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1177. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Je me trouve si bien d’elle que je crois qu’elle s’accommode de moi. […] Vous croyez bien qu’à son retour chez lui il trouve à qui parler. […] Il est certain que le roi y allait quelquefois, au grand déplaisir de madame de Montespan, puisqu’en rentrant chez lui il trouvait à qui parler. […] Il en résulte que quand on habitait la grande maison de Vaugirard, c’est-à-dire en 1672, au lieu de la prétendue prévention du roi contre madame Scarron, on voit son inclination bien prononcée pour elle, puisqu’il allait la voir secrètement, qu’il en sortait désespéré, non rebuté ; que même madame de Montespan, dont les accès de jalousie sont des accusations d’intrigue entre le roi et madame Scarron, se défiait de ses visites clandestines, et qu’en rentrant chez elle, le roi trouvait à qui parler.

1178. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

le fier et noble esprit à qui nous devons une histoire forte et solide, le fin et mélodieux chanteur des Harmonies, le riche et abondant poète des Feuilles d’Automne, des drames, de la Légende des Siècles, l’immense Balzac, le magnifique et sévère Comte, le bon et intrépide Tolstoï, l’âpre et tragique Dostoïevskya, et tant d’autres, qui ont tout compris, tout dépeint, tout vu et tout fait, ne se sont pas trouvés capables de dire une parole simple, âcre et inaltérable comme celles qu’ont rapportées les quatre évangélistes. […] Il ne s’y trouve rien de trop haut pour nous. […] Et encore il n’est pas bien sûr qu’elle les trouve prêts à accepter toutes les charges qu’elle impose et commande malgré tout. […] Cette première page d’un évangile que tous nous attendons constamment et sans cesse, je la trouve tout à fait conforme aux grandes nécessités du monde, à la réalité des faits, aux besoins perpétuels, vrais et profonds de l’homme.

1179. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

Je me rappelle souvent ce jour, où, sortant du premier sommeil, je me trouvai couchée parmi les fleurs, sous l’ombrage ; ne sachant où j’étais, qui j’étais, quand et comment j’avais été amenée en ces lieux. […] Suis-moi, je te conduirai où une ombre vaine ne trompera point tes embrassements, où tu trouveras celui dont tu es l’image ; à toi il sera pour toujours, tu lui donneras une multitude d’enfants semblables à toi-même, et tu seras appelée la Mère du genre humain. » Que pouvais-je faire après ces paroles ? […] et pourtant je trouvai je ne sais quoi de moins beau, de moins tendre, que le gracieux fantôme enchaîné dans le repli de l’onde. […] Il ne s’élève pas au-dessus de la nature humaine, mais au-dessus de la nature humaine corrompue ; et comme il n’y a pas d’exemple d’un pareil amour, il n’y en a point d’une pareille poésie16. » Si l’on compare les amours d’Ulysse et de Pénélope à celles d’Adam et d’Ève, on trouve que la simplicité d’Homère est plus ingénue, celle de Milton plus magnifique.

1180. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Nous nous contenterons d’observer que Dieu qui voit la lumière, et qui, comme un homme content de son ouvrage, s’applaudit lui-même et la trouve bonne, est un de ces traits qui ne sont point dans l’ordre des choses humaines ; cela ne tombe point naturellement dans l’esprit. […] Job est la figure de l’humanité souffrante, et l’écrivain inspiré a trouvé assez de plaintes pour la multitude des maux partagés entre la race humaine. […] Le même ange va trouver ensuite une vierge qui demeurait en Israël , et lui dit : « Je vous salue, ô pleine de grâce ! […] Nous croyons connaître un peu l’antiquité, et nous osons assurer qu’on chercherait longtemps chez les plus beaux génies de Rome et de la Grèce avant d’y trouver rien qui soit à la fois aussi simple et aussi merveilleux.

1181. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Charles Nodier, ce peseur d’or fin et cette mine d’or fin aussi, Charles Nodier a délivré à Filleau de Saint-Martin un certificat de génie que l’avenir trouvera très bon avec une pareille signature. Or, pour ceux que la destinée des livres fait rêver, il est curieux de voir la bienfaisance aveugle du hasard s’étendre de l’œuvre originale à l’œuvre imitée, et le pastiche trouver son traducteur de grand talent, comme le chef-d’œuvre avait trouvé le sien. — Incontestablement, M.  […] Continuateur singulier, qui a plutôt rompu et défiguré l’œuvre du Maître, et qui trouvera, pour son audace, dans l’ironie cruelle de ce nom de continuateur, une suffisante punition !

1182. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Tout cela, trouvé soit charmant, soit superbe, par la moyenne des esprits et des critiques à qui tout cela s’adressait, est remplacé ici par quelque chose qui, à cette moyenne d’esprits et de critiques, va paraître cruellement rude à avaler ! […] III Mais si l’esprit n’est plus dans son livre, et son intérêt et sa flamme, la vérité, toujours attirante et charmante, si sévère qu’elle soit, s’y trouve-t-elle, du moins ? […] Je ne l’y ai trouvée que grosse comme une souris. […] Mais comme Taine, ce jeune fils, a soif de paternité, lui, créé à ce qu’il paraît pour n’être jamais qu’un fils en philosophie, il s’est trouvé que le remplaçant du père Hegel a été le père Mill, qui, en ce moment, fait son petit susurrement de philosophe parmi les amateurs, et qui lui-même est apparenté avec Condillac.

