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663. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Fils orphelin de l’ancien ami du prince, du premier gentilhomme de sa chambre, il était comme adopté par lui et sur un pied de familiarité, de camaraderie même, qui, à ce degré et avec la disproportion des âges, ne laisse pas de surprendre. […] C’est presque une profanation, à côté de cette Mlle Leduc, même épousée et devenue comme dans une mascarade marquise de Tourvoie, de nommer la comtesse de Bouflers qui présidait avec tant d’intelligence et de goût au salon de l’Isle-Adam, cette généreuse amie de Hume, de Rousseau et de Gustave III, esprit supérieur malgré de légers travers, et dont quelques pages, aujourd’hui retrouvées, sont dignes de l’histoire41. […] Enfin, lorsque sous le Consulat la bonne société eut sa renaissance et que l’épouse du premier Consul, Joséphine, renouant la chaîne des traditions polies, eut l’idée de rallier les élégants débris de l’ancien monde, à qui donc songea-t-elle d’abord à s’adresser si ce n’est à Mme de Montesson elle-même qui vivait encore, et qui avait su conserver ou reformer après la Révolution son cercle distingué d’amis ? […] Elle ne lui prêta aucun secours pour les relations qu’une femme distinguée est habile à nouer autour d’un personnage isolé par l’étiquette et défendu par son rang : elle ne lui fit pas d’illustres amis. […] Cela fait, il s’empressa de quitter ce point éloigné de l’action sans veiller à l’exécution ultérieure d’une Convention ainsi bâclée, et il se rapprocha des opérations du centre, « courant, comme on dit, deux lièvres à la fois et devant les manquer tous deux. » C’est alors que M. de Soubise, que ses amis de cour avaient porté à la tête d’un corps particulier d’armée, et que le maréchal de Richelieu avait dû renforcer d’un détachement de vingt mille hommes, essuya la fatale déroute de Rosbach.

664. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Brizeux, dès les années qui suivirent la publication de Marie, visita beaucoup ce pays de force et de grâce, comme il l’appelle ; il le visita d’abord en compagnie de son ami M. […] Mon Sonneur les sait mieux que matines et laudes ; Pour lannic le chanteur, ce malin Trégorrois, Il t’a dû bien des crêpes chaudes, Bien du cidre nouveau pour rafraîchir sa voix. » Voilà ce qu’on m’écrit, et j’ai tressailli d’aise : A moi le bruit, à vous le cidre jusqu’au bord ; Sur un seul point, ne vous déplaise, Beau chanteur, mon ami, nous serons peu d’accord. […] De grand cœur, ami, je vous le donne ; Mais gardez, en l’offrant, d’y jeter votre sel ; Assez pour la table bretonne Mêlent au pur froment un levain criminel. […] Le juge peut m’entendre : Ami, le savez-vous ? […] Il a dit lui-même, dans sa pièce à la Mémoire de George Farcy : Un soir, en nous parlant de Naples et de ses grèves, Beaux pays enchantés où se plaisaient tes rêves, Ta bouche eut un instant la douceur de Platon : Tes amis souriaient, lorsque, changeant de ton, Tu devins brusque et sombre, et te mordis la lèvre, Fantasque, impatient, rétif comme la chèvre !

665. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 437-438

Sans la réunion de ses Ouvrages à ceux de son Ami intime, l’Abbé Brueys, sa réputation seroit certainement très-foible aujourd’hui. […] L’Abbé Brueys ne se soucioit point de paroître Auteur des Comédies qu’il avoit faites, & refusoit de les retoucher, quand on y exigeoit des changemens ; son Ami alors y mettoit quelquefois des Préfaces ou des Prologues, & l’on a conclu de là mal-à-propos, qu’il avoit part au fond de l’Ouvrage.

666. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Belle » p. 127

Le comte de Creutz, notre ami, se met tous les matins à genoux devant l’ Adonis de Taraval, et Denis Diderot, votre ami, devant une Cléopâtre de Madame Therbouche.

667. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Cette lutte du Calvaire et de la Grèce, que l’heureux Fénelon ne soupçonnait pas, qui, d’abord confuse, égara René jusque dans les savanes, qu’il nous a bientôt rendue si distincte et si vivante sous les traits d’Eudore et de Cymodocée, elle n’a pas cessé avec les ans, il la porte en lui éternelle ; toujours, si austère que soit le sentier, si droite que semble la voie vers Jérusalem, il a des retours soudains vers Argos ; toujours, jusque dans le pèlerin du désert, on retrouve, aux accents les plus émus, l’ami de jeunesse d’Augustin et de Jérôme.  […] Sinon en politique, du moins en dissipations contradictoires, il semblait serrer de près la trace de Retz, son aîné de douze ans, et il fut aussi à sa manière un des roués de cette première régence, ne bougeant, dit Saint-Simon, de l’hôtel de Montbazon, ami de tous les personnages de la Fronde, et faisant volontiers de très-grandes parties de chasse avec M. de Beaufort, le chef des importants. […] Avant le moment de sa conversion, Rancé fut député du second ordre à l’Assemblée générale du Clergé qui se tint dans les années 1655-1657 ; il y eut un rôle assez actif et même d’opposition à la Cour, au moins en ce qui concernait les intérêts du cardinal de Retz, son ami, qu’on voulait déposséder. […] Il se conduisait en ces affaires, même ecclésiastiques, à la manière d’un galant homme du monde qui se fait honneur d’être fidèle à ses amis dans la disgrâce. […] Les pieux biographes de Rancé sont extrêmement sobres de détails à cet endroit ; tout au plus s’ils se hasardent à dire à mots couverts que tantôt une cause ou une autre, tantôt la mort de quelques personnes de considération du nombre de ses meilleurs amis, le frappaient et le rappelaient à Dieu ; mais ils se plaisent à raconter au long, d’après lui, la simple aventure suivante, comme un des moyens dont Dieu se servait pour l’attirer doucement : « Il m’arriva un jour (c’est Rancé qui parle) de joindre un berger qui conduisoit son troupeau dans la campagne, et par un temps qui l’avoit obligé de se retirer à l’abri d’un grand arbre pour se mettre à couvert de la pluie et de l’orage.

668. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

J’ai toujours gardé à M. de Valincour la même rancune que lui témoigne l’honnête Louis Racine pour n’avoir pas laissé quelques pages de renseignements biographiques et littéraires sur ses illustres amis, les poëtes. […] ma chère amie, que nous entendons l’amour différemment ! […] Employez bien ce qui vous en reste, ma chère amie. […] Lucien Bonaparte (car c’était lui) accueillit en ami des lettres le jeune poëte, écouta ses projets, lui recommanda la correction, lui déconseilla Clovis comme barbare ; il eût préféré César. […] Bras, tête et cœur, tout était peuple en lui, a-t-il dit de son ami.

669. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

1837 Un ami qui habite le voisinage des montagnes, et à qui je demandais si la vue n’en était pas monotone à la longue, me répondait : « Non, elles ne le sont pas : elles ont, à leur manière, la diversité continuelle de l’Océan, et sans parler des couleurs changeantes, des reflets selon les heures et les saisons, et à n’y voir que les contours et les lignes, elles sont inépuisables à contempler. […] Il fut, avec son ami M. […] Non plus seulement comme littérateur, mais aussi comme figure évangélique et ami de Fénelon, on me permettra encore de le trouver comparable, par son mélange de dialectique et d’onction, par sa vivacité dans la douceur, par sa modestie et sa délicatesse promptes à se dérober, par sa fuite de l’éclat, de l’effet et peut-être aussi de l’occasion, par sa santé même, à un homme si aimé et si goûté de ceux qui l’ont approché, à un écrivain plus distingué que proclamé, à notre abbé Gerbet. […] Voici une pièce inédite adressée par lui à une personne amie : il était alors en Allemagne, où il mourut. […] Voici pour mes amis du canton de Vaud et pour les bibliographes français une liste, que je crois complète, des écrits de M.

670. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Ceux qui détestent les principes de la constitution de France, qui se montrent les ennemis de toute idée libérale, et font un crime d’aimer jusqu’à la pensée d’une république, comme si les scélérats qui ont souillé la France pouvaient déshonorer le culte des Catons, des Brutus et des Sidney : ces hommes intolérants et fanatiques ne persuadent point par leurs véhémentes déclamations les étrangers philosophes ; mais que l’Europe écoute les amis de la liberté, les amis de la République Française, qui se sont hâtés de l’adopter, dès qu’on l’a pu sans crime, dès qu’il n’en coûtait pas du sang pour la désirer. […] Rien n’est plus contraire, il est vrai, aux premiers mouvements de la jeunesse, que l’idée de se rendre indépendant des affections des autres ; on veut d’abord consacrer sa vie à être aimé de ses amis, à captiver la faveur publique. […] On se confie d’autant plus à leur durée que l’on est soi-même plus incapable d’ingratitude ; on se sait des droits à la reconnaissance, on croit à l’amitié ainsi fondée plus qu’à aucun autre lien de la terre, tout est moyen, elle seule est le but ; l’on veut aussi de l’estime publique, mais il semble que vos amis vous en sont les garants, on n’a rien fait que pour eux, ils le savent, ils le diront ; comment la vérité, et la vérité du sentiment ne persuaderait-elle pas ? […] La perte des affections les plus chères n’empêche pas de sentir jusqu’au plus faible tort de l’ami qu’on aimait le moins. […] Leurs adversaires peuvent sans doute éprouver la juste horreur du crime, mais comme ces crimes mêmes servent d’argument à leur système, ils ne leur font pas ressentir, comme aux amis de la liberté, tous les genres de douleur à la fois.

671. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Et on le voit, on l’entend : il se conjouit dans sa barbe, il vous appelle « mon ami », il va vous taper sur le ventre. […] oui, mon ami, je suis comme cela. […] Vous êtes des idiots, mes amis. […] — Mon ami, répondrait sans doute M.  […] Ils ont beaucoup pardonné à l’Ami Fritz en faveur de certains détails.

672. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Le poète Racan était ami de son père et avait fait pour lui une de ses plus belles odes, dans laquelle il l’exhortait à la retraite : Bussy, notre printemps s’en va presque expiré ; Il est temps de jouir du repos assuré           Où l’âge nous convie : Fuyons donc ces grandeurs qu’insensés nous suivons, Et, sans penser plus loin, jouissons de la vie           Tandis que nous l’avons. […] Il avait le génie admirable, et particulièrement pour la guerre : le jour du combat, il était fort doux à ses amis, fier aux ennemis ; il avait une netteté d’esprit, une force de jugement et une facilité sans égale. […] Il avait de la bonté et de la tendresse pour ses amis, et, comme il était persuadé que je l’aimais fort, il m’honorait d’une affection très particulière. […] La correspondance que Bussy entretint pendant son long exil avec un nombre assez considérable d’amis, hommes et femmes, restés pour lui attentionnés et fidèles, a du prix pour l’histoire du temps, et il ne lui manque, pour être tout à fait intéressante, que de trouver un éditeur, un Walckenaer ou un Monmerqué qui en répare le texte, y restitue, s’il est possible, bien des noms propres marqués par de simples et impatientantes étoiles, et qui donne des éclaircissements sur les personnages. […] Le premier soin de Bussy, une fois retiré dans sa Bourgogne, c’est de persuader à ses amis de Paris qu’il ne souffre pas trop de son malheur ; il tâche de croire qu’il ne s’ennuie pas et de le faire croire à tout le monde : Je suis ici très commodément, écrit-il de son château de Bussy (19 janvier 1667) ; j’y fais bonne chère ; j’embellis tous les jours une belle maison.

673. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Il a enveloppé son récit dans le tableau de la société des quatre amis. Les quatre amis sont : Ariste, Gélaste, Acante et Polyphile. […] Il joue un personnage de bouffon dans ce poème, et Molière n’a jamais eu, aux yeux de n’importe lequel de ses trois amis, le caractère d’un bouffon. […] Vous savez comment les quatre amis sont entrés dans le poème de Psyché. […] Non seulement dans Silvia, où lavant-propos s’imposait puisque c’est un conte qu’il fait pour une de ses amies, mais dans Simone, qui n’est dédiée à personne et où Musset s’adresse au public, il met, de même, un avant-récit.

674. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Je vais me battre, faire la guerre, la vraie guerre, la guerre sainte, qui a déjà eu depuis dix-sept mois tant de victimes, mes amis, mes camarades, mes compatriotes… Quel que soit le destin qui m’attende, je ne veux pas m’arrêter à interroger l’avenir. […] Si vous saviez comme les bois sont les amis des soldats. […] Mais je pensais : « Que peut-il m’advenir de mal de cette nature qui m’est si amie ?… » Une autre nuit, dans un vallon perdu, j’ai entendu un rossignol chanter si merveilleusement que sa voix nous a fait taire longtemps… La nature me console ; elle est mon amie, je suis dans son intimité ; j’ai épié tous les moments de la nuit et du jour. […] Le commandant observa que ce n’était pas le moment et qu’il ferait mieux de prendre ses dispositions. « Mon commandant, répondît l’autre, cela ne m’empêche pas de prendre mes dispositions et de me battre, et je me sens plus fort. » Alors, j’ai dit : « Mon capitaine, je fais comme vous, et moi aussi je m’en trouve bien. » (Lettres d’André Cornet-Auquier, distribuées à ses amis.)‌

675. (1763) Salon de 1763 « Conclusion » p. 255

Conclusion Voilà, mon ami, tout ce que j’ai vu au Salon. […] Et surtout, souvenez-vous que c’est pour mon ami, et non pour le public que j’écris.

676. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Des amis du prince de Ligne « partaient de Bruxelles après leur déjeuner, arrivaient à l’Opéra de Paris tout juste pour voir lever la toile, et, le spectacle fini, retournaient aussitôt à Bruxelles, courant toute la nuit »  De ce bonheur tant recherché, nous n’avons plus que des copies informes, et nous en sommes réduits à le reconstruire par raisonnement. […] madame, répondit le duc de Nivernais, quand le roi a dit cela, il vous regardait ». — « Mon cher Fontenelle », lui disait une de ses amies en lui mettant la main sur le cœur, « c’est aussi de la cervelle que vous ayez là. » Fontenelle souriait et ne disait pas non : voilà comment, même à un académicien, on faisait avaler ses vérités, une goutte d’acide dans un bonbon, le tout si bien fondu que la saveur piquante ne faisait que relever la saveur sucrée. […] Mais elles aiment mieux l’appartement que le grand air ; en ce temps-là le vrai soleil, c’est la clarté des bougies, et le plus beau ciel est un plafond peint ; y en a-t-il un moins sujet aux intempéries, plus commode pour causer, badiner   On cause donc et l’on badine, en paroles avec les amis présents, par lettres avec les amis absents. […] Les femmes avaient de l’importance, même aux yeux de la vieillesse et du clergé ; elles étaient familiarisées d’une manière étonnante avec la marche des affaires ; elles savaient par cœur le caractère et les habitudes des ministres et des amis du roi. […] Cette mode ne cesse qu’en 1783. — E. et J. de Goncourt, la Femme au dix-huitième siècle, 415. — Les petits Parrains, estampe par Moreau. — Berquin, l’Ami des enfants, passim. — Mme de Genlis, Théâtre d’éducation, passim.

677. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Mon ami T.  […] Je me rappelle qu’une fois en Virginie, je voyageai avec un ami qui m’engagea à me détourner un peu de notre route pour visiter le fameux pont, ouvrage de la nature, que l’on remarque dans cet État. […] Mon ami resta stupéfait : « Comment avez-vous pu le savoir ? […] Ses amis de la plantation s’y prirent de manière à lui procurer quelques munitions, et dans les jours sombres et humides il s’aventura d’abord à chasser autour de son camp. […] Immédiatement, je formai le projet d’examiner l’intérieur de cet arbre qui, comme me l’avait dit mon ami le major Groghan, était bien le plus remarquable que j’eusse jamais vu.

678. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Que ces anciens amis me le pardonnent : en bonne amitié, on est obligé d’avoir tous les jours le même cœur que ses amis ; mais on n’est pas tenu d’avoir toutes les nuits le même rêve. […] Pelletan et ses amis le confessent. […] J’avais lu aussi ses mémoires, qui venaient d’être publiés par la comtesse d’Albany, peu de temps après la mort de son ami. […] J’avais à la main la lettre d’introduction qui m’avait été donnée par un gentilhomme notre voisin, ami de mon père. […] Elle m’y parlait de son ami M. de Santilly, de qui elle serait heureuse d’avoir des nouvelles, et elle m’invitait à dîner pour le jour suivant.

679. (1874) Premiers lundis. Tome II « X. Marmier. Esquisses poétiques »

Comme tous les élégiaques du temps, il est placé au point de vue purement individuel : ce sont des souvenirs d’enfance, des regrets du premier amour, des plaintes sans amertume sur une condition obscure et gênée, des vers harmonieux aux châteaux, aux bois, aux amis qu’il aime ; des vœux de loisir et de rêverie, des confidences de ses goûts qui révèlent une nature aimante et mélancolique. […] « Marmier a toujours été un ami sûr » ; et il ajoutait en souriant.

680. (1802) Études sur Molière pp. -355

L’ouvrage fut généralement désapprouvé ; les premiers succès de l’auteur, rendaient ses juges difficiles ; d’ailleurs les comédiens des cinq troupes, qui rivalisaient alors avec la sienne, ne cherchaient pas à lui faire des amis. […] Ses amis prévoyaient, depuis longtemps, qu’il perdrait enfin patience. […] Tout nous prouve que Molière voulait parler du Tartuffe lorsqu’il dit à ses amis enchantés du Misanthrope : « Vous verrez bien autre chose !  […] Mignard laissa à la postérité le portrait de son ami, et Molière, dans son poème du Val-de-Grâce, rendit, comme l’Arioste à Titien, l’immortalité qu’il venait d’en recevoir ». […] Il saisit aussi cette occasion, pour l’exhorter à ne pas imiter Chapelle, même en ce qui le faisait désirer dans le monde, la malheureuse facilité de dire des bons mots, et de leur sacrifier ses meilleurs amis.

681. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

— D’ami ? […] Mille souhaits de bonheur, Pedro. — Merci, ami Alphonso. […] L’auteur de Severo Torelli n’est pas seulement un grand poète, il est l’ami de tout le monde — ce qui est déplaisant pour les vrais amis de son talent. […] … Et sa soif, mes amis, on ne l’a pas encore étanchée. […] belle amie, je t’aime !

682. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Car nous fûmes son ami et le restons de loin. […] Je voudrais pouvoir me bien souvenir de tous les détails qu’il donnait aux amis sur la vie et les habitudes du grand homme. […] Huysmans un paragraphe d’approbation qui vaut des volumes de la part de ce très compétent mais si sévère ami du Beau intelligent. […] J’aurais bien des objections sur le vers libre, par exemple, et sur la libre versification aussi, que préconisent et pratiquent ces amis plus récents de moi. […] Il est certes bon d’être de ses amis.

683. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Tout poëte-amant dit plus ou moins à son amie :   Aimons-nous, ô ma Bien-aimée, Et rions des soucis qui bercent les mortels ! […] Jocelyn, sans être prêtre, était déjà près de l’autel ; il ne pourrait désirer sans honte une Éve inconnue ; il s’est enfui un jour, tout effrayé de lui-même, pour avoir trop complaisamment regardé, à travers les châtaigniers, l’adorable sourire satisfait d’un jeune pâtre et de sa compagne ; mais il voudrait un cœur d’ami, un compagnon du moins de son exil et de cette félicité que ne troublent que par instants les orages et les crimes d’en bas. […] Au premier printemps, Laurence est devenu plus beau, il étonne, il éblouit son ami ; il éclaire la grotte d’alentour ; c’est bien pour le jeune lévite, en effet, comme l’ange des proses d’Alléluia : In albis sedens Angelus. […] Qui ne s’y coucherait, délassé, se berçant Aux propos entre amis, ou seul, au cri sauvage  Du faucon, près de là perdu dans le nuage, — Nuage du matin, et qui bientôt descend ? […] mais les propos entre amis doivent eux-mêmes prendre fin, si doux qu’ils soient.

684. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

C’était aussi la manière dont Joinville et ses amis recevaient ces fusées effrayantes. […] Et notez que, tout à côté de saint Louis et ce jour-là même, l’autre chevalerie, chrétienne encore, mais déjà mondaine et profane, existe, et qu’elle a son expression jusque dans Joinville, dans le fidèle ami du roi. […] Les autres, qui n’avaient pas eu le courage de donner cet avis, n’osèrent toutefois le contredire : « Il n’y avait là personne qui n’eût de ses proches amis en prison ; par quoi nul ne me reprit, dit Joinville, mais se prirent tous à pleurer. » Il se livrait donc en leur cœur une sorte de lutte entre le violent désir qu’ils avaient de rentrer en France, et le sentiment de compassion et de justice qui leur disait qu’il n’était pas bien d’abandonner des frères et des compagnons malheureux. […] Pendant que le roi disait ses grâces, Joinville, tout pensif, s’en alla donc à une fenêtre grillée qui était dans un enfoncement vers le chevet du lit du roi, et là, passant ses bras à travers les barreaux de la fenêtre, il pensait mélancoliquement à ce qu’il ferait s’il lui fallait demeurer en Syrie sans son maître et seigneur ; car il se croyait en conscience obligé d’y rester jusqu’au rachat de ses amis et de tout son monde. […] Le mot de prud’homie comprenait toutes les vertus, la sagesse, la prudence et le courage, l’habileté au sein de la foi, l’honnêteté civile et le comme il faut, tel que l’entendait cette race des vieux chrétiens dont Joinville est pour nous le rejeton le plus fleuri, et l’on définirait bien cet ami de saint Louis, qui resta un vieillard si jeune de cœur et si frais de souvenirs, en disant qu’il fut le plus gracieux et le plus souriant des prud’hommes d’alors.

685. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

… » Comme Voltaire l’avait dénoncé d’emblée aux puissances et signalé comme un calomniateur de Louis XIV, de Louis XV et du roi de Prusse, La Beaumelle le rappelait à l’ordre et lui faisait toucher son inconséquence : « Apprenez qu’il est inouï que le même homme ait sans cesse réclamé la liberté de la presse, et sans cesse ait tâché de la ravir à ses confrères15. » Il y a même une lettre assez éloquente, la xiiie , dans laquelle l’auteur suppose un baron allemand de ses amis, qui s’indigne de l’espèce de défi porté par Voltaire, dans son enthousiasme pour le règne de Louis XIV : « Je défie qu’on me montre aucune monarchie sur la terre, dans laquelle les lois, la justice distributive, les droits de l’humanité, aient été moins foulés aux pieds… que pendant les cinquante-cinq années que Louis XIV régna par lui-même. » La réponse est d’un homme qui a souffert dans la personne de ses pères et qui sort d’une race odieusement violentée dans sa conscience, opprimée depuis près de quatre-vingts ans16 et traquée. […] Il fut mis deux fois à la Bastille pour des causes légères, et ensuite exilé dans le midi de la France, avec défense de rien publier ; il éluda cet ordre, le plus pénible peut-être pour un homme de son humeur, en mettant quelques-uns de ses écrits d’alors sous le nom de ses amis. […] Frédéric invite Maupertuis à venir à Potsdam, où il lui fait préparer un appartement : « J’espère, lui fait dire La Beaumelle (p. 289), que dans huit jours tout sera fait et distribué de façon que je pourrai recevoir convenablement mon ami dans ma gentilhommière, et mettre mon philosophe à l’abri de toute incommodité. » Il n’y a ni ma gentilhommière ni mon ami, ni mon philosophe dans la vraie lettre, amicale mais non coquette, de Frédéric : « Mais cela fera bien », se dit toujours La Beaumelle. — Maupertuis a une grande douleur, il vient de perdre son père. […] Vous avez eu un bon père, c’est un bonheur que n’ont pas eu tous vos amis. […] Il y a même à la fin une pensée fort délicate : « Vous avez eu un bon père, c’est un bonheur que n’ont pas eu tous vos amis.

686. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Raynouard n’était jamais plus content que lorsqu’il faisait manger à ses amis de Paris des prunes de Brignoles. […] mon ami, répondit-il, si je les faisais plus forts, le dernier vers ne paraîtrait pas si beau. » C’était ce système d’économie poétique qui lui avait réussi dans Les Templiers, mais qui ne lui réussit pas deux fois. […] Avec cela, homme bon sous son écorce rude, loyal avec sa finesse, ami sincère des études et de ceux qui les cultivent, éloigné de toute brigue, et sachant se préserver des haines et des colères qui empoisonnent et déshonorent trop souvent l’érudition. […] mon cher ami, répondit-il, il y a pourtant une chose que je n’ai jamais pu faire, c’est de me marier. […] « Tout faire pour conserver, rien pour acquérir », disait-il un jour à un ami dont les yeux s’étaient un peu machinalement fixés sur un vieux tapis qui était dans l’appartement.

687. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Sa mère, qui tenait à une noble maison d’Espagne et qui avait jeune habité ce pays, fut distinguée de la reine Anne d’Autriche, dans les premiers temps que cette princesse était en France ; sachant l’espagnol comme sa propre langue, elle fut d’abord employée par elle à ses correspondances de famille, et traitée comme une amie. […] À la mort du cardinal et du roi, l’un des premiers soins de la reine fut de rappeler auprès d’elle ses anciens amis disgraciés pour l’amour d’elle, et Mme de Motteville fut du nombre ; elle fut dès lors attachée à la reine moins encore comme femme de chambre (elle en avait le titre) que comme l’une des personnes de sa conversation et de son intimité. […] Tous les anciens amis de la reine sont revenus après une disgrâce plus ou moins longue : chacun d’eux compte sur la même faveur qu’autrefois, et ils ne s’aperçoivent pas d’abord que cette reine, qu’ils avaient laissée opprimée par Richelieu, sans enfants et encore Espagnole de cœur, est devenue mère, toute aux intérêts du jeune roi, et une reine toute française. […] Plusieurs de ces disgraciés de Mazarin étaient des amis de Mme de Motteville ; elle ne les abandonne pas au moment où ils tombent ; elle les visite, les console, et essaye même, dans quelques cas, de les défendre auprès de la reine. […] N’ayant pu suivre dans les premiers jours de 1649 la reine fugitive à Saint-Germain et l’ayant voulu rejoindre ensuite, elle fut arrêtée avec sa sœur à la porte Saint-Honoré par une populace furieuse, et elle dut se réfugier au pied du maître-autel à Saint-Roch, où il fallut que quelques-uns de ses amis, avertis au plus tôt, vinssent la délivrer.

688. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Toujours est-il que, si Limoges fut sévère à Molière, la Normandie lui fut accueillante et amie. […] Bref, Molière et ses amis les amateurs de théâtre s’établirent dans le jeu de Paume de la Croix-Blanche, au faubourg Saint-Germain. […] Il se plaisait à le faire, à dîner, au dessert, entre amis, ou chez les grands seigneurs, ses hôtes. […] Il avait reçu un coup d’épée en séparant deux de ses amis qui se battaient en duel sur la place du Palais-Royal. […] Maintenant à l’œuvre, tous les amis de Molière, pour trouver et déterrer encore du nouveau !

689. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

M. de Caumartin avait charge du Roi de tenir les sceaux pendant la durée des Grands-Jours : c’était un magistrat poli, de cour, ami de Retz qui lui rend bon témoignage, et fort lié avec les gens d’esprit de ce temps-là. […] « Vous voulez donc, Mademoiselle, que je vous trace le portrait d’un de vos amis et des miens, et que je vous fasse une copie d’un original que vous connoissez aussi bien que moi… Sa figure, comme vous savez, n’a rien de touchant ni d’agréable, mais elle n’a rien aussi de choquant. […] Comme un autre prélat de sa connaissance, le docte Huet, Fléchier aimait les romans et les traitait avec indulgence, en ami de mademoiselle de Scudéry. […] Lorsqu’il est à bout de toutes ces pédanteries d’étiquette et de toutes ces pendaisons, M. de Caumartin écrit à son ami, le joyeux Marigny, pour se relâcher un instant : mais en tout il représente là-bas la bienséance et l’humanité même.

690. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Malheur à vous qui riez maintenant, car vous gémirez et vous pleurerez 506. » « Quand tu fais un festin, disait-il encore, n’invite pas tes amis, tes parents, tes voisins riches ; ils te réinviteraient, et tu aurais ta récompense. […] Chacune des pierres, chacune des briques qui les composent est un péché 513. » Le nom de « pauvre » (ébion) était devenu synonyme de « saint », d’« ami de Dieu. » C’était le nom que les disciples galiléens de Jésus aimaient à se donner ; ce fut longtemps le nom des chrétiens judaïsants de la Batanée et du Hauran (Nazaréens, Hébreux), restés fidèles à la langue comme aux enseignements primitifs de Jésus, et qui se vantaient de posséder parmi eux les descendants de sa famille 514. […] Le Fils de l’homme est venu, vivant comme tout le monde, et vous dites : C’est un mangeur, un buveur de vin, l’ami des douaniers et des pécheurs. […] Ses disciples les repoussaient parfois comme importunes ; mais Jésus, qui aimait les usages antiques et tout ce qui indique la simplicité du cœur, réparait le mal fait par ses amis trop zélés.

691. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

La haine l’inspira si bien que plusieurs de ses amis, voyant cette nouvelle critique avant l’impression, lui conseillèrent de retrancher des choses qui ne pouvoient tourner qu’à sa honte. […] Ils chargèrent de cette occupation le célèbre la Monnoye, qui leur répondit : Laissons en paix monsieur Ménage ; C’étoit un trop bon personnage Pour n’être pas de ses amis. […] Cependant plusieurs de ses amis vantèrent le sien. […] Richelet loua son ami, sans néanmoins trop se récrier sur son ouvrage.

692. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

ces pauvres grands artistes sont si peu sûrs d’eux-mêmes), que ses amis ne le voudraient pas, moi à leur tête. […] Elle, cependant — tant elle a poussé loin l’admirable et inépuisable coquetterie de son talent — elle redouble de grâce, d’esprit, de vivacité, de jeunesse ; elle accable ses amis et ses ennemis de toutes ses qualités charmantes ; elle ranime d’un souffle puissant les vieux chefs-d’œuvre qui vont disparaître avec elle ! […] Rappelez-vous le dernier ami que vous avez quitté. Vous l’avez accompagné en silence sur le bord de la mer : l’heure du départ est arrivée, le ciel est noir, la mer rugit au loin, le frêle esquif se balance d’une façon formidable, votre ami reste calme, il vous tient la main dans les siennes, il vous la serre, il vous regarde avec assurance, il vous sourit une dernière fois ; vous, cependant, vous avez la mort dans le cœur.

693. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

J’ébauche, mon ami, au courant de la plume. […] Est-ce que j’ai honte d’être bête avec mon ami ? […] Mais dites-moi donc, mon ami, pourquoi ce Christ est plat dans presque toutes les compositions de peinture ? […] Quelle différence encore entre ces amis qui tendent les mains au ressuscité de Deshays et cet homme prosterné qui éclaire avec un flambeau la scène de Jouvenet !

694. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

* *  * Vous avez bien souvent entendu dire — avec un étonnement plein d’amertume — par les gens qui viennent d’éprouver un cataclysme dans leurs affections : « On n’est jamais trahi que par ses amis. » L’étonnement de ces gens-là m’étonne. […] * *  * Je termine par une petite observation de mœurs dramatiques que me communiquait hier mon ami — et vaudevilliste Ma… Nous venions de relâcher en vue du Gymnase. […] Une amie s’étonnait de cette nouvelle liaison. […] Les dernières Calinodies Calino se trouvait dernièrement dans un château — de ses amis, plein de chasseurs et de bruit.

695. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Un très grand poète anglais, mais malheureusement empoisonné par l’Allemagne, eut, je le sais, il y a quarante ans, la fatuité d’être un athée à visage nu ; c’était Bishe Shelley, l’ami de lord Byron. […] Et Dieu, qui se moque cruellement de nous, a voulu que ce fût une femme… Madame Ackermann, dont je ne sais guères que ceci : c’est qu’elle fut l’amie de Proudhon, est l’auteur de ces Poésies philosophiques. […] Je ne sais point par quelles spirales cette amie de Proudhon est descendue au fond du dernier cercle de l’enfer de la Philosophie, mais elle y est descendue, et c’est du fond de cet horrible trou que, comme la Sachette de Notre-Dame de Paris, elle élève une voix désespérée pour l’humanité et pour elle ; — car, après tout, si elle a la bravoure de l’athéisme, si elle fait de l’héroïsme contre le néant, elle n’est pas, pour cela, très heureuse d’être athée. […] Elle a résolu le problème de la quadrature du cercle sur elle-même, et si j’avais à la caractériser avec une formule, je me servirais de celle-ci : elle est, cette amie de Proudhon, elle est à la Poésie ce que Proudhon est à la Philosophie.

696. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Quoique bon ami, bon citoyen, il eut beaucoup d’ennemis, parce qu’il fit toute sa vie la guerre aux sots ; modéré d’ailleurs, & incapable de donner dans aucun fanatisme de religion, d’ambition & de fortune. […] « Qu’il mendie, répondoit-il à ses amis, ou bien qu’il prostitue sa femme. […] C’est un fait qu’on tient d’un des amis du père Porée.

697. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

comme un ami, un de ces bons amis dont l’Espagnol disait : « Défendez-moi toujours contre mes amis ; quant à mes ennemis, je m’en charge ! 

698. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Amis (amis !) […] Et vous, ami dramaturge ? […] mon pauvre ami, quels dangers m’ont fait courir les hommes sots-lennels ! […] — Si fait, si fait, mon ami. […] Je ne gémis point qu’elles ne soient pas distribuées à nos amis.

699. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXIV » pp. 337-339

Les deux chansonniers ont pu désavouer ensuite toute intention de se blesser directement, mais leurs amis et leurs ennemis firent l’application dans le moment, et c’est tout ce qu’il fallait. […] Tout le profit ou le préjudice de ce commerce ne saurait être de leur côté ; ils ont agi à leur tour sur leur très-malin et très-spirituel ami ; le célèbre chansonnier a donc perdu un peu en gaieté, il a gagné en religiosité, en tendances sérieuses et sociales ; il est sorti peu à peu de son premier cadre et s’est agrandi.

700. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Elle écrivait de Rouen pour demander conseil à Mme de Montmorency sa tante, à une amie intime, la sous-prieure des Carmélites de Paris, Mlle du Vigean168, à d’autres encore. […] On vous supplie donc de faire en sorte que votre ami (M. […] Si je la puis voir en d’aussi bonnes mains, j’aurai une grande joie, je vous l’avoue ; il me semble que je serai comme ces personnes qui voient leur amie pourvue et qui n’ont plus qu’à se tenir en repos pour elles. […] J’ai bien peur que votre ami ait trop de dureté pour nous. […] Ce sont d’heureux hommes que ceux qui vivent ainsi grands hommes pour tous leurs amis, et que tous les autres ignorent177.

701. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

En comptant Dazet tu auras deux amis ». […] Il y précise que la plupart de ces poètes sont ses « amis personnels » (p. 11). […] Le poète est un ami de Renée Dunan. […] Il meurt de la grippe espagnole en 1919 : ses amis lui consacrent alors un numéro de l’Avenir international. […] Il écrit la biographie de Max Jacob et d’Apollinaire dont il a été l’ami et plusieurs recueils de souvenirs.

702. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

— Il me semble que je t’adresse une question, mon ami ? […] « Et toi aussi, s’écrie Tourgueneff, en se rappelant à la fin d’un de ses récits un pauvre instituteur russe qui élevait les fils d’un de ses amis, et toi aussi, mon digne ami Avenir Sorokooumoff, toi qui fus le meilleur des hommes ! […] Qui avait une confiance aveugle dans les mérites de ses amis, exaltait leurs talents et prenait leur défense avec le plus d’ardeur ? […] Lorsque tu pris congé de tes amis, ton émotion était profonde ; de tristes pressentiments t’agitaient. […] Ayant rassemblé toutes ses forces, il se mit à me parler de Moscou, des amis qu’il y avait laissés, de Pouchkine, du théâtre, de la littérature russe ; il me rappela nos petites bombances d’autrefois, les discussions ardentes que nous engagions à cette époque, et prononça avec attendrissement les noms de plusieurs de nos amis qui n’étaient plus… — Te souviens-tu de Dacha ?

703. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Les auteurs se laissent aisément persuader ce qui les flatte : ils ont l’habitude de mettre toutes leurs démarches sur le compte de leurs amis ; cependant une faute n’en est pas moins grave parce qu’un ami nous l’a conseillée. […] Le noble et généreux Boileau, aussi bon ami que grand poète, se distingua dans cette occasion par son zèle et par ses lumières. […] L’orgueil les aveugle, la flatterie les corrompt ; ils se plaisent trop à eux-mêmes, ils plaisent trop à leurs amis, pour qu’ils puissent plaire au public. […] Les monarques de l’Orient n’ont-ils pas souvent immolé leurs amis et leurs femmes pour de moindres raisons ? […] Cette folie, est dans la nature de l’esprit humain ami du merveilleux, indifférent pour ce qu’il connaît, avide de ce qu’il ne connaît pas : c’est

704. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Amiel, Henri Frédéric (1821-1881) »

Ferdinand Brunetière Comme ses amis, je pourrais croire à ce respect, à cet amour, à cette religion de l’idéal, si cet idéaliste, se renfermant en lui-même ou seulement dans son Journal, n’avait rien écrit, rien publié, ni jamais essayé de conquérir, à défaut d’un peu de gloire, cette notoriété qui fuyait devant lui… En réalité, il mettait dans ses Grains de mil des fragments de ce Journal, tissé, comme on nous dit, de sa propre substance. […] Poète, c’est à peine si ses vers sont des vers, et je ne ferai pas à ses amis le chagrin d’en citer davantage.

705. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 484-486

Charron, [Pierre] Théologal de la Cathédrale de Condom, né à Paris en 1541, mort subitement dans une rue de la même ville, en 1603 ; génie profond & facile qui tenoit de celui de Montagne, son ami. […] Si l’on fait attention au caractere de cet Auteur, développé dans ses propres Ouvrages, on verra qu’il n’écrivit son Livre de la Sagesse, que pour réfuter les doutes de quelques Beaux-Esprits de son temps, au nombre desquels étoit son ami Montagne.

706. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Bachelier  » pp. 147-148

Avec tout cela, mon ami, de quoi faire une belle tapisserie. […] Mon ami Bachelier, retournez à vos fleurs et à vos animaux.

707. (1763) Salon de 1763 « [À mon ami Monsieur Grimm. » pp. 171-182

[À mon ami Monsieur Grimm. […] Pour décrire un Salon à mon gré et au vôtre, savez-vous, mon ami, ce qu’il faudrait avoir ?

708. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

« La sagesse n’est pas donnée à tout le monde, écrira-t-il un jour gaiement à son frère ; mon pauvre ami, je suis arrivé tard à l’appel quand on la distribuait. […] mon ami, comme je me battrai quand j’en trouverai l’occasion ! […] Dînant à son passage à Paris chez le général Pajol, dont le fils est son ami : « Le général, dit-il, croit à la guerre, mais pas avant le printemps. […] Dès qu’il fut en Afrique, et sur un terrain digne de son activité, il donna sa mesure et dépassa les espérances même de ses amis. […] Vous voyez, mon cher ami, qu’il faut manœuvrer, ouvrir l’œil et jouer serré.

709. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

L’excellent homme avait, en effet, supplié longtemps « son ami » d’accepter (oh ! […] Soudain, voici que, relevant la tête, l’Inconnu, fixant sur son ami de calmes prunelles, se prit à lui notifier, avec le plus grand sang-froid, les confidences suivantes : — Homme généreux, qui suis-je ? […] Et je les tasserai, par quarante degrés de chaleur, autour du parterre d’un Théâtre que j’aurai fait construire à ma guise, aussi bien à leurs frais qu’à ceux de mes amis et ennemis. […] — Pour solder les constructeurs de l’édifice, je manderai, des confins de la terre, du Japon et de l’Orient, de la Russie et de l’Amérique, divers milliers d’auditeurs, — amis, ennemis, qu’importe ! […] Judith Gautier organisait des spectacles de marionnettes pour ses amis.

710. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il avait un ami, interne comme lui, et dont cette Sœur était amoureuse — platoniquement, croit-il. Son ami se pend. […] Bouilhet était en train de veiller son ami, quand il voit la Sœur entrer, s’agenouiller au pied du lit, dire une prière qui dura un grand quart d’heure — et tout cela sans faire plus d’attention à lui, que s’il n’était pas là. […] Rien ne donnera mieux l’idée de cette création étrange qui possédait véritablement les amis de Flaubert, les affolait même, que la charge consacrée, chaque fois qu’on passait devant la cathédrale de Rouen. […] Le soir nous sommes à Breuvannes, chez ce vieil ami de notre famille, M. 

711. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Valville a été amené à être infidèle en voyant une jeune Anglaise évanouie, qu’il s’est empressé de secourir, et qui est devenue l’amie de Marianne. […] On ajoute que, dans la vie, sa conduite fut toujours sans tache, et qu’elle ne voulut que des amis, jamais des amants. […] Ses amis, sous prétexte de l’enrichir du temps du Système, l’avaient ruiné. […] Une vieille amie, Mlle Saint-Jean, se dévoua à le soigner et à tenir sa maison, en y mettant du sien sans qu’il parût s’en douter. […] Quand on a aujourd’hui à parler de lui après cent ans, on rencontre encore des esprits justes et amis qui le possèdent en entier, et qui vous disent en le soignant, comme on ferait d’un contemporain : « Prenez garde de n’en pas trop mal parler ! 

712. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Quand il parlait comme lorsqu’il écrivait, Fénelon se tenait plus volontiers à mi-côte et sur les collines : « Son style noble et léger, a-t-il dit de Pellisson, ressemblait à la démarche des divinités fabuleuses qui coulaient dans les airs sans poser le pied sur la terre. » On peut le dire de lui-même et en supprimant l’image de fabuleuses ; sa parole avait quelque chose de noble et de léger qui rappelle ces figures angéliques, amies de l’homme, et se tenant toujours à sa portée, qui pourraient s’enlever plus haut, qui ne le veulent pas, et qui aiment mieux, dès qu’il le faut, redescendre. […] Je ne prendrai donc Fénelon qu’en dehors de cette affaire du quiétisme, et tout simplement comme un guide approprié, le plus fin, le plus distingué, le plus à souhait, que consultaient quelques âmes inquiètes, quelques amis fidèles. […] Mais une autre conversion qui occupa le monde quelques années après et qui tint bon, fut celle de Mme de La Sablière, cette amie désabusée de La Fare, cette patronne constante de La Fontaine : Ce que vous me mandez de Mme de La Sablière, écrivait Fénelon de Versailles (1691), me touche et m’édifie. […] Elle a bien raison de ne chercher plus rien dans les hommes, ayant trouvé Dieu, et de faire le sacrifice de ses meilleurs amis. Le bon ami est au-dedans du cœur.

713. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

La langue du monde, telle que ces deux personnes d’une raison si charmante et leur ancienne 483 amie Mme de Maintenon la parlèrent et la firent, était le suprême de cette exquise et simple élégance où le soin disparaît dans la facilité. […] Elle fut dame du palais de la reine, extrêmement à la mode, et resta toute sa vie volontaire, impétueuse, irascible, mais avec tout cela si bonne, si généreuse, si dévouée à ses amis et aux plus nobles sentiments, et puis si spirituelle, et, par suite de son extrême naturel, si parfaitement originale, qu’elle excitait constamment l’affection, l’admiration, et en même temps la gaieté. […] Nous retrouvons dans ce joli volume les portraits de plusieurs amies et connaissances de Mme de Créqui, notamment de la maréchale de Mouchy et de Mme de Tessé. […] Partout où il y aura une femme spirituelle, douée de charme ; à côté de l’aïeule souriante et qui n’invoque pas à tout propos son expérience, une mère avec d’aimables filles qui paraîtront presque ses sœurs ; un cercle de jeunes femmes amies, honnêtement enjouées, instruites, attirant autour d’elles leurs frères ; partout où il y aura de l’aisance, de l’instruction et de la culture, des mœurs sans maussaderie, avec le désir de plaire ; partout où tout cela se rencontre, la bonne compagnie à l’instant recommence. […] Elle se refit une société composée de quelques anciens amis et de parents.

714. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Guillaume Favre, appelé dans sa jeunesse Favre-Cayla, et aussi depuis son mariage Favre-Bertrand, mort le 14 février 1851 à quatre-vingts ans passés, était un de ces Genevois de la belle époque, qui avaient trente ans en 1800 ; qui, après les années de la domination française, assistèrent à la restauration cantonale en 1814 ; qui, dès ce moment surtout, vécurent au bord de leur lac à côté d’Étienne Dumont, l’ami de Mirabeau, du libre publiciste d’Ivernois, du spirituel observateur Châteauvieux, de l’illustre naturaliste de Candolle, du Bernois le plus naturellement français et voltairien Bonstetten, de l’historien Sismondi, et de Rossi plus tard, des Pictet, des de La Rive, des Diodati. […] Ses amis, devenus ministres après 1830, le nommèrent professeur ; on put d’abord regretter que ces fonctions nouvelles le détournassent des grands travaux historiques qu’il poursuivait depuis des années : en y songeant mieux pourtant, je ne sais s’ils ne lui rendirent pas service, à lui et à nous, dans tous les sens. […] La plupart des excellents écrits que ses fidèles amis (M. et Mme Mohl) ont donnés depuis, datent de là, et n’ont pris forme qu’à cette époque et par la nécessité des leçons à rédiger. […] De Brosses, visitant, de compagnie avec son ami Sainte-Palaye, la Bibliothèque de Modène sur la fin de l’hiver de 1740, y avait rencontré le docte Muratori : Nous trouvâmes ce bon vieillard, dit-il, avec ses quatre cheveux blancs et sa tête chauve, travaillant, malgré le froid extrême, sans feu et nu-tête dans cette galerie glaciale, au milieu d’un tas d’antiquités ou plutôt de vieilleries italiennes ; car, en vérité, je ne puis me résoudre à donner le nom d’antiquité à tout ce qui concerne ces vilains siècles d’ignorance. […] De Brosses eût été moins effrayé en entrant dans la galerie de La Grange et chez un hôte qui lui eût rappelé les goûts et les entretiens mitigés de son ami le président Bouhier.

715. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Guizot et ses amis au pouvoir et qui fit d’eux, sauf quelques intervalles assez courts, les gouvernants de la France pendant dix-huit ans. […] Guizot et ses amis ; il fallait s’y tenir, et s’y cantonner. — C’était une phase nécessaire par où il fallait passer au moins provisoirement, pensaient d’autres moins confiants, moins absolus […] — « C’est une planche pour traverser le ruisseau », disait en goguenardant Béranger aux amis plus vifs qui lui reprochaient d’avoir adhéré. […] Laffitte et ses amis, y apportèrent l’indécision et un laisser-aller funeste, jusqu’à ce que Casimir Perier parût, qui y mit hardiment le holà ! […] Guizot un programme au nom de la jeunesse, programme qui commençait par ces mots : « On ne comprend pas l’état des choses. — Il faut être national et fort, avant tout et tout de suite… » Qu’était-ce enfin que cet ami de beaucoup d’esprit (dans lequel il m’est impossible de ne pas reconnaître M. de Rémusat, l’homme des idées, sinon de l’action), qui du fond de son département écrivait à M. 

716. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

La Grèce, depuis que ses dissensions intestines ont éclaté, depuis qu’elle a cru devoir se passer du roi modeste qu’elle avait gardé pendant trente ans et en quêter partout un autre, a présenté à ses anciens amis et admirateurs un spectacle bien digne de réflexion et qui reporte la pensée avec d’étranges vicissitudes vers des temps de meilleure mémoire. […] Tant que je pourrai me soutenir, je soutiendrai la cause. » C’est ce qu’il répète sans cesse dans ses lettres à ses amis de Londres ou d’Italie. […] , tous ses maîtres lui avaient dit et répété bien des fois, avant de partir, ce que Pline le Jeune disait à un de ses amis qui était envoyé de Rome pour être quelque chose comme préfet à Sparte ou à Athènes : « Souviens-toi bien et ne perds pas un moment de vue que c’est en Grèce que tu vas, et au cœur de la plus pure Grèce, là où d’abord la civilisation, les lettres, toute culture, celle même du blé, passent pour être nées… Respecte les dieux fondateurs et instituteurs de toutes ces belles choses, et jusqu’au nom des dieux. […] — Non, je suis avec des amis qui suivent la grand’route. […] Grenier ne désespère pas de la Grèce ni des Grecs ; il leur donne, en finissant, de très-bons conseils, conseils d’ami et tout actuels, tout pratiques.

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