Il raconte Granvelle, cette figure impassible qui a tant de sensibilité par-dessous… ce cardinal qui a la beauté calme d’une physionomie militaire, cet homme blanchi à quarante-six ans par des soucis affreux, impopulaire, — la gloire vraie de tous les grands ministres !
… Ce livre, qui nous montre les nôtres et qui nous les explique, a parfois de la grandeur et de la beauté.
mais comme la grâce et la beauté d’une figure au sein d’un costume démodé.
L’abbé Galiani démontrait, en effet, par la petitesse de sa personne, que l’esprit n’a pas besoin d’espace comme la matière, et que toutes ses puissances accumulées peuvent tenir dans une imperceptibilité… Et c’est bien là la beauté de l’esprit, sa force et sa gloire !
La niaiserie même de cette morale lui échappe, car, vous le savez, le Truism soleille en Orient ; la bêtise a dans ces contrées la beauté et la grandeur du climat, et les Chinois en particulier (à un très petit nombre près de proverbes qui font exception au reste de leur littérature), les Chinois sont d’incommensurables La Palisse.
Son livre a la beauté de ce bouclier de diamant inventé par un poète, et dans lequel un de ses héros voyait distinctement sa honte.
La Chimère porte un sein de femme, et la poésie la moins humaine peut racheter le vide de son amphore par la pureté de son contour et les beautés de sa surface.
C’est le style lâché, déboutonné, effiloché, bohême enfin, dans toute sa beauté de paillon et de haillon.
Sa résignation n’a pas la beauté sévère d’une vertu, mais la grâce d’une amabilité : Madame la Providence, Hélas !
D’autres écrivains dans différents genres, tels qu’Amyot, traducteur de Plutarque, et grand aumônier de France ; Marguerite de Valois, célèbre par sa beauté comme par son esprit, rivale de Boccace, et aïeule de Henri IV ; et ce Rabelais, qui joua la folie pour faire passer la raison ; et ce Montaigne, qui fut philosophe avec si peu de faste, et peignit ses idées avec tant d’imagination.
Le froid m’envahit, et je m’épouvante à présent ; car j’y trouve, et dans sa rigueur même, une beauté… Sans plus rêver jamais, je pense. […] Il a voulu, ce qui est peut-être trop compter sur nous, que nous comprissions que Philoctète, là où il en est, se dévoue non à la Patrie, non aux dieux, mais à la beauté même du dévouement, ce qui est admirablement platonicien, mais ce qui reste, dans l’œuvre de M. […] On dirait quelquefois qu’il ne vous en parle que pour la comparer à toutes les beautés des trois règnes de la nature. […] Toutes les parties de cette œuvre tirent leur beauté de cette ressemblance avec la vie. » Le seul moyen d’échapper aux reproches fut toujours de se contredire. […] Monime est, au contraire, un caractère tout d’une pièce, admirable du reste de haute beauté morale et d’inaltérable dignité.
La nature et la société, l’art et la vie, la vérité, la beauté sont là qui invitent le poète, et le romancier, et l’auteur dramatique. […] Le « naturalisme » de Taine, aussi bien que celui de Flaubert, était plus large ; — il était surtout plus intelligent que ne l’était le réalisme des Courbet et des Champfleury ; — et, par exemple, il n’excluait de ses « représentations » ni la beauté, ni le passé [Cf. […] et, quand ils en sont arrivés à penser, et très sérieusement, comme Flaubert, qu’un « assemblage de mots, indépendamment de ce qu’il exprime », avait en soi sa beauté, n’ont-ils pas été dupes d’une véritable hallucination d’art ? […] S’il est loisible au peintre ou au sculpteur de ne se soucier uniquement que de la réalisation du caractère ou de la beauté, ni l’auteur dramatique, ni le poète ne le peuvent, parce qu’ils se servent de mots, et que les mots expriment des idées, et que les idées se changent en mobiles ou en motifs d’action. […] Hypatie] ; — et l’amour païen de la beauté pure [Cf.
Tant qu’il avait été dans la garde royale, c’est-à-dire jusqu’en 1823, il avait vécu à Paris et dans les cercles littéraires, où il rencontrait habituellement Soumet, Guiraud, les frères Deschamps et cette charmante et merveilleuse muse, Delphine Gay, alors dans la fleur naissante de son talent poétique et dans le premier épanouissement de sa beauté. […] Enfin, s’il faut bien le dire, il était amoureux, et sans nous permettre assurément de regarder dans les choix délicats qu’il a pu faire, ni parmi les tendres beautés qu’il a célébrées sous les noms d’Éva ou d’Éloa, il est impossible de ne pas voir ce qui fait partie de sa vie de théâtre et ce qui a éclaté. […] Un sacrifice illustre et fait pour étonner Rehausse mieux que l’or, aux yeux de ses pareilles, La beauté qui produit tant d’étranges merveilles… En un mot, Dalila est fière de Samson, voilà tout ; il lui fait honneur devant le monde, il la décore et la rehausse en public ; mais elle ne l’aime pas ; il ne l’amuse pas : elle met ses goûts moins haut.
Les premiers monuments littéraires proprement dits, que nous aurons à analyser pour certaines beautés simples ; — beautés, est-ce trop dire ? […] Il y a du Delille en lui quand il décrit les beautés de la Moselle ; il y a même mieux qu’un Delille, si la petite idylle des Roses est réellement de lui.
Parmi les filles, un très petit nombre se marient, parce que la loi ne leur accorde qu’une parcelle du patrimoine de la famille ; les unes entrent dans des couvents, ces sépulcres de la jeunesse et de la beauté qui étouffent souvent les gémissements secrets de la nature ; les autres restent dans la maison, y vieillissent avec une inclination cachée dans leur cœur, contractent une physionomie de résignation et de mélancolie douce qui fait monter les larmes aux yeux quand on les regarde, puis s’accoutument à leur sort, se font les providences de la maison, reprennent leur gaieté et deviennent tantes, cette seconde maternité de la famille, plus touchante encore que l’autre, parce qu’elle est plus désintéressée et plus adoptive. […] Les amours de l’empereur Alexandre avec la belle princesse Maria-Antonia, que nous avons connue nous-mêmes sur le déclin encore rayonnant de sa beauté, sont racontés avec une légèreté qui étonne. […] Il va chez la beauté en crédit et se vante de sa faveur auprès d’elle.
Mme Émile de Girardin, fille de Mme Gay, qui l’avait élevée pour lui succéder sur deux trônes, l’un de beauté, l’autre d’esprit, avait hérité, de plus, de la bonté qui fait aimer ce qu’on admire. Ces trois dons, beauté, esprit, bonté, en avaient fait la reine du siècle. […] XXI C’est peu de temps avant cette époque que la beauté, l’amour, l’esprit et la fortune parurent d’un seul coup vouloir dépasser par la réalité tous les rêves de son passé.
