Avant que de se coucher, Scudéri demande ce qu’ils feroient du prince Masard, un des héros du roman de Cyrus.
Le héros, surnommé le Salomon & l’Alexandre du Nord, après une victoire, ou la prise d’une ville, lui envoyoit du milieu d’un camp des productions de génie.
Ingrat malgré lui, il ne peut rien pour le grand homme, pour le héros qui l’aura protégé.
sans doute, le héros, qui d’un bras victorieux rouvrit le temple des Muses, sourirait au plus cher favori de Thalie.
Ainsi encore, dans le Lieutenant de Rancy, copié sur le héros des Deux amours de Mme Émile de Girardin, la ressemblance de la copie avec l’original est si frappante, que pour désarmer du reproche, Mme de Chandeneux en prévient et s’en vante presque, avec cette incomparable légèreté de conscience qu’ont les femmes (beaucoup plus communistes qu’on ne croit), lorsqu’elles s’approprient les choses qui leur plaisent, si dangereuses qu’elles soient à prendre.
L’auteur des Études sur le Combat excepte, il est vrai, un très petit nombre d’âmes, nées impassibles comme le bronze, et rares comme des aérolithes, car elles semblent venir directement du ciel ; mais cet homme de batailles, qui a pratiqué les batailles et qui n’est dupe d’aucune poésie faite après coup, ne croit guère aux héros que sous bénéfice d’inventaire, et sous l’action déterminée et décisive d’une discipline qui crée l’énergie et fait d’un homme cette force qu’on appelle un soldat… Observateur aiguisé par toutes les expériences de sa vie, le colonel Ardant du Picq sait que la puissance des armées est toujours en raison, non seulement directe, mais unique, de la puissance de leur discipline, et il le prouve, par tous les témoignages de l’histoire, chez les peuples que la guerre a le plus illustrés.
La biographie de Nelson, si fort admirée en Angleterre, est moins épique que son héros et même que le visage de son auteur, la seule chose épique qu’il y eut en Southey, disait lord Byron.
Ce prince, plus changeant que les femmes ses maîtresses, et plus envieux que les hommes ses favoris, s’était-il donc pris de quelque jalousie ignoble contre l’héroïne de son règne et contre le grand homme que son habileté avait fait plus riche qu’un roi ?
Marguerite d’Anjou, l’héroïne de la guerre des Roses, — de la Rose pâle et de la Rose sanglante, — cette détrônée destinée à devenir un type de Shakespeare, fut la parricide involontaire et innocente de la gloire de son père.
Il était un diplomate-né… Quand, en Russie, il se rasait, le matin, comme à Paris, dans les horreurs de cette retraite où les hommes, — des héros !
Cette héroïne de la vie spirituelle est infinie d’intuition, de profondeur, de subtilité, mais ne l’entendez pas dans le sens littéraire qui voudrait dire excessivement intuitive, excessivement profonde, excessivement subtile.
Pauvre et misérable siècle que ce xve siècle, sans grandeur complète et immaculée dans les hommes, excepté en ces deux inutiles héros : Huniade et Scanderbeg, auxquels il faut ajouter ce Constantin Paléologue qui eut une minute sublime, — sa minute de mourir !
Encore là, du reste, une des causes du succès de Le Sage, que l’abjection de ses sujets et de ses héros.
Le héros se fâche et, au risque de démentir et d’affliger M. […] Écoutez la pauvre fille : « Je devine en vous un grand homme, un héros ! […] Je vis au milieu des héros de tous les pays, moi ! […] Les héroïnes tragiques dont elle joue les rôles lui communiquent leur grandeur d’âme. […] Et Bicoquet empoigne Malgachon, et le jette par la fenêtre, — sous laquelle passe la rivière large et profonde… « Ô mon héros !
Il ne fut pas un héros de roman ; mais il fut un très brave garçon. […] Ils sont des héros de roman aussi fantastiques que les chevaliers de la Table ronde. […] Les héros mêmes du moi. […] Au fond de tout théoricien de la culture du moi, il y a un homme qui a rêvé d’être un héros de Balzac. […] Les héros de Balzac sont énergiques avec suite et avec obstination et avec acharnement.
Je vois bien qu’elle est moderne par ses bibelots et ses toilettes et par la petite horloge de son coupé, encore que l’héroïne du roman parallèle de M. […] Assurément, cette fois, avec l’héroïne d’un Cœur de femme, avec madame de Tillières, elles ont beau jeu pour faire des confidences voilées et des allusions secrètes. […] Comme on entendait bien dans ces vers, dans ce chant, la voix de ces héros paysans qui ont donné leur vie sans dire leur nom. […] Tous les héros des vieux contes montrent, dans des circonstances analogues, une semblable dureté. […] Il prédit à Ulysse l’arrivée prochaine du héros dans l’île de Thrinacrie, où paissent les bœufs du Soleil, le retour à Ithaque et le meurtre des prétendants.
