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1274. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

L’abbé Goujet prétend que ces deux ou trois parties qui divisent communément un sermon, n’empêchent point d’en faire un tout régulier & bien suivi, d’approfondir les raisonnemens, de varier la matière.

1275. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Bersot : « Notre langue est bien française… elle mérite bien qu’on la recommande à ceux qui la parlent pour qu’ils l’aiment, la respectent et en soient fiers devant l’étranger… Elle est ce que l’écrivain la fait, ou plutôt elle est ce qu’il est, s’empreint de son génie et de sa passion ; elle est à la fois langue de Racine et de Corneille, de La Rochefoucauld et de La Fontaine, de Voltaire, de Rousseau, de Sévigné, de Fénelon, de Pascal, de Bossuet, ne résistant qu’à ceux qui risquent d’altérer sa clarté ou qui prétendent forcer son incomparable justesse.

1276. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Monsieur Calliachy Candiot, mort vers l’année 1708, professeur en belles lettres dans l’université de Padoüe, prétend que l’art des pantomimes fut plus ancien qu’Auguste, mais il prouve mal son opinion.

1277. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Il y a pourtant un certain nombre d’ouvrages qui, par les nécessités mêmes de leur genre, doivent échapper à toute bizarrerie, et ne prétendre qu’à la précision du titre.

1278. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Considérations préliminaires Je ne prétends m’ériger ni en censeur des gouvernements, ni en précepteur des peuples ; ma tâche, est, en quelque sorte, celle d’un historien sans affection et sans haine, comme s’exprime Tacite : je laisse aux habiles un soin qui est au-dessus de mes forces, celui de tirer les conséquences et de déduire les préceptes pratiques.

1279. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Le gardien du cap des tempêtes, le dieu du vertige au milieu des précipices des Alpes, le génie de Rome défendant le passage du Rubicon, sans doute sont de belles inventions d’une muse qui ne prétendait point à la croyance des peuples ; mais comment Voltaire a-t-il pu oser nous présenter le Fanatisme et la Politique ?

1280. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

On prétend que chez les Chinois, (la fiction ici vaut bien l’histoire) des livres remplis de maximes morales, politiques, économiques sont dans toutes les mains, & contribuent autant que les Loix à la tranquilité de l’État ; regardons ce trait comme un beau passage du Télémaque ; il seroit à désirer qu’il y eût en France, beaucoup plus avancée dans les arts que la Chine, de pareils livres pour la multitude. […] On prétend qu’une ville immense comme Paris a un besoin journalier de petites satyres pour repaître son inquiétude & son agitation perpétuelle ; & celui-là avoit bien raison, qui a dit le premier, qu’une bonne injure est toujours mieux reçue & retenue, qu’un bon raisonnement ; voilà la Théorie du Journalisme tracée en deux mots. […] Quand je vois une grande âme, je cherche, j’éxamine ; & je découvre bientôt un grand esprit : quand je vois, au contraire, un homme célèbre faire une bassesse, je relis ses ouvrages, je scrute ; & je crois m’appercevoir qu’il n’est point homme de génie ; car qu’importe d’illustrer ses talens, si l’on n’illustre sa personne ; & comment peut-on consentir à renoncer à l’estime(33), quand on prétend à la gloire ? […] Rien n’est plus faux que les déclamations par lesquelles on prétend prouver que l’homme ne se corrige pas. […] Or, malgré les éloges prodigués à ce prétendu style, il n’est point convenable à l’homme de Lettres, qui est par essence l’homme passionné, parce qu’il faut qu’il se pénètre, pour faire passer dans les autres les sentimens qu’il veut, ou plutôt qu’il doit leur donner.

1281. (1864) Le roman contemporain

Ce serait donc méconnaître l’évidence que de prétendre qu’on ne trouve pas dans les circonstances générales, au milieu desquelles une société chemine, l’explication de la faveur persévérante avec laquelle tels ou tels livres sont accueillis, et d’affirmer que ces livres n’exercent à leur tour aucune action. […] Pyat prétendait avoir un but, qui était de donner une sérénade à tous les épiciers du quartier, et il allait de boutique en boutique, chantant à pleine voix : Un épicier, c’est une rose… » Ces amusements d’étudiants de première année en goguette sont depuis longtemps connus. […] Je ne prétends pas dire que les lecteurs délicats se plaisent à ces sortes d’ouvrages qui leur causent à peu près l’épouvante qu’une émeute dans la rue cause aux hommes d’ordre. […] Je ne prétends pas dire qu’on ne l’ait pas aimé dans tous les siècles et qu’on ne l’aime point particulièrement dans le nôtre. […] Prétendre abolir la misère, c’est un rêve, un rêve dangereux, parce qu’en faisant luire aux yeux du misérable cette impossible utopie, on lui rend ses souffrances plus intolérables sans pouvoir l’en délivrer.

1282. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Le pouvoir de Robespierre déclinait ; on avait osé lui dire qu’il prétendait à la tyrannie, et l’on répétait tout bas que ceux qui voulaient sa perte avaient trouvé moyen de le mettre en évidence pendant la fête, de manière à compromettre sa popularité. […] Tant que son talent ne fit que poindre, il ne professa pas hautement les opinions singulières qu’il manifesta ensuite sur les arts et sur la manière dont il prétendait qu’on dût les pratiquer. […] Prenant à la lettre les conseils de ceux des primitifs qui, par paresse et par incapacité, prétendaient atteindre le plus haut but de l’art par l’effet seul d’une contemplation poétique des ouvrages de l’antiquité, S… dépassa bientôt, sans avoir rien appris, l’âge où l’on peut étudier avec fruit. […] Ce dernier prétendait que l’on devait s’appuyer des principes antiques, mais seulement pour les appliquer à tout ce qui se rattache au matériel de l’art, en se conformant d’ailleurs aux croyances, aux mœurs, aux usages et au costume que le temps avait irrévocablement établis chez les modernes. […] Il avait commencé par dire que la lumière artificielle était aussi favorable pour peindre que celle du jour, et il finit par prétendre qu’elle était meilleure.

1283. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

C’est la doctrine de saint Louis ; c’est celle des Gerson, des Pithou, des Talon, des d’Aguesseau, des Fleury ; c’est la charte de notre Eglise dans cet empire spirituel dont le pape est le chef ; c’est le christianisme approprié au génie de notre pays sans innovation et sans le moindre échec à l’unité catholique ; c’est la balance tenue d’une main ferme entre deux sectes célèbres, dont l’une voulait absorber le christianisme dans le Saint-Siège, dont l’autre prétendait l’en isoler jusqu’au schisme ; c’est la liberté conciliée avec une irréprochable orthodoxie127. […] Avant de se décider, Bossuet voulut soumettre le livre à l’approbation de certains prélats, et il en fit imprimer, pour faciliter l’examen, quelques exemplaires, « destinés, dit-il, à tenir lieu du manuscrit de l’auteur128. » Comparé à ces exemplaires, le texte rendu public offrait de légères différences qui « regardaient uniquement l’expression, la netteté du style. » La Bastide prétendit y voir autre chose, et, la passion aidant, il fit deux volumes pour prouver que ces différences de rédaction n’étaient rien moins que des contradictions de doctrine. […] Jurieu avait prétendu que la soumission des chrétiens aux Empereurs n’était qu’une conduite accommodée au temps et que leur commandait leur impuissance. […] Enfin, par une illusion non moins singulière, dans un livre où il prétendait se distinguer des quiétistes, Fénelon n’avait trouvé ni à blâmer, ni même à mentionner Molinos ; oublit qui pouvait être interprété tout au moins comme le manque d’une répugnance présente et forte.

1284. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Vicq d’Azyr prétendait que les singes ne sont pas éducables parce qu’on ne peut pas les rendre attentifs (ce qui est faux d’ailleurs). […] Sans prétendre énumérer les divers mobiles que l’artifice met en jeu pour faire naître et consolider l’attention volontaire, c’est-à-dire, encore une fois, pour donner au but à atteindre une puissance d’action qu’il n’a pas naturellement, je note dans la formation de l’attention volontaire trois périodes chronologiques. […] Elle paraît très analogue au procédé connu par lequel Galton, eu superposant plusieurs photographies, obtient le portrait composite d’une famille, c’est-à-dire l’accumulation des ressemblances et l’élimination des petites différences : mais prétendre, comme on l’a fait, que ce procédé explique la formation des idées générales, est une thèse insoutenable ; il n’en explique que le plus bas degré, ne pouvant agir que sur de grosses ressemblances  Ces images génériques renferment-elles un élément moteur ? […] Sans prétendre à rien qui ressemble à une classification systématique, nous essayerons de les grouper suivant un ordre rationnel.

1285. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Il n’étouffe pas sous l’érudition, comme on l’a prétendu, la vraie, la grande originalité, qui vient de Dieu, mais il confond la petite et la fausse, née d’une vanité impuissante. […] Je ne prétends pas que sans l’élément philosophique le siècle de Périclès soit incompréhensible ; mais il me semble qu’il doit maintenant vous paraître incontestable que la plus haute clarté lui vient des abstractions même de la philosophie. […] Si on prétend que la seule méthode historique légitime est la méthode expérimentale, il faut être fidèle à cette prétention, se servir exclusivement de la méthode expérimentale, ne la quitter jamais, n’admettre jamais une autre méthode qui nous conduise à notre insu, alors même qu’on croit et qu’on prétend n’être conduit que par l’expérience. […] Le genre humain est une grande autorité, sans doute ; mais il ne faut pas plus parler de l’autorité du genre humain que de toute autre, lorsqu’on ne prétend marcher qu’avec l’expérience. […] Quand on en est là, on est arrivé au dernier terme de l’idéalisme subjectif, comme la philosophie de la sensation en était arrivée à son dernier terme, quand elle osa prétendre que l’âme n’est que la collection de nos sensations.

1286. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Swedenborg prétendait que l’homme était composé de petits hommes ; chaque Anglais est une petite Angleterre. […] Comment donc prétend-il être plus sage que tout le troupeau de l’humanité jusqu’à lui ? […] Une foule d’honnêtes personnes se révoltent contre de telles théories, crient au fatalisme et au matérialisme, et prétendent qu’on veut attenter à leur liberté morale. […] Le fait est que les deux sociétés ne furent jamais mêlées aussi étroitement, et surtout qu’elles ne furent jamais mêlées d’aussi bonne heure qu’on le prétend. […] « Mon lieutenant prétend que vous lui avez dit que je vous autorisais à emprunter mon cheval.

1287. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Je n’ai garde, d’ailleurs, de prétendre que la littérature contemporaine relève sans exception de cette étude. […] L’ouvrage consacré à Joseph Delorme débute par une vie du prétendu auteur. […] Jay rétablissait la vérité sur Joseph Delorme d’après des renseignements fournis par un prétendu frère de celui-ci. […] En faisant la guerre à l’indifférence et à ses conséquences funestes, Lamennais n’échappe pas au danger qu’il prétend combattre. […] Je ne le prétends pas, et n’a-t-on pas déjà reconnu les influences avouées auxquelles obéissaient ces jeunes esprits ?

1288. (1930) Le roman français pp. 1-197

Fierté de pouvoir prétendre à tous les emplois. […] Il a prétendu, lui aussi, à l’écriture artiste : espèce d’imitation, article de bazar. […] Wells — en même temps qu’on prétendait assimiler celui-ci à Jules Verne, autre erreur aussi considérable et inexcusable. […] Proust a partout usé, ou prétendu user — j’ai dit que je ne pensais pas qu’il y soit toujours parvenu — des seuls souvenirs involontaires. […] Jamais les éditeurs n’ont publié autant d’ouvrages, dont beaucoup (cependant, si on y regarde de près, moins qu’on ne pourrait croire) sont, ou prétendent être des romans.

1289. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Ce fier artiste avait prétendu cacher sa vie privée. […] Pareillement, le critique qui prétend expliquer l’œuvre d’un artiste par de simples notations de vie privée, anéantit pour lui cette œuvre qui ne devient qu’un prétexte à ragots. […] Or, expliquer le monde, sans expliquer l’homme, est aussi faux que de prétendre, comme l’antique anthropomorphisme, expliquer le monde par l’homme. […] On a prétendu que le désir d’une plus large popularité l’avait égaré. […] Un philosophe paradoxal a bien prétendu découvrir une morale sans obligation ni sanction.

1290. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Le mariage, Agnès, n’est pas un badinage : À d’austères devoirs le rang de femme engage ; Et vous n’y montez pas, à ce que je prétends, Pour être libertine et prendre du bon temps. […] Un tel avis m’oblige ; et, loin de le mal prendre, J’en prétends reconnaître à l’instant la faveur Par un avis aussi qui touche votre honneur ; Et comme je vous vois vous montrer mon amie En m’apprenant les bruits que de moi l’on publie, Je veux suivre, à mon tour, un exemple si doux En vous avertissant de ce qu’on dit de vous. […] … Tartuffe, se démasquant tout à fait, prétend rester maître de la maison et des biens, en vertu du contrat de donation qu’il a obtenu de son ami Orgon.

1291. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Les grandes lignes du système de Bonald sont magistralement coordonnées ; les vues de détail par lesquelles il prétend les confirmer sont d’ordinaire inexactes ; elles sont souvent puériles quand elles portent sur la grammaire, l’étymologie, les rapports mystérieux des mots et des idées. Toujours préoccupé de vérités immuables, de principes sociaux éternels, Bonald n’a pas le sens du devenir ; il comprend mal la vie du langage ; de même, en psychologie, s’il observe parfois avec précision, il généralise trop vite, il néglige les nuances dès qu’il a trouvé l’antithèse où il se complaît à enfermer sa pensée ; la sécheresse, en psychologie, est toujours inexactitude ; il était difficile de reconnaître la vie de l’âme, cet être « ondoyant et divers », dans les formules concises où Bonald prétendait la résumer ; enfin et surtout, il avait à l’avance compromis son autorité comme psychologue par les conséquences démesurées qu’il avait cru pouvoir tirer d’une observation d’ailleurs bien faite. […] Ailleurs (Instr., VII, 16), Bossuet admet une « oraison passive » ; alors, dit-il, « Dieu tient l’école du cœur, où il se fait écouter en grande tranquillité et en grand silence » ; ce sont là des métaphores ; sauf que la quiétude remplace l’élan, Bossuet décrit toujours le même état ; il ne prétend pas qu’un discours de Dieu remplace la parole intérieure personnelle.

1292. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

J’ai profondément souri en voyant votre colère contre les châteaux8 et contre les couvents que vous voulez convertir en prisons, et contre la langue catholique9 que vous prétendez abolir, par la jolie raison que les Latins n’ont plus rien à nous apprendre. […] Il prétendait être orthodoxe et non sectaire, au sens catholique.

1293. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Son analyse pointilleuse prétendait mettre à nu, par exemple, dans telle période de Massillon (car sir Herbert travaillait beaucoup sur nos auteurs français), une quantité déterminée de consonnances et d’assonnances qu’une éloquence harmonieuse sait trouver d’elle-même, mais qu’elle dérobe à la critique et qu’à ce degré de rigueur elle ne calcule jamais. […] Il serait chimérique de prétendre ressaisir et désigner, au sein d’un talent aussi complexe et aussi mobile, le reflet et le croisement de tous les rayons étrangers qui y rencontraient, y éveillaient une lumière vive et mille jets naturels.

1294. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Elle est fière de sa négligence, elle appelle cela vivre noblement92. « Monsieur l’archevêque, disait Louis XVI à M. de Dillon, on prétend que vous avez des dettes, et même beaucoup. — Sire, répondit le prélat avec une ironie de grand seigneur, je m’en informerai à mon intendant, et j’aurai l’honneur d’en rendre compte à Votre Majesté. » — Le maréchal de Soubise a cinq cent mille livres de rente qui ne lui suffisent pas. […] Bouillé, Mémoires, 50. — Chérin, Abrégé chronologique des édits (1788). « De cette multitude innombrable qui compose l’ordre des privilégiés, à peine un vingtième peut-il prétendre véritablement à la noblesse immémoriale et d’ancienne date. » — 4 070 charges de finances, administration, judicature, conféraient la noblesse. — Turgot, Collection des Économistes, II, 276. « Au moyen de la facilité qu’on a d’acquérir la noblesse à prix d’argent, il n’est aucun homme riche qui, sur-le-champ, ne devienne noble. » — Marquis d’Argenson, Mémoires , III, 402.

1295. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

On voit la joie gloutonne et cruelle du brigand : Prétend qu’elle en fera gorge chaude et curée. […] Une mouche survient et des chevaux s’approche, Prétend les animer par son bourdonnement, Pique l’un, pique l’autre et pense à tout moment          Qu’elle fait aller la machine ; S’assied sur le timon, sur le nez du cocher ;          Aussitôt que le char chemine,          Et qu’elle voit les gens marcher, Elle s’en attribue uniquement la gloire, Va, vient, fait l’empressée ; il semble que ce soit Un sergent de bataille, allant à chaque endroit Faire avancer ses gens et, hâter la victoire.

1296. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Dans un pays qui ne pouvait pas se passer d’une autorité forte et créatrice, il était légitime de prétendre au pouvoir suprême, quand on était le plus grand homme de son siècle et l’un des plus grands hommes de l’humanité. […] Toutefois, de maladroits reproches du président sur sa fortune avaient un peu réveillé cet intérêt prêt à s’éteindre. « Vous êtes au moins coupable de non-révélation, lui avait dit le président ; et, bien que vous prétendiez qu’un homme comme vous ne saurait faire le métier de dénonciateur, vous deviez d’abord obéir à la loi, qui ordonne à tout citoyen, quel qu’il soit, de dénoncer les complots dont il acquiert la connaissance.

1297. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

La divine statue n’était descendue jusque-là pour personne de son piédestal ; l’audace de prétendre à une préférence ne se présentait à l’esprit de personne, comme si une telle préférence eût été quelque chose de trop divin pour un mortel. […] »   Ces derniers mots furent prononcés avec un accent de chagrin et avec un pli d’irritation sur les lèvres qui me prouva que son prétendu rôle de prince démocratique lui restait lourd sur le cœur.

1298. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

» Lisez ensuite cette belle définition du peuple : « Un peuple n’est pas toute agrégation d’hommes rassemblés par hasard, mais un peuple est une société formée sous la garantie des lois pour l’utilité réciproque de tous les citoyens. » La doctrine du prétendu Contrat social de J. […] Quelle renommée, quelle gloire digne de tes vœux, prétends-tu acquérir parmi les hommes ?

1299. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Les Italiens, qui ne possédaient aucun poète dramatique, prétendirent en avoir trouvé un dans Alfieri, comme lui-même prétendit leur en donner un sans originalité et sans verve.

1300. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Ceux qui avaient été proscrits le 18 fructidor prétendaient qu’à cette époque j’avais eu le tort de recommander à Barras M. de Talleyrand pour le ministère des affaires étrangères, et ils passaient leur vie chez ce même M. de Talleyrand qu’ils m’accusaient d’avoir servi. […] Il prétendait que j’étais étrangère, et, comme telle, soumise à la police.

1301. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Nous ne comprenons pas que M. de Chateaubriand, qui a fait un si beau livre et un livre souvent si sophistique sur les beautés poétiques de la religion chrétienne, se soit acharné à prétendre que le christianisme avait enfanté des foules de poèmes prétendus épiques, tantôt avec le merveilleux des contes arabes, comme dans le Tasse ; tantôt avec le merveilleux mixte de l’Évangile et de l’Olympe, comme dans le Dante ; tantôt avec le merveilleux des froides allégories, comme dans Voltaire, sans s’apercevoir que tous ces poèmes n’étaient pas les véritables épopées nationales du monde chrétien, mais que la Bible était la seule épopée, et que Moïse était le seul Homère des siècles et des peuples qui datent de la Bible. […] Nous ne voulons pas trop contester ce prétendu génie.

1302. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Cousin lui disait devant témoins, du ton d’un chef satisfait : « Damiron, tu fais des progrès. » — Ce n’est certes pas ainsi qu’on est philosophe dans le goût de Montaigne, de La Rochefoucauld ou de Saint-Évremond ; mais ces allures servent beaucoup quand on prétend faire une école de philosophie et qu’on en met l’enseigne : dès qu’on veut accaparer les hommes, un peu de charlatanisme ne nuit pas.

1303. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Quoique je ne prétende point donner un récit complet de la fête, j’indiquerai encore, après les discours, une cantate qui fut exécutée par cent musiciens de la ville.

1304. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Ce ne sont pas des pointes que fait Marianne ; elle prétend être simple, revenir à la simplicité à force d’art et d’adresse ; elle reste à coup sûr en chemin, mais son manège, quand il ne dure pas trop longtemps, ne déplaît pas : il laisse voir tant d’esprit !

1305. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Il prétend toutefois n’y pas mettre précisément du sien : il veut arriver au beau, et il le veut non en l’inventant, mais en le retrouvant avec effort, en le déchiffrant pour ainsi direu, sous les altérations et les ombres qui le défigurent et le recouvrent dans la réalité : Pour trouver le beau d’une chose, ne faut-il pas la voir, la retourner sous toutes ses faces ?

1306. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Gandar explique mieux qu’on ne l’avait fait encore comment Ronsard n’a pu triompher des différences essentielles qu’offre chez les Anglais et chez les modernes le genre qu’il prétendait embrasser avec audace et renouveler dans toute sa variété.

1307. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Mais il doit aussi être juste, et ne pas prétendre que je reste plus longtemps où je suis, mannequin responsable de tout le mal qu’il ne peut ni prévoir ni empêcher… (Septembre 1810.)

1308. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Il faut prendre garde de faire à notre tour comme Mme de Créqui, et de prétendre fermer après soi le monde.

1309. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Il ne prétend jamais assurément se faire tort ni se faire oublier.

1310. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Satisfait de savoir et de bien savoir, sans prétendre en informer l’univers, prêt toutefois à faire part à quiconque le consultait du vaste et tranquille trésor de ses connaissances, il était tout l’opposé du metteur en œuvre, qui tire aussitôt parti de ce qu’il sait et se hâte d’en faire montre, de celui dont le poète satirique a dit : Scire tuum nihil est, nisi te scire hoc sciat alter.

1311. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

J’en conclus que, s’il est si difficile, même de près, de saisir la qualité dominante chez un de nos contemporains, il est bien plus difficile, ou, pour mieux dire, tout à fait impossible de prétendre la retrouver et surtout la contrôler, la rectifier avec certitude, à une telle distance, chez les personnages de l’histoire de Tite-Live ou chez l’historien lui-même.

1312. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Ceux qui l’ont bien connu prétendent pourtant que, malgré sa conversion, il restait du patricien en lui.

1313. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

On prétendait tirer à soi Joseph de Maistre contre ses adversaires menaçants.

1314. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Qu’a prétendu signifier Rousseau par cette distinction de ce que son philosophe voit en songe et de ce qu’il avait conçu durant sa veille ?

1315. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Mélanges scientifiques et littéraires12 Lundi 24 février 1862 C’est un grand désavantage d’avoir à parler d’un homme éminent lorsqu’on ne peut se transporter tout d’abord au cœur de son œuvre et au centre de sa supériorité, lorsqu’on est obligé de se tenir dans les dehors en quelque sorte et les accessoires ; il est périlleux de prétendre juger d’un pays dont on n’a pas visité la capitale (si capitale il y a) et qu’on n’a traversé et entamé que par les bords.

1316. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Michelet à ce propos sont spirituelles, mais elles font sourire ; il est des choses que l’histoire ne doit point prétendre deviner.

1317. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

» — « Bien des gens, répondit le prince, prétendent que, s’il n’y en avait point, il y aurait encore de plus grands désordres à Paris : j’examinerais, je pèserais mûrement le pour et le contre, et je m’en tiendrais au parti qui aurait le moins d’inconvénients. » Et son biographe ajoute que ce parti eût été sans douté celui de laisser subsister le théâtre, en le réformant sur le modèle des pièces composées pour Saint-Cyr.

1318. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

D’autres se sont intitulés bourgeois de Paris, et je ne prétends pas disputer à ces gens d’esprit et de haute notoriété leur qualification, leur personnalité saillante et reconnaissable ; il y a place pour plus d’un dans la grande ville.

1319. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Je sais bien qu’on a plus d’une fois discuté et contesté l’originalité entière de cette morale chrétienne, telle qu’elle apparaît à la réflexion et que je l’exprime en ce moment ; on a prétendu qu’il n’y avait pas une si grande distance entre elle et les maximes des plus sages de l’Antiquité, et, pour ne parler que des plus en vue dans notre Occident, de Socrate, de Platon, de Cicéron, de Sénèque, et plus tard de Marc-Aurèle.

1320. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

En architecture (puisque c’est de cela qu’il s’agit en ce moment), le Romain, qu’on ne prétend nullement déprécier parce qu’on essaye de le définir, est grand bâtisseur, et il l’est en vue surtout de l’utilité publique comme de la majesté de l’Empire ; il porte dans les monuments qu’il élève une structure puissante, logique, sensée, uniforme, qui affecte l’éternité et va de soi à la grandeur.

1321. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Quoique j’aie dit que je ne prétendais pas faire le moins du monde une Notice sur Boulay-Paty, je suis pourtant amené, par l’incomplet et l’insuffisance absolue de celle qui est en tête du Recueil posthume, à donner quelques indications précises et quelques dates.

1322. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

71 Il avait cru devoir instituer, par son testament, le roi même pour héritier de ses grands biens et pour légataire universel : était-ce, comme on l’a prétendu, dans l’espérance d’être enterré à Saint-Denis à côté de M. de Turenne ?

1323. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Si M. le ministre d’État prétend le contraire, il en est bien libre ; mais en cela il se trompe et il pense au rebours de l’opinion publique.

1324. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Cette fièvre d’audace et de propre bonheur, cette ébullition, ce rien qu’on appelle la jeunesse se passe, et l’attaquant, s’il a quelque valeur et s’il cherche dans la société toute la place à laquelle il peut prétendre, commence un jour à lorgner de loin l’Académie.

1325. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Sans prétendre que sa pureté et son élégance l’aient partout abandonné, ce que démentiraient d’heureuses exceptions, nous lui reprocherons de les avoir mises en oubli plus souvent qu’à l’ordinaire.

1326. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Nous ne prétendons point poser de diagnostic historique.

1327. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Les amants, les ambitieux mêmes peuvent se croire, dans quelques moments, au comble de la félicité ; comme le terme de leurs espérances leur est connu, ils doivent être heureux du moins à l’instant où ils l’atteignent ; mais cette rapide jouissance même ne peut jamais appartenir à l’homme qui prétend à la gloire ; ses limites ne sont fixées par aucun sentiment, ni par aucune circonstance.

1328. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

En peignant les jouissances de l’étude et de la philosophie, je n’ai pas prétendu prouver que la vie solitaire soit celle qu’on doit toujours préférer : elle n’est nécessaire qu’à ceux qui ne peuvent pas se répondre d’échapper à l’ascendant des passions au milieu du monde ; car on n’est pas malheureux en remplissant les emplois publics, si l’on n’y veut obtenir que le témoignage de sa conscience ; on n’est pas malheureux dans la carrière des lettres, si l’on ne pense qu’au plaisir d’exprimer ses pensées, et qu’à l’espoir de les rendre utiles ; on n’est pas malheureux dans les relations particulières, si l’on se contente de la jouissance intime du bien qu’on a pu faire, sans désirer la reconnaissance qu’il mérite ; et dans le sentiment même, si n’attendant pas des hommes la céleste faculté d’un attachement sans bornes, on aime à se dévouer sans avoir aucun but que le plaisir du dévouement même.

1329. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

De là naît une nouvelle fable ; nous prétendons animer une maxime morale, et nous ne voulons rien de plus ; peu importe que nos preuves soient rigoureuses.

1330. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Mme de Staël prétend aussi, « en parcourant les révolutions du monde et la succession des siècles », manifester la loi de « la perfectibilité de l’espèce humaine ».

1331. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Mais, sans prétendre juger les œuvres d’aujourd’hui comme fixes et complètes, nous pouvons nous en figurer assez nettement le caractère et la direction : d’autant que, par une heureuse rencontre, nous sommes évidemment placés à un point de partage, ou, si l’on veut, à un tournant de la littérature.

1332. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Il prétend nous démontrer que ce genre littéraire a peut-être bien ses procédés, comme les autres : belle découverte !

1333. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Elle prétend diriger la littérature.

1334. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Il prétend que Wilde, qui faisait à Londres le silence autour de lui et qui était habitué à se voir réservé tout l’encens, s’éclipsa, offusqué d’avoir entendu des vers à l’unique éloge de Moréas.

1335. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

, 85, 88, 100) vient du désir de voir réalisé en lui un trait prétendu messianique (Is.., LIII, 2).

1336. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Le titre de légende indique assez que le jeune écrivain n’a pas prétendu tracer de Rabelais une biographie exacte, rigoureuse et critique, et qu’il ne s’est pas fait faute d’accueillir le Rabelais de la tradition, tel que l’a transformé à plaisir l’imagination populaire.

1337. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Pour moi ; qui ne saurais à aucun degré prétendre (c’est trop évident) à être architecte ou ordonnateur d’un tel Temple, je me bornerai à exprimer quelques vœux, à concourir en quelque sorte pour le devis.

1338. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Madame appelle naturellement la comparaison avec cette autre princesse aimable des dernières années de Louis XIV, avec la duchesse de Bourgogne ; mais, sans prétendre sacrifier l’une à l’autre, notons seulement quelques différences.

1339. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Ses fils, propriétaires de grandes possessions territoriales, et qui étaient investis du droit exorbitant de nommer les gouverneurs du pays, prétendaient que leurs terres fussent exemptées des taxes communes.

1340. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

La réponse à ce problème donnera, avec une vraisemblance considérable, une notion exacte, complète et définie de l’âme de l’artiste que l’on veut connaître, prise en pleine existence, en pleine activité, dans l’exercice même de ses facultés, saisie eu son ensemble avec tout ce qu’y auront déposé l’hérédité, l’éducation, le milieu, les hasards de la carrière, l’imitation, figurée en un mot, non pas comme une abstraction factice et après soustraction de certains éléments qu’on aurait tort de prétendre étrangers, mais en sa vie propre et dans l’ensemble des conditions qui l’ont constituée.

1341. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Comme Kant, il distingue le noumène et le phénomène, ce qui est en soi et ce qui nous apparaît, et, s’il reproche aux sceptiques de ne voir que des phénomènes, il reproche aux dogmatiques de prétendre connaître les choses en soi dans leur absolu, dans leur essence intime et première.

1342. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Mais je prétends que celui qui se jette dans l’allégorie s’impose la nécessité de trouver des idées si fortes, si neuves, si frappantes, si sublimes, que sans cette ressource, avec Pallas, Minerve, les grâces, l’amour, la discorde, les furies, tournés et retournés en cent façons diverses, on est froid, obscur, plat et commun.

1343. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Ainsi je ne prétends pas nier cet état de souffrance et de combat qui a enfanté et les doctrines perverses de Hobbes, et les plaintes de Rousseau, et auparavant les rêveries des poètes sur l’âge d’or ; mais cet état de souffrance tient à notre nature même, qui est tout souffrance.

1344. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Le vers étant une sorte particulière de musique doit être fait plus pour l’oreille que pour l’œil, quoiqu’en puissent prétendre les auteurs des traités de versification exigeant que, « pour la satisfaction de l’œil, les consonnes muettes qui suivent la voyelle rimante soient identiques (ou prétendues équivalentes) dans les deux mots à la rime3. » Or, considérons que les exigences de la rime dite correcte, proviennent d’une époque où les consonnes finales n’étaient pas encore devenues muettes.

1345. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Julie périt, et son prétendu complice n’est qu’exilé. […] Agrippine prétend que cette dernière dispense renverse les ordonnances de Claude (TACIT. […] Comme il prétendit que nous n’avions point, que nous n’aurions jamais de musique, lorsque nous croyions en avoir une, et que nous en avions une, lorsqu’il était presque décidé que nous n’en aurions jamais. […] « Qu’elle prétendait s’associer à l’Empire, exiger le serment des prétoriens, et soumettre le sénat et le peuple aux ordres d’une femme. […] On prétend même qu’il s’était avancé jusque sur les confins de l’Inde, et Pline nous apprend qu’il en avait écrit239.

