Il a de l’artiste, du soldat, de l’homme surtout, et si l’on voulait donner à quelque étranger de distinction, à quelqu’un de nos ennemis réconciliés, la définition vivante de ce qu’est un brillant officier français de notre âge, on n’aurait rien de plus commode et de plus court que de dire : Lisez les lettres du maréchal de Saint-Arnaud.
C’est la même matière religieuse, littéraire, le même fonds d’inspiration mélancolique ; c’est quelque chose d’harmonieux, de lyrique, d’élégiaque. » Retournons donc, s’écrie le jeune auteur, retournons, il en est temps, aux idées religieuses ; les littérateurs et les artistes ne peuvent rien sans elles. » Et ce sont çà et là, en accompagnement de cette croyance, des couleurs de mythologie grecque, des essais de peintures homériques, évandriennes, pastorales ; Antigone, Eurydice, tous ces noms favoris y ont des autels.
. — Étant donnés les hommes qui vivent autour de nous, nous sommes frappés d’une certaine forme générale qui leur est propre ; nous remarquons à un plus haut degré, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, les signes extérieurs de telle qualité ou disposition bienfaisante pour l’individu ou pour l’espèce, agilité, vigueur, santé, finesse ou énergie93 ; nous recueillons par degrés tous ces signes ; nous souhaitons contempler un corps humain en qui les caractères que nous jugeons les plus importants et les plus précieux se manifestent par une empreinte plus universelle et plus forte, et, s’il se trouve un artiste chez qui ce groupe de conditions conçues aboutisse à une image expresse, à une représentation sensible, à une demi-vision intérieure, il prend un bloc de marbre et y taille la forme idéale que la nature n’a pas su nous montrer. — Enfin, étant donnés les divers motifs qui poussent les hommes à vouloir, nous constatons que l’individu agit le plus souvent en vue de son bien personnel, c’est-à-dire par intérêt, souvent en vue du bien d’un autre individu qu’il aime, c’est-à-dire par sympathie, très rarement en vue du bien général, abstraction faite de son intérêt ou de ses sympathies, sans plus d’égard pour lui-même ou pour ses amis que pour tout autre homme, sans autre intention que d’être utile à la communauté présente ou future de tous les êtres sensibles et intelligents.
IX Il faut entrer plus avant dans l’atelier poétique et voir de près l’artiste à l’oeuvre.
» Ces plaisanteries entre le poète et l’empereur rappellent tout à fait celles des Médicis avec les grands poètes ou les grands artistes de leur temps.
Sa vraie mère, Élisa Forster, devenue duchesse douairière de Devonshire, jouissait d’un douaire immense ; sa beauté, dont on voyait les vestiges, se lisait encore dans la délicatesse transparente de ses traits ; son esprit était tourné aux grandes choses, politique, arts, littérature ; sa fortune, toute consacrée aux artistes, lui donnait le rôle d’un Mécène européen à Londres, à Paris, à Rome.
La patience d’un bénédictin, la passion d’un artiste, ont été consacrées par lui à cette étude : il a poursuivi son œuvre à travers tous les dangers et l’a recommencée avec une persévérance sans égale.
Il ne veut voir que les aspects généraux et les lois abstraites de la vie psychologique ; il veut ignorer les profondeurs et les intimités du moi telles qu’elles se révèlent dans les consciences très individualisées, telles que celles des grands méditateurs, des grands poètes, des grands artistes, un Pascal, un Vigny, un Amiel.
* * * — « Malheur aux productions de l’art dont toute la beauté n’est que pour les artistes… » Voilà une des plus grandes sottises qu’on ait pu dire : elle est de d’Alembert.
et quand la contemplation extatique de l’Être des êtres lui fait oublier le monde des temps pour le monde de l’éternité ; enfin quand, dans ses heures de loisir ici-bas, il se détache, sur l’aile de son imagination, du monde réel pour s’égarer dans le monde idéal, comme un vaisseau qui laisse jouer le vent dans sa voilure et qui dérive insensiblement du rivage sur la grande mer ; quand il se donne l’ineffable et dangereuse volupté des songes aux yeux ouverts, ces berceurs de l’homme éveillé, alors les impressions de l’instrument humain sont si fortes, si profondes, si pieuses, si infinies dans leurs vibrations, si rêveuses, si supérieures à ses impressions ordinaires, que l’homme cherche naturellement pour les exprimer un langage plus pénétrant, plus harmonieux, plus sensible, plus imagé, plus crié, plus chanté que sa langue habituelle, et qu’il invente le vers, ce chant de l’âme, comme la musique invente la mélodie, ce chant de l’oreille ; comme la peinture invente la couleur, ce chant des yeux ; comme la sculpture invente les contours, ce chant des formes ; car chaque art chante pour un de nos sens, quand l’enthousiasme, qui n’est que l’émotion à sa suprême puissance, saisit l’artiste.