Léon Gautier, par exemple, se portera fort de vous présenter dans la personne de Guibourc, femme de Guillaume d’Orange, une héroïne d’épopée qui laisse loin, bien loin derrière elle, toutes les Andromaque ou les Didon de l’antiquité ; à plus forte raison les Armide et les Clorinde. […] Allons plus loin, homme pour homme, les plus illustres de l’antiquité païenne, ces politiques subtils et raffinés de la Grèce classique, ou ces durs héros de l’insensibilité romaine, sont petits quand on les compare à ces rois, à ces chevaliers, à ces moines du moyen âge que soulève au-dessus de terre la folie de la Croix. […] Elles avaient flatté l’orgueil d’une féodalité chevaleresque et d’une aristocratie militaire, qui se plaisait à reconnaître dans ces longs récits l’image de sa vie, l’écho de ses passions, le retentissement sonore de ses grands coups d’épée, son armorial enfin, les héros éponymes de sa race et ses fabuleuses généalogies. […] Lorsque vous peignez des héros… vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor… ; mais, lorsque vous peignez des hommes, il faut peindre d’après nature. » L’allusion à Corneille était là transparente, et nul alors ne s’y trompait. […] En ce temps-là, le futur conquérant de la Silésie, le héros cauteleux et retors qui devait un jour démembrer la Pologne, s’exerçait à réfuter Machiavel, en attendant l’heure propice, l’heure prochaine de le commenter par la politique et les armes.
Au contraire tout ce qui est beau, tout ce qui est tendre et fier, la mélancolie hautaine des vaincus, la candeur des vierges, la sérénité des héros, et aussi la douceur infinie des paysages forestiers traversés de lune et des méditerranées d’azur où tremble une voile pâle au loin, — l’impressionne incessamment, le pénètre, le remplit, devient comme l’atmosphère où respire heureusement sa vie intérieure. […] Soyons sérieux : pour admettre un héros, il nous faut des preuves. […] Les héros qui n’ont peut-être pas existé, ils vous les montreront, pour votre plaisir. […] Les historiens dédaignent les chevaliers anciens, les preux, les héroïnes, les combats fantasques, les aventures miraculeuses ? […] ô héros !
Les héros et les héroïnes de notre tragédie, au plus fort de la passion, se possèdent encore, s’examinent et se jugent. — Chez les personnages de Balzac, une faculté, grandie jusqu’en des proportions monstrueuses, absorbe toutes les autres et s’impose en maîtresse. — Les romanciers naturalistes, par un procédé de simplification hardi ou candide, réduisent l’homme à ne subir que les confuses impulsions de l’instinct et les poussées de la matière. […] Boule-de-Suif a existé, telle qu’il nous la montre et digne de son surnom ; elle a été l’héroïne de l’exploit d’un genre spécial pour lequel sa mémoire a mérité de ne pas périr. […] Aussi bien, nul n’a su mieux que Loti célébrer les héros obscurs et leurs dévouements sans gloire. […] L’héroïne de Mariage blanc est une phthisique : « Elle partira n’ayant connu des hommes que ce qu’ils ont de plus pur et de meilleur, la sympathie sans désirs et la chaste pitié. […] Bien sûr, nous ne sommes pas des héros.
J’ai gardé pour la fin les héros du livre, la brune madame de Trémeur et son ami très intime, M. […] Et votre instinct maternel ne s’épuise pas au profit des martyrs obscurs, des héros anonymes du travail ; le trop plein de votre cœur déborde sur l’animal qu’on torture, sur le coupable même qu’on accable. […] Plusieurs de ses héros, vrais héros de la charité, fanatiques de la vie universelle, exposent leurs jours pour sauver de petits chiens qu’on noie ou des rats qu’on supplicie par un jeu barbare. […] Ce seront les amateurs de vieilleries, ceux qui ont besoin d’un grand homme à revernir, d’un héros ou d’un saint à rebadigeonner. […] Et l’on songe aussitôt aux stoïciens, aux puritains, aux héros à la Corneille.