1346. (1923) Nouvelles études et autres figures

On prétend qu’il s’y accomplit des quantités de prodiges, « mais, nous dit-il, les Béotiens ajoutent tant de foi aux oracles qu’on ne peut s’en rapporter à ce qu’ils disent ». […] Goethe n’avait pas tort lorsqu’il prétendait que, parmi les œuvres de l’esprit, les plus remarquables n’avaient souvent été que des œuvres de circonstance. […] Je n’irai pas jusqu’à prétendre avec M.  […] Voudriez-vous me punir d’avoir prétendu vivre du travail indépendant de mon esprit, le plus respectable, le plus honorable, le plus douloureux en même temps de tous ? […] On prétend que le Polytechnicien est un théoricien inutilisable.

1347. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Dacier, qui prétend qu’une allégorie qui rempliroit toute une pièce est un monstre ; et qu’ainsi l’ode 14 du I livre d’Horace, (…) n’est point allégorique, quoiqu’en ait cru Quintilien et les comentateurs. […] Tout le monde sait ce vers du pére de Chimène dans le cid : à de plus hauts partis Rodrigue doit prétendre. […] Ainsi tous les exemples dont on prétend autoriser l’antiphrase se raportent, ou à l’euphémisme, ou à l’ironie ; come quand on dit à Paris, c’est une muète des hales, c’est-à-dire une femme qui chante pouilles, une vraie harangère des hales ; muète est dit alors par ironie. […] Vossius soutient qu’il n’y a que quatre tropes principaux, qui sont la métaphore, la métonymie, la synecdoque et l’ironie, les autres, à ce qu’il prétend, se raportent à ceux-là come les espèces aux genres ; mais toutes ces discutions sont assez inutiles dans la pratique, et il ne faut point s’amuser à des recherches qui souvent n’ont aucun objet certain. […] Il y a des pièces allégoriques en prose et en vers : les auteurs de ces ouvrages ont prétendu qu’on leur donat un sens allégorique ; mais dans les histoires, et dans les autres ouvrages dans lesquels il ne paroit pas que l’auteur ait songé à l’allégorie, il est inutile d’y en chercher.

1348. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Cette œuvre, qui complétera les travaux de Mesmer, de Lavater, de Gall, de Bichat. » Le biologiste que Balzac souhaitait d’être comme son héros, devait s’intéresser passionnément aux travaux, alors dans leur première gloire, de Geoffroy Saint-Hilaire, et c’est aussi le savant dont il prétend relever — insistons-y — comme romancier. […] La Prusse, avide d’agrandissements sur le Rhin, ne se souciait guère d’un prince qui prétendait ne rien céder du territoire qui avait été celui de ses ancêtres avant 1789. […] Taine m’a rappelé souvent cette conversation en me montrant dans Balzac la mise en œuvre de cette règle, au nom de laquelle il condamnait l’école naturaliste, quoique le chef de celle-ci, Émile Zola, prétendît relever de lui. « C’est un fils que je renie », s’amusait à répéter en riant M.  […] Les Alliés ont eu là une occasion, non pas, comme on l’a prétendu, de démembrer et de déchiqueter l’Allemagne, mais tout simplement, puisqu’elle était une Confédération, de parer aux menaces futures de sa redoutable unité en traitant séparément, à des conditions différentes, suivant leurs responsabilités, avec les différents États qui composent le Reich. […] Si ce mot vient comme on l’a prétendu du verbe latin exinere, « tirer dehors », il prend son sens originel dans cette action de l’officier digne de ce nom qui, par son autorité d’abord, puis par sa seule existence, fait sortir de ceux qui travaillent sous lui et même qui l’approchent simplement, les énergies dont il est l’incarnation : le courage, l’acceptation de la hiérarchie, le sacrifice à l’intérêt commun.

1349. (1887) Essais sur l’école romantique

» Je dois pourtant citer pour ceux qui n’ont rien lu ; car aussi bien à quel titre prétendrais-je être cru sur parole ? […] Vouloir plus ou autre chose, demander de la maturité à celui qui débute dans l’art, de la mesure à celui qui ne connaît pas encore toutes ses richesses, un vol calme et régulier à celui qui essaye ses ailes, c’est prétendre qu’on peut tirer de l’instrument neuf, et qui sort à peine des mains de l’ouvrier, les sons pleins et moelleux de celui que le temps et l’exercice ont vieilli. […] Et, à ne les prendre que comme des gens de style qui ont prétendu remanier la langue française, toutes leurs beautés nouvelles, toute cette langue métaphorisée, transfigurée, qui exprime des idées métaphysiques avec des termes de chimie, qui se fait scientifique, faute de pouvoir être positive, tout cela lui a-t-il laissé seulement un doute sur la prose de Bossuet et de Voltaire, sur la poésie de Molière et de La Fontaine ? […] En France, nul ne peut prétendre à la gloire des écrits durables, s’il n’en a subi toutes les conditions, s’il n’en a connu toutes les fatigues, celle surtout de tempérer toutes ses facultés les unes par les autres, et de se contenir en même temps qu’il s’abandonne. […] Tout ce personnel-là n’est pas radicalement faux et impossible, et nous sortirions de la vérité à le prétendre ; mais ce que nous n’hésitons pas à dire, c’est qu’aucun des sentiments que le poète met dans la bouche de ses personnages ne sort de la vraie source d’où les tire l’art des grands poètes ; c’est que les choses de sensibilité n’y viennent pas du cœur, ni les choses passionnées d’une âme qui peut pâtir un moment des douleurs qu’elle prête à des êtres imaginaires, ni le rire d’un sentiment vif et profond du ridicule, ni les larmes de l’ébranlement physique que donne à un homme honnête et bon la pensée de malheurs même inventés, ni les choses raisonnables de cet instinct, développé par la réflexion et l’expérience, qu’on appelle la raison.

1350. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Étrange pédantisme de le chicaner là-dessus et de prétendre appliquer les règles ordinaires à ce qui en est dehors et au-delà de toutes les règles ! […] Avec les quatre hommes dont il est le caporal, il prétendait caporaliser l’art. […] Daudet, qui prétend se détacher des méridionaux, a été, cette fois, le méridional sans le vouloir. […] Je ne prétends pas, par exemple, qu’il ne s’exagère point le service rendu ; nous n’avons pas tant que cela besoin d’être sauvés. […] Il le rendra illustre, et plus grande sera sa gloire quand on verra vers quelles hautes cimes s’élance ce prétendu décadent.

1351. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Seulement ils ne prétendent pas par là enrichir la langue. […] De même c’est par erreur ou par malice qu’ils prétendent que les mystiques ont le crâne en pointe ; M.  […] C’est bien là en effet ce qui se cache au fond de ce prétendu mysticisme. […] Je ne prétends pas dire qu’ils n’aient pas de théories ; ils en ont, au contraire, et chacun la sienne. […] Certes, nous ne prétendons nier ni la grossièreté de nos contemporains, ni la nôtre.

1352. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Je ne prétends pas le moins du monde, en m’exprimant de la sorte, m’engager de près ni de loin dans l’appréciation d’un système qui a peu de faveur, qui n’en mérite aucune à le juger par certains de ses résultats apparents, et dans lequel on est heureux de surprendre à la fin les doutes raisonnés de Cabanis lui-même : mais ces doutes vraiment supérieurs ne sont-ils pas plus sérieusement enchaînés et peut-être plus considérables qu’on ne l’a dit59 ? […] Tous deux s’accordaient à reconnaître que, dans un système de roman, il y a lieu d’inventer des faits pour développer des mœurs historiques : « Or, c’est là, répliquait Manzoni, c’est là une ressource très-heureuse de cette poésie qui, comme je vous le disais, ne veut pas mourir ; la narration historique lui est interdite, puisque l’exposé des faits a, pour la curiosité très-raisonnable des hommes, un charme qui dégoûte des inventions poétiques qu’on veut y mêler, et qui les fait même paraître puériles ; mais rassembler les traits caractéristiques d’une époque de la société et les développer dans une action, profiter de l’histoire sans se mettre en concurrence avec elle, sans prétendre faire ce qu’elle fait mieux, voilà ce qui me paraît encore réservé à la poésie, et ce qu’à son tour elle seule peut faire. » Nous ne croyons pas trop nous tromper en résumant de la sorte l’opinion du poëte. […] Je crois seulement qu’ils ont tort de croire que toute une langue est dans la Crusca et dans les écrivains classiques, et que, quand elle y serait, ils auraient encore tort de prétendre qu’on l’y cherchât, qu’on l’apprît, qu’on s’en servît. […]  — Je ne prétends point, toutefois, à la faveur de ces explications, que je crois justes, aller jusqu’à soutenir qu’il n’abuse point de sa méthode, qu’il ne l’aggrave point dans sa marche par la déduction trop continue, trop complaisante, de ses indécisions et de ses conjectures, et qu’il n’y joint pas, plus habituellement qu’on ne voudrait, des retards superflus d’expression, et ce qu’on appellerait du gros bagage de style. […] On m’assure qu’il ne lui sera pas concédé tout ce qu’il prétend en Italie, en Souabe ; on m’apprend que les Bretons résistent opiniâtrément, selon leur usage, et ne se laissent pas arracher une portion du cycle d’Arthur.

1353. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Bertrand prétendait écrire le roman de l’Algérie moderne, et qui s’appelle La Cina. […] Il prétendait que ses drames fussent vus et appréciés comme des drames, et même — exagérant à son tour en sens contraire — comme des anecdotes. […] Marcel Prévost, qui écrit encore, avait déjà prétendu le faire renaître d’une mort peut-être aussi hypothétique. […] Seillière ne prétend d’ailleurs pas mettre notre civilisation entière à l’école du Japon. […] J’entre dans une question ouverte que je ne prétends pas fermer, que je tiens au contraire à laisser ouverte.

1354. (1881) Le naturalisme au théatre

Ils ont prétendu que j’obéissais à de basses rancunes, que je salissais nos gloires pour me venger de mes chutes, parlant de tout, de mes œuvres particulièrement, à l’exception des pièces jouées. […] On prétend qu’il ne faut pas de description au théâtre ; en voilà pourtant une, et d’une belle longueur, et dans un de nos chefs-d’œuvre. […] On est même allé plus loin, on a prétendu qu’il était impossible de bien connaître l’homme, si on ne l’analysait pas avec son vêtement, sa maison, son pays. […] Enfin, il prétend que j’enfonce les portes ouvertes. […] Je ne prétends pas que Ruy Blas et Hernani soient d’une fable beaucoup plus raisonnable.

1355. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Un tel poète ne pouvait prétendre pourtant à être compris de tous et à se voir populaire, même dans la sphère dite éclairée. […] M. de Vigny, m’assure-t-on, prétendait, par suite de cette même illusion encore, que le discours devenu si désagréable pour lui n’était plus exactement le même que celui qu’il avait entendu à huis clos deux jours auparavant et dont il avait remercié spontanément l’auteur.

1356. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Oui, madame, je le sais bien ; c’est moi qui suis une bête, un bon homme, et pis encore s’il est possible ; c’est moi qui choisis mal mes termes au gré d’une belle dame française qui fait autant attention aux paroles et qui parle aussi bien que vous… « J’avais besoin sans doute d’être averti que je ne suis près de vous qu’une simple connaissance ; si vous me l’eussiez dit plus tôt, madame, je vous aurais épargné l’ennui de mes visites ; car, pour moi, je n’ai point de temps à donner à des connaissances, je n’en ai que pour mes amis. » À ces brusqueries et à ces boutades peu congrues, elle n’opposa que la douceur et le ton peiné de l’affection la plus sincère : « Mon voisin, vous me jugez mal, si vous croyez que je prétends à mieux qu’à être une bonne femme ; je fais cas de cette qualité, je borne toute mon ambition à la mériter et à trouver quelqu’un assez vrai pour me dire les choses qui m’en écartent. […] Mme de Verdelin prétendait que je n’échapperais pas à la baguette ; mais il y a longtemps que le charme est fini et que je ne crains plus, tristes Amaryllidis iras : « Je suis libre, Seigneur, et je veux toujours l’être. » 74.

1357. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Il y avait pourtant, dans le poëte, un certain fonds naïf sous la coquetterie du dehors, et il était sérieusement crédule dans son prétendu amour des champs, comme La Fontaine par exemple, s’il avait cru aimer la cour26. […] On n’en a prétendu tirer qu’une remarque de goût.)

1358. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Je ne saurais prétendre sans doute à faire la part exacte des uns et des autres et à distribuer les rangs ; mais, par cela même que je caractériserai à peu près le rôle principal de chacun et le genre de service rendu, je vous aurai déjà donné bien des idées préalables et des aperçus du sujet que nous aurons à parcourir à leur suite dans les leçons prochaines. — Ce sera la seconde partie, le second point de cette première leçon. […] « On a prétendu que cette division était beaucoup trop générale ; quant à moi (c’est M. 

1359. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

J’en prends une au hasard, un duel entre deux princes du sang, le comte d’Artois et le duc de Bourbon ; celui-ci étant l’offensé, l’autre, son supérieur, était tenu de lui offrir une rencontre269. « Dès que M. le comte d’Artois l’a vu, il a sauté à terre, et, allant droit à lui, il lui a dit d’un air souriant : — Monsieur, le public prétend que nous nous cherchons. […] Mais on n’y regarde pas de si près : il faut bien un emploi aux doigts oisifs, un débouché manuel à l’activité nerveuse ; la pétulance rieuse éclate au milieu du prétendu travail.

1360. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Mon jardinier, qui est un corps de fer, me reproche lui-même la vie trop frugale que j’observe, et prétend que je ne pourrai pas la soutenir longtemps. […] Le peuple, éveillé de ses rêves, se tournait contre le prétendu libérateur ; cependant les cinq princes de la maison des Colonne périrent le même jour dans le premier assaut donné témérairement aux portes de la ville.

1361. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Il n’ambitionne pas les honneurs, il ne cherche point à amasser des trésors ; l’acquisition de la sagesse est le seul trésor après lequel il soupire : mériter le nom de sage est le seul honneur auquel il prétend. […] Je retrouve avec orgueil, en propres termes, dans la bouche de ce prétendu barbare ce que j’ai dit moi-même en commençant cet entretien : « Le chef-d’œuvre de l’humanité, c’est un gouvernement ! 

1362. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Simple et de bonne foi dans sa mort comme il l’avait été dans sa vie, il n’affectait pas cette stoïcité théâtrale ni ces félicités anticipées des hommes qui se prétendent au-dessus de la nature et de la douleur. […] Mais, ce qui ne sera peut-être pas au goût de toute l’Europe, il prétend que les hommes ont trop de besoins et trop peu de force pour que le superflu des uns ne soit pas le nécessaire des autres ; en conséquence il peint le luxe des couleurs les plus odieuses, le montre partout comme l’écueil du bonheur public, et affecte de prouver, par les événements, que la décadence des mœurs, qui en est la suite nécessaire, a entraîné celle des deux dynasties Hia et Chang.

1363. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

À propos du Tasse, il prétend avoir fait de grandes recherches et que l’histoire se rapproche beaucoup de la manière dont il a traité son sujet. […] Mais, je vous le répète, votre remarque est aussi juste que la sienne13. » Je rappelai cette opinion qui prétend que l’effet produit par Werther a tenu au moment de sa publication.

1364. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Il le sait, et il l’a dit souvent : qu’il ne prétend pas représenter ce qui est ou a été, mais, d’une part, ce qui a pu être et seul explique ce qui est, d’autre part, ce qui doit être. […] Mais cette tyrannie de la sensation personnelle fait une nature de poète ; et les Confessions où Rousseau a prétendu faire l’histoire de sa vie sont un pur poème, par la perpétuelle transfiguration du réel.

1365. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Pour Buffon, qui prétend expliquer la nature extérieure où il ne tient que la place d’un seul être, et la création où il n’occupe qu’un point, n’y a-t-il pas de la témérité à refuser de s’y servir des yeux et des pensées des autres hommes ? […] Cette Théorie, qui fait de la terre un fond de mer, serait irréprochable, s’il était vrai, comme le prétend Buffon, que les coquilles, et les autres débris d’animaux marins soient répandus partout, que les couches terrestres soient partout horizontales et parallèles ; que les angles saillants des montagnes correspondent partout à des angles rentrants ; que toute vallée ait été d’abord le lit d’un des courants de la mer.

1366. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Tout homme, par le seul fait de sa participation à la nature humaine, a son droit à l’idéal ; mais ce serait aller contre l’évidence que de prétendre que tous sont également aptes à en goûter les délices. […] Que prétendent-ils faire ?

1367. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

On peut, si l’on se plaît à ces jeux d’esprit, supposer de cet x qu’il est l’identité des contraires ; on peut prétendre que le principe de contradiction est seulement valable pour nous ; et de fait, comme c’est toujours nous qui faisons la supposition, nous roulons dans un cercle dont il est impossible de sortir. […] C’est ici, prétend-on, que rien ne nous assure la reproduction des mêmes phénomènes qualitativement. — Mais, en premier lieu, le seul fait qu’une chose existe est une raison pour qu’elle continue d’exister, et nous devons attendre cette continuation jusqu’à preuve du contraire.

1368. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

La Cité de Londres, invitée, n’envoya pas de délégation aux funérailles du poète : des membres de son conseil prétendirent qu’ils n’avaient rien compris à la lecture de ses ouvrages ; c’était en effet bien mal comprendre Victor Hugo que de motiver son refus par de telles raisons. […] Des gens qui seraient de la plus atroce mauvaise foi, s’ils n’étaient des ignorants et des oublieux, ont prétendu que l’homme qui, en novembre 1848, écrivait que « l’insurrection de juin est criminelle et sera condamnée par l’histoire, comme elle l’a été par la société… ; si elle avait réussi, elle n’aurait pas consacré le travail, mais le pillage » (Événement, nº 94), que cet homme avait déserté la cause de la sacrée propriété et pris la défense de l’insurrection du 18 mars.

1369. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Je ne lus ces vers qu’à mes deux amis, Aymon de V… et Louis de V… Ils se récrièrent sur mon prétendu talent ; ils copièrent mon chef-d’œuvre pour le montrer à leurs parents ; mais nous nous gardâmes bien de le laisser voir à nos maîtres, car on nous interdisait avec raison de composer des vers français avant d’avoir des idées ou des sentiments à exprimer dans cette langue. […] On a prétendu qu’il y avait eu antagonisme de nature et de tendance entre ces deux hommes du passé, Bonaparte et M. de Chateaubriand : rien n’est plus faux ; ces deux hommes s’entendaient à merveille alors.

1370. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Quoique chaque formation ait assurément requis un nombre considérable d’années pour s’accumuler, il y a cependant quelques fortes raisons pour qu’on n’y trouve pas les traces d’une série graduée de formes transitoires entre les espèces qui vivaient alors ; mais je ne puis en aucune façon prétendre à assigner à chacune de ces raisons leur juste valeur dans le commun résultat. […] Je ne prétends pas, pourtant, que j’eusse jamais soupçonné nos coupes géologiques les mieux conservées de n’offrir qu’un tableau aussi incomplet des métamorphoses des êtres vivants, si l’absence d’innombrables formes intermédiaires entre les espèces qui apparaissent au commencement et à la fin de chaque formation n’avait fourni contre ma théorie une objection sur laquelle on a tant appuyé.

1371. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Chamfort, dans une anecdote dénuée de toute authenticité, est allé jusqu’à nommer la personne du sexe dont il le prétend occupé d’une manière mondaine9.

1372. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Il n’a donc point prétendu se cantonner dans la Bretagne, la traiter au point de vue local et dans ses oppositions avec la France, mais tout au contraire faire une histoire de la Bretagne considérée dans ses rapports avec la France, la Normandie et par conséquent l’Angleterre.

1373. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Un jour il apprend que le duc de Bourgogne, parlant moins en prince et en fils de roi qu’en pénitent et en homme qui sort de son oratoire, a dit que ce que la France souffrait alors, en 1710 (et elle souffrait, en effet, d’horribles maux), venait de Dieu qui voulait nous faire expier nos fautes passées : « Si ce prince a parlé ainsi, écrit Fénelon au duc de Chevreuse, il n’a pas assez ménagé la réputation du roi : on est blessé d’une dévotion qui se tourne à critiquer son grand-père. » Dans tout ceci, je n’ai d’autre dessein que de rappeler quelques traits de la piété noble, élevée, généreuse, à la fois sociable et royale de Fénelon, sans prétendre en tirer (ce qui serait cruel et presque impie à son égard) aucune conséquence contre l’avenir de son élève chéri, contre cet avenir qu’il n’a point été donné aux hommes de connaître et de voir se développer.

1374. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Mlle de Joyeuse était une trop grande dame pour que Maucroix pût prétendre même à se déclarer.

1375. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Il y a des gens qui ont le courage de prétendre, comme s’ils y avaient assisté, que le lieu choisi près de la rivière n’était pas tout à fait aussi immonde qu’on l’a dit.

1376. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Louis XIV, à cette époque, et dût sa santé ensuite se rétablir, est donc entré décidément dans cette seconde et dernière moitié de la vie, et il ne serait pas juste de prétendre juger uniquement par là de ce qu’il a pu être dans la première.

1377. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Et le roi le lui permettant, il commença un de ces discours comme il aime à les faire, et dont il prétend se souvenir exactement de tout point après vingt ou trente ans écoulés comme si ce n’était que d’hier.

1378. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Même lorsqu’il traite des dogmes et qu’il se livre à un enseignement théologique, ainsi qu’il l’a fait dans son traité des Trois Vérités (1594), et dans ses Discours chrétiens (1600), Charron est sceptique de méthode, c’est-à-dire qu’il insiste avec un certain plaisir et une assez grande force de logique sur les preuves de la faiblesse et de l’incapacité humaine : douter, balancer, surseoir, tant qu’on n’a pas reçu de lumières suffisantes, est l’état favori qu’il propose à quiconque veut devenir sage ; et néanmoins son avis se distingue, à ce qu’il prétend, de celui des purs pyrrhoniens, « bien qu’il en ait l’air et l’odeur », en ce qu’il admet qu’on se soumette en attendant et que l’on consente à ce qui paraît meilleur et plus vraisemblable.

1379. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Il accorde beaucoup à la piété, à la véritable, qu’il distingue soigneusement et en traits vigoureux d’avec la superstition ; puis il ajoute un avis nécessaire, dit-il, à celui qui prétend à la sagesse, qui est, d’une part, de ne point séparer la piété de la vraie prud’homie, et d’autre part, et encore moins, de ne les confondre et mêler ensemble : « Ce sont deux choses bien distinctes et qui ont leurs ressorts divers, que la piété et la probité, la religion et la prud’homie, la dévotion et la conscience : je les veux toutes deux jointes en celui que j’instruis ici… mais non pas confuses. » Le père Buffier, d’ailleurs très équitable envers Charron, a relevé ce passage en disant : « Une probité sans religion serait une probité sans rapport à la divinité et indépendante de la loi de Dieu.

1380. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Du Périer, à sa manière, le rendait bien à Santeul, qu’il prétendait avoir formé, et dont il se repentait, disait-il : « Paenitet me fecisse hominem » Leurs querelles, leurs paris en présence de Ménage pris pour arbitre, faisaient alors d’amusantes histoires.

1381. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Comme il ne prétendait partir de Dijon que le jeudi suivant, nous devions, le jour qu’il tomba malade, dîner, lui et moi, chez M. le président Le Gouz-Maillard ; j’y allai à midi et demi, et fut bien surpris en y arrivant d’apprendre que Santeul, pour qui la fête se faisait, ne viendrait pas.

1382. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Je ne prétends pas aujourd’hui que la cause soit gagnée : il y a très peu de points qui soient gagnés définitivement en histoire littéraire ; les conclusions les plus claires et les mieux motivées suscitent et ramènent de temps en temps des procès qui recommencent.

1383. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Mais je raisonne, et l’auteur de Madame Bovary n’a prétendu que nous montrer jour par jour, minute par minute, son personnage en pensée et en action.

1384. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Combes même, si favorable d’ailleurs, le récit de cette quatrième et dernière partie de la carrière politique de Mme des Ursins (1711-1714), que l’on a vu son obstination vaniteuse à réclamer pour elle une souveraineté en Flandre ou dans le Luxembourg, au risque de retarder, d’accrocher la paix générale de toute l’Europe, son obsession croissante, son accaparement de Philippe V après la mort de sa première femme, l’humiliante sujétion à laquelle cette femme de soixante-dix ans prétendait réduire le jeune et royal veuf, les indécents propos auxquels elle ne craignait pas de l’exposer, on comprend qu’elle ait lassé et ce roi et l’Espagne, et qu’elle ait fini par être secouée d’un revers de main sans laisser après elle beaucoup de regrets.

1385. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Dans le récit domestique où il raconte, sans prétendre la surfaire, cette vie si honorable d’un homme de médiocre condition, son fils André avait bien raison de dire au début : Ceux qui liront ce discours souhaiteront peut-être sa bonne fortune et tâcheront d’imiter ses vertus et perfections ; car étant aîné d’une famille médiocre en extraction et en biens, ayant perdu son père à cinq ans, sa mère s’étant remariée deux ans après, avoir par tous moyens amassé des biens suffisamment et être parvenu à des charges très honorables, n’est-ce pas un bonheur très grand et très rare ?

1386. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Je ne sais s’il est bien vrai, comme elle le prétend, qu’en lui montrant plus de considération et de confiance, on l’aurait pu détacher de son détestable entourage.

1387. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Conçoit-on un éditeur, au contraire, qui intervient à tout propos à travers son auteur, parle en son propre nom durant des pages, exprime son opinion sur les événements et sur les personnes, prétend dicter à chacun le ton et donner la note sur ce qu’on peut juger aussi bien que lui ; qui déclare que la France, après s’être incarnéedans Napoléon, s’incarna une seconde fois dans Béranger, et que, depuis 1815 jusqu’en 1857, « la poésie de Béranger est Vessieu sur lequel tourne notre histoire : il a mû quarante ans nos destinées ! 

1388. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan sa méthode, et, sans louer ni blâmer, sans exprimer de préférence, sans prétendre conclure (me souvenant que la marque d’un esprit fin est peut-être « de ne pas conclure »), j’établis ainsi la famille d’esprits dont il est et à laquelle il appartient, en regard de celle qu’il repousse, dont il se sépare, ou qu’il ne rejoint que pour lui apporter un complément et un correctif bien nécessaire.

1389. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Il y est dit, entre autres griefs, que Foucault se servait, pour la conversion du menu peuple, d’un homme de néant nommé Archambaud, que cet Archambaud menait des gens de sa sorte au cabaret et trouvait le moyen de les enivrer ; que le lendemain, lorsqu’ils étaient revenus à eux-mêmes, il leur allait dire, ou qu’ils avaient promis d’aller à la messe, et que s’ils prétendaient s’en dédire, il les ferait traiter comme des relaps ; ou qu’ils avaient mal parlé du gouvernement et des mystères catholiques, et que le seul moyen de se racheter d’une sévère punition était de se ranger à la religion romaine ; que l’affaire, ainsi amorcée et entamée sur des gens du commun, se poursuivit ensuite sur ceux d’une condition supérieure ; qu’en général l’artifice de l’intendant était de faire faire aux réformés, sous quelque prétexte, un premier acte extérieur qui pût être interprété pour une adhésion à la communion romaine, comme d’assister à un sermon, par curiosité ou par intimidation, et qu’ensuite, moyennant la peur d’être déclarés relaps et traités comme tels, il avait raison de son monde ; que, sans avoir eu besoin de demander des troupes, il s’était servi de celles qu’on faisait filer alors sur la frontière de l’Espagne et que commandait le marquis de Boufflers, et qu’il avait été commis par ces troupes, lui les dirigeant et les conduisant de ville en ville, de village en village, de véritables horreurs et cruautés.

1390. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Lebrun, tout cela est sensible à la simple lecture ; mais ce que je prétends, c’est que ce n’est nullement par un procédé d’imitation ou par un goût de fusion qu’il nous offre de tels produits de son talent, car il est, il a été poète, sincèrement poète, de son cru et pour son propre compte ; il en porte la marque, le signe au cœur et au front : il a la verve.

1391. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Quoiqu’il puisse sembler bien naïf, avec un écrivain dont le récit forme comme un bas-relief ou un panorama continu et où tout est tableau, de prétendre en détacher un et de venir le présenter dans un cadre, je veux le faire pour l’endroit capital de ce voyage d’Espagne, pour le moment décisif qui est l’entrée en Andalousie.

1392. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Desjardins n’a pas prétendu, dit-il, faire un ouvrage, mais un essai ; il a pris un sujet de thèse historique, comme il était naturel de le concevoir à un homme qui s’est particulièrement occupé de cet immense et incommensurable champ de l’histoire.

1393. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Ceux qui ont prétendu lui refuser ce talent d’écrivain ne l’ont pu faire qu’autrefois et avant qu’il eût multiplié ses preuves.

1394. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Dans ce qu’il nous offre comme une solution générale, je reconnais et j’étudie avant tout l’empreinte personnelle distincte : là où il prétend me donner une philosophie, une théologie, je vois un homme, l’homme d’État, l’historien encore, et son portrait, en achevant de se graver dans mon esprit, n’obtient et n’entraîne rien de plus sûr ni de plus sincère que mon respect 21.

1395. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Le Play est d’une génération toute nouvelle ; il est l’homme de la société moderne par excellence, nourri de sa vie, élevé dans son progrès, dans ses sciences et dans leurs applications, de la lignée des fils de Monge et de Berthollet ; et, s’il a conçu la pensée d’une réforme, ce n’est qu’à la suite de l’expérience et en combinant les voies et moyens qu’il propose avec toutes les forces vives de la civilisation actuelle, sans prétendre en étouffer ni en refouler le développement.

1396. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

C’est ainsi que l’historien s’explique que Marc-Aurèle, pendant un règne de dix-neuf ans, n’ait pas plus fait ni tenté pour restaurer radicalement l’Empire, pour en améliorer la Constitution d’une manière durable et qui lui survécût : « Pauvres politiques, se disait tout bas le sage, ceux qui prétendent régler les affaires sur les maximes de la philosophie !

1397. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Frédéric avait divulgué une correspondance secrète que Joseph II avait entamée avec lui à la veille des hostilités pour gagner du temps, et dans laquelle tous deux, sous forme courtoise, avaient fait assaut d’ironie : « Le roi (de Prusse) se vante de temps en temps d’être très bien avec vos ministres, écrivait Marie-Thérèse à sa fille (17 mai 1778) ; il prétend même leur avoir communiqué la correspondance secrète entre l’empereur et lui.

1398. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Armand Lefebvre prétende qu’il n’y ait pas eu, de la part de la puissante et orgueilleuse nature, bien des promptitudes, des emportements, des complications inutiles et funestes ; mais il estime que ces torts dont l’oligarchie européenne s’empara et fit son profit, n’ont pas notablement changé les éléments essentiels ni les conditions inhérentes aux situations respectives.

1399. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

C’est peut-être pour me flatter qu’elles prétendent être invincibles quand je suis à leur tête, mais au moins les ennemis du roi craignent-ils d’être battus lorsque je commande une armée vis-à-vis d’eux.

1400. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Et comment ne serait-ce point M. de Talleyrand qui, après avoir vu de près l’Amérique, l’avoir observée si peu d’années après son déchirement d’avec la mère patrie, et l’avoir, non sans étonnement, retrouvée tout anglaise, sinon d’affection, du moins d’habitudes, d’inclinations et d’intérêts, aurait lui-même écrit ou dicté les remarques suivantes : « Quiconque a bien vu l’Amérique ne peut plus douter maintenant que dans la plupart de ses habitudes elle ne soit restée anglaise ; que son ancien commerce avec l’Angleterre n’ait même gagné de l’activité au lieu d’en perdre depuis l’époque de l’indépendance, et que par conséquent l’indépendance, loin d’être funeste à l’Angleterre, ne lui ait été à plusieurs égards avantageuse. » Appliquant ici le mode d’analyse en usage chez les idéologues et tout à fait de mise à l’Institut en l’an III, il partait de ce principe que « ce qui détermine la volonté, c’est l’inclination et l’intérêt », et que ces deux mobiles s’unissaient des deux parts pour rapprocher les colons émancipés et leurs tyrans de la veille : « Il paraît d’abord étrange et presque paradoxal de prétendre que les Américains sont portés d’inclination vers l’Angleterre ; mais il ne faut pas perdre de vue que le peuple américain est un peuple dépassionné ; que la victoire et le temps ont amorti ses haines, et que chez lui les inclinations se réduisent à de simples habitudes : or, toutes ses habitudes le rapprochent de l’Angleterre.

