Le boulanger au gras sourire Chante un vieil air. […] C’est un petit air de musique qui fait bien dans les entr’actes de la logique, mais qui ne doit jamais empiéter sur elle, sous peine de la faire trébucher dans le vaudeville, genre national. […] Lui-même, parfois, il riait franchement à tel souvenir qui lui passait par le discours et il y avait quelque chose de comique dans sa physionomie dans ces moments-là : son long nez sur sa longue barbe, le mouvement ascensionnel de sa moustache portée en brosse, le pli profond de sa joue maigre et basanée par la mer de son pays, lui donnaient alors l’air d’un vieux zouave en gaîté. […] que du temps de la place Royale (second séjour), un peu avant l’élection à la Présidence de Louis Bonaparte, celui-ci fréquentait chez le grand homme, où apparaissait, rayonnante de grâce, de pétulance et de beauté enflammée, Mlle Eugénie de Montijo qui chantait au poète, et j’imagine aussi au prince, des airs espagnols à tourner toutes les têtes. […] A story recently resuscitated says that Old Dumas (the only one, as Lecomte de Lisle said thoughtlessly when he was informed that he was about to be received into the Acadamy by Alexandre Dumas the younger) was once dining with his son on a very hot summer day in the small garden, when even the flowers were wretchedly drooping, and he opened the window of the house in order to get some fresh air.
Le visage est rond et plein, avec un air de finesse et d’attention. […] Il me tardait d’entendre résonner, dans l’air si pur de ce ciel incomparable, la voix longtemps muette de la Marangona. […] Ses roses dépassaient son mur de vieilles briques et les parfums de l’oléa-fragrans remplissaient l’air. […] Depuis le légendaire et fabuleux Icare, l’homme a toujours souhaité le pouvoir de s’élever dans les airs et de s’y mouvoir librement. […] Rapidement son corps s’élevait dans l’air, où il était transporté par une force inconnue et surnaturelle.
Auprès de cette grotte sombre Où l’on respire un air si doux, L’onde lutte avec les cailloux Et la lumière avecque l’ombre. […] Et vraiment cela a bon air. […] Rien ne nous est plus odieux que de faire, à notre corps défendant, souffrir les autres d’une souffrance gratuite et qui nous paraît absurde : ce qui leur donne l’air de faire exprès de souffrir pour nous ennuyer… Survint la querelle de Port-Royal avec Desmarets de Saint-Sorlin. […] Au dénouement, pour marquer sa reconnaissance à Timocrate qui lui a laissé la vie, et pour avoir aussi bon air que lui, l’Argien Nicandre ouvre Argos aux Crétois et trahit donc sa patrie par délicatesse. […] Les gens qui haïssaient Racine se donnaient l’air et le mérite facile de protéger un vieil homme de génie sans défense, — mais qui, du reste, n’avait plus besoin d’être défendu et dont la gloire, consacrée et un peu sommeillante, ne portait point ombrage aux jeunes auteurs.
Cela fait deux choses : il ne faut pas le dire ; — il ne faut pas le dire avec un air d’approbation. […] Mais Rousseau a ajouté : « surtout avec un air d’approbation… » C’est ici qu’il touche le point juste et le point délicat. […] Tout au moins il en a « l’air » comme Rousseau prend la précaution de le dire. […] Molière a un air d’approbation et il semble « exciter les perfides à punir sous le nom de sottise la candeur des honnêtes gens. » On dira que cela dépend non de lui, mais de ceux à qui il s’adresse. […] Vous devenez idiot, vous qui avez « l’air d’homme sage », car toute passion devenant dominatrice et exclusive rend idiot.
