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1176. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

Un grand avantage du livre de M. de Tocqueville, et ce qui le distingue complètement des autres écrits publiés jusqu’à ce jour sur les États-Unis, c’est de n’être à aucun degré ni un plaidoyer, ni une insinuation pour ou contre telle ou telle forme de gouvernement ; et pourtant, M. de Tocqueville l’a composé en vue de notre Europe, dans un but élevé d’enseignement, et sous l’impression, comme il l’avoue lui-même, d’une sorte de terreur religieuse que lui inspirait la marche fatale des sociétés.

1177. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

« Si j’avais la main pleine de vérités, je me garderais bien de l’ouvrir. » Ce n’était pas timidité intellectuelle, ou prudence personnelle : c’était délicatesse : il haïssait le tapage, le scandale, les luttes brutales ; tout cela était de mauvais ton ; il était trop bien élevé pour faire l’apôtre ou le tribun.

1178. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Il fait un autre effort : il prend dans sa maison, comme petite bonne, une orpheline assez mal élevée, qu’il est bientôt obligé de mettre à la porte.

1179. (1890) L’avenir de la science « Sommaire »

Ils retombent sur ceux qui ne l’ont pas élevé.

1180. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

C’est par là, qu’il a été, comme le stoïcisme, mais avec infiniment plus d’ampleur, un argument vivant des forces divines qui sont en l’homme, un monument élevé à la puissance de la volonté.

1181. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Bien des hommes avant Jésus, ou de son temps, tels que Jésus, fils de Sirach, l’un des vrais ancêtres de Jésus de Nazareth, Gamaliel, Antigone de Soco, le doux et noble Hillel surtout, avaient enseigné des doctrines religieuses beaucoup plus élevées et déjà presque évangéliques.

1182. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Mariée à l’âge de 17 ans avec un homme riche, spirituel et fort répandu ; belle, spirituelle elle-même et bien élevée, sa société fut bientôt recherchée.

1183. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

Or, il arrive que chez l’homme, la conscience possède la propriété, à un degré beaucoup plus élevé que chez toutes les autres espèces, de refléter, en même temps que l’image des sentiments, des pensées, des actes individuels, l’image aussi des sentiments, des pensées, des actes étrangers.

1184. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Il faut prendre l’opinion dans une région élevée, et seulement pour les choses générales ; car si l’on descend terre à terre, ou que l’on veuille la consulter dans chaque cas particulier et interroger toutes les sortes d’instincts de la multitude, on risque de faire de grandes fautes.

1185. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Elle avait été élevée à cette brochette.

1186. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

Ses romans vertueux, car elle les veut vertueux, s’adressant à une société qui ne prend plus la vertu à sa seule source, qui est la religion, la morale de ses romans n’est plus que celle des gens bien élevés et qui se lavent les mains à la pâte d’amandes… C’est de l’honneur humain et de l’élégance.

1187. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

… « Mon intention, — dit-il, — non plus que celle d’Érasme, n’a pas été de n’admettre que des proverbes d’un tour piquant… Mais pourtant je n’ai point cherché à grossir mon recueil de ces locations traînées dans les ruisseaux des halles, de mots disgracieux et de dictons qui se trouvent souvent dans la bouche des gens mal élevés.

1188. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

… Le livre de M. de Barthélemy signale la place élevée qu’il devrait avoir dans l’Histoire littéraire… L’aura-t-il un jour ?

1189. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Quant à celui de Weiss, quant à cette histoire qui n’est que le bas-côté d’une autre histoire bien plus élevée et bien plus profonde, nous avons dit qu’elle pouvait être sa portée sur l’opinion de notre temps.

1190. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Outre l’exercice de ce pouvoir judiciaire qui mène à tous les autres pouvoirs, les évêques prirent une part élevée à l’administration, et le chef respecté de l’Église, dit Mignet, cité par M. de L’Épinois, fut le chef accepté du peuple.

1191. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

III Telle est cette exécution si bien faite de l’antiquité, tel est ce livre, si bien tourné et troussé contre elle par un esprit assez élevé pour se mettre au-dessus, pendant toute la durée de son livre, des préjugés des professeurs, ses confrères, en matière d’histoire.

1192. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

voilà enfin le dernier mot de cette orgueilleuse empoisonnée par la science, et que la Philosophie, qui se mêle d’ausculter les cœurs, nous donne pour le type le plus tendre et le plus élevé de l’amour !

