Dickens est un poëte ; il se trouve aussi bien dans le monde imaginaire que dans le réel. […] Peut-être ce monde est-il celui des artistes ; il n’est point celui des hommes ordinaires. […] Il semblera planer au-dessus du monde, dans la région des idées pures, au sein de la vérité. […] Ce beefsteak a passé, le monde passera aussi ; souvenons-nous de notre fragilité et du compte qu’un jour nous aurons à rendre. […] Ce ne sont pas seulement les femmes qui, comme chez nous, se réfugient dans l’idée d’un autre monde ; les hommes y pensent.
toi l’éternelle, l’immortelle, où circule l’âme du monde, cette sève épandue jusque dans les pierres, et qui fait des arbres nos grands frères immobiles ! […] Tenez, voilà X. ; il ne verra pas si cette table est ronde ou carrée… Toute ma valeur, c’est que je suis un homme pour qui le monde visible existe. » — Fort bien, pour un commissaire priseur le monde visible existe aussi, et la tapisserie, et la table ronde ou carrée. […] Représenter le monde ou l’humanité d’une manière esthétique, ce n’est donc pas les reproduire passivement au hasard de la sensation, mais les coordonner par rapport à un terme fixe, — le moi original de l’auteur, — qui doit être lui-même, d’autre part, le raccourci le plus complet possible du monde et de l’humanité. […] Pourquoi l’artiste doit-il tant se préoccuper de la conformité du monde où il nous promène avec le monde réel ? […] ) Votre personne, vos moindres mouvements me semblaient avoir dans le monde une importance extra-humaine.
quel monde charmant ! […] Pas le moins du monde. […] Pas le moins du monde. […] Le monde lui est un spectacle autant qu’une proie. […] Nous sommes ici en plein monde réel.
Tous les raisonnements du monde ne pourraient faire sortir du gosier d’un merle la chanson du sansonnet. […] Mais rien au monde ne lui est plus odieux, plus insupportable, exaspérant, inoubliable, que d’être convaincu de naïveté. […] Le monde n’y comprendra jamais rien. […] C’est d’un monde fabuleux ou vu à travers une goguette et dans une pointe de vin. […] Mais il y a des gens qui vont sérieusement s’imaginer que c’était là le suprême bon ton du monde le plus délicat de la société qui a disparu : tandis qu’un tel monde n’a jamais existé autre part que dans les fumées de la fantaisie du poète revenant de la tabagie.
Le monde matériel est pour le mieux, ou du moins il est sur la voie. […] Daudet, l’Hérédo et le Monde des Images. […] C’est Valéry à l’orgue (le jour où l’abbé Bremond parle en chaire) qui attire le monde, le beau monde. […] Dieu a bien fait de choisir un monde d’individus. […] Non les parties d’un monde, mais des mondes dont chacun possède à sa manière ses créatures vivantes et ses créatures raisonnables.
Le monde moderne n’a eu qu’une tête de cette force, Bacon ; nous vous le ferons connaître un jour. […] s’écrie-t-il, et le monde est son témoin ! […] Non, c’est leur conseiller de ne pas espérer leur récompense en ce monde, mais c’est leur montrer d’autant plus la sublimité de la vertu qu’en restant vertueux on consent sciemment à être victime de son innocence. […] Que s’était-il passé de nouveau dans la Péninsule qui pût autoriser le monde moderne à dire au fantôme de l’Italie unitaire : Lève-toi et marche ! […] Sa femme commandait aux ministres choisis par elle, aux favoris par lesquels elle régnait ; elle ne régnait alors ni stupidement ni scandaleusement, comme ses ennemis l’ont écrit et l’ont fait croire au monde.
Tant que le monde sublistera, il y aura des importans. […] … Il n’y a rien dans le monde qui ait autant varié. […] Le monde est ainsi monté, voici la meilleure raison. […] Tout ce monde qui passe, & repasse sous vos yeux, vous fournit d’agréables réflexions. […] S’il est vrai qu’il n’y a personne dans le monde qui ne fasse une folie, celle-ci sera la sienne.
Levallois, même dans le monde romantique. […] Car un monde d’idées et de faits nous sépare de leur action. […] Voyons comment ce monde s’est trouvé de ce mépris des faibles. […] Elles te disent : Le monde a faim ! […] Un crime et une folie envers la France et le monde.