1401. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Malot, qui tient tant cependant à montrer les hommes et les choses avec tous les caractères de la fidélité réaliste, que le prétendu aliéné qu’il met ainsi en scène n’a jamais existé et ne répond à aucun type connu.

1402. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

On dit que la littérature italienne a commencé par la poésie, quoique du temps de Pétrarque il y eût de mauvais prosateurs dont on pourrait objecter les noms, comme on prétend opposer Ennius, Accius et Pacuvius aux grands orateurs, aux philosophes politiques qui consacrent la gloire des premiers siècles de la république romaine.

1403. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Il fallait et parler et se taire comme les autres, connaître les usages pour ne rien inventer, ne rien hasarder ; et c’était en imitant longtemps les manières reçues qu’on acquérait enfin le droit de prétendre à une réputation à soi.

1404. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Il existe sûrement des moyens d’améliorer, par la réflexion et le calcul, la théorie même de la morale, d’indiquer de nouveaux rapports de délicatesse et de dévouement entre les hommes ; mais ces moyens, utiles lorsqu’on les considère comme accessoires, deviendraient insuffisants et funestes, si l’on prétendait les substituer au sentiment ; ils rétréciraient la sphère de la morale, au lieu de l’agrandir.

1405. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Les questions de goût et de bienséance prennent le pas sur la vérité des choses, et la communication est si bien fermée entre la réalité vivante et l’esprit français, que les formes nouvelles de l’art conçues théoriquement en vue d’une vérité plus grande n’arrivent pas à se réaliser dans des œuvres moins conventionnelles que celles qu’il s’agit de remplacer : je parle de la comédie larmoyante et du drame, qui prétendent se substituer à la tragédie.

1406. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

L’original espagnol, qu’on prétend disparu, n’a jamais existé.

1407. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

On peut trouver dans ses livres, soit quelques formes de raisonnement d’une application toujours efficace, soit un certain nombre d’axiomes philosophiques qui subsistent ; mais vainement prétendrait-on nous y faire voir l’idée claire de l’humanité.

1408. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

C’est, bien évidemment, de profiter des bénéfices que j’en puis tirer, et de repousser de mon mieux les charges qu’elle prétend m’imposer en échange.

1409. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

[Abbé Delfour] L’abbé Delfour est un tout petit commerçant qui prétend s’être fait une spécialité de la « critique catholique ».

1410. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Le grand art est de les ménager, de ne point prétendre leur dicter à l’avance les impressions qui doivent résulter simplement de ce qu’on leur présente.

1411. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

La manière n’est qu’à lui, et ce serait manquer de goût que de prétendre lui en rien dérober.

1412. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

De plus conciliants philosophes, des esprits plus largement contemplateurs, ont prétendu « qu’il n’y a point de contradictions dans la nature ».

1413. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Aujourd’hui qu’à distance il est permis de dégager, d’accuser les traits plus vivement et même crûment, j’essaierai de rendre l’impression que j’ai reçue en repassant les principaux écrits de cette femme-auteur, car il faudrait être bien osé pour prétendre les avoir tous lus.

1414. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Sans prétendre empiéter sur ce qui sera dit ailleurs par des organes plus autorisés et avec plus de développement, je ne voudrais qu’acquitter ici, à ma manière, mon tribut d’estime envers un homme que j’ai connu et que j’ai particulièrement respecté ; je voudrais rendre plus nette et plus familière à tous l’idée qu’il faut rattacher à son nom.

1415. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

On sortait de la langue du xvie  siècle : que cette prose de Rabelais, de Montaigne, de d’Aubigné et de tant d’autres, fût en partie très regrettable et préférable même à celle qu’on essayait de former, ce n’était pas la question, puisque la société n’en voulait plus et prétendait, depuis Malherbe, s’en composer une moderne, plus choisie et toute réformée à son usage.

1416. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Cousin a voulu davantage : il a affecté la rigueur et l’invention dans la méthode ; il a prétendu serrer les choses de plus près que ses devanciers ; il a tenu à donner à sa philosophie une solidité indépendante de toute tradition révélée ; il a aspiré, en un mot, à fonder une grande école de philosophie intermédiaire, qui ne choquât point la religion, qui existât à côté, qui en fût indépendante, souvent auxiliaire en apparence, mais encore plus protectrice, et, par instants, dominatrice, en attendant peut-être qu’elle en devînt héritière.

1417. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Étienne ait été l’honneur de l’ancien Constitutionnel, nous parlerons de lui ici sans solidarité aucune et sans prétendre à aucun lien.

1418. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Continuons d’aimer en lui un don de nature, une veine unique que rien n’altère ni ne mélange, et ne lui prêtons ni plus de portée morale ni plus de philosophie qu’il n’a prétendu en avoir.

1419. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Mérimée a essayé d’expliquer autrement encore que par ces circonstances générales l’apparition du faux Démétrius, âgé de vingt à vingt-deux ans, et qui prétendait fils d’Ivan le Terrible et le populaire.

1420. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Où je trouve l’erreur, c’est qu’on prétende que cela a toujours été ainsi ; quant à moi, je pense que c’est un des caractères de l’âge actuel des nations : seulement, cela est plus sensible chez nous en ce moment, parce que nos mœurs n’ont pas marché d’un pas égal avec les opinions.

1421. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Sainte-Beuve, qui ne voyait que le petit fait, Sainte-Beuve, l’entomologiste littéraire, positiviste de nature bien avant que la philosophie positiviste fût inventée, — bien avant de tomber dans cette croyance qu’il descendait d’un poisson métamorphosé en singe, pour culbuter de cette belle croyance dans le trou final, fait pour les bêtes, où il a voulu qu’on le mît, — Sainte-Beuve se vantait de n’avoir point de principes en critique, et même il prétendait qu’il n’en fallait pas.

1422. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Malgré de profondes lacunes dans sa conception de l’univers et de la beauté, malgré ses puérilités, ses faiblesses, malgré sa compréhension notoirement insuffisante du monde moderne, malgré l’étonnante erreur qu’il a commise, Ruskin est à beaucoup d’égards un réaliste ; et malgré leur prétendu souci exclusif de la nature, malgré leur juvénile ardeur et leur enthousiasme, malgré leur amour sincère de l’art et leur austère labeur, les peintres préraphaélites sont, à presque tous les points de vue, des idéalistes.

1423. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Elle en a le droit d’autant plus incontestablement que, en raison de ce qui vient d’être exposé, ce vote est moralement nul, puisqu’il concerne un monument fictif, tout différent de celui qu’érigent les sectaires du prétendu « Vœu national ».‌

1424. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

« Je ne comprends pas que, prenant le scepticisme corps à corps, on prétende démontrer que l’intelligence humaine voit réellement les choses telles qu’elles sont.

1425. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Chacun prétendit expliquer l’homme et le monde, et par surcroît sauver l’humanité.

1426. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Il prend son plaisir où il le trouve, et prétend que les autres font comme lui.

1427. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Les écrivains n’étaient pas rebelles à l’autorité, ne prétendaient aucunement à l’indépendance ; mais quand on se borne à obéir au pouvoir sans chercher à lui plaire, l’esprit conserve la plus grande part de sa liberté. […] Les premiers chapitres de Bélisaire rappellent le Télémaque ; et l’on regrette que l’auteur, au lieu de prétendre à instruire les rois et les peuples, comme tout écrivain s’y croyait alors obligé, n’ait pas suivi la vraie route de son talent, qui était de raconter et de peindre avec vérité. […] Ce fut de cette sorte que l’instruction devint superficielle en France ; on rechercha seulement le charlatanisme du savoir, afin d’appuyer d’une manière apparente la vanité du raisonnement ; et avec ce prétendu amour pour les connaissances positives, jamais on ne fut moins nourri d’une érudition réelle. […] Rois, sénats, assemblées, peuples, tous sont coupables d’usurpation, dès qu’ils se prétendent supérieurs à la justice, dès qu’ils peuvent à leur gré ériger en crime ce qui ne l’est pas, dès qu’ils offensent la règle divine de justice et de raison qui fut déposée dans le cœur de chaque homme, comme la vraie loi souveraine. […] Ils sont douteux, ces calculs, ces projets, ces opinions, qui prétendent sauver l’État en péril !

1428. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Si le succès n’en a pas été plus décisif, c’est que notre prétendu retour vers l’antiquité grecque et homérique n’est, hélas ! […] Puisqu’on prétend que nous sommes à court de types de comédie, en voilà un que je me permets d’indiquer à M.  […] Aussi quel courroux lorsque des hérétiques ont osé prétendre que madame de Longueville manquait d’embonpoint ! […] Ma prétention est à la fois moindre et meilleure : je prétends simplement vous faire lire le livre de M.  […] Ce n’est ni un compte-rendu, ni une appréciation littéraire, ni une analyse historique, que nous prétendons faire ici.

1429. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Je ne prétends point anticiper en ce moment, ni préjuger quelques-unes des pièces de vers assez spirituelles et agréables qu’on a de lui ; mais il est certain qu’à sa sortie du collège, en cette mémorable année 1819 où Lamartine se révélait par ses premières Méditations, où Victor Hugo adolescent s’essayait déjà par des odes touchantes et pures, où André Chénier apparaissait comme un jeune moderne dans ses œuvres pour la première fois recueillies, Ampère, ardent, exalté, enthousiaste, ne rêvait que la palme et le laurier. […] La lecture de la grammaire de Champollion, qu’il ouvrit un matin sans dessein arrêté, détermina en lui comme une vocation subite, irrésistible : devenu du jour au lendemain disciple de l’illustre inventeur et l’émule de Lepsius, il se plongea à corps perdu dans cette neuve étude qu’il prétendait bien ne pas aller vérifier seulement sur place, mais faire marcher à son tour et avancer. […] J’admire qu’Ampère, connaisseur de tout temps assez incertain en matière de beaux-arts, se trouve ainsi avoir aiguisé ses sens au point d’être subitement doué de seconde vue et de dépasser Lavater, et en général je ne saurais me faire à cette méthode qui me paraît bien hasardeuse et qu’il affectionne avant tout, de prétendre juger du caractère des hommes d’État par des portraits et des bustes plus ou moins ressemblants et quelquefois douteux ; mais, cela dit, ce voyage à travers l’histoire romaine qu’on refait avec Ampère est plein d’agrément et d’instruction ; la contradiction même y est profitable : on y remue, on y ravive, bon gré, mal gré, ses notions et ses jugements.

1430. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Mon cicérone prétend être certain de ce que je vous répète. […] Jal, Auguste Jal, n’est peut-être pas né officier de marine, surtout à l’âge de 3 ans, comme le prétendent les petits journaux dont M.  […] On prétend que M.  […] Muret (l’auteur de Georges, ou un entre mille, que je n’ai pas lu), prétend que l’aventure ne lui est pas arrivée, et fait entendre que la raison qui rend le fait impossible, c’est qu’il est marié.

1431. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

On a beaucoup parlé, de nos jours, et, Dieu merci, on n’en parle plus, de la liberté que s’était donnée le drame moderne, de cet admirable vagabondage de la poésie dramatique qui ne connaît plus d’obstacles ; les poètes se sont tendrement embrassés les uns les autres, en l’honneur de ce prétendu affranchissement de la comédie ; on a crié bien haut que les unités étaient réduites au silence, et chacun de se féliciter comme s’il avait inventé Shakespeare ! […] Suivez-moi donc, car je prétends, pour ma peine, marcher le premier, quand vous devriez me pousser à grands coups de pied ! […] Bulwer, renferme dans ma pièce tout ce qui prétend à l’héroïque. » Il avoue même « que, dans ce caractère, il a pris, lui, M.  […] Bulwer prétend ressusciter le xviie  siècle, dont on peut dire ce que disait Bossuet23 d’Alexandre le Grand : « Il vit dans la bouche de tous les hommes sans que sa gloire soit effacée ou diminuée depuis tant d’années. » Mais si madame de Montespan parle comme une bacchante à jeun, Louis XIV, de son côté, lui répond comme le vieux célibataire ne répondrait pas à sa servante Babet : « Belle dame quand tu parles, je rêve ce que devrait être l’amour.

1432. (1925) Proses datées

Ces lettres arrivaient toujours, prétendait Mallarmé, et étaient une preuve évidente du sens poétique des facteurs. […] Comme tel, il relève plus que de l’anecdote de la haute critique, mais ce n’est point une étude critique qu’a prétendu nous donner Mme Leroy-Allais ; ce qu’elle a voulu, c’est faire revivre pour nous, en ses années d’enfance, de jeunesse et d’adolescence, la figure fraternelle et en marquer la physionomie très particulière. […]   Du reste, il n’y prétend point et ce qu’il nous donne n’est qu’une relation exacte et véridique de ce qui lui est arrivé. […] Viaud, non que je prétende comparer le chef-d’œuvre du romancier anglais à la relation du marin français ; mais si son naufrage ne vaut ni comme conséquences littéraires ni comme enseignement moral celui de Robinson, il ne mérite pas moins qu’on en rapporte en abrégé les circonstances principales. […] C’est à elles que j’en veux revenir, car, encore une fois, ce n’est pas au docte Parlementaire ni même à l’aimable Bourguignon que je prétends m’adresser, c’est à l’Italien, Monsieur, et plus encore au Vénitien.

1433. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Ce genre de labeur qu’on appelle la bibliographie [la critique de provenance, principalement au point de vue de la pseudépigraphie] ne saurait prétendre aux glorieux suffrages du public, … mais il a beaucoup d’attrait pour celui qui s’y consacre. […] C’est la déformation la plus dangereuse, celle des historiens artistes, d’Hérodote, de Tacite, des Italiens de la Renaissance. — La déformation lyrique exagère les sentiments et les émotions de l’auteur et de ses amis, pour les faire paraître plus intenses : on doit en tenir compte dans les études qui prétendent reconstituer « la psychologie » d’un personnage. […] Si ses résultats sont en désaccord avec les leurs, c’est elle qui doit céder ; elle ne peut prétendre, avec ses moyens imparfaits, contrôler, contredire ou rectifier les résultats des autres ; elle doit au contraire employer leurs résultats à rectifier les siens. […] Cette nécessité est sensible matériellement dans les restitutions de monuments fondées sur une description (par exemple celle du Temple de Jérusalem), dans les tableaux qui prétendent représenter des scènes historiques, dans les dessins des journaux illustrés. […] Les savants proprement dits n’ont pas la prétention de donner à leurs œuvres une forme ne varietur ni d’être lus par la postérité ; ils ne prétendent pas à l’immortalité personnelle : il leur suffit que les résultats de leurs recherches, rectifiés ou même transformés par des recherches ultérieures, soient incorporés à l’ensemble des connaissances qui constituent le patrimoine scientifique de l’humanité.

1434. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Mais enfin, on s’en tire avec un peu d’attention et de patience, et c’est tout ce que j’ai prétendu. […] Il ne veut pas admettre ce tour et cette attitude d’esprit qui font qu’on raille parfois ce qu’on respecte, et qu’on prétend le respecter tout de même. […] … Je prétendais qu’une honnête femme n’accepte pas un cœur qui s’est déjà donné. […] Au reste, ce n’est point une critique que j’ai prétendu faire. […] Je ne prétends pas qu’il soit satisfaisant ; mais j’avais cru qu’il était clair.

1435. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Et c’est pourquoi je me tourne vers les jeunes gens, et je leur dis : — Jeunes gens, vous voulez rajeunir le théâtre ; vous prétendez y apporter ou plus de vérité, ou plus de pensée, ou plus de psychologie. […] L’amour qui n’attend rien, et qui prétend seulement aimer, ne saurait essuyer de refus ni d’outrage. […] Comment serait-elle jalouse d’un sentiment qui ne prétend rien, et qui n’adore, chez don Pèdre, que ce que la bonne reine voudrait voir en effet adoré de tous ? […] Et quand le monstre est né, cet enfant qu’elle prétend tuer par amour, elle ne l’approche pas, elle ne le regarde pas, parce qu’elle est « humiliée » (elle le dit) que cela soit sorti d’elle. […] — On a prétendu pourtant que Giraud n’était pas complet ; on aurait voulu le surprendre dans ses bureaux ou à la Bourse, si toutefois ce gros personnage s’y rend encore ; le voir à l’œuvre comme forban… Bref, on lui a reproché de n’être point Mercadet.

1436. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

La vertu, et son expression, étaient notées comme le langage de la révolte ; la raison, et ses réserves prudentes, contrariaient les fureurs de la démence armée ; enfin la grandeur de l’esprit, et les prérogatives de sa sublimité, semblaient des usurpations fatales au pouvoir despotique et jaloux, qui prétendait en envahir les privilèges. […] J’apprends qu’un traducteur du Camoëns prétend que dans ce poème Vénus signifie la Sainte-Vierge, et que Mars est évidemment Jésus-Christ, à la bonne heure : je ne m’y oppose pas : mais j’avoue que je ne m’en serais pas aperçu. » Voltaire eût pu ajouter que Du Perron de Casterau cherche à prouver par son érudition que les Néréides ne sont la que les vertus théologales personnifiées, et que les moins pures d’entre elles ne sont que les vertus humaines. […] Si l’apologiste prétend que le Camoëns est exempt de reproche, en donnant à son héros voyageur la même conductrice que donne Virgile à son pieux Énée, et s’il le loue d’une pareille imitation, persuadé qu’on ne peut s’égarer en marchant sur les traces de si bons guides, il tombe dans une autre erreur, et nous offre une occasion de remarquer que l’on imite très mal les anciens quand on ne les imite pas en tout, et que transposer leurs inventions païennes en des sujets chrétiens, c’est les dénaturer par une impropriété ridicule. […] Cet ouvrage naquit d’un de nos entretiens : je déplorais avec lui cette frénésie pour Ossian qu’avait inspirée l’influence d’un chef illettré qui prétendait tyranniser jusqu’aux lois du goût, et qui, bien au-dessous d’Alexandre, avait choisi le Barde écossais pour son Homère. […] Il n’est donc pas étrange de les entendre exprimer l’amour, la haine, la colère, puisqu’ils nous sont offerts avec des traits humains, et que dans toutes les religions l’homme a prétendu que les dieux l’avaient fait à leur image, parce qu’il n’a pu se les faire qu’à la sienne.

1437. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Les sociologues et les politiciens de la même époque prétendent, eux aussi, mettre au service de leurs théories les méthodes de cette science expérimentale. […] D’autre part, une humanité qui prétendrait s’emprisonner dans les conceptions héréditaires sur les points où les méthodes expérimentales ont renouvelé les idées irait, elle aussi, contre la nature. […] Ils prétendirent, sous le nom de logique, conserver la classe de philosophie, en y faisant enseigner un ensemble de doctrines officielles, inoffensives, mais encore plus inutiles. […] Cet individualiste prétendait ne pas se contenter d’être lui-même. […] Vous retrouvez dans ces données, si vous en dégagez la philosophie esthétique, le parti pris des écrivains de l’école du document, de ceux qui prétendait réduire le roman à un chapitre de l’histoire des mœurs.

1438. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Il prétend que ce gouvernement de Gisors lui appartient, et, le roi le lui refusant, toujours par les mêmes raisons de ne porter ombrage aux seigneurs catholiques, Rosny s’irritera encore, criera au passe-droit, et fera au roi les mêmes reproches qu’au lendemain d’Ivry : À tous lesquels reproches, il (le roi) ne vous répondit jamais autre chose sinon : « Je vois bien que vous êtes en colère à cette heure ; nous en parlerons une autre fois » ; et s’en alla d’un autre côté ; puis, vous voyant avoir fait de même, il dit à ceux qui le suivaient : « Il le faut laisser dire, car il est d’humeur prompte, et soudaine, et a même quelque espèce de raison ; néanmoins, il ne fera jamais rien de méchant ni de honteux, car il est homme de bien et aime l’honneur. » Voilà la mesure des bouderies de Sully, et le mot de Henri sur son compte demeure le vrai.

1439. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

» Rosny résiste à tant de bonne grâce ; ayant aspiré autrefois à la charge principale, il ne veut point présentement d’un diminutif ; il se prétend surchargé d’affaires et insuffisant.

1440. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Ceux qui méconnaissent personnellement prétendent que je suis supérieur à mes ouvrages.

1441. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Ajoutons vite (car ceci n’est point une biographie que nous prétendons esquisser, et nous ne voulons que faire connaître l’homme et le poète par ses traits principaux) que dès que Cowper s’aperçut que la présence de lady Austen pouvait à la longue chagriner Mme Unwin, et que l’aimable fée apportait dans le commerce habituel un principe trop vif de sensibilité ou de susceptibilité, propre à troubler leurs âmes unies, il n’hésita point une minute ; et sans effort solennel, sans coquetterie, par une simple lettre irrévocable, il sacrifia l’agréable et le charmant au nécessaire, et l’imagination tendre à l’immuable amitié.

1442. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Il y fut reçu à merveille par le prince de Condé, un peu plus froidement par le duc de Bourbon : « Pour Mme la duchesse de Bourbon, dit-il, elle conserva avec moi l’air d’ironie qui ne l’avait pas quittée depuis le commencement de cette affaire ; j’y opposai un air d’aisance qu’on prétend qui ne m’est point étranger, et que cette fois je ne cherchai pas à réprimer.

1443. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Vous citez M. de Chamberlan, auquel vous prétendez que j’ai écrit que tous les hommes sont nés avec une égale portion d’intelligence.

1444. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Quelle illusion dans cette gloire qu’on prétend éterniser, dans ce bâtiment de quarante mille écus élevé à l’une des extrémités de la pièce d’eau, vraie pagode où se lisaient gravés sur le marbre tous les noms des visiteurs en ces quatre années, avec cette inscription de la façon de l’abbé Barthélemy : « Étienne-François, duc de Choiseul, pénétré des témoignages d’amitié, de bonté, d’attention dont il fut honoré pendant son exil par un grand nombre de personnes empressées à se rendre en ces lieux, a fait élever ce monument pour éterniser sa reconnaissance. » Que cet obélisque ministériel, inauguré dix ans avant la Révolution française, à quelques pas du volcan qui va engloutir la monarchie, est petit, vu de loin, et qu’il manque son effet dans la perspective !

1445. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Aucun de ceux qui connaissent ce drôle de corps, cet homme d’esprit infecté de mauvais goût, ne saurait prétendre que son influence puisse être bonne, à la longue, pour personne ; mais relativement, et pour un temps très court, Barbey dut être utile à Guérin.

1446. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Mais aussi, si mes accusateurs ne peuvent pas prouver ou qu’ils prouvent mal, je prétends que l’on exerce sur eux la même justice que je demande pour moi.

1447. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Il n’a pas inventé son sujet, on le sait bien, et il a hâte de le dire ; il ne prétend qu’enfiler à la suite l’une de l’autre un certain nombre de fables dans le genre milésien.

1448. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Ô vous, ses bons amis de Bretagne, cela dût-il vous contrarier un peu, il est puéril et inutile de prétendre le lui ôter.

1449. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Il n’était pas des plus retenus sur l’article des femmes ; ce libertin de Brantôme, qui prétend savoir ces sortes de choses sur le bout du doigt et par le menu, nous en a touché un mot ; mais c’est de trop de manger surtout qui lui était nuisible33, Charles-Quint était d’une voracité vraiment extraordinaire et phénoménale ; et comme l’a spirituellement remarqué M. 

1450. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Né à Versailles, dont il est resté le poète chéri, où il a vécu tant d’années et où il est mort69, fils d’un père savoisien et patriarcal, de qui il a prétendu tenir toute sa poétique, bien différente, dit-il, de celle des Marmontel et des La Harpe, et d’une mère, bonne femme humble et antique ; d’abord secrétaire de maréchaux et de généraux, il fit la guerre et la vit de près, sans en tirer grand profit pour son observation de poète : « Ducis a fait la guerre de Sept-Ans avec nous, dit le prince de Ligne.

1451. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Il n’a pas contracté l’obligation ou de déployer des nus, ou d’imaginer certaines formes de draperies, ou d’observer certaines règles de genre : il prend les choses telles qu’il les voit, il leur laisse leur réalité ; et il en résulte que, sans avoir prétendu faire ni de l’histoire ni du genre, il a fait de l’un ou de l’autre ; il a été touchant, noble, terrible, ou bien spirituel, comique et original.

1452. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

N’y a-t-il pas eu, en quelque étude, un clerc digne de s’appeler Maucler, un officieux qui a prêté l’oreille, qui a tout d’un coup prétendu savoir ce qu’il venait fortuitement d’apprendre et qui a cherché à dérober le los et honneur d’autrui ?

1453. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

« M. de La Rochefoucauld avait l’esprit trop élevé, l’intelligence trop haute, le sens moral trop profond pour ne pas être un catholique véritable ; la société au milieu de laquelle il vivait était essentiellement chrétienne, et, on aura beau faire, il faudra nous laisser cette grande illustration et renoncer à la joindre à la cour, trop brillante malheureusement, de l’incrédulité. » Rien n’est plus estimable que d’être catholique fidèle et docile, surtout si l’on est à la fois chrétien de cœur ; je suis loin de prétendre que l’élévation de l’intelligence ne fût point compatible, en ce grand siècle, avec la croyance régnante, et l’on y eut d’assez beaux exemples de cette concorde et de cette union ; mais, en vérité, raisonner comme vous le faites, avec cette légèreté, cette sérénité imperturbable, et trancher ainsi une question de foi chez un moraliste de cet ordre et de cette école, chez un raffiné de la qualité et de la trempe de M. de La Rochefoucauld, c’est montrer que vous ne vous doutez même pas de la difficulté.

1454. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Gavarni travaillait d’ordinaire par jour ses dix-huit heures sur vingt-quatre, et c’est ainsi qu’il est arrivé à produire ce chiffre de pièces qui n’est pas encore bien connu : les uns disent dix mille ; d’autres qui doivent être bien informés aussi, prétendent que c’est dix fois plus.

1455. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Voisin, dans une lettre au comte de Broglie qui servait sous Villars et commandait les réserves de l’armée, écrivait à la même date : « On prétend que le prince Eugène doit se déterminer ces jours-ci à faire un nouveau siège de Landrecies ou de Maubeuge.

1456. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Vaugelas, dans sa Préface aussi judicieuse que fine, commence par définir modestement son rôle ; il ne prétend pas être législateur ni réformateur, il n’est que le secrétaire et le témoin de l’usage.

1457. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

A peine peut-on espérer atteindre aux limites de l’esprit : quel homme prétendrait les reculer ?

1458. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Or, c’est un peu ce que prétendait faire Cervantes dans le genre du roman, tant il y avait de hasard et de bien trouvé dans son génie, lors même qu’il rencontrait le mieux !

1459. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Lanthenas, apparemment comme le vulgaire, content de ce qu’il a lorsque d’autres n’obtiennent pas davantage, s’aperçut que je ne demeurais point insensible, en devint malheureux et jaloux ; rien ne rend si maussade et même injuste : je le sentis, et j’étais trop fière pour l’épargner : il s’éloigna d’autant plus furieux, imaginant le pis ; ses opinions même prirent une nouvelle teinte ; son cœur l’empêchait d’être féroce comme les montagnards, mais il ne voulut plus voir comme moi, et bien moins comme celui qu’il me voyait chérir ; il prétendit se mettre entre le Côté droit dont il blâmait les passions, et le Côté gauche dont il ne pouvait approuver les excès ; il fut moins que rien, et se fît mépriser des deux parts. » C’est bien dur et bien écrasant pour Lanthenas, qui avait souffert pour elle, qui ne s’éloignait qu’à cause d’elle, et qui était dans le vrai en étant jaloux.

1460. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

On a d’elle, lorsqu’elle était encore jeune fille, c’est-à-dire avant son mariage, à l’âge de vingt-deux ou vingt-trois ans, un Essai moral, une espèce de dissertation sur l’amour qui commence ainsi : « Je pense à l’amour et je prends la plume… Que prétends-je faire ?

1461. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Elle n’a rien à elle dans ce qu’elle dit et ce qu’elle prétend sentir ; à peine a-t-elle une contenance à elle.

1462. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Prétendre adjoindre M. 

1463. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Aussi cette confrérie s’étend-elle contre nous particulièrement en Afrique, et elle a un puissant auxiliaire dans le désert : « c’est ce désert qu’Es-Senousi avait choisi pour champ d’application de ses projets, et qu’il prétendait opposer comme un cordon sanitaire à la contagion européenne.

1464. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

D’ingénieux et savants disciples de Wolf poussèrent à bout les conséquences de ce système négatif et prétendirent ne laisser aucun coin de refuge à l’ancienne croyance9.

1465. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

L’on prétend que le roi rougit et marqua de la colère aux propos du maréchal, quoiqu’il parlât bien cependant.

1466. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Il sera consulté encore ; il siège au Conseil, il correspondra toujours avec le maître, il prendra une part essentielle aux Affaires étrangères et aura une ambassade de confiance et de famille en Espagne ; mais d’autres désormais prétendront à l’intime faveur et à l’exercice du pouvoir : la roue a tourné77.

1467. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Chéruel, qui du reste ne prétend nullement lui contester ce double talent, ne me paraît pourtant point assigner à celui qui le possède le rang et le cran d’honneur qui lui est dû.

1468. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Il est le premier nom en tête de la liste des nouveaux venus, des plus modernes et des plus hardis, de ceux qui prétendent bouleverser les rangs et changer les choses.

1469. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

remy a prétendu biffer d’un trait de plume toute une moitié de l’œuvre, toute une première moitié d’où la seconde est sortie.

1470. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Cependant, et sans prétendre nier cette profonde dissemblance originelle entre deux âmes, dont l’une n’a connu que l’amour maternel, et dont l’autre a ressenti toutes les passions, jusqu’aux plus généreuses et aux plus viriles, on trouve en elles, en y regardant de près, bien des faiblesses, bien des qualités communes, dont le développement divers n’a tenu qu’à la diversité des temps.

1471. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Hier enfant, ce fils est devenu un homme ; il veut être libre, se croit son maître, prétend aller seul dans le monde… Jusqu’à ce qu’il ait acheté son expérience, vos yeux ne trouveront plus le sommeil, que vous ne l’ayez entendu revenir !

1472. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Mariant ainsi cette culture d’esprit aux soins les plus réguliers de sa famille et de sa maison, elle prétendait que cela s’entr’aide, qu’on sort d’une de ces occupations mieux préparé à l’autre, et elle allait jusqu’à dire en plaisantant que d’apprendre le latin sert à faire les confitures.

1473. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

. — Elle voulait voir du mépris de la part d’Hervé, de la fierté insolente dans cette inattention soutenue, et tâchait de s’en irriter ; mais non, c’était moins et c’était pis, elle le sentait bien ; ce prétendu dédain s’enfonçait plus cruel, précisément en ce qu’il était plus involontaire ; c’était de l’oubli.

1474. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Souvent, ayant fondé l’église, il en est le patron, choisit le curé, prétend le conduire ; dans les campagnes, on le voit avancer ou reculer à sa fantaisie l’heure des messes paroissiales.

1475. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Son histoire n’est pas si obscure qu’on le prétend ; tous les écrivains de ces lieux et de ces temps s’accordent parfaitement sur les principales circonstances de cette vie.

1476. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Il semble qu’on en ait eu le sentiment : car, vers la fin du siècle, après les bruyants et multiples succès de la comédie larmoyante et du drame, on revient tout doucement à la comédie traditionnelle, à celle qui fait rire, ou y prétend.

1477. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Passage de l’idée à la vie : Thierry Lorsque Augustin Thierry, en 1817829, donna au Censeur Européen et au Courrier Finançais ses premières études sur l’Histoire d’Angleterre et sur l’Histoire de France, il avait de grandes ambitions philosophiques : il prétendait trouver la loi suprême, unique, du développement national de chaque peuple830.

1478. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Il pourra bien sans doute démontrer par les preuves traditionnelles chaque article de la doctrine, mais pour les fidèles seulement, avec cette pensée que ces arguments ne peuvent convaincre que ceux qui sont persuadés d’avance, sans prétendre foudroyer les incrédules par des raisonnements irréfragables et sans supposer non plus que ces malheureux soient toujours de mauvaise foi ni qu’ils se donnent tous pour des esprits forts : car il y en a qui se donnent de la meilleure grâce du monde pour des esprits faibles, incertains, gouvernés par des forces obscures, incapables d’atteindre l’absolue vérité.     

