Une médiocrité qui a dû coûter immensément de peine à l’auteur. […] le sort des femmes qui se vouent au bas-bleuisme, c’est de se donner beaucoup de mal pour arriver au niveau du premier homme médiocre qui écrit, et qui, pour être médiocre, ne se donne pas tant de peine que cela.
Elle ne s’est donnée, pour les avoir, que la peine d’être une femme. […] On n’a eu que la peine de l’y porter, — et les premiers jours qu’on l’y a vue, elle y a été regardée avec l’œil rond d’une foule badaude, qui fait une plaisanterie morne et puis, qui s’en va… Le vieux xixe siècle, — car le voilà vieux, — ressemble au vieux célibataire, qui souffre qu’une femme soit tout chez lui et s’y permette tout.
Quand il faudrait prouver ce qu’il avance, il dit des mots qu’on prierait encore le génie de se donner la peine de justifier… Il a certainement plus de raison, plus de sérieux et de variété que celui qui dit, à propos de tout : « tarte à la crème ! […] Odysse Barot n’a pas le courage de lui accorder, à elle expressément, du génie ; mais comme on sent qu’elle est bien plus pour lui que cet Edgar Poe, par exemple, auquel il en octroie pour se débarrasser de la peine de le juger !
Fontanos, le racinien, qui, grand-maître alors de l’Université, trouva plaisant de faire de cette âme en peine dans un corps un inspecteur d’académie ; c’étaient Molé, Chênedollé, l’abbé de Vitry et trois femmes charmantes : Mme de Châtenay, Mme de Vintimille et Mme Pauline de Beaumont. […] Le Christianisme a cela de bon qu’il élève sans peine le moindre grimaud au-dessus du plus grand homme de l’antiquité.
Ce besoin, du reste, qui n’est — si l’on veut y réfléchir — que de l’individualisme encore ; ce besoin qui a produit tant de métaphysique vaporeuse, de synthèses, de formules, et qui, surexcité jusqu’à la rage par la vanité de chacun, ne nous a saisis tous que parce qu’il ne sied qu’à quelques-uns, c’est-à-dire aux maîtres, aux grands esprits, à ceux-là enfin qui se donnent seulement la peine de naître, pourrait faire croire à nos descendants que nous avons perdu le bon sens proverbial de nos pères, n’étaient quelques livres d’histoire fermes, nets, circonscrits, et dans lesquels il sera possible de le retrouver. […] Dans un temps de turgescence universelle, où toutes les grenouilles s’enflent comme des bœufs et crèvent si ridiculement à la peine, c’est être heureusement exceptionnel que de garder les proportions de sa pensée et de n’avoir pas peur d’un cadre étroit.
Les peines qu’il se donne, dans la première partie de son récit, sont incroyables quand il s’agit de créer une importance, une valeur, une poésie quelconque à ce beau buste vide. […] Il convint de tout et qu’il méritait bien sa peine, quoique dans ces têtes de gentilshommes qui faisaient la guerre au roi pour le roi, ces ultras armés, la notion de patrie ne fût pas établie comme dans la nôtre, ce qui rendait le crime moins grand.
Camille Rousset est un de ces assassins, du plus grand mérite, qui nous tuent d’ennui, et j’admirais avec quelle peine, quel labeur, quelle conscience, quelle correction et quelle perfection, il avait obtenu celui de son livre, qui véritablement est de première qualité. Eh bien, c’est cette peine, ce labeur, cette conscience et cette perfection dans l’ennui, dans cet ennui que l’on tire de l’histoire la plus intéressante avec une force de plusieurs chevaux, qu’Hippolyte Babou n’a pas voulu prendre à sa charge !
C’était bien la peine de tant marcher ! […] Franchement, le Symbole de Nicée ne se donne pas tant de peine pour être plus utile à l’humanité et plus grand !
C’est bien la peine d’avoir vécu trente ans ! […] Non content de cette promenade à travers le monde, il le fait promener même en dehors de ce monde, comme le Dante, et de cette promenade éternelle, le but est de nous dérouler toute l’histoire, légendaire et poétique, du passé comme de l’avenir, car l’enchanteur Merlin, qui entre aux limbes, comme il entre partout, par la vertu de sa petite baguette de coudrier, n’a pas beaucoup de peine ni de mérite à nous prophétiser ce qui est de l’avenir pour lui, du temps du roi Arthur, et ce qui est du passé pour nous, Charlemagne, Hugues Capet, la Saint-Barthélemy, Louis XIV, la Révolution française, la tête coupée de Louis XVI, Robespierre et Napoléon.