1193. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Il admire Quinet, et il voudrait le conseiller, dit-il, pour le mieux diriger dans le sens élevé de son talent.

1194. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

voilà enfin le dernier mot de cette orgueilleuse empoisonnée par la science et que la Philosophie, qui se mêle d’ausculter les cœurs, nous donne aujourd’hui pour le type le plus tendre et le plus élevé de l’amour !

1195. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Le crime commis, tous ces gens bien élevés n’en parlent plus : ni le démantelé Abélard, qui n’a plus maintenant à penser qu’à son Concile ; ni Héloïse, la prieure du Paraclet, qui laisse là son couvent (ô Moyen Âge !)

1196. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Pieux dès qu’il respira et comme il respirait, élevé par son oncle, un pauvre curé de campagne, qui lui apprit assez de latin pour entendre le bréviaire, Benoît-Joseph, dès qu’il fut en âge de choisir sa fonction parmi les hommes, sentit tressaillir en lui la vocation religieuse, qui y tressaillit longtemps, mais sans l’éclairer.

1197. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

En rapprochant pour une minute un livre d’une valeur presque impersonnelle, tant il est élevé !

1198. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Si nous en croyons les dépositions curieuses et terribles de l’histoire d’Alaux, Soulouque, ce vieil enfant, car il avait plus de soixante ans quand il fut élevé à la présidence de la République d’Haïti ; Soulouque, « ce formidable poltron qui voit dans toute ombre un fantôme et dans tout silence un guet-apens », cet être absurde, fanatique, dévoré par des superstitions de sauvage, méfiant, fanfaron, cruel, mais apathique après que le sang, dont il a des soifs vraiment physiques, est versé ; Soulouque, ou, pour l’appeler du nom d’empereur qu’il s’est donné dans une farce officielle qu’aucun gouvernement n’a eu d’intérêt à empêcher, Faustin, est très au niveau, si ce n’est très au-dessous, du premier Cafre venu qui va s’éteindre sur la Côte d’Ivoire.

1199. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Rémusat, de race romancière par sa mère, et élevé à l’école de madame de Staël, pourrait être un miniaturiste convenable et nous donner des médaillons légèrement touchés.

1200. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

ce n’est pas qu’il soit une imagination sans richesse ni une sensibilité sans accent ; mais il appartient par des amitiés, plus élevées que la camaraderie, je le sais, à ce milieu d’esprits qui ne mettent entre eux que l’amour du beau dans l’indépendance, et ce n’est point avec cela qu’on trouve (tout de suite, du moins,) sa manière, quand on n’est pas né avec elle.

1201. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Autran n’est pas un gamin de génie, lui ; c’est un homme, je ne dis pas d’inspiration, mais de volonté grave et élevée, et c’est bien cela !

1202. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Parce qu’il était élevé, les esprits bas, qui sont si fins, le disaient niais, et Chateaubriand, Chateaubriand lui-même, le Méprisé des Naturalistes de notre âge, un jour l’appela « un grand dadais », parce qu’il voyait beau et grand, cet homme qui, en la regardant, grandissait la nature, mais qui ne la méconnaissait pas !

1203. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

Il est évident qu’il y a ici non plus un romancier à la douzaine, mais un artiste réfléchi, qui cherche des effets élevés et pathétiques et qui les trouve… Ce qui distingue particulièrement Ferdinand Fabre, c’est la force, bien plus grande chez lui que l’éclat.

1204. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Sue la place à laquelle les partis l’ont élevé pendant quelques jours.

1205. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Cependant, il faut bien l’avouer, comme ce dix-neuvième siècle-là est dans l’autre, — dans le sérieux, l’honnête, l’élevé, — nous n’avons pas le bégueulisme de l’interdire au romancier qui veut l’aborder et le peindre : la règle, pour nous, de toute poétique, de toute observation, de toute étude et même de toute langue, étant que tout ce qui est doit être exprimé, MM. de Goncourt pouvaient donc préférer à l’autre ce dix-neuvième siècle.

1206. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Théophile Gautier, à qui je refuse absolument aujourd’hui les qualités du romancier, — quel que soit le genre de roman qu’il conçoive ou qu’il réalise, — n’en est pas moins un des écrivains les plus caractérisés de ce temps, et, dans le sens le plus élevé du mot, un poëte.