La maison de Médicis, si souvent confondue avec la maison régnante de France sous les Valois, avait régné au Louvre et aux Tuileries autant qu’à Florence par ses artistes et par ses poètes presque naturalisés français.
Tous les grands artistes de la France, musiciens, décorateurs, peintres, chorégraphes, exécutants, danseurs, danseuses, acteurs et actrices furent invités par le gouvernement à concourir, sous la direction poétique de Talma, à la dignité, à la splendeur, aux délices de cette représentation.
. — Par là s’explique également le nombre et la diversité des branches du Roman de Renart : — sur toute l’étendue du territoire l’épopée animale sert de cadre banal, et pour ainsi dire de « passe-partout » à la satire ; — on s’attache d’ailleurs à imiter plus exactement les mœurs des animaux ; — et de tout cela résulte quelque chose d’analogue à « l’ample comédie » de La Fontaine ; — mais d’un La Fontaine qui ne serait pas artiste ; — ni peut-être poète.
Il existe de ces lettres de Rousseau à Mme de Verdelin un bien plus grand nombre qu’on ne le croirait d’abord, à ne consulter que la Correspondance publiée dans le recueil des Œuvres : au lieu de six lettres qu’on y trouve en tout, on en a une soixantaine qui ont été publiées dans le journal l’Artiste pendant tout le cours de l’année 1840.
« Rentre en toi-même, a dit un philosophe318, et si tu n’y trouves pas encore la beauté, fais comme l’artiste qui retranche, enlève, polit, épure sans relâche, jusqu’à ce qu’il orne sa statue de tous les dons de la beauté.
On en trouve plusieurs exemples dans la vie de Balzac, de Gérard de Nerval, d’Edgar Poe et d’autres grands artistes.
Les uns ne sont que des artistes, les autres sont des hommes.
Cette race toscane ou étrusque, la plus forte, la plus éloquente, la plus lettrée, la plus artiste, la plus politique de toutes les races, la race de Machiavel, de Michel-Ange, de Dante, de Pétrarque, de Léon X, de Mirabeau, de Napoléon, cette race aussi active mais plus réfléchie qu’Athènes, transporta la Grèce en Étrurie.
Mais le peuple romain, comme le peuple grec, accoutumé, par la fréquentation du forum, à juger ses orateurs en artiste, appréciait dans César, dans Hortensius, cette exténuation du corps qui attestait l’étude, la passion, les veilles, la consomption de l’âme.
Plus tard, auprès d’un des rois de la poésie, la princesse Louise retrouvera sa royauté perdue ; elle aura une cour d’écrivains et d’artistes, elle distribuera des grâces, et le chantre des Méditations, jeune, inconnu, d’une voix timide, ira lire et faire consacrer ses premiers vers dans le royal salon de la comtesse d’Albany.
On sait avec quelle ivresse Alfieri parle de cette période dans l’histoire de sa vie ; on se rappelle sa douleur quand la comtesse, encore soigneuse de sa renommée, revient passer l’hiver dans les États du pape, s’établit à Bologne, et oblige son compagnon à choisir une autre résidence ; on se rappelle aussi ses transports au moment où le mois d’août, trois ans de suite, le ramène à Colmar ; on se rappelle ces explosions d’enthousiasme, ce réveil d’activité poétique, cette soif de gloire qui le tourmente, sa joie de faire imprimer ses œuvres à Kehl dans l’admirable imprimerie de Beaumarchais ; puis ses deux voyages à Paris, son installation avec la comtesse dans une maison solitaire, tout près de la campagne, à l’extrémité de la rue du Montparnasse, et tous les soucis que lui donne la publication de ses œuvres complètes chez Didot l’aîné, « artiste passionné pour son art. » Tous ces détails sont racontés dans l’autobiographie du poète, nous n’avons pas à y revenir ici ; mais ce qu’Alfieri ne pouvait pas dire, et ce qui est pourtant un épisode essentiel de cette histoire, ce sont les dernières années de Charles-Édouard, ces années d’abandon et de malheur pendant lesquelles le triste vieillard, si longtemps dégradé, se relève enfin, et retrouve à sa dernière heure une certaine dignité vraiment noble et touchante. » III L’infortuné Charles-Édouard éprouva avant de mourir une consolation inattendue.
… « Encore merci de ta lettre, et pardonne au pauvre artiste le découragement qui l’a rendue nécessaire.
