C’est par les vitraux de couleur à travers lesquels Hugo a toujours regardé la nature que Monselet la contemple.
Mais un poète comme Banville, qui n’a eu qu’un tort pour sa gloire, c’est de venir dix ou vingt ans trop tard dans la poésie collective de son temps, nous montre, à travers l’éloquence de son talent et par elle, pourquoi les écoles meurent et pourquoi elles doivent mourir.
Quand l’homme ne comprend plus rien à la vie, il invente et il applique, à tort et à travers, le mot de destin… Et il en est de même pour la Gloire, bien souvent aussi incompréhensible que la vie.
J’ai bien compris qu’une femme, à une certaine hauteur d’éducation et de société, et qui aime, ne peut pas s’empêcher d’aimer avec toutes les facultés qu’elle a, — et à travers toutes les occupations de sa vie.
Flaubert, qui doit être, sauf erreur, un incrédule, nous montre à travers un curé ridicule et stupide, rencontre au spectacle, où son mari la mène pour la distraire, ce jeune homme aimé et désiré autrefois ; et alors tous deux, ayant cessé d’être novices, se reprennent tout à coup l’un à l’autre avec la fureur du regret de ne s’être pas saisis plus tôt !
Qu’il nous donne donc de l’histoire, mais de l’histoire vivante, et non plus de l’histoire morte, de l’histoire cadavre, que toutes les académies du monde qui se croient des thaumaturges ne sont pas capables de ressusciter ; qu’il nous peigne les figures historiques qu’il rencontre et qu’il juge à travers sa diplomatie.
Ils passent à travers leur siècle, sans rien emprunter de sa couleur.
Mais ils se parlent à travers les portes fermées. […] Et, de même, aucune ne présente, à travers l’espace où elle est dispersée, des contrastes plus forts. […] Peut-être, d’ailleurs, ces réapparitions à travers les âges m’apporteraient-elles moins de surprises — hélas ! […] vous pouvez mâcher de la gomme à claquer et rouler des yeux comme un veau qu’on aurait mené voir Athalie… » ou encore : « L’écho des petits scandales d’au-dessous, d’au-dessus, d’à côté, suintent à travers les murailles comme à travers de simples gilets de flanelle », ou bien : « La pauvre enfant ! […] Ils m’ont jugé pittoresque, beau à ma façon, — et irresponsable, comme le loup lâché à travers la forêt.
Ce ne fut que lorsque le sang s’égoutta à travers le plancher mal joint qu’ils s’effrayèrent et qu’ils virent que le Parisien s’était tué là-haut. […] Virginie eut une plainte sourde, se baissa, la serra aux cuisses, lui mangea les genoux à travers sa jupe. […] La salle n’avait plus que l’éclairage de l’azur blême d’une nuit glacée passant à travers les carreaux. […] La prière matinale de la prison trouvait la prisonnière en marche à travers la floraison candide de la contrée où elle avait fait ses premiers pas. […] Il me faut un surtout d’or ciselé par Barye, et des bougies à travers lesquelles on puisse regarder à la loupe une miniature d’Isabey.
Deux rois, après leur dîner, vont se divertir en se passant leur épée à travers le corps, comme firent Yngve et Alf. […] Maintenant, vienne la civilisation, et il faudra une peine infinie pour retrouver ce génie, et pour le reconnaître à travers ses transformations. […] Pendant des siècles, on marche à travers les ténèbres et l’horreur, la tête dans le brouillard et les pieds dans le sang. […] Lord Byron rejoint directement à travers les siècles les vieux poètes saxons et scandinaves primitifs. […] Il ne veut pas qu’il l’engage à rien, et il le tiendra à tort et à travers.
Qui est-ce qui fait tomber les masques et qui est-ce qui démêle les vertus affectées des vertus vraies et qui est-ce qui perce « à travers le fard de la décence, de la moralité, de l’honnêteté », si ce n’est La Rochefoucauld et si ce n’est Molière ? […] Michaut crée une nouvelle légende en assurant que Racine a pris son sujet à Corneille, et je vois, à travers le vingtième siècle, la légende n° 2 se substituer à la légende n° 1. […] — Non, Madame ; mais il me le dit. » Resté seul avec Domitie, Domitian lui tient des propos obscurs un peu ; mais à travers lesquels on peut voir que Domitian a fait la cour à Bérénice pour exciter la jalousie de Domitie et pour la ramener à lui. […] Elle a été d’une drôlerie impayable, encombrante, tracassante, entravante à souhait, avec un fond de bonté que l’on démêlait très bien à travers tout cela. […] Et, à travers cet écheveau, vous comprenez bien la pensée de Sainte-Beuve et combien elle est juste.
Il aurait murmuré dans le fond de son âme ce que l’aimable Sardanapale de Byron disait sur son bûcher à la jeune Myrrha : « Si ta chair se trouble, si tu crains de te jeter à travers ces flammes dans l’inconnu, adieu, va et sache bien que je ne t’en aimerai pas moins, mais qu’au contraire je t’en chérirai davantage pour avoir été docile à la nature. » Et il aurait pleuré, et son cœur se serait amolli, il n’aurait pas tué la pauvre Iza, que d’ailleurs il n’aurait pas préalablement épousée. […] Un Pégase, un de ces chevaux de l’air, emporte les deux amants ressuscités à travers le monde nouveau qu’ils habitent et les dépose à l’entrée d’une antique forêt. […] Il faut être léger pour voler à travers les âges. […] Chevaliers, pages, varlets, châtelaine accoudée, pâle et mélancolique, à la fenêtre de son castel, ribauds et ribaudes, pendus, taverniers d’enfer, une multitude incroyable de cabaretiers, enfin, tout un moyen âge vu, dans l’ombre, à travers un feu de Bengale vert et rouge ; puis toutes les fiancées des ballades allemandes, des elfes, des follets, des gnomes, des fantômes, des squelettes et des têtes de mort. […] Il y a là trois cavaliers symboliques, superbement enluminés : Le premier cavalier est jeune, frais, alerte ; Il porte élégamment un corselet d’acier, Scintillant à travers une résille verte Comme à travers des pins les cristaux d’un glacier.
Mais que dire des ecclésiastiques qui circulent à travers ce joli récit ? […] Et bien conduit aussi, depuis la première ascension, à pied, le guide portant la valise, à travers les châtaigniers élégants, puis les sapins tragiques ; jusqu’à la dernière page, où l’on entend siffler la machine du funiculaire. […] Il devina ou pressentit les idées qui galopaient à travers l’espace qu’ouvrait en elle la fuite de son roman [c’est quelquefois mal écrit, tout de même]. […] Et, en effet, c’est à travers la mort qu’il a été vers ce qu’il estimait être la vie. […] Il fallait un cicerone pour promener le voyageur à travers ces cinq ou six villes.
Rosette (c’est le nom de la jeune fille) sait très-bien disputer et garder à travers maint péril la fleur de rosier qu’elle ne doit donner qu’à l’hymen ; un jeune berger, en définitive, l’emporte sur un vieillard chargé de pommes d’or et sur un bel esprit qui est d’une Académie. […] J’avais, à cet égard-là, l’air assez suisse, et je regardais encore hier fort à mon aise Voltaire roulant comme un petit pois vert à travers les flots de jean-fesses qui m’amusaient. […] On met les chevaux ; Polichinelle les y attend sur des forêts de tréteaux qui bordent les deux côtés ; il parle en fiacre, dame Ragonde en poissarde, et l’on ne saurait percer à travers la foule des carrosses les plus noblement armoriés.
Dans cette vaste transformation des esprits qui occupe tout le dix-huitième siècle et donne à l’Angleterre son assiette politique et morale, deux hommes paraissent, supérieurs dans la politique et la morale, tous deux écrivains accomplis, les plus accomplis qu’on ait vus en Angleterre ; tous deux organes accrédités d’un parti, maîtres dans l’art de persuader ou de convaincre ; tous deux bornés dans la philosophie et dans l’art, incapables de considérer les sentiments d’une façon désintéressée, toujours appliqués à voir dans les choses des motifs d’approbation ou de blâme ; du reste différents jusqu’au contraste, l’un heureux, bienveillant, aimé, l’autre haï, haineux et le plus infortuné des hommes ; l’un partisan de la liberté et des plus nobles espérances de l’homme, l’autre avocat du parti rétrograde et détracteur acharné de la nature humaine ; l’un mesuré, délicat, ayant fourni le modèle des plus solides qualités anglaises, perfectionnées par la culture continentale ; l’autre effréné et terrible, ayant donné l’exemple des plus âpres instincts anglais, déployés sans limite ni règle, par tous les ravages et à travers tous les désespoirs. […] À travers les discrètes moqueries ou les intentions morales, on sent que son imagination est heureuse, qu’elle se plaît à contempler les balancements des forêts qui peuplent les montagnes, l’éternelle verdure des vallées que vivifient les sources fraîches, et les larges horizons qui ondulent au bord du ciel lointain. […] Jette tes yeux vers l’orient, me dit-il ; et raconte-moi ce que tu vois. — Je vois, répondis-je, une large vallée et un prodigieux courant de mer qui roule à travers elle. — Considère maintenant, me dit-il, cette mer, qui à ses deux extrémités est bornée par des ténèbres, et dis-moi ce que tu y découvres. — Je vois, repris-je, un pont qui s’élève au milieu du courant. — Le pont que tu vois, me dit-il, est la vie humaine : considère-le attentivement. — L’ayant regardé plus à loisir, je vis qu’il consistait en soixante-dix arches entières et en plusieurs arches rompues qui, avec les autres, faisaient environ cent.
À peine a-t-il tendu cet arc immense et recourbé, l’arc résonne, la corde vibre ; la flèche acérée siffle et vole ardente à percer le groupe des Grecs. » Ménélas, à peine atteint à travers son bouclier, voit un filet de sang couler sur ses cuisses. […] Mille foyers resplendissent à travers la plaine ; la vive lueur de chacun de ces feux éclaire cinquante guerriers assis à l’entour, et les chevaux qui broient l’orge blanche et l’avoine attendent auprès des chars que l’Aurore remonte sur le trône des cieux. » XVI On parle de nouveauté dans le style ; mais quelle nouveauté de style pourrait surpasser cette vérité pittoresque des feux d’un camp pendant la nuit, comparés aux lueurs de l’armée des astres brillant de tous côtés dans le firmament ? […] « Mais, tels que deux limiers à la dent cruelle, exercés à la chasse, poursuivent, sans relâche et sans répit, à travers une contrée boisée, soit un lièvre, soit un faon timide qui fuit en bêlant ; tels, etc. » Dolon, atteint et interrogé, trahit les secrets d’Hector et n’en est pas moins immolé avant qu’il ait pu toucher avec la main le menton de Diomède, geste qui rendait le prisonnier sacré.
Tu ne saurais pas aujourd’hui que les plus belles philosophies n’ont que des jours d’explosion et des années de fumée, fumée à travers laquelle on ne reconnaît plus rien que des décombres ; que les peuples, comme des banqueroutiers de la vérité, ne tiennent jamais ce qu’ils promettent ; que les princes les meilleurs ne recueillent que l’assassinat, comme Henri IV, ou le martyre, comme Louis XVI ; que les réformateurs les plus bienfaisants ont pour ennemis les utopistes les plus absurdes ; que les gouvernements héréditaires subissent les dérisions de la nature, qui ne sanctionne pas toujours l’hérédité du génie ou des vertus ; que les gouvernements parlementaires subissent la domination de l’intrigue, la fascination du talent, l’aristocratie de l’avocat, qui prête sa voix à toutes les causes pourvu que l’on applaudisse, et qui est aux assemblées ce que la caste militaire est aux despotes, pourvu qu’ils les payent en grades et en gloire ; que les gouvernements absolus font porter à tous la responsabilité des fautes d’une seule tête ; que les gouvernements à trois pouvoirs sont souvent la lutte de trois factions organisées qui consument le temps des peuples en vaines querelles, qui n’ont d’autre mérite que d’empêcher les grands maux, mais d’empêcher aussi les grandes améliorations, et qui finissent par des Gracques ou par des Césars, ces héritiers naturels des anarchies ou des servitudes ; que les républiques sont la convocation du peuple entier au jour d’écroulement de toute chose pour tout soutenir, le tocsin du salut commun dans l’incendie des révolutions qui menace de consumer l’édifice social ; mais que si ces républiques sauvent tout, elles ne fondent rien, à moins d’une lumière qui n’éclaire pas souvent le fond des masses, d’une capacité qui manque encore au peuple, et d’une vertu publique qui manque plus encore aux classes gouvernementales. […] Dupin, dans un volume récent, renouvelle encore contre moi cette accusation irréfléchie de n’avoir pas proclamé la régence, la régence d’une femme intéressante sans doute, mais d’une femme exclue du gouvernement par la loi que le parti d’Orléans venait de se faire à lui-même ; régence aussi illégale par conséquent que la république, une régence déjà tombée dans la rue et ramenée, à travers la révolution et l’armée immobiles, à la porte d’une Chambre dissoute de fait. […] Une révolution à courte échéance m’apparaît à travers ces actes de défi à la France.
Voyage historique, littéraire, religieux, à travers le monde alors connu des Grecs, ce serait le vrai nom de ce qu’on appelle son Histoire. […] Son livre est plein de critique ; c’est un homme d’esprit sans parti pris, qui vous mène promener à travers le monde et qui vous dit : « Regardez et concluez. » Il a aussi beaucoup d’analogie avec Voltaire dans ses Mœurs des nations. […] Chacun d’eux possède sur ce sol artificiel une cabane, dans laquelle il vit : à l’intérieur, une sorte de porte ou de trappe qui se replie sur elle-même donne accès dans le lac à travers les pilotis ; et quand elle est ouverte, pour empêcher les enfants de tomber dans l’eau, ils ont soin de leur attacher un pied avec une corde.
Après tout, ces filles ne me sont point déplaisantes, elles tranchent sur la monotonie, la correction, l’ordre de la société, elles mettent un peu de folie dans le monde, elles soufflettent le billet de banque, et elles sont le caprice lâché, nu et libre et vainqueur, à travers un monde de notaires et ses raisonnables et économiques joies. […] Pendant le dîner, nous avons l’agacement d’entendre le fin causeur, le fin connaisseur ès lettres, parler art, à tort à travers, louanger Eugène Delacroix comme peintre philosophique, s’étendre sur l’expression de la tête d’Hamlet dans son tableau « Hamlet au cimetière », tirade que coupe presque brutalement Gavarni par cette phrase : « L’expression ! […] Le jour y vient triste et pauvre, d’un jardinet fermé par un grand mur, et à travers le tortillage d’une vigne aux sarments maigres et noirs.
C’est à travers les vitres d’un café Qu’il faut voir son siècle qui passe… Mais voilà ! […] S’il faut nommer celui de vous, mes blonds archanges, Avec lequel j’ai fait le plus d’essors étranges À travers la nuée opaque du réel Dans l’élargissement magnifique du ciel, Aspirant dans le gouffre où j’élançais ma tête L’ivresse dont l’azur avive les planètes Et de vierges désirs épandus dans les airs, Qui se glissaient comme une musique en ma chair ; S’il faut nommer celui des dieux dont la pensée S’est à bouillons de pourpre en mon âme versée Comme un vin exalté qui débordant d’ardeur Inonde toute la poitrine du buveur Et laisse dans la coupe une immortelle envie D’être soi-même à tous un vin qu’on sacrifie ; Ah ! […] Et c’est le chœur seul de ces voix qui le bercera dans ses voyages à travers l’Infini.
Et maintenant, au soir tombant, sous les voûtes inquiétantes qui se perdent dans l’obscurité du crépuscule, dans l’ombre mystérieuse traversée à peine par la lumière irisée des vitraux, alors que, les grandes orgues s’étant tues, le glissement des pas les plus légers se prolonge indéfiniment à travers les chapelles et les nefs recueillies, l’âme, toute pénétrée d’une mélancolique espérance, monte vers Dieu d’un mystique élan. […] C’est à lui que nous reviendrons quand nous aurons suivi à travers le Moyen-Âge la veine du naturalisme proprement dit ou réalisme indifférent. […] Ils ne tardent pas à diverger de nouveau, et nous essayerons de les saisir à travers le xixe siècle comme nous allons d’abord les suivre du xve siècle à la fin du xviiie . […] À travers les opinions confuses de ses personnages, on démêle la sienne : « La volonté est une force matérielle semblable à la vapeur, une masse fluide dont l’homme dirige à son gré les projections138 ». […] En France, au contraire, le réalisme rampe assez bassement à travers les incidents de la vie quotidienne, sans s’élever jamais.
Et c’est là un fait facile à comprendre, parce que le sucre est une des substances dont le pouvoir endosmotique est considérable et qui passe le plus aisément à travers les membranes. […] Pendant la vie, il y a des conditions qui, ainsi que nous le verrons plus tard, empêchent de semblables effets de se produire à travers les membranes. […] On voit ainsi que le sang qui est amené par la veine porte à la périphérie du lobule doit, pour parvenir dans la veine hépatique, circuler à travers toute la série de cellules hépatiques intermédiaires. Durant ce trajet, le sang est en contact avec les cellules hépatiques, à travers des parois vasculaires très minces qui ne sont pas distinctes et ne circonscrivent en quelque sorte que des lacunes vasculaires. […] On observe particulièrement ces faits chez un animal soumis à l’alimentation féculente, et ce phénomène de production de la matière émulsive est déterminé durant le passage du sang de la veine porte à travers les cellules glandulaires du foie.
Il note alors qu’ils font couple à travers tout le défilé et toute la revue ; ce qu’il exprime en disant : Toutes les eaux sont froides. […] Certains accompagnements ou antécédents, en d’autres termes, certaines conditions du caractère forment le premier terme du couple, et le premier terme entraîne toujours avec lui ou après lui le second ; peu importe le lieu, le moment, le cas, le sujet ; l’influence du premier terme s’exerce à travers toutes ces dissemblances ; bref, il suffit que les conditions soient données pour que le caractère soit donné. […] Après un long examen, on découvre que tous ces cas si différents s’accordent, autant qu’on en peut juger, en un seul point, qui est la présence d’un mouvement de va-et-vient, en d’autres termes, d’une vibration du corps sonore, comprise entre certaines limites de lenteur et de vitesse, et propagée à travers un milieu jusqu’à l’organe auditif. […] Dégagée et suivie à travers plusieurs propositions intermédiaires, elle ramène l’axiome à une proposition analytique.
Voit-on ce monde à travers les rues de Stamboul. […] C’est de Rispal, un médaillon en cire de couleur, représentant sainte Cécile, un médaillon d’un caractère artistiquement étrange, avec, sur un fond de brun rouge, sa tête de délicate Nubienne, et à travers le pétrissage de cette grasse matière, colorée fauvement, seulement le brillant de l’or d’un nimbe, l’éclair d’argent d’un ruban qui enferme sa chevelure. […] Six heures du soir. — Les ornières des allées sous bois, se perdant, s’effaçant, — le feuillage éteint, avec de la verdure lumineuse, seulement près des éclaircies, — un ciel lavé de rose à travers les percées, — le uît, uît d’un petit oiseau, voletant à la recherche d’une branche, pour dormir, — le bruit balancé de cloches lointaines, lointaines, — un grand silence montant de la terre, abandonnée par le travail de l’homme. […] Dans la petite pièce, le rouge des murs, est rompu par une ceinture japonaise du xviie siècle, une ceinture, où des hirondelles volent à travers des glycines blanches ; le rouge du plafond, est rompu par un foukousa, aux armes de la famille Tokougawa, (les Mauves) d’où, sur le fond d’un gris mauve, la blancheur d’une grue se détache au-dessus d’une gerbe d’or.
Seul, ce qui survit à la critique, ce qui passe à travers son fin tamis, se reproduit et revit : ainsi du Classicisme. […] Tout cela, nous le distinguons à travers un voile et nous jouissons du plaisir de le deviner. […] Ses voyages d’exploration, il les fait à travers le monde social. […] C’est un péché originel que de prendre pour titre non pas d’un roman, mais d’un cycle entier de romans, l’odyssée de la névrose à travers le sang d’une famille. […] Je me forme à peine une idée nette de l’ensemble et je regretterais d’en agir avec ces littératures comme les critiques français en agissent avec la nôtre en en parlant à tort et à travers et sans connaissance de cause.
Quand bien même l’objet représenté serait de ceux que dans la réalité nous trouvons vulgaires et prosaïques parce qu’ils ne disent rien à l’imagination, le seul fait qu’il nous apparaisse ici dans un mirage, à travers une illusion, l’allège de son plat réalisme. […] Alors il nous communiquera des émotions que nous n’avions jamais éprouvées à ce degré ; il nous fera contempler la nature à travers ses rêves ; il nous en présentera une image transfigurée, toute pénétrée de poésie, qui parlera plus à notre imagination que n’a jamais fait la réalité. […] Certains peintres aiment à nous faire entrevoir les objets dans un clair-obscur ou à travers une sorte de brume qui les rend mystérieux (Léonard de Vinci, Rembrandt, Carrière). […] Mais on le voit, l’allure mentale est toujours la même, le but poursuivi est toujours le même : développer les images, les intensifier, les transporter « à travers des plans de conscience différents », de l’abstrait au concret. […] Travailler intellectuellement consiste à conduire une même représentation à travers des plans de conscience différents, dans une direction qui va de l’abstrait au concret, du schéma à l’image. » H.
Pour nous, à qui une rencontre inévitable l’a offerte, pour ainsi dire, au milieu et au cœur d’un sujet que nous traitions, il nous a été donné de la suivre, et nous avons eu comme l’honneur de la fréquenter en des heures de retraite et à travers ses dispositions les plus cachées. […] Effrayée, elle s’arrête, elle ne peut que s’écrier à Dieu, face contre terre, à travers de longs silences : Sana me et sanabor.
Il est certain que son caractère en souffrit et qu’une aigreur désormais incurable se glissa au revers de cette imagination tendre, à travers cette sensibilité charmante. […] Qu’on se figure en effet dans ses rapports avec le monde une sensibilité très-fine, très-exquise, qui pénètre vite les motifs cachés, les racines mauvaises des actions, qui saisit la pensée sous l’accent, la fausseté à travers le sourire, qui subodore en quelque sorte les défauts des autres mieux qu’eux-mêmes, et s’en incommode promptement57.
Mais, à travers les fautes et les erreurs des gouvernants, la raison humaine marchait, et avec elle la tolérance. […] Et en le nommant ainsi je voudrais éviter, quoique cela soit bien difficile, de nommer et d’indiquer l’Église spirituelle ; je voudrais séparer tous ces esprits, toutes ces âmes respectables et intérieures, tous ces croyants qui ne vivent que du suc intime du christianisme et dont la vie est soumise à des préceptes de douceur et de charité ; — et ce n’est pas ici un hommage d’apparat que je leur rends : j’ai le bonheur d’en compter plusieurs pour amis, et à travers les dissidences de la pensée, je n’ai jamais cessé de sympathiser avec eux par le cœur ; — mais il faut bien le dire, des circonstances récentes, des déterminations politiques qui étaient peut-être nécessaires, ont donné aux hommes actifs et d’humeur ingérante, aux meneurs politiques qui dirigent le parti, des encouragements et des espérances qui, dans leur exaltation bruyante et leur redoublement fiévreux, sont faits pour inspirer des craintes, — non pas de l’effroi, — et pour inquiéter du moins ceux de mon âge, qui, se souvenant des misérables luttes du passé, voudraient en prévenir le retour.
Votre législation finit avec l’homme, la nôtre se perpétue et se divinise indéfiniment à travers les éternités. […] L’expulsion du toit et du champ paternels, la mendicité aux portes des seuils étrangers, la glane dans le sillon sans cœur, le vagabondage à travers la terre, la couche sous le ciel et sur la neige, la séparation des membres errants de la même chair, le déchirement de tous ces cœurs qui ne faisaient qu’un, la destruction de la parenté, cette patrie des âmes, cet asile de Dieu préparé, réchauffé, perpétué pour la famille ; les mœurs, l’éducation des enfants, la piété filiale et la reconnaissance du sang pour la source d’où il a coulé et qui y remonte par la mémoire en action qu’on appelle tendresse des fils pour leur père et leur mère ; tout cela (et c’est tout l’homme, toute la société), tout cela, disons-nous, périt avec l’hérédité des biens dans la loi.
Les femmes, après avoir reçu nos remerciements, se rassemblèrent en groupes sous le four pour nous montrer le chemin de Saint-Point et nous accompagner jusqu’au sommet de la montagne de Craz qui domine Milly, et d’où l’on voit à peu près le chemin à travers les bois montueux qui mènent à la vallée de Saint-Point. […] Nous étions déjà bien loin de sa maison, que nous l’entendions encore à travers les feuilles chanter un cantique de joie au Seigneur !
Je n’ai chose au monde que ma personne, telle que je me suis sauvée, faisant soixante milles à travers champs le premier jour, et n’ayant depuis jamais osé aller que la nuit… Faites-moi connaître aujourd’hui la sincérité de votre naturelle affection vers votre bonne sœur, cousine et jurée amie. […] Car j’ai souffert injures, calomnies, prison, faim, froid, chaud, fuite sans sçavoir où, quatre-vingt et douze milles à travers champs sans m’arrester ou descendre, et puis couscher sur la dure, et boire du laict aigre, et manger de la farine d’aveine sans pain, et suis venue trois nuits comme les chahuans, sans femme, en ce pays, où, pour récompense, je ne suis gueres mieulx que prisonnière.
L’inattendu des situations, le contraste des mœurs, le pathétique de l’amour, l’éloquence de la passion et de la religion en lutte dans le drame lui valurent un de ces succès qui se prolongent à travers tout un siècle. […] Le jour de la représentation d’Irène, il se rendit au théâtre à travers les flots d’un peuple ivre de son nom.
Deux pays, la France et l’Allemagne, sont en présence, deux pays unis par un séculaire échange d’idées et d’efforts, un jour séparés par une guerre folle et à jamais détestable : mais la paix a été faite, les anciennes relations, si amicales, ont été retrouvées ; depuis des générations, c’était, entre les deux, une réciprocité de salutaires influences, un constant retour, au-dessus des rives du vieux Rhin, de ces choses intellectuelles et morales dont vivent les peuples ; à grand peine donc, et malgré les fanatismes un instant renouvelés, l’œuvre de mutuelle régénération est reprise ; et voilà que l’un de ces pays enfin a produit l’œuvre qui résume son âme, l’artiste absolu lui est né en qui aboutissent les qualités nationales éminentes, l’homme par excellence dont l’œuvre résume toutes les aspirations d’une race ; à son tour, ce pays offre à l’autre, à travers les frontières, ce magnifique tribut d’idéalité nouvelle : appartient-il à quelqu’un de protester ? […] Le décor se met bientôt en mouvement, mais de droite à gauche cette fois, et une ombre épaisse se répand sur le théâtre, un chaos d’arbres et de pierres, glissant lentement et confusément à travers des rafales de sonneries éclatantes et de grondements de plus en plus rythmés.
On y voit les analogies et les harmonies naturelles composer les dieux, comme on voit les abeilles creuser leurs cellules et pétrir leur cire, à travers une ruche de cristal. […] Sous cet aspect à demi humain, Bacchus figure le côté aventureux de la vie, l’instinct des migrations, l’esprit des conquêtes, la civilisation hellénique domptant et absorbant les barbares, les lois et les dieux portés comme des lumières, par la force d’un bras invincible, à travers les nations sombres.
Oui, Celle-là (serais-tu perdu en une salle, spectateur très étranger, Ami) pour peu que tu déposes avec soumission, à ses pieds d’inconsciente révélatrice, ainsi que les roses qu’enlève et jette en la visibilité de régions supérieures un jeu de ses chaussons de satin pâle et vertigineux, la Fleur de ion poétique instinct n’attendant de rien autre la mise en évidence et sous le vrai jour des mille imaginations latentes : alors, par un commerce dont son sourire paraît verser le secret, sans tarder elle te livre à travers le voile dernier qui toujours reste, la nudité de tes concepts et silencieusement écrira ta vision à la façon d’un Signe, qu’elle est. […] À travers les mirances du lac, cœur de la ville, les maisons doublées à pic se fusèlent vers les aqueuses profondeurs.
Et il ne fut jamais que cela à travers tous les métiers qu’il fit, ce Gil Blas de la misère qui fut imprimeur, correcteur d’imprimerie, commis batelier, faiseur de livres et de mémoires pour le compte d’autrui. […] Seulement, et ceci est d’un ragoût délicieux, l’homme apparaît, et, je l’ai dit, le bonhomme, et je pourrais ajouter le gros bonhomme, à travers cet effroyable révolutionnaire qui compte bien faire sauter un de ces jours la société tout entière : religion, lois et mœurs !
Survint l’Allemande, cérémonieuse et violente, Madame, qui outra tout et barbota à travers les bienséances, « rhabillée en grand habit, hurlante, ne sachant bonnement pourquoi ni l’un ni l’autre, et les inonda tous de ses larmes en les embrassant. » Dans les coins du tableau, on voit les dames en déshabillé de nuit, par terre, autour du canapé des princes, les unes en « tas », d’autres approchant du lit, et trouvant le bras nu d’un bon gros Suisse qui bâille de tout son cœur et se renfonce sous les couvertures, fort tranquille, cuvant son vin, et doucement bercé par ce tintamarre de l’hypocrisie et de l’égoïsme. […] Quand il peint les liaisons de Fénelon et de madame Guyon, en disant que « leur sublime s’amalgama », cette courte image, empruntée à la singularité et à la violence des affinités chimiques est un éclair ; quand il montre les courtisans joyeux de la mort de Monseigneur, « un je ne sais quoi de plus libre en toute la personne, à travers le soin de se tenir et de se composer, un vif, une sorte d’étincelant autour d’eux qui les distinguait malgré qu’ils en eussent », cette expression folle est le cri d’une sensation ; s’il eût mis « un air vif, des regards étincelants », il eût effacé toute la vérité de son image ; dans sa fougue, le personnage entier lui semble pétillant, entouré par la joie d’une sorte d’auréole.
Il sait gré à cet infatigable coureur, même à travers toutes ses chutes et ses culbutes, d’avoir été sincère et de s’être fait le chevalier errant de la vérité : M.
Les autres intrigues plus légères s’entre-croisent, et on les suit sans trop de peine à travers son récit.
Les Grecs et les Troyens acharnés qui se disputent la muraille du retranchement, les uns sans réussir à la forcer tout entière, les autres sans pouvoir décidément la ressaisir, ce sont « deux hommes qui disputent entre eux sur les confins d’une pièce de terre, tenant chacun la toise à la main, et ne pouvant, dans un petit espace, tomber d’accord sur l’égale mesure. » Les deux Ajax qui, ramassés l’un contre l’autre, soutiennent tout le poids de la défense, ce sont « deux bœufs noirâtres qui, dans une jachère, tirent d’un courage égal l’épaisse charrue : la sueur à flots leur ruisselle du front à la base des cornes, et le même joug poli les rassemble, creusant à fond et poussant à bout leur sillon. » Ailleurs, à un moment où les Troyens qui fuyaient s’arrêtent, se retournent soudainement à la voix d’Hector, et où les deux armées s’entre-choquent dans la poussière : « Comme quand les vents emportent çà et là les pailles à travers les aires sacrées où vannent les vanneurs, tandis que la blonde Cérès sépare, à leur souffle empressé, le grain d’avec sa dépouille légère, on voit tout alentour les paillers blanchir : de même en ce moment les Grecs deviennent tout blancs de la poussière que soulèvent du sol les pieds des chevaux et qui monte au dôme d’airain du ciel immense. » Voilà bien le contraste plein de fraîcheur au sein de la ressemblance la plus fidèle.
Avoir vécu, dès l’enfance et durant la jeunesse, de la vie de famille, de la vie de devoir, de la vie naturelle ; avoir eu des années pénibles et contrariées sans doute, comme il en est dans toute existence humaine, mais avoir souffert sans les irritations factices et les sèches amertumes ; puis s’être assis de bonne heure dans la félicité domestique à côté d’une compagne qui ne vous quittera plus, et qui partagera même vos courses hardies et vos généreux plaisirs à travers l’immense nature ; ne pas se douter qu’on est artiste, ou du moins se résigner en se disant qu’on ne peut pas l’être, qu’on ne l’est plus ; mais le soir, et les devoirs remplis, dans le cercle du foyer, entouré d’enfants et d’écoliers joyeux, laisser aller son crayon comme au hasard, au gré de l’observation du moment ou du souvenir ; les amuser tous, s’amuser avec eux ; se sentir l’esprit toujours dispos, toujours en verve ; lancer mille saillies originales comme d’une source perpétuelle ; n’avoir jamais besoin de solitude pour s’appliquer à cette chose qu’on appelle un art ; et, après des années ainsi passées, apprendre un matin que ces cahiers échappés de vos mains et qu’on croyait perdus sont allés réjouir la vieillesse de Goëthe, qu’il en réclame d’autres de vous, et qu’aussi, en lisant quelques-unes de vos pages, l’humble Xavier de Maistre se fait votre parrain et vous désigne pour son héritier : voilà quelle fut la première, la plus grande moitié de l’existence de Topffer.
