C’est d’abord la vue la plus nette de ce qu’il y a de relatif dans la morale, et des différences foncières que les tempéraments, les siècles et les pays mettent entre les hommes.
La vue du monde mauvais, nous nous y complaisions par une étrange maladie d’orgueil : nous préférions que le monde fût laid, pour paraître forts en le voyant et en le disant.
Et je me rappelais une petite danseuse que j’avais vue l’autre année à Yokohama.
Ou, du moins, celle qu’ils ont, celle que Dieu leur avait donnée, personne ne l’a vue, ni ne la verra jamais.
De croire que cette vie n’est qu’une épreuve et un prélude, ou de croire qu’elle n’aura aucun prolongement ultra-terrestre, il semble, à première vue, que deux morales opposées dussent s’ensuivre : mais, dans la pratique, tout s’arrange.
. — Connaître au moins de vue et de nom les personnages de “la fête” à Paris. — N’aller déjeuner et dîner que dans les restaurants connus. — Faire semblant d’avoir tout lu. — Savoir tous les potins. — Couper les livres des auteurs qui dînent chez vous. — Dîner beaucoup en ville et aller à la messe. — Retenir d’une exposition les tableaux des gens qu’on rencontre dans le monde. — Éviter le solennel et prendre la vie à la blague. » * * * Étrange société où connaître les gens qui font « la fête » suffit pour conférer un titre d’excellence.
Chez nous, on accorde à l’art quelques subventions péniblement marchandées, non par le besoin qu’on éprouve de voir la pensée nationale traduite en grandes œuvres, non par l’impulsion intime qui porte l’homme à réaliser la beauté, mais par une vue réfléchie et critique, parce qu’on reconnaît, on ne sait trop pourquoi, que l’art doit avoir sa place et qu’on ne veut pas rester en arrière du passé.
On ne comprend rien à l’humanité, si l’on s’en tient aux vues d’un individualisme étroit.
Pour fonder la mission de celui-ci sur un témoignage admis de tous, on raconta que Jean, dès la première vue de Jésus, le proclama Messie ; qu’il se reconnut son inférieur, indigne de délier les cordons de ses souliers ; qu’il se refusa d’abord à le baptiser et soutint que c’était lui qui devait l’être par Jésus 575.
Bretèche, loge avec vues latérale et de face faisant saillie sur une façade.
L’académie, établie uniquement dans la vue de donner à la langue toute la perfection dont elle est susceptible, ne s’oublia pas dans cette occasion.
En un mot, ses exclamations & ses invectives ne furent pas moindres que celles dont Cicéron se servit à la vue d’une horrible conspiration contre l’état. » Ce discours parut en 1531 ; il fut bientôt suivi d’un autre dans le même goût.
Comptez mon ami ; le portrait du roi par Vanlo ; la Magdelaine dans le désert ; la Lecture ; le grand paysage de Boucher ; le St Germain qui donne une médaille à Ste Genevieve ; le St Andre de Deshays, son St Victor ; son St Benoit près de mourir ; le Socrate condamné ; le Bénédicité de Chardin ; le Soleil couchant de Lebel ; les deux Vues de Bayonne ; le Jeune élève de Drouais ; le Diomede de Doyen ; la Blanchisseuse ; le Paralytique, le Fermier brûlé, le portrait de Babuti par Greuse ; le crucifix de bronze de Roland de la Porte ; et d’autres qui ont pu m’échapper.
Le mérite d’une esquisse, d’une étude, d’une ébauche, ne peut être senti que par ceux qui ont un tact très-délicat, très-fin, très-délié, soit naturel, soit dévelopé ou perfectionné par la vue habituelle de différentes images du beau en ce genre, ou par les gens mêmes de l’art.
On est tenté de prendre pour la belle nature celle qu’on a toujours vue : cependant le modèle primitif n’est d’aucun siècle, d’aucun pays.
qu’on n’avait jamais vue en histoire et qui doit, à force de la dégrader, tuer, un jour ou l’autre, l’œuvre de Michelet !
