, et qui font surtout le régal et l’étude de quelques-uns.
Je ne fais qu’indiquer dans cet ordre intime, et à des degrés différents, les Rayons, Tentation, Fragilité.
Mais là aussi se retrouvent la vérité, l’élévation, un genre de beauté ; seulement il s’agit presque d’un art différent.
Lemontey a cherché grande malice dans quelques mots d’elle sur l’abbé de Chaulieu, lorsqu’elle le va voir en sortant de la Bastille, et qu’elle le trouve si différent de ce qu’il était par le passé : « Il étoit déjà fort mal, dit-elle, de la maladie dont il mourut trois semaines après.
Wieland a très bien développé, dans son Pérégrinus Protée, les inconvénients de cet enthousiasme factice, si différent de l’inspiration du génie.
Car, quoiqu’il semble que votre juridiction ne s’étende pas plus loin que la comédie et que les théâtres, je ne pense pas que les savants s’en puissent affranchir, puisque leur profession, aussi bien que toutes les autres que nous voyons, n’est qu’une comédie, et que toute retendue du monde n’est qu’un vaste théâtre où chacun joue son différent rôle.
Et puis il est vraiment trop différent, celui qui comprend : son originalité est une dernière raison de le haïr ou plutôt de fermer les yeux, de refuser de l’apercevoir.
Je suis certain que, doué comme il l’était d’une force originale et d’un génie propre, même en débutant plus simplement et sans viser tant à se singulariser, il fût bientôt arrivé à se distinguer manifestement des poètes dont il repoussait le voisinage, et dont le caractère sentimental et mélancolique, solennel et grave, était si différent du sien.
Je suis en train d’énumérer les hommes différents qui se rencontrent chez M. de Rémusat et que lui-même a pris longtemps plaisir à assembler sans les mélanger : ce qui faisait dire de lui à M.
De plus, il y a fusion en nous des représentations et idées similaires, parfois même combinaison de représentations différentes.
Dans le temps que parut l’Astrate, ils étoient jeunes tous deux & rivaux, quoiqu’ils allassent à la gloire par des voies différentes.
Ils prêchoient tous les trois à différentes heures, un vendredi saint, & voulurent s’aller entendre alternativement.
Son principal objet est d’exposer et de faire connaître les différents systèmes philosophiques, de les interpréter avec toute l’exactitude désirable, d’en rechercher les origines, les conséquences, d’en découvrir les lois ; en un mot, il se propose, non pas de découvrir la vérité en soi, mais de chercher ce que les hommes, et les plus grands hommes, ont pensé de la vérité.
Prit un autre poison peu différent du sien.
On a donné bien des explications différentes à ces mots que l’auteur ne prit pas la peine d’éclaircir lui-même.
Bonaparte s’était mis à la tête de la révolution, mais seulement de la révolution, et non point à la tête des idées du siècle, ce qui est bien différent ; ou, en d’autres termes, à la tête de la révolution faite par les hommes, et non à la tête de la révolution faite par le progrès du temps.
M. de Chateaubriand et l’auteur des Puritains ont, chacun dans une carrière bien différente, ouvert un nouveau chemin.
La littérature italienne présente un spectacle tout différent, qui s’explique aussi, et qui sera la contre-épreuve de ma démonstration.
En suivant l’histoire des éloges, et cette branche de la littérature, depuis les Égyptiens et les Grecs jusqu’à nous, on a pu remarquer les changements que ce genre a éprouvés, les temps où il était le plus commun, l’usage ou l’abus qu’on en a fait, et les différentes formes que la politique, ou la morale, ou la bassesse, ou le génie lui ont données.
Cette différence ne tenait pas à une infériorité native, à l’inégalité de l’Italie devant la Grèce, mais surtout à l’âge de civilisation différent des deux peuples.
À la place de personnages supérieurs à l’humanité, il mit des êtres différents de l’humanité au héros, il substitua l’exception morale ; l’art classique s’élevait au-dessus de la vie réelle : il se tint à côté ; si bien que l’abstraction et le faux, loin d’être mis à la porte de la comédie, s’y maintinrent en changeant de nom. […] On sent que cet homme pose sans cesse en face du monde comme de lui-même ; qu’il se préoccupe avant toute chose d’être différent d’autrui, pour mieux paraître supérieur à tous. — Il trouvera le moyen d’envelopper une déclaration d’amour dans la sécheresse et la précision pédante d’une formule scientifique ; la description d’un paysage, émaillée de mots familiers au chimiste ou au psychologue, prendra sous sa plume le caractère d’une laborieuse marqueterie. […] Castille aboutissent au même résultat par un chemin différent : ils se noient dans un océan de rhétorique et de dissertations déclamatoires. — Une lutte semble s’établir, dès les premières pages du livre, entre la conviction que l’auteur a de sa puissance et l’avortement de ses facultés inventives ; et comme son orgueil veut avoir naturellement le dernier mot, quand l’homme d’imagination se trouve désarçonné, il appelle à son secours l’homme politique. — Le romancier se métamorphose en tribun, en pasteur des peuples, en dictateur. […] Mais, bien loin de là, comme intention, comme exécution et comme but, ce volume a une portée toute différente de celle attribuée généralement aux recueils lyriques qui sont jusqu’ici l’orgueil de la poésie moderne. […] Ces deux existences fraternelles qui, parties des mêmes confins de l’honnêteté et de la vertu, se déroulent parallèlement dans un milieu social différent, pour aboutir, à travers toutes les fatalités du vice, l’une aux zones sereines de la vie calme et honorée ; la seconde aux hypogées du bagne et à l’échafaud, — ces deux existences, dis-je, se prêtaient aux plus saisissants contrastes et contenaient de singuliers éléments d’émotion et d’intérêt.
combien différent de tant d’esprits de nos jours qui n’ont jamais fait autre chose dans leur vie qu’aller à la promenade soir et matin ! […] Je ne donnerai ici qu’un passage décisif en ce qu’il prouve que l’auteur, à ce moment, n’était point encore du tout revenu des idées généralement courantes sur le pacte ou contrat social : « Sans doute, messieurs, tous les hommes ont des devoirs à remplir ; mais que ces devoirs sont différents par leur importance et leur étendue ! […] c’est bien différent d’être dans un pays ou d’y aller. […] Qu’on lise, au livre II De Augmentis Scientiarum, le chapitre IV, dans lequel, distinguant les différentes espèces d’histoire civile, 1° l’ecclésiastique ou sacrée, 2° la civile proprement dite, 3° la littéraire, il s’attache à dessiner le cadre de celle-ci, comme entièrement absente. « Et pourtant, dit-il avec cet éclat ingénieux qui lui est propre, l’histoire du monde dénuée de cette partie essentielle, c’est la statue de Polyphème à qui on aurait arraché son œil. » Tout le plan qu’il trace dans cette page est admirable d’ordre et de soins, de conseils de détail, et n’a pas cessé d’être le programme de tout historien, de tout biographe littéraire digne de ce nom.
Tout s’explique et tout se lie dans cette science de nous-mêmes, où le maître nous prend à témoin de tout ce qu’il constate en nous ; science élémentaire, naïve, qui s’en tient à ce que nous pouvons vérifier ; si différente de cette métaphysique où l’imagination se substitue à la conscience et le rêve à la réalité, dans ces spéculations téméraires que les Latins appelaient du mot fort heureux de placita philosophorum, voulant dire par là les opinions et disant les fantaisies. […] Frappé des innombrables contradictions que trahissent non seulement ces professions de foi comparées les unes aux autres, mais les différents articles de chacune d’elles, sa première idée fut de les relever et d’en faire la matière d’un discours préliminaire en tête d’une nouvelle édition du traité de l’Exposition. […] C’est le même fond ; il n’y a de différent que la matière des débats et l’habit des combattants. […] L’influence de ces différentes sectes sur le génie national et sur la langue serait aisée à marquer.
On a retenu un certain nombre de pensées puissantes de ce mystérieux Saint-Just, dont le poème libertin et plat d’Organt, les discours froids et fielleux des Institutions républicaines d’où jaillissent des éclairs de génie et les éclats d’une grande âme, semblent appartenir à trois différents personnages. […] C’est aussi un philosophe, l’introducteur de Kant en France, l’émigré Charles de Villers, qui publie à Munster, en 1806, une Érotique comparée, soit De la manière essentiellement différente dont les poètes allemands et français traitent l’amour. […] De Maistre, dès les Considérations sur la France qu’il publie en 1796, à Neuchâtel, élève cette doctrine de la Providence visible à une ampleur, à une force, à une ingéniosité verveuse et presque virtuose qui frappèrent les imaginations, d’autant plus que Bonald, esprit par ailleurs si différent de celui de Joseph de Maistre, publiait la même année, à Constance, la Théorie du pouvoir, et que de Maistre était fondé à lui écrire plus tard : « Est-il possible que la nature se soit amusée à tendre deux cordes si parfaitement d’accord que votre esprit et le mien ? […] Cette organisation est exposée dans un certain nombre d’ouvrages qui se répètent sous des formes différentes, et dont le plus complet est la Théorie de l’unité universelle, déjà contenue dans un Traité de l’association domestique de 1822 : tableau minutieux nous dirions aujourd’hui chronométré ou taylorisé, d’une société ou plutôt de petites sociétés, de cellules ou phalanstères, où chacun travaillerait dans la joie, selon ses aptitudes et ses passions. […] D’autre part les libéraux et ce que Mme de Girardin appellera la jeunesse Touquet (du nom du libraire qui lançait les éditions populaires de Voltaire) restent attachés à la forme et aux idées de leurs maîtres du xviiie siècle, à l’esprit des idéologues ; 1830 mettra fin à ces contradictions de surface, fondra dans le métal de la Révolution à majuscule ces trois révolutions, si différentes par leurs origines et leur personnel, la Révolution française, la Révolution de Juillet, la Révolution du romantisme.
Mais Vert-Vert est quelque chose de si différent du Lutrin, qu’on ne rencontre rien à y comparer au xviie siècle. […] quelle variété de génie appliquée à combien d’espèces de comédies différentes depuis la grande comédie de caractère inaugurée par le Menteur de Corneille, jusqu’aux bouffonneries du théâtre de la Foire ! […] Mais ce sont ces combinaisons qui varient selon les différents degrés de culture, selon le progrès et la décadence des lois et des institutions. […] Nos observations sur cette matière pourront d’autant plus aisément se varier que nos auteurs comiques ont enfermé dans un petit nombre de types semblables, sous des intrigues analogues et quelquefois sous la même donnée, des mœurs fort différentes. […] Que les amours de l’un et de l’autre soient un peu différentes, faut-il en prendre souci ?
Celle qui fait le sujet des Revenants nous est décrite avec une puissance et une minutie singulières, et l’âme qui souffre ici porte les caractères d’une race sensiblement différente de la nôtre : de là le double intérêt du drame d’Ibsen. […] Mais que les personnages sont différents ! […] Quand les formes de la galanterie élégante seront encore plus différentes de ce qu’elles étaient en 1855, dans trente ans si vous voulez, et très sûrement, dans cent ans, l’œuvre ne « datera » plus : elle sera a ancienne », ce qui est tout autre chose. […] Le cas de l’Etrangère est différent. […] Elle dispose à l’idée du surnaturel en nous montrant un univers extérieur très différent de celui que nous découvrons pendant le jour.
On est autant de fois homme qu’on a pénétré l’esprit de nationalités différentes. […] Comment une même conception des choses court-elle et se modifie-t-elle à travers des génies différents ? […] Chacun sait combien les plus balles images sont de mauvais arguments philosophiques, puisqu’elles mêlent des domaines différents. […] Elles ont leur éclairage et très spécial, mais différent de celui qui nous est habituel. […] Le comte Tolstoï s’est rapproché de ces théories dans ses derniers ouvrages, mais il les a jointes à des idées chrétiennes de renoncement et de sacrifice fort différentes.
Il y a de beaux vers de deux genres très différents, également très chers à Hugo. […] Je me plais à donner un exemple de chacun de ces genres très différents, où Glatigny n’était pas si loin d’être un maître. […] Maintenant, ne nous emportons pas, et voyons les choses sous différents aspects. […] Ils sont aussi étrangers que s’ils étaient de planètes différentes. […] Les différents états d’âme par lesquels a dû passer un Français de moyen ordre né vers 1860 et qui a vu l’invasion, la Commune, la préparation de la revanche (hélas !)
Ces choses, mêlées ensemble en mille manières différentes et compensées l’une par l’autre en divers sujets, forment aussi les divers états et les différentes conditions. » Reconnaître ces « mille manières différentes » ; démêler l’artifice de ces « combinaisons infinies » ; faire un choix, non pas des plus universelles, ni même des plus générales, mais des plus permanentes, ce qui n’est peut-être pas tout à fait la même chose ; les placer et les représenter exactement dans le milieu qui leur convient : dans le train de la vie quotidienne, avec Molière, si c’est la prose de l’existence dont on veuille s’égayer ; dans la perspective du temps ou de la distance, au contraire, avec Racine, si c’est la poésie de la passion que l’on veuille dégager, telle a été la part d’invention de la littérature française classique du xviie siècle. […] En effet, d’une part, en les mettant en scène, on ne pouvait pas représenter sous des traits trop différents de ceux que tout le monde leur avait connus, des personnages historiques dont la mort était d’hier. […] Non, mon ami, tous les hommes aiment à s’approprier le bien d’autrui ; c’est un sentiment général, la manière seule de le faire en est différente… Les conquérants, par exemple, s’emparent des États de leurs voisins. […] Si c’en était le lieu, peut-être vaudrait-il bien la peine d’appuyer sur cette distinction ; car, dans la langue littéraire elle-même, et à plus forte raison dans l’usage quotidien, nous voyons que l’on confond, presque sans s’en apercevoir, deux sens très différents pourtant du mot de caractères. […] Analysez l’amour, autant que vous le puissiez ; séparez-le par quelque opération subtile en ses différents éléments : soudaineté de la passion, aveuglement du sujet, idéalisation de l’objet, impossibilité de le remplacer par un autre, le déshonneur bravé, la honte acceptée, le crime commis plutôt que de le perdre, quoi encore ?
Quoi de plus différent que ces deux Français qui écrivirent en même temps, Rabelais et Calvin ? […] Et ne pouvant se mettre hors de son siècle, il s’évertua à s’en montrer différent. Différent, par les sentiments, par les goûts : culte de l’énergie, parce qu’il la jugeait « pulmonique » ; amour de l’excessif, ne fut-ce que pour étonner sa médiocrité. […] Mais singulier toujours et différent dans sa prose comme dans ses habits, il gardait, la plume à la main, ses manchettes à la mousquetaire. […] Combien différente du profil mince qui sortait du faux-col de M.
., philosophique et sceptique de Montaigne et de Charron, en succède une qui offre des caractères bien différents et opposés. […] Sur quatre chefs différents, à propos de l’Avare, du Misanthrope, de Georges Dandin et du Bourgeois Gentilhomme, Jean-Jacques n’entend pas raillerie et ne l’épargne guère plus que n’avait fait Bossuet. […] Le génie dramatique, et celui de Molière en particulier, a cela de merveilleux que le procédé en est tout différent et plus complexe.
C’est payé bien plus cher que cela ne vaut. » En 1833, il est envoyé à Blaye où était enfermée la duchesse de Berry ; il s’y fait bien venir du général Bugeaud en traduisant au courant de la plume, en trois langues différentes, un petit ouvrage de lui, Aperçu sur l’art militaire. […] Au moment enfin de prendre la mer (29 août), énumérant encore une fois les incertitudes, les difficultés de tout genre qu’il ne se dissimulait pas, et sur le point précis où opérer le débarquementad, et sur la manière d’aborder Sébastopol et le côté par où mordre à « ce dur morceau », et son autre souci, presque aussi grave, du bon accord à maintenir entre des alliés d’habitudes et de génies si différents, le maréchal concluait ainsi et livrait le fond de son âme au sein de l’intimité : N’est-ce pas bien lourd tout cela, mon cher Franconnière, pour un pauvre homme qui lutte contre ses propres souffrances, qui les domine pour d’autres luttes plus importantes et plus nobles, qui heurte sa tête, sans l’amollir, contre des obstacles sans nombre que la prudence humaine ne peut ni prévoir ni empêcher ?
J’ai éprouvé de sa part, à des époques différentes, diverses sortes de procédés, et, à une certaine époque, les meilleurs, les plus cordiaux et les plus empressés. […] Sainte-Beuve, quand il faisait relever ces différents actes, songeait aussi dès ce moment-là à répondre à la question que son livre de Port-Royal lui a value maintes fois, s’il était parent du docteur Jacques de Sainte-Beuve.
J’oserai même ajouter qu’à l’autre extrême, et dans un groupe tout différent, madame de Warens n’est pa-plus sujette à ce noble mal que Béatrice. […] Ces grâces matinales rappellent le départ de Nausicaa pour le lavoir ; mais ici que l’objet est différent, et que déjà l’horizon se fait sombre !
Elle me plut beaucoup, et la vérité est que je ne lui plus guère, soit qu’elle n’eût pas d’inclination pour moi, soit que la défiance que sa mère et son beau-père lui avoient donnée dès Paris même, avec application, de mes inconstances et de mes différentes amours, la missent en garde contre moi. […] L’austérité de la fin sent bien cette vue si longue et si prochaine de la mort, qui fait paraître les choses de cette vie de cet œil si différent 120, dont on les voit en santé.
Il publia presque en même temps le petit roman des Proscrits, et, dans un genre fort différent, une Bibliographie entomologique ; il avait écrit des articles dans un journal d’opposition intitulé le Citoyen français, qui paraissait pendant la première année du Consulat. […] Les Tristes, écrits dans des quarts d’heure de vie errante, ne sont qu’un recueil de différentes petites pièces (prose ou vers), originales ou imitées de l’allemand, de l’anglais, et qui sentent le lecteur familier d’Ossian et d’Young, le mélancolique glaneur dans tous les champs de la tombe.
De la même façon qu’il a composé des caractères ; le domaine seul est différent, l’art et ses lois n’ont pas changé. […] La Fontaine a marqué le lieu, le nombre des chevaux, leur force, leur fatigue, les différentes sortes de voyageurs, et je ne sais combien d’autres choses encore : Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé.
Il habite tantôt Parme, tantôt Padoue, tantôt Venise, recherché, aimé, caressé par tous les hommes éminents de ces différentes villes. […] Ces deux hommes d’œuvres si différentes semblaient être du même cœur ; leur correspondance et leurs entretiens ont le charme de la confidence, de l’amitié, de la poésie douce et des lettres intimes.
La conversation de ces deux femmes si semblables par la figure, par le son de voix, par l’élégance des manières, par la délicatesse de tact, par le ton exquis de cour, et si différentes par la destinée, fut comme une rencontre après une longue séparation entre deux sœurs. […] Je n’ose prononcer, mais je crois que l’inspiration du lyrique est supérieure à la combinaison du machiniste qui fait jouer sur la scène ces marionnettes humaines qu’on appelle des personnages dramatiques ; seulement, quand ces personnages parlent comme les font parler les grands poètes dramatiques, le génie est égal et l’emploi est différent.
Je me sais d’autant meilleur gré d’y avoir travaillé que déjà mon exemple a eu la force d’inspirer à beaucoup d’autres l’envie d’apprendre et même d’écrire. » Trois philosophes de sectes différentes prennent part à l’entretien, développant chacun son système théologique. […] « Lorsque, depuis ta naissance, huit fois sept révolutions de soleil se seront accomplies, et que ces deux nombres, tous deux parfaits, mais chacun pour des raisons différentes, auront, par leur cours et leur rencontre naturelle, complété pour toi une somme fatale de jours, la république tout entière se tournera vers toi, et invoquera le nom de Scipion.
II J’ai beaucoup connu et familièrement fréquenté le cardinal-ministre, à Rome, à différentes époques, sous les auspices de la duchesse de Devonshire, son amie la plus intime, et j’oserai dire la mienne aussi ; elle m’en a légué une preuve touchante en me léguant une de ses munificences par son testament. […] Le conclave ainsi retardé paraît interminable ; on propose de présenter différents noms jusqu’ici sans espoir, ils sont repoussés.
Les différents morceaux ont été religieusement écoutés, puis acclamés par un public extrêmement nombreux. […] Sur les différents textes que Wagner a consacrés à Beethoven, on se reportera au Dictionnaire encyclopédique Wagner, Actes Sud, article « Beethoven ».
De ce principe que les choses ne sont qu’en tant que sensations, que rien n’existe si ce n’est des sensations, que la vie est une suite de sensations, de ce principe (évident, quelles que soient les métaphysiques, quelles que soient les théologies qu’on y joigne ou qu’on y insère) toute dialectique doit descendre ; l’homme, étant d’essence sensationnel, vivant de sensations, est nécessairement besogneux de sensations, et, besogneux de sensations, il veut les séries sensationnelles plus intenses ; or, une série sensationnelle sera plus intense si elle est plus homogène, c’est-à-dire si, parmi les sensations qui la composent, les sensations du même ordre logique admettent l’entremêlement d’un moins grand nombre de sensations d’un ordre logique différent. […] Les vers du Rheingold et ceux de la Walküre sont les plus littérairement beaux qu’ait écrits Wagner ; ils sont beaux jusqu’à se suffire, à être beaux en tant qu’œuvre littéraire et absolument ; combien différents verrons-nous les textes des dernières œuvres !
La langue poétique et la langue oratoire de la France se trouvaient précisément à ce confluent des différents ruisseaux des idiomes où le génie des langues, un moment indécis, s’arrête comme embarrassé de ses richesses, tente différentes voies, puis, prenant tout à coup son parti décisif, forme ce grand courant original de la langue nationale, qui entraîne tout en purifiant tout dans son cours.
