Corneille et Racine ont fait des discours admirables, et n’ont pas créé un seul personnage tout à fait vivant. […] On ne sait plus ce qu’est devenue la raison raisonnante ; des formes, des couleurs se tracent sur le champ décoloré où la pensée abstraite ordonnait ses syllogismes ; on aperçoit des gestes, des attitudes, des changements de physionomie ; peu à peu le personnage ressuscite ; il semble qu’on l’ait connu ; on prévoit ce qu’il va faire, on entend d’avance le cri de sa passion blessée ; on ne le juge pas, on l’aime ou le hait, ou plutôt on sent avec lui et comme lui ; on quitte son siècle, on devient son contemporain, on devient lui-même. […] Si vous n’avez pas ces visions, si vous n’êtes pas obsédé par les tout-puissants fantômes des morts que vous voulez rendre à la lumière, si les personnages ressuscites n’habitent pas votre esprit, avides d’en sortir et de rentrer dans la vie, n’essayez pas d’être peintre. […] Cousin nous fait oublier ses personnages ; il entre lui-même dans le récit, un paquet de livres sous le bras.
Il y a un tout petit personnage secondaire qu’il n’a pas apprécié à sa valeur, ni étudié avec le soin qu’il a donné à tous les autres. […] Un des personnages qui, au xviiie siècle, représente assez bien la première de ces deux classes, c’est-à-dire le public des salons et des cafés, c’est le spirituel et sémillant abbé de Pons, surnommé de son temps le bossu de M. de La Motte. […] Je demande à plaider à mon tour ; je demande à présenter sous un jour un peu plus favorable ce petit personnage, très spirituel en effet, mais qui n’était pas si ridicule de vouloir paraître philosophe, car il avait l’esprit naturellement philosophique ; et s’il s’est trompé sur la question d’Homère et des anciens, il s’est trompé en homme de pensée et avec beaucoup de distinction.
Comment, n’allant presque jamais au théâtre, depuis qu’après un an d’expérience quotidienne, poursuivie par devoir ou plutôt par métier, en 1888, je reconnus dès 1889 que, plus ça changeait plus c’était la même chose, que, si aux reprises du Courrier de Lyon, le régisseur, je suppose, a l’attention gracieuse de rafraîchir les scènes les plus défraîchies, pour les vaudevilles d’usage courant on néglige même ce soin ingénu, qu’on change, il est vrai sur l’affiche Boucheron en Burani, et dans la pièce Molinchart en Dupotard, mais que ces corrections nominales ne font différer en rien les produits nouveaux de l’invariable étalon déposé dans les prisons où le Palais-Royal fait travailler, — comment, avec ce parti pris évident d’indifférence aux manifestations, dramatiques, viens-je, en personnage de prologue, improviser sur cette scène mon petit solo de rhétorique ? […] Premier tableau ; décor très intime ; il est cinq heures (Personnages : un monsieur, une dame) : la dame, simplement : « Quelle bonne idée tu as eue d’acheter un second peigne. » Deuxième tableau (personnages : la même Dame, un autre Monsieur ; on est à table) : la dame, toujours simplement : « Figure-toi, mon chéri, que j’ai retourné le Louvre, le Printemps, et le Bon Marché sans trouver la nuance de doublure que je voulais.
Ses personnages inventés ne vivent pas. […] La valeur littéraire du volume est médiocre : non seulement nous n’avons pas un livre, mais encore, parmi les nombreux personnages inventés, aucun ne montre la solidité organique d’un caractère. […] Les frères Margueritte ont mieux dessiné les personnages historiques.
Son premier personnage est un Dieu ; cela seul suffirait pour détruire l’intérêt tragique. […] Nous ne nous rappelons point de personnages arrachés au tombeau, chez les anciens, si ce n’est Alceste, Hippolyte et Hérès de Pamphylie3.
Ils n’introduisent pas sur les théatres des personnages qui sçachent faire taire les passions devant la raison. […] En effet les poëtes sçavent si bien que c’est l’agitation d’un acteur qui nous fait prendre plaisir à l’entendre parler, qu’ils font disparoître les personnages dès qu’il est décidé s’ils seront heureux ou malheureux, dès que leur destinée est fixée.
Les personnages qui s’y meuvent sont à peu près tous irréprochables. […] Il a partagé ses personnages en deux groupes. […] J’ai seulement esquissé la physionomie des principaux personnages. […] Tels sont les personnages qui peuplent les livres de M. […] Ses personnages passent à l’état de silhouettes.
les personnages qu’on y rencontre sont d’étrange nature ! […] Le décor est assorti aux personnages ! […] Balzac a incarné l’esprit d’intrigue et l’habileté, qui à force d’être malheureuse, finit par devenir malhonnête, dans son personnage si actif, si ingénieux, si roué de Mercadet. […] Les écrivains sont devenus eux-mêmes des puissances ; l’avènement des gens de lettres au rang des personnages les plus redoutés est désormais un fait acquis et qui reflète la révolution économique accomplie autour d’eux et à leur profit. […] Ce tout-puissant personnage vient-il à changer d’avis, à faire volte-face ?
un roman complet, avec des personnages qui ne meurent pas trop vite ! […] Et peut-être convient-il que les personnages de romans historiques, s’ils ne sont pas des personnages historiques, soient des symboles de l’histoire. […] Il y a là un gros homme, le seigneur Alvise Alvenigo, personnage nouveau de ce roman. […] Il n’allait point à rendre ses personnages abstraits, mais à rendre concrètes des idées. […] Un personnage de M.