1183. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Après lui vient ce Tibère, d’une politique sombre et d’une cruauté réfléchie ; fourbe dans sa haine et tyran dans ses caprices ; aussi ennemi du courage que de la bassesse17 ; craignant de commander à des hommes, et s’indignant de ne trouver que des esclaves ; bourreau de sa famille, de ses amis, de ses sujets ; aussi redoutable par ses favoris que par lui-même. […] Après cette époque, nous ne trouvons, jusqu’à Titus, aucune trace d’éloge qui ait été prononcé dans Rome. […] Depuis cette époque, on ne trouve guère plus d’éloges d’empereurs prononcés par des empereurs. […] On trouve dans le Jules César de Shakespeare une imitation éloquente et forte de ce discours d’Antoine ; et le même morceau, fort embelli dans la tragédie française de La Mort de César, est sûrement un des discours les plus éloquents qu’il y ait jamais eu dans aucune langue.

1184. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Nous trouvons cependant un historien à Rome, qui a prodigué, avec la plus grande pompe, les plus lâches éloges à Tibère : c’est Velleius Paterculus, auteur qui a de la rapidité et de la force, qui quelquefois pense et s’exprime comme Montesquieu, et peint les grands hommes par de grands traits, mais qui n’en a pas moins gâté son ouvrage, par le ton qui y règne. […] Si quelqu’un veut éprouver toute l’indignation que la flatterie inspire ; s’il veut apprendre comment on ne laisse échapper aucune occasion de louer un homme puissant ; comment on s’extasie sur ses bonnes qualités, quand il en a ; comment on dissimule les mauvaises ; comment on exagère ce qui est commun ; comment on donne des motifs honnêtes à ce qui est vicieux ; comment on rabaisse avec art, ou sans art, les ennemis ou les rivaux ; comment on interrompt son récit par des exclamations qu’on veut rendre passionnées ; comment on se hâte de louer en abrégé, en annonçant que dans un autre ouvrage on louera plus en détail ; comment, et toujours dans le même but, on mêle à de grands événements, de petites anecdotes ; comment on érige son avilissement en culte ; comment on espère qu’un homme si utile et si grand, voudra bien avoir longtemps pitié de l’univers ; comment, enfin, dans un court espace, on trouve l’art d’épuiser toutes les formules, et tous les tours de la bassesse, il n’y a qu’à lire ces soixante pages, et surtout les vingt dernières. […] D’abord il querelle très sérieusement la fortune de ce qu’elle a osé attaquer un grand homme tel que Polybe : cependant il voit bien qu’elle a été très adroite, car elle a trouvé le seul endroit par où elle le pût blesser. […] On croirait qu’il est impossible d’être plus vil ; Martial a trouvé l’art de l’être encore plus ; c’est de répéter les mêmes éloges pour Trajan, et de blâmer alors les crimes de Domitien, qu’il avait élevé jusqu’au ciel quand il régnait.

1185. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

Tous deux également célèbres, et tous deux jouissant de la gloire l’un de l’autre, ils goûtaient ensemble dans le commerce de l’amitié et des lettres, ce bonheur si pur que ne donnent ni les dignités, ni la gloire, et qu’on trouve encore moins dans ce commerce d’amour-propre et de caresses, d’affection apparente et d’indifférence réelle, qu’on a nommé si faussement du nom de société, commerce trompeur qui peut satisfaire les âmes vaines, qui amuse les âmes indifférentes et légères, mais repousse les âmes sensibles, et qui sépare et isole les hommes, bien plus encore qu’il ne paraît les unir. […] Ceux qui ont reçu de la nature une âme forte, ceux qui ont le bonheur ou le malheur de sentir tout avec énergie, ceux qui admirent avec transport et qui s’indignent de même, ceux qui voient tous les objets de très haut, qui les mesurent avec rapidité et s’élancent ensuite ailleurs, qui s’occupent beaucoup plus de l’ensemble des choses que de leurs détails, ceux dont les idées naissent en foule, tombent et se précipitent les unes sur les autres, et qui veulent un genre d’éloquence fait pour leur manière de sentir et de voir, ceux-là sans doute ne seront pas contents de l’ouvrage de Pline ; ils y trouveront peut-être peu d’élévation, peu de chaleur, peu de rapidité, presqu’aucun de ces traits qui vont chercher l’âme et y laissent une impression forte et profonde ; mais aussi il y a des hommes dont l’imagination est douce et l’âme tranquille, qui sont plus sensibles à la grâce qu’à la force, qui veulent des mouvements légers et point de secousses, que l’esprit amuse, et qu’un sentiment trop vif fatigue ; ceux-là ne manqueront pas de porter un jugement différent. […] Si chaque idée n’est pas nouvelle, ils la trouveront chaque fois présentée d’une manière piquante. […] « Vos prédécesseurs aimaient mieux voir autour d’eux le spectacle des vices que des vertus ; d’abord parce qu’on désire que les autres soient ce qu’on est soi-même ; ensuite parce qu’ils croyaient trouver plus de soumission à l’esclavage, dans ceux qui ne méritaient en effet que d’être esclaves34.

1186. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

L’un avait trouvé le point juste où la grandeur se mêle avec le goût ; le second eut les excès de la force, le troisième n’eut que les excès de la faiblesse. […] Il est à remarquer que dans ces temps-là, on ne trouve plus de traces de l’éloquence latine, que dans les Gaules. […] En suivant l’ordre des temps, nous trouvons un panégyrique prononcé par Eumène pour l’établissement des écoles publiques d’Autun. […] On respire au moins quand, parmi tant de sujets d’éloges, ou ridicules ou atroces, on en trouve un de raisonnable : mais le sujet du discours est ce qu’il y a de mieux dans le discours même.