L’Amour eût marqué dans un pareil monument, comme dans le vôtre, que ce héros, de même que votre Maréchal, avait eu la passion des femmes, et que cette passion lui avait ôté la vie au milieu de ses triomphes. […] Le monument sera simple, mais correspondra parfaitement au caractère du héros. […] Vous avez ici une cour et vos courtisans, et ces courtisans ont des âmes nobles, hautes, honnêtes, généreuses, et leur caractère principal est de ne l’être que des héros et de vous. […] Jamais une exclamation ni sur les vertus, ni sur les services, ni sur les disgrâces de son héros. […] Le héros grec eut peur de manquer de fidélité à sa Pénélope ; et moi, j’ai eu peur d’être noyé et de ne plus revoir la mienne.
Ce seraient Mme de Chevreuse, Mme de Longueville, Mme de Sablé, Mme de La Fayette ; les deux premières, héroïnes d’intrigue et de roman ; la troisième, amie moraliste et causeuse ; la dernière, revenant, sans y viser, à l’héroïne par une tendresse tempérée de raison, repassant, mêlant les nuances, et les enchantant comme dans un dernier soleil.
En effet, c’est le sentiment qui l’attache à ses pauvres héros à quatre pattes, petites gens qu’on dédaigne et qu’on rebute. […] Ces deux vers de style si correct et si bien tournés ne conviennent qu’à une dame du temps, à une héroïne du beau monde.
Émue comme un héros au bruit du canon, intrépide contre les vociférations des pétitionnaires et des tribunes, son regard les bravait, sa lèvre dédaigneuse les couvrait de mépris ; elle se tournait sans cesse, avec des regards d’intelligence, vers les officiers de sa garde, qui remplissaient le fond de la loge et le couloir, pour leur demander des nouvelles du château, des Suisses, des forces qui leur restaient, de la situation des personnes chères qu’elle avait laissées aux Tuileries et surtout de la princesse de Lamballe, son amie. […] Un peuple qu’on aurait besoin d’enivrer de sang pour le pousser à défendre sa patrie serait un peuple de scélérats et non un peuple de héros.
C’est l’aventure que Froissart aime, admire dans les héros dont il nous entretient : et voilà pourquoi il pense | autant de bien d’Aymerigot Marcel qui se fit pendre, que du Bascot de Mauléon, qui se retira à Orthez sur ses vieux jours, après fortune faite. […] La portée d’une œuvre comme celle de Bercheure est incalculable : Tite-Live apparaissant en français, c’est la révélation de l’antiquité authentique sans fables, du moins sans autres fables que celles dont son propre génie l’a parée : c’est la confusion de tous les « romans de Rome la grant », et, à plus ou moins bref délai, la substitution du héros au chevalier dans l’idéal des intelligences cultivées.
Rien n’égale, en province surtout, la nullité de la vie bourgeoise, et je ne vois jamais sans tristesse et sans une sorte d’effroi l’affaiblissement physique et moral de la génération qui s’élève ; et pourtant ce sont les petits-fils des héros de la grande épopée ! […] Nous sommes les fils d’une race de héros.
Elle peint industrieusement les affres de la mort, le cadavre, le ver de la tombe, la décomposition de nos misérables restes ; en même temps elle éclaire toute cette pourriture d’un rayon d’immortalité1, et nous montre les héros abattus par la mort, mais relevés par Dieu qui pardonne, plus triomphants qu’à Rocroy ou Austerlitz. […] Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre Se tenait à la barre et coupait le flot noir ; Mais le calme héros, courbé sur sa rapière, Regardait le sillage et ne daignait rien voir.
Voltaire, Diderot, Rousseau, qu’il exagère énormément en les décrivant, lui passent moins près du cœur que Condillac et Montesquieu, et on le comprend : Condillac est pour lui le matérialisme de la source, — les premières gouttelettes du fleuve immense ; Montesquieu, le ton de la bonne compagnie dans l’impiété, — si opposé aux engueulades athées et compromettantes de Diderot, — la haute discrétion dans l’audace dangereuse, extrêmement chère aux héros intellectuels d’à présent, et que M. […] Hors du sabbat révolutionnaire, ramenés au sens commun par la présence du danger, ayant compris l’inégalité des talents et la nécessité de l’obéissance, ils font œuvre d’hommes ; ils pâtissent, ils jeûnent, ils affrontent les balles, ils ont conscience de leur désintéressement, ils sont des héros et ils peuvent s’envisager comme des libérateurs… L’amour de la patrie, c’était leur seule religion, mais il en fut une.
— Les chefs des anciennes maisons royales qui, dans les jours décisifs, sont devenus capables de ces quiproquos et de ces absences, ont à jamais perdu le fil du courant sympathique qui jadis identifia les héros de leur race avec la nation.