Cette vie, d’ailleurs, valait-elle la peine d’être racontée ? […] Était-ce donc bien la peine de les donner ?
Elle a la tristesse même de son impuissance à devenir vicieuse tout à fait, et cette tristesse vaut la peine qu’on l’explique. L’autre Messaline n’a que la tristesse de son inassouvissement, ce phénomène inexplicable, et qui, ne le fût-il pas, ne vaudrait pas la peine d’être expliqué.
Eh bien, quelles peines n’aura-t-il pas à dévorer ? […] Dès-lors le jugement qu’il en rendra ne pourra qu’être défavorable, dès-lors le pauvre auteur aura perdu sa peine & son temps. […] A peine daignent-ils répondre, & s’ils s’avisent à table de vous servir, c’est de l’air du monde le plus capable d’humilier. […] C’est précisément selon le conseil d’Horace, le moment de chanter, lorsqu’on est dans la peine. […] Les suppliques ne parvenoient qu’avec beaucoup de peine aux intendans, & si enfin elles y arrivoient, on étoit des années entieres avant d’être écouté.
Qu’un livre ait été écrit dans le contentement ou dans la peine, qu’il soit sorti d’un esprit tranquille, ou que chaque page en ait été disputée à des préoccupations douloureuses, peu lui importe.
Il y auroit peut-être réussi, si la multitude eût pu être de l’avis des protecteurs zélés qui se sont donné tant de peine pour la soutenir.
On eût pu ajouter qu’il en avoit mis au jour deux de trop, car il n’y a que ses Stances à Ménage qui vaillent la peine d’être lues.
S’étant imaginé qu’une composition en quatre volumes valait la peine d’être méditée, il a perdu son temps à chercher une idée fondamentale, à la développer bien ou mal dans un plan bon ou mauvais, à disposer des scènes, à combiner des effets, à étudier des mœurs de son mieux ; en un mot, il a pris son ouvrage au sérieux.
. — À quoi bon, dira-t-on, et n’est-ce pas là une peine bien placée, écrire avec tant de zèle et tant d’ardeur une feuille éphémère, une chose qui dure à peine une heure et qu’emporte le vent du soir ? […] — Une des peines de l’esprit, c’est l’inaction, c’est la lutte qu’il faut soutenir contre les intelligences médiocres. […] Suivez-moi donc, car je prétends, pour ma peine, marcher le premier, quand vous devriez me pousser à grands coups de pied ! […] Le reste ne vaut pas la peine qu’on s’en inquiète. […] En voilà un qui se donne toutes les peines imaginables !
Et il est naturel, après tout, qu’on ne veuille pas avoir inutilement dépensé son temps, ses peines et son enthousiasme. […] La chose en vaudrait cependant la peine, car, sur les registres de la municipalité de Dijon, M. […] Nous n’avons pas de peine à l’en croire. […] On a peine à comprendre que, instruit par de telles expériences, Voltaire ait osé s’aller établir à Berlin. […] Elle vaut la peine d’être connue.
Cependant, en considérant la position de Molière, et le plaisir que le roi prenait à diriger son talent, on se persuaderait sans peine qu’en approchant l’oreille des rideaux du roi, on sur prendrait quelques paroles dites à demi-voix, pour désigner à Molière ce caractère qui, bien que respecté au fond du cœur, avait quelque chose d’importun pour les maîtresses et pour les femmes qui aspiraient à le devenir.
« Il considere ce progrès insensible, mais si rapide de la vie vers sa fin, la mort toujours prochaine, ou plutôt toujours présente, le tombeau, la cendre, le tribunal de son Juge, les peines & la gloire de l’Eternité ; il attache sa vue sur ces dernieres fins de l’homme, si propres à régler sa course, &, prosterné chaque jour devant Dieu, il lui demande la grace de bien vivre, pour avoir celle de bien mourir ; sacré soin, précieuse solitude, sceau de Dieu dans les ames prédestinées, vigilance nécessaire, mais rare dans tous les hommes, plus rare dans les Grands, & plus nécessaire encore aux Grands qu’aux autres hommes ».
On y reconnoît sans peine ce que M. l’Abbé Dinouart y a ajouté.