1187. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Si nous examinons maintenant son caractère et ses qualités personnelles, nous lui trouverons cette ambition sans laquelle un homme n’a jamais donné un grand mouvement à ce qui l’entourait ; cette activité nécessaire à tous les genres de succès, à la guerre surtout, et dans un empire qui embrassait cent provinces ; cette férocité qui était le vice général du temps, et qui lui fit commettre des crimes, tantôt d’une barbarie calme, comme le meurtre de son beau-frère, celui de son neveu, et celui des rois prisonniers qu’il fit donner en spectacle et déchirer par les bêtes, tantôt des crimes d’emportement et de passion, comme les meurtres de sa femme et de son fils ; cet amour du despotisme presque inséparable d’une grande puissance militaire et de l’esprit de conquête, et surtout de l’esprit qui porte à fonder un nouvel empire ; un amour du faste, que les peuples prennent aisément pour de la grandeur, surtout lorsqu’il est soutenu par quelques grandes actions et de grands succès ; des vues politiques, sages, et souvent bienfaisantes, sur la réforme des lois et des abus, mais en même temps une bonté cruelle qui ne savait pas punir, quand les peuples étaient malheureux et opprimés. En général on trouve dans Constantin un mélange de qualités qui paraissent se combattre. […] Il est étonné que son héros, avec si peu de forces, ait tenté une guerre si importante : « Assurément, lui dit-il, vous avez quelque intelligence secrète avec l’âme universelle et divine, qui daigne se manifester à vous seul, tandis que nous, ce sont des dieux subalternes et du second ordre qui sont chargés de nous conduire. » Ensuite il ne peut comprendre qu’il se soit trouvé dans l’univers des hommes qui aient eu l’audace de résister à Constantin : « Eux qui auraient dû, lui dit-il, céder, je ne dis pas à la présence de votre divinité, mais en entendant seulement prononcer votre nom. » Bientôt après, ce lâche orateur fait un crime à son héros d’avoir combattu lui-même, et de s’être mêlé au milieu des ennemis, d’avoir par là, dit-il, presque causé la ruine de l’univers. […] Cependant on rencontre quelques beautés de détail et des lueurs d’éloquence ; car dans les siècles qui penchent vers la barbarie, ou qui en sortent, il est encore plus aisé, sans doute, de trouver de l’éloquence que du goût.

1188. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Silence et bruit lointain, gloire en plein régnante et perspective d’un mausolée, confins du siècle orageux et d’une retraite ensevelie, le lieu de la scène était bien trouvé. […] Nous n’entendons pas ici précisément parler des deux brochures politiques de M. de Chateaubriand : nous en serions fort mauvais juge, incapable que nous nous trouvons, par suite d’habitudes anciennes et de convictions démocratiques, d’entrer dans la fiction des races consacrées et des dynasties de droit. […] Cependant ne vous laissez point abattre ; on trouve encore quelques douceurs parmi beaucoup de calamités. […] On est tenté de s’écrier comme l’auteur des Mémoires, dans une mélancolie cuisante : « Allons-nous-en avant d’avoir vu fuir nos amis et ces années que le poëte trouvait seules dignes de la vie : vita dignior ætas. […] On trouve également dans Rousseau l’histoire d’une condamnation injuste au fouet ; mais Rousseau la subit, et de la main de mademoiselle Lambercier, avec des sentiments d’une énergie concentrée, violente, toutefois un peu souillée, si l’on s’en souvient.

1189. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Necker ; quoiqu’il y ait au commencement des tournures ministérielles et un peu de ce pathos qui lui sont assez ordinaires, cependant on y trouve généralement un ton qui ne nous semble pas le sien, et quelquefois une touche de sentiment qu’il n’a jamais su mêler avec son apprêt et ses tortillages. » Cette prévention radicale contre M. […] Le désintéressement que réclame la chose publique trouve sous sa plume une vertueuse énergie d’expression : « Quand on ne s’est pas habitué, dit-elle, à identifier son intérêt et sa gloire avec le bien et la splendeur du général, on va toujours petitement, se recherchant soi-même et perdant de vue le but auquel on devrait tendre. » Mais au même moment son noble cœur, si désintéressé des ambitions vulgaires, se laisse aller volontiers à l’idée des orages, et les appelle presque pour avoir occasion de s’y déployer. […] s’y trouve et n’y messied pas. […] Nous la voyons, dédaignant les jeux du théâtre et les distractions du goût, courir droit à l’Assemblée, la trouver faible, puis corrompue, l’envisager avec sévérité d’abord, bientôt avec indignation et colère : 89 et les impartiaux, elle le déclare net, sont devenus les plus dangereux ennemis de la Révolution. […] Sa vertueuse légèreté en pareille matière lui permet de trouver tout simplement jolis et de bon goût les romans de Louvet.

1190. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Ma porte s’ouvre toujours au besoin qui s’adresse à moi, il me trouve la même affabilité ; je l’écoute, je le conseille, je le plains. […] Je pensai juste. » Là, je m’arrêtai et je demandai à mon religieux s’il savait combien il y avait d’ici chez moi : « Soixante lieues, mon père ; et s’il y en avait cent, croyez-vous que j’aurais trouvé mon père moins indulgent et moins tendre ?  […] Je suis heureux de trouver dans le même ouvrage un jugement sur La Mettrie, qui marque chez Diderot un peu d’oubli peut-être de ses propres excès cyniques et philosophiques, mais aussi un dégoût amer, un désaveu formel du matérialisme immoral et corrupteur. […] Sa vie bienfaisante, pleine de bons conseils et de bonnes œuvres, dut lui être d’un grand apaisement intérieur ; et toutefois peut-être, à de certains moments, il lui arrivait de se redire cette parole de son vieux père : « Mon fils, mon fils, c’est un bon oreiller que celui de la raison ; mais je trouve que ma tête repose plus doucement encore sur celui de la religion et des lois. » — Il mourut en juillet 178491. […] Nous y renvoyons bien vite les lecteurs qui trouveraient que nous n’en avons pas dit assez ou que nous en avons trop dit92.

