Autrefois c’était généralement pour les personnages que l’on faisait le cadre, tandis qu’à présent, c’est pour le cadre que l’on fait les personnages. […] Les autres personnages sont mêlés de vérité et d’exagération ; la plupart sont de très brillantes créations poétiques. […] Quelque peu propre que soit son sujet à ces demi-confidences, il trouve toujours un petit coin pour s’y montrer, et il fait jouer à toutes ses idées comme à tous ses personnages le rôle de sa propre vie. […] Les personnages, — pour ne parler que des ouvrages dramatiques, — les personnages de Voltaire sont faux rigoureusement, en ce point qu’ils sont tous voltairiens ; mais ils sont vrais, en ce point qu’ils représentent un homme d’un admirable bon sens, et que le bon sens est un trait commun à tous les hommes. Les personnages de M.
En marge de l’Histoire, il évoquait des personnages à demi-imaginaires qu’il y incorporait par sa puissante magie de conteur. […] Tout cela composait un personnage qui avait du relief, mais dont l’abord n’était pas facile et dont le contact était dangereux. […] Son personnage avait du caractère et sa conversation ne manquait ni de verve ni de pittoresque. […] Aussi avait-il assez vite abandonné le roman et renoncé à mettre en œuvre un sujet et des personnages. […] Dans un de ces volumes apparaissait un personnage grotesque et facétieux, une sorte de fantoche ventripotent et cocasse qui répondait au nom cubique de Ubu.
Chateaubriand devint presque un personnage ; « la haute émigration le rechercha ». […] Le personnage le plus scélérat du poème est un homme de la nature. […] Rappelez-vous les personnages du Père Aubry et du Père Souël. […] Le Génie du christianisme m’inspira l’idée de faire la preuve de cet ouvrage, en mêlant des personnages chrétiens à des personnages mythologiques. » (« Personnages mythologiques » semble ici assez impropre)… Ainsi le Génie du christianisme l’obligeait d’écrire les Martyrs. […] Écoutez comment Chateaubriand jugeait ce personnage.
C’est un personnage si complexe qu’un chroniqueur ! […] Est-ce à dire pour cela que le chroniqueur soit un personnage inutile ? […] Et ne croyez pas que Valvèdre soit le personnage le plus invraisemblable du livre. […] » s’écrie quelque part un des personnages de M. […] Point de groupes, mais une procession de personnages qui ne se mêlent qu’un instant en marchant en sens inverse.
Il déteste le « ragoût de logique », dont Julius alimente ses personnages ; il professe que ce qui gâte l’écriture, ce sont les corrections, les retouches, lesquelles en font une chose si grise. […] La terreur qu’inspire la maçonnerie est telle que personne n’ose élever la voix et que toute insinuation de la vérité serait catégoriquement démentie par les personnages les plus autorisés. […] Dans les Déracinés de Barrès, seul le personnage de Racadot l’attire. » Ce n’est pas tout à fait exact ; il est vrai seulement que M. […] Ce n’est pas tout. « Même la description des personnages, ajoute-t-il, ne me paraît point appartenir proprement au genre. […] , ni même par la description des personnages, dont il se dispense, mais il a peut-être tort.
On s’étonne parfois, dans notre société contemporaine, que tel personnage publiquement taré, sans talent d’aucune sorte et sans véritable intelligence, grossier, brutal et vulgaire, obtienne les places et les honneurs qu’il convoite. […] Ils me font penser à ces aimables jeunes filles qui cherchent à connaître tel acteur favori et qui sont soudain naïvement déçues en sa présence, parce qu’elles l’avaient transformé dans leurs rêves en quelque personnage fantastique et absurde. […] Naturellement ces sortes d’interviews posthumes comportent toujours des erreurs de détail, mais peu à peu, grâce aux livres qui paraissent successivement sur le même personnage, elles finissent par se compenser les unes les autres. […] Mais depuis que ce fils est mort dans la gloire, le père ne parle pas autrement de lui, qu’en murmurant d’une voix éplorée : « Ce pauvre Pierre, ou, Mon petit Pierre adoré » ; il s’est recomposé un personnage nouveau pour être à même de supporter cette renommée inattendue, qui rejaillit, malgré tout, jusque sur les ascendants. […] Sur la Tour d’Ivoire La famille d’un personnage célèbre mort depuis longtemps a toujours le droit de protester quand quelqu’un juge trop durement les actes de ce personnage.