Aujourd’hui on sait seulement qu’il a écrit, sans qu’on se donne la peine de lire ses Ouvrages, qui déplaisent par la prolixité du style, quoique l’élocution en soit facile & nombreuse.
Il a débuté dans les Lettres par des Eloges historiques, tels que ceux du Roi Stanislas, de Charles V, de Louis Dauphin, de Fénélon, qui annoncent des connoissances, de l’esprit, le talent de s’exprimer avec autant de noblesse que de clarté ; mais dont le style dépourvu en général de chaleur & de nerf, fait augurer que cet Auteur aura de la peine à parvenir à la véritable éloquence.
Qu’on imprime des inepties, à la bonne heure ; le Sage en rit, & prend quelquefois la peine de les réfuter : mais qu’on imprime des atrocités contre Dieu & les Hommes ; le Sage en gémit, & regarderoit alors la Tolérance comme une foiblesse & une trahison.
La postérité aura peine à croire que le même génie qui a brillé dans tant de négociations importantes, ait pu se pénétrer assez de tous les genres de Littérature, pour prononcer avec tant de justesse sur les meilleurs Poëtes anciens & modernes.
Scudery, [George de] Gouverneur de Notre-Dame de la Garde, de l'Académie Françoise, né au Havre de Grace en 1603, mort à Paris en 1667, est celui à qui Boileau adressoit autrefois ces Vers : Bienheureux Scudery, dont la fertile plume, Peut tous les mois, sans peine, enfanter un volume.
« L’intention des chefs est qu’alors la gaieté des enfants soit sans entraves, et je n’ai pas de peine à croire que dans ces moments la discipline soit oubliée, qu’il se fasse mille espiègleries, qu’il y ait quelque dégât, que les gouverneurs soient inquiétés et tourmentés, qu’à la première issue qui se présente les élèves ne s’échappent de leurs yeux et ne se livrent à toutes leurs fantaisies.
Le Socrate condamné en vaut la peine autant qu’aucun autre morceau du Salon.
C’étoit un poëte qu’elle expliquoit, car elle n’aimoit pas la prose, et elle n’a pas lu Cicéron ; mais comme elle se plaisoit fort à la poésie, elle lisoit particulièrement Virgile et Horace ; et comme elle avoit l’esprit poétique et qu’elle savoit tout ce qui convenoit à cet art, elle pénétroit sans peine le sens de ces auteurs. » Un peu plus loin, il revient sur les mérites de M. […] La première lui plaisoit par sa bonté et par une certaine ingénuité à conter tout ce qu’elle avoit dans le cœur, qui ressentoit la simplicité des premiers siècles ; l’autre lui avoit été agréable par son bonheur ; car, bien qu’on lui trouvât du mérite, c’étoit une sorte de mérite si sérieux en apparence, qu’il ne sembloit pas qu’il dût plaire à une princesse aussi jeune que Madame. » A l’âge d’environ trente ans, Mme de La Fayette se trouvait donc au centre de cette politesse et de cette galanterie des plus florissantes années de Louis XIV ; elle était de toutes les parties de Madame à Fontainebleau ou à Saint-Cloud ; spectatrice plutôt qu’agissante ; n’ayant aucune part, comme elle nous dit, à sa confidence sur de certaines affaires, mais, quand elles étaient passées et un peu ébruitées, les entendant de sa bouche, les écrivant pour lui complaire : « Vous écrivez bien, lui disait Madame ; écrivez, je vous fournirai de bons mémoires. » — « C’était un ouvrage assez difficile, avoue Mme de La Fayette, que de tourner la vérité en de certains endroits d’une manière qui la fit connaître et qui ne fût pas néanmoins offensante ni désagréable à la princesse. » Un de ces endroits, entre autres, qui aiguisaient toute la délicatesse de Mme de La Fayette et qui excitaient le badinage de Madame pour la peine que l’aimable écrivain s’y donnait, devait être, j’imagine, celui-ci : « Elle (Madame) se lia avec la comtesse de Soissons… et ne pensa plus qu’à plaire au roi comme belle-sœur ; je crois qu’elle lui plut d’une autre manière, je crois aussi qu’elle pensa qu’il ne lui plaisoit que comme un beau-frère, quoiqu’il lui plût peut-être davantage ; mais enfin, comme ils étoient tous deux infiniment aimables, et tous deux nés avec des dispositions galantes, qu’ils se voyoient tous les jours au milieu des plaisirs et des divertissements, il parut aux yeux de tout le monde qu’ils avoient l’un pour l’autre cet agrément qui précède d’ordinaire les grandes passions. » Madame mourut dans les bras de Mme de La Fayette, qui ne la quitta pas à ses derniers moments. […] On m’a, s’il m’en souvient, tant jeté à la tête Ronsard, que j’ai de la peine à ne pas dire mon Ronsard. […] Segrais, que nous trouvons encore sur notre chemin, dit, en un endroit, qu’il n’a pas pris la peine de répondre à la critique que l’on fit de ce roman116 ; et à un autre endroit, que Mme de La Fayette a dédaigné d’y répondre ; de sorte qu’il y aurait doute, si on le voulait, sur son degré de coopération. […] Je sais que ce ne sont point alors des pensées suivies, et que souvent vous n’êtes appliquée qu’à n’en point avoir : mais il est difficile de ne pas dépendre de son naturel, quand on veut bien qu’il soit le maître ; et l’on se retrouve sans peine, quand on en a beaucoup à se quitter.