Ne faisons lire notre élève qu’à l’âge où sa raison saura rejeter le vice et saisir la beauté. […] Tandis que toute la morale se réduisait pour les autres aux vertus de bienfaisance et d’humanité, Jean-Jacques eut le sentiment profond de la perfection ou de la dégradation intime de l’être : il prêcha les vertus personnelles, l’âpre poursuite de la pureté, de la bonté, de la beauté intérieures, indépendamment du service et de l’utilité d’autrui. […] Il a répandu sur les vulgaires détails du ménage une gravité, une beauté, une dignité qui nous saisissent.
La beauté du théâtre, c’est de montrer comment le bonheur ou le malheur des hommes sort invinciblement de ce fond, et comment, dans les épreuves de la vie, la personne dont chaque homme a le plus à se plaindre, c’est lui-même. […] Et de même, dialoguer court, par mots entrecoupés de points, est à la portée de plus de gens que le dialogue à tirades éloquentes, où se répand le caractère et s’épanche la passion, où le poète pense au lecteur tout en travaillant pour le parterre, et conquiert le succès du moment par les beautés qui font les succès durables. […] Mais sitôt qu’il s’attache au manteau de Molière, sa veine jaillit, et il fait applaudir des beautés nouvelles.
Des beautés durables dans les œuvres de Jean-Jacques Rousseau. […] Les beautés durables de Jean-Jacques Rousseau. […] Il s’agit moins d’ailleurs de vérités nouvelles que de vérités rendues nouvelles, soit par le moment où il les a défendues, soit par la beauté de la défense.
Or le paradis sera ici-bas quand tous auront part à la lumière, à la perfection, à la beauté et, par là, au bonheur. […] Pour moi, je déclare que, quand je fais bien, je n’obéis à personne, je ne livre aucune bataille et ne remporte aucune victoire, que je fais un acte aussi indépendant et aussi spontané que celui de l’artiste qui tire du fond de son âme la beauté pour la réaliser au dehors, que je n’ai qu’à suivre avec ravissement et parfait acquiescement l’inspiration morale qui sort du fond de mon cœur. […] Aristote va jusqu’à dire que, si la beauté était un indice de la valeur individuelle, les moins beaux devraient être les esclaves des plus beaux.
Ceux qui ont admis la beauté de la nature comme preuve d’une intelligence supérieure auraient dû faire remarquer une chose qui agrandit prodigieusement la sphère des merveilles : c’est que le mouvement et le repos, les ténèbres et la lumière, les saisons, la marche des astres, qui varient les décorations du monde, ne sont pourtant successifs qu’en apparence et sont permanents en réalité. […] Parce qu’indépendamment des beautés réelles de ce style, ce style était neuf, et qu’il y a dans la nouveauté une primeur de sensations qui est à elle seule une beauté littéraire.
Mais l’antiquité et Racine, — car Racine, c’est l’Antiquité passant à travers la société de Louis XIV, — agissant sur celle tète artiste par leurs indiscutables beautés, brouillèrent bientôt la vue du penseur et le firent conclure, mollement, il est vrai, contre ce qui était, littérairement, la vérité même ! […] À part cette flatterie involontaire dont nous parlions plus haut, à part cet éblouissement des quelques lueurs qui restent au front du Lucifer tombé, et cet attendrissement causé par ces fibres humaines qui étaient en Luther comme elles furent en Danton, du reste, et qui mettaient la grâce et la beauté des larmes dans ces deux natures de porcher, Audin a saisi Luther par toutes ses faces, extérieures ou intimes, élevées ou basses, éclatantes ou sombres, mais avec une force et une souplesse de préhension irrésistible. […] Audin s’y conformait sans s’en rendre compte, et il en a jailli trois œuvres d’une beauté semblable et différente : Luther, Henri VIII et Calvin !
C’est au nom de l’art qu’ils ont parlé ; c’est la beauté idéale, c’est la pureté de la forme qu’ils ont invoquées. […] Même dans notre humble condition, la beauté n’a-t-elle pas besoin de parure ? […] De la vérité humaine, de la beauté poétique, de l’élévation morale, il s’en soucie peu pour ses héros : il lui suffit qu’ils soient forts. […] Si la fille du peuple a dans sa beauté un don funeste, c’est parce que notre abominable société est composée de pauvres et de riches. […] Vous étiez beau de la beauté des riches, moi j’étais laid de la laideur des pauvres.
Je le vis, je fis quelques sacrifices d’argent pour soutenir son journal, et je lui donnai rendez-vous secret à dîner une fois par semaine chez une femme de beaucoup d’esprit et de beauté, déjà célèbre, madame d’***, avec laquelle j’avais été lié plusieurs années avant la révolution et qu’il voyait assidûment lui-même. […] Un coup de sabre qu’il avait reçu en Russie l’avait balafré à la façon d’un héros ; cette éclatante blessure relevait sa mâle beauté.
Toutes ces règles, inutiles et nuisibles, puisqu’elles n’ajoutent rien à la beauté du vers, ont été inventées et imposées par Malherbe et par Boileau, versificateurs qui tuèrent la poésie pour deux siècles. […] Quand les hommes parlent de Beauté, ils entendent, non pas précisément une qualité, comme on le suppose, mais une impression ; bref, ils ont justement en vue cette violence et pure élévation de l’âme — non pas de l’intellect, non plus que du cœur — qui est le résultat de la contemplation du Beau ».
Mais, pour les grandes qualités qui font vivre les écrits, pour les beautés qu’on ne recommence pas, elles y sont rares comme les hasards de la veine chez les écrivains qui n’ont que du talent. […] Tour à tour poétique et pittoresque, ingénieux et subtil, il ôte aux esprits les plus difficiles l’envie de remarquer quelques traces des défauts du temps parmi tant de beautés aimables que lui inspire le désir de plaire aux âmes pour les sauver.
et qu’est-ce que ces deux bêtes ajoutent à la beauté de la partition ? […] Alors, les beautés se succèdent, selon la plus étonnante des progressions : le rêve d’Elsa, l’appel du héraut, deux fois répété dans un mortel silence de l’orchestre et des chœurs, l’invocation fervente de la vierge par tous abandonnée, l’apparition de la nacelle sur les méandres lointains du fleuve, la stupeur, l’allégresse de la foule, traduites en un double ensemble choral d’une animation prodigieusement réelle ; puis l’adieu au cygne, l’interdiction faite à Elsa par Lohengrin, l’ouverture du champ clos, le combat, la victoire.