1191. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

La Bruyère était déjà, un peu à ses yeux un homme des générations nouvelles, un de ceux en qui volontiers l’on trouve que l’envie d’avoir de l’esprit après nous, et autrement que nous, est plus grande qu’il ne faudrait. […] La Bruyère s’étonne, comme d’une chose toujours nouvelle, de ce que madame de Sévigné trouvait tout simple, ou seulement un peu drôle : lexviiie  siècle, qui s’étonnera de tant de choses, s’avance. […] D’Olivet trouve à La Bruyère trop d’art, trop d’esprit, quelque abus de métaphores : « Quant au style précisément, M. de La Bruyère « ne doit pas être lu sans défiance, parce qu’il a donné, mais « pourtant avec une modération qui, de nos jours, tiendroit « lieu de mérite, dans ce style affecté, guindé, entortillé, etc. » Nicole, dont La Bruyère a paru dire en un endroit qu’il ne pensoit pas assez 148, devait trouver, en revanche, que le nouveau moraliste pensait trop, et se piquait trop vivement de raffiner la tâche. […] Il devait trouver au fond de son âme que c’était un peu trop de pur bon sens, et, sauf le vers qui relève, aussi peu rare que bien des lignes de Nicole. […] La Monnoye, qui devait dîner avec lui ce jour-là, le vint voir dans l’après-midi et le trouva moribond ; il causa même du malade avec M. le Duc, qui témoigna s’y intéresser beaucoup.

1192. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Nous trouverons, en effet, en allant droit à la source, en examinant la genèse de Lohengrin, que cet ouvrage a été conçu et exécuté sous des conditions très particulières, uniques dans la vie du Maître. […] Voilà un langage qu’on ne trouve chez Wagner ni avant ni après cette période. […] Presque toujours, dans ses commentaires, Wagner nomme le chevalier de Saint Graal le centre du poëme ; c’est lui qui est poussé par un désir invincible, par le désir inexprimable d’être aimé, à quitter la région éthérée de pureté absolue, dans laquelle il vit, pour venir se mêler aux hommes, et pour trouver un cœur de femme qui se donne à lui, tout entier et sans question (IV, 353-366). […] La musique contient donc aussi des contradictions, même nombreuses ; si le charme incomparable des mélodies peut les faire oublier, elles n’en existent pas moins. — Ainsi l’on trouve dans l’ensemble de l’œuvre, poème et musique, ce que l’étude des conditions sous lesquelles elle a été composée laissait prévoir : un conflit de tendances. […] Lohengrin, œuvre d’un moment de faiblesse, de découragement, de doute, — et dans laquelle ces sentiments très réels, très universellement humains, ont trouvé l’expression musicale parfaitement adéquate, — est, par cela même, plus accessible à tous.

1193. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Pour peu qu'on y fasse réflexion, on trouvera que c'est peut-être à cet avantage que la Henriade a dû son succès ; avantage que n'ont pas eu les autres Poëtes, qui ont été obliges de créer leur Personnage principal, & tous les événement de leur Poëme. […] D'un autre côté, où trouvera-t-on, dans les plans qui lui appartiennent, la hardiesse, la régularité, la souplesse, la dextérité, qui caractérisent ceux de Corneille, de Racine & de Crébillon ? […] Dès qu’il trouve la moindre trace de superstition, il étale un air de triomphe ; il proscrit les abus avec un ton de confiance propre à persuader qu’il est le seul à ignorer, ou à feindre d’ignorer qu’on les a condamnés avant lui. […] Faut-il s’étonner, après cela, qu’il ait trouvé le secret d’en imposer à tant de Gens, de leur faire adopter ses idées, à peu près comme le subtil Charlatan qui amuse, fait acheter sa drogue à ceux même qui n’y ont pas de foi ? […] Tout le monde trouve que la Henriade est un beau Poëme, disoit M. l'Abbé Trublet ; je veux croire que c'en est un : mais d'où vient que personne n'en peut lire plus d'un Chant de suite ?

1194. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Chacun à sa manière lui a déjà rendu hommage, un hommage mêlé, dans lequel les restrictions et les correctifs entrent pour une grande part, mais qui s’est trouvé unanime sur un point, la distinction de l’esprit. […] Ses œuvres sont mentionnées au long dans La France littéraire de Quérard, mais la date de sa naissance ne s’y trouve pas. […] Quand il vous racontait un ouvrage qu’il faisait, l’ouvrage était adorable : puis le livre paraissait, on cherchait en vain, et on y trouvait à peine le quart du charme rêvé ! […] Cette fois, ses amis même trouvèrent que le procédé passait les bornes du jeu et que la ruse n’était pas de bonne guerre. […]trouvera-t-il quelqu’un pour le plaindre, pour le comprendre, si ce n’est encore parmi ceux qui aime et passionnément les mêmes choses dont il a souffert et par où il a péri ?