L’air est nécessaire à la vie de tous les êtres végétaux ou animaux ; l’air existe donc dans l’atmosphère organique intérieure. […] On sait toutefois que la vie ne peut pas se produire dans un air trop raréfié, parce qu’alors non seulement les gaz de l’air ne peuvent pas se dissoudre dans le liquide nourricier, mais les gaz qui étaient dissous dans ce dernier se dégagent. […] Les animaux articulés résistent beaucoup plus à cette raréfaction de l’air, ainsi que l’ont prouvé diverses expériences. […] Elle est représentée par la composition de l’air qui reste identique, sauf les proportions de vapeur d’eau et quelques conditions électriques et ozonifiantes qui peuvent varier. […] Puis après un certain temps j’examinai si l’air contenu dans l’éprouvette, en contact avec le sang empoisonné, avait été modifié, et je constatai que cet air en contact avec le sang s’était notablement enrichi en oxygène, en même temps que la proportion d’oxyde de carbone y avait diminué.
À la fin j’ai levé le bras pour le frapper ; Mais pensant de la main repousser cet outrage Je n’ai trouvé que l’air au lieu de son visage. […] PYRAME Mais je me sens jaloux de tout ce qui te touche, De l’air qui si souvent entre et sort par ta bouche. […] Avez-vous fait attention, Mesdames et Messieurs, qu’il y avait comme un air de famille entre tous ceux de nos poètes ou de nos écrivains qui ont bien su le grec et qui l’ont beaucoup aimé : Ronsard, Racine, Fénelon, Chénier plus tard ? […] C’est l’art prestigieux, — je ne sache pas d’autre mot, — avec lequel Racine crée, pour chacune de ses tragédies, une atmosphère unique, et fait comme circuler, autour de ses personnages, l’air de leur temps et de leur pays. […] Il règne dans son Rhadamiste un air de grandeur et d’héroïsme qui rappelle quelquefois Corneille, et vous avez vu que, de loin en loin, des accents y vibraient qui ne sont pas indignes de Racine.
Il faut des motifs dans la vie, et des motifs aussi présents que possible ; les sages, les trop sages en effet, s’ils sont livrés à eux-mêmes, courent risque de prendre l’inaction pour la supériorité, et, sous air de modération, d’écouter le conseil indirect de la paresse. […] À peine arrivé à Metz, il a repris son air jeune « qui, avec sa grosse épaulette, le fait un peu regarder. — Cela m’amuse », dit-il. — Un vrai militaire français. […] Est-ce que tu ne trouves pas qu’on élève mieux son âme vers Dieu en plein air que dans une église ?
Ici je traduis aussi exactement qu’il m’est possible : « Cependant l’Amour, à travers l’air blanc, arriva invisible, aussi âpre que l’est aux tendres génisses le taon que les pasteurs appellent la mouche des bœufs ; et bien vite, sous la porte, dès le vestibule, ayant tendu son arc, il tira de son carquois une flèche toute neuve, source de gémissements. […] avides, altérées, Ont osé cette fois descendre et se poser : Ton beau cou s’inclina, ta brune chevelure Laissa monter dans l’air un parfum plus charmant ; Mais quand je m’arrêtai contemplant ta figure, Deux larmes y coulaient silencieusement. […] Votre air étoit encore plus grand qu’il ne l’est naturellement ; votre passion brilloit dans vos yeux, et elle les rendoit plus tendres et plus perçants.
En cette estrof, commença à crier, prier, implorer, invoquer Jupiter par oraisons moult disertes (comme vous savez que nécessité fut inventrice d’éloquence), levant la face vers les cieux, les genoux en terre, la tête nue, les bras hauts en l’air, les doigts des mains écarquillés, disant à chacun refrain de ses suffrages à haute voix infatigablement : « Ma coignée, Jupiter, ma coignée. […] Nous n’avons pas autant de loisir que La Fontaine, et je saute deux pages bizarres qu’il n’a pas sautées : « Mercure avec son chapeau pointu, sa capeline, talonnières et caducée, se jette par la trappe des cieux, fend le vide de l’air, descend légèrement en terre, et jette aux pieds du bûcheron les trois coignées ; puis lui dit : « Tu as assez crié pour boire. […] Il fallait, pour donner une leçon morale, en faire « une imprudente, une babillarde, une curieuse » ; il fallait préparer la sotte réponse qu’elle fera du haut de l’air aux gens émerveillés ; il fallait dire comme La Fontaine : Une tortue était à la tête légère, Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays.
