Mistral sont naïves, dans leur pittoresque, et les personnages qu’il met en scène, des êtres essentiellement primitifs.
Il nous a parlé longtemps du poète comique dans Corneille : de la comédie de la Suivante, jolie comme son sujet ; du Menteur, dont il n’était pas besoin de nous parler (car il tient toujours la scène comme Molière, avec des touches que n’a pas Molière, et cependant Molière a écrit le rôle de don Louis — dans Don Juan — qui est un rôle cornélien !)
Quels senties personnages qu’il met en scène ?
Mais les événements transforment la scène ; la main se lasse, le public se rassasie, les ennemis dénigrent : qui dit public dit hasard ; le métier d’hommes de lettres n’est qu’un jeu de dé avec l’opinion. […] La grandeur d’un peuple, c’est de se personnifier tout entier dans quelques colossales mémoires, en sorte que, quand on nomme ce peuple, sur-le-champ le personnage national se présente à la pensée et dit : « C’est moi. » Aussi rendez-vous bien compte de vos impressions quand vous lisez l’histoire universelle ; toute la scène du monde est remplie pour vous par une centaine d’acteurs immortels, héroïques, politiques, poétiques ou littéraires, qui figurent à eux seuls l’humanité. […] Nous sommes grands et ils sont sages ; nous jouons le drame héroïque, intéressant, instructif, quelquefois lamentable, sur la scène des siècles ; nous emportons les applaudissements de la postérité, mais nous disparaissons, et ils demeurent.
Tel était l’état de la république romaine quand le jeune Cicéron revêtit la robe virile pour prendre son rôle de citoyen, d’orateur, de magistrat sur la scène du temps. […] Il vivait alors familièrement avec le plus grand acteur de la scène romaine, Roscius. […] Nous avons assisté de nos jours, dans un pays aussi lettré que Rome, dans des temps aussi révolutionnaires que le temps de Cicéron, à des scènes d’éloquence aussi décisives que celle du sénat romain, entre des hommes de bien, des hommes de subversion, des ambitieux, des factieux, des Catilinas, des Clodius, des Cicérons, des Pompées, des Césars modernes ; nous avons assisté, disons-nous, aux drames les plus tumultueux et les plus sanglants de notre époque : mais nous n’avons jamais entendu des accents où la colère et le génie oratoire, le crime ou la vertu vociférés par des lèvres humaines, fussent autant fondus en lave ou en foudre dans des harangues si ardentes d’invectives, si solennelles de vertu et si accomplies de langage !
Je ne pouvais pas voir avec indifférence que l’on cherchât à reproduire artificiellement en Allemagne les scènes qui, en France, étaient amenées par une nécessité puissante. […] « “L’Empereur parut satisfait de cette réponse ; il revint au drame, et fit des observations très remarquables, en homme qui a considéré la scène tragique avec la plus grande attention et à la façon d’un juge d’instruction. […] “La lutte avec le monde commence”, l’esprit l’emporte sur le cœur, et tout devient plus froid. — Il faut arriver aux dernières années et aux dernières scènes de l’existence, pour retrouver l’intérêt profond et saisissant. » 16.
. *** — et elle nomme son mari — a une jalousie contre vous que je ne m’explique pas… » Elle reprend : « Ça le rend tout à fait malheureux… Entre moi et lui, ça n’a jamais été formulé d’une manière bien nette… mais cela a amené pourtant des scènes dans notre intérieur… Oui, il faut que nous renoncions à ce plaisir tous… Concevez-vous qu’il m’empêche de vous lire… Que voulez-vous, nous nous retrouverons, une fois par an, comme cela par hasard… Cela me pesait depuis longtemps, j’ai mieux aimé que vous le sachiez. » Et mon frère la quitte, persuadé, comme moi, que cette femme qui vient presque de lui avouer la tendresse de sa pensée, ne ferait jamais pour lui, s’il en devenait vraiment amoureux, le sacrifice de son orgueil d’honnête femme. […] Au milieu du fatras d’une publication de spéculation, il y a d’admirables tableaux, des renseignements sans prix sur la formation d’une imagination d’écrivain, des portraits de caractères saisissants, des scènes merveilleusement dites, comme la mort xviiie siècle de sa grand-mère et son héroïsme douillet, comme la mort si parisienne de sa mère : des scènes, qui arrachent l’admiration et quelquefois les larmes.
» « Cette scène m’a fait un mal ! […] Quand le président lui dit de raconter la scène du crime, il passe la main sur son front, une rougeur colore, un instant, son visage terne et gris, et après quelques mouvements nerveux d’épaules, il crache par terre, s’essuie les lèvres avec son mouchoir, puis commence par des mots ânonnants, se repasse encore la main sur la figure, et rouvre une bouche où, sous l’émotion, sa voix s’étrangle… Puis soudain il se met à raconter, et comme si, au récit de l’assassinat, sa fièvre homicide le reprenait, il répète dans le vide la mimique de son crime, d’un geste en avant terrible et superbe ! […] … Moi aussi, depuis quelque temps, avec les choses qui se passent en politique, je me sens dans un état nerveux… » Et la scène finit dans la douceur d’un silence ému, où se retrempe et se resserre l’amitié.
Mais n’allez pas en conclure à des ténèbres de « fog » et de « mist », à des scènes lugubres ou brutales. […] au courant du ton général de son livre : Ma vie est comme un music-hall où, dans l’impuissance de la rage, enchainé à ma stalle par un enchantement, je me vois moi-même, sur la scène, danser pour amuser un music-hall. […] Je fis une esquisse de cette scène dans les vers de mon livre Sagesse : L’échelonnement des haies Moutonne à l’infini, mer Claire dans le brouillard clair Qui sent bon les jeunes baies. […] Garrick joua ses pièces, mais remaniées, ne se contentant pas de coupures dans le texte vénérable, mais supprimant encore des scènes entières. […] Mais comme dans le cas de Pradon, quelle revanche il prit avec Rachel et Sarah Bernhardt, sur toutes les scènes des Deux-Mondes.
Je doute qu’on puisse lire aucune histoire dont les personnages et les scènes renferment plus d’éléments affectueux, plus de tendresse, contenue, il est vrai, mais peut-être d’autant plus touchante. […] Tout le monde aura reconnu quelle juste importance, sous le point de vue moral, il attribue à la scène grave et attendrissante du Guichet. […] Ainsi passent, sous les yeux des célestes spectateurs, les scènes de la création. […] La première scène personnifie, en Dagobert, la barbarie et la tristesse du monde entre l’antiquité et le moyen-âge. « Le monde, dit saint Éloi, est aujourd’hui une grande messe des morts. […] Cette scène est du dix-neuvième siècle.
La scène se passe sur une guillotine et sur le corps d’un guillotiné ; le squelette de la Mort qui domine tient en main et lit le journal le Peuple ; un peu au-dessous, un jeune Asiatique joue de la flûte sur un os perforé : dans le fond, ce ne sont qu’incendies et ruines. […] Ce fut une très jolie scène, comme il sied entre esprits gentils et bons enfants.
C’est ainsi qu’ayant eu communication des Mémoires, alors manuscrits, de Mme de La Rochejacquelein, revus et en partie rédigés par M. de Barante, il déclarait y avoir trouvé « la jouissance la plus vive que livre puisse jamais procurer. » Il y voyait tout ce qui constitue un morceau accompli d’histoire, « l’harmonie et la justesse d’un style partout adapté à la chose, l’art pittoresque qui met toujours et la scène et les personnages devant les yeux, l’intérêt le plus vif, le plus enthousiaste, le plus vertueux, qu’aucune période de l’histoire moderne ait jamais présenté, un intérêt qui s’attache aux personnes et qui ne se perd jamais dans les masses et les nombres abstraits, comme il arrive trop souvent. » Les Lettres de Mlle de Lespinasse, nouvellement publiées (1809), lui faisaient un effet bien différent ; c’était, pour lui, une lecture singulière qui lui laissait des impressions contradictoires, et où il se sentait quelquefois rebuté par la monotonie de la passion, souvent blessé d’un manque de délicatesse et de dignité dans la victime, mais attaché en définitive par la vérité et la profondeur de l’étude morale : « Un rapprochement, dit-il, que je faisais à chaque page augmentait pour moi l’intérêt de cette Correspondance. […] Quand ces grands acteurs sortent de dessus la scène et qu’ils posent leurs habits de théâtre, il me semble que toute la passion cesse à leur égard.
A la contemplation de ces scènes voisines et déjà fabuleuses qui se confondaient avec nos premiers rêves du berceau, l’imagination s’est enrichie de couleurs encore inconnues ; d’immenses horizons se sont ouverts de toutes parts à de jeunes audaces pleines d’essor ; en éclat, en puissance prodigue et gigantesque, la langue et ses peintures et ses harmonies, jusque-là timides, ont débordé. […] Nous n’imaginons pas que personne mette en doute que partout et dans tous les temps il ne vive et ne meure loin de tout éclat une multitude d’hommes supérieurs à ceux qui jouent un rôle sur la scène du monde, etc. » Peut-être il n’a manqué à Mirabeau lui-même qu’un peu plus de vertu, de discipline, et un cœur moins relâché, pour rester et vivre inconnu ou du moins médiocrement connu, et simplement notable à la manière de ses pères.
Le jugement que porte Mme Roland des hommes politiques de la seconde époque révolutionnaire, de ceux qu’elle a connus et éprouvés, est aussi distinct et décisif que son mépris des hommes de 89 a pu paraître confus et aveugle : c’est qu’à partir de 91 elle vit de près la scène et posséda tous les éléments de situation et de conduite. […] Elle aussi se sentait faite pour un rôle actif, influent, multiplié, pour cette scène principale où l’on rencontre à chaque pas l’aliment de l’intelligence et l’émotion de la gloire ; elle aussi, loin de Paris, exilée à son tour de l’existence agrandie et supérieure qu’elle avait goûtée, elle aurait redemandé, mais tout bas, le ruisseau de sa rue de la Harpe.
La Bruyère n’a pas déserté sur ce point l’héritage de Molière : il a continué cette guerre courageuse sur une scène bien plus resserrée (l’autre scène, d’ailleurs, n’eût plus été permise), mais avec des armes non moins vengeresses.
Elles se sont effacées, et maintenant, quand, retrouvant par hasard quelque fragment de cette scène éloignée, je m’y arrête pour tâcher d’évoquer le reste, mon effort est vain. — Il en est ainsi de presque toutes les portions de notre expérience ; l’impression reçue a été solitaire ; sur mille, il y en a tout au plus une qui se soit répétée deux fois ; sur mille de celles-ci, il y en a une à peine qui se soit répétée vingt fois. […] L’organisation et le système nerveux, en se transformant chez eux, amènent tour à tour sur la scène deux et trois personnes morales dans le même individu : dans la chrysalide, dans la larve et dans le papillon, les instincts, les images, les souvenirs, les sensations et les appétits sont différents ; le ver à soie qui file et son papillon qui vole, la larve vorace de hanneton avec son terrible appareil d’estomacs et le hanneton lui-même, sont deux états distincts du même être à deux époques de son développement, deux systèmes distincts de sensations et d’images entés sur deux formes distinctes de la même substance nerveuse. — Si un sommeil pareil à celui de la chrysalide nous surprenait au milieu de notre vie et si nous nous réveillions avec une organisation et une machine nerveuse aussi transformées que celles du ver devenu papillon, la rupture entre nos deux personnes morales serait visiblement aussi forte chez nous que chez lui. — Le lecteur voit maintenant les suites infinies de cette propriété des sensations et des images que nous avons appelée l’aptitude à renaître ; elle assemble en groupes nos événements internes, et, par-dessus la continuité de l’être physique que constitue la forme permanente, elle constitue, par le retour et par la liaison des images, la continuité de l’être moral.
De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) I Pendant que ces meurtres s’accomplissaient dans le sanctuaire de la cathédrale, une autre scène, plus confuse encore, avait lieu sur la place du Gouvernement, dans le palais de la Seigneurie. […] Florence n’était qu’une scène de carnage où l’on portait à la pointe des lances les têtes des conjurés.
LXV Mais cet écueil fut émaillé par lui de paysages pittoresques, de tableaux enchanteurs et variés, de portraits variés, de scènes pieuses, empruntées aux deux religions, d’invocations aux deux muses de la plus gracieuse et de la plus sublime éloquence, et des morceaux de prose poétique les plus achevés. […] On voit qu’il s’amuse à faire à loisir la caricature de deux peuples dans une scène de cabaret.
Paysages de Bretagne ou du Nouveau Monde, scènes maritimes, scènes religieuses, il y a là toute une suite de tableaux par lesquels le livre vivra, en dépit des idées654.
Théodore de Banville Érato Scène Première Le Détracteur. […] Scène II Érato (invisible) Votre Petit traité de poésie française est un ouvrage délicieux, maître Banville.
Voilà la fable purement comment faut-il l’appeler la fable purement anthropologique, anthropomorphique, c’est-à-dire donnant la forme des animaux aux hommes qui sont en scène. […] Je mets aussi sur la scène Des trompeurs, des scélérats, Des tyrans et des ingrats, Mainte imprudente pécore, Force sots, force flatteurs ; Je pourrais y joindre encore Des légions de menteurs : Tout homme ment, dit le sage.
Oui ; mais il a pris sa revanche par sa mémoire qu’il avait développée de bonne heure comme par pressentiment, qu’il a meublée de toutes sortes de beaux passages, de scènes dramatiques en prose et en vers, une vraie mémoire d’aveugle qui ressemble à celle des anciens poëtes et rapsodes, du temps où l’on n’écrivait pas ; il retient, il récite, il joue.
Depuis longtemps je n’ai passé de plus agréable soirée qu’hier ; il y a dans la petite scène que M.
Les charmantes impossibilités dont fourmillent ses paraboles, quand il met en scène les rois et les puissants 140, prouvent qu’il ne conçut jamais la société aristocratique que comme un jeune villageois qui voit le monde à travers le prisme de sa naïveté.
Les disciples racontèrent le fait avec des détails de mise en scène combinés en vue de l’argumentation.
Il donna, en confirmation de ses principes, la décomposition de la première scène de Mithridate de Racine, On nous faisoit Arbate, &c. : jamais beauté ne fut plus défigurée.
Nous avons vu, de nos jours, ce que l’on peut faire avec et contre l’imprimerie, lorsqu’un ministre de la police étend un œil inquisiteur sur toute la scène où s’exerce le mouvement des idées, et peut mettre la pensée en état de blocus continental.
Elle le tenait… mais elle voulut savourer l’amour et la haine dans cette scène dernière, et elle le massacra en détail.
Il dit la toute-puissance magique de ces rhéteurs sur l’opinion, fanatisée jusqu’à la bêtise la plus incompréhensible, le pullulement innombrable de ces rhéteurs, la frénésie d’admiration qu’ils inspiraient, les sommes effroyables qu’ils gagnaient à débiter leurs discours, le vide immense ou la honteuse puérilité de ces discours artificiels, les mises en scène de toute espèce de ces trafiquants de paroles, qui péroraient à la minute et au commandement et qu’écoutaient respectueusement les empereurs, drapés dans leur pourpre, quand ils n’en étaient pas jaloux !
… Abélard, qui est le héros de cette énorme pièce, ne justifie ni par une scène, ni par un mot, ni par un geste, la grandeur de caractère ou de génie que l’auteur lui accorde dans l’opinion des personnages qu’il mêle à sa vie.
L’artiste catholique note de pareils cris quand il les entend, et le penseur sait ce qu’ils contiennent… Les gravures du livre de l’abbé Brispot, au nombre de cent vingt-huit, représentent les scènes les plus solennelles et les plus pathétiques du passage du Fils de Dieu sur la terre.
Le roman du Maudit s’ouvre par une scène grossière du confessionnal et par le détroussement d’un pauvre neveu et d’une charmante nièce de toute la fortune de leur tante, que les jésuites se font donner selon l’immémorial usage de ces captateurs éternels.
Il composa son esprit de celui de Socrate et d’Aristophane ; et, dans des ouvrages courts et dialogués, mit tour à tour en scène les dieux, les hommes, les rhéteurs, les courtisanes et les philosophes.
Il dut s’élever un Ménandre, pour porter sur la scène, à défaut des peintures de feu et des fantaisies d’Aristophane, l’observation d’Aristote et de ses élèves.
Je me rappelle une scène d’une beauté à ranimer les ossements de Stendhal. […] Quand il est en scène ou qu’il monologue sur le tréteau de M. […] L’artifice palpable de la scène agit sur moi en sens inverse de ma conception esthétique. […] Francisque Sarcey entend par sa fameuse scène à faire, laquelle ne sera jamais faite. […] Il n’y a rien de plus confondant pour un spectateur qui pense que la terrifiante scène du troisième acte entre le père et la maîtresse de son fils.
C’est la pompe des souvenirs historiques, les scènes de l’antiquité biblique et classique, que nous rappellent, en les lieux mêmes où elles se développèrent, des attitudes et des costumes. […] On voyait, il y a quelques années, et on voit peut-être bien encore dans l’un des deux Salons officiels, des tableaux d’un peintre qui avait choisi pour spécialité les scènes familières ou badines entre curés, évêques, cardinaux. […] Exception faite d’un « pour ainsi dire », le tableau suivant pourrait appartenir aux jeux de scène et à la partie décorative, aux figures locales dont Flaubert, dans sa dernière version de Saint Antoine anime autour du solitaire le paysage égyptien. […] On dirait que la scène est prise à contresens, qu’elle est mélodramatique, sans gravité, sans majesté, sans beauté, sans rien d’auguste, presque théâtrale. […] Il est évident que le tableau est violemment rompu en deux scènes antithétiques, mais cette antithèse voulue est de celles dont un auteur tire son plus foudroyant effet d’unité.
Qu’aurais-je dit de frappant sur les règles des scènes et des dialogues, si je n’avais analysé les sujets eux-mêmes ? […] Le poète de qui les fortes pensées avaient accru la vigueur des scènes du sublime Corneille, rachetait assez ses fautes pour que le juge suprême ne le condamnât pas entièrement. […] Pourquoi sa sévérité détaille-t-elle aux mondains les scènes qu’il présente ? […] La théorie reçue ne s’explique-t-elle pas clairement en cette rapide scène ? […] Du respect de cette règle dépendent l’arrangement dramatique de la fable, et la diversité des scènes qu’elle expose.
Il n’a pas ce coup d’État du talent qui dispose d’autorité les choses pour le lecteur et les impose à quelque degré, ou qui du moins les ordonne et les ménage dans un jour approprié à la scène. […] La vieille critique ayant comme à plaisir encombré la scène de toutes sortes d’appareils et de barrières qui étaient autant de ressorts pour la médiocrité et de piéges pour le talent, il avait falludéblayer le terrain au préalable, avant de s’y lancer de nouveau. […] Fauriel, à cette époque, nourrissait certain vague projet de composer un roman historique, dont il aurait sans doute placé la scène dans le midi de la France, en un de ces âges qu’il savait si bien. […] Allusion à diverses scènes du poëme. […] Scène touchante, dont l’idée seule fait sourire, et qui était digne de ces esprits, de ces cœurs vraiment antiques et simples !
Si les Voltaire et les Montesquieu ne l’ont pas eux-mêmes nommée du nom que nous lui donnons, croirons-nous qu’ils n’aient pas eu pour cela « le pressentiment du grand rôle qu’elle allait remplir sur la scène du monde » ? […] Le Temple du goût] ; et d’Alembert en est un autre, qui s’étonne que Marivaux, « donnant, pour ainsi dire, toujours la même comédie sous différents titres, n’ait pas été plus malheureux sur la scène » [Cf. […] Car aussi longtemps qu’il a suivi les traces de Diderot et de Sedaine, dans son Eugénie, dont il a placé la scène en Angleterre, 1767, et dans ses Deux Amis, 1770, il n’a fait que de médiocre besogne. […] — La Mort de César, 1735 ; — et l’idée de la tragédie « sans amour ». — De quelques nouveautés introduites par Voltaire au théâtre français. — Les sujets de pure invention. — L’extension du lieu de la scène et le développement de la couleur locale : — Zaïre et le monde musulman ; — Alzire et l’Amérique ; — L’Orphelin de la Chine et le monde asiatique. — Les souvenirs nationaux ; — et, à ce propos, de l’influence de la Henriade sur la tragédie du xviiie siècle. — L’abus des procédés romanesques dans la tragédie de Voltaire ; méprises et reconnaissances [Cf. à cet égard encore le théâtre de Crébillon]. — Du pathétique de Voltaire ; — et s’il mérite les éloges qu’on en a faits [Cf. […] De l’esprit, Discours III]. — Émoi suscité par son livre. — Complète et piteuse rétractation d’Helvétius ; — il rentre dans le silence ; — et disparaît de la scène littéraire.
., d’un objet ; ce que peut faire au contraire le centre de perception par son retour spontané à un état antérieur d’activité, sous l’influence de quelque congestion temporaire de ses vaisseaux, comme en produit l’usage prolongé du microscope ou l’introduction des alcaloïdes de l’opium, de la belladone, de l’absinthe. » En effet, les maladies de l’œil avec congestion rétinienne sans méningite ne ramènent pas sur la scène des images de ce genre, mais de tout autres ; pour éveiller celles-ci, il faut la méningite, l’ivresse de l’opium ou de l’absinthe, c’est-à-dire l’irritation des centres nerveux. — En résumé, l’irritation des nerfs et l’irritation des centres nerveux se reconnaissent à des signes très différents. […] Chaque image peut passer par tous les degrés d’éclat et de pâleur ; à une certaine limite, elle échappe à la conscience, sans que pour cela elle s’éteigne et sans que nous sachions jusqu’à quel degré d’affaiblissement elle peut descendre. — On peut donc comparer l’esprit d’un homme à un théâtre d’une profondeur indéfinie, dont la rampe est très étroite, mais dont la scène va s’élargissant à partir de la rampe. […] Au-delà, sur les divers plans de la scène, sont d’autres groupes d’autant moins distincts qu’ils sont plus loin de la rampe. Au-delà de ces groupes, dans les coulisses et l’arrière-fond lointain, se trouve une multitude de formes obscures qu’un appel soudain amène parfois sur la scène ou même jusque sous les feux de la rampe, et des évolutions inconnues s’opèrent incessamment dans cette fourmilière d’acteurs de tout ordre pour fournir les coryphées qui tour à tour, comme en une lanterne magique, viennent défiler devant nos yeux.
Il faut cette année pousser les préparatifs de sa sortie de scène. […] Réjane a été admirable : elle a dit la scène de l’apport de l’argent comme la plus grande artiste dramatique, ainsi que l’aurait pu dire Rachel. […] Mardi 21 avril Le baron Larrey me parlait de la connaissance qu’il avait faite de Dumas père, pour l’avoir présenté à son père, auquel il avait demandé la permission de le mettre en scène, dans une pièce sur Bonaparte. […] Et la scène se voit dans son étroit coup de jour, comme éclairée par une aube lactée, un ensoleillement doucement féerique, un rayonnement de midi ayant quelque chose de fantastique.
Plusieurs historiens ont tracé les scènes aussi variées que piquantes que fournit l’histoire d’Angleterre. […] Ses prééminences, ses droits sur Rome & sur l’Italie, tant de Rois, tant de Souverains qu’il a créés, tant de dignités qu’il a conférées dans d’autres Etats, ses assemblées presque continuelles de tant de Princes, tout cela forme une scène auguste, même dans les siécles les moins policés. […] La scène est tour-à-tour en Europe, en Asie, en Afrique. […] Les Princes, les Ministres & les Généraux qui entrent sur la scène, sont représentés avec des couleurs simples & naturelles ; l’auteur ne peint pas d’imagination.
Si nous en valons la peine, on nous nomme, on nous caractérise en deux mots, et voilà la page de notre vie dans un siècle. » Dans les temps d’orage, au contraire, « dans ces drames désordonnés et sanglants qui se remuent à la chute ou à la régénération des empires, quand l’ordre ancien s’est écroulé et que l’ordre nouveau n’est pas encore enfanté, dans ces sublimes et affreux interrègnes de la raison et du droit,… tout change ; la scène est envahie, les hommes ne sont plus des acteurs, ils sont des hommes… Tout a son règne, son influence, son jour ; l’un tombe, parce qu’il porte l’autre ; nul n’est à sa place, ou du moins nul n’y demeure ; le même homme, soulevé par l’instabilité du flot populaire, aborde tour à tour les situations les plus diverses, les emplois les plus opposés ; la fortune se joue des talents comme des caractères ; il faut des harangues pour la place publique, des plans pour le Conseil, des hymnes pour les triomphes… On cherche un homme !
Quel autre peindrait plus l’horreur de la scène et l’inhumanité de la guerre ?
Il relit un de ses cahiers, il en est content et il ajoute : « Il y a quelquefois des moments de profondeur dans la peinture de mon caractère. » Il vient de prendre une leçon de déclamation : « J’ai joué la scène du métromane avec un grand nerf, une verve et une beauté d’organe charmantes.
Ici l’ordre des faits amène sur la scène une personne dont le nom rappelle les plus agréables souvenirs, c’est madame de Sévigné.
Ils avoient eu souvent des scènes très-vives.
Seulement, si la spontanéité de ses facultés passait bien souvent par-dessus les faux cadres dans lesquels posait sa pensée, nul ne put croire tout d’abord que, la plume à la main, cette Belle Impétueuse, qui se faisait un peu trop de rayons autour de la tête avec ses longs tire-bouchons d’or pût se maintenir, comme en ces Lettres parisiennes, femme du monde spirituelle, moqueuse et adorablement frivole, dans cette simplicité qui devait être une compression, et que nous avons tant admirées dans Mlle Mars, à la scène, car le talent de Mme de Girardin dans ses Lettres parisiennes rappelle le jeu de Mlle Mars, comme dans ses Poésies les cris de Mme Desbordes-Valmore rappellent le pathétique de Dorval.
Cette grande scène de la chute, dont notre vie est le miroir et que nous répétons dans chacun de nos actes, il n’y comprit rien, et il en rit de ce rire amer qui, pour être amer, n’en est pas moins vide.
Dans un tel sujet, qui élève l’artiste au-dessus de ses vaines fantaisies, on regrette pourtant, au nom de l’imagination, mais de l’imagination catholique, que le gardeur de pourceaux dans Sixte n’ait jamais existé, — pas plus que la scène tonitruante de l’Ego sum papa !
Il s’est permis une mise en scène, romanesque et plaisante, qui ricane et persifle, et tend à ridiculiser la grande physionomie d’un homme qui résiste à tous les petits calculs d’ironie et d’impertinence qu’on ose contre lui.
Vous vous rappelez ce pur et idéal Daniel Darthès, si chevaleresquement amoureux de la princesse de Cadignan, dans les Scènes de la Vie parisienne ?
Je ne cherche pas à faire des scènes… Je souffre solitaire, ma porte fermée, et chaque minute est de l’accablement… » Et à la fin de cette lettre que j’abrège : « Adieu, traitez-moi doucement, je ne vis que par vous, ne soyez pas fâchée !
Heureuse mise en scène du roman !
Le conteur de ce conte qu’aurait admiré Shakespeare, qui, seul, aurait pu le mettre à la scène (et encore ce n’est pas bien sûr !
ils savaient bien ce qu’ils voulaient quand ils tortillonnaient autour du frère, quand ils lui recommençaient l’éternelle scène du Diable et de la tentation sur la montagne !
ces cris pathétiques et tout-puissants que nous n’entendons plus à la scène, Mme Desbordes-Valmore les a quelquefois fixés dans une expression qui nous les fait entendre encore, et qu’un génie plus grand que le sien eût fait éternelle, car les langues vieillissent ; les plus belles strophes s’écaillent ou se désarticulent ; les magnificences des poésies laborieuses finissent par pâlir et passer ; mais où le Cri a vibré une fois avec énergie, il vibre toujours, tant qu’il y a une âme dans ce monde pour lui faire écho !
À la première représentation d’Hernani, quand elle parut sur le bord de sa loge, drapée d’azur, dans ses cheveux blonds, elle fut acclamée comme si elle avait été l’Archange de cette poésie romantique qui, ce soir-là, prenait possession de la scène… Elle ne faisait pas que des vers, mais elle les disait !
Talma n’avait pas été plus beau lors de sa fameuse entrée en scène dans Hamlet !
Excepté le bohème (Nargaud), qui est le justicier en ce roman, moral à sa manière ; excepté ce paroxyste, comme il l’appelle, dont la prose est… les vers de Richepin auxquels il a enlevé la rime ; excepté deux ou trois scènes d’amour où se retrouve un peu de l’ancien Richepin des Caresses, le roman de Madame André n’a que le spiritualisme de l’analyse, qui regarde surtout dans le cœur et qui en épingle les ténuités.
Le village est la scène du roman de M.
Heureuse mise en scène du roman !
Tel est le personnage principal mis en scène.