Si on le mesure à l’infini de l’espace qui l’entoure, il ne vaut pas la peine d’être calculé ; si on le mesure à l’infini des temps qui le précèdent et qui le suivent, il ne vaut pas la peine d’être supputé ; si on le mesure à sa brièveté, à son insignifiance, à son néant parmi les êtres, il ne vaut pas la peine d’être nommé. […] L’homme alors, pénétré d’une justice sublime et d’une abnégation qui s’élève jusqu’à l’immolation de soi-même, refuse d’entrer dans le séjour de la félicité divine, si son chien, compagnon de ses peines et de ses mérites, n’y entre pas avec lui. […] « Celui-là est chéri de moi, dit-il, dont le cœur, libre de toute haine, répand sa charité sur toute la nature animée ou inanimée ; qui ne craint point les hommes, et que les hommes ne craignent point ; qui ne désire rien pour lui, tout pour ses frères ; qui est le même dans la gloire ou dans l’humiliation, dans le chaud et dans le froid, dans la peine et dans le plaisir ; qui s’élève par le détachement au-dessus des vicissitudes de la courte vie d’ici-bas, pour chercher le seul Brahma (Dieu), le souverain principe de toutes choses.
Vaut-il la peine de le citer dans un ouvrage ? […] J’insiste trop, car je me prépare une peine de plus si vous ne venez pas, l’inutilité de mon insistance. […] Je suis loin l’un de l’autre, et je crois que j’achète la peine au prix de l’agitation. […] A un monde qui n’en vaut guère la peine, d’accord ; mais nous n’en avons pas d’autre ; et il n’y a moyen d’y exister qu’en rêvant à le rendre meilleur. […] Ce genre de littérature ne lui coûtait presque aucune peine ; la forme n’étant pour lui ni un obstacle ni une parure, il n’avait qu’à puiser, comme avec la main, dans un fonds riche et abondant ; c’était devenu pour lui presque aussi simple que la conversation même.
D’abord, le goût du temps avait peine à admettre un héros de tragédie qui n’était point amoureux. […] Elle tue ; mais comme elle aurait peu de peine à mourir elle-même ! […] Et j’ai peine à croire que Molière leur ait versé un breuvage si empoisonné. […] Je ne vois pas Froufrou vieille, j’ai même beaucoup de peine à voir Froufrou mûre. […] On n’aurait pas de peine à découvrir chez M.
Qu’on laisse l’ouvrage sortir de ses mains, sans angoisse ainsi que sans orgueil, et que, dominant les craintes comme les espérances de l’amour-propre, on se résigne à la pensée de n’avoir pas fait un chef-d’œuvre, malgré tant de soins et de peines, et de ne forcer l’admiration de personne : faire de son mieux, sans défaillance, quand on ne se flatte pas de faire mieux que personne, n’est pas un mérite mince ; du moins ce n’est pas banal.
Il y en a de magnifiques… La Nuit est une œuvre faite pour ceux qui voient douloureusement fuir l’ombre du temps, l’incertitude des choses, et qui, lassés, exhalent la colère de leur mélancolie en des songes et des harmonies où perce un oubli des peines passées conduisant à un besoin de repos dans l’obscurité, dans le silence, dans la mort.
Charles Maurras Si Le Goffic a profité de la divine aventure, je ne veux pas laisser aux seuls amis d’amour breton la peine d’en décider, et ce n’est pas moi non plus qui irai l’assumer.