Cicéron (3e partie) I Les savants disent que l’atmosphère dont la terre est entourée a deux régions distinctes selon la distance à laquelle cette atmosphère se déroule autour de notre globe, et qu’ainsi, pendant que la partie de cet air ambiant qui touche à la terre est agitée, troublée, souvent bouleversée par les vents, les nuées, les orages, l’autre partie, la partie la plus haute de l’éther, ne sent pas ces convulsions aériennes, mais demeure calme et impassible dans une éternelle sérénité. […] Car elle a placé dans les eaux ceux qui sont propres à nager ; dans les airs, ceux qui sont disposés à voler ; et, parmi les terrestres, elle a fait ramper les uns, marcher les autres ; elle a voulu que ceux-ci vécussent seuls, et ceux-là en troupeaux ; elle a rendu les uns féroces, les autres doux ; il y en a qui vivent cachés sous terre. […] « C’est lorsque j’ai la liberté de m’absenter plusieurs jours, surtout dans cette saison de l’année, que je viens chercher l’air pur et les charmes de ce lieu : il est vrai que je le puis rarement.
L’espace alentour s’étendra dans un mutisme solennel, et se tairont toutes luttes, toutes ambitions ; l’esprit respirera un air serein ; et l’on verra la place unique parmi l’univers ou l’univers s’effacerait. […] Mais point absente à ces vies n’était la musique, et je jouais par fois d’un violon ; et, tout appliqué disciple que je fusse aux rhétoriques diverses, je me sentais musicien et je composais des airs ; je concevais, aux heures de silence, des symphonies dont les ébauches orchestrales m’enorgueillissent ; et c’était, à la vérité, une lutte, alors de ces quinze ans, entre le démon de la musique et l’ange des lettres bien classiques. […] Un jour, comme le roi très malaisé sortait du bain, les servants aperçurent qu’un des cygnes du Mont-Salvat était tué d’une flèche en l’air ; les cygnes du Mont-Salvat étaient consacrés ; on appréhenda le meurtrier ; c’était un jeune garçon… Ah !
attrapant la grandeur pour une minute ou pour une page, par ce miracle d’un talent qui a ses bonds aussi et ses illuminations soudaines, et qui saute jusqu’au sublime ; mais ils ne lui reconnaissent ni la simplicité dans la force, ni la gravité, ni la dignité, ces qualités continues et rassises qui donnent à l’historien cet air auguste du bas-relief antique, de l’Homme qui s’appuie sur un lion. […] Voilà pourquoi toute critique, qui va plus loin que l’œuvre d’art et l’édifice de la composition, ne doit pas laisser circuler, sans avertir et sans y attacher une étiquette, ce sachet de graines vénéneuses, ce hatchich préparé pour les têtes ardentes, ce petit poison de Java dans lequel les Tricoteuses des temps futurs peuvent tremper la pointe de leurs aiguilles et qu’on nous débite, en ce moment, avec des airs vertueux et sensibles, dignes de la femme de l’apothicaire de Roméo ! […] Sensible, inconséquente, entraînée, vraie femme au fond sous ses airs grenadiers de virago, Amazone de la pensée qui n’eut jamais le sein coupé, Mme de Staël se prit d’horreur pour la Révolution qu’elle avait aimée.
que l’air soit immobile ! […] Tu es roi ; je t’offre l’or : la myrrhe conviendra pour ta tombe. — Ta présence a purifié la terre, et les flots de la mer, et les routes où passa le démon, les plaines liquides de l’air et les profonds abîmes de la terre. […] devant toi tremblaient les tribus des démons dispersées dans les airs, le chœur immortel des astres était frappé de stupeur, le ciel souriait.
