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674. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

C’est d’abord dans l’univers romain, à la fin de l’Empire, c’est ensuite et surtout dans l’Europe et l’Amérique modernes.

675. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Aussi Grotius, plus érudit et plus éclairé que les deux autres, combat les jurisconsultes romains presque sur tous les points ; mais les coups qu’il leur porte ne frappent que l’air, puisque ces jurisconsultes ont établi leurs principes de justice sur la certitude de l’autorité du genre humain, et non sur l’autorité des hommes déjà éclairés.

676. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

On prétendait faire cadrer l’antique morale des stoïciens avec l’ordre de choses moderne, Lycurgue avec les institutions féodales, le moyen âge avec la république romaine. […] Feu mon père, ayant faict toutes les recherches qu’homme peult faire, parmi les gents sçavants et d’entendement, d’une forme d’institution exquise, feut advisé de cet inconvénient qui estoit en usage ; et lui disoit on que cette longueur que nous mettions à apprendre les langues qui ne leur coustoient rien, est la seule cause pourquoy nous ne pouvons arriver à la grandeur d’ame et de cognoissance des anciens Grecs et Romains. […] (Romains I, 49-21.) […] Je ne veois pas maintenant personne qui, oyant parler de Néron, ne tremble mesme au surnom de ce vilain monstre, de cette orde et sale beste : on peult bien dire qu’aprez sa mort, aussi vilaine que sa vie, le noble peuple romain en receut tel desplaisir, se souvenant de ses jeux et festins, qu’il feut sur le poinct d’en porter le dueil. […] Il sera donc naturel d’attendre des différences entre le moraliste catholique et le moraliste protestant ; et parmi les catholiques mêmes, entre les jansénistes et le reste des docteurs de l’Église romaine.

677. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Mais en les subissant ils leur impriment ce caractère définitif, ce dernier poli, ce cachet suprême d’élégance et de perfection dont ils semblent avoir dérobé le secret aux Athéniens ou aux Romains du siècle d’Auguste. […] Tels furent les principes que leur apporta la Renaissance et l’héritage qu’ils acceptèrent des Grecs et des Romains. […] Ils avaient leur manière à eux de se représenter les Espagnols, les Turcs, les Barbares, les Grecs et les Romains. […] Il lui reproche de n’avoir pas assez tenu compte du christianisme lorsqu’elle parle de l’avilissement des Romains sous les Empereurs, d’avoir négligé de nous faire voir l’influence du christianisme naissant sur l’esprit des hommes. […] Si les Romains de la décadence demandaient avant tout du pain et des spectacles, panem et circenses, les Français demandent des spectacles et du pain.

678. (1925) Comment on devient écrivain

Avec un bon Dezobry, Flaubert nous eût donné une admirable reconstitution du monde romain. […] Gibbon notait au jour le jour les impressions de lectures qu’il se proposait d’utiliser pour son grand ouvrage sur la décadence de l’empire romain.‌ […] Gibbon s’est beaucoup servi de Tillemont pour son grand ouvrage sur la décadence de l’empire romain. […] Je ne ferai pas dire non plus, comme Vertot à Cicéron, s’adressant aux sénateurs romains : « Messieurs », mais : « Citoyens ». […] Il est scandaleux de voir des conférenciers résumer tranquillement l’histoire grecque ou romaine, ou de simples manuels de littérature française.

679. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

L’étude de l’empire romain d’Orient l’a conduit, par une suite naturelle d’étapes et de haltes, dans le domaine d’Ivan le Terrible et de Pierre le Grand. […] Après cela il ne sera que temps pour toi de regagner ton pays et d’évacuer cette Bulgarie qui m’appartient, car elle fait partie de la Macédoine, antique province de l’empire romain. […] Je me promenais, au printemps dernier, parmi les ruines de la Tunisie romaine, en compagnie de M.  […] disaient-ils, au grand scandale des latinistes, tout ça c’est du romain, du sale romain !  […] Tout près des Propylées, un général romain avait dressé, pour sa propre statue, un piédestal nigaud.

680. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Évidemment la donnée historique n’absorbait pas toute son attention ; les récentes découvertes de la science allemande, les derniers bouleversements de l’antiquité romaine, n’excitaient chez lui qu’un intérêt assez tiède. […] Luigi, demeuré veuf avec une fille, s’occupe de lectures théologiques, médite les pamphlets de Luther et s’indigne des abus de l’église romaine. […] Hors du culte romain, il n’admet ni grâce ni salut. […] En voyant la licence de l’église romaine, se sera-t-il converti ? […] Symetha et le Bain d’une dame romaine rappellent la manière antique d’André Chénier.

681. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

On copie ses contemporains en dépit de soi-même, et les Romains ou les Grecs de Racine sont bien souvent des marquis beaux diseurs et d’agréables comtesses. […] Le chien romain est un grossier esclave, goinfre et vil, qui ne voit dans son métier que les profits de son ventre, trop heureux d’attraper « les morceaux que lui jettent les esclaves et les ragoûts dont personne ne veut. » Le chien français est plus délicat ; ses aubaines sont « des os de poulet et de pigeon, sans parler de mainte caresse. » Il ne décrit pas longuement sa servitude comme fait l’autre. […] Un campagnard suisse ou romain qui à l’occasion devenait chef d’armée, arbitre de la vallée ou de la cité, pouvait avoir des sentiments grands, laisser le gain à d’autres, vivre de pain et d’ognons, et se contenter du plaisir de commander : sa condition le faisait noble. […] Si par hasard en lui une idée s’éveille, elle l’incommode ; elle bourdonne dans sa tête comme une mouche dans une chambre close ; Garo, au bout de deux minutes, se trouve las d’avoir réfléchi sur le gland et la citrouille : « On ne dort pas, dit-il, quand on a tant d’esprit. » Et il va dormir ; un bon somme vaut mieux que tous les raisonnements du monde. — Toute cette peinture est assez repoussante, grotesque surtout, donnant matière aux railleries ; La Fontaine ne s’en est pas fait faute ; il prend ses aises aux dépens de ces manants, meuniers, aubergistes, « de Philipot la bonne bête, des phaétons des voitures à foin, des âniers qui mènent en empereurs romains un coursier à longues oreilles. » Il sait leur langage familier, coloré, gouailleur, et le parle comme s’il était allé d’habitude aux foires de Troyes pour y échanger des gaudrioles et des quolibets.

682. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Plus de verve chez les peuples barbares que chez les peuples policés ; plus de verve chez les hébreux que chez les grecs, plus de verve chez les grecs que chez les romains, plus de verve chez les romains que chez les italiens et les français, plus de verve chez les anglais que chez ces derniers. […] Les romains ont imité les grecs dans le poëme dont il s’agit, mais leur délire n’est presque qu’une singerie. […] Figure humaine de tous les âges, de tous les états, de toutes les nations ; arbres, animaux, paysages, marines, perspectives ; toute sorte de poésie, rochers imposans, montagnes éternelles, eaux dormantes, agitées, précipitées, torrens, mers tranquilles, mers en fureur, sites variés à l’infini, fabriques grecques, romaines, gothiques ; architecture civile, militaire, ancienne, moderne, ruines, palais, chaumières, constructions, gréemens, manœuvres, vaisseaux ; cieux, lointains, calme, temps orageux, temps serein, ciel de diverses saisons, lumières de diverses heures du jour, tempêtes, naufrages, situations déplorables, victimes et scènes pathétiques de toute espèce ; jour, nuit, lumières naturelles, artificielles, effets séparés ou confondus de ces lumières.

683. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Dans le passé, je vois des hommes réunis en société par la religion, je les vois marcher vers un but commun, une destinée commune, auxquels ils croient, unis par la religion ; je vois des Perses, des Égyptiens, des Juifs, des Grecs, des Romains, des chrétiens, toutes sociétés religieuses dans lesquelles la religion avait résolu, à la satisfaction de tous, le problème de la destination de l’homme ; mais je ne connais pas de société aristotélique, platonicienne, épicurienne, cartésienne, newtonienne, leibnitzienne, etc., etc. ; enfin je ne connais pas de philosophie qui ait pu réunir en société un certain nombre d’hommes ayant foi à la solution qu’elle leur présentait, et se dirigeant d’après cette croyance.

684. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Dans cette langue dont il était plus maître que de son parler natal, Calvin donna à sa pensée toute son ampleur et toute sa force, et quand ensuite il la voulut forcer à revêtir la forme de notre pauvre et sec idiome, elle y porta une partie des qualités artistiques de la belle langue romaine.

685. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Rostand, à un égal degré, possède les deux vertus romaines de l’imagination : l’abondance et le choix.

686. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

La pièce où ce type du pédant est le plus outré, le plus chargé, est sans contredit celle de ce révolté fantasque, de ce grand ennemi d’Aristote, Giordano Bruno, qui fut une des victimes de l’Inquisition romaine.

687. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

Ce n’est pas chose indifférente de savoir que Corneille pour ses tragédies puisa surtout dans l’histoire romaine et que Racine tira la plupart de ses pièces de la légende grecque ou de la Bible qu’Augustin Thierry s’enferma dans le moyen âge ; que Zola n’est pas sorti des mœurs contemporaines.

688. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Virgile même ne devoit pas être universellement à la portée des Esprits de son Siecle : ses Géorgiques n’en furent pas moins estimées des Romains.

689. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Ses deux filles, Mréo, Eénegu, sont, l’une, l’église Romaine, & l’autre, l’église de Genève.

690. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Ne rien souffrir qui tende à rapprocher l’Église grecque de la communion romaine ; la science y gagnerait peut-être, mais il y aurait du danger pour la paix de l’État.

691. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Mme la Princesse de Belgiojoso13 I Qui ne se rappelle ce temps inouï de la Révolution romaine qui dura trop et qui dura si peu… Ce fut 1789 à son maximum d’illusion terrestre.

692. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

III Le livre de l’abbé Huc, qui ne parle que du passé du Christianisme à la Chine, n’avait point à indiquer ces choses ; mais il les soulève fatalement dans l’esprit du lecteur, selon cette parole, vraie pour le coup, d’un esprit célèbre, qui fut trop souvent dans le faux : « Le passé est gros de l’avenir. » Nous le répétons, ce qui nous a frappé et comme accablé dans la lecture de ces deux volumes, c’est la grandeur de la vie et de la mort des missionnaires, ces héros de l’Église romaine ; c’est aussi la grandeur des moyens employés par eux pour fonder quelque chose de vaste et de solide, et cependant la petitesse des résultats qu’ils ont obtenus !

693. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Lenient — lequel n’est pas un livre d’aperçu, qui n’a été conçu ni écrit comme les Considérations de Montesquieu sur la grandeur et la décadence des Romains, et qui embrasse toute la période du Moyen Âge, — est de n’avoir que quatre cents et quelques pages pour nous donner le train des faits intellectuels de cette époque, qui est immense.

694. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

C’est enfin, plus tard, Richelieu, Mazarin, Dubois, Fleury, tout un débordement de la pourpre romaine sur les marches de tous les trônes ! 

695. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Avant d’entrer dans l’histoire de Louis-Philippe, — le véritable, l’important sujet de son livre, — l’historien a fait marcher, comme dans les triomphes romains, les portraits des ancêtres devant le triomphateur de la race.

696. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

Il avait la netteté positive et profonde des esprits italiens, qui sont, pour moi (preuve l’ancienne Rome et la cour pontificale romaine), les premiers politiques du monde.

697. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Et cependant, malgré ces invocations et ces formules, qu’a fait la morale, de la Chine, cette morale transcendante régnant à la Chine, plus que l’empereur lui-même, ce grand moraliste en robe jaune, qui, sous les inscriptions et les étiquettes, est souvent un monstre d’immoralité auprès duquel les Césars de la décadence romaine ne seraient que d’aimables jeunes gens en goguette !

698. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

En 1849, quand la Révolution, pour un instant souveraine, tenait presque dans les idées une aussi grande place que dans le gouvernement, l’Académie française mit au concours la question de l’influence de la charité chrétienne sur le monde romain.

699. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Ce n’était pas la bâtarde des Romains vaincus et des Barbares triomphants, se mêlant en ces fusions de peuples qui sont les concubinages de la victoire et de la défaite.

700. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Enfin, il y a un admirable artiste encore dans beaucoup de Poèmes antiques ou modernes du recueil publié aujourd’hui, par exemple, Dolorida, poème byronien, un bas-relief pour la netteté avec des personnages modernes pour la passion et pour le geste ; Suzanne au Bain et la Toilette d’une Dame romaine, intailles qu’on eût crues gravées par André Chénier ; Le Cor, la ballade de Roncevaux, où se trouvent de ces vers jaillis comme l’eau, d’une source, et quoi que deviennent les littératures décadentes qui se tordent dans leur convulsive agonie, éternellement limpides, jaillissants et frais : Oh !

701. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

On sait combien ces fabrications antidatées, que la science moderne même ne prévient pas parmi nous, étaient communes dans les derniers âges du monde grec et romain.

702. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Bref, par la persécution du Cid, nous voilà voués aux Romains. […] Le pauvre grand homme plia sous l’orage, et, laissant de côté les sujets modernes, revint aux sujets anciens, se jeta dans les bras des Romains. […] Et, la plupart du temps, sous le nom de Romains, c’était encore des Espagnols qu’il imitait : Sénèque et Lucain étaient de Cordoue. […] A ce caractère franc et noble le poète oppose celui d’un frère du second lit, Attale, qui a été élevé par les Romains et qui est asservi à leur politique, comme son père Prusias. […] Et alors combien son théâtre, le théâtre français tout entier, eussent été différents, plus appropriés à notre nation, plus sympathiques à nos moeurs, à nos sentiments, que les sujets grecs et romains !

703. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Certes, la pensée est profonde, et elle appartient bien à une âme retirée et tranquille comme celle du poète romain. […] Comment avait-on cessé, à un certain moment, de parler l’ancien latin dans les pays de domination romaine et dans la Gaule en particulier ? […] C’était une Romaine.

704. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

La Perse, telle qu’il l’avait façonnée, fut, un instant, comme une ébauche anticipée de l’Empire romain. […] Les Romains appelèrent plus tard « Tortue », Testudo, l’ordre de bataille d’une légion marchant à l’assaut, couverte du toit de ses boucliers : Sparte, dont les soldats portaient aussi de grands boucliers, tenait de cette tortue stratégique, elle en avait la lenteur et la carapace. […] L’historien l’appelle Phémé, dont les Romains ont fait leur Fama, la Renommée aux cent bouches et aux cent clairons.

705. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

C’est d’un charmant, d’un coquet, ce seigneur : on dirait un homme rocaille, mais ce n’est pas vraiment le même homme que l’éphèbe romain. […] Son valet était un général romain, tué à une bataille quelconque dans le pays, et auquel il avait redonné le mécanisme vital, en ne lui accordant que la dose d’intelligence nécessaire pour nettoyer ses fioles. » 18 avril Je voudrais une chambre inondée de soleil, des meubles tout mangés de lumière, de vieilles tapisseries, dont toutes les couleurs seraient éteintes et comme passées sous les rayons du Midi. […] Pas un palais, des fleurs, des eaux chantantes, un entour féerique, des peintures, des femmes nuagées de gaze : ce qui invitait, et qui conviait et qui allumait les sens de l’antiquité, tout cet art magnifique enfin, ouvrant la porte du lupanar romain.

706. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

VII Les modèles de Boileau, ceux qui tentèrent son génie essentiellement imitateur, furent évidemment Horace et Juvénal, les deux satiristes romains. […] Celle sur l’avarice, à travers des banalités mesquines, a des accents de génie romain dans la bouche de Caton ou de Sénèque. […] N’est-ce pas le vers savoureux d’oubli du poète romain : Ducere sollicitæ jucunda oblivia vitæ  ?

707. (1884) Articles. Revue des deux mondes

De naturelles et trompeuses analogies tirées du cours de la vie humaine, des révolutions célestes et du retour périodique des saisons, expliquent suffisamment que les Grecs et les Romains se soient souvent représenté le mouvement de l’histoire comme circulaire ou rétrograde. […] Chez les Romains, l’idée du progrès apparaît aussi, mais toujours à l’état d’instinctive croyance, d’inconsciente aspiration. […] Des deux branches de cette race, c’est la branche romaine (gréco-romano-celtique) dont la civilisation a été prédominante pendant l’antiquité classique et le moyen âge.

708. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Cela rappelle assez exactement les petites formules magiques usitées chez les paysans romains, et dont on trouve, si je ne me trompe, des exemples dans les fragments de Varron ou du vieux Caton. […] C’est apparemment ce que nous avons vu jusqu’ici de plus approchant, par les dimensions, des cirques romains. […] Mais les spectacles que la guerre procurait aux citoyens romains, c’est la paix qui nous les donne. […] Cela rappelle les ibis que Chateaubriand place si ingénieusement sur les colonnes solitaires, ou le lézard du Colisée, qui, dans les vers de Lamartine, vient cacher si à propos le nom d’un empereur romain. […] Les Romains vraiment riches en avaient deux ou trois mille.

709. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

J’ai mis les pieds dans le plat lourdement en rappelant que c’était une invention romaine, alors nouvelle, et que l’aqueduc d’à présenta été refait sur l’ancien. Le souvenir de Bélisaire coupant l’aqueduc romain de Carthage m’a poursuivi, et puis c’était une belle entrée pour Spendius et Mâtho.

710. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Les femmes, femmelettes et jusqu’aux femmes de chambre s’y feraient hacher… Ce parti s’est grossi des honnêtes gens du royaume qui détestent les persécutions et l’injustice. » — Aussi, quand toutes les chambres de magistrature, jointes aux avocats, donnent leur démission et défilent hors du palais « au milieu d’un monde infini, le public dit : Voilà de vrais Romains, les pères de la patrie ; on bat des mains au passage des deux conseillers Pucelle et Menguy et on leur jette des couronnes » […] Par les Éloges de Thomas, par les pastorales de Bernardin de Saint-Pierre, par la compilation de Raynal, par les comédies de Beaumarchais, même par le Jeune Anacharsis et par la vogue nouvelle de l’antiquité grecque et romaine, les dogmes d’égalité et de liberté filtrent et pénètrent dans toute la classe qui sait lire585. « Ces jours derniers, dit Métra586, il y avait un dîner de quarante ecclésiastiques de campagne chez le curé d’Orangis, à cinq lieues de Paris.

711. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Et Mithridate, c’est le vieillard amoureux, mais c’est Mithridate, le roi barbare, l’ennemi des Romains. […] Il ne croyait pas qu’on pût mettre en tragédie la réalité immédiatement perçue : il voulait envelopper l’observation dans une vision agrandie par l’éloignement, et par là poétique : à cette condition seulement, il crut pouvoir traiter Bajazet, parce qu’il sentait les Turcs aussi loin de lui que les Romains.

712. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Verlaine, dans un sonnet très admiré, il s’imaginera qu’il est à lui seul l’empire romain tout entier : Je suis l’empire à la fin de la décadence Qui regarde passer les grands barbares blancs, En composant des acrostiches indolents D’un style d’or où la langueur du soleil danse. […] Le grand Augustin Thierry établit vers 1835 que tout ce qui avait eu lieu dans notre pays, depuis les Romains, n’était qu’une préparation à la monarchie de Juillet, et que, par conséquent, l’histoire de France était désormais parfaite.

713. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Ce misérable livre, fruit de l’enthousiasme & de l’emportement d’un jeune homme, n’est qu’une collection indigeste de tout ce qu’on a écrit de plus satyrique contre les Chefs de l’Eglise Romaine. […] Quoi qu’il en soit, son ouvrage inférieur à ses Révolutions Romaines, n’est pas pourtant indigne de lui.

714. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Or, si nous écartons, comme il faut le faire, les groupements artificiels, dus à la conquête brutale (l’empire d’Alexandre, l’empire romain, celui de Napoléon), et si nous constatons qu’il y a des groupes disparus par leurs propres discordes, nous voyons que l’importance des groupes de contiguïté s’en va chronologiquement du plus étroit au plus vaste, de la famille à la tribu, de la tribu à la commune, de la commune à la province, de la province à la nation ; il y a agrégation progressive ; les groupes anciens, tout en subsistant, se subordonnent nécessairement au groupe nouveau, de sorte que, arrivés aujourd’hui à l’étape nationale, nous entrevoyons déjà, par l’union de quelques États, une marche lente vers l’humanité. […] Sur les ruines de l’empire romain, qui était une unité factice, militaire et bureaucratique, la féodalité institue des groupements nouveaux, conscients et solides.

715. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Tite-Live amenant à la vraisemblance les fables des origines romaines, Voltaire expliquant Mahomet et Jésus-Christ et la Bible, sont plus éloignés de la vérité et de la saine critique, que l’âme simple qui croit et incline, sa raison.

716. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Faites venir maintenant Rhadamiste sous le nom et le costume d’un ambassadeur romain : que Zénobie le reconnaisse ; voilà un effet, d’où naîtront : 1° une lutte de sentiments dans l’âme de Zénobie, prise entre le devoir et l’amour ; 2° la jalousie du mari, amoureux de sa femme, et qui, se souvenant de l’avoir assassinée, n’en attend pas beaucoup de retour ; 3° la jalousie de Pharasmane et d’Arsame, que les entrevues de la femme et du mari inquiéteront.

717. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

demande le catéchisme romain  J’ai été créé et mis au monde pour aimer Dieu, le servir et, par là, mériter la vie éternelle. » M. 

718. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Il faut se rappeler que toute l’antiquité, à l’exception des grandes écoles scientifiques de la Grèce et de leurs adeptes romains, admettait le miracle ; que Jésus, non-seulement y croyait, mais n’avait pas la moindre idée d’un ordre naturel réglé par des lois.

719. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Les Grecs & les Romains sont les deux peuples de la terre qui ont le mieux entendu cette partie, qui ont le plus montré de délicatesse d’oreilles, en mesurant les syllabes brèves & longues, & les combinant ensemble pour le rithme & le métre.

720. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Assurément, en présence de ce prodigieux ascendant qui déconcertait Saint-Simon, et qui étonna si longtemps la France et l’Europe, nous ne nierons pas qu’il y eût des manèges infinis, mêlés à des abnégations sublimes, mais, abnégations ou manèges, dévouements et effacements ou entente de situation et habileté, quelle autre femme pourtant que madame de Maintenon, et toute-puissante comme elle, aurait eu la force d’âme romaine de jouer le rôle anonyme qu’elle consentit à jouer dans l’Histoire, et à s’enfermer modestement sous ses coiffes de veuve au lieu de vaniteusement resplendir sous la couronne qu’elle aurait pu porter ?

721. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

IV Je n’ai point à entrer dans le détail immense des faits à travers lesquels cette légitimité sublime a agi pendant tant de siècles sans jamais forfaire à elle-même, ni quand, pour défendre les corps aussi bien que les âmes, elle s’appuya, un jour, du temps de Léon, sur Charlemagne ; un autre jour, du temps de Grégoire VII, sur la grande Mathilde ; sur Othon, au temps des effroyables anarchies romaines ; et, plus tard, sur elle-même.

722. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Avec le genre d’occupations et de préoccupations auxquelles M. le docteur Tessier a dévoué sa vie, on peut s’étonner qu’il fasse partie de ces « derniers Romains » qui périront probablement à la peine et à l’honneur de la vérité ; mais, s’il y a là une raison pour être surpris, il y en a une autre pour applaudir et pour admirer !

723. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

… Est-ce Benserade qui voulait mettre l’histoire romaine en rondeaux ?

724. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Et tout ce qu’on pourrait ajouter ne paraîtrait-il pas fade et froid à un jeune homme nourri de cette chapelure de perles fines, comme un empereur romain de la décadence, et qui a certainement la tête très solide s’il n’a pas pour l’instant l’orgueil de Nabuchodonosor ?

725. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Elle ne fut pas toujours grecque ou romaine, fille d’une civilisation artificielle, c’est-à-dire refaite à force d’Art.

726. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Il est le Virgile de notre âge, et bien plus grand que Virgile encore, comme nous, modernes et sortis du Christianisme, nous sommes, en âme, bien plus que n’étaient les Romains.

727. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

L’Église, l’esprit de l’Église, la sagesse romaine qui juge à travers le péché, qui peut pardonner tout à ses serviteurs quand ils ont cette chose rare maintenant et qu’on appelle « le caractère », ont inspiré heureusement Fabre.

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