Il était de notre pays, où, soit attachement médiocre pour le vrai, soit plutôt passion d’un peuple artiste pour la forme, on considère le style à part des idées, et l’on enseigne officiellement dans les écoles la dangereuse distinction de la forme et du fond.
Il se fait à notre insu, entre la prose de l’écrivain et les chants des deux artistes, une confusion de souvenirs qui profite à l’écrivain.
Les artistes le sculptaient en bas-relief sur des pierres arrachés aux ruines de la Bastille.
Tout un monde d’art et de matières précieuses était là : statues et vases, trépieds d’or et d’argent, de marbre et de bronze ; les ex-voto d’un peuple d’artistes s’y étaient accumulés depuis de longs siècles.
12 janvier La folie de l’artiste, de l’écrivain, — voyez Meryon, Baudelaire, — les surfait, une fois morts ; elle fait monter leurs œuvres, ainsi que la guillotine fait monter l’écriture des guillotinés, dans les catalogues d’autographes… Mercredi 13 janvier La princesse après dîner a encore sur Sainte-Beuve un jaillissement : « J’étouffais, je suis sortie de chez lui, de peur de pleurer… Mais savez-vous ce qu’il m’a dit : que rien ne le forçait de donner sa démission au Sénat, et du reste que ça lui était bien égal… et que d’ailleurs son intention était bien de ne jamais servir le prince Impérial. » Puis tout à coup elle jette cette phrase : « Voyez-vous entre une femme comme moi, et un homme incomplet comme lui, il ne peut jamais exister de véritable amitié. » Mot profond qui peint l’incompatibilité des deux natures de la princesse et de l’écrivain.
Ce n’est pas l’homme en moi qui parle de lui, c’est l’artiste.
Allez-y, etc…………………………………… ………………………………………………… Ces vers que je relis aujourd’hui avec plus de satisfaction d’artiste qu’aucun des vers politiques que j’aie écrits, pâlirent complètement devant le petit verre et le petit vin blanc des strophes de Musset.
Ce style me rappelle à chaque instant ce buste inachevé de Brutus, par Michel-Ange, compatriote du Dante, dans la galerie de Florence, bloc de marbre dont le ciseau effréné de l’artiste, en emportant à grandes déchirures le marbre, a fait un chef-d’œuvre, mais n’a pu faire un visage.
On voit accourir de savants artistes avec des sonates merveilleuses, des vagabonds troubadours qui ne savent chanter que des ballades à refrain, des pèlerins qui répètent mille fois les couplets de leurs longs cantiques.
Artiste avant d’être poète, et poète avant d’être auteur dramatique, il songeait moins, en le traitant, à son sujet qu’à lui-même ; et son ambition n’était pas de faire vivre ses personnages : il ne travaillait qu’à se ménager, en quelque sorte, une réputation dans la leur, et comme qui dirait à charger Jules César de transmettre à la postérité le nom de Jacques Grévin. […] Pour ne pas découvrir, jusque dans les matières les plus graves, un peu de ridicule, n’était-il pas d’ailleurs un observateur trop attentif ; un artiste aussi trop complaisant à lui-même pour ne pas s’en amuser ?
La fille Elisa, son velours noir autour du cou, ses cheveux en casque, c’était, déjà, de l’écriture artiste. Ecriture artiste, excuse à l’analphabétisme foncier, indécrottable de tous ces promeneurs si bien portants, vêtus, nourris, venus en caravanes, se réjouir des ruelles croupissantes et des haillons de leurs habitants.
D’un artiste religieux, sévère, remarquable entre tous, sinon par l’harmonie et la grandeur, du moins par la précision et la naïveté des contours, il fait un rêveur demi-mystique, demi-panthéiste.
En général, nous avons déployé dans notre marine notre véritable caractère : nous y paraissons comme guerriers et comme artistes.
Horace, en effet, selon Leopardi et selon quelques autres, aurait été en son temps un grand novateur, un artiste aussi habile que peu timoré en fait de langage ; il s’était de plus montré sévère ou dédaigneux pour ses prédécesseurs, pour Plaute, pour Catulle, et dans cette réaction archaïque un peu tardive, dont Fronton était l’un des chefs, on le lui faisait payer136.
Ce ne sont, pour ainsi dire, que de brillants artistes d’eux-mêmes214.
— Les artistes le mettent en lumière comme une précieuse médaille, et se plongent dans ses dogmes comme dans une source épique de poésie ; mais combien y en a-t-il qui se mettent à genoux dans l’église qu’ils décorent ?