69 » Et voilà comment (et je n’ai indiqué qu’une seule branche, — qu’aurait-ce été si je les avais suivies et examinées toutes une à une), voilà comment de dédain en dédain, de négligence en négligence, quand on avait le plus beau jeu qu’ait jamais tenu en main Pouvoir public, on a fini par perdre la partie au premier tour, car on est au second ; voilà comment du mépris de toutes ces fractions de l’opinion, d’abord isolées entre elles, et de leur addition ensuite, de leur union subite qui s’est trouvée faite un jour contre vous, voilà comment il est sorti un total inattendu ; voilà comment l’opinion s’est réveillée, comment, à travers toutes les difficultés et les obstacles d’élections si tiraillées, si travaillées administrativement, elle s’est fait jour jusqu’à pouvoir vous atteindre et s’imposer à vous.
Les critiques, qui suivent nécessairement les éloges, détruisent la sorte d’illusion à travers laquelle toutes les femmes ont besoin d’être vues.
Il semble que les choses les plus éloignées de notre expérience et les plus inaccessibles à toute expérience nous soient présentes ; ce qui nous est présent, c’est un nom substitut d’un caractère abstrait qui lui-même est le substitut de la chose, souvent à travers plusieurs intermédiaires, jusqu’à ce que, par une série d’équivalents, la chaîne rejoigne l’objet lointain que directement nous n’atteignons pas.
Il s’est promené à travers tous les sentiments humains, quelquefois parmi les plus nobles, d’ordinaire parmi les plus doux.
Brunetière a donnée du lyrisme, la réfraction de l’univers à travers un tempérament.
Si je ne me trompe, nous retrouverons quelque chose de cette honnête candeur chez Madeleine de Scudéry, la vierge sage, d’âme héroïque et d’esprit prolixe Voici Marguerite d’Angoulême, très savante, très entortillée, toute fumeuse de la Renaissance, souriante, gaie et bonne à travers tout cela, avec son grand nez sympathique, le nez de son frère François Ier Puis, c’est l’autre Marguerite, Marguerite de Valois, point pédante celle-là, dégagée, galante avec une entière sécurité morale, que rien n’étonne, qui raconte si tranquillement la Saint-Barthélémy ; la première femme de son siècle qui écrive avec simplicité ; une inconsciente, un aimable monstre, comme nous dirions, aujourd’hui que nous aimons les mots plus gros que les choses Je mets ensemble les enamourées, les femmes brûlantes, les Saphos, chacune exhalant sa peine dans la langue de son temps : Louise Labé mettant de l’érudition dans ses sanglots ; Mlle de Lespinasse mêlant aux siens de la sensibilité et de la vertu, Desbordes-Valmore des clairs de lune et des saules-pleureurs… Mlle de Gournay est une antique demoiselle pleine de science, de verdeur et de virilité, une vieille amazone impétueuse que Montaigne, son père adoptif, dut aimer pour sa candeur, une respectable fille qui a l’air d’un bon gendarme quand, dans son style suranné, elle défend contre Malherbe ses « illustres vieux ».
Mais tu fus le croyant qui voulut toujours croire, À travers le bruit vain des peuples orageux.
Jules Barbey d’Aurevilly Lamartine, un sentimental souvent faux à travers quelques inspirations d’une passion sublime.
Le Créateur des Russies jaloux de transporter les Arts dans le sol ingrat de sa Patrie, va les chercher à travers les dangers, & les travaux ; il saisit la hache du matelot pour porter plus dignement le poids du Sceptre, & dans l’étendue de l’Europe rien n’échappe à ses avides regards.
La vérité matérielle a très peu de prix pour l’oriental ; il voit tout à travers ses idées, ses intérêts, ses passions.
Madame Scarron démêlait certainement ces particularités à travers les obscurités dont on essayait de les enveloppera ses yeux.
Vous désiriez savoir quel effet ferait sur vous Montaigne, et vous ne savez pas si ce qui vous vient à l’esprit, en lisant Montaigne, vous vient en effet de Montaigne ou de Nisard ; vous vouliez connaître votre sensibilité modifiée par Montaigne ; vous connaissez une modification faite peut-être par Montaigne, mais préparée par Nisard ; vous connaissez quelque chose en vous qui est de Montaigne, de Nisard et de vous-même ; il y a un terme de trop ; ce n’est pas lire Montaigne que de le lire à travers Nisard, que de le lire en y cherchant instinctivement, et en y trouvant forcément, moins les pensées de Montaigne que les pensées que Montaigne a inspirées à Nisard ; et pour lire Montaigne vraiment, ce qui s’appelle lire, il faudrait d’abord que vous missiez Nisard en total oubli.
Là, au surplus, s’arrête la similitude ; on ne la ressaisit plus à travers le livre de Furetière que dans certaines boutades à intention comique ou burlesque, comme par exemple la scène ou Nicodème, voulant se jeter aux genoux de sa maîtresse, met en pièces le ménage de Mme Vollichon ; ou celle encore des laquais vengeant leur maître, éclaboussé, par des coups de fouet et de pierres lancés au dos des maquignons.
Il a un langage à lui, un tour à lui, une manière désabusée et presque languissante de dire les choses à travers laquelle on sent l’ironie : une des formes de ses condamnations.
Nous ne parlons pas, bien entendu, des voyages scientifiques, de ces glorieuses courses à travers le globe, dont le résultat est de rapporter aux Instituts immobiles et sédentaires la trace des civilisations perdues ou les fossiles d’un monde écroulé.
Madame de Molènes, par un scrupule incompréhensible avec un esprit de tant d’aplomb dans la légèreté, n’a pas voulu introduire à travers les sentimentalités de son Orpheline ce genre de gaîté et de ton, la qualité première de son esprit et qui en sera la fortune.
D’autre part, comment mettre sur le même rang l’acte par lequel ces oscillations réelles, éléments d’une qualité et participant à ce qu’il y a d’absolu dans la qualité, se propagent à travers l’espace, et le déplacement tout relatif, nécessairement réciproque, de deux systèmes S et S′ découpés plus ou moins artificiellement dans la matière ?
Ainsi, multipliant leur fortune par la misère des autres, ils étendaient leur insatiable avidité aux bornes de la terre, demandant, au nom et sous l’autorité du prince, tout ce qui flattait leurs désirs, sans qu’il fût jamais permis de refuser ; les villes les plus anciennes étaient dépouillées ; des monuments qui avaient échappé au ravage des siècles, étaient conduits à travers les mers pour embellir les palais destinés à des fils d’artisans, et leur faire des habitations plus belles que celles des rois : ces oppresseurs en avaient d’autres sous eux qui les imitaient ; l’esclave avait son ambition comme le maître ; à son exemple, il outrageait, tourmentait, dépouillait, chargeait de fers, et pour s’enrichir, reversait sur d’autres le despotisme que son maître exerçait sur lui.
Il faut que tu apprennes à connaître toutes choses et le fond réel de la vérité persuasive, et les opinions des mortels qui reposent non sur une foi véridique, mais sur l’erreur ; et tu connaîtras ainsi, comment il faut marcher prudemment à travers le tout, en faisant l’épreuve de toute chose. » En tête de cette philosophie poétique dont la Grèce allait recueillir les leçons, il reste à placer le personnage demi-fabuleux de Pythagore.
La réalité ne se déforme point en passant à travers sa conception générale de la vie ; parce que de conception générale de la vie, je crois fort qu’il n’en a cure. […] nos tendresses les plus babillardes approchent-elles de l’amour qui perce à travers son silence24 ? […] Tantôt on comprend son œuvre comme une promenade à la fois très assurée et très inquiétante à travers toutes les conceptions humaines dont sont pénétrés comme d’un seul regard les grandeurs, les faiblesses, le ressort puissant, le vice secret. […] La partie morale de l’ouvrage peut disparaître, matériellement, à travers la multitude des minutieuses considérations politiques. […] De ses excursions à travers toutes les littératures à peu près, et toutes les histoires, Voltaire a rapporté de quoi tempérer quelquefois ce que son esprit avait naturellement d’impérieux dans la soumission.
Ce caractère ou plutôt ce personnage de René, le siècle qu’il a séduit l’a vu, a voulu le voir, non dans ses traits réels, mais à travers un mythe de fatalité. […] Le beau naturel de Lamartine perce à travers toutes ses erreurs. […] Elle achevée, il poursuivra, sous d’autres aspects, à travers le siècle, son cours dissolvant. […] Mais, telle que l’auteur la voit, à travers l’hallucination romantique, elle monte jusqu’aux nues. […] Ce drame est un pas de plus vers ce but rayonnant, le seul qu’il ait cherché au théâtre, de dégager perpétuellement le grand à travers le vrai, le vrai à travers le grand.
Et il retrouve les raisons de cette Némésis, cette subtilité suprême de l’entretien de Solon et de Crésus, flottante entre le sourire qui comprend et la tristesse qui sait, — cette répugnance pour l’ύϐριϛ où se reconnaissent à travers les âges les princes de la culture. […] Il n’est de lieu qu’à une scintillation de hasard « pour des motifs, dit Mallarmé, dont un, la rareté du génie à travers l’existence et, par suite, telle obligation au remplissage y suppléant, comme tire à la ligne un feuilleton17 ». […] Il parlait à travers les nuages, en des mots imprécis, en une forme de rêve. […] Du romantisme, à travers le Parnasse, il hérite non seulement beaucoup de son art, mais beaucoup de son âme. […] Malgré l’effort du poète pour penser à autre chose, « la phrase revient, virtuelle, dégagée d’une chute antérieure de plume ou de rameau, dorénavant à travers la voix entendue, jusqu’à ce qu’enfin elle s’articula seule, vivant de sa personnalité ».
Ils plaisent, à travers les âges, chacun à ceux qui ont exactement le même caractère, les mêmes inclinations et surtout les mêmes défauts qu’ils avaient eux-mêmes. […] Ce sont ceux qui ont poussé très loin, avant les autres, l’œuvre de la civilisation ; ce sont ceux qui ont versé sur le monde une grande lumière à travers une longue succession de siècles. […] Les unes très honnêtes, les autres beaucoup moins ; aucune sévérité de celles-là à l’égard de celles-ci ; jalousies, piques, querelles, et à travers tout très grand esprit de fraternité. […] Et elle se consacre « de toute son âme » à l’œuvre de charité et de consolation que la bonne Mme Lemarié lui confie, répandant les bienfaits intelligents à travers la classe déshéritée. […] Voilà un nouvel être abstrait qu’un poêle — le poêle de la critique — personnifie et fait marcher à travers le monde.
Ce qui ne forme à travers la littérature classique que de petits gémissements fort espacés, et si discrets, et si pudiques, éclate presque à chaque page de Lamartine, de Hugo, de Michelet, de George Sand. […] Mais ce travers est, dans son fond, assez persistant à travers les âges pour que sa peinture nous intéresse encore. […] Sa dernière Elvire, fleur pâlotte et douce, nimbée, à travers les losanges d’une maigre tonnelle, par les derniers rayons du soleil couchant sur la Marne, n’a point paru sans poésie. […] Ce dégoût qui le fait fuir à travers champs, dans la nuit, implique une « vision » dont il est affreusement hanté. […] Dans ce poème de songe, — à travers les symboles trop monotones et, à mon sens, de peu d’invention, à travers aussi les sautes de sensations et de paroles, les choses écrites exprès « on ne sait pas pourquoi », — trois ou quatre scènes se détachent, d’une étrange poésie, et même d’une beauté proprement dramatique.
Je me rappelle aussi que je remarquai pour la première fois, à travers une des fenêtres de l’escalier, un long et fumeux tuyau d’usine dressé, depuis cet hiver sans doute, par-delà le petit jardin. […] À dessein, l’auteur a un peu embrouillé le tout, laissant au lecteur le plaisir de croire qu’à travers les obscurités, les cauchemars d’un cerveau surexcité, il trouve lui-même le fil conducteur, la vérité du mystère du roman. […] Or, ayant erré pendant plus de quarante minutes à travers une forêt de sépulcres, et n’y pouvant retrouver celui que j’y cherchais avec obstination, je m’approchai d’un gardien qui humait la douce lumière céleste et je le questionnai. […] La pensée, elle est partout dans le Bonheur, pensée assez forte d’aile pour nous conduire, sans effort, à travers les espaces infinis, au plus loin de notre monde limité. […] On a beaucoup parlé de Baudelaire, un peu à tort et à travers.
Laissons donc là le jargon poétique, et regardons l’œuvre d’art pour ce qu’elle est, sans nous mettre devant elle en frais d’imagination, sans essayer de l’apercevoir à travers un prisme, mais tout simplement de nos yeux ! […] Gœthe remarquait que, quand nous regardons à travers un verre coloré, nous nous identifions en quelque sorte à la couleur, parce que notre esprit et notre œil se mettent à l’unisson. […] Le vrai symboliste doit être capable de suivre une même idée à travers toutes les transpositions, de retrouver l’équivalent d’une chose dans tous les ordres de la nature, d’imaginer toutes les métempsycoses. […] Arrière cette faculté menteuse, qui transfigure la réalité et veut nous la faire voir à travers ses prismes ! […] Comme on se divertit à regarder les arbres d’un parc à travers un vitrail coloré, nous prenons plaisir à reconnaître la nature sous ces teintes arbitraires qui lui donnent une beauté bizarre et fantastique.
D’abord, nos regards ne dépassent point les murs de la petite ville d’Hermann ; bientôt ils se portent au-delà sur le tableau de, l’Allemagne envahie, jusqu’à ce qu’enfin le poète nous entraîne avec ses deux personnages à travers toutes les misères et toutes les grandeurs de notre siècle. […] Mais, pour un trait commun, n’y a-t-il pas mille différences entre la timide Nausicaa, qui craint de se montrer aux siens dans la compagnie d’un homme, et cette Dorothée qu’on voit marcher sans en être effrayée à travers tous les hasards de la guerre ? […] Il me semble, toutefois, que nos confrères d’outre-Rhin, laborieux chercheurs, qui n’ont pas assez de toute l’antiquité et de tout le moyen âge à commenter, se posent un peu des énigmes à tort et à travers pour se donner le plaisir de les résoudre. […] Cette brusque rencontre de la pauvreté et de l’opulence patricienne, ce tableau de Lénore enfant, trottant sur son poney à travers les jardins du splendide château, sont pour toujours dans ses yeux et dans son cœur. […] Antoine l’entraîna. « Allons aux prés », dit-il… … C’est ainsi qu’ils marchaient l’un à côté de l’autre à travers la prairie. « Vous me servirez de guide toute la journée, dit Lénore ; je ne vous quitte point.
Et aux politiciens de circonstance, aux Thiers, il oppose Lamartine, un politique aux grandes vues, aux envolées de la pensée à travers l’avenir, et qui fut un prophète miraculeux de tout ce qui est advenu depuis sa mort, dans notre vieille société. […] À onze heures, Sarah Bernhardt accoudée sur le marbre de la cheminée du grand salon, lit nonchalamment, avec sa voix d’or, à travers une face-à-main, l’Hommage à Edmond de Goncourt de Robert de Montesquiou : Les paons blancs réveillés par la Faustin qui rêve, Glissent en notre esprit avec moins de douceurs Que la grâce de vos héroïnes sans trêve, Maître : Marthe, Renée, et Manette et leurs sœurs, ……………………………………………………… Les paons blancs évoqués par la Faustin qui songe. […] Le prince, avec huit hommes dont il avait le commandement, venait de passer la nuit dans un endroit, où le matin les Zoulous, se glissant à travers les roseaux, le surprirent au moment où il avait commandé à ses hommes de prendre le galop, et où, sautant sur son cheval, une zagaïe lui entrait derrière l’épaule, et le traversait de part en part.
Et l’on sent bien dans tout ce passage que Proust ne considère plus qu’il y ait pour lui rien d’autre, ni à atteindre, ni d’accessible que ce moi qu’il a laissé s’imprégner lentement à travers les années de tant de richesses dont il vaut mieux, par sagesse et parce que le problème est insoluble, ignorer à jamais la véritable nature, ni si elles eurent jamais une existence distincte de cette conscience auxquelles elles se sont incorporées. […] Mais sa trace se retrouve à travers toute l’œuvre. […] Avant de rechercher comment ce dessein se poursuit à travers toute l’œuvre de Proust, sans fatigue, sans émoi, sans espoir, je voudrais analyser avec vous rapidement de quels traits de son caractère il peut bien provenir. […] Sans cesse à travers toute l’œuvre le thème revient de la parfaite subjectivité de tout ce que l’amour nous fait éprouver. […] À travers tout cet Amour de Swann, qui forme la seconde partie de Du côté de chez Swann et qui, comme l’a remarqué Edmond Jaloux, est à lui tout seul un des plus beaux romans de passion de toute la littérature française, les sentiments du héros sont constamment figurés sur plusieurs étages, si j’ose dire.
La lumière arrive là à travers trois fenêtres excessivement larges et dont la maçonnerie est intacte. […] C’est là que nous rencontrons la troupe ambulante de Molière voyageant à cheval à travers les routes. […] Le monde bariolé de la comédie italienne court à travers ces scènes comme des mimes méridionaux échappés en pleine Gaule. […] Ce fier visage de songeur nous apparaît donc à travers l’histoire comme un des plus nobles et des plus sympathiques. […] Mais s’ils se résignent à se taire, ou s’ils n’ont pas le génie pour peindre leur douleur, ils glissent à travers la vie comme une barque sur un lac, et, après avoir vécu méconnus, ils meurent oubliés, demandant la grande consolation à l’éternel repos.
À travers la grande variété de rythmes que les romantiques innovent ou restaurent, on aperçoit que leurs préférences vont à l’octosyllabe et à l’alexandrin : l’alexandrin, tantôt continu, tantôt assemblé en quatrains ou sizains, tantôt alternant avec le vers de six ou de huit ; ou bien quatre alexandrins suivis d’un vers de huit ; ou cinq alexandrins suivis d’un vers de six ; ou deux alexandrins, un vers de six ou de huit, deux alexandrins encore suivis d’un vers de six ou de huit, ces six vers formant une stance741, etc. ; l’octosyllabe, tantôt disposé en quatrains, sizains, dizains ou douzains, tantôt mêlé selon diverses lois au vers de quatre742. […] Ainsi un obscur soldat promène à travers tous les champs de bataille de l’empire une pauvre folle dont il a fusillé le mari ; il se dévoue par pitié à celle que par devoir il a désespérée.
Cette prédilection paraîtra même une originalité suffisante, si l’on considère que l’Art vit plus volontiers de choses éternelles ou de choses déjà passées, qu’il a souvent ignoré ce qui, à travers les âges, a successivement été « le moderne », ou que, s’il l’a connu quelquefois, il ne l’a jamais aimé avec cette passion jalouse. […] Il se trouvait que ce farceur, ce paradoxeur, ce moqueur enragé des bourgeois avait, pour les choses de l’art, les idées les plus bourgeoises, les religions d’un fils de Prudhomme… Il avait le tempérament non point classique, mais académique comme la France…12 … Ce tableau était, en un mot, la lanterne magique des opinions d’Anatole, la traduction figurative et colorée de ses tendances, de ses aspirations, de ses illusions… Cette sorte de veulerie tendre qui faisait sa bienveillance universelle, le vague embrassement dont il serrait toute l’humanité dans ses bras, sa mollesse de cervelle à ce qu’il lisait, le socialisme brouillé qu’il avait puisé çà et là dans un Fourier décomplété et dans des lambeaux de papiers déclamatoires, de confuses idées de fraternité mêlées à des effusions d’après boire, des apitoiements de seconde main sur les peuples, les opprimés, les déshérités, un certain catholicisme libéral et révolutionnaire, le Rêve de bonheur de Papety entrevu à travers le phalanstère, voilà ce qui avait fait le tableau d’Anatole … 13 Anatole présentait le curieux phénomène psychologique d’un homme qui n’a pas la possession de son individualité, d’un homme qui n’éprouve pas le besoin d’une vie à part, d’une vie à lui, d’un homme qui a pour goût et pour instinct d’attacher son existence à l’existence des autres par une sorte de parasitisme naturel, etc.
Nous montons, nous montons à travers les entrailles du roc ; et nous revoilà dans la basilique, au milieu de l’assemblée solennelle des chevaliers. […] Quand Lohengrin, avant de faire ses adieux à Elsa, révèle son origine devant le peuple entier et parle de Montsalvat, nous ne voyons ni église, ni cortège, ni vase magique, et cependant nous croyons mieux au Saint-Graal et à toutes ses merveilles à travers son messager lumineux que devant le brillant symbolisme de cette religion matérialisée. — C’est qu’il y a dans Lohengrin ce qui manque dans Parsifal : le sentiment de l’au-delà, de l’infini.
— Nous avons dit que le succès d’un livre et en général d’une œuvre d’art est le résultat d’une concordance entre les facultés de l’auteur, les facultés exprimées dans l’œuvre, et celles d’une partie du public qui doit être considérable pour que le succès le soit ; cette concordance est variable par suite des variations du public, et ainsi se trouvent expliquées les fluctuations et la fortune des genres, des styles, des arts, des auteurs, à travers le temps et l’espacedu. […] Il est inutile de multiplier ces exemples des variations de la gloire, c’est-à-dire de la compréhension d’un artiste à travers les pays et les époques.
dans quel état de frissonnement, de terreur et d’horreur, reviendra-t-elle se réfugier dans le sein d’où elle sera partie, après ce voyage à travers le doute sur la première des certitudes nécessaires à l’homme, la certitude de son Dieu ? […] … ………………………………………………………… ………………………………………………………… La lune, cette nuit, visitait le désert ; D’un brouillard sablonneux son disque recouvert Par le vent du simoun, qui soulève sa brume, De l’océan de sable en transperçant l’écume, Rougissait comme un fer de la forge tiré ; Le sol lui renvoyait ce feu réverbéré ; D’une pourpre de sang l’atmosphère était teinte, La poussière brûlait cendre au pied mal éteinte ; Ma tente, aux coups du vent, sur mon front s’écroula, Ma bouche sans haleine au sable se colla ; Je crus qu’un pas de Dieu faisait trembler la terre, Et, pensant l’entrevoir à travers le mystère, Je dis au tourbillon : — Ô Très-Haut !
Quel intérêt ne trouve-t-on pas à contempler un rivage luxuriant, couvert de nombreuses plantes appartenant à de nombreuses espèces, avec des oiseaux chantant dans les buissons, des insectes variés voltigeant à l’entour, des lombrics rampant à travers le sol humide, si l’on songe en même temps que toutes ces formes élaborées avec tant de soin, de patience, d’habileté et dépendantes les unes des autres par une série de rapports si compliqués, ont toutes été produites par des lois qui agissent continuellement autour de nous ! […] En remontant à travers les âges géologiques, nous devons donc trouver beaucoup de formes sorties de souches individuelles, qui peuvent présenter avec nos formes vivantes ces grandes analogies générales qui résultent de l’unité de la loi organique à la surface du globe et qui, comme telles, peuvent rentrer dans notre système général de classification, mais qui doivent aussi présenter des différences fondamentales et se refuser à faire partie de la même souche héréditaire, ayant une généalogie à part, qui les rattache en ligne directe à la cellule primordiale.
Si l’on nous donne l’image rejetée dans le passé pour antérieure à l’image localisée dans le présent, si l’on y voit une première perception moins intense, ou moins attentive, ou moins consciente, on essaie tout au moins de nous faire comprendre pourquoi elle prend la forme d’un souvenir ; mais il ne s’agira alors que du souvenir d’un certain moment de la perception ; l’illusion ne se prolongera pas, ne se renouvellera pas, à travers la perception entière. […] Ensuite il faut remarquer qu’on se dit en pareil cas « J’ai vu cette personne quelque part » ; on ne se dit pas « J’ai vu cette personne ici, dans les mêmes circonstances, en un moment de ma vie qui était indiscernable du moment actuel. » À supposer donc que la fausse reconnaissance ait sa racine dans un sentiment, ce sentiment est unique en son genre et ne peut pas être celui de la reconnaissance normale, errant à travers la conscience et se trompant de destination.
Le comique de caractère I Nous avons suivi le comique à travers plusieurs de ses tours et détours, cherchant comment il s’infiltre dans une forme, une attitude, un geste, une situation, une action, un mot. […] Celui-là s’attachera aux couleurs et aux formes, et comme il aime la couleur pour la couleur, la forme pour la forme, comme il les perçoit pour elles et non pour lui, c’est la vie intérieure des choses qu’il verra transparaître à travers leurs formes et leurs couleurs.
On savait également que, par un mouvement analogue en sens inverse, la volonté transmet, à travers tout le système des organes intermédiaires, son action aux nerfs moteurs et aux muscles qui déterminent le mouvement. […] Nos physiologistes ne comprennent, ne soupçonnent pas autre chose, ne voyant la vie psychique qu’à travers le jeu des organes cérébraux.
Il appartient, ainsi que la plupart des grammairiens philosophes de son temps, à cette école qui considérait avant tout une langue en elle-même et d’une manière absolue, comme étant et devant être l’expression logique et raisonnable d’une idée et d’un jugement ; il la dépouillait volontiers de ses autres qualités sensibles ; il ne l’envisageait pas assez comme une végétation lente, une production historique composée, résultant de mille accidents fortuits et du génie persistant d’une race, et qui a eu souvent, à travers les âges, plus d’une récolte et d’une riche saison ; il ne remontait point à la souche antique, et ne se représentait point les divers rameaux nés d’une racine plus ou moins commune.
Mais, à travers ces peines stériles et ces paroles perdues en tous sens, le président se donna la satisfaction de faire un acte patriotique en passant à Marseille, au moment de s’embarquer pour l’Espagne (mars 1591).
Ambassadeur à Rome en 1828 et 1829, il écrit de là à Mme Récamier des lettres qui ont de beaux passages, et qui, à travers les infirmités de caractère désormais trop en vue, montrent le talent encore dans tout son plein et dans sa plus grande manière : Rome, mercredi 15 avril 1829.
Le roi Auguste tira un ducat de sa poche et lui dit ; « Si vous aviez ce ducat, vous le garderiez, et moi, je le donne ; il me revient cinq ou six cents fois dans ma poche. » Mais le véritable intérêt des mémoires du duc de Luynes est moins dans les histoires d’autrefois, qui en relèvent de temps en temps l’apparente monotonie, que dans ces faits mêmes du jour, minutieusement enregistrés, et à travers lesquels il faut savoir lire.
Saint-Cyr insista une dernière fois sur la possibilité d’une retraite à travers l’Apennin, indiquant avec précision les moyens, les positions à occuper : Cette proposition, ajoute-t-il (et lui seul a l’autorité suffisante pour faire accepter de telles paroles), ne put tirer Joubert de l’état d’incertitude où il était plongé ; il en était si affecté, qu’on peut dire qu’il en avait honte.
Les caractères sont ceux du xviie siècle ; l’œil de l’enfant et l’œil du vieillard s’en accommodent également bien et s’y reposent ; rien d’aigu, rien de pressé et d’entassé ; il y a de l’espace et un espace égal entre les mots, l’air circule à travers avec une sorte d’aisance, la prunelle a le temps de respirer en lisant ; en un mot, c’est un caractère ami des yeux.
ils le connaissaient bien peu), un émigré français, le comte de Saint-Hilaire ; il le chercha et le battit à Monteilla dans une position fortifiée, gravissant des premiers à pied en tête de la colonne, à travers les neiges ; puis il poussa jusqu’à la Seu d’Urgel qu’il mit à rançon ; mais, faute d’artillerie, il dut s’arrêter devant la citadelle.
» Et Gœthe marchait à grands pas à travers la chambre, se parlant à lui-même.
Je continue, bien entendu, de rejoindre et de coudre les scènes qui sont séparées, disséminées à travers le Mystère.
Il eut une première victoire brillante, gagnée à la faveur d’une marche imprévue et hardie à travers l’embouchure d’un fleuve, le Macar, qui n’était ensablé et guéable que par de certains vents : Hamilcar, qui avait remarqué cette circonstance singulière, en usa pour tourner et surprendre l’ennemi.
Jeune, on lit tout naturellement les romans de sa jeunesse ; on en lit à tort et à travers, on lit tout : mur, on peut ne pas perdre de vue et suivre encore avec intérêt ce genre agréable chez ceux qui mûrissent avec nous et qui ne font que continuer.
J’ai sous les yeux de jolies vignettes sorties du facile et spirituel crayon de Tony Johannot ; c’est le côté comique et gai, uniquement, qui est rendu, mais la dignité du héros, ce sentiment de respect sympathique qu’il inspire jusque dans sa folie, cette imagination hautaine qui n’était que hors de propos, qui eût trouvé sans doute son emploi héroïque en d’autres âges, et, comme on l’a très-bien nommée, « cette grandesse de son esprit et cette chevalerie de son cœur », qu’il sut conserver à travers ses plus malencontreuses aventures et qu’il rapporta intactes jusque sur son lit de mort, cela manque tout à fait dans cette suite agréable où l’on n’a l’idée que d’une triste et piteuse figure, et c’est au contraire ce que M.
On s’étonne, quand on a vu l’abbé de Pradt dans son entier développement, et à travers ses frasques diverses, comment il put être choisi pour une telle mission de haute confiance et d’entière latitude, dans l’esprit de laquelle il n’entra jamais40.
Ces trois existences si diverses, successivement racontées et finement décrites, donnent beaucoup à penser et à réfléchir sur la forme que revêtent l’esprit et le cœur en trois pays et trois sociétés si dissemblables, sur les directions que parvient à se frayer la spontanéité humaine à travers des contraintes et des pressions si différentes.
Je ne fatiguerai pas le lecteur à suivre chez lui cette interprétation et cette vue du Messie montré de loin à tous les pas, à tous les degrés et à travers tous les accidents de l’histoire juive : cette vue est capitale chez l’auteur ; il ne peut un seul instant la laisser absente ni s’en distraire.
Beugnot, à ce propos, a tracé le plus fin portrait de cet agent d’intrigue et qui était dès longtemps suspect à Napoléon2 ; mais il a beau faire et essayer de nous amuser au détail, il a beau donner un tour plaisant au récit de son voyage à travers la Picardie après qu’il s’est enfui et comme évadé de sa préfecture, il ne réussit pas à pallier le fond : l’acte est là qui parle assez haut : il y a quelque chose dans la conscience qui se refuse à admettre que le ministre d’hier à Düsseldorf, le préfet de Lille, d’une ville frontière, soit passé dès le premier jour, et pendant que Napoléon luttait encore, dans le Gouvernement intermédiaire qui le détrônait.
Je donne ces textes d’après la traduction, en regrettant que les passages cités ne paraissent nous revenir qu’à travers l’anglais : rien n’eut été plus simple que de réintroduire à ces endroits le texte français original.
Ils publieraient dans les revues, ou dans un organe spécial qui serait une sorte d’encyclopédie maniable, les résultats synthétiques des talents contribués à la littérature, ils suivraient à travers les livres les développements des grands sentiments humains.
Il faut aimer les midis sur la mer et l’été dans les champs, il faut aimer l’instant ébloui où, à travers notre humide septentrion, tous les rayons unissent leurs triomphales merveilles, pour goûter ensuite leurs dégradations perdues et faire vibrer les sensations du plein air.
Mais, de même et plus que les romantiques contre lesquels ils réagissent, ils sont des dévots de la rime riche, des historiens et des archéologues, des écrivains plastiques et pittoresques promenant leur Muse à travers toutes les civilisations.
À travers le factice et le faux que je crois avoir assez indiqués, on noterait (gardons-nous de l’oublier), dans presque tous les chapitres ou couplets dont se compose le récit, des accents vrais, des touches heureuses et fines, inexplicable mélange qui déconcerte, et qui est plus fait pour attrister le lecteur déjà mûr que pour le consoler.
Pourtant, comme on ne peut bien comprendre le caractère et le doux génie de Mme Récamier, cette ambition de cœur qui, en elle, a montré tant de force et de persistance sous la délicatesse ; comme on ne peut bien saisir, disons-nous, son esprit et toute sa personne sans avoir une opinion très nette sur ce qui l’inspirait en ce temps-là, et qui ne différait pas tellement de ce qui l’inspira jusqu’à la fin, j’essaierai de toucher en courant quelques traits réels à travers la légende, qui pour elle, comme pour tous les êtres doués de féerie, recouvre déjà la vérité.