Les dix mille volumes dont se composait sa bibliothèque purent y être bien rangés « en belle place et en bel air ». […] Un contemporain nous l’a représenté sans charge et tout à son avantage : « Il avait la taille belle, l’air hardi, le visage plein, l’œil vif, le nez aquilin, et les cheveux courts et frisés.
Bonstetten, sous ses airs de xviiie siècle, est spiritualiste, et très spiritualiste ; il croit à l’éducation continuelle, à l’acquisition et au renouvellement possible jusqu’à la fin de la vie : Ce n’est pas parce qu’on est jeune que l’on apprend quelque chose, mais parce que dans la jeunesse on vous tient au travail et qu’on vous fait suivre avec méthode une pensée. […] Au fond de la rue des Granges, une maison haute, étroite, vieille et triste, présente une façade étriquée sur laquelle le soleil ne se hasarde que d’un air méfiant.
On se donne l’air, il est vrai, de vouloir réfuter M. […] savoir le grec, ce n’est pas comme on pourrait se l’imaginer, comprendre le sens des auteurs, de certains auteurs, en gros, vaille que vaille (ce qui est déjà beaucoup), et les traduire à peu près ; savoir le grec, c’est la chose du monde la plus rare, la plus difficile, — j’en puis parler pour l’avoir tenté maintes fois et y avoir toujours échoué ; — c’est comprendre non pas seulement les mots, mais toutes les formes de la langue la plus complète, la plus savante, la plus nuancée, en distinguer les dialectes, les âges, en sentir le ton et l’accent, — cette accentuation variable et mobile, sans l’entente de laquelle on reste plus ou moins barbare ; — c’est avoir la tête assez ferme pour saisir chez des auteurs tels qu’un Thucydide le jeu de groupes entiers d’expressions qui n’en font qu’une seule dans la phrase et qui se comportent et se gouvernent comme un seul mot ; c’est, tout en embrassant l’ensemble du discours, jouir à chaque instant de ces contrastes continuels et de ces ingénieuses symétries qui en opposent et en balancent les membres ; c’est ne pas rester indifférent non plus à l’intention, à la signification légère de cette quantité de particules intraduisibles, mais non pas insaisissables, qui parsèment le dialogue et qui lui donnent avec un air de laisser aller toute sa finesse, son ironie et sa grâce ; c’est chez les lyriques, dans les chœurs des tragédies ou dans les odes de Pindare, deviner et suivre le fil délié d’une pensée sous des métaphores continues les plus imprévues et les plus diverses, sous des figures à dépayser les imaginations les plus hardies ; c’est, entre toutes les délicatesses des rhythmes, démêler ceux qui, au premier coup d’œil, semblent les mêmes, et qui pourtant diffèrent ; c’est reconnaître, par exemple, à la simple oreille, dans l’hexamètre pastoral de Théocrite autre chose, une autre allure, une autre légèreté que dans l’hexamètre plus grave des poètes épiques… Que vous dirais-je encore ?
Aujourd’hui, il y a plus d’égalité, plus de lumière dans l’air et une lumière plus universelle. […] Il en revenait toujours au bon coin, qui est le mot du guet entre les savants de la haute volée. » Bayle, flatté comme il devait l’être d’un tel suffrage auquel il ne s’était peut-être pas attendu, répondait en louant à son tour, mais avec bien de la finesse et avec une modestie qui, sous son air provincial et un peu exotique, cachait bien de l’urbanité ; sa lettre est la première de celles qu’on a de lui, adressées à Mathieu Marais (2 octobre 1698) : « Je me borne à répondre aujourd’hui, monsieur, à quelques-uns des endroits de votre lettre.