Le plus grand orateur, quand ce serait un ange, Ne pourrait contenter en semblables desseins Deux belles, deux héros, deux auteurs, ni deux saints.
« Dans les derniers temps, ayant usé cette passion qu’il avait eue pour les grandes dames et les héroïnes de la Fronde, M.
Tous les beaux discours, tous les mots célèbres des héros de l’antiquité, sont les modèles des grandes qualités du style : ce sont ces expressions inspirées par le génie ou la vertu que le talent s’efforce de recueillir ou d’imiter.
Des deux côtés les versants qui le nourrissent se redressent avec un aspect énergique ou austère ; les pins couvrent les sommets de leurs draperies silencieuses, et descendent par bandes jusqu’au fond des gorges ; le puissant élan qui les dresse, leur roide attitude donne l’idée d’une phalange de jeunes héros barbares, immobiles et debout dans leur solitude que la culture n’a jamais violée.
Dans la IVe , Chapelain, avec Ménage ; Chapelain encore, dans le Discours au Roi, en compagnie de Charpentier et de Pelletier ; Chapelain dans le dialogue des Héros de romans, suivi de Mlle de Scudéry, de La Calprenède, Quinault et l’abbé de Pure ; Chapelain toujours dans la Satire III, et Quinault, et Pelletier, et Mlle de Scudéry, et Le Pays, et La Serre : mais voici, de plus, l’inventeur de l’énigme française, prédicateur chrétien et poète galant, l’abbé Kautain, ou Cotin, Trissotin en propre personne.
Habitués longtemps à ne chercher d’éminents exemplaires de notre humanité que parmi les ouvriers bruyants de l’histoire politique, ou les brillants héros de la vie mondaine, nous nous complaisons aujourd’hui à saisir dans des vies plus modestes et plus obscures l’âme des siècles lointains, si irréductible tout à la fois et si identique à la nôtre.
Ce poète impersonnel, qui s’est appliqué avec un héroïque entêtement à rester absent de son œuvre, comme Dieu de la création, qui n’a jamais soufflé mot de lui-même et de ce qui l’entoure, qui a voulu taire son âme et qui, cachant son propre secret, rêva d’exprimer celui du monde, qui a fait parler les dieux, les vierges et les héros de tous les âges et de tous les temps, en s’efforçant de les maintenir dans leur passé profond, qui montre tour à tour, joyeux et fier de l’étrangeté de leur forme et de leur âme, Bhagavat, Cunacepa, Hy-pathie, Niobé, Tiphaine et Komor, Naboth, Quai’n, Néféroura, le barde de Temrah, Angantyr, Hialmar, Sigurd, Gudrune, Velléda, Nurmahal, Djihan-Ara, dom Guy, Mouça-el-Kébyr, Kenwarc’h, Mohâmed-ben-Amar-al-Mançour, l’abbé Hieronymus, la Xiraéna, les pirates malais et le condor des Cordillères, et le jaguar des pampas, et le colibri des collines, et les chiens du Cap, et les requins de l’Atlantique, ce poète, finalement, ne peint que lui, ne montre que sa propre pensée, et, seul présent dans son œuvre, ne révèle sous toutes ces formes qu’une chose : l’âme de Leconte de Lisle.
« Elles participent, disait-il, à tous les honneurs de la société civile ; elles sont encouragées par les égards qu’on a pour leur talent ; et leur profession n’ayant rien que de brillant, elles tâchent de ne point se rendre méprisables. » En ce qui concerne Isabelle Andreini, l’héroïne de tant d’aventures cavalières, il y a parmi ses contemporains unanimité pour célébrer sa vertu.
Il est légitime, actuel et charmant de prendre un anarchiste délicat comme héros de roman.
Les nations modernes ressemblent aux héros, écrasés par leur armure, du tombeau de Maximilien à Innsbruck, corps rachitiques sous des mailles de fer.
Héros de la vie désintéressée, saints, apôtres, mounis, solitaires, cénobites, ascètes de tous les siècles, poètes et philosophes sublimes qui aimâtes à n’avoir pas d’héritage ici-bas ; sages, qui avez traversé la vie ayant l’œil gauche pour la terre et l’œil droit pour le ciel, et toi surtout, divin Spinoza, qui restas pauvre et oublié pour le culte de ta pensée et pour mieux adorer l’infini, que vous avez mieux compris la vie que ceux qui la prennent comme un étroit calcul d’intérêt, comme une lutte insignifiante d’ambition ou de vanité !
Dans l’Art poétique, il les cite tous deux comme dignes d’éloges dans deux genres différents : Malherbe d’un héros peut vanter les exploits ; Racan chanter Philis, les bergers et les bois.