Le romancier gracieux, qui a si souvent introduit dans ses ouvrages des figures de personnages aristocratiques en y mêlant une fine pointe d’ironie, n’a eu cette fois qu’à imaginer un personnage de plus, celui d’un homme de lettres né dans les rangs du peuple, aussi peu né que possible, mais avec des goûts distingués et une vocation d’homme de qualité, qui eût été abbé dans l’ancien régime, qui eût été toute sa vie le gentil abbé de l’hôtel d’Uzès et à qui il n’a manqué de nos jours, pour remplir cette destinée d’autrefois, que le titre et le petit collet.
C’est trop hazarder que de vouloir nous faire aimer des personnages qui nous sont pleinement indifferens, avec assez d’affection, pour être émus de tous leurs succès et de toutes leurs traverses. […] Avant que de s’affectionner à leurs sujets, avant, pour ainsi dire, que d’épouser leurs personnages, qu’ils consultent leurs amis : c’est le tems où ils en peuvent recevoir les avis les plus utiles.
Les personnages sont en harmonie avec cet ensemble de choses factices et suspectes. […] Quant à l’action, vous avez pu juger, d’après l’analyse, de son entrain, de son ardeur ; de l’activité énergique avec laquelle elle met aux prises les passions et les intérêts de ses personnages. […] Presque tous se résument, d’ailleurs, dans le caractère du personnage favori de la comédie, de celui qu’elle proclame, à son dernier mot, « le plus honnête homme qui soit ». […] Au premier acte, tous les personnages de la comédie sont réunis dans le salon de M. […] En vérité, on ne saurait mieux plaider les circonstances atténuantes en faveur du personnage qu’on va condamner.
Cette manie de ramener si souvent des personnages qui ne sont point amusants est, vous en conviendrez, un grand défaut de goût. […] Si cette répétition des mêmes personnages et du même caractère prouve une absence d’invention, elle prouve aussi que vous savez distinguer ce qui est beau, et que malgré votre colère contre les anciens auteurs, vous savez très bien leur prendre ce qui vous convient. […] Cependant au milieu de cette confusion de genres, de ces actions heurtées et sans suite, de ces personnages grotesques, rodomonts et ampoulés, de ce cliquetis de pensées hardies et tout à la fois neuves, élevées et communes, il est impossible de ne pas reconnaître dans vos productions dramatiques une imagination vive, une verve surabondante, une manière pittoresque d’exprimer une belle pensée, quelques scènes savamment creusées, et enfin, si vous voulez rétrograder vers le simple bon sens, l’espoir d’un talent vif et original. […] Il suffisait pour cela qu’une phrase blessât la coquetterie de l’actrice en faveur, qu’on y parlât mal de l’âge ou de la beauté du personnage qu’elle représentait, que l’acteur son rival fût plus applaudi qu’elle, qu’elle eût un congé pour aller faire ses récoltes départementales, ou enfin qu’il lui plût de ne pas jouer la pièce par un simple caprice, pour une partie de plaisir de quelques jours. […] Maret, maintenant duc de Bassano ; et il fut reconnu par les premiers personnages qui gouvernaient l’État, que ma pièce, dont le but était très moral, ne pouvait blesser aucun des partis qui troublaient encore la France.
Car, il n’y a pas à dire, et l’action et les personnages appartiennent au répertoire bouffe. […] Quant aux personnages principaux, ils sont peints de main de maître et se détachent avec un singulier relief. […] Ici tous les personnages sont faux. […] C’est le dernier coup, n’est-ce pas, porté à ce triste personnage ? […] Vous voulez, à côté des fripons et des misérables, quelques personnages sympathiques qui vous consolent ?
Lorsqu’un grand personnage venait à l’abbaye, il se perdait dans la presse, parmi l’obscure foule des moines. […] Pour débrouiller le personnage, il suffit encore une fois de le replacer dans son milieu. […] Mais par là même Alberoni devient un personnage singulièrement intéressant. […] La comédie de Destouches n’est que l’Épître de Boileau distribuée par personnages. […] Leurs personnages ne sont jamais des êtres moraux, mais seulement des définitions morales.
Alfred de Musset, comme plus d’un des personnages qu’il a peints et montrés en action, s’était dit qu’il fallait tout voir, tout savoir, et, pour être l’artiste qu’il voulait être, avoir plongé au fond de tout. […] Mais, à relire ainsi et à reprendre, maintenant qu’il n’est plus, bon nombre des pièces et des personnages d’Alfred de Musset, on arriverait à découvrir en cet enfant de génie le contraire de Gœthe, de ce Gœthe qui se détachait à temps de ses créations, même les plus intimes à l’origine, qui ne pratiquait que jusqu’à un certain point l’œuvre de ses personnages, qui coupait à temps le lien, les abandonnait au monde, en étant déjà lui-même partout ailleurs, et pour qui « poésie était délivrance ».