Il tendra ainsi à répéter sa propre image dans une perspective sans fin, ouverte derrière lui, sorte de percée triomphante de la vie à travers toutes les causes de destruction qu’elle a surmontées.
Le philosophe qui étudie les idées des autres est trop enclin à les voir à travers les siennes : il se retrouve lui-même partout, il impose aux écrivains du passé les cadres artificiels de son propre système, comme a fait Hegel dans son Histoire de la philosophie, ouvrage éminent, mais d’un philosophe plus que d’un historien ; ou bien il les juge avec une sévérité excessive, leur demandant ce qui est de son temps et non du leur, exigeant des réponses à des questions qu’ils n’ont point connues, ce qui a été quelquefois le tort de l’école française.
C’est à travers le flot des puériles légendes, des naïves ignorances, des obscures allégories, charrié par le moyen âge, — et qui sont pour l’humanité comme ces jeux de la première enfance dont l’individu conserve un souvenir confus, — c’est, orné de cette végétation mystique, qu’il entrevoit le monument où l’humanité d’hier pétrifia son rêve du divin, et qu’il en exalte la signification tout à la fois d’orgueil et d’humilité.
Et il est vrai que l’on considère ordinairement, du point de vue idéologique, l’apparition de l’égalitarisme dans nos sociétés antiques et modernes comme un phénomène unique, puisqu’on le regarde comme résultant de la transmission, à travers le temps et l’espace, d’une même théorie.
Il faut aller ainsi, à travers Marino, les marinistes, l’Arcadia et autres médiocrités, jusqu’à la seconde moitié du xviiie siècle ; c’est alors qu’apparaissent, par une de ces résurrections familières au génie italien, trois grands noms : Parini, Alfieri, Goldoni.
Depuis un demi-siècle, il s’est fait parmi nous une espèce de révolution ; on apprécie mieux la gloire ; on juge mieux les hommes ; on distingue les talents des succès ; on sépare ce qui est utile de ce qui est éclatant et dangereux ; on ne pardonne pas le génie sans la vertu ; on respecte quelquefois la vertu sans la grandeur ; on perce enfin à travers les dignités pour aller jusqu’à l’homme.
C’est ainsi que le consul Décius, jaloux de ranimer l’ardeur des légions, s’était, au milieu du champ de bataille, solennellement dévoué, vêtu d’un manteau pontifical, les pieds posés sur le fer d’un javelot, proférant des paroles sacrées, chantant l’hymne de sa mort158, puis s’élançant à travers les rangs les plus épais des ennemis pour accomplir son vœu par leurs mains.
« J’ai, dit-il lui-même dans le sommaire de sa vie, rétabli, à titre de consul et par décret du sénat, quatre-vingts temples dans Rome. » Une autre phrase dénombre les temples qu’il fit bâtir, les lieux nouveaux qu’il consacra dans l’enceinte du Capitole et du palais ; et on ne peut douter, à travers les lacunes des Tables d’Ancyre, que le même zèle n’ait réparé bien d’autres anciens monuments religieux de l’Italie, puisqu’on voit Auguste noter dans un autre passage de cette inscription le soin qu’il avait eu, même dans la Grèce et dans l’Asie, de rendre à tous les temples dépouillés pendant la guerre leurs ornements et leurs richesses.
L’auteur de la Folle du Logis a beaucoup souffert ; il le dit lui-même un peu dans sa préface, — et à travers le souffle ému de ses strophes on le devine surabondamment. […] Notre idéal, en fait de poète et d’écrivain, n’est pas le rêveur sublime dont le vol plane perpétuellement dans le septième ciel du lyrisme, mais l’audacieux railleur qui sait quitter le ciel pour la mêlée et faire siffler, à travers l’ode inspirée, les flèches barbelées de l’ironie. […] Couchée sur un lit de sable et de mousse, elle tient le livre des livres ; une lueur mystérieuse transparaît à travers ses paupières, un insaisissable sourire effleure ses lèvres : elle pressent ou se souvient, elle pense et elle rêve. […] Ces deux existences fraternelles qui, parties des mêmes confins de l’honnêteté et de la vertu, se déroulent parallèlement dans un milieu social différent, pour aboutir, à travers toutes les fatalités du vice, l’une aux zones sereines de la vie calme et honorée ; la seconde aux hypogées du bagne et à l’échafaud, — ces deux existences, dis-je, se prêtaient aux plus saisissants contrastes et contenaient de singuliers éléments d’émotion et d’intérêt. […] Qu’on s’imagine un foyer ardent, vu à travers un velours !
Pour que l’énergie se conserve à travers les changements, il faut qu’il y ait des changements. […] Ce sont : 1° la loi du balancement des organes : les animaux ne diffèrent entre eux que par le degré de développement de leurs parties ; lorsque certaines parties reçoivent un grand développement, d’autres, par compensation, deviennent rudimentaires ; 2° le principe des organes analogues : à travers des changements considérables de forme et de fonction, des organes peuvent demeurer analogues, lorsque demeurent et leur position et leurs rapports aux autres organes ; 3° le principe des connexions : quelles que soient leurs variations de volume et la diversité de leurs fonctions, les parties conservent toujours les mêmes positions relatives. […] Toutefois la concurrence vitale elle-même suppose que chaque individu tend à vivre, à se développer, et emploie les moyens convenables pour atteindre à cette fin ; et l’hérédité, connue comme fait, est inconnue dans son principe, et a ce caractère remarquable d’assurer la perpétuité du type à travers la disparition des individus. […] Pour les anciens, la science était définie, a priori, la connaissance de ce qui est, c’est-à-dire de ce qui constitue le fond des choses et subsiste à travers les changements. […] Mais, si l’empire immédiat d’une idée sur la matière est inintelligible, en est-il de même d’une action exercée à travers une infinité d’intermédiaires touchant d’un côté à l’esprit, de l’autre à la matière ?
Ils rompent l’équilibre que les analystes français, de Montaigne à Vauvenargues, avaient maintenu entre l’homme individuel qui regardait en lui et les hommes qu’il regardait à travers lui ou à travers l’expérience desquels il se regardait. […] Adolphe n’a nullement ce caractère de nihilisme sec qu’on y voit quelquefois, à travers certaines figures de la vie de Constant. […] Il semble bien, d’après ses préfaces et ses appendices, que Constant n’ait prétendu nous offrir à travers une demi-fiction que son propre portrait, celui d’un homme « qui n’a suivi aucune route fixe, rempli aucune carrière utile », ayant « consumé ses facultés sans autre direction que le caprice, sans autre force que l’irritation ». […] Le véritable aveugle de La Symphonie, qui est le pasteur, voit le fleuve évangélique passer sous une porte large, et il y passe avec lui dans la facilité de son cœur ouvert : « Je cherche à travers l’Évangile, je cherche en vain commandement, menace, défense. […] Le symbolisme se trouvait là dans son domaine : visions et voyages terrestres symbolisaient visions et voyages de l’âme ; le passage à travers la nature était un passage à travers la « forêt de symboles », et les regards que nous fixions sur elle étaient au moins aussi familiers que ceux dont elle nous observait.
Le mot a volé à travers les deux mondes et a trouvé accès dans toutes les langues cultivées. […] Le jour filtre à travers des vitraux qui représentent des saints émaciés en adoration extatique. […] Pour ce que l’on croit voir comme à travers de la, fumée, sans forme reconnaissable, nulle langue n’a de mot. […] Et les âmes qui montaient à Dieu passaient près d’elle comme de minces flammes… De sa forteresse du ciel, elle voyait le temps vibrer sauvagement, comme une pulsation, à travers tous les mondes ». […] 93 ) Et ainsi revient constamment à travers quatorze strophes, après le premier vers : « Ô ville de Troie !
Le Moyen-Âge « énorme et délicat17 », cette reculée bleue et noire à travers les siècles, nous apparaît comme un tragique désert avec des instants d’oasis ; chevaleresque, poétique aux Croisades, mais atroce sous tant de lâches bandits qui sont des Rois ! […] Au défaut des certitudes défaillies d’une Religion — à qui, toutefois, nous gardons la gratitude du sentiment de noble piété dont elle berça et purifia notre enfance — nous pressons les vestiges des Traditions lointaines, d’alors que l’Histoire était encore à naître, des Légendes mystérieuses que colportent, à travers le monde moderne qui s’inquiète de les entendre sans les comprendre, des peuples nomades partout en exil ; nous recueillons les enseignements des grands Penseurs, Mages et Métaphysiciens, héros de l’esprit humain ; plus avant qu’eux essaierons-nous d’aller dans les voies qu’ils ont ouvertes ; nous irons à l’école aussi des Cultes antiques, extrayant de toutes les mines la parcelle d’or éternel que nous gardait encore leur sein avare ; et quand la joie de la foi ébranlera d’enthousiasme nos âmes, nous célébrerons cette joie mystique par les Sacrifices et les Fêtes de l’Art. […] Ils eussent été bien embarrassés de conduire leurs chimériques personnages à travers une longue suite d’années, dans des lieux divers, au cours d’actions successives desquelles seul un sentiment réel et poignant de la vie peut faire l’essentielle synthèse dramatique. […] À la date, du moins, où écrit La Fontaine, il nous faut attendre près de deux fois cent ans pour que l’humanité retrouve ce sentiment du Mystère qui est pourtant le fond vivant de la Poésie, — il nous faut attendre près de deux fois cent ans ce vers de Lamartine : Adore ici l’écho qu’adorait Pythagore, ce vers de Gérard de Nerval : Crains dans le mur aveugle un regard qui t’épie, ces vers de Baudelaire : La nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles : L’homme y marche à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. […] C’est autre chose qu’il voit dans Balzac, et la formule : Un coin de la nature vu à travers un tempérament, embrasse toute la vie. — Laissons, pour un instant, Balzac : c’est l’ancêtre ; il y a, en effet, chez lui, autre chose que la sensation, car il y a tout.
À travers la pièce moderne M. […] Traité ainsi, le rôle devient clair, lumineux, continuellement intelligible, même à travers les brusques changements de ton et sautes de vent ; et précisément à cause de ces brusques changements et sautes de vent bien marqués. […] Les dénouements de Molière, que l’on critique à tort et à travers, ont ceci d’admirable que les caractères achèvent de s’y cristalliser. […] Il réussit d’une façon inouïe, à travers tout l’Empire et toute la Restauration. […] Maurice Albert a poursuivi l’histoire des théâtres du Boulevard à travers le règne de Louis-Philippe, à travers les Bouchardy et autres auteurs aux provinces si chers.
Une sensibilité extrême et pleine de larmes reparaissait par instants tout à coup à travers cette raison continue, comme une source qui jaillit d’une terre unie. […] » Il lui était resté, à travers tout, un coin de goût romanesque.
Dans vingt villages circonvoisins d’Oisy où il chasse, c’est à cheval et à travers les récoltes. « Ses gardes toujours armés ont tué plusieurs personnes, sous prétexte de veiller à la conservation des droits de leur maître… Le gibier, qui excède de beaucoup celui des capitaineries royales, mange chaque année l’espoir de la récolte, vingt mille razières de blé et autant d’autres grains. » Dans le bailliage d’Évreux, « le gibier vient tout détruire jusqu’au pied des maisons… À cause du gibier, le citoyen n’est pas même libre dans le cours de l’été d’aller retirer les mauvaises herbes qui étouffent le grain et qui gâtent les semences… Combien de femmes restées sans mari et d’enfants sans père pour un malheureux lièvre ou lapin ! […] , liv. 2, chap. 2, 182. — Lettre du bailli de Mirabeau du 25 août 1770. « Cet ordre féodal n’était que fort, et ils l’ont appelé barbare, parce que la France, qui avait les vices de la force, n’a plus que ceux de la faiblesse et que le troupeau, qui était autrefois dévoré par les loups, l’est aujourd’hui par les poux… Trois ou quatre coups de pied ou de bâton ne nuisent pas tant à la famille d’un pauvre homme, ni à lui-même, que six rôles d’écritures qui le dévorent. » — « La noblesse, disait déjà Saint-Simon, est devenue un autre peuple qui n’a d’autre choix que de croupir dans une mortelle et ruineuse oisiveté qui la rend à charge et méprisée, ou d’aller se faire tuer à la guerre à travers les insultes des commis, des secrétaires d’État et des secrétaires des intendants. » Voilà les réclamations des âmes féodales Tous les détails qui suivent sont tirés de Saint-Simon, Dangeau, Luynes, Argenson et autres historiens de la cour.
C’est l’intelligence qui découvre l’intelligence dans l’univers, et un grand esprit est plus capable qu’un petit de voir Dieu à travers ses œuvres. […] La création des flottilles de bateaux plats pour transporter à travers le détroit l’invasion française en Angleterre, la concentration de deux mille bâtiments de guerre ou de transports à Boulogne, à Étaples, à Wimereux, à Ambleteuse ; une armée d’élite de cent soixante mille hommes campés comme une menace permanente au bord de ces rades, en vue de leur conquête, les revues, les exercices, les combats partiels des chaloupes canonnières contre les brûlots anglais, donnés comme un spectacle à l’armée dans ce cirque maritime pour entretenir son ardeur ; les négociations avec l’Autriche, la Hollande, la Russie, la Prusse, l’Espagne, pour faire concourir ces puissances à ce plan de la haine du monde contre la domination britannique des mers ; les lâchetés de l’Espagne, les réticences de la Russie, les temporisations de l’Autriche, les marchandages intéressés et les trahisons de la Prusse, mêlés à tout ce mouvement des flottes et des armées sur le littoral ; de grandes fautes diplomatiques commises par le premier Consul au milieu de ces prodiges d’activité militaire ; la pire de ces fautes, la confiance obstinée dans ce cabinet de Berlin, aussi peu sûr pour l’Allemagne qu’il démembre que pour la France qu’il trompe ou pour l’Angleterre qu’il trahit, tout cela forme du dix-septième livre de M.
Dieu, qui a voulu en tout temps la conservation des âmes, n’a laissé manquer aucun temps de la portion de vérité naturelle ou révélée, indispensable pour que sa création subsiste et pour qu’elle l’entrevoie lui-même à travers ses mystères. […] Quant à sa philosophie, qui n’est nulle part aussi complètement exposée que dans le dialogue de Phédon, elle se résume, à travers un trop long flux de paroles et un trop grand appareil de questions, de réponses, de dialectique, de polémique, de circonlocutions plus scolastiques que philosophiques, dans un très petit nombre de vraisemblances théologiques et de vérités morales auxquelles toutes les philosophies modernes ont peu ajouté.
Elle domine elle-même la mer, qu’on voit luire à ses pieds, à travers la claire-voie de pampres. […] XIV Nous passions la matinée sous les longues et hautes treilles chargées de raisins mûrs, comme d’autant de lustres d’ambre qui laissaient les rayons de l’aurore transluire, à travers leurs grains jaunis, sur nos têtes.
Il est fils d’un bâtard de Henri IV, de haute mine comme de haute lignée, avec une chevelure blonde qui encadre son visage de boucles superbes ; mais ce Phébus-Apollon écorche le français ; il bavarde à tort et à travers ; il est coutumier des quipropos les plus saugrenus. […] Tout procédé paraît bon pour faire passer un fragment de la vérité à travers les mailles du filet où elle est enserrée.
Elle ne ressemblait en rien à celle qu’on peut trouver de nos jours dans les chaires des Facultés protestantes ; elle ne recourait pas à l’étude des textes originaux ; elle ne songeait point à les interpréter en suivant leur genèse et leur histoire à travers les siècles. […] Ses livres, tels qu’on les possédait, avaient beau être mutilés, altérés ; en vain sa pensée arrivait-elle trouble et incertaine à travers la traduction latine d’une traduction arabe.
Enfin brisé de fatigue et mourant de faim, un habitant le suppliait de coucher dans sa maison, pour la préserver contre le pillage, et là, dans une petite chambre d’en haut, en tête à tête avec un gigot et une bouteille de vin cachetée, il faisait à travers les cris des blessés qu’on amputait au-dessous, il faisait le meilleur et le plus égoïste dîner. […] C’est une pensée qui me vient aujourd’hui dans une longue promenade à travers la banlieue.
Comme penseur historique, n’avons-nous pas son dernier mot, le mot transparent à travers lequel on voit le fond dans sa pensée : « Robespierre est un grand citoyen ! […] Partout, à chaque page de son histoire, c’est le même langage, c’est la même idée fixe, car l’idée fixe, on peut la retrouver aussi bien dans l’ivresse que dans la folie, c’est la même peur du Dieu personnel et vivant du catholicisme, de ce splendide revenant qui hante la raison de l’historien malgré lui, et qui, aperçu incessamment à travers le pâle fantôme du dieu philosophique, réduit toujours le même visionnaire au même effort et à la même convulsion de raisonnement pour le repousser.
Et hier matin devant ma porte me jetas-tu ma sœur morte, puis t’enfuis à travers un vallon.
Töpffer était né peintre, paysagiste, et son père l’était ; mais, forcé par les circonstances, et surtout par le mauvais état de sa vue, de se détourner de l’expression directe que réclamait son talent et où le conviait l’exemple paternel, il n’y revint que moyennant détour, à travers la littérature et plume en main : cette plume lui servit à deux fins, à écrire des pages vives et à tracer, dans les intervalles, des dessins pleins d’expression et de physionomie.
Comme son Des Grieux, il conserve, à travers toutes les phases et les légèretés de sa première vie, un air noble et qui sent sa qualité et son monde ; c’est l’homme bien élevé qui se marque toujours sous sa plume jusque dans l’écrivain de métier et dans l’auteur trop assujetti.
J’ai ouï dire que Mlle Mars elle-même avait peu de sensibilité proprement dite ; mais elle était née pour jouer du Marivaux avec cette ingénuité habile, avec cet art du naturel, avec cet organe charmant, enchanteur, et cette voix sonore à travers laquelle se dessinaient les moindres intentions comme les perles dans une eau limpide.
Son front élevé et plan laissait voir à travers une peau fine les veines entrelacées des tempes.
À travers ces digressions et ces détours, Bailly arrive, et cherche à amener avec lui son lecteur, ou Voltaire qui le représente, à sa pensée favorite d’un peuple perdu, mais nécessaire, auteur d’un système astronomique complet et dont on n’a retrouvé que des fragments.
Sa figure n’est pas régulière, mais elle semble cacher quelque chose de plus grand et de plus beau ; on voit son âme à travers le voile.
Quatre pas dehors, une course au soleil à travers champs ou dans les bois, me laissait beaucoup à dire.
À travers tout ce brillant de jeune homme et cette ardeur de s’avancer qui pouvait sembler un peu aveugle et téméraire, il y eut donc de la suite, de l’étude, de l’observation, ce qui se trouve toujours au fond de ces grands bonheurs, que, de loin, on se plaît à attribuer au seul hasard.
Ce que l’homme d’État hollandais rendu à la retraite se plaisait à se dire dans une promenade aux environs de Leyde ou de La Haye, Guillaume Favre le sentait à plus forte raison, lui possesseur et connaisseur plus fin, en vue de son Léman et dans l’exercice délicieux de sa faculté curieuse à travers les domaines de l’histoire.
Voltaire est jugé à trois moments : d’abord comme « un très grand homme, et aussi un homme très aimable » ; puis, pendant la brouille, comme un diseur de sottises qu’on doit éviter de lire, un atrabilaire qui vise à tort et à travers à l’universalité.
À huit heures je suis éveillé par un jeune bonnet carré (un étudiant), avec lequel je me mets à suivre Satan à travers le chaos et la nuit (lecture de Milton).
Nous voyions à travers les branches les nuages qui volaient rapidement par masses noires et bizarres, et semblaient effleurer la cime des arbres.
Dans cette première visite de Louis-Philippe, lieutenant général du royaume, à l’Hôtel-de-Ville, à travers les barricades, qu’était-ce que cette bonne femme du peuple qui, en le voyant passer, s’écriait : « J’espère que ce n’est pas encore un Bourbon ?
Les sciences, « unies par une philosophie commune, » y sont montrées « s’avançant de front, les pas que fait chacune d’elles servant à entraîner les autres. » Plus de danger sérieux désormais pour l’ensemble des connaissances humaines ainsi liées étroitement et toutes solidaires entre elles, plus de période rétrograde possible depuis la découverte de l’imprimerie : « Lorsqu’au milieu d’une nuit obscure, perdu dans un pays sauvage, un voyageur s’avance avec peine à travers mille dangers ; s’il se trouve enfin au sommet d’une haute montagne qui domine un vaste horizon, et que le soleil, en se levant, découvre à ses yeux une contrée fertile et un chemin facile pour le reste du voyage, transporté de joie, il reprend sa route, et bannit les vaines terreurs de la nuit.
Michelet poursuit sans relâche, à travers les récréations d’histoire naturelle qui le délassent plutôt qu’elles ne le détournent, la série des études qui ont pour objet de continuer et de compléter les premiers volumes de son Histoire de France, commencée en 1833, interrompue en 1844, et qui doivent bientôt la rejoindre à son Histoire de la Révolution, conçue et composée depuis lors dans le feu des agitations sociales et des tempêtes civiles.
« Mais heureux aussi celui qui, d’un esprit moins émancipé et d’un cœur plus humble, reconnaît dans la nature un Auteur visible, se manifestant par tous les signes ; qui croit l’entendre dans le tonnerre et dans l’orage ; qui le bénit dans la rosée du matin et dans la pluie du printemps ; qui l’admire et l’adore dans la splendeur du soleil, dans les magnificences d’une belle nuit, et qui ne cesse de le sentir encore à travers la douce et tiède nuaison d’un ciel voilé !
Un de nos amis les plus maltraités, les plus insultés dans ce volume12, recevait, en mai 1853, une lettre de M. de Pontmartin, datée du journal l’Assemblée nationale, et ainsi conçue : « Monsieur et ancien collaborateur, Pendant que nos rédacteurs en chef se fusillent et s’exterminent du haut de leur premier-Paris, ne serait-ce pas chose agréable et piquante de nous tendre la main à travers les fenêtres de notre rez-de-chaussée ?
Mes regards se fixèrent sur les vitraux de la rose méridionale à travers laquelle passaient les rayons du soleil, colorés des nuances les plus éclatantes.
On peut de loin, à distance, et en envisageant l’ensemble d’une œuvre, en embrassant d’un coup d’œil les conséquences qu’elle a eues, l’influence qu’elle a exercée sur l’esprit humain à travers les siècles, en la rapprochant d’autres œuvres analogues ou contraires, on peut y reconnaître autre chose et plus que l’auteur tout le premier n’était tenté d’y voir, et plus, certainement, qu’il n’a songé à y mettre.
Sa poésie, pour nous, expression fidèle de sa manière d’être, est trop directe ou trop linéaire, si je puis dire ; elle ne passe point par une création : c’est une poésie qui a du nombre, un certain éclat, mais qui ne se transforme et ne se transfigure jamais à travers l’imagination.
Il se plairait à reconnaître encore la nature et à la suivre jusqu’à travers les formes opposées sous lesquelles elle se déguise ou elle se trahit.
Un jour que Cousin et Patin en course dans Paris avaient pris pour abréger à travers les Halles, une poissarde les montrant du doigt à l’une de ses commères dit ce mot qui pourrait servir de légende ironique par opposition aux Horace Vernet et aux Charlet : « Et qu’on disait qui n’y avait pus d’hommes dans Paris !
On partait chaque printemps ; chaque fleur de génération, chaque élite nouvelle s’envolait à son tour à travers le monde et par les vastes espaces de la terre habitable, comme disait Homère : on allait tout droit devant soi, au hasard, à la découverte, selon les versants et les pentes, à la rencontre d’un meilleur climat, d’un plus beau soleil, en quête des terres fécondes, des moissons et des vignes là où il y en avait ; on avait pour droit sa passion, sa jeunesse, l’impossibilité de vivre où l’on était, — le droit du plus jeune, du plus fort, du plus sobre, sur les races voluptueuses et amollies.
Je disais tout à l’heure que le rôle le plus indiqué de l’Académie en ce moment était de maintenir, au milieu de la ruine des procédés et à travers les violations courantes du droit des gens dans les lettres, une certaine politesse, une conciliation dans son sein, une douceur enfin de civilisation à l’aide de ce qui en a été toujours considéré comme l’expression et la fleur.
Qui dira le sens des murmures Qu’éveille à travers les ramures Le vent d’automne dans les bois ?
À travers toutes les folies du martyre, il resta dans quelques âmes la force des sacrifices, l’abnégation de l’intérêt personnel, et une puissance d’abstraction et de pensée, dont on vit sortir des résultats utiles pour l’esprit humain.
Il faudrait « écurer le bié du moulin et la rivière dont les débordements gâtent la grande prairie, réparer les chaussées des deux étangs, réparer l’église qui est à la charge du seigneur, et dont les couvertures notamment sont dans un état affreux, les eaux pénétrant à travers la voûte », réparer les chemins qui sont aussi à la charge du seigneur, et qui pendant l’hiver sont dans un état déplorable. « Il paraît qu’on ne s’est jamais occupé du rétablissement et réparation de ces chemins. » Le sol de la terre de Blet est excellent, mais il faudrait des saignées et fossés pour l’écoulement des eaux, sans quoi les bas-fonds continueront à ne produire que des mauvaises herbes.
Tout ce que nous savons des molécules cérébrales, ce sont les sensations de couleur grisâtre, de consistance mollasse, de forme, de volume, et autres analogues que, directement ou à travers le microscope, à l’état brut ou après une préparation, ces molécules suscitent en nous, c’est-à-dire leurs effets constants sur nous, leurs accompagnements fixes, leurs signes, rien que des signes, des signes et indices d’inconnues. — Il y a donc une grande différence entre les deux points de vue.
C’est une particularité constante pour les signaux de l’employé d’être suivis à mille kilomètres de là par le jeu des aiguilles indicatrices ; c’est une particularité constante pour ma résolution d’être suivie à travers dix intermédiaires indispensables par le déplacement de mon bras.
L’écrivain, à travers toutes les redites et les disparates, mêlant les personnalités injurieuses aux grandes généralités, la facétieuse causticité du bourgeois de Paris à la rhétorique savante de l’humaniste, finit par avoir dit tout ce qu’il faut.
Dès aujourd’hui, c’est fait du naturalisme, comme c’était fait il y a quarante ans du romantisme, il y a soixante-dix ans du classicisme : ce qui naîtra devra être un naturalisme élargi par la réintégration de certains éléments romantiques et surtout classiques, une sorte de synthèse des trois doctrines d’art à travers lesquelles s’est faite depuis la Renaissance l’évolution de notre littérature.
Qui donc disait que la voix d’or s’était brisée à force de chanter tous les jours, partout et à travers les deux mondes ?
VI C’est surtout ce je ne sais quoi que j’ai poursuivi à travers ses feuilletons dramatiques.
» — Revoyez-vous dans la Dernière classe 99 le vieux Hauser, avec son vieil abécédaire rongé aux bords et épelant à travers ses grosses lunettes ba, be, bi, bo, bu ?
Qui sait si tu n’es pas en effet quelque image De Dieu même, qui perce à travers ce nuage ?
Mais la forme fragmentaire se fait sentir à travers les sutures.
Cependant la douce et honorable hospitalité de Vienne ne suffisait pas au maréchal ; il se sentait encore des forces, de l’ardeur, une curiosité active ; pour la satisfaire, pour tâcher de donner « un nouvel intérêt à son existence », il conçut le projet d’un grand voyage à travers la Hongrie, la Russie méridionale, jusqu’en Turquie, en Syrie et en Égypte.
Son corps était rongé de goutte, son âme l’était bien plus cruellement de souvenirs et de regrets ; et, à travers l’aimable accueil qu’il voulut bien me faire, je ne laissai pas de voir en lui une victime de tous les genres de douleur.
Ce talent énergique et brillant commence d’abord, et à tout hasard, par donner des coups d’épée à travers son sujet, et de cette épée jaillissent des éclairs.
Sous la chamarrure des uniformes, en le déguenillement des souque-nilles, à travers le poli ou le débraillé des manières, ou des paroles choisies ou éructées, il sait discerner le fond même, boueux ou délicat, de l’homme, la simple créature matérielle, souffrante, transgressante, endolorie, irascible, périssable et vive.
Je restais là, les yeux fixes, choqué de cette inconvenance, lorsque tout à coup… Il m’a semblé voir, à travers la brume qui montait de mon cigare, les lignes trembler sur le papier et s’agiter d’une façon tout à fait insolite, et des phrases entières rouler sur elles-mêmes… Ô spectacle saugrenu !
On arrive par cette méthode, et c’est un petit excès, à voir, à travers le couplet d’un acteur, surtout la figure de celui qui ne parle pas et à qui le couplet est adressé, et c’est surtout Suréna qu’on suit des yeux pendant que Pompée a la parole, et la figure d’Orgon que l’on compose et que l’on contemple en la composant quand Dorine le raille ou quand Cléonte le chapitre.
car Baudelaire, pendant toute sa jeunesse, traîna un livre de génie à travers d’imbéciles éditeurs qui n’en voulaient pas, et qui maintenant l’impriment à genoux !
Nous ne doutons pas, d’ailleurs, qu’on ne puisse donner des définitions plus profondes des deux tendances réaliste et idéaliste, telles qu’on les retrouve à travers l’histoire de la philosophie.
Elle est plus visible encore quand l’orateur est capable d’enthousiasme, quand il s’enivre du son de ses paroles, quand ses idées ailées, accourant par multitudes et toujours plus pressées, s’accumulent, tourbillonnent, le soulèvent et l’emportent, d’une course précipitée et aventureuse, à travers toutes les vérités et toutes les erreurs.
Combien le lecteur doit être touché de la beauté de Mme de Longueville, quand il la voit à travers cette poussière de certificats !
« Marquez l’année et marquez la nuit où la Severn répétera avec épouvante les râles de mort qui bruis• sent à travers les voûtes de Berkley, les râles d’un roi agonisant…..
Souvent on voit le désir intellectuel, l’idée incomplète se former non en un seul individu, mais à travers plusieurs générations. […] Peut-être l’imaginatif amoureux a-t-il une tendance à voir les femmes à travers les créations de son esprit, à les trouver semblables au type idéal qu’il s’est formé. […] On suit très bien à travers l’histoire d’Adam Bede la formation et le développement de la création intellectuelle, la synthèse progressive qui vient se former autour du noyau primitif. […] Rue Laffitte. il s’arrêta devant la boutique d’un marchand de tableaux et regarda longtemps à travers les vitres une toile de lui… Il me dit : “Dehors je vois mes tableaux, chez moi je ne les vois plus. […] Berlioz, À travers chants, 325-326.
Et cela est vérité et cela est très théâtral, parce que le spectateur n’aime rien tant que de voir ces brusques retours du caractère inné à travers le caractère acquis. […] Philinte dans Molière n’est pas un égoïste, je crois l’avoir démontré ; c’est un homme, et voilà une grande différence, qui dit à un autre : « Soyez donc un peu plus égoïste que vous n’êtes. » Mais, parce que Fabre l’a vu, d’une part, à travers l’Optimiste de Collin d’Harleville, délicieux, mais qu’il est si facile de tourner en caricature, et, d’autre part, à travers la magnifique page de Jean-Jacques Rousseau : « C’est un de ces hommes qui… ». […] L’on voit très bien ici le progrès d’une idée-sentiment et sa marche, en quelque sorte, à travers l’esprit des hommes. […] Rousseau a donc raison de voir Molière à travers ses successeurs. […] Rousseau aurait dû prévoir cela, le démêler à travers le tragique un peu fade de La Chaussée.
Paul D… me poussa dans les premières, au hasard, au milieu d’un nuage de fumée bleue à travers laquelle s’ébauchèrent, dans un coin, trois officiers de ligne berlinois, fumant de gros cigares, et, juste en face de nous, un gigantesque cuirassier blanc. […] Je ne veux pas déflorer l’intérêt du roman et je m’arrête à regret, ne pouvant citer une belle page contenant le récit de la mort d’un soldat qui, à travers son agonie, voit flotter de la fenêtre de sa chambre, le drapeau placé sur un monument public et qu’il prend pour celui de son régiment entrant dans la mêlée d’une bataille. […] Un délire est entré dans le rêve des choses, Et je les trouble ainsi, sans en savoir les causes. » Siva la chasse ; mais dès qu’elle est partie, Siva, qui a perdu le repos, veut la rejoindre à travers mille obstacles ; c’est dans cette poursuite vertigineuse à travers les espaces, les forêts, les jungles, que le poète révèle toute la grandeur de sa conception. […] À travers ces ruines, l’œil avait des surprises ; à chaque pas, des incohérences burlesques distrayaient l’esprit de la stupeur ambiante. […] Rousse, pour le débrouiller et le voir comme il est, à travers les fables de la politique et les mensonges des partis, ce n’est pas lui seul qu’il faut connaître ce sont tous les siens ; et l’auteur nous montre cette étrange famille, dont l’histoire complète se trouve admirablement détaillée dans l’ouvrage de M. de Loménie.