Il s’ouvrit une grande scène en Europe ; les dépouilles de la maison d’Autriche à partager, la France et l’Espagne unies contre l’Angleterre, la Hollande, la Sardaigne et l’Empire, une guerre importante, un jeune roi qui se montra à la tête de ses armées, les présages de l’espérance, les vœux des courtisans, enfin l’éclat des conquêtes et des victoires, et le caractère général de la nation, à qui il est bien plus aisé de ne pas sortir du repos que de s’arrêter dans son mouvement, tout donna aux esprits une sorte d’activité qu’ils n’avaient point eue peut-être depuis Louis XIV.
Cependant un préjugé contraire a été quelquefois exprimé, d’abord par Rabelais qui ne respectait rien : vous vous souvenez de cette scène si piquante où Pantagruel, ennuyé du mauvais français latinisé d’un écolier de l’université, lui dit en le renvoyant : « Tu veux parler comme un Démosthènes de Grèce et tu n’es qu’un Limousin de Limoges. » Vous savez aussi combien Molière, qui respectait si peu de choses, a quelquefois cherché à jeter du ridicule sur les Limousins. […] La scène est merveilleuse. […] Ce n’est pas le Tartufe qu’il a pris chez les trouvères, bien qu’on s’y moque déjà des papelards et des hypocrites : mais les scènes bouffonnes du Médecin malgré lui sont tirées d’un fabliau amusant qui avait frappé l’esprit de Molière. […] Plusieurs dessins, entremêlés au manuscrit, en retracent les scènes principales.
puisque personne ne saurait que cette scène existe, si un homme de génie ne vous l’avait pas empruntée. […] L’attribuant à tous les grands dramaturges allemands, les uns après les autres, le public applaudit jusqu’aux scènes les plus insignifiantes. […] Si Joséphin avait du talent, quel tremplin serait pour le lancement de ses œuvres une pareille mise en scène, sans qu’il eût même besoin de les tracer en caractères cunéiformes ! […] Le lendemain, le nom d’Alfred de Vigny était illustre. » — Cependant, Chatterton, après une vague tentative pour le remettre sur la scène, semble bien avoir disparu pour jamais du répertoire courant. […] Plus tard, en 1678, ni Corneille ni Racine n’occupant plus la scène, Thomas fit le Comte d’Essex, où il imite à la fois ces deux poètes.
Et Chateaubriand nous racontera cette scène d’une façon touchante, certes, mais sans doute en la romançant un peu. […] Nous savons par les Mémoires que l’histoire de René, sauf la scène de l’église, est l’histoire de Chateaubriand et de Lucile. […] Cela rend bien pâles les scènes de sainteté. […] Il les épie, assiste à la scène du complot dans la forêt, exige que Velléda et son père Ségenax lui soient livrés comme otages. […] Où trouver dans l’antiquité rien d’aussi touchant, rien d’aussi merveilleux que les dernières scènes de l’Évangile ?
Jacqueline, c’est toute la Révolution découpée en grandes scènes, de 1789 à 1800. […] Les mystères d’Éleusis n’étaient que la mise en scène et la célébration d’un de ces symboles. […] Zola sait bien que l’artiste, pour transporter ses modèles dans le roman ou sur la scène, est forcé de choisir, de ne retenir de la réalité que les traits expressifs et de les ordonner de manière à faire ressortir le caractère dominant soit d’un milieu, soit d’un personnage. […] C’est l’antithèse ironique que fait la gravité décente du grand escalier avec ce qui se passe derrière les belles portes d’acajou : cela revient après toutes les scènes particulièrement ignobles, comme un refrain de ballade. […] Il y a dans presque tous ses romans, autour des protagonistes, une quantité de personnages secondaires, un vulgum pecus qui souvent marche en bande, qui fait le fond de la scène et qui s’en détache et prend la parole par intervalles, à la façon du chœur antique.
Mais, sans entrer dans cette recherche, il nous suffît qu’en fait les choses se soient passées de la sorte et, qu’à la représentation des scènes de l’Olympe païen, on ait vu succéder, en Flandre comme en Italie, celle des grands événements de l’histoire. […] D’un autre côté, si les scènes de la vie quotidienne, si les objets inanimés eux-mêmes ne laissent pas d’avoir leur physionomie, leur individualité, on peut donc en faire aussi le portrait. […] D’autres marquis, quelque vingt ans auparavant, à Londres, encombraient la scène du « Théâtre du Globe », et n’empêchaient point Shakespeare ni ses contemporains de se soustraire à la « règle des trois unités ». […] L’anecdote est sans doute agréablement contée, spirituellement même, adroitement mise en scène, comme on dit de nos jours, et la prose de Perrault vaut beaucoup mieux que ses vers. […] Les Grecs et les Romains reparaissent en foule sur la scène, avec les Chénier, les Arnault, les Legouvé, les Luce de Lancival : Caïus Gracchus, Horatius Coclès, Epicharis et Néron, Mucius Scaevola.
Elle est poétique dans tous les détails de ce rôle qu’elle caresse avec amour, et dans son ensemble qu’elle paraît avoir composé avec prédilection, montrant enfin sur la scène française le talent le plus accompli dont le théâtre se puisse enorgueillir. […] « Essayons à l’avenir de tirer la scène du dédain où sa futilité l’ensevelirait infailliblement en peu de temps. […] Quand 1848 m’appela sur une autre scène inattendue, il ne me blâma pas, il me calomnia encore moins ; il ne cessa pas d’être à mes côtés pour me donner applaudissement, courage et conseil. — « Vous faites, me disait-il souvent, ce qu’il y a de mieux à faire : la république actuellement peut seule nous réunir et nous sauver.
Ce dénouement est excellent, comme j’ai essayé de le faire voir ; et la meilleure preuve, c’est que, sur la scène et dans les concours, ces sortes de pièces, si d’ailleurs elles sont bonnes, paraissent les plus tragiques de toutes. […] « Quant à ceux qui visent à produire non la terreur par ce qu’ils font voir sur la scène, mais une épouvante monstrueuse, ils n’entendent rien à la tragédie ; car il ne faut pas lui demander toute espèce de plaisirs, mais seulement ceux qui lui sont propres. […] Elle a de plus pour elle les jeux de scène, qui frappent les yeux, soit quand il s’agit d’une reconnaissance, soit dans tout le cours de l’action.
Déjà maître de l’antiquité et des sources grecques si mal fréquentées en général, ayant derrière lui pour fond de scène ces cimes sacrées, il s’était fait dans l’étude des Pères un autre fonds d’antiquité plus rapproché, et d’une comparaison plus neuve. […] Villemain, entre autres raisons plausibles, aura à répondre que de telles distinctions, en les supposant quelque peu vraies, sont du cabinet et de l’atelier bien plus que de la large scène de l’enseignement, et qu’elles s’adaptent mal au point de vue de la critique distribuable à tous et de l’amphithéâtre.
» Il sourirait à notre fantaisie de croire que la scène suivante se rapporte à quelque circonstance fugitive de la liaison dont elle aurait marqué le plus vif et le plus aimable moment. […] La misère domestique vient gémir dans ses vers à côté des élans d’une noble âme et causer ce contraste pénible qu’on retrouve dans certaines scènes de Shakspeare (Lear, etc), qui excite notre pitié, mais non pas une émotion plus sublime.
Dans cette ascension de la Dôle, j’ai oublié, pour compléter la scène, de dire qu’outre les deux amis et le pâtre, il y avait là un vieux capitaine de leur connaissance, redevenu campagnard, révolutionnaire de vieille souche et grand lecteur de Voltaire. […] Le jour qui baissait agrandissait la scène ; on ne sortait que croyant et pénétré, et en se félicitant des germes reçus.
Un hasard me rendit témoin de cette scène nocturne du délire lyrique d’un pauvre toucheur de bœufs. […] J’en fus tellement frappé, et elles se gravèrent tellement dans la mémoire des gens du château, par suite de l’émotion de la scène qui les suspendit, que je me les rappelle en ce moment aussi nettement qu’au moment où elles résonnaient du creux de la vallée dans mes oreilles d’enfant.
Voyez la description si sobre du lieu de la scène, du crépuscule sur les collines de Misène, de cette nuit splendide où les astres brillent, où les flots dorment pour fournir aux hommes et aux Dieux des témoins plus irrécusables contre Néron. […] Voyez la première nuit du coupable après le crime, sa terreur de la lumière qui va renaître, son horreur pour les lieux, scène de son forfait, pour cette physionomie de la terre et de la mer qui ne change pas comme le visage des hommes, et qui le force à se sauver à Naples.
Rien n’était triste alors dans ma vie, rien vide dans mon cœur ; un soleil répercuté par les cimes dorées des rochers m’enveloppait ; les ombres des cyprès et des vignes me rafraîchissaient ; l’écume des eaux courantes et leurs murmures m’entretenaient ; l’horizon des mers m’élargissait le ciel, et ajoutait le sentiment de l’infini à la voluptueuse sensation des scènes rapprochées que j’avais sous les pieds ; l’amitié, l’amour, le loisir, le bonheur, m’attendaient au retour à la villa Ludovisi. […] Cette scène me fascinait.
M. de Chateaubriand a voyagé dans l’Amérique du Nord : il a fait Atala et René, où il est plus question de la désolation de cœur laissée par les doctrines du Dix-Huitième Siècle et par la Révolution Française que des sauvages qui y sont mis en scène. » Une autre exception, c’est la chanson de Béranger. […] Rousseau, l’initiateur de ce mouvement, Rousseau, qui fit sortir l’art des maisons et des palais pour l’introduire sur une plus grande scène, et dont la poésie, sous ce rapport, est à la poésie de ses devanciers comme le lac de Genève est aux jardins de Versailles ; Rousseau, dis-je, avait en même temps, à un degré supérieur, l’idée générale, l’idée philosophique, l’idée sociale.
XX Deux hommes seuls conservèrent jusqu’à la mort, dans cet abattoir d’hommes, des accents d’éloquence tragique et même littéraire à la proportion de ces terribles scènes, Danton et Vergniaud. […] Mais cependant cette tragédie même avait par sa nature pathétique, pour le cœur humain, l’intérêt palpitant et passionné qui attache l’âme aux combats du cirque, aux grands crimes, comme aux grandes vertus sur la scène où les peuples jouent les drames de Dieu.
Il est évident que la scène extérieure étant la même dans les deux cas, la conclusion pour l’un et pour l’autre sera identique, quant à la nécessité des mouvements de ces deux agents. […] Nous nous sentons transportés au dedans de nous-mêmes, au sein de la plus pure et la plus intense lumière qui puisse éclairer la scène de la vie morale.
Dans la première moitié du volume, tant que la passion n’en est qu’aux tristesses, aux espérances, aux pressentiments qui envahissent toutes les âmes ainsi affectées, on regrette que de ce fonds un peu confus, étalé devant nous en longs épanchements, le poëte n’ait pas su tirer des scènes plus distinctes, plus détachées, plus parlantes aux yeux, de ces tableaux qu’on pourrait peindre sur la toile et qui vivent dans la mémoire.
Vingt-cinq ans après, Fléchier eut pour son compte à assister en qualité d’évêque de Nîmes à bien d’autres scènes dans lesquelles il eut un rôle plus délicat et d’où sa renommée est sortie pleine d’honneur.
Rêver plus, vouloir au-delà, imaginer une réunion complète de ceux qu’on admire, souhaiter les embrasser d’un seul regard et les entendre sans cesse et à la fois, voilà ce que chaque poëte adolescent a dû croire possible ; mais, du moment que ce n’est là qu’une scène d’Arcadie, un épisode futur des Champs-Elysées, les parodies imparfaites que la société réelle offre en échange ne sont pas dignes qu’on s’y arrête et qu’on sacrifie à leur vanité.
Quant à ses Scènes de la Ligue, elles eurent leur à-propos et leur hardiesse dans la nouveauté, et elles ont gardé de l’intérêt toujours.
Selon moi, au moment où nous entrons sur la scène de la vie, c’est surtout l’instinct et le sentiment des facultés que nous portons en nous qui détermine, à notre insu, la manière dont nous voyons et dont nous entamons les choses.
Des scènes vraies, habiles, du comique de situation, des détails fins et de jolis mots en abondance, des endroits mêmes d’un pathétique assez naturel, tout cela monté à merveille et joué avec ensemble, remplit délicieusement deux heures de soirée, et ne laisse pas jour à la critique qui s’endort sur une agréable impression.
» Je pourrais récuser une objection tirée de Virgile, puisque je l’ai cité comme le poète le plus sensible ; mais en acceptant même cette objection, je dirai que, lorsque Racine a voulu mettre Andromaque sur la scène, il a cru que la délicatesse des sentiments exigeait qu’il lui attribuât la résolution de se tuer, si elle se voyait contrainte à épouser Pirrhus ; et Virgile donne à son Andromaque deux maris depuis la mort d’Hector, Pirrhus et Hélénus, sans penser que cette circonstance puisse nuire en rien à l’intérêt qu’elle doit inspirer.
Toutes ces scènes si vivement esquissées, surtout dans des pastourelles picardes, nous révèlent des esprits à qui la vulgaire réalité a fait sentir son charme, et qui ont essayé de la rendre81.
L’Espagne, entrée plus tardivement en scène, n’eut qu’une action intermittente et limitée au xviie siècle : il fallut que notre théâtre se fût constitué pour qu’elle dominât chez nous, par l’irrésistible attraction du riche répertoire de sa comedia nationale.
Deux scènes, dans ce scénario, portent la marque du poète des Fleurs du mal.
Et je sens que je vous aime avec une simplicité sauvage. » Plus tard, après que la première scène de jalousie qu’il lui a faite s’est terminée par une réconciliation furieuse, et qu’ils se sont repris, « les yeux assombris, les lèvres serrées, en proie à cette colère sacrée qui fait que l’amour ressemble à la haine », comme elle lui demande pourquoi il est triste, il a ce mot profond, affreux d’égoïsme et de clairvoyance : « Tu veux savoir ?
Les choses terribles c’étaient des scènes de jalousie : les choses horribles qui étaient imputées à la gouvernante, c’était d’employer l’art, le manège, l’intrigue d’une femme galante pour séduire le roi ; tandis qu’elle renonçait pour la paix à tous ses goûts, à tous ses sentiments.
Atys est trop heureux , répondit le roi, en citant un vers de la quatrième scène du deuxième acte.
On y est conduit sans interruption depuis les premiers pas un peu timides de La Motte et de Fontenelle, à travers les conquêtes et les hardiesses triomphantes de leurs successeurs, jusqu’à l’entrée en scène de Mme de Staël et de M. de Chateaubriand, qui viennent clore pour nous cette grande époque où régna Voltaire.
Parfois on voit mieux une belle statue, un beau tableau, une scène d’art en fermant les yeux et en fixant l’image intérieure, et c’est à la puissance de susciter en nous cette vue intérieure qu’on peut le mieux juger les œuvres d’art les plus hautes.
C’est que ce sont des scènes aussi vraies, aussi jeunes aujourd’hui qu’au temps d’Homère.
À ce spectacle, un groupe de diables, qui observe tout d’un coin de la scène, se tord de rire et s’essaye à des gambades ironiques.
— Eh bien, le public des théâtres aussi aime la crinoline, et ailleurs que sur la scène.
Le genre pastoral, par exemple, peut encore nous plaire sur la scène, et principalement sur le théâtre lyrique, par les accessoires qui l’accompagnent, le spectacle, l’action, la musique et les danses.
Il fallait cependant un aliment à l’inquiète activité de son esprit ; sa tragédie de Moustapha et Zéangir, commencée depuis longtemps, abandonnée et reprise vingt fois dans les alternatives de langueur et de force qu’éprouvait sa santé, fut achevée dans cette retraite : plusieurs scènes de cette pièce prouvent avec quelle attention Chamfort avait étudié la manière de Racine, et jusqu’où il en aurait peut-être porté l’imitation, s’il n’eût été sans cesse distrait par ses maux et par des travaux étrangers à ses goûts.
Excepté une chasse aux loups, racontée presque avec la rapidité du traîneau sur lequel la dame est montée et avec des nerfs auxquels je reconnais la vraie femme, je n’aurais pas, littérairement, le moindre détail cosaque à me mettre sous la dent ; et encore le petit cochon de lait que je n’y mets pas, et qu’en cette chasse où les chasseurs sont chassés, on traîne au bout d’un cordon, derrière le traîneau, pour exciter les loups, qui finissent par le dévorer, ce petit cochon me gâte cette scène cosaque, avec son petit air français.
Cette scène, dont tout retentissait dans l’histoire, des funérailles de Charles-Quint vivant, est, disent les discuteurs d’anecdotes, de l’invention d’un pauvre moine qui avait, ma foi !
De bonne foi sur le fond des choses, mais par cela seul qu’il veut les exprimer de manière à plaire à l’esprit ou à le convaincre davantage, l’écrivain calcule ses effets pour ses livres comme le comédien pour la scène, — et ceux-là, parmi les écrivains, qui passent pour les plus inspirés, sont ceux dont le calcul est le plus rapide mais n’en est pas moins du calcul.
Auprès de ce chaste et mortel épisode du premier amour, raconté par Dargaud de manière à faire trouver une dernière larme aux yeux qui en ont le plus versé, nous aurions eu des scènes d’un autre caractère, moins troublantes peut-être, mais aussi touchantes, à coup sûr.
C’est un homme de très peu d’entraînement, de très peu d’échevèlement, un esprit qui se contient très bien, même quand il est le plus pathétique, comme dans la scène la plus dramatique de l’ouvrage où l’amant, déjà froissé et souffrant du passé de Louise, veut la quitter furtivement un matin, et où elle, déjà levée, l’attend derrière la porte, pâle et haletante, et lui dit sans fureur : « Tu ne partiras pas !
Exemple, la scène incroyablement nouvelle et d’une bouffonnerie si déchirante, dans laquelle une pauvre femme, contrefaite et méprisée, s’attelle elle-même à une petite voiture de pâtissier, pour charrier à un bal, où elle n’entrera pas, l’homme qu’elle aime sans espoir et qui n’a pas de quoi payer une voiture, par un abominable temps de pluie.
Il fait mouvoir les foules que Shakespeare, plus heureux, pouvait mettre à la scène, et qu’il ne peut, lui, faire mouvoir que dans des romans.
S’il est un profond penseur, il est aussi un metteur en scène très adroit et méticuleux à l’excès. […] Ils restent peu en scène, le temps d’un acte décisif et souvent brutal, et tout ce qui les environne participe à leur exaltation. […] Enfin Courteline a écrit de-ci, de-là quantité de nouvelles dont une, particulièrement exquise, Boubouroche, mise à la scène, frise Molière. […] Combien le froid exposé de scènes atroces soulève et maintient mieux la colère. […] L’amitié entre en scène ; voici d’abord un capitaine retraité, Lourdelin, un philanthrope, un typhlophile qui est pour l’infirme un père adoptif.
Parce qu’il met en scène des végétaux, des animaux, on veut croire qu’il a le sentiment de la nature, on s’extasie sur la connaissance qu’il a des mœurs de ses personnages symboliques. […] Ils lui laissèrent son humanité et mirent en scène des mannequins qui n’ont ni corps ni âme, mais qui se remuent et déclament, vêtus de costumes splendides. […] Elle et la Lumière prolongent la Comédie de la Scène à la Salle, échangent du geste qui se voit aux visages qui regardent une sympathie, une émotion qui reviennent en afflux fécondants au Geste même qui les a causées. […] Et voyez : peut-être parce qu’il n’avait pas soumis les autres arts à la Poésie, Wagner a été conduit à supprimer cette comédie seconde, à deux personnages, la Scène et la Salle : comédie que je regrette dans ce théâtre où seule est éclairée la Scène, comme pour, par un procédé trop initial, conventionnel, et qui par ainsi ne prouve plus rien, attester que le Rêve, visible seul, est seul en cause, que cette lumière impose le silence à cette ombre. […] En sorte que, dans un théâtre que vous croiriez reconnaître, l’admirable prestige du jeune maître instaure, loin autant que possible des visibilités premières et hors du temps et du lieu, une scène d’éternité : la lumière !
Lui aussi, comme Raphaël et Titien, il a son idée de l’homme, idée inépuisable de laquelle sortent par centaines les figures vivantes et les scènes de mœurs, mais combien nationales et originales ! […] La cour a sa religion comme la campagne, religion sincère et qui gagne ; parmi les poésies païennes qui jusqu’à la Révolution occupent toujours la scène du monde, insensiblement on voit percer et monter le grave et grand sentiment qui a plongé ses racines jusqu’au fond de l’esprit public. […] Au bout de sept ans, nos dents tombent et meurent avant nous : c’est le prologue de la tragédie ; et à chaque fois sept ans, on peut bien parier que nous jouerons notre dernière scène. […] Rien de plus passionné que la scène où, sous le nom de son pauvre pèlerin, il raconte ses doutes, sa conversion, sa joie et la soudaine transformation de son cœur. « Seigneur, dis-je, un si grand pécheur que moi peut-il être reçu par toi et sauvé par toi ? […] Voir le théâtre de Beaumont et Fletcher, les personnages de Bawder, Protalyce et Brunehaut dans Thierry et Théodoret. — Dans The custom of the country, plusieurs scènes représentent l’intérieur d’une maison de prostitution, chose fréquente du reste dans ce théâtre (Massinger, Shakspeare).
A cette époque, le Romantisme, qui s’était affolé de Diderot et qui le proclamait presque le premier homme du xviiie siècle, car le Romantisme n’a jamais eu grand goût pour Voltaire, lui donna, en le faisant jouer, cette marque de considération dernière ; mais depuis il ne vint à personne l’idée de ressusciter Diderot à la scène. […] On ne pouvait guères descendre plus bas… Honteux peut-être d’une copie qu’on lui reprochait et qui mutilait et dégradait un si chétif modèle, Diderot se réfugia dans les idées générales, si chères aux esprits sans précision, et cet inventeur à bon marché affirma que « le temps était venu de substituer à la scène les conditions aux caractères, et de remplacer les coups du théâtre par des tableaux, sources nouvelles d’invention pour le poète et d’étude pour le comédien ». […] Les conversations qu’on trouve dans ses œuvres sembleraient annoncer qu’il avait le ferraillement du dialogue et la botte de la réplique, choses si importantes à la scène ; mais, justement, ce qui lui donnait une valeur relative dans les conversations introduites par lui jusque dans ses romans, c’est qu’il pouvait y être Diderot, puisqu’il s’y mettait en scène, et que, dans ses pièces, au contraire, il ne pouvait sans détonner rester Diderot.
Ces tristes paroles sont scandées des han douloureux de Renan, nous prédisant que nous allons assister aux scènes de l’Apocalypse. […] La jolie scène de comédie, que cette scène qu’il me racontait, et où il avait été acteur. […] Sous les arcades Rivoli, une jolie scène. […] Puis elle me raconte une scène brutale et stupide faite à Mme Bracquemond, qui est professeur dans une école de dessin, une scène faite, en présence de ses élèves, par un délégué et une déléguée de la Commune. […] Vous entendez la scène. — Allons, vingt-cinq. » Le père se calme, tend la main, et file.
Dans l’Itinéraire encore trois ou quatre sentiments règnent, circulent, reviennent par intervalles, qui donnent à ces scènes si diverses leur unité. […] Elle tient dans un très petit nombre de livres qu’il a lus avec passion : les scènes rustiques de la Bible, Tasse, Ossian. […] Par la solennité du ton, l’air prophétique, la mise en scène apocalyptique, il se fait illusion sur l’importance de l’idée, souvent commune. […] En résumé, magnifique metteur en scène de lieux communs, dramaturge pittoresque, romancier descriptif, lyrique puissant, froid quelquefois, épique supérieur et merveilleux. […] Il a été très frappé des scènes de ce petit drame.
» (Troisième journée, scène II). […] Pour avoir des scènes de reproches, de réconciliation, de larmes, pour accorder ou supplier des pardons, pour palpiter de générosité ou de honte, pour se sentir vivre enfin dans le torrent des émotions déchaînées. […] Ses solitudes Depuis l’Ermitage nous ne voyons plus Rousseau que dans la mise en scène de ses rapports avec la société. […] En voici les divisions et les objets apparents ou, pour mieux dire, la mise en scène : système sur l’origine de l’état social et de la civilisation, système d’institution politique, système pédagogique. […] Son théâtre est ennuyeux à la scène en proportion de la place qu’ils y occupent.
Colbert, Chapelain après avoir parlé de Huet, qui, disait-il, « écrit galamment bien en prose latine et en vers latin », et du gentilhomme provençal Du Périer, aujourd’hui très oublié, continue sa liste en disant : « Fléchier est encore un très bon poète latin. » Vers cette année 1662, faisant un voyage en Normandie, et sans doute pour y voir M de Montausier nommé gouverneur de cette province, Fléchier arrivait à l’improviste chez Huet avec qui il était très lié, se glissait à pas de loup jusqu’à lui dans sa bibliothèque et le serrait tout surpris entre ses bras : « Je ne fus pas médiocrement réjoui, nous dit Huet en ses Mémoires, de la visite d’un si agréable ami. » On voit d’ici cette jolie scène familière des deux futurs prélats, dont l’un petit abbé alors, et l’autre un simple gentilhomme normand. […] Fléchier, dans l’aperçu qu’il donne des mêmes circonstances et des mêmes scènes, est plus véridique ou plus complet.
Enfin il n’est pas plus logique d’exiger l’emploi continu des vers de 8, de 10 ou de 12 syllabes, — ou même du vers de 3, 4 ou 5 toniques, — que de forcer un musicien à écrire en 32 : ou en C tout un mouvement de son quatuor, toute une scène de son drame, On pourrait, il est vrai, alterner sans cesse les mesures comme s’y appliqua La Fontaine, ou comme c’est l’usage depuis un certain nombre d’années pour les musiciens. […] Que le je de ses vers désigne le Porcher, l’amant d’Yeldis ou l’évocateur d’Hélène, l’auteur met en scène — sans le vouloir, je le crois bien, — un narrateur qui paraît se confondre avec lui, et l’on aperçoit ses gestes derrière la pensée qu’il déploie.
Je vois Louis XIV fondant je ne sais quel ordre nobiliaire et je ne vois pas Vincent de Paul fondant la charité moderne ; je vois des scènes de cour plus ou moins insignifiantes et je ne vois pas Abélard, au milieu de ses disciples, discutant les problèmes du temps sur la montagne Sainte-Geneviève ; je vois le serment du jeu de Paume et je ne vois pas Descartes, enfermé dans son poêle, jurant de ne pas lâcher prise qu’il n’ait découvert la philosophie. […] J’imagine qu’un dialogue de Platon nous représente réellement une conversation d’Athènes, bien différent des compositions analogues de Cicéron, de Lucien et de tant d’autres, qui ne prennent le dialogue que comme une forme factice pour revêtir leurs idées, sans aspirer à rendre aucune scène de la vie réelle.
Bientôt la cervelle s’excite et s’enfièvre, et voici des scènes qui se dessinent. […] Une pendule en forme de chalet suisse, de faux meubles de Boule, un service de table en affreuse porcelaine anglaise, représentant des scènes de chasse d’après les dessins de Victor Adam et de Grenier, c’est là, le mobilier de cette résidence japonaise.
pas une des scènes de cette vie qui n’ait été dix fois, cent fois racontée, dans des romans plus ou moins bas, plus ou moins infects ! […] Exemple, la scène où, dans la cave, Pécuchet attrape une maladie honteuse ; car la haine du bourgeois, dans Flaubert, va jusqu’à cette fange qu’il remue, et qu’il remue en naturaliste, sans indignation, sans dégoût, sans nausée, avec l’impassibilité d’un homme qui a perdu la délicatesse de l’artiste.
Des anciens poëtes, depuis longtemps célèbres, qui sont restés en vue ou qui reparaissent sur la scène, je ne dirai rien, ni de M. de Laprade, lequel, dit-on, reprend son vol vers les hauteurs et se renouvelle ; ni de M.
Mais, dans toutes ces pièces récentes, louables de pensée, grandioses de forme, sur le bal de l’Hôtel de Ville, sur le gala du budget ; dans ces prières à Dieu sur les révolutions qui recommencent ; dans ces conseils à la royauté d’être aumônière comme au temps de saint Louis ; dans ce mélange, souvent entre-choqué, de réminiscences monarchiques, de phraséologie chrétienne et de vœux saint-simoniens, il n’est pas malaisé de découvrir, à travers l’éclatant vernis qui les colore, quelque chose d’artificiel, de voulu, d’acquis : toute cette portion des Chants du Crépuscule me fait l’effet d’une tenture magnifique dressée tout exprès pour une scène.
Les scènes de la chambre et du lit, par leur mélange de désirs et d’innocence, ressemblent aux ingénuités de Chloé près d’un Daphnis moins ignorant, mais scrupuleux encore.
Sarcey mettant en scène les idées de M.
Sans la moindre hésitation, il tira de sa paillasse les précieux papiers et les tendit d’un geste simple à l’huissier qui les empocha (c’était moins qu’il n’était dû) et sortit, tandis que le logeur, qui assistait à la scène, n’en revenait pas de sa surprise.