Puis, lorsque plus tard encore il vit sans doute qu’illusions pour illusions il ne fallait pas être trop dédaigneux des premières, il revint à Bug, le remania, conserva le cadre, mais le redora en mille manières, enrichit le paysage de ces couleurs où la Muse lui avait récemment appris à puiser, compliqua les événements, introduisit entre ses personnages le seul sentiment qui ait un attrait souverain pour la jeunesse, et d’où sortent les rivalités, les perfidies, les sacrifices, les incurables blessures ; il mit l’amour, il montra la douce Marie. […] On remarquera, au reste, combien la tournure des personnages, dans ce roman, était conforme à l’âge du poëte, à sa naïve loyauté, à cette inflexible logique qui construit a priori les hommes avec une seule idée. […] La disposition satirique s’accorde encore avec le personnage de Phœbus, avec celui des jeunes filles si gracieuses et si naïvement coquettes de l’hôtel Gondelaurier ; mais quand le poëte aborde ses caractères vraiment passionnés, le prêtre, Quasimodo, la Esméralda, la recluse, en même temps que l’ironie disparaît dans l’ardeur exaltée des sentiments, c’est la fatalité seule qui la remplace, une fatalité forcenée, visionnaire, à la main de plomb, sans pitié.
Remarquez que, dans ces Mémoires, toutes les fois que Fléchier veut entrer dans quelque développement prolongé sur les divers chapitres plus ou moins sérieux et les tracasseries de la province, il introduit un personnage et se fait raconter la chose en prêtant à l’interlocuteur toutes ses finesses et ses élégances, et en lui laissant pourtant des traits particuliers de physionomie. […] Les portraits abondent, les personnages y vivent. […] C’est un personnage de Molière que cette recommandable matrone, mère du Caton des Grands-Jours ; et Fléchier, par une si agréable entente des travers et des ridicules, retrouve ici son vrai rang comme précurseur de La Bruyère.
Les personnages de la légende divine voient leurs honneurs s’amoindrir et ne servent plus que de canal pour porter les prières jusqu’au trône, et en rapporter les grâces. […] Au plus haut de cette administration régulière et de cette hiérarchie obéissante, trône un personnage qui, comme le roi terrestre, n’est qu’un homme agrandi. […] Un vrai comédien copie involontairement les personnages qu’il rencontre ; sa voix monte et baisse avec leur ton, son corps prend leurs attitudes, son visage se grime selon leurs physionomies, leur être passe en lui et transforme le sien.
Les personnages sont, outre la comédienne Vittoria (jouée par la signora Antonella Bajardi) et son camarade Piombino, les deux vieillards Pantalon et Gratiano, leurs femmes Isabelle et Flaminia, et les amoureux de ces dernières, Oratio et Flavio. […] Pantalon et tous les autres personnages intercèdent en faveur de Silvia. […] Moi, je le laisserai ou je mourrai. » De même, lorsque le capitaine revient à Silvia, ils n’ont d’autres paroles à échanger entre eux que celles que prêtent à leurs personnages les auteurs des Ingannati : Regardez, messer Spavente, reconnaissez votre page, celui qui s’est fait votre serviteur si fidèle, si dévoué ; celle qui vous a aimé d’un amour si brave et si constant.
D’ailleurs, si l’intérêt de badauderie populaire est éveillé et retenu par les récits simplement mondains, évocateurs d’une vie de petits hôtels, de lampes à colonnes et de tous ces surahs, ce n’est pas trop de dire qu’il est captivé par la flatteuse confidence où les met un narrateur complaisant des gestes de personnages historiques. Aucun doute ne ternit la satisfaction d’en apprendre si long sur les dessous de personnages si élevés. […] La légende a disparu, les tapisseries ont perdu leurs personnages.
Je trouve, en effet, dans son roman intitulé : le Divorce, ces paroles qu’elle met dans la bouche du personnage qui représente l’opinion philosophique de l’auteur. […] C’est, comme tous ses autres romans, une thèse plus ou moins cachée… On s’y perd dans les personnages et aucun n’a de physionomie qui s’impose à l’imagination et qu’on se rappelle. […] Elle a la négation raisonnée de toute autorité et de toute hiérarchie, la fureur de l’égalité avec l’homme, dans l’intelligence, dans les œuvres, dans l’amour et surtout dans le mariage… Les femmes du temps de Molière ne faisaient que les savantes, et lui, en faisait des personnages de comédie.
Jusque-là, tout est bien… Mais, au moment où l’on fait si virilement sa confession d’un système, il ne faut pas faire profession d’un autre et ajouter : « Je me suis efforcé, en cette nouvelle édition, d’introduire, dans la résurrection de mes personnages, la réalité cruelle que moi et mon frère nous avions introduite dans le roman, m’appliquant à les dépouiller de cette couleur épique que l’Histoire leur donne, même dans les époques les plus décadentes… » Assurément, si l’Histoire donne de la couleur épique à des événements ou à des personnages qui n’en ont pas ou qui ont peut-être tout le contraire, l’Histoire a tort. […] L’oubli de son personnage de roi, la délivrance de lui-même, toutes choses que ne lui donnait pas la reine, voilà ce que Louis XV demandait à l’adultère, voilà ce que, toute sa vie, il devait y chercher… » Tel il est, ce portrait que je n’ai pas voulu abréger et que je trouve, presque à ma surprise, dans cette histoire de Madame de Châteauroux, dans le récit des amours de madame de Mailly, de ce premier de tous les adultères qui vont suivre !