Toutefois les vues que nous présentons sur ce point, comme sur les questions qui s’y rattachent, sont celles mêmes que nous avions émises, il y a longtemps déjà, dans notre Essai sur les données immédiates de la conscience (Palis, 1889).
Puis il passe à la catégorie capitale des gardiens de l’État, les soldats, et, dans la vue de former cette catégorie de défenseurs de l’État avec toutes les conditions et les vertus de la profession, il se jette dans des utopies presque aussi révoltantes et aussi absurdes que les utopies des blasphémateurs de la propriété, des destructeurs de la famille et des expropriateurs de nos jours. […] « — C’est possible, lui répond le législateur chimérique, mais nous ne fondons pas un État pour qu’une classe de citoyens soit heureuse ; nous avons en vue le bonheur de tous et non celui des individus. » En sorte que, par une absurdité d’utopiste, le bonheur de tous se composerait du malheur de chacun ! […] XXVI C’est là aussi la conséquence immédiate et forcée de toutes les utopies de communautés des biens que nous avons vues se renouveler sous différents noms depuis deux mille ans en Orient et en Occident, et depuis J.
« C’est manquer, dit-elle, tout à fait de respect à la Providence, que de nous supposer en proie à ces fantômes qu’on appelle les événements : leur réalité consiste dans ce qu’ils produisent sur l’âme, et il y a une égalité parfaite entre toutes les situations et toutes les destinées, non pas vues extérieurement, mais jugées d’après leur influence sur le perfectionnement religieux. […] Et que de fois encore du milieu de toutes ces thèses si animées, de tout ce déplacement soudain de raison virile et d’éloquence, je l’avais vue passer vivement à des intérêts privés, les faire valoir avec le même feu, donner à quelque mérite modeste ou disgracié un appui décisif, par ces paroles d’une séduction impérative ou d’une bonté touchante, comme elle en savait dire aux hommes politiques le plus à l’abri de l’émotion ! « Que de fois, par cette ardeur conciliante qui lui était un lien avec les meilleurs représentants de tous les partis, et par ce droit légitime de son esprit qui ne lui donnait guère moins de pouvoir sur M. de Blacas ou sur M. de Montmorency, que sur M. de Lafayette ou sur le baron Louis, je l’ai vue dans la même soirée, faire admettre dans la maison du roi un homme de mérite aussi indépendant que malheureux, réintégrer dans leurs emplois quelques agents impériaux et dévoués, mais avec honneur, au pouvoir qu’elle avait combattu, et servir de son crédit des hommes de lettres qui, pendant son exil, avaient eu le malheur de nier son talent.
On perd longtemps Bacchus de vue après cette apparition primordiale. […] Un égout de superstitions impures dont le soupirail s’ouvre aux murs de brique de Babylone, qui débouche par la Phénicie et par la Syrie, s’infiltre dans les croyances helléniques, La fraîche Aréthuse, engloutie sous cette mer putride, perd sa limpide transparence et se corrompt à vue d’œil. […] Un sinistre changement à vue transforme ses bacchanales en sabbat.
Quand vous auriez retrouvé et prêté à l’acteur qui joue le rôle de Brutus le poignard même dont il a frappé César, cela toucherait médiocrement les vrais connaisseurs21. » Enfin, pour achever de nous convaincre de l’importance pratique de ces théories abstraites, voulez-vous surprendre dans une vue incomplète du philosophe la source possible d’une des fautes de l’école romantique ? […] Les vues du philosophe faisaient naître autour d’elles mille applications littéraires. […] Mais ses études d’art étaient trop superficielles, trop incomplètes : ses vues philosophiques elles-mêmes étaient plutôt des pressentiments que des idées.