. — Pour ce qui est des sensations, les spécimens significatifs ont été donnés par les, sensations de la vue et surtout par celles de l’ouïe ; grâce à ces documents et grâce aux récentes découvertes des physiciens et des physiologistes, on a pu construire ou esquisser toute la théorie des sensations élémentaires, avancer au-delà des bornes ordinaires jusqu’aux limites du monde moral, indiquer les fonctions des principales parties de l’encéphale, concevoir la liaison des changements moléculaires nerveux et de la pensée. — D’autres cas anormaux, empruntés également aux aliénistes et aux physiologistes, ont permis d’expliquer le procédé général d’illusion, et de rectification dont les stades successifs constituent nos diverses sortes de connaissances. — Cela fait, pour comprendre la connaissance que nous avons des corps et de nous-mêmes, on a trouvé des indications précieuses dans les analyses profondes et serrées de Bain, Herbert Spencer et Stuart Mill, dans les illusions des amputés, dans toutes les illusions des sens, dans l’éducation de l’œil chez les aveugles-nés auxquels une opération rend la vue, dans les altérations singulières auxquelles, pendant le sommeil, l’hypnotisme et la folie, est sujette l’idée du moi. — On a pu alors entrer dans l’examen des idées et des propositions générales qui composent les sciences proprement dites, profiter des fines et exactes recherches de Stuart Mill sur l’induction, établir contre Kant et Stuart Mill une théorie nouvelle des propositions nécessaires, étudier sur une série d’exemples ce qu’on nomme la raison explicative d’une loi, et aboutir à des vues d’ensemble sur la science et la nature, en s’arrêtant devant le problème métaphysique qui est le premier et le dernier de tous. […] À côté de la gerbe lumineuse qui est nous-mêmes, il en est d’autres analogues qui composent le monde corporel, différentes d’aspect, mais les mêmes en nature, et dont les jets étagés remplissent, avec la nôtre, l’immensité de l’espace et du temps. […] Un écoulement universel, une succession intarissable de météores qui ne flamboient que pour s’éteindre et se rallumer et s’éteindre encore sans trêve ni fin, tels sont les caractères du monde ; du moins, tels sont les caractères du monde au premier moment de la contemplation, lorsqu’il se réfléchit dans le petit météore vivant qui est nous-mêmes, et que, pour concevoir les choses, nous n’avons que nos perceptions multiples indéfiniment ajoutées bout à bout. — Mais il nous reste un autre moyen de comprendre les choses, et, à ce second point de vue qui complète le premier, le monde prend un aspect différent. […] Au lieu de fonder l’induction, comme Stuart Mill, sur une hypothèse simplement probable et applicable seulement dans notre groupe stellaire, on l’a rattachée à un axiome (tome II, ch. 3, § 3), ce qui change son caractère et conduit à une autre vue du monde. […] Cette théorie avait déjà été énoncée dans la Revue de l’instruction publique (novembre 1855 ; juillet, août et septembre 1856), puis publiée dans les Philosophes classiques au xixe siècle en France (1856), chapitres 3, 9 et 13, puis reprise et développée dans la préface de la 2e édition du même ouvrage (1860), enfin exposée et précisée une dernière fois dans une étude sur Stuart Mill (Revue des Deux Mondes, mars 1861), qui a précédé les vues concordantes de Stuart Mill sur le même sujet.
Ce sont, pourrait-on dire, les avortons du monde végétal. […] Bref, si la mobilité et la fixité coexistent dans le monde végétal comme dans le monde animal, la balance est manifestement rompue en faveur de la fixité dans un cas et de la mobilité dans l’autre. […] Nous venons de distinguer trois règnes différents, si l’on peut s’exprimer ainsi, dans le monde organisé. […] Elles sont allées, chacune de son côté, chercher fortune dans le monde. […] Nous nous demandons quelle est la portion du monde matériel à laquelle notre intelligence est spécialement adaptée.
Avec cela on y vit fort heureux et sans bruit du monde. […] Il recevait quelquefois à sa campagne du monde de Paris, d’Alembert, La Condamine, Condillac, etc. ; Voltaire y alla au printemps de 1750. […] Il avait raison, et j’irai plus loin : l’on n’est jamais moins occupé de soi que quand on est seul, et on n’en est jamais si occupé, si embarrassé qu’avec le monde. » Ainsi en liberté avec sa pensée et avec celle des autres, il se donnait toute carrière. […] Il semble d’ailleurs se contenter de la distribution de biens et de maux qui, malgré les apparences, se fait, selon lui, tôt ou tard en ce monde. […] La dignité qu’on lui a attribuée, la grande estime, le personnage qu’elle joue en tout cela, la revanche en l’autre monde des dommages reçus en celui-ci (ce sont des encouragements à croire).
Mme de Castellane n’a rien oublié de tout cela ; elle se rappelle parfaitement ma mère et sa belle figure pâle, notre salon vert, et mille détails qui m’ont confondue de la part d’une personne qui a tant vécu dans le grand monde et tant vu de choses. […] Mme de Coigny, un peu à cause de son gendre et aussi par tout ce qu’elle avait vu dans la Révolution, par reconnaissance pour celui qui nous en avait tirés, était grande admiratrice, et plus qu’on ne l’était d’ordinaire dans son monde, de l’Empereur et de son génie. […] Mme de Coigny est vieille, et d’une vieillesse qui ne paraît pas trop chagrine ; elle s’est rajeunie par ses filles, par son gendre ; elle a au cœur un enthousiasme ; elle ne croit pas qu’on soit à la fin du monde. […] Que font de leur vie les femmes oisives, quand elles ne peuvent plus la dépenser dans le monde ? […] Penser par soi-même est fort rare en France dans le monde, et chez une femme c’est assez mal vu d’ordinaire ; on s’en indigne ou l’on en sourit.
Que ce monde renferme de bonheur quand on possède en soi le sens le plus humble et le plus grand tout ensemble, l’admiration ! […] Ces églises ont tellement le caractère de l’Italie, que je donnerais tout au monde pour que vous les vissiez. […] Il ne faut pas éclater en sanglots devant ces âmes harmonieuses qui chantent pour consoler le monde. […] que de blessures sous les sourires et les bons jours convenants du monde ! […] C’est l’homme du monde à qui je voudrais le moins dire tout.
Au reste, homme du monde, et très-semblable à ce que les lecteurs pourront voir dans Arthur, le travail et l’idée de la gloire ne furent que des éclairs dans une vie donnée plutôt aux sentiments et aux émotions. […] Nous passons dans le monde étrangers à sa joie, L’un vers l’autre attirés ; De crainte, d’espérance incessamment la proie, Unis… et séparés ! […] L’auteur, qui ne se montre pas seulement ici un homme sentimental, comme il l’était dans ses élégies, mais qui sait le monde, qui a le ton de la raillerie, l’aperçu exquis des ridicules, des travers, des médisances, et tout ce bon goût rapide et chatouilleux que donne, hélas ! […] La moquerie méchante de ces femmes du monde chez la baronne de Trün, lorsque Arthur essaye d’aller s’y distraire, est peinte comme nul de nos jours ne le ferait. […] Crois-tu qu’une race inconnue Peuple ces mondes radieux ?