Cette verve est inconcevable, et elle serait réputée impossible, si les preuves n’étaient pas là, sous forme d’une œuvre immense, collection innombrable de vignettes, longue série d’albums comiques, enfin d’une telle quantité de personnages, de situations, de physionomies, de tableaux grotesques, que la mémoire de l’observateur s’y perd ; le grotesque coule incessamment et inévitablement de la pointe de Cruikshank, comme les rimes riches de la plume des poëtes naturels. […] Tous ses petits personnages miment avec fureur et turbulence comme des acteurs de pantomime. […] On dirait que, dans le plaisir qu’il éprouve à s’abandonner à sa prodigieuse verve, l’auteur oublie de douer ses personnages d’une vitalité suffisante.
Ce tableau ne peut représenter qu’un personnage qui fait trois choses à la fois, se bat, communie et assiste au petit lever de Louis XIV. […] Ainsi le personnage de Polyeucte exige du poëte et du comédien une ascension spirituelle et un enthousiasme beaucoup plus vif que tel personnage vulgaire épris d’une vulgaire créature de la terre, ou même qu’un héros purement politique. […] C… me fit remarquer que les fonds ne fuyaient pas assez loin et que les personnages semblaient un peu plaqués sur la décoration qui les entoure. […] … Ce personnage est-il le partenaire disproportionné pour lequel soupire Pastorella, dans la plus étroite des couchettes virginales ? […] Il est impossible de les attribuer indifféremment à telle ou telle race, ou de supposer que ces personnages sont d’une religion qui n’est pas la leur.
Nous comprenons mal tant de sous-entendus et d’allusions à des personnages oubliés. […] Atala et Chactas sont à peu près aussi « sauvages » que les personnages du Télémaque sont grecs. […] Les personnages y paraissent en délégués de leurs pays, ce qui est neuf. […] Il fut simplement un poète retraité, et le retraité est, comme le bouilleur de cru, un personnage éminemment français. […] Leurs personnages sont présents pour eux.
Hugo, si soigneux de son attitude et de son personnage, n’oublie que cela ; mais il l’oublie toujours. […] C’est pour cette raison que ses personnages principaux sont, en général, les plus faibles, que les personnages secondaires sont déjà beaucoup plus la scène, le décor, le cadre, le temps, le lieu, l’espace, selon les genres, sont chez lui ce qui vit le plus. […] Le personnage principal de ses drames, c’est la couleur locale. Le personnage principal d’un roman sera une cathédrale, parce qu’elle serait en effet le personnage principal, avec son air sombre, austère et pensif, dans un tableau. Deux guerriers qui se battent : où est le héros, le personnage où devra éclater la vie morale de l’œuvre ?
Aucun personnage ne vit. […] Il est telle harangue dans Mézerai qui par le nerf, la naïveté, la parfaite convenance des paroles avec la situation et le caractère des personnages, par une langue saine et vigoureuse, a conquis une sorte d’authenticité historique. […] Il tient pour téméraire, et en certains cas pour puéril, de vouloir développer les âmes des personnages qu’on n’a pas connus, et de regarder les événements comme des caractères avec lesquels on peut lire sûrement dans le fond des cœurs. […] Supérieur à la fois dans le roman et au théâtre, il a inventé des caractères et créé des personnages presque plus populaires que leur père. […] Les passions des personnages de Gil Blas sont en petit nombre et générales.
Quant à Dickens, nous avons aperçu en lui le type de l’artiste qui implique sans cesse dans ses descriptions, ses personnages, ses scènes, les sentiments qu’ils lui suggèrent ; ses procédés nous ont permis de déterminer exactement ce que c’est qu’un humouriste et ce qu’est particulièrement humouriste spécial du vautdeville, de l’opérette, de la caricature. […] En analysant la manière dont il figure ses personnages, nous avons détruit ce qui nous semble être la loi suprême de la personation littéraire qui serait le maintien d’un équilibre délicat entre ce qu’il y a de constant, de personnel dans chaque caractère, et ce qu’il subit de variations au cours des circonstances, du temps. […] Rien ne prouve que n’importe lequel des personnages de Racine ou de George Sand, que l’Agamemnon même d’Eschyle, l’Électre de Sophocle, que les héros étranges de M. […] Même les personnages que leurs auteurs se sont attachés à rendre médiocres et moyens, M. […] De plus, il fait preuve d’une puissance d’analyse, d’une aptitude à douer de vie ses personnages qui ne pouvaient manquer d’être aperçus et de frapper.
La terre est le lieu de la scène, et l’homme est le champ de bataille ; les fléaux sont les personnages. […] Le grandissement d’un esprit par l’irruption de la clarté, la beauté de la violence faite par la vérité à une âme, éclate dans ce personnage. […] De là le soudain, faisant irruption à chaque instant dans ses personnages, dans son action, dans son style ; l’imprévu, magnifique aventure. […] Derrière le personnage équestre, Cervantes crée et met en marche le personnage asinal. […] Le lointain des mœurs, des croyances, des idées, des actions, des personnages, est extraordinaire.
Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. […] Niel, bibliothécaire au ministère de l’Intérieur et amateur éclairé des arts et de l’histoire, publie depuis 1848 une suite de portraits ou crayons des personnages célèbres du xvie siècle, rois, reines, maîtresses de rois, le tout formant déjà plus d’un volume in-folio. […] En attendant, ce sont des faits et des témoins qui prennent leur rang, des personnages qui passent sous nos yeux et s’animent. […] Niel accompagne, en effet, les portraits de ses personnages de notices faites avec érudition et curiosité ; et, puisque j’ai nommé Gabrielle d’Estrées, on me permettra de détacher cette gracieuse figure, et, à mon tour, d’en reprendre à la plume le dessin, en profitant de tout ce que M.