Plus risible sera la distraction que nous aurons vue naître et grandir sous nos yeux, dont nous connaîtrons l’origine et dont nous pourrons reconstituer l’histoire. […] Nous pouvons maintenant obtenir une première vue, prise de bien loin, il est vrai, vague et confuse encore, sur le côté risible de la nature humaine et sur la fonction ordinaire du rire. […] Peu à peu on perdait de vue qu’on eût affaire à des hommes en chair et en os.
ils sacrifient ceci et cela, en vue d’obtenir un effet plus noble. […] Dans l’Itinéraire et les Martyrs, de belles phrases coïncident souvent avec des images artificielles, et qui ne sont pas vues. […] Pour que son style mobilise, déploie, exploite toutes ses richesses, il faut que ces richesses soient disposées en vue d’un ordre logique, en vue d’une preuve. […] Bergson a utilisé cette Vue avec profondeur pour fonder une psychologie de la mobilité. […] Mais elle portera rarement sur des suites, des chaînes, sur des arts, des littératures, vues synthétiquement, comme des ensembles et comme des êtres.
Une violente réaction ne tarda pas à se manifester dans le domaine des lettres, appuyée par la faillite d’une pseudo-science et d’un rationalisme à courte vue. […] Cette vue ne semble juste que si l’on remplace le mot romantique par celui de parnassien. […] On construit en vue du plaisir des yeux, d’où la surcharge des façades, les badigeonnages multiples et l’orchestre criard des ornementations dissonantes. […] Les textes sont là pour prouver un effort conscient en vue d’un retour à l’inspiration nationale. […] MM. de Régnier et Griffin nous donnent l’exemple de ce que peut être la poésie contemporaine vue à travers deux tempéraments originaux.
Il attribue à son sergent-major des larcins dont la vue, dit-il, l’exerce à l’indulgence. […] Héraclite pleurait en songeant à l’évanouissement, si rapide, des réalités illusoires que sa vue ne pouvait saisir ni arrêter au vol. […] Toute vulgarité s’effaça du champ de sa vue. […] Entre temps, nous nous sommes échauffés à la vue des grands hommes de Plutarque. […] … Ce qui surtout jetait le petit Pouvillon dans l’enthousiasme, c’était la vue des suisses à culottes courtes.
Il paraît avoir eu peu d’inclination pour les idées générales, les analyses techniques, les vues d’ensemble. […] La vue d’ensemble lui a manqué ; il est aussi loin que possible de notre état d’esprit contemporain. […] Son esthétique a engendré deux des écrivains les plus en vue dans notre mouvement contemporain, MM. […] L’irréconciliable critique de la Revue des Deux Mondes avait cependant beaucoup de bon sens et des vues très nettes. […] Mous l’avons vue !
Ce péril, tout grand qu’il puisse vous paraître, n’est encore, du moins à mes yeux, que le précurseur d’un danger extrême, et à la vue duquel, je ne crains pas de le dire, messieurs, vous prendrez peut-être la résolution de priver le peuple français de la grande leçon que vous lui prépariez dans la solennité du 24 avril. […] Il y a telle épithète placée avant ou après le substantif qu’elle affaiblit, qui a changé sept fois de position, et qui s’est vue l’objet de cinq amendements5. […] Molière, dans le Misanthrope, a cent fois plus de génie que qui que ce soit ; mais Alceste n’osant pas dire au marquis Oronte que son sonnet est mauvais, dans un siècle où le Miroir critique librement le Voyage à Coblentz, présente à ce géant si redoutable et pourtant si Cassandre, nommé Public, précisément le portrait détaillé d’une chose qu’il n’a jamais vue et qu’il ne verra plus. […] Étienne et tous les censeurs de la police impériale n’auraient-ils pas frémi à la vue du jeune paysan illustré par son épée, dans les campagnes de la révolution, fait comte de Stettin par Sa Majesté l’Empereur, et s’écriant lorsque sa fille veut épouser un peintre : « Jamais, non jamais l’on ne s’est mésallié dans la famille des Stettin » ? […] » Ici il s’interrompt pour observer avec sa longue vue une frégate à pavillon blanc qui s’éloigne.