1195. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

S’il est vrai qu’on ne trouve pas toujours, à l’autopsie, des lésions du cerveau chez les aliénés, du moins en rencontre-t-on souvent ; et, là où il n’y a pas de lésion visible, c’est sans doute une altération chimique des tissus qui a causé la maladie. […] À mesure qu’elle se rétrécit, elle s’infiltre davantage dans une physiologie qui, naturellement, y trouve une philosophie très propre à lui donner cette confiance en elle-même dont elle a besoin. […] Qu’ils préfèrent même la doctrine paralléliste à toutes celles qu’on pourrait obtenir par la même méthode de construction a priori, je l’admets encore : ils trouvent dans cette philosophie un encouragement à aller de l’avant. […] Je ne vois qu’un moyen de sortir d’embarras : c’est de prendre, parmi tous les faits connus, ceux qui semblent le plus favorables à la thèse du parallélisme — les seuls, à vrai dire, où la thèse ait paru trouver un commencement de vérification —, les faits de mémoire. […] Nous parlions tout à l’heure de clichés, de phonogrammes : telles sont les comparaisons qu’on trouve dans toutes les explications cérébrales de la mémoire ; les impressions faites par des objets extérieurs subsisteraient dans le cerveau, comme sur la plaque sensibilisée ou sur le disque phonographique.

1196. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Dans le temps même où il venait de trouver un protecteur, la Providence lui donnait un ami. […] Lui, qui était venu pour dire la vérité, n’avait pu trouver que des flatteries. […] Madame de la Tour, suivie de sa négresse, trouva dans ce lieu Marguerite qui allaitait son enfant. […] Je trouvai dans madame de La Tour une personne d’une figure intéressante, pleine de noblesse et de mélancolie. […] Nous y trouvâmes madame de la Tour et Marguerite en prière, en attendant des nouvelles du vaisseau.

1197. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Il trouvait même qu’il y avait de l’affectation dans un buste. […] Il n’y trouve que des gouttes de cette force, qui ne tueront personne : « Qui examinera les livres  saints ? […] Mais elle en reviendra si elle le lit, car jusqu’ici elle ne l’a lu que par fragments, comme elle le trouvait sous sa main. […] … Et voilà, quand je pense à Diderot, ce qui me fait trouver de l’impertinence dans sa gloire. […] Pour eux, c’est l’infécondité et c’est l’envie, — l’envie, qui trouve laids tous les enfants qu’elle n’a pas faits.

1198. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

À peine s’il avait trouvé un éditeur qui voulût de ses manuscrits, à peine si, en cinq ans, l’éditeur avait trouvé quelques acheteurs qui voulussent de ses livres ! […] Je prends ton bien où je le trouve ! […] Elle n’y trouvera pas tout de suite une réponse. […] Tout le monde s’en trouvera bien. […] Je la trouve raisonnable de penser ainsi.

1199. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Comme Les Nièces de Mazarin ne se referont pas et qu’elles ont trouvé maître, je me permettrai seulement, en qualité de critique, de demander à M.  […] Elle ne trouva le soulagement d’une telle tristesse qu’en affectant le doute et une indifférence qu’elle n’avait pas. […] Ceux même qui rompirent avec lui, ce chevalier d’Éon, par exemple, qui fut ingrat (ou ingrate) à son égard, ne trouvaient rien à lui reprocher « qu’une coquetterie d’esprit qui voulait plaire à tout le monde ». […] Il s’y trouvait lorsqu’on apprit brusquement la disgrâce de son beau-frère Maurepas (avril 1749). […] Et tout cela n’empêche pas que ce diable d’hôte, si Anglais et anglo-saxon au fond de l’âme, ne trouve que ces Français ne méritent pas la réputation de vivacité qu’on leur accorde ; il ne leur trouve point cette vitalité dont il a des exemples sans aller si loin : « Charles Townshend, dit-il, a en lui plus de sel volatil que toute leur nation.

1200. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Dans le code que l’opinion du monde et la décence sociale imposent au clergé, un observateur délicat519 précise ainsi les distinctions de rang et les nuances de conduite : « Un simple prêtre, un curé doit croire un peu, sinon on le trouverait hypocrite ; mais il ne doit pas non plus être sûr de son fait, sinon on le trouverait intolérant. […] Quand on les trouve en avant sur le terrain politique, on peut être sûr que les hommes suivent : chacune d’elles entraîne avec soi tout son salon. […] On trouve du plaisir à descendre tant qu’on croit pouvoir remonter dès qu’on veut ; et, sans prévoyance, nous goûtions à la fois les avantages du patriciat et les douceurs d’une philosophie plébéienne. […] Mais on n’aurait pas trouvé un individu, le plus morose, le plus timide, le plus enthousiaste, qui prévît un seul des événements extraordinaires vers lesquels les États assemblés allaient être conduits. » 492. […] Les courtisans qui donnent le ton à ce théâtre trouvent le chanoine de Reims délicieux. » (Bachaumont, IV, 174, novembre 1768.)

1201. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Il ne saurait être discutable un instant que nous nous trouvons aujourd’hui à un grand tournant de l’histoire humaine. […] On trouve constamment leurs cerveaux hantés par un délire sexuel et une fringale scatologique. […] Dans les clubs anarchistes ou dans le temple babylonien, il trouvait ce qu’il aurait pu trouver dans la plus proche église paroissiale. […] Le paradoxe des prophètes trouve sa justification dans l’âme de Saint-Louis : le lion sommeillait à côté de l’agneau. […] Nous n’avons pas trouvé la source de la citation.

1202. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Nous avions honte de penser à eux ; nous nous trouvions bourgeois, grossiers, polissons, fils de M.  […] N’importe, marchons chez lui, et bon courage ; mon étoile fera peut-être que je ne le trouverai ni par terre, ivre sous la table, ni trônant sur sa chaise percée. — Ô imprudent que je suis ! […] Quand il entra dans le monde, il trouva le roi demi-dieu. […] Ainsi fait Saint-Simon ; à chaque volume il trouve le moyen de sauver l’État. […] En rassemblant toutes les littératures, vous ne trouveriez guère que trois ou quatre imaginations aussi compréhensives et aussi nettes que celle-là.