M. de Latouche, en quelques-unes de ses pièces, a des éclairs de flamme et un sentiment vif de la beauté physique (voir l’élégie intitulée Apparition). […] Sa colère et son dédain étaient si grands quand il se détrompait d’un talent, d’une vertu, d’une beauté, dont la découverte et la croyance l’avaient rempli de tant de joie !
D’une façon générale, il apparaît que l’idée qui, dans sa pureté, allait à renier le monde, concluait au renoncement des biens terrestres, proclamait la fraternité humaine, l’égalité de tous et la vanité des différences, tenait en mépris l’effort intellectuel et la recherche scientifique, condamnait l’attachement à la beauté des formes, des mots et des sons, a donné naissance, avec le monde moderne qu’elle a créé, à l’organisation de la propriété, au développement de la richesse, à la constitution des hiérarchies, à un labeur inouï de l’humanité occidentale pour s’emparer des forces de la nature, à un accroissement des besoins, à une culture scientifique, dont le monde antique n’a pas approché, ainsi qu’à des formes d’art nouvelles et d’une égale beauté.
Un corps de fillette étudié d’un bout à l’autre dans la beauté de la jeune fille plus en bouton qu’en fleur, à l’heure des promesses physiques qui éclosent, à l’heure où la forme de la femme dans son accomplissement, garde encore un peu des élancements et des maigreurs adorables de la jeune fille. […] La mère de Barrière, une très jolie femme, mais, comme toute jolie femme, assez récalcitrante à la reconnaissance de la beauté de ses semblables, lui demanda comment il trouvait cette dame, et comme il disait qu’elle était tout à fait gentille : « Oh !
Il n’avait pas osé le laisser aussi étranger à l’action qu’il l’est dans les meilleures tragédies de l’antiquité, celles de Sophocle : car je ne parle pas ici des chœurs d’Euripide, de ce poëte admirable, sans doute, par son talent dans la sensibilité et dans l’ironie, mais prétentieux, déclamateur, ambitieux d’effets, et qui, par ses défauts et même par ses beautés, ravit le premier à la tragédie grecque la noble simplicité qui la distinguait. […] Sentir les beautés partout où elles se trouvent n’est pas une délicatesse de moins, mais une faculté de plus.
Sont-ce leurs attaches et leurs mouvements que j’y viens étudier ; ou bien est-ce une impression de beauté et d’harmonie, ou la représentation puissante de quelque grand drame de l’histoire que je suis venu demander à l’œuvre d’art et que je lui suis reconnaissant de m’avoir donnée ? […] La république n’a pas de raison d’être, si elle n’est pas le gouvernement où les âmes sont le plus vraiment fières et libres : une démocratie qui n’aurait pas la passion de la beauté et de la grandeur morale serait la plus honteuse déchéance de l’humanité.
Si notre science contemporaine agit si peu, ou si mal, sur les mœurs, c’est qu’elle se contente trop souvent d’aligner des faits, sans beauté : elle ne va pas à l’âme. […] Quelque contradictoires que puissent paraître ces œuvres d’art successives, chacune d’elles est vraie ; étant œuvres de vie, elles convergent toutes, dans la même sincérité, comme autant de rayons, vers l’immortelle beauté de la vérité.
On parle aussi, il est vrai, de l’ascendant que prirent ces femmes sur leurs maris ; mais elles durent cet ascendant à leur adresse bien plus qu’à leur beauté. […] J’ignore si ce fut la beauté de certaines images qui détermina l’Empereur Léon l’Isaurien à se faire Iconoclaste*.
Ces défauts du langage ultralyrique de Lycophron, assez habilement conservés dans une traduction moderne en vers anglais, offriraient une étude piquante sur le grand art d’écrire, et sur ce point extrême, où, dans le génie de l’orateur et du poëte, comme dans la fortune du conquérant, on peut exactement dire : « Du sublime au ridicule il n’y a qu’un pas. » Ce pas, Lycophron l’a souvent franchi ; et toutefois, à part les emprunts raffinés de langage, les enchères d’audace métaphorique, il y a quelques beautés à recueillir dans cette suite de prophéties nuageuses de Cassandre, du haut de la tour où le poëte la suppose prisonnière, avant le départ de Paris, dont elle contemple dans l’avenir l’adultère, la fuite et la punition. […] Les vers surtout qui retracent le repos de l’Égypte, sa paix féconde et son vaste commerce, semblent d’une beauté durable ; mais là même apparaît tout entier le vice de cette monarchie née de la poussière d’Alexandre.
Les beautés et les défauts qu’on peut y remarquer se retrouvent plus ou moins dans toutes les pièces du recueil.
Aristocrate d’origine et d’inclination, mais indépendante de nature, loyale et cavalière à la façon de Montrose et de Sombreuil, elle se retourna vers le passé, l’adora, le chanta avec amour, et s’efforça dans son illusion de le retrouver et de le transporter au sein du présent ; le moyen âge fut sa passion, elle en pénétra les beautés, elle en idéalisa les grandeurs ; elle eut le tort de croire qu’il se pouvait reproduire en partie par ses beaux endroits, et en cela elle fut abusée par les fictions de droit divin et d’aristocratie prétendue essentielle qui recouvraient d’un faux lustre le fond démocratique de la société moderne.
Mais il ne faut pas croire qu’elle soit dédaigneusement artistique, curieuse de beauté, et indifférente au reste : les résultats pratiques des vérités énoncées l’intéressent.
Il devait dire : pour ce qui est vrai ; mais il était si peu artiste, qu’il ne concevait pas d’autre beauté que celle d’une pensée fine ou d’une démonstration élégamment conduite.
C’est que cette tristesse vaine, et pourtant sincère, je l’ai souvent sentie en moi, et que j’en rougis ; c’est que j’ai peur d’y découvrir un mélange affreux de vanité, d’égoïsme, de « gendelettrerie », de complaisance pour la beauté et la distinction de ma propre intelligence ; et que, de souffrir uniquement par la pensée (oh !
Trois phases de l’esprit humain. 1° Syncrétisme primitif : livre sacré ; beauté et harmonie de cet état. 2° Analyse.
Il ne se dissimulait pas l’épouvantable orage qu’il allait soulever dans le monde. « Vous croyez peut-être, disait-il avec hardiesse et beauté, que je suis venu apporter la paix sur la terre ; non, je suis venu y jeter le glaive.
Selon ce Juge, aussi éclairé que délicat en matiere d'éloquence, les beautés recherchées, la fausse richesse, le brillant passager du style, bien loin de subjuguer l'ame de l'Auditeur ou du Lecteur, l'éblouissent & l'émoussent par un fade plaisir.