Pourtant les principaux personnages sont absolument de fantaisie, comme le royaume d’Illyrie et de Dalmatie, dont il les a faits souverains. […] Comme on le voit, les personnages de M. […] Les rêveries d’égalité ont hanté son cerveau, et c’est ce qui permet à l’auteur de mettre dans la bouche de son personnage tout ce qu’il pense à ce sujet. […] La foule y fut si grande que les personnages les plus considérables avaient peine à y trouver place, ce qui donna lieu à une plaisanterie qui courut alors tout Paris. […] En mon âme et conscience, ayant étudié le personnage, je ne trouvais pas qu’il répondit à l’idée que l’on se doit faire d’un homme de bien.
Je ne peux pas m’empêcher de penser aux personnages du roman de Huysmans, Là-bas. […] Et de quels étranges personnages n’y ai-je pas fait connaissance ! […] L’évolution des événements est absolument transposée de l’extérieur à l’intérieur de l’âme même du personnage principal. […] Il lui manque le don de faire marcher ses personnages et de raconter simplement leurs faits et gestes. […] N’y a-t-il pas quelque part, dans une comédie ancienne, une scène où deux personnages quêtent la faveur du Peuple, Démos ?
Ponsard, le directeur a très finement indiqué ce qu’elles laissent à désirer quelquefois pour l’entière vérité des personnages.
un Roman, où la monotonie des incidens, l’uniformité des ressorts, l’afféterie du style, l’imbécillité des personnages, forment un contraste perpétuel avec le bon sens, le bon goût, & la nature des objets qu’on y traite !
Les Etres moraux, les Personnages métaphysiques qui y figurent, révoltent un Lecteur délicat, & font tort à quelques-unes, qui ne sont jugées sans examen, que parce que les autres sont justement méprisées.
Puis, de tout ceci ainsi posé, faire un drame ; pas tout à fait royal, de peur que la possibilité de l’application ne disparût dans la grandeur des proportions ; pas tout à fait bourgeois, de peur que la petitesse des personnages ne nuisît à l’ampleur de l’idée ; mais princier et domestique ; princier, parce qu’il faut que le drame soit grand ; domestique, parce qu’il faut que le drame soit vrai.
D’après cette remarque, il ne faut plus attribuer au christianisme la langueur qui règne dans le poème dont les principaux personnages sont des êtres surnaturels : cette langueur tient au vice même de la composition.
Lorsque, avec la grandeur du sujet, la beauté de la poésie, l’élévation naturelle des personnages, on montre une connaissance aussi profonde des passions, il ne faut rien demander de plus au génie.
Cette pensée très-convenable à la situation des personnages, et qui montre des accidens differens de la même passion, va jusques au sublime ; mais elle paroît si naturelle en même-tems, que chacun s’imagine qu’il l’auroit trouvée, s’il eût traité le même sujet.
Mais dans le tableau dont je parle, Attila représente si naïvement un Scythe épouvanté, le pape Leon qui lui explique cette vision, montre une assurance si noble et un maintien si conforme à sa dignité, tous les assistans ressemblent si bien à des hommes qui se rencontreroient chacun dans la même circonstance où Raphaël a supposé ses differens personnages, les chevaux mêmes concourent si bien à l’action principale ; l’imitation est si vrai-semblable, qu’elle fait sur les spectateurs une grande partie de l’impression que l’évenement auroit pû faire sur eux.
C’est même la tendance actuellement dominante en psychologie que de multiplier les personnages du drame intérieur, de représenter notre tête comme un théâtre où jouent une foule d’acteurs vraiment différents, ayant chacun un moi plus ou moins rudimentaire. […] De là nos psychologues se sont empressés de conclure : — Pour que l’objet présent cesse d’être vu par la personne normale, il faut qu’il soit reconnu par un autre personnage subconscient, comme étant l’objet qu’on a ordonné de ne pas voir ; c’est donc le personnage subconscient, développé par l’hypnotisme, qui, après le réveil, « prend pour lui la vue de cet objet » dont il a conservé le souvenir194. — Selon nous, il ne faut pas multiplier ainsi les êtres sans nécessité, et on ne doit s’écarter que le moins possible des explications ordinaires pour expliquer l’extraordinaire. […] Alors même qu’on désignerait les deux personnages par des noms différents, appelant l’un moi, l’autre Paul ou Pierre, le seul fait de les connaître tous les deux prouve encore qu’il y a un lien dans une même personne entre les deux sous-personnalités. […] » — Non, répond le personnage conscient et éveillé ; mais en même temps, suivant le signal convenu avec la partie subconsciente de la personne, avec celle qui avait été précisément en action dans l’hypnotisme, le doigt se lève pour dire oui et indique même exactement le nombre de piqûres faites. […] Ordinairement, chaque personnage a un nom particulier, auquel il répond.