Bossuet a eu des continuateurs qui ne sont malheureusement pas entrés dans ses vues, mais qui ont écrit avec un agrément infini. […] Il y a des vues & du style dans l’Histoire raisonnée des premiers siécles de Rome, depuis sa fondation jusqu’à la République, par M. […] Les unes & les autres sont profondément pensées, bien liées, remplies de vues & de conjectures heureuses. […] Tacite se piquoit d’avoir écrit avec bonne foi, & de n’avoir eu en vue que de dire la vérité. […] Mêmes vues d’utilité & de religion dans M.
Car, en dépit de la sérénité que vous m’avez vue, j’ai besoin de me consoler, si je ne l’ai pas qu’on me console. […] Leur source ne se voit, pas ; tout ce qu’elle débite est contrôlé, réglé, ordonné, avant d’être offert à la vue. […] Bien des jolies choses transparaissent sous la traduction comme une statuette vue au fond d’un ruisseau. […] Dans l’atelier voisin, les enlumineurs parmi leur attirail innombrable, voûtés sur leurs exquises miniatures qu’il fallait fignoler à l’aide du pinceau à trois poils, s’usaient la vue et se courbaturaient pour obtenir au soir le réconfort d’une prière en attendant la récompense du Paradis. […] Tous, sans avoir en vue ni les satisfactions de l’amour-propre ni l’opulence des salaires, ils ont œuvré incomparablement sans jamais s’être laissé rebuter par l’ingratitude du métier.
L’ancien style classique, mieux fait pour être écouté et compris, s’adressait surtout au sens de l’ouïe, plus intellectuel que celui de la vue. […] Nul n’obéit plus fidèlement que lui à sa conscience littéraire, nul ne composa moins sa personne en vue du monde. […] Ballanche possède cette double vue historique au plus remarquable degré. […] De beaux talents s’y développèrent parallèlement à de belles amitiés que la tombe seule a vues finir. […] Il y a des hommes dont la vue s’attache surtout à l’élément difforme et désordonné.
Ce n’est pas Rohault qu’il avait en vue en composant le rôle du maître de philosophie. […] Je ne l’ai jamais vue jouer, mais on dit que c’est la meilleure actrice de toutes. […] « Je me souviens toujours, dit Élise, du soir que Célimène eut envie de voir Damon, sur la réputation qu’on lui donne et les choses que le public a vues de lui. […] L’art avec lequel Molière savait dresser la nature la plus inculte à rendre un petit rôle, qu’il avait tracé en l’ayant en vue, le dispensait d’augmenter son personnel. […] Chacun y reconnut M. de Montausier, et prétendit que c’était lui que Molière avait eu en vue.
Dans son beau livre sur l’Avenir de la science, Renan a parlé du dévouement obscur des érudits avec une sympathie éloquente et une sublime hauteur de vues. […] Des recherches dont l’intérêt semble aujourd’hui absolument nul peuvent prendre plus tard une importance que ne soupçonnent pas les rieurs à vue courte ; aucun travailleur n’est inutile dans le champ de la science. […] Si tant d’érudits myopes sont sans idées générales, sans vues philosophiques, nous serions bien naïfs de leur en être reconnaissants comme d’un sacrifice héroïque qu’ils ont fait à la vérité dans l’intérêt des hommes à venir. […] Œuvres ou actions, tout ce que vous faites, dit l’Évangile, doit être fait pour la gloire de Dieu, en d’autres termes, sanctifié par une vue désintéressée et idéale. […] Ce que l’écrivain proprement dit, l’écrivain digne de ce nom, a en vue, ce n’est pas tant, comme le simple publiciste, la diffusion large et rapide, que la permanence de sa pensée.
Ce serait folie que de prétendre donner une vue d’ensemble d’une œuvre qui n’en a jamais eu dans l’esprit de son auteur. […] Marmier est dans l’intérêt passionné qu’il a pris aux choses vues et qu’il a conservé aux choses décrites. […] Quiconque l’aura vue ainsi, cette reine scandinave, ne l’oubliera jamais. […] Il a assez de talent pour affronter les échéances les plus lointaines, pour tirer à vue sur la postérité. […] Zola, il s’attache assurément à faire sentir la vue d’un objet, mais aussi, mais surtout à en représenter l’aspect physique.