Mais cette race élue portait en elle des divinités qui devaient conquérir le monde : les génies de la beauté, de la civilisation, de l’éducation, du progrès ; une religion ouverte à toutes les hardiesses et à toutes les conceptions de l’esprit, le sens unique et parfait des arts, le culte des idées pures, un don de perfectionnement qui transformait tout ce qu’elle touchait.
Tout ce Prologue pêche par un défaut de liaison dans les idées, et aucune beauté de détail ne rachète ce défaut.
Par exemple, un homme qui ne sçait pas que le même Pharnace qui s’étoit allié aux romains contre son pere Mithridate, fut dépoüillé honteusement de ses états par Jules Cesar quelques années après, n’est point frappé de la beauté des vers prophetiques que Racine fait proferer à Mithridate expirant.
Je les connais et je les aime depuis le collège, où l’on nous donnait pour prix les trois gros volumes de Léon Gautier, pour nous familiariser avec ces pures beautés nationales.
Peut-être est-ce parce que je suis plus près d’être vieux que d’être résigné… J’avoue cependant que c’est là un morceau d’une rare beauté et d’une éloquence bien pénétrante.
Et voilà pourquoi son livre manque de la beauté grandiose, dont elle pouvait le faire resplendir.
De l’un il avait l’énergie téméraire, et de l’autre la beauté suprême, l’ironie, la grâce, l’insolence, tous les ensorcellements des hommes qui doivent vivre et mourir par l’amour.
Si l’on n’est pas un grand historien, on peut être plus facilement un bon commis… Je ne demande pas mieux que de voir l’auteur du Hugues de Lionne en devenir un, agrémenté de tous les ornements de cette fonction publique ; mais je ne veux pas qu’on nous donne, à nous qui nous occupons de la valeur des livres et de leur beauté, comme preuve de talent, un volume d’une confection aussi facile et de si peu de signifiance.
Le reste, c’est-à-dire la beauté de la langue ou la spécialité de l’inspiration, ce n’est pas ce qui fait l’individualité, l’intime individualité de Villon.
Il croyait la source des chefs-d’œuvre inépuisable pour le génie humain, et la beauté, comme la vérité, infinie… C’est lui qui a écrit : « Le génie a cent yeux comme Argus.
Il était, comme le portrait de ce livre l’atteste, jeune et beau, — d’une beauté presque féminine, et quoiqu’il soit mort vieux, avec des cheveux blancs, souillés et ensanglantés comme ceux de Priam, l’Imagination s’obstine à ne voir sa tête que jeune et charmante, telle qu’elle était du temps de cette Reine à laquelle il s’était dévoué, et comme si un dévouement pareil au sien ne pouvait appartenir qu’à l’enthousiasme de la jeunesse !
Elle appartenait à la première société du monde, sur laquelle elle régna sans être jamais détrônée, dans sa jeunesse par l’esprit et par la beauté, dans la vieillesse par l’esprit redoublé et multiplié de toutes les expériences de la vie et même du malheur de sa cécité.
… Mais, en revanche de toutes ces méconnaissances, Doudan, qui vante Rousseau comme on le vantait au xviiie siècle et comme s’il était lui-même du xviiie siècle, Doudan, qui aime le docteur Chalmers comme tous les benêts du xixe , Doudan, cet esprit trop frais, trop léger et trop badin pour n’être pas révolté par les beautés logiques du Dante, finit par avouer sa passion pour Edgar Quinet, et voilà tous les autres vengés !
N’y aurait-il qu’une âme — une seule âme — qui sentît la beauté de ces lettres et le charme de leur pureté, qu’il faudrait les publier pour cette seule âme !
Une vie pareille — vue de par-dehors — ne se raconte pas ; car l’incomparable beauté en est tout intérieure.
Typographiquement, cette publication est d’une beauté presque grandiose.
Seulement, elle ne fut pas de force à monter avec le poète jusqu’à la hauteur de ses Harmonies, et comme, plus tard, il devait rester au plafond où il avait voulu siéger seul, le poète resta seul aussi dans son ciel… Ce qu’il y avait d’amour humain dans ses Méditations avait saisi toutes les âmes et touché tous les cœurs, mais l’amour de Dieu est d’une grandeur et d’une beauté plus incompréhensibles à la majorité des hommes.
Ils ont considéré Dieu comme souveraine justice, comme souveraine intelligence et comme souveraine raison, tout autant que comme suprême beauté, suprême puissance, suprême majesté. […] Mais en général les hommes ont fait entrer dans l’idée de Dieu tout ce qu’il y a de supérieur en eux et aussi bien les beautés d’imagination que les beautés de raison. […] Est-ce une raison pour croire que ces beautés d’imagination qu’ils ont mises dans l’idée de Dieu les puissent pervertir ? […] S’ils ne se sont pas contentés du Dieu tout raison, s’ils ont voulu le Dieu tout beauté, tout charme et tout amour, c’est pour enrichir, achever et confirmer à leurs yeux sa personnalité ; c’est, usons du mot sacré, si caractéristique, pour avoir un Dieu vivant. […] Ses attaques, ses charges et assauts furibonds, qui scandalisaient par leur brutalité, n’étaient pas sans beauté, étant la manifestation d’une force rare et extraordinaire.
à cette obscurité, et mademoiselle … augmenta d’une nouvelle étoile la constellation des beautés à la mode. […] Chacun des membres présents a lu un mémoire d’une grande beauté et de plusieurs kilomètres. […] Ou bien, ce sera le mari, dont la fantaisie fait boule de neige, avec les passions que fait naître sa femme, et qui, prenant l’amant de celle-ci à part, — lui dira avec ce sourire d’un mari sûr de sa proie : — Voyez donc, mon cher, comme ma femme est en beauté ce soir ! […] *** Un admirateur passionné du talent joyeux d’une des meilleures servantes de Molière, s’étant aventuré un soir au petit théâtre Séraphin, rencontre l’artiste en contemplation devant les beautés du Pont cassé ; c’était à l’époque où l’actrice se trouvait dans une situation intéressante. […] On sait qu’il y a lutte, comme beauté de points de vue, entre la terrasse de Windsor et celle de Saint-Germain.