Les volumes qui sont de lui, offrent une variété si étonnante de matieres, qu’on a peine à se persuader qu’un seul homme ait pu y suffire.
Il ne croit pas que son individualité, comme on dit aujourd’hui en assez mauvais style, vaille la peine d’être autrement étudiée.
On trompe sans peine un artiste impatient, et les animaux sont mauvais juges en peinture.
Cette idée des peines de l’autre monde m’amuse.
Missa a peine à le suivre.
L’Université de Paris, composée de particuliers qui ne forment d’ailleurs entre eux aucun corps régulier ni ecclésiastique, aura moins de peine à secouer le joug des préjugés dont les écoles sont encore pleines. […] Au reste, quelque estime que j’aie pour nos humanistes modernes, je les plains d’être forcés à se donner tant de peine pour parler fort élégamment uné autre langue que la leur. […] Leibnitz aurait eu plus d’honneur et de peine à faire les vers bons, supposé qu’un moderne puisse faire de bons vers latins. […] La clarté, qui est la loi fondamentale du discours oratoire, et en général de quelque discours que ce soit, consiste non seulement à se faire entendre, mais à se faire entendre sans peine. […] Le plaisir de l’auditeur ou du lecteur diminuera à mesure que le travail et la peine se feront sentir.
quant au Cicéron, j’ai quelque peine à en retrouver trace même dans son air ; laissons ces fausses ressemblances, et demandons plutôt à Gui Patin de se peindre à nous lui-même. […] Je ne suis qu’en peine de retrouver de leurs vieilles thèses pour en achever un beau nombre, et puis j’aviserai après à ce que j’en dois faire, selon le dessein que j’en ai eu par ci-devant. […] Mais Renaudot n’était pas facile à émouvoir sur ce point ; il croyait à l’utilité de ses diverses innovations et de ses établissements, à celle de sa Gazette entre autres, et il s’en faisait gloire : Mon introduction des Gazettes en France, écrivait-il en 1641, contre lesquelles l’ignorance et l’orgueil, vos qualités inséparables, vous font user de plus de mépris, est une des inventions de laquelle j’aurais plus de sujet de me glorifier si j’étais capable de quelque vanité… ; et ma modestie est désormais plus empêchée à récuser l’applaudissement presque universel de ceux qui s’étonnent que mon style ait pu suffire à tant écrire à tout le monde déjà par l’espace de dix ans, le plus souvent du soir au matin, et des matières si différentes et si épineuses comme est l’histoire de ce qui se passe au même temps que je l’écris, que je n’ai été autrefois en peine de me défendre du blâme auquel toutes les nouveautés sont sujettes.
Mme de Coigny n’aime pas assez Shakespeare ; l’original lui donne trop de peine, et elle déteste les traductions impossibles… Je raconte à Mme de Coigny mes lectures anglaises, et elle dit que ces lectures (aidées de Dieu) m’ont donné un esprit original et sain. » Mme de Coigny avait raison ; ces lectures croisées sont un excellent régime et fortifient une jeune nature. […] Quand on songe à toute la peine que ce pauvre petit oiseau a dû prendre pour construire un pareil édifice sans autre instrument que son bec et ses deux petites pattes, quand on pense à l’activité incessante qu’il est obligé de déployer pour nourrir une si nombreuse famille, on est partagé entre l’admiration et l’attendrissement. […] Cela nous a fait de la peine, et nous regardions avec plaisir le vieux chêne échappé à cette cruelle éducation.
A peine l’eus-je vue que je fus subjugué : je la trouvai charmante, de ce charme à l’épreuve du temps, le plus fait pour agir sur mon cœur. […] Cependant la confiance s’est établie, et l’aisance avec elle… Je n’aurai pas de peine à vous en dire du bien, si sa belle humeur se soutient. […] Celle-ci, de son côté, cédait sans doute un peu moins dans ses dernières années à l’impétuosité de son caractère, à son esprit d’épigrammes, et se donnait un peu plus de peine pour persuader à ses amis qu’elle les aimait.