Le culte qu’il avait conçu pour son Père, n’avait rien à faire avec des scènes de boucherie.
Et, par exemple, il passera en un clin d’œil de l’Œdipe ou du Roi Lear à une scène du Père Goriot, ou encore d’un père noble de Térence à une parabole de l’Évangile.
Ce n’est point un adhérent qui parle, c’est encore moins un adversaire ; c’est quelqu’un qui l’a suivi dès son entrée sur la scène publique avec curiosité et intérêt, et bientôt avec admiration et applaudissement.
Remy de Gourmont a mis en scène avec un art concret et une clarté parfaite dans son beau livre, la Culture des Idées, ce travail d’association et de dissociation.
Que ce soit dans un livre ou bien sur une scène, ils sont nés pour représenter.
Machiavel, ce metteur en scène des attentats princiers, ce domestique des Médicis et des Borgia, avait dans sa jeunesse été mis à la torture pour avoir admiré Brutus et Cassius.
Nous avons déjà vu quelques exemples de ce tour vif et animé, qui met d’abord le personnage en scène.
Et quelle guerre ne feront-ils pas, — ces arrivés, — au naïf inconnu qui voudra monter sur la scène, à côté d’eux ?
Une mouche survient et des chevaux s’approche Vers léger, rapide, presque dansant ; c’est une étourdie qui entre en scène.
Pour avoir sur cet objet des idées justes et vraies, ne faudrait-il pas rétablir, par la pensée, les idées qui dominaient à l’époque où Eschyle, Euripide et Sophocle régnaient sur la scène tragique ?
… Sans doute puisqu’on voulait refaire, en la féminisant, la scène légendaire de Charles-Quint dans l’atelier du Titien, et qu’une Titien manquait, on pouvait prendre Mlle Rosa Bonheur tout aussi bien qu’une autre.
En l’absence de William Shakespeare, trépassé il y a trois siècles, Beaumont-Vassy avait pensé à nous ressusciter le galbe imposant de cet halluciné sublime dans je ne sais quel drame, — ou plutôt dans je ne sais quelle scène historique de longue haleine comme ont imaginé d’en écrire les hommes qui ne savent pas remuer puissamment l’échiquier du théâtre, où les conceptions de la pensée se carrent et se cubent sous l’empire des plus difficiles combinaisons.
Veut-on que nous rappelions des scènes inouïes, et presque des pugilats, entre Buloz et ses propres rédacteurs ?
… En effet, telle est, dépouillée de tout artifice et de toute mise en scène romanesque, l’histoire constatée par la publication du petit-fils de Kestner ; tel est le lieu commun de cœur qui est devenu Werther, ce soi-disant chef-d’œuvre auquel la Mode a mis un jour l’estampille de la Gloire, que le Temps saura bien effacer.
Je ne cite pas beaucoup d’ordinaire, mais je me fais un rude plaisir en vous citant cela : « Je voudrais — dit-il au commencement de son livre — qu’au lieu de cette scène de repos nous puissions voir ici à plein, des yeux du corps, les royaumes du monde et leurs magnificences.
Son défaut était de tenir extrêmement peu à l’originalité de ses idées ; personne ne pratiqua aussi fort le fameux : « Je prends mon bien où je le trouve », sans avoir l’excuse de Molière, qui, lorsqu’il disait cela, à propos d’une scène du Pédant joué, faisait allusion à une vieille collaboration avec Cyrano, et en effet reprenait une scène ébauchée jadis par lui ; c’était de la reprise individuelle. […] Ce n’est pas absolument une tare dans la Puissance des Ténèbres que de représenter le moujick croyant encore entendre piauler le petit être qu’il a tué ; c’est une faute dans l’adaptation de Crime et Châtiment que cette scène où Raskolnikoff croit voir le fantôme de l’usurière, comme Macbeth le spectre de Banquo. […] Si l’Imitation de Notre-Dame la Lune dépeint le décor de la nuit, et décore les vitraux de la Basilique du Silence, le Concile féerique met en scène ceux qui viennent détruire cette paix des choses par leurs vouloirs et la contorsion de leurs allures en quête de vie et de sensations. […] Cette œuvre d’Axel, ce beau poème dramatique (car fut-il avec ses larges développements du discours conçu pour quelque scène ?) […] Dans Axel, la recherche de la cadence musicale est moins profonde, et fait place le plus souvent à une recherche de proportions serrées dans les répons dramatiques et les scènes antithétiques les unes aux autres.
J’avais peur de la scène politique, mais tout passe, la scène politique et les autres, et il me semble qu’on rit et qu’on applaudit. […] Je ne lis pas bien, mais nerveusement, et Sarah me semble prise par la dernière scène.
Des lois, tout en restant immanentes, peuvent ne plus trouver l’occasion de s’exercer parce que d’autres conditions se sont réalisées, parce que la scène de leurs exploits habituels s’est transformée. […] Toujours pour l’expression d’une scène, d’un spectacle, le dessin et la couleur parleront mieux que les vocables, si ingénieusement qu’on les choisisse et dispose. […] Tandis que ces derniers composent l’ordre premier de l’humanité, l’âge barbare et sont encore aujourd’hui les plus puissants, ceux-là surgissent de l’esprit, rangent autour d’eux un petit nombre d’hommes — les instruits — et luttent avec énergie contre les premiers occupants de la scène mondiale. […] D’abord par l’évocation du moyen âge, il réhabilite le peuple que le classicisme n’avait pas jugé digne de ses préoccupations et qu’il bannissait, sinon pour le ridiculiser de la scène et du roman.
Si quelqu’un a été le héros involontaire d’une semblable scène, il reconnaîtra sans peine dans notre analyse ce qui s’est alors passé en lui. […] , p. 212 : le contexte exact est une discussion sur le drame et ce qu’il convient ou non de représenter sur scène ou d’écarter des yeux du spectateur par le simple récit d’un témoin : « Ou l’action se passe sur la scène, ou on la raconte quand elle est accomplie (v. 179). […] Il est des actes, toutefois, bons à se passer derrière la scène et qu’on n’y produira point. »] — Si par quæ sunt oculis subjecta on entendait l’écriture, la maxime d’Horace serait le contraire de la vérité.
Comparez une lettre de Voltaire et une scène de Georges Dandin. […] Le poète comique s’efface ; son personnage — un tiers — une fois livré à la scène, il le laisse penser et se mouvoir sous nos yeux, sans intervenir de sa personne. […] Une longue comédie, une comédie, moins le rideau et les chandelles, moins le dialogue et la coupe des actes, et encore les scènes toutes faites y abondent-elles. […] Mais quiconque se plaît au pittoresque, senti et rendu, aux jolies esquisses enlevées, aime ces livres à peine faits, où seulement quelques points de repère groupent des scènes ou des vues découpées. […] La scène de la course se brouille, et, par un anachronisme, je vois les fiancés filer en bicyclette.
En effet, il avait vu le merveilleux chef d’orchestre qui, depuis cinquante ans, menait le bal tourbillonnant des idées graves ou court-vêtues, et qui, toujours en scène, toujours en tête, conducteur reconnu de la conversation universelle, fournissait les motifs, donnait le ton, marquait la mesure, imprimait l’élan et lançait le premier coup d’archet. […] Nous applaudissions les scènes républicaines de nos théâtres539, les discours philosophiques de nos Académies, les ouvrages hardis de nos littérateurs. » — Si l’inégalité durait encore dans la distribution des charges et des places, « l’égalité commençait à régner dans les sociétés.
Selon son habitude toute poétique, Platon commence le dialogue par une gracieuse et pittoresque exposition de la scène et des personnages qui doivent prendre part à l’entretien. La scène est au Pirée, petit port d’Athènes, à quelques stades de la ville, le soir d’un jour de fête en l’honneur de la Diane de Thrace.
C’est sous l’empire des plus tendres rêveries de son âge qu’il interrompit alors ses chants épiques, et qu’il écrivit sa délicieuse pastorale de l’Aminta, drame amoureux et tragique dont l’amour est le sujet, dont des bergers et des bergères sont les personnages, et dont les vallées, les montagnes, les forêts, sont la scène. […] Ici, nous le laisserons, pour ainsi dire, parler lui-même par la bouche de son ami, le marquis Manso, à qui il raconta depuis la scène véritablement homérique ou biblique de sa reconnaissance par sa sœur.
Jules Janin Le quatrième acte de Ruy Blas est rempli de personnages hideux, de scènes bouffonnes, de barbarismes créés à plaisir. […] Hugo a tenté jusqu’ici sur la scène de plus grave et de plus élevé.
C’est l’Astrée, du sieur Honoré d’Urfé, ce roman pastoral qui met en scène des bergers et des bergères enrubannées plus habiles à deviser d’amour qu’à conduire des chèvres et des moutons. […] Mais les financiers n’ont pas été seulement les patrons des écrivains : souvent aussi, ils leur ont servi de plastrons ; ils ont été pour eux des modèles qu’ils ont transportés tout vivants sur la scène ou dans le roman.
Ce sont même quelquefois des anecdotes au sentiment fabriqué : le conseil de protéger ses ongles pendant quinze jours puis de les enfoncer avec jouissance, bave et lenteur dans la poitrine d’un poupon glapissant est d’un sadisme enfantin, d’un baudelairisme d’employé de la Compagnie des Chemins de fer ; et la scène de famille — écrite d’abord sous forme de théâtre — est visiblement façonnée : l’« enfant qui souffre » ayant été utilisé déjà, comment le présenter à nouveau sans qu’il semble un peu usé aux coudes ? […] Les figurants se tiennent mal, et ne vagissent que des expressions sans nouveauté, mais une scène est écrite.
Tout le monde sait que le défaut de nos poètes classiques est de mettre en scène non des hommes, mais des idées générales ; leurs personnages sont des passions abstraites qui marchent et dissertent. […] « Une foule d’officiers de Monseigneur se jetèrent à genoux tout du long de la cour, des deux côtés sur le passage du roi, lui criant avec des hurlements étranges d’avoir compassion d’eux qui avaient tout perdu et qui mouraient de faim. » Doré seul rendrait cette scène et ces deux files de mendiants galonnés, agenouillés avec des flambeaux, criant après leur marmite.
Derrière cette scène extérieure et apparente des phénomènes se cache l’action intime, profonde des véritables causes. […] Si l’âme, la vie, la liberté sont au premier plan de la scène, c’est la nécessité, la pure force mécanique qui est au fond et qui en fait tout le jeu.
Le Play a raconté le fait dans la première monographie de son livre (page 57), mais il s’est borné à le constater en peu de mots et avec sa précision ordinaire, en ne cherchant à rendre ni le mouvement ni le jeu de scène.
On avait raconté que Prevost, jeune, au sortir du collège, avait eu une liaison amoureuse dans sa ville natale, et qu’un jour son père étant venu lui faire une scène chez sa maîtresse qu’il avait maltraitée, l’amant en fureur avait précipité du haut d’un escalier le bonhomme, qui, sans accuser personne, était mort des suites de sa chute : on prétendait expliquer de la sorte la brusque vocation du coupable et son entrée chez les bénédictins.
L’on ne saurait reprocher à Zola de n’avoir pas couronné la documentation nécessaire à l’Assommoir — et en particulier à la scène magistrale de delirium qui la clôt — par une personnelle expérience d’éthylisme suraigu.
Mais il l’est avec une si hyperbolique furie, une satisfaction si proclamée de n’être pas comme nous, un étalage si bruyant, une mise en scène si exaspérée, qu’une défiance m’envahit, que l’intérêt tendre que je tenais tout prêt pour ce revenant des siècles passés hésite, se trouble, tourne en étonnement, et que je ne crois plus avoir devant moi qu’un acteur fastueux, ivre de son rôle et dupe de son masque.
C’est qu’il ne suffit pas à des vers, écrits pour la scène, d’être admirables en soi, il faut qu’ils soient en situation et qu’ils aient le mouvement dramatique.
Quand quelques millions d’hommes seront morts de faim, quand des milliers se seront dévorés les uns les autres, quand la tête des autres, égarée par ces funèbres scènes, sera lancée hors des voies de l’ordinaire, alors on recommencera à vivre.
Cependant les synoptiques sont constants pour placer toute la scène des baptêmes de Jean sur le bord de ce fleuve (Matth., III, 6 ; Marc, I, 5 ; Luc, III ; 3).
Cette scène, par suite de l’art instinctif qui a présidé à la rédaction des synoptiques, et qui leur fait souvent obéir dans l’agencement du récit à des raisons de convenance ou d’effet, a été placée à la dernière nuit de Jésus, et au moment de son arrestation.
Est-ce quelque inconnu caché derrière la scène, quelque puissance mystérieuse ?
La première perte de jeu à Lyon avec le marchand de chevaux, la revanche du chevalier au siège de Turin, cette partie avec le comte de Caméran, où le prévoyant tricheur se fait appuyer sous main d’un détachement d’infanterie, ce sont des scènes de comédie toutes faites.
Les scènes de scandale, & de division dans la doctrine, recommencèrent à l’impression du livre des Maximes des Saints.
Le public, me suis-je dit pour me consoler, le public en personne me vengera ; je me présenterai à lui sur la scène dramatique pour y être couronné par ses mains.
Là, au surplus, s’arrête la similitude ; on ne la ressaisit plus à travers le livre de Furetière que dans certaines boutades à intention comique ou burlesque, comme par exemple la scène ou Nicodème, voulant se jeter aux genoux de sa maîtresse, met en pièces le ménage de Mme Vollichon ; ou celle encore des laquais vengeant leur maître, éclaboussé, par des coups de fouet et de pierres lancés au dos des maquignons.
Lorsque Voltaire écrivait ces vers lestes et presque pirouettants : Quand sur la scène de ce monde Chaque homme a joué son rôlet, En partant, il est à la ronde Reconduit à coups de sifflet… il se moquait de nous, Voltaire.
Et pour rendre la leçon plus complète et plus vive, il en fait une petite scène.
La statuaire n’exprime que la puissante unité d’un grand sentiment ; elle est plus simple ; elle exclut l’accumulation des impressions diverses sur la même figure ; elle se prête même difficilement à la réunion de diverses figures dans une scène un peu compliquée. […] Que si nous laissons la question de style pour regarder à l’élévation, à la vérité des caractères, au relief des scènes, à la moralité, non pas à cette facile moralité des réflexions, mais à celle des personnages et des événements eux-mêmes, nous oserons faire la part encore plus belle à l’auteur d’Antigone. […] La scène de ce poème devait être à Paris, la ville appelée à devenir le centre de l’évolution sociale. […] Quelque chose de ce symbolisme s’était conservé dans la mise en scène de l’ode pindarique. […] Pour peindre les difformités et les vices, pour introduire l’esprit de critique, de négation, de révolte, on n’osa pas mettre en scène des personnages humains ; les héros et les dieux avaient seuls droit de cité dans la poésie.
Comme près d’un quart de siècle s’est écoulé depuis que la période de la Restauration est fermée, une génération nouvelle, complètement désintéressée dans les questions de ce temps, s’est élevée et commence à prendre possession de la scène ; toute cette jeunesse qui n’a ni haï, ni aimé, ni combattu, est impartiale par droit de naissance. […] Quand une époque finit et qu’une autre époque s’ouvre, un curieux spectacle s’offre aux regards : c’est le renouvellement de la scène du monde. […] Jamais ce spectacle ne fut plus curieux et plus attachant qu’au début de la restauration, parce que jamais changement de scène ne fut plus complet : tout se renouvelait à la fois, les décorations, le drame, les acteurs. […] L’horizon du gouvernement représentatif se rouvrait au moment où l’on voyait se fermer celui de cette gloire militaire qui, après avoir rempli la scène, laissait à la liberté politique, en se retirant du monde désolé, le soin d’intéresser et de passionner la France. […] Il y a quelque chose de sublime, mais d’un peu uniforme dans cette scène où l’on entend un homme qui va mourir parler à ses amis d’immortalité pendant toute une journée, et la situation est trop tendue pour se prolonger autant ; les gradations manquent souvent, les transitions toujours.
On arrive à mettre peu à peu sur la scène des œuvres de vérité de plus en plus grande. […] Ce tableau représentait une scène de lupanar : sur un fond rouge, quelques femmes nues, en bas et jarretières, liées par les bras, se cambraient en corbeille devant le vieux Monsieur de Forain. […] Très attiré par le théâtre, il s’est essayé à traduire à la scène la complexité de la vie moderne, et ses amis attendent beaucoup de cette tentative. […] Quant aux psychologues exactement dits, c’est nous-mêmes tout bêtement ; de préférence, à la rigueur, ceux des nôtres qui réussissent mieux l’analyse des mobiles que la mise en scène des actes. […] Jean Jullien est surtout connu du monde des lettres par sa brillante campagne au Théâtre-Libre où il s’est efforcé d’apporter sur la scène la reproduction la plus directe possible de la vie.
… La scène demande une exacte raison. […] Mais « la scène demande une exacte raison » ; et « l’étroite bienséance y doit être gardée ». […] que la comédie doit avoir une marche rationnelle d’un point à un autre, sans pause inutile, ni scène sans but. […] Mais, voyez déjà : Les Burgraves ne sont plus guère une tragédie ; c’est une épopée jetée sur la scène. […] Je suis ému par une scène tragique : ce n’est pas un mauvais signe, sans doute, et je ne dois pas me mépriser à ce point de tirer de là une présomption défavorable pour cette scène ; mais je ne dois pas me contenter de ce mouvement instinctif de mon cœur.
C’est une scène de courses qu’il évoque, avec le vent frais de la pelouse, avec le peuple agité des bookmakers et des parieurs, avec le joli frissonnement de la lumière d’un printemps de banlieue sur tous les visages. […] La gaucherie même de ses procédés de mise en scène achève de donner un charme singulier à ses compositions. […] Pas de scènes de mœurs. […] Flaubert songeait-il à cette étrange loi de la conscience populaire, lorsqu’il décrivait dans la Tentation de saint Antoine cette scène d’une insurrection égyptienne : « Et on se venge du luxe. […] Alexandre Dumas fils a si hardiment planté sur la scène.
c’est un peu fort, dit Mme de Staël ; j’y étais, et je trouve qu’elle n’a pas bien joué du tout. » — « Mais, reprit M. de Chastellux, elle me semble s’être très bien tirée de telle et telle scène », et il essayait de les indiquer. […] La scène se passe à la Bibliothèque impériale, au bureau des prêts, un mardi ou vendredi, c’est-à-dire l’un des jours où par exception, en vertu d’un article du réglement, les livres ne sortent pas. […] Depuis lors, nos relations étaient muettes et à distance, lorsque, à propos des scènes du Sénat des 29 mars et 21 juin 1867, il jugea à propos de m’adresser une sorte d’encyclique (14 et 15 août) dans son journal L’Univers, qu’il avait ressuscité depuis peu. […] Dubois me dit : « Maintenant vous savez écrire, et vous possédez votre instrument. » C’est vers ce temps-là (le 8 juillet 1826) que je rendis compte du Cinq-Mars de M. de Vigny, dont le côté historique si faux m’avait choqué, bien que je n’eusse point méconnu le talent de quelques scènes romanesques ; mais je ne m’y étais pas laissé séduire.
» Si chaste soit-elle, cette scène de la falaise fait trembler. […] C’est là une scène touchante ; mais elle me choque par un côté. […] Sainte-Beuve eût mis en scène un de ces caractères de haute création, un de ces séducteurs brillants ou profonds, qui commettent de grandes fautes avec d’énergiques passions ou d’admirables ruses, et qui conservent je ne sais quel éclat jusque dans le vice, l’auteur manquait son but ; il eût fait un roman comme tout le monde. […] Un scandale éclate ; un mari trompé demande justice ; quelques jeunes désœuvrés se tuent, laissant leurs poches pleines de mauvais vers ; un romancier fait un livre immoral ; un entrepreneur d’émotions dramatiques exploite sur la scène le reste impur des corruptions d’un autre âge : tout cela, c’est la faute de ce pauvre siècle !
Ainsi, quand on cite Térence, par exemple, ou Plaute, il faut, ce me semble, avoir soin d’y joindre la pièce et la scène, afin qu’en recourant à l’endroit même, on puisse juger si on peut se servir du mot en question. […] Shakespeare a fait, sans le secours des règles, le monologue admirable d’Hamlet ; avec le secours des règles, il eût évité la scène barbare et dégoûtante des fossoyeurs. […] En voici un exemple tiré de la première scène du Sicilien : Chut, n’avancez pas davantage, Et demeurez en cet endroit Jusqu’à ce que je vous appelle. […] La Motte, dans une des dissertations qu’il a écrites contre la poésie, a mis en prose une des scènes de Racine sans y faire d’autre changement que de renverser les mots qui forment les vers : Arbate, on nous faisait un rapport fidèle.
Mme Du Barry en riait à cœur joie ; elle faisait jouer chez elle des proverbes où l’on mettait en scène la confrontation de Mme Goëzman et de Beaumarchais. […] Il met sur la scène sa propre personne investie du beau rôle et dans sa personne celle du peuple, du peuple roturier en passe de devenir souverain. […] Dans le théâtre d’avant la Révolution, fidèle image de la société aristocratique du xviiie siècle, l’adultère, si terrible sur notre scène et dans nos mœurs modernes, n’est jamais un ressort dramatique ; la raison en est simple : où le mariage n’est pas une chose sérieuse, l’adultère ne saurait être une chose tragique. […] Sans revenir sur ce qu’on pouvait risquer à la scène de l’hôtel de Brancas, au joyeux temps des Forcalquier, le marquis de Mirabeau adresse souvent à la société du Luxembourg les contes les plus grivois ; on les apprécie fort, le duc de Nivernois les met en vers, et Mme de Rochefort renvoie au conteur cette version nouvelle, pire que sa prose. […] Clytemnestre, dans Eschyle, salue Agamemnon par un long discours qui est une vraie scène de comédie ; elle bavarde comme fait une femme et comme fait une menteuse, accumulant, pour prouver sa joie et sa tendresse, les protestations d’amour les plus hyperboliques jusqu’à ce que le souffle lui manque et qu’Agamemnon lui dise avec une mordante ironie : « Fille de Léda, tu m’as fait un discours… long comme mon absence !
La scène va changer encore. […] Sénèque est informé de cette scène scandaleuse : aux artifices d’une femme il oppose la jalousie et les frayeurs d’une autre. […] XIV, cap. xv), à monter sur la scène, à chante), à jouer de la guitare en public. […] Le vrai, c’est qu’un militaire convenait mieux à la scène dramatique qu’un philosophe ; le vrai, c’est que, par ses opinions religieuses, Racine n’était pas disposé à accorder au paganisme quelque vertu réelle. […] On ne lit point sans frissonner le récit de cette scène si vraie : il semble qu’on soit frappé des cris d’un million d’hommes rassemblés, et ivres de fureur et de joie.
Il en reste dans le souvenir une brume d’ennui compact et durable d’où ne se distingue ni une scène, ni un personnage-là encore l’ambition orgueilleuse de Sainte-Beuve a été cruellement déçue. […] D’une fable il traduisait une scène précise et réelle, d’un fait il extrayait une fable. […] A certains génies échoit le soin de ces grandes mises en scène de l’homme. […] Son théâtre, universel, a pour scène l’univers. […] Par elles, nous redevenons contemporains des scènes dont elles furent témoins et des figures dont elles évoquent les traits.
Il avait donc été élevé sous l’Empire, à l’heure où régnait sur la scène intellectuelle cette génération dont M. […] Zola ne se contente pas d’être inconséquent avec sa doctrine « scientifique » en haïssant les personnages vicieux, luxurieux ou infâmes, qu’il met en scène avec prédilection : il l’est encore par l’affection attendrie qu’il voue à ceux dont la névrose a tourné en honnêteté. […] D’ailleurs, il ne faudrait pas exagérer l’importance du second Lemaître : à chaque instant, à quelque spectacle qui l’éperonne, à quelque lecture qui le saisit, le premier se réveille et rentre en scène. […] Vous et moi, nous connaissons beaucoup d’honnêtes gens qui ne ressemblent par aucun trait à ceux que nous venons de voir en scène, et que tache toujours, si j’ose dire, une conscience trop claire de leur honnêteté. […] Un philosophe qui met en scène des courtisanes et des hommes de plaisir, qui invente le Demi-monde, l’Ami des femmes, et M.
Que sont les historiettes de Maupassant auprès des grandes scènes de la Terre, de tant de pages augustes et vivantes comme la mort du Docteur Pascal, mourant ainsi qu’un Socrate moderne, en devisant avec son disciple des grands problèmes humains, ou bien encore comme la suave et tragique idylle dans l’Œuvre, de Claude et de Christine. […] Les paysages naturels, les milieux tantôt urbains, tantôt bucoliques où le rythme de vie s’écoule et s’accomplit, ne sont guère considérés que comme un décor aimable : les romanciers les créent à leur fantaisie, ou s’ils en conservent la topographie, ils les modifient, n’en respectent que les lignes principales favorables à la mise en scène. […] Et devant une scène vécue, au spectacle d’une joie ou d’une misère quelconque, ils n’étaient pas autrement émotionnés qu’en regardant un tableau de genre, ou bien encore quelque étrange estampe du temps passé, toute fanée et fanée par les ans.
Il y a alors un tel changement à vue, que tous les rêves du somnambulisme s’abîment à la fois dans les sous-sols du théâtre cérébral, prêts à reparaître sur la scène par une nouvelle évocation. […] L’ensemble d’images et de mouvements constituant l’état général de la volonté dans la dévotion est donc suscité par la sensation des mains jointes et, une fois produit, il devient le mobile de toute une scène où les altitudes diverses de la dévotion se succèdent et s’enchaînent. […] George Sand enfant, au coin de la cheminée, contemplait le garde-feu et, dans les reflets de la flamme, apercevait des figures et des scènes.
Robert d’Humières (non publiée) représentée sur la scène du Théâtre de l’Œuvre en 1894. — La Chambre blanche, poésies. […] Œuvres. — Molière, moraliste, Soc. positiviste, 1899, n-12. — Scène lyrique en l’honneur d’Auguste Comte. — La liberté ou le Rêve d’Éraste. — Aventure flamande de sœur Godeliève (tirages à part de la Revue) (Ancienne Revue des Revues), 1900-1004. — Poussier des Mottes, 1 acte et 2 tableaux (Théâtre Cluny, 1905). […] Œuvres. — L’Album et le Livre des Légendes, 1894-1895 (avec son frère André). — Le Prince Naïf, légende, Girard, éditeur, 1894. — Petit voyage de Grèce (Ollendorff, 1892) — Le Pape et l’Empereur, scène d’histoire, 1899 (Ollendorff), — N’y touchez pas, roman, 1900 (Société française d’imprimerie et de librairie). — La Dinette, un acte (Villereille) 1901 ; — Rhodène et Conesculus, conte (édition de l’Hémicycle)·, — Mon amie, roman (Juven), 1902. — Notre Bonheur, roman (Juven), 1903. — La Châtelaine (Juven), 1904. — Rose ou la fiancée de Province, roman (Delagrave). — La maison des dames Renoir, roman (Fontemoing), 1904.
Dans l’ode suivante, une des plus décemment amoureuses de toutes ses poésies légères, il redescend avec la souplesse d’un dieu dans les prairies de l’Anio, pour y placer un dialogue digne de Théocrite entre deux amants ; c’est lui-même qu’il met en scène avec Lydie, car nul autre que lui ne pouvait soutenir en vers avec Lydie un si gracieux dialogue. […] C’est une page d’histoire des scènes populaires qui vous transporte à Albano, à Terracine, à Fondi, dans les Abruzzes, et jusque dans les tavernes de la Calabre, en excellente compagnie de la cour d’Auguste.
J’ai tâché de faire voir dans le Cosmos, comme dans les Tableaux de la nature, que la description exacte et précise des phénomènes n’est pas absolument inconciliable avec la peinture animée et vivante des scènes imposantes de la création. […] « Les moyens propres à répandre l’étude de la nature consistent, comme nous l’avons dit déjà, dans trois formes particulières sous lesquelles se manifestent la pensée et l’imagination créatrice de l’homme : la description animée des scènes et des productions de la nature ; la peinture de paysage, du moment où elle a commencé à saisir la physionomie des végétaux, leur sauvage abondance, et le caractère individuel du sol qui les produit ; la culture plus répandue des plantes tropicales et les collections d’espèces exotiques dans les jardins et dans les serres.
Loin donc que le siècle, quand on le considère dans ses artistes, paraisse dévoré de tristesse et de spleen, on le dirait au contraire soutenu doucement par la religion du Christ, tandis que ses yeux se promènent avec délices sur les tableaux du passé ou sur les scènes de la nature que ses romanciers sont continuellement occupés à lui peindre, et qu’à ses oreilles résonne la délicieuse et enivrante musique de Rossini. […] M. de Chateaubriand a voyagé dans l’Amérique du Nord : il a fait Atala et René, où il est plus question de la désolation de cœur laissée par les doctrines du Dix-Huitième Siècle et par la Révolution Française que des sauvages qui y sont mis en scène.