Partout18 une discipline rigide, et la hache prête pour toute apparence de trahison ; les plus grands, des évêques, un chancelier, des princes, des parents du roi, des reines, un protecteur, agenouillés sur la paille, viendront éclabousser la Tour de leur sang ; un à un, on les voit défiler, tendre le col : le duc de Buckingham, la reine Anne de Boleyn, la reine Catherine Howard, le comte de Surrey, l’amiral Seymour, le duc de Somerset, lady Jane Grey et son mari, le duc de Northumberland, la reine Marie Stuart, le comte d’Essex, tous sur le trône ou sur les marches du trône, au faîte des honneurs, de la beauté, de la jeunesse et du génie ; de cette procession éclatante, on ne voit revenir que des troncs inertes, maniés à plaisir par la main du bourreau. […] Le libre et plein développement de la pure nature qui, en Grèce et en Italie, aboutit à la peinture de la beauté et de la force heureuse, aboutit ici à la peinture de l’énergie farouche, de l’agonie et de la mort. […] La sereine et noble Grèce a pour chef de ses poëtes tragiques un des plus accomplis et des plus heureux de ses enfants28, Sophocle, le premier dans les choses du chant et de la palestre, qui, à quinze ans, chantait nu le pæan devant le trophée de Salamine, et qui, depuis, ambassadeur, général, toujours aimé des Dieux et passionné pour sa ville, offrit en spectacle dans sa vie comme dans ses œuvres l’harmonie incomparable qui a fait la beauté du monde antique, et que le monde moderne n’atteindra plus. […] Il aura des esprits qu’il enverra chercher de l’or dans l’Inde, et « fouiller l’Océan pour entasser devant lui les perles orientales », qui lui apprendront les secrets des rois, qui, à son ordre, enfermeront l’Allemagne d’un mur d’airain, ou feront couler les flots du Rhin autour de Wittenberg, qui marcheront devant lui « sous la forme de lions, pour lui servir de garde, ou comme des géants de Laponie, ou comme des femmes et des vierges, dont le front sublime ombragera plus de beauté que la gorge blanche de la reine de l’Amour. » Quels rêves éclatants, quels désirs, quelles curiosités gigantesques ou voluptueuses, dignes d’un César romain ou d’un poëte d’Orient, ne viennent pas tourbillonner dans cette cervelle fourmillante ! […] Monuments, statues et peintures, théâtre, éloquence et poésie, de Sophocle à Racine, ils ont coulé toute leur œuvre dans le même moule, et produit la beauté par le même moyen.
Plus je vois, plus je veux regarder, je m’arrache avec peine à toutes ces beautés. […] J’avais déjà vu son portrait hier, et je savais qu’il a des yeux splendides (beauté qui manque à L. […] Il y a à la fin du premier acte un accompagnement d’une telle beauté que j’en suis restée saisie. […] Si les spectateurs étaient sincères, ils auraient pleuré ; oui, il y a des beautés si… grandes, si pénétrantes, si fortes. […] Du reste tout gagne à être bien encadré, la beauté, le génie et même la foi.
Delille fut le héros de ce style : j’ai tâché que le mien convienne aux enfants de la révolution, aux gens qui cherchent la pensée plus que la beauté des mots ; aux gens qui, au lieu de lire Quinte-Curce et d’étudier Tacite, ont fait la campagne de Moskou et vu de près les étranges transactions de 1814. […] Les vers anglais ou italiens peuvent tout dire, et ne font pas obstacle aux beautés dramatiques. […] Quel vers, quel rhythme peut ajouter à la beauté d’un tel mot ? […] (brillants privilèges de la poésie), les raisons de sentir une beauté de la nature ; or dans le genre dramatique ce sont les scènes précédentes qui donnent tout son effet au mot que nous entendons prononcer dans la scène actuelle.
Et Daudet parle de l’admiration, de l’espèce de culte pour le mal, chez les médecins, les infirmiers, citant l’enthousiasme lyrique d’un frère Saint-Jean-de-Dieu pour la plaie du petit Montegut, chantant sa beauté, la comparant à une pivoine. […] À mon grand regret, je suis forcé de quitter le théâtre, au moment où l’on va représenter le tableau des sept petites filles, que Porel a eu la chance de réunir, et me voilà à la mairie, pour le mariage de Georgette Charpentier, toute charmante dans une de ces toilettes esthetic de la Grande-Bretagne, qui va à sa beauté ophélique, à sa grâce névrosée. […] Vous avez été toujours, Monsieur, un étonnement pour moi, par le bouleversement, que vous avez porté dans la conception que je m’étais faite du normalien, car je dois vous l’avouer, je voyais dans le normalien, un homme tout nourri des beautés et des délicatesses des littératures grecque et latine, et allant dans notre littérature, aux œuvres d’hommes, s’efforçant d’apporter, autant qu’il était en leur pouvoir, des qualités semblables, et tout d’abord une qualité de style, qui, dans toutes les littératures de tous les temps et de tous les pays, a été considérée comme la qualité maîtresse de l’art dramatique. […] » Jeudi 27 décembre Discussion à table avec Daudet, où je soutiens qu’un homme qui n’a pas été doué par Dieu du sens pictural, pourra peut-être, à force d’intelligence, goûter quelques gros côtés perceptibles de la peinture, mais n’en goûtera jamais la beauté intime, la bonté absconse au public, n’aura jamais la joie d’une coloration, et je lui parlais à ce propos de l’eau-forte, de ses noirs, de certains noirs de Seymour-Haden qui mettent l’œil dans un état d’ivresse chez l’homme, au sens pictural.
Il entre quelquefois dans de trop grands détails ; la beauté de son style empêche presque qu’on ne s’apperçoive de ce défaut. […] Si Strada a de grandes beautés, il a aussi de grands défauts. […] Il a profité de leurs beautés & a évité leurs défauts. […] Les principaux événemens de cinquante années décrits avec beaucoup d’ordre & de clarté, & réunis par une liaison naturelle, forment un corps d’histoire qui seroit fort agréable si la fidélité de l’historien égaloit la beauté de son génie.
Je ne puis entrer ici dans les détails nécessaires pour en prouver toute l’importance ; mais si nous parvenons, en un laps de temps assez court, à donner l’élégance du port et la beauté du plumage à nos Coqs Bantam, d’après le type idéal que nous concevons pour cette espèce, je ne vois pas pourquoi les femelles des oiseaux, en choisissant constamment, durant des milliers de générations, les mâles les plus beaux ou ceux dont la voix est la plus mélodieuse, ne pourraient produire un résultat semblable. […] Pour me résumer, je crois pouvoir dire que, toutes les fois que les mâles et les femelles d’une espèce animale ont les mêmes habitudes, mais diffèrent en conformation, en couleur ou en parure, ces différences résultent principalement de la sélection sexuelle : c’est-à-dire que certains individus mâles ont eu pendant une suite non interrompue de générations quelques avantages sur d’autres mâles, soit dans leurs armes offensives ou défensives, soit dans leur beauté ou leurs attraits, et qu’ils ont transmis ces avantages à leur postérité mâle exclusivement. […] Quelque lent que soit pourtant le procédé de sélection, si l’homme peut faire beaucoup par ses faibles moyens artificiels, je ne puis concevoir aucune limite à la somme des changements qui peuvent s’effectuer dans le cours successif des âges par le pouvoir sélectif de la nature, de même qu’à la beauté ou à la complexité infinie des mutuelles adaptations des êtres organisés, les uns par rapport aux autres, et par rapport à leurs conditions physiques d’existence. […] Mais il n’en faudrait pas conclure que la plupart des formes inférieures actuelles n’ont en rien progressé depuis la première aube de la vie terrestre ; car tout naturaliste qui a disséqué quelques-uns des êtres aujourd’hui rangés aux degrés les plus bas de l’échelle naturelle, n’a pu manquer d’être frappé de la beauté réellement merveilleuse de leur organisation.