Comme il a été obligé toute sa vie de dominer deux courants contraires, qu’il a été, sans être différent, catholique en France et protestant en Allemagne, il se trouvera, je le crains bien ! […] Mais pour sainte de Staël, c’est bien différent ; on voit l’instant où la canonisation va se trouver impossible.
Dom Rivet avait soixante-cinq ans, et, d’une santé naturellement délicate, il s’était usé dans ces occupations assidues de la bibliothèque et de la cellule, qui ne l’empêchaient pas de vaquer encore à bien d’autres soins et à la pratique des bonnes œuvres ; car « nous ne sommes point différents des autres hommes, disait-il, et nous avons nos occupations, comme eux les leurs ».
C’est ainsi qu’à distance les âges héroïques se rencontrent, et que les poésies, si inégales et si différentes qu’elles soient, se répondent par certains accents et par le cœur.
Fénelon n’a-t-il pas associé dans une même image deux roseaux d’espèce différente ?
Les collèges et les académies occupent donc le cercle entier de la vie humaine, où ils se touchent sans se confondre, parce que leur objet est différent.
Je suis déjà entièrement de votre avis sur ce que vous dites qu’il n’est pas possible que différents peuples se soient accordés dans les mêmes méthodes, les mêmes connaissances, les mêmes fables et les mêmes superstitions, si tout cela n’a pas été puisé chez une nation primitive qui a enseigné et égaré le reste de la terre.
Il a les mêmes traits, la même physionomie, les mêmes gestes ; seulement, la couleur de ses yeux est différente, et l’ensemble de ses traits est un peu plus délicat.
En 1833 il alla à La Chesnaye en Bretagne, où M. de Lamennaisw avait eu l’idée de fonder un établissement d’études religieuses pour servir le catholicisme ; mais l’esprit du maître commençait déjà à se diriger ailleurs, et il allait aspirer à faire des élèves tout différents.
Changez la lumière, faites que le rayon tombe où il faut, que l’ombre se retire et se dégrade, en un mot regardez Villars au soleil, le même homme va paraître tout différent.
Il suppose en principe que les facultés d’un homme, comme les organes d’une plante, dépendent les unes des autres ; qu’elles sont mesurées et produites par une loi unique ; qu’il y a en nous une faculté-maîtresse dont l’action uniforme se communique différemment à nos différents rouages, et imprime à notre machine un système nécessaire de mouvements prévus. — Une fois qu’on a saisi la faculté maîtresse, dit-il ailleurs en parlant de Shakespeare, on voit l’homme se développer comme une fleur.
Les deux champions, montés sur des coursiers de différentes couleurs, l’un en armure noire sur un cheval blanc, l’autre sur un cheval noir avec l’écharpe blanche, brisèrent l’un contre l’autre leurs lances du premier coup : Marolles, atteint en plein dans la cuirasse, résista ; Marivaut, frappé à l’œil dans la grille de la visière, tomba roide mort.
Il n’a pas ce tour qui est indépendant du fond, le secret de l’élégant badinage : il aime assez la joie, la jovialité, ce qui est tout différent.
Les différents pas qu’on fit dans la voie négative et de résistance pure et simple à l’anarchie sont très bien marqués dans le livre de M.
Les paroles sont prises d’Horace : Non sine Dis animosus infans (Enfant plein de courage, et non déshérité des Dieux). » Voilà le beau côté ; on sourit, on croit déjà reconnaître une allusion flatteuse ; l’amour-propre est prompt à deviner ce qui le chatouille et déjà disposé à s’épanouir ; mais toute médaille a son revers ; « Le revers est bien différent.
Delécluze dans son livre sur David, ouvrage singulièrement composé, dont une moitié est au point de vue de la biographie d’Étienne, et l’autre moitié au point de vue de la biographie régulière de David : ce sont deux moitiés de volume, collées ensemble et d’un ton tout différent.
Le principe d’inspiration est différent, si même il n’est contraire ; les chemins peuvent se rencontrer un moment, mais ils se coupent.
Je sais qu’il y a en tout ceci bien du jeu, que l’art est une chose fort différente de la nature, que ce qui s’appelle roman en particulier est fait pour plaire et amuser à tout prix, et le plus souvent moyennant illusion : je ne voudrais pourtant pas qu’on y mentît par trop, qu’on y donnât des idées par trop fausses et chimériques. et j’ai présent à l’esprit en ce moment la boutade d’un moraliste un peu misanthrope, qui écrivait pour lui seul après la lecture de quelqu’un de ces romans à la Sibylle ou à la Scudéry : « Quand je me reporte en idée aux débuts de l’espèce humaine sur cette terre, à cette longue vie sauvage dans les forêts, à ces siècles de misère et de dureté de l’âge de pierre qui précéda l’âge de bronze et l’âge même de fer ; quand je vois, avant l’arrivée même des Celtes, les habitants des Gaules, nos ancêtres les plus anciens, rabougris, affamés et anthropophages à leurs jours de fête le long des fleuves, dans le creux des rochers ou dans les rares clairières ; — puis, quand je me transporte à l’autre extrémité de la civilisation raffinée, dans le salon de l’hôtel de Rambouillet ou des précieuses spiritualistes de nos jours, chez Mme de Longneville ou chez Mme de…, où l’on parle comme si l’on était descendu de la race des anges, je me dis : L’humanité n’est qu’une parvenue qui rougit de ses origines et qui les renie.
Il n’y a jamais eu l’unité de peuple proprement dit, il y a quantité de peuples différents.
Est-ce à dire pourtant que Cervantes, en son livre, se soit montré l’égal des plus savants médecins dans le traitement de la monomanie, dans l’observation de ses différentes phases et périodes, de ses prodromes, accès et déclin, et qu’il mérite de prendre rang comme praticien à côté des Pinel, des Esquirol, des Blanche, avec ce mérite, en sus, de les avoir devancés de deux cents ans8 ?
J’ai, sans paraître téméraire, Juste la taille militaire ; Mais en largeur, c’est différent.
Luzel a déjà dû s’impatienter, s’il nous lit, et je suis sûr que, s’il était à portée de voix, il aurait demandé plus d’une fois la parole ; car, lui, il a la prétention d’être dans un cas tout différent : « Nous autres Bretons, dit-il dans sa préface, nous avons l’avantage précieux de posséder une langue à nous : je dis langue et je repousse vigoureusement le mot flétrissant de patois. » Loin de moi l’idée de le contredire et de porter atteinte à sa patriotique pensée !
N’est-ce pas un hors-d’œuvre que je suis venu offrir devant des générations ailleurs occupées, et dont la faculté d’admiration est engagée dans des voies toutes différentes ?
Sainte-Beuve, empruntés à différents Recueils, en dehors du cercle même de ses Lundis.
En d’autres temps, en des temps comme les nôtres, où les proportions du drame doivent être si différentes de ce qu’elles étaient alors, qu’aurait-il fait ?
Ces deux différents caractères s’aperçoivent à travers la couleur générale que la même langue, le même climat, les mêmes mœurs donnent aux ouvrages d’un même peuple.
Je ne puis rassembler ses traits qu’à la longue, parce qu’ils sont dispersés dans ses différentes actions.
Ronsard, s’il eût trouvé les trois pièces chez des modèles, n’eût pas cherché à approprier le thème à sa nature, en créant une quatrième œuvre, pareille et, différente : il eût successivement fait un Lac, une Tristesse, un Souvenir.
Désordre prémédité ; car vous trouverez, par exemple, pages 8 et 50, 20 et 36, 6 et 161, 73 et 80, 72 et 90, la même pensée sous des formes différentes : l’auteur, n’ayant le courage de sacrifier aucune de ses rédactions, a voulu sans doute dissimuler les redites en les séparant.
Et c’est pourquoi, le désaccord étant complet entre ce personnage et la besogne que Molière a dessein de lui faire accomplir, voici surgir, chemin faisant, un second Tartuffe, fort différent du premier.
Mais pour des comédiens français, la nature les fait en dormant : elle les forme de la même pâte que les perroquets, qui ne disent que ce qu’on leur apprend par cœur : au lieu qu’un Italien tire tout de son propre fonds, n’emprunte l’esprit de personne pour parler ; semblables à ces rossignols éloquents, qui varient leurs ramages suivant leurs différents caprices.
Quand la journée est pluvieuse, l’emploi des heures est différent, et la diète aussi diffère.
Les interruptions, les repos, les sections, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur… Et il continue sa critique, ayant en vue L’Esprit des lois de Montesquieu, ce livre excellent par le fond, mais tout morcelé, où l’illustre auteur, fatigué avant le terme, ne put inspirer tout son souffle et organiser en quelque sorte toute sa matière.
Mignet, qui a dû examiner toutes choses en historien et ne donner à l’émotion que de courts passages, a très bien exposé et démêlé les différentes phases de cette captivité de Marie Stuart et les ressorts qui furent en jeu aux divers moments : il a particulièrement éclairé d’un jour nouveau, et à l’aide des papiers espagnols provenant des Archives de Simancas, les préparatifs si lents de l’entreprise tentée par Philippe II, de cette croisade infructueuse et tardive qui ne se décida qu’après la mort de Marie Stuart, et qui aboutit au naufrage fastueux de l’invincible Armada.
Le xviiie siècle tout entier n’est pas un seul et même tourbillon ; il faut y distinguer bien des temps et des moments, et, dans chaque moment, distinguer encore les classes différentes de la société.
À ce monde nouveau, pour l’intéresser, il faudra une littérature différente, plus solide et plus ferme à quelques égards, moins modelée sur l’ancienne, et qui, aux mains des gens de talent, aura elle-même son originalité.
La seconde circonstance célèbre où il fut en scène eut un caractère tout différent.
Ce sont là des mots vagues, pouvant s’entendre de mille manières différentes, et qui ont surtout le tort de n’exprimer d’un homme que certaines manifestations extérieures extrêmement complexes, sous lesquelles se cache encore tout un mécanisme intérieur qu’on néglige de nous montrer.
Par une autre conséquence du même principe, le spectacle de la souffrance humaine, physique et morale, perçue d’ailleurs dans un milieu où l’homme pâtit plus qu’ailleurs, l’affligeait d’un choc plus violent que cela n’a lieu pour le commun de hommes ; car il ne pouvait réfléchir combien les malheureux sont détestables parfois, ni mesurer exactement le degré de leur infortune, qui prend une intensité entièrement différente, selon qu’on néglige ou qu’on compte le fait de l’accoutumance.
Chapitre I : De la méthode en général15 La civilisation, comme tout ce qui est humain, a dû passer successivement par deux états différents : elle a été d’abord instinctive et spontanée, puis réfléchie et raisonnée.
L’esprit humain forme comme un vaste firmament éclairé de toutes parts d’étoiles de différentes grandeurs.
Je vois avec allégresse la fin différente que nos destinées nous amènent : à toi le désespoir et les soucis du sceptre ; à moi, de triompher et de mourir. » « Il dit ; et, la tête en bas, lancé du haut de la montagne dans le cours mugissant du torrent, il plongea jusqu’à la nuit éternelle. » Voilà, sous la langueur de la prose, cette ode célèbre qui fit tressaillir l’imagination anglaise, et qui suffit, depuis un siècle, à la gloire nationale d’un poëte !
Qui sait si, dans un autre milieu, avec des habitudes d’esprit différentes, je n’aurais pas trouvé naturel ce qui confond aujourd’hui ma raison et ma conscience ? […] Il faut faire tout son possible pour les changer en qualités : ce qui est bien différent. […] Non différente, en cela, du charme, l’autorité réside tout entière dans la forme. […] Oui, si la province conserve un climat particulier qui fait à la vie de l’esprit des conditions un peu différentes et qui donne au mouvement intellectuel une certaine lenteur relative. […] L’écriture artiste et l’écriture simple, distinctes et différentes en théorie, se rejoignent ainsi et se confondent dans la perfection pratique de l’art.
Nous reconnûmes donc trois modes épiques sur lesquels purent se jouer toutes les diversités du génie humain ; une seule sérieuse, et deux riantes et malignes, que nous caractérisâmes par les définitions, et dont notre soin rechercha l’objet, la marche, et le but indiqué par le goût des siècles et des peuples différents. […] Tous ces exemples seront pourtant beaux et convenables aux mœurs des nations et des époques, où éclata leur gloire pareille en trois causes différentes. […] Le faux de cette observation saute aux yeux : il est évident que l’on a confondu dans la critique deux choses très différentes et même très opposées, que l’auteur a très bien su distinguer dans son poème. La cour de Rome n’est point l’église, et la politique ultramontaine n’est point la religion ; le pape, successeur des apôtres et chef de l’église, et le pape, souverain temporel, sont deux hommes tout différents. […] « Chaque passion parle un différent langage.
Le système tragique des Grecs est si différent du nôtre, que Racine lui-même, ce grand amateur de la simplicité antique, n’a pu traiter sans épisode les sujets empruntés du théâtre d’Athènes : par ce qu’a fait Racine, on peut en quelque sorte juger que ce qu’il n’a pas fat était impossible. […] Toutes ces comparaisons entre les grands hommes de différents pays et de différents siècles, toutes ces décisions hardies annoncent plus de présomption que de lumières, et sont plus nuisibles qu’utiles au progrès de l’art. […] N’ayant rien fait pour nous, il n’a rien mérité : D’un prix bien différent ce trône est acheté. […] La régence s’était écoulée entre ces deux comédies ; c’était assez pour donner aux deux ouvrages un caractère et un tour tout à fait différent. […] La manière affectueuse dont elle salue, en entrant sur la scène, ce même Dorante qu’elle ne connaît pas encore, annonce cette bonté, cette affabilité, si différente de la froide et sèche politesse du monde, qui souvent n’est qu’une insulte.
La figure du héros est complétée par celle de son domestique-serf Zakhare, une sorte de Scapin sauvage, qui est le produit hybride de deux époques différentes. […] Il y avait là deux enfants inscrits à l’état civil sous deux noms différents. […] — Voilà qui est différent ! […] Quatre fusils à aiguille furent dirigés vers lui de quatre points différents. […] … Si différents, nous arrivons cependant ensemble du travail nécessiteux et de la froide obscurité à ce doux banquet de lumière… Prends un cœur et fraternisons.
La moindre nouveauté n’en serait pas de le montrer aussi différent que possible de la nature de son éloquence, plus humble et plus doux qu’elle n’est impérieuse, plus conciliant qu’elle n’est agressive, plus naïf lui-même, disons-le franchement, qu’elle n’a de profondeur. […] Très différent en ceci des érudits du siècle précédent, Bayle n’a pas plus de respect qu’il ne faut pour les autorités qu’il allègue, et s’il accumule à plaisir les citations ou les « preuves », c’est en dernier résultat son sens propre qui décide entre elles. […] Insensiblement, la notion confuse, presque inconsciente encore, d’un état de choses différent, sinon meilleur, s’insinuait dans les esprits. […] Dans ce milieu déjà si différent de celui pour lequel avaient écrit Bossuet et Pascal, représentez-vous l’effet des idées de Bayle. […] Si j’ai tenu, d’ailleurs, à reproduire ces deux passages des Mémoires de Garat, c’est d’abord qu’en critique il est sans doute inutile de s’évertuer à redire — d’une manière différente, mais souvent moins heureuse — ce que d’autres ont dit avant nous, et bien dit.
Ici, sa pensée s’échappe librement de son esprit ; là, son âme et sa tête s’échauffent de concert : il est indigné, il est violent, mais à travers les différents mouvements qui l’agitent, toujours vrai, toujours lui. […] Il y montre une grande connaissance du cœur de l’homme, et des différents états de la société. […] L’histoire, l’expérience ne nous apprennent-elles point à distinguer différentes époques dans la vie des rois ? […] Sénèque était alors presque le seul auteur dont la lecture plût aux jeunes gens337 : non que je prétendisse les en détourner ; mais je ne pouvais souffrir qu’ils le préférassent à d’autres qui valent mieux que lui, et qu’il n’avait cessé de décrier338, persuadé qu’on ne pouvait approuver et leur manière et la sienne, qui en était si différente. […] Si je les publie, c’est peut-être un peu par vanité, bien que le seul motif que je m’avoue, ce soit d’opposer entre eux les différents jugements qu’on a portés de mon Essai, et de montrer combien il importe de ne pas s’en rapporter à d’autres, si l’on veut avoir son opinion.
Nous arrivons par là, en ce qui concerne les mouvements, à une première conclusion, très différente de celle de M. […] Hugo et A. de Musset ; de là vient que les règles de la métrique étaient pour lui toutes différentes. […] Ces théories ont leur origine, il faut le reconnaître, dans une observation historique ingénieuse : il s’agit de la façon différente dont on faisait autrefois et dont on fait aujourd’hui les mauvais vers. […] Toute matière animée paraît même sensible aux diverses intensités lumineuses des différentes régions du spectre. […] On voit par ce dialogue comment deux formes opposées d’un même sentiment, l’amour, finissent, en se développant parallèlement, par engendrer deux conceptions différentes du monde et de la vie humaine, l’une matérialiste, l’autre idéaliste.
Seulement cette illusion, les volontaires la découvrent selon des points de vue différents. […] Les autres accumulent les images qui soulignent les différents aspects du poème. […] Il suit un sentier négligé que bordent cent essences d’arbres différentes et des ronces hargneuses. […] S’il en est ainsi, je dois croire que Grymalkin a bien fait de me conduire chez vous… Mais, comme je ne sais pas encore quel bénéfice je retirerai de notre entrevue, je vous serais obligé de m’expliquer pourquoi vous suivez un genre de vie différent des principes que vous professez, à coup sûr, si vous êtes, en effet, lié d’amitié avec Jacques et Tranquille. […] Il sait si bien faire la bête à propos ; il présente, en une journée, aux Médiocrates ahuris, tant d’aspects différents… Ce sobriquet, sous lequel il est connu parmi nous, lui convient.
« Sa première entrée dans le monde fut heureuse en esprits distingués. » Il ajoute, et ceci se peut appliquer à la critique, lorsqu’elle est faite avec zèle, avec bonheur, « Né avec un esprit au-dessous du médiocre, mais un esprit capable de se limer, de se former, de se raffiner, d’emprunter d’autrui sans imitation et sans gêne, il profita infiniment d’avoir vécu toute sa vie avec les personnes du monde qui toutes en avaient le plus, et des plus différentes sortes, en hommes et en femmes de tout genre, de tout âge et a de tous personnages. » On voudrait écrire l’histoire même du feuilleton, né avec un esprit au-dessous du médiocre, empruntant d’autrui, et se formant et se raffinant avec les personnes du monde qui ont le plus de goût, de science et d’esprit, on n’écrirait pas une plus juste et plus véridique histoire. — Un peu plus loin, M. le duc de Saint-Simon, complétant le dénombrement des hommes considérables du siècle de Louis XIV, ajoute que rien ne manquait à ce beau siècle : « Pas même cette espèce d’hommes qui ne sont bons que pour le plaisir. » Il voulait parler des poètes et des artistes en tout genre ; il aurait eu honte de les confondre avec les hommes de robe, avec les hommes d’épée, avec les hommes d’État, et surtout avec les grands seigneurs, qu’il considérait comme l’ornement le plus précieux de la cour de Versailles ! […] Tout aussi bien que Molière, mais pour arriver à un but différent, Bossuet a expliqué d’une façon admirable le but, les moyens, les passions de la comédie. […] ce grand art d’arracher le rire ou les larmes, ce grand art d’intéresser et d’émouvoir tant de gens, venus de si loin et de côtés si opposés, tant de spectateurs, de fortunes si diverses, d’ambitions si différentes, si étrangers les uns aux autres, paysans, bourgeois, grands seigneurs. […] Grands moralistes tous les deux, Molière et Rousseau, ils ont vu tous les deux le cœur humain, sous un aspect bien différent. […] qu’il y avait, autrefois, deux sociétés bien différentes, Paris et Versailles, la ville et la cour ; ces deux sociétés étaient bien plus séparées l’une de l’autre, que si elles l’eussent été par des montagnes et par des villes, elles étaient séparées par les usages et par les mœurs.