1479. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Surtout nous ne prétendons rien préjuger sur une très grave question qui ne peut manquer de s’élever bientôt, savoir, si ce n’est pas errer que de cultiver exclusivement l’image.

1480. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Il n’y avait qu’un rhéteur, habitué à répéter de vieilles phrases dénuées de sens, pour oser prétendre que ces malheurs venaient des infidélités du peuple 156.

1481. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Elle est arriérée si elle invoque d’anciens souvenirs ; elle est chimérique si elle prétend à l’actualité.

1482. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Prétendre imiter le procédé de diction du héros qui sut abréger César lui-même, ce serait risquer d’être sobre jusqu’à la maigreur et de paraître tendu ou heurté.

1483. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Guizot y porta son instinct et ses habitudes d’esprit : il prétendit à la régler, à l’organiser.

1484. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Grâce à Dieu, m’estimant à ma juste valeur, je n’ai jamais prétendu à l’empire… Ce talent supérieur, c’est Mme de Staël qui se trouve traduite ici comme coupable (le croirait-on ?)

1485. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Sur Jean-Jacques, par exemple : « Le roi parle, ce me semble, très bien sur les ouvrages de Rousseau ; il y trouve de la chaleur et de la force, mais peu de logique et de vérité ; il prétend qu’il ne lit que pour s’instruire, et que les ouvrages de Rousseau ne lui apprennent rien ou peu de chose. » Avec d’Alembert, dont il apprécia tout d’abord le caractère estimable, Frédéric se montre purement en philosophe ; on le voit tel qu’il aurait aimé à être dans la seconde moitié de sa vie, quand la goutte et l’humeur ne l’aigrissaient pas trop, et s’il avait eu autour de lui quelqu’un de digne avec qui s’entendre : « Sa conversation roule tantôt sur la littérature, tantôt sur la philosophie, assez souvent même sur la guerre et sur la politique, et quelquefois sur le mépris de la vie, de la gloire et des honneurs. » Voilà le cercle des sujets humains qu’il aimait à traiter habituellement, sincèrement, et en moralisant toujours ; mais la littérature et la philosophie étaient encore ce dont il aimait à causer par-dessus tout pour se détendre, quand il avait fait son métier de roi.

1486. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

La Motte a prétendu démontrer, par toutes sortes de bonnes raisons, que la fable des Deux Pigeons pèche contre l’unité, « qu’on ne sait trop ce qui domine dans cette image, ou des dangers du voyage, ou de l’inquiétude de l’amitié, ou du plaisir du retour après une longue absence. » Ces deux pigeons, d’ailleurs, qui ne sont d’abord que deux frères et deux amis, se trouvent être à la fin deux amants.

1487. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Le chancelier Voysin (à la fois secrétaire d’État de la Guerre) avait rédigé, à cet effet, une déclaration précise et rude, qu’il prétendait imposer au Parlement : mais d’Aguesseau, procureur général, et qui avait alors, dit Voltaire, ce courage d’esprit que donne la jeunesse 40, refusa absolument de s’en charger.

1488. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Rulhière, toujours occupé de son sujet de comédie, comme l’autre de sa lettre, continue de définir Jean-Jacques et de montrer à Dusaulx quelle chimère et quelle vanité d’amour-propre (sous forme d’enthousiasme) il y a de sa part à prétendre consoler un pareil homme : Mais, de bonne foi, qu’espérer d’un homme qui en est venu au point (la chose est certaine) de se méfier de son propre chien, et cela parce que les caresses de ce pauvre animal étaient comme les vôtres trop fréquentes, et qu’il y avait là-dessous quelque mystère caché ?

1489. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Il n’eut que le temps d’écrire une première lettre où se trahit une émotion violente ; il s’excuse, il se justifie ; il a parlé de Voltaire, dit-il, comme il eût parlé d’un classique, d’un ancien ; il a parlé de Zulime comme il eût fait de l’Othon de Corneille, sans prétendre rabaisser le génie du poète lui-même.

1490. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Comme je n’ai pas prétendu donner un rapport sur la poésie à la date présente, je ne suis pas tenu de conclure.

1491. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

elle avait des aperçus, des idées, et cela sans jamais prétendre, comme tant de femmes, refaire le monde ; elle n’aurait voulu refaire que le monde de son beau temps et de sa jeunesse.

1492. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Boileau ne se tint pas ; Racine avait beau lui faire des signes, le prétendu bailli prenait feu et allait se déceler dans sa candeur.

1493. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

On sent bien que je cause avec le président de Brosses, ou plutôt que je le fais causer devant nous, et que je ne prétends pas analyser son voyage.

1494. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Le joli petit roman de Jehan de Saintré, où l’idéal chevaleresque se peint encore au début dans ce qu’il a de plus mignon, et qui prétend offrir un petit code en action de la politesse, de la courtoisie, de la galanterie, en un mot de l’éducation complète d’un jeune écuyer du temps, ce joli roman est rempli aussi de préceptes pédantesques, d’articles d’un cérémonial minutieux, et, vers la fin, il tourne tout à coup à la grossièreté sensuelle et au triomphe du moine selon Rabelais.

1495. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Vers libre : je ne prétends ni à une assimilation ni même à une comparaison entre le vers de l’école de Saint-Gall et le vers d’aujourd’hui, quoique l’un comme l’autre soient obscurs.

1496. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Sans doute nous ne pourrions désigner aucune des œuvres du vers libre comme pouvant prétendre à être un de ces grands chants impersonnels auxquels allusionne M. 

1497. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Cette objection a été trop souvent faite aux morales utilitaires pour qu’il y ait lieu de la développer ; nous remarquons seulement qu’elle s’applique également à toute théorie qui prétend expliquer, par des causes purement psychologiques, les valeurs économiques, esthétiques ou spéculatives.

1498. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Pourtant, je ne prétends pas défendre tous les autobiographes.

1499. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

De toutes ces insultes de Saint-Simon, en les exprimant d’un pouce ferme, il ne sort rien de plus que l’ambition effrénée d’une femme qui avait le droit de prétendre à tout et qui, arrivée à sa place par cette loi de gravitation dont le jeu reste toujours innocent de ses actes, s’effaça et vécut avec la simplicité de la plus humble chrétienne, entre son royal époux et Dieu !

1500. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

La critique a donc commencé comme les positivistes — ces derniers savants, qui se croient les premiers, — prétendent qu’il faut finir, c’est-à-dire par la description et par la nomenclature.

1501. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

C’est là pourtant ce qu’on prétend qu’il est : un très grand critique ; mais moi, je dis que l’homme littéraire n’est pas chez lui monté jusque-là.

1502. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Des hommes intelligents eurent l’imbécillité de prétendre qu’il y avait contradiction entre de Maistre, le théoricien incompatible de l’infaillibilité du Pape, et de Maistre, l’homme politique qui, dans une lettre intime faite pour rester secrète, blâme la politique d’un pontife avec la hardiesse d’un grand seigneur et la plaisanterie d’un homme d’esprit qui n’est point pédant.

1503. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

» Et la chose (ce comique) devient si forte, si forte et si visible, qu’on se demande si le haschisch se moque encore de lui quand il nous en raconte les frasques dans la tête humaine, ou si, lui, le narrateur, se moque de nous et prétend être notre haschisch ?

1504. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Ainsi, un acteur célèbre (Baron), qui prétendait que l’émotion est en nous un sentiment involontaire, et presque indépendant de l’esprit, en mettant sur des paroles gaies, ou même ridicules, un accent pathétique, attendrissait peu à peu, et parvenait à faire couler les larmes.

1505. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Ainsi raisonnent les hommes, quand, à l’alentour d’une table, souvent ils tiennent la coupe, et que, couronnant leur tête de fleurs, ils disent volontiers : Ce plaisir n’a qu’un moment pour les pauvres humains ; tout à l’heure il aura passé, et il ne sera pas permis de le rappeler jamais. » Cette fois encore un prélude avait retenti, non pas sans doute de la lyre sacrée, mais de cette corde mélancolique et douce que devait bientôt toucher Horace avec plus d’insouciance que de triste certitude, et en égayant son âme par les douceurs de la vie sans prétendre la convaincre qu’elle doit à jamais mourir.

1506. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Vainement, poëte de théâtre et de cour, Voltaire prétendait-il à la palme de l’opéra.

1507. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Mais, du reste, Messieurs, tout ceci n’est qu’une sorte de digression sur des questions sur lesquelles nous reviendrons plus tard, et dont nous parlons ici seulement en passant, parce que nous avons sous la main des sujets d’expériences qui vous permettent de vous parler de l’origine de la matière sucrée dans le foie, tout en vous démontrant l’impossibilité d’aller chercher dans la mère l’origine de la matière sucrée qu’on prétendrait être venue se localiser dans le foie. […] Cependant certains observateurs ont prétendu que la bile contenait du sucre. […] Ainsi on prétend que dans le cas où l’on donne à un animal des matières féculentes ou sucrées, le sucre pourrait bien se trouver en grande quantité dans la veine porte, mais qu’il y serait masqué par sa combinaison avec l’albuminose, et ne serait plus dès lors susceptible d’être décelé par le tartrate cupro-potassique. […] Quand nous vous avons dit que le sucre du foie se faisait aux dépens des matières albuminoïdes, nous n’avons pas prétendu que ce fût aux dépens de celles qui, digérées dans l’intestin, arrivent directement au foie. […] Nous nous laissons conduire, en un mot, par les résultats qui surgissent de l’expérimentation, et nous ne prétendons pas régenter et conduire l’expérience.

1508. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il prêche sans bonnet carré, ne se met point à genoux dans la chaire avant de commencer, ne prend point de texte de l’écriture, ne prétend jamais prêcher, mais converser avec ses auditeurs, ne fait ni division ni sous-division. […]  » — Je m’en voudrais de prétendre expliquer combien cela est charmant. […] Or, ce n’est pas cette seconde forme de l’amour (2º) que les membres de la grande sous-commission ont prétendu imposer à l’époux comme une obligation, car ils auraient dit une sottise. […] Raisonnons-en quelques instants sans prétendre arriver à une conclusion. […] C’était une assemblée d’artistes, opposée au cénacle trop restreint et sentant trop, prétendait-on, l’air renfermé, qui s’appelait l’Académie de Peinture et de Sculpture.

1509. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Le curé, au contraire, prétendait « conserver aux murailles de son église le noble vernis dont le temps les avait revêtues ». […] Quel pédant d’école militaire a donc prétendu que leur exemple a nui, en Europe, au prestige de nos armes, qu’ils ont désappris la grande guerre, abandonné les sacrés principes et troublé la tactique des bureaucrates en pantalon garance ? […] Aussitôt Lamartine, écrivain, griffonna cette note : « Blanqui lui-même vint se livrer un matin, avec abandon, à moi, à l’heure où l’on prétendait qu’il conspirait ma mort. […] On prétendit qu’il était « de la police ». […] C’est au nom de cette doctrine des races qu’on a prétendu justifier les clauses barbares du traité de Francfort.

1510. (1927) Approximations. Deuxième série

Vous trouverez cette fois des approximations dont la plupart visent non plus les auteurs — à quoi seule l’étude oserait prétendre —, mais les livres : toutefois n’est-il pas vrai que — dès qu’ils méritent qu’on en écrive — les livres eux aussi ont leur identité. […] Que l’on m’entende : je constate, je ne reproche point ni surtout ne prétends à ériger en loi des prédilections personnelles. […] Ils auraient tort : ils ne sauraient d’abord prétendre à y trouver plus d’agréments que n’en trouva Marinette elle-même, et ne voient-ils pas l’intérêt qu’en retire le retour à la réalité ? […] Pour tout le reste ils sont conservateurs, parce que pour tout le reste ils ne prétendent pas savoir. […] Mais sans prétendre à pénétrer un seul des autres obstacles que Pascal put rencontrer en lui-même, il suffit qu’il portât en soi la pierre d’achoppement, à savoir la nature même de son génie.

1511. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

À la gare du chemin de fer de Passy, des groupes d’hommes qui causent éclats d’obus ; des groupes de femmes qui se communiquent des recettes culinaires pour faire, avec rien, quelque chose ; un jeune soldat de ligne qui montre, sur son bras, un prétendu ricochet de balle. […] » Tessié du Motay raconte les âneries de nos généraux, dont il prétend avoir été le témoin oculaire. […] À la porte d’un café du boulevard, sept ou huit jeunes officiers de mobiles paradent et coquettent autour d’une lorette, aux cheveux flamboyants, arrêtant, pour l’éplafourdissement des passants, le menu d’un dîner de haute fantaisie et de spirituelle imagination : le menu de leur prétendu dîner du soir. […] Nefftzer, contrairement à tout le monde, prétend que les Prussiens voudront nous étonner par leur générosité, leur magnanimité. […] Je ne prétends pas que la France serait à jamais sauvée de la démagogie, mais mon régime à reculons pourrait bien donner à la société plus d’années de paix que ne lui ont donné, depuis soixante-dix ans, les impuissants essais de conciliation entre l’autorité et la liberté.

1512. (1922) Gustave Flaubert

Le goût du théâtre, prétend Diderot, est fait d’abord du désir de coucher avec les actrices. […] Retombé au vous il lui écrit : « Vous prétendez que je vous traite comme une femme du dernier rang. […] Tous les appétits de l’imagination et de la pensée y sont assouvis à la fois ; elle ne laisse rien derrière elle, mais les gens de goût, les gens à enjolivements, à purifications, à illusion…, changent, grattent, enlèvent, et ils se prétendent classiques, les malheureux !  […] Du Camp prétend qu’il lui dit devant les Tuileries incendiées : « Et penser que cela ne serait pas arrivé si on avait compris l’Éducation sentimentale !  […] Ainsi Anatole France dans l’Histoire contemporaine, Maurice Barrès dans le Roman de l’énergie nationale, qui, écrits l’un et l’autre dans l’instant même qu’ils prétendent exposer historiquement, faiblissent par manque de recul.

1513. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Ce n’est point le poète qui crée le rythme (ainsi que l’a prétendu Mallarmé), mais c’est le rythme essentiel des choses qui scande et dirige le poète. […] Seulement je glisserai sur l’incident de Mistral et du « vers blanc » pour insister sur le chapitre plus général du prétendu « vers libre ». […] Entre leur prétendu « vers libre » et celui dont je parle il n’y a pas le moindre rapport.

1514. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Sachez bien que, sur pareil sujet, je ne prétends pas à l’originalité. […] Au reste, je ne prétends pas à la précision sur ce point. […] Racine s’est bien gardé d’une idée aussi indécente. » On répondait : « Nous ne prétendons point qu’Andromaque cherche expressément à troubler Pyrrhus. […] Pradon écrit gravement : Réponds, que prétends-tu ? […] Racine, jeune, s’était révolté contre Port-Royal, parce que Port-Royal prétendait l’empêcher de chercher la gloire.

1515. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Quant à l’héroïsme, un des héros de ce jour-là, que, dans les fausses et mensongères histoires de la Révolution, on appelle le magnanime Hullin, abandonna la République, se livra à Napoléon et présida le prétendu conseil de guerre qui assassina le duc d’Enghien. […] Tristes jeunes qui en sont à « étudier » d’après nature, pour les conter à des lecteurs stupéfaits, de stupides récits de débauches de dames du prétendu monde, et qui schopenhauérisent sur les corruptions de cabotins ou du monde des brasseries qu’ils prennent pour le véritable monde, lequel ne leur a jamais ouvert ses portes. […] Je ne prétends les imposer à personne : ce serait, de me part, une inconséquence très choquante. […] Mais, cette fois, à l’issue de la séance, on faisait prendre aux membres du second, non pas la même route, mais le chemin de séjours propices aux réflexions salutaires. — Troisième acte : appel à la nation, qui répondait, sur la question posée, ce que nous venons d’entendre à Sens ; ce que nous allons entendre encore davantage, si possible, à Tonnerre. » Le Deux-Décembre vit s’accomplir le deuxième et le troisième acte de mon prétendu rêve.

1516. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Dans nos petites conceptions humaines, nous pouvons, en effet, prétendre que, sans notre admiration, la beauté de la création manquerait son but, parce que, hors de nous, elle n’a pas conscience d’elle-même ; mais c’est bientôt dit, cela, et je n’en suis pas aussi persuadée que Théodore. […] Toute aberration est permise quand on prétend embrasser l’absolu à votre manière. […] Il me paraissait assez impertinent de prétendre à divertir ou à intéresser les autres, et rien n’était moins dans mon caractère concentré, rêveur et avide de douceurs intimes, que cette mise en dehors de tous les sentiments de l’âme. […] Il prit cela pour une injure, et prétendit que je lui lançais la flèche du Parthe. — Je m’affectai beaucoup de cette bizarrerie cruelle ; mais, craignant d’avoir à traverser, pour arriver à son cœur, des influences inconnues, des mensonges, de ces choses petites qu’on n’aborde qu’en se faisant petit soi-même ; ne comprenant pas la légèreté de ses griefs et en supposant de plus sérieux qu’il m’était impossible de pressentir, je ne voulus l’importuner d’aucune plainte.

1517. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Voulant montrer que Louis XI n’était pas du tout aussi ignorant qu’on l’a prétendu et que l’a dit surtout le léger historien bel-esprit Mathieu, il reprend le côté littéraire de l’histoire de ce règne ; c’est un prétexte pour lui d’y rattacher une foule de particularités sur les livres, sur le prix qu’on y mettait dans les vieux temps, de raconter au long la renaissance des lettres et de discuter à fond les origines de l’imprimerie introduite en France précisément sous Louis XI. […] Il commence par poser avec Charron « que la justice, vertu et probité du Souverain, chemine un peu autrement que celle des particuliers. » A-t-il tort de le prétendre ?

1518. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Le divin fondateur du christianisme n’avait prétendu abolir ni l’État ni la famille, et ses apôtres ont nettement prêché le mariage et la soumission à l’ordre établi. […] Ils ne pèchent pas moins contre la poésie, ces romans qui prétendent intéresser pathétiquement un cœur d’homme à de jeunes niais, dont le rêve est de ressusciter la chevalerie dans notre société moderne237.

1519. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Bonaparte aspirait à l’empire ; la fortune l’autorisait à tout espérer, l’audace à tout prétendre. […] Le duc d’Orléans, parvenu au trône, eut le mérite de résister à la folle impulsion du prétendu libéralisme soldatesque qui poussait la révolution de Juillet à la guerre.

1520. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Quand le temps est contraire, nous passons les journées et les longues heures du soir à écouter de la musique et des canzones ; car un de ses plus vifs plaisirs est d’entendre nos improvisateurs rustiques, dont il envie la facilité à versifier, la nature, à ce qu’il prétend, ayant été moins prodigue envers lui à cet égard. Quelquefois aussi nous dansons avec les jeunes filles de Bizaccio, un des divertissements qui lui fait le plus de plaisir ; mais plus souvent nous restons assis au coin du feu, et nous y revenons souvent sur l’esprit qu’il prétend lui être apparu à Ferrare ; et véritablement il m’en parle de telle sorte que je ne sais trop qu’en dire et qu’en penser. » Pendant cette douce détente de l’âme et de l’adversité du poète, son poème, revu et perfectionné, se multipliait en Italie et en France avec la rapidité surnaturelle d’une œuvre qui correspondait précisément au siècle, aux mœurs, à la religion, aux contrées de l’Europe, dans lesquelles il devenait, en naissant, national.

1521. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Il est très peu évolutionniste, puisque sa mécanique prétend exclure le mystère et qu’il y a du mystère dans l’« évolution ». […] L’ensemble de son œuvre ne serait pas mal intitulé : « Suite de paradoxes sur la littérature française. » Ce prétendu « immuable » s’est d’ailleurs beaucoup modifié en vingt ans.

1522. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Il se mit à satiriser l’auteur, le prétendu auteur, dans l’ouvrage que celui-ci justement était censé avoir écrit. […] Je l’ai dit ailleurs et, je le répète ici : nous demandons pour l’ouvrier du pain blanc, une maison saine, des heures de repos ; nous nous intéressons à toutes les œuvres qui peuvent relever sa condition matérielle : nous multiplions, d’autre part, les écoles, les bibliothèques, les cours d’adultes, les conférences ; nous préparons de nos mains l’avènement du quatrième état ; nous y travaillons par nos défauts aussi bien que par nos efforts ; et je ne vois pas dès lors comment nous pourrions prétendre que le peuple aura sa part de toute chose, sauf de littérature et d’art.

1523. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Enfin on prétend que cette abolition ferait disparaître les sectes religieuses, et unirait toutes les communions protestantes. […] Mais la nation qui maintenait l’équilibre entre les deux partis, et qui leur prêtait tour à tour sa force, ne voulait ni de l’un ni de l’autre excès, et renversait à temps ceux qui prétendaient l’y conduire.

1524. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

En second lieu, rien n’est plus faux que de prétendre, — comme le fait la note annonçant la nouvelle en question, — que les ouvrages de Dumas s’adaptent, mieux que tous les autres, au cadre de l’Opéra, sont, plus que d’autres, propres à fournir des livrets, à être mis en musique. […] Nul autre que le traducteur en titre ne peut prétendre à traduire l’œuvre de Wagner.

1525. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Il y a évidemment dans ce dénuement prétendu de toute éducation, dont Béranger parle au public, la même exagération de subalternité que dans le titre de garçon d’auberge qu’il se donne dans la même chanson. […] Il y a trop de Tacite, dans ce prétendu ménétrier des tavernes de la Gaule, pour croire qu’il n’ait pas fréquenté dans son enfance les historiens, les satiristes et les politiques de Rome.

1526. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

— Ce seraient deux mauvais sentiments, reprit ma mère ; la vanité doit s’oublier quand le cœur est brisé par une perte du cœur, et, la douleur étant dans les desseins de la Providence une loi de la nature, il n’y a point de lâcheté à pleurer ceux qu’on aime ; mais il y a orgueil ou hypocrisie à se prétendre impassible et à lutter contre sa juste sensibilité. […] Mes biens sont dissipés, mes champs fertiles sont ravagés, ma maison est remplie d’ennemis qui dévorent mes nombreux troupeaux de bœufs et de brebis, et qui prétendent insolemment à la main de ma mère !

1527. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

On prétend qu’il existe chez la femme des mécanismes spéciaux d’oubli pour les douleurs de l’accouchement : un souvenir trop complet l’empêcherait de vouloir recommencer. […] Elle se donne une représentation spatiale de la vie intérieure ; elle étend à son nouvel objet l’image qu’elle a gardée de l’ancien : d’où les erreurs d’une psychologie atomistique des états de conscience ; d’où les inutiles efforts d’une philosophie qui prétend atteindre l’esprit sans le chercher dans la durée.

1528. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Alors commença une vive altercation entre les membres de la congrégation et les professeurs, qui prétendaient également au droit de porter les coins du drap mortuaire. […] Dans le désir d’ajouter Vico à la liste des philosophes du 18e siècle, ils ont prétendu qu’il avait obscurci son livre à dessein, pour le faire passer à la censure.

1529. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Sous Mme de Maintenon, on prétendait que les preuves de pauvreté qu’il fallait faire pour entrer à Saint-Cyr en écarteraient la noblesse ; et aujourd’hui la noblesse aisée n’a pas honte de se dire pauvre pour y faire admettre ses filles, qui, sous cet habit de laine brune qui révoltait si fort autrefois, prennent plus de vanité et d’orgueil qu’il n’en faudrait.

1530. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Tout au contraire de Racan, il se tourmente et se consume autant que l’autre se distrayait aisément et s’oubliait : « Je suis venu trop tôt ou trop tard au monde, s’écriait-il ; tout autre siècle que celui-ci eût rougi de me laisser vieillir dans le village. » Sa plus grande crainte est de passer pour gascon et pour avoir des gasconismes dans son langage ; il est le premier à demander grâce et à s’excuser de ses rudesses ; mais, si on le prend au mot et qu’on paraisse lui en trouver en effet, il prétend aussitôt qu’il n’en a pas, et il met au défi toute l’Académie pour la politesse de la diction et l’exactitude.

1531. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Je ne saurais certainement prétendre embrasser l’homme d’État ni l’administrateur des finances dans ce qu’il a de positif et de spécial ; ce sera assez si je parviens à saisir et à faire ressortir la forme générale de l’esprit et du mérite de Sully d’après l’ensemble des faits.

1532. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Peut-être aussi était-il impossible de réunir ces qualités dans une traduction ; car je ne prétends pas rabaisser la gloire de cette femme judicieuse et savante114.

1533. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il semble qu’on ait tout dit à l’honneur des lettres et pour célébrer la douceur dont elles sont dans les différentes circonstances et aux différents âges de la vie ; il y a longtemps qu’on ne fait plus que paraphraser le passage si connu de Cicéron plaidant pour le poète Archias : « Haec studia adolescentiam alunt, senectutem oblectant… », Frédéric nous offre une variante piquante à cet éloge universel des lettres et de l’étude ; il va jusqu’à prétendre, sans trop de raffinement et d’invraisemblance, que toutes les passions (une fois qu’elles ont jeté leur premier feu) trouvent leur compte dans l’étude et peuvent, en s’y détournant, se donner le change par les livres : Les lettres, écrit-il au prince Henri (31 octobre 1767), sont sans doute la plus douce consolation des esprits raisonnables, car elles rassemblent toutes les passions et les contentent innocemment : — un avare, au lieu de remplir un sac d’argent, remplit sa mémoire de tous les faits qu’il peut entasser ; — un ambitieux fait des conquêtes sur l’erreur, et s’applaudit de dominer par son raisonnement sur les autres ; — un voluptueux trouve dans divers ouvrages de poésie de quoi charmer ses sens et lui inspirer une douce mélancolie ; — un homme haineux et vindicatif se nourrit des injures que les savants se disent dans leurs ouvrages polémiques ; — le paresseux lit des romans et des comédies qui l’amusent sans le fatiguer ; — le politique parcourt les livres d’histoire, où il trouve des hommes de tous les temps aussi fousaf, aussi vains et aussi trompés dans leurs misérables conjectures que les hommes d’à présent : — ainsi, mon cher frère, le goût de la lecture une fois enraciné, chacun y trouve son compte ; mais les plus sages sont ceux qui lisent pour se corriger de leurs défauts, que les moralistes, les philosophes et les historiens leur présentent comme dans un miroir.

1534. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

j’avais la bonne copie. » Il prétend connaître l’état des manuscrits mieux même que les possesseurs.

1535. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Ce sont mes inclinations qui m’ont rendu philosophe ou qui m’en ont acquis le titre : si ce titre les gênait, il leur deviendrait odieux ; je ne m’en suis jamais caché, toute ma philosophie a sa source dans mon cœur… Mirabeau insiste et le secoue : il prétend lui montrer qu’avec ses talents, il serait impardonnable de se laisser aller à l’accablement, à la nonchalance.

1536. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Non, encore une fois, dirons-nous à ces fils obstinés, qu’une idée honorable et malheureuse oppresse et possède, vous ne sauriez remettre en bonne odeur une mémoire sanglante ou souillée ; c’est une erreur, à vous, d’y prétendre et de vous y acharner ; vous n’avez qu’une ressource : faites oublier votre père, à tous ceux qui vous voient, par vos mérites et vos vertus.

1537. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Henri III, également satisfait de la prise du Château-Trompette, en remercia le maréchal et y ajouta l’ordre de marcher sur Agen, dont la reine Marguerite prétendait se faire une place de guerre et de sûreté.

1538. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Malgré les points communs et de ressemblance, on ne saurait se le dissimuler en effet, il y a divorce sur un point grave, et je l’exposerai sans prétendre m’ériger en juge.

1539. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

S’il ne tient pas à vivre, se croyant condamné par elle, que du moins il songe à l’idée qu’on prendra de lui s’il succombe ; il y va de sa gloire : « Quand on le saura mort, on le croira vaincu. » La passion a ses sophismes : c’est au nom même de son père mort, de ce comte si redouté, qu’elle prétend prouver à Rodrigue qu’il est obligé de se défendre vaillamment contre un moins vaillant que ce guerrier illustre : autrement on croira que le comte valait moins que don Sanche.

1540. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Il est bon, lorsqu’on prétend juger les hommes célèbres et d’un grand talent, vers qui, pourtant, on ne se sent pas porté de goût, de se contrarier un peu, de faire effort pour être juste ; il est bon, en un mot, d’être un peu gêné ; et Collé, n’écrivant contre Voltaire que pour lui seul ou pour des amis intimes, ne se gêne pas du tout.

1541. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Les générations nouvelles, comme si elles étaient jalouses de leurs aînées, prétendent savoir mieux et à neuf ce qu’elles viennent d’apprendre à l’heure même et qui ne date que de leur moment : c’est toujours et surtout le dernier document qui compte et qui prime tous les autres.

1542. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

On disait que, quand il était de tranchée, « la besogne avançait du double. » Le siège fut long, difficile ; M. de Vauban prétendait que « jamais place n’avait désiré plus de canon que celle-ci pour la réduire. » Il disait aussi que « Monseigneur était si affriandé à la tranchée qu’il y voulait retourner toujours. » Le roi s’étonnait de cette longueur (relative) du siège ; Louvois, pour s’éclairer, réclamait des relations précises et presque journalières des meilleurs officiers, et il en voulait surtout de Catinat, « Sa Majesté, lui disait-il, ayant une fort grande foi à vos relations et me les ayant demandées souvent. » Louis XIV savait que Catinat ne mentait pas, —  ne brodait pas.

1543. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Il est toujours délicat de prétendre analyser cette voix publique que l’antique poète en son temps appelait la voix divine.

1544. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

On dit que vous vous négligez beaucoup sur ce point ; on l’attribue à Mesdames, qui jamais n’ont su s’attirer l’estime et la confiance ; mais ce qui est pire que tout le reste, on prétend que vous commencez à donner du ridicule au monde, d’éclater de rire au visage des gens : cela vous ferait un tort infini et à juste titre, et ferait même douter de la bonté de votre cœur ; pour complaire à cinq ou six jeunes dames ou cavaliers, vous perdriez le reste.

1545. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Ils seraient bien coupables ou bien bornés, le roi lui-même ne serait pas excusable, s’il prétendait réduire ces États généraux aux mêmes termes et aux mêmes résultats qu’ont eus tous les autres : cela ne se passera pas ainsi ; ils doivent avoir un plan d’adhésion ou d’opposition à certains principes.

1546. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Immédiatement après le collége, en juillet 89, le père de M. de Sénancour, sans prétendre engager l’avenir de son fils, exigeait impérieusement qu’il passât deux années au séminaire de Saint-Sulpice.

1547. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Belcolore dit quelque part à Frank : Prétends-tu me prouver que j’aie un cœur de pierre ?

1548. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Aux hommes vraiment politiques, à ceux qui auraient gardé quelque chose du grand art de conduire et de gouverner les autres, il serait par trop simple et peut-être injuste de demander l’exacte moralité du particulier : ils ont la leur aussi, réglée sur la grandeur et l’utilité de l’ensemble ; mais à tous ceux qui prétendent encore à ce titre d’hommes politiques, ne fussent-ils toute leur vie que des hommes d’opposition, on a droit de demander du sérieux, et c’est là le côté faible, qui saute aux yeux d’abord, dans la considération du rôle de Benjamin Constant : une trop grande moitié y parodiait l’autre.

1549. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

À l’époque où nous vivons, la mélancolie est la véritable inspiration du talent : qui ne se sent pas atteint par ce sentiment, ne peut prétendre à une grande gloire comme écrivain ; c’est à ce prix qu’elle est achetée.

1550. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

» Puis, s’interrompant lui-même et passant sans transition à un autre sujet : « Le christianisme, dit-il, les idéologues n’ont-ils pas prétendu en faire un système d’astronomie ?

1551. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Il y a sophisme à dire que ce qui est devait être, quand on prétend expliquer ce qui est : car c’est dire que l’on a trouvé la somme des causes égale à la somme des effets.

1552. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Je ne prétends point que ce souci de corriger les mœurs en racontant des histoires s’étale grossièrement ; mais très souvent il se devine.

1553. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Sans prétendre définir dans la grande rigueur ces idées entrevues par la conscience et sommées par elle d’être des vérités, il croyait en Dieu, à une survie de l’âme et à une responsabilité par-delà la mort, à une signification morale du monde et, malgré sa marche un peu déconcertante, au progrès.

1554. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Ces mêmes jugements, dont l’autorité est fragile si l’on prétend leur conférer une infaillibilité factice, gardent une valeur très réelle si on les considère seulement comme des présomptions.