« “La brièveté expressive et un peu sèche du poète florentin, comparée à l’abondance élégante de Virgile, montre bien la différence du style de ces deux grands artistes peignant le même objet.
X Cette femme si jeune, si belle et si touchante alors au milieu de son ménage et de ses enfants, n’était pas cependant très érudite ; elle n’était pas douée d’une de ces imaginations transcendantes qui colorent de tant d’éclat, et souvent de tant d’éblouissements, la vie, les idées ou les passions des femmes artistes ; elle n’avait de transcendant que la sensibilité ; toute sa poésie était dans son cœur : c’est là en effet que doit être toute celle des femmes.
Les gens de lettres, les théologiens, les artistes, les juristes et les médecins apportèrent le concours de leurs lumières.
Étudiez l’histoire des grandes nations modernes : vous y trouverez nombre de grands savants, de grands artistes, de grands soldats, de grands spécialistes en toute matière, — mais combien de grands hommes d’État ?
L’artiste ne doit pas avoir son secret ; il ne devient philosophe qu’en cessant d’être artiste. […] Il s’adressait à l’industriel, au légiste, à l’artiste, au ministre du culte, surtout aux beaux esprits et aux savants du temps qu’on appelait les sophistes, et il leur demandait compte de leurs pensées. […] Mais les grands hommes ne sont pas seulement des artistes, ou des philosophes, ou des législateurs, ou des pontifes ; ils sont aussi, comme nous l’avons vu la dernière fois, des guerriers. […] Voyez les noms qu’ont laissés dans l’histoire les grands artistes, les grands législateurs, les grands politiques ; ils ont su si bien satisfaire et réaliser dans leurs œuvres les idées de leur peuple et de leur temps, qu’ils ont souvent donné leur nom à leur siècle, preuve assurée de l’harmonie de leur siècle avec eux et de leur puissance sur leur siècle.
Dieu est éliminé du monde, en tant, du moins, qu’on le considère comme un artiste produisant par des actes distincts tous les détails de son œuvre. […] Ainsi, loin que chez Aristote la nature soit l’opposé de l’art, comme le veut le naturalisme contemporain, la nature et l’art ne font qu’un dans le fond des choses ; la nature artiste tend à réaliser un idéal qui est la cité, et les formes que revêt effectivement la société humaine sont le résultat de cette tendance, plus ou moins satisfaite ou contrariée.
qu’il est artiste seulement à la manière des professeurs d’esthétique, qui n’est pas la bonne : il profite et s’instruit. […] Deux fois une Corinne traversa ses possibilités conjugales, avec la belle jeune fille artiste qui en fut quitte pour un sonnet, et avec une Muse du nord, Frederika Bremer.
Le faire dans l’artiste est inséparable du concevoir.
Un caractère de femme, un portrait de femme, une statue de femme, voilà l’écueil ou le triomphe du poète et de l’artiste.
Une statue qui rappelle la beauté noble et naïve de la statuaire grecque donne à l’artiste qui la crée le premier rang dans les arts.
Là, il nous montre les dons des artistes à sa critique, — pauvres dons qui attestent toute l’avarice et la lésinerie de ce monde de l’art envers un homme qui, pour un si grand nombre, a bâti des piédestaux en feuilletons, et a mis de la gloire autour de leurs noms inconnus avec le patronage de ses belles phrases et de ses descriptions si colorées.
Rien n’est méprisable pour l’artiste, soit : mais il y a des choses qui sont vaines et futiles ; en tout cas, il ne faut point être dupe de son sujet, et il faut connaître les endroits où il sonne creux.
Bref, nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l’expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu’on trouve parfois entre l’œuvre et l’artiste.
Elle permet d’appeler à Bryn Mawr, chaque année, un savant, ou un artiste, ou un critique, ou un professeur, qui peut venir de quelque endroit que ce soit de l’Amérique, ou du globe. […] Fusil, « Lucrèce et les littérateurs, poètes et artistes du dix-huitième siècle », Revue d’histoire littéraire, avril-juin 1930.
Négociants, industriels, boursiers, médecins, artistes, — « travailleurs de la fête » (ceux qui ne font que cela) et « fêtards du travail » (ceux qui piochent le jour pour faire la fête le soir et la nuit), — se ruent au plaisir avec une furie mécanique. […] D’une main, l’artiste presse les touches et, de l’autre, il tourne, à l’extrémité la plus effilée de la machine, une petite manivelle… La vielle obéit comme une esclave à M.
Ces vers ne devraient-ils pas être gravés en traits de flamme dans le cœur de tous les auteurs, de tous les artistes et de tous les Mécènes ?