1207. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Voici l’une de ces lettres (en date du 20 janvier 1917) :‌ Non, je ne crois pas, comme vous le déclarez, que le niveau moral de l’armée ne soit plus en 1917 aussi élevé qu’en 1914.

1208. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Heureusement la mémoire de Fénelon est vengée : la postérité, qui n’a ni crainte, ni lâche respect, a élevé sa voix.

1209. (1887) George Sand

L’âme, entraînée à sa suite, gravit les cîmes les plus élevées du sentiment. […] Une femme née dans un rang élevé, entourée de ce luxe et de cet éclat qui sont comme le cadre naturel des hautes existences sociales, pourra-t-elle, de cette région où elle vit, distinguer dans la foule humaine ce noble déclassé qu’elle doit remettre à son vrai niveau ? […] Le jour où elle s’était élevée à cette conception claire du but et de l’emploi de la vie, les grandes émotions qui avaient soulevé la sienne jusque dans son fond s’étaient pacifiées. […] Pulchérie, c’était l’épicurisme héritier de la partie mondaine et frivole du dernier siècle ; Sténio, l’enthousiasme et la faiblesse d’un temps sans point de repère et sans appui ; Magnus, le débris d’un clergé corrompu et abruti ; Lélia, l’aspiration sublime, qui est l’essence même des intelligences élevées. […] Dans toute cette partie de la correspondance, tout en se peignant au naturel, George Sand se maintient à un niveau très élevé de raison et de cœur.

1210. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

XXVII Phanor est honnête, élevé de cœur, il a du talent, mais point d’originalité vraie ; et quelle suffisance ! […] LIV Alexandre Dumas disait de Lamartine après les Girondins : « Il a élevé l’histoire à la hauteur du roman. » C’est bien le même Dumas qui disait : « Qu’est-ce que l’histoire ? […] LXXVI La duchesse de Broglie disait de Villemain, émancipé de Decazes et arborant à l’envi les principes élevés et les sentiments libéraux : « Après tout, ce n’est qu’un affranchi. » LXXVII Chez Villemain la pensée se présente comme tellement distincte de la phrase qu’elle lui semble extérieure : pour qualifier Cousin, il l’appelle un « penseur éloquent. » C’est comme si on l’appelait, lui, un « phraseur élégant. » LXXVIII Un modeste et fin professeur de rhétorique (Loudierre) disait de Villemain : « Il n’a jamais su que prendre la queue. » En effet, il n’a jamais pris l’initiative d’une idée ; mais, quand les autres y étaient, il était alerte à y courir, et il y faisait flores. […] Guizot est ferme et spécieux, d’une médiocrité élevée. […] CLIV Quand Thiers est retourné à Marseille (en 1846 ou 1845), on lui a fait grand accueil, et au collège où il a été élevé on a recherché ses anciennes notes ; on y a trouvé : Intelligent et insubordonné.

1211. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Justement parce que les religions antiques étaient trop populaires et enfantines pour satisfaire des esprits élevés, les philosophes anciens avaient supprimé pour eux la mythologie, et cherché Dieu. […] En vérité, ce Commynes est bien élevé. […] C’est un homme qui a les traditions de son art, et qui a médité sur son art, et qui s’en fait une idée élevée. […] Au fond c’est un livre très sain, écrit par un très honnête homme qui était rail lard, dans un temps où l’on n’était pas bien élevé. […] Ronsard et ses disciples adorent Pétrarque d’abord comme un grand humaniste érudit, ensuite comme un homme qui a eu la passion de la forme châtiée et raffinée, ensuite comme le théoricien et comme le peintre de l’amour chaste, élevé et délicat.

1212. (1903) Propos de théâtre. Première série

Philaminte est autrement élevée d’esprit et de cœur. […] La leçon morale est celle-ci : Les natures les plus élevées sont gâtées par le pédantisme. […] Les domestiques sont négligents, la maison mal tenue, tout le train est défectueux ; les enfants ont été mal élevés. […] Pour mieux dire, tout entêtée de philosophie, de belles lettres et de belles sciences, elle ne les a pas élevées de tout. Elles se sont élevées toutes seules, et ont poussé dans le sens de leur nature.