Il se formoit de tout cela un certain air de douceur et de grandeur qui prévenoit agréablement et qui le faisoit aimer et respecter tout ensemble. » Avec une complexion très-délicate, on comprenait à peine qu’il pût suffire à des exercices aussi divers : il portait dès lors dans son activité aux choses disparates ce quelque chose d’excessif et d’infatigable qu’il a depuis poussé dans un seul sillon ; on aurait dit qu’il avait hâte d’exterminer le jeune homme en lui. […] Lui remarquant un air qui me parut extraordinaire et un visage qui me faisoit voir que la paix et la sérénité de son cœur étoient grandes (il avoit soixante ans), je lui demandai s’il prenoit plaisir à l’occupation dans laquelle il passoit ses jours : il me répondit qu’il y trouvoit un repos profond, que ce lui étoit une si sensible consolation de conduire ces animaux simples et innocents, que les journées ne lui sembloient que des moments ; qu’il trouvoit tant de douceur dans sa condition qu’il la préféroit à toutes les choses du monde, que les rois n’étoient ni si heureux ni si contents que lui, que rien ne manquoit à son bonheur, et qu’il ne voudroit pas quitter la terre pour aller au ciel s’il ne croyoit y trouver des campagnes et des troupeaux à conduire.
Dans le jardin des Récollets de Nîmes où le jeune chef se rendit (mai 1704), le peuple admira, au passage, sa jeunesse, son air de douceur, sa belle mine ; et en sortant du jardin, est-il dit, on lui présenta plusieurs dames qui s’estimaient bienheureuses de pouvoir toucher le bout de son justaucorps. […] Cette dévouée Toinon, qui ne songe qu’à sauver son beau capitaine Florac, a par moments quelques faux airs de la Esmeralda suivant son Phœbus.
Si vous tournez vos regards vers le ciel, vos pensées s’ennoblissent : c’est en s’élevant que l’on trouve l’air plus pur, la lumière plus éclatante. […] Mais il ne faut jamais comparer l’ignorance à la dégradation ; un peuple qui a été civilisé par les lumières, s’il retombe dans l’indifférence pour le talent et la philosophie, devient incapable de toute espèce de sentiment vif ; il lui reste une sorte d’esprit de dénigrement, qui le porte, à tout hasard, à se refuser à l’admiration ; il craint de se tromper dans les louanges, et croit, comme les jeunes gens qui prétendent au bon air, qu’on se fait plus d’honneur en critiquant, même avec injustice, qu’en approuvant trop facilement.
Au plus fort de la Jacquerie, les sages du temps supposeront toujours qu’ils vivent en pleine églogue, et qu’avec un air de flûte ils vont ramener dans la bergerie la meute hurlante des colères bestiales et des appétits déchaînés. […] Accoutumé au grand air et à l’exercice des membres, s’il reste immobile, au bout d’un quart d’heure son attention défaille ; les phrases générales n’entrent plus en lui que comme un bruit ; les combinaisons mentales qu’elles devraient provoquer ne peuvent se faire.
À l’ordinaire, c’est-à-dire quand le bâton est tout entier dans l’air ou dans l’eau, si une moitié des rayons est infléchie par rapport à l’autre, le bâton est effectivement courbé ; mais ce n’est là que l’ordinaire. […] Le magnétisé manifeste alors une violente terreur qui se peint sur tous ses traits, et il donne tous les signes d’une conviction positive. » Quand une personne est hypnotisée, dit le docteur Tuke7, souvent « on lui fait croire par suggestion qu’elle voit un individu absent… De même on peut arriver à lui faire imaginer qu’elle entend jouer sur un instrument de musique un air déterminé, alors qu’il ne se produit aucun son ».
Ses yeux, d’un éclat doux et majestueux, n’annonçaient ni orgueil ni mélancolie ; sa taille était si parfaitement proportionnée, qu’on la distinguait, au milieu des autres femmes, par un air de dignité imposante, exempt néanmoins de toute espèce de prétention ou d’affectation. […] On ne sait point ici dire le contraire de ce qu’on pense : dans ces estimables et paisibles retraites, au milieu de l’air pur qui vous environne, on ne voit point le sourire sur la bouche de celui dont le cœur est rongé de chagrins ; le plus heureux parmi vous est celui qui fait le plus de bien, et la sagesse suprême ne consiste pas à savoir déguiser et dissimuler la vérité avec le plus d’artifice. » Cependant le berger ne paraît point convaincu de la supériorité que le poëte accorde à la vie champêtre, et, dans sa réponse, il présente avec beaucoup de force les peines et les nombreux travaux auxquels elle est inévitablement exposée.