1555. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Il raconte en termes simples et véridiques ses impressions premières et sa situation d’esprit à son arrivée à Versailles : Ma position personnelle dans ces premiers moments, dit-il, ne ressemblait à celle d’aucun autre : trop jeune pour concevoir l’idée de diriger une Assemblée aussi imposante, cette situation faisait aussi la sécurité de tous ceux qui prétendaient à devenir chefs ; nul ne voyait en moi un rival, et chacun pouvait y apercevoir un élève ou un sectateur utile.

1556. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Mais je ris de ma simplicité, de prétendre faire entendre raison sur une situation si différente à une femme de Paris, oisive par état, et qui, n’ayant pour toute occupation que d’écrire et recevoir des lettres, entend que tous ses amis ne soient occupés non plus que du même objet… Je sais, lui dit-il encore avec autant de vérité que d’amertume, je sais qu’il n’est pas dans le cœur humain de se mettre à la place des autres dans les choses qu’on exige d’eux.

1557. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

« Il ne prétend à rien moins, disait La Harpe, qu’à remplacer Turenne, Corneille et Bossuet. » Il serait trop aisé après coup et peu juste de venir faire une caricature de M. de Guibert, de cet homme que tout le monde, à commencer par Voltaire, considéra d’emblée comme voué à la grandeur et à la gloire, et qui a tenu si médiocrement la gageure.

1558. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

On a prétendu qu’il n’y avait rien de plus lourd, de plus maussade que lui, et on cite de Johnson un mot dur dans ce sens-là.

1559. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Elle lui répondait qu’elle était trop empêchée au fait de la guerre pour le satisfaire sur l’heure : « Mais quand vous saurez que je serai à Paris, envoyez un message par devers moi, et je vous ferai savoir tout au vrai auquel vous devrez croire, et ce que j’en aurai su par le conseil de mon droiturier et souverain Seigneur, le Roi de tout le monde. » De telles lettres, produites dans le procès, venaient directement à l’appui de l’accusation qu’on lui intentait, d’avoir prétendu usurper l’office des anges de Dieu et de ses vicaires sur la terre.

1560. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

En France, ce fut Corneille, Corneille seul, qui releva, comme disait Raynouard, le temple de Melpomène ; de telles locutions, sans propriété et sans goût, dérogeaient à la théorie même qu’on prétendait introniser.

1561. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Il prétend régner sur des morts !

1562. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

« C’est un lambeau que je veux laisser tomber en marchant mon chemin, dit-elle de quelqu’un de ces épisodes de rencontre ; il trouvera sa place avec les autres de même nature : et, comme il ne sera pas traité avec plus d’ordre et de suite, il n’aura pas aussi plus de prix ni de valeur. » Le bon esprit de Mme de Motteville, qui l’a portée à ne consulter sur ces choses éloignées que de bons témoins et qui faisait que les plus dignes de foi aimaient à s’en ouvrir avec elle, donne à ces parties accessoires et à ces hors-d’œuvre plus d’intérêt qu’elle n’ose en prétendre.

1563. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Parlant de son ami le maréchal de Berwick et le montrant, dès l’adolescence, à la tête d’un régiment et gouverneur d’une province, Montesquieu disait : « Ainsi, à l’âge de dix-sept ans, il se trouva dans cette situation si flatteuse pour un homme qui a l’âme élevée, de voir le chemin de la gloire tout ouvert, et la possibilité de faire de grandes choses. » Sans prétendre rien dire de pareil de cette charge de président à mortier obtenue de bonne heure, Montesquieu du moins fut dès lors sur le pied de tout voir, de juger les hommes à leur niveau, et de n’avoir pas à faire d’effort pour arriver et s’insinuer jusqu’à eux ; il n’eut qu’à choisir entre les relations qui s’offraient.

1564. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Voilà qui est formel ; hors de là, il ne veut et ne voit rien de commun entre eux et lui ; à l’entendre, il n’aspire qu’à la bonté, à la douceur, à toutes ces qualités qui font le bon citoyen plutôt que le grand homme : Je n’ai pas le vain orgueil de prétendre à ce titre, et je vous assure que j’y préférerai constamment ceux de fidèle ami, d’homme compatissant aux misères des hommes, et enfin d’homme qui ne croit être homme que pour faire du bien aux autres hommes, en quelque situation qu’il se trouve.

1565. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

sans gêne ici se place, Et prétend nous traiter de pair à compagnon !

1566. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

On pourra prétendre que l’analyste devant constater les effets émotionnels de l’œuvre qu’il examine, et ces effets étant extrêmement variables selon les goûts, il sera obligé, sinon de porter positivement un jugement littéraire, du moins d’introduire dans ses constatations un élément personnel, par le fait même qu’il admettra que telle ou telle œuvre a produit tel ou tel effet.

1567. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

» Par une dernière infortune, il s’est épris d’une jeune fille loyale, ferme, qui croit de toutes ses forces aux idées révolutionnaires et se prépare sans hésiter à évangéliser le peuple ; son amour pour Nejdanof est né en dernière analyse, du rôle d’agitateur que celui-ci a prétendu jouer.

1568. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Dès vingt-huit· ans, il écrivait à un ami : « La vie que je mène est un drame si ennuyeux que je prétends toujours que c’est Mercier qui l’a fait. » Cet homme, le dandy de ce temps frivole, qui portait des habits fleur de pêcher et de la poudre de la couleur des cheveux de la Reine, regrettait de ne s’être pas fait homme des champs.

1569. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Un brillant historien de nos jours4 a prétendu qu’il mourut l’esprit troublé, la conscience chargée.

1570. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Mais, né malingre, il prétendit toujours qu’il était né mort et que sa vie n’était que le galvanisme de la volonté et des nerfs.

1571. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Renan prétende que le sourd-muet se crée tout seul des moyens d’expression (page 97) supérieurs à ceux qu’on lui enseigne ; ce qui prouve que l’abbé de l’Épée était un sot.

1572. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Cette gloire dramatique d’Athènes, suscitée du milieu de sa gloire guerrière et libératrice, était si bien le propre domaine de la cité de Minerve que, parmi les citoyens des autres villes de la Grèce, nul, pendant plus d’un siècle, ne s’avisa d’y prétendre.

1573. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

De même, si Jésus revenait parmi nous, il reconnaîtrait pour disciples, non ceux qui prétendent l’enfermer tout entier dans quelques phrases de catéchisme, mais ceux qui travaillent à le continuer… » Marc-Aurèle ne diffère de Jésus qu’autant qu’un empereur philosophe peut différer d’un charpentier illettré : le ressort intérieur, le « sentiment », est le même. […] Nous savons que la vivante matière impondérable, qu’il prétend manipuler librement, échappe à ses mains trop grossières. […] Octave Feuillet : « Trois ou quatre fois, dit-il, l’auteur de l’Histoire de Sibylle a prétendu nous montrer qu’il n’y a point, en dehors des croyances chrétiennes, ou tout au moins en dehors des croyances spiritualistes (et je ne sais si je ne lui prête pas cette concession) de règle de vie qui puisse résister à l’assaut des passions. […] Il l’a dit en tout autant de termes : « On pourrait prétendre, au surplus, non seulement qu’un peu de casuistique ne saurait nuire au romancier, ni même à l’auteur dramatique, mais encore que la casuistique est l’âme même de l’art de représenter les passions. […] Qui donc, en effet, prétendra que l’état de guerre, dans lequel nous vivons, soit un bien et soit conforme à la religion de paix que devrait être le christianisme ?

1574. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Il y a dans ces Souvenirs un passage curieux où il prétend n’avoir jamais fait semblant d’estimer la littérature que pour complaire à Sainte-Beuve : « Depuis qu’il est mort, je n’y tiens plus, je vois très bien que le talent n’a de valeur que parce que le monde est enfantin. […] Camper prétendait établir une différence essentielle entre l’homme et le singe : l’homme » disait-il, n’a pas à la mâchoire supérieure d’os intermaxillaire et le singe en a un. […] Les monistes prétendent que le développement de la vie universelle est régi par une loi unique et que, par conséquent, il n’y a qu’une science, la biologie, laquelle contient toutes les autres. […] L’écrivain de génie qui rature et corrige, reprend, recopie, il a sous les yeux de son esprit le dessin idéal qu’il prétend reproduire et qu’il reproduira ; l’élève de M.  […] Bédier a démontré l’impossibilité de l’itinéraire que Chateaubriand prétend avoir suivi ; mais il a eu le bon goût de n’accompagner sa démonstration d’aucune invective contre l’imposture du grand écrivain.

1575. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

L’importance de l’action dans le sentiment du beau a une conséquence qu’il faut remarquer ; c’est que la fiction n’est point, comme on l’a prétendu, une des conditions nécessaires du beau. […] Gautier et son école, qui prétendent avoir une palette au lieu d’une plume, se méprennent absolument sur leurs propres procédés. […] Prétendre avec M.  […] Ils prétendent, comme dit le principal d’entre eux, « se passer de l’imagination » et même du sentiment moral, c’est-à-dire de ce qui fait la poésie, pour s’en tenir à la pure sensation. […] L’Âne déborde d’une érudition de ce genre que les érudits prétendent quelque peu factice.

1576. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Barras prétend même qu’un jour elle signa, par mégarde, une pièce officielle : Femme Carteaux. […] Celui-ci prétendait savoir l’arabe autant que celui-là se piquait d’archéologie. […] On prétend que beaucoup de nos jeunes gens sont secs, durs. […] Nous prétendons, nous, que l’Alsace est allemande. […] Un simple overcoat, de cheviotte quadrillée à la mode britannique drapait son torse sans prétendre aux effets pittoresques dont les anciens chefs étaient si friands.

1577. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Elle prétendait par un spirituel paradoxe, qui pourrait bien être vrai comme la plupart des paradoxes, que le plus bel âge de la femme était soixante ans. […] Le tabac, comme il le prétendait, est-il un poison mortel et intoxique-t-il ceux qu’il n’abrutit pas ? […] Elle prétend que son frère était d’une discrétion à toute épreuve, et que s’il eût voulu parlerai eût eu beaucoup de choses à dire. […] Il prétendait avec raison qu’un nom ne s’invente pas plus qu’un mot. […] Mais il rentrait au moindre souffle de brise, car il tremblait à notre pâle soleil, ce chaleureux poète, et il prétendait « que le fond de l’air était toujours froid. » Qui ne l’a vu, aux jours caniculaires, se promener en évitant l’ombre et couvert d’un épais manteau ?

1578. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Mais, dès qu’il renonce au bel air, dès qu’il se révèle soi-même, et tout entier, il semble presque étranger à son temps ; sa « province », c’est l’énormité lointaine de la Grèce fabuleuse, de la chevaleresque Espagne et des pompes de Rome, et de la barbarie errante d’Attila ; hormis dans les cas où Pierre Corneille prétend à rivaliser de grâce avec de « jeunes rivaux », il tâche vraiment à évoquer, sans allusions à l’actualité, la grandeur des âges anciens. […] Je pense qu’il y a déjà de la divinité en la noblesse d’y prétendre, et que virtuellement on l’avait presque toute si on la conquit en effet. […] Bien différent de quelques poètes, d’ailleurs admirables, qui dédaignent l’achèvement, ou du moins veulent être achevés en ceux qui les liront, Charles Baudelaire, non sans offrir à tous l’occasion du prolongement de leur rêve, a toujours prétendu à l’expression totale et précise de soi-même. […] Jamais le Parnasse ne prétendit être une école ; il ne fut, en réalité, que rassemblement en une amitié qui n’a jamais été disjointe, sinon par des déchirements de funérailles, et qui persiste encore, étroite et indissoluble, de quelques jeunes esprits qu’associèrent, non pas des hasards de rencontre ou des complaisances de camaraderie, mais de réciproques estimes intellectuelles ; et nous eûmes bien le droit de nous préférer, puisque nous nous étions choisis. […] En vérité, je pense que, satisfaite d’être célèbre pour l’aimable spontanéité de ses vers (puisqu’on dit que ce sont des vers), Marie Krysinska fera bien de ne point prétendre à la gloire d’avoir été une novatrice.

1579. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il prétendait que Faust était un monument élevé à l’honneur de l’École polytechnique, la glorification du polytechnicien : « Mais il ne faut que lire, me disait-il, pour s’en convaincre. […] Quand nous avons des idées générales, ou croyons en avoir, ou prétendons en avoir, c’est elles qui dirigent notre observation, et nos observations ne sont que destinées à les appuyer. […] En face d’un homme qui, en faisant de l’art, n’a aucune préoccupation morale, il est bien étonné ; mais il est renversé absolument devant un homme qui prétend que la beauté vaut la vertu, que le beau vaut le bien. […] Des gens pourront prétendre qu’on ne voit nullement avec qui et contre qui M. de Maupassant peut bien être dans Une vie ; mais il ne faut pas s’arrêter à cette objection. […] Elle dira sans doute : « Il ne fut pas intelligent ; il écrivait mal toutes les fois qu’il ne décrivait pas ; il ne connaissait rien de l’homme qu’il prétendait peindre, qu’il prétendait connaître et que, seulement, il méprisait ; il avait des parties de poète septentrional et un art de composition qui sentait le Latin ; et il savait faire remuer et gesticuler des foules. » Et il est possible aussi qu’elle n’en dise rien.

1580. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Cette sensibilité fut malheureuse, elle ne fut pas cette complaisance arbitraire et volontaire dans la corruption que ses ennemis ont prétendu y voir. […] Ainsi que nous l’indiquions tout à l’heure, elle a commencé par apparaître comme une ennemie terrible de la religion, par cela seul qu’elle a prétendu considérer les dogmes et la foi comme des phénomènes d’ordre naturel, dont l’apparition s’expliquerait aussi complètement que la structure d’un certain os dans le squelette d’un animal. […] On peut presque dire qu’ils seraient dieux et qu’alors l’état théologique rêvé par le poète pour l’humanité primitive serait une vérité : Primus in orbe Deos fecit timor…  » N’attachons pas à cette tragique fantaisie une réalité plus grande que celle que l’auteur lui-même a prétendu y mettre. […] Certes, chez lui comme chez tout artiste puissant, il y a une grande part d’inconscience qu’il serait chimérique de prétendre déterminer. […] Mais Alfred de Vigny s’est retiré dans sa tour d’ivoire ; mais Sainte-Beuve a enterré sous l’amoncellement de ses études critiques ce poète mort jeune que la plupart des hommes, prétendait-il, portent en eux ; mais Auguste Barbier a perdu le souffle lyrique de ses ïambes.

1581. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Elle prétendait même ajouter à ses critiques deux ou trois petites bagatelles . […] Il est donc permis de prétendre que c’est un peu Verlaine qui, dans le cas, a dissipé les ombres. […] On a prétendu que cette représentation des Âmes damnées avait fourni à Dante l’idée de son poème. […] *** La traduction que le poète Brizeux a donnée de la Divine Comédie est souvent harmonieuse ; quant à celle de Fiorentino, elle prétend, je crois, à l’exactitude. […] « Il sortait, dit-il, de l’Hôtel de Ville par une petite porte, et se dérobait à son triomphe pour rentrer chez lui et rassurer sa femme. » Sainte-Beuve critiquait le roman de Raphaël, et prétendait que Lamartine avait prêté à son héroïne les conversations de Mme d’Agoult, personne un peu athée ou panthéiste.

1582. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Il n’y a pas de plus grande jouissance ni de plus beau triomphe qu’une copie excellente de la nature. » Et cette doctrine, ennemie de l’art, prétendait être appliquée non seulement à la peinture, mais à tous les arts, même au roman, même à la poésie. […] Voilà ce qu’elle me dit aujourd’hui, cette vilaine âme, qui n’est pas une hallucination : « En vérité, les poëtes sont de singuliers fous de prétendre que l’imagination soit nécessaire dans toutes les fonctions de l’art. […] Chenavard est incapable de nier tout le bénéfice que la paresse tire du procédé qui consiste à exprimer la forme d’un objet sans la lumière diversement colorée qui s’attache à chacune de ses molécules ; seulement il prétend que ce sacrifice est glorieux et utile, et que la forme et l’idée y gagnent également.

1583. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Vous avez vu de notre temps que toutes les femmes avaient leur bel esprit, ensuite leur géomètre, puis leur abbé Nollet ; aujourd’hui on prétend qu’elles ont toutes leur homme d’État, leur politique, leur agriculteur, leur duc de Sully.

1584. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Léon Feugère, cet autre éditeur qui a bien mérité de La Boétie, n’est pas et ne prétend pas être un amateur aussi déclaré ni aussi opiniâtrement en quête sur tel ou tel point, un défricheur ni un investigateur bibliographique du même genre : il ne s’adresse qu’à ce qui peut intéresser plus généralement le public ; universitaire des plus instruits, littérateur estimable, plein d’acquis, de culture, et utilement laborieux, il a pris à tâche de faire connaître avec étendue et de mettre aux mains de tout le monde des auteurs jusqu’ici peu répandus, et dont la lecture courante ne peut se faire qu’à l’aide d’un introducteur aussi complaisant qu’érudit.

1585. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il avait la manie de rester au lit des journées entières, et prétendait qu’il n’avait plus la force d’en sortir : Sortez donc quelquefois, mon cher ami, lui écrivait le prince de Ligne : si je pouvais être tous les jours chez vous avec un récipient pour toutes les idées que vous jetez en l’air, je ne demanderais pas mieux ; mais vous jetez bien des perles aux pieds de ces messieurs qui vont chez vous.

1586. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Ainsi pour le prétendu athée Lalande, ainsi pour l’illuminé Cazotte ; les divers articles de Saint-Martin sur ces personnages et sur plusieurs autres seraient curieux à extraire : Bernardin de Saint-Pierre, de l’Institut, dit-il, me paraît un excellent homme.

1587. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il avait des plans de reconstitution politique à l’étranger, notamment pour l’Italie ; il prétendait y former « une république ou association éternelle des puissances italiques, comme il y en avait une germanique, une batave, une helvétique, la plus grande affaire qui se fût traitée en Europe depuis longtemps. » Tout cela manqua.

1588. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

. — En revanche, il disait : « Le prétendu grand Colbert est très petit et fut un ministre fort pernicieux, etc. » On voit le reste.

1589. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Les armes d’honneur n’étaient pas encore en usage, et les citations dans les bulletins étaient extrêmement rares ; aucun officier n’aurait osé y prétendre à l’exclusion de ses camarades ; tout était en commun dans ces familles militaires ; la gloire acquise par un de leurs membres devenait la propriété de tous, et contribuait à l’honneur et à la réputation du corps.

1590. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Crapelet, éditeur lui-même de vieux poètes, et jaloux comme le potier l’est du potier, relevait dans la publication de l’abbé Prompsault jusqu’à 2000 fautes, à peu près le chiffre que Méziriac prétendait retrouver dans le Plutarque d’Amyot ; mais Amyot avait de quoi survivre, et le Villon de l’abbé Prompsault en mourut, — l’édition, non le poète.

1591. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Ainsi, l’on prétend opposer l’hôtel de Luxembourg à l’hôtel de Duras, et Bissv à Pont-de-Veyle.

1592. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Il eut, à son début, sa journée d’éclat (28 octobre 1815), lorsque répondant à M. de Kergorlay qui s’attaquait à l’inviolabilité des biens nationaux et qui prétendait l’infirmer au nom de mille exemples historiques, anciens et modernes, allégués en preuve de l’éternelle vicissitude des choses et de l’instabilité des institutions humaines, il éleva et opposa, en face de ce spectacle philosophique trop décourageant, le point de vue du vrai politique et de l’homme d’État, qui doit se placer, au contraire, et raisonner constamment dans la supposition de la stabilité et, s’il se pouvait, de l’éternité des lois sur lesquelles la société repose, et qui doit d’autant plus paraître s’y fier et les proclamer durables, que l’on vient d’échapper à de plus grands orages : « Voilà, s’écriait-il, voilà ce qu’il faut espérer, ce qu’il faut vouloir, voilà ce qu’il faut, s’efforcer de voir et de démontrer comme le résultat possible et même assuré d’une conduite où la sagesse se trouvera heureusement combinée avec la fermeté.

1593. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Dans la première époque, on a introduit un poète resté jusqu’alors des plus obscurs, Roger de Collerye, qui vécut à Auxerre, et dont on a prétendu faire un type de poète provincial.

1594. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Et Minerve elle-même et celle qui partage la couche de Jupiter vont dire : « Ô Jupiter, nous quittons la partie. » Et sur la Vache merveilleuse du sculpteur Myron : « Non, Miron ne m’a pas sculptée, il ment ; mais tandis que j’étais à paître, m’ayant chassée du troupeau, il m’a attachée sur ce socle de pierre. » Sparte prétendait avoir sa Vénus, mais une Vénus armée.

1595. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Catinat en fit l’épreuve en un ancien camarade du régiment des gardes, M. de Rubentel, excellent officier, mais qui ne pardonnait pas chez un autre une élévation à laquelle il s’était cru en état de prétendre.

1596. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

La petite Chantilly (comme on l’appelait) ne fut point d’abord cette personne si rebelle qu’on prétend.

1597. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Mais la Junte prétendait ne l’échanger que contre le général Palafox, pris à Saragosse, contre celui-là et contre nul autre, et cette exigence ne rencontra que refus.

1598. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Les principaux propriétaires de Saint-Domingue, le voyant si bien accueilli de plusieurs membres du Cabinet anglais, lui confièrent leurs intérêts et lui donnèrent leurs pleins pouvoirs « pour solliciter auprès du Gouvernement anglais des moyens de protection contre l’insurrection des nègres, qui était notoirement suscitée par la Convention. » Le point délicat à traiter dans cette affaire, c’était, tout en demandant et en acceptant l’appui de l’Angleterre, de ne pas abjurer sa qualité de Français et de ne pas prétendre disposer de la souveraineté de l’île : il s’agissait donc de constituer une sorte de séquestre provisoire de la colonie sous la garde du Gouvernement anglais, en réservant la question de droit et de souveraineté jusqu’au prochain traité de paix qui interviendrait entre les deux nations.

1599. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Il plaidera près des savants eux-mêmes et de ceux dont il partage l’admiration pour l’Antiquité : il veut la Renaissance, toute la Renaissance, mais il se sépare de ceux qui la veulent sous forme de latinité, et il prétend émanciper hautement notre idiome vulgaire et lui donner droit de cité à son tour.

1600. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Il faut, en effet, pour arriver à elles, pour prétendre à les ravir et à être nommé d’elles leur bienfaiteur, joindre à un fonds aussi précieux, aussi excellent que celui de l’Homme de Désir, une expression peinte aux yeux sans énigme, la forme à la fois intelligente et enchanteresse, la beauté rayonnante, idéale, mais suffisamment humaine, l’image simple et parlante comme l’employaient Virgile et Fénelon, de ces images dont la nature est semée, et qui répondent à nos secrètes empreintes ; il faut être un homme du milieu de ce monde, avoir peut-être moins purement vécu que le théosophe, sans que pourtant le sentiment du Saint se soit jamais affaibli au cœur ; il faut enfin croire en soi et oser, ne pas être humble de l’humilité contrite des solitaires, et aimer un peu la gloire comme l’aimaient ces poëtes chrétiens qu’on couronnait au Capitole. 

1601. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Pour dire toute ma pensée, a-t-on raison de prétendre savoir mieux le moyen âge aujourd’hui qu’avant la révolution ?

1602. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Il prétend se mettre à la place de Dieu.

1603. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Celle-ci crut devoir, en tête de la seconde édition de son ouvrage, répondre quelques mots à cette critique légère et cavalière qui prétendait trancher toute la question de la perfectibilité par les vers du Mondain.

1604. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Ce prétendu père de la poésie noble ne cherche pas les périphrases ni les mots élégants.

1605. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Elle le dépasse : mais il faut dire à son honneur que, s’il ne prétend pas l’égaler, elle ne le gêne pas du moins.

1606. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Sauf la religion qu’il combat à outrance, parce qu’il ne voit pas de compromis possible entre l’Église et la raison, il ne prétend pas changer les bases actuelles de la société.

1607. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Trois ou quatre fois l’auteur de l’Histoire de Sibylle a prétendu nous démontrer qu’il n’y a point, en dehors des croyances chrétiennes, ou tout au moins en dehors des croyances spiritualistes (et je ne sais si je ne lui prête pas cette concession), de règle de vie qui puisse résister à l’assaut des passions.

1608. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Lisette dit à Flaminio qu’il peut être sûr que Virginia n’aime que lui, et qu’elle n’est nullement enceinte, comme l’a prétendu Zucca ( tanto è Virginia gravida, dit-elle, quanto io son vergine ).

1609. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Toutes les géométries que j’envisageais avaient ainsi un fond commun, ce continuum à trois dimensions qui était le même pour toutes et qui ne se différenciait que par les figures qu’on y traçait ou quand on prétendait le mesurer.

1610. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Il faut reconnaître qu’il aurait été difficile de ne pas faire cette séparation que l’on prétend artificielle.

1611. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

 » — « Constatant que sur cent journalistes qui se suicident, il y en a quatre-vingt-dix qui le font par amour, Parisis prétend que “c’est honorable pour la corporation”.

1612. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Elle prétend que ces natures brutes ont un grand fond de poésie naïve et qu’on s’empare aisément d’elles.

1613. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Qu’une société est un organisme qui se développe comme un grand arbre ; qu’il est inutile et même dangereux d’intervenir dans cette croissance par des idées de réforme, capables de troubler cette évolution naturelle ; qu’il est sage de bannir tout principe abstrait et général de la conduite des affaires publiques ; qu’il suffit de régler au jour le jour les intérêts de la nation sans prétendre apporter dans les rapports des hommes entre eux une équité factice.

1614. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

L’histoire ne prétend plus dérouler une suite de miracles opérés par la Providence, mais bannit le surnaturel de l’évolution humaine, pousse jusqu’à l’injustice la sévérité envers rëglise, et n’est pas loin de voir une marque de folie dans l’aveugle piété du moyen âge.

1615. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Madame de Montespan sèche de notre joie ; elle meurt de jalousie, tout lui déplaît et l’importune, et elle prétend que les couches des autres lui sont aussi funestes que les siennes.

1616. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Justement, quand la toile se lève, la voici qui revient au domicile conjugal, après une escapade de trois mois, rapportant deux cent mille francs qu’elle prétend tenir de l’héritage d’une grand’mère.

1617. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Au moment où il perdit sa mère, Bettina lui écrivait, en faisant allusion à cette disposition froide et ennemie de la douleur, qu’on lui attribue : « On prétend que tu te détournes de ce qui est triste et irréparable : ne te détourne pas de l’image de ta mère mourante ; sache combien elle fut aimante et sage à son dernier moment, et combien l’élément poétique prédominait en elle. » Par ce dernier trait, elle montre bien qu’elle sait l’endroit par où il faut le pénétrer.

1618. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Le juge le plus compétent en pareille matière, Walter Scott, a très bien caractérisé l’espèce de critique vive, facile, spirituelle, indulgente encore et bienveillante, qui est celle de Gil Blas : « Cet ouvrage, dit-il, laisse le lecteur content de lui-même et du genre humain. » Certes, voilà un résultat qui semblait difficile à obtenir de la part d’un satirique qui ne prétend pas embellir l’humanité ; mais Lesage ne veut pas non plus la calomnier ni l’enlaidir ; il se contente de la montrer telle qu’elle est, et toujours avec un air naturel et un tour divertissant.

1619. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Il prétendait, selon sa façon demi-sérieuse, demi-bouffonne, et où la pensée se doublait du calembour, qu’il y avait trois sortes de raisonnements ou résonnements : 1º raisonnements de cruches ; c’était, à ce qu’il croyait, les plus ordinaires, ceux du commun des hommes ; 2º raisonnements ou résonnements de cloches ; c’étaient ceux de bien des poètes et orateurs, de gens de haut talent, mais qui s’en tenaient trop, selon lui, aux apparences, aux formes majestueuses et retentissantes de l’illusion humaine.

1620. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Elle fera, par exemple, ces vers contre un certain vote de la Chambre des députés (13 avril 1839), vote que je ne prétends point d’ailleurs approuver ; et elle a écrit en novembre 1848 ces autres fameux vers contre le général Cavaignac, où, le voulant exterminer et pourfendre, elle ne trouve rien de plus fort à lui appliquer dans sa colère, parce que le digne général a dormi une heure pendant une des nuits de juin, que ce dernier coup accablant : Vive l’Endymion de la guerre civile !

1621. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Parlant d’un saint prêtre qu’il rencontre à Batavia, il le peindra avec une expression heureuse et simple : « C’est un vénérable vieillard qui a été près de trente ans à la Cochinchine ou au Tonquin : sa vie passée lui met sur le visage une gaieté perpétuelle. » Choisy est modeste, il ne se fait point valoir, et c’est une des grâces de son esprit de ne jamais prétendre à plus qu’il ne doit.

1622. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Sans prétendre rien découvrir de nouveau en elle, donnons-nous le plaisir de la considérer un moment.

1623. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Après 1815, quand la maison de Savoie est rétablie dans son antique héritage, M. de Maistre, à la veille de rentrer dans sa patrie, mais lésé lui-même dans sa fortune et à peu près ruiné dans son patrimoine, ne forme plus que le vœu du patriarche ; il nous laisse voir l’unique fond de son désir au milieu de cet ébranlement de l’Europe, où le volcan ne se ferme d’un côté que pour se rouvrir d’un autre : « Ma famille, mes amis et mes livres suffisent aux jours qui me restent, et je les terminerais gaiement si cette famille ne me donnait pas d’affreux soucis pour l’avenir. » Faisant allusion à cette vivacité qu’il portait volontiers en tout, et dont il ne prétend pas s’excuser : Cependant, écrivait-il à un ami, si j’avais le plaisir de vivre quelque temps avec vous sous le même toit, vous ne seriez pas peu surpris de reconnaître en moi le roi des paresseux, ennemi de toute affaire, ami du cabinet, de la chaise longue, et doux même jusqu’à la faiblesse inclusivement !

1624. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Je passai là quelques jours heureux dans les montagnes de Franche-Comté ; et ses parents encourageaient honorablement la liaison… Gibbon, qui n’avait point encore acquis cette laideur grotesque qui s’est développée depuis, et qui joignait déjà « l’esprit le plus brillant et le plus varié au plus doux et au plus égal de tous les caractères », prétend que Mlle Curchod se laissa sincèrement toucher ; il s’avança lui-même jusqu’à parler de mariage, et ce ne fut qu’après son retour en Angleterre qu’ayant vu un obstacle à cette union dans la volonté de son père, il y renonça.

1625. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

La cour de Rome, en particulier, voyait en ce défenseur de l’autel et du trône un héros et presque un saint échappé au martyre, et, à sa sortie de France en 1792, l’abbé Maury fut comblé par le pape Pie VI de tous les honneurs et de toutes les dignités auxquelles un homme d’Église pouvait prétendre : nonce, archevêque et bientôt cardinal (1794)34.

1626. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Un de mes amis qui connaît à fond son Limousin prétend que si les nièces de curé et les jeunes filles du pays en général sont fraîches et jolies, elles n’ont nullement de ces airs du Corrège ni de ce parler couleur de rose.

1627. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Cependant il vivait trop de la vie brillante, dissipée, mondaine, de la vie de plaisirs, et, à peine âgé de vingt-huit ans8, il se disait lassé et vieilli : Quant à la vie que je mène, écrivait-il à un ami (janvier 1785), c’est un drame si ennuyeux, que je prétends toujours que c’est Mercier qui l’a fait.

1628. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Ami et précurseur d’André Chénier, il sentait tout ce qu’il y avait de faible, d’incomplet et de court dans le goût de La Harpe, lorsque celui-ci prétendait juger des vers.

1629. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Dès sa retraite chez l’empereur, Bonneval s’accoutume à être renégat et à ne suivre pour loi qu’un prétendu honneur personnel dont il se fait juge, et qui n’est que la vanité exaltée.

1630. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Je ne prétends point ici faire de la politique rétrospective : j’ignore ce qu’eût produit un tel baptême immédiat d’élections et ce qui en aurait rejailli sur l’institution de Juillet ; la grande habileté parut être, durant dix-huit ans, d’avoir évité cette épreuve périlleuse ; mais on ne saurait se dissimuler aujourd’hui que ce manque de consécration à l’origine a toujours pesé plus ou moins sur la dynastie déchue, et lui a ôté de son autorité morale.