L’émotion esthétique nous semble ainsi consister essentiellement dans un élargissement, dans une sorte de résonance de la sensation à travers tout notre être, surtout notre intelligence et notre volonté. […] Ce serait évidemment une erreur de se figurer les sentiments humains, même les plus primitifs, comme invariables à travers les siècles. […] La loi de la « diffusion nerveuse » fait d’abord que l’excitation née dans le cerveau se propage plus ou moins loin à travers les membres, comme l’agitation dans l’eau auparavant tranquille. […] Bien avant de subir l’influence de la rime, la pensée du poète diffère donc en sa marche de celle du prosateur, l’une étant toute droite pour ainsi dire, l’autre ondulant à travers le flux et le reflux des strophes. […] Nous citerons un cas où il n’est pas parvenu à rendre cette forme acceptable : Ce nom, Jéhovah, comme à travers des éclairs.
Je devins subitement folle de lui, comme il me regardait à travers ma fenêtre de wagon. […] Il pleut depuis deux jours ; du reste, fin septembre, tout ça s’envole, et nous allons faire un tour artistique à travers l’Espagne, qui me passionne. […] à travers la très intéressante et très pittoresque Espagne et vous aurez une faible idée… Je fais les plus grands efforts pour conserver une certaine vigueur morale, mais quand même je me forcerais à résister encore un peu, l’élan n’y est plus ; les ailes tombent et ne servent qu’à balayer les projets et illusions d’artiste réduits en poussière sous la pression hygiénique de ceux qui m’aiment. […] Il est vrai que je m’amuse, mais il n’est pas vrai que je vous connaisse tant que cela ; je vous jure que j’ignore votre couleur et vos dimensions, et que comme homme privé je ne vous entrevois que dans les lignes dont vous me gratifiez et encore à travers pas mal de malice et de pose. […] Cher maître, Je vois que vous voulez remplacer M… Votre lettre est très jolie, mais, comme toujours, vous me prêtez des infamies, me voyant à travers des rapports d’atelier.
Ce que Pétrarque et ce que le temps de Pétrarque entendaient ici par amour, n’était en réalité que la passion du beau, l’admiration, l’enthousiasme, le dévouement de l’âme à un être d’idéale perfection physique et morale ; culte en un mot, mais culte divin à travers une beauté mortelle. […] XV Soit qu’il la vît quelquefois dans ses longues promenades à travers les campagnes voisines, soit qu’il ne la vît qu’en songe, l’image de Laure l’obsédait le jour et la nuit, comme celle des dames romaines obsédait saint Jérôme dans son désert.
des maximes, cette lente filtration de la sagesse des peuples à travers les âges ? […] Quelle délectation de remonter à de telles hauteurs de sagesse et de vertu à travers la nuit des temps !
La maison est située sur le flanc septentrional de la vallée qui court, à travers des prairies et des bocages, de Chambéry au lac du Bourget. […] Il me fallut insister longtemps, donner le nom du comte de Maistre, être reconnu comme par des sentinelles à travers des guichets pratiqués dans des couloirs, pour parvenir avec mon dépôt jusqu’à lui.
Quelques groupes de curieux et d’hommes de lettres de Dijon, instruits de son passage, obstruaient la rue et les escaliers pour apercevoir son visage ou pour entendre sa voix à travers les fenêtres ou les portes. […] Une terrasse inondée de soleil couchant et recouverte d’une treille de vigne laissait entrevoir à travers les pampres une table rustique couverte de corbeilles de raisin, de figues, de crème et de fiasques ficelées de paille jaune, dont des fleurs sauvages bouchaient le long col à la manière d’Italie ; c’était une collation préparée par le métayer pour la promenade ordinaire de la belle princesse.
XXXVII À peine était-il sorti du séminaire de Cahuzac qu’il fut lancé à Paris, sans fortune, sans protecteur, pour faire ce qu’on appelle son chemin à travers la vie. […] À travers larmes ou fêtes, il marche toujours vers le ciel ; son but est là, ce qu’il rencontre ne peut guère l’en détourner.
Je l’aperçois sur le rocher, à travers les voiles légers du brouillard. […] Ses yeux ressemblaient-ils aux étoiles qui brillent à travers une pluie fine ?
Rousseau s’assimile tout le monde extérieur, il voit tout selon son humeur du moment, et il ne cherche pas à saisir l’objet à travers sa sensation : il ne peut présenter que cette sensation même. […] Ainsi la représentation du monde sensible devient la fin immédiate du travail littéraire, de préférence au monde intelligible, qui s’exprimera lui-même à travers le premier, et en relation avec lui.
Le xixe siècle les a lâchés à travers la littérature ; ils ont usé et abusé de la liberté qu’on leur accordait. […] C’est alors que le romantisme, ivre de toutes les richesses du génie français, lance hardiment son brandon à travers les portes du mystère et entraîne, à la suite de Baudelaire, de Verlaine, de Rimbaud, de Mallarmé, de Samain, de Rodenbach, la phalange frémissante des symbolistes à la conquête de l’inexploré.
Sa tirade nous paraît d’une légèreté moins travaillée à travers la cavatine qui n’est pas moins spirituelle, et qui semble plus facile. […] Cependant une certaine force de pensée et de style vous fait revenir au livre, et tel est l’attrait de la vérité, que ce poète sans oreille, ce Crébillon de la comédie, finit par se rendre maître de vous et vous force à marcher à travers les impropriétés d’un style rocailleux et barbare, jusqu’au dénoûment naturel d’une pièce bien conçue et, aux bons endroits, bien écrite.
Et puisque de bienheureuses circonstances le tenaient forcément éloigné de tout grand théâtre, ses vues sur la nature du drame et sa propre individualité créatrice purent mûrir lentement à travers les années, sans le trouble de banales et hâtives réalisations. […] Et puisque cette figure de Tristan ne tarda pas à être entraînée dans le giron des légendes de la Table Ronde, déjà si imprégnées d’orientalisme, qu’il fut chanté par les Trouvères et par les Minnesinger, et puisque, surtout, les poètes français des 12e et 13e siècles n’avaient point du tout le respect religieux des mythologies celtiques qu’ils ne comprenaient point, et qu’au contraire ils ont profondément altéré ce qui en restait pour le mettre au diapason de leur époque, en faisant de ces vénérables divinités des preux chevaliers et de belles princesses, pour toutes ces raisons, nous n’apercevons plus aujourd’hui ce mythe de Tristan que comme à travers un épais nuage.
Les anecdotes trop peu connues l’effarouchent, les documents vierges l’effrayent : une histoire, comme nous la comprenons du xviiie siècle, développée à travers une longue série de lettres autographes et de pièces inédites servant à mettre en montre tous les côtés du siècle : une histoire, neuve, originale, sortant de la forme générale des histoires ordinaires, ne nous rapportera pas le vingtième d’une grosse compilation, où nous aurons à patauger des pages entières dans du connu et du ressassé. […] * * * — Chez les journalistes existent très souvent les plus étranges illusions sur la perspicacité du public à deviner à travers leur prose, le sous-entendu de leurs colères et de leurs éreintements.
On ne devinerait pas que le mot de la fin vient d’une horrible histoire, qui nous était restée dans l’oreille de l’esprit, d’un refrain ordurier d’une petite rouleuse, qui rentrant au matin, après avoir fait la retape toute la nuit, criait, à travers la porte, à sa mère qui ne lui ouvrait pas : « M’man, m’man, ouvre-moi ! […] Nous promenant à travers ce fouillis de nature, le bohème nous mène, tout en bas du jardin, à la ligne des beaux arbres qui le finissaient dans leur grande ombre… Ici sera une guinguette, un bouchon pour les dimanches et les lundis des parties de campagne, et où la canaille, abhorrée de Gavarni, viendra sous le portique toujours vert, où il promenait sa haute rêverie, arroser de bleu des tripes à la mode de Caen, dans des berceaux qu’arrondit devant nous, un marchand de vin basque.
Je la vois à travers le jour des ogives du chœur. […] Je retrouve, au salon, de vieilles anglaises du corps diplomatique, de mûres et fades créatures, à exclamations, à monosyllabes inintelligents, à travers le lapement d’une tasse de thé et la déglutition d’une sandwich.
Lévine et sa femme, Karénine, Anna, Wronsky, le prince Oblonsky et la princesse Dolly, la famille Cherbatky, les amis et les amies de tous ces gens, les enfants, les serviteurs et les paysans, font du roman contemporain de Tolstoï, une œuvre enchevêtrée et confuse, comble et embrouillée qui choque déjà toutes les règles d’unité et d’élaguement qui nous sont familières ; mais qu’est cette complication devant celle des trois gros volumes de La Guerre et la Paix où les vies complètes du prince André, du prince Pierre, de Nicolas Rostow, mêlées aux destins des membres de leurs familles, entourés d’une foule véritable de satellites, de connaissances, se poursuivent à travers de grandioses récits de batailles, de négociations, d’entrevues, dans lesquelles figurent tous les personnages célèbres du temps, à travers les scènes populaires, rustiques et sociales qui constituent toute l’histoire politique et intime d’un peuple ?
Dieu se manifeste à nous au premier degré à travers la vie de l’univers, et au deuxième degré à travers la pensée de l’homme.
Je suis l’instrument, bon ou mauvais, qui a reçu le premier souffle du siècle à travers ses cordes, et qui rend le son juste ou faux, mais sincère, et qui le rend, non pour que les autres s’accordent à sa note, mais pour qu’ils la jugent et la rectifient s’ils ont un autre diapason dans leur âme. […] XXXIII J’étais resté, comme on le pense bien, à l’écart, enveloppé du silence et de la modestie qui convenaient à mon âge, pendant cette longue et éloquente excursion à travers tous les âges, tous les noms, toutes les œuvres de l’Italie littéraire moderne.
Ainsi Pélée, quand il pleurait son fils Achille enlevé à sa tendresse… Si, avant la subversion de sa ville de Troie, Priam fût descendu chez les ombres, Hector, son fils, aurait porté sur ses épaules et sur celles de ses autres frères le corps vénéré de son père, à travers les Troyennes gémissantes, dont les filles du vieillard, Cassandre et Polyxène, les vêtements déchirés, auraient commencé les sanglots funèbres ! […] Celle sur l’avarice, à travers des banalités mesquines, a des accents de génie romain dans la bouche de Caton ou de Sénèque.
La belle peau ; la vie et l’incarnat du sang transpirent à travers ; je suis sous cette envelope délicate et sensible le cours imperceptible et bleuâtre des veines et des artères. […] La chaleur point à travers les pores de ces deux figures (oui, messieurs de l’académie, je persiste) ; c’est à mon sens, et au sentiment de Le Moine, le plus beau faire imaginable.
Mais l’antiquité et Racine, — car Racine, c’est l’Antiquité passant à travers la société de Louis XIV, — agissant sur celle tète artiste par leurs indiscutables beautés, brouillèrent bientôt la vue du penseur et le firent conclure, mollement, il est vrai, contre ce qui était, littérairement, la vérité même ! […] Audin, le plus intéressant et le plus savant des biographes modernes (car la Vie de Rancé par Chateaubriand, cet orgueil de dégoûté qui se raconte, en racontant l’humilité d’un saint, n’est qu’une sublime flânerie d’un grand poète à travers l’histoire), Audin a quelquefois porté son regard par-dessus le cadre dans lequel il aimait à le ramasser, et l’étendue de l’horizon qu’il a embrassé montre bien que, s’il avait voulu, il aurait pu s’arracher à l’encoignure d’une biographie.
Ce n’est pas en des temps de Fronde qu’il eût appris à les concevoir, et c’est pour avoir, en ses jeunes années, en sa saison de verve et d’entreprise, vu réunies entre les mains de Richelieu les pièces merveilleuses de cet assemblage, c’est pour lui avoir vu reconquérir ce Roussillon aliéné depuis un siècle et demi, et lui avoir vu refaire en tous sens une France, qu’il a su mêler lui-même à son Histoire cet esprit français étendu, cette intelligence d’ensemble qui y subsiste à travers les remarques plus ou moins libres et les réflexions conformes à notre vieux génie populaire.
Le genre de beauté de Gabrielle une fois attesté par l’impression générale, on peut s’en rendre compte d’après ses portraits et le conclure encore plus que l’y voir à travers la raideur qui n’est que dans l’image, et sous la parure qui de loin la surcharge un peu.
Là même où elle ne s’enflammait pas, il y avait des détails qui la faisaient sourire de pitié : « Il n’est que trop vrai que des femmes se font peindre des veines bleues, afin de faire croire qu’elles ont la peau si fine qu’on distingue leurs veines à travers. » Elle n’avait de consolation que dans sa fille la duchesse de Lorraine, qu’elle avait élevée selon son cœur et mariée un peu à l’allemande.
Il résulte de son récit que, peu après la paix des Pyrénées, le duc Charles IV de Lorraine étant venu en France, et ayant fait avec le roi le traité par lequel il lui cédait ses États après lui et l’instituait héritier de ses duchés de Lorraine et de Bar, trouva encore à travers cela le temps de s’éprendre d’une violente passion pour Mlle Marianne, qu’il rencontrait au Luxembourg chez sa sœur Madame, épouse de Gaston duc d’Orléans.
Dans les questions de presse, qui étaient une des grandes préoccupations d’alors, il avait repris en la bonne direction de l’esprit public livré à ses propres lumières cette confiance qu’il n’avait sans doute pas eue toujours, que ceux qui ont vécu dix et vingt ans de plus n’ont pas conservée, tant il est difficile aux plus judicieux de s’isoler des circonstances générales et des courants d’opinion à travers lesquels on juge.
À travers les ténèbres de cet ouvrage se glisse un rayon de la lumière chrétienne qui brilla sur mon berceau.
Mais notons encore un service que Louis XIV et son règne rendirent à Bossuet : ces grands sujets, il les aurait eus également dans les époques désastreuses et à travers les Frondes et les discordes civiles, mais il les aurait eus épars, en quelque sorte, et sans limites : Louis XIV présent avec son règne lui donna le cadre où ces vastes sujets se limitèrent et se fixèrent sans se rétrécir.
Il dut à sa race, à sa trempe d’éducation et au rude milieu où il fut plongé, de conserver, à travers ses passions contradictoires et qu’il combattait très peu, un fonds de moralité qui étonne et qui ne fait souvent que leur prêter une plus verte sève : nature généreuse après tout, témoin subsistant d’un siècle plus robuste et plus endurci que les nôtres, et qui nous en rend au hasard et avec saillie les caractères les plus heurtés.
Il est et sera inébranlable sur certains principes d’égalité et de bon sens équitable, qui sont et resteront vrais à travers toutes les fluctuations successives, principes conquis une fois pour toutes et sur lesquels repose désormais l’ordre moderne ; il ne se trompe pas en appréciant ces premiers et grands actes du tiers état auxquels il eut l’honneur de participer, de présider : « Voilà ce qu’elles ont fait seules, dit-il des Communes par opposition aux deux autres ordres privilégiés et résistants ; voilà ce qui fut la base de la Constitution française.
En définitive, les édits furent conservés dans toute la partie essentielle qui tient à ce que nous appelons tolérance ; mais les bastions et les fortifications des villes rebelles, de celles des Cévennes en particulier, qui avaient été prises de cette espèce de manie et de maladie dans la présente guerre, et qui s’étaient toutes fortifiées à la huguenote, comme on disait, durent être rasés aux dépens et de la main même des habitants qui les avaient construits ; il n’y eut plus, à partir de ce jour-là, un cordon de petites républiques possibles à travers la France : il n’y eut qu’une France et des sujets sous un roi.
L’intérêt prodigieux que mettait la société d’alors à ce procès si justement entamé peut-être, mais si odieusement instruit et si arbitrairement conduit, les habiles instances des amis restés fidèles au malheureux surintendant, qui finirent par retourner l’opinion en sa faveur, les plaidoyers anonymes de Pellissoa qui s’échappaient à travers les barreaux de la Bastille et qui se récitaient avec attendrissement, les beaux vers miséricordieux de La Fontaine, et par-dessus tout les bulletins émus, pathétiques, de Mme de Sévigné, ont gagné jusqu’à la postérité elle-même ; et pour peu qu’on ait vécu en idée dans la société de ce temps-là, on fait comme les contemporains, on demeure reconnaissant envers M. d’Ormesson.
Sous l’empire de cette fantaisie lugubre, l’arrière-petit-fils de Charles-Quint, comme s’il eût voulu remonter tout le cours de sa race, se fit ouvrir les cercueils : celui de la reine sa mère qui fut ouvert le premier ne fit pas sur lui grande impression ; mais quand ce fut le tour de sa première femme, de cette jeune reine qu’il avait tant aimée, quand il revit ce visage altéré à peine et sa beauté encore reconnaissable à travers la mort, le coeur lui faillit, il recula en disant : « J’irai la rejoindre bientôt dans le Ciel. » — Et cette image suprême ne dut pas être étrangère à sa pensée, quand, peu après, lui le haïsseur des Français, il fit son testament en faveur de la France.
Doué d’une harmonie pleine et d’un vaste pinceau, en possession d’une sorte de sérénité et d’impassibilité native ou acquise, désoccupé ou guéri de passions pour lui-même, il voyage à travers le monde de l’histoire et les diverses contrées, il revêt indifféremment et presque également bien les formes les plus diverses ; il exprime avec vigueur et relief les manifestations les plus variées de l’histoire, de la nature et de la vie.
De ce qu’il a jeté comme un rayon d’espérance et de consolation à travers une époque morne et sombre, ce n’est pas une raison pour faire de lui un esprit entraîné et dupe de ses propres illusions, comme le voudraient bien d’autres historiens de rencontre, qui, pareils à l’orateur Drancès dans Virgile, se plaisent à exagérer les torts de Turnus et à retourner le fer dans les blessures de la patrie.
Racine n’avait pas, comme Mme de Sévigné, de l’imagination à revendre et à tout propos, même à propos de nourrice ; sa folle du logis ne lui échappait pas bon gré, mal gré, à tort et à travers ; il savait où placer la sienne, qui n’était pas du tout une folle, et il la distribuait dans ses ouvrages.
La Fontaine, à travers toutes ses distractions et ses rêveries, avait lui-même entendu de ses oreilles le sage ou soi-disant tel crier selon les temps, et du jour au lendemain : Vive le Roi !
On comprend très-bien que ce n’est plus ici le drame en langue vulgaire qui essaye d’entrer timidement dans l’église et de s’y faire tolérer en se faufilant tant bien que mal à travers le latin, c’est la liturgie cette fois qui sort du sanctuaire : pour, aller au-devant du drame, pour lui donner comme une première consécration, et bénédiction sur la place publique.
Rousseau, revenant plus tard sur cette époque de sa vie et ressassant ses souvenirs, croyait voir à travers ces légèretés de Deleyre les trames et les noirceurs de Diderot.
» C’est ici que Chrémès fait cette heureuse réponse qui a eu son écho à travers les siècles : « Je suis homme, et je considère que rien d’humain ne m’est étranger. » Et il s’attache de son mieux à désarmer la misanthropie du farouche voisin, à lui, rendre en un sens quelconque la réponse facile : « Prenez que c’est ou un avertissement, ou bien une simple question à mon usage ; si vous avez raison, pour que je vous imite ; sinon, pour que je vous ramène » Ménédème, malgré tout, regimbe encore : « C’est mon habitude à moi ; à vous de faire comme vous l’entendez !
Il a fait mille raisonnements, mille remarques, bien des critiques, et quelques-unes sans doute à tort et à travers ; mais, tantôt approuvant, tantôt critiquant, il ne s’est en rien scandalisé, il n’a pas lancé l’anathème, cette arme n’étant plus dans nos mœurs ni à notre usage ; il a reconnu un esprit supérieur qui venait à lui et qui lui parlait (sauf à quelques rares endroits) un langage à sa portée, un langage toujours noble d’ailleurs, éloquent, élégant même : il n’a pensé qu’à s’informer auprès de lui et à s’instruire.
En gagnant le fond de la gorge, la végétation va s’épaississant et forme un fourré impénétrable à travers lequel on voit par places luire l’eau diamantée du torrent… « La Sierra-Morena franchie, l’aspect du pays change totalement ; c’est comme si l’on, passait tout à coup de l’Europe à l’Afrique : les vipères, regagnant leur trou, rayent de traînées obliques le sable fin de la route ; les aloès commencent à brandir leurs grands sabrés épineux au bord des fossés.
Si l’on connaissait bien les Anciens, on accordait trop aussi à certains auteurs modernes, à ceux dont on s’exagérait de loin le prestige à travers les grilles ; on prenait trop au sérieux et au pied de la lettre des ouvrages qui mêlaient à l’esprit et au talent bien des prétentions et de petits charlatanismes ; on leur prêtait de sa bonne foi, de son sérieux, de sa profondeur ; il en reste encore quelque chose aujourd’hui après des années, même dans les jugements plus mûrs.
Trois jours se passèrent en manœuvres et en attaques incomplètes à travers la brume.
Zeller hésite un peu sur ce point ; mais il n’hésite pas quand il attribue à César l’idée de fonder, sous un nom ou sous un autre, une monarchie populaire, universelle et, en quelque sorte, humaine : « Étendre le droit de cité à tous les hommes libres de l’Empire, régner sur le monde pour le monde entier, non pour l’oligarchie ou la démocratie quiritaires ; abaisser les barrières entre les classes comme entre les nations, entre la liberté même et la servitude, en favorisant les affranchissements et en mettant le travail en honneur ; avoir à Rome une représentation non du patriciat romain, mais du patriciat du monde civilisé ; fondre les lois de la cité exclusive dans celles du droit des gens ; créer, répandre un peuple de citoyens qui vivent de leur industrie et qu’on ne soit pas obligé de nourrir et d’amuser : voilà ce qu’on peut encore entrevoir des vastes projets de celui qu’on n’a pas appelé trop ambitieusement l’homme du monde, de l’humanité ; voilà ce dont témoignent déjà les Gaulois, les Espagnols introduits dans Rome, Corinthe et Carthage relevées, et ce qu’indiquent les témoignages de Dion Cassius, de Plutarque, de Suétone, bien qu’ils aient pu prêter peut-être à César quelques-unes des idées de leur temps. » César (s’il est permis d’en parler de la sorte à la veille d’une publication par avance illustre), César, au milieu de tous ses vices impudents ou aimables, de son épicurisme fondamental, de ce mélange de mépris, d’indulgence et d’audace, de son besoin dévorant d’action, et de cet autre besoin inhérent à sa nature d’être partout le premier, César, à travers ses coups de dés réitérés d’ambitieux sans scrupule et de joueur téméraire, avait donc une grande vue, une vue civilisatrice : il n’échoue pas, puisque son idée lui survit et triomphera, mais il périt à la peine, parce qu’il avait devancé l’esprit du temps, tout en le devinant et le servant, parce qu’il vivait au milieu de passions flagrantes et non encore domptées et refoulées.
La Prusse, à travers toutes ses vicissitudes, n’a fait que grandir en effet.
Quand on est assez vieux pour avoir vu une grande destinée individuelle s’accomplir à travers ses inégalités, ses caprices, ses luttes, ou même ses scandales, il est bon de vieillir encore pour voir comment tout cela se réduit et se capitalise dans une somme de qualités éminentes et de gloire consacrée. » Se peut-il un jugement plus élevé et mieux rendu ?
Ce qui est vrai, c’est qu’il y a profit et plaisir à suivre Malouet dans ce voyage d’exploration en Guyane, dans ses visites chez les principaux colons, à les écouter, comme il fit lui-même, exposant chacun leurs observations pratiques. leurs expériences variées et concordantes sur ce sol trompeur qui rendait si vite, mais qui s’épuisait si promptement ; à le suivre encore dans ses courses à travers les forêts, à noter, chemin faisant avec lui, de curieux phénomènes d’histoire naturelle concernant les fourmis, les serpents, les singes, et en général sur les mœurs des animaux, qui, n’étant gênés par rien dans ces vastes solitudes, y forment librement des groupes et y atteignent atout le mode relatif de sociabilité dont ils sont capables.
Mais avec lui les absents bientôt avaient tort : il aima mieux oublier l’Orient, laisser le conquérant lointain courir ses risques, et rester à Paris ministre d’une politique qui était sans doute beaucoup trop révolutionnaire et propagandiste pour qu’il l’acceptât sincèrement, mais à laquelle aussi, à travers les remaniements des petits États, il y avait beaucoup pour lui à gagner, à pêcher, comme on dit, en eau trouble.
Nous ne le perdons pourtant point de vue encore ; mais, à travers cette vue, il est simple que le souvenir du passé tienne une grande place.
Nous nous sommes arrêté au cas d’éthylisme chronique qui se déroule, à travers l’Assommoir, justifié en ce choix par l’indication précise de l’auteur même.
On voit cette éloquence se former à travers la verbosité et la médiocrité de ses premiers écrits634.
Il y a du romantisme dans Renan : c’est-à-dire qu’il a souvent mêlé sa personne dans son œuvre, et jeté des impressions toutes subjectives à travers l’objectivité de sa science.
Le goût pour l’alcool, l’habitation dans des logements malsains, l’activité physique et mentale prolongée à travers la nuit, l’entassement dans les théâtres et les lieux de réunions, la gourmandise exagérée, tant de pratiques qui flattent nos goûts et nuisent à l’équilibre du corps et de l’esprit, montrent assez que nos instincts n’ont pu se plier à notre situation nouvelle.
Édouard Dujardin le range parmi les prophètes et voit, à travers lui, reluire les flammes d’Ézéchiel33.
À quoi a servi le voyage à travers le multiple ?
À travers une affection qui me cachait la plupart des signes défavorables, Léon Daudet m’apparaissait, à ses débuts, une énergie violente, énorme, superbe malgré les incohérences et l’absence de maîtrise.
Il dut avoir plus d’une fois à se plaindre de lui ; on raconte l’histoire d’une botte armée d’éperon dont le duc lui donna un jour à travers le visage, sans doute en remercîment de quelque bon conseil.
À travers la discrétion que s’impose Chaulieu dans sa correspondance, on entrevoit très distinctement son but et ses mécomptes.
Sachons apercevoir le mépris public qui se glissait à travers et qui croissait chaque jour, ce mépris qui, comme une fièvre lente, mine les pouvoirs et les États.
Pour exprimer la situation embrouillée de la seconde Fronde, dans laquelle il était impossible aux plus habiles de faire prévaloir un dessein et un plan quelconque de conduite, Patru disait qu’il n’y avait d’autre parti à suivre que de « trousser à l’aveugle », c’est-à-dire de marcher à travers bois et broussailles, sans savoir où.
C’est un inconvénient grave, si des écrivains aigris ou mécontents se montrent ; leurs idées passent, filtrent à travers leurs passions et s’y teignent.
Les récentes découvertes d’Herschell semblaient l’appeler à un futur et sublime voyage de découverte céleste à travers les sphères.
C’est ainsi que les formes vivantes à travers le monde entier se divisent par degrés en groupes subordonnés à d’autres groupes.
Il est du reste, souvent, très aimable à travers cette légère affectation et, sauf une certaine irritabilité qui lui est venue, comme par contagion, des poètes eux-mêmes, il est sociable, bon causeur avec un langage choisi, et épouse généralement les causes nobles. « Ô poète !
C’est un miroir, mais un miroir qui a des opinions, et on les voit parfois discrètement réfléchies dans les rayonnements de sa glace ; car la fonction est terriblement délicate de ce chroniqueur, qui ne peut pas vouloir qu’on ferme la porte au nez de sa chronique, et qui soutient, depuis je ne sais combien de temps, cette gageure de tact et de tenue d’être un chroniqueur accepté, un chroniqueur à la journée et à la soirée, marchant sur plus pointu que la pointe des clochers : à travers les prétentions de tous les genres et tous les genres de vanité !
de difficulté scientifique, — n’ont guères demandé, pour le rendre si fringant, que quelques lectures rapides et faciles à travers des livres plus ou moins gros.
Il repousse toute « intention » en ceci qu’il ne cherche pas à rendre à travers une forme notoirement insuffisante et sans vie, quelque idée sublime.
La férocité des visages, l’abus de la laideur méchante et vulgaire, la violente et universelle horreur pour le bonheur et la beauté, l’intensité de l’émotion, la lugubre rêverie, l’invention fantastique d’apparitions et de monstres, le déchaînement des fantômes de l’Apocalypse et du moyen âge à travers un cerveau malade ; par-dessus tout une précision de traits, une vigueur de dessin, une surabondance de détails, un fini qui accable ; le génie consciencieux, spiritualiste, visionnaire et mélancolique d’un Allemand de la Renaissance : voilà une partie du groupe moral qui entoure le fait physique et le produit.
Il marche pas à pas, un peu lentement, et souvent terre à terre, à travers une multitude d’exemples. […] Ces faits sont les vraies prémisses du raisonnement. » C’est d’eux que nous avons tiré la proposition général ; ce sont eux qui lui communiquent sa portée et la vérité ; elle se borne à les mentionner sous une forme plus courte ; elle reçoit d’eux toute sa substance ; ils agissent par elle et à travers elle pour amener la conclusion qu’elle semble engendrer. […] Il y a donc en tout fait et en tout objet une portion accidentelle et locale, portion énorme, qui, comme le reste, dépend des lois primitives, mais n’en dépend qu’à travers un circuit infini de contre-coups, en sorte qu’entre elle et les lois primitives, il y a une lacune infinie qu’une série infinie de déductions pourrait seule combler.
Il marche pas à pas, un peu lentement, et souvent terre à terre, à travers une multitude d’exemples. […] Ces faits sont les vraies prémisses du raisonnement. » C’est d’eux que nous avons tiré la proposition générale ; ce sont eux qui lui communiquent sa portée et la vérité ; elle se borne à les mentionner sous une forme plus courte ; elle reçoit d’eux toute sa substance ; ils agissent par elle et à travers elle pour amener la conclusion qu’elle semble engendrer. […] Il y a donc en tout fait et en tout objet une portion accidentelle et locale, portion énorme, qui, comme le reste, dépend des lois primitives, mais n’en dépend qu’à travers un circuit infini de contre-coups, en sorte qu’entre elle et les lois primitives il y a une lacune infinie qu’une série infinie de déductions pourrait seule combler.
En réalité, nous ne voyons le monde qu’à travers nos sens, qui le déforment et le colorent à leur gré, et M. […] Une des jeunes filles l’observe à travers les fentes de la porte et décrit à ses compagnes la scène dont elle est témoin. […] Ainsi les générations recommencent à travers les âges les mêmes rêves sublimes et stériles. […] Elle roulait des yeux féroces à travers les mèches grises de ses cheveux. […] À travers les catastrophes qui bouleversèrent la France et l’Europe et précipitèrent la fin d’un monde, il goûta finement tous les plaisirs des sens et de l’esprit.
Je passe aux Orientales, un peu, comme on voit, à travers les Ballades ; mais l’inconnu fait toujours tort au connu, et le neuf est avant tout ce qu’on veut savoir. […] À travers ses beaux doigts un jour audacieux. […] Dans ce temps-là, du moins, un homme pouvait marcher du berceau à la tombe, d’un pas ferme et sûr, sans trébucher, sans hésiter entre mille chemins ; une main visible, au nom d’un pouvoir invisible, le menait à travers toutes les vicissitudes de la vie sociale, soldat, artiste, ouvrier, confesseur, l’œil fixé sur l’Église, hors de laquelle on disait : « Point de salut », c’est-à-dire point d’avenir. […] La critique voulait bien prendre sa part des tribulations de l’auteur pauvre, traçant avec labeur son sentier à travers une littérature constituée et un public endormi par elle ; elle voulait bien recevoir au besoin une partie des coups portés à l’auteur, mais non pas prendre sa part de responsabilité des abus du succès, ni porter la livrée de l’auteur devenu haut et puissant seigneur. […] Vues à distance, à travers les souvenirs, sous ce demi-jour propice qui voile les grossièretés et les emportements de l’exécution, la Esmeralda et Quasimodo sont deux belles créations romanesques, et certainement les plus heureuses qu’ait imaginées M.