Les herbes ont chacune leur propriété, leur naturel et singularité ; mais toutefois le gel, le temps, le terroir, ou la main du jardinier y ajoutent ou diminuent beaucoup de leur vertu : la plante qu’on a vue en un endroit, on est ailleurs empêché de la reconnaître. […] Il est vrai que c’est surtout depuis l’établissement de ce qu’on appelle la société polie que les exemples d’amitié où interviennent les femmes sont plus en vue.
Ne demandez point à cette histoire les formes, les allures nouvelles, ces surprises de vues et de couleurs, ce paradoxe des conclusions, ni tout cet imprévu auquel maintenant l’on est fait et auquel on s’attend. […] Poirson avec un ensemble et une intensité, si je puis dire, que je n’ai vue jusqu’ici nulle part ailleurs dans les autres histoires de ce règne.
Quoi qu’il en soit, et en ne portant en ces agréables matières que le degré de sévérité qui est de mise, je vais noter quantité de noms de poètes qui, sans l’enrichir toujours, sont venus augmenter et grossir le catalogue des étoiles déjà en vue. […] Elle s’y fit remarquer par sa vaillance, son adresse à gouverner un destrier et à faire le coup de lance ou d’épée. — « Qui m’eût vue lors, nous dit-elle, m’eût prise pour Bradamante ou pour la haute Marphise, la sœur de Roger. » On l’appelait dans l’armée le Capitaine Loys.
Du Caire il va visiter les Pyramides ; elles ne l’étonnent pas à la première vue autant qu’il l’aurait attendu de ces masses de pierre. […] La vue de Jérusalem, celle de Bethléem surtout, le frappent vivement.
Tout ce qui a passé et défilé sous nos yeux depuis trente-cinq ans en fait de mœurs, de costumes, de formes galantes, de figures élégantes, de plaisirs, de folies et de repentirs, tous les masques et les dessous démasqués, les carnavals et leur lendemain, les théâtres et leurs coulisses, les amours et leurs revers, toutes les malices d’enfants petits ou grands, les diableries féminines et parisiennes, comme on les a vues et comme on les regrette, toujours renaissantes et renouvelées, et toujours semblables, il a tout dit, tout montré, et d’une façon si légère, si piquante, si parlante, que ceux même qui ne sont d’aucun métier ni d’aucun art, qui n’ont que la curiosité du passant, rien que pour s’être arrêtés à regarder aux vitres, ou sur le marbre d’une table de café, quelques-unes de ces milliers d’images qu’il laissait s’envoler chaque jour, en ont emporté en eux le trait et retenu à jamais la spirituelle et mordante légende. […] Il fait donc des personnes qui sont entre elles en parfait rapport de mouvements, de gestes ; mais comme son faire modifie quelque peu les figures qu’il veut reproduire, qu’il a vues en réalité ou plutôt qu’il a présentes dans l’esprit et en idée, comme de plus l’impression sur la pierre va les modifier quelque peu encore, il attend le retour de l’épreuve afin de faire dire à ses personnages ce qu’ils ont l’air réellement de dire ;’et c’est alors seulement qu’il se demande en regardant son épreuve : « Maintenant que se disent ces gens-là ?
Mais, encore une fois, je laisse l’action, très-secondaire dans le livre, je ne m’attache qu’à d’Albert, au jeune homme qu’elle rencontre et qui s’émeut d’abord à sa vue. […] Ce que je vais dire n’est qu’à première vue.
Vos vues, Citoyen ministre, seront remplies, vos instructions seront suivies avec toute l’exactitude de la bonne volonté, et dans la place de préfet, comme dans celle de commissaire, je n’aurai qu’un but, celui de coopérer au bonheur de mes administrés et de mériter, avec le suffrage des chefs de l’État, l’approbation d’une conscience sans reproche. […] Ceci, Monseigneur, rattache la question aux grandes vues de l’enseignement public, et nul doute que Votre Excellence, qui sûrement sait mieux que moi toute l’importance de ce rapprochement, ne trouve dans ses lumières les moyens de l’opérer. » Oh !