Je vais maintenant vous exposer le lieu de la scène, la décoration du drame, le désert. […] Ce petit mot de métaphysique, jeté en passant et dont je demande pardon au lecteur, suffit à établir que le grand philosophe poète ou le grand poète philosophe prend nécessairement son caractère, ses idées, ses images, dans la scène de la nature qu’il habite ou qu’il a le plus habituellement sous les yeux.
Cette scène fut honteuse. […] Racontant toujours les mêmes histoires, refaisant toujours le même roman, mettant toujours en scène les mêmes personnages, chantant toujours les mêmes rimes sur le même ton, ne vivant absolument que dans des idées absolument épuisées, elle a cru qu’elle ne pouvait se rajeunir que paila forme.
Il est deux ou trois points toutefois que je crois bon de dégager et de maintenir, à travers la confusion des scènes et l’horreur naturelle qui s’attache à de tels récits.
Cependant la scène change ; dans cette existence d’un éclat croissant et d’une gloire jusque-là facile, les ombres vont s’introduire et se mêler par degrés et de plus en plus au tableau.
Il ne se contente pas de décrire ces scènes extérieures et de nous dire en général les vicissitudes et la marche du siège : il entre dans toutes les particularités et le détail des mesures qu’il a prises pour le faire durer et le soutenir.
À la fin d’une tournée en Écosse, et après en avoir noté en vers les principales circonstances pittoresques, le poète des lacs, revenant au monde du dedans et maintenant à l’esprit sa prédominance vivifiante, disait pour conclusion : Il n’y a rien de doux comme, avec les yeux à demi baissés, de marcher à travers le pays, qu’il y ait un sentier tracé ou non, tandis qu’une belle contrée s’étend autour du voyageur sans qu’il s’inquiète de la regarder de nouveau, ravi qu’il est plutôt de quelque douce scène idéale, œuvre de la fantaisie, ou de quelque heureux motif de méditation qui vient se glisser entre les belles choses qu’il a vues et celles qu’il verra.
Tant de discours amoureux, tant de descriptions galantes, une femme qui ouvre la scène par une tendresse déclarée et qui soutient ce sentiment jusqu’au bout, et le reste du même genre, lui fit dire que cet ouvrage était indigne non seulement d’un évêque, mais d’un prêtre et d’un chrétien… Voilà ce que M. de Meaux pensa de ce roman dès le commencement ; car ce fut là d’abord le caractère de ce livre à Paris et à la Cour, et on ne se le demandait que sous ce nom : le roman de M. de Cambray. » Et le dimanche 14 mars de la même année : Il paraît une nouvelle critique de Télémaque, meilleure que la précédente, où le style, le dessein et la suite de l’ouvrage, tout enfin est assez bien repris, et dont on ignore l’auteur.
Et s’il est arrivé que, lui sorti de la scène politique, la France n’ait point dépéri ; que cet être collectif, cet être idéal et redoutable qu’on appelait la coalition, et qui est demeuré pendant tant d’années un grand spectre dans l’imagination des gouvernants, ait été conjuré enfin par un enchanteur habile et puissant ; que la France soit redevenue elle-même tout entière sur les champs de bataille anciens et nouveaux et dans les conseils de l’Europe ; si, à cette heure même où nous écrivons, une province, une de ses pertes, est recouvrée par elle et lui est acquise, moins à titre d’accroissement que de compensation bien due, et aussi comme un gage manifeste de sa pleine et haute liberté d’action, on est sûr qu’en cela du moins le cœur de l’historien du Consulat et de l’Empire se réjouit ; que si une tristesse passe sur son front, c’est celle d’une noble envie et de n’avoir pu, à son heure, contribuer pour sa part à quelque résultat de cet ordre, selon son vœu de tous les temps ; mais la joie généreuse du citoyen et du bon Français l’emporte.
Ricardos, nommé général en chef, avait des qualités de prudence et de sagesse, mais de l’incertitude et de l’inexpérience sur le terrain, comme presque tous ceux qui entraient en scène en ce moment.
Biot donna cours, dans l’examen qu’il en fit au Journal des Savants (mai 1833), à un sentiment qui, sous sa forme discrète et son expression modérée, ne peut être qualifié au fond que de dénigrant et de malveillant : « Les éditeurs de semblables recueils, disait-il en commençant, lorsqu’ils n’ont que des intentions honorables, ce qui est certainement le cas actuel, doivent bien examiner, avant de les émettre, si la gloire des hommes célèbres qu’ils ramènent ainsi sur la scène s’accroîtra par ces publications qu’eux-mêmes n’avaient point prévues ; ou si l’expression, pour ainsi dire surprise, des idées qu’ils n’avaient pas exposées au grand jour, aura une utilité générale, soit en ajoutant de nouvelles et réelles richesses à la masse des connaissances déjà acquises, soit en détruisant des erreurs que des hommes célèbres auraient accréditées ; soit, enfin, en redressant des injustices qui se seraient propagées sous l’influence de leur nom : car, si aucun de ces résultats ne doit être obtenu, la gloire de ce nom risque d’en être affaiblie plutôt qu’augmentée, ne fût-ce que par l’évanouissement du prestige de perfection qui s’y attachait. » C’est donc au nom d’un prestige que M.
Singulier mélange, en effet, que cet abbé de Pradt, instruit de tant de choses et qui croyait s’entendre à toutes ; homme d’Église qui l’était si peu, qui savait à fond la théologie, et qui avait à apprendre son catéchisme ; publiciste fécond, fertile en idées, en vues politiques d’avenir, ayant par moments des airs de prophète ; écrivain né des circonstances, romantique et pittoresque s’il en fut ; le roi des brochuriers, toujours le nez au vent, à l’affût de l’à-propos dans les deux mondes, le premier à fulminer contre tout congrès de la vieille Europe ou à préconiser les jeunes républiques à la Bolivar ; alliant bien des feux follets à de vraies lumières ; d’un talent qui n’allait jamais jusqu’au livre, mais qui avait partout des pages ; habile à rendre le jeu des scènes dans les tragi-comédies historiques où il avait assisté, à reproduire l’accent et la physionomie des acteurs, les entretiens rapides, originaux, à saisir au vol les paroles animées sans les amortir, à en trouver lui-même, à créer des alliances de mots qui couraient désormais le monde et qui ne se perdaient plus ; et avec cela oublieux, inconséquent, disparate, et semblant par moments sans mémoire ; sans tact certainement et sans goût ; orateur de salon, jaseur infatigable, abusant de sa verve jusqu’à l’ennui ; s’emparant des gens et ne les lâchant plus, les endoctrinant sur ce qu’ils savaient le mieux ; homme à entreprendre Ouvrard sur les finances, Jomini sur la stratégie, tenant tout un soir, chez Mme de Staël, le duc de Wellington sur la tactique militaire et la lui enseignant ; dérogeant à tout instant à sa dignité, à son caractère ecclésiastique, avec lequel la plupart de ses défauts ou, si l’on aime mieux, de ses qualités se trouvaient dans un désaccord criant ; un vrai Mirabeau-Scapin, pour parler comme lui, un archevêque Turpin et Turlupin.
La scène a changé ; les plaines et les lacs resplendissent.
Ceux qui ont étudié Bossuet savent combien, dès ses premiers sermons prêchés à Metz, il était préoccupé de cette destruction de Jérusalem et des scènes particulières d’horreur qu’elle présente ; il y insiste de nouveau dans ce Discours, il les étale et les commente, y voyant l’image anticipée du Jugement dernier.
Duveyrier, qui est un auteur dramatique des plus distingués, qui connaît la mise en scène et l’art du dialogue, qui a excellé à faire parler des personnages naïfs et originaux, ait su donnera ce qu’il lisait l’accent, le ton, la physionomie, et que dans un seul monologue il ait diversifié les rôles.
Ce qu’on peut dire seulement, c’est que le comte de Clermont eut la main heureuse en rencontrant le petit Laujon, imagination aimable et fertile, qui le fournit à souhait de scènes, de ballets, de couplets, de vaudevilles, de paysanneries, de parades.
» Mais selon une autre version qui m’est affirmée, le général Bertrand racontant une scène terrible dont il avait été témoin, et dans laquelle Napoléon lança à Talleyrand les plus sanglants reproches, ajoutait que les derniers mots de cette explosion furent : « Tenez, monsieur, vous n’êtes que de la m… dans un bas de soie. » Le mot, sous cette dernière forme, sent tout à fait sa vérité.
Né sous le ciel des tropiques, au sein d’une nature à part, dont il ne cessa de se ressouvenir avec amour, il ne semble jamais avoir songé à ce que le hasard heureux de cette condition pouvait lui procurer de traits singuliers et nouveaux dans la peinture de ses paysages, dans la décoration de ses scènes champêtres.
Comme ils sont naturellement penseurs et méditatifs, ils placent leurs idées abstraites, et les développements et les définitions dont leurs têtes sont occupées, dans les scènes les plus passionnées ; et les héros, et les femmes, et les anciens, et les modernes tiennent tous quelquefois le langage, d’un philosophe allemand.
. — Certainement on constate ici un dédoublement du moi, la présence simultanée de deux séries d’idées parallèles et indépendantes, de deux centres d’action, ou, si l’on veut, de deux personnes morales juxtaposées dans le même cerveau, chacune à son œuvre et chacune à une œuvre différente, l’une sur la scène et l’autre dans la coulisse, la seconde aussi complète que la première, puisque, seule et hors des regards de l’autre, elle construit des idées suivies et aligne des phrases liées auxquelles l’autre n’a point de part. — En général, tout état singulier de l’intelligence doit être le sujet d’une monographie ; car il faut voir l’horloge dérangée pour distinguer les contrepoids et les rouages que nous ne remarquons pas dans l’horloge qui va bien.
Il y en avait qui mettaient en scène les deux amants, ou bien la fille avec sa mère, la femme avec son mari : d’autres, comme celles d’Aalis ou de Robin, qui furent très populaires, étaient des histoires en couplets, des contes chantés, des romances.
Les théologiens qui, au Moyen Âge, occupaient la scène principale sont pour nous des personnages très secondaires.
Par exemple, vous relevez chez un écrivain la fréquence des images, le souci du décor, du costume, de la mise en scène, de ce qu’on appelle le pittoresque.
Mais en même temps le pessimisme, qui teignait de noir les romans de Zola et de ses adeptes, leur souci du milieu où vivent les personnages qu’ils mettent en scène, leur effort pour élargir la langue littéraire jusqu’aux limites de la langue parlée, leur style même souvent si chatoyant de couleurs et de métaphores, tout cela permet de dire : C’est une queue du romantisme.
Je négligerai aussi quelques laideurs et quelques gestes déplaisants : la façon un peu ridicule dont l’auteur se met parfois en scène et ce qu’il y a de trop personnel, d’un peu bassement pratique, dans certaines de ses inquiétudes.
Son idéal de bonheur évidemment (chacun a le sien) était, au sortir des scènes de cérémonie qui l’ennuyaient, de trouver un monde aimable, riant, dévoué, choisi, au sein duquel elle parût oublier qu’elle était reine, tout en s’en ressouvenant bien au fond.
En tête de sa petite nouvelle d’Eugénie (1803), où il ne veut qu’intéresser par une simple histoire touchante et vertueuse, il dit, dans la préface, que « la scène ne se passe ni en Russie, ni en Hongrie, ni au xive siècle, mais en France et de nos jours.
Il ne voudroit pas non plus qu’on amenât la mode de prêcher les sermons d’autrui, de faire reparoître en chaire ces grands hommes qui l’ont illustrée, comme on remet sur la scène les grands poëtes dramatiques ; qu’un prédicateur annonçât qu’il prêchera pendant tout le carême tantôt un sermon de Bourdaloue ; tantôt un autre de Chéminais ; un jour Fléchier, un autre jour Massillon .
Rappelez-vous cette scène immortelle du drame shakespearien où Juliette dit à Roméo : « C’est le rossignol et non l’alouette dont la voix frappe ton oreille. » Et Roméo de répondre : « Non, ce n’est pas le rossignol, mais l’alouette, messagère du matin. » Et nous aussi, parlons comme Roméo.
Dans le reste cueillons le Coffre de fer ou le Juge de son crime ; le Château des Apennins ou les Mystères d’Udolphe ; et enfin la très célèbre Cœlina ou l’Enfant du Mystère, adaptation à la scène d’un roman de Ducray-Duminil.
On pourrait même dire que nos spectacles tels qu’ils sont, quoique si prodigieusement détournés de leur institution primitive, n’existeraient pas si une pensée religieuse n’avait pas présidé à l’invention de la scène, chez tous les peuples.
C’était là un livre médiocre d’inspiration… et de calcul, car cette inspiration était calculée, sans composition, sans mise en scène supérieure, vulgaire de détails, colorié plutôt que coloré, tant grossière en est la peinture !
Il coïncide avec le moment où entrent, sur la scène politique, les masses brachycéphales, qui se distinguent par leur amour de l’uniformité.
De là les invasions toujours renouvelées, les démembrements, les rivalités, les entreprises insensées, et l’impuissance de tous ; Cola di Rienzi au Capitole, Charles-Quint et François Ier à Pavie, voilà deux scènes de la tragédie italienne.
Carjat lui-même, par trop juge et partie, ni celui des encore assez nombreux survivants d’une scène assurément peu glorieuse pour Rimbaud, mais démesurément grossie et dénaturée jusqu’à la plus complète calomnie. […] Par moments aussi, le ton s’élève, et, de la petite idylle toute parfumée de thé, de vin tiède et de fleur de pêcher, passe au tableau de guerre, à la scène pathétique, quelquefois à la pensée profonde, sans toutefois jamais enfreindre les règles que s’est imposées l’auteur, et qui sont la concision pour l’expression, la brièveté quant à la phrase et la discrétion dans les procédés mis en œuvre. […] Quoi de comparable dans le théâtre espagnol, si fier pourtant, à cette splendide scène des portraits ! […] élargissez ce mur et la ronde, au lieu d’une année imaginez dix-huit siècles, variez à l’infini le costume des personnages, la physionomie des scènes, la disposition des accessoires, par-dessus cela mettez la griffe du génie et vous n’aurez encore qu’une faible idée de la deuxième partie du Livre qui nous occupe.
Un grave cas de conscience s’y débat entre les moines, dans cette atmosphère d’exaltation spirituelle, de fanatisme idéologique… Un autre drame, Philippe II84 , simple et rigoureux, sans ornements, met en scène le conflit de deux caractères farouches, Philippe, l’hypocrite féroce de l’histoire, et Carlos, son fils, âme héroïque et maladive en qui alternent des lassitudes découragées et de superbes élans d’ambition… Le théâtre d’Emile Verhaeren est mêlé de prose et de vers ; la prose, qui apparaît dans les passages où le lyrisme s’interrompt, — harmonieuse, d’ailleurs, et bien rythmée, — s’y unit agréablement aux vers libres, grâce à d’habiles transitions de cadence plus ou moins caractérisées. […] La grande ombre de la Mort plane ici sur la vie… On se tromperait si l’on ne voulait apercevoir dans ces idylles d’autre sens que celui qu’y représentent les mots, de simples scènes bucoliques.
des scènes de vie intense et voilà tout. » Mais la compatriote d’Emerson et de M. […] Et la lumière change, de scène en scène ; elle change, mais dans une atmosphère continuellement la même et qui donne aux différentes clartés une touchante analogie. […] La scène est excellente. […] Le passage d’une scène à l’autre est rapide ; et chaque scène a tout son espace, l’emplit, ne le déborde pas. […] Que de scènes traitées avec la plus forte maîtrise !
C’est une scène de l’Arcadie dans la terre ferme de Venise ; l’air y est embaumé de l’odeur des foins et des gommes. […] Lui aussi il alla, quelque temps avant moi, visiter à loisir la tombe d’Arquà, et il plaça dans les collines euganéennes, voisines de sa patrie, les scènes de son poème en prose de Jacobo Ortiz.
Thiers, intitulé Camp de Boulogne, une des scènes dignes de celles où le fils de Philippe ralliait ses auxiliaires et endormait ses ennemis au moment où il était campé sur la Propontide, avant de passer, avec toute sa fortune et toute son espérance, en Asie. […] XXIII Le vingt et unième livre est une accumulation d’intérêt historique pressé dans l’espace d’une demi-année par les événements comme sous la plume de l’écrivain : création du royaume d’Italie, second couronnement à Milan ; coalition européenne contre l’ambition du nouveau César ; négociation entre la Russie, l’Angleterre et l’Autriche ; anxiété de Napoléon attendant en vain la concentration de ses flottes sous l’amiral Villeneuve ; sa fureur quand il voit tous ses plans déjoués par Villeneuve, qui a fait voile pour Cadix au lieu de se diriger sur la Manche ; le renversement subit de toutes les pensées et de tous les efforts de volonté de Napoléon, au moment de l’exécution si longtemps et si laborieusement préparée ; l’improvisation non moins subite de son plan d’invasion en Allemagne ; la marche de son armée en six colonnes, des bords de l’Océan aux sources du Danube, marche sans parallèle dans l’histoire par l’ordre, la précision, l’arrivée au but marqué à heure fixe ; l’investissement de l’armée autrichienne dans Ulm ; la reddition de toute l’armée du général Mack ; quatre-vingt mille ennemis anéantis en vingt jours ; pendant ce triomphe sur le continent, le plus grand revers maritime dont le monde moderne ait été témoin dans la bataille navale de Trafalgar ; toutes les pensées d’invasion de l’Angleterre par Napoléon englouties avec nos vaisseaux sous le canon de Nelson ; description vivante de ce combat naval ; mort de Nelson, qui paye de sa vie tant de gloire ; marche sur Vienne entre le Danube et les Alpes ; bataille d’Austerlitz livrée aux Russes ; aptitude unique de l’historien pour exposer homme à homme l’organisation des armées, et pour suivre pas à pas les plans et les marches d’une campagne ; feu de l’âme du général transvasé dans l’âme de l’écrivain ; scènes pittoresques du champ de bataille décrit sans autre éclat que la topographie exacte et que l’éclat sévère des armes sur la terre ou sur la neige des plaines ou des coteaux.
Cette analogie et cette fidélité sont à ses romans ce que le paysage est aux grandes scènes du drame. […] ” Enfin, hormis le nombre des personnages, en remplaçant le loto par le whist et en supprimant les figures de M. et de Mme Grandet, la scène par laquelle commence cette histoire était à peu près la même que par le passé.
lisez-moi un dialogue de Platon, une méditation de Lamartine, une page de Herder, une scène de Faust. […] Cela n’est pas étonnant, puisque chaque peuple ne fait que mettre en scène dans ses miracles les agents surnaturels du gouvernement de l’univers, tels qu’il les entend ; or, ces agents, chaque race les façonne sur son propre modèle.
Eschyle est épique et gigantesque lorsqu’il fait retentir le rocher sur lequel les Cyclopes attachent Prométhée et que les coups de leurs marteaux en font sortir les nymphes effrayées ; il est sublime lorsqu’il exorcise Oreste, qu’il réveille les Euménides qu’il avait endormies, qu’il les fait errer sur la scène et crier : Je sens la vapeur du sang, je sens la trace du parricide, je la sens, je la sens… et qu’il les rassemble autour du malheureux prince qui tient dans ses mains les pieds de la statue d’Apollon. […] Presque tous ces écrivains sont peut-être sans conséquence entre les mains d’un homme fait ; mais je demande si l’on parle de bonne foi lorsqu’on assure que la langue de ces auteurs, difficiles pour le style, profonds pour les choses et souvent dangereux pour les mœurs, peut être la première étude de la jeunesse ; si l’on souffrira sous des yeux innocents et purs les leçons de Plaute, dont je n’ai point parlé ; celles de Térence que je me rappelle en ce moment, Térence, dont l’élégance et la vérité sont au-dessus de tout éloge, mais dont les peintures n’en sont que plus séduisantes ; les leçons d’athéisme de Lucrèce : j’aimerais encore mieux qu’on exposât les élèves à se corrompre le goût dans le dur, sec et boursouflé Sénèque le tragique, à qui je devais cette petite égratignure pour l’ennui qu’il m’a causé, et à qui j’en demande pardon pour quelques belles scènes qu’il a inspirées à notre Racine.
» Il y a loin sans doute des accents uniformes de ce cantique naïf à la scène merveilleuse où la chaste Diane, consolatrice d’Hippolyte mourant, reçoit et lui rend ses adieux. […] Rien de plus heureux, ce semble, que le soudain passage de la sublime définition du Dieu, Fils et créateur, à l’adoration des Mages, et à ce mouvement du poëte, comme du coryphée de la scène antique : « Allons !
Dans le dernier discours sur Jouffroy, il me semble avoir sacrifié plus que d’ordinaire à la mise en scène ; il y a mêlé un but étranger au sujet même qu’il étudiait ; il a voilé en un sens et drapé son personnage ; il a pris parti, plus finement qu’il ne convient, pour la malice et la rancune des grands sophistes et des grands rhéteurs dont l’histoire sera un jour l’un des curieux chapitres de notre temps, intolérants et ligués comme les encyclopédistes, jaloux de dominer partout où ils sont, et qui, depuis que l’influence décidément leur échappe, s’agitent en tous sens pour prouver que le monde ne peut qu’aller de mal en pis.
pour assister à une scène qui excita chez nous une profonde émotion.
Après La Rochefoucauld, La Bruyère et Duclos, il trouve encore de quoi décrire dans l’homme, dans cette scène toujours renouvelée du monde ; et, en rappelant ses illustres prédécesseurs, il sait être assez neuf et assez original pour son compte.
Ce sont là des scènes incomparables de pureté, d’émotion, et qui repoussent bien loin toutes les explications allégoriques qu’on a voulu en donner : leur commentaire est à jamais écrit dans tous les cœurs délicats et sensibles.
Michelet, sa vie de travail, son effort constant, ses fouilles érudites et ses ingénieuses mises en scène, cette faculté de couleur voulue et acquise où il a l’air de se jouer désormais en maître, mais quand je considère de quelle manière il a jugé et dépeint des événements et des personnages historiques à notre portée, et dont nous possédons tous autant que lui les éléments ; quand je le vois toujours ambitieux de pousser à l’effet, à l’étonnement, j’avoue que je serais bien étonné moi-même qu’il eût deviné et jugé les choses et les hommes de l’histoire romaine plus sûrement que Tite-Live.
Il faut entendre de Maistre, témoin de cette scène qu’il raconte, et jouir de son étonnement. « Pendant ce temps, ajoute-t-il, Alexandre Ier proclame au milieu de la Germanie qu’il combat pour l’honneur et la liberté de l’homme.
Il s’imagine souvent que tous ceux qui lui parlent sont emportés, et que c’est lui qui se modère ; comme un homme qui a la jaunisse croit que tous ceux qu’il voit sont jaunes, quoique le jaune ne soit que dans ses yeux… » Je ne puis tout citer ; la fin encore est à lire, et ceci ne peut s’omettre : « Mais attendez un moment, voici une autre scène.
Thiers, et je m’attache avec lui à l’homme qui vient de tomber de la scène de l’histoire et dont la vie, désormais confinée à Sainte-Hélène, n’est plus que le sujet de la plus magnifique des biographies.
Ce beau volume, chef-d’œuvre de typographie, qui s’offre à nous encadré, illustré d’ornements en tête et à la fin des chapitres, parsemé d’images sur bois figurant les Évangélistes ou les scènes des Évangiles, a cela de remarquable qu’il a été composé et imprimé en très peu de temps ; on avait dit qu’on n’irait pas à l’Exposition de Londres, que l’Imprimerie Impériale n’y serait pas représentée cette fois.
Les personnages mis en scène sont si bien venus et si vivants, ils sont nés sous une si heureuse étoile, ils sont d’une physionomie si originale et ont un caractère si marqué (y compris leurs deux montures, inséparables des deux maîtres), qu’on s’attache et qu’on s’affectionne à eux tout d’abord, indépendamment de la moralité finale que l’auteur prétend tirer de leurs actions.
Les idées de mon enfance, les souvenirs du premier âge se réveillaient en moi, peu à peu, au spectacle des scènes qui les avaient fait naître.
Jasmin n’avait guère faibli d’ailleurs, et il soutenait jusque dans son dernier volume, avec une sorte d’aisance et une verve de tempérament, cette dureté de condition qui condamne les artistes toujours en scène à se répéter, à repasser sur les mêmes tons, à tirer de leur chanterelle jusqu’à la dernière note, à jouer de leur voix jusqu’à la dernière corde.
Ses amis, et ils étaient nombreux encore, Cousin, Viguier, Patin, et bien d’autres m’en surent gré ; mais parmi les nouveaux venus, parmi ceux qui occupaient alors le devant de la scène et qui faisaient le plus de bruit, il y en eut d’assez pleins d’eux-mêmes, d’assez infatués et enivrés de l’orgueil de la vie, pour me reprocher ce souvenir donné à un humble mort, comme si par là on les volait eux-mêmes, insatiables qu’ils étaient, dans leur célébrité présente ; je recueillis de ce côté quelques injures127.
Ce tact, cette justesse délicate qu’il n’a cessé de garder sur des scènes plus passionnées, ne pouvait lui manquer au sein de l’Académie, où il est permis d’en faire preuve à loisir.
Étienne, et dans Molière la qualité de poëte ne me paraît inférieure à aucune autre ; mais je me garderai bien d’accuser le spirituel auteur des Deux Gendres de vouloir renverser l’autel du plus grand maître de notre scène.
Mais, depuis qu’au commencement de ce siècle d’ardents et généreux athlètes ont rouvert l’arène lyrique et l’ont remplie de luttes encore inouïes, cet instinct bas et envieux, qui est de toutes les époques, a ramené Rousseau en avant sur la scène littéraire, comme adversaire de nos jeunes contemporains : on a redoré sa vieille gloire et recousu son drapeau.
Macbeth, acte I, scène III.
Vers 1750, les espérances d’une restauration rationnelle de la société, qu’on avait cru toucher, se reculent indéfiniment ; à ce même moment entre en scène une nouvelle génération de penseurs impatients, audacieux, dévoués à ce qu’ils appellent la vérité, et prêts à renverser tout ce qui y fait obstacle : l’art, l’éloquence, la littérature ne sont pour eux que des instruments de propagande.
Mais auprès de ce cours sur les affections pulmonaires, que de scènes facétieuses, entrechats, ripailles, calembours, marches aux lampions, déguisements, pizzicati, ronflements burlesques de bassons, facéties du cor anglais, libertés prises par le triangle, chansons rythmées sur des bouteilles, etc. !
L’émotion que causèrent ces dernières scènes fut vive dans le public, et il en est resté sur cet institut de l’Enfance une impression du genre de celles qui s’attachent aux touchantes et tragiques infortunes.
Lisez toutes ces choses, ces gigantesques polissonneries d’écolier qui sont devenues des scènes de comédie excellentes : je me réfugie dans les parties à demi sérieuses.
Quelle exposition que la première scène !
L’enfantement de la société moderne, de l’égalité civile, du respect des droits de tous, s’y opérait péniblement à travers des scènes barbares et au moyen du fanatisme même.
Toute cette scène cependant, les cris et les prières, l’éloquence naturelle et déchirante du fugitif l’avaient ému ; il se promena quelque temps en silence sur le pont et dit à Marmont : « Rappelez-moi cet homme quand nous serons à Paris et que nous pourrons quelque chose. » Or, on était à Paris ; le 18 et le 19 Brumaire étaient consommés, et Bonaparte, consul provisoire, s’installait au Luxembourg.
On le sentait si calme en son travail, si peu fougueux, si éloigné de la verve débridée d’un Diderot, ayant, du reste, le soin d’insérer une scène de sensualité brutale dans une histoire ou un épisode qui ne la comportait nullement, qu’on le soupçonnait de viser à la vente en exploitant la denrée de librairie qui a plus que toute autre la faveur du public payant.
Quelques passages des Mémoires d’outre-tombe mettent en scène cette prétention de l’écrivain avec des traits qui font sourire.
Il faut l’avouer, les exemples que l’on avait mis en scène n’étaient propres à illustrer qu’un cas particulier des effets de la faculté bovaryque, tandis qu’ils repoussaient dans l’ombre tous les cas où le pouvoir de se concevoir autre emporte avec lui le pouvoir de s’égaler au modèle, d’acquérir par le moyen d’un phénomène d’aimantation des qualités nouvelles.
C’était aussi bête que de lui reprocher d’avoir des cheveux noirs… Si Shakespeare, que ces imbéciles admirent par lâcheté de tradition, donnait aujourd’hui son Hamlet, le plus beau de ses drames, ils diraient de la scène du cimetière où Hamlet, de ses mains de prince, joue au bilboquet avec des têtes de mort fraîchement déterrées, ce qu’ils disent des peintures horribles et sépulcrales de l’auteur des Névroses ; car Hamlet et M.