Un monsieur escorté d’une noce poursuit un chapeau de paille à travers cinq actes, et ne le trouve qu’à la fin du cinquième. […] Dumas, dans sa préface), je ne vois pas très clairement quelle entité figure cet Israélite qui s’en va à travers le monde, à la recherche des onze tribus et rêve, de les rassembler à Jérusalem. […] Et c’est ici que nous retrouvons Dumas fils, à travers les réminiscences du merveilleux enfantillage paternel. […] Cette foi explique ce qu’il y a, dans ses machinations, d’ostentation arrogante, à la fois raffinée et naïve : il dispose, pour venir à bout d’une femme, le sanctuaire du dieu million, comme un prêtre disposerait une chapelle pour agir sur les âmes des fidèles à travers leurs sens. […] La jeune fille qu’il n’a pas pu épouser il y a quarante ans, je la ramènerai, vieille femme, veuve, éprouvée par la vie, demeurée seule aussi, et fidèle, à travers tout, à son premier amour.
On n’arguera pas de cette citation que je confonde Voltaire et Lucain : le premier est supérieur par sa diction toujours tempérée, noble, et partout raisonnable et simple : son économie est mieux ordonnée, son tact plus fin et son goût plus pur : mais, à travers l’exagération et l’emphase, le second le surpasse quelquefois par les caractères, le mouvement, et l’éloquence. […] « Le Rhin tremble et frémit à ces tristes nouvelles ; « Le feu sort à travers ses humides prunelles. […] Le même fil imperceptible qui vous conduit dans le cours du testament mythologique à travers tant de merveilles consacrées par la foi des peuples grecs et latins, vous guide au milieu des aventures miraculeuses dont les nations modernes on fait des articles de leur croyance, et où nous trouvons des éléments de fictions poétiques. […] À peine il atteignait le bord des eaux du faible Rubicon, que la grande image de la Patrie frémissante apparut au-devant de ce chef : sa figure, toute consternée, éclatait de splendeur à travers les ténèbres de la nuit. […] Il obéit en gémissant, et prononce, tout baigné de larmes, un discours dont la beauté ne se reproduirait sans altération qu’en de beaux vers, mais dont la poésie éclate à travers la prose de Marmontel, mieux que dans la paraphrase rimée de l’ampoulé Brébeuf.
À travers les lacunes de l’histoire, il est difficile de juger s’il forma réellement une conspiration ; dans ce cas, elle eût été bien lente ; mais son immense pouvoir suffisait pour le rendre coupable, dès que Tibère commencerait à se défier de lui. […] Le travail de son esprit, dans ce sujet tout idéal, ressemble à ce qu’il a lui-même admirablement décrit, au vol fantastique de Satan à travers les espaces du vide. […] Et toutefois, quels jets de lumière, quelle poésie de l’Orient brillent à travers ces nuages et les colorent d’un éclat céleste ! […] En effet, voyez, au premier chant, les voûtes de l’abîme s’ouvrir, et, à travers les ténèbres visibles, Satan apparaître sur l’étang de feu, avec la splendeur éclipsée d’un archange. […] Il devient plus merveilleux dans le récit du voyage de Satan à travers le chaos, l’une des inventions où l’emploi de la langue humaine paraît le plus étonnant.
À partir de cet âge, couronné par les règnes d’Antonin et de Marc-Aurèle, la décadence commence, et Gibbon va en retracer l’histoire avec exactitude, avec regret, en s’attachant à tout ce qui la retarde, en répugnant à tout ce qui l’accélère ; une belle histoire où le génie de l’ordre, de la méthode, de la bonne administration, domine ; une narration revêtue de toutes les qualités fermes, continues et solides, qui la font ressembler, jusque dans ses dégradations successives et inévitables à travers les temps barbares, à une large chaussée romaine.
Ulysse, Joinville, Childe-Harold, ce sont trois époques du monde, trois âges du cœur humain à travers les siècles.
» Je ne fais aujourd’hui que courir à travers Bourdaloue en indiquant les points supérieurs par où il rachète et relève cette uniformité qui fut sa vertu, mais qui, à distance, a besoin d’être un peu expliquée pour sa gloire.
Parfaitement honnête homme et homme d’honneur dans son procédé et ses actions, il n’avait pas, en écrivant, la même mesure morale que nous ; il voyait de l’hypocrisie là où il n’y a qu’un sentiment de convenance légitime et une observation de la nature raisonnable et honnête, telle que nous la voulons retrouver même à travers les passions.
On y verrait surtout le besoin de se mettre en avant à tort et à travers, de parler de soi et de dire moi.
Ce système se poursuivit après Henri IV et même à travers les incertitudes du régime intermédiaire, jusqu’à ce que Richelieu fût venu le prendre en main et le pousser à bout plus hardiment que personne : Celui-ci (Richelieu), d’un esprit vaste et hautain, entreprit en même temps l’abaissement total des grands seigneurs, celui de la maison d’Autriche, et la destruction des religionnaires ; et, s’il ne parvint pas à l’entière exécution de toutes ces entreprises, il leur donna de tels commencements, que depuis nous en avons vu l’accomplissement.
Si l’on est critique, si l’on veut rester dans les voies de la science et de l’histoire littéraire, on paraîtra complet dès le début ; on ne sera pas de ceux qui se jettent dans la mêlée à l’improviste et ont dû achever de s’armer vaille que vaille tout en combattant ; on aura sa méthode, son ordre de bataille, son art de phalange macédonienne à travers les idées et les hommes.
Et c’est ainsi que comme un fleuve qu’on saigne tant qu’on peut à droite et à gauche, jusqu’à ce qu’à la fin on parvienne à lui faire changer de cours, le pauvre Casaubon, qui, de loin, nous apparaît comme la personnification de l’étude heureuse de l’Antiquité dans une époque faite exprès pour lui et toute favorable, suivait péniblement sa voie à travers les obstacles et luttait pour maintenir sa vocation.
Ajoutez que les amis ne m’ont jamais manqué, et que ma raison, plus forte que ma santé, m’a aidé à diriger mon frêle esquif à travers flots et tempêtes, sans faire naufrage à mon honneur ni à mon indépendance.
Non, dirai-je à mon tour en pensant à Saint-Simon et à tous ceux qui ont dénigré Villars, non, dirai-je à la suite d’un bon guide41, ce n’était pas un soudard fanfaron, un pur miles gloriosus, que l’homme qui a gagné la bataille de Friedlingen, qui a défendu en 1705 la vallée de la Moselle contre Marlborough, si plein d’estime pour un tel adversaire ; qui a gagné la première bataille de Hochstett en 1703, et qui forma alors ce grand projet de marcher sur Vienne par le Danube, pendant que Vendôme, débouchant d’Italie à travers les Alpes du Tyrol, viendrait le rejoindre sur l’Inn, projet que Bonaparte et Carnot reprirent en 1796-97, que Napoléon reprit en 1805 et exécuta en 1809.
L’abbé d’Estrades demanda le passage des troupes françaises à travers le Piémont, pour qu’elles allassent occuper cette citadelle de Casai, vendue à la France à beaux deniers comptants.
Au milieu des vérités d’observation et d’expérience dont cette pièce est semée et qui sont exprimées d’une touche ferme et sans prétention, il y a donc, contrairement à plus d’un exemple à la mode, une veine de sentiment et de bonne nature ; il s’y rencontre à tout instant, à travers les faiblesses, de bonnes fibres en jeu.
Nous sommes trop enclins, je le crois, à nous substituer continuellement à Cervantes, avec nos sentiments et nos impressions d’aujourd’hui ; nous prenons fait et cause en sa faveur plus encore qu’il ne le faisait lui-même, et pour avoir énuméré à la file et mis en ligne de compte toutes ses infortunes, nous oublions trop les interstices et les éclaircies que sa belle humeur et son bon génie savaient s’ouvrir à travers tant de mauvais jours.
Il s’échangeait bien des vérités et des hardiesses entre lui et ses familiers, à travers son whist, dans cet hôtel de la rue Saint-Florentin qui allait bientôt devenir le quartier général d’une révolution ; et ce qui s’était dit là, on ne craignait plus en sortant de le répéter, de le glisser à l’oreille de tous les hauts personnages (et ils étaient nombreux) qui ne donnaient point alors dans les partis désespérés.
La Remontrance du poëte captif au conseiller du parlement M. de Vertamont, qui était son juge, appelle l’intérêt par la situation et par quelques tons de fraîcheur ; il décrit à ce magistrat le retour du printemps deviné à travers ses barreaux, et il demande la clef des champs, que la nature en cette saison accorde à toute créature ; aujourd’hui, dit-il : Que l’oiseau, de qui les glaçons Avoient enfermé les chansons Dans la poitrine refroidie, Trouve la clef de son gosier Et promène sa mélodie Sur le myrte et sur le rosier… Cela fait ressouvenir de ces autres vers d’un poëte prisonnier : Soleil si doux au déclin de l’automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor !
L’Europe, au sortir des troubles religieux et à travers les phases de la guerre de Trente ans, enfantait laborieusement un ordre politique nouveau ; la France à l’intérieur épuisait son reste de discordes civiles.
Qu’un homme dans son cabinet, parfois un vieillard débile, dispose des biens et des vies de vingt ou trente millions d’hommes dont la plupart ne l’ont jamais vu ; qu’il leur dise de verser le dixième ou le cinquième de leur revenu et qu’ils le versent ; qu’il leur ordonne d’aller tuer ou se faire tuer et qu’ils y aillent ; qu’ils continuent ainsi pendant dix ans, vingt ans, à travers toutes les épreuves, défaites, misères, invasions, comme les Français sous Louis XIV, les Anglais sous M.
» Maintenant relisons sa vie à travers le demi-jour des traditions et des récits populaires de l’Archipel.
J’en extrais ici quelques fragments et j’en ai refait un tout, en jalonnant ma route de ses plus beaux tronçons de style, comme on reconstruit une ville détruite dans le désert, en marchant d’un débris à un débris et d’un monument à l’autre, à travers la poussière des grandes choses qu’on foule aux pieds.
Les éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes, Vont au pays natal à travers les déserts…..
Ils ne savent que regarder les Grecs, Sénèque, les Italiens et les modernes latins qui reflètent Sénèque : depuis qu’un déplorable contresens de l’humanisme italien a donné à Sénèque les honneurs de la représentation, ce tragique de salon a tyrannisé la scène ; les Grecs, moins prochains, moins accessibles, n’ont été vus qu’à travers son œuvre.
Daudet (et c’est singulier d’avoir à dire une chose si simple) le droit d’éprouver ces sentiments ; je le lui reconnais avec entrain, et je suis enchanté qu’il les ait éprouvés, puisqu’il en a fait ce livre, et qu’il a su répondre si crânement, à travers deux siècles et demi, aux Sentiments de l’Académie sur le Cid par les Sentiments de Tartarin sur l’Académie.
Zola lui-même qui, bien inspiré ce jour-là, a dit que l’art était « la réalité vue à travers un tempérament » ?
* * * Ceux qui redoutent les lumières comme un danger pour les peuples ressemblent aux personnes qui craignent que la foudre ne tombe sur une maison par les fenêtres, tandis qu’elle ne pénètre jamais à travers les carreaux, mais par leur encadrement de plomb ou par le trou des cheminées qui fument.
Des séries entières de psaumes étaient consacrées à chanter le bonheur de cheminer ainsi en famille 197, durant plusieurs jours, au printemps, à travers les collines et les vallées, tous ayant en perspective les splendeurs de Jérusalem, les terreurs des parvis sacrés, la joie pour des frères de demeurer ensemble 198.
Que la satire dramatique désigne visiblement du doigt quelqu’un dans la foule, la licence est déjà terrible ; mais, qu’à travers le discours de l’orateur ou le journal du publiciste, elle frappe la conviction et le caractère… autant vaudrait relever, sur la scène, l’ancien pilori.
Le propre des conversations de Napoléon, comme de celles de Pascal, était de se graver bon gré mal gré dans les esprits qui l’écoutaient, de nous arriver reconnaissables même à travers les témoins les plus ordinaires, et l’on est tout surpris, quand on les retrouve rapportées quelque part, de l’éclat soudain qu’elles jettent sur les pages insignifiantes d’à côté.
Des hommes de haut talent, M. de Chateaubriand, M. de Maistre, M. de Lamennais (je ne les prends que par les ressemblances les plus générales), l’un à travers l’encens de la poésie, les autres par l’éclatante hardiesse des interprétations, avaient ressuscité pour les générations du siècle le christianisme, et l’avaient offert sous des aspects qui ne sont point assurément ceux auxquels nous avaient accoutumés les Fleury, les Massillon, les Bourdaloue.
Son génie lui parla ; un état médiocre ne lui parut point valoir assez pour être mis en balance avec cette destinée nouvelle qu’il tenait entre ses mains : « Il vaut mieux, pensa-t-il, déroger à sa qualité qu’à son génie » ; et, se reportant aux grandes actions qu’il avait été donné à d’autres plus heureux d’exécuter, il se dit : « Qu’il paraisse du moins, par l’expression de nos pensées et par ce qui dépend de nous, que nous n’étions pas incapables de les concevoir. » Cette prédominance, cette préoccupation toujours présente de l’action et de l’énergie vertueuse, supérieure et préférable à l’idée elle-même, est un des caractères du talent littéraire de Vauvenargues, et elle contribue à conférer aux moindres de ses paroles une valeur et une réalité qu’elles n’auraient pas chez tant d’autres, en qui l’auteur se sent à travers tout.
« Il a été grand surtout dans les moments les plus critiques, a dit Napoléon ; c’est le plus bel éloge que l’on puisse faire de son caractère. » Ce caractère moral est ce qui ressort encore chez Frédéric à travers le guerrier, et qui demeure bien au-dessus ; ç’a été une âme d’une forte trempe et un grand esprit qui s’est appliqué à la guerre parce qu’il le fallait, plutôt que ce n’était un guerrier-né.
Venu dans une forte époque, mais pleine de conflit et de confusion, il nous offre, à travers quelques défauts de forme et de goût, l’exemple de l’un des plus excellents, des plus solides et des plus ingénieux entre les esprits modérés.
Elle négociait à travers tout sa véritable et intéressante affaire, son influence propre.
Voltaire le plus souvent cédait et criait de sa place, en s’apercevant du changement : « Le petit a raison ; c’est mieux comme cela. » Tel il était jeune à Ferney près de Voltaire, tel près de Chateaubriand à la fin de sa carrière, quand il disait à l’auteur du Génie du christianisme : « Enfermez-vous avec moi pendant quelques matinées, et nous ôterons tous ces défauts qui les font crier, pour n’y laisser que les beautés qui les offensent. » Je tiens à bien marquer en La Harpe cette nature essentielle de critique qui, à travers tous ses écarts, est son titre respectable ; qui fait que Voltaire a pu l’appeler à un certain moment « un jeune homme plein de vertu » (ce que les Latins auraient appelé animosus infans), et qui fait aussi que Chateaubriand l’a défini, « somme toute, un esprit droit, éclairé, impartial au milieu de ses passions, capable de sentir le talent, de l’admirer, de pleurer à de beaux vers ou à une belle action ».
Et d’abord, à travers ces guerres à mort et ces révolutions littéraires, qui semblaient ne vouloir rien laisser d’intact dans les traditions du passé, tous les anciens genres se poursuivent et trouvent encore des disciples et des continuateurs persistants.
À travers ce philtre chéri et cet agréable poison que buvait avidement sa nature toute préparée, le jeune d’Antin faisait de bonnes études successivement aux Jésuites de Moulins, au collège des Oratoriens de Juilly, et enfin au collège de Louis-le-Grand à Paris.
Les volumes suivants, dans lesquels le maître du valet de chambre narrateur est devenu aide de camp du général en chef de l’armée d’Italie, nous rendent, à travers un romanesque surabondant, quelques échos sentis de cette époque d’enthousiasme et d’ivresse, « où l’on ne voulait pour prix de ses dangers que du plaisir et de la gloire ».
Carrel, à travers tous les égards qu’un biographe doit à son auteur, ne put dissimuler son impression sur ce qu’il appelait cette équipée.
En lisant avec soin ces maximes d’État de Richelieu, un doute m’a pris quelquefois : je me suis demandé si, dans le jugement historique qui s’est formé sur lui, il n’entrait pas un peu trop de l’impopularité qui s’attache aisément aux pouvoirs forts considérés aux époques de relâchement, et si, de loin, nous ne le jugeons pas trop, jusque dans sa gloire, à travers les imputations des ennemis qui lui survécurent.
Un homme, un mort, une ombre, du fond du passé, à travers les siècles, vous saisit.
Ce sont ces gens-là qui décident à tort et à travers des réputations ; qui ont pensé faire mourir Greuze de douleur et de faim ; qui ont des galeries qui ne leur coûtent guères ; des lumières ou plutôt des prétentions qui ne leur coûtent rien ; qui s’interposent entre l’homme opulent et l’artiste indigent ; qui font payer au talent la protection qu’ils lui accordent ; qui lui ouvrent ou ferment les portes ; qui se servent du besoin qu’il a d’eux pour disposer de son temps ; qui le mettent à contribution ; qui lui arrachent à vil prix ses meilleures productions ; qui sont à l’affût, embusqué derrière son chevalet ; qui l’ont condamné secrètement à la mendicité, pour le tenir esclave et dépendant ; qui prêchent sans cesse la modicité de fortune comme un aiguillon nécessaire à l’artiste et à l’homme de lettres, parce que, si la fortune se réunissait une fois au talent et aux lumières, ils ne seroient plus rien ; qui décrient et ruinent le peintre et le statuaire, s’il a de la hauteur et qu’il dédaigne leur protection ou leur conseil ; qui le gênent, le troublent dans son attelier, par l’importunité de leur présence et l’ineptie de leurs conseils ; qui le découragent, qui l’éteignent, et qui le tiennent, tant qu’ils peuvent dans l’alternative cruelle de sacrifier ou son génie, ou son élevation, ou sa fortune.
Et, de fait, quoi de plus piquant que de voir les sociétés et de juger l’homme à travers les deux ridicules qui font la comédie, — le ridicule éternel et le ridicule de chaque temps ?
Ce n’est point, comme on pourrait le croire, selon les coutumes de ces pauvres temps, les articles d’un journaliste qui se contente de passer le fil du brocheur à travers une verroterie creuse que l’aimable garçon — aimable pour lui !
C’était une quinze-millième épreuve, plus ou moins effacée, de ce type, grandiose dans le frivole, qui s’appelle Célimène et qui parle, au théâtre, à travers le génie et la langue de Molière.
Une tête de la force de celle de l’auteur pourrait peut-être, sous ce bloc d’idées si nettement équarri, appréhender leurs développements et leurs conséquences, vues à travers cette langue si strictement condensée, cet autre bloc de cristal, dense et transparent à la fois.
Il passe à travers et tombe par terre.
Dans ce poème de longue haleine entrepris par une haleine courte, dans ce conte de l’âtre ou du lavoir, qui s’entremêle ou plutôt s’emmêle de légendes, le faux Épique fait perpétuellement tort au Bucolique vrai, et l’on voit trop à travers la chevelure ébouriffée du petit pâtre se dresser la longue et solennelle oreille du Marchangy !
Je me dirigeai vers lui, à travers des rangées de tombes d’officiers du 20e corps, une centaine environ, aux croix de bois toutes neuves, et comme je partais à l’attaque, je lui demandai de me confesser, Alors il se leva et me dit : « Cela, c’est la tombe de mon commandant.
Il s’y attacha et d’un élan l’emporta roulant et retentissant à travers les obstacles, par-dessus les corps de ses adversaires.
Ni faits précis, ni exemples distincts, jamais d’exordes nets, des courses à droite et à gauche à travers des citations inutiles et des questions accessoires, de grands mots qui semblent des vessies enflées d’air.
Effarouchés, les troupeaux bondissent à travers les riants pâturages et passent les fleuves rapides.
À travers bien des gaucheries, bien des tâtonnements et bien des obscurités, voici l’idée sommaire que Nietzsche se fait de l’art tragique des Grecs et de l’âme grecque. […] Un tel sommeil est contagieux, même à travers un mur épais… Sa sagesse dit : veillez pour dormir. […] Faisons un tour à travers l’histoire et voyons, à travers des accidents de route et des stations et des régressions que nous négligerons, le progrès, à la fois de ce plébéianisme et de cette morale qui sont deux formes diverses, et à peine diverses et à peine distinctes, d’une seule et même chose. […] Il faut mettre à part Jésus, dont on ne sait que peu de choses et qui semble, à essayer de le voir à travers les contradictions de doctrines et de tendances des Évangiles, avoir été beaucoup plus un aristocrate mystique qu’un plébéien ; car l’idée de justice lui est insupportable, et l’idée de justice est la pierre de touche en ces matières. […] « Au cours d’une excursion entreprise à travers les morales délicates ou grossières qui ont régné dans le monde ou qui y règnent encore, j’ai trouvé certains traits se représentant régulièrement en même temps et liés les uns aux autres ; tant qu’à la fin j’ai deviné deux types fondamentaux et une distinction fondamentale.
… Une détonation éclata, et dans le même temps que j’avais entrevu à travers un rond de fumée une botte en l’air, le pan tordu d’une capote, une crinière folle qui volait sur la route… puis rien, j’avais entendu le heurt d’un sabre, la chute lourde d’un corps, le bruit furieux d’un galop… puis rien… Mon arme était chaude et de la fumée s’en échappait… Je la laissai tomber à terre… Étais-je le jouet d’une hallucination ? […] Son style est un fouillis de choses heurtées, contradictoires, jolies et laides, tragiques et bouffonnes, à travers quoi perce un tempérament intéressant et original. […] De Paimpol, le chemin qui y mène longe un instant la côte, file à travers champs, et retombe dans la mer, à l’autre bout de Pors-Aven, après avoir coupé Ploubazlanec et Perros-Hamon. […] Anatole France75 : « Je ne sais pas d’écrivain en qui la réalité se reflète à travers une couche plus riche de science, de littérature, d’impressions et de méditations antérieures. […] Car ce sont des philosophes aussi, moins attachés à la lettre du dogme, moins disciplinés sans doute, sortes d’enfants perdus tiraillant sur la vie un peu à tort et à travers, les Quatrelles86, les Véron87, les Hervieu88, les Claudin89, les Grosclaude90, — et M.
Les pluriels ne s’apparentent point avec les singuliers et l’on recherchera malaisément, je crois, un coupable hiatus à travers cette longue suite de poèmes. […] Malgré ce qu’il y a de rigoureux et de volontaire dans cette construction, on discerne à travers ces arabesques une âme qui frémit — mais qui ne s’intéresse qu’à soi — une intelligence sensible qui fait de soi sa seule étude. […] Sous ses dehors parés, sous ses aimables et précieux ornements, à travers ses mille coquetteries, en dépit du rien d’affectation que l’on y pourrait discerner, il s’en dégage une leçon qui n’est pas sans rigueur ni sans gravité. […] Montfort à travers un paysage d’enfer. […] Soit sous des ciels nouveaux, soit à travers les classes de la société, il voyage, recherchant derrière les manifestations essentielles et les gestes de la passion, quelque chose qui lui échappe sans cesse.
. — Les premières de ces rubriques n’ont suivi que de peu d’années le premier article qu’ait écrit Gobineau, lequel, parut le 25 août 1838, dans une revue « France et Europe » et est intitulé Poètes Persans : Moulana, Djelaleddin, Roumi : l’orientaliste qu’il fut tout jeune portait déjà aussi dans son cerveau à cette époque l’ample ouvrage qui conduisait sa pensée à travers les siècles et toutes les races de la terre, mais il ne dédaignait pas de s’intéresser au mouvement littéraire de son temps, et pour l’étudier, juger les hommes et les œuvres, il apportait cette sorte d’ardeur intellectuelle, cette curiosité et cette perspicacité implacable qui sont les caractéristiques de son génie. […] Dans cette scène de la vie de province où il nous raconte toutes les tribulations d’un vieux prêtre dépouillé de ses chers fauteuils et de sa bibliothèque, il nous touche au plus haut degré, bien que ce qu’il raconte repose sur des faits assez insignifiants par eux-mêmes ; mais dans Esther dont la fable est excessivement compliquée, et où l’on voit l’esprit de tous les espions patentés et émérites de Paris mis aux prises avec le célèbre Vautrin, l’action circule avec peine à travers des labyrinthes laborieusement construits ; elle se brise mille fois en route, et à la fin, au lieu de se dénouer, elle se casse définitivement sans qu’on puisse deviner pourquoi le livre s’arrête là. […] Mais il est certain qu’une des raisons (nous ne disons pas la seule raison) qui fait de ce morceau une œuvre sans élévation c’est la préoccupation de ce temps-ci, de ne vouloir reconnaître et de ne reproduire le monde antique qu’à travers André Chénier.
Si, au contraire, la pensée est quelque chose de permanent et d’identique à soi-même à travers la durée, alors la théorie devient plausible ; elle revient à dire que les images sont formées en groupes par l’action incessamment répétée d’un principe relativement simple qui est la loi de la pensée, ou plutôt qui est la pensée même, car, parmi les éléments constitutifs des pensées particulières, seul il ne dérive pas de l’expérience, seul il n’est pas une image, et, si les autres éléments, si les images deviennent des pensées, c’est parce qu’il agit sur elles et les marque de son empreinte. […] Bréal, à travers les mots auxquels notre oreille est habituée depuis l’enfance » ; la preuve qu’il y a là une illusion, c’est que le même phénomène se produit chez tous les peuples : « les étrangers entendent les mêmes bruits que nous dans des mots tout différents »270 . […] Le néologisme a trois procédés : 1° construire des mots nouveaux avec les radicaux et d’après les lois de la langue que l’on veut enrichir ou renouveler ; 2° emprunter des radicaux à des langues étrangères, et les particulariser au moyen des affixes de la langue maternelle ; 3° emprunter aux langues étrangères des mots tout formés, avec la nuance particulière de leur signification ; demandant un effort de souvenir pour être compris, ces mots font trait dans la phrase et disent bien ce qu’on veut leur faire dire ; mais, ensuite, ils entrent difficilement dans la langue commune ; ils n’ont guère d’autre valeur que celle d’un expédient momentané, précieux seulement pour tourner une difficulté ; par suite, après les épistolaires, qui n’écrivent pas pour tout le monde, ce procédé n’est guère employé que par les humoristes, qui cherchent l’expression saisissante et la nuance exacte, et qui, eux aussi, n’écrivent pas pour le grand public ; et, chez les uns et les autres, ou peut dire que les mots étrangers sont des néologismes à l’état naissant, mais mort-nés pour la plupart. — Cette utilité des langues non-usuelles pour rajeunir la pensée a été bien exprimée par Benjamin Constant dans un passage d’Adolphe : « Elle parlait plusieurs langues imparfaitement ; mais ses idées semblaient se faire jour à travers les obstacles et sortir de cette lutte plus agréables, plus naïves et plus neuves : car les idiomes étrangers rajeunissent les pensées et les débarrassent de ces tournures qui les font paraître tour à tour communes et affectées. » [Le passage d’Adolphe cité par Egger se trouve au début du chapitre II, lors de la rencontre d’Elléonore (B.
Il avait à son sujet d’intarissables souvenirs, à travers lesquels la figure du grand Parnassien prenait pour nous le prestige d’un pape de la littérature, qui, du haut de son infaillible esthétique, s’était fait au-dessus de l’Humanité une place dédaigneuse et dominatrice. […] Il paraît bien réellement n’avoir jamais pensé qu’à travers autrui. […] Enfin on ne sent nulle part dans ses ouvrages une âme troublée par les angoisses et les problèmes qu’il a cependant si profondément sentis à travers Pascal. […] Son existence fut un délire de bonne humeur » un dévergondage verbal, à travers lequel il promenait avec emphase sa flamboyante insolence, son front dominateur, sa barbe blonde, sa stature et ses bons yeux bleus de Slave. […] La vie a des matérialités grossissantes à travers lesquelles, il est quelquefois difficile de bien discerner la véritable valeur d’un homme.
Il n’épargne personne… « Une vanité rare, un égoïsme triomphant, des mœurs ignobles à travers beaucoup de pompe, un esprit grossier, une hypocrisie raisonnée, raffinée et persévérante ; en un mot, l’un des plus répugnants hypocrites que contienne le Panthéon des libres penseurs », qui est-ce ? […] Lorsque, paisible, je regarde avec pitié le triste troupeau qui se rue, à travers la fange, sur l’appât des convoitises humaines, tout à coup mon pied glisse, d’humiliants désirs se soulèvent et me rappellent boue dont je suis fait. […] Brunetière est incapable, ce semble, de considérer une œuvre, quelle qu’elle soit, grande ou petite, sinon dans ses rapports avec un groupe d’autres œuvres, dont la relation avec d’autres groupes, à travers le temps et l’espace, lui apparaît immédiatement ; et ainsi de suite. […] À bien considérer la suite de l’histoire humaine, il croît découvrir qu’à travers les âges la vie humaine tend à quelque adoucissement et, autant dire, à quelque amélioration. […] L’auteur de Basile et Sophia, de La Force et des Images sentimentales a intitulé la série d’ouvrages dans laquelle il range ces volumes l’Histoire d’un idéal à travers les siècles.
Sa politique, à lui, garde son arrière-pensée méfiante à travers tous les temps. […] Mais, à travers ses relations resserrées avec ses amis de France, Naudé, tout occupé de former la bibliothèque du cardinal Mazarin, s’absentait encore pour de longs et nombreux voyages en Flandre, en Suisse, en Italie de nouveau, en Allemagne, rapportant de chaque tournée des milliers de volumes et des voitures tout entières.
Mais comme le sentiment vrai perce à travers la forme scolastique ! […] Soudain le rapide rayonnement frappe la montagne illuminée, ruisselle à travers la forêt, ondoie sur les flots et, dans un brouillard jaunâtre qui fait fumer au loin l’interminable plaine, allume dans les gouttes de rosée des myriades d’étincelles. » Voilà de l’emphase, mais voilà de l’opulence.
Il n’y avait plus de danger à revoir sa patrie ; il y avait de grands rôles à y tenter à travers des régimes novices en politique, qui avaient besoin qu’on leur prêtât des noms, des idées, des talents, que l’exil et la mort avaient décimés à la tête du peuple. […] Il médite d’échapper le plus tôt possible à la responsabilité d’une diplomatie qui méconnaît les intérêts permanents de la France pour des intérêts transitoires qu’une bataille crée et qu’une autre bataille détruit. « Ce n’est plus un ministre qu’il faut à l’empereur, dit-il, ce sont des commis. » À travers la victoire, il voit la perte de tout système français, en Turquie comme en Allemagne.
Elle était longue, et fermée de si près que je ne pus rien lire entre les angles ni à travers l’enveloppe. […] Ce discours ressemble aux sifflets de l’insulteur public des Romains, qui perçait à travers les acclamations du triomphe.
Voilà ce que Swift voulut faire comprendre au peuple anglais pendant qu’Harley devenu lord Oxford (1711), Saint-Jean devenu lord Bolingbroke (1712), conduisaient, à travers mille obstacles, ces négociations difficiles qui aboutirent, en avril 1713, au traité d’Utrecht. […] Dans ce poème de Cadenus et Vanessa, plein de tristes beautés, où il exhorte Vanessa à une sorte d’amour platonique, lui offrant, dit-il, « un perpétuel délice d’esprit, appuyé sur la vertu, plus durable que les séductions de l’amour, et qui échauffe sans brûler » ; dans ce poème où l’on a pu voir un aveu d’intimité à travers ce passage équivoque : « Mais quel succès Vanessa a-t-elle remporté ?
C’est le riche qui se pique, encore aujourd’hui, d’ouvrir une allée en pleine forêt, d’amener une eau courante à travers les sables en feu, de meubler une ménagerie ; aussi inhabile que les seigneurs d’autrefois, les autres, ceux de La Bruyère, le riche d’aujourd’hui, à rendre une âme contente, à remplir d’une douce joie un cœur blessé, à faire que la pauvreté soit apaisée, heureuse, et que le pauvre puisse mourir en paix. […] Aujourd’hui l’enfant glane, et cherche sa vie, à travers ces domaines, ravagés par mademoiselle Plessis.
En tout cas on peut dire que toute variation qui se produit chez un jeune individu et qui l’éloigne du type de ses parents n’est que la résultante des causes qui ont agi sur lui à travers les deux lignées généalogiques ramifiées de ses ancêtres paternels ou maternels. […] De cette première souche seraient sorties deux familles : l’une, comprenant le zèbre et le couagga, a conservé son pelage rayé ; l’autre, comprenant l’hémione, l’âne et le cheval, peut-être par réversion à de plus anciens caractères encore, a affecté un pelage de diverses nuances, mais de plus en plus uni, à travers les variations duquel les rayures de l’ancêtre zébré réapparaissent quelquefois, quand des croisements de race ou autres causes de variation leur donnent l’occasion de se manifester. » Cette supposition était donc parfaitement d’accord avec le sens que M.