1203. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

C’est que, si elles trouvent en elles-mêmes les éléments de cette philosophie, elles n’y trouvent pas l’idée maîtresse qui doit présider à leur synthèse. […] C’est encore parce qu’elle ne trouve pas en elle-même le principe qui pourrait l’arrêter dans ses déductions logiques. […] C’est encore parce que la théologie ne trouve point dans ses propres enseignements la limite et l’obstacle à ces entraînements mystiques. […] C’est dans la conscience que l’âme a cherché et trouvé ce Dieu ; c’est dans la conscience qu’elle le contemple et l’adore. […] « Ce n’est point le droit et le devoir que nous trouvons dans la nature, c’est la loi de la force et l’initiative de l’instinct.

1204. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

D’idée principale, il n’y en a ou du moins nous n’y en trouvons pas. […] Valade, Mérat, Charles Cros, moi donc, excepté, il ne trouva guère d’accueil dans la capitale revisitée. […] trouver émue et passionnée la Vénus de Milo ! […] Barbey d’Aurevilly ne trouve dans tout cela que fatras, ennui, fausse érudition et manque d’âme. […] Barbey d’Aurevilly, dans une note substantielle où il trouve le moyen d’appeler M. 

1205. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

« Au xe  siècle, l’histoire ne trouve plus, dans les limites de la Gaule, que quatre différentes langues. […] Il y a quelques années, messieurs, je me serais contenté de vous dire que nous nous trouvons ici en présence de trois guides, très-savants et très-sûrs, dont j’aurais essayé de vous résumer les idées générales : — M.  […] Dans son livre des Récréations philologiques, on trouve, dit M.  […] Un avantage de cette méthode courageuse, inquisitive, c’est qu’en insistant pour ressaisir plus peut-être qu’on ne peut atteindre, on trouve certainement plus de choses que si tout d’abord on désespérait. […] Victor Le Clerc, qui y est autre chose encore qu’un modérateur et arbitre, qui est un travailleur zélé et qui a su trouver pour les monuments de nos vieux âges une flamme égale à celle qu’il eut jadis pour Cicéron ; quand je vois M. 

1206. (1929) Dialogues critiques

Mais je trouve que c’est bien fait. […] Je voudrais bien savoir quelle excuse vous trouvez à Bertrand ? […] Je trouve que c’est inutile. […] Vous trouveriez bon que Cousin fût vengé ? […] Nos grands seigneurs trouvent cela au-dessous d’eux.

1207. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Mais Diderot s’est trouvé être un petit bourgeois français condamné à perpétuité au labeur de bureau, à l’écrivasserie : la société l’a nourri, élevé, absorbé. […] Jean-Jacques se trouvait misérable : une occasion l’affranchit ; un jour qu’il a polissonné dans la campagne, il trouve les portes de Genève fermées. […] Il en a pris le parti du reste, dès qu’il s’est trouvé introduit dans les salons. […] L’homme que la nature l’avait fait s’est trouvé impropre à la vie sociale telle que ce siècle l’entendait, par conséquent froissé, révolté : il s’est replié sur lui-même, et il a trouvé la raison des choses. […] Dans la profondeur de son sens religieux, Rousseau a trouvé cette fois le sens psychologique, qu’il n’avait guère à l’ordinaire.

1208. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Au bout de quatre ou cinq phrases, dites avec le ton suprême des journalistes du grand monde, je le trouve agaçant à l’image de son journal. […] les mots du peuple, l’homme, même de génie, ne les trouvera jamais. […] La pièce finit sur le mot terrible, et que je puis trouver sublime, parce que je l’ai trouvé quelque part, la pièce finit sur le mot de la vieille femme montant dans la charrette de la guillotine : « On y va, canaille !  […] Et il faut travailler, s’isoler la tête, la faire créer, et trouver des idées et des mots artistes dans la souffrance de l’un compliquée de la souffrance de l’autre, et dans l’agacement infernal, produit par la maison que nous habitons. […] Il le retrouve avec une cravate à pois roses, en un costume ébouriffant, le costume qu’on peut imaginer d’un savant allemand, travesti en gandin : « Vous me trouvez un peu changé, n’est-ce pas ?

1209. (1896) Études et portraits littéraires

Elle trouva une beauté imposante à ces formules si bien liées. […] On l’y trouvera tout entier, l’homme et l’écrivain. […] Dire que Richepin y a trouvé thème à chanson obscène… Ah ! […] Et eux-mêmes eussent trouvé excessive la désinvolture. […] Ils trouvent les événements trop raisonnables.

1210. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Pourquoi donc ne trouve-t-il pas en lui-même, le poète, cette fleur qu’il désire ? […] J’y ai trouvé notamment plusieurs des poèmes de la première manière de M.  […] Et on l’aime parce qu’on en trouve à acheter. Dans dix ans, quand on n’en trouvera plus, il faudra aimer autre chose. […] Nous y trouvons un grand homme qui désire, qui sent, qui souffre comme nous.

1211. (1925) Portraits et souvenirs

Cependant, quand elle a trouvé un confident en Valmont, elle s’épanche. […] Elle a trouvé grâce devant les plus impitoyables. […] Les lecteurs qui en pourront être curieux les trouveront dans le volume où M.  […] Cette idée, je la trouve exprimée dans une des pages de l’éloquent adieu que M.  […] Ils exercent toute leur intelligence à trouver des moyens de s’emparer de ce qui appartient à d’autres.