Je ne répondrais donc point que Jean-Bon soit allé, par exemple, jusqu’à se demander, au milieu de ces détentions atroces et immondes qu’il nous décrit et qui le révoltent, si la Convention dont il était solidaire avait bien eu le droit elle-même d’infliger, — je ne dis plus à Louis XVI, ni à la reine, — mais à leur malheureux fils, mourant au Temple, une telle peine à mauvaise fin et de lui faire subir une détention également horrible, la plus pourrissante et la plus dégradante de toutes… Je m’arrête, nous sommes ici au seuil le plus secret des consciences. […] Les approvisionnements que je comptais tirer de l’arrondissement de Spire et dont partie était déjà chargée sur le Rhin auront de la peine à passer. […] Jean-Bon est mort à la peine, à soixante-quatre ans, en vaillant et dévoué serviteur du pays.
Ce sera presque toujours ainsi avec lui : il a besoin d’être écouté, et sur la fin on ne l’écoutera pas assez, et lui-même il ne prendra plus guère la peine de s’ouvrir et de s’expliquer. […] Il y eut pourtant bien de la peine et de la difficulté avant d’en pouvoir saisir l’occasion. […] Catinat, sourd à tout, ne pensait qu’à justifier la confiance du roi, à se rendre digne de son nouvel honneur, et dès que le duc fut remis de sa maladie et que les hostilités recommencèrent, il se vit avec peine réduit d’abord à l’immobilité, à une défensive presque inerte ; il dut se résigner à voir Pignerol investi et se retirer du poste de La Pérouse qu’il jugea intenable.
Plusieurs ont des femmes ou des enfants malades, qui consument ce peu d’argent qu’ils gagnent avec tant de peine ! […] et, quand vos grains recueillis seront devenus le pain des familles, ce pain que nous autres, insensés des villes, mangeons avec tant d’indifférence et d’oubli, le pauvre, toujours chrétien, lui, n’entamera pas sa nourriture unique, la vie de ses enfants, sans faire, avec la pointe de son couteau, cette croix dont il salue le jour et la nuit, et tous les actes de on existence laborieuse ; il remerciera Dieu du bienfait accordé à ses peines ; il lui demandera de bénir encore les travaux auxquels il s’apprête et pour lesquels il se fortifie. […] Ils devraient souvent y songer, ceux qui vivent dans la fange des villes, dans leur corruption, dans leurs révoltes : à voir ce qu’il faut d’ordre, de résignation, de peines, pour féconder la terre et faire vivre ceux qui l’habitent, ils deviendraient plus calmes peut-être, et meilleurs.
Si j’étais professeur de rhétorique, je voudrais, au chapitre des narrations, comparer, confronter page à page les deux versions du Lépreux, et démontrer presque à chaque fois l’infériorité de l’esprit cherché et du raisonnement en peine qui ne parvient qu’à surcharger le naïf et le simple. […] A peine entre ces noirs créneaux Un faible rayon de lumière Jusqu’à mon cachot solitaire Pénètre à travers les barreaux. […] En parcourant les ouvrages à la mode, il s’est effrayé d’abord, il s’est demandé si notre langue n’avait pas changé durant ce long espace de temps qu’il avait vécu à l’étranger : « Pourtant ce qui me tranquillise un peu, ajoutait-il, c’est que, si l’on écrit tout autrement, la plupart des personnes que je rencontre parlent encore la même langue que moi. » En assistant à quelques séances de nos Chambres, il s’est trouvé bien dérouté de tant de paroles ; au sortir du silence des villas et du calme des monarchies absolues, il comprenait peu l’utilité de tout ce bruit, et l’on aurait eu peine, je l’avoue, à la lui démontrer pour le moment.
Or, quand on s’en est approché et qu’on s’est donné toute cette peine du détail, on est du métier, on y est englué, on ne s’en éloigne plus. […] Il paraît peu disposé à le croire très-développé : « La vie politique des Grecs, dit-il en un endroit194, non moins active que celle de Rome, mais resserrée dans leurs petits États, n’appelait point un aussi rapide et énergique instrument de publicité que cet immense empire dont les armées conquérantes détruisirent en peu d’années Carthage, Corinthe et Numance. » On a vu que cet énergique instrument de publicité ne joua jamais que très-peu à Rome ; et, puisqu’il s’agit de la faculté plutôt encore que de l’usage, j’ai peine à croire qu’Athènes, par exemple, n’en ait pas fait preuve, même dans son cercle très-resserré. […] Mais lorsqu’on entend par journal une feuille plus ou moins régulière périodiquement publiée, on a plus de peine à en découvrir, et c’est à M.
