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954. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Il fut choisi pour ranimer dans Autun, qui était sa patrie, le goût de l’éloquence et des arts.

955. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Il faut choisir : nous nous bornerons à le prendre à deux ou trois moments qui nous le peindront. […] Quand Bonaparte, de retour d’Égypte, et qui, dans les premiers jours de son coup d’État, ne préjugeait naturellement les acteurs d’alors que sur leur renommée acquise, eut l’idée un moment de le faire consul, Rœderer, à qui il en avait parlé, put dire ensuite : « Je l’ai bien guéri de cette « idée-là, je l’ai fait causer une demi-heure avec lui111. » Les tristesses et les amertumes civiques de Daunou commencèrent après le 18 brumaire ; il s’agissait de refaire au plus vite une Constitution, celle dite de l’an VIII ; sa réputation classique en ce genre le fit choisir pour rédacteur. […] Sa Notice des travaux de la Classe des sciences morales et politiques, lue la même année 1802 (séance du 15 germinal an X), contient une fine satire d’un mémoire de Mercier contre l’histoire, et cela par le simple fait d’une analyse où le rapporteur choisit malicieusement ses points. […] Daunou choisissait peu de lui-même ses sujets de composition : il s’en laissait charger volontiers, en ne les acceptant sans doute que lorsqu’il les trouvait convenables à ses vues ; mais l’initiative, même là, venait d’ailleurs. […] Je ne conseillerais jamais à un homme de style et de goût littéraire de faire trop de rapports et de ne jamais choisir ses sujets.

956. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Ils étaient forcés de choisir entre deux partis : se fier à un tyran ou l’abattre. Nous pensons qu’ils choisirent sagement et noblement. […] Ainsi préparé, il a abordé l’histoire d’Angleterre ; il y a choisi l’époque qui convenait le mieux à ses opinions politiques, à son style, à sa passion, à sa science, au goût de sa nation, à la sympathie de l’Europe. […] Heureusement pour nous, il redevient enfin narrateur ; les menus détails qu’il choisit alors fixent l’attention et mettent la scène sous les yeux. […] Et pourtant l’historien reste orateur ; car il a choisi tous ces faits pour mettre en lumière la perfidie des assassins et l’horreur du massacre, et il s’en servira plus tard pour demander, avec toute la puissance de la passion et de la logique, la punition des criminels.

957. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Sa mère était « une personne exemplaire, célèbre dans tout le voisinage par ses aumônes430. » Son père, étudiant à Christ-Church et déshérité comme protestant, avait fait seul sa fortune, et, parmi ses occupations d’homme de loi, avait gardé le goût des lettres, n’ayant point voulu « quitter ses libérales et intelligentes inclinations jusqu’à se faire tout à fait esclave du monde » ; il écrivait des vers, était excellent musicien, l’un des meilleurs compositeurs de son temps ; il choisissait Cornélius Jansen pour faire le portrait de son fils qui n’avait encore que dix ans, et donnait à son enfant la plus large et la plus complète des éducations littéraires431. […] Mais étant parvenu à quelque maturité d’années, et voyant quelle tyrannie avait envahi l’Église, une tyrannie si grande que quiconque voulait prendre les ordres devait se déclarer esclave par serment et sous son seing, en sorte qu’à moins de trouver sa promesse au goût de sa conscience, il fallait se parjurer ou souffrir le naufrage de sa foi, je crus meilleur de choisir un silence sans reproche plutôt que l’office sacré de la parole acheté et commencé avec la servitude et le parjure. » Il refusait d’être prêtre de la même façon qu’il avait voulu être prêtre ; espérances et renoncement, tout chez lui partait de la même source, la volonté fixe d’agir noblement. […] En effet, il l’avait choisie en homme de cabinet, d’autant plus inexpérimenté, que sa vie antérieure avait été « mieux gouvernée et plus tempérante. » Pareillement il ressentit sa fuite en homme de cabinet, d’autant plus irrité que les façons du monde lui étaient plus inconnues. […] C’est la vie des salons qui a dégrossi les hommes : il a fallu la société des dames, le manque d’intérêts sérieux, l’oisiveté, la vanité, la sécurité, pour mettre en honneur l’élégance, l’urbanité, la plaisanterie fine et légère, pour enseigner le désir de plaire, la crainte d’ennuyer, la parfaite clarté, la correction achevée, l’art des transitions insensibles et des ménagements délicats, le goût des images convenables, de l’aisance continue et de la diversité choisie. […] Viens donc, ô toi qui as les sept étoiles dans ta main droite ; établis tes prêtres choisis, selon leur ordre et leurs rites antiques, pour accomplir devant tes yeux leur office et verser religieusement l’huile consacrée dans tes lampes saintes toujours brûlantes.

958. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Quand l’académie m’a demandé de choisir un sujet pour la séance publique d’octobre, j’étais au bout du monde, en train de ruminer une préface pour le Paul Valéry de Frédéric Lefèvre. […] Je choisis la poésie pure. […] Que le poète le sache ou non, définir, peindre, émouvoir, choisir et disposer ses mots, tout cela n’est pour lui qu’un moyen de se libérer de la force mystérieuse qui le possède, de s’approprier la réalité, d’ailleurs ineffable, que l’inspiration lui a offerte. […] Teste choisit, en un jour d’humeur, pour sa tombe : transiit classificando. soit quatre catégories : la réaction bourgeoise et la réaction artiste, la réaction scientifique et la réaction rationaliste. donnons quelques minutes d’attention à chacune d’elles. […] Un nom propre ne ferait pas l’affaire : la tête de turc que l’on choisirait serait trop ridiculement chétive pour devenir un épouvantail national.

959. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Choisissons pour exemples quelques-uns de ces mots qui peuvent encore s’écrire. […] Elles lui disent au contraire que le mari qu’elles lui ont choisi l’adore : mais ce sont pour elles des phrases et des bouquets, rien de plus. […] Le rôle d’Alcmène n’était pas trop bien choisi pour cette frêle enfant de dix-huit ans. […] On a choisi Thiron pour représenter M.  […] S’est-on jamais occupé de choisir, pour jouer les deux rôles, deux femmes qui eussent la même taille et qui rendissent l’erreur vraisemblable ?

960. (1881) Le roman expérimental

Évidemment, le poète, s’il veut risquer une explication personnelle d’un fait, devra choisir un fait dont la cause n’est pas encore connue. […] Il me faut maintenant choisir dans la descendance de Balzac et de Stendhal. […] La littérature reste ici le passe-temps délicieux d’une société choisie, qui enchante d’abord le poète, avant de faire le bonheur d’un petit cercle. […] Il semble peu croyable qu’elle garde tout, et dès lors pourra-t-elle choisir ? […] La formule naturaliste est indépendante du style de l’écrivain, comme elle est indépendante des sujets choisis.

961. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

— Après réflexion, je choisis, parmi mes sujets antérieurs à toi, quatre exemples. — Je te raconterai tout de suite le premier… il est mort. […] Et ces règles nous sont efficaces parce que nous les avons choisies nous-mêmes. […] Quand la lune est nouvelle, elles choisissent un amant. […] Pourquoi n’as-tu pas choisi notre parti jadis, au moment de la bataille ? […] Saurai-je toujours choisir les mots qu’il faut pour persuader ?

962. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Ces voûtes augustes ont été dignement choisies pour l’apothéose d’un héros. […] Elle prépare le baptême de cette seconde naissance ; mais ce n’est plus l’eau qu’elle choisit, c’est l’huile, emblème de l’incorruptibilité céleste. […] Elle choisit les Essais de Morale de Nicole. […] Je choisis le parallèle des beautés d’Homère et de la Bible. […] Cette disposition à tout exagérer put s’accroître encore par le genre qu’il avait choisi ; car il n’a guère fait que des panégyriques.

963. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

il aime, on l’aime, le reste n’existe pas. — On choisit Albert pour une mission glorieuse et qu’il avait rêvé d’accomplir. […] Choisis donc promptement ! […] Je ne sais vraiment quoi choisir. […] il a le temps de choisir ! […] Zola quand il reproche à Mistral (fort doucement, il est vrai) de n’avoir pas choisi les personnages de son poème parmi les contemporains.

964. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

La vérité profonde d’un artiste littéraire se révèle plus sûrement par l’appel intérieur qui le décide à choisir, pour se manifester, tel ou tel genre, tel ou tel style. […] Poète, il eût choisi la rigueur concise du sonnet ; dramaturge, la pièce en un acte. […] Pour représenter les mœurs, les personnages du roman doivent être choisis dans la moyenne. […] C’est dire combien il eût condamné la définition du puissant mais systématique Émile Zola : « L’art, c’est la nature vue à travers un tempérament. » Il n’a jamais hésité sur ce point : que l’artiste doit choisir. […] Vous eûtes la chance que ces excellents parents vous choisissent pour éducateurs des maîtres excellents.

965. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Ce n’est point par hasard que le violet a été choisi par maints peuples comme couleur exclusive de deuil, et par nous comme couleur de demi-deuil. […] Et même s’ils avaient en excès les aliments les plus choisis, cela ne leur servirait à rien, car ils seraient incapables de les digérer. […] Maintenant arrive le jeune prince ; il choisit la princesse et dédaigne les neuf autres. […] En tout cas, le nom choisi par eux-mêmes implique la vague conscience et l’aveu d’un état d’ébranlement nerveux. […] Ils choisissent en conséquence des mots vagues interprétables à plaisir, parce qu’ils répondent le mieux à leurs aperceptions qui sont de même nature.

966. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

La société, pour être nombreuse, n’en était pas moins choisie. […] Henry Monnier ne choisit pas, n’atténue pas, n’exagère pas et ne fait aucun sacrifice ; il se gardera d’augmenter l’intensité des ombres pour faire valoir les jours. […] Sa nature chaste, élégante et noble semblait tout ignorer des laideurs et des trivialités de la vie : tel était le livre, tel était l’auteur, et le meilleur frontispice qu’on eut pu choisir pour ce volume de vers, c’était le portrait du poëte. […] Dans son volume Festons et Astragales, titre choisi sans doute pour faire pièce à Boileau, Bouilhet se livre à tous les caprices d’une fantaisie vagabonde. […] Accepter un sujet ou le choisir, c’est tout autre chose.

967. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Mais, direz-vous peut-être, ce qui empêche ici l’émotion tragique, c’est que, ce que perdent Arnolphe et Alceste, Arnolphe surtout, ils le perdent par leur faute, pour en avoir maladroitement choisi les moyens les plus contraires à leurs intentions. […] Il faut que je vous en donne ici quelques échantillons, que j’ai choisis exprès de genres assez différents. […] Et quand enfin en 1688 pour les demoiselles de Saint-Cyr, Mme de Maintenon lui demandera quelque sujet de pièce, plus moral, ou d’une vivacité d’émotion moins communicative et moins contagieuse qu’Andromaque, lequel Racine ira-t-il choisir, parmi tant d’autres que lui offrait la Bible ? […] Sans eux la comédie ou le roman, la peinture même, — je veux dire la peinture de genre, — quelque chose de trop choisi, ont quelque chose de trop abstrait, et de plus irréel qu’idéal. […] La Double Inconstance, ou le Jeu de l’Amour et du Hasard, ou les Fausses Confidences, supposez que l’on voulût donner des sous-titres aux tragédies de Racine, est-ce que ce ne sont pas précisément ceux-là qu’on choisirait ?

968. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Dans la mesure où tout cela est présenté (et il faut en savoir gré aux éditeurs qui ont dû quelquefois choisir entre divers passages de la correspondance), personne n’a à se plaindre. […] Nos préparatifs sont poussés vigoureusement ; j’ai été moi-même à Constantinople choisir le parc de siège pour remplacer celui que vous m’annoncez comme étant sur mer, — mais sur des bateaux à voiles, ce qui me le fait espérer pour le mois de septembre au plus tôt. […] Sa langue est svelte, son bon sens fin, spirituel, sa gaieté excellente, son naturel saisissant ; son expression prompte est presque toujours celle que la réflexion eût choisie.

969. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Il peut vivre au milieu de ces diversités, de ces trente rayons d’une petite bibliothèque choisie, sans faire un choix lui-même et en touchant à tout : voilà ses délices. […] En 1832, ses œuvres complètes, et pourtant choisies encore, parurent pour la première fois, et vinrent déployer, en une série imposante, les titres jusqu’alors épars d’une renommée qui dès longtemps ne se contestait plus. En 1834, l’Académie française, réparant de trop longs délais, le choisit à l’unanimité en remplacement de M. 

970. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

., etc. » Elle choisit dans le troupeau la plus rapide des juments et songe à reprendre la route de l’Orient. […] Isabelle cueille çà et là toutes les herbes qu’elle feint de choisir pour son expérience ; elle se baigne dans la source où elle a jeté les herbes. […] L’ermite habitait depuis quarante ans cet ermitage, qu’il semblait que le ciel eût choisi pour l’entretenir sans cesse dans la prière et la contemplation.

971. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

— jamais (c’est assez, une fois), les œuvres Wagnériennes, lesquelles qu’on choisisse, ne seront souillées en ces splendeurs. […] À cet affinement sont des causes multiples, évidentes : la lecture de Schopenhauer, donné aux Français en des recueils bizarres de morceaux choisis ; la faillite dernière des aspirations romanesques ; le spectacle désolant de la démocratie, accélérant encore l’évolution fatale vers l’hétérogène ; et ce livre d’Amiel, peu lu, fort admiré. […] Beethoven choisit, pour son drame, uniquement, ces deux motifs principaux qui, plus précisément que toute représentation par des concepts définis, nous fait sentir l’essence intérieure de ces deux caractères.

972. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Ainsi le bleu avait été choisi pour les romans intimes ; le vert pour les romans champêtres et les voyages, le citron pour les satires, les épigrammes : le fauve pour les sujets populaires ; le rouge pour les romans à tendances de réforme sociale. […] Un hôtel étrange, un hôtel donnant l’impression d’une localité, choisie par Poë pour un assassinat, et au fond de cet hôtel, une chambre, où parmi les meubles traînaient des vers écrits sur des feuilles à en-tête de décès, et dans cette chambre une maîtresse bizarre, et un chien rendu fou, parce qu’on le battait, quand il se conduisait en chien raisonnable, et qu’on lui donnait du sucre, quand il commettait quelque méfait, — enfin le locataire fumant une pipe Gamba, à tête de mort. […] Et il nous peint Drumont blessé, sa culotte tombée à terre, sur le pas de la grange où on l’avait entraîné, tapant sur le pan de sa chemise, toute mouillée de sang, et criant exaspéré à Meyer et à ses témoins : Au Ghetto, sales juifs, vous êtes des assassins… c’est vous qui avez choisi cette maison ayant appartenu à Hirsch, et qui devait me porter malheur ! 

973. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Pas plus que les autres grands hommes, ces fils des circonstances, comme a dit d’eux tous Napoléon, Richelieu n’a choisi sa place dans l’histoire ; il l’a subie. […] … Où qu’on prît ces héroïnes, qui ne forment pas un bataillon, mais toute une armée dans l’histoire, qu’on les prît sur notre terre de France, que ce fût sainte Radegonde, sainte Geneviève, sainte Clotilde, et tous ces cœurs vaillants de la vaillance de Dieu jusqu’à Jeanne d’Arc et depuis elle, n’importe où l’historien allât les choisir, elles étaient dignes de s’aligner en face des plus grandes (s’il y en avait) de la Révolution française, et de faire baisser les yeux à leurs portraits, plier le genou à leurs cadavres. […] Nous l’avions cru, et il nous eût été doux de rendre compte d’un tel ouvrage ; il nous eût été doux de démontrer la différence qu’il y a entre les héroïnes de la foi en Dieu et les héroïnes de la foi en soi-même, car, malgré l’éternelle mêlée des systèmes et le fourré des événements, il n’y a que cela dans le monde, le parti de Dieu ou le parti de l’homme, et il faut choisir !

974. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

avec l’enthousiasme connu de Charles Baudelaire pour son auteur et le dévouement qu’il montre à sa gloire, la personnalité humaine d’Edgar Poe n’est pas plus complète dans cette notice que sa personnalité littéraire dans ce premier volume d’œuvres choisies. […] Il ne choisit pas ; il subit. […] Pour mieux montrer l’abjection de la Bohème littéraire, nous choisirons son plus beau cadavre.

975. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

— Outre que le modèle est très-beau et très-bien choisi, et très-bien ajusté, il y a, dans la couleur même et l’alliance de ces tons verts, roses et rouges, un peu douloureux à l’œil, une certaine mysticité qui s’accorde avec le reste. — Il y a harmonie naturelle entre cette couleur et ce dessin. […] L’attitude est belle et bien choisie. […] Corot, du fond de sa modestie, a agi sur une foule d’esprits. — Les uns se sont appliqués à choisir dans la nature les motifs, les sites, les couleurs qu’il affectionne, à choyer les mêmes sujets ; d’autres ont essayé même de pasticher sa gaucherie. — Or, à propos de cette prétendue gaucherie de M. 

976. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

C’est ainsi qu’il eut la bonne fortune d’encourager les débuts laborieux du plus beau génie que l’art se soit choisi pour interprète dans les contrées scandinaves, de celui qui devait tenir le sceptre de la sculpture après Canova, Thorwaldsen. […] Dans le monde, il ne faut se servir de l’amour-propre des autres que pour le traverser, afin d’arriver au pays de l’amitié, où, comme dans les montagnes des tropiques, il y a mille nuances de climat à choisir

977. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

De toutes les manières d’entendre et de définir ce mot de vertu (et il en est plus d’une, assurément, depuis Aristote jusqu’à Franklin), le xviiie  siècle avait préférablement choisi et adopté celle qui se résume dans l’idée de bienfaisance. […] L’Académie demande à l’Église la permission d’aller choisir et distinguer jusque dans ses rangs l’un des plus méritants et des plus humbles, l’un de ceux dont on peut dire véritablement qu’ils sont dévorés du zèle de la maison du Seigneur : elle décerne une médaille de première classe à M. l’abbé Brandelet.

978. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

C’était en effet avec quelques anneaux ainsi choisis à distance, et en omettant bien des intermédiaires, que l’on pouvait parvenir, moyennant un peu de bonne volonté, à établir une espèce de chaîne continue dans la doctrine déjà si disparate et à travers la carrière déjà si accidentée de M. de La Mennais ; mais depuis lors la chaîne s’est rompue à trop d’endroits pour qu’on essaye, par aucun artifice, d’en ressouder les fragments et d’en rejoindre les bouts. […] Gloire à Dieu, gloire à son ineffable tendresse, à son incompréhensible bonté, à cet amour adorable qui, entre toutes ses créatures, lui fait choisir la plus indigne pour en faire un ministre de son Église, pour l’associer au sacerdoce de son Fils !

979. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

« Lorsqu’il venait à considérer que cette créature qui brilla a la Cour avec plus d’éclat qu’aucune femme de son siècle n’était plus, que ses enchantements avaient disparu, que c’en était fait pour jamais de cette personne qui l’avait choisi entre tant d’autres, il s’étonnait que son âme ne se séparât pas de son corps.  […] Les pensées en sont remplies, les figures ménagées, les mots propres et choisis, les expressions nettes et les périodes harmonieuses. » Les traductions qu’il donne des Pères et qui sont presque continuelles dans son texte ont surtout suavité et largeur ; enfin il suffit de gravir, on recueille une abondance de miel au creux du rocher. 

980. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

graduez et choisissez. — M. […] Nisard, je me hasarderai à donner, en la traduisant, une pièce entière des Sylves, que j’ai choisie comme étant la plus courte et peut-être la plus simple : AU SOMMEIL Par quel crime, si jeune, ô des Dieux le plus doux, Par quel sort, ai-je pu perdre tes dons jaloux ?

981. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Cette excursion exceptée, les principaux événements de sa vie sont tout littéraires : nommé de l’Académie des Sciences morales lors de la fondation en 1832, élu de l’Académie française comme successeur de M.Raynouard en 1836, il fut de plus choisi pour secrétaire perpétuel de la première de ces académies, à la mort de M.Comte, en 1837. […] Servi par eux, Louis XIV sut se guider lui-même, choisir et trouver ses voies, suffire à tout, réparer les fautes, diviser ses adversaires, ne rien relâcher qu’à la dernière heure, et à force de suite, d’artifice et de volonté, enlever à point nommé la paix la plus glorieuse.

982. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Il ne dirait pas dans ses chœurs, quand il fait parler l’impie voluptueux : Ainsi qu’on choisit une rose Dans les guirlandes de Sarons, Choisissez une vierge éclose Parmi les lis de vos vallons : Enivrez-vous de son haleine, Écartez ses tresses d’ébène, Goûtez les fruits de sa beauté.

983. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

David choisit quatre cents hommes d’élite parmi les siens pour aller arracher par la force ce qu’il n’a pu obtenir par des services. […] XXI Maintenant, pour nous faire une idée juste de ce qu’est la poésie lyrique, écoutons chanter dans un même homme d’abord ce pauvre petit berger des montagnes de Bethléem ; puis cet adolescent armé de sa fronde, libérateur de son pays ; puis ce musicien favori de Saül assoupissant avec sa harpe les convulsions d’esprit de son roi ; puis ce proscrit cherchant asile dans les cavernes de Moab ; puis ce chef de bande et de parti courant les aventures sur les frontières de la Judée ; puis ce roi choisi par les prêtres et acclamé par le peuple pour éteindre la race de Saül et pour fonder sa propre dynastie ; puis ce souverain exalté par sa haute fortune, ne refusant rien à ses intérêts ni à ses amours, et ternissant ainsi sa vieillesse après avoir couvert d’innocence et de gloire ses jeunes années ; puis le vieillard puni, repentant, rappelé à Dieu par l’extrémité de ses châtiments, et convertissant encore ses sanglots en cantiques pour fléchir et pour attendrir son juge là-haut.

984. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Je cherchai donc pendant quelque temps, sans avoir la satisfaction de rencontrer une personne qui méritât, du moins autant que j’en pouvais juger, un attachement constant et sincère ; mais, comme j’étais près de renoncer à tout espoir de succès, le hasard me fit rencontrer ce qui jusque-là s’était refusé à mes recherches les plus obstinées, comme si le dieu d’amour eût voulu choisir ce moment pour me donner une preuve irrésistible de sa puissance. […] Dans ces assemblées, où se rendaient les plus savants hommes de l’Italie, c’était la coutume que quelqu’un s’occupât, après le dîner, de choisir certains passages des ouvrages de Platon, qu’on soumettait à la discussion de la compagnie, et chacun des convives entreprenait d’éclaircir et de développer quelque point important ou douteux de la doctrine de ce philosophe.

985. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Dans ce grand nombre de correspondances, je choisirai celles qui, n’émanant pas des écrivains, éclairent le mieux l’histoire littéraire, ou l’enrichissent le plus. […] Le plus souvent, même avec sa fille, Mme de Sévigné surveille son inspiration, choisit, et fait effort pour dégager les qualités de son esprit, ou l’intérêt des choses.

986. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

J’ai espoir que quelqu’un ne va se récrier : « Avoir choisi entre les chantres des deux Phèdre précisément, voilà motif à gain, le flair !  […]   Tandis que le regard intuitif se plaît à discerner la justice, dans une contradiction enjoignant parmi l’ébat, à maîtriser, des gloires en leur recul — que l’interprète, par gageure, ni même en virtuose, mais charitablement, aille comme matériaux pour rendre l’illusion, choisir les mots, les aptes mots, de l’école, du logis et du marché.

987. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Un critique, différent pour chaque rubrique, donnerait des analyses sérieuses des livres qui lui paraissent les plus importants, et remettrait à un critique qui lui serait adjoint, et qu’il aurait choisi, le reste des livres concernant cette rubrique et dont ce lieutenant donnerait un bref compte rendu. […] Les Marges souhaitaient quelques avis choisis.

988. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Si je choisis de m’abstenir, dans quel cas ai-je conscience que j’aurais pu choisir de commettre le crime ?

989. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Ainsi que la vertu, le vice a ses degrés, et la pièce aurait pu choisir une petite dame de plus haut étage pour faire débuter la fille moderne au Théâtre-Français. […] Fourchambault a cru choisir la meilleure part, en préférant une femme classée et posée à la maîtresse de son premier choix ; et cette sagesse est une sottise, cette préférence une bévue.

990. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Forcé de choisir entre tant de points de vue que présente la vie de M. de Malesherbes, j’en prendrais un sur lequel il m’a été donné de recueillir des renseignements précieux et confidentiels : je veux parler de son administration comme directeur de la Librairie durant treize ans. […] « Le chancelier d’Aguesseau eut connaissance de ce projet : non seulement il l’agréa, mais il le corrigea, le réforma, et choisit M. 

991. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Au siège devant Mardyck (août 1646), les ennemis ayant fait une sortie, non content de les repousser de sa tranchée, Bussy, sur un mot du duc de Nemours, tint une sorte de gageure que lui-même appelle une folie, et il s’aventura à vouloir rejeter et relancer avec une faible élite le gros des assaillants jusque sur leurs palissades, si bien qu’aux premières décharges la plupart des siens, et les plus marquants, étaient hors de combat ; mais lui, qui n’avait eu encore que deux chevaux tués, tenait ferme dans cette attaque sans but et se faisait un point d’honneur de voir l’ennemi se retirer le premier : il fallut que le duc d’Enghien (le Grand Condé) lui fit donner l’ordre de se retirer, ajoutant que, « s’il avait à prendre un second dans l’armée, il n’en choisirait point d’autre ». […] Toutefois, venir les choisir pour en faire une œuvre, une histoire, un monument à toujours, comme dirait Thucydide, c’était donner témoignage d’un goût corrompu et d’un esprit gâté.

992. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

La singulière place d’honneur, pourtant, qu’il s’était choisie, en entendant de la sorte la vie privée, et en ne l’embrassant ainsi que pour la consumer tout entière et la ravager ! […] À un dîner du jour des Rois (janvier 1776) chez M. de Monnier, la fève lui était échue, et il avait naturellement choisi Mme de Monnier pour reine.

993. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Aussi, plutôt que de penser que Mme Bovary soit le produit des circonstances, nous faut-il juger que la nécessité ; interné qui la régit choisit, parmi les circonstances qui l’environnent, celles qui sont propres à, satisfaire sa tendance. […] Ce qui est essentiel ici, c’est la tendance même qui la gouverne, cette tendance maîtresse à laquelle les circonstances particulières du roman ne sont que des prétextes pour s’exercer, et qui, à défaut de celles-ci, en eût su choisir d’autres, cette tendance impérieuse, en vertu de laquelle toute condition d’existence quelle qu’elle eût été, et par le seul fait qu’elle eût été réelle, eût suscité en Emma Bovary une conception contradictoire.

994. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

» C’était Béranger, et l’endroit semblait vraiment choisi pour la rencontre. […] L’épithète est curieusement choisie, n’est-ce pas ?

995. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

On me dit que j’obéis à mon médecin : oui, mais je le choisis et j’en puis prendre un autre ; il n’est pas mon maître, je ne suis pas son sujet. […] A quel titre ceux-ci choisiront-ils, et dans l’autre cas les capables ne se décerneront-ils pas à eux-mêmes la souveraineté ?

996. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

A l’imitation d’Homére dans l’Iliade, Boiardo a choisi pour son sujet le siége de Paris qu’il substitua à celui de Troye. […] Il choisit un sujet connu, parce qu’il ne voulut point qu’il fût étranger aux spectateurs.

997. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

et la revoyant quelquefois ; et là, dans la paix, dans le silence, mûrissant quelques beaux fruits préférés, résumant dans quelque livre choisi, et qu’on ne recommence pas, les trésors de son imagination ou de son cœur, ou, comme Montaigne, le suc le plus exquis de ses lectures et de son étude ! […] Je dirai à l’écrivain : Ne rougissez pas de travailler pour vivre ; mais choisissez votre travail.

998. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Dans les moments difficiles, quand le geste d’autorité tout sec ne donnerait rien de bon, je m’adresse à la plus forte tête, je lui explique mon idée sur le terrain : C’est là le point le plus important, et je n’ai plus de tête à y mettre ; choisis tes meilleurs camarades, ceux que tu voudras, et vas-y ; d’heure en heure, tu m’enverras un des tiens pour me rendre compte, et tu tiendras. […] Mais ne trouves-tu pas que ce serait une mort trop bien choisie ? 

999. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Et si l’on répond que ce qu’on lui sert est précisément ce qu’il demande, je répliquerai qu’on n’en sait rien, puisqu’on ne lui offre rien autre chose, et qu’il n’est pas à même de choisir. […] Ils y choisissent les cadres les plus nouveaux et les plus variés.

1000. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

[NdA] On lit dans une lettre de M. de La Rivière à l’abbé Papillon, du 5 avril 1736 : « Feu M. le maréchal de Villars, que j’avais fort connu avant sa grande fortune, qui m’avait conservé de l’amitié, et qui me faisait l’honneur de venir quelquefois me voir, avait toujours Horace dans sa poche et s’en servait agréablement : il avait beaucoup de goût et autant d’esprit que de valeur. » (Lettres choisies de M. de La Rivière, gendre du comte de Bussi-Rabutin, 1751 ; tome ii.) — Cet Horace dans la poche de Villars est une particularité curieuse ; mais n’était-il pas homme à le prendre tout exprès et à le laisser voir à propos, quand il allait rendre visite à M. de La Rivière ?

1001. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Heine a donc à merveille choisi son moment pour nous parler à nous de l’Allemagne, et pour parler à l’Allemagne de nous.

1002. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

Le titre même du journal avait été choisi en rapport avec ce caractère d’investigation encyclopédique.

1003. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

On se choisit pour des affinités mentales, on se garde pour des agréments physiques.

1004. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Huysmans a le plus souvent choisi pour héros un homme de lettres, et, qu’il s’appelle André dans En ménage, ou Durtal comme aux derniers livres, il est le même être, en mouvement, et bien cousin de l’auteur… Maintenant, on voit mal M. 

1005. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

« La versification est l’art de choisir et d’adonner les mots de manière à en tirer une expression musicale qui en complète l’expression littérale.

1006. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

chacun d’eux ne résume-t-il pas une direction choisie, une différenciation de la Force intellectuelle ?

1007. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Blanc a choisi pour chef de cabinet M. 

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