Tout ce qu’on peut supposer, c’est qu’un Pigeon quelconque, ayant montré des dispositions naturelles à prendre cette étrange habitude, et ayant légué la même tendance à sa race, la sélection longtemps continuée à travers les générations successives des sujets chez lesquels cette tendance prit de plus en plus de force, a pu rendre peu à peu les Pigeons culbutants tels que nous les voyons aujourd’hui. […] Ainsi, il nous devient aisé de comprendre pourquoi le Merle de l’Amérique du Sud bâtit son nid avec de la boue, de la même manière que notre Merle anglais ; pourquoi les Calaos mâles de l’Afrique et de l’Inde ont, les uns comme les autres, l’habitude de murer leurs familles dans le creux d’un arbre en ne laissant dans la maçonnerie qu’une étroite ouverture à travers laquelle ils donnent la pâture à la mère et à ses petits ; pourquoi les Roitelets ou Troglodytes mâles de l’Amérique du Nord bâtissent des « nids de coqs » où ils perchent comme les mâles de nos Roitelets communs, d’espèce bien distincte, habitude qu’on n’a constatée chez aucun autre oiseau connu.
Dès ce temps-là, et à travers les compliments, toutes les critiques lui furent faites : « On me demande, dit-il dans un petit écrit en prose de 1741, comment il est possible qu’un homme fait pour vivre dans le grand monde puisse s’amuser à écrire, à devenir auteur enfin. » Et à ces critiques grands seigneurs et de qualité, il répondait « que, s’il n’est pas honteux de savoir penser, il ne l’est pas non plus de savoir écrire, et qu’en un mot ce sont moins les ouvrages qui déshonorent, que la triste habitude d’en faire de mauvais… ».
Et en même temps on sort de cette lecture plus disposé à rendre justice à M. de Choiseul qui, d’une situation si compromise et si perdue en réalité, sut tirer des résultats assez spécieux, assez brillants, pour jeter un voile sur la décadence et pour relever la nation à ses propres yeux, en attendant qu’elle se régénérât décidément à travers les orages et qu’elle entrât, désormais vaillante et rajeunie (mais toujours selon l’esprit des chefs qui la guident), dans l’ordre de ses destinées nouvelles.
Guizot déclare en être demeuré à apprécier, dans ce vaste et habile ouvrage, « l’immensité des recherches, la variété des connaissances, l’étendue des lumières, et surtout cette justesse vraiment philosophique d’un esprit qui juge le passé comme il jugerait le présent », et qui, à travers la forme extraordinaire et imprévue des mœurs, des coutumes et des événements, a l’art de retrouver dans tous les temps les mêmes hommes.
Pendant que le roi disait ses grâces, Joinville, tout pensif, s’en alla donc à une fenêtre grillée qui était dans un enfoncement vers le chevet du lit du roi, et là, passant ses bras à travers les barreaux de la fenêtre, il pensait mélancoliquement à ce qu’il ferait s’il lui fallait demeurer en Syrie sans son maître et seigneur ; car il se croyait en conscience obligé d’y rester jusqu’au rachat de ses amis et de tout son monde.
Et je ne sais pour quelle autre chose je ferais cet effort. » Je ne le suivrai pas dans ses courses à travers l’Europe sous l’Empire.
Je m’arrangeai pour leur donner une chaleur de foyer, et j’ai, bien des nuits consécutives, trotté à travers la neige avec le soufflet sous mon bras au moment de m’aller coucher, pour aller donner le dernier coup de feu à la braise, de peur que la gelée ne les saisit avant le matin.
Le sujet est une passion pour une vestale, et l’auteur, qui appelle cette pièce un accident de l’amour, avait dû y peindre quelque ardeur réelle qu’il éprouvait alors, et à travers peut-être une grille de couvent.
Son premier but d’ailleurs était moins d’offenser les autres en tout ceci que de se caresser lui-même, et il se piquait moins dans le principe d’atteindre M. de Girac que de persifler, à travers lui, l’illustrissime Balzac.
Voilà déjà trois générations, ce me semble, qui se succèdent et dans lesquelles un nombre assez considérable d’esprits partis de points de vue fort différents se sont fait de Voltaire une assez juste idée, mais une idée qui est restée dans la chambre entre quelques-uns et qui a toujours été remise en question par la jeunesse survenante ; car les jeunes gens, à leur insu, au moment où ils entrent activement dans la vie, cherchent plutôt dans les hommes célèbres du passé et dans les noms en vogue des prétextes à leurs propres passions ou à leurs systèmes, des véhicules à leurs trains d’idées et à leurs ardeurs : soit qu’ils les épousent et les exaltent, soit qu’ils les prennent à partie et les insultent, c’est eux-mêmes encore qu’ils voient à travers ; c’est leur propre idée qu’ils saluent et qu’ils préconisent, c’est l’idée contraire qu’ils rabaissent et qu’ils rudoient.
— Voulant marquer que la Suède se rétablit à vue d’œil depuis la mort de Charles XII et qu’elle peut désormais rentrer en ligne dans les combinaisons d’alliance et de ligue, il dira vivement : « Nous prenons de grandes liaisons avec la Suède, afin de lui opposer (à la czarine) cette veuve reposée. » Il a de ces trouvailles d’expression à travers ses rudesses.
A le voir circuler ainsi, sans s’y accrocher, à travers les doctrines les plus diverses, on dirait qu’il les admet toutes plus ou moins et qu’il les comprend : sa complaisance infinie ressemble par moments à une intelligence universelle.
Ce Shakspeare par lequel prophétise la nature, et dont un critique souverain a dit qu’il nous conduit à travers le monde tel qu’il est, bien et mal, lumière et ténèbres, grandeurs et abîmes, tous aspects différents et nécessaires : « Mais nous, hommes raffinés et sans expérience, nous nous écrions, à chaque sauterelle que nous rencontrons : Elle va nous dévorer !
Lorsqu’il vint à Paris deux ans après (octobre 1763) en qualité de secrétaire d’ambassade, il se lia intimement avec son admiratrice dont il apprécia les qualités essentielles et solides sous l’écorce mondaine, et la supériorité à travers le brillant.
Ils ne quittèrent Paris qu’après le 10 août, et ne parvinrent à franchir la barrière (la barrière Blanche) qu’avec de grandes difficultés et à travers de véritables dangers.
Ainsi, pour cette lumière vague qui revêt ce paysage pâli à travers lequel il s’achemine pour arriver au splendide éclat, il nous la montre d’une incroyable vivacité sans doute, mais, comme dans l’Élysée de Virgile, diffuse et sans rayonnement direct, ne causant ni éblouissement ni fatigue : « Elle vous baigne également, comme une seconde atmosphère, de flots impalpables.
Nous savons l’histoire anecdotique du xviiie siècle et celle même du xviie comme si nous y avions vécu ; nous en connaissons les intrigues, les rivalités, les galanteries, de manière à en discourir pertinemment et impertinemment, à tort et à travers ; le temps a tout fait sortir, les vérités et les méchants propos : du xixe siècle, du nôtre, nous savons beaucoup moins à certains égards ; nous savons ce que nous en avons vu directement ; mais des Mémoires familiers, intimes, véridiques, il n’en a point encore paru ; ils dorment en portefeuille, ils attendent.
On raconte que la première fois que M. de Talleyrand fit sa visite à Château-Vieux à travers un pays fort accidenté, moitié rochers, moitié ravins, et de l’accès le plus raboteux, son premier mot à M.
Nous sommes nés dans des entre-deux sans cesse coupés, non pas sous un seul astre continu, et force nous a été de croître à travers toutes sortes de régimes vacillants et recommençants.
Bailly, le grave Bailly, en son Éloge de Gresset (car Bailly a fait l’Éloge de Gresset, et il eut même pour concurrent Robespierre), a très-finement déduit comme quoi ce gracieux petit poème n’est qu’un transparent à travers lequel on devine les passions, les émotions chères au cœur, qui prennent ici le change pour éclore et s’amusent à ce qui leur est permis : Et dans le vrai c’était la moindre chose Que cette troupe étroitement enclose, A qui d’ailleurs tout autre oiseau manquait, Eût pour le moins un pauvre Perroquet.
Les Lettres de Lausanne sont un de ces livres chers aux gens de goût et d’une imagination sensible, une de ces fraîches lectures dans lesquelles, à travers de rapides négligences, on rencontre le plus de ces pensées vives, qui n’ont fait qu’un saut du cœur sur le papier : c’est l’historien de Mlle de Liron qui a dit cela.
Ces formes poétiques, empruntées du paganisme, ne sont pour nous que l’imitation de l’imitation ; c’est peindre la nature à travers l’effet qu’elle a produit sur d’autres hommes.
On rappelle les exploits de Mandrin en 1754756, sa troupe de cent cinquante hommes qui apporte des ballots de contrebande et ne rançonne que les commis, ses quatre expéditions qui durent sept mois à travers la Franche-Comté, le Lyonnais, le Bourbonnais, l’Auvergne et la Bourgogne, les vingt-sept villes où il entre sans résistance, délivre les détenus et vend ses marchandises ; il fallut, pour le vaincre, former un camp devant Valence et envoyer 2 000 hommes ; on ne le prit que par trahison, et encore aujourd’hui des familles du pays s’honorent de sa parenté, disant qu’il fut un libérateur Nul symptôme plus grave : quand le peuple préfère les ennemis de la loi aux défenseurs de la loi, la société se décompose et les vers s’y mettent Ajoutez à ceux-ci les vrais brigands, assassins et voleurs. « En 1782, la justice prévôtale de Montargis instruit le procès de Hulin et de plus de 200 de ses complices qui, depuis dix ans, par des entreprises combinées, désolaient une partie du royaume757. » — Mercier compte en France « une armée de plus de 10 000 brigands et vagabonds », contre lesquels la maréchaussée, composée de 3 756 hommes, est toujours en marche. « Tous les jours on se plaint, dit l’assemblée provinciale de la Haute-Guyenne, qu’il n’y ait aucune police dans la campagne. » Le seigneur absent n’y veille pas ; ses juges et officiers de justice se gardent bien d’instrumenter gratuitement contre un criminel insolvable, et « ses terres deviennent l’asile de tous les scélérats du canton758 » Ainsi chaque abus enfante un danger, la négligence mal placée comme la rigueur excessive, la féodalité relâchée comme la monarchie trop tendue.
C’était un monarque, le malheureux Richard II, qui, le matin même du jour où il fut assassiné, jetant à travers les soupiraux de sa prison un regard sur la campagne, enviait le pâtre qu’il voyait assis tranquillement dans la vallée auprès de ses chèvres.
Mais sa haute vie l’a mis en rapport avec l’esprit éternel qui agit et se continue à travers les siècles ; il est immortel.
A-t-il su, à travers mille circuits, suivre une idée jusque dans ses dernières conséquences ?
Alphonse Daudet, qui avait, quand il voulait, une vision si originale des gens et des choses, les a vues parfois à travers les lunettes de Dickens ; Alexandre Dumas père a dans le vaste fleuve de son imagination débordante absorbé quelques petits ruisseaux ; André Chénier, qui fut un vrai poète, fut aussi par endroits un arrangeur industrieux de centons antiques.
Ce n’est point seulement dans le désert d’Horeb que Dieu apparut à l’homme à travers un Buisson ardent.
Que de marches forcées à travers les platitudes du début !
Un moment il parut le comprendre, et, à la vue de ces incendies fumant à travers la neige, de ces cadavres gisant sur cette plaine glacée, il s’écria : « Ce spectacle est fait pour inspirer aux princes l’amour de la paix et l’horreur de la guerre. » Mais l’impression, sincère peut-être pendant la durée d’une minute, passa vite, et le démon familier reprit possession de son âme.
Les jours où elle n’était pas trop envahie par les duchesses et par les personnes de bel air, Mlle Le Couvreur se plaisait à recevoir ses amis : Ma vanité, disait-elle, ne trouve point que le grand nombre dédommage du mérite réel des personnes ; je ne me soucie point de briller ; j’ai plus de plaisir cent fois à ne rien dire, mais à entendre de bonnes choses, à me trouver dans une société de gens sages et vertueux, qu’à être étourdie de toutes les louanges fades que l’on me prodigue à tort et à travers.
Le voilà immortel dans la mémoire des hommes ; il y est fixé à jamais dans l’attitude de la jeunesse, du talent, de la vertu retrouvée à travers les erreurs et les épreuves, et du sacrifice suprême, enviable, qui épure et rachète tout.
Des changements de posture, comme des gens peu assis ou mal debout ; un certain soin de s’éviter les uns les autres, même de se rencontrer des yeux ; les accidents momentanés qui arrivaient de ces rencontres ; un je ne sais quoi de plus libre en toute la personne, à travers le soin de se tenir et de se composer ; un vif, une sorte d’étincelant autour d’eux les distinguaient, malgré qu’ils en eussent.
J’ai eu cela pour rien, pour une bagatelle… Je l’ai eu pour rien, voilà la marchande qui revient à travers la veuve sentimentale et la limonadière bel esprit.
» M. de Bonald, dans ses écrits, à travers leur forme grave et tendue, avait une ironie fine et souvent piquante ; cela se dégage mieux dans ses Pensées : Des sottises, dit-il, faites par des gens habiles ; des extravagances dites par des gens d’esprit ; des crimes commis par d’honnêtes gens, — voilà les révolutions.
Il semble qu’à travers ses traductions on lise dans sa physionomie, et qu’on l’aime comme s’il nous avait donné ses propres pensées.
Si, par exemple, il accordait tant à la constitution municipale des vieilles cités, s’il croyait à la perpétuité de cette constitution depuis les Romains et à travers les diverses conquêtes, s’il en faisait le pivot de sa théorie politique, c’est que cela s’était passé ainsi à Brignoles et aux environs, dans la Provence ; il transportait involontairement au reste de la France cette forme permanente et latente de constitution dont la tradition locale avait tout d’abord frappé son esprit, l’avait imbu et comme affecté d’un premier amour.
Buffon, en entendant réciter cette ode, se surprit à verser des pleurs ; et il s’y mêle, en effet, une impression touchante à travers la machine lyrique et la magniloquence du ton.
Il était néanmoins aisé de voir à travers la modestie de ses habits qu’elle pouvait être sensible à un peu d’amour-propre.
Un ton de haute autorité et de raison s’y fait sentir en quelques endroits à travers la pompe.
Elle établit une tradition en philosophie : à travers tant de systèmes changeants, elle retrouve et essaye de dégager ce que Leibniz appelait la philosophie perpétuelle, perennis philosophia.
Mais ce que j’estime surtout dans la composition de Doyen, c’est qu’à travers son fracas tout y est dirigé à un seul et même but, avec une action et un mouvement propre à chaque figure, toutes ont un rapport commun à la sainte : rapport dont on retrouve des vestiges même dans les morts.
Facultés contrastantes, électriques, multiformes, elle est vive comme de Staël, mais non triste, car les êtres faits pour la lumière sont très gais, telle nous la voyons aujourd’hui dans ses Horizons prochains et à travers son anonyme.
Mais les profonds comme Saint-Simon, mais les zingari de l’Histoire, qui voient la mort à travers les pompes et les fleurs de la vie, ont vu jusqu’au fond de ce crime qui les contient tous… Ils ont vu ce Péché qui engendre la mort dans Milton.
Seulement, les formes à travers lesquelles ce fait s’exprime sont plus ou moins menteuses, vieillies et tombées, et elles tomberont toutes de plus en plus, jusqu’au jour où l’humanité arrivera à la culture de l’idéal pour l’idéal, si elle y arrive !
Il y a quelque chose de douloureux et d’attachant dans cette destinée d’un jeune esprit qui regarde le monde et la vie exclusivement à travers la nation juive et qui meurt au service de ceux qu’il aime le plus, mais dont il tient à se distinguer.
Et ils s’élancent à travers l’œuvre fantastique, qui, à proprement parler, ne commence que là, c’est-à-dire sur la frontière du merveilleux.
C’est là le fond de Proudhon, sa pensée maîtresse à travers tant de pensées confuses et contradictoires J’ai assez dit que c’est une idée fausse pour qu’on ne s’étonne pas que je le répète et pour qu’on me permette de le répéter très brièvement. […] » — Les Mémoires d’un touriste, écrits par Stendhal, ne peuvent être que les mémoires d’un moraliste, et le seul voyage qu’il sût bien faire était un voyage à travers les hommes. […] Les jugements de Stendhal sur les mœurs de son temps, à travers bien des contradictions dont nous ne relèverons que celles qui donnent une lumière nouvelle à connaître son tour d’esprit, dérivent presque tous des principes précédents, en même temps que de son humeur chagrine et contredisante. […] Comme toute aristocratie, l’administration est conservatrice, et maintient l’ordre de choses existant à travers les variations de la politique. […] Il aima le bien et le pratiqua de tout son cœur, à travers les excitations de son orgueil, qui était plus grand qu’il ne croyait, de ses colères qui n’étaient pas médiocres, de ses rancunes qui ne laissaient pas d’être assez tenaces, et de son instinct taquin, qui était, il l’a reconnu lui-même, assez vif.
Et quand, après quelques secondes de réflexion sérieuse, il a laissé tomber d’un air de condescendance imposante : « Baisez, Thomas », on eût dit que toutes les Bibles des convenances à travers les âges, tous les codes et toutes les conventions par où les hommes ont ordonné leurs rapports civils et sociaux et réglementé la nature octroyaient, par sa bouche, au docile Thomas la permission sollicitée. […] C’est une farandole à travers la Méditerranée, de Naples au port de Marseille en passant par les îles Baléares, avec complaintes, romances, sirventes, lais, virelais, et scènes de chevalerie galante. […] aux sentiments confus, aux rêves et aux désirs obscurs accumulés à travers les siècles dans l’âme innombrable des humbles et des petits. […] On a, en le lisant, l’impression que ces choses ont été écrites par un homme congestionné, dont les tempes battaient la chamade, et qui ne voyait plus les objets qu’à travers une brume chaude de cauchemar. […] Et ainsi, on pourrait presque affirmer que, si toutes les époques s’étaient livrées à ce genre… littéraire, le coq-à-l’âne serait un des meilleurs signes de l’état de la science et de la civilisation à travers les siècles… » Toutefois, les auteurs de l’Œil crevé ont bien fait de n’user du coq-à-l’âne qu’avec discrétion.
Mais, telles qu’elles sont, pleines de l’horreur de la chair et du dégoût de l’existence terrestre, les Confessions d’Augustin ont contribué plus que tous les autres livres de ce saint à le faire connaître et à le faire aimer à travers les siècles. […] Il aima un démon qui, paraissant à son appel, agitait pour lui les parfums de sa chevelure blonde et lui faisait sentir à travers sa tiède poitrine les battements de son cœur angélique. […] C’est elle qu’il poursuivit à travers les générations des hommes, des animaux et des plantes, et par-delà la cellule germinative jusque dans la nébuleuse originelle. […] Que d’aurores depuis cette joyeuse aurore Où ma course à travers l’air brillant et sonore Vint réveiller l’écho dormant dans ces vallons ! […] Le plus singulier est l’effet de cet œil de mouche, de cet œil à facettes qui lui fait voir les objets multipliés comme à travers une topaze taillée.
Cette confusion est impie (de la poésie, de l’art et de la sensibilité), j’en peux dire quelque chose, moi qui ai entendu à travers des portes fermées parler à voix basse des gens à trente pas de moi, moi dont on voyait, à travers la peau du ventre, bondir tous les viscères et qui parfois ai senti, dans la période d’une seconde, un million de pensées, d’images, de combinaisons de toutes sortes, qui jetaient à la fois dans ma cervelle comme toutes les fusées allumées d’un feu d’artifice. » Une sensibilité de malade, dira-t-on, puisqu’on sait qu’il était épileptique. […] Une littérature qui, à travers ses larmes, sourit, c’est la nôtre. […] Et ainsi, « à travers les siècles, la pensée de la montagne s’est déroulée et s’est amplifiée sans que la tradition fût rompue ». […] Un meuble craque ; les rideaux des lits palpitent ; Pluton, le chien noir, tremble ; les branches hautes d’un cyprès, à travers les vitres de la fenêtre, font des signes. […] … Je ne dis pas que le monde sera réduit aux expédients et au désordre bouffon des républiques du Sud-Amérique, que peut-être nous retournerons à l’état sauvage, et que nous irons, à travers les ruines herbues de notre civilisation, chercher pâture, un fusil à la main.
Aussi sont-ils fort imprudents et toujours prêts à se jeter à travers mille aventures dont ils croient toujours que l’issue tournera à leur profit. […] Je poursuis et voilà que l’oncle a l’occasion d’entendre à travers une cloison ou un rideau les deux jeunes gens discourir familièrement. […] Ainsi, en ce moment, il est question d’élargir une rue qui fait communiquer les deux rives à travers l’île Saint-Louis et des habitants de ce quartier insulaire s’insurgent contre ce que l’administration appelle, en son langage malséant, une opération de voirie, et ce qu’ils nomment, eux, une opération de vandalisme.
Notre intention, comme on le pense bien, n’est pas de suivre Victor Jacquemont dans son voyage de sept cents lieues à travers l’Indoustan, non plus que dans ce pénible et aventureux pèlerinage de l’Himalaya, véritable entreprise que conçoit le génie scientifique, que dirige le bon sens, que soutient la patience, que le courage exécute et mène à terme. […] » Mais cette mélancolie ne dure pas, d’autres pensées lui succèdent ; l’esprit français, la gaieté française se font jour à travers tous ces regrets, comme un rayon de soleil vient percer les brouillards de l’Himalaya ; et il écrit pour rassurer ses amis, tandis que d’orageuses rafales menacent de déraciner sa tente et de renverser la table où il s’appuie : « Dites que je suis dans un pays aussi salubre que l’Europe, mangeant des pommes et du raisin, buvant du vin du cru (qui est détestable), et enfin, « Sachez, sachez « Que les Tartares « Ne sont barbares « Qu’avec leurs ennemis ! […] Cette dernière excursion à travers la presqu’île devait faire du voyage de Jacquemont le plus complet qui eût jamais été entrepris aux Grandes-Indes.
Il y a en lui l’homme de gouvernement, il y a l’homme de publicité ; les habitudes de celui-ci reviennent fréquemment à travers l’autre61.
Les contemporains de Marivaux ont dit de lui à peu près tout ce qu’on en peut dire : si l’on prend la peine de recueillir ce qu’ont écrit à son sujet Voltaire, Grimm, Collé, Marmontel, La Harpe, et surtout d’Alembert dans une excellente notice, on a de quoi se former un jugement précis et d’une entière exactitude : et pourtant il vaut mieux, même au risque de quelque hasard, oublier un moment ces témoignages voisins et concordants, et se donner soi-même l’impression directe d’une lecture à travers Marivaux.
Il le dit et le redit, comme un bon citoyen qui s’en alarme, comme un homme qui en souffre, d’une manière pénétrée et touchante : il discerne un principe de mort, à travers cet esprit qui scintille, sous cette politesse méchante et glacée : J’en reviens au progrès des mœurs.
N’ayant pas fait sa diversion contre le prince de Bade, Villars n’avait plus qu’à exécuter au plus tôt les ordres du roi en cherchant à joindre l’électeur à travers et par-delà les montagnes Noires.
Villon est de ceux-là : il fait anneau, et il brille de loin à travers sa rouille.
Mon intention, en tout ceci, n’est pas d’opposer Benjamin Constant à lui-même ; j’admets qu’il a suivi en général, à travers ses ondulations, une ligne assez conséquente aux principes et aux sentiments qu’il apporta dès le premier jour dans la vie publique.
Pour nous, Français, c’eût été un grand avantage qu’il se fît voir dès lors, et qu’on le connût comme tant d’illustres étrangers devenus nôtres : on n’aurait pas eu à le découvrir plus tard à travers Mme de Staël et à l’étudier, à l’épeler graduellement ; il aurait eu son brevet à temps, à son heure.
Il avait aussi, à travers le cours de ses développements, des répliques admirables, instantanées, dans lesquelles il s’appuyait et s’inspirait des contradictions, des interruptions mêmes. — M.
« Un soir que nous parlions à Gavarni de ses légendes, racontent MM. de Goncourt, et que nous lui demandions comment elles lui venaient : « Toutes seules, nous dit-il ; j’attaque ma pierre sans penser ‘a la légende, et ce sont mes personnages qui me la disent… Quelquefois ils me demandent du temps… En voilà qui ne m’ont pas encore parlé… » Et il nous montrait les retardataires, des pierres lithographiques adossées au mur, la tête en bas. » Ces mots décisifs, ces paroles stridentes qui ouvrent des jours soudains sur une action, sur un ordre habituel de sentiments, et qui sont comme des sillons de lumière à travers la nature humaine, font de Gavarni un littérateur, un observateur qui rentre, autrement encore que par le crayon, dans la famille des maîtres moralistes.
je sais bien que cela même a pu donner quelques regrets à de doctes et fins esprits qui craignent de voir profaner ce qu’ils aiment, de voir pratiquer une grande route à travers un bois sacré. « Pour moi, j’aimais à m’y perdre, m’écrit à ce sujet un de ces fins dilettanti de l’Antiquité, et si je ne savais pas bien en reconnaître les fleurs, je sentais au moins quelque chose de leur parfum.
S’il est vrai, comme on le redit souvent et comme il nous est doux de le penser, que la France suive la grande ligne de la civilisation, pourquoi faut-il que ce ne soit trop souvent qu’à travers un zigzag d’injustices et, pour tout dire, d’ingratitudes envers soi et les siens ?
Elle jouit d’une rare éclaircie et d’un rayon de soleil à travers ses barreaux ; elle est heureuse, elle le dit du moins ; elle tâche de se persuader qu’elle l’est.
Lui, qui sera si heureux, il aime peu à s’en remettre aux faveurs de la fortune « qui quelquefois est bien inconstante. » Vainqueur à Fontenoy, au moment le plus désespéré, non par son flegme seulement, mais par un de « ces traits de lumière qui caractérisent les grands capitaines », il dira à Louis XV dont il vient d’illustrer les armes, et à travers toutes les effusions du dévouement : « Vous voyez, Sire, à quoi tiennent les batailles !
« Tout à coup, à travers une échappée de neige, on vit une colonne noire qui s’avançait directement en longeant la rue occidentale d’Eylau et en perçant jusqu’au pied du cimetière.
Mais qu’il faut peu de chose à travers ces nobles efforts pour les faire dévier et avorter !
Commencé depuis bien des années, laissé ou repris plus d’une fois à travers les occupations d’une vie que les affaires réclament, cet Érostrate était déjà imprimé, et non publié, quand le poëme de M.
Les portraits de Timon ont du relief et du trait, nous en convenons ; ils sautent aux yeux à travers la vitre.
Si vous comprenez le poëte à ce moment critique, si vous dénouez ce nœud auquel tout en lui se liera désormais, si vous trouvez, pour ainsi dire, la clef de cet anneau mystérieux, moitié de fer, moitié de diamant, qui rattache sa seconde existence, radieuse, éblouissante et solennelle, à son existence première, obscure, refoulée, solitaire, et dont plus d’une fois il voudrait dévorer la mémoire, alors on peut dire de vous que vous possédez à fond et que vous savez votre poëte ; vous avez franchi avec lui les régions ténébreuses, comme Dante avec Virgile ; vous êtes dignes de l’accompagner sans fatigue et comme de plain-pied à travers ses autres merveilles.
Il persista longtemps à ne l’envisager que par son côté profitable à l’avenir, et, à travers tout, régénérateur.
Elle avait senti, à travers la mort du Dauphin, le frisson d’un règne futur.
Pour Boileau, mettons à part la satire littéraire, si fine et si mordante à travers la langueur de la querelle : ce qu’il a fait, c’est un tableau réaliste.
Mais de plus, il y a en ces deux hommes, dans la libre intimité de leur commerce, dans la naturelle effusion de leurs natures, à travers leurs dialogués, il y a comme un rayon de cette grâce aimable et puissante, qui illumina parfois le christianisme au moyen âge, avant les schismes et les révoltes ; ce roi et ce baron sont de la communion de saint François d’Assise.
Il n’a même pas beaucoup de couleur, sinon dans les sujets où l’imagination espagnole jette encore ses feux à travers le langage raisonnable de l’auteur français.
Cependant on saisit sa pensée à travers l’insuffisance de l’expression : il faut la vérité, et il faut la vraisemblance ; la vraisemblance, c’est la vérité rendue sensible par une forme d’art.
En attendant, il lâche son Essai sur les mœurs complété, renforcé, définitif (1756), et ses discours sur la Religion naturelle (1756) ; deux autres coups droits atteignaient la Providence chrétienne, à travers l’optimisme de Leibniz : le poème du Désastre de Lisbonne (1756), et le roman de Candide (1758).
Je ne sais pas d’écrivain en qui la réalité se reflète à travers une couche plus riche de science, de littérature, d’impressions et de méditations antérieures.
Mais ce qui reste incontestable, c’est que l’humanité tend sans cesse, à travers ses oscillations, à un état plus parfait ; c’est qu’elle a le droit et le pouvoir de faire prédominer de plus en plus, dans le gouvernement des choses, la raison sur le caprice et l’instinct.
Dans la fatale année 1871, elle part pour Schelestadt et revient à Lyon, à travers les lignes prussiennes, ramenant une douzaine d’enfants, de deux à trois ans, inconnus ou abandonnés.
Comme en pareil cas, les sujets politiques et religieux sont d’ordinaire ceux qu’on lui interdit (on l’a vu sous le premier Empire et sous le second), le livre reprend faveur, parce qu’il est seul admis à traiter certaines questions graves, et le journal pour remplir ses colonnes recourt à cette causerie sur les faits du jour qu’on nomme la chronique, au récit des crimes et des accidents, aux commérages de salon ou de coulisses, aux descriptions de cérémonies, aux feuilletons ; il se fait de la sorte plus littéraire, à condition de se maintenir dans ce que des mécontents ont baptisé dédaigneusement « la littérature facile » ; ou encore il invente, pour toucher aux matières brûlantes, une série d’allusions, de périphrases, de réticences, de malices sournoises qui passent, comme des pointes d’aiguille, à travers les mailles du réseau où la loi s’efforce de l’emprisonner.
En notre siècle aussi, comment faire l’histoire de la chanson sans aller la chercher dans les nids où elle gazouillait avant de s’élancer à travers l’espace, dans le Caveau, séjour de la gaudriole au temps de Désaugiers et de Béranger, et, naguère, dans les cabarets de Montmartre où elle a donné tant de bons coups de bec et de gosier ?
Il le prêche, en quelque sorte, à travers les rideaux tirés de son lit.
C’est à travers une haine glaciale qu’elle le regarde et qu’elle lui répond.
C’est nous-même, encore une fois, qui passons à travers les conditions diverses et les divers âges.
— À travers toutes ses déclamations et le mépris qu’il répandait sur les ministres, il se montrait monarchique, et répétait que ce n’était pas sa faute si on le repoussait et si on le forçait, pour sa sûreté personnelle, à se faire le chef du parti populaire : « Le temps est venu, dit-il, où il faut estimer les hommes d’après ce qu’ils portent dans ce petit espace, là, sous le front, entre les deux sourcils. » Ceci se passait à la fin du mois de juin 1789.
Il avait étudié les belles-lettres de bonne heure, et ç’avait été sa passion toujours nourrie à travers ses devoirs.
Son bon jugement se faisait jour et maintenait tant bien que mal sa ligne à travers toutes ces saillies, ces légèretés et ces pétulances.
« Il est bon, avait-il dit, de ne pas donner trop de vêtements à sa pensée ; il faut, pour ainsi dire, voyager dans les langues, et, après avoir savouré le goût des plus célèbres, se renfermer dans la sienne. » Rivarol ne s’y renferma que pour l’approfondir, et, dès ce temps, il conçut le projet d’un Dictionnaire de la langue française, qu’il caressa toujours en secret à travers toutes les distractions du monde et de la politique, auquel il revint avec plus de suite dans l’exil, et dont le Discours préliminaire est resté son titre le plus recommandable aux yeux des lecteurs attentifs.
Étonnée de l’attitude de cette douleur profonde, elle en demande la cause ; c’est à travers mille sanglots que le saint homme lui dit : « Madame, comment n’aurais-je pas le cœur brisé ?
Il est vrai qu’il garde, à travers tout, de l’honnête homme, c’est-à-dire de l’homme aimable ; mais cet honnête homme, à quoi sert-il ?
Craignant que l’Empereur n’eût été informé des négociations précédemment entamées, les généraux avaient pris sur eux de se soustraire à sa colère et d’emmener les troupes à travers les lignes ennemies.
Ce fut longtemps son rêve et finalement son regret ; il y revenait en idée dans les derniers temps, à travers les courts et sombres intervalles de réflexion que lui laissaient ses luttes de presse de plus en plus désespérées ; c’était à une telle œuvre qu’il aurait aimé à attacher la gloire de son nom.
