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404. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Il est remarquable que celui-là soit le moins ému, qui s’est fait le poète des religions et qui s’est attaché aux manifestations du sentiment le plus intime, le plus enfoncé au cœur des races. […] Leconte de Lisle sera celle d’un artiste attaché surtout aux manifestations extérieures de l’histoire et de la nature. […] Attachés à la terre par leur corps robuste plein de désirs grossiers, ils n’en sont pas moins obsédés par la pensée de l’invisible, par le désir de la cité d’en haut ; ils ne la conçoivent pas d’ailleurs d’une façon beaucoup plus raffinée que leurs aïeux ne faisaient le paradis d’Odin  Les Indous, émus par la souffrance universelle, pratiquaient une charité purement terrestre, épanchaient sur leurs frères une immense pitié ; on ne peut dire qu’ils aient sacrifié cette vie à une vie future, puisque ce qu’ils attendaient de la mort ou de l’extase, c’était l’anéantissement de la personnalité. […] Etre convaincu que toute émotion est vaine ou malfaisante, sinon celle qui procède de l’idée de la beauté extérieure ; regarder et traduire de préférence les formes de la Nature inconsciente ou l’aspect matériel des mœurs et des civilisations ; faire parler les passions des hommes d’autrefois en leur prêtant le langage qu’elles ont dû avoir et sans jamais y mettre, comme fait le poète tragique, une part de son cœur, si bien que leurs discours gardent quelque chose de lointain et que le fond nous en reste étranger ; considérer le monde comme un déroulement de tableaux vivants ; se désintéresser de ce qui peut être dessous et en même temps, ironie singulière, s’attacher (toujours par le dehors) aux drames provoqués par les diverses explications de ce « dessous » mystérieux ; n’extraire de la « nuance » des phénomènes que la beauté qui résulte du jeu des forces et de la combinaison des lignes et des couleurs ; planer au-dessus de tout cela comme un dieu à qui cela est égal et qui connaît le néant du monde : savez-vous bien que cela n’est point dépourvu d’intérêt, que l’effort en est sublime, que cet orgueil est bien d’un homme, qu’on le comprend et qu’on s’y associe ?

405. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

La critique, telle que nous la comprenons, est fille du bon sens et du bon goût ; elle s’attache à reconnaître, à découvrir le mérite réel des écrivains, et tout en cherchant à nous garantir d’une vénération aveugle et irréfléchie, elle se complaît à éveiller en nous le sentiment du beau, en nous faisant partager son enthousiasme pour ce qui lui paraît digne d’admiration. […] Lors même que la vie d’un poète n’aurait aucun rapport avec ses œuvres, il me semble qu’une vive curiosité s’attache à tout ce qui porte un caractère de grandeur, une empreinte de gloire. […] Ne semble-t-il pas, à l’indifférence qu’on attache dans le monde à l’étude de cet art, que la nature doive seule faire les frais de son enseignement ? […] Il est rare que, dans le premier âge, on s’attache à lui faire connaître autre chose que la valeur des lettres et les résultats de leurs combinaisons.

406. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

On attachait ces pièces aux pattes de petits oiseaux qu’on faisait voler parmi les dames. […] C’est une destinée bien humble ; aussi ne suis-je pas surpris qu’à l’époque même de la faveur de cette poésie, il se préparât sourdement une réaction qui, au prix de quelques excès, devait protester contre cet affadissement du viril esprit français, ayant perdu sa naïveté dans son commerce avec les raffinements de l’Italie, toujours attaché au présent, et songeant bien plus à acquérir de l’adresse sur un instrument borné et qui manquait d’âme, qu’à en inventer un nouveau. […] L’imagination et le caprice par lesquels nous nous attacherions à ce qui n’aurait été chez eux qu’un tour d’esprit passager, une exagération, une mode, n’ont aucune part dans ce commerce. […] On ne songe pas assez qu’à la fortune de l’écrit est attaché le repos de l’écrivain, et que, dans la carrière des lettres, les revers de réputation sont plus douloureux que dans toute autre.

407. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Le vicaire, un bon prêtre, très attaché à ses devoirs, avait pour le broyeur de lin le respect qu’il devait ; les heures que lui laissaient son bréviaire et les soins de son ministère, il les passait chez ce dernier. […] La femme protestera ; car il y a une chose à laquelle la femme tient encore plus qu’à être aimée, c’est qu’on attache de l’importance à l’amour. […] » Elle restait des après-midi entiers immobile, assise en sa chaise, attachée à cette idée fixe. […] Ce devoir professionnel, auquel il avait tout sacrifié, devenait sans objet, il ne regretta pas de s’être attaché à une idée trop haute du devoir ; il ne songea pas qu’il aurait pu s’enrichir comme les autres ; mais il douta de tout, excepté de Dieu.

408. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Tichatschek étant resté toute sa vie attaché à la scène de Dresde, il n’a pu créer d’opéras de Wagner que Rienzi et Tannhaeuser, mais jusque dans l’âge avancé il est resté le grand artiste et l’admirateur de Wagner qui en 1867 écrivait : « Si de notre temps la nature a pu produire la merveille d’une belle voix mâle, c’est celle du ténor Tichatschek qui depuis quarante ans est toujours également restée forte et bien timbrée. […] Le chemin de cette humanité idéale ne nous est pas montré dans Tristan, mais dans Parsifal : là l’amour n’est plus attaché par les sens aux manifestations de la vie, mais elle devient la compassion agissante pour les souffrances du monde, elle devient la volonté qui renonce à l’égoïsme et à la sensualité, la volonté pour tous, pour l’humanité. […] Fischer, attaché autrefois au théâtre royal de Dresde. […] Privés, au théâtre, de l’intérêt qui s’attache aux grandes œuvres, nous avons suivi avec intérêt les séances intimes où l’on en exécutait des fragments.

409. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 371-373

Il est vrai qu’on n’y trouve rien, ou presque rien de neuf ; mais c’est beaucoup de s’attacher aux vérités connues, de les développer & de les mettre à la portée de tous les Esprits.

410. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 430-432

M. l’Abbé de Gourcy a publié depuis un Essai sur le bonheur, qui mérite d’être lu par les personnes qui désirent de tirer le plus grand parti possible des avantages & des inconvéniens attachés à la vie de ce bas monde.

411. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 366-368

Mais pour cela, outre la souplesse du génie, il faut de la patience : vertu qui manque plus que le génie aux François, & qui manque sur-tout aux Traducteurs ; car tout Ecrivain ne fait effort qu’à proportion de la gloire qu’il se promet de son Ouvrage ; & comme les Traducteurs savent que le préjugé du Public n’attache qu’une gloire médiocre à leur travail, aussi sont-ils sujets à ne faire que des efforts médiocres pour y réussir. » Après avoir condamné la maniere de traduire de Tourreil, on doit rendre justice aux deux Préfaces excellentes qu’il a mises à la tête de sa Traduction.

412. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — I »

Le boudhisme n’a pas reculé devant cette déduction à laquelle s’est également attaché, avec Schopenhauër, tout le pessimisme contemporain.

413. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre premier. Caractères naturels »

Appuyons cette vérité sur des exemples ; faisons des rapprochements qui servent à nous attacher à la religion de nos pères, par les charmes du plus divin de tous les arts.

414. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Madame, dit Saint-Simon, était une princesse de l’ancien temps, attachée à l’honneur, à la vertu, au rang, à la grandeur, inexorable sur les bienséances. […] Tombée au milieu d’une cour brillante et fausse, toute pleine alors de galanterie et de plaisirs qui cachaient bien des rivalités et des ambitions, elle démêla, avec un instinct de bon sens et une certaine fierté de race, à qui elle pouvait s’attacher parmi tout ce monde, et elle s’adressa avec droiture au plus honnête homme encore de tous, c’est-à-dire à Louis XIV lui-même. […] Un goût et, si je puis m’exprimer de la sorte, une sympathie de grandeur attacha Madame à Louis XIV.

415. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

D… doit publier demain. » Puis, quand il inventait, ou du moins quand il composait et combinait réellement un livre avec des éléments ramassés de toutes parts et qu’il s’en pouvait dire très spécieusement l’auteur, alors en revanche, et comme par compensation, M. de Courchamps ne le signait pas, mais il se couvrait d’un autre nom que le sien, d’un nom connu, autorisé, et il s’exposait dès lors à ce qu’on lui démontrât qu’il n’avait pas le droit d’y attacher ce nom-là, et que c’était bien le sien, cette fois, qu’il y aurait dû mettre. […] Or, le fabricateur des mémoires, qui ne le sait pas et qui ne s’en soucie guère, uniquement préoccupé qu’il est de satisfaire ses rancunes et ses aigreurs politiques et de donner cours à toutes les malignités qui, dans un certain coin du grand monde, s’attachaient depuis la Révolution à la personne de Mme de Staël et de ses parents, suppose que sa marquise en est aussi tout imbue ; il lui met sous la plume des pages impossibles de méchanceté et de diffamation. […]  » La consolation véritable de Mme de Créqui eût été dans sa famille, si elle avait pu conserver plus longtemps son oncle le bailli de Froullay, auquel elle fut attachée comme la fille la plus tendre : elle connut avec lui tout ce qu’il y a de pur et de doux dans l’amitié la plus constante, la plus dévouée.

416. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Son accoutrement consistait en un habit brun du matin tout rapé, une paire de vieux souliers en guise de pantoufles, une petite perruque ratatinée au sommet de la tête, avec ses manches de chemise flottantes et ses cordons de culotte mal attachés. […] 5° Dans les premiers jours de son retour d’Angleterre (27 avril 1792), on a vu venir chez elle ses anciennes connaissances, ce qui a duré peu de temps… puis elle a vécu très-retirée avec sa fille (bru), son petit-fils, âgé de huit ans et demi, un instituteur réputé bon citoyen, et une Anglaise qui lui est attachée depuis trente-trois ans, veuve d’un Florentin, qui est en état d’arrestation chez elle, avec un garde, depuis la loi sur les étrangers. […] cette femme si répandue, si fêtée et adorée, cette Idole, pour l’appeler encore une fois par son nom, qui, dans le plus éclairé des siècles, s’était attachée, par les liens durables de l’estime, des princes et des monarques, des philosophes et des lettrés célèbres ; qui faisait les délices ou l’envie du beau monde qui l’entourait ; que l’on cultivait et que l’on courtisai !

417. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Ses manières aimables et engageantes étaient comme un charme qui calmait ou qui suspendait les fureurs des partis contraires, et jamais homme n’a mieux su se faire tout à tous pour les gagner tous : heureux si c’eût été à la religion qu’il eût voulu les attacher plutôt qu’à sa personne ! […] On se déchaînait, en effet, à outrance ; un cerveau brûlé surtout, un prêtre, attacha le grelot. […] Je m’y attachai, d’abord, parce que le roi l’avait ainsi désiré de moi ; après, par un grand fonds de mérite qu’il faisait paraître dans toutes les séances de l’Assemblée avec une si grande distinction, que personne, bien loin de prétendre le pouvoir surpasser, ne pouvait l’égaler.

418. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Il est très-permis alors de pénétrer dans les coulisses de cette scène où l’acteur tout le premier vous a introduit, et de lire, s’il se peut, avec l’impartialité du moraliste, sous le masque, de tout temps très-mal attaché, de celui que la popularité proclama un grand citoyen, et qui fut seulement un esprit supérieur et fin, uni à un caractère faible et à une sensibilité maladive. […] On le voit, dès l’âge de douze ans, dans une lettre pleine de grâce (et à laquelle je n’ai attaché d’ailleurs qu’une importance secondaire, car l’authenticité ne m’en est pas complétement démontrée), on le voit allant dans le monde avec son gouverneur, comme un petit monsieur, l’épée au côté, et déjà très-attentif aux louis d’or qui roulent sur les tables de jeu. […] Je le suis maintenant, je crois, pour tout l’hiver, dans la famille de ma femme , et dans un antique château dominé par les ruines de deux châteaux plus antiques encore, au milieu d’un assez beau pays, chez des gens qui ont beaucoup plus d’affection de famille qu’il n’est de mode chez nous d’en avoir, avec une femme à laquelle je suis chaque jour plus attaché, parce qu’elle est chaque jour meilleure pour moi, et près de la plus belle bibliothèque de l’Europe.

419. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Dans la première position, vous devez mépriser ce que vous êtes ; dans la seconde, vous enorgueillir de ce que vous avez été ; non qu’au fond vous ne sachiez à quoi vous en tenir sur ce frivole avantage, mais pour vous en servir comme d’un bouclier contre le mépris attaché à l’infortune. […] Les femmes tombaient en délire ; M. de Fontanes, attaché alors aux charmes de madame Bacciochi, se conduisit en ami sincère et désintéressé, et présenta Chateaubriand à la future grande-duchesse de Toscane et à Lucien Bonaparte. […] Ces deux caractères semblèrent se reconnaître en se rencontrant ; ces deux cœurs s’attachèrent avec la force d’une révélation.

420. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

De là partiront Malherbe et Balzac pour faire les pas décisifs vers la perfection laborieuse de l’éloquence artistique : là s’attachera aussi le mouvement, en un sens rétrograde, de la littérature aristocratique, romanesque, précieuse, qui écartera pour un temps de l’idéal classique. […] Enfin, ici s’attache le roman. […] Il s’attacha à Henri III, qui le nomma son lecteur et conseiller au Parlement (de Grenoble ; après la mort de Henri III, il se rallia à Henri IV, qui le fit premier aumônier de la reine en 1600, et évêque de Séez en 1607.

421. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Au déclin de la pure religion védique obscurcie par le brahmanisme, l’antique enthousiasme qu’avait inspiré l’avènement du feu s’étant dissipé, une idée de larcin et de sacrilège s’attacha à sa découverte. […] C’est d’elle que sort la race des femmes femelles, le plus cruel fléau qui soit parmi les hommes mortels ; car elles s’attachent non à la pauvreté, mais à la richesse. » — Hésiode est le rural primitif dans toute sa rudesse, l’homme de méfiance et d’épargne, qui voit dans la femme la cause de toute ruine. […] Quelque chose de sacré s’attachait pour eux à cette science.

422. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Ces pensées politiques et autres, par leur caractère de gravité et de vérité, par l’absence de toute déclamation, par la sincérité des aveux et le noble regret des fautes commises, par les sages vues d’avenir qui se mêlent au jugement du présent, font beaucoup d’honneur à Barnave, et ne peuvent que confirmer, en l’épurant, l’impression d’intérêt et d’estime qui demeure attachée à sa mémoire. […] Barnave donne le petit tableau suivant, qui est curieux en ce qu’il offre une sorte de statistique ou d’échelle de la popularité dans cette première période révolutionnaire : Necker est le premier qui, de notre temps, en France, ait joui de ce qu’on appelle popularité. — Elle s’attacha à La Fayette, lors de la création de la Garde nationale. […] Charles Lameth et moi l’avons eue ensuite, un peu diminuée cependant, en ce que La Fayette conservait encore un grand nombre de partisans. — Nous la perdîmes dans l’affaire des Colonies, mais le scélérat qui nous l’enleva (il se montre moins emporté en d’autres endroits contre Brissot) ne put la recueillir, parce que le peuple, tout léger qu’il est, a cependant un tact qui ne peut s’attacher à cette sournoise hypocrisie ; elle est donc allée à Robespierre, mais tellement décrue, qu’on peut dire qu’il n’a peut-être pas recueilli le quart de nos partisans.

423. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

… Plus égal, votre commerce serait trop attachant ; tel qu’il est, il m’attache assez pour me faire plaisir et peine ; plus serait trop. […] Elle attache à cet envoi une importance bien naturelle chez une femme, chez une femme qui aime, qui voudrait être aimée sans qu’on l’ait encore vue ; mais cette importance se trahit aussi par trop de soins. […] Elle aspira à se faire une place et à laisser une empreinte dans son cœur, sans y parvenir ; mais que du moins son nom reste attaché à la renommée de celui qui si souvent la repoussa, et à qui elle se dévoua sans murmure ; qu’il lui soit donné (seule consolation qu’elle eût choisie) de vivre à jamais, comme une suivante, dans sa gloire !

424. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Pour nous, nous n’avons pas à opter : nous avons paru rester très attaché et très fidèle à Mme Du Deffand, nous n’en serons pas moins très attentif aujourd’hui à Mlle de Lespinasse. […] Elle s’était fort attachée à d’Alembert, enfant illégitime comme elle, et qui, comme elle, avait négligé avec fierté de se mettre en quête pour des droits qu’il n’aurait pas dus à la tendresse. […] Mon âme n’avait pas besoin d’aimer ; elle était remplie d’un sentiment tendre, profond, partagé, répondu, mais douloureux cependant ; et c’est ce mouvement qui m’a approchée de vous : vous ne deviez que me plaire, et vous m’avez touchée ; en me consolant, vous m’avez attachée à vous… Elle a beau maudire ce sentiment violent qui s’est mis à la place d’un sentiment plus égal et plus doux, elle a l’âme si prise et si ardente, qu’elle ne peut s’empêcher d’en être transportée comme d’ivresse : « Je vis, j’existe si fort, qu’il y a des moments où je me surprends à aimer à la folie jusqu’à mon malheur. » Tant que M. de Guibert est absent, elle se contient un peu, si on peut appeler cela se contenir.

425. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Après le premier sentiment d’intérêt et d’admiration pour cette jeune, simple et généreuse victime, on sent le besoin, afin même de mieux l’admirer, de se l’expliquer tout entière, de se rendre parfaitement compte et de sa sincérité et des mobiles qui la faisaient agir, du genre de foi qu’elle y attachait ; et la pensée va encore au-delà, elle va jusqu’à s’enquérir de ce qu’il pouvait y avoir de réel dans le fond de son inspiration même. […] Ces Fées auxquelles les juges de Jeanne d’Arc attachaient tant d’importance pour la convaincre de commerce avec les malins esprits, et qu’elle connaissait à peine de nom, expriment pourtant l’idée de mystère et de religion qui régnait en ce lieu, l’atmosphère de respect et de vague crainte qu’on y respirait. […] Aussi presque tous ceux qui lui sont favorables (et tous le sont plus ou moins dans le procès de réhabilitation) s’attachent-ils à croire et à faire croire qu’elle ne s’est jamais donnée que comme destinée à un rôle très particulier, par exemple à faire lever le siège d’Orléans et à conduire le roi à Reims, rien de plus.

426. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

C’est à celui-ci que je m’attacherai aujourd’hui. […] Amyot a rendu des services, 1º un service inappréciable à la langue, en la répandant et en la popularisant dans ses meilleurs tours, dans son économie la plus ample et la plus facile, dans sa diction la plus large et la plus sincère, à l’aide de l’intérêt qui s’attachait aux Vies de Plutarque ; 2º il a rendu un service non moindre à la raison et au bon sens public en faisant circuler Plutarque, et ses trésors de vertu antique et de morale, dans toutes les mains, à l’aide d’une langue si claire, si facile, si diffuse, si courante et si riante. […] Sans prendre à la lettre les imprécations de d’Aubigné sur le roi qui eut le malheur d’attacher son nom à cette nuit funeste, on conviendra qu’il y avait au moins de l’illusion de précepteur et de père nourricier dans Amyot. — Quant au petit roi, il jugeait son bon maître tout en le comblant : on rapporte qu’il le raillait parfois sur son avarice et sa parcimonie, et enfin, lui qui se connaissait en vers et qui en faisait même d’assez bons, il se permettait de trouver durs ceux qu’Amyot mêlait à ses traductions : Amyot, très peu poète en cela, ne l’en trouvait pas moins aimable.

427. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Becquey vint lui proposer de s’attacher au service du roi exilé par quelque correspondance, et M.  […] Il met une grande importance à ce que le pouvoir se tienne en accord avec l’opinion publique ; il insiste « sur la nécessité de la soigner, de faire quelques frais pour se l’attacher ». […] Au reste, dans toutes ces citations, je ne prétends pas endosser les passages que j’emprunte : je m’attache, comme toujours, à faire valoir et à faire connaître l’auteur que j’analyse par ses meilleurs côtés, laissant au lecteur la balance du tout et l’arbitrage.

428. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Aujourd’hui, en m’occupant de la Correspondance de Frédéric selon l’ordre où elle se déroule à nous dans les Œuvres complètes, je m’attacherai surtout à montrer en lui les sentiments du cœur et de l’âme, tels qu’il les avait dans la jeunesse et qu’il les garda jusque sur le trône, au moins tant que ses premiers amis vécurent. […] Et quelque désir que j’eusse d’épargner à Votre Majesté la douleur de cette nouvelle, s’il était possible qu’elle ne lui parvînt jamais, et ne troublât ainsi aucun instant le repos de son grand et sensible cœur, un devoir trop important et trop sacré y est attaché pour que je pusse cependant la lui cacher, Oui, Sire, il n’est que trop certain, après bien des soins inutiles pour prolonger mes jours, je me vois enfin sur le bord de la tombe. […] c’est dans ce moment que je sens toute la force du doux lien qui m’attache au plus aimable, au plus vertueux des mortels que la bonté du ciel m’ait fait rencontrer sur la terre pendant le pèlerinage de mes jours.

429. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Partout où la niaise pudeur des modernes s’attache à cacher les opérations procréatrices, M.  […] Il s’attache à présenter de cruels contrastes où les personnages dignes de bonheur sombrent dans un incident grotesque. […] Et cette lamentable fin encore du ménage artistique, cette noire existence misérable et débraillée dans l’atelier du haut de Montmartre, Claude se brutalisant, s’exaltant et s’affolant à l’impossible labeur de s’extorquer un chef d’œuvre, tandis que Christine s’attache à son amour tari, lutte contre le desséchement de cœur de son mari, finit par l’arracher à l’art auquel il tenait de toutes ses fibres, mais l’abîme et le lue du coup ; toute cette tragédie humaine donnant à toucher de pauvres chairs frissonnantes, à voir des larmes dans des orbites creux, et des mâchoires serrées, et des poings abandonnés, nous a enthousiasmé et ému.

430. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

La noblesse de ce titre, les prérogatives qui lui sont attachées et notre éducation semblent les avoir transformés en patriotes. […] Cette confusion avec la vie du monde donne à notre vie une grandeur, une beauté incomparables… »‌ Ainsi attaché à la splendeur universelle, il défie le destin. « J’ai confiance que quoi qu’il arrive aujourd’hui, demain, dans huit jours, je me suis monté assez haut pour dominer les événements et ne les regarder qu’avec curiosité ». […] Les documents que je possède sur l’élite morale des israélites ne me font connaître que des consciences qui paraissent vidées de leur tradition religieuse… ‌ Là-dessus, un jeune officier israélite, industriel lorrain, qui a été l’objet d’une belle citation à l’ordre de l’armée, m’écrit une lettre intéressante qui commence par ces mots : « Je suis juif, sincèrement croyant et attaché à ma religion… » J’en détache quelques fragments :‌ « Prenons comme exemple, me dit cet officier, un israélite de ce que l’on appelle la bonne bourgeoisie, c’est-à-dire le sous-lieutenant qui vous écrit… J’ai eu une instruction moyenne (études classiques à Carnot, puis commencement de droit).

431. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

On s’empara donc du cerveau, on s’attacha au fait cérébral — dont on ne connaît certes pas la nature, mais dont on sait qu’il doit pouvoir se résoudre finalement en mouvements de molécules et d’atonies, c’est-à-dire en faits d’ordre mécanique — et l’on convint de procéder comme si le cérébral était l’équivalent du mental. […] Ni pour le jugement, ni pour le raisonnement, ni pour aucun autre acte de pensée nous n’avons la moindre raison de les supposer attachés à des mouvements intra-cérébraux dont ils dessineraient la trace. […] Nos corps sont extérieurs les uns aux autres dans l’espace ; et nos consciences, en tant qu’attachées à ces corps, sont séparées par des intervalles.

432. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Le grand Gœthe, le maître de la critique, a établi ce principe souverain qu’il faut surtout s’attacher à l’exécution dans les œuvres de l’artiste, et voir s’il a fait, et comment il a fait, ce qu’il a voulu : « Il en est beaucoup, disait-il, qui se méprennent, en ce qu’ils rapportent la notion du beau à la conception, beaucoup plus qu’à l’exécution des œuvres d’art ; ils doivent ainsi, sans nul doute, se trouver embarrassés quand l’Apollon du Vatican et d’autres figures semblables, déjà belles par elles-mêmes, sont placés sous une même catégorie de beauté avec le Laocoon, avec un faune ou d’autres représentations douloureuses ou ignobles. » Il y a donc, selon lui, une part essentielle de vérité, qui entrait dans les ouvrages des anciens, dans ceux qu’on admire et qu’on invoque le plus, et c’est cette part de vérité, cette nature souvent crue, hideuse ou basse, moins négligée des anciens eux-mêmes qu’on ne l’a dit, qu’il ne faut point interdire aux modernes d’étudier et de reproduire : « Puisse, s’écriait Gœthe, puisse quelqu’un avoir enfin le courage de retirer de la circulation l’idée et même le mot de beauté (il entend la beauté abstraite, une pure idole), auquel, une fois adopté, se rattachent indissolublement toutes ces fausses conceptions, et mettre à sa place, comme c’est justice, la vérité dans son sens général !  […] Quoique je n’aie pas cru devoir parler de Daniel, quoique même, pour être franc, j’aie blâmé l’auteur d’y avoir mis l’épigraphe provoquante qu’il y avait attachée, la moralité des livres d’art étant multiple et devant être laissée au gré du lecteur, j’ai estimé que cette étude de Daniel annonçait et donnait déjà en M. 

433. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Il était tendrement attaché à Mme de Beaumont, l’amie de Chateaubriand ; très lié avec M. de Fontanes, avec tout ce qui entourait l’auteur du Génie du christianisme depuis sa rentrée en France. […] Or, M. de Chateaubriand ayant été envoyé à Rome, en 1803, à titre de secrétaire d’ambassade attaché au cardinal Fesch, il ne sut point s’y conduire d’abord avec la prudence et la circonspection que commandait sa qualité nouvelle ; il entra dans une sorte de lutte avec son ambassadeur ; il vint de celui-ci des plaintes à Paris, lesquelles, exagérées sans doute encore en passant de bouche en bouche et en se redisant à l’oreille, avaient pris créance parmi les amis mêmes ; M. de Fontanes, M. 

434. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Nous tenons donc une œuvre de Fléchier qu’on va lire, lire avec le plaisir qui s’attache aux choses familières et vraies, observées par un esprit délicat et fin, racontées par une plume rare. […] Un intérêt historique plus élevé s’attache à cette peinture fidèle des mœurs d’une province d’alors.

435. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Ce talent individuel, avec son caractère, devient le fait auquel je m’attache à travers la généralité des choses qu’il embrasse, et où certainement il se réfléchit. […] Quel que soit le jugement à porter sur l’ensemble de cette science et sur les hautes prétentions qu’elle élève, elle n’est pas représentée dans l’idée vulgaire qui s’attache au mot d’éclectisme.

436. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

J’appelle superflu ce que vous ne craignez pas de risquer à un jeu qui ne vous divertit plus, mais qui vous attache mais qui vous passionne, mais qui vous dérègle, mais surtout qui vous ruine et qui vous damne : sacrifiez ce jeu et vous aurez du superflu. […] Ces faits enfoncent dans l’esprit de l’auditeur la vérité à laquelle l’orateur s’attache, bien mieux que ne sauraient faire les plus hyperboliques épithètes.

437. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

On conçoit, d’un autre côté, que ces âmes tendres, trouvant dans leur conversion à la secte un moyen de réhabilitation facile, s’attachaient à lui avec passion. […] Un moment, dans cet effort, le plus vigoureux qu’elle ait fait pour s’élever au-dessus de sa planète, l’humanité oublia le poids de plomb qui l’attache à la terre, et les tristesses de la vie d’ici-bas.

438. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

La Muse dramatique, attachée comme une Pythie esclave au trépied du dieu, s’échappe ainsi du sanctuaire et passe du côté de l’humanité. […] Ces compagnons de Bacchus étaient restés attachés au cérémonial de leur dieu.

439. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Tous les spiritualistes sans exception croient à la fois à la nécessité de l’esprit d’examen ; mais il semble que les uns attachent plus d’importance à la doctrine qu’à la liberté, aux conclusions déjà trouvées qu’à la recherche de vérités nouvelles, à la défense qu’à la découverte, à l’intérêt moral et pratique qu’à la pure science et à la libre spéculation, au repos qu’au mouvement, à la tranquillité d’une conviction satisfaite qu’aux ardeurs toujours anxieuses et dangereuses d’une pensée en travail. […] Plus préoccupés des conclusions que de la liberté philosophique, ils attachent peu d’importance à la différence de méthode, et, reconnaissant dans la théologie, sous des formes plus ou moins symboliques, les vérités dont se compose leur credo philosophique, ils sont disposés à une alliance avec les religions positives contre ce qu’ils appellent les mauvaises doctrines.

440. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VIII. Des romans. » pp. 244-264

Ces deux ouvrages sont estimables par la délicatesse des sentimens, par le tour heureux de l’expression, par un mêlange agréable de vérité & de fiction, par l’art d’attacher l’esprit & d’intéresser le cœur. […] Les Mémoires d’un homme de qualité, le Clevetand, l’histoire du Chevalier des Grieux, l’histoire d’une Grecque moderne, le Monde moral, sont remplis de ces situations attendrissantes ou terribles qui frappent & qui attachent le lecteur dans les livres à aventures.

441. (1760) Réflexions sur la poésie

Les sentiments tendres, simples et naturels, faits pour nous intéresser partout où ils se trouvent, n’ont pas besoin, pour augmenter cet intérêt, d’être attachés au nom d’Idylle ; pour remplir et pénétrer l’âme, il leur suffit d’être exprimés tels qu’ils sont ; les prairies et les moutons n’y ajoutent rien. […] Si donc on se refroidit sur les vers à mesure qu’on avance en âge, ce n’est point par mépris pour la poésie, c’est au contraire par l’idée de perfection qu’on y attache.

442. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Resté un enfant dans la vie, comme, du reste, cette promptitude à la colère le prouve bien, car il n’y a d’hommes forts que les sangs-froids ou les sangs-froidis, — à qui le monde appartient, disait Machiavel, — resté un enfant, comme un poète de métaphysique, par l’esprit, et un prêtre par le cœur et les habitudes (les prêtres sont toujours des enfants quand ils sont descendus de l’autel), Lamennais n’avait pas grand goût pour la réalité qui le blessait souvent, qui le faisait bondir de souffrance, cette sauvage hermine de Bretagne, et il s’en détournait, se retirant violemment en lui-même, les yeux retournés en dedans et attachés sur une idée, — une idée qui fut la vérité pendant une moitié de sa vie et une erreur pendant l’autre moitié, — mais qui, dans tous les temps, a suffi aux ardeurs et aux aspirations de cette âme désintéressée ! […] Sous le masque de lave de la plus impétueuse pensée auquel la réflexion ait jamais attaché ses rides et ses ombres, sous la fière moulure du lutteur le plus redoutable qui ait jamais terrassé l’ennemi, ce n’est pas tout que d’avoir trouvé une âme à laquelle nous ne pouvions guères nous attendre.

443. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Justement, les faiseurs et les poursuivants de biographie, tous ces gens qui veulent attacher des notices aux talons des poètes, ces rêveurs qui nous font rêver et qui se révèlent par leurs chants, avaient cru reconnaître les femmes que l’ardent élégiaque a aimées dans ses vers et en avaient écrit les noms. […] Et cependant, pour toute Critique virile, et qui s’attache surtout dans l’appréciation des œuvres fortes à la profondeur de l’accent qui y retentit et qui semble venir de si avant dans l’âme humaine qu’on dirait qu’il en est littéralement arraché, rien de l’exécution la plus savante, la plus pondérée, la plus précise et tout à la fois la plus pittoresque et la plus musicale, ne vaut ce rugissement de l’âme élevée à sa plus haute puissance et qui rencontre un mouvement et une expression en équation avec sa foudroyante énergie !

444. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Leibnitz ne peut sentir de bornes qui le resserrent ; il embrasse tout ce que l’esprit humain peut penser ; mais le plus grand nombre s’empare d’un objet auquel il s’attache, autour duquel il tourne sans cesse. […] À l’égard de sa manière, car il en a une, la finesse et la grâce y dominent, comme on sait, bien plus que la force ; il n’est point éloquent, ne doit et ne veut point l’être, mais il attache et il plaît.

445. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Que de souverains se sont attaché des poètes ! […] On a chanté de plus grands exploits militaires que le passage du Rhin, sans leur attacher une célébrité si durable. […] Ovide, en chantant les métamorphoses, les attacha historiquement d’époque en époque, depuis l’origine des temps jusqu’au sien ; mais il ne forme pas réellement une épopée. […] c’est qu’il faut s’attacher au fonds qui constitue les choses, et qu’un cours de littérature vide de méthode, ne me paraît pas tendre aux progrès de l’art de composer et d’écrire. […] Ces rapides fantômes qui s’entre-détruisent à l’instant, avertissent trop tôt de l’artifice qui les a créés ; c’est le tort du chimérique : dès qu’il cesse d’éblouir, on ne s’attache plus à son erreur.

446. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VI » pp. 22-24

En tête de chaque morceau figure une épigraphe latine, bien attachée comme un beau clou d’or.

447. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 227-229

Nous ne nous sommes étendus sur l’analyse de son Livre des Beaux-Arts réduits à un même principe, que pour faire sentir à la Jeunesse combien il lui est important de s’attacher à de tels Ouvrages.

448. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 252-254

Sa maniere est plutôt d’attacher par les peintures, que par le raisonnement ; & l’on sent que l’élévation & le courage des pensées, la noblesse & l’énergie des expressions, la vigueur & la vérité des tableaux sont très-capables d’y suppléer.

449. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 400-402

Avant de s’attacher au même genre, il eût fallu être doué, comme lui, de ce coup d’œil perçant, qui pénétroit dans les plus profonds replis du cœur, de cette vigoureuse subtilité qui en saisissoit les mouvemens dans leur source, de cette énergie supérieure qui les a si profondément tracés, de ce génie enfin qui ne sauroit être que le résultat de la force des idées, & de la chaleur du sentiment.

450. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 88-90

Sa Traduction de l’Iliade & de l’Odyssée est la meilleure de toutes celles qu’on a faites, & celle qu’on lit avec le plus de plaisir, pourvu qu’on ne s’attache pas à la trop abondante érudition prodiguée dans les notes.

451. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 167-169

Ils y puiseront des idées saines & lumineuses de la vertu & des devoirs qui les attachent nécessairement à l’Etat ».

452. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 378-380

Elles sont trop courtes pour attacher, trop multipliées pour fixer l’attention sur aucun objet.

453. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 42-44

Il embrassa le Catholicisme, auquel il a été attaché toute sa vie.

454. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 260-261

Si, pour seconder sa verve vraiment tragique, il eût eu soin d'étudier plus à fond les regles de la Tragédie, de s'attacher à la vraisemblance, de ne point forcer les caracteres, il se seroit procuré des succès mieux mérités & plus solides.

455. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 346-348

Autant il est sévere à cet égard, autant est-il facile à se laisser entraîner au penchant qui le porte à adoucir, à justifier la conduite des Calvinistes, à faire valoir le mérite de leurs Chefs, & à célébrer les talens de ceux qui étoient attachés à leur Secte.

456. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 409-411

M. de Voltaire & M. d'Alembert qui pensent trop souvent d'après ce Poëte, ont beau dire qu'on doit s'attacher à sa Langue, & renoncer aux Langues mortes, dans lesquelles, selon eux, il est impossible de bien écrire, ils ont oublié, sans doute, que c'est en étudiant la Langue de Virgile, d'Horace, de Cicéron & de Tacite, celle d'Homere, de Sophocle, de Démosthenes, & de Thucydide, qu'on peut se former le goût pour bien écrire dans la sienne.

457. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Pastorales et paysages de Boucher. » pp. 120-121

Il vous attache.

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