Mais si ces personnages n’y étaient pas, il y avait proche de moi, sur la rive du grand bassin, une femme qui se reposait avec son chien à côté d’elle ; en suivant la même rive, à gauche, sur une petite plage plus élevée, un groupe d’hommes et de femmes, tel qu’un peintre intelligent l’aurait imaginé ; plus loin, un paysan debout, je le voyais de face, et il me paraissait indiquer de la main la route à quelque habitant d’un canton éloigné. […] Et continuez. " nous allons au théâtre chercher de nous-mêmes une estime que nous ne méritons pas, prendre bonne opinion de nous, partager l’orgueil des grandes actions que nous ne ferons jamais, ombres vaines des fameux personnages qu’on nous montre. […] Moins la distance du personnage à moi est grande, plus l’attraction est prompte, plus l’adhésion est forte. […] C’est un autre principe ; l’homme du coin devient au retour le Démosthène de son quartier ; pendant huit jours il pérore, on l’écoute, pendent ab ore loquentis ; il est un personnage. […] Je parcourais depuis les premiers personnages de la Grèce et de Rome jusqu’à ce vieil abbé qu’on voit dans nos promenades vêtu de noir, tête hérissée de cheveux blancs, l’œil hagard, la main appuyée sur une petite canne, rêvant, allant, clopinant.
Michaut, ne sont créateurs que les romanciers et les auteurs dramatiques, qui créent des personnages vivants. […] A la rigueur, on conçoit ce scrupule lorsqu’il s’agit de personnages qui ont peut-être des descendants vivants. […] Octave Mirbeau est l’histoire d’un chien, personnage éminemment désigné aux prédilections d’un philosophe cynique. […] Ce sont des personnages symboliques. […] (Je suis Pascal sans Jésus-Christ, dit M. de Séipse, personnage créé par M.
Les quatre personnages qui discutent dans ce curieux morceau, Kalon, Sophon, Kosmon et Christian, représentent, comme leurs noms l’indiquent, les divers points de vue auxquels se placent, pour juger les œuvres d’art, le pur artiste, le philosophe, le savant et le chrétien. […] Victor Hugo a expliqué lui-même le sens qu’il prête à ses Misérables : « Ce livre, a-t-il dit, est un drame dont le premier personnage est l’infini. […] Quand un nouveau personnage apparaît, sa qualité dominante revient de page en page : ainsi l’écrivain se croit obligé de répéter à plusieurs reprises dans le début de l’Homme qui rit, qu’Ursus est un saltimbanque et qu’Homo est un loup. […] … » Et je voudrais pouvoir la suivre jusqu’au bout, cette Fasma, — apparition, vision presque confuse, — pour montrer à quel point « on voit et ne voit pas » les personnages les mieux réussis de M. […] Les faits les plus simples se décomposent pour lui : il consigne soigneusement les moindres gestes de ses personnages, et ces gestes même, il cherche à les démonter, à en montrer le mécanisme.