1631. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Sans vouloir déprécier cette modestie et sans prétendre nier que, chez quelques natures délicates, un sentiment de réserve et de pudeur excessive ne fasse tort au mérite et aux facultés réelles dont ces natures sont pourvues, je dirai pourtant qu’une habitude de modestie et d’humilité, au degré où l’avait Rollin, suppose toujours aussi un sentiment d’une secrète faiblesse qui évite le développement où elle se trahirait.

1632. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Tout psychologue est obligé, — même quand il prétend n’admettre que des sensations, soit nouvelles, soit renouvelées, — d’admettre encore que l’être vivant n’est pas neutre entre ses sensations, qu’il y a toujours élection de l’une plutôt que de l’autre, un choix non intellectuel au début, mais spontané et inévitable, par conséquent un vouloir.

1633. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Ce n’est pas que l’auteur prétende en aucune façon à la métaphysique ; au contraire, il sépare la science positive de la philosophie avec autant de rigueur que pourrait le faire le positiviste le plus déclaré.

1634. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Et si même, — comme on le prétend à tort, — on ne lisait plus en France, il faudrait avouer que la faute en remonte aux écrivains.

1635. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Il faudrait se moquer de la simplicité de ces bonnes gens qui ont prétendu former d’honnêtes et habiles citoyens, des hommes utiles, de grands hommes, en se promenant, en causant, en plaisantant ; accoutumer la jeunesse à la pratique éclairée des vertus et l’initier aux sciences par manière de passe-temps ; oui, certes, il faudrait s’en moquer si l’on ne respectait la bonté de leur âme et leur tendre compassion poulies années innocentes de notre vie.

1636. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

J’ai seulement prétendu soutenir que les poëtes françois ne pourroient pas mettre autant de cadence et d’harmonie dans leurs vers que les poëtes latins, et que ce peu qu’ils en peuvent introduire dans leurs vers, leur coûte plus que toutes les beautez que les poëtes latins ont sçû mettre dans leurs vers n’ont coûté à leurs auteurs.

1637. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Les seuls Espagnols authentiques que j’aie rencontrés à Luchon sont complètement en dehors du type prétendu : à voir ces nez épatés, ces yeux longs où dort un regard stupide, ces larges lèvres retombant sur le menton en margelles de puits, ces têtes plates serrées d’un foulard qui pourrait bien n’être que le turban corrompu, on dirait des Asiatiques — et pas du tout nos voisins d’outre-Pyrénées.

1638. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Ils se contentent de la persécution qui guette quiconque prétend penser sans contrainte.

1639. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Quelques écrivains modernes ont prétendu que ce passage, bien loin d’être un exemple sublime, en était un au contraire de simplicité ; ils prenaient pour l’opposé du sublime ce qui en fait le véritable caractère, l’expression simple d’une grande idée.

1640. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

L’historien de la Littérature sous le Gouvernement de Juillet prétend avoir connu l’auteur de la Comédie humaine, et il l’insulte jusqu’à l’anecdote et jusqu’au visage.

1641. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Toute imitation est un mensonge relatif, car les esprits de néant, sans fécondité et sans initiative, sont des menteurs à leur nature lorsqu’ils prétendent exprimer quelque chose, eux qui n’ont rien à exprimer !

1642. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Un avocat plaidant pour une maison ou les limites d’un jardin, prétendait bien être aussi éloquent que Démosthène appelant les Grecs à la liberté, ou que l’orateur romain repoussant du haut de la tribune les fureurs de Claudius et d’Antoine.

1643. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Baillet, & généralement tous les Studieux qui sont ordinairement les plus grands ennemis des abregés, prétendent que la coûtume de les faire ne s’est introduite que long-tems après ces siecles heureux où fleurissoient les Belles-Lettres & les Sciences parmi les Grecs & les Romains. […] Cette imagination ne donne aucune réalité au prétendu petit poisson, & n’empêche pas que tout ce que les Anciens ont cru du remora ne soit une fable, comme ce qu’ils se sont imaginés du phénix, & ce qu’ils ont pensé du sphinx, de la chimere, & du cheval Pégase. […] Je n’ai pas prétendu insérer dans ces listes tous les adjectifs qui se placent les uns devant les substantifs, & les autres après : j’ai voulu seulement faire voir que cette position n’étoit pas arbitraire. […] Ces adjectifs Latins qui ne servent qu’à déterminer l’objet avec plus de force, sont si différens de l’article Grec & de l’article François, que Vossius prétend (de Anal. […] Le génitif, selon nos Grammaires, est aussi toûjours semblable à l’ablatif ; le datif a le privilege d’être seul avec le prétendu article à : mais de & à ont toûjours un complément comme les autres prépositions, & ont également des rapports particuliers à marquer ; par conséquent si de & à font des cas, sur, par, pour, sous, dans, avec, & les autres prépositions devroient en faire aussi ; il n’y a que le nombre déterminé des six cas Latins qui s’y oppose : ce que je veux dire est encore plus sensible en Italien.

1644. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Et, sans doute, il serait inexact de prétendre que du même coup toute morale soit ruinée : les mêmes lois morales subsistent, quelle que soit d’ailleurs notre théorie de la connaissance ; mais ce sont d’autres bases qui soutiennent le vieil édifice. […] C’est encore à la manière de nos aïeux qu’il se plaît à narrer des aventures plaisantes et des récits de bonnes farces qui ne prétendent qu’à provoquer le rire, un gros rire sonore et sans pensée. […] Et s’il consent enfin à maintenir Hugo au premier rang, c’est à condition qu’on ne soit pas injuste pour les deux autres et qu’on ne prétende pas, comme font les fanatiques, qu’il n’y a que lui. […] Car nul ne prétendra que l’habileté de main soit le mérite où on reconnaît les grands artistes. […] Elle a fini par professer que toute conquête est injuste si elle prétend disposer d’êtres humains contre leur volonté.

1645. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Ce n’est pas non plus, évidemment, un plaisir : si je le prétendais, vous ne me croiriez pas. […] Je crois que le Christ n’est pas appelé une seule fois Jésus. — En résumé les Martyrs, — chose non prévue par l’auteur, — nous charment dans la mesure où ils sont pénétrés de paganisme, et par conséquent dans la mesure où ils prouvent le contraire de ce qu’ils prétendaient prouver. […] « À cette nouvelle, Chateaubriand prétendait que tout serait sauvé si on le nommait ministre de l’intérieur. […] La légitimité allait pour la première fois brûler de la poudre sous le drapeau blanc… Enjamber d’un pas les Espagnes, réussir sur le même sol où naguère les armées d’un conquérant avaient eu des revers, faire en six mois ce qu’il n’avait pu faire en sept ans, qui aurait pu prétendre à ce prodige ? […] Prétendez-vous me faire prendre au sérieux cette mascarade ?

1646. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Sarcey prétend que le public « le sent d’instinct, sans demander qu’on le lui explique ». […] On dit souvent du mal des journalistes et des hommes de lettres ; on prétend que nous ne nous aimons guère entre nous, que nous ne sommes ni tout à fait désintéressés, ni exempts de tout mauvais sentiment. […] Que cela soit complètement impossible ; je ne le prétends point ; mais, tandis que nous cherchons comment cela s’est pu faire, tandis que nous imaginons les raisons multiples et délicates que l’auteur ne nous a point données (sinon dans sa préface), nous oublions un peu d’être émus par le drame. […] Aussi bien le commandant, « du moment qu’il prétend aimer Raymonde, doit savoir d’avance à quoi l’engage implicitement l’amour chrétien ». […] Il paraît qu’il a prétendu faire une révolution, nous apporter d’un coup, et dans toute sa pureté, la forme nouvelle que cherche le théâtre (notez qu’il la cherche depuis Thespis).

1647. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Villemain prétend que ce livre n’exprimait pas la vraie croyance de Diderot. […] Depuis la Renaissance notre poésie était restée païenne, pour la forme du moins, et même lorsqu’elle prétendait chanter les louanges du Dieu des chrétiens. […] Julian Schmidt, qui prétend qu’après les Contes d’Espagne et d’Italie, Alfred de Musset ne fit plus rien d’important, ce fut au contraire à dater de la publication de ces premiers essais entachés d’imitation, qu’il s’éleva à une haute originalité et devint un des premiers lyriques de notre époque. […] Je serais même tenté de prétendre que si elle pouvait être lue en France dans sa forme originale, nous serions tout particulièrement faits pour l’apprécier. […] Je ne prétends pas dire que la France ait autant contribué que l’Allemagne à former cet homme puissant, et que sans nous ce nom si splendide manquerait au monde ; mais quand on voit Goethe entretenir durant toute sa vie un commerce incessant avec les grands esprits du xviie  siècle, si doués de ces nobles qualités de raison pure dont je veux parler, et que depuis les temps antiques on ne rencontre nulle part dans une aussi prodigieuse manifestation, il est bien permis de croire que la France ait eu quelque influence sur le développement de ce vaste cerveau, et de revendiquer pour notre patrie la part qui lui revient dans cette gloire immense.

1648. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Non pas que je veuille prétendre que toute époque qui vient après une autre est pire que celle-ci, et console d’être morts ceux du précédent siècle. […] Non pas que je songe à prétendre que vous ayez jamais donné dans ces imperfections, vénielles du reste, et parfois exquises ; et je dis simplement que votre nouvelle mission ne vous permet pas d’y retomber. […] Pour prévenir un démenti si fâcheux, on décréta que, désormais, lorsqu’une union serait conclue entre deux personnes, celui qui prétendait devenir père devait en faire la déclaration devant témoins. […] Jamais les maîtres de la doctrine évolutionniste n’ont prétendu apporter une nouvelle forme de l’idée de progrès. […] Il pouvait même prétendre que César n’avait pas vu cela de très bon œil.

1649. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

. — Mais, malheureux, qu’elle mente ou non, ta femme, ta femme et que tu prétends aimer, est si malheureuse ! […] Ajoutons-le aussitôt : cela ne veut pas dire, comme les adversaires de cette esthétique l’ont prétendu, que l’œuvre d’art ainsi projetée hors du cerveau du poète ne puisse être ni tendre, ni passionnée, mais ce sera d’une tendresse et d’une passion qui courent en elle comme les ondes de notre sang courent dans notre corps, invisibles et brûlantes. […] Ce regard historique qu’ils prétendent jeter sur les choses n’est sincère chez eux qu’à la condition d’être en même temps scientifique. […] Nous sommes ici bien loin du roman à thèse que pratiquait George Sand, car une thèse soutenue nuit à l’exactitude des constatations ; — bien loin du roman romanesque de Walter Scott, qui prétend raconter un rêve ennobli de l’humanité ; — bien loin du roman épique de Hugo, où tout est grandiose parce que tout personnage y devient un type. […] Si, avec cela, il prétend ne jamais conclure, s’il débarrasse son œuvre de tout caractère de thèse, en un mot, s’il manifeste cette ambition de placer le lecteur devant les scènes qu’il raconte comme devant la nature elle-même, le doute n’est pas permis sur ces tendances.

1650. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Celui qui tient avant tout à être utile se distingue bientôt, à sa méthode et à son accent, de celui qui ne prétend qu’à briller. […] Lachat, avait prétendu mieux faire que dom Déforis et n’avait pourtant bienfait qu’à demi.

1651. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Son beau-père, le seul homme pour lequel il avait eu du penchant, prétendait savoir pertinemment que Goriot avait juré de ne pas faire d’infidélité à sa femme, quoique morte. […] Rousseau, Chateaubriand dans Atala ou René, et, de nos jours, Mme Sand, se livrent, sous la forme de roman, au lyrisme le plus transcendant de leur génie, et, pour flatter tantôt l’aristocratie, tantôt la religion, tantôt la démocratie du temps, chantent depuis les licencieuses amours de la Nouvelle Héloïse ou depuis les ridicules systèmes d’éducation de l’Émile, éminemment propre à former un peuple de marquis, jusqu’aux rêveries grotesques et féroces d’un socialisme et d’un communisme qui nient la nature, et qui prétendent refaire le monde mieux que le Créateur.

1652. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

L’Église étant, aux yeux de Veuillot, la vérité et, par suite, l’empire du monde lui appartenant, l’esprit laïque, c’est-à-dire l’esprit libéral, qui se défie d’elle et qui prétend la cantonner dans le secret des temples ou du foyer domestique, apparaît nécessairement à Veuillot comme l’esprit d’erreur. […] Il a dégagé le catholicisme de tout ce qui n’est pas lui, s’étant gardé soit de le compromettre avec la Révolution, soit de prétendre le ramener, comme d’autres « épureurs » de religion, au christianisme des premiers temps.

1653. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Quant au terme de gommeux, l’on prétend que c’est l’appellation de mépris, que les femmes donnent dans les cabarets de barrière, à ceux qui mettent de la gomme dans leur absinthe, à ceux qui ne sont pas de vrais hommes. […] … Je déjeune chez Magny, à côté d’un vieillard, d’un antique habitué, qui prétend avoir mangé la première côtelette, cuite chez le restaurateur.

1654. (1925) Portraits et souvenirs

Laclos doit tout à ce livre qu’il a peut-être écrit par hasard, bien qu’il ait prétendu, comme il l’a dit ensuite, composer là un ouvrage « qui retentit encore sur la terre quand il y aurait passé ». […] Je ne veux pas prétendre que, lorsque meurt un contemporain célèbre ou notoire, il ne soit pas naturel de vouloir manifester à sa mémoire notre respect, notre sympathie ou notre estime, mais est-il nécessaire que ce désir aboutisse d’emblée au buste ou à la statue sur une de nos places ou de nos promenades, ou dans l’un de nos rares jardins ? […] N’avons-nous même pas vu des critiques de profession, dont toute l’étude avait été dirigée vers le but d’acquérir une certitude de jugement à laquelle nous ne pouvons prétendre, commettre, en matière de prédictions littéraires, de graves erreurs d’évaluation ? […] Un certain nombre de places leur étaient réservées aux festins ducaux, ce qui était, ainsi que le remarque M. de Hohenlohe, une façon « d’assurer aux inférieurs un traitement de pair à pair auquel autrement ils n’auraient pu prétendre et que par conséquent ils appréciaient hautement ».

1655. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Nul mieux que lui, sans prétendre à l’historien, ne saurait nous rappeler les sièges, les massacres, les vieilles villes du moyen âge italien, les antiques basiliques, les couvents, les cryptes aux murailles incrustées d’ossements. […] — Aline, dit-il enfin, on prétend qu’il pourrait me ressembler si tu avais beaucoup pensé à moi…. […] Vrais ou faux, les « dévots » lui étaient suspects de vouloir lui imposer une autre volonté que la sienne, peut-être même, comme les protestants jadis, de prétendre former un parti, un État dans l’État. […] Ils prétendent monter à la hauteur des rôles qui les flattent, ils ne veulent pas descendre au niveau de ceux qui les humilient. […] … On prétend qu’il existe dans le Liban de vieux testaments arabes où le mort met pour condition à ses donations qu’on viendra l’avertir dans son tombeau quand les Français seront maîtres du pays.

1656. (1890) Dramaturges et romanciers

Feuillet, et le diable perd-il grand-chose au prétendu sacrifice qu’elle fait de son amour ? […] Expression métaphorique pour expression métaphorique, celle qui prétend que la science nourrit l’esprit est plus près de la réalité que celle qui veut qu’elle le meuble ; car le savoir enrichit l’imagination, non comme une collection d’objets mobiliers enrichit une demeure, mais comme une nourriture succulente enrichit le corps. […] La modification qu’il a fait subir à la vengeance de la femme, qui se prétend outragée par l’abandon qu’elle a provoqué elle-même, est excellente et se prête parfaitement aux conditions dramatiques ; mais, avec la scène qui lui succède, le récit de Diderot reprend toute sa supériorité sur le drame moderne pour l’éloquence, la passion et l’entente du cœur humain. […] Elle l’a dit, penserait ce cœur, c’est une bonne action ; l’amour qu’elle prétend avoir n’est que de la reconnaissance ; ce qu’elle aime en moi, c’est de l’avoir arrachée à la vie de misère et d’expédients, c’est d’avoir entouré sa vie de sécurité, mais l’amour persisterait-il si ces biens matériels que je lui prodigue étaient retirés ? […] Vous prétendez, dit-il au public, qu’il n’y a plus de jeunes gens : adressez-vous aux parents, car en eux est la racine du mal dont vous vous plaignez.

1657. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Louis Bertrand n’a pas prétendu nous donner une étude d’ensemble. […] Que Molière l’ait voulu ou non, le public est avec Chrysale contre les femmes qui prétendent cultiver leur intelligence. […] Voyez Flaubert : « Il prétendait, dit Maxime du Camp, il a toujours prétendu que l’écrivain est libre, selon les exigences de son style, d’accepter ou de rejeter les prescriptions grammaticales qui régissent la langue française, et que les seules lois auxquelles il faut se soumettre sont les lois de l’harmonie… Il disait que le style et la grammaire sont choses différentes ; il citait les plus grands écrivains qui presque tous ont été incorrects, et faisait remarquer que nul grammairien n’a jamais su écrire. » C’est là sans doute une réponse un peu confuse à quelques remarques dans le genre de celles de Faguet et de M. de Robert, faites sur quelque phrase de Flaubert — et Maxime du Camp a dû ajouter à cette confusion. […] Cette réserve indique peut-être que, sans prétendra supprimer ni assujettir ceux qui sont de l’autre côté de l’eau, je me sens plutôt héraclitéen, l’ionien tolérant d’ailleurs, par position, l’éléate, beaucoup mieux que l’éléate ne tolère l’ionien.

1658. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

C’était son influence qu’on cherchait à conquérir, et c’était son autorité qui contenait dans de certaines limites ce combat dont il profitait, en excitant dans les deux camps une émulation de dévouement envers sa personne, dévouement sans lequel il n’était point possible de prétendre à la faveur. […] Dans le premier cas, le fait est altéré par soustraction ; dans le second, par addition ; dans l’un et l’autre, la science est infidèle, et les conséquences de cette infidélité doivent apparaître dans les opinions professées par cette théorie sur la chose elle-même qu’elle a prétendu expliquer, car le nombre des éléments ayant augmenté ou diminué, il est impossible que le fait se retrouve dans la théorie tel qu’il est dans la nature. […] Sans doute, c’est à son profit qu’il prétend détruire les obstacles révolutionnaires ; mais ces obstacles détruits le seront pour tout le monde. […] Cet ouvrage, qui rétablissait les véritables principes, méconnus par les abbés de Pradt, Grégoire et Tabaraud, qui prétendaient que l’élection des évêques n’avait pas besoin d’être sanctionnée par le pape, fut terminé à la Chenaie, et parut en 1812. […] Enfin, ce qu’il y avait de merveilleusement moral dans ce retour inespéré du droit prévalant contre la force, cette empreinte du doigt de Dieu qui apparaissait à la fin de ce chapitre de l’histoire de la révolution qui avait prétendu exiler Dieu des choses humaines, ce rapprochement de circonstances terribles et consolantes qui mêlaient la terreur à l’espoir et la joie à la tristesse ; tout, en un mot, concourait à la résurrection de la poésie.

1659. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Il proposait de l’appeler la faction des insociables, et pour son compte il ajoutait gaiement : « Ils ne connaissent encore que la moitié de mes projets : ils me croient membre d’une faction, tandis que je prétends en faire une à moi tout seul. » (11 mars.)

1660. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Dans un autre discours bien mémorable que lui prête Thucydide, et que sans doute il ne lui prête pas sans de bons motifs, Périclès traite déjà les Athéniens comme plus tard on traitera les Romains ; il s’efforce de les soutenir et de les fortifier contre la double épreuve de la guerre et de la terrible peste ; il prétend inspirer à ces citoyens d’une grande ville, et nourris dans des mœurs et des sentiments dignes d’elle, la force de tenir tête aux plus grands malheurs.

1661. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

La première condition est de savoir en perfection la langue dont on va apprécier les écrits, distinguer les emplois et les styles, peser les locutions et les mots ; c’est bien le moins quand on prétend s’ériger en censeur ; et pour cela il n’est que de commencer par lire, la plume à la main, et, s’il se peut, en observant l’ordre chronologique, tous les auteurs d’une langue : c’est là le premier point.

1662. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Dans son livre des Amours de Henri IV, il a poussé plus loin encore cette application de la chronique scandaleuse à l’histoire, et a prétendu l’élever jusqu’à la hauteur d’une méthode.

1663. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Dübner qui, poussant plus loin l’analyse, prétend trouver dans la suite des strophes de Thyrsis des exemples caractérisés de méchant naturel, d’exagération, d’incohérence et de mauvais goût, que l’harmonie du rythme et l’élégance de la forme déguisent à peine.

1664. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

En paraissant donner si fort l’avantage à Béranger sur La Mennais, je ne prétends point d’ailleurs que, dans cette amitié tardive qui s’était formée entre ces deux hommes célèbres venus de points de l’horizon si opposés, La Mennais ne fût pas le plus naïf, le plus confiant et se livrant avec le plus d’abandon.

1665. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Car Béranger, ce qui semblerait inutile à rappeler ici, se chante dans les campagnes, au cabaret, à la guinguette, partout, quoi qu’en aient prétendu d’ingénieux contradicteurs, qui auraient voulu faire de M. de Béranger un bel esprit de salon et d’étude comme eux-mêmes.

1666. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

M. de La Mennais ne prétendait certes pas que le temps des dépositions de rois dût revenir, et s’il citait la bulle de Boniface VIII, c’était comme mementodu dogme à des absolutistes qui se disaient chrétiens ; toujours y avait-il en ceci quelque difficulté à embrasser, je ne dis pas la droiture, mais le fond et le but de sa tendance politique.

1667. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Le Clerc prétend du sien tirer d’autres usages ; Il est savant, exact, il voit clair aux ouvrages ;

1668. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Renan que l’honorable M. de Ségur d’Aguesseau prétend faire allusion, je proteste contre une accusation portée contre un homme de conviction et de talent dont j’ai l’honneur d’être l’ami.

1669. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Mais il ne faut jamais comparer l’ignorance à la dégradation ; un peuple qui a été civilisé par les lumières, s’il retombe dans l’indifférence pour le talent et la philosophie, devient incapable de toute espèce de sentiment vif ; il lui reste une sorte d’esprit de dénigrement, qui le porte, à tout hasard, à se refuser à l’admiration ; il craint de se tromper dans les louanges, et croit, comme les jeunes gens qui prétendent au bon air, qu’on se fait plus d’honneur en critiquant, même avec injustice, qu’en approuvant trop facilement.

1670. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Autant le moraliste doit rejeter cet espoir, autant le législateur doit tâcher de s’en rapprocher : l’individu qui prétend pour lui-même à ce résultat, est un insensé ; car le sort qui n’est pas dans sa main déjoue de toutes les manières de telles espérances ; mais les gouvernements tiennent, pour, ainsi dire, la place du sort par rapport aux nations ; comme ils agissent sur la masse, leurs effets, et leurs moyens sont assurés.

1671. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

II Nous ne prétendons pas discuter ici pour ou contre la nature d’inspiration directe ou indirecte de ces livres sacrés ; ce n’est ni la place, ni le sujet de ces controverses dans un Cours de littérature.

1672. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

1º Si quelques-uns prétendent que nous possédons, selon votre expression, de « la poussière de critique », ils se trompent : la vérité est que la critique a été parfois mise en poussière par des bibliographes pressés et par des directeurs amis de la concision.

1673. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Plus d’une réflexion courte mais profonde, qui semble comme échappée à une conviction habituelle, une éloquente réfutation du paradoxe de Bayle qui prétend qu’un État formé de véritables chrétiens ne pourrait subsister, le dogme des peines éternelles presque justifié par la théorie des crimes inexpiables, tout cela est d’un homme qui a eu tout au moins une vue supérieure du christianisme.

1674. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

En face de ces grands problèmes, les philosophes pensent et attendent ; parmi ceux qui ne sont pas philosophes, les uns nient le problème et prétendent qu’il faut maintenir à tout prix l’état actuel, les autres s’imaginent y satisfaire par des solutions trop simples et trop apparentes.

1675. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Il est clair qu’en ces moments-là poètes et poètereaux, romanciers et conteurs, littérateurs de tout genre écrivent surtout en vue du soi-disant sexe faible qui a su adoucir et amollir à son image le prétendu sexe fort.

1676. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Ce père qu’on nous dit honorable, qui prétend aimer tendrement sa fille, l’a donc mariée dans un tripot interlope, par les mains vénales d’une procureuse, au libertin ruiné dont elle est, dit-on, la maîtresse.

1677. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Il prétend se connaître en artillerie, et, pour fortifier sa prétention, il lui suffit de se faire habiller par le tailleur de l’école polytechnique.

1678. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Nous ne prétendons pas envelopper dans le même dédain tout ce qui a été dit à cette occasion à la Chambre.

1679. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Personne aujourd’hui ne frappe plus et n’est plus frappé au nom de Dieu ; personne ne prétend plus à usurper les droits et à devancer les arrêts du souverain juge. » Il est enfin une troisième liberté qui tend à grandir de plus en plus : c’est la liberté industrielle.

1680. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

La résurrection d’un prétendu cadavre.

1681. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Nous prétendons que ce pourrait aussi bien être celle d’Einstein, et que la théorie de la Relativité est plutôt faite pour confirmer l’idée d’un Temps commun à toutes choses.

1682. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Comme elle le conduit à quelque théorie très générale, à une idée à peu près vide, il pourra toujours, plus tard, placer rétrospectivement dans l’idée tout ce que l’expérience aura enseigné de la chose : il prétendra alors avoir anticipé sur l’expérience par la seule force du raisonnement, avoir embrassé par avance dans une conception Plus vaste les conceptions plus restreintes en effet, mais seules difficiles à former et seules utiles à conserver, auxquelles on arrive par l’approfondissement des faits.

1683. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Toutefois, sans parler encore de tout ce qui peut limiter ces exigences propres, est-il vrai que ces influences soient, partout et toujours, aussi « isolantes » qu’on le prétend ?

1684. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Tite-Live prétend que les nobles dédaignaient de présider au cens  ; il n’a pas compris qu’ils repoussaient cette institution.

1685. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Car ces maladresses, il ne les commet, précisément, que parce qu’il n’a pas cessé de reconnaître, dans le fond de son cœur, cette morale universelle en dehors de laquelle il prétend s’être placé. […] Elle prétend garder son fils pour ce qu’elle appelle le « relèvement ». […] Et si peut-être je ne les ai pas expliqués aussi parfaitement que j’eusse voulu, la faute en est à la faiblesse de ma plume, mais non pas du tout à leur nationalité. — Prétendre, comme paraît le faire M.  […] Son prétendu symbolisme n’a jamais existé que dans l’esprit fumeux des gens du pays de France. » — Eh bien ! […] Un critique prétendu européen n’arrivera jamais qu’à porter, sur les œuvres particulières des écrivains étrangers à son pays, des jugements sans finesse, à la fois outrés et incomplets.

1686. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Sont-ce là, comme on l’a prétendu, des concessions au goût du jour, des recherches « d’actualité », des hardiesses voulues, destinées à scandaliser délicieusement quelques lecteurs, et surtout quelques lectrices ? […] Au-delà de ce prétendu « dilettante » dont on a recommencé si souvent l’impossible portrait, il y a le chercheur qui a travaillé jusqu’à ses derniers jours, le penseur profond, l’admirable écrivain, qui, en modifiant notre façon de concevoir le passé de l’humanité, nous permet d’entrevoir quelques coins de l’avenir, l’initiateur dont il faut chercher l’action efficace non pas dans les cénacles de littérature, mais partout où des esprits désintéressés et libres cherchent à discerner l’exacte nuance de ce qui est. […] Loin de s’affliger des déceptions momentanées que nous inflige la science, il la bénissait, parce qu’elle est un recours contre la foi « qui est là, derrière l’humanité, attendant ses moments de défaillance, pour la recevoir dans ses bras et prétendre ensuite que c’est l’humanité qui s’est donnée à elle ». […] On l’avait baptisé dans l’eau lustrale où le Rédempteur a prétendu laver les péchés du monde.

1687. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Et l’abbé Pierre voit enterrer ses théories par cette phrase significative : « Vouloir accommoder le catholicisme aux temps nouveaux, c’est hâter sa fin s’il est vraiment menacé d’une mort prochaine, comme les athées le prétendent. » Ce en quoi les athées ont tort et dont ils seraient vite détrompés s’ils se voulaient donner la peine de regarder les fidèles qui, plus nombreux que jamais, emplissent les églises, non seulement aux grands jours fériés mais aux heures des simples offices. […] Est-ce à dire que tout effort d’observation soit inutile ; je n’irai pas si loin ; je crois même que tous les écrivains recueillent ou doivent recueillir des notes, mais je crois aussi qu’ils se divisent en deux catégories : ceux qui en prennent et qui s’en servent, ceux qui en prennent et qui ne s’en servent pas ; les premiers nous donnent les œuvres documentaires, les renseignements, les détails, ils fournissent des matériaux tels quels ; les seconds ont absorbé dans leur être tout ce qui devait leur servir, comme nous respirons l’air sans le voir ni le vouloir, et quand est venue l’heure de la production, sans recourir à leurs calepins, même à leur mémoire, ils ont écrit ce qu’ils avaient vu et entendu, mais après l’avoir digéré, se l’être approprié ; les premiers peuvent prétendre au talent, le génie n’appartient qu’aux seconds. […] Croyez-le : ceux qui ont fondé l’Académie de France à Rome ont voulu donner aux artistes l’occasion de perfectionner leurs goûts ; mais ils ont surtout prétendu les mettre à même de tirer tout le parti possible de leur génie.

1688. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Toujours profond et noble, on ne le confondit point avec ce désordre grossier de l’imagination et des sens, qui usurpe son nom et prétend vainement à l’intérêt qu’il inspire ; toujours combattu, souvent sacrifié au devoir, Louis XIV n’en put regarder la peinture comme une flatterie adressée à ses fautes, ni le public garder des doutes dangereux sur les suites toujours funestes d’un amour illégitime. […] Ce serait calomnier ce prince que de prétendre qu’elle ait retenu par crainte aucune leçon, ni tu aucune vérité par flatterie.

1689. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Buloz, c’est qu’il ne m’a point raconté le fait que je prétends plus que jamais tenir de sa bouche. […] Que voulez-vous, ce sont de ces petits sacrifices qu’en bonne administration il faut faire à la vanité des auteurs. » Nous sommes heureux que le prétendu démenti de M. 

1690. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

L’idée, plus générale, de l’étendue n’a donc jamais été confondue avec celle de l’externe, qui ne saurait l’épuiser ; l’inétendu n’est pas interne à l’étendue, ni l’étendue externe à l’inétendu, à moins de faire de l’inétendu un point mathématique ; mais un point mathématique, s’il est inétendu, est du moins spatial ; or, quand on dit que l’âme est une pure succession inétendue, on ne prétend pas dire qu’elle est à l’espace ce que le centre d’une sphère est à la sphère ; on veut dire, et l’on devrait dire, qu’elle n’est ni étendue ni même spatiale, que l’idée de l’espace n’entre pas dans sa définition. […] Nous ne prétendons pas avoir, dans les pages qui précèdent, complètement élucidé le problème de la perception externe, un des plus difficiles de la psychologie ; mais nous ne pouvions non plus restreindre notre étude à la seule parole, sous peine de poser des aphorismes sans les justifier ; force nous était d’agrandir le problème sans pour cela le parcourir dans toute son étendue.