1213. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Enfin il a le mérite rare et curieux de penser par lui-même, de penser juste, de savoir beaucoup et d’écrire ce qu’il pense et ce qu’il sait en un style brillant, spirituel et élevé. […] Des fétiches adorés par la foule, il fait un petit monceau de poussière, et il arrache de leur piédestal les statues glorieuses élevées par la toute-puissance de la réclame à la toute-puissance de la bêtise. […] Nous n’avons même plus de jeunes gens ; ce sont les leurs qui se sont installés à leur place, partout, jusque dans les lieux de plaisir, où l’on ne rit plus d’ailleurs, car cette jeunesse est triste, mal élevée. […] Renan ou plutôt lui avait rendu ses opinions peu banales, en somme fort élevées, et dont il n’avait pas à rougir, quand on vit dans une autre atmosphère intellectuelle que M.  […] Edmond de Goncourt a donc le droit de sourire à ces attaques et, du haut de ses œuvres, debout sur le large et solide piédestal qu’elles ont élevé à sa gloire, de regarder en bas, d’un œil amusé et paternel, M. 

1214. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Claude Fauriel, né le 21 octobre 1772, à Saint-Étienne, d’une honnête famille d’artisans qui ne paraît pas avoir manqué d’aisance, fut élevé avec soin au collége des oratoriens de Tournon. […] Cabanis l’était pourtant, si je m’en forme une exacte idée, autant qu’aucun de son temps et du nôtre ; il l’était dans le sens le plus élevé, le plus honorable et le plus moral, — un amateur éclairé et passionné de la sagesse. […] Destiné, sans y songer, à être neuf et original en toute recherche, dès qu’il s’occupa de philosophie, il la prit par un côté qu’avaient négligé ses amis et ses premiers maîtres ; il s’adressa historiquement à la plus noble des sectes antiques, l’envisageant comme un acheminement à la sagesse moderne : son idée première était probablement de revenir par l’histoire à la doctrine, à une doctrine plus élevée, impartiale, élargie. […] Manzoni, dont c’étaient là les premiers discours avec Fauriel, dirigea de bonne heure son style de ce côté, selon cette vue élevée et sévère. […] Croyant avoir tout calculé, je ne concevais pas quelles nouvelles difficultés s’étaient élevées.

1215. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Chez Molière, en face de Sganarelle, au plus haut bout de la scène, Alceste apparaît ; Alceste, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus sérieux, de plus noble, de plus élevé dans le comique, le point où le ridicule confine au courage, à la vertu. […] Sganarelle embrasse les trois quarts de l’échelle comique, le bas tout entier, et le milieu qu’il partage avec Gorgibus et Chrysale ; Alceste tient l’autre quart, le plus élevé. […] De la farce franche et un peu grosse du début, on se sera élevé, en passant par le naïf, le sérieux, le profondément observé, jusqu’à la fantaisie du rire dans toute sa pompe et au gai sabbat le plus délirant. […] Il souffrait de manquer parfois d’une certaine considération sérieuse, élevée ; le comédien en lui nuisait au poëte.

1216. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

C’est un monde heureux et plus élevé dans la sphère de l’esprit que le nôtre. […] Si j’ai bien compris ce que votre auteur conclut, c’est que le beau est l’expression la plus élevée de la vie divine, et que le sentiment du beau est l’expression la plus élevée de la vie humaine. […] Je ne puis vous haïr pour l’absence de cet idéal qui eut élevé votre immense génie au-dessus des lois régulières maintenues dans notre progrès humain par la sagesse divine. […] Depuis les larmes et les imprécations des prophètes de Sion, aucune voix ne s’était élevée avec tant de force pour chanter un sujet aussi vaste que celui de la chute d’une nation. […] … Seul je me suis élevé jusqu’ici.

1217. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Le côté littéraire de la question de prééminence entre les anciens et les modernes n’est en effet qu’un cas particulier d’un problème plus élevé : Le genre humain va-t-il en se perfectionnant ?

1218. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

« Vous avez été bercé par la poésie, vous avez été élevé par une muse que j’appelais la dixième, la muse de la vertu.

1219. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Et pourtant… Mais avec Lamartine il ne faut jamais analyser. » « — Ces mêmes gens qui, hier encore, auraient voulu lapider Lamartine à cause de ses Girondins et de ses discours de Mâcon, lui élèveraient aujourd’hui des autels : mais sur cet autel il faudrait inscrire : Élevé par la Reconnaissance et par la Peur. »|75}} « — Lamartine est au fond un roué, mais un roué de la race de Fenelon. 