Nulle conscience et nulle observation, nulle vérité ; nulle exactitude, tous les effets faciles et violens, tous ceux du vaudeville et ceux du mélodrame ; des scènes inouïes de brutalité ; toutes les plaisanteries qui passent à Grenelle ou du côté de Clignancourt pour des formes de l’esprit ; des images de débauche, des odeurs de sang et de musc mêlées à celles du vin ou du fumier, voilà La Terre ; et voilà, va-t-on dire, le dernier mot du naturalisme !
« Faites marcher en brodequins sur la scène le pâle chagrin, et la souffrance qui plaît, et l’horreur, maîtresse tyrannique de l’âme palpitante.
Au xviie siècle, au xviiie , le critique n’était pas toujours en scène. […] La scène, vive, pittoresque, bien composée, en bonne lumière et en plein relief, tout à fait dans la manière de Saint-Simon, est excellente et fait grand honneur à l’auteur. […] L’émotion était sincère ; mais c’était joué comme une scène de théâtre : les bras croisés, la tête haute, le regard circulaire ; puis demi-tour, la larme au coin de l’œil enlevée du bout du doigt, et reprise de la première position, tête en face, regard haut et ferme cette fois, avec piétinement du pied gauche et petit fredon contenu du bout des lèvres : « Tiens-toi, mon cœur. » Tout cela réglé, mis en scène avec une précision, un convenu… Et pourtant l’émotion était réelle. […] Il voulait faire un roman napoléonien, mettre en scène Bonaparte « empereur du Midi », Bonaparte considéré comme synthèse de toutes les qualités et défauts du méridional. […] Quand il entrait dans ces colères enragées où il y avait de la sincérité et de l’affectation, sans qu’il sût, en méridional qu’il était, où commençait l’une et où finissait l’autre, et qu’il criait de tous ses poumons : « J’éventrerai tout, je massacrerai tout, je ferai couler des torrents de sang » (mettez-y l’accent, qu’il ne perdit jamais) ; — la petite reine chantonnait : « Il ne tuera pas une poule ; il ne tuera pas un chat » ; et cela faisait une scène divertissante et familière qui se répandait de bouche en bouche et qui ne nuisait nullement à la popularité de la famille royale.
(La scène se passe dans un salon de Paris. ! […] Il m’est difficile de croire que ceux qui l’ont lue aient résisté au désir de faire connaissance avec ses ouvrages précédents, les Récits d’un chasseur et les Scènes de la vie russe, en supposant qu’ils ne les connussent pas déjà. […] Il y a dans cette lenteur un manque d’égards pour l’hôte qui vous reçoit, et qui a compté sur vous pour sa mise en scène ; et aujourd’hui que les peuples sont rois, ils devraient comprendre que l’exactitude est devenue pour eux une politesse. […] Ruffini me semble plutôt gêné que rehaussé par cette mise en scène un peu compliquée. Ajoutons que son héroïne véritable, celle qu’il met en scène avec une respectueuse tendresse, et qu’il sait toujours faire aimer, joue dans Lavinia un rôle moins grand que dans ses deux autres romans.
* Tout ce qu’un bon acteur sait feindre de joie, dans une scène de reconnaissance, un bon esprit l’éprouve réellement quand il rencontre la vérité. […] Talma, de taille moyenne, lui aussi, grandissait à mesure qu’il parlait, et le même acteur, qu’au lever du rideau on trouvait presque trop petit pour l’ampleur du costume de grand prêtre, dans la scène de la prophétie paraissait un géant. […] La scène est poignante. […] Quarante ans auparavant, il en avait coûté tout autant au vieux roi Charles X d’avoir pris pour ministres des amis personnels qui étaient d’humeur à faire dégénérer les conseils en scènes de larmes. […] Un comité électoral où l’on s’occupe de former une liste de conciliation — c’est le rêve de tous les politiques des temps d’anarchie — amène sur la scène des originaux d’une autre catégorie.
Scribe disait : « Lorsque j’eus trouvé la scène, devenue célèbre, où Alice supplie Robert,. », Il sentit alors qu’une scène pareille voulait des rimes admirables, des mots splendides, enfin des vers étonnants. […] La première communion, chez les Jésuites de Vannes, c’est une scène quasi infernale. […] C’est là que Tito se révèle en César ; c’est là qu’il devient, par le faux et tant séduisant prestige de la scène, ce qu’il a rêvé d’être. […] La seconde partie d’Un simple n’est pas simple comme la première : le drame caché se déclare et aboutit à des scènes violentes ; un suicide est le dénouement. […] Elle y a vu « les débats de l’éternel trio, le mari, la femme et l’amant, dont le nul d’amour se communique de scène en scène et fait ressembler le cabinet de travail de l’auteur dramatique à un cabinet de consultation pour maladies sentimentales et mentales ».
La scène explosive, — si l’on peut dire, — où les personnages s’expliquent à fond, répugnait à son goût du raccourci. […] Il semblerait donc que le roman historique dût être d’autant meilleur qu’il met en scène des événements contemporains. […] C’est le motif pour lequel des hommes aussi étonnants de personnalité et de destinée que Napoléon par exemple ne sauraient figurer dans un roman ou sur la scène sans que le récit ou le drame rendent un son faux. […] C’est une autre des vertus essentielles du roman : il faut qu’il mette en scène des caractères originaux et qu’il dégage dans ces caractères les traits qui les rangent dans des espèces psychologiques, lesquelles rentrent elles-mêmes dans l’expérience du lecteur. […] Spontanément, sans recherche d’effet, il trouve sans cesse, quand il veut fixer une scène, le trait juste, celui qui suffit, et il s’y borne.
» Et Froude désignait du doigt, à l’arrière-plan de l’image, des scènes de pillage, d’assassinat, toutes les horreurs de la guerre civile. […] On sent passer sur la scène un souffle de fatalité tragique, et l’impression de terreur qu’on éprouve occupe seule l’âme tout ; entière. […] Ibsen est Norvégien, que toutes ses pièces ont leur scène en Norvège et sont écrites en norvégien. […] Les nobles âmes qu’il y met en scène sont, elles aussi, inquiètes et fiévreuses, des âmes malades, partagées entre leur désir d’agir et leur impuissance à agir, également incapables de renoncer à leurs rêves et de les réaliser. […] Voici, par exemple quelques petites scènes qui m’ont paru d’une couleur locale assez prononcée.
Ce triple aspect humain, orgueil, émotion, sensualité, le poème en dialogue, appelé Un Jour, le développe, en couleurs vives et douces ; quatre scènes où la poésie vole au-dessus d’une vie monotone et presque triste, quatre images très simples, et même, si l’on veut, naïves, mais d’une naïveté qui se connaît et qui connaît sa beauté. […] Le drame historique ne doit pas être dédaigné : il est seulement fâcheux que notre goût absurde d’une mise en scène réaliste le réduise de plus en plus aux trahisons de la lecture. […] La scène est shakespearienne, et même trop ; avec ses revirements de la foule dominée par une volonté, elle rappelle trop l’ironie de Jules César. […] Mais ayant baisé les lèvres de l’usurpateur, elle meurt aussi, car il faut que la toile tombe sur la scène comme une taie sur les yeux. […] Aurier avait, comme romancier, un don assez rare et sans lequel le meilleur roman n’est qu’un recueil de morceaux choisis : il savait ériger en vie un personnage, lui attribuer un caractère absolu et dévoiler logiquement, au cours d’un volume, les phases de ce caractère, non par de vagues analyses, mais par la mise en scène de faits systématiquement choisis pour leur valeur révélatrice : tel, dans Vieux, M.
La scène change, lorsque nous essayons de démêler, dans cette multitude énorme de propriétés, les propriétés fondamentales. […] Ce qui est indépendant et permanent lui semble seul digne d’attention, et désormais, pour peupler la scène de l’être, il met au premier rang cette Possibilité et les autres semblables. — Par contrecoup, il écarte ou laisse de côté comme peu importantes les sensations fugitives ; à force de les omettre, il oublie que les propriétés, les pouvoirs et les forces n’en sont qu’un extrait.
Il cherchait de jolies scènes rustiques, de touchants souvenirs, des sentiments curieux ou purs. […] Le chasseur, l’amateur de la campagne a goûté les petites scènes rurales et les riches peintures de paysage.
Il lui fallait les grandes scènes, les grands auditoires ; il avait besoin d’espace comme tout ce qui veut rayonner de loin. […] Nous lui demandâmes confidentiellement la raison de cette disparition, qui avait contristé un moment la scène.
Ce sujet m’avait paru tout aussi peu que la Bible ou tout autre fondé sur un amour incestueux de nature à être traduit sur la scène ; mais tombant par hasard, comme je lisais les Métamorphoses d’Ovide, sur ce discours éloquent et vraiment divin que Myrrha adresse à sa nourrice, je fondis en larmes, et aussitôt l’idée d’en faire une tragédie passa devant mes yeux comme un éclair. […] XI Le 10 août, qui détrône et emprisonne l’infortuné Louis XVI, force Alfieri à fuir inopinément cette scène de carnage.
Sur la scène du monde, où ce sont cependant les mêmes principes qui s’agitent et qui se combattent, il est bien plus difficile de les discerner ; ils y sont le plus souvent obscurs et douteux, même pour les yeux les plus attentifs. […] Mais dans ces grands corps, qui renferment des multitudes innombrables, et qui ont des ressorts si compliqués, la vie morale est bien plus confuse et bien plus difficile que sur cette scène étroite de la conscience.
., qu’en juin dernier, il en a retiré seize d’un autre qui était sur une sapinette. » Permettez-moi maintenant, et toujours à propos du troglodyte d’Europe, de vous présenter une petite scène dont je dois la description à l’obligeance de mon ami, M. […] VIII Revoyez l’aigle dans une autre scène : L’aigle est né sublime.
Que la lecture en soit interdite à jamais, spécialement dans les endroits où le poëte met en scène des personnes infâmes comme cette vieille damnée, à qui l’on devrait infliger le supplice du pilori. » « L’Éloquence, ajoute Gerson, qui reprend son récit, venait d’achever son discours, quand je sentis l’heure où mon cœur retournait à son ancien état ; et, m’étant levé, je passai dans ma bibliothèque. » 1402, 18 mai. […] Je lui en fais un mérite particulier, parce qu’à chacun des nouveaux personnages qu’il introduit sur la scène, répond ou quelque sentiment vrai omis par ses prédécesseurs, ou quelque nuance mieux observée, ou une gradation plus exacte.
On croit assister à une scène d’Apocalypse quand on la voit défiler dans le dénombrement d’Hérodote, splendide et farouche, horrible et terrible. […] La tragédie grecque n’a pas de scène plus pathétique que l’audience des deux envoyés d’Athènes, consultant l’Apollon de Delphes, — Après avoir sacrifié, ils entrent dans la crypte ou siège la prêtresse, et s’assoient sur le banc, attendant l’oracle.
Et puis la mise en scène est bien faite. […] 14 décembre Une fable me rappelle toujours ces scènes d’animaux empaillés : un duel de grenouilles, une guenon à sa toilette, — qui sont chez les naturalistes.
Une scène s’ensuivait avec le préfet, qui faisait jeter l’artiste à la porte de son cabinet. […] À propos des tendances actuelles de l’Allemagne, il cite un curieux symptôme : la représentation, coup sur coup, de trois pièces de théâtre, montrant la progression du mouvement philosophique, qui dans la première pièce, seulement anticatholique, devient dans la troisième, complètement antireligieux, — et met en scène et ridiculise un prêtre catholique, un ministre protestant, un rabbin.
Les écrivains détraqués se plaisent aussi à décrire des scènes de crime et de sang, tout comme Ribeira, le Caravage et les autres peintres homicides se plaisent dans les représentations horribles. […] Au dix-septième siècle, on tenait le moi pour haïssable ; on reprochait à Montaigne de s’être mis en scène, d’avoir étalé avec complaisance ses qualités et même ses défauts.
La terre est le lieu de la scène, et l’homme est le champ de bataille ; les fléaux sont les personnages. […] Avoir, par peur de Boileau, éteint bien vite le lumineux style de l’Étourdi, avoir, par crainte des prêtres, écrit trop peu de scènes comme le Pauvre de Don Juan, c’est là la lacune de Molière.
Mais pour raconter la scène, il attendit que les conseils de guerre eussent terminé leur œuvre de répression ; il était alors exilé. — Victor Hugo reste toujours le même, au milieu des circonstances les plus diverses : pendant la restauration légitimiste, il insulte Napoléon, qui l’enthousiasme, pendant la réaction bourgeoise, il calomnie les insurgés, dont il admire les actes de délicate probité. […] La mise en scène de sa mort est le couronnement de sa carrière de comédien, si riche en effets savamment machinés.
Eugène Le Roy, dont le premier roman le Moulin du Frau passa inaperçu, mettait en scène des individus « semblables à ces personnes aux manières simples qui sans tant de politesse, montrent leur âme à nu ». […] Ces notes forment un volume, Dans l’ombre chaude de l’Islam ou dans une zouïya marocaine, Isabelle Eberhardt est mise en scène.
L’essai de Crevel témoigne à plusieurs titres d’une inscription passionnée dans le débat d’idées qui divise les milieux littéraires des années vingt, de plus en plus violemment avec l’entrée officielle du Surréalisme sur la scène littéraire et avec, entre autres facteurs déterminants, la Guerre du Rif qui précipite les choix et durcit les clivages idéologiques. […] Or, on est bien au cœur du débat idéologique et littéraire, Crevel faisant à la fois son entrée sur plusieurs scènes : celle du manifeste surréaliste, où l’ont précédé Breton (octobre 1924) et Aragon (Une vague de rêves dans la revue Commerce date également d’octobre 1924) ; celle du débat qui s’aigrit entre NRF et surréalisme après un temps de coexistence pacifique puis de paix armée ; celle de l’engagement politique enfin.
J’en voudrais donner aujourd’hui un exemple en m’occupant d’un personnage qui a été médiocrement remarqué jusqu’ici44, qui n’a été qu’un homme de société et très secondairement en scène, qu’on a rencontré un peu partout, nommé çà et là dans les mémoires du temps, et dont la figure assez effacée n’a guère laissé de souvenir qu’à ceux qui l’ont connu de plus près.
Ampère, dans ses leçons du Collège de France, voulant caractériser ces trois grands moments de l’éloquence de la chaire parmi nous, le moment de la création et de l’installation puissante par Bossuet, le moment du plein développement avec Bourdaloue, et enfin l’époque de l’épanouissement extrême et de la fertilité d’automne sous Massillon, y rattachait les antiques noms devenus symboles qui consacrent les trois grands moments de la scène tragique en Grèce.
De peur qu’elle ne tombât de si haut que le dos de ses bêtes, je le lui ai refusé… » On peut rapprocher ce passage d’un autre qui se lit dans une lettre par lui écrite à la même Mme de Grammont au lendemain des scènes ensanglantées de Blois (1er janvier 1589) : « … Je n’attends que l’heure de ouïr dire que l’on aura envoyé étrangler la feue reine de Navarre.
On entrevoit des parties montées, improvisées, de vraies petites scènes, qui variaient à l’infini cette vie de loisir, ces journées de promenades et d’entretiens.
Mme des Ursins n’a pas à se plaindre ; de même qu’à Mme de Maintenon, les années lui sont favorables : dans ce grand procès de révision qui remet tour à tour en scène et en lumière tous les personnages de son temps, sa réputation n’a point perdu ; elle a plutôt gagné en s’éclairant, et l’on peut dire qu’elle est aujourd’hui dans son plein.
Ce qui est certain, c’est que tous les honneurs de la contenance et du courage, dans ces scènes à la fois atroces et grotesques, sont pour la charmante et généreuse femme qui risque vingt fois sa vie en le cachant.
Écoutez ; « Tout se prépare pour un changement de scène, et pour moi je crois toucher à la catastrophe de ce drame terrible. » (30 avril 1825.)
Quant à la personne même qui les a écrites, Saint-Simon, si sévère, si injuste pour l’illustre maréchal, son fils, a tracé d’elle, dans sa vieillesse, un portrait unique : « Cette marquise, nous dit-il, était une bonne petite femme sèche, vive, méchante comme un serpent, de l’esprit comme un démon, d’excellente compagnie, qui avait passé sa vie jusqu’au dernier bout dans les meilleures et les plus choisies de la Cour et du grand monde, et qui conseillait toujours « son fils de ne point donner de scènes au monde sur sa femme, de se vanter au roi tant qu’il pourrait, mais de jamais ne parler de soi à personne.
On en jugera par la scène du bain de Léda et par les jeux, si habilement exprimés, auxquels se livrent ses compagnes en nageant près d’elle : LEDA.
Depuis lors, j’en ai reçu d’autres, mais au sujet desquelles je n’ai pas cru utile d’importuner Votre Seigneurie, parce qu’à peu de chose près, elles disaient ce que contenaient les précédentes, parlant de la crainte qu’inspirent les Jacobins, leur nombre et leur influence ; du danger, s’ils l’emportent, de voir se renouveler les scènes révolutionnaires à l’intérieur, et leurs efforts employés à exciter des commotions au dehors.
Indépendamment des grands seigneurs et des gens de qualité qui occupaient la scène et tramaient intrigue sur intrigue, taillant sans pitié dans la chose publique, il y avait des bourgeois malins, sages et prudents, restés dans leur coin à observer.
Dans les traductions faites en Allemagne pour la scène, on fait du fils un parent ; tout est affaibli et perd son sens.
Ainsi finit cette scène à Pau, mais elle eut du retentissement à la Cour ; car l’ayant mandé à M. le chancelier, il en fit rire le roi ; mais en même temps il y eut un ordre expédié, portant que M. de Cazaux viendrait rendre compte.au roi de ses actions. » Nous ne pouvons que faire comme Louis XIV, et, tout en blâmant le sieur de Gazaux, rire aussi de sa facétie gasconne et de cette riposte à brûle-pourpoint au coup de pistolet à bout portant de l’évêque.
Dès la première séance (7 octobre), après le discours fort sage de Louis XVIII, M. de Vaublanc, faisant l’appel des députés, prit sur lui d’omettre le nom de Fouché, duc d’Otrante, nommé à Melun ; et comme quelques personnes lui témoignaient leur étonnement de cette omission arbitraire, il répondit : « qu’il devait éviter tout ce qui pouvait amener des scènes violentes dans la Chambre ; que le seul nom prononcé aurait produit ces mouvements malgré la présence du roi, et qu’il avait rempli son devoir en ne le prononçant pas. » On put entrevoir les dispositions de la nouvelle Chambre à cette circonstance encore que, pendant l’appel, un député du Midi, M.
On entend le bruit de la vague qui nous dit que nous passons, et l’on jette un regard sur la scène variée du rivage qui s’enfuit. » Ces charmants passages de Ducis m’en rappellent de tout pareils dans les lettres de Béranger : même philosophie riante et résignée, mêmes images poétiques à la fois et naturelles ; mais, chez Ducis le tragique, il s’y mêle bientôt des tons plus sombres et qui montent.
Il a dans la pensée un type de théâtre à lui, une scène idéale de magnificence et d’éclat, de poésie en vers, de style orné et rehaussé d’images, de passion et de fantaisie luxuriante, d’enchantement perpétuel et de féerie ; il y admet la convention, le masque, le chant, la cadence et la déclamation quand ce sont des vers, la décoration fréquente et renouvelée, un mélange brillant, grandiose, capricieux et animé, qui est le contraire de la réalité et de la prose : et le voilà obligé de juger des tragédies modernes qui ne ressemblent plus au Cid et qui se ressemblent toutes, des comédies applaudies du public, et qui ne lui semblent, à lui, que « des opéras-comiques en cinq actes, sans couplets et sans airs » ; ou bien de vrais opéras-comiques en vogue, « d’une musique agréable et légère, mais qui lui semble tourner trop au quadrille. » Il n’est pas de l’avis du public, et il est obligé dans ses jugements de compter avec le public.
J’accorde tout à fait que, « dès qu’on ouvre Homère, on se sent transporté dans le monde de l’instinct » ; qu’on sent qu’on a affaire à des passions du monde enfant ou adolescent ; que lorsqu’on se laisser aller au courant de ces poèmes, « c’est moins encore telle ou telle scène qui nous émeut, que le ton général et, en quelque sorte, l’air qu’on y respire et qui nous enivre. » J’accorde que « les descriptions d’Homère n’étant que des copies des impressions les plus générales, nous nous trouvons en face de ces descriptions dans la même situation qu’en face de la nature », c’est-à-dire d’un objet et d’un spectacle inépuisable : « Il est dès lors facile de comprendre pourquoi on peut toujours relire Homère sans se lasser.
Les événements de Février dessinèrent vivement le rôle de M. de Girardin comme sentinelle avancée, et le montrèrent pendant les premiers mois toujours en scène, sur le qui vive !
Ces hommes de talent et d’ambition qui, la plupart, depuis l’Assemblée législative avaient déjà tâté de la vie politique et étaient chaque jour en scène, avaient des engagements pris, des liaisons, des antipathies vives, des amis et des ennemis déclarés : lui, il arrivait sur le grand théâtre, à l’état abstrait, pour ainsi dire, neuf, pur du moins de toute prévention personnelle, et l’on peut dire qu’à cet égard il offrait table rase.
et par quelle suite laborieuse et lente d’inventions, de hasards heureux, d’industrie et de luttes, par quelles horribles scènes d’entre-mangeries et de massacres, il a dû commencer à se frayer la route, à déblayer et à marquer sa place sur cette terre humide encore et à peine habitable, dont il sera un jour le roi !
Oui, tôt ou tard le milieu s’impose : telle scène, tels acteurs.
Quand la nature crée un homme supérieur et d’une supériorité de premier ordre, quand elle l’a fondu et coulé tout d’un jet dans un de ses plus beaux moules humains, si cet homme, après avoir fourni sa grande carrière, tombe ou sort de la scène dans la plénitude de la vie et de ses facultés, sans que la maladie ou l’âge soit venu l’altérer ou l’affaiblir, il est bien clair qu’il est et qu’il a dû rester le même pendant toute cette durée de son rôle actif, que les événements n’ont fait que le produire, un peu plus tôt ; un peu plus tard, sous ses aspects différents, le montrer et le développer plus ou moins dans quelques-unes de ses dispositions naturelles et donner occasion à ses qualités ou à ses défauts primitifs de se manifester dans tout leur relief ou même dans leur exagération ; mais il y avait en lui, dès le principe, le germe et remboîtement de tout ce qui est sorti.
Et, par exemple, si je veux définir la manière de tel historien moderne qui, à force de dramatiser l’histoire, l’a énervée ; qui, en peignant les hommes de la Révolution, les a décrits dans un détail minutieux et impossible, comme Balzac fait pour ses héros de roman ; si, parlant de cet historien, je dis : « L… (Lamartine), dans son Histoire de la Révolution et dans les scènes qu’il y retrace, ne se contente pas d’exciter les sentiments de pitié ou d’indignation, il ébranle les nerfs ; il ne se contente pas d’émouvoir, il veut émotionner » ; — eh bien !
Talleyrand d’ailleurs employa toutes les ressources d’un esprit souple et insinuant pour se concilier un suffrage qu’il lui importait de captiver20. » Par son action et ses démarches auprès des principaux personnages en jeu, auprès des partants et des arrivants, Sieyès et Barras, par son habile entremise à Paris dans la journée du 18, par ses avis et sa présence à Saint-Cloud le 19 au moment décisif, par son sang-froid qu’il ne perdit pas un instant, il avait rendu les plus grands services à la cause consulaire : aussi, les Consuls à peine installés, il fut appelé au Luxembourg avec Rœderer et Volney, et « tous trois reçurent collectivement de Bonaparte, au nom de la patrie, des remerciements pour le zèle qu’ils avaient mis à faire réussir la nouvelle révolution21. » Une grande carrière commençait pour Talleyrand avec te siècle : c’est sa période la plus brillante, et une fois introduit sur la scène dans le premier rôle, il ne la quitta plus, même lorsqu’il parut s’éclipser et faire le mort par moments.
Hugo a donné à la fois les plus belles marques de son génie lyrique dans les Feuilles d’Automne, et de son talent de prosateur dans sa Notre-Dame de Paris ; Marion Delorme aussi (une œuvre dramatique véritable) n’a paru à la scène que depuis 1830.
La folie causée par le malheur, ce cruel tableau de la nature physique, troublée par les souffrances de l’âme, ce puissant moyen d’émotion, dont Shakespeare a tiré le premier des scènes si déchirantes, les Romains n’y auraient vu que la dégradation de l’homme.
CXLVII, résumé. « Un lecteur sage s’apercevra aisément qu’il ne doit croire que les grands événements qui ont quelque vraisemblance, et regarder en pitié toutes les fables dont le fanatisme, l’esprit romanesque, la crédulité ont chargé dans tous les temps la scène du monde. » 340.
Qu’on suive Pantagruel dans son tour de France : on verra comment Rabelais fait ressortir les choses d’un trait bref, avec quelle vigueur il enlève en trois mots une esquisse : au contraire, dans les amples scènes du roman, dans les discours étalés et les larges dialogues, dans la harangue de Janotus, dans les propos des buveurs, dans le marché de Panurge et Dindenaut, dans la défense du clos de l’abbaye ou dans cette étourdissante tempête, on sera confondu de la patience et de la verve tout à la fois avec lesquelles Rabelais suit le dessin de la réalité dans ses plus légers accidents et ses plus baroques caprices.
Il employa son existence à rééditer dix sonnets, six poèmes en vers un peu plus étendus, quinze poèmes en prose, une scène de tragédie et quelques fragments théoriques.
L’actrice qui excellait à l’exprimer sur la scène, et qui passait même pour l’inspirer à l’auteur, était la Champmeslé, comédienne excellente, mais courtisane dangereuse qui avait séduit le jeune Sévigné, dont elle dérangeait la fortune, en donnant des soupers où Racine et Boileau se trouvaient.
J’analysais et je donnais les principales scènes, de manière à pouvoir faire connaître, chaque fois, toute une pièce. — L’effet a toujours été très grand.
Voilà le Chaulieu tel que nous le concevons et que nous l’aimons, celui qui, pour nous charmer, a besoin lui-même d’un peu de cette illusion qui nous dérobe l’arrière-fond de la scène et les coulisses de toutes choses.
Les principales scènes s’y passent dans le canton d’Appenzell, chez un pasteur protestant.
Ici la scène change.
Dès les premiers jours, la plupart des Conventionnels restés dans les Conseils regardaient ouvertement les nouveaux nommés comme des intrus et des ennemis ; ils semaient autour d’eux les soupçons et les calomnies pour les décréditer du moins, ne pouvant les éliminer : « Ceci débute mal, dit tout haut Portalis présent à ces scènes : si les Jacobins ont le pouvoir de nous chasser d’ici, nous n’y resterons pas longtemps. » Il y resta assez, durant deux années, pour y fonder sa réputation d’orateur social, fidèle à tous les principes de modération et d’humanité.
Parlant de la dévastation de Saint-Germain-l’Auxerrois, du sac de l’Archevêché, signalant la faiblesse de conduite et de langage des organes de la force publique, il en déplorait l’abaissement : Pour calmer l’émeute, disait-il, on s’humilie devant elle… Une république fondée sur les lois, la république du Consulat, par exemple, ne s’accommoderait pas du désordre, et l’étrange monarchie conçue par les centres de la Chambre, la monarchie attendant des lois et n’osant en faire, s’arrange de ces déplorables scènes
Racine rejetait tout, excepté deux ou trois scènes des Choéphores, amnistiées par une note en marge de son exemplaire d’Eschyle.
De toutes ces scènes, de tous ces tableaux, — qui passent un peu trop comme les paysages vus d’un wagon, — il y en a pourtant quelques-uns qui frappent.
En second lieu, la transformation de l’art s’est accomplie par l’entrée en scène de la lumière.
Enfin elle est aussi dramatique ; n’a-t-on pas dit que la farce est un « fabliau mis à la scène » ?
Jouffroy s’acharna à ses recherches ; peu importait le pays, le rang, la santé, à celui que poursuivait et remplissait une idée fixe et unique ; tous les accidents de la scène et de la décoration extérieure glissaient sur lui sans le pénétrer.
Bien plus, Pope lui-même fut parmi ceux qui prédisaient que Caton ne réussirait jamais sur la scène, et il engagea Addison à l’imprimer, sans risquer une représentation. […] Là, Siddons, dans toute la fleur de sa majestueuse beauté, regardait avec émotion une scène qui surpassait toutes les imitations du théâtre. […] Heureusement pour nous, il redevient enfin narrateur ; les menus détails qu’il choisit alors fixent l’attention et mettent la scène sous les yeux.
N’oublions pas qu’il y avait trente ans que Sully était sur la scène, et vingt ans qu’il figurait dans les hauts emplois : il n’est pas donné aux hommes de se renouveler à volonté et de s’éterniser. « Le temps des rois est passé, et celui des grands et princes est revenu », c’était le cri universel dans les cabales du Louvre : Sully ne pouvait en être, et il n’était pas en mesure d’en triompher.
[NdA] C’est un vers de Voltaire dans L’Enfant prodigue, acte IV, scène 3e.