Et les étrangers même, ennemis comme les Anglo-Saxons, indifférents comme les Normands, éprouvaient la pénétrante originalité de ces airs et de ces mythes. […] Et la dame, elle, n’est pas une Iris en l’air, un vaporeux fantôme orné d’idéales perfections : c’est un être faible, rusé, malin, vain surtout, enfin c’est une femme, et c’est une Française.
Ce qui a plus de prix, c’est le naturel des sentiments, justement senti, curieusement développé par une intuition spontanée : à force de ne pas se guinder, à force de facilité à retrouver dans l’antiquité évangélique et biblique tout le détail de la vie contemporaine, nos découpeurs des Livres saints, sans art, sans goût, sans style, ont donné à quelques scènes un air de vérité aisée, qui est près de charmer, Il y a des coins de pastorale gracieuse dans le Vieux Testament, dans la Passion : mais surtout il y a quelques commencements heureux d’expression dramatique des caractères. […] Comme il est peu guerrier, il se plaît à supposer la secrète poltronnerie du soldat : c’est un moyen de se venger des airs fendants qui l’humilient et l’intimident.
C’était un homme original, brusque, honnête, resté sincère à la Cour, sérieux avec son air de singe, trouvant des apologues ingénieux pour faire parler la vérité. […] Tout dans la physionomie, dans l’attitude, exprime la grâce, le goût suprême, l’affabilité et l’aménité plutôt que la douceur, un air de reine qu’il a fallu prendre, mais qui se trouve naturel et qui se soutiendra sans trop d’effort.
Ce n’est point une supposition en l’air quand j’ai l’honneur de vous dire, monsieur, que j’ai lu le Te Voltarium à deux évêques ; rien de plus certain et de plus vrai. […] Il était négligé dans sa forme, rond dans sa tournure, et avait quelque chose de l’homme de campagne. — « M. de Malesherbes, lui disait Louis XVI, vous et moi avons ici le ridicule de tenir aux mœurs du vieux temps ; mais ce ridicule ne vaut-il pas mieux que les beaux airs d’aujourd’hui ?
. — Non, me dit-il,-c’est du sang de ces coquins… Et jusque dans cette satirique Histoire des Gaules, il nous le représente ainsi : Le prince Tiridate (le Grand Condé) avait les yeux vifs, le nez aquilin et serré, les joues creuses et décharnées, la forme du visage longue, et la physionomie d’une aigle 34 les cheveux frisés, les dents mal rangées et malpropres ; l’air négligé, et peu de soin de sa personne, la taille belle. […] Elle est propre au dernier point, et l’air qu’elle souffle est plus pur que celui qu’elle respire… On remarquera ce mot de propre qui revient assez souvent chez Bussy, qu’on n’emploierait plus à présent, mais qui se disait alors avec convenance et dans le sens antique (simplex munditiis).
Cela nous prépare à cet autre mot de Saint-Just en 1793 : « Marat avait quelques idées heureuses sur le gouvernement représentatif, que je regrette qu’il ait emportées. » Mais, je le répète, à cette date de 1791, Saint-Just n’est pas encore formé, et il cherche sous ses airs didactiques à donner une expression arrêtée à des idées incohérentes. […] Ce jeune homme blond, à la coiffure soignée, si plein de respect pour lui-même, et qui portait sa tête comme un saint sacrement, débitait ses discours écrits, à la tribune, carrément, symétriquement, d’un air impassible et compassé, d’une voix âpre et sèche, mais quelquefois aussi avec des adoucissements hypocrites de ton qui simulaient les caresses et les ondulations perfides du chat-tigre.