La première œuvre de l’art humain, en effet, a été l’outil, hache ou couteau de pierre, et ce qui fut d’abord admiré dans l’outil, c’était l’industrie de l’artisan aboutissant, à travers la difficulté vaincue, à la réalisation d’une utilité.
Si l’on conçoit la suite des sciences qui, prenant la matière organique à ses débuts, dans les cornues des chimistes ou l’abîme des mers, en conduisent l’étude à travers la série ascendante des plantes et des animaux, jusqu’à l’homme, le décrivent et l’analysent dans son corps, ses os, ses muscles, ses humeurs, le dissèquent dans ses nerfs, sa moelle, son cerveau, son âme enfin et son esprit ; si, abandonnant ici l’homme individu, on passe à la série des sciences qui étudient l’être social, de l’ethnographie à l’histoire, on verra que ces deux ordres de connaissances, les plus importantes sans aucun doute, et celles auxquelles s’attache l’intérêt le plus prochain, se terminent en un point où ils se joignent : dans la notion de l’homme individu social, dans la connaissance intégrale, biologique, physiologique, psychologique de l’individu digne de marquer dans la société, constituant lui-même par ses adhérents et ses similaires un groupe notable, propageant dans son ensemble particulier ou dans l’ensemble total, ces grandes ondes d’admirations, d’entreprises, d’institutions communes qui forment les États et agrègent l’humanité.
Et, au fond de ce drame prodigieux, sur la bruyère déserte, au crépuscule, pour promettre aux meurtriers des couronnes, se dressent trois silhouettes noires, où Hésiode peut-être, à travers les siècles, reconnaît les Parques.
C’est à travers cette couche de songe qu’il sent, comprend, apprend, perçoit, boit, mange, s’irrite, se moque, pleure et raisonne.
Le profond souffle du génie, qui est la respiration de Dieu à travers l’homme.
Ils ont examiné l’évolution des types et des classes sociales à travers les œuvres de ce temps ».
C’étaient des paysans à l’entrée d’un village, faisant prix avec des femmes pour les porter sur leurs épaules à travers une mare, etc.
C’est les disposer tous à devenir avec le temps des hommes profonds : à moins qu’on ne soit mal né et doué de cette prétention impertinente qui brise le propos de l’homme, instruit ; qui se jette à tort et à travers sur toute sorte de matière ; qui dit : Vous parlez géométrie ?
Remarquez, à travers la plus grande intelligence de l’art, qu’il est sans idéal, sans verve, sans poésie, sans mouvement, sans incident, sans intérêt.
» Elle aussi, elle est gigantesque, et, comme le duc de Guise, nous l’avons balafrée… Mais elle est debout, malgré ses blessures ; mais elle combat toujours ; mais elle lutte pour l’empire ; et l’Europe, qui la croyait vaincue et qui la sent maintenant agiter son sol à tous les points de sa surface, s’aperçoit qu’il faut de nouveau compter avec elle, comme aux jours où elle poussa sa furieuse croissance à travers le sang, la boue et les larmes.
. — Trimolet fut une destinée mélancolique ; on ne se douterait guère, à voir la bouffonnerie gracieuse et enfantine qui souffle à travers ses compositions, que tant de douleurs graves et de chagrins cuisants aient assailli sa pauvre vie.
La joie physique et mutuelle étant le cœur même de l’existence, celui qui n’en poursuit pas, invinciblement et pleinement à travers le monde, la possession, ne connaîtra jamais le sens de la vie, ni ce qu’un être peut contenir en lui ; sa croissance ne sera jamais plus que la maigre efflorescence de la tige que compriment les pavés d’une cour et qu’enténèbre la barrière de froides murailles.
* ** En résumé, l’idée de l’égalité des hommes, telle que nous l’avions définie, ne nous a pas semblé se manifester partout : suivant sa trace à travers les doctrines et les institutions, nous l’avons rencontrée, non pas à l’origine des sociétés, là où n’existe à vrai dire aucune civilisation, mais seulement à l’intérieur de cette civilisation qu’on appelle occidentale.
Ce voyage le rendit plus curieux encore des paysages pittoresques, plus sensible au caractère varié des civilisations étranges, plus attentif au visage divers qui prend la vie des hommes à travers le temps et l’espace. […] Alors, quand il revint des périples qu’il avait accomplis à travers le temps et l’espace, et quand il examina son époque, il s’effraya de la voir si dédaigneuse du passé, audacieuse et résolue à rompre avec les siècles antérieurs. […] Cette philosophie est spiritualiste ; elle est, si l’on veut, panthéiste : elle refuse de cantonner le sensible esprit dans les cerveaux humains et elle l’éparpille à travers la réalité universelle. […] bien, non : ici encore, nous sommes emprisonnés et nos regards n’atteignent qu’à travers des vitres qui le déforment le spectacle des hypothétiques réalités. […] Vous voyez que le pauvre cœur humain, sensible et tendre, aime comme il peut, à tort et à travers, sans qu’il faille s’en indigner, car à quoi bon ?
S’il voit, à travers les épais rideaux qui lui bouchent le jour, que le temps est pluvieux, il s’écrie : diable ! […] J’ai entendu votre voix à travers le bruit des flots, et votre charmant visage voltige autour de moi, sur les haies de nopal, à l’ombre des palmiers et dans l’horizon des montagnes. » Il n’est pas impossible que cette figure fine, lumineuse, orientale et mystique de celle qui s’appelait alors Jeanne de Tourbey ait laissé d’elle quelque chose dans le visage de la fille d’Hamilcar. […] Je voyais tout à travers le voile d’ennui dont cette déception m’avait enveloppé, et je me répétais l’inepte parole que tu m’envoies : À quoi bon ? […] Son imbécile de la vie ordinaire est vu à travers le voile de l’art, comme les premiers étaient vus à travers le mouvement du voyage. […] S’il a pu dire : « Mme Bovary, c’est moi », il aurait pu tenir le même propos sur Salammbô, qui est un peu la Tentation de 1849 filtrée à travers Madame Bovary. « Si je ne peux rien aligner maintenant, dit-il, si tout ce que j’écris est vide et plat, c’est que je ne palpite pas du sentiment de mes héros, voilà tout94. » Mais il a fait palpiter Salammbô de quelques-uns de ses sentiments, transposés en nature féminine, il a créé jusqu’à un certain point en elle une figure de son vide intérieur, de ses désirs, de ses rêves.
Vraiment il plane et n’effleure que la surface brillante de l’univers, comme un dieu innocent et ignorant de ce qui est au-dessous ou plutôt comme un être paradoxal et fantasque, un porte-lauriers pour de bon qui se promène dans la vie comme dans un rêve magnifique, et à qui la réalité, même contemporaine, n’apparaît qu’à travers des souvenirs de mythologie, des voiles éclatants et transparents qui la colorent, et l’agrandissent. […] Il faut donc que la justice soit savante et compatissante pour mesurer le traitement de chacun à son degré de « dignité ». « Le progrès de la justice est lié à celui des connaissances et s’opère à travers toutes les vicissitudes politiques. » La justice n’est pas encore ; mais elle se fait, et elle sera. […] Sous leur papier chinois les murs seraient si frêles Que, même en travaillant, à travers la cloison, Je l’entendrais toujours errer par la maison Et traîner dans l’étroit escalier sa pantoufle, Les miroirs de ma chambre auraient senti son souffle Et souvent réfléchi son visage, charmés. […] Mais tout ceci n’est que bavardage « à travers champs ». […] A côté de la débauche exaspérée par la terreur même de l’enfer, il y a eu la pureté, la chasteté chevaleresques ; à côté de la misère plus grande, et à travers les férocités aveugles, une plus grande charité, une compassion de la destinée humaine où tout le cœur se fondait.
Enfin il s’élevait de raisonnements en raisonnements jusqu’au ciel, et il y découvrait, autant que la faible intelligence humaine le permet, la vraie nature de la Divinité, unique, infinie et parfaite à travers le nuage des idolâtries de son temps. […] Et que peux-tu espérer encore, quand la nuit ne peut plus couvrir tes assemblées criminelles, quand le bruit de ta conjuration se fait entendre à travers les murs où tu crois te renfermer ?
. — Cinq ou six ans après, Zaza est devenue une étoile de café-concert de la plus haute distinction, de celles qui portent l’esprit français à travers le monde, qui ont les appointements de vingt généraux de division, qui envoient des lettres aux journaux et qui ont des opinions sur la littérature. […] » elle répond à travers ses larmes : « J’t’écoute !
Mais le rayon qui pénètre dans la mansarde ne ressemble pas au rayon qui fait briller le marbre d’un palais : il a de la peine à entrer, à travers des carreaux ternis ou brisés, dont les morceaux sont retenus par un papier sans transparence ; il n’arrive que tout pâle dans ce pauvre milieu, et les graines de poussière qu’il fait danser en grand nombre l’obscurcissent encore. […] Je suis descendu, j’ai parcouru, à travers un ennui noir et une répugnance écœurante, cet égout collecteur des mœurs et de la langue, enjambant, à chaque pas, des ruisseaux fangeux, des tas de linge sale humés avec ivresse par leurs ignobles brasseuses, Et ce que Bec-Salé vomit sur son chemin.
Ainsi, dans la rencontre d’Enée et de Didon aux enfers, … … Agnovitque per umbram Obscuram, qualem primo qui surgere mense Aut videt aut vidisse putat per nubila lunam, cette vision incertaine de la lune cachée à travers les nuages, comparée à la vision de l’amante dans l’ombre épaisse des enfers, est poétique par tout ce qu’elle évoque et de souvenirs nocturnes et de souvenirs d’amours passées. […] Le style n’est pas seulement « l’homme », il est la société d’une époque, il est la nation et le siècle vus à travers une individualité.
Les poètes, ces précurseurs des littératures, naissent parmi eux ; les conteurs leur succèdent ; quelques historiens, jaloux de retrouver dans le passé fabuleux les traces du chemin que leurs races ont fait à travers le monde, recherchent ces traces dans les vieilles traditions et les gravent avec orgueil dans leurs annales. […] De Maistre est une source cachée dans un recoin des Alpes ; Tourgueneff est intarissable, grand, fécond, varié comme un fleuve de la Moscovie roulant ses grandes eaux à la Crimée ou à la Baltique, à travers les plaines de la Russie. […] Grâce à ce petit monsieur, ajouta-t-il en indiquant du doigt Onufre Ilitch, j’ai fatigué mes chevaux à courir à travers la ville que Dieu maudisse !
Elle nous montre que, jusqu’à une certaine période de son développement, l’embryon de l’Oiseau se distingue à peine de celui du Reptile, et que l’individu développe à travers la vie embryonnaire en général une série de transformations comparables à celles par lesquelles on passerait, d’après l’évolutionnisme, d’une espèce à une autre espèce. […] Et les mutations brusques elles-mêmes, dont on nous parle aujourd’hui, ne sont évidemment possibles que si un travail d’incubation, ou mieux de maturation, s’est accompli à travers une série de générations qui paraissaient ne pas changer. […] Nous ne pouvons nous empêcher de croire qu’elles sont le développement d’une impulsion qui passe de germe à germe à travers les individus, qu’elles ne sont pas par conséquent de purs accidents, et qu’elles pourraient fort bien apparaître en même temps, sous la même forme, chez tous les représentants d’une même espèce ou du moins chez un certain nombre d’entre eux.
Mais, si le christianisme, à travers la sainte obscurité de ses mystères, frappe si puissamment l’imagination, quels effets ne doit-il pas encore aux pompes de son culte extérieur ! […] Ils courent à travers tous les dangers jusqu’aux extrémités de la terre, et se la partagent pour gagner des âmes, c’est-à-dire pour civiliser des hommes. […] Elles nous les peignent se faisant jour à travers les forêts, marchant dans les terres marécageuses où ils avaient de l’eau jusqu’à la ceinture, gravissant des roches escarpées, et furetant dans les antres et dans les précipices, au risque d’y trouver des serpents et des bêtes féroces, au lieu des hommes qu’ils y cherchaient. […] C’est en vain qu’à travers des bois, avec sa cavalerie toute fraîche, Beck précipite sa marche pour tomber sur nos soldats épuisés.
Au rebours des érudits qui restent les mêmes à travers de vastes et patientes recherches et que leur savoir entoure sans les pénétrer, M. […] Peut-être est-ce par la poursuite de cette mystérieuse inconnue, toujours fuyante, jamais atteinte, qu’il faudrait expliquer toutes les œuvres d’art, de science et de pensée qui se succèdent à travers les âges. […] Quelque chose de suprême perce à travers sa perfection si réellement humaine. […] Jeté hors de l’infaillibilité littérale ; errant à travers l’espace vide de la spéculation dialectique ; cherchant en vain l’absolu, libérateur de ses doutes, et ne le trouvant que dans sa seule pensée, Scherer subit un instant l’attraction de Vinet. […] Il est impossible, on le conçoit, de résumer une conversation qui a tous les caractères d’une causerie et qui s’achemine à travers mille méandres.
Mais elles sont en si grand nombre qu’elles fatiguent, d’autant plus que l’auteur les jette n’importe où et qu’elles sont invariablement composées en dyptique : de même — de même, ainsi— ainsi : « Patroklos le frappa de sa lance à la joue droite et l’airain passa à travers les dents, et comme il le ramenait, il arracha l’homme du char. […] Je n’ai pas le premier sous la main n’ayant jamais voulu m’accabler sous les quatorze tomes de la Gaule poétique et de Tristan le voyageur, mais voici les Veillées poétiques et morales : « Comme sur la prairie, au matin arrosée. — Étincelle et s’épand une fraîche rosée, … — Ainsi ma jeune sœur a brillé sous mes yeux. » — « Tel qu’un daim qu’a percé la flèche du chasseur — Traverse des forêts la sauvage épaisseur : — Il se roule, il bondit … — Et partout, à travers mille arbustes sanglants, — Il emporte le trait qui tremble dans ses flancs. — Tel de ce faible cœur, siège de mon supplice, — Je voudrais arracher l’image de Narcisse. » La comparaison homérique ou ossianesque (elles sont de même ordre), guirlande de fausses fleurs, est la ressource ornementale des poètes qui, privés du don de la métaphore, veulent égayer leurs funestes romances. […] Comme Flaubert est l’un des écrivains les plus profondément personnels qui furent jamais, l’un de ceux qui se laissent le plus clairement lire à travers la dentelle du style, il est facile de suivre dans l’œuvre le dépouillement progressif de l’homme. […] Tout est confus alors dans l’histoire, et sur le même plan ; quand on voulait se représenter l’antiquité, c’était à travers la galanterie historique des romans à la mode. […] Certes l’apprentissage d’un métier, des exercices corporels, des jeux, des promenades à travers les choses voilà qui serait plus utile que l’étude des difficultés orthographiques d’une langue complexe, toute en nuances et en exceptions.
Vous-même, mon cher ami, n’avez-vous pas tenté de traduire en une chanson le cri strident du vitrier, et d’exprimer dans une prose lyrique toutes les désolantes suggestions que ce cri envoie jusqu’aux mansardes, à travers les plus hautes brumes de la rue ? […] L’homme y passe, à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. […] Loin des peuples vivants, errantes, condamnées, À travers les déserts, courez comme des loups ; Faites votre destin, âmes désordonnées, Et fuyez l’infini que vous portez en vous. […] Il nous fait penser à un grand peintre — peut-être impossible — qui eût été dans la lumière d’Orient comme Claude Lorrain dans la lumière de Rome : « C’est une sorte de clarté intérieure qui demeure, après le soir venu, et se réfracte encore à travers mon sommeil. […] « Au-delà commençait l’azur ; et alors, à des profondeurs qui n’avaient pas de limites, à travers des limpidités inconnues on apercevait le pays céleste du bleu.
Dix fois, vingt fois depuis deux longs actes que vous m’invectivez à tort et à travers, je vous ai fait comprendre, avec tous les ménagements possibles, que votre place n’était plus auprès de moi. […] Je ne saurais mieux comparer l’émotion que l’on éprouve en passant de la seconde à la troisième partie du récit qu’à la surprise qui nous saisit lorsque, après nous être promenés dans un pare à travers les allées d’un méandre fleuri que nous supposions, devoir nous conduire à un élysée, nous nous sommes brusquement trouvés en face des horreurs d’une Forêt-Noire. […] Ce qu’elle verra à tout instant à travers sa fille, ce sera l’image de l’amant refusé à regret ; le moindre de ses conseils sera inspiré par son propre désir de plaire à M. de Camors ; ce qu’elle enseignera à sa fille involontairement, ce sont les séductions, les amorces que son propre cœur aurait inventées ; ce qu’elle réprimandera chez sa fille, c’est tout ce qu’elle sentira instinctivement devoir déplaire à M. de Camors. […] Ce mystère qui séduit et inquiète en eux à la fois contient toute l’histoire de la renaissance, le retour ardent à la nature à travers les corruptions d’une civilisation raffinée et par l’effort d’une science enthousiaste. […] Un souffle à la fois doux, soutenu et puissant fait circuler un air vivifiant à travers ces pages d’où sentiments, images, descriptions, sortent et s’échappent de tous côtés comme les jaillissements d’une sève abondante à l’excès.
Préface Ceci n’est pas un livre : c’est un Cours ; ou plutôt ce n’est que le commencement d’un Cours, celui de Littérature française moderne, — qui a été ouvert au Collège de France le 27 avril 1881, et qui a continué depuis. On n’a pas cru devoir changer ici le cadre de ces leçons, ni les déguiser en chapitres. Il a paru préférable de les laisser, à peu de chose près, telles qu’elles étaient venues. Peut-être eût-il mieux valu en attendre la fin, pour en écrire le commencement. Mais alors je me fusse trouvé si loin de celui-ci, que, même à l’aide de mes notes, j’aurais eu grand’ peine à le ressaisir.
Cependant, n’apercevant plus au loin à travers la plaine de corps d’ennemis qui résiste, il fait chercher de toutes parts nouvelles du roi Jean.
Mathieu Marais, dans les jugements qu’il porte de lui-même ou qu’il répète sur les ouvrages de la jeunesse de Voltaire, nous représente très bien la moyenne de l’opinion d’alors sur ce brillant et téméraire esprit, dont le souverain bon sens échappait et se dérobait trop souvent à travers de bruyants écarts de conduite.
Et nous-même, bien qu’il ne se soit pas confessé à nous, il nous semble que nous saisissions le rapport, et qu’à travers tant de contrastes nous puissions aussi dénoncer les humaines ressemblances.
Il faut que, toutes les deux ou trois secondes, la pensée revienne faire acte de présence à un coin marqué, jaillir à travers un nœud étroit et fixe, rebondir sur une espèce de raquette inflexible et sonore : elle est à cent lieues, au bout du monde, dans le ciel ; n’importe, il faut qu’elle revienne et qu’elle touche à point.
Outre qu’il ne discernait pas alors le côté sensé, pur et légitime de l’opposition libérale, et lui faisait injure sur ce point, il lui faisait trop d’honneur sur un autre, en lui imputant une portée philosophique, une conception analogue à celle du dernier siècle ; chez elle encore, il aurait pu apercevoir justement, même à travers les quolibets antijésuitiques (malheureusement utiles) du plus populaire de ses journaux, une nuance un peu crue, parfois un peu sale, une variété épaisse et grossière de l’indifférence.
Parallélisme de la révolution anglaise avec la nôtre dans ses différentes phases et dans son mode de conclusion, c’est là précisément la thèse que M ignet soutiendra plus tard dans la polémique du National ; il y préluda dès le premier jour, aussi bien qu’à cette histoire de la Réformation qu’il devait développer et mûrir à travers tant d’autres études diverses, et qui promet d’être son œuvre définitive.
Dans ses meilleurs et ses plus poétiques moments, Mme Des Houlières a fait de jolis airs : c’est ainsi qu’elle appelle un simple couplet, une idée tendre, fugitive, un sentiment rapide qui nous arrive comme à travers un son de vieux luth ou de clavecin.
C’est sans doute un triste effort que de transporter son intérêt, de reposer son attente, à travers l’avenir, sur nos successeurs, sur les étrangers bien loin de nous, sur les inconnus, sur tous les hommes enfin dont le souvenir et l’image ne peuvent se retracer à notre esprit.
Formées par un lent et délicat tissage, à travers un long appareil de signes, parmi les tiraillements de l’orgueil, de l’enthousiasme et de l’entêtement dogmatique, combien de chances pour que, dans la meilleure tête, ces idées correspondent mal aux choses !
« Le lendemain, toute la compagnie, après l’accomplissement des devoirs religieux, se rendit, à travers les bois, sur le sommet d’une colline, et arriva bientôt dans un lieu solitaire, où les branches étendues d’un hêtre touffu ombrageaient une source d’eau transparente.
A travers beaucoup de prolixité et de fadeurs, à travers ses interminables énumérations d’arbres et de plantes, et le monotone défilé de ses dames toutes si parfaitement belles et blondes et généreuses qu’on ne saurait les distinguer, il y a dans Guillaume de Lorris quelque chose de plus que dans Chrétien de Troyes.
Sur la scène vaste, large de 30 à 50 mètres, tous les lieux à travers lesquels se transportera successivement l’action sont figurés simultanément : figurés en abrégé ou en raccourci, bien entendu, et comme par échantillons ou symboles.
Lisez la sublime demi-page sur la mort de Louvois : ce pathétique n’est pas un épanchement irrésistible de tendresse ou de sympathie sur les choses ; il naît du saisissement de lire à travers certaines formes de la réalité vivante les vérités métaphysiques devant lesquelles sa raison frissonne.
Sarcey à son enveloppe mortelle, et vous voyez son style à travers sa physiologie.
En vue qu’une attirance supérieure comme d’un vide, nous avons droit, le tirant de nous par de l’ennui à l’égard des choses si elles s’établissaient solides et prépondérantes — éperdument les détache jusqu’à s’en remplir et aussi les douer de resplendissement, à travers l’espace vacant, en des fêtes à volonté et solitaires.
« Le poison filtre à travers son écorce, en gouttes fondues par l’ardeur du midi ; le soir, il se fige en gomme épaisse et transparente.
Mais les esprits lourds, qui ne voient pas ces nuances, vont tout droit à travers marais et fondrières.
Les gens éclairés ne peuvent en avoir été dupes : à travers les artifices de la malignité, ils savent démêler le mensonge, & repoussent, comme par instinct, les fausses impressions qu’on voudroit leur donner.
Platon, le divin Platon, n’a été distingué par ce surnom des autres Philosophes, que parce qu’il avoit vu de loin, comme à travers un nuage, quelques-unes de ces vérités, que l’Evangile devoit nous développer d’une façon si lumineuse.
Elle a lutté, elle a résisté, mais la duègne qui l’hébergeait a cru voir, à travers ses lunettes troubles, que ce gentleman était son amant.
L’ennui se glisse à travers les conversations qui l’encombrent.
Il y alla ; « toutes les danseuses furent enchantées de lui », et il ne perdit pas l’occasion, à travers toutes ces gaietés, de s’entretenir plus particulièrement et plus sérieusement avec Mme de Monnier.
Ici, comme dans La Tentation, Flaubert a fait une double application du mode de vision à travers lequel il perçoit les réalités de tout ordre.
Les gestes royaux, les tapages guerriers, les couronnements, mariages, baptêmes et deuils princiers, les supplices et fêtes, les beautés d’un seul écrasant tous, le triomphe d’être né roi, les prouesses de l’épée et de la hache, les grands empires, les gros impôts, les tours que joue le hasard au hasard, l’univers ayant pour loi les aventures de la première tête venue, pourvu qu’elle soit couronnée ; la destinée d’un siècle changée par le coup de lance d’un étourdi à travers le crâne d’un imbécile ; la majestueuse fistule à l’anus de Louis XIV ; les graves paroles de l’empereur Mathias moribond à son médecin essayant une dernière fois de lui tâter le pouls sous sa couverture et se trompant : erras, amice, hoc est membrum nostrum impériale sacrocœsareum’ ; la danse aux castagnettes du cardinal de Richelieu déguisé en berger devant la reine de France dans la petite maison de la rue de Gaillon ; Hildebrand complété par Cisneros ; les petits chiens de Henri III, les divers Potemkins de Catherine II, Orloff ici, Godoy là, etc., une grande tragédie avec une petite intrigue ; telle était l’histoire jusqu’à nos jours, n’allant que du trône à l’autel, prêtant une oreille à Dangeau et l’autre à dom Calmet, béate et non sévère, ne comprenant pas les vrais passages d’un âge à l’autre, incapable de distinguer les crises climatériques de la civilisation, et faisant monter le genre humain par des échelons de dates niaises, docte en puérilités, ignorante du droit, de la justice et de la vérité, et beaucoup plus modelée sur Le Ragois que sur Tacite.
Sans doute, c’est une grande présomption en faveur de la justice d’une révolution, que de la voir grandir et se développer à travers les temps et les lieux, sans rencontrer jamais d’obstacles invincibles, et tournant au contraire les obstacles en moyens.
À travers tout leur esprit, on sent le vide de la doctrine : on comprend que, sur ce qui nous touche le plus, ces hommes n’ont rien à nous apprendre ; et le bon sens du public reste indifférent pour eux, comme ils le sont eux-mêmes pour les intérêts les plus chers de l’humanité.
— Et il faut reconnaître que souvent la même dignité suit l’homme à travers les cercles les plus variés, et qu’ainsi, changeant de groupe, on peut dire qu’il ne change pas de classe.
Le fil d’Ariane est l’art de la navigation, qui conduit Thésée à travers le labyrinthe des îles de la mer Égée.
C’est une joie, et c’est aussi un attendrissement, de se sentir encore, à travers vingt-trois siècles écoulés, en communion avec les plus chers et les plus respectés de nos ancêtres intellectuels. […] Et comme nous espérons retrouver, sur ces planches étroites, sous cette lumière artificielle, à travers cette traduction d’un lettré consciencieux, quelque chose de tout cela, nous l’y retrouvons en effet. […] par quelle progression d’inquiétudes, de lumières douteuses pour lui seul, et à travers quels étonnements, quelles révoltes et quelles colères, arrivera-t-il à la solution de ce problème qui l’attire et l’épouvante ? […] La vieille l’aperçoit, la rejoint, l’empoigne par ses cheveux défaits, la traîne à travers le pont. […] Ils étaient heureux, chantant comme les oiseaux, s’aimant comme eux, et gardant à travers cette vie factice du théâtre, cette parade et ce jeu perpétuels, le trésor secret d’une affection profonde et unique.
Mais, renseignements pris, j’en avais pour trois quarts d’heure à peine d’une marche facile, à travers les bois. […] En ce temps-là, toujours flairant, toujours en quête, se glissant partout où s’entasse le bric-à-brac, courant avec l’agilité silencieuse et prudente d’un chat à travers les piles de vieille vaisselle, il notait, notait, notait. […] Il lui dit : « Si tu crains de te jeter à travers les flammes dans l’inconnu, sache que je ne t’en aimerai pas moins et que, peut-être, je t’en aimerai davantage pour avoir été docile à la nature. » Madame Charles, au contraire, a-t-elle donc perdu tout son charme pour avoir été docile à l’amour ? […] Teodor de Wyzewa vient d’ajouter un livret à la collection de ces évangiles apocryphes, que l’Église a rejetés, mais dont les âmes pieuses respirèrent, à travers les siècles, la poésie parfumée. […] Marcel Schwob ne sont pas moins tragiques, et il en est tels à travers lesquels luisent des regards qui font frissonner.
À travers tout Platon il y a lieu de prendre garde à l’ironie, au paradoxe gai, aux jeux d’une imagination qui s’amuse. […] Mais il faut bien remarquer que l’amour, que quelques poètes disent aveugle, est un éternel chercheur et est en quête de la beauté à travers les imperfections, trop certaines, de la race humaine. […] En tout cas, c’est tout Platon, et c’est là que d’instinct, à travers tous ses méandres, il revient toujours. […] Il croit boire la vie et il la fait passer à travers lui, pour ainsi parler, sans la sentir. […] Sa promenade, en apparence nonchalante, à travers les différentes formes de gouvernement, était secrètement dirigée par cette idée maîtresse et l’on pourrait dire par cette idée tyrannique.
C’est un témoin, mais pas de ceux qui, ayant leurs préjugés ou leurs passions, voient les choses à travers ces passions et ces préjugés. […] Bourget travaillant dans les infiniment petits, se pencher sur son épaule pour essayer de voir à travers sa loupe, c’est un plaisir qui ne va pas sans quelque fatigue. […] Le cadre, le décor, les détails extérieurs, les accessoires sont indiqués sans doute, car le drame a pour théâtre le monde réel ; mais tout cela a été vu à travers la passion qui le transfigure. […] Dans ce cadre et ce décor vus à travers la passion du moment et peints surtout par l’impression qu’ils font sur l’âme du héros, les personnages qui l’entourent vivent moins de leur vie propre que de celle qu’il leur communique. […] À peine un rayon de soleil, et encore à travers la brume, dans l’exposition.
Un jour, vers la fin du mois d’avril, Fritz Kobus s’était levé de grand matin, pour ouvrir ses fenêtres sur la place des Acacias, puis il s’était recouché dans son lit bien chaud, la couverture autour des épaules, le duvet sur les jambes, et regardait la lumière rouge à travers ses paupières, en bâillant avec une véritable satisfaction. […] » Alors tous ces gens qui pleuraient se mirent à rire, et la petite Sûzel, souriant à travers ses larmes, cacha sa jolie figure dans le sein de Kobus.
La rivière qui coule devant ma porte passe en ligne droite à travers les bois, en sorte qu’elle me présente un long canal ombragé d’arbres de toutes sortes de feuillages: il y a des tatamaques, des bois d’ébène, et de ceux qu’on appelle ici bois de pomme, bois d’olive et bois de cannelle ; des bosquets de palmistes élèvent çà et là leurs colonnes nues, et longues de plus de cent pieds, surmontées à leurs sommets d’un bouquet de palmes, et paraissent au-dessus des autres arbres comme une forêt plantée sur une autre forêt. […] La rivière qui coule en bouillonnant sur un lit de roche, à travers les arbres, réfléchit çà et là dans ses eaux limpides leurs masses vénérables de verdure et d’ombre, ainsi que les jeux de leurs heureux habitants: à mille pas de là, elle se précipite de différents étages de rocher, et forme, à sa chute, une nappe d’eau unie comme le cristal, qui se brise, en tombant, en bouillons d’écume.
Il me dit qu’il a l’habitude de sortir à quatre heures, et me donne rendez-vous pour une de ces promenades péripatéticiennes à la Poussin, à travers la vieille Rome. […] Il hèle, à travers les champs, une vache : « Superbe, la vache de Fénelon !
Le voyez-vous, comme un pâle fantôme, À travers ces barreaux épais ? […] Elle n’était ni tout à fait sincère, ni tout à fait complaisante ; elle n’était qu’une boutade philosophique à travers l’infini des idées, un coup de plume qui cherche aventure dans l’inconnu.
Pour découvrir les degrés primitifs de transition à travers lesquels cet organe a passé, il nous faudrait rechercher les formes ancestrales les plus anciennes qui se sont éteintes depuis longtemps. […] Dans une classe d’êtres qui ont vécu depuis les temps géologiques les plus anciens, qui, par conséquent, ont varié en sens divers et souffert beaucoup d’extinctions et plusieurs renouvellements complets à travers la série des âges, les groupes doivent nécessairement se montrer reliés les uns aux autres par des affinités tortueuses et inexplicables pour nos moyens actuels d’observation.
Il voyageait à travers l’Allemagne, visitait les bords du Rhin, les Alpes de Bavière, le château de Louis II, et les cathédrales. […] À travers toutes les aventures sentimentales et toutes les inquiétudes métaphysiques, M.
De mon jardin, à travers la grille, j’aperçois deux casques dorés s’arrêter devant ma maison, et en la regardant, un moment hacher de la paille… ils passent. […] Il me semble entendre, à travers mes rideaux hermétiquement fermés, une rumeur lointaine. […] C’est toute la nuit, dans les ténèbres que font les arbres, sous un ciel sans lune, dans l’apparence trouble des paysages endormis, à la marge d’une eau à peine distincte de la terre, une promenade aventureuse et tâtonnante, à travers les saules et les troncs d’arbres contre lesquels on butte, au milieu de fossés ou l’on dégringole, — soutenus dans notre fatigue, par la passion de la pêche et l’attrait de la contravention. […] L’on va sans but à travers le parc, dans une promenade qui conduit à la fin sous un plein soleil, à la ferme, où l’on cause de la Commune.