Le Temple du goût] ; et d’Alembert en est un autre, qui s’étonne que Marivaux, « donnant, pour ainsi dire, toujours la même comédie sous différents titres, n’ait pas été plus malheureux sur la scène » [Cf. […] On y a mis, ils y ont mis non pas plus d’ordre, mais un autre ordre, inverse de l’ancien, très différent aussi de celui qu’on y avait mis au commencement du siècle, un ordre vraiment « encyclopédique », et non plus seulement logique, mais algébrique. […] Si ses contemporains n’ont rien tant admiré chez lui qu’une extraordinaire faculté d’assimilation, servie par une facilité d’exécution ou d’expression non moins extraordinaire, on constate qu’ils les ont d’autant plus admirées qu’ils les ont vues s’appliquer, tour à tour ou ensemble, à plus d’objets, plus différents, plus étrangers eu apparence à ses intérêts d’amour-propre et de vanité. […] Des moindres écrits de Montesquieu : Le Temple de Gnide, 1725 ; — le Voyage à Paphos, 1727 ; — le dialogue de Sylla et d’Eucrate, 1745 ; — Lysimaque, 1751-1754 ; — Arsace et Isménie, 1754 ; et l’Essai sur le goût, 1757. — Des qualités du style de Montesquieu ; — et qu’il est bien de la famille du style de Fontenelle ; — quoique d’ailleurs plus grave, plus plein, et plus dense ; — et, à cette occasion, de la préciosité de Montesquieu. — De l’art et de la capacité de former des idées générales ; — et qu’ils font encore un caractère éminent du style de Montesquieu ; — ainsi que le pouvoir d’exprimer en peu de mots non seulement beaucoup de choses, — mais beaucoup de choses différentes et conséquemment beaucoup de rapports. — Les dernières années de Montesquieu. — Il fréquente chez Mme de Tencin et chez Mme Geoffrin [Cf. […] 2º L’Écrivain. — Sa jeunesse libertine, — et ses allures volontiers cyniques. — Originalité de son humeur ; — et médiocrité de son talent. — Ses romans : Histoire de la baronne de Luz, 1741 ; — et les Confessions du comte de…, 1742 ; — et qu’ils sont de la famille de ceux du jeune Crébillon ; — c’est-à-dire aussi indécents, aussi ennuyeux, et sans doute aussi faux. — Son Histoire de Louis XI, 1745, est à peu près illisible aujourd’hui. — En revanche, ses Considérations sur les mœurs de ce siècle, 1750, — qui sont assez proprement écrites, — contiennent sur différents objets des remarques assez intéressantes ; — et utiles surtout à l’intelligence des mœurs de son temps [Voyez notamment le second chapitre, sur l’éducation et les préjugés ; — le cinquième, sur la réputation, la célébrité, la renommée et la considération ; — le septième, sur les gens à la mode ; — le onzième, sur les gens de lettres]. — Le succès de ce livre a d’ailleurs été considérable ; — nul homme de lettres à son heure n’ayant été plus à la mode que Duclos ; — et n’ayant su mieux gouverner sa fortune. — Il a su aussi très bien défendre son indépendance ; — et sa dignité ; — non seulement contre les gens en place ou les gens du monde, — mais surtout contre les gens de lettres ses confrères ; — et particulièrement contre les Encyclopédistes. — C’est ce qui donne à son personnage une signification que n’ont pas ses œuvres ; — et c’est pourquoi son nom mérite vraiment d’être retenu.
J’userais, si j’avais à en parler, d’une mesure un peu différente. […] Mais pour Montaigne, malgré ses taches légères et ses souillures, c’est bien différent : lui, il mérita de trouver sa fille d’alliance, une personne de mérite, une intelligence ferme, cette demoiselle de Gournay qui se voua à lui, fut sa digne héritière littéraire, son éditeur éclairé, mais qui elle-même, d’une trop forte complexion et d’une trop verte allure, finit par prendre du poil au menton en vieillissant et par devenir comme le gendarme rébarbatif et suranné de la vieille école et de toute la vieille littérature, — un grotesque, une antique.
Peu à peu et successivement les deux petits orchestres qui sont sur le théâtre entament, l’un une contredanse, et l’autre une valse, dont le rythme différent venant se superposer sur le rythme primitif du menuet, agace l’oreille et pique l’attention. […] Ils sont différents mais égaux ; Mozart est la mélodie pensive du Tyrol et de l’Allemagne, Rossini c’est la gaieté et l’ivresse de Naples ; nous portons nos climats en nous.
Est-ce que ces écrivains sans lettres ne vous représentent pas, dans leurs génies divers, dans leurs œuvres différentes, dans leurs manières distinctes, tous les genres, toutes les œuvres, toutes les manières de la littérature écrite ? […] Gell, explorer les fouilles ou les ruines du Palais d’or de Néron ; le soir on entendait au théâtre de Frosinone les légers opéras, préludes de Rossini, ce rossignol du siècle ; l’oreille encore ivre de cette musique, on achevait les soirées dans les salons lettrés de la duchesse de Devonshire, entre le cardinal Consalvi, son ami, et les politiques les plus consommés des différentes cours de l’Europe.
Il y avait dans les destinées si différentes de la duchesse Charlotte et de la comtesse Louise un contraste éloquent, une leçon douloureuse et amère qu’un poète, un moraliste, un peintre des passions humaines aurait dû mieux comprendre, et qu’il eût comprise sans nul doute, s’il n’avait pas été si directement intéressé dans cette aventure. […] Pour sauver cet ouvrage qui m’était cher et auquel je tenais beaucoup, j’en fis faire jusqu’à dix copies, et je veillai à ce que, déposées en différents lieux, elles ne pussent ni s’anéantir ni se perdre, mais reparaître, quand le moment serait venu.
C’est la même aventure, non avec des personnages différents, mais avec les mêmes personnages sous des noms divers. […] Leurs sujets, tous de mœurs et de caractères différents sont Désir, Çomfort, Bon-Conseil, Trahison, Désespoir, Détresse, Souci.
La plus forte vient avant la plus faible, et la même se reproduit plusieurs fois sous des mots différents. […] Il ne rend pas la morale plus pratique ; il l’accommode à la pratique de son siècle, ce qui est fort différent.
Mais ce que je tiens à faire saisir du lecteur, c’est à quel point ce projet de 1848 n’est vraiment rien que cela, rien qu’une mise en œuvre de traditions mythologiques ; car j’espère qu’ils sentiront alors très clairement combien différent est le second poème, celui que nous connaissons tous aujourd’hui, et qu’ils comprendront combien il y a de puérilité à ne voir dans ce dernier que des mythologies dramatisées, ou à faire de savantes recherches dans les Eddas et les Sagas sur « les origines de l’Anneau du Nibelung ». […] Schuré est fort différente de celle de Wagner, et c’est plutôt le « drame musical » de M.
— Nous n’avons pas le secret du destin ; mais nous pouvons affirmer qu’il se serait passé ce que la France aurait conseillé, et ce que la vieille constitution des cinq ou six Italies comporte, c’est-à-dire une fédération patriotique unanime de toutes ces Italies sous leurs différentes natures politiques et sous la médiation protectrice de la France. […] Après le dîner, on rentra dans le cabinet de conversation, où un cercle d’hommes éminents de Florence et d’étrangers des différentes capitales d’Italie se forma autour de la comtesse.
Ce code de la conscience de l’humanité est tellement inné qu’il a été rédigé partout et de tout temps, par tous les législateurs sacrés et profanes, avec des formes différentes de mœurs, mais avec la même uniformité de volonté d’être juste et saint. […] Le point de vue universel et infini du Créateur doit être tellement différent du point de vue étroit, fini et ténébreux, de la créature, que, par cela seul qu’une pensée métaphysique paraît vérité pour l’homme, elle peut paraître erreur, petitesse et chimère à Dieu.
Ce sont eux qui ont stérilisé les lettres, en empêchant, autant qu’il était en eux, ces unions conjugales entre les esprits de différents climats, qui auraient multiplié leurs fruits en se rencontrant pour s’unir. […] L’épître ici est égale à la tragédie, et les deux écrivains amis sont, dans des ordres de poésie différents, au même niveau de diction poétique.
II Quant à nous, en face de ces deux volumes de poésie d’Alfred de Musset, notre rôle de critique est bien différent du rôle d’Hafiz et de son ami en face du festin et des danseuses de Perse. […] Il continue et il s’interroge lui-même en vers ailés sur les différents sujets de chant qui s’offrent dans ce temps-ci à sa lyre ?
., avec des préoccupations différentes allaient au peuple et nous contaient ses misères, et la vie de ceux qui le dirigent ou espèrent le diriger. […] Louÿs ou différentes au contraire nous ont donné toute une série de volumes dont on louera probablement encore, après même que la mode aura tourné, l’écriture.
Il s’est déjà fait connaître par un précédent recueil, par des fragments en vers et en prose parus en différentes revues. […] Nous donnons à ce mot de poésie son sens le plus large, celui qu’il avait primitivement, alors que le départ n’était point encore fait entre les différentes fonctions de l’esprit humain.
La passion de Henri IV pour Gabrielle passa par différentes phases, et, au début, elle semble n’avoir rien eu que d’assez vulgaire.
« On peut quelquefois, dit Voltaire, entasser des métaphores les unes sur les autres ; mais alors il faut qu’elles soient bien distinguées, et que l’on voie toujours votre objet représenté sous des images différentes. » Et il cite un exemple de Massillon ; il aurait pu aussi bien citer celui qu’on va lire : Souvenez-vous d’où vous êtes tombé ; … remontez à la première origine de vos désordres, vous la trouverez dans les infidélités les plus légères : un sentiment de plaisir négligemment rejeté ; une occasion de péril trop fréquentée ; une liberté douteuse trop souvent prise ; des pratiques de piété omises : la source en est presque imperceptible ; le fleuve, qui en est sorti, a inondé toute la terre de votre cœur : ce fut d’abord ce petit nuage que vit Élie, et qui depuis a couvert tout le ciel de votre âme : ce fut cette pierre légère que Daniel vit descendre de la montagne, et qui, devenue ensuite une masse énorme, a renversé et brisé l’image de Dieu en vous : c’était un petit grain de sénevé, qui depuis a crû comme un grand arbre, et poussé tant de fruits de mort : ce fut un peu de levain, etc.
Il caractérise en termes vifs et précis toutes les suites de cette médisance, d’abord futile et légère, « ce rien qui va emprunter de la réalité en passant par différentes bouches ».
C’est ce qui a fait dire de lui à Montaigne, assez pareil de nature, et qui était si bien fait pour l’apprécier et le comprendre (il parle en cet endroit des historiens simples, qui ramassent tout ce qui vient à leur connaissance, et qui enregistrent à la bonne foi toutes choses sans choix et sans triage) : Tel est entre autres, pour exemple, le bon Froissart qui a marché, en son entreprise, d’une si franche naïveté qu’ayant fait une faute, il ne craint aucunement de la reconnoître et corriger en l’endroit où il en a été averti, et qui nous représente la diversité même des bruits qui couroient et les différents rapports qu’on lui faisoit : c’est la matière de l’histoire nue et informe ; chacun en peut faire son profit autant qu’il a d’entendement.
Et il cite à quelques pages de la lettre du général Bonaparte à Villetard, dans laquelle il est dit des bavards et des fous, à qui il n’en coûte rien de rêver la république universelle : « Je voudrais que ces messieurs vinssent faire une campagne d’hiver. » Traversant avec Bonpland les forêts de l’Amérique centrale et rencontrant dans une mission écartée un curé théologien qui se mit à les entretenir avec enthousiasme du libre arbitre, de la prédestination, et de ces questions abstruses chères à certains philosophes, Alexandre de Humboldt, en sa relation, ajoute : « Lorsqu’on a traversé les forêts dans la saison des pluies, on se sent peu de goût pour ce genre de spéculations. » Faire une campagne d’hiver, ou traverser les forêts vierges dans la saison des pluies, double recette pour se guérir ou de la fausse politique ou de la vaine métaphysique ; c’est la même pensée de bon sens rendue sous une image différente, et je me suis plu souvent à rapprocher les deux mots.
. — Il faut que les disputes des gens de lettres ressemblent à ces conversations animées, où, après des avis différents et soutenus de part et d’autre avec toute la vivacité qui en fait le charme, on se sépare en s’embrassant, et souvent plus amis que si l’on avait été froidement d’accord.
C’est ce qui a lieu pour le duc de Bourgogne, et l’on ne saurait, en traversant les dernières années de Louis XIV, rencontrer cette figure originale, singulière et assez difficile de l’élève de Fénelon, sans se demander : « Que serait-il arrivé de tout différent dans l’histoire, et quel tour auraient pris les choses de la France s’il avait vécu ?
Pour qu’il ne soit pas dit que je ne cherche chez lui que les leçons aux grands et aux puissants, dans ce même Sermon sur l’honneur, où il énumère et poursuit les différentes sortes de vanités, il n’oublie pas les hommes de lettres, les poètes, ceux aussi qui, à leur manière, se disputent le renom et l’empire : Ceux-là pensent être les plus raisonnables qui sont vains des dons de l’intelligence, les savants, les gens de littérature, les beaux esprits.
Savez-vous aussi les différentes leçons qu’ils apprennent en l’un et en l’autre parti ?
Feuillet de Conches, il ne faudrait pourtant pas se le représenter dès l’abord comme entièrement différent, par le ton, de ses camarades les élèves en peinture.
Elle y trouva d’abord des étoiles magnifiques, et puis un coffre nouveau dans lequel il y avait force rubans, et puis un autre coffre avec de fort belles cornettes, et enfin, après avoir trouvé sept ou huit coffres ou paniers différents, et tous plus jolis les uns que les autres, elle ouvrit le dernier qui était un coffre de pierreries fort joli, et dedans il y avait un bracelet de perles, et, dans un secret, au milieu du coffre, un coulant de diamants et une croix de diamants magnifique.
On remarquera même que dans ces discours qu’il prononce en différentes occasions, soit dans le conseil du prince comme en ce moment, soit dans les conseils des villes où il commande, soit pour exhorter ses soldats et compagnons, discours qu’il enregistre et recompose avec un soin évident, il nous rend au naturel quelques effets des historiens anciens, notamment de Tite-Live.
Villehardouin ne nous a transmis qu’une faible idée des discours qu’il prononçait devant les Vénitiens ou dans l’armée des croisés pour servir la cause commune et apaiser les différents.
— Henri IV, si différent en cela de Louis XIV, aurait eu besoin de temps en temps que quelqu’un le rappelât de l’espièglerie à la dignité.
La Fontaine, une si parfaite et si naïve image du poète, a trop d’esprit, de finesse, de goûts différents et d’oubli pour exprimer ce qu’ici je veux dire, et ce que Santeul nous personnifie plus au naturel : car ce n’est pas seulement la verve et l’inspiration que j’entends, c’est l’amour-propre, la jactance, l’emportement, l’infatuation de soi-même et de ses vers, c’est l’animal-poète dans toute sa belle humeur et dans toute sa gloire : ne le demandez pas à un autre que Santeul ; les curieux de son temps le savaient bien, et il est encore à montrer comme tel à ceux du nôtre.
Je défie tous les Scaramouches de mieux copier les personnages qui composèrent cette assemblée ; ce n’était plus Santeul, c’était une vingtaine de visages, d’airs et de tons, tous différents les uns des autres.
Ma conclusion, après tout, n’était pas tellement différente du jugement qu’avait porté, sur Ronsard, Fénelon dans sa Lettre à l’Académie française : Ronsard, y disait-il, avait trop entrepris tout à coup.
Ubicini, qui s’est fait connaître avec distinction dans les dernières années par des études et des travaux d’un ordre différent, avait de longue main fréquenté Voiture et noué une étroite connaissance avec lui ; il avait préparé les matériaux de l’édition qu’il vient de donner, et il l’a fait précéder d’une notice vive, spirituelle, dans laquelle il juge son auteur avec goût, sans l’exagérer et sans en être ébloui, et d’un ton tout à fait aisé.
Travail, art, nature, foyer intérieur, sentiment, éclat et flamme, c’est de tous ces éléments combinés et pressés, que se compose à des degrés différents et variés à l’infini ce charme que la muse seule possède, dont elle seule livre le secret au petit nombre, et qui fait que l’agrément du premier jour est aussi l’agrément qui ne périt pas.
Habile capitaine plutôt que grand général, sa mesure à cet égard est difficile à prendre, et j’aimerais assez à entendre là-dessus des gens du métier : à le traduire à la moderne, ce qui est toujours hasardeux, vu l’extrême différence des moyens en usage aux différents siècles, il me fait l’effet d’être ou d’avoir pu être, comme militaire, quelque chose entre Gouvion Saint-Cyr et Macdonald, et plus près du premier à cause des pensées.
Dans un spirituel chapitre écrit plus tard et qui a pour titre : « Ce que nous avons été et ce que nous sommes, ou l’an 1789 et 1824 », il se reporte à ses souvenirs d’alors ; il montre la ligne de démarcation précise qui sépare deux mondes, cette grande cordillière placée entre deux siècles, ainsi qu’il appelle la Révolution : « Elle sépare, dit-il, des hommes si différents d’eux-mêmes que ceux qui, comme moi, ont vécu dans les deux époques sont étonnés d’être les mêmes hommes. » Il ne se fâche pas, il ne s’insurge pas contre l’irréparable, comme de Maistre ; il ne monte pas sur la montagne pour prophétiser ; mais il la traverse en voyageur de bonne volonté par les cols et les passages qui sont devant lui, et il se plaît à en comparer ensuite les versants opposés et les pentes.
Quant à Mme Elliott, la maîtresse passée (quoique n’ayant que vingt-quatre ans et si belle), elle apparaît par éclairs, et représente le rappel aux devoirs du sang, la fidélité monarchique : « La politique de Mme de Buffon, nous dit-elle, était différente de la mienne. » Je le crois bien, la rivalité s’en mêlait ; mais il y avait pis auprès du duc d’Orléans que Mme de Buffon.
Cette affection pour la personne de Lamennais, survivant aux contradictions des systèmes et aux déchirements des croyances, s’est rencontrée chez d’autres encore ; il avait le don d’attacher ; et c’est ainsi qu’on a vu à son lit de mort les représentants des diverses époques de sa vie, étonnés de se trouver là ensemble, et réunis dans une commune douleur, dont les motifs ne laissaient pas d’être différents.
Le talent de La Bruyère aurait pu prendre plus d’une forme littéraire, différente même de celle qu’il a préférée.
L’air du palais en est tout différent.
Les Allemands, qui vont être amis particuliers de Mme de Staël, tels que Guillaume Schlegel, sont d’une autre génération déjà que Goethe et Schiller, et ceux-ci avaient une manière de penser antérieure et un peu différente.
Le roi et feu Monsieur aimaient beaucoup les œufs durs. » Fagon nous donne l’aperçu d’un souper du roi déjà vieux (1709), qui répond bien à un tel dîner ; il est vrai que cela avait toutes les peines du monde à passer : « La variété, dit-il, des différentes choses qu’il mêle le soir à son souper avec beaucoup de viandes et de potages, et entre autres les salades de concombres, celles de laitues, celles de petites herbes, toutes ensemble assaisonnées comme elles le sont de poivre, sel, et très fort vinaigre en quantité, et beaucoup de fromage par-dessus, font une fermentation dans son estomac, etc. » Si tel était un souper ou un dîner ordinaire de Louis XIV, il est curieux de voir quelles étaient ses diètes, quand on le mettait au régime ; par exemple (1708) : « Le roi, fatigué et abattu, fut contraint de manger gras le vendredi, et voulut bien qu’on ne lui servit à dîner que des croûtes, un potage aux pigeons, et trois poulets rôtis ; le soir, du bouillon pour y mettre du pain, et point de viandes… Le lendemain, il fut servi comme le jour précédent, les croûtes, un potage avec une volaille, et trois poulets rôtis, dont il mangea, comme le vendredi, quatre ailes, les blancs et une cuisse !
Renan ne se satisfait point à si peu de frais ; il comprend trop d’idées et de manières de voir différentes pour s’en tenir à une seule exclusivement ; le négatif surtout lui répugne, et il se résigne difficilement à nier une chose dans un sens, sans la reconnaître presque en même temps et l’admettre dans un autre sens, par un autre aspect.
Ces deux formes si inégales ont éprouvé chez nous des destinées bien différentes : la dernière, une des plus nobles formes de l’art, une des créations choisies de l’esprit humain, a fourni d’immortels chefs-d’œuvre et a mis pour jamais en lumière les noms les plus glorieux de notre littérature et de notre poésie ; l’autre forme, au contraire, n’a promu à la célébrité (au moins chez nous) aucun nom d’auteur et de poëte, et n’a laissé, quoi qu’on s’efforce de faire aujourd’hui pour être juste, que des œuvres sans élévation, sans action durable et féconde.
Il avait vendu tout cela avant sa mort à différentes personnes, parce qu’il a été mécontent de son fils qui a été obligé de se retirer en Espagne pour une impertinence faite chez Mme la duchesse de Berry… Le Père a toujours été mal depuis ce temps là et s’est défait de toutes ses curiosités.
Je suis loin de prétendre interdire aux artistes l’entrée et la conquête poétique de cet Orient, dans lequel, dit-on, l’état mental de l’humanité est un peu différent du nôtre.
Sérieusement, il me semble que les différentes positions qui sont à prendre dans la presse périodique et qui peuvent tenter des publicistes dignes de ce nom, commencent à être toutes occupées, et à l’être comme il convient, par des écrivains de réputation et de talent, lesquels, s’ils ne disent pas tout ce qu’ils voudraient, le font du moins très-bien entendre ; et il s’en faut d’assez peu que ce qui est réclamé par la plupart comme un droit ne devienne insensiblement et par usage un fait.
Ce n’était pas à dire, malgré tout, que l’état des esprits, même dans ce qu’on peut appeler la masse ou la majorité, ne fût devenu bien différent de ce qu’il était au XVIIIe siècle et pendant les premières années de la Restauration.
Lebrun peut se présenter avec confiance aux générations actuelles, si différentes qu’elles soient de celles pour lesquelles il avait écrit d’abord et chanté.
» vous qu’un sang généreux pousse aux nouvelles et incessantes conquêtes de l’art et du génie, et qu’impatiente, qu’ennuie à la fin cet éternel passé qu’on déclare inimitable, veuillez y songer un peu : les Anciens, si vantés qu’ils soient, ne doivent pas nous inspirer de jalousie ; trop de choses nous séparent ; la société moderne obéit à des conditions trop différentes ; nous sommes trop loin les uns des autres pour nous considérer comme des rivaux et des concurrents.
« Une personne qui l’avait entendu me disait, il y a vingt-cinq ans (je cite un des témoins que j’ai interrogés), qu’il avait un genre différent de M.
J’avoue ma perplexité : nous sommes ici avec la reine devant des portraits assez différents ; c’est bien la même personne, mais elle est vue par les uns bien en beau, et par les autres assez en laid.
Il les combat, il les réfute ; il évoque contre eux, de même qu’il le faisait contre les précédents adversaires, et sous une forme à peine différente, le péril de la ruine sociale, le spectre du néant, de l’athéisme, son incompatibilité profonde avec l’esprit humain, avec la société humaine, l’abîme de l’irresponsabilité morale où tomberaient les âmes… ; en un mot, la fin du monde civilisé, tel qu’il a été conçu jusqu’ici et qu’il a existé depuis la première cité et le premier autel.