Bourdaloue parut, et, sous sa forme grave, il eut un à-propos, une adresse, une justesse d’application qui fit que toutes ces passions en scène se reconnurent, que toutes ces sensibilités tressaillirent, et que la doctrine théologique rivale eut désormais un adversaire digne d’elle, un émule et parfois un juge.
La discorde qui se mit entre ses parents au sujet de son mariage et de celui de son frère, l’égoïsme et le petit génie de la reine leur mère, les violences et les crédulités fabuleuses du roi leur père, en amenant d’horribles scènes domestiques, forcèrent la princesse Wilhelmine à faire de bonne heure les plus tristes et les plus solides réflexions, et la mûrirent avant l’âge.
Jetez un vaisseau en péril sur cette scène de la mer, tout change : on ne voit plus que le vaisseau.
Rousset nous montre ce prince, dès son entrée en scène, infatué de sa grandeur, d’un immense égoïsme « qui absorbait, dit-il, tout le royaume en lui-même.
La première scène se passe, j’en demande bien pardon pourtant aux amateurs de l’idéal, dans un omnibus, — oui, dans un omnibus : « Un de ces soirs, dit l’auteur, le Diable, après avoir corrigé dans quelque imprimerie la trente-septième édition de ses Mémoires par M.
Tandis que Corneille redouble et produit sur la scène cette série de chefs-d’œuvre grandioses et trop inégaux, l’éducation des esprits se poursuit concurremment et se continue de moins haut par les romans des Gomberville, des Scudéry, par les traductions de d’Ablancourt, par les lettres des successeurs et des émules de Balzac et de Voiture, par les écrits théologiques d’Arnauld et de Messieurs de Port-Royal : — autant d’instituteurs du goût public, chacun dans sa ligne et à son moment.
Toute la noblesse s’émut de cette scène blessante ; la duchesse elle-même ne put s’empêcher de se plaindre de n’avoir pas été prévenue.
Il a excellé à nous rendre le théâtre anglais du xvie siècle, cette scène et cet auditoire tumultueux, mélangés, faits l’un pour l’autre, cette pléiade de vigoureux dramaturges dont Shakespeare n’a été que le plus grand et qui compte les Marlowe, les Massinger, les Ford, les Webster et autres.
Mais la Révolution vint ; le cadre s’élargit, la scène s’embrasa, tous les souffles se déchaînèrent ; le milieu favorable aux passions était trouvé.
» Dans toutes ces scènes qu’elle a commencé à nous décrire, à partir des Horizons prochains, et où la nature occupe le premier plan, mais où les humains ne sont pas oubliés ; dans toutes les courses et promenades qu’elle fait par monts et par vaux, en rayonnant tout à l’entour ; chez toutes ces bonnes gens qu’elle visite, vignerons, bûcherons, vachers, tuiliers et autres, tous les Jacques et les Jean-Pierre des environs, — et la mère Salomé la rebouteuse, — et Marguerite la désespérée, qui craint d’avoir commis le seul péché sans pardon, le péché contre le Saint-Esprit, — et une autre Marguerite, celle à Jean-Pierre, une Baucis sèche et fervente de quatre-vingt-sept ans, — dans toutes ces historiettes à conclusion édifiante, Mme de Gasparin a fait la Légende Dorée du protestantisme, légende très-modernisée, rehaussée et enluminée, à la mode du jour, de couleurs très-réelles, et présentée sous forme de mœurs populaires ; mais le protestantisme y est, il y revient bon gré, mal gré, il ne souffre jamais qu’on le perde de vue, et l’on pourrait intituler cet ensemble de volumes déjà si variés : le protestantisme dans la nature et dans l’art au xixe siècle.
Chez lui, l’imagination et le sentiment entrent volontiers en scène et finissent bientôt par l’emporter : il y a un moment où il laisse la méthode exacte et où il s’abandonne à l’enthousiasme.
Revenu sur la scène, maréchal de France en 1734, il servit bien en Italie l’année suivante et réussit contre les Impériaux, de concert avec des alliés ombrageux et par une combinaison de qualités tant militaires que diplomatiques : ce mélange de talents était son fort.
Il fut fort question de cela pendant l’année 1743 ; mais il y avait encore à choisir l’instant et à préparer cette entrée en scène.
Cette insolente promenade fut marquée par des scènes d’insulte et de voies de fait ; elle ne put se renouveler le lendemain.
La troisième scène commence avec l’Angelus du matin des noces : De la cloche, à la fin, neuf petits coups s’entendent, Et l’aube blanchissante, arrivant lentement, Trouve dans deux maisons deux filles qui l’attendent ; Combien différemment !
Dans le chant que met André Chénier sur les lèvres d’Homère, il assemble toute une série de grands sujets, et tandis que se déploie devant nous ce riche canevas, ce tissu des saintes mélodies, on y reconnaît et on se rappelle successivement, tantôt le chant de Silène dans l’églogue vie de Virgile, tantôt le bouclier d’Achille et les diverses scènes qui y sont représentées, puis encore des allusions à diverses circonstances de l’Odyssée ; mais, vers la fin du chant, le combat des Centaures et des Lapithes prend le dessus, et tout d’un coup on y assiste.
Molière, Princesse d’Élide, acte I, scène I.
…………………………………………………………………………………………………………… J’aurais voulu assister à cette scène de retour et de l’amour dans cette solitude ; puis, je réfléchis que le bonheur suprême a ses mystères comme les extrêmes douleurs que rien ne doit profaner à de tels moments et à de tels retours que l’œil de Dieu ; que je gênerais involontairement, malgré moi, l’échange de sentiments et de pensées qui allaient précipiter ce beau jeune homme des bras de sa sposa aux bras de son oncle et de sa mère dans des paroles et dans des silences que ma présence intimiderait et qui ne retrouveraient plus jamais l’occasion de se rencontrer dans la vie.
Hugo écrit : Vos régiments, pareils à l’hydre qui serpente, Vos Austerlitz tonnants, vos Lutzen, vos Lépante, Vos Iena sonnant du clairon, Vos camps pleins de tambours que la mort pâle éveille Passent pendant qu’il (Dieu) songe, et font à son oreille Le même bruit qu’un moucheron ; l’esprit, n’ayant besoin d’aucun effort pour ramener l’idée du mot propre, les batailles et les victoires, n’ayant même pas à repasser par ce mot propre, s’abandonne tout entier à l’impression de la figure, et l’imagination voit défiler toutes les scènes terribles ou glorieuses que ces grands noms font surgir de la mémoire.
On se rappelle une scène semblable dans un mélo d’il y a trois ou quatre ans.
C’est d’abord qu’on est là presque toujours en scène.
Tel est le cas du mensonge de groupe mis sur la scène par Ibsen dans son Ennemi du peuple.
Tu t’occupes de l’affaire Dreyfus ; aussitôt l’affaire Dreyfus devient « un drame géant » qui te « semble mis en scène par quelque dramaturge sublime, désireux d’en faire un chef-d’œuvre incomparable ».
Ces portions que j’appelle vraiment belles et inexpugnables, ce sera René, quelques scènes d’Atala, le récit d’Eudore, la peinture de la campagne romaine, de beaux tableaux dans l’Itinéraire ; des pages politiques et surtout polémiques s’y joindront.
Seulement, sans se donner trop de peine, il remportait tous les prix à la fin de l’année ; il avait sa tragédie sur le chantier, comme tout bon rhétoricien ; il jouait des scènes d’Iphigénie avec un de ses camarades, aujourd’hui professeur de droit à Dijon, tous deux (l’Achille et l’Agamemnon) habillés en fantassins de ligne, et y allant bon jeu, bon argent.
À la fois auteur, acteur, metteur en scène, il était l’âme des divertissements de la société.
Quand il parle de Versailles, Perrault a toute la fierté légitime de celui qui fut le bras droit de Colbert dans les bâtiments ; c’est à Versailles qu’il place la scène de ses dialogues ; c’est sur le grand escalier qu’il croit mieux démontrer l’irrésistible triomphe de son opinion.
Il fait plus, il remonte aux heures qui ont précédé ; il suit le malheureux dans ses derniers instants, dans ses lents préparatifs ; il nous fait assister à la lutte et à l’agonie qui a dû précéder l’acte désespéré ; il y a là une scène de réalité secrète, admirablement ressaisie : Quand on a bien connu ce faible et excellent jeune homme, on se le figure hésitant jusqu’à sa dernière minute, demandant grâce encore à sa destinée, même après avoir écrit quinze fois qu’il s’est condamné, et qu’il ne peut plus vivre.
Vers la fin et dans la scène déchirante de la tempête, Bernardin de Saint-Pierre a montré que son pinceau avait, quand il le voulait, les teintes fortes et sobres, et qu’il savait peindre la nature dans la sublimité de ses horreurs comme dans ses beautés.
Mme de Sévigné nous a fait le récit d’un dîner où Boileau, aux prises avec un jésuite au sujet de Pascal, donna, aux dépens du père, une scène d’excellente et naïve comédie.
Lorsqu’il eut été nommé secrétaire général des Suisses, place qui, à elle seule, rapportait au moins 20 000 livres (janvier 1768), on vit, peu de jours après, dans un des bals du carnaval, un grand homme maigre, sec, dégingandé, qui le représentait en caricature, masqué et à moitié costumé en suisse, avec une calotte et un manteau noir ; et une scène se joua entre un compère et le masque : « Qu’est-ce que cela, beau masque ?
» Ce c’était moi, répété plusieurs fois et sur plus d’un ton, devient comique comme un mot de la farce de Patelin ou d’une scène de Regnard : mais il y a très peu de ces mots-là dans les contes de Marguerite.
Je sais que, tout en donnant, comme il dit, « ce métier à tous les diables », il convient cependant qu’il le fait volontiers ; mais, d’un autre côté, il est sincère, il n’est pas dans le faux quand il ajoute : « Si j’avais le choix, j’avoue que je préférerais d’être le spectateur de ces scènes dont je suis acteur bien malgré moi. » Pendant ces premières guerres de Silésie, ce n’est pas malgré lui qu’il est acteur, il ne l’est que parce qu’il l’a voulu.
C’était une scène de comédie du plus haut comique.
De même, l’œuvre plus restreint de Murger peut se ranger tout entier sous celui-ci : Scènes de la vie de Bohême.
Les êtres surnaturels se distinguent par les traits, le caractère, les mœurs, l’apparence physique que leur prête l’imagination des conteurs ; les hommes d’après leurs professions, certaines de celles-ci étant plus souvent mises en scène que les autres66.
Chacun, selon son tempérament, par le livre, sur la scène ou avec le journal, eût concouru à former dans le domaine de l’éducation, cette synthèse d’action révolutionnaire sans laquelle on ne peut réaliser que de rares progrès partiels. » J’en fus tout simplement pour mes frais d’imagination.
Quelle belle et dramatique scène il a oublié de nous écrire, lui qui nous en a écrit de si belles, et cela parce qu’il avait un mal caché, un mal qui l’humiliait, son infirmité secrète !
L’auteur, qui est poète, entend admirablement les mises en scène de son idée.
Imagination qui n’est pas de force à se passer d’avoir vu, Brizeux aurait-il vu les scènes grandioses qu’il ne devine pas, qu’il n’aurait pas de langage pour les décrire.
L’abaissement où ils réduisent les personnalités collectives met en valeur les hommes mêmes et prépare cette grande révolution dans les idées qui fait passer l’individu au premier plan de la scène politique.
À l’instant la scène change.
Je vois d’ici la scène ; les gens frappaient à la porte de M.
Autres essais de poésie lyrique à Rome en dehors de la scène, mais toujours à l’exemple des Grecs. — Art savant de Catulle. — Lucrèce.
On y trouve presque tous les noms des personnages illustres qui ont traversé la scène depuis soixante-quinze ans. […] Relire toute la première scène du Misanthrope, qui épuise la question. […] Vous avez voulu vous épargner une scène… Mais, pardon ! Je vous suppose un homme de caractère, à qui une scène conjugale est parfaitement indifférente. […] Le mari que j’imaginais tout à l’heure et qui fait un mensonge à sa femme, non pas parce qu’il a peur d’une scène et pour se l’épargner, mais par simple bonté et délicatesse charmante à l’endroit de sa femme, ce mari-là n’existe pas.
Le ferme optimisme céleste et les inconséquences du Tout-Puissant sont les prétextes de scènes où il a parodié avec art le lyrisme biblique ou bien raillé avec élégance les faiblesses humaines. […] Renan » (d’une si reconnaissante impertinence) ne se trouvent plus aujourd’hui ; tout auprès, les grandes fresques du « Roman de l’énergie nationale » qu’encadrent la rude satire de la « Journée parlementaire » et ce livre, vieux de quelques mois seulement, où la vie publique de ces derniers temps est peinte en traits dignes de ses passions et de ses drames (les Scènes et doctrines du nationalisme) ; enfin, sautant les années, notre amateur voudrait apparier un volume qui est de 1894, — « Du Sang, de la Volupté et de la Mort », — à un autre qui est paru d’hier et dont le titre répète à peu près le premier, mais avec des syllabes plus graves, presque liturgiques : « Amori et dolori sacrum ». […] Auprès, sur la table, bombait le ventre marqueté d’un instrument de musique et, de la panse d’un vase de Chine, s’élançaient les tiges menues d’un bouquet de tulipes panachées. » Vous voyez la scène : il en est pendu de pareilles aux murs de tous les musées d’Europe. […] Dans « Mademoiselle Cloque », dans « la Becquée », il avait dessein de peindre « les scènes et les figures communes à la famille provinciale française qui a élevé les hommes âgés aujourd’hui d’environ trente ans. » Un succès légitime a accueilli ces romans de mœurs qui, échappant tout à fait à la formule naturaliste, n’en sont pas moins animés d’un fort sentiment du naturel et où l’observation s’avive de beaucoup d’esprit et de malice. […] Les personnes qui aiment la lanterne magique, ou, pour prendre une comparaison plus moderne, le cinématographe et ses scènes trépidantes et brèves, pourront se plaire à l’infinie succession de petits tableaux qui composent « l’Associée ».
La colère égarait Napoléon dans cette scène ; il voulait prouver à M. de Talleyrand qu’il avait été son complice à Bayonne, et il prouvait qu’il avait été son antagoniste dans ce détrônement de Madrid. […] XL M. de Talleyrand, après ce dernier conseil vraiment diplomatique donné loyalement à Napoléon, disparut de la scène d’action.
Tous les témoins de cette scène lui donnèrent tort à haute voix, le regardant comme un grossier qu’il était, et faisant l’éloge de ma franchise. […] Le pape Clément, qui avait vu mon vase, rit beaucoup de cette scène qui lui fut rapportée, et déclara hautement qu’il me voulait beaucoup de bien ; ce qui rabattit beaucoup la fierté de mon Espagnol.
La misère domestique vient gémir dans ses vers à côté des élans d’une noble âme et causer ce contraste pénible qu’on retrouve dans certaines scènes de Shakespeare, qui excite notre pitié, mais non pas une émotion plus sublime. […] « “En tout, le paysage du domaine de Virgile était doux, d’une douceur un peu pâle et stagnante, de peu de caractère, peu propre à exciter de sublimes émotions ou à suggérer de vives images ; mais le poète avait vécu de bonne heure au milieu des grandes scènes du Vésuve ; et, même alors, s’il étendait ses courses un peu au-delà des limites de son domaine, il pouvait visiter, d’un côté, le cours grandiose du rapide et majestueux Éridan, ce roi des fleuves, et, de l’autre côté, la Bénaque, qui présente par moments l’image de l’Océan agité.
L’intérêt y est soutenu, vif, croissant ; la dernière scène, celle du massacre mutuel des deux armées dans la salle d’Etzel est comparable aux scènes les plus funèbres d’Homère dans le palais de Pénélope ; la vengeance d’une seule femme, Kriemhilt, égale la pudeur vengeresse de l’épouse d’Ulysse.
Les acteurs parlent au présent et, dans sa vie vivante, c’est toujours au présent que l’œuvre se déroule sous nos yeux, suite symphonique de tableaux que la logique des péripéties et du dénouement relie avec certitude à la première scène. […] Je ne parle pas de la valeur artistique ni même de la sincérité des opéras et des drames qui ont transporté sur la scène l’histoire de la Passion et les vieux mystères chrétiens : j’insiste seulement sur le sens du fait en lui-même.
Swift avait fait reculer de 13 années l’émission indispensable d’une monnaie de cuivre en Irlande, mais il était apparu de nouveau sur la scène, plus important et plus redouté que jamais. […] La verve de Swift s’épanche encore dans cette brillante satire, écrite sur sa propre mort55 ; amer développement de cette maxime de La Rochefoucauld : « Dans l’adversité de nos meilleurs amis, nous trouvons toujours quelque chose qui ne nous déplaît pas. » Il met en scène, avec une vivacité admirable, ses amis, ses ennemis, les indifférents parlant sur sa mort, et jamais comédie n’eut plus de vraisemblance ni une plus sombre gaîté.
On pouvait en être le Saint-Simon ou le Suétone : — abonder de détails, les dénuder, les faire saillir, les rougir de cette flamme de l’indignation, qui est à l’horizon moral de l’histoire ce qu’est, à l’horizon physique de leurs tableaux, cette pourpre sanglante sur le fond de laquelle les_ peintres détachent mieux quelque scène criminelle et tragique ; — ou bien on pouvait, comme Tacite, aspirer à la sobriété hautaine, au choix supérieur qui suffit pour montrer tout sans rien étaler, à cette concentration terrible qui fait du style et de la pensée un acide qui perce et dissout. […] En effet, — et nous insistons sur ce point, parce qu’il a des conséquences de vérité inattendue pour l’histoire qui nous semblent plus importantes à reconnaître que le mérite de Cassagnac, — ce qui distingue et classera véritablement à part le nouvel ouvrage de l’éminent écrivain, c’est ce qui avait tant frappé d’abord dans l’Histoire des causes de la Révolution française : la faculté d’écarter tous les attirails, tous les oripeaux, toutes les mises en scène des partis, pour arriver jusqu’à l’homme exagéré ou menti, jusqu’à l’intrus dans la gloire ou le respect des hommes, — et l’en arracher !
Un autre exemple, d’un genre différent : au milieu des atrocités, souvent sadiques, de La Nave, il y a une scène consacrée à la gloire de Venise et de la marine italienne (sujet très cher à D’Annunzio) ; c’est la prophétie de la diaconesse Ema (dans le troisième épisode). […] L’abus étrange qu’il fait, au théâtre, du lyrisme, des redondances, des pures sonorités verbales, est facile à constater partout ; je ne citerai que la première page de la première scène de La Nave : (Nous sommes sur une place, dans la Venise du moyen âge ; des ouvriers travaillent à la Basilique ; on lance un navire).
Cette remarque est fondamentale pour qui aborde l’histoire et les grandes figures qui y sont en scène.
Ceux qui voudront ajouter foi à un récit qui fut sans doute inventé ou tout au moins brodé par la malignité, pourront y trouver une confirmation dans ces Mémoires, par la manière tout exaltée et tendre dont il est parlé de Mme de Castelmoron : cependant ils n’y trouveront que bien peu de chose sur les défauts de Mme Du Deffand qui sont l’autre moitié de la scène.
[NdA] Ce sont des mots de Térence, acte iii, scène 1ère de L’Eunuque.
Il était réellement sous le charme : il l’admirait, il la proclamait sublimée, il la trouvait belle ; il se plaît, dans ses lettres à Falkener, à donner son adresse chez elle, au château de Cirey : « Là, disait-il, vit une jeune dame, la marquise du Châtelet, à qui j’ai appris l’anglais, etc. » Trois choses pourtant me gâtent Cirey, a dit un fin observateur : — d’abord, cette manie de géométrie et de physique qui allait très peu à Voltaire, qui n’était chez lui qu’une imitation de la marquise, et par laquelle il se détournait de sa vocation vraie et des heureux domaines où il était maître ; — en second lieu ces scènes orageuses, ces querelles de ménage soudaines, rapides mais burlesques, dont nous sommes, bon gré mal gré, informés, et qui faisaient dire à un critique de nos jours qu’il n’aurait jamais cru que l’expression à couteaux tirés fût si près de n’être pas une métaphore ; — en troisième lieu, cette impossibilité pour Voltaire, même châtelain, même amoureux, même physicien et géomètre de rencontre, de n’être pas un homme de lettres depuis le bout des nerfs jusqu’à la moelle des os ; et dès lors ses démêlés avec les libraires, ses insomnies et ses agitations extraordinaires au sujet des copies de La Pucelle (voir là-dessus les lettres de Mme de Grafigny), ses fureurs et ses cris de possédé contre Desfontaines et les pamphlets de Paris.
En 1811, âgé de quarante-cinq ans, et plus lassé ou plus attentif que beaucoup d’autres, sentant la vie se décolorer et la scène intérieure pâlir, il se demandait avec tristesse si c’était là tout, si cette décroissance et cette décadence déjà sensible ne ferait que marcher plus ou moins vite, et s’il fallait se résigner, même dans l’ordre de l’esprit, à cette diminution physique et fatale de tout l’être.
lui qui croit sentir mieux que Mirabeau ce que c’est que l’ambition et la grande, ce que c’est qu’être acteur tout de bon dans ce monde ; qui ne ferait pas fi de cette scène de la Cour s’il y était ; qui ne verrait dans ce Versailles même qu’un vaste champ ouvert à ses talents de toute sorte, y compris l’insinuation et le manège (l’honnête manège, comme il l’entend et dont il se pique avec un reste d’ingénuité), il éclate et tire le rideau de devant son cœur, par une admirable lettre, qui sera suivie de plusieurs autres pareilles ; de sorte que Mirabeau, arrivé en cela à ses fins, a raison de s’écrier : « Ne vous lassez pas de m’en écrire… Je vous aurai par morceaux, mon cher Vauvenargues, et quelque jour je vous montrerai tout entier à vous-même. » Ces lettres, en effet, qui sont mieux que des pages d’écrivain, manifestent l’âme même de l’homme, l’âme virile dans sa richesse première et à l’heure de son entrée en maturité.
iv de Lucrèce, dans le passage célèbre que Molière, a imité acte ii, scène 5, du Misanthrope.
Un autre tableau, placé près du premier, nous la montrerait encore en plein règne, à l’Ile-Adam, à cheval sur le devant de la scène, en amazone, pendant une chasse au cerf, au milieu d’un grand nombre de gentilshommes et de dames à cheval également.
Le rôle de spectateur désintéressé était évidemment le meilleur ; c’était celui de l’abbé Legendre : « Tant que dura, dit-il, cette comédie dont je connaissais les acteurs, le plaisir que j’avais les après-dîners d’en apprendre les scènes nouvelles aidait à me délasser du travail sérieux du matin. » Quelques années après, lors de la querelle des Anciens et des Modernes, qui s’émut à l’occasion du poème du Siècle de Louis le Grand, lu par Perrault à l’Académie, en 1687, M. de Harlay ne pensa plus à rétablir la paix et l’union parmi ses confrères ; mais il s’amusa à faire traiter devant lui la question ; il fit plaider le pour et le contre par deux avocats d’office qu’il désigna : Martignac, ancien précepteur de son neveu, et l’abbé de La Vau.
Paul-Louis Courier, en le mettant en scène comme il a fait dans son fameux dialogue (Conversation chez la comtesse d’Albany, à Naples, le 2 mars 1812), l’a immortalisé.
Il s’agit des confidents de tragédie : « On fait encore, dit Schlegel, un grand mérite à Alfieri d’avoir su se passer de confidents, et c’est en cela surtout qu’on trouve qu’il a perfectionné le système français ; peut-être ne pouvait-il pas mieux souffrir les chambellans et les dames d’honneur sur la scène que dans la réalité. » Il est difficile de ne pas voir là une allusion plus ou moins directe à la petite Cour de la comtesse d’Albany et de Charles-Édouard.
… » C’est à elle de parler, de raconter tout ce voyage avec les impressions qu’elle y mêle et avec cette vivacité, ce mouvement de jeune fille qui était alors une des grâces et l’un des enchantements de sa personne : « Les grandes scènes ont commencé au Rhin ; on m’a conduite dans une île où j’aurais été bien heureuse d’être un peu seule comme Robinson pour me recueillir, mais on ne m’en a pas laissé la liberté ; on m’a comme emportée dans une maisonnette dont un côté était censé l’Allemagne, l’autre la France ; à peine m’a-t-on laissé le temps de faire une prière et de penser à notre bonne chère maman et à vous tous, mes bien-aimés du petit cabinet ; les femmes se sont emparées de moi, — m’ont changée des pieds à la tête. — Après cela, sans me laisser respirer, on a passé dans une grande salle, on a ouvert le côté de France, et l’on a lu des papiers : c’était le moment où mes pauvres dames devaient se retirer ; elles m’ont baisé les mains et ont disparu en pleurant.
Un historien de ces humbles religionnaires a retracé avec feu et piété toutes ces scènes de désolation80.
Puis on signa la paix, et Catinat ne reparaît sur la scène qu’au commencement de la guerre de la Succession, en 1701.
J’ai vu des scènes dignes de Walter Scott pour parvenir jusqu’à lui.
La Mennais a mis à peine le pied sur la grande scène, qu’il conçoit l’idée d’un rôle bien différent, d’une action publique à exercer sur l’opinion, et il essaye d’y associer son aîné.
Tel grand poëte épanche sans relâche l’harmonie et les flots ; tel autre, à l’étroit dans cette civilisation étouffante, ne peut s’empêcher de remonter à une scène héroïque et au monde des géants.
Tandis que, sous la Restauration, on aimait surtout dans Talma finissant et grandissant un novateur, une espèce d’auteur et de poëte dramatique (et non, certes, le moindre), qui rendait ou prêtait aux rôles un peu conventionnels et refroidis de la scène française une vie historique, une réalité à demi shakspearienne, — il arrive que ce qu’on a surtout aimé dans notre jeune et grande actrice, ç’a été un retour à l’antique, à la pose majestueuse, à la diction pure, à la passion décente et à la nature ennoblie, à ce genre de beauté enfin qui rappelle les lignes de la statuaire.
Le personnage de Valère, de ce jeune homme bien doué et d’un naturel excellent, qui se croit obligé de faire le fat par bon air, n’est pas moins vivement saisi ; cela prête à plus d’une scène heureuse et d’un intérêt assez comique ; mais la diction surtout du Méchant est excellente ; on en peut dire ce que Voltaire disait de la satire des Disputes, que ce sont des vers comme on en faisait dans le bon temps.
Je ne suis pas jaune, mais fort pâle ; je n’ai pas les yeux mauvais ; avec une coiffure avancée je suis encore assez bien ; mais le déshabillé n’est pas tentant, et mes pauvres bras, qui, même dans leur embonpoint, ont toujours été vilains et plats, sont comme deux cotrets. » Si Mlle Aïssé, même dans son meilleur temps, a toujours été un peu maigre, il est certes bien permis à Mlle de Liron d’avoir toujours été un peu grasse ; cela nous a valu au début une jolie scène domestique de pâtisserie, où l’on voit aller et venir dans la pâte les mains blanches et potelées, et les bras nus jusqu’à l’épaule de Mlle de Liron.
Quand il s’agit de juger la vie, les actions, les écrits d’un homme célèbre, on commence par bien examiner et décrire l’époque qui précéda sa venue, la société qui le reçut dans son sein, le mouvement général imprimé aux esprits ; on reconnaît et l’on dispose, par avance, la grande scène où le personnage doit jouer son rôle ; du moment qu’il intervient, tous les développements de sa force, tous les obstacles, tous les contrecoups sont prévus, expliqués, justifiés ; et de ce spectacle harmonieux il résulte par degrés, dans l’âme du lecteur, une satisfaction pacifique où se repose l’intelligence.
Son épisode de Jenny introduit et personnifie la chasteté de l’émotion ; la Bible, lue tout haut, renvoie sur toute la scène une lueur religieuse.
La mer multipliait la scène orientale en girandoles de diamants, et roulait la pompe de l’Occident en vagues de roses.
Nous ne finirions pas, si nous les énumérions en parcourant les scènes diurnes ou nocturnes de notre séjour terrestre.
Duruy, est un moraliste qui tire, à mesure, la morale de l’énorme drame dont sa scrupuleuse érudition a vérifié les innombrables scènes.
Rotrou prit dans les tragédies de Corneille des leçons d’art dramatique et, en portant à la scène le martyre de saint Genest, il rendit hommage au grand rival qui l’avait aidé à se surpasser.
Barnave n’était connu auparavant que comme orateur ; mais l’orateur, toujours en représentation et en scène, ne laisse pas suffisamment percer l’homme.
Palissot essaya de la traduire deux fois sur la scène à titre de patronne des encyclopédistes.
Jetée en prison, livrée par les Bourguignons aux Anglais, par ceux-ci à la justice ecclésiastique et à l’Inquisition, son procès s’entame à Rouen en janvier 1431, et se termine par l’atroce scène du bûcher, où elle fut brûlée vive, comme relapse, convaincue de schisme, hérésie, idolâtrie, invocation des démons, le 30 mai de la même année.