Le monde entier connaît ce poëme. […] Oserais-je vous dire que c’est un état qui porte avec soi sa consolation pour un homme droit qui ne tient pas au monde ? […] Cette humilité et ce silence, qui édifièrent le monde, irritèrent davantage ses ennemis. […] Tout fit écho à cette douce voix d’un pontife législateur et poëte, qui venait instruire, consoler et charmer le monde. […] Ce spectacle affligeant est donné au monde pour montrer aux hommes éblouis combien les princes, si grands en apparence, sont petits en réalité.
Dans la première étude, et assez complète, que j’en ai donnée à la Revue des deux mondes dès le mois de janvier 1840, et qui a été recueillie dans mon volume de Portraits de femmes entre Mme de Longueville et Mme de La Fayette, je disais, après avoir raconté tous les incidents de monde et de société qui accompagnèrent et suivirent la publication des Maximes et dont le salon de Mme de Sablé était le centre : Le succès, les contradictions et les éloges ne se continrent pas dans les entretiens de société et dans les correspondances ; les journaux s’en mêlèrent ; quand je dis journaux, il faut entendre le Journal des savants, le seul alors fondé, et qui ne l’était que depuis quelques mois. […] Les uns croient que c’est outrager les hommes que d’en faire une si terrible peinture, et que l’auteur n’en a pu prendre l’original qu’en lui-même, ils disent qu’il est dangereux de mettre, de telles pensées au jour, et qu’ayant si bien montré qu’on ne fait les bonnes actions que par de mauvais principes, la plupart du monde croira qu’il est inutile de chercher la vertu, puisqu’il est comme impossible d’en avoir si ce n’est en idée ; que c’est enfin renverser la morale, de faire voir que toutes les vertus qu’elle nous enseigne ne sont que des chimères, puisqu’elles n’ont que de mauvaises fins. […] Nous autres grands auteurs sommes trop riches pour craindre de rien perdre de nos productions… » Notons bien tout ceci : Mme de Sablé dévote, qui, depuis des années, a pris un logement au faubourg Saint-Jacques, rue de la Bourbe, dans les bâtiments de Port-Roval de Paris ; Mme de Sablé, tout occupée, en ce temps-là même, des persécutions qu’on fait subir à ses amis les religieuses et les solitaires, n’est pas moins très présente aux soins du monde, aux affaires du bel esprit ; ces Maximes, qu’elle a connues d’avance, qu’elle a fait copier, qu’elle a prêtées sous main à une quantité de personnes et avec toutes sortes de mystères, sur lesquelles elle a ramassé pour l’auteur les divers jugements de la société, elle va les aider dans un journal devant le public, et elle en travaille le succès.
Ne se croirait-on pas aux abords d’un monde infernal ? […] On fait de lui une sorte de médiateur entre le monde païen et le monde chrétien, entre la raison et la foi. […] Ils font alliance avec les grands, avec les puissants de ce monde. […] Il voit en Dieu l’universelle harmonie des âmes et des mondes. […] Il est issu de ce peuple romain qui se sentait né pour dominer le monde.
Il ne s’agissait pas en Crimée de religion : il s’agissait de la liberté et de l’équilibre du monde. […] Qui peut posséder l’Adriatique, les Dardanelles, la mer Égée, la mer de Marmara, l’Archipel, la mer Noire, à moins d’être la première puissance navale du monde ? […] Cet esprit de revendication d’un haut rang dans le monde était toutefois plus sensible dans l’aristocratie italienne et dans les classes lettrées que dans les peuples. […] Deux choses, que la France doit redouter plus que toute chose au monde. […] Le monde sera, quand la Russie voudra, moscovite.
Laissons aller le monde à son courant de hasard ! […] Un seul homme était digne de commander aux Arabes comme au monde. […] Le monde serait plus heureux s’il n’y en avait eu que de semblables. […] Bon ou mauvais, il n’y avait plus rien de grand à contempler dans ce monde. Ce monde l’ennuyait ; elle détourna les yeux en regardant son oncle et Bonaparte.
De tous temps, il y a eu des esprits oisifs et rêveurs qui ont prétendu ainsi refaire de fond en comble le monde religieux, politique ou social à leur image. […] Un homme seul peut rêver éveillé tout ce qui lui plaît ; il soulève le monde, mais le monde ne se sent point soulevé ; et, s’il se sentait soulevé un moment par le rêve de l’utopiste, il écraserait, en retombant de tout son poids de monde réel, le monde chimérique du nouveau Platon. […] Du contact à la pensée il y a un monde aussi. […] Les instincts seuls ramènent le monde à la vérité. […] Dans toutes les erreurs sociales du monde, vous retrouverez une réminiscence de Platon !
A coup sûr, nous sommes loin avec lui de la vraie vie des champs ; et pourtant certaines descriptions de la vallée du Lignon nous sortent du monde convenu où il nous promène. […] Dans ce monde enchanté, les hommes abordent les femmes en leur disant : Mon soleil ! […] « Les mœurs, disait-il, y sont patriarcales comme aux premiers jours du monde. […] Les idées, auxquelles les œuvres littéraires servent de véhicule, sont formées en partie par l’état du monde environnant. […] A ne voir que l’apparence, la presse semble être la reine de l’opinion et par conséquent du monde contemporain.
Si deux événements se sont succédé dans le monde extérieur avec une grande fréquence, niera-t-on que, par l’effet même de cette fréquence, l’image du premier événement tende à éveiller celle du second dans l’esprit ? […] Pourquoi ne conclurait-on pas aussi bien, avec Platon, que nous avons dû contempler l’égalité dans une vie antérieure et que nous apportons dans ce monde le souvenir d’un autre monde ? […] Si mes idées et mes désirs agissent non seulement sur mon propre monde, mais encore sur le monde d’autrui, j’admets alors que mon idée n’est pas seulement un songe, pas même un songe bien lié, mais qu’elle a une action réelle, qu’elle est effective et conséquemment objective. […] Pour cela nous n’avons qu’un moyen : agir et nous mouvoir selon notre idée, afin de voir si elle est une force capable de conséquences pratiques dans le monde réel. […] La pensée et ses « idées » nous apparaîtront ainsi, non comme des intuitions d’un monde intelligible, à la manière de Platon, ni comme des formes sans contenu, à la manière de Kant, sortes d’ouvertures vides sur un monde inconnaissable, mais comme des forces actives de conservation et de progrès, ayant leur origine dans le désir, leur effet dernier dans le mouvement, contenant ainsi en soi des conditions de changement interne et externe qui en font de véritables facteurs.