J’en voudrais donner aujourd’hui un exemple en m’occupant d’un personnage qui a été médiocrement remarqué jusqu’ici44, qui n’a été qu’un homme de société et très secondairement en scène, qu’on a rencontré un peu partout, nommé çà et là dans les mémoires du temps, et dont la figure assez effacée n’a guère laissé de souvenir qu’à ceux qui l’ont connu de plus près. […] Il n’y fut jamais que des faubourgs… N’être jamais que des faubourgs, quand on vise au cœur de la place, fréquenter toute sa vie la Cour sans en avoir jamais pu être par le dedans, c’est là le cachet à la La Bruyère que Saint-Simon imprime au personnage de Lassay et qui, selon lui, le caractérise. […] Mme Sand a remarqué cela d’un des personnages de ses romans, et j’en crois l’application juste par rapport à M. de Lassay. […] Si cette lettre habilement flatteuse avait pu être montrée au roi, il avait de quoi espérer de reprendre pied en cour, et peut-être serait-il devenu un personnage employé et utile, au lieu qu’il tourna encore au roman.
La première formation du parti libéral serait piquante à étudier de près, et, dans ce parti naissant, nul personnage ne prêterait mieux à l’observation que lui. […] Ce qu’il trouvera, ce ne sera pas sans doute ce que nous savons déjà sur la façon et sur l’artifice du livre, sur ces études de l’atelier si utiles toujours, sur ces secrets de la forme qui tiennent aussi à la pensée : il est bien possible qu’il glisse sur ces choses, et il est probable qu’il en laissera de côté plusieurs ; mais sur le fond même, sur l’effet de l’ensemble, sur le rapport essentiel entre l’art et la vérité, sur le point de jonction de la poésie et de l’histoire, de l’imagination et du bon sens, c’est là qu’il y a profit de l’entendre, de saisir son impression directe, son sentiment non absorbé par les détails et non corrompu par les charmes de l’exécution ; et s’il s’agit en particulier de personnages historiques célèbres, de grands ministres ou de grands monarques que le poëte a voulu peindre, et si le bon esprit judicieux et fin dont nous parlons a vu de près quelques-uns de ces personnages mêmes, s’il a vécu dans leur familiarité, s’il sait par sa propre expérience ce que c’est que l’homme d’État véritable et quelles qualités au fond sont nécessaires à ce rôle que dans l’antiquité les Platon et les Homère n’avaient garde de dénigrer, ne pourra-t-il point en quelques paroles simples et saines redonner le ton, remettre dans le vrai, dissiper la fantasmagorie et le rêve, beaucoup plus aisément et avec plus d’autorité que ne le pourraient de purs gens de lettres entre eux ? […] Or, son admiration très-réelle, mais très-choisie, il la réserve presque exclusivement pour les plus glorieux du premier groupe, et il laisse volontiers au vulgaire l’admiration qui se prend aux personnages du second.
D’autres fois, notre psychologue prend n’importe quelle anecdote insignifiante et s’efforce de nous intéresser au mécanisme intérieur des personnages. […] Tout est changé au cœur désolé du propriétaire et pourtant « les deux grandes tapisseries de Filippino Lippi dressaient leurs personnages au fond de la paisible salle, alors comme aujourd’hui ». […] Ou bien faut-il déclarer, en soulignant sévèrement les derniers mots : « Aimer d’un même amour la mère et la fille, c’est un crime, et qui a un nom : c’est un inceste. » En une dispute alternée que les Muses n’aimeront point, Malclerc et d’Audiguier, personnages sans vie, mais avocats tenaces et savants de toutes les subtilités connues, soutiennent les deux opinions. […] Chacun des drames rencontrés dans la vie contribue à former le futur dramaturge ; chacun des personnages vus et entendus se transforme en l’esprit du jeune Shakspeare, s’harmonise et grandit jusqu’à l’intensité tragique.
Regardez passer les frères de Childe Harold, les personnages qui la peuplent. […] Les personnages célestes apparaissent dans les attitudes consacrées, selon le texte de l’Écriture, à la façon des anciens mystères. […] Qui sont-ils, ces personnages surnaturels, ce Dieu, ce Méphistophélès et ces anges ? […] Ici comme ailleurs, il n’y a qu’un personnage, le même qu’ailleurs. […] Seul le poëte subsiste, exprimé dans son personnage.
Ses personnages. […] Bourget pour nous présenter ses personnages. […] Parmi tant de personnages qui traversent sa « comédie humaine », il n’y a pas un être de culture supérieure. […] Au théâtre, les personnages que M. […] C’est un personnage avec qui on a pris l’habitude de compter, une sorte de grand électeur de l’Université.
Le rôle de Théodore, personnage qui représente le P. Malebranche, est comparable à celui que Platon fait jouer à Socrate ; ce personnage a même un talent supérieur à celui du Grec, pour faire accoucher ses Auditeurs de vérités dont ils ne se doutoient pas, quoiqu’elles fussent en eux.