Franck, le savant Israélite, professeur au Collège de France, parlait un jour de la tolérance et il en parlait avec feu ; un de ses auditeurs, qui était d’un avis différent, marqua sa désapprobation ; un autre auditeur, voisin du premier, et qui tenait pour la tolérance, indigné de la contradiction, donna un soufflet à l’interrupteur, et celui-ci se vit à l’instant honni et expulsé de la salle par un auditoire enthousiaste de la tolérance.
Après avoir sauvé de l’élément ennemi l’Étolie pauvre et guerrière, la grasse Thessalie et la lourde Béotie, il se trouve tout à coup étroitement étranglé au centre par la double victoire que remporte la mer au golfe de Corinthe et à l’Euripe ; mais il se dédommage bientôt en lançant d’un côté la pointe de l’Attique et en s’épanouissant de l’autre en différents rameaux dans la Morée ; quand il cède enfin, il proteste encore contre sa défaite en faisant jaillir cette couronne de belles îles qui relient la Grèce, comme autant d’arches de pont, à l’Asie Mineure et à l’Italie.
Que votre princesse sache bien qu’il ne tiendra qu’à elle de faire notre bonheur et la félicité de mon peuple. » Nous voyons se dessiner, dans toute cette familiarité à laquelle on nous initie, un Louis XV un peu inattendu, un peu différent de ce qu’on se figure, plus affectueux, plus père de famille qu’on ne suppose, un fort aimable beau-père, et tout à l’heure, un grand-père aux petits soins.
Cette identité place entre les hommes de ces deux pays un caractère commun qui les fera toujours se prendre l’un à l’autre et se reconnaître ; ils se croiront mutuellement chez eux quand ils voyageront l’un chez l’autre ; ils échangeront avec un plaisir réciproque la plénitude de leurs pensées et toute la discussion de leurs intérêts, tandis qu’une barrière insurmontable est élevée entre les peuples de différent langage qui ne peuvent prononcer un mot sans s’avertir qu’ils n’appartiennent pas à la même patrie ; entre qui toute transmission de pensée est un travail pénible, et non une jouissance ; qui ne parviennent jamais à s’entendre parfaitement, et pour qui le résultat de la conversation, après s’être fatigués de leurs efforts impuissants, est de se trouver mutuellement ridicules.
Dix ans se sont écoulés, et ces mêmes esprits développés, rapprochés, peuvent, quand on les lit, sembler unis en une large nuance commune, qui ne laisse guère subsister d’essentiellement différent que ce qui tient au talent propre, à la manière, à la finesse.
Mérimée s’étonne à la fois et de la patience prolongée de l’Italie et de l’aveuglement de Rome ; il en retrouve plusieurs causes dans l’organisation politique, bien différente des deux côtés.
Mais, pour lui, les causes du retard nous semblent différentes, et les jours du silence ont été tout autrement employés.
En accouplant deux hommes si éloignés par le temps où ils ont vécu, si différents par le genre et la nature de leurs œuvres, nous ne nous soucions pas de tirer quelques étincelles plus ou moins vives, de faire jouer à l’œil quelques reflets de surface plus ou moins capricieux.
Trop souvent, je le sais, la poésie dans sa forme directe, et à l’état de vers, trouve peu d’accès et a peu de chances favorables auprès d’hommes mûrs, occupés d’affaires et partis de points de vue différents.
»71 Nous n’avons pas voulu morceler ce récit, bien qu’il portât en grande partie sur l’observation directe, pour donner un exemple concret de l’étroite façon dont s’engrènent et se complètent — avons-nous dit — les différents modes d’investigation médicale.
On nous plaindra alors, nous, les hommes de l’âge d’analyse, réduits à ne voir qu’un coin des choses ; mais on nous honorera d’avoir préféré l’humanité à nous-mêmes, de nous être privés de la douceur des résultats généraux, afin de mettre l’avenir en état de les tirer avec certitude, bien différents de ces égoïstes penseurs des premiers âges, qui cherchaient à improviser pour eux un système des choses plutôt qu’à recueillir pour l’avenir les éléments de la solution.
Tout comme le concept d’espace se résout en expériences tout à fait différentes de ce concept ; de même il est probable que le sentiment d’affection ou de respect est composé d’éléments, fort distincts chacun, du tout qu’ils composent.
Le siècle est envisagé dans son ensemble, et dans ses différentes vicissitudes d’esprit et de mœurs, d’une façon qu’on ne supposerait point possible à cette date, de la part de quelqu’un qui le voit d’aussi près et, pour ainsi dire, à bout portant.
À propos du papyrus, par exemple, cette plante qui croît en Égypte, il nous parle au long de la fabrication du papier, des différentes qualités qu’il offrait pour la finesse, ou la solidité, de celui qui, plus mince, s’employait dans la correspondance épistolaire, de celui qui servait pour les ouvrages, du papier Auguste, du papier Livie, du papier Claude (sous l’Empire3 n’avions-nous pas le papier Grand-Aigle ?)
Il s’est vu durant la Révolution de tels observateurs sagaces et capables, mais qui l’étaient dans des conditions et dans des inspirations toutes différentes.
Quant à Boileau, il comparait tout simplement Patru à Quintilius, ce qui est un peu différent.
Tous les détails de magnificence galante et de cérémonial, si chers aux dames, ne sont pas oubliés : J’allais, dit Marguerite, en une litière faite à piliers doublés de velours incarnadin d’Espagne, en broderie d’or et de soie nuée, à devise ; celle litière toute vitrée, et les vitres toutes faites à devises, y ayant, ou à la doublure ou aux vitres, quarante devises toutes différentes, avec les mots en espagnol et italien, sur le soleil et ses effets.
Il s’agissait, autant qu’on l’entrevoit, de s’obliger d’approvisionner d’esclaves noirs, pour dix ans, différentes provinces de l’Amérique.
Il était de ceux qui, à cette date, pouvaient se dire des plus éclairés dans le sens moderne ; il avait causé à Dantzig avec l’illustre astronome Hévélius et avait recueilli de sa bouche les notions les plus exactes de l’univers physique ; il avait acquis, chemin faisant, sur les différentes familles de langues et sur leur génération relative, des idées très justes aussi et qui n’étaient pas communes en ce temps.
Lorsque nous lançons sur l’Océan notre petite flottille dont les embarcations sont frétées pour différents ports, nous espérons pour chacune un heureux voyage ; mais les vents contraires, les bancs cachés, les tempêtes et les ennemis entrent pour une part dans la disposition des événements ; et, quoiqu’il en résulte un mélange de désappointement et du mécompte, toutefois, considérant le risque pour lequel nous ne pouvons avoir aucune assurance, nous devrions nous estimer heureux si quelques-unes retournent à bon port.
La bagatelle, la science, Les chimères, le rien, tout est bon ; je soutiens Qu’il faut de tout aux entretiens : C’est un parterre où Flore épand ses biens ; Sur différentes fleurs l’abeille s’y repose, Et fait du miel de toute chose.
Mais nous croyons en même temps qu’il y a bien des places dans la maison du Seigneur ; qu’un certain classique n’est pas tout le classique ; que le parfait a toujours quelque imperfection qui permet de concevoir un autre genre de parfait ; que, par exemple, le classique du xviie siècle n’est qu’une forme de classique qui n’est pas sans défaut ; qu’on pourrait soutenir très-fortement que le classique grec lui est supérieur, et peut-être aussi que le classique anglais ou allemand (si l’on peut employer une telle expression) lui est égal ; que, pour comparer en toute justice ces différents genres de chefs-d’œuvre, il faudrait lire Goethe et Shakespeare avec la même préparation que nous lisons Racine ou Corneille : il faudrait se faire Anglais ou Allemand, tandis qu’il nous est si facile d’être Français.
C’est proprement, de par la nature différente des esprits, la chose impossible.
L’amour de la spécialité, cette furie de la médiocrité d’un temps qui remplacera incessamment le talent par le métier, l’amour de la spécialité ne nous a pas à ce point brouillé la cervelle que nous ne puissions très bien admettre des livres où l’imagination étend sa couleur inspirée sur les notions exactes de la science et rêve parfois à côté… Entre les savants purs et les poètes ou les écrivains de sentiment et de fantaisie, il y a des écrivains intermédiaires, ayant les deux dons à la fois, dans des degrés différents, qui savent composer des livres moins austères que la science, mais non pas cependant frivoles parce que l’imagination y ajoute son charme.
L’art moderne, en effet, tel qu’il se dégage des efforts et des réalisations d’une élite de peintres, aussi différents que reliés entre eux par une perception confuse des nouvelles nécessités de la peinture, est un art de réalité criante et crue, sans autre doctrine que celles de l’individu qui le pratique et sans autre intention que lui-même.
Elle en a le droit d’autant plus incontestablement que, en raison de ce qui vient d’être exposé, ce vote est moralement nul, puisqu’il concerne un monument fictif, tout différent de celui qu’érigent les sectaires du prétendu « Vœu national ».
Enfin, en matière d’idées, le Français est naturellement discipliné, fort différent des Allemands qui réfléchissent chacun à sa façon et chacun dans son coin, très-docile aux opinions courantes, très-paresseux contre les opinions nouvelles, très-grognon quand on dérange ses habitudes, et qu’au lieu de réciter il est contraint de penser.
Dans l’immense variété des esprits et des goûts, au milieu de cette multitude de revues et de journaux où écrivent, sous tant d’inspirations différentes et quelquefois opposées, des hommes d’un rare talent pour la plupart, l’œuvre serait trop au-dessus de mes forces. […] Laissant donc les critiques de côté et me bornant à retracer les caractères les plus généraux de la critique actuelle, je crois qu’on peut la diviser en trois branches principales : la première, qui se rattache, mais sans superstition, à la méthode classique et remonte aux principes et à la philosophie de l’art sur les traces des grands critiques anciens, Aristote, Horace, Cicéron, Quintilien, s’aidant aussi de ceux de nos grands écrivains modernes qui ont bien voulu nous révéler quelques-uns de leurs secrets, Corneille dans l’examen de ses propres pièces, Racine dans ses trop courtes préfaces, Voltaire en cent lieux de ses ouvrages ; la seconde, que l’on pourrait appeler, sans vouloir la rabaisser et lui faire tort, la critique de fantaisie, l’examen des œuvres littéraires ne lui servant que d’occasion ou de prétexte pour développer ses propres idées et se livrer à des excursions sérieuses ou légères ; la troisième, biographique et psychologique avant tout, cherchant moins le livre dans l’auteur que l’auteur dans le livre, classant les différents esprits dans les différents siècles par genres et par espèces comme on classe des plantes dans un herbier, acceptant tout, le laid et le beau, le raisonnable et l’insensé, à titre de produits de l’esprit humain, pourvu que la sève ait monté et qu’un rejeton vigoureux soit sorti du tronc commun. […] Chez Georges Sand c’est différent : il semble qu’elle n’ait jamais rien demandé qu’à elle-même et à son histoire. […] Dans une gamme différente, mentionnons les Pages intimes, d’Eugène Manuel, ouvrage couronné par l’Académie ; les poésies de Stéphane du Halga, qui chante la nature bretonne avec le sentiment de Brizeux et l’allure d’Alfred de Musset ; les idylles de Thalès Bernard ; les tableaux rustiques de Max Buchon, une sorte de Courbet de la poésie, très réaliste, mais aussi très vrai, ce qui n’est pas la même chose ; le Donaniel de Grandet, qui semble avoir été à l’école de Mardoche, de Hassan et de Rafaël, gentilhomme français ; les poésies gracieuses et spirituelles d’Alphonse Daudet, de Bataille, d’Amédée Rolland et de tant d’autres… La liste se prolongerait indéfiniment. […] Lebrun ajoute que le public de 1825 n’était guère différent de celui de 1820, n’a-t-il pas oublié ce groupe de jeunes gens qui se connaissent déjà par leurs noms, se cherchent, se rencontrent au parterre, spectateurs aujourd’hui, impatients d’être écoutés à leur tour et à qui le théâtre appartiendra demain ?
Qui oserait dire qu’elle n’aurait pu tout aussi bien se diriger dès lors dans cet autre sens sous une impulsion différente ? […] Il vivait d’ordinaire à Lyon, il s’y maria ; il fut reçu membre de l’Académie lyonnaise et y donna des lectures sur différentes questions d’une littérature élevée : l’influence de la Révolution sur l’éloquence française, un mémoire sur la Littérature allemande, dont Klopstock, à son point de vue, était le centre ; un Éloge de l’avocat général Servan, Les manuscrits de ces divers ouvrages ne se sont malheureusement point retrouvés, et l’on n’en a que des analyses dans les procès-verbaux de l’Académie. […] Dans la partie de ses Mémoires qui a pour titre Campagne de France, à la dernière page, après avoir parlé des différents essaims d’émigrés qui traversèrent successivement l’Allemagne et qui s’y firent estimer par leur résignation, leur patience, leurs industrieux efforts pour gagner leur vie en travaillant : « Ils ont su, ajoute-t-il, se rendre assez intéressants pour faire oublier les défauts de la plupart de leurs frères et pour changer l’antipathie en une faveur décidée.
Tous ces dons sont communs aux orateurs ; on les retrouve avec des proportions et des degrés différents chez des hommes comme Cicéron et Tite-Live, comme Bourdaloue et Bossuet, comme Fox et Burke. […] Avec un talent différent, Macaulay a la même puissance : avocat incomparable, il plaide un nombre infini de causes ; et il possède chacune de ces causes aussi pleinement que son client. […] Le poëte ressuscite des âmes, le philosophe ordonne un système, l’orateur reforme des chaînes de raisons ; mais tous trois vont au même but par des voies différentes, et l’orateur comme ses rivaux, et par d’autres moyens que ses rivaux, reproduit dans son œuvre l’unité et la complexité de la vie.
Il semble que la nature avait donné à chaque homme sa destination ; chacun avait un but à atteindre ; ils devaient y marcher tous ensemble, se secourant, s’animant, se guidant les uns les autres : mais, faute d’un soleil qui les éclaire, ils prennent chacun une route différente de celle que la nature leur avait donnée ; ils se heurtent, se combattent, s’égorgent ; et les plus heureux, marchant sur le corps de leurs frères, arrivent à la fin de leur vie sans avoir vu autre chose qu’une horrible et ridicule mêlée dans d’épaisses ténèbres. […] Dans le premier cas, il y a société ; dans l’autre, une simple agglomération d’hommes, et une crise de douleur semblable à ces crises de notre corps où les principes de deux âges différents luttent confusément dans tout l’organisme et mettent l’existence en danger. Alors gisent séparés les différents membres de la connaissance humaine, la politique d’un côté, l’art d’un autre, la science d’un autre, et d’un autre encore l’industrie, qui n’est qu’une application de la science à la nature extérieure.
Nous parlons d’une intime transfusion, grâce à laquelle les forces que la nature a dirigées vers des opérations différentes seraient employées à une même fin. » Ces rêves, ces imaginations nous paraissent aujourd’hui monstrueuses, peut-être parce qu’elles sont monstrueuses en effet, surtout parce que les sciences naturelles ont depuis continué à marcher, et parce que de toutes parts nous avons reçu de la réalité de rudes avertissements ; nul aujourd’hui, de tous les historiens modernes, et de tous les savants, ne les endosserait ; et non seulement il n’est personne aujourd’hui qui ne les renie, mais il n’est personne au fond qui n’en veuille à l’ancien d’avoir aussi honteusement montré sa pensée de derrière la tête ; nous au contraire, qui n’avons aucun honneur professionnel engagé dans ce débat, remercions Renan d’avoir, à la fin de sa pleine carrière, à l’âge où l’homme fait son compte et sa caisse et le bilan de sa vie et la liquidation de sa pensée, achevé de nous éclairer sur les lointains arrière-plans de ses rêves ; par lui, en lui nous pouvons saisir enfin toute l’orientation de la pensée moderne, son désir secret, son rêve occulte. […] Les différents feuillets se pénètrent réciproquement, et l’on rapporte à une page des lettres qui viennent de dix pages plus loin. […] “C’est bien à peu près ainsi que parlent les prêtres ; mais les mots sont différents.”
À différentes reprises, j’ai essayé, à moi toute seule, de lire la Divine Comédie, je n’ai jamais pu aller jusqu’au bout. […] Cela n’est pas si différent qu’il semblerait. […] Comment se décider à chercher quatre ou cinq sens différents à un seul vers ? […] Si vous voulez bien tenir compte aussi de l’opinion de Rossetti, qui attribue le choix que fait Dante de Virgile à l’importance qu’avait au point de vue personnel de l’auteur du de Monarchia le chantre de l’empire romain, et si vous considérez que Dante fait parler et penser ce grand Latin en Italien du xiiie siècle, qu’il lui prête ses propres pensées avec la connaissance des choses de son temps, vous ne mettrez plus guère en doute ce qui vous a tant surpris d’abord, ce que Fauriel appelle la négation audacieuse de Virgile, c’est-à-dire cette transformation dantesque que subit, dans la Comédie, le Virgile déjà transformé à trois reprises différentes par les érudits, par l’Église, et par le peuple du moyen âge. […] La liberté que le poëte retrouve sous les traits de Caton, en quittant les fatalités de l’abîme ; les vertus primitives dont la sainte lumière illumine le sentier au sortir des ténèbres sataniques ; l’humble jonc baigné de la rosée du matin qui rafraîchit les tempes du voyageur fatigué et qui en enlève toute trace de la fumée infernale ; la barque légère qui glisse sur les ondes, conduite par un céleste nocher, et qui retentit du chaut de délivrance In exitu Israël ; les différents degrés de la purification par le repentir, par le détachement des convoitises d’ici-bas, par la contemplation et le désir de la sagesse divine ; ces eaux salutaires où, en perdant la mémoire des maux passés, on se retrempe pour une vie nouvelle, tout cela n’est que figure, allégorie, images tour à tour bibliques, chrétiennes, pythagoriciennes ou platoniciennes, du progrès de l’homme vers Dieu.
En d’autres termes, la même phase de la vie des Ekdal est figurée tour à tour par deux moments différents de la vie du canard. […] Cela prouve simplement qu’il y a diverses sortes de « libertins » et d’esprits forts, comme il y a différentes qualités de chrétiens. […] Brunetière, mais pour des raisons si différentes ! […] Ils me paraîtront faux de deux façons différentes et successives, voilà tout. […] réplique Vanina, Leurs mots sont différents des mots habituels.
Ce petit corps ne resta point confiné dans son comté, il eut pendant deux ans et demi des campements très différents, au camp de Winchester, aux côtes de Douvres, aux plaines de Salisbury.
Qui ne se rappelle en ce moment cette autre entreprise conduite par un jeune général partout victorieux, cette flotte française, si française toujours, mais si différente dans l’inspiration et le but, portant avec elle la science, l’Institut d’Égypte, les instructions d’un Volney, la tête méditative de Monge, le génie de Bonaparte ?
Il n’hésite pas à en définir les limites : On ne voit guère d’hommes passionnés pour le bel esprit, dit-il, s’acquitter bien d’une profession différente… Il n’y a point de profession qui n’exige un homme tout entier… Un homme d’imagination regarderait comme une injustice d’être récusé sur quelque matière que ce pût être.
Après sa mort, une lettre du supérieur de la maison professe, le père Martineauk ; un éloge mis en tête de ses Sermons par le religieux qui en fut l’éditeur, le père Bretonneau ; une lettre de M. de Lamoignon, son ami de tous les temps ; un autre hommage plus développé mais du même genre, par une personne de condition, Mme de Pringy, c’est tout ce qu’on a sur Bourdaloue ; et, je le dirai, quand on l’a lu lui-même et considéré quelque temps dans l’esprit qui convient, on ne cherche point sur son compte d’autres particularités, on n’en désire pas : on entre avec lui dans le sens de cette conduite égale, uniforme, qui est le caractère de la prudence chrétienne et le plus beau support de cette saine éloquence ; et l’on répète avec une des personnes qui l’ont le mieux connu : « Ce qui m’a le plus touché dans sa conduite, c’est l’uniformité de ses œuvres. » On ne sait rien ou à peu près rien non plus de la vie de La Bruyère ; mais, à l’égard de ce dernier, le sentiment qu’on apporte est, ce me semble, tout différent.
Il y a dans ces pages une sorte d’essai sur l’amitié humaine considérée dans les amitiés prétendues solides, et dans les amitiés sensibles et prétendues innocentes, qui nous présente un Bourdaloue plus familier et tel qu’il pouvait être dans la direction particulière des âmes : on trouve dans ce qu’il dit de la dernière espèce d’amitié entre les personnes de différent sexe bien de l’observation et même de la délicatesse ; j’y renvoie ceux de mes lecteurs qu’un essai de Nicole n’ennuie pas.
En reconnaissant des défauts de goût et peut-être de caractère chez Alexandre Duval, il faut pourtant honorer en lui le producteur courageux et fécond qui, au milieu des hasards de sa veine, a trouvé des inspirations heureuses dans des genres différents (Maison à vendre, Édouard en Écosse, Le Tyran domestique, La Fille d’honneur).
Appliquant cette idée aux dernières époques historiques, il montre que le xvie siècle, par exemple, fut un siècle de troubles et de divisions, d’abaissement de l’autorité royale et de rébellions à main armée, tellement que ces guerres et rivalités de princes et de grands seigneurs sous forme de religion étaient devenues le régime presque habituel : Comme il y avait beaucoup de chemins différents pour la fortune, et des moyens de se faire valoir, l’esprit et la hardiesse personnelle furent d’un grand usage, et il fut permis d’avoir le cœur haut et de le sentir.