Dante nous guida, comme l’avait guidé Virgile, dans ce monde peuplé de tant d’émotions et de terreurs. […] On a remarqué que les Français excellent à faire dans le monde la fortune des idées. […] Homme du monde, ou du moins homme d’esprit, il évite d’ordinaire le ton sec et hargneux d’un pédant. […] Il est par le monde un préjugé funeste ; c’est que le vrai talent perce toujours. […] le monde s’est fait chercheur d’or !
Du moment que nous rentrons dans le monde des réalités, nous nous trouvons dans un monde de limites, Les limites font l’œuvre d’art, La Révolution française s’est basée sur certains principes bien définis, d’où vient sa durée. […] Il dresse ses tentes à côté de Tolstoï, dans le monde du Nirvanaq. […] Tout pessimisme, impliquant une conception du monde sombre et méprisante, devait disparaître. […] Mais un pouce est un monde quand on mesure dans l’immensité : c’est là le romantisme magique de l’orthodoxie. […] Marcel Boulenger (1873-1932), romancier, ayant collaboré au Figaro et à la Revue des Deux Mondes.
Ce fut la forme flamboyante d’un dragon que revêtit le dieu, lorsque, traversant les sphères lumineuses, il vola vers la belle Olympie pour créer à son image un souverain du monde ! […] je ne puis dire autre chose, si ce n’est que cet enfant est le plus grand homme qui ait jamais vécu dans ce monde ! […] Il faut donc que je convainque le monde. […] Il faut donc l’enlever aux yeux du monde ; et qu’est-ce qui le rendrait plus visible qu’un succès dans une grande et populeuse ville, en plein théâtre ? […] Non, il n’y a pas au monde, ne croyez pas que j’exagère, une ville plus sourde que Paris.
Des attachés d’ambassade de toutes les parties du monde arrivent en foule. […] Et ce bonheur est possible, naturel, aisé ; nous le pouvons acquérir dans le monde présent. […] Nous devons mettre dans le monde des Apparences l’Unité, parce que ce monde est l’œuvre de notre Ame, et que Notre Ame la doit compléter. […] Notre corps, enlevé par nous au Monde extérieur dont il est une partie, a limité notre Ame ; nous devons rendre au Monde notre corps, le fondre dans l’Unité idéale de l’Univers, afin que nous rendions l’infinie liberté à notre Ame. […] Abandonnons au monde des Apparences nos corps qui sont apparence.
De ces idées découle nécessairement la condamnation du monde, où tout change et se renouvelle. […] Depuis les Cicéron et les Quintilien, la rhétorique n’avait pas encore ruisselé sur le monde en flots aussi intarissables. […] Le spectacle qu’ils donnèrent au monde, au milieu des supplices, est l’un des plus sublimes de l’histoire. […] Brunetière, Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1892. […] Brunetière, Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1892.
Le « monde scientifique s’ouvrait devant lui ». […] Il a tenté de voir le monde et de le penser. […] Le plaisir de découvrir le monde n’en est que plus vif et plus fécond. […] Le vrai monde surnaturel est en nous. […] Il eût aimé à vivre dans ce monde mobile, passionné et délicat.
La position hors du monde que prend l’homme pour juger le monde est une attitude factice. […] Elle ne crée pas le monde, elle le juge. […] C’est le sentiment qui mène le monde, et c’est pourquoi le monde s’agite. […] Le monde des choses est représenté pour nous parle monde des idées. Il y a donc sous notre domination intellectuelle deux mondes : le monde des idées et le monde des mots.
Cela aussi, dans le monde du journalisme, passait pour un dogme. […] Pour comprendre le monde, Jules Renard use moins de son intelligence que de ses sens. […] Un Goethe la possède, qui veut marquer son empreinte sur toutes les routes du monde. […] Car le plaisir est roi du monde. […] Un malade de Weimar avait donné au monde l’évangile de la force.
De là vient la laideur du monde moderne. […] Le bonheur est plus grand dans le monde, mais la beauté est moindre. […] Quel plaisir a-t-il eu depuis qu’il est au monde ? […] C’est un monde entier que nous voulons voir en quelques pages. […] De petites sentences bien tournées, des détails fins, agréables à la curiosité des délicats ou des érudits, ne composent ni un monde ni un jugement sur le monde, et c’est un monde avec un jugement sur le monde, que La Fontaine nous a donnés.
Peu à peu cependant cette adolescence du monde s’en va. […] Une autre ère va commencer pour le monde et pour la poésie. […] Si du monde idéal il passe au monde réel, il y déroule d’intarissables parodies de l’humanité. […] À certains temps, elles quittent un rivage du monde de la pensée et en envahissent un autre. […] Et il quittera toujours assez tôt, pour les agitations de ce monde nouveau, sa chère et chaste retraite.
L’artiste souffre ; il arrive dès l’abord, sous le poids des siècles qui ont précédé, mais aussi sous leur aiguillon, dans un monde où les premiers rôles de la poésie et de l’art sont pris et, en quelque sorte, usurpés par les ancêtres. […] J’avais en effet, depuis la mort de De Vigny, écrit sur lui dans la Revue des Deux Mondes un article qui, par son caractère de vérité, n’avait contenté qu’à demi le petit cénacle de ses fidèles des dernières années (Voir Nouveaux Lundis, tome VI). […] Les voici tels qu’ils sont venus au monde, avec toutes les souillures baptismales : leur date de naissance est leur unique mérite et ma seule excuse. […] Quand j’ai le malheur d’analyser ainsi les cœurs de ceux qui m’entourent, je me sens prêt à mourir de désespoir ; l’effroi me prend comme si j’étais seul au monde, comme le dernier homme ; et c’est donc là ce que vous souffrez et ce que nous vous faisons souffrir ? […] Cette pièce singulière, intitulée Flux de mélancolie, commence de la sorte : « Dans l’état où je suis, il n’y a que Dieu qui puisse me consoler… Je suis si ennuyé du monde que, si ce chagrin me continue, j’espère au moins qu’il m’en tirera bientôt.