1220. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Il vaudrait mieux rendre plus profond encore l’abîme qui sépare le vice de la vertu, réunir l’amour des lumières à celui de la morale, attirer à elle tout ce qu’il y a d’élevé parmi les hommes, afin de livrer le crime à tous les genres de honte, d’ignorance et d’avilissement ; mais, quelle que soit l’opinion qu’on ait adoptée sur ces conquêtes du temps, sur cet empire indéfini de la raison, il me semble qu’il est un argument qui convient également à toutes les manières de voir.

1221. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Pastourelle Le persiflage, gamin de Paris153, a jeté bas d’un coup de pied la barrière élevée par la nature entre la comédie et la satire.

1222. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Une fois cette digue emportée, il n’y a plus de digue, et l’inondation roule sur toute la France comme sur une plaine unie  En pareil cas, chez les autres peuples, des obstacles se sont rencontrés : il y avait des lieux élevés, des centres de refuges, quelques vieilles enceintes où, dans l’effarement universel, une partie de la population trouvait des abris  Ici le premier choc achève d’en emporter les derniers restes, et, dans ces vingt-six millions d’hommes dispersés, chacun est seul.

1223. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Tancrède Martel Ceux qui, comme le grand et vigoureux poète de la Chanson des gueux , ont voué leur existence entière aux flammes d’un art élevé, savent seuls ce qu’il y a de bonheur dans l’enfantement laborieux d’une œuvre préférée.

1224. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Orpheline depuis l’âge de 5 ans, élevée par un oncle respectable, instruite par Ménage, mariée à 18 ans, veuve à 26, retirée pendant deux années qu’elle emploie à l’éducation de ses enfants et à l’arrangement de leur fortune, sachant le latin, l’espagnol, l’italien et la littérature, ses premiers pus dans la société se tournent vers l’hôtel de Rambouillet ; la marquise, âgée, isolée par le mariage de sa fille, désolée de la mort de son mari et de celle d’un fils de 31 ans arrivées à un an de distance, fut la première personne dont madame de Sévigné, belle, brillante de jeunesse, d’esprit et de savoir, rechercha la société et ambitionna la confiance.

1225. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Au lieu de dresser un héros unique, les auteurs, élevés au collège naturaliste, ont voulu nous intéresser à toute une famille et, sur chacun des lieux où doit se passer quelque chose, ils ont placé, témoin ému, un membre de cette famille.

1226. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

FÉNÉLON, [François de Salignac de la Motte] Archevêque de Cambrai, Précepteur des Enfans de France, de l’Académie Françoise, né en Quercy en 1651, mort en 1715 ; homme qui seul peut-être a eu le privilége de réunir les plus beaux & les plus heureux dons du génie, aux sentimens de l’ame la plus élevée, la plus sensible & la plus vertueuse.

1227. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Il est telle petite pièce d’un genre élevé, où non seulement on peut, mais où l’on doit nécessairement employer les vers.

1228. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Mais la mode de prendre l’un et l’autre y finit avec le regne de ce prince, qui aimoit les gascons et qui les avançoit préferablement à ses autres sujets, parce qu’il étoit né et parce qu’il avoit été élevé dans leur païs.

1229. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Mme de Staël, ce Diderot-femme et qui, parce qu’elle était femme, valait mieux que Diderot, a, offert le même spectacle que Diderot, dont Mme Necker disait, sans regarder sa fille : « Il n’eût pas été si naturel, s’il n’avait pas été si exagéré. » Mlle Delphine Gay, qui a presque failli être Corinne Gay, mais que l’esprit, l’esprit grandi et trempé, comme un acier, dans la vie, a sauvé du vertige, au bord du ridicule, Mlle Delphine Gay, cette de Staël, blonde et belle, et qui faisait des vers, trois supériorités qui eussent passionné, jusqu’à la petitesse de la jalousie, la grande âme de Mme de Staël, mais qui n’en restera pas moins inférieure à Mme de Staël, malgré ces trois supériorités, Mlle Gay, née à Aix-la-Chapelle, fut baptisée, dit-on, sur le tombeau de Charlemagne et élevée à l’ombre de ce cap Misène, peint par Gérard, qui, alors, projetait sa cime lumineuse sur toutes les imaginations.

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