: Pendant la nuit, le tonnerre se fil entendre de trois côtés différents, et les lames couvraient quelquefois le vaisseau dans toute sa longueur.
Et puis, ne l’oublions pas, nous qui datons d’un autre âge, nous avons pu être élevés dans un esprit un peu différent, sans que cet esprit (qui nous a réussi, je le veux bien croire) doive être constamment appliqué dans sa forme première et doive faire loi.
Il cherchait de lui-même à se rendre utile ; il composait des mémoires sur les différentes matières qui étaient alors en litige, notamment sur les démêlés parlementaires si vivement excités dans l’affaire ecclésiastique de la Constitution ; lorsqu’il s’élevait une difficulté nouvelle, il arrivait quelquefois que le roi disait : « N’y a-t-il pas là-dessus un mémoire de M. d’Argenson ?
[1re éd.] et que l’impression qu’on en doit recevoir est d’un genre tout différent.
Quand je dis critique, entendons-nous bien : il y a différentes manières de l’être, et Béranger, d’une certaine manière, l’était peu ou ne l’était pas du tout.
Voilà le second ministre (l’autre était M. de Seignelai) que vous voyez mourir depuis que vous êtes à Rome ; rien n’est plus différent que leur mort, mais rien n’est plus égal que leur fortune et leurs attachements, et les cent mille millions déchaînés qui les attachaient tous deux à la terre. » Elle ne croyait donc pas, quand elle écrivait ceci et qu’elle le montrait si ancré et comme rivé au sommet de la fortune, que cette mort soudaine n’eût fait que le sauver d’une disgrâce.
On a recherché quel pouvait être près de lui, aux différents moments, celui qui tenait la plume et qui avait l’honneur d’être le secrétaire.
Une idée domine les différentes publications dont j’ai à parler : cette idée, c’est que la copie fidèle de la nature, sa reproduction exacte, sincère, convaincue, faite avec suite et menée à fin avec une entière bonne foi, fût-elle accompagnée de fautes, d’incorrections et de gaucheries, même visibles, a son prix inestimable, son attrait, je ne sais quel charme auprès des esprits et des cœurs droits et simples.
Né à Versailles, dont il est resté le poète chéri, où il a vécu tant d’années et où il est mort69, fils d’un père savoisien et patriarcal, de qui il a prétendu tenir toute sa poétique, bien différente, dit-il, de celle des Marmontel et des La Harpe, et d’une mère, bonne femme humble et antique ; d’abord secrétaire de maréchaux et de généraux, il fit la guerre et la vit de près, sans en tirer grand profit pour son observation de poète : « Ducis a fait la guerre de Sept-Ans avec nous, dit le prince de Ligne.
Terminant cette revue d’orateurs contemporains, dans laquelle on a pris assez de plaisir à l’accompagner : « Mais c’est assez parler, dit-il, des différents prédicateurs qu’on suivait le plus à Paris dans le temps que je commençai à tenir ma place parmi eux.
c’est différent ; le goût se révolte ou se rebute : on se rejette ailleurs, on est rassasié.
Il hanta la taverne ; il étudia sur place et chez eux les voleurs, si différents de ceux de France, les filous (pick pockets) à figures si aiguës, si tranchées, les boxeurs au type animal et féroce : l’un d’eux, le fameux boxeur Smith, flatté de tant d’attention, lui offrit son amitié.
Quand on y regarde de près et en prose, Denain, avec les circonstances qui l’accompagnèrent, nous apparaît dans un éclair moins rapide et sous un jour un peu différent.
Vous entendez bien, sans vous en dire davantage, ce que cela signifie. » On n’oserait affirmer que, sans Louis XIV et ses procédés écrasants, Victor-Amédée, né comme il était, eût eu une conduite toute différente, moins retorse et moins subtile ; il suivait la politique obligée de sa position géographique et de sa maison.
Je note dans Émile quantités de pensées délicates et pures sur les femmes : « La femme qui vous aime n’est qu’une femme ; celle que nous aimons est un être céleste dont tous les défauts se cachent sous le prisme à travers lequel il vous apparaît. » Ou encore : « Une femme dont on est aimé est une vanité ; une femme que l’on aime est une religion : vous serez tout pour moi, existence, vanité, religion, bonheur, tout. » « Les femmes, qui sont si habiles en dissimulation, feignent plus adroitement que nous un sentiment qu’elles n’éprouvent pas ; mais elles cachent moins bien que les hommes une affection sincère et passionnée, parce qu’elles s’y adonnent davantage. » Sur le bienfait, qui produit des effets si différents selon la terre qui le reçoit, selon les cœurs sur lesquels il tombe : « Toutes les fois que le bienfait ne pénètre et ne touche pas le cœur, il blesse et irrite la vanité. » Sur le désabusement qui vient si tôt, qui devance les saisons, et qui n’est pas même en rapport avec la durée naturelle de la vie : « Il y a un certain âge dans la vie où l’exaltation n’est plus possible ; la sensibilité peut être assez profonde pour assister au spectacle de tant de maux et de tant de douleurs sans être entièrement usée, mais l’exaltation n’a jamais résisté à l’expérience du cœur humain.
J’ai souvent fait un rêve, ou plutôt (car la chose est irréparable) j’ai formé et senti un regret : c’est que parmi toutes ces générations qui se sont succédé dans notre France légère depuis tant de siècles, il ne se soit pas trouvé, à chaque génération un peu différente, un témoin animé, sincère, enthousiaste ou repentant, présent d’hier à la fête ou survivant le dernier de tous et s’en ressouvenant longtemps après ; lequel, sous une forme quelconque, ou de récit naïf, ou de regret passionné, ou de confession fidèle, nous ait transmis la note et la couleur de cette joie passagère, de cette ivresse où l’imagination eut bien aussi sa part.
L’ordre et la paix dans tout ce qui m’environne, dans les objets qui me sont confiés, parmi les personnes à qui je tiens ; les intérêts de mon enfant toujours envisagés dans mes différentes sollicitudes, voilà mes affaires et mes plaisirs.
Ce ne paraît pas difficile, mais on tape les yeux bandés et souvent on frappe en l’air. » Remarquez-vous comme le trait est court, léger, la plaisanterie discrète, et quelle manière différente de celle qu’affecte l’intrépide Vaudoise et qui nous aurait frappés bien plus encore si nous l’avions suivie plus loin dans ses courses de touriste, par-delà le Saint-Gothard, à travers le Tessin et jusqu’aux lacs d’Italie ?
Chéruel semble admettre qu’en plusieurs circonstances Saint-Simon, pour mieux arranger le tableau, a sciemment altéré la vérité, — par exemple, dans le récit qu’il a fait de certaine scène célèbre au Parlement, dans laquelle il a joué un rôle : on lui oppose des récits contradictoires de témoins oculaires ou des procès-verbaux d’une teneur différente.
Vous avez, il est vrai, une interprétation bien à vous, et qui me paraît des plus cherchées et des plus tirées : il y a longtemps que j’ai donné la mienne, toute différente et bien plate assurément.
Bien des opinions considérables et plausibles sont différentes de celles de l’auteur sur l’aspect de ces guerres entre le sacerdoce et l’empire, entre Simon de Montfort et les Albigeois.
Là où nous rencontrons un contemporain imprévu qui, pour être tout à fait du peuple, n’en est que plus poëte selon son cœur, et selon notre propre génie français, ne disons pas : C’est différent ; sachons le reconnaître sans pruderie et l’honorer.
Un curieux manuscrit de la bibliothèque de l’Arsenal, qui a pour titre : Recueil de plusieurs pièces très-plaisantes du sieur Théophile, avec d’autres pièces de différents auteurs, etc.
Mais le grand poète, d’après ce que je viens de dire, ne doit pas être doué seulement d’une mémoire vaste, d’une imagination riche, d’une sensibilité vive, d’un jugement sûr, d’une expression forte, d’un sens musical aussi harmonieux que cadencé ; il faut qu’il soit un suprême philosophe, car la sagesse est l’âme et la base de ses chants ; il faut qu’il soit législateur, car il doit comprendre les lois qui régissent les rapports des hommes entre eux, lois qui sont aux sociétés humaines et aux nations ce que le ciment est aux édifices ; il doit être guerrier, car il chante souvent les batailles rangées, les prises de villes, les invasions ou les défenses de territoires par les armées ; il doit avoir le cœur d’un héros, car il célèbre les grands exploits et les grands dévouements de l’héroïsme ; il doit être historien, car ses chants sont des récits ; il doit être éloquent, car il fait discuter et haranguer ses personnages ; il doit être voyageur, car il décrit la terre, la mer, les montagnes, les productions, les monuments, les mœurs des différents peuples ; il doit connaître la nature animée et inanimée, la géographie, l’astronomie, la navigation, l’agriculture, les arts, les métiers même les plus vulgaires de son temps, car il parcourt dans ses chants le ciel, la terre, l’océan, et il prend ses comparaisons, ses tableaux, ses images, dans la marche des astres, dans la manœuvre des vaisseaux, dans les formes et dans les habitudes des animaux les plus doux ou les plus féroces ; matelot avec les matelots, pasteur avec les pasteurs, laboureur avec les laboureurs, forgeron avec les forgerons, tisserand avec ceux qui filent les toisons des troupeaux ou qui tissent les toiles, mendiant même avec les mendiants aux portes des chaumières ou des palais.
C’est un petit drame, purement moral, et tout à fait analogue aux moralités pathétiques et non allégoriques qui se joueront plus tard, il a pu être construit sur le modèle des miracle s : il appartient à un genre absolument différent.
dans une société si différente de l’ancienne et quand la notion même de l’Etat se trouve quasi renversée ?
peinturlurées à des niveaux différents.
Ces trois frères, dont le dernier n’est pas de la même mère que les deux autres, ont un caractère bien différent.
Cette publication morcelée, tombant en plein carrefour au lendemain d’une révolution, et dans des conditions si différentes de celles où elle s’était de longue main préparée avec mystère, eut lieu bientôt en concurrence d’une autre publication du même genre, Les Confidences de M. de Lamartine, dans lesquelles les qualités, les défauts même avaient la séduction d’une plus jeune, plus fraîche, et toujours facile et coulante manière.
Je ne répondrais même pas qu’on n’ait point surfait quelquefois ces deux renommées diversement aimables, mais non pas dissemblables dans des ordres si différents, et qu’on n’ait point mis à les louer de cette exagération et de cette déclamation qui leur étaient si antipathiques à eux-mêmes.
On est charmé, en le revoyant, de sa manière si distinguée, si fine, si douce, si différente et si au-dessus de tout.
Ce que je dis de Venise se reproduit à des degrés divers en différents lieux.
L’erreur de Rousseau n’a pas été de croire qu’en se confessant ainsi tout haut devant tous, et dans un sentiment si différent de l’humilité chrétienne, il faisait une chose unique ou même une chose des plus curieuses pour l’étude du cœur humain : son erreur a été de croire qu’il faisait une chose utile.
Cette suite d’Arlequins pris à des moments et à des âges différents fait une série de jolies pièces, où les mots naturels, gais et fins, sont abondamment semés.
Je n’ai pu que choisir, en courant, quelques points dans la carrière de Pasquier, dans cette existence si remplie et qui prêterait pour l’étude à tant d’aspects différents.
Car, quoique j’aie éprouvé de la pauvreté et passé par des états bien différents de celui où vous me voyez, j’étais contente et heureuse.
Vers l’année 1770, il était tout à fait en vogue par deux ouvrages de genre différent, mais qui tenaient à une même nature d’esprit, par ce récit anecdotique de la Révolution de Russie et par un discours en vers sur Les Disputes.
En tenant dans mes mains ces volumes de forme et d’inspirations différentes, mais auxquels un vœu égal a présidé, et dont pourtant un si petit nombre surnage, même un seul instant, j’éprouve un sentiment douloureux de voir tant de peines, tant de soins et de temps perdus autour de chaque œuvre si couvée et si caressée, et qui est déjà tombée du sein paternel dans un monde d’indifférence.
Si Sa Majesté n’était pas dans des engagements bien différents de ceux des demoiselles de Saint-Cyr, je crois, en vérité, qu’elle voudrait être une de vos élèves.
Il y a là de quoi faire quelque chose comme le Jugurtha de Salluste, et mieux, en y joignant un peu de la variété d’Hérodote, à quoi le pays prêterait fort ; scène variée, événements divers, différentes nations, divers personnages ; celui qui commandait était encore un homme, il avait des compagnons ; et puis, notez ceci, un sujet limité, séparé de tout le reste ; c’est un grand point selon les maîtres : peu de matière et beaucoup d’art.
Passy, il me paraît impossible que cette pièce, qui est de 1662, c’est-à-dire postérieure aux premières Satires que Boileau avait déjà composées à cette date, lui appartienne réellement ; elle est d’un faire tout différent du sien, plate et de la plus mauvaise école.
Il y en a qui sont fertiles en inventions et abondants en pensées, mais si variables en leurs desseins, que ceux du soir et du matin sont toujours différents, et qui ont si peu de suite et de choix en leurs résolutions, qu’ils changent les bonnes aussi bien que les mauvaises, et ne demeurent jamais constants en aucune.
[NdA] Ce nom est écrit de différentes manières (Fourrier, Forier, Ferrier) dans Marsollier, dans une lettre de saint François de Sales, et dans Camus (Esprit du bienheureux François de Sales, VIIe partie, p. 53) ; j’ai suivi ce dernier.
Une question qui s’élève à la lecture de ces contes, image et reproduction fidèle de la bonne compagnie d’alors, c’est combien il est singulier que le ton de la conversation ait tant varié aux différentes époques chez les honnêtes gens, avant de se fixer à la délicatesse véritable et à la décence.
Il faut distinguer des moments très différents dans les amitiés et dans la société du grand Frédéric.
III Les différentes parties de l’œuvre de Balzac sont reliées entre elles par ce titre synthétique : La Comédie humaine.
Sincèrement, tel il m’apparaît, à moi, ce Mérimée posthume et postiche, en ces Lettres où il a paru si différent à d’autres… Mais il s’agit de savoir qui se trompe de nous.
c’eût été bien différent.
Enfin il pleure sur ses braies, mais il les sacrifie… bien différent de ces Écossais qui se faisaient tuer pour ne pas en porter !
Rabelais et Régnier feraient différent de ce qu’ils ont fait, sous peine d’être inférieurs à eux-mêmes.
Cela est si étonnant, qu’il faut le laisser parler : « Cette volonté n’est pas différente de moi.
Supposez qu’un physiologiste chargé de décrire l’estomac s’amuse à raconter les différents états de la puissance digestive et des capacités motrices, sécrétives, innervatrices, au lieu de remarquer que l’organe est une poche en forme de cornemuse, formée par quatre tuniques, munie de trois sortes de glandes, aboutissant d’un côté au cardia et de l’autre au pylore, animée par des rameaux du nerf pneumogastrique et du plexus solaire ; non-seulement il aura fait des barbarismes, mais il n’aura rien dit.
avance, nouvelle épouse. » Une autre poésie de Catulle, différente par la forme, sur le même sujet, devait, ce semble, reproduire cette pompe musicale et ces chœurs que disposait Pindare.
L’heure de nos différents exercices, l’heure même de la récréation était marquée par des roulements de tambours qui retentissaient aux échos des couloirs et qui retentissaient dans nos frêles poitrines. […] Une génération nouvelle arrive, extraordinairement différente de nous, et à laquelle nous aurons été utiles, un peu comme les ilotes ivres que les Spartiates montraient aux adolescents pour les détourner d’un tel vice. […] Aux différentes époques de l’histoire, il a fallu que l’écrivain revendiquât l’indépendance de son art. […] Prenons garde : les différents systèmes de pensée que les hommes de génie, héros, saints et voyants ont déclarés depuis des siècles ne concordent pas. […] Si différentes que soient ces trois démarches de l’esprit, elles ont cette analogie originelle.
Quelques exemples, pour vous indiquer le ton et le genre d’agrément : À la tête des montagnards (à Athènes) on distinguait Pisistrate : brave, éloquent, généreux, d’une figure aimable et d’un esprit cultivé, il n’avait de Robespierre que la dissimulation profonde, et de l’infâme d’Orléans que les richesses et la naissance illustre… Il semble qu’il y ait des hommes qui renaissent à des siècles d’intervalle pour jouer, chez différents peuples et sous différents noms, les mêmes rôles dans les mêmes circonstances : Mégaclès et Tallien en offrent un exemple extraordinaire. […] La mélancolie, le goût passionné de la solitude, vient encore de ce que nous nous percevons différents des autres hommes, par conséquent supérieurs à eux : la mélancolie est alors misanthropie ; donc, encore et toujours, plaisir d’orgueil. […] J’ai dit que cela était fort différent de René et d’Atala. […] Ce n’est pas non plus par le don de créer et de faire agir des personnages différents de lui, à la façon des grands dramaturges et des grands romanciers. […] Il l’a lui-même merveilleusement expliqué dans sa Préface testamentaire : Les Mémoires, divisés en livres et en parties, sont écrits à différentes dates et en différents lieux : ces sections amènent naturellement des espèces de prologues qui rappellent les accidents survenus depuis les dernières dates et peignent les lieux où je reprends le fil de ma narration.
Par ce temps de romans qui semblent s’adresser, pour la plupart, aux différents groupes de névrosés qui peuplent les maisons de santé, on éprouve un certain bien-être, comme un repos d’esprit et de cœur, à voir inscrit en tête d’un livre le mot que la nature a fait le plus doux dans toutes les langues. […] C’est là, sous le porche drapé de noir, qu’il fallait entendre l’oraison funèbre de Loisillon, la vraie, non pas celle qui serait prononcée tout à l’heure à Montparnasse, et le vrai feuilleton sur l’œuvre et sur l’homme, bien différent des articles préparés pour les journaux du lendemain. […] Le grand-duc Léopold reçoit à la table de « sa parfaite amie », comme il appelle la duchesse, quelques membres triés des différentes sections de l’Institut, et rend ainsi aux cinq Académies la politesse de leur accueil, les coups d’encensoir de leur directeur. […] Un désir indéniable à l’époque est de séparer, comme en vue d’attributions différentes, le double état de la parole, brut ou immédiat ici, là essentiel. […] Sans descendre aux spéculations de la politique et du socialisme égalitaire, notre observateur remarque fort spirituellement que : Ce sont en général ceux-là même qui n’admettent pour la nature que l’ordre immodifiable, le mouvement déterminé, la loi fatale, l’impossibilité absolue dans laquelle elle est de se soustraire à ses différentes conditions, qui veulent que l’homme, pour eux un composé de nature, soit libre !!!
Nous verrons tout à l’heure quelques-uns des procédés qu’emploie dans ces différents cas M. […] Sans instituer une comparaison qui choquerait d’abord quelqu’un que je sais bien et que vous devinez, il faut dire combien cela est différent de la crise de sensualité où Taine est jeté dans son « Voyage en Italie » et qui, rendant le professeur presque honteux de son métier poudreux, modeste et sédentaire, le met en défiance contre ses anciennes habitudes d’esprit pour le livrer tout entier à ses sens, — homme d’étude et de cabinet enivré par le grand air et la lumière. […] Ce livre, qui contient encore une notice sur Stanislas de Guaita, un discours sur Leconte de Lisle, une méditation sur la fête des morts en Lorraine et des impressions de Pau en Béarn, semble peut-être assez différent de son aîné. […] N’est-ce pas Stendhal — en qui justement l’on ne trouverait que bien peu de traits spécifiquement romantiques et certes aucun des traits essentiels — qui disait, alors qu’on hésitait sur la forme du mot encore au début de sa vogue : « Le Romanticisme est l’art de présenter aux différents peuples les œuvres littéraires qui, dans l’état actuel de leurs habitudes et de leurs croyances, sont susceptibles de leur donner le plus de plaisir possible. […] Mais c’est un livre tout différent que « la Câlineuse ».
Auprès du perron se tenait une telega remplie de caisses et de boîtes de différentes grandeurs. […] Pour lui, avant l’âge de cinq ans, il s’exerçait sur trois instruments différents. […] Il séjourna chez différents patrons, vécut à Moscou comme dans les chefs-lieux de gouvernement, souffrit et supporta mille maux, connut la misère, et eut recours à tous les expédients imaginables.
Aujourd’hui, après des clameurs cherchées dans trois endroits différents du théâtre, et plus reculés l’un que l’autre, et donnant comme le prolongement lointain de cris de peuple, à la cantonade d’un épisode révolutionnaire, il a brisé le groupement de la scène par des conversations d’aparté chuchotantes, puis tout à coup sur un banc jeté à terre, simulant le coup de pistolet avec lequel se tue le commandant de Verdun, il a fait, dans un mouvement général, toute la tourbe retourner la tête vers la porte du commandant. […] mon Dieu, la France serait peut-être sous le règne d’un Bourbon imbécile, d’un descendant d’une vieille race monarchique complètement usée, mais ce gouvernement serait-il si différent de celui d’un Carnot, choisi de l’aveu de tous, pour le néant de sa personnalité. […] Puis la conversation monte à l’idée différente que se font du cerveau, le Français, l’Anglais, l’Allemand, et à la description qu’en fabrique le Français avec le concept logique de son esprit, l’Anglais avec ses qualités à la fois de synthèse et d’observation du détail, l’Allemand avec l’abondante diffusion et l’éparpillement de ses idées sur chaque circonvolution.
Il y a famille, sans curé ni maire, dès que deux êtres de sexes différents, couchant ensemble, font un enfant. […] Il apparaît aussi qu’elles ont finalement entraîné leur auteur dans une direction toute différente de celle qu’il avait conçue. […] Le philosophe, quel qu’il soit, est toujours un assemblage de ces mues mentales, de ces méditations d’êtres différents, qui donnent, à chaque philosophie non métaphysique, un aspect de tâtonnement et de mosaïque. […] Je me suis trouvé personnellement en contact avec des foules animées de sentiments très différents à mon égard (ce qui est le cas de tous les hommes politiques). […] Certains de ces points de vue sont des relais, qui permettent de passer à des spéculations latérales différentes, ou plus complexes.