Il relit un de ses cahiers, il en est content et il ajoute : « Il y a quelquefois des moments de profondeur dans la peinture de mon caractère. » Il vient de prendre une leçon de déclamation : « J’ai joué la scène du métromane avec un grand nerf, une verve et une beauté d’organe charmantes.
Analyser les pièces du programme, en lire les fragments essentiels, souligner les passages typiques, avec gentillesse pour en montrer la valeur, comme le voisin complaisant qui vous tire par le coude aux bons endroits, ou avec malveillance pour vous en insinuer le ridicule, ce ridicule inséparable de toute beauté un peu neuve ?
La candeur d’une enfant qui ignore sa beauté et qui voit Dieu clair comme le jour est la grande révélation de l’idéal, de même que l’inconsciente coquetterie de la fleur est la preuve que la nature se pare en vue d’un époux.
Le déiste ne ressemble pas mal à un philosophe qui se contenterait de démontrer l’existence du beau, mais qui ne serait jamais sorti de son cabinet pour contempler les beautés de la nature et de l’art.
a des prix de pitié pour elles, qui font concurrence à ses prix de vertu… Mais lorsque des femmes du monde, et du plus grand, investies de tous les avantages de la vie, de la naissance, de la richesse et quelquefois de la beauté, qui ont des salons pour y être charmantes, des familles pour y être vertueuses, se détournent assez d’elles-mêmes et de leur véritable destinée pour vouloir être littéraires comme des hommes et prétendent ajouter la gloriole de la ponte des livres à l’honneur d’avoir des enfants, la Critique n’est-elle pas en droit de les traiter comme les hommes qu’elles veulent être, sans crainte de passer pour brutale, ainsi que le fut un jour l’empereur Napoléon avec Mme de Staël ?
» Et encore ailleurs, et toujours avec la même beauté de langage : « Louis XVI était fort adonné à la chasse.
Dieu lui avait départi les plus beaux de ses dons : la force, la beauté, un esprit qui pouvait monter jusqu’au génie sans la fange qu’il se mit lui-même sur les ailes.
Les héroïnes-modèles de Michelet, transportées de l’ensemble d’événements auxquels elles appartiennent, et mises à part dans des cadres et des fonds qui repoussent vigoureusement ce que Michelet croit leurs beautés, peuvent produire sur la moralité de celles qui les lisent un effet de jettatura funeste.
Josse, passe tout le temps de son livre à faire reluire la beauté de cette vertu aux yeux de sa fille, comme celle d’un bijou dont il voudrait lui faire envie, et il a raison !
Le coup de pistolet de Werther fit partir un feu de file de coups de pistolet du même genre parmi toutes ces cervelles allemandes, qui, d’ailleurs, n’avaient pas grand’chose à brûler… Un succès comme celui de Werther ne se recommence pas ; mais, après ce coup de pistolet qui attira sur Gœthe l’œil de l’Allemagne, sa gloire était déjà fixée, et elle ne cessa de s’étendre démesurément jusqu’à sa plus extrême vieillesse et sans avoir plus de rides que l’inaltérable beauté de Ninon.
Mais l’honneur de la pensée n’est-il pas de traverser le milieu épais et physique pour saisir ce qu’il y a de vie, de force réelle et de vraie beauté morale, dont les nations, voyez-vous !
Elle ferait pardonnera un poète, qui l’aurait quelquefois, les exquises beautés du génie.
Il l’a détaillé et rapetissé, croyant, bien à tort, qu’en rapetissant et en détaillant un sujet, on le fait mieux voir et mieux tenir, et il n’a pas su éviter la monotonie, la monotonie qui vient parfois de la beauté et de la profondeur des choses, mais que cette misérable petite créature éphémère, qui s’appelle l’homme, ne peut pas longtemps supporter !
C’est un lettré qui reporte sur la science, pour en adoucir l’austérité et sans rien diminuer de sa beauté profonde, tout ce que le Génie littéraire peut donner à la pensée d’un homme, de clair, d’élégant et de doux.
Quant à saint Louis, c’est le Roi sans péché du Moyen Âge, l’idéal de la royauté chrétienne dans sa pure beauté ; mais est-ce bien Guizot qui peut comprendre la grandeur surnaturelle d’un tel homme ?
Seulement, par un privilège de ces adorables natures poétiques quelquefois délicieusement fondues, de temps à autre le muscle de la Force peut saillir tout à coup dans le doux contour de la Grâce, et créer alors cet hermaphrodisme divin dont les Grecs, moins prudes que nous et plus connaisseurs, faisaient deux beautés réunies, et non pas une monstruosité !
S’il ne grandit point dans l’Art, puisque j’ai dit que dès le premier coup il y fut complet, comme dans la gloire, il s’y féconda et il publia successivement ces merveilles : Le Lion, L’Émeute, La Popularité, Melpomène, Le Rire, Desperatio, Les Victimes, Terpsychore, L’Amour de la mort, La Reine du monde, La Machine, Le Progrès et L’Idole, L’Idole, qui, dans la préférence que l’on donne à des beautés égales, me semble ce qu’il y a de plus beau.
Cela le met à part d’Alfred de Vigny, poète anglais en langue française, qui avait la beauté anglaise, l’originalité anglaise, la pureté et même la pruderie anglaises ; qui, comme les grands Anglais, ne relevait que de la Bible et de lui-même, et qui avait le dédain anglais pour cette société démocratique qu’est devenue l’ancienne société française.
Assurément, la poésie de Laurent Pichat n’a pas cette beauté souveraine, mais elle en a souvent trop encore pour les idées qu’elle exprime, et que, sans elle, on ne pourrait pas supporter.
« A-t-elle ma beauté ?
C’est une femme qui a la force musculaire du maréchal de Saxe, une beauté plus infrangible que celle de Ninon, qui n’alla modestement qu’à quatre-vingts ans en restant belle, la science occulte d’un Ruggieri, et la férocité voluptueuse d’un Héliogabale, avec une mysticité qui fait plus horreur que cette férocité voluptueuse, car les crimes spirituels sont les plus grands, l’Esprit devant être toujours à la tête de toutes les hiérarchies !