Ainsi, supposé que nous sçachions quelque chose dans l’art de disposer le plan d’un poëme, et de donner aux personnages des moeurs décentes que les anciens ne sçussent pas, ils n’auront pas laissé de nous surpasser, s’il est vrai qu’ils aïent eu plus de génie que nous, et cela d’autant plus qu’il est certainement vrai que les langues dans lesquelles ils ont composé étoient plus propres à la poësie que les langues dans lesquelles nous composons. […] On a écouté avec respect le stile oriental dans la bouche des personnages d’Athalie, et ce stile a charmé.
Il est possible, à la rigueur, que la philosophie, alors commençante, l’ait séduit un moment dans l’intervalle de sa sortie de La Flèche à son entrée chez les bénédictins, et que le personnage de Cléveland représente quelques souvenirs personnels de cette époque. […] Tandis que, dans ses romans postérieurs, il se perd en des espaces de lieu considérables et se prend à des personnages d’outre-mer, qu’il affuble de caractères hybrides et dont la vraisemblance, contestable dès lors, ne supporte pas un coup d’œil aujourd’hui, dans ces Mémoires au contraire il nous retrace en perfection, et sans y songer, les manières et les sentiments de la bonne société vers la fin du règne de Louis XIV. […] En général, ces personnages sont oublieux, mobiles, adonnés à leurs impressions et d’un laisser-aller qui par instants fait sourire ; l’amour leur naît subitement d’un clin d’œil comme chez des oisifs et des âmes inoccupées ; ils ont des songes merveilleux ; ils donnent ou reçoivent des coups d’épée avec une incroyable promptitude ; ils guérissent par des poudres et des huiles secrètes ; ils s’évanouissent et renaissent rapidement à chaque accès de douleur ou de joie. […] Il en faut dire autant de l’inclination du vieux marquis pour la belle milady R… Prévost n’a voulu que rendre son héros perplexe et intéressant : le comique s’y est glissé à son insu, mais un comique délicat à saisir, tempéré d’aménité, que le respect domine, que l’attendrissement fait taire, et comme il s’en mêle dans Goldsmith au personnage excellent de Primerose. […] L’abbé Desfontaines, dans ses Observations sur les Écrits modernes, parmi de justes critiques du plan et des invraisemblances de cet ouvrage, s’est montré de trop sévère humeur contre l’excellent doyen, en le traitant de personnage plat et d’homme aussi insupportable au lecteur qu’à sa famille.
L’histoire des mœurs en notre siècle rencontre bien des cas où des personnages réels ont emprunté des traits à des personnages fictifs, où la vie a imité cette imitation de la vie qu’est en partie la littérature ! […] Cependant regardez d’un peu près ses personnages. […] C’est au théâtre surtout et ensuite dans le roman et la chanson qu’il y a lieu de suivre les gens de maison, et de Scapin jusqu’à Ruy Blas en passant par Figaro, de Martine jusqu’à la servante-maîtresse de Maître Guérin en passant par Lisette et Marton, la liste est longue des personnages en qui les écrivains ont incarné cette classe populaire si intimement liée à la vie des classes supérieures. […] Il joue l’homme de qualité avec tant de perfection qu’il en impose même à cette fine mouche de Lisette, qui hésite entre le témoignage de ses yeux et celui de sa mémoire et n’ose reconnaître une ancienne connaissance dans ce personnage si digne et si sérieux99.
Les auteurs n’ont pas réussi à remplir ce vide par une enfilade de tableaux épars, au milieu desquels des personnages factices se mêlent et se heurtent, sans qu’aucun lien les rassemble. […] L’indignité du personnage est telle, qu’elle gâte, sur la scène, le beau dénouement du récit. […] Ce personnage fait tort à la pièce par sa bassesse mesquine et sa dépravation subalterne. […] Le personnage est si vil, que M. […] Les personnages y montrent déjà leurs caractères en action.
Deux personnages y représentent la maladie contemporaine, bien que l’un de ces personnages soit l’esprit même du mal, ou Satan, c’est-à-dire un être qui est de tous les temps, et que l’autre soit le héros d’une légende qui remonte au XVIe siècle. […] Heureusement, de tous ces personnages également maltraités par la passion, d’Olban seul prend la chose d’une façon absolument tragique. […] Il ne reste qu’à rechercher si ce personnage est un être fictif ou s’il a été copié d’après nature. […] Est-ce seulement le personnage auquel il donne la vie ? […] Tel est le triste personnage qui nous est présenté sous le nom de Joseph Delorme.
Nul comme lui n’a senti la Révolution en ses mouvements et ses personnages. […] Leur œuvre abonde en personnages dont chacun pourrait être l’un de nous. […] Il est le romancier d’un seul personnage, le sien. […] Si le théâtre de Beaumarchais n’a qu’une pièce, il n’a aussi, à vrai dire, qu’un seul personnage. […] Les Dieux et les Héros demeurent pour eux des personnages du passé, à demi historiques, personnages d’une histoire sans doute merveilleuse qui est celle d’un monde plus beau, plus grand, plus pittoresque par l’éloignement et la distance où il est du nôtre.
Il n’était pas l’envieux et venimeux personnage qu’on pourrait penser. […] Pater ont, malgré toute leur science, prêté à des personnages anciens des sentiments modernes ? […] Mais les personnages d’Hedda Gabler n’ont pas même l’excuse de la folie. […] Le même trait se retrouve dans leur littérature : les personnages des nouvelles de M. […] Il a renoncé aux thèses, il a voulu écrire un drame où les personnages se contenteraient de vivre et d’agir par eux-mêmes.