Je lui demanderai de séjourner à la ville autant que ma présence pourra être utile au prisonnier pour ce monde ou pour l’autre ; je remonterai jusqu’ici dès que j’aurai une bonne ou une mauvaise nouvelle à vous rapporter d’en bas ; ne cessez pas de prier. […] que j’oubliais la prison, l’échafaud, le supplice et tout au monde, et que je bénissais à part moi ce malheur qui lui arrachait cette confession forcée de son cœur qu’il n’aurait peut-être jamais ouvert en liberté et au soleil. […] — Je ne savais pas cela, mon cousin, lui dis-je, enfin, en lui desserrant ses doigts mouillés du visage pour voir ses yeux ; je ne croyais pas que, quand on s’aimait dans ce monde, on pouvait jamais cesser de s’aimer dans l’autre, lui dis-je en pleurant à mon tour ; est-ce qu’on a donc deux âmes ? […] Dis au père Hilario, ton confesseur, et qui donnerait son sang pour ton salut, ce que tu viens de me dire, dis-lui que tu mourras dans l’impénitence finale et dans le désespoir sans pardon, si, avant de mourir, tu n’emportes pas la certitude de mourir inséparable de moi après cette vie, et de vivre sposo e sposa dans le paradis, puisque nous n’avons pu vivre ainsi dans ce monde, et que, pour t’assurer que le paradis ne sera pour nous deux qu’une absence et qu’une attente de quelques années d’un monde à l’autre, il faut que nous ayons été époux, ne fût-ce qu’un jour dans notre malheur. […] , ou à nous fiancer pour ce monde, si tu parviens à t’enlever par la fuite à tes bourreaux !
Le « Monde enchanté ».) […] Il habite un monde tortueux et faux. […] Mais c’est l’humanité la plus fausse du monde. […] Fier d’avoir chassé du monde physique le fabuleux et le miraculeux, ce siècle s’est plongé à l’égard du monde moral dans un véritable obscurantisme. […] Chaque œuvre, chaque individu va contenir un monde nouveau.
Notre conversation alla, pour ainsi dire, tout d’un trait de La Chênaie à Saint-Malo, et, nos six lieues faites, j’aurais voulu voir encore devant nous une longue ligne de chemin ; car vraiment la causerie est une de ces douces choses qu’on voudrait allonger toujours. » Il nous donne une idée de ces entretiens qui embrassaient le monde du cœur et celui de la nature, et qui couraient à travers la poésie, les tendres souvenirs, les espérances et toutes les aimables curiosités de la jeunesse. […] Tout rentra dans l’ordre ; et Guérin, à la veille de se trouver lancé dans la mêlée du monde, goûta quelques mois de parfaite harmonie. […] De crainte que le passage subit de l’air doux et tempéré de la vie religieuse et solitaire à la zone torride du monde n’éprouvât trop mon âme, elle m’a amené, au sortir du saint asile, dans une maison élevée sur les confins des deux régions, où, sans être de la solitude, on n’appartient pas encore au monde ; une maison dont les croisées s’ouvrent d’un côté sur la plaine où s’agite le tumulte des hommes, et de l’autre sur le désert où chantent les serviteurs de Dieu ; d’un côté sur l’océan, et de l’autre sur les bois ; et cette figure est une réalité, car elle est bâtie sur le bord de la mer. […] Mais bientôt l’air de ce Paris qu’il fallait traverser chaque jour agit sur ce désolé de vingt-quatre ans ; l’attrait du monde le gagna peu à peu ; de nouvelles amitiés se firent qui, sans effacer les anciennes, les rejetèrent insensiblement dans le lointain. […] Les trois ou quatre années que Guérin vécut à Paris, et où il vécut de cette vie de privations et de lutte, d’études et de monde, de relations diverses, ne sont nullement des années à mépriser ni à voiler.
Mais c’est que pour ce brave Sandoz, la psychologie est je ne sais quoi d’absurde, de suranné, de ridicule, de gothique, de tout à fait en dehors du monde réel. […] que le monde est donc plus vaste, plus profond, plus varié et plus amusant qu’il ne le voit ! […] s’il n’y avait plus au monde que des romanciers naturalistes ! […] Le monde a changé en seize ans : lui ne bouge ; il ne lève plus de dessus son papier à copie sa face congestionnée. […] Alors, qu’il avoue donc enfin que ses romans, s’ils sont aussi « vrais » que tant d’autres, ne le sont guère plus, et que le naturalisme est une bonne plaisanterie ; car ou il n’est rien, ou il est à peu près aussi vieux que le monde.
Cependant la jeune personne commençait dans ses voyages à Paris à voir le monde, et ses premiers pas furent des succès. […] Elle avait le teint fort uni et fort beau, les cheveux d’un châtain clair et très agréable, le nez très bien fait, la bouche bien taillée, l’air noble, doux, enjoué et modeste ; et, pour rendre sa beauté plus parfaite et plus éclatante, elle avait les plus beaux yeux du monde. […] Logée dans un couvent près la place Royale, elle voyait de là le meilleur monde ; elle était sans cesse à l’hôtel d’Albret et à celui de Richelieu. […] Lorsque je fus avec ce pauvre estropié, je me trouvai dans le beau monde, où je fus recherchée et estimée. […] Elle prit une grande maison solitaire du côté de Vaugirard, s’y établit à l’insu de tout son monde, y soignant les précieux enfants, présidant à leur première éducation, à leur nourriture, faisant la gouvernante, la ménagère, la garde-malade, tout enfin, et reparaissant le matin en visite, comme si de rien n’était, à la porte de ses amis du beau monde, car il fallait d’abord que personne ne se doutât de son éclipse.