La beauté de la vie vaut mieux que la vie elle-même. »
Parigot se rangerait au parti des humanistes, étant lui-même un humaniste qui fait métier d’initier les jeunes gens aux beautés supérieures de la tragédie et qui y excelle. […] Le savant constate l’enchaînement des phénomènes et toute sa science n’aperçoit rien au-delà ; du point de vue où il se place, il n’en découvre pas la laideur ou la beauté. […] Les idées de bien ou de mal, comme les notions de beauté et de laideur, sont pour le savant des notions vides de sens et dont il a le droit de ne tenir aucune espèce de compte. […] Il ne se lasse pas d’enregistrer les plus vulgaires faits divers et de les exalter pour la beauté qu’il y trouve. […] Ils préfèrent à la santé la maladie, à la beauté la laideur, au bon sens l’extravagance et le dérèglement.
L’honneur et la beauté du monde n’exige pas, ne consiste pas en ce que Rodrigue tue don Gormas. […] Une immense et constante comparaison de beauté. […] Telle est l’éclatante et unique beauté de Polyeucte. […] Voilà l’éclatante et unique beauté de Polyeucte. […] Telle est peut-être la plus grande beauté de Polyeucte.
demain peut-être, il se fera un mouvement en sens contraire ; il naîtra un penseur audacieux qui découvrira l’âme, et rappellera à l’homme étonné et ravi la dignité, la beauté, l’originalité de sa nature et de son rôle dans la création ; il lui apprendra ce qu’il aura oublié, à regarder au-dessus de lui et non au-dessous. […] Je conçois ainsi un pur idéal, dont je détermine les attributs, l’immensité, l’éternité, la simplicité, l’immutabilité ; je le conçois comme idéal de l’esprit plus encore que de la nature, comme le type de la vérité, de la sainteté, de la justice et de la beauté. […] Vacherot, et quoique je ne puisse y souscrire, elle ne me paraît ni sans originalité ni sans beauté. […] Pourquoi l’infini d’étendue et de durée ne serait-il pas en même temps un infini de sainteté, de vérité et de beauté ? […] Il faut éviter sans doute le jargon et le pédantisme ; mais la sévérité de la vraie science ne comporte que rarement les beautés et les agréments de l’éloquence.
Par le rythme, la beauté, la conscience, ils représentent un plus, et ce plus, comme en algèbre, est aussi réel que les éléments avec lesquels il forme binôme. […] Eclose la beauté par la rose et l’épingle ! […] En second lieu il y a dans la Jeune Parque un singulier contraste entre l’obscurité du poème et la beauté évidente, extraordinaire, des vers et des images pris séparément. […] Valéry n’a loué l’amour que sous les formes du sommeil et de la mort : c’est le rendre à un jeu de lignes, de masse et de pure beauté qui s’accorde à ce rêve d’Intérieur. […] * * * Le Parnasse, avec l’élégant et doux génie de Banville, s’était bien imbu de poésie pure, mais chez Banville il apparaissait trop souvent que la poésie pure ne se purifiait que par impuissance de penser ; la défaillance, avant de se tourner en beauté, se laissait voir.
On a cru devoir, évidemment dans un but de réhabilitation qui n’a rien à voir ni avec la vie très honorable ni avec l’œuvre très intéressante, faire s’ouvrir le volume par une pièce intitulée Étrennes des Orphelins, laquelle assez longue pièce, dans le goût un peu Guiraud avec déjà des beautés tout autres. […] Les vers étaient d’une beauté effrayante, vraiment. […] que du temps de la place Royale (second séjour), un peu avant l’élection à la Présidence de Louis Bonaparte, celui-ci fréquentait chez le grand homme, où apparaissait, rayonnante de grâce, de pétulance et de beauté enflammée, Mlle Eugénie de Montijo qui chantait au poète, et j’imagine aussi au prince, des airs espagnols à tourner toutes les têtes. […] Les beautés mêmes que rien ne peut empêcher d’y être semées à profusion jurent dans la prose et dans les vers du « républicain ennemi des roses »7 que sont en général les adeptes de l’actuelle démocratie et qui veut inconsciemment passer pour être l’auteur de la Légende des Siècles, de la Chanson des rues et des bois, des Misérables et de tant de chefs-d’œuvre incomplets — quoi qu’il en ait et quels que soient les sujets qu’il traite, Moyen Âge, bibliques, mythologiques, ou mahométans. […] J’aime infiniment ses livres de pure beauté ; mais j’ai un faible pour le Pays du muffle, ce redoutable recueil de violences, d’ironies où la férocité du fond se double, en quelque manière, de celle de la forme, cette forme savante et amusante d’un archaïsme furieux, mais clair.
La clémence du Ciel, le repos de la mort, une certaine beauté de l’univers, qui n’est pas là pour narguer l’homme, mais pour lui prédire de meilleurs jours : quelques grandes idées, toujours les mêmes, sont comme les accords de la création, et nous rendent du calme quand nous nous accoutumons à les comprendre. […] En effet si l’on était incapable de la résignation chrétienne qui soumet à l’épreuve de la vie, au moins devrait-on retourner à l’antique beauté du caractère des anciens, et faire sa divinité de la gloire, lorsqu’on ne se sentirait pas digne d’immoler cette gloire même à de plus hautes vertus. […] — Asham, lui dis-je, vous savez avec quelles délices je lisais avec vous les philosophes et les poètes de la Grèce et de Rome ; les beautés mâles de leur langage, l’énergie simple de leur âme resteront à jamais incomparables.
La charmante Thaïs s’asseyait à ses côtés, belle comme une fiancée d’Orient, dans toute l’orgueilleuse fleur de la jeunesse et de la beauté. […] Les braves seuls, les braves seuls, les braves seuls méritent d’obtenir l’amour de la beauté ! […] Le prince, ne pouvant dissimuler son tourment, regardait la beauté qui causait sa peine ; il soupirait et regardait, regardait et soupirait encore, jusqu’à ce que, succombant à la double ivresse du vin et de l’amour, le vainqueur vaincu s’affaissa sur le sein de Thaïs.