Il paraît bien qu’après le premier tumulte toute la fin de la lettre avait été entendue assez patiemment ; Robespierre tira de là son exorde : « J’ignore quelle impression a faite sur vos esprits la lettre dont vous venez d’entendre la lecture ; quanta moi, l’Assemblée ne m’a jamais paru autant au-dessus de ses ennemis qu’au moment où je l’ai vue écouter avec une tranquillité si expressive la censure la plus véhémente de sa conduite et de la Révolution… Je ne sais, mais cette lettre me paraît instructive dans un sens bien différent de celui où elle a été écrite… Je suis bien éloigné de vouloir diriger la sévérité, je ne dis pas de l’Assemblée, mais de l’opinion publique, sur un homme qui conserve un grand nom ; je trouve pour lui une excuse suffisante dans une circonstance qu’il vous a rappelée, je veux dire son grand âge. […] Ces lettres de Malouet prouvent encore moins pour la justesse de quelques-unes de ses prévisions que pour la droiture constante de ses vues et de ses vœux.
L’Antiquité grecque et latine avait trouvé dans tous les genres les belles formes, les moules admirables, des modèles qu’une fois ressaisis, on ne perdait plus de vue et qu’on révérait sans cesse. […] Admirateur et adorateur pieux des vieux maîtres, dans un beau désespoir de les égaler et de les atteindre, on se serait dit volontiers avec ce docte allemand (Creutzer) : « Il ne nous reste, à nous autres modernes, qu’à les aimer. » On pouvait se dire encore avec Goethe : « Négliger ces vieux modèles, Eschyle, Homère, c’est mourir. » J’ai surtout en vue nos Français attiques du bon temps, non ceux que le xviiie siècle nous a livrés sur la fin, un peu gâtés ou fort affaiblis, mais ceux-ci mêmes, dont était Fontanes, et quand ils se maintenaient dans cette noble mesure de goût, avaient leur manière d’être et de sentir heureuse et rare.
Mais comment alors, dans le gouvernement, des hommes d’État sérieux et vertueux ont-ils pu prêter appui à la légère, et dans des vues toutes momentanées, à des opérations qui n’ont jamais présenté aucune chance de succès légitime et qui entraînaient visiblement à une corruption immédiate ? […] Déjà on l’a vue à l’œuvre dans cette entreprise gigantesque qui s’intitulait l’Europe littéraire, une autre fois dans la Chronique de Paris renouvelée, une autre fois et plus récemment dans la presse à quarante francs.
Une lettre encore de l’époux arrivait à de certains intervalles, et ramenait, au sein de leur certitude habituelle, une crainte, un point noir à l’horizon, que Mme de Pontivy écartait vite de sa passion, comme un soleil d’été repousse les brouillards, mais que lui, moins ardent quoique aussi sensible, ne perdait jamais entièrement de vue. […] Sa vue avait porté du premier coup d’œil sur Mme de Pontivy : il contint mal son émotion.
D’autres fois, la vue d’un danger, les caprices d’un cheval fougueux que son mari se plaisait à monter ; lui causaient de si vives terreurs qu’elle en perdait connaissance… » Toutes ces recherches et ces inventions de sensibilité étaient peine perdue. […] de Frégeville, après avoir franchement déclaré à son mari que le lien conjugal était rompu , et s’être vue l’objet de sa clémence, habite le Nord pendant quelques années, et ne revient en Suisse, puis à Paris, que vers 1801, à cette époque d’une renaissance sociale universelle.
— Et bien témoigne Geoffroi le maréchal de Champagne qui cette œuvre dicta, que jamais si belle chose ne fut vue. […] « Or pouvez vous savoir que ceux-là regardèrent fort Constantinople, qui jamais ne l’avaient vue : car ils ne pouvaient croire que si riche ville put être en tout le monde, quand ils virent ces hauts murs et ces riches tours dont elle était close tout autour à la ronde, et ces riches palais et ces hautes églises, dont il y avait tant que nul ne l’aurait pu croire, s’il ne l’eût de ses yeux vu, et la longueur et la largeur de la ville qui sur toutes les autres était souveraine.