Il y en avait toujours dans ses récits : « ce qu’on appelle des contes dans la bouche des autres était dans la sienne des scènes parfaites », auxquelles, pour la ressemblance des caractères et pour le tour, il ne manquait rien.
Je n’ai pas à m’étendre sur ces scènes de la Ligue qui firent en quelques mois, du riche et florissant Amyot, « le plus affligé, détruit et ruiné pauvre prêtre qui soit, comme je crois, dit-il, en la France » (9 août 1589). — Pauvre Amyot !
Bonaparte le retrouve et le rappelle à lui dès qu’il rentre en scène.
Richelieu, dans la description de ces scènes qui suivirent le meurtre du maréchal d’Ancre, est un grand peintre d’histoire.
La scène se passait chez Mme d’Épinay, à la Chevrette.
Quelqu’un, ces jours passés, m’a sommé de lui en donner un extrait ; je me suis fort excusé sur ce que l’original n’était pas entre mes mains, ce qui fit une scène semblable à celle qui se trouve dans Le Joueur, où M.
Les premières tragédies d’Arnault, Marius, Lucrèce, Cincinnatus, sont bien les contemporaines de la réforme que David avait introduite dans le style romain, et que Talma, de son côté, transportait au théâtre ; ce genre aujourd’hui nous paraît nu, roide et abstrait ; n’oublions pas qu’il a été relativement simple, et qu’il ne nous arrive, à la lecture, que dépouillé de tout ce qui le personnifiait à la scène et qui l’animait.
Certainement la rareté des éléments et le poli de la surface peuvent constituer de très belles qualités, mais, si on en faisait le tout de l’art, littérature et poésie ne seraient plus que l’habileté à construire des décors ; la mise en scène primerait la vie.
C’est dans des paysages, en effet, empruntés tous à la nature alpestre du Jura, probablement longtemps habité, que l’auteur des Horizons prochains a placé la scène de ces romans de courte haleine, dont il commence par nous dessiner la vignette.
Je mettrai en scène, nous dit-il, l’homme et le régiment. […] Il n’a jamais trouvé, ni sans doute cherché, pour faire valoir ses fortes études, quelque cadre étroit et charmant, comme celui que Jules Sandeau donna, par exemple, à Mlle de la Seiglière, quand il fit des portraits et des scènes de l’époque si bien comprise par Balzac. […] J’allais ajouter Marchangy, qui est aussi connu comme magistrat servile que comme écrivain ridicule ; mais je m’aperçois qu’il a été omis dans le répertoire, bien qu’il figure dans la belle scène de la réhabilitation de César Birotteau17. […] Fort dévote, elle n’entrait jamais en scène sans faire deux ou trois fois dans la coulisse le signe de la croix. […] La musique, la peinture, la traduction de quelques romans anglais, auxquels elle ajoutait parfois des scènes très vivement frappées, remplissaient alors des journées qu’il fallait disputer aux chagrins les plus poignants. » Vive, spirituelle, mélancolique et lettrée, Sophie Le Sénéchal était tout à fait à la mode et au goût du temps.
On s’en ferait une idée bien courte, si l’on croyait que ce fût le droit de donner à l’action dramatique une durée de deux ou plusieurs fois vingt-quatre heures, ou celui de mêler, sur la scène comme dans la vie, le grotesque au tragique. […] Diderot, dans son Essai sur la poésie dramatique ; Mercier, dans le sien ; Beaumarchais, dans la préface de son Eugénie, c’est ce qu’ils réclamaient tous, et c’est un peu ce que l’on avait cru que le romantisme, quand il eut triomphé des derniers des classiques, allait enfin mettre la scène. […] En même temps que le goût de l’observation et de la vérité reprenait ainsi possession de la scène où venaient de tomber les Burgraves, il s’emparait aussi du roman, pour en devenir bientôt le principal et au besoin l’unique mérite. […] De même encore, après avoir choisi, pour les représenter, parmi les scènes de la vie quotidienne, les plus banales ou les plus vulgaires, pourquoi semblent-ils avoir pris un plaisir de dilettante à charger les couleurs ou les traits de leurs modèles ? […] et, pour établir la filiation, qu’ils ne soient pas embarrassés de montrer dans son œuvre des scènes entières ou des drames mêmes, comme le Roi Lear, dont la violence et la crudité, sur aucun théâtre ni dans aucune littérature, n’ont peut-être été dépassées ?
Et le témoin de cette scène ajoute : « Nulle injure n’est plus offensante pour les Américaines, que de supposer qu’elles pourraient songer au mariage avant d’avoir trouvé un gentleman qui leur plaise et demande leur main. » Aux États-Unis, on voit les jeunes filles non seulement sortir seules dans les rues, mais s’embarquer pour de lointains voyages sans mentor ni chaperon ; passer leurs vacances dans la montagne avec des amis ; recevoir des jeunes hommes, se faire accompagner par eux au bal et au théâtre ; quitter même leur famille et louer une maison afin de vivre plus aisément à leur guise. […] Cent trente volumes de romans, de contes et de nouvelles, trois vaudevilles, deux tragédies, quarante drames, quatorze comédies, deux opéras comiques, dix volumes de Mémoires, sans compter une bibliothèque de « scènes et d’études historiques », d’« impressions de voyages » et même de critique, voilà son héritage. […] L’amour, le grand et pur amour dont elles viendront arguer ensuite n’a rien à voir dans tout cela… La voilà bien, la scène à faire ! […] Ta race régnera sur ce lieu pendant de longs siècles ; ses mains dompteront tous ses ennemis ; les saints feront ici leur demeure… » En 1439, sous le règne de Vasili l’Aveugle, les Moscovites assistèrent à une tragi-comédie dont les scènes, presque inaperçues des contemporains, méritent, à présent, de fixer notre attention. […] Leur fantaisie se plaît dans cette variété de costumes et de masques, dans cette multiple tragi-comédie, dont ils voudraient rejouer toutes les scènes, ressusciter tous les acteurs et renouer le fil.
Je ne m’étonne pas que cette poésie impatientât Saint-Évremont, et que, dans un moment de mauvaise humeur contre Chapelain, il ait fait cette jolie scène de comédie où il le représente seul, faisant des vers avec un soin ridicule et peu de génie : Tandis que je suis seul, il faut que je compose Quelque ouvrage excellent, soit en vers, soit en prose. […] Chaque détail de la scène en est une critique précise. […] Il n’est pas jusqu’au titre de la scène qui ne soit caractéristique.
L’obligation du voile la prive évidemment dans certaines scènes de ses meilleurs moyens d’expression. […] Ces scènes sont prises dans de grands aquariums. […] Elle veillera à ce que les scènes de plein air se déroulent selon la plus grande décence, qu’une des ombres n’y prenne pas sur une autre ombre un baiser intempestif et que lesdites ombres, si elles sont féminines, y soient enfermées dans des robes montantes, dans l’ombre, veux-je dire, d’une robe montante non moins que descendante, et que toutes ces ombres veuillent bien s’agenouiller devant la madone, quand il y a lieu, et montrent enfin la plus grande déférence pour toutes les convenances sociales.
Ce même sens de mystiques pouvoirs de l’articulation syllabique l’incite vers des recherches de dénominations aussi étranges que : le Desservant de l’office des Morts, fonction d’église qui n’exista jamais, sinon au monastère de Sainte-Appollodora ; ou, l’Homme-qui-marche-sous-terre, nom que nul Indien ne porta hors des scènes du Nouveau-Monde. […] Pierre Louys a bien senti que ce livre de chair aboutissait logiquement à la mort : Aphrodite se clôt par une scène de mort, par des funérailles. […] En Rade développa encore ce système dont la fécondité est illimitée — tandis que la méthode naturaliste s’est montrée plus stérile encore que ses ennemis n’auraient osé l’espérer — système de la plus stricte logique et d’une si merveilleuse souplesse qu’il permet, sans forfaire à la vraisemblance, d’intercaler, en des scènes exactes de vie campagnarde, des pages comme « Esther », comme le « Voyage sélénien ».
Molière, dans ses plaisanteries, n’exagérait pas tant qu’on le croirait, quand il a mis si souvent en scène ces derniers.
La scène entre le médecin et le ministre, qui a été souvent répétée et que le docteur Koreff jouait à merveille en parlant de certains de ses malades, était alors : le médecin, après les symptômes entendus, déclare que la maladie qu’on éprouve est une ambition rentrée, et, après avoir proposé divers palliatifs, il arrive à un grand remède qui, selon lui, serait le seul efficace ; il conseille à son malade de se faire exiler par le roi : un exil d’éclat, un exil à la Chanteloup, cela relève la fadeur et le morne d’une disgrâce.
Ce n’était pas, comme l’avait été Vauvenargues, un jeune stoïque croyant fermement aux vérités morales et se fondant sur les points élevés de la conscience pour fuir le mal et pour pratiquer le bien, ce n’était point une âme héroïque condamnée par le sort à la souffrance et à la gêne de l’inaction : c’était une âme tendre, timide, ardente, pleine de désirs pieux et fervents, inhabile au monde et à ces scènes changeantes où elle ne voyait que des échelons et des figures, avide de se fondre dans l’esprit divin qui remplit tout, de frayer sans cesse avec Dieu, de le faire passer et parler en soi, une âme née pour être de la famille des chastes et des saints, de l’ordre des pieux acolytes, et à qui il ne manquait que son grand-prêtre.
Comprendre chaque Père de l’Église, le rendre avec la physionomie qui lui est propre, lui faire parler sa langue, le faire agir sur la scène où il a vécu, c’était son ambition première, et elle excédait ses forces : de plus savants qu’elle sont restés en chemin.
Lisez ce portrait-type de la femme telle que le siècle la dégagea après ses premières fureurs de Régence, et telle que la mit en scène et la fit parler, le premier, Marivaux : « Mais déjà, au milieu des déités de la Régence, apparaît un type plus délicat, plus expressif.
Jamais je n’ai eu occasion de faire un ouvrage aussi intéressant et aussi pittoresque ; mais aussi fallait-il voir les lieux, car il n’y a pas de description, de dessin, de croquis, qui puisse donner une idée de l’originalité de la scène.
» — et dans la série de Clichy, entre tant de fausses gaietés et de misères, cette admirable scène du détenu visité le premier jour par sa femme et son petit enfant qu’il couvre de baisers, et la femme dont on ne voit pas le visage sans doute mouillé de larmes, et qui lui dit d’un ton gai, tout en vidant son panier : « Petit homme, nous t’apportons ta casquette, ta pipe d’écume et ton Montaigne.
A certains mots hardis que Jean-Bon profère en des moments où il n’est qu’à deux pas de l’Empereur (par exemple, dans la scène du bateau sur le Rhin), on dirait que Beugnot, en les rapportant, s’amuse à les mettre en saillie pour mieux faire ressortir ses propres frayeurs à lui-même, frayeurs dont il avait pris le parti de rire, ne pouvant les maîtriser.
La scène ne se passait pas dans une tente, mais sous le ciel, à la revue, et la colonelle n’est autre que la première compagnie du premier bataillon, celle qui portait le drapeau.
Le roi cependant aimait sa belle-fille ; il l’aimait « autant et plus peut-être que ses propres enfants » ; il l’appelait familièrement de son petit nom de Pépa ; à ses premières couches, il se montra le père le plus affectueux et le plus tendre : « Le roi lui a constamment tenu la main pendant le travail, et l’on peut dire qu’elle est accouchée entre ses bras ; aussi en suait-il à grosses gouttes. » Mais que de difficultés et d’intrigues dans cette Cour partagée et divisée : la reine, Mesdames, Mme de Pompadour, et alentour, et au-dessous, des tourbillons d’ambitions sans nombre, tous se jalousant, se haïssant, et cherchant à s’emparer de cette puissance nouvelle qui entrait en scène !
Il accorde que la négligence de nos ancêtres, ayant plus à cœur le bien faire que le bien dire, a laissé le français rude et sec, si pauvre et si nu, qu’il a présentement besoin « des ornements et, s’il faut ainsi parler, des plumes d’autrui. » Il ignore notre langue romane française du xiiie siècle, de laquelle Rivarol, par un instinct remarquable, disait : « Il faut qu’une langue s’agite jusqu’à ce qu’elle se repose dans son propre génie, et ce principe explique un fait assez extraordinaire, c’est qu’aux xiiie et xive siècles la langue française était plus près d’une certaine perfection qu’elle ne le fut au xvie . » Combien cette langue du xiiie siècle, et presque européenne alors, avait perdu de terrain au commencement du xvie , on le voit par les termes mêmes de la tentative de Du Bellay ; il importe, pour apprécier équitablement cette tentative, qui fut celle de tous les jeunes esprits doctes et généreux d’alors, de se mettre au point de vue de cette génération même qui entra sur la scène vers 1550 et de ne pas lui demander plus ni autre chose que ce qu’elle pouvait raisonnablement.
Qu’on relise de ce poème historique, encore chevaleresque et déjà plébéien, la scène célèbre de la Rançon, mélange de familiarité et de grandeur.
Guttinguer avait publié vers 1828, Amour et Opinion, les mœurs de l’époque impériale, celles de 1815, étaient déjà bien exprimées : élégie de fin d’Empire, écrite par un ex-garde d’honneur, où les personnages sont de beaux colonels et des généraux de vingt-neuf ans, de jeunes et belles comtesses de vingt-cinq ; où la scène se passe dans des châteaux, et le long des parcs bordés d’arbres de Judée et de Sainte-Lucie : en tout très-peu de Waterloo. — Mais Arthur est le vrai, le seul roman de M.
Au théâtre, elle a eu à sa dévotion la scène de la Renaissance : qu’en a-t-elle fait ?
Lorsque mon âme, en soi tout entière enfoncée, A son être pensant attache sa pensée, Sur cette scène intime où je suis seul acteur, Théâtre en même temps, spectacle et spectateur, Comment puis-je, dis-moi, me contempler moi-même Ou voir en moi le monde et son Auteur suprême ?
Ampère, dans une petite composition à part, non encore publiée, mais que plusieurs amis ont entendue, a essayé d’en recomposer une scène entière, un coin de tableau, au moment de l’incendie de Trèves par les Francs.
C’est au contraire la première race qu’il faut lire et relire aujourd’hui pour s’intéresser, pour jouir des scènes neuves, de personnages imprévus, et de tout l’esprit, de tout l’art qu’on y emploie.
Il sembla donc à M. de Barante que, par une construction artistement faite de ces scènes originales et en se dérobant soi-même historien, il était possible de produire dans l’esprit du lecteur, à l’occasion des aventures retracées de ces âges et avec l’intérêt d’amusement qui s’y mêlerait, une connaissance effective et insensiblement raisonnée, un jugement gradué et fidèle.
Il n’y a rien de plus délicat et de plus pénétrant que cette scène de la dernière messe du prêtre de Joinville, qui soutenu, dans les bras de son seigneur, acheva à grand’peine de chanter l’office du jour, et « onques puis ne chanta ».
Voltaire excelle à mettre en scène ses idées, à les habiller d’un costume qui plaise, qui amuse, qui attire l’attention.
Daudet, finement et nerveusement, a su rendre certains aspects du Paris d’il y a trente ans, aspects de la ville, aspects des âmes ; il a dessiné de curieuses et vivantes figures : il a rendu aussi, en scènes touchantes ou grandioses, l’idée que de loin, par les indiscrétions des journaux ou la publicité des tribunaux, nous pouvons nous faire des existences princières dans les conditions que le temps présent leur fait.
Baju comprit qu’il devait changer de scène.
N’étudier l’histoire que pour les leçons de morale ou de sagesse pratique qui en découlent, c’est renouveler la plaisante théorie de ces mauvais interprètes d’Aristote qui donnaient pour but à l’art dramatique de guérir les passions qu’il met en scène.
Les scènes déplorables, les traitements indignes, les paroles offensantes, les injustices les plus criantes sont les conséquences de l’ivrognerie du père.
Supposez une lecture touchante ou sublime faite à haute voix dans la loge du portier, un peu comme dans la scène d’Henri Monnier.
L’autre jour, après une scène violente où l’on avait eu M.
Le dimanche 12 juillet 1789, deux jours avant la prise de la Bastille, ce fut Desmoulins qui, au Palais-Royal, monta sur une table, annonça aux Parisiens le renvoi de Necker, et fit cette scène, si souvent racontée, où il tira Pépée, montra des pistolets et arbora une cocarde verte comme signe d’émancipation et d’espérance.
[NdA] Voici le passage même de l’Aminte (acte II, scène première) : « Picciola è l’ape, e fa col picciol morso / Pur gravi e pur moleste le ferite.
On sait la charmante scène du Mariage de Figaro, quand Chérubin, aux pieds de la comtesse, est entre les mains de la folâtre Suzanne, qui lui arrange le collet : « Là !
Un sentiment sincère et fondamental respire à travers les combinaisons mêmes et le petit jeu de scène qui sont le fait de chaque artiste.
Mais ces écarts et, pour tout dire, ces échappées, par où il déjoue et rompt parfois sa ligne générale, se réduisent de beaucoup, aujourd’hui qu’on a la clef de tout, et qu’on peut, durant cette période dernière, le suivre presque jour par jour, et sur le théâtre, et derrière la scène.
Elle fut élevée et nourrie dans cette vie de campagne et de presbytère où quelques poètes ont placé la scène de leurs plus charmantes idylles, et elle y puisa, avec les vertus du foyer, le principe des études sérieuses.
L’expression a du vrai ; à le lire, c’est comme le Junius anglais, quelque chose d’ardent et d’adroit dans la colère, plutôt violent que vif, plus vigoureux que coloré ; le nerf domine ; le fer, une fois entré dans la plaie, s’y tourne et retourne, et ne s’en retire plus ; mais ce qui donne un intérêt tout différent et bien français au belliqueux champion, c’est que ce n’est pas, comme en Angleterre, un inconnu mystérieux qui attaque sous le masque ; ici, Ajax combat la visière levée et en face du ciel ; il se dessine et se découvre à chaque instant ; il brave les coups, et cette élégance virile que sa plume ne rencontre pas toujours, il l’a toutes les fois que sa propre personne est en scène, et elle l’est souvent.
Je ruine l’un, je fais l’aumône à l’autre. » Et encore : « Mes curés reçoivent mes ordres, et les prédicants genevois n’osent me regarder en face. » Une furieuse tempête s’élève à Paris contre les encyclopédistes ; d’Alembert quitte décidément l’entreprise ; Palissot va mettre sur la scène les philosophes ; mais Voltaire qui, dès son entrée en possession, a fait bâtir un petit théâtre à Tourney, et qui y fait jouer la comédie pour narguer Genève et Rousseau, s’écrie dans son exaltation et son triomphe : « Si quelqu’un est en souci de savoir ce que je fais dans mes chaumières, et s’il me dit : Que fais-tu là, maraud ?
Toutes les scènes intérieures qui nous paraissent et sont, en effet, si diversifiées, empruntent leur diversité aux sensations de mille sortes qui viennent se combiner avec le déploiement de notre volonté ; mais, encore un coup, ce déploiement en lui-même est toujours continu et toujours général ; nous voulons et agissons tout entiers, et les réactions tranchées contre les obstacles ne sont encore que les continuations de notre vouloir antérieur combiné avec des sensations nouvelles.
A ce moment le public, blasé et refroidi, sympathise moins avec les êtres mis en scène par l’auteur d’une œuvre qu’avec l’auteur lui-même ; c’est une sorte de monstruosité, qui permet pourtant de voir dans un grossissement le phénomène habituel de sympathie ou d’antipathie pour l’artiste, inséparable de tout jugement sur l’art.
Après ces paroles de Pope, on ne comprend guère à quel propos Voltaire, ahuri de Shakespeare, écrit : « Shakespeare, que les anglais prennent pour un Sophocle, florissait à peu près dans le temps de Lopez (Lope, s’il vous plaît, Voltaire) de Vega. » Voltaire ajoute : « Vous n’ignorez pas que dans Hamlet des fossoyeurs creusent une fosse en buvant, en chantant des vaudevilles, et en faisant sur les têtes des morts des plaisanteries convenables à gens de leur métier. » Et, concluant, il qualifie ainsi toute la scène : « Ces sottises ».
Ce terrain adopté, ce heu de scène désigné, cette fondation creusée, il prend tout, et il bâtit son œuvre.
Quoique Vitruve prétende qu’Anaxagore et Démocrite avaient parlé de la perspective en traitant de la scène grecque, on peut encore douter que les anciens connussent cette partie de l’art, sans laquelle toutefois il ne peut y avoir de paysage.
Ceux qui s’avancent hors de leur siècle, et qui, personnages isolés sur la scène du monde, fécondent les idées du siècle suivant, s’ils ne meurent pas obscurs, sont dignes de l’épopée.
Triomphante sur la scène, admirée dans les académies, entourée d’hommages dans les réunions qu’animait sa voix, exposée peut-être aux médisantes jalousies du monde et aux calomnies des partis, la belle Gomez de Avellaneda ne donnait place dans ses vers qu’aux sentiments de patrie, de vertu, de gloire.
Je trouve, dans une lettre datée de Fontainebleau, cette scène que personne, je pense, ne pourra lire sans compassion : « La soirée d’hier a été triste. […] Voyez plutôt cette scène des Chevaliers, que M. le professeur Deschanel a précisément traduite pour l’édification de ses auditeurs et de ses lecteurs. […] Il a tracé, de main de maître, le dessin d’une scène qui, depuis quelques années, se renouvelle fréquemment sous nos yeux : la chute d’un ministère et tout ce qui s’ensuit. […] Vous voyez, vous entendez quelques mannequins, passants d’un instant sur la scène du monde, qui font des mouvements réflexes, qui sont les échos d’autres voix. […] Lisez, dans cet admirable poème (décidément impossible à résumer), lisez comment Ramuntcho essaya de lutter contre sa destinée et comment il fut vaincu… La scène de la rencontre, dans le couvent, est un des drames les plus magnifiques et les plus poignants que je connaisse.
La lumière était tout à la fois chaude et transparente, et pour donner une vie nouvelle à cette nature si gracieuse dans sa simplicité, le soleil se couchait derrière les écueils fantastiques de ces îles Courzolaires où George Sand a placé la scène de son petit roman de l’Uscoque. […] que j’avais besoin de venir à Islington pour comprendre la scène du cimetière !
Sa hauteur lui a attiré une scène fort déplaisante, en insultant à sa table, à Nogent-le-Roi, pendant les vacances, un officier de son voisinage au sujet d’un mariage pour sa fille. […] C’est Dorante qui dit cela dans le Menteur (acte II, scène VI).
Et à ce sujet il écrivit un fort agréable dialogue, choisissant pour personnages des gens bien élevés, « versés dans les parties les plus polies du savoir, et qui avaient voyagé dans les contrées les plus civilisées de l’Europe. » Il mit la scène « sur les bords de la Tamise, parmi les fraîches brises qui s’élèvent de la rivière et l’aimable mélange d’ombrages et de sources dont tout le pays abonde898 » ; puis, avec une gaieté tempérée et douce, il s’y moqua des pédants, qui consument leur vie à disserter sur la toge ou la chaussure romaine, mais indiqua en homme de goût et d’esprit les services que les médailles peuvent rendre à l’histoire et aux beaux-arts. […] Rien de plus varié, de plus riche, chez Addison, que les tours et la mise en scène.
» XXVIII Le début de son second livre, où il combat les stoïciens contre Caton, après avoir, dans le premier, combattu Épicure, est une mise en scène d’une digne, grave et douce familiarité. Lisez ceci ; c’est une scène biblique de philosophie parlée entre ces deux patriarches de la pensée humaine, Cicéron et Caton : « J’étais à Tusculum, et, désirant me servir de quelques livres du jeune Lucullus, je vins chez lui pour les prendre dans sa bibliothèque, comme j’en avais l’usage.
Cette malheureuse prévention de poésie que je traînais dès cette époque après moi, comme un lambeau de pourpre qu’un roi de théâtre traîne en descendant de la scène dans la foule ébahie d’une place publique, me causait un immense embarras. […] Je me souviens des scènes, des accents, des physionomies, des gestes, qui jetaient presque tous les jours une lumière véritablement sinistre sur les fissures volcaniques de ces âmes de feu dissimulées sous des visages stoïques.
ce n’est pas une scène sublime, Un fleuve résonnant, des forêts dont la cime Flotte comme une mer, ni le front sourcilleux Des vieux monts tout voûtés se mirant aux lacs bleus ! […] Laissons à Lamartine, à Nodier, nobles frères, Leur Jura bien-aimé, tant de scènes contraires En un même horizon, et des blés blondissants, Et des pampres jaunis, et des bœufs mugissants, Pareils à des points noirs dans les verts pâturages, Et plus haut, et plus près du séjour des orages, Des sapins étagés en bois sombre et profond, Le soleil au-dessus et les Alpes au fond.
Dans la scène de la clairière, quand elle se déchaîne et laisse éclater, sincère enfin et secouant sa fausse vertu, ce qu’il y a dans son coeur bourgeois de désir brutal, d’égoïsme et de « concupiscence » toute crue (car c’est là, pour Veuillot, le résidu de l’amour proprement « passionnel »), je vous assure que c’est très beau. […] Veuillot a refait, et très bien, la scène de Didon et d’Énée avant la grotte et avec une autre Rome à l’horizon.
Cet homme, tombé de la toute-puissance qu’il avait exercée avec modération, exilé dans un coin de l’île de Samos, où il vit du travail de ses mains ; puis, par un retour de fortune, ramené en triomphe à Salente, où il retrouve la faveur du prince et la puissance, et ne s’en sert pas contre ses ennemis enfin se retirant dans une solitude, non pour s’y dérober à ses devoirs envers sa patrie qu’il continue à servir par ses conseils à Idoménée, mais pour échapper par l’obscurité à l’injustice et à l’envie ; cette création, que rendent vraisemblable certains exemples de la sagesse antique, reçoit de l’esprit chrétien, habilement caché sous une mise en scène grecque, une grandeur inconnue des héros comme des sages du paganisme. En parlant de la mise en scène du Télémaque, j’en ai indiqué l’attrait le plus durable.
Le Morny qu’il a eu la bonne fortune de connaître, de jauger, doit être à mon sens l’objet d’une étude spéciale, étude où il pourra mettre en scène une des figures qui représentent le mieux le temps. […] Il va faire un séjour à Stamboul, chez le peintre de Sa Hautesse, qui exerce sa profession au milieu des scènes les plus bouffonnes : « Un nez, des yeux, une bouche, deux moustaches, tu vois, c’est le sultan, qui désignant chaque morceau de sa figure avec son doigt, ajoute : « Maintenant, fais mon portrait. » Et déjà il lui a tourné les talons.
Ou bien encore en songera à ce musicien invisible qui joue derrière la scène pendant que l’acteur touche un clavier dont les notes ne résonnent point : la conscience viendrait d’une région inconnue se superposer aux vibrations moléculaires, comme la mélodie aux mouvements rythmés de l’acteur. […] Dès lors il n’hésite plus à tenir la pièce qui se joue sur le théâtre de la conscience pour une traduction, toujours littérale et servile, de quelques-unes des scènes qu’exécutent les molécules et atomes de la matière organisée.
Les membres de ces sociétés closes se sentaient plus près du dieu qu’ils invoquaient, ne fût-ce que parce que la représentation des scènes mythologiques jouait un plus grand rôle ici que dans les cérémonies publiques. […] Nous devons aussi noter que la plupart des auteurs ont insisté sur les scènes d’enthousiasme où le dieu prenait réellement possession de l’âme qui l’invoquait.
Pour mettre en scène le surnaturel, il ne faut point rester dans son assiette ordinaire ; vous avez l’air de ne point croire, si vous y restez. […] Elles vous l’ont débitée ; voici une scène de votre ménage : « Ainsi parla la mère du genre humain, et avec des regards pleins d’un charme conjugal non repoussé, dans un doux abandon, elle s’appuie, embrassant à demi notre premier père ; lui, ravi de sa beauté et de ses charmes soumis, sourit avec un amour digne, et presse sa lèvre matronale d’un pur baiser506. » Cet Adam a passé par l’Angleterre avant d’entrer dans le paradis terrestre. […] De tous les personnages que l’homme puisse mettre en scène, Dieu est le plus beau.
En une heure, je vis là vingt toiles commencées, cent projets : des dessins, des études peintes, l’ébauche d’une statue, des portraits qui me firent murmurer le nom de Frans Hals, des scènes vues et prises en pleine rue, en pleine vie, une grande esquisse de paysage notamment, — la brume d’octobre au bord de l’eau, les arbres à demi dépouillés, les grandes feuilles jaunes jonchant le sol ; — enfin, toute une œuvre, où se cherchait sans cesse, où s’affirmait presque toujours le sentiment d’art le plus original et le plus sincère, le talent le plus personnel. […] Je crois vraiment que l’on comprendrait et la signification de la pièce et dans quel pays cela se passe, et tout enfin, sans voir la scène et sans entendre les paroles. […] Ainsi, je vous assure qu’on s’aperçoit si la scène se passe dans un appartement ou à l’air, le jour ou le soir— rien qu’en entendant la musique. […] Je me demande toujours s’il y a au monde quelque chose de plus laid, de plus ridicule que les scènes de jalousie.