Les murailles d’albâtre qui entourent le Paradis terrestre, les diables qui, de géans qu’ils étoient se transforment en pygmées pour tenir moins de place au conseil, dans une grande salle toute d’or, bâtie en l’air ; les canons qu’on tire dans le ciel, les montagnes qu’on s’y jette à la tête ; des Anges à cheval qu’on coupe en deux, & dont les parties se rejoignent soudain ; tant d’autres extravagances n’ont cependant pas empêché qu’on compare Milton à Homere qui a aussi ses défauts, & qu’on le mette au-dessus du Dante, dont les imaginations sont encore plus extraordinaires. […] La traduction en vers par M. l’Abbé du Resnel, est une preuve de la ressource qu’un homme d’esprit & de goùt peut trouver dans l’élégante clarté & dans la douce énergie de notre langue ; mais son but semble avoir été plûtôt de se faire lire par les François qui exigent l’ordre & la clarté dans un ouvrage traduit, que de laisser à son auteur l’air étranger qui ne peut souvent lui être conservé qu’aux dépens de la justesse & de la saine élocution.
Nous ne sommes pas même trop contrarié de notre faux air de ressemblance avec le xviiie siècle. […] Malgré nos grands airs d’indépendance, nous sommes en réalité et heureusement fort dociles à nous laisser conduire.
La danse irrésistible par l’effet de certaine chanson ou d’un air joué sur un instrument magique. […] Figuilan ndianyeu : bruit de la queue d’Yboumbouni fouettant l’air = Flips !
Ce sont des musiciens qui dénaturent tous à peu près également le même air, mais qui le dénaturent différemment, et qui en le dénaturant, y conservent en général et à peu près la même proportion dans la valeur des notes. […] Mais quelle différence de ce plaisir estropié, si je puis parler de la sorte, à celui que le même air ferait éprouver, s’il était chanté dans le goût et l’esprit qui lui conviennent, et surtout exécuté par le compositeur même, et devant des auditeurs bien au fait des finesses de l’art musical ?
Il y avait rivalité entre les pièces, à qui ferait les plates-formes les plus horizontales et les circulaires les plus rondes, tous prenant des airs détachés et blasés, mais au fond jubilant dès qu’un compliment est adressé à la pièce, quand le tir est bon, juste et précis. […] Les socialistes surtout, nous devons les comprendre, parce que leurs idées flottent dans l’air, et nous ont mille fois effleurés.
Cette impression, difficile à caractériser, qui tient, dans des proportions inconnues, du malaise, de l’ennui et de la peur, fait penser vaguement, involontairement, aux défaillances causées par l’air raréfié, par l’atmosphère d’un laboratoire de chimie, ou par la conscience d’un milieu fantasmatique, je dirai plutôt d’un milieu qui imite le fantasmatique ; d’une population automatique et qui troublerait nos sens par sa trop visible et palpable extranéité. […] Ces femmes ont même la beauté physique moderne, l’air de rêverie, mais la gorge abondante, avec une poitrine un peu étroite, le bassin ample, et des bras et des jambes charmants.
S’il n’y avait pas la vie qui fait l’école, à sa manière, et qui détruit souvent la leçon du romancier ; s’il n’y avait pas un peu de catéchisme, dont on se rappelle encore les questions quand les réponses sont oubliées ; s’il ne restait pas, dans l’air et la lumière de ce pays, un peu de sens commun qu’on respire malgré soi, que deviendrait un peuple enseigné de la sorte ? […] Il ne resta de leur passage qu’une poussière mêlée de rayons, et qui trembla longtemps, nuage unique et doré, dans l’air admirablement pur où mourait la lumière.