1212. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Ce sont des rêves ou des visions ; il y en a cinq ou six dans Chaucer, et vous allez en trouver sur tout votre chemin jusqu’à la Renaissance. […] Si vous trouvez le détail leste, dit-il, ce n’est pas ma faute, « les clercs l’ont écrit ainsi dans leurs vieux livres », et il faut bien qu’on traduise ce qui est écrit. […] Voilà déjà la satire du mariage ; vous la trouverez chez Chaucer à vingt reprises : il n’y a plus, pour épuiser les deux perpétuels sujets de la moquerie française, qu’à joindre à la satire du mariage la satire de la religion. […] Il le trouve au lit, et malade ; voilà un excellent fruit à sucer et à pressurer […] Trouverait-on mieux aujourd’hui dans un chapitre d’Allemagne, dans la plus décente et la plus jolie couvée de chanoinesses sentimentales et littéraires ?

1213. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ils sont uniquement pour la volupté, qu’ils ne croient pas qu’on trouve dans le grand mouvement, et dans les entreprises douteuses et pénibles. […] J’y trouvai une felouque de Turcs, je la frétai pour Gonié. […] Le cavalier arriva à minuit ; il trouva la mère et la fille enfermées, qui déploraient à larmes communes et avec une vive douleur la dureté de leur sort. […] Celui des Lesqui sortit le premier, et trouva ses chevaux au même lieu où il avait mis le pied à terre. […] Je le trouvai prévenu pour sa conduite.

1214. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

À peine nous trouvons-nous en présence de son œuvre, à peine soupçonnons-nous le sens de sa pensée, qu’un sentiment de révolte et de haine nous enflamme, nous précipite contre cet homme. […] Néanmoins, si nous nous en rapportons au témoignage de l’histoire, nous ne trouvons pas d’exemple que dans les arts un homme de génie soit resté ignoré. […] Les héros de tous les âges et de toutes les nations s’y trouvent rassemblés, sans aucun respect des convenances historiques. […] Elle le regardait, elle tâchait de lui trouver des ressemblances. […] Il aura trouvé dans le matérialisme les principes d’une esthétique nouvelle.

1215. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Gautier, malgré son imperturbabilité, ne trouve pas dans cette maison son équilibre. […] Saint-Victor froisse et pétrit son chapeau pour trouver des phrases. […] Je l’ai trouvé à Brunn, le 15 juillet, à deux heures du matin, dans son lit. […] Nous le trouvons assis sur son petit canapé, les mains sur les cuisses, dans une pose d’idole, avec un sourire extatique sur la figure. […] Le cas est trouvé curieux.

1216. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Au fond d’un cloître l’ai trouvée Par un vieux moine conservée. […] si parfois une femme, Pensive, en les lisant, à la fuite du jour, Sent son œil qui se mouille et son cœur qui s’enflamme   A tes récits d’amour ; Si, parmi les amis qu’a chéris ton enfance, Un seul peut-être, un seul qui t’aurait oublié, Y trouve avec bonheur quelque ressouvenance   D’une ancienne amitié ; Ou, si d’enfants chéris une troupe rieuse Qu’amusent tes récits, que charment tes accents, En t’écoutant, devient meilleure et plus joyeuse,   Et t’aime pour tes chants : Ce rêve est assez beau pour enivrer ton âme ! […] Ces doux accents mêlés aux légendes devront, en effet, trouver plus d’un écho dans ces montagnes qui nous ont donné Nodier et Jouffroy, et Droz, et qui ont gardé le savant et bon Weiss.

1217. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. »

L’égoïsme est ce qui ressemble le moins aux ressources qu’on trouve en soi, telles que je les conçois ; l’égoïsme est un caractère qu’on ne peut ni conseiller, ni détruire ; c’est une affection dont l’objet n’étant jamais ni absent, ni infidèle, peut, sous ce rapport, valoir quelques jouissances, mais cause de vives inquiétudes, absorbe, comme la passion pour un autre, sans faire éprouver l’espèce de jouissance toujours attachée au dévouement de soi : d’ailleurs, la personnalité, soit qu’on la considère comme un bien ou comme un mal, est une disposition de l’âme absolument indépendante de sa volonté. […] Il s’agit des ressources qu’on peut trouver en soi après les orages des grandes passions ; des ressources qu’on doit se hâter d’adopter, si l’on s’est convaincu de bonne heure de tout ce que j’ai tâché de développer dans l’analyse des affections de l’âme. […] Des hommes froids, qui veulent se donner l’apparence de la passion, parlent du charme de la douleur, des plaisirs qu’on peut trouver dans la peine, et le seul joli mot de cette langue, aussi fausse que recherchée, c’est celui de cette femme qui, regrettant sa jeunesse, disait : c’était le bon temps, j’étais bien malheureuse.

1218. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Giraud, Albert (1848-1910) »

Là, son cœur semblait avoir trouvé une demeure digne où reposer… Mais non, le poète s’est remis en route vers le bonheur, toujours hors de ce siècle. L’a-t-il trouvé ? […] On y trouvera une surabondance d’énergie et de couleurs, une gymnastique un peu folle, l’excès des qualités qui dominent dans son art.

1219. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Jusqu’à ce moment la solitude avait été regardée comme affreuse, mais les chrétiens lui trouvèrent mille charmes. […] Mais les grands écrivains du siècle de Louis XIV, dégoûtés de ces peintures, où ils ne voyaient aucune vérité, les bannirent de leur prose et de leurs vers, et c’est un des caractères distinctifs de leurs ouvrages, qu’on n’y trouve presque aucune trace de ce que nous appelons poésie descriptive 63. […] Nous avons donc eu raison de dire que c’est au christianisme que Bernardin de Saint-Pierre doit son talent pour peindre les scènes de la solitude : il le lui doit, parce que nos dogmes, en détruisant les divinités mythologiques, ont rendu la vérité et la majesté aux déserts ; il le lui doit, parce qu’il a trouvé dans le système de Moïse le véritable système de la nature.