Comme nous aimons à voir un grand nombre d’objets, nous voudrions étendre notre vue, être en plusieurs lieux, parcourir plus d’espace : enfin notre ame fuit les bornes, & elle voudroit, pour ainsi dire, étendre la sphere de sa présence ; ainsi c’est un grand plaisir pour elle de porter sa vûe au loin. […] Mais s’il faut de l’ordre dans les choses, il faut aussi de la variété : sans cela l’ame languit ; car les choses semblables lui paroissent les mêmes ; & si une partie d’un tableau qu’on nous découvre, ressembloit à une autre que nous aurions vue, cet objet seroit nouveau sans le paroitre, & ne seroit aucun plaisir ; & comme les beautés des ouvrages de l’art semblables à celles de la nature, ne consistent que dans les plaisirs qu’elles nous font, il faut les rendre propres le plus que l’on peut à varier ces plaisirs ; il faut faire voir à l’ame des choses qu’elle n’a pas vûes ; il faut que le sentiment qu’on lui donne soit different de celui qu’elle vient d’avoir.
Deux causes nous en dérobaient depuis longtemps la vue : l’ignorance qui avait perdu le sens de ses monuments, et la scolastique, qui obstruait de sa fausse science la source même de la vraie science, c’est-à-dire les livres où elle est consignée. […] Ils ne pénètrent pas dans la vie humaine au-delà de ce que peut atteindre une vue ordinaire ; les vérités qu’ils expriment sont le plus souvent de celles que l’art néglige, tant elles nous sont familières et présentes.
Car pour faire triompher ses prétentions ou ses revendications, l’individu est ici fatalement conduit à s’associer (lock-out pour les patrons ; syndicats pour les ouvriers) en vue d’obtenir la rentabilité maxima. […] Ce dernier individualisme est un appel au génie inventif des individus en vue d’une production accrue et intensifiée ; en vue de la domestication par l’humanité de toutes les forces de la nature, en vue de l’utilisation de toutes les ressources de la planète.
Dans cette vue il se mit à voyager, parcourant les diverses contrées de l’Europe et de l’Amérique en accumulant les documents8. […] Cette abondance dans la fantaisie, cette liberté d’allures, ce débordement de malice espiègle et de jeunesse, cette vivacité française, était mal vue des symbolistes pontifiants.
Mais je me demande si je ne la comprendrais pas mieux encore la tête excitée par une liqueur généreuse, paré, parfumé, seul à seul avec la Béatrix que je n’ai vue que dans mes rêves ? […] Nous traversons l’âge d’analyse, c’est-à-dire de vue partielle, âge durant lequel la diversité des esprits est nécessaire.
— A la vue de cette rose, les regards du lion s’éclairent pour la première fois ; il sourit à cette fleur. […] La vue du malheureux qui allait disparaître lui rend des forces ; un instant après il le dépose sur le quai, dont il rougit les dalles de son propre sang.
Pour qui sait quelle grande ombre jetait un duc dans le monde, même à ce crépuscule de la monarchie, de quel pied de pourpre il foulait la terre, et quelle solennelle étiquette régnait jusque dans l’intérieur de ces grandes familles rangées en face du trône et en vue du peuple, les incartades du chevalier de Talmay divaguent d’inconvenance et de contresens. […] Encore s’il était franc dans son cynisme et vrai dans sa turpitude ; mais on ne sait par quel bout prendre ce caractère faux, lâche et mou, qui se décompose à vue d’œil, pour ainsi dire, et tombe en pourriture d’un moment à l’autre.
Il leur légua son immense bibliothèque, ses plus chères délices, pour qu’elle ne fût pas dispersée après lui : illusion dernière qui montre que le savant, qui possédait si bien le passé, n’avait pas cette seconde vue qui devance les temps et qui lit dans l’avenir10. […] Ôtons-lui ce titre d’évêque qu’il n’eut que bien plus tard, et qui offusque la vue pour le bien juger.