Telle phrase de lui, qui vous éblouit et vous charme par sa couleur, souffre deux ou trois interprétations différentes. […] Ou bien est-ce pour y établir un système de justice et de compensation entre les différents êtres qui l’y ont précédé ? […] Ce sont deux milieux différents, et cependant étroitement unis et habilement liés, où se meuvent tantôt la pensée, tantôt la passion du type Faust ou du type Manfred. […] Mais Goethe aima Schiller, ce génie si différent du sien. […] Que Béranger ait eu le travers de s’amuser de tout en apparence dans ses relations avec ses amis, cela nous paraît prouvé par beaucoup de lettres inédites alors, qui ont passé sous nos yeux à différentes époques.
Le Tasse s’enivra de cette liberté, de ce respect et de ce bien-être si différents des chaînes, des hontes, des peines d’esprit et de corps qu’il venait de supporter pendant six ans de captivité. […] Cependant l’amour, sous mille formes différentes, trouble encore la paix de son cœur.
c’est différent, je vous prenais pour un de ces lapins qui courent après nous. […] c’est différent, dit-il, je ne savais pas… cela vaut mieux en effet.
La discussion ne reste ouverte que pour ces physiologistes en petit nombre qui ne se sont point assez rendu compte des vraies limites de leur science, et qui, dans l’ardeur d’une étude encore nouvelle et indécise, ne s’aperçoivent pas de ses empiétements sur le domaine d’études voisines, mais différentes. […] « Le corps est un instrument dont l’âme se sert à sa volonté… De là… l’extrême différence du corps et de l’âme, parce qu’il n’y a rien de plus différent de celui qui se sert de quelque chose, que la chose même dont il se sert. » Bossuet, Connaissance de Dieu et de soi-même, page 73, a, éd. de 1836.
Il ne fut point abbé ni prieur, il ne remplit point de grande charge ecclésiastique. « Mon fils, lui dit Jésus-Christ, ne vous affligez point si vous voyez qu’on honore et qu’on élève les autres, pendant qu’on vous méprise et qu’on vous abaisse… On confiera aux autres différents emplois et l’on ne vous jugera capable de rien. […] Seulement, c’est là une vérité que nous avons assez vue, et des vérités un peu différentes sont en train de nous attirer davantage.
Voilà pourquoi Lamartine, Baudelaire et Verlaine, tous trois mystiques et mystiques chrétiens, semblent écrire en des idiomes différents. […] * * * Jusqu’ici, devant le mot poésie je n’ai point fait de distinction entre les différents arts.
« Il y a environ dix jours, écrivait Gay à Swift, le 17 novembre 1726, fut publié ici un livre sur les voyages d’un certain Gulliver, qui depuis fait l’entretien de toute la ville ; toute l’édition fut vendue en une semaine, et rien n’est plus divertissant que d’entendre les opinions différentes de tout le monde sur ce livre, que tout le monde cependant s’accorde à goûter au dernier point. […] Le monde et la vie humaine peuvent être envisagés de deux façons bien différentes, et il n’est guère d’homme qui ne les ait considérés tour à tour sous deux aspects.
Chapitre VI C’est ainsi que nous cherchons à relier, l’une à l’autre, ces diverses études de la comédie aux différentes époques de notre histoire, et nous espérons fort, pour peu que le lecteur nous soit en aide, arriver à quelque utile résultat. […] Aujourd’hui comme autrefois, nous ne manquons pas de ces gens à qui la fortune tient lieu de politesse et de mérite, qui n’ont pas deux pouces de profondeur, à qui la faveur arrive par accident ; seulement ces fortunes subites qui sont le déshonneur de la Fortune elle-même, arrivent, aujourd’hui, par d’autres moyens que les moyens d’autrefois, elles se produisent, dans des lieux différents, avec des caractères tout nouveaux.
Mais lorsque ces sentiments qui, à des degrés différents, sont plus ou moins ceux de toute jeunesse, continuent de s’exalter à des époques où il suffirait d’améliorer et de vivre sans avoir à régénérer, il importe qu’on les contienne et qu’on les détourne sans y trop abonder et sans y donner jour en tous sens : autrement la vie sociale ne serait qu’une révolution continuelle, et chaque génération, en y entrant, ferait explosion à son tour.
Quoique cette manière de raisonner soit très blâmable, il est impossible qu’il n’en reste pas plusieurs impressions désavantageuses : 1º Que les premiers chrétiens étaient animés d’un esprit de fanatisme et d’enthousiasme autant que d’un esprit religieux. 2º Que l’on peut à peine avoir foi aux miracles, parce que l’Église dès lors jusqu’à présent n’a jamais renoncé au pouvoir d’en faire ; que les preuves sont égales pour tous les temps ; que le moment où le don des miracles a réellement cessé n’a fait aucune impression ; qu’enfin les chrétiens, en admettant les miracles du paganisme, détruisent et la foi qu’on aurait aux leurs et le caractère surnaturel des miracles. 3º Que, dès les premiers siècles, parmi les Pères de l’Église et ceux qui nous en ont transmis l’histoire, l’enthousiasme a donné lieu à des fraudes pieuses qui déguisent absolument la vérité. 4º Que les différentes sectes qui divisent le christianisme dès son commencement altérèrent les Écritures en publiant chacune de son côté des Évangiles divers. 5º Que bien des causes temporelles favorisèrent les progrès du christianisme qui furent bien plus lents qu’on ne pense. 6º Qu’il n’y eut réellement aucune persécution générale jusqu’au temps de Dioclétien ; que celle-ci même ne fit pas deux mille martyrs, et que le petit nombre de chrétiens qui avaient été persécutés auparavant l’avaient été pour des causes particulières.
Le comte de Jaffa seul laisse entrevoir un avis différent ; mais il y est trop intéressé, et lui-même en convient, à cause des terres et châteaux qu’il possède en Syrie.
Dans ses brochures, il combat les deux unités de lieu et de temps, qui étaient encore rigoureusement recommandées ; il s’attache à montrer que pour des spectateurs qui viennent après la Révolution, après les guerres de l’Empire ; qui n’ont pas lu Quintilien, et qui ont fait la campagne de Moscou, il faut des cadres différents, et plus larges que ceux qui convenaient à la noble société de 1670.
Dans la nouvelle organisation réglée par le Premier consul, et qui répartissait les détails de l’administration militaire entre deux corps différents, l’un conservant l’ancien titre de commissaires des guerres et destiné à surveiller l’emploi des matières et les approvisionnements, l’autre, sous le titre d’inspecteurs aux revues, destiné à constater le chiffre de l’effectif, Daru fut compris dans la création de ce dernier corps ; et ce fut en cette qualité d’inspecteur aux revues qu’il fut envoyé à l’armée d’Italie et qu’il fit la campagne de Marengo.
Sa mère Anne Donne, de noble naissance, mourut jeune en 1737, laissant deux fils ; William n’avait alors que six ans, mais il garda des premiers temps de son enfance et des tendresses de sa mère un souvenir vif et profond, gravé plus avant en son cœur par le régime tout différent auquel il fut soumis le lendemain de cette mort ; il a consacré ce souvenir, à plus de cinquante ans de distance, dans des vers composés par lui en recevant d’une cousine le portrait de sa mère (1790).
Il faut reconnaître les diverses familles d’esprits et de talents, et, pour ainsi dire, les différentes races.
Quelle politique différente !
Voilà déjà trois générations, ce me semble, qui se succèdent et dans lesquelles un nombre assez considérable d’esprits partis de points de vue fort différents se sont fait de Voltaire une assez juste idée, mais une idée qui est restée dans la chambre entre quelques-uns et qui a toujours été remise en question par la jeunesse survenante ; car les jeunes gens, à leur insu, au moment où ils entrent activement dans la vie, cherchent plutôt dans les hommes célèbres du passé et dans les noms en vogue des prétextes à leurs propres passions ou à leurs systèmes, des véhicules à leurs trains d’idées et à leurs ardeurs : soit qu’ils les épousent et les exaltent, soit qu’ils les prennent à partie et les insultent, c’est eux-mêmes encore qu’ils voient à travers ; c’est leur propre idée qu’ils saluent et qu’ils préconisent, c’est l’idée contraire qu’ils rabaissent et qu’ils rudoient.
On lui avait un moment donné pour second, dans cette prévision d’une bataille prochaine, le maréchal de Berwick avec qui il vécut en bons termes, bien qu’ils fussent quelquefois d’avis différents : « Je me doutais, dit Villars, qu’il était chargé de tempérer ce qu’on appelait ma trop grande ardeur : c’est pourquoi je n’hésitais pas à proposer les projets les plus hardis, persuadé qu’on en rabattrait toujours assez. » Dans la première partie de cette campagne de 1710 il ne put, malgré sa bonne envie, secourir et sauver Douai ; dans la seconde partie il sut manœuvrer et se poster assez bien pour empêcher le siège d’Arras, et l’on en fut quitte pour perdre Béthune, Saint-Venant et Aire.
Si vous pouviez connaître combien de plaisirs différents nous procure une réputation établie dans ce genre !
[NdA] Voisenon, bien qu’assez peu qualifié pour juger des autres, n’a pas mal vu en disant de La Beaumelle : « C’est un homme d’esprit sans aucun goût, qui a le maintien du sage et la conduite d’un fou… Il a composé un ouvrage divisé en chapitres sur différents sujets (Mes pensées ou [le] qu’en dira-t-on ?)
S’il appartient au xixe siècle d’être plus heureux, et de la ressusciter par un suprême effort, ce n’est point ici ce qui m’occupe ; j’ai seulement à montrer ce qu’était devenue une Chartreuse à la fin du xviiie siècle, bien différente de celle que Fontanes célébrait vers le même temps en des vers mélancoliques, pour l’avoir vue vaguement du côté du jardin et au clair de lune.
On a quelques témoignages directs de sa vie, à elle, par des lettres qu’elle écrivait en ces années, et dont MM. de Goncourt ont donné des extraits96 : « C’est un grand plaisir, disait-elle (décembre 1802), que de passer son temps à parcourir les différentes idées et opinions de ceux qui ont pris la peine de les mettre sur le papier.
Là où l’on a cru voir de l’amertume chez Collé critique, il n’y a que de l’antipathie, ce qui est fort différent.
Un jour, comme on répétait devant Mme Gay des éloges que Béranger avait donnés aux vers de sa fille dans un monde un peu différent et moins favorable, où la jeune muse n’allait pas, il lui échappa de dire : « Delphine rend bien aussi justice à Béranger. » Ce mot d’égal à égal, redit au chansonnier, le piqua et lui fit retirer sa chanson.
(15 mars 1775.) » Marie-Antoinette se justifie de son mieux, et par un mot qui coupe court à tout : C’est la mode, c’est l’usage : « J’enverrai à ma chère maman, par le prochain courrier, le dessin de mes différentes coiffures ; elle pourra les trouver ridicules, mais ici les yeux y sont tellement accoutumés qu’on n’y pense plus, tout le monde étant coiffé de même. » Marie-Thérèse est plus dans le vif, lorsqu’elle se plaint de ces courses continuelles au bois de Boulogne et ailleurs avec le comte d’Artois, sans que le roi s’y trouve : « Vous devez savoir mieux que moi que ce prince n’est nullement estimé et que vous partagez ainsi ses torts.
Gibbon, parlant des visites qu’il recevait en sa maison de Beauséjour à Lausanne, écrivait à lord Sheffield (30 septembre 1783) : « Hier, après midi, je me couchai ou m’assis du moins, et m’établis pour recevoir des visites ; et au même instant voilà quatre nations différentes qui remplissent ma chambre.
Au moment où ce navire Argo qui portait les poëtes, après maint effort, maint combat durant la traversée contre les prames et pataches classiques qui encombraient les mers et en gardaient le monopole, — au moment où ce beau navire fut en vue de terre, l’équipage avait cessé d’être parfaitement d’accord ; l’expédition semblait sur le point de réussir, mais on n’apercevait guère en face de lieu de débarquement ; les principaux ouvraient des avis différents, ou couvaient des arrière-pensées contraires.
La dernière scène surtout, où La Blancherie lui parut si différent de ce qu’elle l’avait fait, mais au sortir de laquelle pourtant elle le jugeait encore avec une véritable estime cette scène d’entrevue un peu mystérieuse, qui dura quatre heures, est racontée par elle dans ses Mémoires avec une infidélité de souvenir bien légère et bien cruelle.
Tandis que dans les ordres d’idées différents, en politique, en religion, en philosophie, chaque homme, chaque œuvre tient son rang, et que tout fait bruit et nombre, le médiocre à côté du passable, et le passable à côté de l’excellent, dans l’art il n’y a que l’excellent qui compte ; et notez que l’excellent ici peut toujours être une exception, un jeu de la nature, un caprice du ciel, un don de Dieu.
Il y a deux sortes de ridicules très distincts parmi les hommes, ceux qui tiennent à la nature même, et ceux qui se diversifient selon les différentes modifications de la société.
Deux substances identiques par la nature, le nombre, l’arrangement et la distance des atomes agissaient d’une manière essentiellement différente sur la lumière.
Le miracle que les filles d’Israël célèbrent dans le cantique de l’Exode, au son du tambourin de Miriame, les Danaïdes, leurs contemporaines, fuyant comme elles une poursuite impie, l’implorent d’un dieu différent. — « Ta droite, ô Éternel !
Toutefois, ce concert flatteur de regrets qui s’adressaient à la mémoire de l’amie de d’Alembert n’aurait laissé d’elle qu’une idée un peu vague et bientôt lointaine, si la publication qu’on fit, en 1809, de deux volumes de Lettres d’elle, n’était venue la révéler sous un aspect tout différent, et montrer non plus la personne aimable et chère à la société, mais la femme de cœur et de passion, la victime brûlante et dévorée.
Mme d’Épinay, si compromise par les incidents de sa vie première, si calomniée par ses anciens amis, était en voie de devenir meilleure dans le temps même où on la noircissait le plus ; et elle put répondre un jour, d’une manière aussi spirituelle que touchante, à un homme venu de Paris qui l’allait voir à Genève, et qui s’étonnait un peu gauchement devant elle de la trouver si différente de l’idée qu’on lui en avait voulu donner : « Sachez, monsieur, que je vaux moins que ma réputation de Genève, mais mieux que ma réputation de Paris. » Grimm avait trente-trois ans quand il la connut, et, durant vingt-sept années que dura leur liaison, son attachement pour elle ne se démentit pas un seul jour.
Faites sur chaque individu la découverte de cette passion gouvernante ; fouillez dans les replis de son cœur, et observez les divers effets de la même passion dans différentes personnes.
Ce livre des Mondes offre, en quelque sorte, deux aspects, et il aboutit par une double influence à deux ordres d’écrits tout différents.
Depuis lors, cette langue éparse et morcelée avait encore eu ses poètes particuliers en Béarn, à Toulouse, dans le Rouergue, en différents lieux ; mais ces poètes d’un naturel aisé ne faisaient aucun effort pour sortir de l’esprit du cru, et pour élargir l’horizon tout local où les avait confinés la Fortune.
À un point de vue différent, et pour peu qu’on veuille apprécier l’importance des questions soulevées et encore agitées autour du grand nom de Buffon, il convient de mettre dans la balance l’étude essentielle que lui a consacrée Geoffroy Saint-Hilaire (Fragments biographiques) et ce qu’a dit aussi son fils et digne héritier, M.
On ne conçoit pas pourquoi cet homme a laissé sa confession générale par écrit… L’effet fut pourtant tout différent de celui que présageait d’Argenson.
Cette ode se compose de trois parties, qui forment comme, trois modes différents.
Il n’y a rien dans ces Mémoires de Mme de Motteville qui rappelle ces autres Mémoires si distingués, mais si amers, de Mme de Staal de Launay, femme de chambre de la duchesse du Maine ; c’est qu’aussi la situation était toute différente.
Fiévée par ses adversaires politiques et constitutionnels d’alors, il faisait remarquer qu’il n’avait jamais vanté le gouvernement militaire, mais l’esprit militaire, ce qui était bien différent, et il se couvrait du mot de M. de Bonald : « Les nations finissent dans les boudoirs, elles recommencent dans les camps40. » Bien qu’il ne fût qu’une seule fois nommé dans cette brochure, Bonaparte sentit bien qu’elle lui était tout entière dédiée ; il fit venir aux Tuileries M.
Deux personnes de bord différent (dont une était M.
La volumineuse collection de ses feuilles, malgré les défauts et les bigarrures, malgré les morceaux de différentes mains qui y sont entrés, fait un corps d’ouvrage et mérite d’être inscrite au nom de Grimm.
La création artistique, quand elle est assez puissante, atteint une valeur qui approche de l’expérimentation scientifique, quoique, nous le verrons plus loin, elle en soit toujours très différente.
Il est une autre cause d’un ordre tout différent qui empêche encore M.
Eh bien, c’est cette grande unité dans la foi et dans la doctrine, qui fait aussi un livre de ces fragments, publiés, à différentes époques, dans des journaux qui les emportèrent !
Lisons un autre de ces débuts, et d’un genre tout différent : « Omnia opera sua faciunt ut videantur ab hominibus. […] « J’ai guetté, disait-il, dans le cœur humain, toutes les niches différentes où peut se cacher l’amour, lorsqu’il craint de se montrer, et chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d’une de ces niches. » Et encore, précisant lui-même, et faisant ressortir les nuances : « Dans mes pièces, c’est tantôt un amour ignoré des deux amants ; tantôt un amour qu’ils sentent et qu’ils veulent se cacher l’un à l’autre ; tantôt un amour timide qui n’ose se déclarer ; tantôt enfin un amour incertain et comme indécis, un amour à demi né, pour ainsi dire, dont ils se doutent sans en être bien sûrs, et qu’ils épient au dedans d’eux-mêmes avant de lui laisser prendre l’essor. […] Est-ce que, de l’une à l’autre de ces quatre pièces, la psychologie n’est pas entièrement neuve, l’intrigue absolument différente, les personnages caractérisés chacun par des traits différents ? […] C’est aussi M. le chancelier qui est chargé de tout ce qui concerne les universités ; c’est lui qui nomme aux places d’imprimeur dans tout le royaume, et ce sont différents maîtres des requêtes qui sont chargés de lui rendre compte des affaires qui concernent ces deux objets. […] Et remarquez bien que, s’il n’en était pas ainsi, — si la beauté d’une œuvre d’art ne dépendait pas essentiellement de la technique, — si la différence de la technique ne creusait pas un abîme entre les différentes formes de l’art, — si tout ce qui se peint pouvait s’écrire, si tout ce qui s’écrit pouvait se sculpter, si tout ce que l’on sculpte pouvait se mettre en musique, — il n’y aurait plus alors ni musique, ni sculpture, ni peinture, ni poésie, mais il ne subsisterait qu’une forme unique de l’art, indivise, confuse et, si l’on me permet cette apparente contradiction dans les termes, véritable ment amorphe.
Il a recréé l’univers dans sa tête, il l’a repensé, si l’on peut dire, et même de plusieurs manières différentes. […] En vertu de cette méthode, leurs solutions seront toutes différentes, bien plus pratiques. […] Aux spiritualistes étroits qui donnent à l’homme seul le droit à l’âme et condamnent le reste au néant, aux matérialistes qui, en niant l’âme, nient la vie elle-même, il répond en montrant la vie, et avec la vie l’âme, répandues dans toute la nature à des degrés différents et sous des formes diverses. […] Il a tracé à la fin du Banquet un admirable programme de ces pia vota si différents de la réalité. […] Appelés à des vocations toutes différentes, puisque Poinsot faisait ses études de médecine, ils sont bientôt séparés après avoir vécu deux ans côte à côte.
Il inventorie les différentes formes de la mousse, depuis celle qui ressemble à la chenille jusqu’à celle qui ressemble à l’étoile. […] Ses deux yeux, absolument indépendants l’un de l’autre, jouaient chacun un rôle différent. […] Cependant, à ne prendre de ce cœur que ce qui se livre et se trahit, je crois noter différentes phases, et je me plais à reconstruire l’histoire, ou, cela est encore bien possible, le roman. […] Aucune de ces intrigues différentes ne prend le pas sur les voisines ; c’est comme pour les poules qui vont aux champs, la première s’en va par devant. […] Et ils sont cinq, remarquez bien, nous captivant tous les cinq par des séductions différentes.
Elle s’en fit toujours un, différent du mien, contraire au mien et même à celui de sa fille, qui déjà n’en était plus séparé. […] Rousseau a fait au théâtre de Molière à peu près le même reproche d’immoralité que, de nos jours, Brunetière (et aussi Faguet, et avant eux Louis Veuillot) : mais pour des raisons si différentes, — du moins verbalement ! […] C’est l’éducation la plus strictement traditionnelle, la plus différente qu’il se puisse de l’éducation d’Émile. […] On est inégaux, mais on est surtout différents. — La page de La Bruyère (De l’homme, § 131) : « Il se fait généralement dans tous les hommes des combinaisons infinies de la puissance, de la faveur, du génie, des richesses, des dignités, de la noblesse, de la force, de l’industrie, de la capacité, de la vertu, du vice, de la faiblesse, de la stupidité, de la pauvreté, de l’impuissance, de la roture et de la bassesse. Ces choses, mêlées ensemble de mille manières différentes et compensées l’une par l’autre en divers sujets, forment ainsi les divers états et les différentes conditions, etc. », n’a pas cessé d’être vraie depuis la Révolution. — Louis Veuillot a écrit : « Si je pouvais rétablir la noblesse, je le ferais tout de suite et je ne m’en mettrais pas. » Moi non plus.