Ils étaient reconnaissants à l’abbé Barthélemy de tout ce qu’il leur avait appris, en quelques jours de lecture, sur ce monde grec et sur cette société ancienne dont on parlait sans cesse, et où il était donné à bien peu dès lors de pénétrer directement. […] Tout cela est dit en riant, et de ce ton d’homme du monde qui, chez Barthélemy, ne cesse d’accompagner le savant et d’écarter doucement le pédant. […] Je vous vois cueillir les plus belles fleurs du monde sur les bords d’un fleuve tranquille, tandis que j’erre à l’aventure sur les côtes de l’Océan pour chercher quelques mauvaises coquilles. […] Mais observez qu’il ne plaît en effet qu’en prenant la teinture du sentiment, et qu’il reste toujours à savoir si ses grâces séduisantes ne sont pas le fruit de l’usage du monde ou de l’hypocrisie du cœur. […] Outre un grand savoir, il a infiniment d’esprit et de polissonnerie (le mot est ainsi en français et souligné dans Walpole), et c’est une des meilleures espèces d’hommes qui soient au monde.
Le livre de saint François de Sales, en paraissant, fit une révolution heureuse : il réconcilia la dévotion avec le monde, la piété avec la politesse et avec une certaine humanité ; il remplit, assure-t-on, un vœu de Henri IV lui-même, lequel, causant avec Deshayes, cet ami intime du saint évêque, avait exprimé le désir que l’on composât un tel ouvrage qui remit à la Cour la religion en honneur et ne la présentât aux laïques ni comme vaine, ni comme farouche. […] Lorsqu’on lui présenta ses feuilles, il se décida pourtant à y mettre quelque liaison et quelque arrangement, et à les lancer dans le monde. […] … Considérez qu’alors le monde finira pour ce qui vous regarde ; il n’y en aura plus pour vous ; il renversera sens dessus dessous devant vos yeux… Considérez les grands et langoureux adieux que votre âme dira à ce bas monde, etc. […] C’est lui-même qui, pour expliquer cet assemblage qu’il ressentait en lui, nous a dit : Il n’y a point d’âmes au monde, comme je pense, qui chérissent plus cordialement, tendrement, et, pour le dire tout à la bonne foi, plus amoureusement que moi ; et même j’abonde un peu en dilection… ; mais néanmoins j’aime les âmes indépendantes, vigoureuses, et qui ne sont pas femelles… Comme se peut-il faire que je sente ces choses, moi qui suis le plus affectif du monde ? […] Une de ses pensées encore, et qui est comme la conclusion qu’un lecteur du monde pouvait tirer de son livre, c’est que « l’homme, sans la dévotion, est un animal sévère, âpre et rude » ; et, sans la dévotion, « la femme est grandement fragile et sujette à déchoir ou ternir en la vertu ».
Elle résiste aux efforts qui sont faits pour lui faire violence ; elle réagit contre les dissidents tout comme le monde extérieur réagit douloureusement contre ceux qui tentent de se rebeller contre lui. […] Encore faudrait-il faire voir d’où vient que nous avons, à la fois, le besoin et le moyen de dépasser le réel, de surajouter au monde sensible un monde différent dont les meilleurs d’entre nous font leur véritable patrie. […] On suppose que le monde des idéaux est réel, qu’il existe objectivement, mais d’une existence supra-expérimentale, et que la réalité empirique dont nous faisons partie en vient et en dépend. […] Il se sent comme transporté dans un monde différent de celui où s’écoule son existence privée. […] Elle mêle les règnes, elle confond les contraires, elle renverse ce qu’on pourrait regarder comme la hiérarchie naturelle des êtres, elle nivelle les différences, elle différencie les semblables, en un mot elle substitue au monde que nous révèlent les sens un monde tout différent qui n’est autre chose que l’ombre projetée par les idéaux qu’elle construit.
Ainsi encore, sans miracle, le Christianisme n’aurait pas converti le monde. Le miracle est un impudent mensonge qui déshonore Jésus-Christ s’il n’en a pas fait, mais il faut que Jésus-Christ et l’Évangile mentent pour que le monde soit converti. […] Il continue le travail de rat protestant, qui n’a pas cessé une minute depuis que le protestantisme est dans le monde. […] Elle se tient, solide et immobile, pendant qu’autour d’elle roule le monde. […] Rien dans l’histoire de l’esprit humain et des institutions du monde connu ne peut être comparé à l’Église.
Le monde encourageait le roman sans l’estimer. […] Il y a une action et une réaction continuelles du monde des faits sur le monde des idées, et du monde des idées sur le monde des faits. […] Le monde punique n’a pas laissé d’historien. […] J’ai peur que cela ne soit pas le moins du monde vrai. […] Enfin, pour chasser la misère du monde, M.
On y est à la fois dans les mondes ou plutôt sur la limite des deux mondes ; et l’on cueille à la fois tous leurs fruits et toutes leurs fleurs. […] La Fontaine n’a pas de visions complètes et durables : il n’est pas oppressé d’images absorbantes ; il entrevoit, il quitte, il vole, il revient, il est un moment en vingt lieux et en vingt sentiments ; pendant que vous achevez une de ses esquisses, il a fait le tour du monde et il est prêt à recommencer. […] Il nous donne le spectacle du monde réel, sans souhaiter ni louer un monde meilleur. […] Il reconnaît que Jupiter à « mis deux tables au monde ; que l’adroit, le fort, le vigilant sont assis à la première, et que les petits mangent leurs restes à la seconde. » Bien pis, le plus souvent les petits servent de festin aux autres.