Il a eu bien raison de dire : Peut-être d’autres héros, M’auraient moins acquis de gloire.
Un auteur moderne n’eût pas manqué de le faire se jeter de préférence au cou du frère le plus coupable, afin que son héros fût un vrai personnage de tragédie.
si ces chasseurs de renommée avaient eu la prudence de mon ami Bianchon, le chasseur de perdreaux… * * * Bianchon, jeune homme de mœurs irréprochables du reste, a été piqué, comme un chacun, par sa tarentule : lui qui, de sa vie, n’a pu abattre une pièce de gibier, il tient à passer pour un héros du Journal des Chasseurs.
Voués à la guerre et au mouvement par l’organisation que leur transmirent les gens de main et les héros d’audace accourus à la voix du nourrisson de la louve d’airain, les Romains reçurent en partage le génie des arts nécessaires aux hommes d’action.
Plus près de nous, Frédéric II, celui qu’on appelle le Grand Frédéric, était un poltron avant d’être un héros, et le plus niais des joueurs de flûte avant de devenir ce glorieux et fameux joueur d’épée qu’il fut, une fois roi… Ceux qui lisent l’histoire le savent bien.
Cette héroïne de la vie spirituelle est infinie d’intuition, de profondeur, de subtilité.
Après la conversion d’Henri IV, l’insolence royaliste seule put regarder la Ligue comme vaincue, et ce vers si comiquement gascon sur un héros gascon : Il confondit Mayenne, et la Ligue, et l’Ibère, car la Ligue avait obtenu ce qu’elle avait voulu, un roi catholique, et Henri IV avait été obligé de communier, à son sacre, sous les deux espèces ; mais plus tard, de fait, oui, elle fut vaincue, et, sinon elle, qui n’existait plus, au moins cette nation qu’elle avait si grandement et si vaillamment représentée !
Or, tout le monde n’a pas les vices du cardinal de Retz à dix-huit ans… Lorsqu’on se renferme dans les données d’une passion qui ne pouvait pas aliéner un cerveau de la force de celui de Goethe au point de le lui faire brûler d’un coup de pistolet, y a-t-il donc réellement, dans son action honorable et prudente, de quoi changer subitement en posthume héros de moralité sensible un homme dont le cœur même fut littéraire, et auquel, cet amour passé qui dura le temps d’une bluette, la plus incroyable prospérité vint donner bientôt toute la dureté d’un caillou ?
Et nous entrevoyons de ce côté d’immenses plaines à défricher, le jour où l’expression musicale s’appliquera à un nombre illimité d’êtres, en dehors des héros et des dieux de la Tétralogie ou de Tristan et Yseult.
Longtemps avant cette époque, les Romains eurent la coutume de louer leurs grands hommes ; ils adoraient leurs dieux sous des toits de chaume ; ils célébraient les héros dans une langue de laboureurs et de soldats.
Longtemps après lui, l’âme belliqueuse répandue dans ses vers plaisait au génie d’Alexandre, et ce héros rangeait ses poésies parmi les lectures qui conviennent aux rois.
Ses plus chères héroïnes ne veulent plus épouser que des rois, et sacrifient continuellement leurs amants à ce grossier orgueil. […] Leur étrange pullulement répond à celui des merveilleux héros de d’Urfé, de Corneille et de Mlle de Scudéry, et le succès de la caricature confirme, ici, le succès de l’original. […] Et cependant avez-vous fait attention que toutes les héroïnes raciniennes sont chastes et, pour préciser, qu’aucune d’elles n’a été la « maîtresse », au sens où nous l’entendons aujourd’hui, de l’homme qu’elle aime ? […] Savez-vous à quelle condition j’aimerais pleinement le héros de Dumas ? […] Cet outillage de petit architecte, ces planches à dessin, ces équerres et ces lavis qui encombrent la scène rendent presque grotesques les prétentions intellectuelles du héros.
Cette haine, il est fort possible qu’Ibsen ne l’ait point sentie, lui, contre son héroïne. […] Les sorcières de Macbeth seraient des anges dans une Vie de héros ou de saint. […] Et ces personnages ne sont sans doute que les héros prosaïques du premier âge de la bourgeoisie triomphante, de l’industrie, du journalisme et de l’argent ; mais, comme il aime la force plus que toute chose, il en prête à quelques-uns de ses héros jusqu’à les rendre énormes et surhumains. […] Il fait du duc une sorte de héros de l’amitié. […] Nous attendons encore une pièce contre l’argent, où le héros ne soit pas millionnaire au dernier acte.