Ce que j’entends par là, ce n’est pas être dégoûté comme un malade, mais juger bien de tout ce qui se présente, par je ne sais quel sentiment qui va plus vite, et quelquefois plus droit que les réflexions. » « Il faut, si l’on m’en croit, aller partout où mène le génie, sans autre division ni distinction que celle du bon sens. » « Celui qui croit que le personnage qu’il joue lui sied mal ne le saurait bien jouer, et qui se défie d’avoir de la grâce ne l’a jamais bonne. » « Pour bien faire une chose, il ne suffit pas de la savoir, il faut s’y plaire, et ne s’en pas ennuyer. » « Ce qui languit ne réjouit pas, et quand on n’est touché de rien, quoiqu’on ne soit pas mort, on fait toujours semblant de l’être. » « La plupart des gens avancés en âge aiment bien à dire qu’ils ne sont plus bons à rien, pour insinuer que leur jeunesse étoit quelque chose de rare. » Cet honnête homme que le chevalier veut former, et qui est comme un idéal qui le fuit (car l’ordre de société que ce soin suppose se dérobait dès lors à chaque instant), lui fournit pourtant une inépuisable matière à des observations nobles, délices, neuves, parfois singulières et philosophiques aussi. […] En un sens, Pétrone et César lui paraissaient avec raison de vrais honnêtes gens, et ce Ménon le Thessalien, dont parle Xénophon dans sa Retraite, personnage qui avait tous les vices, surtout la fausseté, qui croyait exactement que la parole a été donnée pour déguiser sa pensée, même entre amis, et qui regardait tout net les gens vrais comme des êtres sans éducation 40 , ce Ménon si avancé en mœurs lui eût paru un faux honnête homme et un roué de ce temps-là. […] Il n’y était pas encore, quand il parlait de Pétrone et de César, et quoiqu’il y ait dans le ton dont il disserte de ces fameux Romains un faux air de Clélie, il s’y trouve une connaissance incontestable du fond des choses et du caractère des personnages. […] Pour se rendre compte de la grande réputation du personnage, et, en général, pour s’expliquer ces hommes qui laissent après eux des témoignages d’eux-mêmes si inférieurs à la vogue dont ils ont joui, il faut se dire que les contemporains, surtout, dans la société, s’attachent bien plus à la personne qu’aux œuvres du talent ; là où ils voient une source vive, volontiers ils l’adorent, tandis que la postérité, qui ne juge que par les effets, veut absolument, pour en faire cas, que la source soit devenue un grand fleuve. […] Je crois en avoir bien assez dit pour montrer qu’il ne méritait pas le mépris et l’oubli total où il est tombé, et que c’est un de ces personnages du passé qu’il n’est pas inutile ni trop ennuyeux de rencontrer une fois dans sa vie, quand on sait les prendre par le bon coté.
Remarquez les coups de grosse caisse, j’entends les grands moyens ; on appelle ainsi tout ce que dit un personnage qui veut délirer et ne délire pas ; par exemple, parler aux rocs et aux murailles, prier Abeilard absent de venir, s’imaginer qu’il est présent, apostropher la Grâce, la Vertu, « la fraîche Espérance, riante fille du ciel, et la Foi, notre immortalité anticipée1110 », entendre les morts qui lui parlent, dire aux anges de « préparer leurs bosquets de roses, leurs palmes célestes et leurs fleurs qui ne se flétrissent pas1111. » C’est ici la symphonie finale avec modulation de l’orgue céleste : je suppose qu’en l’écoutant Abeilard a crié bravo. […] Alors parut un nouveau personnage, idole et modèle de son temps, l’homme sensible qui, par son caractère sérieux et par son goût pour la nature, faisait contraste avec l’homme de cour. Sans doute ce personnage se sent des lieux qu’il a fréquentés. […] Il y a d’abord Richardson, l’imprimeur puritain, avec son chevalier Grandisson, personnage à principes, modèle accompli du gentilhomme chrétien, professeur de décorum et de morale, et qui par-dessus le marché a de l’âme. […] Le personnage ainsi bâti, on lui fait son épopée.
Quant aux personnages, c’est élémentaire. […] Lorsque vous tenez en main tous ces personnages, vous les mêlez ensemble en deux, trois, quatre cents feuilletons, et vous servez chaud. […] sans se presser, sentencieusement et péremptoirement, notre personnage considère comme un devoir d’exposer dans toutes les règles à celui qui n’a plus qu’une minute à vivre les convenances du droit civil et les prescriptions juridiques applicables à son cas ! […] Mais nos confectionneurs actuels portent beaucoup plus loin leur sans-façon à coudre et à découdre les morceaux disparates, dont ils habillent leurs personnages. […] Ceux-là adoptent une thèse et la développent logiquement avec des personnages vus et des situations de tous les jours, « comme dans la vie ».
Je me souviens d’avoir entendu dire à un amateur de peinture que l’audition de je ne sais plus quel morceau lui inspirait des images précises de personnages dansants, de mouvements rythmés. […] Il pose l’idée générale qui domine l’œuvre, puis, de déduction en déduction, il en tire les personnages et toute l’affabulation. […] Il décrit alors la vie de ses personnages, ordinairement très nombreux, et établit ce que nous, médecins, appellerions leur observation. L’état civil de chacun est fixé ; le type est décrit au physique et dans son caractère moral ; enfin sa conduite dans les divers incidents du roman est arrêtée… Quand les personnages sont créés et vivent, il faut les baptiser, M. […] La vieille fille dévote est peut-être devenue le principal personnage d’Un cœur simple.