Habitués que nous sommes à mettre la poésie dans la passion et l’enthousiasme, nous avons peine à nous figurer un poète qui, froidement, regarde la nature, sans l’animer, et la copie, sans l’altérer, curieux seulement de l’aspect des choses, et s’efforçant de fixer dans une image adéquate la sensation physique qu’il en a reçue. […] Il n’est pas étonnant que les transitions lui donnassent tant de peine, et qu’il les estimât « le plus difficile chef-d’œuvre de la poésie ». […] Nous avons peine aussi à convenir que les dissertations morales de Boileau, ses nobles démonstrations de la sottise humaine, ou ses languissantes diatribes contre le faux honneur et l’équivoque, soient de la poésie.
Le personnage ne nous est pas inconnu : sous sa rousse fourrure, nous n’avons pas de peine à ressaisir une physionomie que la geste des Lorrains nous a rendue familière : ce Bernart de Naisil toujours acharné à semer la discorde, et prêt à pêcher en eau trouble, perfide, subtil, insaisissable, et retombant sur ses pieds où tout autre se fût rompu les reins, c’est Renart ou son frère jumeau. […] A peine quelque trace de l’instruction primitive aurait-elle subsisté parfois, comme dans ce Lai d’Aristote, où le maître de toute science, à quatre pattes, selle au dos, bride aux dents, porte la belle Indienne qu’il avait blâmé Alexandre de trop aimer, et donne l’ironique leçon de la sagesse vaincue par une blonde tresse, un sourire et une chanson. […] On n’aura pas de peine à concevoir qu’il n’y a guère de psychologie dans les Fabliaux.
Une des principales causes des plaisirs de notre ame lorsqu’elle voit des objets, c’est la facilité qu’elle a à les appercevoir ; & la raison qui fait que la symmétrie plaît à l’ame, c’est qu’elle lui épargne de la peine, qu’elle la soulage, & qu’elle coupe pour ainsi dire l’ouvrage par la moitié. […] Voyez, je vous prie, la multiplicité des causes ; nous aimons mieux voir un jardin bien arrangé, qu’une confusion d’arbres ; 1°. parce que notre vûe qui seroit arrêtée ne l’est pas ; 2°. chaque allée est une, & forme une grande chose, au lieu que dans la confusion, chaque arbre est une chose & une petite chose ; 3°. nous voyons un arrangement que nous n’avons pas coûtume de voir ; 4°. nous savons bon gré de la peine que l’on a pris ; 5°. nous admirons le soin que l’on a de combattre sans cesse la nature, qui par des productions qu’on ne lui demande pas, cherche à tout confondre : ce qui est si vrai, qu’un jardin négligé nous est insupportable ; quelquefois la difficulté de l’ouvrage nous plaît, quelquefois c’est la facilité ; & comme dans un jardin magnifique nous admirons la grandeur & la dépense du maître, nous voyons quelquefois avec plaisir qu’on a eu l’art de nous plaire avec peu de dépense & de travail. […] A voir les vers de Corneille si pompeux, & ceux de Racine si naturels, on ne devineroit pas que Corneille travailloit facilement, & Racine avec peine.
Il faut s’en garder avec soin : cette langue enfante toutes les hérésies. » Un évêque de Mayence interdisait, sous peine d’amende, toute traduction en langue vulgaire d’une partie quelconque des livres sacrés. […] Et quant au retour dont il aurait été payé, une épigramme de 1527 nous apprend que le poëte en fut pour ses avances : Je pense en vous et au fallacieux Enfant Amour, qui par trop sottement A fait mon cueur aimer si haultement, Si haultement, hélas que de ma peine N’ose esperer un brin d’allégement, Quelque doulceur de quoi vous soyez pleine. […] Après quelque séjour dans cette ville, où le crédit de Calvin le sauva de la peine capitale, qu’il s’était attirée, dit-on, par de graves désordres de conduite, Marot se retira à Turin.
C’est aussi le vulgaire qui va dîner purement et simplement ; les précieuses se soumettent, se résignent avec quelque peine à ce qu’elles nomment « les nécessités méridionales ». […] Ils enseignent à causer, mais ils accoutument à dire des riens ; ils développent le travers du commérage et là manie du bel esprit ; ils apprennent à préférer les bons mots au bon sens, la crème fouettée qui amuse le palais au mets substantiel qui nourrit l’estomac ; à force de redouter l’ennui, ils rendent les gens incapables de pénétrer tout ce qui réclame peine et attention. […] Il ne reste qu’à le laisser dire et c’est à quoi se résignent sans trop de peine celles qu’il accable de ses déclarations.