« Tout est neuf, le site, les personnages et les couleurs », s’écriait Fontanes. […] D’autres personnages distingués ont eu recours à leurs père et mère pour expliquer les variations de leur conduite. […] Une revue, la Bibliothèque des romans, rédigée par Mme de Genlis, les citoyens Legouvé, Fiévée, Pigault-Lebrun, etc., « donnait l’analyse raisonnée des romans… avec des notes historiques concernant les auteurs, leurs ouvrages et leurs personnages connus, déguisés ou emblématiques ». […] La Fatalité, cette interprétation religieuse des phénomènes dont on ne sait découvrir les causes ; la Fatalité dont les Romantiques de 1830 usèrent et abusèrent si libéralement, était alors autre chose qu’un expédient littéraire, fraîchement retrouvé des Grecs : si Racine se servait des Romains et des Grecs pour déguiser les courtisans de Versailles, qui sont les personnages de ses tragédies, il ne recourait pas à la Fatalité pour expliquer leur actions. […] Ce sont les contemporains qui fournissent à l’écrivain ses idées, ses personnages, sa langue et sa forme littéraire, et c’est parce qu’il tournoie dans le tourbillon des humains, subissant, ainsi qu’eux, les mêmes influences du milieu cosmique et du milieu social, que le poète peut comprendre et reproduire les passions de l’humanité, s’emparer des idées et de la langue courante et pétrir à son usage personnel la forme littéraire donnée par le frottement quotidien des hommes et des choses.
Le personnage qu’on appelle le Bilatéral aperçoit les deux côtés des questions. […] Il associe la nature au drame de ses personnages. […] Léon Daudet sont des opérateurs de foire et des personnages de tréteaux. […] Cela se reconnaît au caractère des personnages et à l’espèce des sentiments qu’il met à la scène. […] Maeterlinck, dans la façon dont il nous présente ses personnages et dont il les fait parler.
Les personnages parmi lesquels elle a grandi, et qui sourirent à son précoce essor, sont tous ceux qui composent le cercle le plus spirituel des dernières années d’autrefois ; lisant vers 1810, au temps de ses plus grandes persécutions, la Correspondance de Mme du Deffand et d’Horace Walpole, elle se retrouvait singulièrement émue au souvenir de ce grand monde, dont elle avait connu beaucoup de personnages et toutes les familles. […] A travers son exagération pathétique, qu’elle prend pour de la modération, elle réussit, quoi qu’il en soit, à nous faire estimer et plaindre ce personnage, fort admiré et fort envié en son temps, tout simplement oublié depuis, et qui ne vivra désormais un peu que par elle. […] Un des inconvénients des romans par lettres, c’est de faire prendre tout de suite aux personnages un ton trop d’accord avec le caractère qu’on leur attribue. […] Ajoutez la nécessité si invraisemblable, et très-fâcheuse pour l’émotion, que ces personnages s’enferment pour écrire lors même qu’ils n’en ont ni le temps ni la force, lorsqu’ils sont au lit, au sortir d’un évanouissement, etc., etc. […] Ces personnages de roman sont complexes.
Les personnages parlent trop, mais ils parlent si bien ! […] Il n’assomme pas, il pique, en passant, non par haine ou indignation profonde, mais par agilité d’esprit et prompt sentiment des ridicules ; il les jette à pleines poignées sur les personnages. […] Tous ces récits sont liés, et beaucoup mieux que chez Boccace, par de petits incidents vrais, qui naissent du caractère des personnages, et tels, qu’on en rencontre en voyage. […] On est capable d’extraire dans chaque objet, paysage, situation, personnage, les traits spéciaux et significatifs, pour les amasser, les ranger et en composer une œuvre artificielle qui surpasse l’œuvre naturelle par sa pureté et son achèvement. […] Dans Arcite et Palémon, dans Troïlus et Cressida, il esquisse des sentiments, il ne crée pas de personnages ; il trace avec aisance et naturel la ligne sinueuse des événements et des entretiens, mais il ne marque pas les contours précis d’une figure frappante.
Ses personnages sont encore des héros, des demi-dieux, des dieux ; ses ressorts, des songes, des oracles, des fatalités ; ses tableaux, des dénombrements, des funérailles, des combats. […] Or, qu’est-ce que le chœur, ce bizarre personnage placé entre le spectacle et le spectateur, sinon le poëte complétant son épopée ? […] Les personnages de l’ode sont des colosses : Adam, Caïn, Noé ; ceux de l’épopée sont des géants : Achille, Atrée, Oreste ; ceux du drame sont des hommes : Hamlet, Macbeth, Othello. […] Les personnages parlants ou agissants ne sont pas les seuls qui gravent dans l’esprit du spectateur la fidèle empreinte des faits. […] Olivier Cromwell est du nombre de ces personnages de l’histoire qui sont tout ensemble très célèbres et très peu connus.