Il y a notamment un personnage nouveau, celui d’Hilarion, dont le diable prend les traits, tandis qu’un autre personnage, celui du cochon, a disparu. […] Ni les événements ni les personnages ne sont les mêmes. […] Les personnages peuvent mourir : la passion a conservé la même intensité jusqu’à la fin. […] La plupart des personnages épisodiques sont des imbéciles et des mufles. […] Qu’avec leurs noms anciens les personnages de Racine aient certains traits de son époque, ce n’est pas douteux.
Et comme il ne se commande pas assez, je lui reprocherai de commander trop à ses personnages. […] Ses personnages lui ressemblent : ils n’arrivent point à se dégager de l’absolu. […] L’auteur est évidemment derrière ses personnages et parle par leur bouche. […] On pourrait se poser la même question et répondre de même pour tous les autres personnages de M. de Bonnières. […] Où le romanesque devient seulement haïssable, c’est si du drame il passe aux personnages.
Ce que nous lui reprochons, c’est l’absolue solution de continuité entre ses deux modes d’existence et le manque de dessous quelconque pour appuyer le personnage, qui n’a ni existence légendaire ni existence historique. […] Le personnage qui flotte dans un vague pareil y perd la netteté de ses contours. […] Le drame musical parle le langage du chant ; ses personnages sont des Types, présentés dans leur seule essence ; le tout, un tableau idéal, le Mythe universel. […] L’avenir du drame parlé se fera probablement en rejetant les modes et les conventions, et en retournant au « théâtre populaire », pour lequel le peuple même fournit les acteurs, et qui traitera, avant tout, de sujets, ou, plutôt, de grands personnages, pris dans l’histoire même du peuple.
Enfin, en sortant de chez Charpentier, je me cogne sous la porte cochère avec Bourget, qui veut absolument me reconduire un bout de chemin, pour s’entretenir avec moi du personnage de l’honorable Selwyn, dont sa cervelle semble grisée. […] On a donné au collège où est son fils, une narration française, dont le sujet est la mort d’un personnage quelconque. […] Il aurait été en train de faire un roman à deux ou trois personnages, mais il dit qu’il faut faire ce qui a été décidé… que c’est une habitude de son esprit… Et cependant, il aurait été bien tenté d’écrire un roman sur la maternité, ou plutôt autour de l’exploitation sur la maternité, sur laquelle vivent tant de gens à l’heure actuelle… ces maisons de pensionnaires… ces trous sombres où grouillent des femmes enceintes… des Callot, quoi… ce serait d’un comique noir… par là-dessus, si on trouvait une mère prise dans la modernité… une mère qui ne serait pas dessus de pendule… une mère bien en chair… il y aurait là, un beau livre à faire. […] Il cause de la femme russe et de son curieux dédoublement dans les choses d’amour, où chez elle, un troisième personnage, tout cérébral, semble seulement comme témoin, prendre un extrême plaisir à la physiologie de la chose, et aux expériences ultra-libidineuses.
C’était un singulier personnage que l’excellent M. […] Elle racontait encore très bien qu’en 1815, comme elle s’étonnait devant le duc de Wellington que les Bourbons rentrant s’appuyassent sans répugnance sur ce même personnage, et que Louis XVIII, cédant à une prétendue nécessité de circonstance, prît pour ministre l’homme si fameux par tant d’actes révolutionnaires, le duc de Wellington, après s’être fait expliquer ce que c’étaient que ces actes (les horreurs de Lyon), lui dit, en se méprenant sur la valeur du mot français : « Oh !
Toutes les phrases du monde nous en diraient moins là-dessus que le bulletin de chaque jour et le va-et-vient des principaux personnages. […] Un jour qu’il est allé masqué au bal de l’Opéra en compagnie du comte de Noailles, il en parle au cardinal et lui dit que c’est M. de Noailles qui, pour dépister les curieux, a fait le rôle du roi et a fort bien joué tout le temps son personnage. « Oui, sire, reprend le cardinal ; mais j’ai ouï dire qu’il avait fait Votre Majesté un peu trop galante. » Le roi piqué fut un moment sans répondre, et il dit ensuite d’un ton sec : « J’en suis content, il n’a fait que ce que je lui ai ordonné. » Et il tourna le dos à son ancien précepteur qui croyait l’être toujours.
