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459. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Sophocle, d’ailleurs, et Virgile, et Dante et Racine, et La Fontaine, et jusqu’à Homère, tous ces grands poètes n’ont-ils pas donné, comme forme à leur inspiration, des rythmes connus et pratiqués bien longtemps avant leur avènement ? […] Nous devons, certes, remercier le grand Ronsard de nous avoir tracé, même à ses dépens, la route inconnue de la véritable poésie lyrique ; mais puisque nous avons le bonheur de pouvoir suivre l’exemple d’un Racine et d’un La Fontaine, ne nous entêtons pas à bouleverser l’ordre de la beauté, et gardons-nous de l’ambition de plaire un instant à quelques personnes d’un goût bizarre. […] (Et, fort brillamment, M. de La Tailhède fait l’historique des écoles poétiques, de Ronsard au parnassisme et au symbolisme, gardant toute son admiration pour la véritable école de bonne poésie, celle qui avait pour disciples La Fontaine, Boileau, Molière et Racine.) … Ainsi donc, en art comme d’ailleurs en philosophie et en tout le reste, il n’y a qu’École ; et quant à ceux qui se donnent le titre d’individualiste, ils ne prouvent rien, sinon peut-être la crainte qu’ils ont de ne pas être le premier de la leur. […] Je m’aperçois, monsieur, que cette Ode, tronquée de la sorte, perd, tout intérêt et je crains que, pour avoir voulu vous plaire, je ne fournisse de nouvelles armes à nos nombreux détracteurs : les symbolistes et autres soi-disant novateurs, les Parnassiens et la queue de cette École, louant Racine et La Fontaine, mais beaucoup plus de la bouche que du cœur. […] Pour ce qui est de notre langue, au contraire, voici quelle est ma foi profonde : Le vers français, tel qu’il a été constitué de Villon à Ronsard, affermi de Malherbe à Racine, assoupli d’André Chénier à Victor Hugo, est le plus parfait instrument d’expression qui puisse être donné à la poésie.

460. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Confiné et, pour tout dire, confit dans les solennités provinciales, dans la coterie littéraire du lieu et dans les admirations bourgeoises, il put encore avoir de bons, d’aimables instants en petit comité, entre le digne évêque M. de la Motte, qui le dirigeait, et MM. de Chauvelin, gens d’esprit, dont l’un était intendant de Picardie ; mais il ne retrouva plus désormais, il ne posséda plus son talent ; il eût été incapable, à sa manière, d’un grand et vivant réveil, comme en eut Racine. En guise d’Esther et d’Athalie, il couva le Parrain magnifique et le Gazetin, deux pauvretés qu’il regardait comme ses chefs-d’œuvre, et qui sont à Vert-Vert ce que Campistron est à Racine lui-même.

461. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Nisard et Sainte-Beuve, qu’entre…, mettons entre Corneille, Racine et Molière, et qu’enfin la critique est une représentation du monde aussi personnelle, aussi relative, aussi vaine et, par suite, aussi intéressante que celles qui constituent les autres genres littéraires. […] Nul, je crois, depuis Mme de La Fayette, depuis Racine, depuis Marivaux, depuis Laclos, depuis Benjamin Constant, depuis Stendhal, n’a induit avec plus de bonheur, décrit avec plus de justesse, enchaîné avec plus de vraisemblance ni exposé dans un plus grand détail les sentiments que doit éprouver telle personne dans telle situation morale.

462. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Boileau conseillait de remettre vingt fois sur le métier son ouvrage, et il apprenait à Racine à faire difficilement des vers faciles. […] Cette première littérature du lendemain de la Fronde, et antérieure à Boileau et à Racine, n’étant pas contenue par le regard du maître, se serait développée et de plus en plus émancipée sous un Mécène peu sévère.

463. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Dévouée, jusqu’à la superstition, à la volonté de Louis XIV, elle n’osait se commettre en rien, de peur de lui déplaire ; un mot de sa bouche eût sauvé Racine, et elle se garda de le risquer ; malgré sa prédilection pour le maréchal de Villeroi, elle en était venue à refuser sa protection à l’abbé de Villeroi pour l’archevêché de Lyon : « Je ne le connais pas assez, écrit-elle, pour me mêler de son établissement ; les places dans l’Église intéressent un peu la conscience de ceux qui les donnent, et l’on a bien assez de ses péchés sans avoir à répondre de ceux des autres.

464. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Cuvier, se levant aussitôt, a répondu que l’Académie n’avait jamais fait autre chose que d’accueillir tous les génies, toutes les illustrations, et il a énuméré à l’appui nos grands écrivains académiciens, depuis Racine jusqu’à Buffon, en omettant, je ne sais pourquoi, Molière, Diderot et Jean-Jacques ; il a prétendu qu’aucun novateur de vrai talent, aucun nova leur raisonnable n’avait été exclu de l’Académie et qu’en nommant M. de Lamartine, c’était précisément l’alliance du goût et du génie, la juste mesure de la nouveautés de la correction qu’on avait voulu reconnaître et couronner.

465. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Vous savez combien les deux moitiés du dix-septième siècle se ressemblent peu, et comment la littérature, héroïque et romanesque avec d’Urfé, Corneille et les grandes Précieuses, revient, vers 1660, à plus de vérité, avec Racine, Molière et Boileau.

466. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Si nous ne pouvons communier dans les vers et les proses des Revues blanches ou rouges, communions dans Hugo ou dans Racine, ou dans Shakespeare, ou dans Homère, ou dans Valmiki.

467. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Achille Delaroche Pour la première fois depuis Racine (on n’oublie pas André Chénier, Vigny, Baudelaire, qui le furent par hasard), le poète se révéla maître, non héraut servile de l’inspiration, la dominant, la dirigeant à son gré vers le but assigné.

468. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Racine, celui des quatre amis dont le caractère avait le plus d’élévation, celui à qui les autres étaient le moins nécessaires, celui dont la marche était la plus sûre à la cour, n’aidait de son talent, ni même n’accréditait par une approbation éclatante, ni la satire directe, ni la comédie satirique ; mais s’il n’était pas celui qui se fît le plus craindre de l’ennemi, c’était celui qui flattait le plus noblement le maître, celui dont l’éloge avait le plus de poids, et qui donnait à l’agrégation des quatre amis le plus de sûreté et de stabilité, parce qu’il était celui qui affectionnait le plus les autres et avait au plus haut degré leur confiance.

469. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

« J’aime mieux, leur répondit-il, être le premier des poëtes Toscans, que de me voir dans un rang inférieur entre les poëtes Latins. » C’est ce que pensa de bonne heure notre célèbre Racine, qui, dit-on, eût pu effacer, s’il avoit voulu, les Rapin & les Commire ; & c’est aussi ce qu’auroit dû se dire le fameux cardinal de Polignac.

470. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Il faudrait se souvenir que Boileau lisait toujours dans l’original et que Racine savait par cœur le Sophocle et l’Euripide grecs.

471. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ; qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu’on eût vu depuis l’antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l’entendement ; qui, à vingt-trois, démontra les phénomènes de la pesanteur de l’air, et détruisit une des grandes erreurs de l’ancienne physique ; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s’aperçut de leur néant, et tourna ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut, par abstraction, un des plus hauts problèmes de géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du Dieu que de l’homme : cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal.

472. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes » pp. 275-287

Quand Monsieur Racine met dans la bouche d’Aricie cette verité, revêtuë des beautez que lui prête la poësie de son stile : elle nous charme.

473. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Racine portoit encore l’habit de la plus sérieuse des professions, quand il composa ses trois premieres tragédies.

474. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Racine, Boileau, Bossuet et Fénelon nous apprendront à corriger, à limer, à arrondir nos phrases… Leurs nombreuses ratures mêmes nous enseigneront quelque chose de l’art dont ils ont revêtu leur génie…37 » On pourrait, dit Mme de Staël, composer un traité sur le style d’après les manuscrits des grands écrivains…38 » Il serait quelquefois à désirer, dit Chénier, que nous eussions les brouillons des grands poètes, pour voir par combien d’échelons ils ont passé39.

475. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Ce n’est ni Malherbe, ni Guez de Balzac, ni Voiture, ni Boileau, ni Bossuet, ni Pascal, ni La Bruyère, ni Montesquieu, ni Buffon, ni Rousseau, ni Chateaubriand, ni Flaubert, ni même Racine, qui ne s’est pas mal trouvé de faire difficilement des vers faciles.

476. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Une admirable actrice italienne, rivale plus débordante de feu que Mlle Rachel, Mme Ristori, est venue à Paris et à Londres représenter devant le pays de Racine et de Shakespeare quelques scènes de ces tragédies toscanes d’Alfieri. […] Mais ce n’est pas ainsi que Shakespeare, Corneille, Racine, Voltaire, Goethe, Schiller lui-même, — ont introduit ou renouvelé l’art théâtral dans leur pays. — Un pensum dialogué en vers toscans, voilà le vrai nom que l’Italie laissera à son prétentieux poète dramatique, jusqu’à ce qu’on n’en parle plus, quand l’Italie aura son théâtre sérieux, après la fédération nationale des Italiens modernes ? […] À quarante ans il se sentait vieux et usé, comme s’il eût assez de ce petit nombre d’années pour dévider l’existence infinie d’un Sophocle, d’un Racine ou d’un Voltaire.

477. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

En un mot, ils n’ont pas fait Racine, mais ils l’ont formé : c’est là qu’il a pris son goût, son sens exquis de l’hellénisme, c’est à eux d’abord qu’il doit de n’avoir pas sombré dans le bel esprit précieux. […] Toute la force et toute la gloire littéraires de Port-Royal, en somme, si l’on met Racine à part, sont ramassées dans Pascal : il représente pour nous toute la hauteur intellectuelle et morale de la doctrine janséniste, qu’il agrandit de la vaste originalité de son génie. […] À consulter : Racine, Histoire de Port-Royal, t. 

478. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Hugo : souffre rimant avec soufre, Racine avec racine, Corneille avec corneille, j’ai faim avec génovéfain, etc. […] Pour le comprendre, il suffit d’ôter une syllabe aux deux célèbres vers de Racine : Ariane, hélas ! […] De là à bannir du vers ces locutions adverbiales, ces dissonances consacrées par l’usage : sang et eau (Racine), folle que tu es (Musset), vingt et un (V.  […] Gautier, — qui ne pardonnait qu’un vers à Racine : « La fille de Minos et de Pasiphaé », — déclarait que le chef-d’œuvre de V.  […] La langue de Racine se compose de quelques milliers de mots, tandis que celle de Shakespeare est huit ou dix fois plus riche ; n’est-il pas étrange de voir le mouvement romantique, après avoir pris d’abord modèle sur Shakespeare, en venir à trouver que Racine même a de trop grandes libertés, qu’il faut restreindre le nombre de mots rimant ensemble et par là restreindre la somme totale des mots composant le vers ?

479. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Marivaux met la sagacité de La Motte sur la même ligne en vérité que « l’inimitable élégance de Racine et le puissant génie de Corneille ». Il croit sincèrement que la première tragédie de La Motte a pu passer pour une dernière tragédie posthume de Racine.

480. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Il prédit, il dessine à l’avance un futur rival romantique de Racine et de Corneille ; nous aussi nous le croyons possible, mais nous l’attendons toujours : Les tragédies de Corneille, de Racine, de Voltaire (en nommant Voltaire à côté des précédents, il paie tribut au siècle) semblent devoir durer éternellement ; mais si un homme de génie donnait plus de mouvement à ses drames, s’il agrandissait la scène, mettait en action la plupart des choses qui ne sont qu’en récit, s’il cessait de s’assujettir à l’unité de lieu, ce qui ne serait pas aussi choquant que cela paraît devoir l’être, ces hommes auraient un jour dans cet auteur un rival dangereux pour leur gloire.

481. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Racine, dans quelques portions de son œuvre, dans les chœurs de ses tragédies bibliques, dans le trop petit nombre de ses hymnes imités de saint Paul et d’ailleurs, avait laissé échapper d’adorables accents, empreints de signes profonds sous leur mélodieuse faiblesse. En essayant de les continuer, d’en faire entendre de semblables, non point parce qu’il sentait de même, mais parce qu’il visait à un genre littéraire, Jean-Baptiste égarait toute spiritualité dans les échos de ses rimes sonores : Racine fils, bien débile sans doute, était plus voisin de son noble père, plus vraiment touché d’un des pâles rayons.

482. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Je la connus plus tard, sous les auspices de mon ami ; j’en fus très-favorablement reçu, comme jeune homme vierge en politique, qui faisait des vers non imprimés, mais récités, et qui rapporterait un jour quelque lointain souvenir de Racine aux descendants de Louis XIV. […] Chateaubriand était le Racine futur de leur société.

483. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Voilà par où Boileau diffère de La Fontaine et de Racine : c’est pourquoi ils sont de grands poètes, tandis que l’on doit démontrer la poésie de Boileau. […] Et puis, il a voulu faire des « discours » : lui qui était le moins orateur des écrivains de son temps, infiniment moins que Corneille et Racine qui le sont éminemment, que La Fontaine, qui l’est encore quand il veut ; moins même que La Bruyère qui l’est si peu.

484. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

J’ai adoré Corneille et j’ai, peut s’en faut, méprisé Racine : j’adore Racine à l’heure qu’il est et Corneille m’est à peu près indifférent.

485. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Homère ni Racine ne sont romanesques. […] Si l’on en voulait chercher les origines, je crois bien qu’il faudrait remonter aux femmes de Racine et, par-delà, jusqu’à la Phèdre d’Euripide.

486. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

A voir les vers de Corneille si pompeux, & ceux de Racine si naturels, on ne devineroit pas que Corneille travailloit facilement, & Racine avec peine.

487. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Lettre à Racine. […] Lettre à Racine.

488. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

J’ai connu le plan d’une étude sur la langue de Racine. […] Lorsque Théophile Gautier traitait Racine de « polisson », lorsque Victor Hugo traitait Boileau de « cuistre » et disait : Un âne qui ressemble à M. 

489. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Molière et Racine faisaient échec aux prédicateurs. […] Si elle est moins sévère pour la tragédie, elle l’engage dans une voie nouvelle, elle la pousse à puiser son inspiration dans la Bible, à se faire chrétienne, et c’est ainsi que Racine converti, repentant de ses œuvres profanes, compose Esther et Athalie.

490. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Aussi de quoi s’avisait-il d’aller en écrire la plupart en latin, lui qui, né en 1630, ne mourut qu’en 1721, c’est-à-dire qui était à peine l’aîné de Boileau et de Racine, et qui leur survécut assez pour voir les premières fredaines de Voltaire ? […] On y voit dès le début, à la date de février 1660, à quel point Huet, préoccupé des doctes hommes d’alors qu’il avait connus dans ses voyages de Suède et de Hollande, des Saumaise, des Vossius, Heinsius, Gronovius, ces princes des belles-lettres, paraît peu se douter que la littérature française est à la veille d’éclater dans sa plus belle floraison avec les Racine, les La Fontaine et les Despréaux.

491. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Sous cette impression intérieure, sous le rayon de cette ferveur retrouvée, le poète, agenouillé devant le tombeau de Racine (qui se trouve dans cette église), fait un vœu. […] Épousseter, sabler, douche de fleurs, voilà le détestable style moderne, le style matériel, prétentieux et grossier, que certes on ne s’aviserait jamais d’aller chercher si près du tombeau de Racine, et qui, j’ose le dire, n’aurait jamais dû entacher non plus et charger le berceau de notre école romantique, telle du moins que je l’ai toujours conçue.

492. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Lorsque Racine a dit, Je t’aimais inconstant, qu’eussé-je fait fidèle ? […] Les préfaces de Racine sont faiblement écrites, celles de Corneille sont aussi défectueuses par le langage, qu’excellentes par le fond des choses ; la prose de Rousseau est dure, celle de Despréaux pesante, celle de La Fontaine insipide.

493. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Racine est celui de tous nos écrivains dont les sentiments étaient le plus en harmonie avec la langue française. […] Virgile exprime encore les sentiments délicats et généreux d’une civilisation avancée, et montre ainsi comment avec un goût parfait le poète peut marier certaines idées et certaines mœurs d’un siècle avec celles d’un siècle antérieur, leçon admirable qui ne fut point perdue pour Racine et pour Fénelon.

494. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Homère précéda Virgile ; Corneille, Racine ; et Michel-Ange, Raphaël. […] Les Plaideurs, de Racine.

495. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Comme il invite Shakespeare à reconnaître le mob anglais dans la plebs romana, il autorise et Corneille et Racine et même Mlle de Scudéry à peindre sous des noms anciens ce qu’ils voient de l’homme en France.

496. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Je ne parle pas de l’ennuyeux Racine ou de l’innocent Delille : les Discours sur l’homme de Voltaire, en s’enveloppant de la dignité du vers, ont perdu ce trait, ce mordant, ce jaillissement d’idées, d’ironie et d’esprit, toutes les qualités les plus constantes enfin et les plus séduisantes de l’humeur voltairienne.

497. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Racine mit sur le théâtre la magistrature.

498. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

Nos premiers faiseurs d’opera se sont égarez, ainsi que nos poëtes comiques, pour avoir imité trop servilement les opera des italiens de qui nous empruntions ce genre de spectacle, sans faire attention que le goût des françois aïant été élevé par les tragedies de Corneille et de Racine, ainsi que par les comedies de Moliere, il exigeoit plus de vrai-semblance, qu’il demandoit plus de regularité et plus de dignité dans les poëmes dramatiques, qu’on n’en exige au-delà des Alpes.

499. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Premier tableau » pp. 180-195

« Faits divers : On vient de découvrir en province une arrière-petite-fille de Racine.

500. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

On trouve les meilleurs arguments en faveur de l’imitation dans la lettre de Boileau à Perrault et dans les préfaces de Racine.

501. (1888) Portraits de maîtres

Mais il revient sans cesse à Racine pour son bien, à Voltaire pour son mal. […] C’est du pseudo Racine avec beaucoup de Voltaire, un mélange informe de Campistron et de Brifaut, Ninus II épousant la veuve du Malabar ! […] Vigny, qui n’aimait pas Racine, est pourtant celui de nos contemporains qui le rappelle le plus par le tour du style. […] C’était son droit de transfigurer le Moïse de l’histoire comme Racine avait transformé le Burrhus de Tacite. […] Chez Racine, Molière, La Fontaine, Boileau, tout imbus, tout pénétrés d’antiquité ?

502. (1887) Essais sur l’école romantique

— Ne touchez pas à Racine ! […] Que de fois, lisant Racine, n’avons-nous pas dit, aux plus pathétiques endroits : « J’aurais trouvé cela !  […] Le drame n’a certes pas à se plaindre de toutes ces industries secondaires qui ont fait si peu pour Corneille, Racine et Shakespeare., Mais toutes ces industries sont à fin de moyens. […] Il y a telle scène de Racine, tel morceau de Bossuet, où l’idée de prodigieux efforts de volonté, dissimulés sous les grâces et la facilité de l’instinct, nous jette dans une sorte d’admiration religieuse qui rabat notre orgueil sans nous décourager. […] S’il s’agissait de l’art supérieur des Racine, des Corneille, des La Fontaine et des Molière, nous irions chercher nos comparaisons dans les régions les plus élevées du monde moral.

503. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

M. Racine ne sçeussent exprimer en beaux vers un sens raisonnable ? […] M. Racine et M.  […] Racine fut originairement grecque ; que la conduite et les discours y fussent précisément les mêmes que dans la piece que nous avons ; M.  […] M. Racine et M.  […] Racine n’en a pas usé de même.

504. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Saint-Simon impute à Racine, en présence de Louis XIV et de Mme de Maintenon, une distraction maladroite qui lui aurait fait parler et mal parler de Scarron. Au contraire, c’est Despréaux qui eut plus d’une fois cette distraction plaisante, dans laquelle le critique s’échappait, tandis que Racine, meilleur courtisan, lui faisait tous les signes du monde sans qu’il les comprît. […] Saint-Simon, dans ses Mémoires, se montre bien plus attentif qu’on ne le suppose à ce qui concerne les gens de lettres et les gens d’esprit de son temps ; mais ce sont ceux du siècle de Louis XIV ; c’est Racine, c’est La Fontaine, c’est La Bruyère, c’est Despréaux, c’est Nicole, il n’en oublie aucun à la rencontre.

505. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Non plus que Racine ou La Fontaine, il ne se soucie d’inventer ses sujets : il les demande à Plaute, à Térence, aux comédies littéraires des Italiens, à leur commedia dell’arte, aux contes italiens et français : il utilise Boccace, Straparole, Sorel, des nouvelles et des comédies de Scarron, des comédies de Larivey, de Desmarets et de bien d’autres. « Je prends mon bien où je le trouve », lui fait-on dire. […] A ce genre appartiennent les Plaideurs de Racine, comédie demi-aristophanesque, énorme et superficielle d’invention, délicate et légère de style, grosse farce écrite par le plus spirituel des poètes. […] Boursault (1638-1701), serait moins connu s’il n’avait été l’ennemi de Boileau, de Molière et de Racine : circonstance fâcheuse pour son esprit, car son caractère est d’un très honnête homme. — Édition : Théâtre, 3 vol. in-12, Paris, 1694 et 1725.

506. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Ou bien, si je parle, par exemple, de l’art du Moyen-Âge et du Christianisme, et que l’on m’objecte la Renaissance, l’école de Ronsard, ou celle de Racine et de Boileau, il faudra bien que je montre comment ces écoles se détachent du Moyen-Âge, et perdent à la fois le sens moderne et l’originalité pour l’imitation. […] Racine analyse des sentiments, comme Condillac des pensées. Racine est plus souvent éloquent que poète.

507. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Telles devaient être l’insinuation, la clarté, la douceur des leçons que Nicole donnait à Racine, et par lesquelles il initiait ce grand poète à la connaissance du cœur humain. […] Épître à Racine. […] On sait qu’il eut parmi ses élèves Racine.

508. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Qu’il s’agisse de Calderon ou de Shakespeare, de Schiller ou de Goethe, de Corneille ou de Racine, ces prolégomènes offriront toujours le même intérêt, c’est-à-dire qu’ils pourront servir de préface à toutes les dissertations de même nature.

509. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Homère et les Bucoliques lui sont aussi familiers que Racine à Voltaire. […] Racine est présenté et éclairé judicieusement. […] Mais il y a cette différence que le moule tragique, l’idéal tragique, la personnalité de Corneille et de Racine écrasaient l’auteur, le réduisaient au rôle de copiste. […] Ce sens il le prend quand nous parlons de Malherbe, de Racine, de Baudelaire, du Parnasse, de Valéry. […] Un romancier comme Balzac, un poète dramatique comme Shakespeare ou Molière, Corneille ou Racine, s’accommodent parfaitement d’un maximum de situation et d’un minimum de présence.

510. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Sans cela, Virgile et Chapelain, Racine et Campistron, Milton et Ogilby, Le Tasse et Rolli, seraient égaux. » Ce fut pourtant un succès pour Piron, et des juges même assez sévères, comme le fut l’abbé Prévost dans son Pour et Contre, rendaient justice chez lui à une certaine force d’imagination : « Il peint vivement, il a de grands traits. » C’était l’éloge qu’on lui accordait généralement. […] Rousseau à Racine fils, où le poète exilé se félicitait d’avoir Piron en visite à Bruxelles : « Je possède ici, depuis quelques jours, un de mes compatriotes au Parnasse, M.  […] Racine, par deux ou trois épigrammes aussi polies que malicieuses qu’on a de lui, promettait d’être, pour tout dire, le Racine du genre ; mais il s’est contenu et a laissé cette palme à cueillir à d’autres.

511. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Racine avait déjà dit : « Le sang de nos rois crie,29 » et Corneille : … Ne point écouter le sang de mes parents Qui ne crie en mon cœur que la mort des tyrans. […] Racine, Athalie, Acte I, scène 1, v. 89 (tirade de Joad) : « Le sang de vos rois crie, et n’est point écouté. » (et non « nos rois ») 30. […] Racine, Andromaque, acte IV, scène 5, v. 1377-1379 (Hermione à Pyrrhus). Légère inexactitude dans la citation où Racine a volontairement préféré l’impersonnel à un féminin : « Ton cœur impatient de revoir la Troyenne / Ne souffre qu’à regret qu’un autre t’entretienne » (et non « une autre »)/ Tu lui parles du cœur, tu la cherches des yeux. »

512. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Chez nous, tous les poètes pénitents n’ont point pratiqué autre chose, Desportes, Bertaut, Godeau, Corneille, La Fontaine ; Racine a traduit les hymnes du Bréviaire.

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