Pindare nous avertit de ces différences ; et parfois, selon le génie de cette Grèce où tout ce qui servait aux arts était noble, où le comédien et le joueur de flûte n’étaient exclus d’aucune dignité, il se montre lui-même disposant le concert et ordonnant le chœur, dont les lyres et les voix vont soulever dans les airs le vol de sa strophe nouvelle. […] « Les nuées ont débordé en orages ; le ciel a retenti : alors tes flèches ont couru dans les airs, « Et la voix de ton tonnerre dans le tourbillon ; les foudres ont éclaté sur le monde ; et la terre tremblante s’est émue. » Ce degré suprême de force dans le calme de l’expression, ces passages de la terreur à l’espérance, cette peinture simple d’une grandeur infinie, ce sont là des beautés que nous citons ici, non pour les comparer, mais pour les dire incomparables ; c’est une poésie au-delà des poésies humaines, comme le Dieu de Moïse est, pour l’imagination même, au-dessus de tous les dieux que l’imagination avait faits et que les passions adoraient.
Il y avait eu de l’orage ; les feuilles étaient humides et l’air était doux ; un rayon de soleil vint à percer, et il m’arriva d’être content : je me sentis en possession de mon existence.
Mot charmant de madame Valmore, avec cet air humble et ce geste de femme : « Il faut faire de la vie, comme on coud : point à point. » XXVII.
Est-il impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de peindre la réalité comme elle est, transporterait l’action dans un monde fantastique, donnerait à des idées abstraites une existence réelle, aux êtres réels une vie, en quelque sorte, idéale, un corps, une voix à des nuages, une constitution politique aux habitants de l’air ?
Mais il se portait très bien, un peu haut en couleur, l’air d’un robuste bourgeois campagnard.
Ce soir il court dans l’air des tristesses plus douces.
Auprès d’elle, un jeune homme, l’air heureux.
Son extérieur étoit simple & négligé, sa prononciation embarrassée, son air distrait & timide, sa conversation sans agrément & sans vivacité.
Qu’ici bas maint talent n’est que pure grimace, Cabale, et certain air de se faire valoir, Mieux su des ignorans que des gens de savoir.
Je lui disais : effacez-moi tout cela ; mettez-moi cet amour en l’air ; qu’en emportant sur son dos le voile qui couvre la nymphe, il saisisse le satyre par la corne et le pousse sur elle. étendez-moi le front de ce satyre, raccourcissez ce visage niais, recourbez ce nez, étendez ces joues, qu’à travers les traits qui déguisent le maître des dieux je le reconnaisse.
Parmi celles qui dansent, il y a une espèce de bacchante frappant du tambour, déployée avec une légèreté et une grâce infinies, jambes et bras en l’air ; elle a la tête tournée vers le spectateur qui la voit du reste par le dos.
On y voit que Raphaël cherchoit déja comment il feroit pour varier les airs de tête, qu’il vouloit donner de l’ame à ses figures, qu’il dessinoit le nud sous les drapperies, enfin qu’il faisoit plusieurs choses que son maître ne lui enseignoit point apparemment.
Singulière catégorie d’hommes dont les paradoxes ont un air d’infaillibilité qui se supporterait à peine chez les plus intransigeants catholiques !
Le procédé est commode pour se donner l’air d’avoir raison.
Eh bien, c’est cette tendance à dissoudre les grands poètes dans leurs siècles, et en particulier dans le sien cette escarboucle de Dante, avec laquelle personne n’a le droit de se donner des airs de Cléopâtre, c’est cette tendance universelle et autorisée que je ne trouve pas dans le livre de M.
C’est un plaidoyer insinuant, adroit, — accordant quelque chose pour obtenir beaucoup, quêtant la tolérance philosophique avec des airs aimables, — on quête toujours dans un sac de velours, — indiquant des rapports étranges et bons entre la philosophie de saint Thomas d’Aquin et les philosophes modernes, et poussant à ce qu’on se prenne la main et qu’on s’embrasse.
L’air flamboie et brûle sans haleine ; La terre est assoupie en son rêve de feu.
Roitelet, verselets, poésies et poète, vaudraient aujourd’hui cent pour cent de plus dans leur inspiration et leur manière, par cela seul qu’ils n’auraient pas trempé dans l’air ambiant de la poésie contemporaine !