Pourquoi, dans ce même Çà et Là (car je ne m’astreins pas à l’ordre chronologique), à propos d’une visite et d’un séjour en Alsace, courir sus aux Juifs en masse, aux Luthériens, aux Piétistes ou non Piétistes, aux humbles pasteurs de ces contrées : « On rencontre par la campagne, dit l’auteur, des charretées de personnages, hommes et femmes, vêtus de noir, avec un certain air d’honnêteté douceâtre et de santé blafarde. […] L’auteur a mis là, sous forme dramatique, ses observations de journaliste en province ; il a réuni tous les personnages plats et ridicules auxquels il a eu affaire, dans un chef-lieu idéal qu’il appelle Cignac.
Que de personnages importants et agités, tout pleins d’eux-mêmes, qui posent complaisamment, sans songer qu’ils sont là devant Charlet, devant Gavarni ou Daumier, ou même devant Nadar ! […] Vous y avez, sur chaque personnage du temps, des jugements agréables ou non à l’amour-propre, mais qu’il faut connaître, et des expressions presque inévitables désormais au sujet d’un chacun, des expressions qui s’accrochent à vous en passant et qu’on ne peut plus secouer.
On aurait voulu que cette vigueur de pinceau, cette habileté à tout sonder, cette hardiesse à tout dire, il les eût transportées et appliquées à un autre sujet également actuel, également vivant, mais moins circonscrit, moins cantonné et resserré entre un petit nombre de personnages peu estimables ou peu aimables. […] en nous développant et en nous peignant à plaisir des personnages et des mœurs si étranges, si semblables de tout point à des monstruosités, à force de s’y enfermer et d’y vivre, il croira n’être que vrai, réel, et ne faire que reproduire une image exacte ou équivalente de ce qui se passait ou qui existait en effet.
Le Dey d’Alger disait de lui que « quand il tenait sous bonne garde le manchot espagnol, il tenait en sûreté ses esclaves, ses galères et même toute la ville. » Dans l’Histoire du Captif, Cervantes, faisant raconter à ce personnage réel ou fictif bien des choses dont lui-même avait été témoin et les horreurs qui avaient affligé sous ses yeux l’humanité, lui fait dire encore : « Un seul captif s’en tira bien avec lui (avec le Dey) ; c’est un soldat espagnol, nommé un tel de Saavedra, lequel fit des choses qui resteront de longues années dans la mémoire des gens de ce pays, et toutes pour recouvrer sa liberté. […] Cervantes, qui était une espèce d’agent d’affaires et qui faisait des écritures pour ceux qui lui en demandaient, éprouve là de nouveau un de ces désagréments qui lui étaient assez familiers : une nuit, dans une querelle engagée près de sa maison, un chevalier, un personnage de la Cour fut frappé et blessé à mort par un inconnu : on arrêta provisoirement tous les témoins et toutes les personnes suspectes jusqu’à plus ample information, et Cervantes fut de ce nombre.
Le roi de Saxe auprès de qui se traitaient toutes les affaires de Pologne, avait alors pour ministre des Affaires étrangères, et auquel il accordait une confiance presque exclusive pour les affaires du duché, le comte de Senfft, personnage distingué, nature d’élite, que nous avons à faire connaître. […] Appelé à Bayonne à la fin d’avril 1808 et invité à y rester pendant tout le séjour qu’y fit Napoléon, M. de Senfft assiste au drame espagnol qui s’y joue ; il fait des portraits plus ou moins ressemblants des principaux personnages qu’il a sous les yeux.
Aussi, peu de jours après, l’intrigue fut démasquée, et M. de Senfft, fait pour une destinée plus honorable, alla se perdre dans cette lie de transfuges qui entourait les souverains alliés, réduit à y jouer un personnage dont il ne tarda pas à rougir. […] Je le vois encore avec sa petite taille, sa tête portée en arrière, son geste pétulant, cette figure dont on a dit « qu’elle ressemblait à celle du péché mortel vieilli. » J’eus beau faire, je n’avais encore rien rabattu en moi, à cette époque, des hauts dégoûts et des dédains superbes de la jeunesse ; on l’entourait, on faisait cercle, on l’appelait Monseigneur à tour de bras : pour moi, je ne pus parvenir à rattacher à la figure du personnage rien qui ressemblât à de la considération et à du respect.