Dans une petite chambre qui n’avait pas de sièges pour tous ses hôtes, se réunissaient des jeunes gens véritablement jeunes et différents en cela des jeunes d’aujourd’hui, tous plus ou moins quinquagénaires. […] Comme Stendhal, il aimait à dissimuler sa personnalité sous différents pseudonymes ; quand il se sentait reconnu sous son faux nez, il le jetait et prenait un autre masque et un autre domino. […] Au milieu d’une occupation toute différente ou d’un entretien sérieux, une bouche invisible vous souffle à l’oreille le mot qui vous manquait, et l’ode en suspens depuis plusieurs mois est achevée. […] Le commencement de la pièce a paru un peu froid, surtout aux spectateurs de la génération actuelle, dont les préoccupations sont si différentes de celles qui nous agitaient alors. […] Ici la façon est toute différente : l’huile prend une fleur de pastel.
Ces inégalités peignent bien le Germain solitaire, énergique, imaginatif, amateur de contrastes violents, fondé sur la réflexion personnelle et triste, avec des retours imprévus de l’instinct physique, si différent des races latines et classiques, races d’orateurs ou d’artistes, où l’on n’écrit qu’en vue du public, où l’on ne goûte que des idées suivies, où l’on n’est heureux que par le spectacle des formes harmonieuses, où l’imagination est réglée, où la volupté semble naturelle. […] Ces voies mènent toutes sur la même cime, mais à des points de vue différents. […] Je dirai seulement que si quelqu’un jugeait Carlyle en Français, comme il juge Voltaire en Anglais, ce quelqu’un ferait de Carlyle un portrait différent de celui que j’essaye de tracer ici.
Le cuisinier de l’ambassadeur de Rome ne sera pas moins en réputation, et Bernis dut un jour en écrire à M. de Choiseul pour répondre à de sots bruits qu’on faisait courir sur le luxe de sa table : « Un bon ou mauvais cuisinier fait qu’on parle beaucoup de la dépense d’un ministre ou qu’on n’en dit mot ; mais il n’en coûte pas moins d’être bien ou mal servi, quoique le résultat en soit fort différent. » Or, il est constant que Bernis, au milieu de cette table somptueuse qu’il offrait aux autres, ne vivait lui-même que frugalement et d’une diète toute végétale : J’ai été dîner avec Angelica Kaufmann (le peintre célèbre) chez notre ambassadeur, écrit Mme Lebrun dans ses Mémoires : il nous a placées toutes deux à table à côté de lui ; il avait invité plusieurs étrangers et une partie du corps diplomatique, en sorte que nous étions une trentaine à cette table dont le cardinal a fait les honneurs parfaitement, tout en ne mangeant lui-même que deux petits plats de légumes.
Ce directeur imprévu de l’enseignement, qui s’était formé lui-même, qui n’avait point hérité des anciennes traditions classiques, et qui n’était pas non plus du groupe polytechnicien proprement dit, mais homme d’esprit, rempli d’observations et d’idées fines, un peu particulières, se mit aussitôt en devoir de les appliquer : J’avais depuis longtemps remarqué, dit-il, les caractères qui distinguent l’esprit des géomètres et des physiciens, de celui des hommes appliqués aux affaires, et de celui des personnes vouées aux arts d’imagination ; dans les premiers (je ne parle que généralement), exactitude et sécheresse ; dans les seconds, souplesse allant quelquefois jusqu’à la subtilité, finesse allant quelquefois jusqu’à l’artifice ; dans les troisièmes, élégance, verve, exaltation portée jusqu’à un certain dérèglement… Ce que je projetais d’après ces observations, ajoute-t-il, était : 1º de faire marcher de front, dès les plus basses classes des collèges, les trois genres de connaissances, littéraires, physiques et mathématiques, morales et politiques, en mesurant à l’intelligence des enfants dans chaque classe les notions de chaque science ; 2º de faire enseigner dans chaque classe, même les plus basses, les trois sciences par trois professeurs différents, dont chacun serait spécialement consacré à l’une des trois… Le but était défaire cesser le divorce entre les diverses facultés de l’esprit, de les rétablir dans leur alliance et leur équilibre, et d’arriver à une moyenne habituelle plutôt que de favoriser telle ou telle vocation dominante.
J’ai eu la liberté d’entrer dans les différents dépôts du ministère, et j’en ai fait usage longtemps avant d’écrire… Les Mémoires du duc de Saint-Simon m’ont été utiles pour le matériel des faits dont il était instruit ; mais sa manie ducale, son emportement contre les princes légitimés, etc.
Il n’y a point de ces mines-là dans le monde ; c’est un embonpoint tout différent de celui des autres, un embonpoint qui s’est formé plus à l’aise et plus méthodiquement, c’est-à-dire où il entre plus d’art, plus de façon, plus d’amour de soi-même que dans le nôtre… Ne croyez pas qu’il ait fini de ce portrait, il ne fait que le commencer.
Il y avait tout à côté des réparations cependant et des hommages : « Celui, disait-il, qui a été aimé d’une femme sensible, douce, spirituelle et douée de sens actifs, a goûté ce que la vie peut offrir de plus délicieux. » Il avait dit encore (car M. de Meilhan n’oublie jamais ce qui est des sens) : « Un quart d’heure d’un commerce intime entre deux personnes d’un sexe différent, et qui ont, je ne dis pas de l’amour, mais du goût l’une pour l’autre, établit une confiance, un abandon, un tendre intérêt que la plus vive amitié ne fait pas éprouver après dix ans de durée. » Tout cela aurait dû lui faire trouver grâce, d’autant plus qu’il flattait les hommes moins encore que les femmes : « La femme, remarquait-il, est bien moins personnelle que l’homme, elle parle moins d’elle que de son amant : l’homme parle plus de lui que de son amour, et plus de son amour que de sa maîtresse. » — (Dans l’édition de 1789, l’auteur, en corrigeant, a supprimé çà et là quelques jolis traits.)
La seule vérité historique que je tiens à marquerk, c’est que les deux frères appartiennent à des familles d’hommes politiques toutes différentes et même opposées, l’un étant de ceux qui vont au fond des objets et aspirent à un but réel et constant, l’autre de ceux qui s’en tiennent en tout aux expédients, et s’inspirent uniquement de la circonstance.
On a semé et fait poindre, par-ci par-là, dans ces différents cadres, des noms inconnus ou peu remarqués jusque-là.
que les personnages du théâtre grec sont différents !
Je trouverais ainsi, en le voulant bien, à offrir des échantillons des différentes sortes d’épigrammes, mais je préfère aujourd’hui m’attacher à un seul nom, à un poète qui n’a été autre chose qu’un auteur d’épigrammes et qui me paraît au premier rang (les grands poètes exceptés), parmi ceux qui ont contribué à l’Anthologie dès son origine : Il s’agit de Léonidas de Tarente que la plupart ne connaissent sans doute que pour l’avoir vu mentionné en tête de quelque imitation d’André Chénier.
Faugère a fait preuve dans ses différentes publications, et notamment dans son excellente édition de Pascal, l’ont bien servi dans cette tâche nouvelle, incomparablement plus facile.
Les jeunes et les vieilles y accourent de partout, dans des vues différentes pourtant ; et comme les hommes suivent ce bétail-là, il s’y fait un mouvement qui réjouit le spectateur bénévole. » Il aurait bien dû écrire ce bout de lettre en allemand. « Ce bétail-là !
M. de Saint-Joseph, dans son enfance, s’était souvent amusé autour de la table de famille à disposer avec de petites bandes de papier des étoiles de différentes couleurs ; une épingle et des ciseaux étaient ses seuls instruments pour ce travail.
Il paraît bien qu’après le premier tumulte toute la fin de la lettre avait été entendue assez patiemment ; Robespierre tira de là son exorde : « J’ignore quelle impression a faite sur vos esprits la lettre dont vous venez d’entendre la lecture ; quanta moi, l’Assemblée ne m’a jamais paru autant au-dessus de ses ennemis qu’au moment où je l’ai vue écouter avec une tranquillité si expressive la censure la plus véhémente de sa conduite et de la Révolution… Je ne sais, mais cette lettre me paraît instructive dans un sens bien différent de celui où elle a été écrite… Je suis bien éloigné de vouloir diriger la sévérité, je ne dis pas de l’Assemblée, mais de l’opinion publique, sur un homme qui conserve un grand nom ; je trouve pour lui une excuse suffisante dans une circonstance qu’il vous a rappelée, je veux dire son grand âge.
Ces noms se rencontrent plus d’une fois, et à des degrés différents, dans la correspondance.
Pour complément de la collection, un volume à part contiendra : une Étude générale sur la Pléiade française, indiquant « son origine, son but, ses espérances et la part légitime qui lui appartient dans la constitution de notre langue et dans le développement de notre littérature » ; de plus un Glossaire, renfermant « l’explication de tous les termes qui ne figurent pas dans les dictionnaires actuels ou qui ne s’y trouvent que dans des acceptions différentes de celles dans lesquelles les poètes les ont employés ; les mots bizarres, forgés par la Pléiade, et qui n’ont eu qu’une existence éphémère ; enfin (et c’est là une partie fort délicate) les mots, nouveaux alors, qui ont été si vite et si généralement adoptés, et qui se sont si complètement incorporés à notre langue, qu’on serait tenté de croire qu’ils remontent à son origine. » Un Index des noms propres historiques et géographiques s’y joindra également.
Tout n’est pas en accord chez Du Bellay ; il y a dans son esprit et il se rencontre dans ce livre de l’Illustration bien des germes différents qui, pour peu qu’on les développât, se contrarieraient et en viendraient aux prises.
Les différentes formes du mauvais goût, les modes bigarrées, les bruyantes écoles, y ont passé ; les fausses couleurs y ont fait torrent.
Établie chez sa tante, elle se trouva dans le monde le plus différent de celui qu’elle venait de quitter, dans un monde pourtant à sa manière presque aussi belliqueux.
Quand il y avait pourtant nécessité absolue que l’action se passât en deux lieux différents, voici l’expédient qu’imaginait Corneille pour éluder la règle : « C’étoit que ces deux lieux n’eussent point besoin de diverses décorations, et qu’aucun des deux ne fût jamais nommé, mais seulement le lieu général où tous les deux sont compris, comme Paris, Rome ; Lyon, Constantinople, etc.
Mais à travers tout, ce qui importe le plus, l’homme est là pour nous guider et nous rappeler ; il reparaît en chaque ouvrage et dans les intervalles avec sa nature expressive et bienveillante, avec son esprit net, judicieux et fin, son tour affectueux et léger, sa morale perpétuelle, touchée à peine, cette philosophie aimable de tous les instants qui répand sa douce teinte sur des fortunes si différentes, et qui fait comme l’unité de sa vie.
Il y a différentes manières d’interroger les témoins, même les plus véridiques.
Le consentement universel est signe pour lui de vérité : si trente siècles et dix peuples ont adoré Homère, c’est que ces siècles, ces peuples ont reconnu la nature dans Homère ; et il y a chance qu’elle y soit, si tant d’individus si différents de mœurs et de goût l’y ont vue.
Paris, l’Europe sont inondés de petits livrets signés de noms connus ou inconnus, réels ou fantastiques : Dumarsais, Bolingbroke, Hume, Tamponel docteur de Sorbonne, l’abbé Bigex, l’abbé Bazin et son neveu, les aumôniers du roi de Prusse, je ne sais combien d’auteurs inattendus, tous différents d’âge et de condition, encore que beaucoup soient d’Eglise, tous semblables de doctrine et d’esprit.
Pareillement la couleur historique de Salammbô est tout à fait différente de la couleur locale des romantiques.
Et le caractère de cet enfant se marque plus clairement par le voisinage d’un autre enfant doué de qualités différentes, mieux armé pour la lutte et pour l’action : le petit Fontanet, « ingénieux comme Ulysse », si malin, si déluré, si débrouillard, qui deviendra « avocat, conseiller général, administrateur de diverses compagnies, député ».
Or l’impression que laisse le livre est toute différente.
Il y a tels sentiments qu’ils doivent avoir, telles opinions qu’ils doivent professer, et cela quand même dans leur for intérieur ils en auraient de toutes différentes.
Molière cesse désormais d’être Mascarille et devient Sganarelle ; il adopte un type moins déterminé, plus mobile ; Mascarille est toujours valet, Sganarelle est placé tour à tour en différentes conditions, tantôt valet ou paysan, tantôt mari, père ou tuteur ; il ressemble, sous ce rapport, aux derniers venus de la comédie de l’art, à Beltrame, à Trufaldin.
L’esprit n’est pas une faculté distincte comme la sensibilité, l’imagination et la raison, auxquelles correspondent des modes différents de notre pensée, qui forment comme le domaine séparé de chacune.
Il faudrait, néanmoins, pour le pleinement apprécier, remonter jusqu’au principe de ce noble et patient effort vers une maturité morale rationnelle, dont la substance promet d’être bien différente de l’épicurisme de parade où le pessimisme un peu figuratif de M.
Chez Marivaux, par exemple, Dorante ou Lélio (peu importe le nom ; c’est toujours le même personnage sous des noms différents) est un joli garçon à combler d’aise toutes les jeunes pensionnaires.
M. de Broglie reçut cette communication qui lui fut faite par les ambassadeurs des trois cours, et par chacun sur un ton un peu différent ; il y répondit en des termes parfaitement assortis : De même, disait-il dans sa circulaire destinée à informer nos agents du dehors, de même que j’avais parlé à M. de Hügel (chargé d’affaires d’Autriche) un langage roide et haut, je me suis montré bienveillant et amical à l’égard de la Prusse, un peu dédaigneux envers le cabinet de Saint-Pétersbourg.
Curieuse et crédule, elle a voulu s’instruire de toutes les différentes connaissances ; mais elle s’est contentée de leur superficie.
J’ai cru d’abord que c’était une simple faute d’impression ; mais voyant ce nom de d’Arnaud revenir à deux reprises, et reparaître le même dans les différentes éditions de l’Éloge, j’ai été forcé de reconnaître, à ma grande surprise, que celui qu’on appelait, au xviie siècle, le grand Arnauld, était bien moins connu, au xixe , en pleine Académie des sciences, et que son nom s’y confondait insensiblement, et sans qu’on s’en rendît bien compte, avec celui de d’Arnaud (Baculard).
La seconde fuite de Mme de La Vallière au couvent eut lieu dans des circonstances bien différentes.
On me le peint alors déjà atteint par le souffle d’irritation et d’aigreur qui se fait si vite sentir sous les soleils trompeurs de Paris, méfiant, aisément effarouché, en garde surtout contre ce qui eût semblé une protection, ayant le dédain et la peur de la protection ; ne se laissant plus apprivoiser comme il s’était laissé faire à Provins quelques années plus tôt ; enfin ayant contracté déjà cette maladie d’amour-propre et de sensibilité qui est celle du siècle, celle de l’aristocratique René aussi bien que du plébéien Oberman ou du mondain Adolphe, celle de Jean-Jacques avant eux tous, comme depuis eux elle l’a été de tant d’autres qui ont eu la même maladie sous des formes et des variétés différentes.
Les leçons lumineuses en jaillissent de toutes parts ; mais, pour les bien prendre, pour les appliquer dans des circonstances à la fois analogues et différentes, il faut sans doute quelque chose de l’esprit même qui les a dictées.
Le soir, je le revis encore ; nous parlâmes longuement sur différents sujets qu’il rasa à tire-d’aile.
si les provinces ouvrent jamais les yeux, si elles découvrent un jour combien leurs intérêts sont, je ne dis pas différents, mais opposés aux intérêts de Paris, comme cette ville sera abandonnée à elle-même !
Toujours il débutera vivement, brillamment, mêlant l’esprit à l’audace, la repartie à la bravoure ; il se montrera capable, des plus prompts à l’occasion, plein de promesses qu’il ne tient qu’à lui, ce semble, de réaliser : puis tout à coup, à un certain moment, une affaire d’honneur, de vrai ou de faux point d’honneur, l’arrêtera court, le fera sortir de la route tracée et le lancera dans une sphère d’action différente : il a en lui comme une force excentrique secrète qui le déjoue.
Dans le traitement des sociétés, il est tout différent d’agir au hasard, sans préparation, sans consulter l’état moral de l’ensemble, ou de tenir compte de ces données générales qu’on dirige et qu’on modifie ensuite, mais qu’on ne supprime pas.
Aujourd’hui, s’il faut en toucher un mot, d’autres générations sont venues et ont pris rang, animées elles-mêmes d’une inspiration toute différente, mais qui n’ont pas fait pour cela un seul pas de retour vers le passé ; car le passé, pour la masse des générations humaines, ne revient jamais.
Hennin et Bernardin, dans toute cette correspondance, sont deux hommes représentant des races différentes : l’un représente la race des bons esprits, probes, exacts, laborieux et positifs ; l’autre, celle des chimériques plaintifs, chez qui le roman l’emporte, et qui, à la fin, le talent et la fée s’en mêlant, ont le privilège de se faire pardonner et admirer.
. — Cet ouvrage sera précédé d’une Correspondance de divers particuliers de distinction avec Bélanger, puis d’un Discours sur l’architecture et sur les arts en général par Bélanger, et de différentes lettres du même à divers personnages.
Tout passe, tout casse, tout lasse : ce qui vient de la flûte retourne au tambour, et on se trouve le cul entre deux selles ; on veut recourir aux branches, mais alors il n’est plus temps, l’arbre est abattu ; c’est de la moutarde après dîné ; il est trop tard de fermer l’écurie quand les chevaux sont dehors. » Tel livre d’hier n’est pas rédigé selon un système différent, si l’on admet que l’écriture par clichés puisse être un acte raisonnable et volontaire.
Les arts vraiment dignes de ce nom procèdent d’une manière toute différente : pour eux, la sensation pure et simple n’est pas le but ; elle est un moyen de mettre l’être sentant en communication et en société avec une vie plus ou moins semblable à la sienne ; elle est donc essentiellement représentative de la vie, et de la vie collective.
Heine eut des goûts divers, s’éprit et subit de nombreuses influences artistiques ; c’est-à-dire que beaucoup de choses et de différentes lui ont plu, ou encore que ses sentiments étaient assez variables pour être successivement satisfaits et charmés par des expressions artistiques dissemblables entre elles et pouvant varier de la rêverie vague des romantiques allemands, au rude réalisme de la poésie populaire, à la précision et à l’esprit des prosateurs français.
Une autre gloire, bien différente de Shakespeare, mais non moins grande, Jeanne d’Arc, attend, elle aussi, et depuis plus longtemps encore, un monument national, un monument digne d’elle.
Est-ce en vertu de la liberté d’examen qu’il y a eu dans le monde tant de religions différentes, tant de lois contradictoires, tant de préjugés barbares et fanatiques, qui séparaient les hommes en troupes féroces et ennemies ?
En réalité il y a de nombreuses conceptions différentes de la Renaissance latine.
Faubourg, section, la même chose sous deux mots différents.
Parcourons successivement ces différents objets.
Ainsi les Gentils comme les Juifs ont reçu d’avance le bienfait de la promesse ; ainsi les Gentils comme les Juifs, en différents temps, ont eu des prophètes, ont conversé avec des précurseurs : pourquoi aucun poète n’est-il encore entré dans le champ du christianisme antérieur ?
Mais, si le fond des choses est aussi différent qu’il le dit, pourquoi ce titre de Récits qui est le même et qu’il emploie ?
Ce sont là deux faits semblables dans deux ordres de chose différents.
Aujourd’hui, dans la nouvelle édition Malassis, on a ajouté aux poésies connues du Joseph Delorme d’autres poésies qui n’avaient pas encore été publiées et qui, inspirations de dates différentes et peut-être très-éloignées les unes des autres, montrent à quel point le Joseph Delorme que le poète s’était cru arracher du sein, était toujours près de revenir et de reparaître, du fond de cette organisation qui, chez les vrais poètes, a la profondeur d’un abîme.
Ce n’est pas Klopstock, ce n’est pas Milton, c’est un poète d’une personnalité différente dans lequel l’inspiration de la tradition chrétienne et de la légende populaire bat plus fort.
Assez différents sont ceux que suggère une lumière continue et douce, comme celle de la lune.
Ainsi, à l’époque où fut délibéré en France le rappel, par transaction amiable, des restes glorieux de Napoléon, lorsque cette idée, aussi peu politique qu’elle était peu poétique, occupa le gouvernement et les assemblées législatives de notre patrie, dans le torrent de louanges et d’apothéoses qui par des modes différents ramenaient le culte toujours dangereux de la force, dona Gomez fit entendre ce noble avis d’une bouche étrangère : À la France, sur la translation des restes de Napoléon à Paris.
Ils ne sont guère différents du diable des mystères, ni de ces bourreaux infernaux dont un large rictus fend la bouche jusqu’aux oreilles, où s’ouvrent sur la claire-voie des dents espacées comme des palissades, et dont la croupe bestiale se termine bar une queue qui mord comme une mâchoire ou pique comme un dard. […] III Le réalisme contemporain s’est servi d’expressions plus précises qui sont encore dispersées en différents ouvrages, mais qui, réunies et comparées, éclairées par quelques exemples, nous autorisent à parler comme il suit. […] Nous pouvons le déclarer dès maintenant, nous aurons à constater chez le même peuple, en dépit de l’unité apparente des races et des traditions, les goûts les plus différents. […] Pourquoi n’iriez-vous pas « à Lyon, à Marseille, à Bordeaux, à Nantes, à la Rochelle, pour y saisir les traits distinctifs des habitants de ces différentes provinces, pour corriger leur ridicule et les éclairer l’un par l’autre sur les bonnes qualités qu’ils possèdent respectivement » ? […] Démarches différentes selon les cas, selon les écoles, selon les hommes. — Observation scientifique et expérimentation. — Observation mondaine, impression Si, chez tous les réalistes, l’érudition est aussi grande, l’observation aussi persistante et aussi ingénieuse, ils ne procèdent pas tous exactement de la même façon.