» — « C’est moi, monsieur, répliqua-t-elle en se retournant brusquement dans le couloir, son petit cabas à la main, c’est moi-même ; mais donnez-moi donc deux sous pour m’acheter de la galette, s’il vous plaît. » Et voilà pourquoi, entre autres motifs à l’appui, elle eut toute raison, l’autre soir, de reparaître dans le personnage de l’illustre infortunée à qui elle avait dû une joie d’enfance ; voilà pourquoi elle eut raison de vouloir dire, aux applaudissements de tous, ce mot de fierté qu’elle relève si bien : Si le Ciel était juste, indigne souveraine, Vous seriez à mes pieds, et je suis votre reine. […] 82, Ulysse, personnage épique, ou tout au plus personnage dramatique du second ordre, ne pouvait être le héros d’une tragédie ; il a trop de finesse pour cela. […] Je n’aborde pas la Marie Stuart réelle, celle de l’histoire approfondie ; des travaux récents ont beaucoup fait pour l’éclairer jusque dans les plus secrets replis et pour désenchanter du personnage. […] Le personnage de Leicester, même avec les adoucissements que l’auteur français y apportait, eut peine d’abord à se faire accepter. […] Cet état douteux a cessé depuis la publication de la pièce dans les Œuvres ; chacun peut lire, mais ce n’est qu’à une remise en scène qu’on en pourrait complétement juger. — Mlle Mars, qui représentait le principal personnage, avait bien tout le charme qui était nécessaire pour représenter doña Estrelle, mais il lui manquait la force et le pathétique.
Nous avons le même plaisir que devant un beau tableau ou un beau livre ; au plus fort des passions qu’il nous présente, nous savons que les personnages sont des fantômes, et que ce n’est point un sang véritable que nous voyons couler. […] « Triste oiseau le hibou » est, dans La Fontaine, un personnage réfléchi, philosophe, qui construit fort bien les syllogismes quand il s’agit d’une provision de souris. […] Mais son plumage terne, son bec crochu, son regard morne, en font un personnage grognon et frondeur. […] Sa physionomie est assez sotte, et son air étonné ; aussi, pour en faire un personnage humain, il faudra lui donner la mine et les actions d’un novice. […] Il a vu les attitudes, le regard, le poil, l’habitation, la forme d’un renard ou d’une belette, et l’émotion produite par le concours de tous ces détails sensibles engendre en lui un personnage moral avec toutes les parties de ses facultés et de ses penchants.
D’abord il absorba tous les Charles, Charles Martel et Charles le Chauve, tandis que les Pépins et les Louis se fondaient en deux personnages, l’un père et l’autre fils de l’empereur Charles : cette triade légendaire représenta toute la dynastie carolingienne. […] Ainsi dans cette histoire poétique des Mérovingiens, dont on parlait tout à l’heure, se laissent entrevoir des vestiges de vieux poèmes francs ; dans les chansons de gestes, certains récits, certains personnages, des traits de mœurs, des usages de la vie guerrière et civile sont des résidus manifestes de la plus ancienne poésie et de la plus ancienne civilisation des Francs. […] Ses personnages ne sont pas analysés, ils sont, ce qui vaut mieux. […] Les pères surtout : car, par une mystérieuse divination des lois de l’hérédité ou, plutôt tout niaisement, parce que, si l’on n’est pas toujours le père, on est forcément le fils de quelqu’un, la curiosité des auditeurs remontait plus volontiers aux ascendants des personnages favoris. […] L’élaboration de l’épopée s’était, faite en condensant dans la fixité d’un type héroïque diverses physionomies de personnages héroïques : dans la décomposition du genre, au contraire, chaque type se résout en plusieurs figures de fantaisie, graves ou ridicules, outrées de sublimité ou de bassesse, selon l’utilité particulière de chaque sujet.
Voici cette esquisse, avec le nom des personnages. […] Nous sommes ici déjà loin du motif du printemps, presque à l’extrémité du personnage d’Eva : son sort est bien loin d’être fixé. […] » Où Wagner fait chanter à un personnage le motif qui se trouve à l’orchestre, on peut affirmer presque toujours que le même sentiment est là sous ses deux formes, poétique et musicale ; ainsi, p. 30, Walther s’écrie : « Mit allen Sinnen euch Zugewinnen ! […] Ce motif tient les 15/100 de l’espace occupé par l’ensemble des motifs, ce qui marque nettement l’importance du personnage de Sachs, le savetier-poète. […] En se bornant à la seule étude musical du drame, on voit que chaque personnage se trouve éclairé de la chaude lumière du génie de Walther.
Ce personnage original qu’on aimait assez, sauf à en rire, et qui s’était fait une place à part dans les assemblées du Clergé et à la Cour, s’était mis comme tout son siècle sur le pied d’admirer Louis XIV, de l’adorer passionnément, et de le lui dire. […] Les figures et les personnages de l’Écriture, Élisée, Pharaon, Moïse revenaient de temps en temps. […] — Pressé d’arriver à l’éloge direct de son nouveau confrère, l’abbé de Caumartin, ne craignit pas de toucher le point délicat, la solidité des titres académiques, et tout en caressant le glorieux personnage sur ses autres qualités et prétentions extérieures de manière à le gonfler devant tous, il se piqua de lui faire accroire qu’il ne tenait qu’à lui de pouvoir s’en passer : C’est ce qui nous le fait regretter avec justice, disait-il en parlant des mérites modestes de Barbier d’Aucour, et notre consolation serait faible, si elle n’élait fondée que sur la différence de vos conditions. […] Le roi prit mal cette espièglerie d’un homme d’esprit dans un personnage public.