Il donnait pour la dernière fois l’hospitalité aux personnages distingués de l’administration française forcés de quitter la Westphalie. […] La scène de Gand, où l’avantageux maréchal fait étalage de stratégie à l’usage des gens de cour, où il s’applique surtout à démontrer au grand aumônier, le cardinal de Périgord, qui l’écoute révérencieusement en ayant l’air de mordre la corne de son chapeau, les divers plans de campagne possibles et comme quoi, dans toutes les combinaisons, Napoléon ne peut être que battu, — cette petite scène à trois personnages, le suffisant, le crédule, et le sceptique qui se rit de tous deux, — est une délicieuse comédie de cabinet qui vaut tout ce que les anciens Mémoires du bon temps nous ont laissé de plus exquis en ce genre.
Elle ne lui prêta aucun secours pour les relations qu’une femme distinguée est habile à nouer autour d’un personnage isolé par l’étiquette et défendu par son rang : elle ne lui fit pas d’illustres amis. […] Par malheur encore, il eut pour conseil plus particulier et pour régent M. de Mortaigne, personnage opiniâtre et qui ne justifia en rien cette confiance.
Le personnage que nous jouons, par nécessité ou par goût, ce que nous livrons de nous-mêmes au public, c’est rarement nous tout entiers, et, comme dit Balzac, « nous mourons tous inconnus. » Tel qui, dans son journal, sème l’outrage et la révolte ; tel qui, moitié par tempérament, moitié sous la pression des circonstances, a fait de la démagogie sa carrière, est l’homme le plus doux, le meilleur ami, le père de famille le plus tendre et plus dévoué. […] VI Quel que soit d’ailleurs le degré de sa sincérité, j’imagine que (sauf les heures inévitables de lassitude et de dégoût) il doit plutôt éprouver de singuliers plaisirs à soutenir son personnage.
Si nous supposons deux peintres maîtres de leur art, usant de la même technique — car il ne s’agit pas ici de la « manière » — et placés devant le même site ou devant le même groupe de personnages, ils en restitueront également les proportions et dans leurs tableaux les rapports des tons lumineux, les « valeurs » seront identiques ; mais les deux œuvres différeront par les qualités du trait et par le coloris. […] Vielé-Griffin n’est pas selon celle-là, mais M. de Régnier est mieux que lui selon celle-ci ; ses personnages ont aussi des proportions comme en savent délinéer certains peintres décorateurs, M.
Les théologiens qui, au Moyen Âge, occupaient la scène principale sont pour nous des personnages très secondaires. […] Voilà la loi de l’humanité : vaste prodigalité de l’individu, dédaigneuses agglomérations d’hommes (je me figure le mouleur gâchant largement sa matière et s’inquiétant peu que les trois quarts en tombent à terre) ; l’immense majorité destinée à faire tapisserie au grand bal mené par la destinée, ou plutôt à figurer dans un de ces personnages multiples que le drame ancien appelait le chœur.
Ce fut chez ce puissant personnage que l’on mena d’abord Jésus 1103. […] C’était un personnage fort connu 1139 ; il avait été arrêté à la suite d’une émeute accompagnée de meurtre 1140.
Sous la minorité de Louis XIV, le burlesque est en plein épanouissement et le burlesque consiste proprement à rabaisser de grands personnages par la trivialité des pensées, du langage et des actes qu’on leur prête. […] Mais en même temps le pessimisme, qui teignait de noir les romans de Zola et de ses adeptes, leur souci du milieu où vivent les personnages qu’ils mettent en scène, leur effort pour élargir la langue littéraire jusqu’aux limites de la langue parlée, leur style même souvent si chatoyant de couleurs et de métaphores, tout cela permet de dire : C’est une queue du romantisme.
Au mois de mai dernier a disparu une figure unique entre les femmes qui ont régné par leur beauté et par leur grâce ; un salon s’est fermé, qui avait réuni longtemps, sous une influence charmante, les personnages les plus illustres et les plus divers, où les plus obscurs même, un jour ou l’autre, avaient eu chance de passer. […] Lucien, le frère du consul, est le premier personnage historique qui l’aime (car je ne puis compter Barère, qui l’avait connue enfant autrefois).