Sa clarté, sa vivacité, sa curiosité se sont répandues à travers des œuvres dont on devine la variété. […] Nous serpentions dans un chenal étroit à travers des terres demi-noyées et faites d’herbes pourries, d’où se levaient de grands oiseaux. […] Il y entra comme un de ces énergumènes qui, vomis du désert, affublés d’un vieux sac, ceints de poil de chameau et la tête souillée de cendres, promenaient leurs mélancoliques hurlements à travers les rues de Sion : s’arrachant les cheveux, déchirant leurs haillons et mêlant leur pain à l’ordure, ils salissaient chaque passant de leur haine et de leur mépris. […] On connaît des personnes qui ne peuvent pas plus endurer la lecture de Michelet qu’un passage d’effluves électriques à travers leur corps.
Voyageur à travers les théories littéraires, écolier qui fuyait l’éducation classique la plus impitoyablement sévère, la plus banalement universitaire, j’ai jeté l’ancre, sans céder aux attirances de la sirène romantique, près des rivages du Naturalisme, épris de cette floraison superbe, qui va de la force de Zola au nervosisme des Goncourt, de la grâce de Daudet à l’étrangeté d’Huysmans. […] Quelques instants plus tard, à travers les sapins et les pins rouges, nous gagnons le pont d’Espagne. […] À l’heure que le félibrige est en pleine maturité et que la Cause, à travers les erreurs et les utopies de quelques-uns, conserve son ardeur et sa floraison superbes, nous n’avons point cru inutile de montrer le point de départ modeste de cette croisade, en faveur du provençalisme, qui n’est ni une tentative anti-française, ni une tentative anti-religieuse. […] Le long des gradins où des fredons couraient tout à l’heure en vols d’abeilles, la foule électrisée marquait la mesure avec les bras, avec la tête, suivait ce rythme superbe qui passait comme un coup de mistral dans le grand silence des arènes, traversé seulement par le sifflement éperdu des hirondelles tournoyant en tout sens, là-haut, dans l’azur verdissant, inquiètes et ravies, comme si elles cherchaient à travers l’espace quel invisible oiseau décochait ces notes aiguës. […] Ceci seul nous explique toute une partie du livre, celle qu’un de nos ami45 jugeait ainsi lors de son apparition : « On sent dans cette œuvre la parfaite honnêteté de celui qui l’a écrite, — et cela même à travers la fausseté et le fanatisme de certaines appréciations.
Maître Figaro, abîmé de dettes et léger d’argent, mais propre à tout, capable de tout, convaincu que l’utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, s’équipe en un jour de sublime audace, de sa simple trousse de barbier, et, son bagage en sautoir, le voilà parti tout courant à travers l’Angleterre, la Hollande, l’Allemagne et l’Autriche. […] Les deux petits, sentant à travers un mystère Le deuil planer sur eux, s’obstinent à se taire. […] Victor de Laprade : Fais circuler, toujours, à travers ma pensée, L’air pur de la montagne et sa vertu sensée, Et la salubre odeur des pins de nos sommets Qui suscite la vie et n’enivre jamais. […] Ignore, et, doux lutteur, à travers ce réseau De nuée et de vent qui flotte dans l’espace, Il vole, il a son but, il veut, il cherche, il passe. […] Guizot, avec cette raison qui offense les fanatismes, avec cette largeur d’esprit que les sectes ne pardonnent pas, admire, à travers ses erreurs, ses folies et ses crimes, le magnifique essor de l’Église catholique au moyen âge et sait être sensible aux manifestations de la piété la plus aveugle et la plus ignorante.
Or voici, aussi fidèlement résumé que possible, le tableau du monde en 1992 : Plus de guerres, grâce aux progrès scientifiques rendant la guerre si meurtrière qu’elle sera impossible, — ou guerres très rares, mais dans lesquelles un grand peuple sera entièrement détruit en trois semaines ; — essai d’arbitrage international ; — l’Europe républicaine tout entière, sauf la Russie, et peut-être aussi l’Angleterre, continuant par amour propre national à faire semblant d’être une monarchie ; — grandes nations démocratiques, avec système parlementaire, institutions socialistes, et gouvernements, assez pratiques, mais peu honorables et peu estimés, de politiciens ; — plus de capitalistes, la diminution progressive du taux de l’intérêt et parallèlement le renchérissement progressif de toutes denrées faisant fondre un million aux mains d’un oisif en une dizaine d’années ; — peu de grandes fortunes particulières même aux mains des grands travailleurs intelligents, toute entreprise, pour réussir, devant être immense et ne pouvant être menée que par une société, non par un homme, et le Boucicaut de ce temps-là n’étant plus qu’un petit boutiquier de coin de rue écrasé par la concurrence des grands magasins ; — quasi-égalité des fortunes, c’est-à-dire tout le monde pauvre ; — immenses facilités de communications effaçant peu à peu toute personnalité nationale ; — immense diffusion de l’instruction primaire et du journal à un sou ; disparition progressive de l’in-quarto, de l’in-octavo, et vers 1990 du livre lui-même, sous quelque forme que ce soit ; par exception, maintien probable des almanachs ; — désertion des campagnes, cultivées très facilement par les machines et demandant infiniment peu de bras ; accumulation dans les capitales et les grandes villes, à Londres vingt millions, à Paris huit millions, à Berlin sept millions d’artisans, à travers lesquels circuleront quelques employés du gouvernement ; — presque plus de religion ; une morale humanitaire un peu vague et très peu rigoureuse ; — progrès immense de la chirurgie, de la médecine et de l’hygiène ; — alcoolisme généralisé, à moins qu’on ne prenne des moyens féroces de répression ; — folie de plus en plus généralisée ; — suicides tellement communs, que, surtout étant donnés les progrès de la médecine, ce sera la manière la plus usitée de mourir. […] C’est — puisqu’il s’agit de ridiculiser, n’est-ce pas ; acceptons un instant ce parti pris — c’est la monomanie pindarique, c’est l’hiérophantisme qu’il fallait prendre comme étant le germe primitif, et puis ensuite on pouvait en montrer le développement, l’évolution continue à travers toute la carrière du tribun. […] On sait assez combien ce vaste et minutieux plan, admirablement suivi à travers tous les obstacles, atteignit son but dernier, la réduction de la France au rang de puissance de second ordre.
Les murailles sont couvertes de ternes bariolages qui témoignent, non de l’ignorance et de l’inexpérience de la jeunesse, mais d’une persévérante imitation et d’une impuissance grotesque combattue pendant de longues années, Dieu sait à travers quelles privations. […] Mademoiselle Royer a insisté à plusieurs reprises sur les lignes parallèles suivies à travers les siècles par le génie féminin et le génie masculin, et elle est trop savante pour ignorer que des lignes parallèles ne peuvent jamais se rencontrer, même dans une chaire de professeur. […] Est-il besoin d’être un clairvoyant pour lire ces livres-là à travers leurs pages fermées ? […] à voir mener ainsi à grandes guides notre belle langue française à travers cette longue période, sans verser ni accrocher, ni même en donner un instant la peur au lecteur ; et ne faut-il pas être un conducteur bien sûr de soi pour se permettre de donner ainsi carrière à sa plume ? […] Quand une fois une femme s’est décidée à se faire ce qu’elle aurait voulu être, elle poursuit résolument son idéal de beauté à travers tous les obstacles de la nature, et souvent par les chemins qui y conduisent le moins.
Je voyage donc à pied et à travers champs. […] L’esprit humain ne joue pas impunément avec ces perpétuelles ironies ; elles finissent par se loger au cœur même et comme dans la mœlle du talent, elles soufflent froid jusqu’à travers ses meilleures inspirations. […] Il était temps, on le voit, que la politique vînt jeter quelque variété et quelque ressource, susciter un but, même factice, à travers ces misères obscures où il se consumait.
à peine a-t-il promené sa mélancolie à travers les tombes ouvertes ou fermées, soudain sa gaieté lui revient à fouler ces ossements épars. […] Vous riez, Monseigneur l’inflexible, vous chantez ; vous trompez des duchesses, vous trahissez de pauvres innocentes qui n’en peuvent mais ; vous allez d’Elvire à Mathurine, c’est très bien fait ; mais à travers toutes ces gaietés funèbres, je comprends le vide et la tristesse de votre cœur, où la plainte se mêle au bruit des baisers ; dans vos folies je vois la ruine de votre maison ; M. […] Mademoiselle de La Vallière avait chanté les louanges de l’Été, il est vrai que le roi représentait Cérès, Flava Ceres, la tête couronnée d’une couronne d’épis d’or ; Molière était changé en vieux berger maussade et grognon, Lulli lui-même était le chef des moissonneurs, il menait la bande heureuse à travers ces moissons enchantées, pendant que les Nymphes des chœurs, armées de faucilles et parées de bluets, mademoiselle de Comminges, mademoiselle de Lamothe-Houdancourt, mademoiselle de Salmes et mademoiselle de Laval (une Montmorency !)
Au contraire, ceux qui sont doués passent à travers les jalousies, les haines et les diffamations, comme Murat passait au milieu d’un régiment qui tirait sur lui, sans être atteint. […] Les éternels bourgeois qu’il a immortalisés de son crayon et qui vivront à travers les siècles dans toute leur laideur moderne s’écrient en regardant un tableau de M. […] On aura beau dire et beau faire, il y a dans la vie des paysans, les plus retors et les plus compliqués de tous les mortels, des choses qui ne peuvent pas plus s’apercevoir à travers les vitres d’un château que s’écrire sur la table d’un boudoir.
Ce qu’il avait appelé si longtemps sa bonne étoile ne lui apparaissait plus qu’à travers les orages.
Le goût des voyages lui avait passé ; il s’était attelé à cette longue et interminable entreprise de l’Histoire des Français, qu’il devait mener jusqu’au vingt-neuvième volume sans la finir ; il trouvait encore, à travers cela, le moyen de plaider pour une économie politique moins hâtive que celle qui a prévalu, pour une science moins avide de résultats généraux et de satisfactions théoriques et plus soucieuse des individus, plus compatissante pour les générations qui vivent et qu’on ne supprime pas en un clin d’œil.
Ce sont de vieux portraits de famille qui se décrochent, descendent du grenier avec leurs toiles d’araignée et se mettent à parler à tort et à travers.
On a remarqué souvent combien la beauté humaine de son cœur se déclare énergiquement à travers la science inexorable de son esprit : « Il faut des saisies de terre, des enlèvements de meubles, des prisons et des supplices, je l’avoue ; mais, justice, lois et besoins à part, ce m’est une chose toujours nouvelle de contempler avec quelle férocité les hommes traitent les autres hommes. » Que de réformes, poursuivies depuis lors et non encore menées à fin, contient cette parole !
Il semble même qu’il y ait un commencement d’incendie ; car les cheminées ronflent rudement, et une clarté rouge jaillit à travers les vitres. — « Non, disent les gens d’en haut, ils n’auraient garde de mettre le feu à la maison, ils y habitent comme nous.
. — On ne peut donc pas assigner de limites à ces renaissances, et l’on est forcé d’accorder à toute sensation, si rapide, si peu importante, si effacée qu’elle soit, une aptitude indéfinie à renaître, sans mutilation ni perte, même à une distance énorme, comme une vibration de l’éther qui, partie du soleil, se transmet à travers des millions de lieues jusqu’à nos appareils d’optique, avec son spectre spécial et ses raies propres, la même au point de départ et au point d’arrivée, intacte et capable, par sa conservation exacte, de manifester à l’instrument qui la reçoit le foyer qui l’émet.
À ce moment, qu’un léger attouchement m’éveille, les images se défont ; les sons imaginaires perdent leur timbre et leur netteté ; les couleurs pâlissent, les contours deviennent vagues, et le travail hallucinatoire est enrayé en proportion ; les paysages, les maisons, les figures que l’on rêvait ne sont plus qu’entrevus et à travers un brouillard ; ils semblent perdre leur solidité et leur consistance. — Jusqu’ici, rien d’étrange.
Plaisir léger, volage, fugitif, qu’accompagnent mille tourments, à travers l’éclat trompeur dont tu nous éblouis, tu caches des maux cruels, et ta riche et brillante parure couvre des monstres hideux.
Sous les noms héroïques, à travers les infortunes et les crimes extraordinaires, c’est la simple, générale, humaine vérité que Racine veut montrer : outre la politique, cela exclut l’intrigue romanesque, les moyens compliqués ou surprenants.
Le moi si haïssable de Pascal, il l’a d’abord vu dans Montaigne, à travers toutes ses adresses pour le rendre agréable.
Offusqué d’abord de son éclat, il l’avait été ensuite de la liberté généreuse dont le loue Descartes, et qui perçait à travers ses laborieuses flatteries.
De même que Bossuet trouvait dans sa croyance passionnée à la tradition de l’Église, la sagacité historique qui en aperçoit l’enchaînement sous la mobilité et sous les contradictions des grands corps qui la perpétuent, le sens du moraliste qui découvre au fond des cœurs les causes de la longue obéissance des peuples, l’intelligence qui comprend les grands orthodoxes, et je ne sais quelle amitié, à travers les siècles, qui fait de lui leur frère d’armes dans leurs luttes théologiques ; de même la prévention de Saint-Simon pour une monarchie absolue appuyée sur la noblesse, lui inspira une pénétration impitoyable pour découvrir les vices de la monarchie absolue remplaçant par des roturiers la noblesse disgraciée.
À moins que mes dernières années ne me réservent des peines bien cruelles, je n’aurai, en disant adieu à la vie qu’à remercier la cause de tout bien de la charmante promenade qu’il m’a été donné d’accomplir à travers la réalité.
Pas de combats avec les éléments, comme dans le Hollandais Volant, ni de grands cris de passion, comme dans Tannhaeuser ; sur le tout et à travers toutes les situations plane une douce et rêveuse mélancolie.
Nous allons donc courir à travers cette histoire, laissant l’érudition pour les idées, celles surtout qui sont du domaine de la psychologie.
Tout le reste est, sinon accidentel, du moins préliminaire ou extérieur ; tant qu’on n’a pas essayé de montrer comment se sent la ressemblance à travers le temps, on n’a fait que tourner autour de la mémoire et en analyser les rouages les plus visibles, sans pénétrer jusqu’au grand ressort.
Il est trop évident qu’ils ont un intérêt majeur à nier ces différences, afin de jouir immédiatement et d’une manière intégrale d’une civilisation qui n’a pourtant été créée, à travers le cours des siècles, que par un long effort commun.
. — Un oiseau qui chante par intermittences et de petites notes d’harmonie claire tombant, comme goutte à goutte, de son bec ; l’herbe pleine de fleurs et de bourdons au dos doré, et de papillons blancs et de papillons bruns ; — les hautes tiges hochant la tête sous la brise qui les courbe ; — des rayons de soleil allongés et couchés en travers du dessous de bois ; — un lierre qui enserre un chêne, pareil aux ficelles de Lilliput autour de Gulliver, et entre ses feuilles du ciel blanc, que l’on voit comme à travers des piqûres d’épingles ; — cinq coups de cloche, apportant au-dessus du fourré, l’heure des hommes et la laissant tomber sur la terre verte de mousse ; — dans la feuillée bavarde, des cris d’oiseaux, des moucherons volant et sifflant tout autour de moi ; — le bois plein d’une âme murmurante et bourdonnante ; — le ciel mollement éclairé d’un soleil dormant… Et tout cela m’ennuie comme une description.
Sa voix si douce, à travers le bruit des armes ; sa forme délicate, au milieu de ces hommes tout couverts de fer ; la pureté de son âme, opposée à leurs calculs avides ; son calme céleste qui contraste avec leurs agitations, remplissent le spectateur d’une émotion constante et mélancolique, telle que ne la fait ressentir nulle tragédie ordinaire.
Causeur charmant, aimable jusqu’à l’âge, vous le voyez, de soixante-cinq ou six ans, parlant de toute chose, laissant aller son imagination et sa douce fantaisie à travers tous les sujets, papillon non seulement du Parnasse, mais en quelque sorte de l’univers, aimant la discussion, et puis enfin, peut-être un peu brusquement s’échappant, mon Dieu, parce qu’il peut en avoir assez de la société dans laquelle il est, ou plutôt, et j’en suis sûr, plutôt parce qu’une pensée particulièrement chère lui est venue, une pensée favorite, en quelque sorte, qu’il veut suivre dans cette solitude si féconde qu’il aime tant.
Les faits y sont regardés à travers le bandeau des sentiments, et ce bandeau-là tombe jusque sur le talent et il en éteint la lumière.
Eh bien, ce peintre si coupable que fut Michelet dans son livre de l’Amour, ce peintre qu’on avait la faiblesse d’aimer quand il aurait fallu la force de le maudire, c’est lui qu’on cherche presque en vain, dans son autre livre de la Femme, à travers ces idées connues, si fausses et si vides, qui, elles !
À travers ses souffrances, l’Italie, de toute part enrichie par le commerce, s’embellissait, s’éclairait, retrouvait çà et là quelque liberté, mais non l’unité ni l’indépendance.
Je vois encore ses mains et les poils de ses phalanges, un peu roux et qu’à travers la croisée dorait le soleil. […] Les pays ne sont que ce qu’il est… » Voyage à travers les pays ou voyage à travers les livres et les pensées. […] — À travers toutes les existences ? — À travers toutes ! […] Par instants, il clôt les yeux et il semble dormir : à travers sa barbe, on voit ses lèvres remuer.
Comme Quintilien, il conduit son disciple par la main à travers des sentiers riants et ornés, dans les beaux champs de l’éloquence, ouverts à l’orateur. […] Mais vous reconnaîtrez encore qu’à travers ses divagations éclatait une véhémence parfois entraînante ; et nous retirerons de l’or précieux en fouillant cette mine où son désordre l’a enfoui sous l’amas de tant de matériaux étrangers. […] Il n’a pas gravi les degrés escarpés et presque inaccessibles du Parnasse ; il mène le poète, comme Quintilien conduit l’orateur, à travers les vallons agréables et les fontaines, sources éternelles de l’innocente ivresse des muses. […] À travers les extravagances du plus étrange canevas, et malgré le style le plus trivial, un fond satirique très remarquable brille dans cette grande parade. […] Les actions qui s’y sont passées ne nous sont transmises qu’à travers des voiles épais, et le temps change les couleurs des choses ainsi que l’espace nuance les aspects offerts en perspective.
S’il m’arrive quelque louange, ce n’est qu’à travers des satyres en tout genre, & tel qui me loue devant moi, va s’amuser à mes dépens quand il m’aura quitté. […] Bon, me répliqua le comte de… à qui j’adressois la parole ; malgré leur déguisement & leur fard, elles n’ont jamais échappé à ma pénétration, & j’ai lu dans leur ame à travers les voiles dont elles se couvrent, toutes les petites ruses de leur esprit & de leur cœur… Ah ! […] Il suffit de s’ériger en juge, & de prononcer magistralement, soit à tort, soit à travers, pour avoir des approbateurs. […] Un livre se fait bien plus facilement, & se vend bien mieux, quand on se déchaîne à tort & à travers contre les gouvernemens. […] L’homme de goût observoit-il, s’éveille & s’enthousiasme aux beaux endroits, au lieu que celui qui n’en a pas, reste froid comme un marbre, ou s’avise de critiquer à torts & à travers…..
L’homme, malgré sa tendance au mensonge, a un grand respect pour ce qu’il appelle la vérité ; c’est que la vérité est son bâton de voyage à travers la vie, c’est que les lieux communs sont le pain de sa besace et le vin de sa gourde. […] Mais si les Anglais criaient le nom de sorcière, les Français taisaient le nom de magicienne, peut-être pour la même cause qui protégea si longtemps, à travers de si merveilleuses aventures, l’usurpateur Ta-Kiang, comme cela est raconté dans l’admirable Dragon impérial de Judith Gautier. […] La force a les droits de la force ; elle les outrepasse en jetant à travers le monde des aphorismes enveloppés de vertu comme des pièges cachés sous des feuilles mortes. […] je me suis assis, comme elle, au croisement des deux routes, et, ayant réfléchi, je résolus de ne suivre aucune des routes frayées, et de m’en aller à travers champs. […] Quoique plus vigoureux, mais aussi dénué de force expansive, l’espagnol subirait le même sort et son histoire se continuerait outre-mer, à travers les immensités de plus de la moitié d’un continent immense.
Je me trouve à côté de Clemenceau qui raconte des choses assez curieuses sur les paysans malades de sa province, et sur les consultations en plein air qu’on lui demande au milieu de ses pérégrinations à travers le département. […] Aujourd’hui, dans un pèlerinage à travers les boutiques de japonaiseries, j’ai l’idée de dédommager Vidal de sa déconvenue, en lui faisant faire une pièce de La Fille Élisa, sur un mode très chaste, et où un acte serait la mise en scène complète d’une condamnation à la cour d’assises, et où l’avocat, dans sa défense, raconterait toute la vie de l’accusée : une exposition tout à fait originale, et qui n’a point encore été tentée au théâtre.
Le génie oriental leur apparaissait, à travers l’Espagne et le christianisme. […] C’est là surtout que nous pouvons l’entrevoir, à travers le voile de la traduction et le reflet de l’imitation populaire. […] C’est l’esprit aventureux, mais intéressé des Normands, qui veulent, à travers les batailles et les coups d’épée, arriver à quelque chose de sûr et de profitable.
Ce n’est pas le problème du bien, c’est le problème du mal qui se promène graduellement à travers toutes les philosophies et qui permettrait presque (comme un réactif universel), de classer graduellement les philosophies d’après les positions qu’elles ont prises, d’après les situations graduées qu’elles occupent en présence de ce problème.) […] On ne disait pas que la liberté paraissait liée parce que soi-même on était passé, on s’était mis de l’autre côté du lien, et qu’ainsi on la voyait à travers le lien. […] On ne disait pas que l’inscription paraissait inscrite parce que soi-même on était passé de l’autre côté de l’inscrit et qu’ainsi on la voyait à travers l’inscrit. […] On ne disait pas que la vie était morte parce que soi-même on était passé de l’autre côté de la mort et qu’ainsi on la voyait, la vie, à travers la mort. […] — Il paraît toutefois acquis que le petit poucet marchait à travers bois et qu’il ne suivait point une route.
J’ai donc voulu, puisqu’il était question de la comédie et de ses alentours dans les chapitres de ce livre, raconter, par des exemples, les derniers moments de mademoiselle Mars ; j’ai voulu rattacher son souvenir au souvenir de toutes les œuvres qui l’entouraient, et conduire avec tant de soin cette barque funèbre, à travers tant d’écueils, ou pour mieux dire à travers tant de comédies oubliées, que tout parût s’arrêter un instant à la retraite et à la mort de mademoiselle Mars. […] N’avait-il pas passé à travers de plus terribles orages ? […] Misère intelligente et fière ; — à travers les haillons vous retrouvez facilement l’orgueil du grand seigneur, le drame et ses douleurs, la comédie et son rire. […] La libre allure de cette jeune fille élevée au milieu des pédants, l’ironie alerte et de bon goût de cette enfant obligée de se défendre contre les vices du bel-esprit si difficiles à saisir, et si dangereux, par cela même qu’ils ne sont pas tout à fait des vices ; ce petit grain de coquetterie dédaigneuse qui se fait jour à travers les folles prétentions de ces trois ou quatre pédantes sans esprit, sans sagesse et sans cœur ; — enfin les dangers courus par cette enfant, les obstacles apportés à cet amour légitime, le caractère ingénu de son père, cette vraie tendresse mêlée de faiblesse et d’enjouement, ce sont là autant de grands motifs pour que nous portions un vif intérêt à cette aimable héroïne d’un drame véritable. […] C’en est fait, notre jeune homme, maintenant qu’il est un sage, renonce à la poésie, au chant, à la musique ; il parle à tort et à travers ; il ne paie pas ses créanciers, c’est vrai, mais, par suite de la même philosophie, il ne veut pas rendre les respects qu’il doit à son père.
Ici, sa pensée s’échappe librement de son esprit ; là, son âme et sa tête s’échauffent de concert : il est indigné, il est violent, mais à travers les différents mouvements qui l’agitent, toujours vrai, toujours lui. […] C’est à travers des cicatrices que votre sang a recommencé de couler ! […] « Je me suis échappé à travers les décombres de ma maison ; j’ai trempé mes pieds dans les ruisseaux du sang de mes concitoyens égorgés ; j’ai vu ma patrie jetée dans l’esclavage ; mes filles m’ont été ravies ; au milieu du désastre général je ne sais ce qu’elles sont devenues ; mais qu’est-ce que cela me fait, à moi ? […] « Nous allons chercher à travers les flots un nouveau inonde à dévaster… » Le beau texte pour faire honneur aux Anciens des découvertes des modernes ! […] Vingt à vingt-cinq années de sa vie ont été consacrées à ébaucher l’histoire de la philosophie, et la description des arts mécaniques ; on a dessiné dans les ateliers et sous ses yeux trois à quatre mille planches à travers toutes sortes de persécutions et de dégoûts.
Là, mille fleurs sans nom, délices de l’abeille ; Là, des prés tout remplis de fraise et de groseille ; Des bouquets de cerise aux bras des cerisiers ; Des gazons pour tapis, pour buissons des rosiers ; Des châtaigniers en rond sous le coteau des aulnes ; Les sentiers du coteau mêlant leurs sables jaunes Au vert doux et touffu des endroits non frayés, Et grimpant au sommet le long des flancs rayés ; Aux plaines d’alentour, dans des foins, de vieux saules Plus qu’à demi noyés, et cachant leurs épaules Dans leurs cheveux pendants, comme on voit des nageurs ; De petits horizons nuancés de rougeurs ; De petits fonds riants, deux ou trois blancs villages Entrevus d’assez loin à travers des feuillages ; Oh !
À leur passage, le pauvre homme « est obligé de se jeter à tâtons le long d’un talus, pour se garantir des pieds et des éclaboussures de leurs chevaux, comme aussi des roues et peut-être du fouet d’un clocher insolent », puis « tout crotté, son chétif bâton d’une main et son chapeau, tel quel, de l’autre, de saluer humblement et rapidement, à travers la portière du char clos et doré, le hiérarque postiche ronflant sur la laine du troupeau que le pauvre curé va paissant et dont il ne lui laisse que la crotte et le suint ».
Avant le jour suivant, les deux pèlerins, à pas muets, font le tour du château pour découvrir la lueur mourante de la lampe de nuit, à travers les vitres, de leur hôte.
Le souverain des Romains, si peu de temps auparavant, le maître de l’univers, abandonnant le siège de sa puissance, sortait de l’empire, à travers son peuple, au milieu de sa capitale.
Ne serait-il pas possible de retrouver ce sens vrai de la Révolution française en remontant à son origine et à ses premiers organes, d’en dégager la juste signification des passions et des crimes à travers lesquels elle a perdu son caractère et son but, et de rappeler ainsi la France de 1840 à la philosophie sociale et politique dont elle fut l’apôtre et la victime pour devenir, quoi ?
Quand la nature a jeté ainsi le site et l’homme dans les yeux du spectateur, et que ces yeux ont eu le temps de bien regarder et de bien se figurer le personnage qui doit parler ou agir, elle le fait se mouvoir, elle le fait parler ou agir, elle le fait commettre des actes de vertu, de politique, ou des forfaits d’ambition à travers l’événement qui se déroule.
Le pressentiment du repos définitif se faisait place à travers les dernières fatigues du jour ; il jouissait à moitié de l’apaisement que sa politique, si conforme au génie de son maître, avait assuré à l’Europe.
Faustus et Stella délibèrent s’ils doivent le repeupler : ils communiqueraient leur omniscience à une humanité neuve et plus heureuse. « Non, dit la Mort : l’humanité défunte refuserait de revivre une vie exempte des tourments qui ont fait sa grandeur. » Et sur son aile, à travers les constellations, elle remporte les deux amants, parfaitement heureux désormais, puisque, s’ils n’ont pu accomplir le sacrifice, ils l’ont du moins tenté.
Et si la mort nous paraissait plus glacée, pour ainsi dire, chez lui, nous découvrions aussi plus manifestement en lui l’esprit immortel qui, à travers le tombeau, retrouvera la Vie.
Les prix ont tout pour eux, puisqu’ils tendent à diriger le public, et à marquer la gloire juste ; Et tout contre eux, puisqu’on les donne à tort et à travers ; puisque des Comités, dont la Littérature est l’impossible souci, partout se fondent, envahissent la place, etc.
Si quelques esprits restés fidèles à l’ancien type historique, et justement préoccupés de précision, de choix sévère entre le nécessaire et le superflu, de beauté soutenue du langage, ont pu croire par moments qu’ils lisaient moins une histoire qu’un vaste et éloquent rapport, ils sont d’accord avec les bons juges et la foule pour admirer cette facilité, cette lumière universelle qui, de l’esprit de l’écrivain, se répand sur tous les sujets qu’il traite, cette pénétration qu’aucune difficulté ne met en défaut, cette éloquence qui, même où elle surabonde, ne sent jamais l’amplification, cette veine de français des meilleurs temps de la langue, qui court à travers les négligences et les locutions vieillissantes de la langue politique138.
On ne se borne plus à constater une règle de grammaire : on en cherche patiemment la genèse à travers les âges ; on remonte à son origine, à son principe.
Dans un voyage que j’ai fait récemment, pour mon commerce, à travers les gouvernements de Cherson et d’Ekatérinoslaw, j’ai pu reprendre à leur source maintes de ces mélodies, chantées à une voix ou en chœur par de naïfs paysans peu lettrés.
Viennent maintenant les soldats du roi Marke, s’ouvrant passage à main armée à travers le manoir.
Il commence par une première partie sur l’origine et le développement de l’opéra, à travers Lulii, Scarlatti, Gluck et Meyerbeer.
Certes, cette farce macabre paraissait déjà bien invraisemblable, à travers le voile du récit : étalée sur la scène, elle semble impossible.
Maudsley, Huxley Taine, et Ribot vont jusqu’à dire que la conscience, qui reconnaît les idées conservées et se reconnaît elle-même à travers le temps, est un simple « accompagnement » des fonctions nerveuses ; aussi est-elle incapable de réagir sur elles, pas plus que l’ombre n’agit sur les pas du voyageur qu’elle escorte.
La loi qui lie indissolublement à la sensation le mouvement persiste jusque dans nos méditations les plus philosophiques ; seulement le drame devient intérieur et cérébral : au lieu de mouvoir nos jambes, nous accomplissons des promenades à travers les idées ; nous nous attachons aux unes et nous détournons des autres.
Ses regards se croisaient sur le bois qu’il dessinait… puis c’étaient des douleurs soudaines, comme si on lui tirait des coups de fusil à travers la tête.
Le fils aîné de Daudet avait entendu jeudi, à travers la porte, son père me dire qu’il avait envoyé des témoins à Delpit.
De haut en bas, du sublime au fantasque, dans tous les sujets et à travers toutes les émotions, il est celui qui ne peut exprimer une seule pensée en une seule phrase.
Enfin, Malc, pour délivrer la jeune dame de la torture que sa présence fait qu’elle endure (parce que le seigneur arabe veut absolument les marier ensemble), se sauve à travers beaucoup de périls.
, blasé, raffiné, corrompu comme nous le sommes tous plus ou moins, qui chante la campagne à travers les idées de Paris, et l’amour comme on le fait à Paris.
Il faut donc que je choisisse ; et, par le fait, j’ai choisi, puisque j’ai dit que c’était Paul qui était lancé à travers l’espace et que, par là même, j’ai immobilisé le système de Pierre en système de référence 56.
C’est abuser des procédés de la critique de provenance que de les appliquer, comme on l’a fait, pour le plaisir, à tort et à travers. […] Toute trouvaille procure une jouissance ; or, dans le domaine de l’érudition il y a d’innombrables trouvailles à faire, soit à fleur de terre, soit à travers de quadruples obstacles, pour ceux qui aiment et pour ceux qui n’aiment pas à jouer la difficulté. […] Quiconque, lisant un texte, n’est pas occupé exclusivement de le comprendre, arrive forcément à le lire à travers ses impressions134 ; dans le document il est frappé par les phrases ou les mots qui répondent à ses propres conceptions ou s’accordent avec l’idée a priori qu’il s’est formée des faits ; sans même s’en apercevoir, il détache ces phrases ou ces mots et en forme un texte imaginaire qu’il met à la place du texte réel de l’auteur135. […] Dans tous ces cas il faut, à travers le sens littéral, percer jusqu’au sens réel que l’auteur a dissimulé volontairement sous une forme inexacte. […] Mais pour nous ils ne sont plus que des phénomènes intellectuels, des faits vus « à travers l’imagination de l’auteur », ou, pour parler exactement, des images représentatives des impressions de l’auteur, des images que nous formons par analogie avec ses images.