1691. (1888) Études sur le XIXe siècle

Elle interdisait à Paolina de lier amitié avec personne, « parce que, prétendait-elle, cela distrait de l’amour de Dieu » ; et Paolina, à trente ans, en était réduite à se faire adresser sa correspondance chez un voisin complaisant. […] Je ne prétendrai pas que leur séparation ne s’est pas opérée d’une manière naturelle, encore moins blâmerai-je l’exercice de l’une ou de l’autre ; mais je regrette que cette réparation soit devenue si complète que l’on ne pense même plus à réunir les deux arts, ou que, si l’on y pense encore, ce soit pour réduire l’un des deux au rôle d’auxiliaire inférieur de l’autre, sans viser à un effet commun auquel chacun contribuerait également. » Et Herder, dans la Causerie sur Alceste : « Si le musicien ordinaire qui met orgueilleusement la poésie au service de son art, descendait de ses hauteurs, il s’appliquerait, autant du moins que le permet le goût de la nation pour laquelle il compose, à traduire dans sa musique les sentiments des personnages, l’action du drame et le sens des mots. […] Et ceux qui prétendent le contraire, le font par cette haine de parti qu’ils ont manifestée à partir de 48, à chaque occasion, non parce qu’ils sont convaincus de ce qu’ils avancent… » Il n’abandonna pas ses convictions, il céda aux circonstances, simplement, recommanda ses compagnons au roi, et se retira. […] l’homme le plus spirituel de l’Italie, le génie le plus flexible de l’époque, l’esprit le plus pratique de l’univers est parvenu à avoir une chaire à la Sorbonne et un fauteuil à l’Académie, dernier but auquel son ambition puisse prétendre en France ! […] Elle a déjà fait de grands progrès ; mais on ne peut tout obtenir d’une fois, ni prétendre que les personnes qui ont été élevées sous l’empire d’autres idées entrent de plain-pied dans la voie de la justice et de la raison… Je comprends bien que les bruyantes exécutions qui se sont accomplies en France aient réveillé le zèle et la sollicitude des fauteurs de l’abolition de la peine de mort.

1692. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

. — Ils prétendent l’un et l’autre remonter le courant ; — renverser la philosophie du xviiie  siècle ; — et rétablir sur ses ruines l’autorité de la religion. — Mais la supériorité de J. de Maistre sur Bonald est d’avoir été mêlé aux grandes affaires, quoique d’un peu loin ; — et d’avoir eu surtout d’admirables dons d’écrivain ; — que font valoir encore davantage son impertinence aristocratique ; — et son infatigable « combativité ». […] Il a dû à d’autres raisons ; — différentes quoique connexes ; — de survivre lui-même au romantisme ; — et par exemple à son goût du « petit fait » ou du fait précis et « documentaire » ; — à sa tendance à transformer en lois de l’esprit ou de la nature des anecdotes particulières ; — à sa manière d’écrire, anonyme ou impersonnelle, mais surtout « analytique » ; — et d’ailleurs à la valeur de quelques-unes de ses observations. — Si cependant la valeur même « documentaire », — et surtout la valeur littéraire de La Chartreuse de Parme, 1839, — sont aussi considérables qu’on l’a quelquefois prétendu ? […] De l’art de Balzac ; — et d’abord, si Balzac est en général aussi « mauvais écrivain » qu’on l’a prétendu ; — sur la foi de quelques métaphores outrées ou incohérentes ; — de quelques tours de phrases alambiqués ; — et du mélange ou du bouillonnement dans sa prose de l’argot de tous les métiers ? […] Le Philosophe ; — et, à cette occasion, du pessimisme en général ; — et qu’il n’est point la doctrine de mort ou d’inertie que l’on a prétendu ; — mais au contraire la source de l’action féconde ; — et en tout cas le principe de toute élévation morale. — Du pessimisme de Vigny ; — et qu’on lui fait tort du meilleur de lui-même, — en en cherchant la cause dans l’étroitesse de sa vie domestique ; — ou dans les déceptions de son amour-propre ; — ou, comme « les gens d’esprit », dans le pressentiment physiologique de la maladie dont il devait mourir [le cancer de l’estomac]. — Le pessimisme de Vigny est une doctrine philosophique ; — fondée sur la conviction raisonnée de l’hostilité de la nature à l’égard de l’homme [Cf.  […] Le Fils de Giboyer, Lions et Renards]. — Et, sans doute, c’est ce que l’on prétend louer en lui quand on le met « de la famille de Molière ».

1693. (1898) La cité antique

Platon, dans son Traité des lois, ne prétendait pas avancer une nouveauté quand il défendait au propriétaire de vendre son champ : il ne faisait que rappeler une vieille loi. […] Sans prétendre que cette vieille religion ait créé les sentiments moraux dans le cœur de l’homme, on peut croire du moins qu’elle s’est associée à eux pour les fortifier, pour leur donner une autorité plus grande, pour assurer leur empire et leur droit de direction sur la conduite de l’homme, quelquefois aussi pour les fausser. […] On est surpris d’abord quand on voit dans les auteurs anciens qu’il n’y avait aucune ville, si antique qu’elle pût être, qui ne prétendit savoir le nom de son fondateur et la date de sa fondation. […] Montesquieu prétend que les Romains ne se sont donné un culte que pour brider le peuple.

1694. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Il prétend que Dieu, c’est-à-dire l’auteur de nous et de nos alentours, est mort avant d’avoir fini son ouvrage ; qu’il avait les plus beaux et vastes projets du monde et les plus grands moyens ; qu’il avait déjà mis en œuvre plusieurs des moyens, comme on élève des échafauds pour bâtir, et qu’au milieu de son travail il est mort ; que tout à présent se trouve fait dans un but qui n’existe plus, et que nous, en particulier, nous sentons destinés à quelque chose dont nous ne nous faisons aucune idée ; nous sommes comme des montres où il n’y aurait point de cadran, et dont les rouages, doués d’intelligence, tourneraient jusqu’à ce qu’ils se fussent usés, sans savoir pourquoi et se disant toujours : Puisque je tourne, j’ai donc un but. […] Benjamin Constant voit beaucoup dès lors une jeune personne (Wilhelmina ou Minna) attachée à la duchesse régnante, et songe sérieusement à l’épouser ; il mêle d’une façon étrange ces espérances nouvelles aux souvenirs de fidélité qu’il prétend garder, et il fait du tout un hommage très-bigarré à Mme de Charrière. […] Je crois bien qu’à deux cents lieues d’ici l’argument que je suis à Brunswick fait un effet superbe contre mon prétendu jacobinisme.

1695. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Il expose nettement, sans prétendre tout justifier, comment est sorti le cri de guerre de la philosophie du XVIIIe siècle contre ce qui était réellement haïssable sous la forme tout oppressive où on l’avait devant soi et au-dessus de soi.

1696. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

m’est-il à jamais interdit d’y prétendre ?

1697. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

qui de nous, au lieu de prétendre accuser et prendre en défaut la sincérité de celui qui fit René, n’admirera, ne respectera en lui ce mélange de velléités, d’efforts vers ce qu’on a besoin de croire, et de rentraînements vers ce qui est difficile à quitter ?

1698. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Or, si cette révolte de la nature irréfléchie, de l’égoïsme individuel dont ces philosophes font un prétendu droit dans ce qu’ils appellent les droits de l’homme, existait, la société cesserait à l’instant d’exister, car la société ne se maintient que par la toute-puissance et la toute légitimité de la volonté générale sur la volonté égoïste de l’individu.

1699. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Il prétendit fonder dans son château de Plessy-les-Tournelles une école d’élèves du sacerdoce, qui n’exista jamais qu’en projet.

1700. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Ambassadeur, ministre, polémiste, il servira à sa mode la Restauration, sans complaisance pour la royauté, méprisant pour les courtisans, gênant pour les ministres, dédaignant d’allonger la main pour saisir le pouvoir, voulant mal de mort à tous ceux qui le saisissent, et portant de rudes coups parfois au régime qu’il prétend servir.

1701. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Catulle Mendès appartient à une école qui prétend renouveler l’art dramatique, qui affiche le mépris des anciennes conventions et ne tient nul compte des critiques.

1702. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Qui donc a la noble ambition de nous faire gravir un degré de plus de l’échelle mystérieuse par laquelle l’homme prétend s’élever jusqu’à Dieu avec les seules forces de sa raison ?

1703. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Ce qu’il ne sait pas d’original, il le devine ; s’il n’est pas historien, il prétend du moins fournir à l’histoire ses plus sûrs renseignements.

1704. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Jamais je n’ai compté sur mon prétendu talent pour vivre ; je ne l’ai nullement fait valoir.

1705. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Des fanatiques prétendent découvrir dans les drames de Richard Wagner des religions, des systèmes politiques, des philosophies, et croient augmenter sa gloire en le proclamant ; d’autres s’emparent de cette idée pour en faire la base de leurs critiques contre les œuvres, et ils nous donnent en même temps sur la psychologie de leur auteur des renseignements qui sont de pure fantaisie.

1706. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Il est certain que nul n’est obligé d’être wagnérien, mais il n’est pas moins vrai que tous ceux qui prétendent à ce titre sont tenus de connaître Wagner et son œuvre, et de partager ses idées.

1707. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Prétendre que l’expérience, qui est le produit de sa sensation et des lois de la conscience, produit elle-même ces lois, cela semble d’abord une absurdité ; mais la contradiction n’est que verbale.

1708. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Je ne prétends pas dans ce court espace suivre Sieyès dans sa vie politique ; je m’attacherai seulement à noter les variations et les crises de ce grand esprit, sans répéter ce qu’on peut lire ailleurs.

1709. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Il faut se rendre compte du mensonge et de l’équivoque que comporte cette dénomination même ; car l’idée générale ne possède le caractère d’universalité auquel elle prétend que par rapport à un groupe d’hommes déterminé, celui-là seul qui la résuma à son usage, comme le résultat d’une série d’expériences concrètes et particulières.

1710. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Tourguéneff soutient, lui, que ça n’est pas… Il prétend que l’amour est un sentiment qui a une couleur toute particulière, et que Zola fera fausse route, s’il ne veut pas admettre cette couleur, cette chose qualitative… Il affirme que l’amour produit chez l’homme, un effet que ne produit aucun autre sentiment… que c’est chez l’être véritablement amoureux, comme si on retranchait sa personne… Il parle d’une pesanteur au cœur qui n’a rien d’humain… Il parle des yeux de la première femme qu’il a aimée comme d’une chose tout à fait immatérielle… et qui n’a rien à faire avec la matérialité.

1711. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Ce n’est point, dit-il, une entreprise chimérique de prétendre déterminer un peuple par sa littérature, seulement il faut le faire non pas en liant les génies aux nations, comme fait M. 

1712. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

— De la comédie et de ses plaisirs profanes, de ses licences et de sa joie, on a voulu faire un cours de bonne et pratique morale ; on a prétendu que rien ne résistait à ses enseignements… elle s’est toujours ressentie et toujours elle se ressentira de son origine errante.

1713. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Au lieu de prétendre déterminer d’emblée les rapports de l’état normal et de son contraire avec les forces vitales, cherchons simplement quelque signe extérieur, immédiatement perceptible, mais objectif, qui nous permette de reconnaître l’un de l’autre ces deux ordres de faits.

1714. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

En signalant le rôle de l’attention, nous n’avons pas prétendu donner de la parole intérieure une explication complète.

1715. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Il ne faudrait pas néanmoins exagérer l’importance de cette remarque et prétendre qu’il est indispensable d’avoir vécu une action matérielle pour la faire revivre dans l’œuvre d’art.

1716. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Je ne prétends pas l’expliquer.

1717. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Mais les réflexions qui précèdent nous l’ont fait comprendre : qui dit hétérogénéité des occupations, des idées, des facultés mêmes mentales ou physiques, n’a pas dit encore inégalité des droits ; et prétendre que la division du travail impose l’inégalité aux sociétés comme elle produit le polymorphisme dans les organismes, C’est méconnaître le caractère psychologique des unités sociales : le milieu social agit sur elles non pas seulement par les transformations quasi-mécaniques qu’il leur impose, mais encore et surtout par les idées et les sentiments qu’il leur inspire.

1718. (1902) Propos littéraires. Première série

On la lui appliquera dans la mesure des nécessités et convenances sociales, nullement dans la mesure où il prétendra la tailler à son avantage. […] il a aimé son pays, ce prétendu cosmopolite, qui pouvait l’être de par sa race, qui semble l’être parfois par ses idées… Seulement même quand on n’est point patriote, on est toujours amoureux de son pays si l’on a une vive sensibilité, parce que, dans ce cas, les ineffaçables impressions sont les impressions d’enfance, et elles restent toujours inséparables du pays où on les a reçues, invinciblement associées à la terre et au ciel sur laquelle et sous lequel elles se sont enfoncées dans notre chair. […] Seulement il y avait là encore trop de théories, trop d’explications et de commentaires ethnographiques, qui manquaient de certitude d’abord, puis alourdissaient et encombraient le volume, puis enfin n’étaient pas toujours d’accord avec les caractères mêmes qu’ils prétendaient expliquer. […] Non, si la société est un animal, tout ce qui la compose est fait uniquement pour obéir à un pouvoir central, et ne doit prétendre à aucune part, si petite soit-elle, d’indépendance individuelle, à aucune part de personnalité. « L’hérétique, disait Bossuet, c’est celui qui a une opinion. » — « L’homme qui pense, disait Rousseau, est un animal dépravé. » Touchante synthèse. […] On voit assez qu’il n’est que le développement de cette idée de tous les moralistes : « L’art est inutile, à moins qu’il ne renonce à son objet, et qu’il ne devienne une simple dépendance de la morale et un simple moyen à son service. » C’est exactement ce que disait le moraliste Pascal quand il écrivait : « Quelle vanité que la peinture, qu’un art qui prétend nous faire admirer des imitations dont on n’admire pas les originaux ! 

1719. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Cette évolution semble, il faut le dire, être restée inaperçue pour beaucoup de personnes qui prétendent faire de la physiologie une dépendance ou une partie de la zoologie et de la phytologie, sous prétexte que la zoologie embrasse toute l’histoire des animaux et que la phytologie comprend toute l’histoire des plantes. […] On simplifie donc trop les problèmes, et selon le mot spirituel de Mulder : déduire les phénomènes qui se passent dans l’organisme de l’analyse des matériaux qui le traversent, ce serait prétendre connaître ce qui se passe dans une maison en analysant les aliments qui entrent par la porte et la fumée qui sort par la cheminée. […] On a pensé que cet agent existait dans les différents points de l’organisme où sa présence peut être nécessaire pour digérer les albuminoïdes : Brücke a prétendu le retrouver dans le sang et dans les muscles. […] Nous ne pouvons ici que poser la question, sans prétendre en aucune façon la résoudre ; mais, dans tous les cas, nous le savons déjà, l’oxygène ne sert pas à une combustion directe.

1720. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

L’aventure des Romantiques, qui prétendirent remédier à l’affadissement du classicisme à son déclin, me rappelle une phrase que j’ai lue, je ne sais plus où. […] Stevenson jugeait que cette demoiselle méritait d’épouser un héroïque général, et que, même, elle aurait pu prétendre à une statue. […] Sa fameuse sérénité a quelque rapport avec le prétendu égoïsme de La Fontaine. […] Il aime ce pays où l’ombre est un besoin  ; il est fou du naturel de ses habitants, de leur sans façon, de leur manie, prétend-il, de dire ouvertement quelque chose qui peut être désagréable . […] nous saurons encore devant elle prétendre en belle tête, comme dit La Rochefoucauld.

1721. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

En me demandant de placer ici quelques réflexions sur la critique pour compléter ce tableau de notre littérature, Votre Excellence n’a pas prétendu, sans doute, que j’essayasse de lui offrir une histoire détaillée de la critique en France depuis vingt-cinq ans. […] On peut passer à la gloire de l’auteur du Cid, des Horaces et de Cinna l’éternelle reproduction de douze volumes, dont la moitié au moins ne se lit pas ; mais ne serait-ce pas un vrai malheur si quelque fanatique de Corneille, mettant la main sur un Attila ou sur un Agésilas de plus, prétendait nous en gratifier ? […] Nous prétendons savoir sur le bout du doigt tout ce qui peut être matière à sermon ou prétexte à dithyrambe. […] « La poésie répondit : “Laissez-moi : vos efforts me sont suspects ; vous prétendez affranchir la vie et vous n’accordez pas à l’art la liberté ! […] Jupiter, qui est redevenu Zeus, selon la terminologie de Leconte de Lisle, n’est plus marchand de peaux de lapin dans une petite île de la mer du Nord, et ne s’entretient pas avec les matelots venus de Syra en vieux grec homérique, comme le prétend le railleur allemand.

1722. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

C’est un mensonge pieux des historiens de la littérature française de prétendre que le vrai public vengea Racine du désert organisé par Mme de Bouillon. […] On ne prétend donc pas dire que la culture générale soit inutile ; elle est indispensable à titre d’auxiliaire et de réserve, mais à ce titre seul, et si cette culture générale et superficielle coïncide avec une ou plusieurs sections de culture intensive. […] C’est avec l’instruction, invention très vieille, que le clergé a dominé le peuple et le monde ; et c’est avec l’instruction encore que les sermonnaires laïques prétendent bien rogner les dernières griffes de l’instinct vital. […] Il faut donc rire des sots qui prétendent trouver en des in-folios latins l’origine de la corruption de nos moeurs. […] Cependant, à condition de ne prétendre qu’à l’approbation du très petit nombre des esprits libres, il est encore temps de parler.

1723. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Molière avait mis d’abord : Quand sur une personne on prétend s’ajuster, C’est par les beaux côtés qu’il la faut imiter. […] Despréaux, dit Cizeron-Rival d’après Brossette, trouva du jargon dans ces deux vers et les rétablit de cette façon : Quand sur une personne on prétend se régler, C’est par ses beaux endroits qu’il lui faut ressembler. » Mais, jargon ou non, il était le premier à proclamer Molière maître dans l’art de frapper les bons vers, et il n’aurait pas admis le jugement par trop dégoûté de Fénelon.

1724. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Les dames de la société me blaguent sur les succès, qu’elles prétendent que j’ai auprès des femmes. […] Vendredi 14 août En enlevant à l’humanité toute religion d’un idéal quelconque, je crains bien, que ce prétendu gouvernement de la fraternité prépare aux malheureux des temps futurs, des concitoyens à l’égoïsme impitoyable, aux entrailles de fer.

1725. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Mais il serait vrai que chacun de ces divers organes eût accidentellement varié dans la direction voulue, et qu’il se fût écoulé un temps suffisant pour que le lent travail de sélection naturelle eût accumulé ces variations, entravé comme il l’aurait été par les croisements et la tendance de réversion ; qui prétendra connaître assez bien l’ensemble des rapports complexes sous lesquels peut vivre un être organisé quelconque, pour affirmer que telle ou telle modification lui serait avantageuse ? […] Je ne prétends pas le décider, mais elles doivent agir conjointement pour entraver dans chaque contrée la tendance à leur multiplication indéfinie.

1726. (1920) Action, n° 2, mars 1920

1910-1920f André Salmon Je sais, mais je ne révélerai pas de qui Jean Moréas, mort voici dix ans, disait : « Il prétend qu’il me connaît ? […] La pensée, sous ce zaïmphba d’une audace froide qui ne reconnaît aucune des lois féminines et prétend quasi à la surféminité.

1727. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Dans son admiration fanatique pour les Grecs et les Latins, la Renaissance a prétendu rompre avec le moyen âge et recommencer l’antiquité. […] Par un retour curieux de l’anthropomorphisme tant décrié, la science devient une entité ; elle a ses sanctuaires et ses prêtres, ses dévots et ses « miracles » aussi. — Les peintres impressionnistes et les poètes décadents se réclament de Helmholtz ; c’est par le ballon dirigeable, chargé de mélinite, qu’on prétend assurer la paix universelle.

1728. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Eux-mêmes prétendent qu’Alexandre et Aristote étaient, comme Georges Castriot, bey d’Albanie, de leur pays et de leur race. […] On prétendit qu’il avait gagné la bataille d’Austerlitz contre les règles et que, si ses généraux n’avaient pas eu l’excellente habitude d’arriver à point pour réparer ses sottises, il aurait toujours été battu. […] Napoléon n’était peut-être ni un bourgeois ni un cyclone, mais simplement un militaire, né dans un temps et dans un pays où les militaires pouvaient prétendre à tout, un militaire amoureux de son métier, aimant toutes les parties du service, depuis la haute stratégie jusqu’aux revues de détail, connaissant comme un capitaine de compagnie le nom et l’état individuel de ses hommes, visitant les sacs le lendemain d’une victoire, multipliant à tout propos les patrouilles, les rondes, les contre-appels, éducateur des armées modernes et réformateur de l’équipement ; discutant pendant des heures sur la longueur des plumets, les torsades des épaulettes., les soutaches des pelisses, empereur et colonel, petit caporal et grand général, toujours boutonné dans son uniforme, menant sa cour comme une-caserne, faisant venir ses ministres au rapport comme des fourriers, préférant ses grenadiers à ses chambellans, gagnant l’admiration des troupiers par ses triomphes et leur amitié par ses-brusqueries, payant les dettes des lieutenants pauvres afin que les gargotiers et les tailleurs n’eussent pas le droit de décrier l’armée, indulgent pour les fredaines qui ne compromettaient pas l’honneur du corps, le premier officier du nouvel empire, officier d’ancien régime par son dédain de la « canaille », du trafiquant, du bureaucrate, du politicien, du goujat, du cuistre, de tous ceux qui n’avaient pas l’honneur de porter l’épée. […] Mais je lui prédis une récompense encore plus précieuse que les louanges des critiques : c’est la reconnaissance d’une foule de braves gens, que lassent les partisans radoteurs d’une armée-machine, milice sans fierté et corps sans âme, que dégoûtent les romans orduriers par où l’on a prétendu nous peindre la vie militaire, et qui lui diront de loin : « Merci, mon lieutenant.

1729. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

« J’ai de l’expression », disait-il à Trébutien, à la date du 12 février 1855, « et même quelquefois trop, prétendent-ils. […] Sainte-Beuve — je le cite encore — a signalé ce frisson à la Hamlet — le mot est de lui — qui court sur tant de vers de ce prétendu païen […] Persuadé comme je suis que cette analyse demeure une méthode de choix pour certaines besognes d’enquête morale, je ne saurais prétendre qu’elle satisfasse tous les besoins de l’esprit. […] Vous prétendez, vous aussi, ne faire que du roman objectif : vous faites du roman à idées. […] Vis-à-vis d’une femme qu’il prétendait aimer d’un amour unique, absolu, comment l’en justifier ?

1730. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Béranger a de la sensibilité, de la malice, de l’élévation, je ne veux certes pas prétendre qu’il n’ait pas aussi de la gaieté ; mais cette gaieté, il songe vite à s’en servir, à s’en couvrir, à s’en faire un cadre, un véhicule et un auxiliaire pour aller à mieux et viser plus haut, tandis qu’elle était à la fois la forme et le fond, la source et le fleuve même chez Désaugiers.

1731. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

C’était l’habitude alors dans ces mœurs de grande compagnie : un mari vous donnait un nom définitif, une situation et une contenance convenable et commode ; il ne prétendait guère à rien de plus, et de lui, passé ce point, dans la vie de la femme célèbre, il n’était jamais fait mention.

1732. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Plusieurs qu’on réputait des meilleurs firent comme la masse, et prétendirent qu’elle faisait bien.

1733. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Bien mieux, il suffit aux privilégiés de prétendre que leur fermier n’est qu’un régisseur : c’est le cas, en Poitou, dans plusieurs paroisses ; le subdélégué et l’élu n’osent y regarder de trop près.

1734. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Ce qui se dit dans cette entrevue entre le petit Didier et le père de sa future on ne peut que le deviner ; mais tout se passa sans doute de bon accord et de bonne grâce, car la nuit était déjà tombée toute noire sur la montagne et sur la vallée que le père et le prétendu, le visage ouvert par la confiance et par la bonne amitié, étaient encore assis chacun sur un coin du banc, la table entre eux deux et la nappe mise devant une bouteille de vin, un morceau de pain et un fromage blanc, pendant que la Jumelle, rappelée du verger, debout et modeste derrière son père, était invitée par lui et résistait longtemps à boire un doigt de vin dans le verre de son fiancé.

1735. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Ce prétendu droit de nationalité imprescriptible n’est donc pas plus un principe de diplomatie au-delà de la Manche, au-delà du Rhin, au-delà de la Vistule, au-delà de l’Éridan, au-delà de l’Arno, que chez vous.

1736. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Cependant, par une monstrueuse émulation des sénateurs, on vota des prières publiques dans tous les sanctuaires, des jeux annuels, des fêtes à Minerve, en commémoration du jour où le prétendu complot d’Agrippine avait été prévenu, et le jour de la naissance d’Agrippine fut mis au nombre des jours néfastes. » LIII « Pætus Thraséa, qui avait l’habitude de flétrir les bassesses ordinaires de son silence, ou de les laisser passer avec un bref et dédaigneux consentement, sortit alors du sénat, se vouant ainsi lui-même au dernier péril, sans donner aux autres le courage de la liberté. »… LIV Quelle condition du beau dans l’histoire manque dans ce récit de Tacite ?

1737. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

« Il faut, dis-je à mes amis, confidents de ma pensée, il faut écrire pour ce peuple, dans une histoire impartiale, morale et pathétique à la fois, le commentaire vivant de sa première révolution, un Machiavel français, non dans l’esprit du Machiavel italien, mais dans l’esprit d’un Tacite moderne ; il faut prouver, par tous les faits de cette révolution, qu’en histoire, comme en morale, chaque crime, même heureux un jour, est suivi le lendemain d’une véritable expiation ; que les peuples, comme les individus, sont tenus de faire honnêtement les choses honnêtes ; que le but ne justifie pas les moyens, comme le prétendent les scélérats de théorie ou les fanatiques de liberté illimitée et de démagogie populacière ; que les plus justes principes périssent par l’iniquité des actes ; que la conscience ne subit pas d’interrègnes ; que la Providence est toujours là pour la venger, et que, si la Révolution de 1793 a noyé les plus belles pensées philosophiques dans le sang, c’est qu’elle est tombée des lèvres des philosophes dans les mains des tribuns, et des mains des tribuns dans les mains des Sylla et des César, lavant le sang dans le sang, et restaurant facilement la tyrannie, que les sociétés préfèrent justement aux crimes.

1738. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Le pouvoir même lui semblait quelque chose de trop réel, de trop vulgaire pour y prétendre.

1739. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Qu’on rabaisse son talent poétique tant qu’on voudra, il n’y attache pas lui-même plus de prix qu’il n’en mérite ; mais si on veut bien lui accorder au moins le bon sens le plus vulgaire et le plus usuel, comment supposera-t-on que si la haine qu’on lui impute était dans son cœur, que s’il avait prétendu exhaler ses propres sentiments en écrivant les imprécations d’Harold, il eût au même moment demandé à être renvoyé dans ce pays qu’il abhorrait, et qu’enfin il fût venu se jeter seul au milieu des ennemis de tout genre que la manifestation de ces sentiments aurait dû lui faire ?

1740. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

On a prétendu dans le temps que ce conte était la preuve du caractère apocryphe de tout l’ouvrage.

1741. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Avec les romantiques, l’intérêt passe des faits aux mœurs, à la couleur : de récit apocryphe le roman historique devient ou prétend devenir peinture exacte, évocation : c’est l’éveil du sens historique.

1742. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Je sais bien qu’il vit à Paris, à peu près comme tout le monde, et je ne prétends pas qu’il adore pour de bon Baghavat ou Bouddha, qu’il laisse pousser indéfiniment les ongles de ses pieds et de ses mains, ni qu’il passe des heures à regarder son nombril.

1743. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

La raison en est simple : la France seule s’était faite initiatrice ; l’Allemagne, au contraire, prétendait à l’immobilité, à la conservation, à la durée ; elle ne permettait à l’idéalisme naissant que d’agiter le cœur et la tête de ses enfants sans leur laisser croire à l’effet des idées, à l’activité possible, à la réalisation de l’idéal.

1744. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Cette proposition, que je hasarde timidement, ne serait plus que folie si on prétendait la raidir jusqu’à une affirmation catégorique ; aussi m’en suis-je bien gardé.

1745. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Balzac, à côté d’éloges sincères, en fait des critiques assez vives ; Port-Royal le trouve impie, et l’attaque pour sa philosophie qui prétend se passer de religion.

1746. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Richard Wagner a dit : « Je ne prétends pas réformer l’opéra ; je le laisse tel qu’il est, et je fais autre chose. » Prenons cette devise ; rien n’est commun entre l’opéra et le drame musical ; l’un est un spectacle de concert, l’autre est l’œuvre dramatique pressentie par Rameau, Gluck, Weber, Beethoven, Lesueur, et comprise par Richard Wagner : il faut choisir, se décider.

1747. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Dieu ne fut point juif : qui oserait le prétendre ?

1748. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Et non pas « un éminent musicien français » comme le prétend M. 

1749. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Sans prétendre expliquer la conscience qui est, comme nous l’avons vu, le postulat nécessaire de toute psychologie, M. 

1750. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Après quoi, comme il y a là un musicien, le musicien Pugno, il fait, sur un piano faux, du bruit prétendu illyrien dans nos pensées, demandant la paix et le recueillement.

1751. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Cette institution, plus forte que la main qui prétendait la façonner à la servitude, n’avait pas tardé à créer contre tout despotisme une force ingouvernable par tout autre puissance que l’opinion.

1752. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Villemain, qui s’est fait grec le plus qu’il a pu pour admirer sans honte cette vaine poésie qui ne parle pas plus à notre pensée qu’à nos cœurs, prétend que de toute cette poussière, mêlée de sueur, foulée par la muse de Pindare, sortirent tous ces héros, beaux comme des demi-dieux, qui sauvèrent la Grèce et suivirent en Asie Alexandre.

1753. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Nous croyons avoir victorieusement réfuté l’erreur commune des grammairiens qui prétendent que la prose précéda les vers, et avoir montré dans l’origine de la poésie, telle que nous l’avons découverte, l’origine des langues et celle des lettres.

1754. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Elle-même était souffrante, et, à maint indice, bien qu’elle prétendît dominer la maladie à force de volonté, elle sentait les signes de la faiblesse physique se multiplier. […] … Il prétend, lui, le courageux écrivain et qui n’a guère fait d’aveux plaintifs devant les autres, que ces deux mots contiennent l’histoire secrète de sa vie, et que tout lui est arrivé trop tard de ce qui, venu plus tôt, lui aurait comblé le cœur, — si le cœur peut être comblé. — Trop tard ! […] Reprenez en effet cette Madame Bovary qu’il a prétendu exécuter de cette manière impeccablement objective, et cherchez à dégager la qualité qui en fait, de l’aveu des juges les plus hostiles, un livre supérieur. […] Une loi de notre physique ou de notre chimie trouve sa rédaction la plus complète, la plus correcte aussi, dans un langage technique et qu’il serait puéril de prétendre réduire aux exigences du rythme. […] N’y a-t-il pas quelque naïveté en effet, et une étonnante inconséquence, à prétendre respecter son pays d’une part, lorsque, de l’autre, on ne respecte rien de ce qui fait la vigueur d’un pays : la chasteté des hommes, la grande et entière simplicité du cœur, le profond sérieux de la vie morale ?

1755. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

À côté de lui, Chillingworth, esprit militant et loyal par excellence, le plus exact, le plus pénétrant, le plus convaincant des controversistes, protestant d’abord, puis catholique, puis de nouveau et pour toujours protestant, ose bien déclarer que ces grands changements opérés en lui-même et par lui-même à force d’études et de recherches « sont de toutes ses actions celles qui le satisfont le plus. » Il soutient que la raison appliquée à l’Écriture doit seule persuader les hommes ; que l’autorité n’y peut rien prétendre ; « que rien n’est plus contre la religion que de violenter la religion371  » ; que le grand principe de la réforme est la liberté de conscience, et que si les doctrines des diverses sectes protestantes « ne sont point absolument vraies, du moins elles sont libres de toute impiété et de toute erreur damnable en soi ou destructive du salut. » Ainsi se développe une polémique, une théologie, une apologétique solide et sensée, rigoureuse dans ses raisonnements, capable de progrès, munie de science, et qui, autorisant l’indépendance du jugement personnel en même temps que l’intervention de la raison naturelle, laisse la religion à portée du monde, et les établissements du passé sous les prises de l’avenir. […] À proprement parler, ils ne pouvaient avoir qu’un poëte, poëte sans le vouloir, un fou, un martyr, héros et victime de la grâce, véritable prédicateur, qui atteint le beau par rencontre en cherchant l’utile par principe, pauvre chaudronnier qui, employant les images pour être compris des manouvriers, des matelots, des servantes, est parvenu, sans y prétendre, à l’éloquence et au grand art. […] Elle seule, au défaut de l’extase, peut peindre le ciel ; car elle ne prétend pas le peindre ; en l’exprimant par une figure, elle le déclare invisible, comme un soleil ardent que nous ne pouvons contempler en face et dont nous regardons l’image dans un miroir ou dans un ruisseau.