Les moindres mouvements politiques de la France avaient fait paraître, même dans les temps de barbarie, des personnages illustres et des caractères imposants. […] Rien ne me paraît le distinguer éminemment des principaux personnages qui ont commencé la révolution. […] « La narration de la Bible est rapide, sans digression, sans discours ; elle est semée de sentences, et les personnages y sont nommés sans flatterie. […] Quelques traits de ce personnage avaient été indiqués dans les prophètes, mais d’une manière assez vague pour que l’auteur moderne, en le peignant, eut toute la liberté nécessaire à l’invention poétique. […] Un tel personnage et les événements de son ministère ne pouvaient élever le génie comme les infortunes de la veuve de Charles Ier et l’héroïsme du vainqueur de Rocroi.
Le drame étant ainsi compris, c’est-à-dire un personnage unique jouissant ou souffrant par la variation des minutes de la vie extérieure, il est fort inutile à M. […] Nul n’apparut avec un geste moins dominateur et un langage plus uni ; nul ne fut moins comédien, moins personnage littéraire ; ce qui n’empêcha la littérature d’être toute sa vie. […] Tel est le personnage principal qui se détaille dans ces Complaintes qui demeureront et comme une date et comme une œuvre. […] Dans les hautes conceptions de ses personnages féminins, d’une si stricte élégance et de sobre éloquence, on entrevoit des souvenirs de Ligeia. […] Voici, bien loin apparemment et en réalité très près d’eux, des romanciers qui, comme Bellamy, endorment leur personnage principal pour le réveiller en l’an 2000, et à quelle fin ?
Une actrice fort secondaire, une madame Halley, a réussi inopinément dans le personnage voluptueux et passionné de Tullie.
Le poète aurait pu dire encore qu’il avait, fort jeune, et en plus d’une circonstance mémorable, donné à la monarchie et au prince d’humbles gages qu’il ne séparait point, dans sa pensée, des autres gages qu’on devait donner aussi aux libertés et aux institutions du pays ; il aurait pu (et le roi l’eût cru sans peine) protester de son aversion contre toute malice détournée, de sa sincérité d’artiste, de sa bonne foi impartiale à l’égard des personnages que lui livrait l’histoire ; et, alors, la conversation tombant sur le caractère de Louis XIII, et sur le plus ou moins de danger ou de convenance qu’il y aurait à le laisser paraître dans la pièce en litige, le poëte eût pu expliquer à loisir à l’auguste Bourbon que le drame n’ajoutait rien là-dessus, retranchait bien plutôt à ce qu’autorisait la franchise sévère de l’histoire, et que l’image de temps si éloignés et si différents des nôtres ne pouvait le moins du monde paraître une indirecte contrefaçon du présent.
Si vous rapprochez des tableaux ignobles de personnages héroïques, il est à craindre qu’il ne vous soit difficile de faire renaître l’illusion théâtrale : elle est d’une nature extrêmement délicate ; et la plus légère circonstance peut tirer les spectateurs de leur enchantement.
Que, dans Gabrielle, qui est une comédie d’une haute moralité, il mît hardiment, dans la bouche des personnages contemporains, le ferme alexandrin du xviie siècle ; que, dans l’Aventurière, il fît passer, à travers ce même vers classique le souffle du lyrisme et de la fantaisie ; que, pris d’une vertueuse indignation, il marquât, dans le Mariage d’Olympe, la fille triomphante avec le fer rouge de la satire ; qu’après un regard épouvanté sur les progrès d’un luxe corrupteur, il dénonçât la courtisane mariée, la lionne pauvre ; — toujours il nous faisait admirer et applaudir des œuvres d’une composition solide et harmonieuse, d’un intérêt poignant et irrésistible.
Il purifie le théâtre en substituant, aux comédiens, qui sont d’os et de chair, des personnages de bois, qui sont parfaitement inaccessibles aux tentations et incapables de maléfices… Et le poète marche désormais vers l’amour avec une candeur de néophyte, en robe blanche, par des chemins fleuris, dans la nuit bleue, qui donne aux figures charnelles un air d’indécision et de spiritualité.
Les heures de son enfance furent troublées et permirent à la légende qui se forma autour de son nom de le représenter comme une sorte de personnage dégradé par une certaine perversion.
Dans la Conception à personnages (c’est le titre d’une des premières moralités jouées sur le Théâtre français, et imprimée in-4º gothique, à Paris, chez Allain Lotrian) ; on fait ainsi parler Joseph : Mon soulcy ne se peut deffaire.
En faisant abstraction du génie particulier des deux poètes, et ne comparant qu’homme à homme, il nous semble que les personnages de la Jérusalem sont supérieurs à ceux de l’Iliade.