1220. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

En effet, la poësie et les expressions en sont aussi touchantes que celle du tableau où Raphaël a traité le même sujet, et l’execution du sculpteur, qui semble avoir trouvé le clair-obscur avec son cizeau, me paroît d’un plus grand mérite que celle du peintre. […] Je ne prétend pas loüer l’Algarde d’avoir tiré de son génie la premiere idée de cette execution, ni d’être l’inventeur du grand art des bas-reliefs, mais bien d’avoir beaucoup perfectionné par l’ouvrage dont il s’agit ici, cet art déja trouvé par les modernes. […] Je ne trouve donc pas que la recompense de l’Algarde, à qui le pape Innocent X donna trente mille écus pour son bas-relief, ait été excessive.

1221. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

je ne sais pas comment on est là-haut, mais je me trouve bougrement bien ici !  […] Mes yeux cherchent des voitures, mais à une petite place, où j’en trouve, les cochers sont introuvables. […] par exemple Leconte de Lisle, reprend Régamey, lui, fichtre, il ne trouve pas belle… la vie ! […] — Ne trouvez-vous pas cette pièce lugubre ? […] Je ne sais ce qui m’avait pris, mais voici qu’un jour, je vais trouver le Père Félix, et je lui demande de me confesser, et de me donner l’absolution.

1222. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Dumas a trouvé la meilleure expression de ses idées. […] Mais Émile Augier la trouvait dans l’héritage du passé : il n’eut garde de la répudier. […] Dans l’histoire des lettres on trouverait plus d’un exemple d’écrivains mal mariés. […] Zola s’est trouvé passer chef d’école. […] On ne pouvait trouver d’appellation plus impropre.

1223. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Donc il s’y trouve un élément extra-mathématique. […] Pourtant les savants s’y trouvent amenés comme les autres hommes. […] Il fallut trouver pour l’espèce une définition qui ne prêtât pas à l’arbitraire. […] De plus, on cherche à trouver la loi même de la succession ou évolution des formes. […] On pourrait même trouver que ces interprétations ont quelque chose d’inattendu.

1224. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

À ceux qui trouvaient tout le bonheur dans la guerre ! […] Alors l’homme d’en bas trouve l’homme d’en haut aliéné. […] Les Allemands auraient-ils trouvé en toute douceur un coin du ciel et s’y seraient-ils installés ? […] L’humanité, au prix des plus grandes souffrances, doit produire de la beauté, être une admirable matière de poème épique : à creuser Nietzsche c’est cela qu’on trouve, et si l’on ne trouve pas cela on ne trouve rien, que du talent. […] Mais même en soi, même à ne considérer que ses idées, je trouve à Nietzsche son utilité.

1225. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Octave Feuillet, sauf à trouver dans une autre voie la réussite et la renommée que l’on mérite. […] Elle s’attache aux pas du proscrit volontaire, certaine de trouver la mort dans ce lointain exil. […] Je trouve M.  […] Mais, si je me permets de trouver M.  […] Jourdain eût probablement trouvé trop de brouillamini et de tintamarre.

1226. (1899) Arabesques pp. 1-223

Il ne les trouve pas. […] Cette cime une fois trouvée, il y vole. […] Vous ne vous cherchiez pas encore, alors vous m’avez trouvé. […] Maintenant, je vous ordonne de me perdre et de vous trouver. […] L’ouvrier marié et père de famille ne trouvera plus de travail.

1227. (1893) Alfred de Musset

Il trouve, pour sa part, une inspiration très personnelle dans les vers du nouveau venu. […] Maîtres, maîtres divins, où trouverai-je, hélas ! […] Ce matin, après une nuit tranquille, je l’ai trouvée au chevet de mon lit avec un doux sourire sur les lèvres. […] Il est si enfant, qu’il est capable de trouver amusant, au fond, de gagner son souper en filant. […] Et elle a délaissé Musset, qu’elle trouvait aussi démodé par le fond que par la forme.

1228. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Dans l’Eubée et l’Attique on trouve déjà les palmiers. […] Par exemple, leurs recherches sur les propriétés des sections coniques n’ont trouvé d’emploi que dix-sept siècles plus tard, quand Képler chercha les lois qui règlent le mouvement des planètes. […] A la même époque, Rhoikos et Théodoros de Samos trouvent le moyen de couler l’airain dans un moule. […] Un jeune marié ne va trouver sa femme qu’en cachette, et passe la journée, comme auparavant, à l’école de peloton et sur la place d’armes. […] Pausanias trouva en Arcadie des concours de beauté ou rivalisaient les femmes, et qui dataient de neuf siècles.

1229. (1933) De mon temps…

Durant cet intermède, je me trouvais à côté d’un moine en robe de bure. […] D’ailleurs, comment aurait-il pu trouver le repos ? […] J’y trouvai l’occasion de témoigner à M.  […] Nous le trouverons probablement au Vachette. […] Je le trouvai émacié, toussant, plus long et plus courbé que jamais.

1230. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Chacun est en admiration devant mon petit garçon, et l’on s’accorde à lui trouver des dispositions inconcevables. […] Qui ne tente rien n’a rien ; il faut vaincre ou mourir, et c’est au théâtre que nous trouverons la mort ou la gloire. […] Le 12, nous avons vu les fonctions ; nous nous sommes trouvés tout à côté du pape pendant qu’il servait la table des pauvres. […] « Je crains de trouver de bien mauvais chemins, car il y a des pluies effroyables. […] Il avait trouvé à Paris quelques leçons à donner et quelques concerts pour se faire entendre.

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