On dit que saint Thomas d’Aquin avait autant de génie que Platon, à la bonne heure ; mais le costume est bien différent. […] La langue latine y paraît fort différente de ce que vous la voyez dans les livres. […] Mais il est plus facile d’expliquer des règles de grammaire que de retrouver l’intelligence de ce premier enthousiasme poétique, emprunté à des temps si différents du nôtre, à des mœurs qu’il faut étudier. […] Mais il y eut dans le moyen âge un état du monde tout différent, où la science était autre chose que la civilisation ; où il existait deux civilisations : une civilisation de réminiscence et de solitude, qui s’entretenait par la contemplation religieuse et l’étude de quelques monuments de l’antiquité ; une civilisation de gaieté, de désordre, qui était la vie des châteaux et des cours. […] N’est-il pas évident que de pareilles études, de pareils souvenirs, qui le transportaient dans un monde si différent du monde barbare, et même du monde chrétien, devaient déposer dans son esprit une foule de pensées étrangères à son siècle, et faisaient de lui un homme autre que ses contemporains ?
Les scènes d’Oreste et d’Hermione renferment toute la théorie de l’amour malheureux ; c’est un magasin que Racine a ouvert à tous les poètes qui l’ont suivi ; c’est là qu’ils ont pris les irrésolutions, les craintes, les espérances, les transports, les fureurs, tous les symptômes de cette folie séduisante qu’on nomme amour, et qui, bannie de la société, est restée en possession des romans et du théâtre ; il n’y a pas un trait, pas un sentiment, pas une idée propre à caractériser les différentes crises de cette passion, qui ne se trouve dans la tragédie d’Andromaque, et dans les autres du même auteur : ses successeurs ne sont parés que de ses lambeaux. […] Racine est d’un avis tout différent, et il a droit aussi, lui, d’avoir un avis sur cette matière. […] Racine était persuadé que, même dans les ouvrages dramatiques, le bon sens et la raison doivent tenir le premier rang : Voltaire, en vingt endroits de ses discussions littéraires, prétend que c’est ce dont on se passe le mieux dans une tragédie : avec des principes si différents, ces deux auteurs ont dû composer des ouvrages qui ne se ressemblent guère. […] Ce n’est pas au bout de vingt ans , c’est après cent trente ans que Racine est non seulement redemandé , mais couru, fêté, admiré beaucoup plus qu’il ne le fut jamais de son temps ; il a fallu plus d’un siècle pour l’apprécier ce qu’il vaut : c’est après d’inutiles essais dans différents genres, c’est après les prétendus chefs-d’œuvre de plusieurs beaux-esprits, soi-disant génies, c’est après avoir tout épuisé, que la comparaison et la raison nous ramènent à cet auteur incomparable. […] De ces trois tragédies, Andromaque est presque tout entière de son invention : elle n’a de grec que les noms ; les sentiments, les caractères sont français ; et la pièce d’Euripide qui porte le titre d’Andromaque est absolument différente de l’Andromaque de Racine.
La minutieuse analyse des différentes formes qu’elle a revêtues chez les traditionalistes, les mystiques et les philosophes accuse entre elle et le poème dantesque des analogies extraordinaires. […] Mais je ne m’attarderai pas aux incidents des différents séjours de Shelley à Rome, à Naples, à Livourne, à Florence, à Lucques, à Pise. […] S’il ne nous a donné que quatre livres, il les a donnés dans trois genres différents, et dans chacun de ces genres, il a si bien mis son empreinte qu’on ne saurait plus les concevoir sans lui. […] Enfin, bien qu’il se défende de faire de l’ethnographie, le Sahel abonde en fines observations sur les hommes, sur les différentes races, sur les Arabes, sur les Maures. […] Il importe peu qu’il n’en tire ni ses décors ni ses personnages : la seule chose qui compte est d’avoir pu multiplier sous différents éclairages ses observations de la nature humaine.
La lettre de Malherbe, animée d’une égale admiration, porte le cachet particulier à une génération différente : on y trouve rendu, dans une grande énergie et vivacité d’impression, le sentiment de ceux qui, ayant joui du bienfait de l’ordre et de la paix intérieure sous le régime de Henri IV, estimaient tout perdu ou au hasard de l’être pendant les quatorze ans d’interrègne réel, et qui virent enfin reparaître en Richelieu un pilote inespéré et un sauveur. […] « À nos yeux, les noms de Villehardouin, de Joinville, de Froissart, de Commines, de Montaigne, de Molière, marquent les différents âges de notre langue : les terminaisons varient, le vocabulaire se complète, la syntaxe s’épure, et, par degrés enfin, l’art de parler un même idome se modifie ou se perfectionne ; mais il ne s’en forme pas un autre. » Qui a dit cela ?
Dans cette vaste transformation des esprits qui occupe tout le dix-huitième siècle et donne à l’Angleterre son assiette politique et morale, deux hommes paraissent, supérieurs dans la politique et la morale, tous deux écrivains accomplis, les plus accomplis qu’on ait vus en Angleterre ; tous deux organes accrédités d’un parti, maîtres dans l’art de persuader ou de convaincre ; tous deux bornés dans la philosophie et dans l’art, incapables de considérer les sentiments d’une façon désintéressée, toujours appliqués à voir dans les choses des motifs d’approbation ou de blâme ; du reste différents jusqu’au contraste, l’un heureux, bienveillant, aimé, l’autre haï, haineux et le plus infortuné des hommes ; l’un partisan de la liberté et des plus nobles espérances de l’homme, l’autre avocat du parti rétrograde et détracteur acharné de la nature humaine ; l’un mesuré, délicat, ayant fourni le modèle des plus solides qualités anglaises, perfectionnées par la culture continentale ; l’autre effréné et terrible, ayant donné l’exemple des plus âpres instincts anglais, déployés sans limite ni règle, par tous les ravages et à travers tous les désespoirs. […] Le son était infiniment doux et modulé en une variété de tons d’une mélodie inexprimable, tout à fait différente de ce que j’avais jamais entendu.
Ce sont toujours ces défis et ces combats un peu fastidieux pour des lecteurs à trois mille ans de ces événements, mais qui devaient avoir un immense intérêt national pour les différentes peuplades de la Grèce, de l’Ionie et de l’Archipel, constamment citées, décrites, célébrées dans leurs ancêtres par le poète. […] … » Ces supplications sur différents tons, et toujours repoussées par Achille, se poursuivent en discours et en répliques de la plus haute éloquence pendant toute la durée de ce chant.
Une petite araignée d’or filait sa toile, et les fils presque invisibles de sa trame, descendaient sur la lame, sur le fourreau, apparaissant sous les miroitements du jour, en leurs matières différentes, comme une toile d’araignée baignée de rosée, sous le soleil du matin. […] Les hommes n’apportent pas aux idées de ce domaine la même foi qu’à leurs doctrines littéraires, qui sont et le credo convaincu et le produit d’un tempérament. » Ici, il s’interrompt pour jeter : « Tenez, nous sommes cinq dans ce salon, qui pensons absolument d’une manière différente, eh bien, je sais que nous nous aimons mieux, que ne m’aime Emmanuel Arago !
Une femme de Bogora, en Algérie, éprise follement d’un vétérinaire français, ne trouvait rien de mieux pour lui attester sa tendresse passionnée, que de se faire tatouer sur la poitrine, les différents fers à cheval, pris dans un livre technique de la bibliothèque du vétérinaire, pendant une de ses absences. […] Cette Américaine me disait, qu’elle connaissait l’auteur, qui est un médecin, et qui avait fait ce livre tout à fait d’imagination, — mais voici le curieux, — qu’il lui était venu de deux endroits différents de l’Amérique, deux lettres, où les signataires lui demandaient, comment il avait pu pénétrer ce secret de famille, si bien caché à tout le monde.
C’est une loi du développement du langage qu’un même mot éveille successivement des idées différentes, alternativement simples et complexes. […] Mais tout différents sont certains faits morbides, encore mal étudiés par les médecins, et rangés provisoirement sous le titre de chorée anormale ; une dame du grand monde parisien, qui est atteinte de cette affection, ne peut s’empêcher d’adresser tout d’abord quelque grosse injure aux personnes qu’elle aborde, puis aussitôt elle leur parle en femme du monde.
Qu’il y a de la sagesse à être religieux 824 : c’est là son premier sermon, fort célèbre de son temps et qui commença sa fortune. « Cette phrase, dit-il, comprend deux termes qui ne sont point différents de sens, tellement qu’ils ne diffèrent que comme la cause et l’effet, lesquels, par une métonymie employée par tous les genres d’auteurs, sont souvent mis l’un pour l’autre825. » Ce début inquiète ; est-ce que par hasard ce grand écrivain serait un grammairien d’école ? […] Quittons ce mathématicien, homme de cabinet, homme antique, qui prouve trop et s’acharne, et voyons parmi les gens du monde celui qu’on appelait « le plus spirituel » des ecclésiastiques, Robert South, homme aussi différent de Barrow par son caractère et sa vie que par ses œuvres et son esprit ; tout armé en guerre, royaliste passionné, partisan du droit divin et de l’obéissance passive, controversiste acrimonieux, diffamateur des dissidents, adversaire de l’Acte de tolérance, et qui ne refusa jamais à ses inimitiés la licence d’une injure ou d’un mot cru. […] Mais rien de plus obscur ; Calvin et les autres théologiens en donnaient chacun une définition différente.
Désir de fuite perpétuelle vers un ailleurs, où elle pourra être elle-même, celle en qui des hérédités différentes ont mêlé l’ardeur de l’Orient et la mélancolie des âmes occidentales. […] On l’a dite d’origine étrangère, « pétrie de races différentes, née de climats aussi divers que le Sud et le Nord ». […] Et voilà qu’elle se sent comme étrangère à celle qu’elle fut jadis : Ceux qui m’ont vue hier me chercheront en vain : Je tiens le voile clos sur ma face hermétique, Un parfum différent flotte sur ma tunique, La trace de nos pas ne les instruira point.
L’Assonance est, pour parler selon la rigueur, la rencontre, à la fin de deux lignes plus ou moins rhytmées, de la même voyelle encadrée autant que possible par la même consonne d’appui et une consonne ou une syllabe muette terminale différente. […] Le Livre de Jade, magnifique in-octavo, se présente comme une traduction de différents poètes chinois, et je ne demande pas mieux que de le croire sur parole, quoique çà et là une note bien parisienne, un accent délicatement ironique, dont je soupçonne absolument incapables les lettrés à bouton de cristal du Céleste-Empire, vienne vous avertir qu’évidemment la traduction, puisque traduction il y a, est du moins, très libre. […] Regnier, Griffin, Stuart Mérill, Retté, tous remarquables, à différents degrés et dont l’avenir nous répond.
Blanche ne manquera pas de nous en tracer le tableau, comme il vient d’esquisser celui du wagnérisme de 1885, à propos duquel il me semble cependant avoir négligé deux des milieux wagnériens qui eurent leur importance et dont je me permettrai d’indiquer brièvement les caractères différents. […] C’était ainsi que je revoyais devant moi les aspects différents de la ville, asiatique, en sa campagne fertile et arrosée, au pied de son Olympe verdoyant et neigeux, dans son mystère de cité orientale où passent des femmes voilées et des hommes à turbans, avec ses rues sinueuses ombragées de platanes, ses fontaines fraîches, ses débris de vieux murs byzantins, son bazar aux galeries voûtées où les marchands, accroupis aux seuils de leurs boutiques basses, vendent des tapis, des babouches et, en d’étroites fioles de verre, des essences qui semblent l’âme même des fleurs dont elles éternisent les parfums ; où ils déploient, d’un geste obséquieux et grave, les étoffes bariolées, les gazes vaporeuses et brillantes, tramées de soie et d’or, que tissent toujours les habiles ouvriers d’Asie comme au temps des Mille et une Nuits. […] C’est en cette occupation et en cette posture, Monsieur, que je vous laisse en prenant congé, car j’ai bien souvent songé à vous, quand, moi aussi, je goûtais les délices de la vie vénitienne, telle qu’elle était de mon temps, c’est-à-dire bien différente de celle que vous avez si spirituellement décrite. […] Il faut espérer qu’il sera plus sage à l’avenir. » Suivent diverses mentions : « Le 15 novembre 1784 envoyé à mon fils aîné une inscription sur le Trésorier des guerres de 140 livres. » « Le 11 mai 1785 envoyé pour compléter sa « pantion » une lettre de change signée Monge de 579 livres. » Aussitôt après se lisent quelques lignes d’une écriture différente : « J’ai reçu de ma mère, la somme de 720 livres. […] Dix-huit bandeaux faits en 1783 et trois de différents morceaux.
Il est clair que ces différents moyens ne sont consignés ici qu’à l’état d’indications, incomplètes, embryonnaires et non reliées entre elles : c’est une œuvre bien plus vaste encore qui serait à réaliser. […] On se rappelle cet épisode fameux qui prouve que le monde grec, au ive siècle avant Jésus-Christ, souffrirait déjà, comme le nôtre, de la maladie sophistique : « Si donc un de ces hommes habiles dans l’art de tout imiter et de prendre mille formes différentes, venait chez nous pour y faire admirer son art et ses ouvrages, nous lui rendrions hommage comme à un homme divin, ravissant et merveilleux ; mais nous lui dirions que notre Etat n’est pas fait pour posséder un homme comme lui ; et qu’il ne nous est pas permis d’en avoir de semblables. […] Il y note qu’invariablement lorsque deux groupes sociaux de « formation sociale » différente sont en présence, il y a conflit et que le groupe supérieur l’emporte toujours ; que de plus l’humanité a toujours sanctionné et légitimé cette loi qui forme le fond permanent de l’histoire. […] L’exploitation méthodique de l’Espagne par des individus de différentes races va sans doute commencer. […] Vis-à-vis de la collectivité, l’individu conscient peut prendre deux attitudes différentes : tenter par un effort acharné de l’entraîner ou se séparer d’elle nettement, c’est à dire la lutte révolutionnaire ou la sécession.
Il essaya différents sujets de conversation : la Propagation de la Foi, les prédicateurs du Carême, l’économie domestique. […] Surpris de ce costume si différent de celui de sa mère et de ses tantes, il ne se laissait pas tenir sans résistance. — Eh bien ! […] Cela seul mérite d’être beaucoup remarqué au lendemain du triomphe de Maurice Rollinat, cet autre poète d’une si différente inspiration, dont le regard, brisé aux angles de tous les sépulcres au milieu desquels il s’est fixé lui-même comme une effigie de désespoir, semble avoir perdu la puissance de réfléchir les vivantes harmonies de ce militant univers. […] à ne prendre le mot du Saint Père que dans son acception mondaine ou littéraire, très différente de l’acception théologique, c’est-à-dire, comme signifiant une extrême perversité humaine, on est forcé de reconnaître qu’il est surabondamment justifié par l’histoire même des francs-maçons, histoire entièrement dénuée de splendeur au simple point de vue de la morale la plus rudimentaire. […] Ces deux pièces, très différentes de style, de mouvement et d’inspiration, mais identiques d’accent et qu’il m’a été donné de lui entendre chanter plusieurs fois — Dieu sait avec quelles trépidations intérieures !
Maurice Talmeyr a dépeint le rôle que joue à différents échelons de notre société la morphine, cet épouvantable engin de destruction que la science lui avait donné pour, engourdir ses heures de douleur. […] Jean Rameau, je trouve cette description d’un cabaret qui a pour enseigne le Chien-Rouge et qui offre plus d’une ressemblance avec celui qui porte le nom d’un autre animal, d’une différente couleur : Le Chien-Rouge était un somptueux cabaret de Montmartre, qui menait grand bruit depuis deux ans. […] Bien qu’aujourd’hui le Scapin se trouve au moins l’égal du grand premier rôle, causez avec des comédiens durant un entracte et vous verrez que, malgré la détente du foyer, leurs costumes influent de façons très différentes sur leur attitude et leur pensée intime. […] Ollivier, que le Michel-Ange à moitié faux de Condivi, de Vasari et du fils de Léonard Buonarroto. » Les papiers de la famille Buonarroto, accessibles en leur totalité seulement depuis la mort du dernier d’entre eux, en ont révélé un bien différent de celui qu’avait fabriqué une naïve admiration.
Écoutons un rêveur comme Loti, un intellectuel comme Bourgety un sensualiste comme Maupassant, et, nous entendrons, sur des tons différents, les mêmes paroles de désenchantement. […] La science, nous dit-on, n’est pas fondée ; vous avez constitué des sciences, ce qui est bien différent. […] Il y a des médailles de Cléopâtre ; les numismates en comptent quinze de type différent. […] Il n’y a pas de synonymes absolus, en grec, ni ailleurs, il est donc clair que les deux mots άθηρηλοιγός et πτυον désignent des instruments différents, tous deux connus du poète, qui sait ce qu’il dit. […] On y voyait siéger ensemble des personnes de religion différente, occupant des magistratures semblables, associées aux mêmes affaires.
Certes, il eût mieux valu ne pas clouer aux différents chapitres d’Ernest Maltravers des épigraphes tirées d’Eschyle, d’Euripide, de Simonide, et transcrire correctement les paroles françaises et italiennes prononcées par les personnages. […] Les capitulaires de Charlemagne n’ont pas été analysés par lui avec un soin moins scrupuleux ; il les a décomposés et rangés sous différents chefs, de manière à prouver que tous ces documents n’ont pas un caractère purement législatif. […] S’il n’eût pas pris soin de personnifier ses pensées sous une forme vivante, si, entraîné par un fol orgueil, il eût essayé de nous parler sans relâche sous des noms différents, l’ennui se serait bientôt emparé de nous. […] La Ciguë, un Homme de bien, l’Aventurière, Gabrielle, le Joueur de flûte, très différents par le choix des sujets et des personnages, sont unis entre eux par la parenté des pensées et du langage. […] Je ne crois pas qu’il soit possible d’apercevoir, au fond de cette comédie, une thèse différente de celle que j’énonce.
Je viens de parcourir les différents articles que M.
Les faits particuliers qui nous sont attestés et qui nous donnent la mesure de son zèle au bien ne sauraient se reproduire ici : enfants nouveau-nés, trouvés sous des portes cochères, et qu’on va déposer d’abord chez Mme Navier ; — jeunes filles de dix ans, abandonnées par d’indignes parents, quelle recueille, qu’elle instruit, quelle ne laisse qu’après les avoir mises en lieu sûr ; — quelquefois des familles entières qu’elle entreprend de sauver de la détresse, et dont elle place les différents membres ; — des orphelins même qu’on lui envoie de province, comme si ce gouffre de Paris ne lui suffisait pas : — on admire, rien qu’à y jeter les yeux et à l’entrevoir un moment, cette série d’œuvres continuelles et cachées, ce courant salutaire et pur à côté d’autres qui le sont moins ou qui sont tout à fait contraires : c’est ainsi, selon une juste remarque, qu’au sein des sociétés humaines subsiste et se renouvelle incessamment cette dose de bien nécessaire à l’équilibre moral du monde.
En 1847, aux approches de la révolution, Tocqueville avait conçu des craintes sérieuses en voyant la hardiesse et l’espèce de concert des différents systèmes socialistes ; nous l’apprenons par un fragment intitulé : De la classe moyenne et du peuple, qui devait servir de manifeste au petit groupe d’opposants dont il était le chef.
Félix, souviens-toi bien : il est impossible que cette bonne grand-mère, et papa, et mon oncle Constant (le peintre), ne descendent pas de cette ligne dont les traits sont si différents de la race vraie Flandre. » C’est miracle qu’elle puisse étudier à travers une vie si tiraillée, si morcelée.
Sa conversation est prompte, discursive, abondante, également nourrie sur tous les sujets, initiée aux mœurs des métiers différents, suppléant au manque de voyages par la pratique assidue de la grande ville ; on y reçoit mille traits qui pénètrent avant et se retiennent.
La belle Isabeau, qui joue un si grand rôle à ses côtés, est un autre personnage historique ; mais, par une licence très-permise, l’auteur ici a rapproché des temps un peu différents.
Ces deux ouvrages si soudains, si imprévus, si différents des autres, ne démentent-ils pas notre opinion sur Racine ?
Les Védas chez les Indiens, les Kings chez les Chinois, le Zend-Avesta chez les Persans, les Chants orphéiques chez les Grecs, les feuilles même de la Sybille chez les Romains, la Bible et les Psaumes chez les Hébreux, sont les principaux monuments sacrés de ces différentes zones de la terre.
Mais l’usage de l’instinct crée le mérite et le démérite : l’homme est libre, et, selon sa science, choisit entre les actes que son instinct lui suggère ; s’il suit la nature et l’Évangile, qui en termes différents lui font le même commandement, la nature l’avertissant de travailler pour l’espèce, l’Évangile lui enjoignant de se dévouer au prochain, il se désintéressera ; il éloignera l’ambition, l’avarice, la volupté, l’égoïsme : il sera doux, humble, charitable, et s’efforcera de vaincre par l’amour les misères sociales.
Une Nativité, jouée à Rouen en 1474, exigeait, entre le Paradis et l’Enfer, vingt-deux lieux différents de Nazareth, Jérusalem, Bethléem et Rome.
Les hommes se combattent et se haïssent parce qu’ils se voient différents : Montaigne leur étale leur naturelle égalité, pour les convier à vivre en frères.
Il est franc, simple et rond, rond surtout, ce qui est bien différent.