C’est dans une comédie intitulée Amants, et représentée un grand nombre de fois sur la scène de la Renaissance. […] Le décor et le personnage mis en scène nous sont désormais familiers. […] Je crois que cette scène, représentée aux yeux, sur un théâtre, produirait, comme on dit, un grand effet. […] Quelque temps après la publication de l’Armature, il fit représenter, sur la scène du Théâtre-Français, les Tenailles. […] Voici, maintenant, les autres personnages mis en scène dans ce drame : Olivier Du Prat, deuxième secrétaire d’ambassade.
Ce célèbre danseur qui déployait ses membres sur la scène avec tant de légèreté, de noblesse et de grâces, n’était dans la rue. qu’un homme dont vous n’eussiez jamais deviné le rare talent. […] Si Racine doit à Tacite la belle scène entre Agrippine et son fils, Corneille doit à Sénèque celle d’Auguste et de Cinna (Voyez le chapitre IX du premier livre). […] tu t’es immortalisé par une multitude d’ouvrages sublimes dans tous les genres de littérature ; ton nom, prononcé avec admiration et respect dans toutes les contrées du globe policé, passera à la postérité la plus reculée et ne périra qu’au milieu des ruines du monde ; tu es le premier et seul poëte épique de la nation ; tu ne manques ni d’élévation ni d’harmonie ; et si tu ne possèdes pas l’une de ces qualités au degré de Racine, l’autre au degré de Corneille, on ne saurait te refuser une force tragique qu’ils n’ont pas ; tu as fait entendre la voix de la philosophie sur la scène, tu l’as rendue populaire. […] Pour finir cet extrait d’une manière intéressante, j’avais à choisir entre deux morceaux : l’un est la description d’un déluge ; l’autre, une scène morale entre Sénèque, Lucilius et Gallion.
Et ainsi, certain Mardi, l’avions-nous entendu, et vu, nous raconter la scène où son placide et monstrueux Tribulat Bonhomet étrangle nuitamment les Cygnes — pour ouïr leur· dernier chant ! […] … C’est curieux : il n’en a pas l’air… Or, en la scène dialoguée que « n’inventait « que très peu le Rédacteur de la « Revue Indépendante », les terribles « Siamois », ainsi qu’il arrivait souvent, terminaient sur des propos sans aménité pour les idées que représentait le « Jeune homme blond », soutenu par le « Jeune homme glabre » : — Jolis garçons vous êtes, oui-da ! […] Si des poèmes dialogués tels que Déïdamia ou Diane au bois 89 emprunte de scandantes qualités techniques, le poème Hérodiade est en même temps une scène dramatique il la manière de pureté d’un Racine : une action dont le geste est tout intellectualisé. […] Puisqu’il s’agit d’épuiser tous les renseignements sur l’Œuvre rêvée (dont le rêve ne présente guère plus de coordination que la plupart des rêves), rappelons de mes propres souvenirs encore ceci : sur la nature de l’un des Personnages qui devait à un moment solennel apparaître sur la scène. […] Il représentait ce qui, de la nature, prenait part aux émotions de l’individu : soit que rangé au dernier plan de la scène, il semblât incarner ce décor, soit que, détachant une ou plusieurs Ballerines, le poète les vit comme des sensations voltigeantes autour du principal.
Ainsi armé et s’enhardissant sous le casque et le bouclier d’autrui, il dit tout sur son compte ; il s’y confesse résolûment et sans pitié sur sa sauvagerie, sa misanthropie ou sa promptitude à s’effaroucher, sa fuite du monde, sa rétivité, son goût absolu de l’indépendance, sa délicatesse extrême qui le rendait plus sensible encore au mal qu’au bien, et qui lui faisait dire avec Bernardin de Saint-Pierre : « Une seule épine me fait plus de mal que l’odeur de cent roses ne me fait de plaisir. » C’est aussi avec des phrases d’auteurs célèbres qu’il répondait tout bas à ceux qui lui reprochaient de prendre pour texte de sa critique d’aussi minces et aussi ingrats sujets que ceux qu’il semblait affectionner : « L’explication de ce qu’on appelle ma modestie est, disait-il, dans ce vers de Plaute (Amphitryon, acte premier, scène première) : « Facit ille… Il fait là ce que ne font pas ordinairement les hommes, il se rend justice. » « — Pourquoi ne rien faire de plus important ?
Au second acte de Phèdre, dans la scène II entre Aricie et Hippolyte, il y a : Maintenant je me cherche et ne me trouve plus Mon arc, mes javelots, mon char, tout m’importune.
La scène a changé.
On a essayé dans les vers suivants, qui lui sont adressés, de faire saillir cette loi progressive de son génie, et de montrer en même temps combien toutes choses sur la scène du monde étaient disposées pour sa venue.
. — Une fois, ils le conduisirent à travers toute une scène de querelle qui finissait par un duel, et, quand les parties furent supposées au rendez-vous, un pistolet fut mis dans sa main ; il lâcha la détente, et le bruit le réveilla. — Une autre fois, le trouvant endormi sur un coffre dans la cabine, ils lui firent croire qu’il était tombé par-dessus le bord et l’exhortèrent à se sauver en nageant ; aussitôt il imita les mouvements de natation.
Un seul, Montesicco, avec le reste de loyauté qui honore toujours même le crime dans l’homme dévoué, ayant appris qu’il fallait frapper ses victimes dans une église, au pied de l’autel, au moment de l’élévation qui courbe toutes les têtes devant l’image de Dieu, se récusa, non pour le crime, mais pour le lieu de la scène ; les deux prêtres, Maffei et Bagnone persévérèrent.
Jodelet meurt ; la scène est livrée à Molière, et maintenant, dit La Fontaine, Et maintenant il ne faut pas Quitter la nature d’un pas.
Sans cesse le portrait tourne chez lui en tableau, en chapitre de roman ou en scène de comédie.
Mahomet (1742) est la manifestation capitale de cet état d’esprit : la grande scène de la pièce, c’est Mahomet remettant un poignard à Séide pour assassiner Zopire ; de la fiction tragique se dégage l’idée générale que la religion — toute religion — est fondée sur la fourberie des uns et l’imbécillité des autres.
Nœud de la harangue, me voici fournir ce morceau, tout d’une pièce, aux auditeurs, sur fond de mise en scène ou de dramatisation spéculatives : entre les préliminaires cursifs et la détente de commérages ramenée au souci du jour précisément en vue de combler le manque d’intérêt extra-esthétique. — Tout se résume dans l’Esthétique et l’Économie politique.
Il y a dans les œuvres de M. de Régnier, comme en sa vie elle-même, beaucoup de cet ancien précepte si complètement oublié aujourd’hui : qu’un homme bien élevé évite de se mettre en scène.
On eût fait de cette scène de la marquise, montrant les deux enfants au roi avec larmes, un tableau que j’appellerais du Greuze-Pompadour.
Ne lui demandez point de jugement approfondi ni de révélations directes sur les hommes et les personnages en scène : il pourra porter quelques-uns de ces jugements sur les personnes tout à la fin et après l’expérience faite ; mais d’abord il ne les juge que d’après l’ensemble de leur rôle et de leur action, et comme on peut le faire au premier rang du parterre.
La diminution des hommes de guerre, de force et de proie ; le grandissement indéfini et superbe des hommes de pensée et de paix ; la rentrée en scène des vrais colosses : c’est là un des plus grands faits de notre grande époque.
Alexandre Dumas, dont les manuscrits immaculés sont célèbres, était de ces derniers ; Balzac, au contraire, se ruinait en corrections d’épreuves ; soutiendra-t-on, d’après Boileau, que Balzac concevait moins nettement qu’Alexandre Dumas les personnages qu’il mettait en scène dans ses romans ?
Cf. avec le conte d’Andersen qui met en scène une théière un sucrier, des pinces à feu, etc.
La scène continue, avec moins de beauté littéraire.
Notre présence a souvent coupé court à des scènes dont l’horreur est épouvantable.
Par la complication sociale, « l’individu passe au premier plan de la scène, tandis que les anciennes personnes morales dont il était englobé naguère se dissipent comme des ombres derrière cette unique figure en vif relief. » Comment, d’ailleurs, la complication sociale combat directement cette notion de classe, ennemie née de l’égalitarisme, c’est chose aisée à apercevoir.
Revient-il vers Athènes, qui brillait par-dessus toute la Grèce, et dont Eschyle alors doublait la gloire, en mettant sur la scène cette gloire toute sanglante encore, et en répétant au théâtre, dans les fêtes de sa patrie victorieuse, les chants de douleur d’Ecbatane sur Xerxès fugitif qui repasse la mer dans une barque, avec un carquois vide, il semble plutôt un conseiller qu’un flatteur de la cité triomphante.
On conçoit que la pompe lyrique et musicale, que la mise en scène, ne fussent pas les mêmes pour l’annonce d’une victoire lointaine, apportée d’Olympie au roi de Syracuse, dans le luxe de sa cour, ou pour le jeune athlète qu’au sortir de la lice une fête civique accueillait à la voix du poëte.
Le théâtre de Voltaire et celui de Corneille ont leurs scènes choisies, leurs beautés séparables : le théâtre de Racine n’en a point. […] Non seulement Titus Andronicus et Périclès ne diminuent point Shakespeare à leurs yeux, mais s’il était possible d’effacer de Macbeth ou d’Hamlet tes scènes qui déparent ces beaux drames, le gain leur semblerait médiocre. […] On ferait beaucoup moins bon marché de la dette énorme de l’imitateur français envers son modèle espagnol ; le poète, ainsi que son œuvre, nous semblerait moins original, et l’idée ne nous viendrait pas de saluer en lui le créateur de la scène française, tirant le théâtre du chaos et presque du néant, louange hyperbolique d’ailleurs, même après Horace, Cinna et Polyeucte. […] L’emploi prophétique et mystérieux du mot humanité dans la scène du pauvre suffirait à lui seul pour assurer au Festin de Pierre la fortune infinie qu’entretiennent les commentaires sans fin. […] L’Auberge des Adrets était, dans la pensée de ceux qui l’écrivirent, un mélodrame des plus noirs égayé seulement par des scènes épisodiques et par les deux rôles accessoires de Robert Macaire et de Bertrand ; mais on confia le rôle de Robert Macaire à Frédéric Lemaître, qui, transformant de fond en comble le caractère de la pièce… fit si bien que l’accessoire devint le principal et que la sombre tragédie avorta ou s’épanouit en farce des plus gaies.
Les fresques y succèdent aux fresques, où des foules s’évoquent, traitées dans cette large et simple manière toscane qui serre les visages les uns contre les autres, qui dresse, qui maçonne comme des murs de physionomies humaines dans les fonds des scènes bibliques ou évangéliques. […] Il existe peu de scènes, dans toutes les littératures, plus absolument fausses, pour n’en citer qu’une, que celle du chapitre X, dans le premier livre.
La Fontaine, a pris plaisir à résumer tous les traits de ce caractère et à mettre en scène le gentilhomme sous son vrai nom. […] Au pied du Donon, scènes de moeurs vosgiennes.
Je la croyais malade, mais c’est l’âge qui fait cela, monsieur Kobus ; les enfants deviennent rêveurs à cet âge. » Fritz, se rappelant la scène du clavecin, devint tout rouge et dit en toussant : « C’est bon… oui… oui… Tiens, Katel, mets ces cerises dans l’armoire, je serais capable de les manger toutes avant le dîner. […] XI Quelle scène !
De même, dans la guerre, il est bien vrai qu’il n’avait créé ni la brillante valeur du grand Condé, ni la profonde habileté de Turenne ; mais ce fut du jour seulement qu’il parut sur la scène que cette valeur de Condé, et cette habileté de Turenne, trop longtemps égarées au service de l’étranger, furent restituées à la France. […] Il y eut un jour où, à l’exemple de la société qui cherchait à se dégager de l’état de faction, la comédie rompit cette union forcée avec la tragédie, et Corneille essaya de la produire seule sur la scène où il avait fait jouer Polyeucte.
Alors sa parole retourne à Rome, avouant que pendant qu’il était là-bas, sa pensée appelait tout le temps la mort du pape, appelait le spectacle d’un conclave, qu’il est en train de mettre en scène, avec une documentation très à effet, très dramatique. […] » Et comme Rodenbach le complimentait de sa victoire : « Non, non, s’écriait-il, je n’aurais jamais cédé, j’aurais eu une scène !
Les gens de Gaule et d’Espagne n’avaient jamais vu de leurs yeux ces pays-là, mais ils n’ignoraient point qu’ils existassent, et que les choses s’y passaient à peu près comme chez eux, avec de petites différences qui excitaient la curiosité sans causer d’incompréhension totale : ainsi, de nos jours, un roman de Paul Morand ou de Luc Durtain, dont la scène est dans le Pacifique, au Siam, à New-York ou à Hollywood. […] Il se l’est tracé à lui-même, mettant en scène deux chambrières qui le soignent dans un hôtel de ce Bolbec, en Normandie, tout parfumé encore de ses souvenirs d’enfance et de « l’ombre des jeunes filles en fleurs ». […] On songe aux tirades euphuistes du grand Shakespeare, qu’on est forcé de couper à la scène, parce que nul ne les supporterait plus. […] Bazin, dont je pourrais citer d’autres exemples : une scène entre mari et femme, dans un autre roman, à propos de certains procédés anticonceptionnels. […] Mais voici que Siegfried et le Limousin est transporté à la scène : alors, comme il a fallu, pour les spectateurs, émonder, condenser et parler la langue de tout le monde, voici qu’éclate le drame passionnant du conflit entre deux races, deux aspirations aussi, antithétiques, de l’Allemagne moderne.
Un autre évêque ex-oratorien changea la scène, & vint se donner en spectacle aux molinistes & quesnellistes. […] Parmi les scènes, données à la fois par la superstition, par la licence & la fourberie, il ne faut point omettre l’histoire du diacre Paris, appellant & réappellant, enterré dans le cimetière de saint Médard. […] De-là cette scène plaisante(*), arrivée au temps de pâques. […] Le premier volume de leur dictionnaire ayant paru au mois d’octobre 1751, la scène changea. […] La scène fut autrement sérieuse que celle d’un de nos poëtes avec un commissaire.
Dans le moderne, ils mirent en scène des artistes barbouillant des fresques religieuses, à intentions sadiques, sans être, pour cela, d’aucune religion, choyant de petits garçons bien frisés, racontant d’érotiques calembredaines dans des salons peuplés de vierges lesbiennes et de bas-bleus au clitoris exigeant, ou bien des pédérastes romantiques, ou bien encore des assassins titrés. […] Mais, par contre, il met en scène Monseigneur Martha, évêque de Persépolis, apôtre de « l’esprit nouveau », c’est-à-dire de la réconciliation entre les Gavés de la République et les Convoiteux de la noblesse et du clergé. — Comme il s’exprime bien ce confident de Pecci ! […] Si abstrait que soit son sujet, il l’anime, il en fait une tragi-comédie et il joue « la scène dans la salle ». […] Fondre son être entier dans la nature, Frissonner du même frisson, Être mieux qu’un passant dans les choses qui sont, Jouer son rôle admirable et obscur Sur une scène harmonieuse, Acteur à la fois et témoin.
Molière lui-même, qui n’était pas crédule, n’a-t-il pas pour ce motif mis en scène la fin surnaturelle de Don Juan, tiré en enfer par le Commandeur ? […] Il met en scène également ses deux caméristes, dont une Alsacienne qui dit : « Matame la gomdesse ». […] Je puis apporter mon témoignage sur une autre scène du livre de M. […] Mais elle est si exigeante, si envahissante, que ce n’eût pas été trop d’un amour-passion, qu’elle eût peut-être fini, d’ailleurs, par décourager, appartenant à la terrible catégorie des femmes qui font des scènes et ne sont jamais contentes. […] Dans un tam-tam, ou dancing, il a vu des scènes hideuses de frénésie mystique, avec croyance enracinée au diable.
Nous repoussons ce qu’il entre d’abstrait, par conséquent d’invraisemblable dans la fortune d’un auteur qui fait jouer une pièce dont l’effet immédiat est de « provoquer un élan d’amour dans sa ville » — nous savons trop par expérience que les choses ne se passent pas ainsi — et pour qui « tous les soirs les planches poudreuses de la scène furent comme un profond divan où il posséda le cœur blessé, le cœur traîné des nerveuses spectatrices ». […] On se rappelle l’affabulation du livre, qui vaut avant tout par sa condensation et sa brièveté, dont l’ordonnance est bien dans la pure tradition française, parce qu’il déblaie soigneusement les circonstances accessoires inhabiles à renforcer l’intérêt, et que, suivant l’esthétique d’une mise en scène bien composée, nulle figure ne s’avance au-delà du plan qui tout d’abord lui fut indiqué. […] Je sais peu de tableaux comparables à cette scène d’abandon dans la Maison du Péché, pour nous convaincre que cet abandon est un instant de brève folie.
Supposons qu’on veuille reproduire sur un écran une scène animée, le défilé d’un régiment par exemple. […] C’est parce que la bande cinématographique se déroule, amenant, tour à tour, les diverses photographies de la scène à se continuer les unes les autres, que chaque acteur de cette scène reconquiert sa mobilité : il enfile toutes ses attitudes successives sur l’invisible mouvement de la bande cinématographique.
Il n’est pas exact non plus que, dans le jeu innocent, improvisé pendant l’orage, Charlotte ait donné si lestement des soufflets à ceux qui ne devinaient pas juste ; ces soufflets sont un enjolivement et un ressouvenir de quelque autre scène arrivée ailleurs et avec une autre, et ils ne s’accordent point avec le caractère de gaieté sans doute, mais non de folâtrerie, de la véritable Charlotte.
Si la scène eût été placée dans les Gaules, j’aurais mis un hibou, un loup ou un renard.
Mais, dans ce silence, l’image du fracas retentissant persiste, disparaît, reparaît, jusqu’à ce qu’une autre préoccupation ou une autre émotion vive la chasse de la scène pour y installer un nouvel acteur. — Or, à chacune de ses rentrées, l’image se trouve en conflit avec le groupe des sensations qui sont alors présentes.
Puis Boileau, qui n’avait pas du tout l’imagination dramatique, est tombé dans la même erreur que La Bruyère, qui oppose son Onuphre à Tartufe, sans s’apercevoir que la vérité théâtrale n’est pas celle du livre, et que la scène a ses conditions et comme son optique particulières, qui obligent à faire une copie inexacte de la nature pour en donner la sensation vraie.
L’historien est lui-même en scène ; il était de ceux qui se réjouissaient, et il nous le dit, en se reprochant, comme chrétien, le contentement du politique qui voyait la France échapper à un prince médiocre.
Il n'en a pas lui-même dix qui se soient soutenues ; & pour Alzire, Mérope, Zaïre & Mahomet [qui ne seront jamais comparables à Cinna, aux Horaces, à Polyeucte & à Rodogune], peut-on oublier qu'il est l'Auteur de Zulime, de Mariamne, d'Artémire, d'Eriphile, du Duc de Foix, de Rome sauvée, du Triumvirat, d'Adélaïde, des Scythes, des Guèbres, des Pélopides, &c. qui sont bien loin d'offrir des plans & des scènes de génie, comme Othon, Surena, Sertorius, Attila, &c. ?
aussitôt un monde paraîtrait à ses yeux. » — Cette lumière que Kant suppose répandue à la fois sur tous nos souvenirs, nous sommes obligés nous-mêmes de la projeter successivement sur une partie, puis sur une autre, et d’éclairer peu à peu comme d’un jet de lumière quelques points de la scène intérieure, sans jamais pouvoir l’illuminer par une conscience qui l’embrasserait tout entière.
C’est cette crainte du passé et du modèle ancien qu’Ibsen a mise en scène dans Les Revenants et qu’il exprime en cette phrase de Mme Alving : « Ce n’est pas seulement le sang de nos père et mère qui coule en nous, c’est encore une sorte d’idée détruite, de croyance morte, et tout ce qui en résulte.
Puis, il la distrait par des scènes continuelles, des consignations de gens à la porte, des sacrifices de toutes sortes, et la boude, la gronde, l’insulte, fait amende honorable, puis la réinsulte, — maintenant son adorée, tout le temps, dans l’émotion fiévreuse d’une liaison toujours au bord d’une rupture ou d’une réconciliation.
* * * La scène d’hier soir m’a fait cruellement mal.
Cette préface, malgré une mise en scène assez rusée et assez joliette, cette préface est, d’un bout à l’autre, le cri d’une conscience inquiète qui croit s’imposer silence à elle-même en se parlant haut.
Il serait, vis-à-vis des pensées et des sentiments qui se déroulent à l’intérieur de la conscience, dans la situation du spectateur qui voit distinctement tout ce que les acteurs font sur la scène, mais n’entend pas un mot de ce qu’ils disent.
Ce n’est pas au peuple que s’adressent les livres où il est en scène.
Griffin ne s’est pas contenté d’utiliser la veine populaire pour des reconstitutions de mise en scène ou des contes archaïques. […] Le romantisme rehaussait des couleurs de son imagination un peu dévergondée la vision de paysages orientaux ou de spectacles épiques ; le parnasse, par réaction, s’éprit du souci de faire plus vrai — ne pas confondre vrai et réel — et cisela avec exactitude sur des coupes ou des vases élégants des scènes historiques ou des motifs décoratifs ; les symbolistes, Maeterlinck en tête, ajoutaient une troisième corde à la lyre contemporaine et, opérant la synthèse du rêve et de l’apparence, s’élevaient jusqu’au réel en poussant vers les frontières inexplorées du moi. […] Pour mieux empêcher le spectateur d’être distrait par une mise en scène trop arrêtée, et dans le but de nous intéresser exclusivement au développement des états d’âme, l’auteur localise l’action de ses pièces dans des cadres féeriques et mouvants, où nous devinons vaguement des canaux endormis, des moulins abandonnés, des paons mélancoliques, des castels hantés, des forêts terrifiantes. […] Ce n’est là qu’un prologue d’une épopée burlesque en trois chants, mais ce poème vibre d’une vie si pleine, si totale que chaque page constitue un tableau définitif, scène de mœurs, de caractère ou paysage lyrique, et se suffit à lui-même. […] Les livres s’intitulent d’ailleurs simplement Poèmes ; il s’y agit d’une action intérieure à mille scènes diverses, d’une symphonie à plusieurs parties qui toutes contribuent à l’expression d’une même personnalité.
Il fait cortège à la sensation ; mais le plus souvent, comme les opérations sont rapides, il reste sur l’arrière-plan ; elle seule est en scène. […] La différence entre les deux cas est donc de sept centièmes de seconde. — Dans les deux cas évidemment, la sensation brute se produit au même instant ; mais, dans le premier, l’image du côté droit est toute prête à entrer en scène et n’est pas contrebalancée, comme dans le second cas, par l’image également prête du côté gauche.
Ah, si ces poètes regardaient à leurs alentours, ils y verraient des scènes courantes, y entendraient d’usuels dialogues. […] Du temps où ces poèmes s’élaboraient, le Naturalisme était dans toute sa gloire, Émile Verhaeren lui emprunta sa manière scripturale et son vocabulaire pour traiter des scènes familiales, des épisodes et des sentiments qu’avaient autrefois réalisés, dans un art différent, les vieux Maîtres de Flandre.
Il y a sans doute bien des artifices de composition dans ses romans et ses drames ; pourtant, dans les scènes particulières, dans les épisodes détachés de l’ensemble factice, il possède un sens du réel et arrive à une puissance lyrique dans la reproduction exacte de la vie que Zola, dans ses bonnes pages, a seul atteinte. […] Hugo est magnifique metteur en scène de lieux communs, dramaturge pittoresque, romancier descriptif, lyrique puissant, froid quelquefois, épique supérieur et merveilleux.
Il rappella aussi & l’état où il avait trouvé notre scène comique & ce qu’il avait fait pour l’illustrer. […] Comme il achevait ces mots, parut un jeune Poëte nouvellement couronné sur la scène comique. […] Je prodiguais les fêtes, parce qu’il y prodiguait les traits de génie, & que le sien n’osait pas se développer entiérement dans les scènes. […] Les scènes y sont coupées dans une forme qui sauve la monotonie du dialogue, & fournit au Musicien l’occasion de déployer toute la magie de son art. Cette maniere de couper une scène devient, sur-tout, nécessaire dans un Opéra Ballet, où l’intérêt est toujours moins pressant que dans une Tragédie.
Alfred Capus répondant à M. de Porto-Riche, qui voyait une immoralité dans le fait de mettre des fripons à la scène, expliquait que rien, au contraire, n’était plus conforme à la saine tradition française ; et il ajoutait : Il en est de même pour ce que M. de Porto-Riche nomme « les désordres de l’amour ». […] Et l’on sent que pour Rousseau de telles scènes offrent l’image parfaite du bonheur. […] Il y aurait quelque injustice, je pense, à insister sur cette petite scène. […] Quand naît, dans l’adorable dernière scène de la pièce de Maeterlinck, la fille de Mélisande, c’est toute l’inquiétude douloureuse de l’humanité qui semble balbutier sur les lèvres de ce petit être.
Les montagnes du Forez, cette Auvergne du Midi, berceau de son enfance, les scènes de la vie agricole, vrai cadre de toute poésie, les fenaisons, les moissons, les vendanges, les semailles, les mille impressions douces, fortes, tendres, tristes, rêveuses, qui montent au cœur de l’homme agreste dont le goût n’est pas encore blasé par la vie artificielle des cités, tous ces évangiles des saisons qui chantent Dieu par ses œuvres dans le firmament comme dans l’hysope, sont les textes de ces délicieuses compositions.
Qu’on oublie donc que ces vers parlent de moi ; qu’au lieu de moi, retiré depuis longtemps de la lice, et qui n’ai fait que toucher superficiellement et avec distraction la lyre jalouse qui veut tout l’homme, on suppose un nom véritablement et légitimement immortel ; qu’on se figure, par exemple, que Solon, poète d’abord, et poète élégiaque dans sa jeunesse, puis restaurateur, législateur et orateur de la république athénienne, puis banni de la république renversée par l’inconstance mobile des Athéniens, puis rentré obscurément dans sa patrie, par l’insouciance du maître, y végète pauvre et négligé du peuple sur une des montagnes de l’Attique ; qu’on se représente en même temps un jeune poète d’Athènes, moins oublieux que ses compatriotes, bouclant sa ceinture de voyage, chaussant ses sandales, et partant seul du Parthénon pour venir visiter bien loin son maître en poésie, relique vivante de la liberté civique ; que Solon reçoive bien ce jeune homme, partage avec lui son miel d’Hymette, ses raisins de Corinthe, ses olives de l’Attique ; que le disciple, revenu à Athènes après une si bonne réception, raconte en vers familiers à ses amis son voyage pédestre, ses entretiens intimes avec le vétéran évanoui de la scène et se survivant, mutilé, à lui-même et à tous dans un coin des montagnes natales.
» Je vais mettre en scène ce dialogue du mort avec les vivants, et faire parler cet oracle du fond de son sépulcre, autant du moins que ma faible intelligence et ma sagesse bornée peuvent interpréter les pensées présumées de cette forte tête et de cette grande vue sur les affaires humaines.
il faut que tout nous quitte, ou tout quitter. » XXV Et comme elle décrit les scènes de la vie rustique !
Nous avons peine à nous réconcilier avec son absence sur l’Océan et au milieu des sables de l’Afrique ; mais ces dernières scènes, où rien ne rappelle à notre esprit nos champs, nos bois et nos rivières, nous laissent moins étonnés de l’immensité des solitudes que nous traversons.
Les scènes de ces drames innocents étaient les matériaux sur lesquels mon imagination brodait ses plus doux rêves.
LIX Les Mémoires d’outre-tombe, où M. de Chateaubriand avait prétendu enserrer toute l’histoire de son temps, et se mettre sans cesse lui-même en scène, en équilibre, en opposition avec Bonaparte, n’eurent donc pas le succès que ses amis en avaient attendu.
Les magnifiques lamentations de la race humaine, l’éveil de la mémoire et de la pitié de Faustus au bruit de cette plainte qui passe, la scène où, assis près de Stella, il cherche au firmament son ancienne patrie, la terre ; (Je me rappelle cet enfer… Et cependant je l’aime encore Pour ses fragiles fleurs dont l’éclat m’était cher, Pour tes sœurs dont le front en passant le décore.
Par l’effet de cette autre paresse d’intelligence dont se plaint aussi Montaigne, ou dont il se vante, une demi-vérité de Sénèque le secouait bien plus vivement qu’une belle scène de Térence ou un beau morceau de Cicéron.
Il nous déclame en solennité, avec, autour de la Parole, beaucoup de miousic, de symbole et de mise en scène : « Les Hindous sont des Aryas comme les Européens.