1756. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Mais prétendre qu’elle est elle-même le vrai « supérieur », — comme s’il y avait plusieurs vérités  ne pensez-vous pas que c’est pure phraséologie ? […] Et je ne prétends point sans doute que cela l’empêchera plus tard d’être repris par le charme ouaté d’une foi imprécise et d’adorer de nouveau dans le Christ, aux heures d’attendrissement, une divinité métaphorique et mal définie. […] L’idée même qu’il avait de la poésie, ou plus exactement, de la place que la production de la poésie écrite peut tenir et doit accepter dans une existence normale, est d’un homme qui sentait bouillonner en lui toutes les énergies et qui prétendait vivre tout entier.

1757. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Si l’on jugeait que la nature s’en est tenue à l’individu, que la société est née d’un accident ou d’une convention, on pourrait pousser la thèse jusqu’au bout et prétendre que cette rencontre d’individus, comparable à celle des corps simples qui s’unissent dans une combinaison chimique, a fait surgir une intelligence collective dont certaines représentations dérouteront la raison individuelle. […] Bien loin de préparer la venue de la science, comme on l’a prétendu, elle a été le grand obstacle contre lequel le savoir méthodique eut à lutter. […] L’une prétend forcer le consentement de la nature, l’autre implore la faveur du dieu.

1758. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il discute les moyens, il indique les points essentiels et les articles du programme ; il réfute les objections des empressés et des intéressés, des enthousiastes et des ambitieux, de tous les courtisans de la veille, et enfin il présente sans chimère, en homme d’ordre et de liberté, toutes les conditions, selon lui possibles, mais à la fois indispensables, qui eussent été à remplir, de la part du chef illustre que la France s’était donné, pour consommer l’œuvre de la réparation sociale et pour arriver (le mot déjà est de lui) jusqu’au « couronnement de l’édifice115. » Ceux qui ont prétendu et qui prétendent plus que jamais aujourd’hui que l’Empire était implicitement et nécessairement renfermé dans le Consulat, que l’un n’a été que la déduction et, pour ainsi dire, l’épanouissement de l’autre, devraient lire cette brochure de Camille Jordan : ils reconnaîtraient peut-être qu’il y avait en réalité deux issues possibles, que l’esprit du temps et la nature des choses ne commandaient pas l’une plutôt que l’autre, et que ç’a été surtout dans le caractère et la toute-puissante personnalité du chef qu’a été la raison dominante et invincible de la solution qui a prévalu.

1759. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Partridge lui-même : est-il probable que j’aie été assez extravagant pour commencer mes prédictions par la seule fausseté qu’on y ait jamais prétendu trouver », sur un événement domestique si prochain, où la découverte de l’imposture devait être si facile ? […] Il entre alors dans la secte des éolistes ou inspirés, admirateurs du vent ; lesquels prétendent que l’esprit, ou souffle ou vent, est céleste, et contient toute science.

1760. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Il justifie les taxes arbitraires que le gouvernement prétend lever sur les Américains. […] Détestables Yahous que vous êtes, et qui prétendez usurper la lumière bénie, dans quel cerveau avez-vous pu naître, et pourquoi un peintre est-il venu salir les yeux de votre aspect ?

1761. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

L’autre, mesurant notre force et notre faiblesse, nous a détournés des routes qui nous étaient fermées, pour nous lancer dans les routes qui nous étaient ouvertes ; elle a connu les faits et leurs lois, parce qu’elle s’est résignée à ne point connaître leur essence ni leurs principes ; elle a rendu l’homme plus heureux, parce qu’elle n’a point prétendu le rendre parfait ; elle a découvert de grandes vérités et produit de grands effets, parce qu’elle a eu le courage et le bon sens d’étudier de petits objets et de se traîner longtemps sur des expériences vulgaires ; elle est devenue glorieuse et puissante, parce qu’elle a daigné se faire humble et utile. […] On entendit, à ce que l’on prétend, deux hommes chuchoter : « Je n’aime pas cette besogne. » Un d’entre eux murmura : « Je serais content de combattre les Macdonalds.

1762. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Nous voulons dire simplement que toujours, partout, le contact du fer et de l’air humide sera suivi par l’apparition de la rouille, l’application de la chaleur par la dilatation du corps. « La cause réelle est la série des conditions, l’ensemble des antécédents sans lesquels l’effet ne serait pas arrivé1490… Il n’y a pas de fondement scientifique dans la distinction que l’on fait entre la cause d’un phénomène et ses conditions… La distinction que l’on établit entre le patient et l’agent est purement verbale… La cause est la somme des conditions négatives et positives prises ensemble, la totalité des circonstances et contingences de toute espèce, lesquelles, une fois données, sont invariablement suivies du conséquent1491. » On fait grand bruit du mot nécessaire. « Ce qui est nécessaire, ce qui ne peut pas ne pas être, est ce qui arrivera, quelles que soient les suppositions que nous puissions faire à propos de toutes les autres choses1492. » Voilà tout ce que l’on veut dire quand on prétend que la notion de cause enferme la notion de nécessité. […] Elle est la dernière conséquence de l’idée primitive et dominante que nous avons démêlée au commencement du système, qui a transformé les théories de la définition, de la proposition et du syllogisme ; qui a réduit les axiomes à des vérités d’expérience ; qui a développé et perfectionné la théorie de l’induction ; qui a établi le but, les bornes, les provinces et les méthodes de la science ; qui, dans la nature et dans la science, a partout supprimé les liaisons intérieures ; qui a remplacé le nécessaire par l’accidentel, la cause par l’antécédent, et qui consiste à prétendre que toute assertion utile a pour effet de former un couple, c’est-à-dire de joindre deux faits qui, par leur nature, sont séparés.

1763. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

C’est là que, sous le titre modeste de Compagnie, notre jeune législateur prétend fonder une république. […] Les uns avaient quitté le pays, les autres étaient morts, un petit nombre avaient fait fortune ; mais la bonne Marie prétendait que ceux-là étaient devenus si fiers, qu’ils ne parlaient volontiers à personne.

1764. (1904) Zangwill pp. 7-90

Les transporter dans l’infini, c’est comme si l’on prétendait mesurer la chaleur du soleil ou du centre de la terre avec un thermomètre ordinaire. […] Mais, si on l’ouvre pour examiner l’arrangement intérieur de ses organes, on y trouve un ordre aussi compliqué que dans les vastes chênes qui la couvrent de leur ombre ; on la décompose plus aisément ; on la met mieux en expérience ; et l’on peut découvrir en elle les lois générales, selon lesquelles toute plante végète et se soutient. » Je me garderai de mettre un commentaire de détail à ce texte ; il faudrait écrire un volume ; il faudrait mettre, à chacun des mots, plusieurs pages de commentaires, tant le texte est plein et fort ; et encore on serait à cent lieues d’en avoir épuisé la force et la plénitude ; et je ne peux pas tomber moi-même dans une infinité du détail ; d’ailleurs nous retrouverons tous ces textes, et souvent ; c’était l’honneur et la grandeur de ces textes pleins et graves qu’ils débordaient, qu’ils inondaient le commentaire ; c’est l’honneur et la force de ces textes braves et pleins qu’ils bravent le commentaire ; et si nul commentaire n’épuise un texte de Renan, nul commentaire aussi n’assied un texte de Taine ; aujourd’hui, et de cette conclusion, je ne veux indiquer, et en bref, que le sens et la portée, pour l’ensemble et sans entrer dans aucun détail ; à peine ai-je besoin de dire que ce sens, dans Taine, est beaucoup plus grave, étant beaucoup plus net, que n’étaient les anticipations de Renan ; ne nous laissons pas tromper à la modestie professorale ; ne nous laissons d’ailleurs pas soulever à toutes les indignations qui nous montent ; je sais qu’il n’v a pas un mot dans tout ce Taine qui aujourd’hui ne nous soulève d’indignation ; attribuer, limiter Racine au seul dix-septième siècle, enfermer Racine dans le siècle de Louis XIV, quand aujourd’hui, ayant pris toute la reculée nécessaire, nous savons qu’il estime des colonnes de l’humanité éternelle, quelle inintelligence et quelle hérésie, quelle grossièreté, quelle présomption, au fond quelle ignorance ; mais ni naïveté, ni indignation ; il ne s’agit point ici de savoir ce que vaut Taine ; il ne s’agit point ici de son inintelligence et de son hérésie, de sa grossièreté, de son ignorance ; il s’agit de sa présomption ;  il s’agit de savoir ce qu’il veut, ce qu’il pense avoir fait, enfin ce que nous voyons qu’il a fait, peut-être sans y penser ; il s’agit de savoir, ou de chercher, quel est, au fond, le sens et la portée de sa méthode, le sens et la portée des résultats qu’il prétend avoir obtenus ; ce qui ressort de tout le livre de Taine, et particulièrement de sa conclusion, c’est cette idée singulière, singulièrement avantageuse, que l’historien, j’entends l’historien moderne, possède le secret du génie.

1765. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Imaginez que de nos jours on ne prétendît voir dans Rabelais ou dans Molière que les « précurseurs de la Révolution française », qu’ils sont bien dans une certaine mesure ou en un certain sens ; et comptez, de leurs traits les plus caractéristiques, essayez de compter combien il y en aurait de perdus pour nous. […] Gautier, « Notice sur Baudelaire »]. — Enfin la Pléiade a prétendu relever la dignité du poète en même temps que celle de la poésie ; — et elle y a réussi. — De l’acclimatation des genres de l’antiquité dans notre littérature.

1766. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Génin a prétendu que l’athéisme et l’immoralité de Diderot étaient une affreuse invention de La Harpe, — de La Harpe qui s’était converti. […] En effet, il aima sa femme et sa fille, et il eut des maîtresses, tout en les aimant… Si le génie était une anarchie intellectuelle, Diderot pourrait prétendre à être un génie.

1767. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

« Ce qui est nécessaire, ce qui ne peut pas ne pas être, est ce qui arrivera, quelles que soient les suppositions que nous puissions faire à propos de toutes les autres choses. » 21 Voilà tout ce que l’on veut dire quand on prétend que la notion de cause enferme la notion de nécessité. […] Elle est la dernière conséquence de l’idée primitive et dominante que nous avons démêlée au commencement du système, qui a transformé les théories de la définition, de la proposition et du syllogisme ; qui a réduit les axiomes à des vérités d’expérience ; qui a développé et perfectionné la théorie de l’induction ; qui a établi le but, les bornes, les provinces, et les méthodes de la science ; qui dans la nature et dans la science a partout supprimé les liaisons intérieures ; qui a remplacé le nécessaire par l’accidentel, la cause par l’antécédent, et qui consiste à prétendre que toute assertion utile a pour effet de former un couple, c’est-à-dire de joindre deux faits qui, par leur nature, sont séparés.

1768. (1887) George Sand

Elle chercha à relever de son abjection le prétendu principe du mal et à le rendre, au contraire, serviteur et agent du bien »… etc., etc. […] Je ne prétends pas que l’homme soit impeccable, ni que l’opinion doive s’armer d’une ridicule sévérité pour châtier ses défaillances. […] Quant à ses convictions philosophiques, elle les défend avec une obstination indomptable et méritoire contre l’intolérance à rebours du matérialisme qui se prétend scientifique. […] « On a prétendu que, dans ce roman, j’avais peint le caractère de Chopin avec une grande exactitude sous le nom du prince Karoll.

1769. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

. — Loger au second, première richesse des ambitions raisonnables ; m’est-il à jamais interdit d’y prétendre ?

1770. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Le duc de La Rochefoucauld étoit philosophe et n’étoit pas peintre. » Quelqu’un a dit en ce même sens : « Chez La Bruyère, la pensée ressemble souvent à une femme plutôt bien mise que belle : elle a moins de corps que de tournure. » Mais, sans prétendre diminuer du tout La Bruyère, on a droit de trouver dans La Rochefoucauld un angle d’observation plus ouvert, un coup d’œil plus à fond.

1771. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Du milieu de cette foule de bonnes plaisanteries qui lui échappaient sans cesse, jaillissaient encore des réflexions fortes et profondes, que son bon goût avait soin de revêtir toujours d’une sorte de couleur féminine… » Sans trop m’arrêter sur cet ancien portrait de famille placé aux origines de notre sujet, et qui le domine du fond, sans prétendre non plus pénétrer dans le mystère de la transmission des esprits, ne semble-t-il donc pas, presque à la première vue, que de si amples et si vives qualités maternelles aient suffi à se partager dans sa descendance, et à y fructifier en divers sens, comme un riche héritage ?

1772. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

De nos jours, la réaction anticlassique l’a porté très-haut ; il a profité de tout ce que, dans un temps, on a prétendu retirer à Boileau et aux réguliers.

1773. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Mon père causait avec Mme de Puisieux sur la facilité de composer les ouvrages libres ; il prétendait qu’il ne s’agissait que de trouver une idée plaisante, cheville de tout le reste, où le libertinage de l’esprit remplacerait le goût.

1774. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Tous les jours, comme si nous avions été des voleurs, des agents du sbire rôdaient ici et là dans nos alentours, épiant les chèvres et les moutons qui nous donnaient le lait et la laine dans notre pauvreté toujours croissante ; l’huile de la lampe, que nous entretenions dans la cabane, le soir, devant la Madone, ne pouvant plus en acheter à la ville, semblait leur faire envie ; ils prétendaient que Fior d’Aliza, sa mère et Hyeronimo, nous n’avions pas le droit d’aller cueillir les noisettes que nous pilions dans le mortier pour en tirer quelques gouttes.

1775. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

s’écrièrent-ils d’une même voix, et que prétendais-tu faire en te détruisant ainsi et en te sauvant tu ne sais pas où ?

1776. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

C’était un homme déjà mûr d’années, d’une figure noble, d’une distinction de manières qui répondait à sa considération personnelle dans le monde, d’un esprit suffisant pour jouir des succès de sa femme sans prétendre à l’égaler, un de ces hommes qui acceptaient les seconds rangs partout, même dans leur maison.

1777. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

La morale lui semble être chose différente de la politique : et il ne prétend que faire de la politique.

1778. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Alexandre Dumas (cette colère qui m’a fait entrevoir un moment le ciel d’une mère, le cœur de son enfant soulevé en sa faveur), c’est que ce n’est pas ici, dans ce monde comme il est fait, qu’il faut prétendre être jugé suivant ses vertus et ses fautes… » J’emprunte ici quelques détails à des fragments de Mémoires : Un projet de mariage de Sainte-Beuve, publiés par la Gazette anecdotique du 31 janvier 1889.

1779. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Et le Gar, alors, dit au Béout : « Ne t’enorgueillis pas trop… La Vierge t’a visité, prétends-tu ?

1780. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

. ; je l’ai dit déjà, je ne prétends pas continuer les Éléates, cependant on peut faire abstraction d’un caractère lorsqu’il est commun à toutes choses.

1781. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Y relever neuf fautes, c’est prétendre qu’à neuf vers près tout y est sentiment, trait de passion, vérité de cœur humain ; car les bons vers ne sont que ces choses-là bien exprimées.

1782. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Or mettons que, parmi les mille escarmouches que se livrent la critique et l’apologétique orthodoxe sur les détails du texte prétendu sacré, il y en ait quelques-unes où, par rencontre fortuite et contrairement aux apparences, l’apologétique ait raison : il, est impossible qu’elle ait raison mille fois dans sa gageure, et il suffit qu’elle ait tort une seule fois pour que la thèse de l’inspiration soit mise à néant.

1783. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Eschyle ne pouvait donc prétendre émouvoir le public d’Athènes par la mise en scène de ces orgies de douleur.

1784. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Si, comme le prétend Cicéron, le souverain bonheur après la mort est de connaître, j’ai eu lieu plus qu’une infinité d’autres à cette faveur, ayant parcouru à mon âge une si vaste étendue de terre et de mer.

1785. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Ce fut peut-être cette assiduité à fréquenter la bibliothèque d’Alexandrie qui trompa l’empereur Adrien, et qui lui fit écrire au consul Servianus : « Ceux qui adorent Sérapis sont chrétiens ; ceux qui se prétendent évêques du Christ sont en même temps dévots à Sérapis. » Sous la domination romaine, la bibliothèque d’Alexandrie appartenait à l’empereur.

1786. (1772) Éloge de Racine pp. -

Combien un succès si rare à cet âge dut exciter de jalousie et humilier tout ce qui prétendait à la gloire !

1787. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Je ne prétends pas, — ce qu’on ne manquerait pas de me faire dire si je ne revenais sur mon assertion, — que la poésie doive devenir un art purement plastique.

1788. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Le prétendu ordre historique d’exposition, même quand il pourrait être suivi rigoureusement pour les détails de chaque science en particulier, serait déjà purement hypothétique et abstrait sous le rapport le plus important, en ce qu’il considérerait le développement de cette science comme isolé.

1789. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Quant aux vieilles indignations nationales, à ces gothiques haines de l’étranger, à qui prétendrait-on imposer aujourd’hui avec toute cette patrioterie littéraire ?

1790. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

On accorde que, quand les individus sont associés, leur association peut donner naissance à une vie nouvelle mais on prétend qu’elle ne peut avoir lieu que pour des raisons individuelles. — Mais, en réalité, aussi loin qu’on remonte dans l’histoire, le fait de l’association est le plus obligatoire de tous ; car il est la source de toutes les autres obligations.

1791. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Un philosophe matérialiste a prétendu que la nature avait procédé par ébauches successivement perfectionnées.

1792. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Des écrivains superficiels ont prétendu souvent, dans des classifications sans justesse, que les guerres de religion se sont fermées au traité de Wesphalie ; c’est une erreur.

1793. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Chaque nation grecque ou barbare, a follement prétendu avoir trouvé la première, les commodités de la vie humaine, et conservé les traditions de son histoire depuis l’origine du monde.

1794. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Il est de Santander, et fort lié avec le romancier José Maria de Pereda, le peintre incomparable des mœurs de la Montagne, et Juan Valera, à la fois romancier, quand il écrit Pepita Jimenez ou Le Commandeur Mendoza, et philosophe, quand il étudie les doctrines de Vivès ou de Lulle, mais avant tout, grand seigneur écrivain, styliste par nature et sans étude, immensément instruit, bien qu’il se prétende un apprenti helléniste dans la préface de cette traduction de Daphnis et Chloé, qui est le bijou littéraire de l’année. […] À Champfleury, à Ferdinand Fabre qui ont prétendu savoir le prêtre et le peindre et qui, — le dernier au moins, — en savaient quelque chose, mais l’avaient oublié ou l’oubliaient de temps en temps, Charles Buet oppose le prêtre, tel qu’ils eussent dû le peindre toujours. […] Non pas qu’actuellement l’auteur du Nabab se pose en docteur de la société ; non, cet observateur sagace, ce judicieux narrateur de ses visions, qui se borne à revêtir d’écriture et aussi de magie artiste un coin de ce qu’il a vu et senti, ne prétend pas indiquer la médicamentation brutale et énergique qu’il faudra un jour à notre société maladive, affadie et rongée par les cancers du vice : mais, plus hardiment, il fait appel à la société, et par ses récits qui sont des prières aujourd’hui plus encore que des récits, il fait crier les béantes bouches des plaies. […] Frédéric Bataille I Je ne sais trop comment on ose prétendre, qu’en ce bel an de Dieu 1883, personne ne lit plus de vers.

1795. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Il prétend être le premier qui ait « cherché à traduire le comique non par l’idée (comme il nous le dit dans une langue un peu douteuse), mais par des harmonies, par la virtualité des mots, par la magie toute-puissante de la rime ». […] Dès ce moment il trace son programme poétique et l’embrasse avec orgueil, étant dans l’âge des longs espoirs : Vous, n’avez pas sondé tout l’océan de l’âme, Ô vous qui prétendez en dénombrer les flots… Qui de vous a tâté tous les coins de l’abîme Pour dire : « C’en est fait, l’homme nous est connu ; Nous savons sa douleur et sa pensée intime Et pour nous, les blasés, tout son être est à nu ?  […] La nature y est partout plus qu’aimée  adorée, et partout les divinités grecques y sont évoquées et invoquées, et jusque dans des dialogues entre personnages qui s’appellent bourgeoisement Rénaux ou Durand47.Je ne prétends pas que ce naturalisme donne beaucoup de naturel à leurs conversations ; mais il suffit que l’auteur écrive ainsi naturellement. […] Il croit que les œuvres de l’esprit ont une valeur absolue et constante en dehors de ceux à qui elles sont soumises, lecteurs ou spectateurs ; et cette valeur, il prétend la fixer avec précision. […] Comme il prétend peindre la réalité et qu’il est persuadé qu’elle est ignoble, il nous la montre telle, avec les scrupules d’une âme délicate à sa façon, qui ne veut pas nous tromper et qui nous fait bonne mesure.

1796. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Et il proscrit aussi ce que j’appellerai les réalités trompeuses, celles que le théâtre fausse nécessairement du moment qu’il nous les expose, celles dont la transcription, concertée par quelque dramaturge moraliste en vue d’un axiome social à établir, risque d’induire le public dans les plus fâcheuses erreurs, quand, d’un cas forcément particulier et dont il a lui-même choisi et combiné les éléments, l’auteur prétend tirer des conclusions générales… Les pièces morosement réalistes, et les pièces à thèse, voilà ce que Weiss ne peut souffrir. […] Et je ne prétends point que la littérature toute pure, — c’est-à-dire la transcription de la vie sans autre souci que de produire une impression de beauté, — ait, comme ils le croyaient, un caractère sacro-saint et soit nécessairement la manifestation la plus élevée de l’activité humaine ; mais je dis que c’est une de celles dont la bonté nous est le plus sûrement affirmée par un instinct secret. […] et cette vertueuse indignation, l’auteur prétend sans doute nous la faire partager ! […] Il découvre bientôt qu’en acceptant ce prétendu, qui n’est qu’un sot, la pauvre petite princesse se sacrifie à la raison d’Etat. […] Oui, quoi qu’on ait prétendu, l’auteur du Prince d’Aurec a été scrupuleusement équitable.

1797. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Brunetière ménageait alors les remontrances à ceux qui prétendaient introduire les théories transformistes dans quelque canton de la psychologie ou de la sociologie. […] Serons-nous en droit de conclure que le crime de Greslou est le naturel produit de ces théories, qu’une pleine responsabilité incombe de ce chef aux théoriciens et que nous sommes tenus désormais, comme le prétend M.  […] Il y a des gens qui prétendent que l’alouette fait de beaux accords ; cela n’est pas, puisqu’elle nous sépare […] On prétend, il est vrai, que ce sont non des débris, mais des matériaux qui n’ont pu s’assembler, par la faute de l’énorme Jupiter dont la masse agissait puissamment à distance ; ce n’en est pas moins un désastre.

1798. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il ne prétend pas aux respects exagérés de sa fille, qu’il aime en connaisseur, avec une petite pointe de sensualisme et de jalousie. […] On prétendait qu’il avait dit que Shakespeare n’avait aucun talent. […] Son front bas et sa barbe épaisse, sa mâle et forte structure lui donnaient quelque ressemblance avec les images du fabuleux Hercule de qui il prétendait descendre, mais c’est surtout Bacchus, le Bacchus indien qu’il se plaisait à rappeler par ses riches cortèges et par ses chars attelés de lions. […] Molière et Scarron Nous disions, à propos du Fou et de l’Obstacle, que la recherche du plagiat conduit toujours plus loin qu’on ne croyait aller et qu’on découvre le plus souvent que le prétendu volé était lui-même un voleur. […] Sans prétendre, avec l’habile et singulier Émile Lamé, que Julien ait été plus chrétien que les chrétiens, il faut reconnaître que l’apostat se rapprochait beaucoup par la doctrine et par les mœurs de l’Église qu’il voulut détruire et qui, triomphante, jeta pendant quatorze siècles, l’anathème à sa mémoire.

1799. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

J’ai ouï conter à M. de Lamartine que, arrivant à Paris, jeune et plein de respect, il aspirait, sans trop oser y prétendre, à l’honneur d’approcher, mais d’un peu loin, dans quelque salon, le poëte fameux dont s’entretenaient alors la cour et la ville, l’auteur de Ninus II, M.  […] L’intention de Dante ne fut pas un moment de vous faire rire, mon cher Marcel ; il ne prétendait aucunement amuser, il voulait non pas divertir, mais avertir, et, s’il se pouvait, convertir ceux qui le liraient. […] Pourquoi leur serait-il malséant de dire, dans une salle d’université par exemple, avec un peu plus de soin et d’enchaînement, ce qu’on trouve très-naturel et très-agréable de leur entendre dire dans les salons, où l’on prétend qu’elles règnent et gouvernent les opinions en toutes choses ? […] On prétendait se modeler sur les grands airs de Versailles, et, suivant l’exemple que donnait la diplomatie, on se mit à parler français, du moins mal qu’il fut possible, Bientôt, à l’imitation de la noblesse et sous l’influence des savants, théologiens, médecins, jurisconsultes, parmi lesquels le latin demeurait seul en usage, la bourgeoisie négligea la langue maternelle. […] Le vulgaire, et surtout le vulgaire désœuvré des cours, est tout à fait intraitable à l’endroit du génie ; il prétend qu’il soit parfait, et parfait à sa mode ; il le veut docile comme un enfant, modeste comme une jeune fille, régulier comme une horloge, prévenant et amusant à toute heure.

1800. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Il marche ainsi des vérités partielles à des vérités plus générales, mais sans jamais oser prétendre qu’il tient la vérité absolue. […] Je pense que la croyance aveugle dans le fait qui prétend faire taire la raison est aussi dangereuse pour les sciences expérimentales que les croyances de sentiment ou de foi qui, elles aussi, imposent silence à la raison. […] L’anatomiste, avons-nous dit plus haut, veut expliquer l’anatomie par la physiologie ; c’est-à-dire qu’il prend l’anatomie pour point de départ exclusif et prétend en déduire directement toutes les fonctions, par la logique seule et sans expériences. […] Le professeur, en indiquant dans une chaire didactique les résultats acquis d’une science ainsi que sa méthode, forme l’esprit de ses auditeurs, les rend aptes à apprendre et à choisir leur direction, mais il ne saurait jamais prétendre en faire des savants.

1801. (1886) Le roman russe pp. -351

. — Je ne prétends pas épuiser la démonstration ; longtemps encore on pourrait poursuivre et vérifier la loi inflexible dans les entrailles de la terre, dans le corps de l’homme et dans les replis de son âme, dans le laboratoire du savant et dans le cabinet de l’administrateur ; partout elle renverse les anciens principes de connaissance et d’action, elle nous ramène à la constatation d’un même fait : la remise du monde aux infiniment petits. […] Certains lettrés prétendent que la pensée française n’a que faire de courir l’univers, et qu’il lui suffit de se contempler elle-même dans son miroir parisien. […] Il prétendait, comme le fit plus tard Tourguénef, qu’il ne voyait bien le pays objet de ses études qu’alors qu’il en était loin.

1802. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

« Je suis sûre qu’elle t’a dit, sous le sceau du secret, qu’il rôde en prétendu autour de sa fille. […] Elle prétendait que Beethoven agitait trop ses nerfs.

1803. (1940) Quatre études pp. -154

« Fiers, affirmatifs, dogmatiques, même dans leur scepticisme prétendu, n’ignorant rien, ne prouvant rien… triomphants quand ils attaquent, ils sont sans vigueur en se défendant » : ils n’ont de raison que pour détruire ; ils ne s’accordent que pour disputer. […] Des Grieux s’insurge, lorsque Tiberge vient lui prétendre qu’on peut trouver dans l’austérité de la vertu des charmes supérieurs à ceux que procurent les plaisirs de l’amour ; il proteste, ardemment : « De la manière dont nous sommes faits, il est certain que notre félicité consiste dans le plaisir ; je défie qu’on s’en forme une autre idée ; or le cœur n’a pas besoin de se consulter longtemps pour sentir que de tous les plaisirs, les plus doux sont ceux de l’amour. » Il s’aperçoit bien qu’on le trompe lorsqu’on lui en promet ailleurs de plus charmants ; et cette tromperie le dispose à se défier des promesses les plus solides. […] Cette idée s’enracine si avant dans l’âme, et en occupe tellement la capacité, que si quelqu’un vient nous dire que l’état d’un homme pieux n’est point comparable, en fait d’avantages temporels, à celui d’un Épicurien, nous rejetterons cela comme un mensonge très absurde ; et cependant ce mensonge prétendu a de son côté une foule de raisons très fortes43… » Ainsi se forme la psychologie des ancêtres de Saint-Preux, au point de rencontre de diverses écoles que l’on peut reconnaître, dans la confusion brouillonne de leur esprit.

1804. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Quiconque prétend se soustraire à cette autorité dont il tient tout ne peut trouver injuste qu’elle lui ravisse tout, jusqu’à la vie. […] Cet esprit philosophique, si à la mode aujourd’hui, qui veut tout voir et ne rien supposer, s’est répandu jusque dans les belles-lettres : on prétend même qu’il est nuisible à leurs progrès, et il est difficile de se le dissimuler. […] — Ce sont en second lieu des romans psychologiques ; — dont le principal intérêt ne consiste que dans l’analyse des sentiments ; — et où les aventures tiennent si peu de place ; — ont si peu d’importance pour l’auteur lui-même, que Marianne et Le Paysan sont demeurés inachevés. — Et ce sont enfin des romans sinon d’amour, au moins de galanterie ; — ce qui les distingue des romans de Le Sage. — S’ils sont d’ailleurs aussi « décents » et aussi « moraux » qu’on l’a prétendu ?

1805. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Muhle prétend que c’est arrangé pour nous… Vous savez que ce soir il y a bal au Kurhaus et ce pauvre Muhle, qui est toujours ivre, se promet une fête colossale. […] Le paysan français qui met à sac le château en disant qu’il en est désolé, mais que le roi le veut ainsi, est le frère du Russe qui prétend avoir l’ordre de massacrer les Juifs. […] On prétend que la belle musique ne se comprend pas du premier coup… Allons donc, ici on comprend tout de suite que c’est admirable et mélodique, malgré une orchestration très savante.

1806. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Au mois d’avril 1787, le roi, dans l’Assemblée des Notables, parle de « l’empressement avec lequel les archevêques et évêques ont déclaré ne prétendre à aucune exemption pour leur contribution aux charges publiques ».

1807. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Beaucoup imaginer, c’est beaucoup prétendre ; beaucoup penser, c’est beaucoup souffrir ; être grand, c’est être disproportionné dans un monde de médiocrités ou de petitesses ; être disproportionné, c’est être déplacé ; être déplacé, c’est créer autour de soi des inimitiés, c’est éprouver soi-même une inimitié involontaire et générale contre tous ceux qui ne vous cèdent pas la place aussi vaste que la demandent vos facultés supérieures.

1808. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Le premier volume du Supplément de la Biographie universelle, publié en 1834, contient un article sur la comtesse d’Albany, article signé du nom de Meldola, et dans lequel on lit ces paroles : “Quelques biographes ont prétendu que Mme d’Albany s’était unie par un mariage secret à Alfieri, et qu’après la mort de ce poète elle avait épousé M. 

1809. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

N’ont-ils pas prétendu que je l’avais tué ?

1810. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Elle protégea au-delà de la justice le vieux poëte tragique Crébillon, talent âpre et sauvage, prétendit l’opposer à Voltaire pour effacer Zaïre, Mérope, Mahomet sous l’ombre de Crébillon.

1811. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Ce droit du poète sur les sujets est une théorie du théâtre espagnol ; je la trouve excellente pour des pièces qui ne prétendent pas plus à la gloire d’être relues qu’à celle d’être redemandées.

1812. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Et c’est parce qu’elle marche à la française. « Ma seconde maxime, (c’est une maxime de sa morale, mais ce que je prétends, c’est que sa méthode aussi est une morale, une morale de pensée ou une morale pour penser ; ou si l’on veut tout est morale chez lui.

1813. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Il n’a donc pas écrit cette page véritablement unique en application directe de son système, mais à côté, presque à rebours, puisque les mobiles intérieurs sur lesquels il prétendait se guider échappaient à l’art musical et qu’il en arrivait, sans s’en apercevoir, à ne plus exprimer qu’un sentiment très banal, qu’une situation très ordinaire.

1814. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

» Le poème qui prétend réaliser ou essaie de réaliser cette esthétique nous attire surtout par la réelle beauté des images.

1815. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

. — Le pis, c’est que le Saint-Simon prétendu complet ne l’était pas.

/ 1981