Or, nous ne connaissons dans l’histoire du monde que le Catholicisme qui ait jamais pu régler et contenir cet extravasement de la faculté religieuse, parce que le Catholicisme, cette force organisée de la vérité, a, par son Église, l’autorité éternellement présente et vigilante, qui sauve l’homme de son propre excès et le ramène tout frémissant à l’Unité, quand le malheureux s’en écarte, fût-ce même par une tangente sublime ! […] Caro en convient, il n’est pas au monde que ces sortes de mysticismes, tous plus ou moins faux, plus ou moins individuels. […] Voltaire ricanait là-bas, auprès de sa goutte d’eau ; mais le monde roulait son train éternel sous le souffle de la croyance, et de la croyance dévoyée, de la croyance insensée, superstitieuse et bête, parce qu’elle était individuelle, parce qu’elle était sortie du vrai dogme et de l’Unité ! […] C’était en 1781. « L’aurore naissante » de Boëhm, qui se leva dans l’éther de son âme, l’empêcha de voir cette autre et terrible aurore qui allait s’étendre sur le monde des réalités et dans le ciel sanglant de l’histoire. […] Il avait, au plus haut degré, ce qui est le signe de l’hérésie depuis que l’hérésie est dans le monde, c’est-à-dire la haine du sacerdoce et la fureur de sa propre interprétation.
En effet, au-delà de cette barrière de feu qu’on appelle la rampe du théâtre, et qui sépare le monde réel du monde idéal, créer et faire vivre, dans les conditions combinées de l’art et de la nature, des caractères, c’est-à-dire, et nous le répétons, des hommes ; dans ces hommes, dans ces caractères, jeter des passions qui développent ceux-ci et modifient ceux-là ; et enfin, du choc de ces caractères et de ces passions avec les grandes lois providentielles, faire sortir la vie humaine, c’est-à-dire des événements grands, petits, douloureux, comiques, terribles, qui contiennent pour le cœur ce plaisir qu’on appelle l’intérêt, et pour l’esprit cette leçon qu’on appelle la morale : tel est le but du drame. […] Elle a horreur des affaires, elle n’y peut rien, la fin du monde approche ; qu’y faire et à quoi bon se désoler ? […] Mais, si peu qu’il soit, ce drame, comme toutes les choses de ce monde, a beaucoup d’autres aspects et peut être envisagé de beaucoup d’autres manières. […] Et puis, qu’on nous permette ce dernier mot, entre Hernani et Ruy Blas, deux siècles de l’Espagne sont encadrés ; deux grands siècles, pendant lesquels il a été donné à la descendance de Charles-Quint de dominer le monde ; deux siècles que la providence, chose remarquable, n’a pas voulu allonger d’une heure, car Charles-Quint naît en 1500, et Charles II meurt en 1700.
C’est un sensualiste naïf qui ne se préoccupe que de la forme, un païen parfaitement digne d’une époque qui a toutes les aberrations de la Renaissance sans leur excuse, s’il y en a… Debay ne voit dans le monde que la femme, et dans la femme que sa beauté matérielle. […] Un homme plus savant sur la Grèce que Debay, malgré son séjour dans le Péloponèse, et dont le talent a pour caractère distinctif une sagacité redoutable, Prosper Mérimée, a regretté quelque part, avec le sentiment d’une curiosité indigente et trompée, cette absence de mémoires, qui nous enlève d’un seul coup la moitié du monde grec sans espoir de la retrouver, et précisément la moitié dans laquelle se produisaient, en se variant, l’influence et l’action des courtisanes. Pour obvier à cet inconvénient, qui frappe de stérilité la biographie que l’auteur du livre dont il est question voulait écrire, non pour Laïs elle-même, mais pour l’honneur de cette chose que Laïs représente dans le monde ancien et Ninon dans le monde moderne, et que nous ne savons comment nommer avec décence, Debay a découvert (nous ne dirons pas qu’il l’a inventé un manuscrit grec dont l’original, trouvé, dit-il, au couvent de Mégaspitron, et confié aux soins de Vietti le Polyglotte, a complètement disparu depuis la mort de ce savant. […] Comme la plupart des femmes, elle réfléchissait son monde.
Le plus grand mal qu’ait produit la Révolution, ce n’est pas d’avoir fui des révolutionnaires, — elle n’était dans le monde que pour cela ! […] C’est moins une histoire — comme le dit, du reste, son sous-titre, — qu’un Cours tout entier philosophique et critique de l’histoire moderne ; c’est une démonstration en sens contraire de tous les problèmes agités, à cette heure, par l’esprit révolutionnaire, et dont la solution dernière serait, sous le nom imposteur de progrès, de faire rétrograder la civilisation du monde… Après avoir, dans ses premières pages, comme donné le dictionnaire de la langue qu’il va parler en fixant l’origine et en déterminant la grandeur de la Monarchie française, en traitant de « la providence des dynasties inamovibles », de la propriété, du droit divin, dont il dit : « La primogéniture, le droit successif, la légitimité, le droit divin, ne sont qu’une même expression, une même vérité, une loi de raison », le métaphysicien politique aborde vaillamment l’Histoire. Et c’est immédiatement et la fin du règne de Louis XIV, — le dernier roi qui ait incarné purement et intégralement dans sa personne le principe qui a fait vivre, pour la première fois dans les annales du monde, pendant huit cents ans, une Monarchie, — qu’il date l’avènement, dans les doctrines et dans les faits, de cette Révolution, rapide comme tous les fléaux, qui a déjà tout envahi, et dont l’ambition est de détruire l’organisation séculaire des gouvernements et des États. […] La Révolution vint à bout de ce Dominateur du monde, qui s’imaginait l’avoir vaincue. […] Les idées qu’il exprime, ces verba novissima du dernier peut-être des royalistes purs, — si vraies qu’elles soient et en raison même de leur vérité, — ne sont pas capables d’arrêter le torrent des idées contraires qui emportent le monde vers d’autres ruines, lesquelles, certainement, nous vengeront de celles-ci !
Et philosophe par contrainte, Ne trouvant pas le monde laid, Je n’y veux rien changer, de crainte De le faire moins bien qu’il n’est ! […] ma peine est trop profonde, Plus de gaieté désormais ; J’ai perdu ce que j’aimais, Tout ce que j’aimais au monde. […] Et c’est difficile, car c’est le poids du siècle, et le génie seul est assez robuste pour pouvoir rejeter ce fardeau… Dans tout poète, il y a deux choses : ce que Dieu y a mis et ce que le monde, dont nous faisons partie, y ajoute. Quand le monde est à l’Idéal, aux profondes convictions, aux grandes choses, l’influence du monde sur le poète ne détruit pas le don de Dieu, cette originalité délicate qui est à la pensée ce que la pureté est au cœur.
Duranty a dû étudier discrètement, mais profondément, c’est Stendhal, ce père de tous les réalistes, qui cravacherait ses bâtards s’il revenait au monde et qu’il pût les voir, et c’est encore plus que Stendhal, M. […] … Quel est le monde qu’il recherche et ouvre devant nous ? […] Monde, personnes, choses, faits, inventions, tout cela, dans son roman, est, il faut bien le dire, sans intérêt pour l’imagination difficile, la seule qu’il faille invoquer en fait d’art ou de littérature, et on n’a point une seule fois à dire, pendant la lecture qu’on en fait : « Voilà qui est beau », mais au plus : « Voilà qui est exact », et encore de la plus facile des exactitudes. […] Du reste, voulez-vous pénétrer d’un mot dans le monde de ce livre par sa seule donnée, qui est la donnée de la plupart des comédies, des vaudevilles et des drames qui se jouent à la superficie de nos théâtres et de nos mœurs ? […] Au milieu du monde où il place sa jeune fille et auquel je reproche, en masse, une insupportable médiocrité, j’ai pensé longtemps que si l’amant d’Henriette était, comme amant, aussi médiocre que les autres, comme persécuteurs, Henriette au moins resterait une fille énergique, — et d’une originale énergie, — dont le type, délicatement et profondément compris par M.
Il n’y a rien au monde de plus grand et de plus beau que l’homme. […] À présent, le monde des lettres et des arts est, comme le monde politique, livré à la dissolution. […] Et sauver la France, c’est sauver le monde. […] De même pour le grand monde. […] Balzac, Stendhal, Ch. de Bernard ont exploité le grand monde chacun à son point de vue, sans que leurs livres se ressemblent le moins du monde.
Le monde se compose d’esprit et de matière. […] Ainsi, cette conscience, lieu du monde, se dissout. […] Ils souhaiteraient un peu plus d’extravagance aux choses du monde. […] Pour rien au monde, on ne voudrait adoucir ce moraliste amer. […] Les livres lui décolorèrent le monde, — celui-ci et l’autre.
En ce temps-ci, c’est chose aussi rare qu’édifiante de voir si bien réussir dans le monde un pauvre orphelin posthume, et de méchantes langues, qui cherchent malice à tout, se sont permis de gloser sur une adoption si paternelle. Sans nous arrêter à ces conjectures assurément fort impertinentes, et sans prétendre le moins du monde leur donner crédit, nous ne pouvons que partager l’étonnement de l’auteur de la Réfutation et abonder dans son jugement sur l’ouvrage. […] Osons avouer toutefois que, malgré le silence prolongé de ses adversaires, la querelle ne nous paraîtras définitivement vidée, qu’elle renaîtra probablement d’ici avant peu, moins prématurée et moins inégale, et qu’il en jaillira à coup sûr pour tout le monde de nouvelles et vives lumières sur les grandes questions sociales. […] Laurent, les meneurs de toutes les factions se sont montrés bien modestes, en se réunissant pour proclamer unanimement la nullité de celui qui, sans autre ressource que l’austérité de ses mœurs et de ses principes, parvint à les dompter tous, et ne succomba ensuite que pour avoir tenté de régulariser l’action révolutionnaire, dans un temps où elle ne pouvait céder encore à la prudence des hommes. » Nous avouerons que cette médiocrité absolue de Robespierre nous avait toujours un peu chagriné, et que nous ne pensions point sans quelque embarras que l’homme monstrueux qui a mis son sceau sur la plus épouvantable période de l’histoire du monde, et l’a, pour ainsi dire, frappée à son effigie, n’eût eu d’autre mérite que celui d’un phraseur vulgaire et d’un passable académicien de province.
Bien qu’il devienne peu à peu célèbre dans le monde supérieur de l’art littéraire, ses livres : Les Lèvres closes, la Messe du vaincu, les Amants, Poèmes et poésies… sont peu connus de la foule, — et je suis sûr qu’il n’en souffre pas. […] Le premier de ces volumes, très compact, contient des récits dont les uns remontent aux premiers âges du monde ; d’autres ressembleraient à ce que le romantisme appelait des mystères ; d’autres enfin sont tout modernes. […] Tout ce monde-là se rappelle également ces troublants paysages, les Filaos, souvenir de l’Île natale, et ces Automnes où Le monotone ennui de vivre est en chemin, et ces pièces où le vers revient sans monotonie, forme toute nouvelle, car Baudelaire, qui lui-même a emprunté à Edgar Poe la réitération du vers, se borne, comme son modèle, à en faire un véritable refrain revenant toujours à la même place, tandis que Dierx promène, en écoliers buissonniers, plusieurs vers dans la même pièce, comme un improvisateur au piano qui laisse errer plusieurs notes, toujours les mêmes, à travers l’air qu’il a trouvé, ce qui produit un effet de vague d’autant plus délicieux, que le vers de notre poète est particulièrement fait et très précis, toute flottante que veuille être parfois sa pensée, mystique et sensuelle. […] Immortels poèmes, pages d’azur, chants des âges ingénus du monde !