Mais quelle foule de circonstances favorables ne faut-il pas voir combinées pour que la nature réussisse une fois à le produire dans sa vraie beauté ! […] Quand sa crue s’arrêtera, ce sera un chêne élevé, fort, élancé, mais il n’aura pas entre sa tige et sa couronne les proportions nécessaires pour être vraiment beau. — Si au contraire un chêne pousse dans un lieu humide, marécageux, et si le sol est trop nourrissant, de bonne heure, s’il a assez d’espace, il poussera dans tous les sens beaucoup de branches et de rameaux ; mais ce qui manquera, ce seront des forces qui puissent l’arrêter et le retarder, aussi ce sera bientôt un arbre sans nœuds, sans ténacité, qui n’aura rien d’abrupte, et, vu de loin, il aura l’aspect débile du tilleul ; il n’aura pas de beauté, du moins la beauté du chêne. — S’il croît sur la pente d’une montagne, dans un terrain pauvre et pierreux, il aura cette fois trop de nœuds et de coudes, c’est la liberté du développement qui manquera ; il sera étiolé, sa crue s’arrêtera de bonne heure, et devant lui on ne dira jamais : « Là vit une force qui sait nous en imposer. » — J’ai pu voir de très beaux chênes, dis-je, il y a quelques années, lorsque de Gœttingue je fis quelques excursions dans la vallée du Weser.
Mais le mythe antique, comprenant les rapports intimes du travail avec la Beauté, la lui avait donnée pour compagne. […] Les poètes, quand ils voulaient célébrer la beauté d’un fleuve, lui décernaient l’épithète de Calliparthenos, « aux belles vierges ». […] Charidotès (Celui qui donne la grâce), il verse sur le corps de ses élèves la fleur de la beauté juvénile : Agonios, il les dresse aux essorts ardents de la course, aux jets vigoureux du disque, aux adresses et aux résistances de la lutte.
Vitet en tête) inauguraient une théorie des arts, une esthétique, comme on disait déjà, chaleureuse, éloquente, compréhensive, curieuse des monuments et de toutes les manifestations de la beauté ou de la vie dans tous les ordres et dans tous les âges. […] On se figure peu, et dans quelques années on ne se figurera plus du tout ce qu’était la Bibliothèque du roi dans sa première et tranquille beauté, avec la morne tristesse de sa cour rectangulaire, avec le jardin austère, fermé d’une clôture, qui en occupait une moitié et où l’on n’entrait pas, la vasque de pierre verdâtre au milieu, d’où un maigre filet d’eau jaillissait à peine ; puis les escaliers solennels, les salles antiques et les galeries de ce beau palais Mazarin, conservées presque comme aux jours où s’y promenait M. le Cardinal et où il s’y faisait rouler dans son fauteuil déjà mortuaire entre deux rangées de chefs-d’œuvre et de magnificences.
Le Brun tentait l’œuvre d’après Buffon ; Fontanes, dans sa première jeunesse, s’y essayait sérieusement, comme l’attestent deux fragments, dont l’un surtout (tome I de ses >OEuvres, p. 381) est d’une réelle beauté. […] Ils dissèquent et étalent toutes les moindres de nos pensées, comme un prisme fait les couleurs. » Mais les beautés d’idées ici se multiplient ; le moraliste profond se déclare et se termine souvent en poëte : « Les mêmes passions générales forment la constitution générale des hommes.
Son front était étroit, peu élevé, comme celui que les sculpteurs de Chypre ou de Milo donnent à leurs statues de femmes, parce que la Grèce et l’antiquité savaient bien que la vraie beauté de la femme n’est pas dans l’intelligence de la physionomie, mais dans la tendresse de l’expression du visage ; des cheveux d’un blond doré poussaient très bas sur ce front et l’encadraient dans les boucles à peine ondées de ces cheveux. […] XII Cependant la merveilleuse beauté de la Jumelle, célèbre déjà dans tous les villages voisins, attirait à son père de nombreuses demandes en mariage ; mais, chaque fois que son père lui parlait de ces propositions, faites pour flatter sa vanité, elle répondait qu’elle était trop jeune, qu’elle y penserait à la moisson, aux foins ou à la Noël de l’année suivante.
Je n’hésitai plus à choisir ce drame moderne à ce point central et culminant de la Révolution, où l’on voit encore la beauté des principes et où l’on aperçoit déjà l’horreur des excès. […] La jeune fille était devenue femme, mère, veuve ; elle avait vieilli d’années et de visage, sans rappeler par ses traits aucune beauté passée, mais sans aucun signe de vieillesse ou de caducité.
(Lamartine) « Il n’est pas de danseuse qui ne quittât sa robe de bal et sa guirlande de fleurs, pas de jeune fille qui n’oubliât sa beauté, personne qui ne revînt meilleur de cette terre des morts. » XIX Ainsi cela se poursuit parmi tous les événements de la vie, petits ou grands, tristes ou gais ; c’est la vicissitude éternelle, mais la vicissitude interprétée, sentie, comprise par une âme intelligente de ce qu’elle souffre et joyeuse de ce qu’elle cueille en passant sur le bord du chemin. […] Tu n’y viens que tard ; ce n’est pas lorsque l’hiver a fauché toute la beauté de la nature (suivant l’expression de notre ami, saint François de Sales) qu’on peut se mettre à botaniser : plus de fleurs alors, et ce sont les fleurs qui m’intéressent parce qu’elles sont si jolies sur ces tapis verts.
LV Il lui fallait, cependant, une amie à laquelle il pût offrir, au moins en apparence, ce culte qu’il avait sans cesse gardé à la beauté et à l’esprit. […] Nous tenons de M. de Genoude, confident alors de madame Récamier et courtisan de M. de Chateaubriand, quelques détails curieux, dont il avait été témoin, sur les commencements de cette passion idéale entre l’écrivain le plus illustre de la France et la beauté la plus célèbre du siècle.
Taine l’a eue pour la première fois en écrivant son étude sur Racine, étude qui montre bien à quel point un professeur de lettres peut rester insensible à la poésie, à la beauté et savoir le français sans le comprendre. […] Je m’imagine que le style n’est qu’une imitation de la parole et qu’il n’a de beauté qu’autant qu’il en garde la liberté, le mouvement, le naturel.
C’est dans la Revue Populaire de Paris de 1867 qu’on peut lire les deux articles où Tissot épancha son admiration : « Le second acte, dit-il, dans l’article du 1er juin, est un sublime hosannah d’amour : on retient son souffle ; immobile comme une statue, on écoute dans une magnifique extase ces voix qui ne sont pas de la terre et qui parlent une langue inconnue… » Il y a pourtant dans cet article autre chose que des mots : « L’opéra, dit-il, resplendit de toutes les beautés du drame… Le but que Wagner a toujours poursuivi, c’est de faire monter l’opéra au drame. […] Les Bretons ne virent jamais femme d’une telle beauté ; ils s’émerveillent dans la cité, et se demandent d’où elle vient et qui elle est.
A cet endroit commence une des scènes les plus extraordinaires, les plus inoubliables qui soient au théâtre, une scène assurément unique en sa beauté et telle qu’il n’appartient qu’au génie d’en trouver de semblables. […] Richard Wagner est le maître de ces conclusions toutes puissantes, qui vivent de leur seule beauté, qui résument supérieurement l’intensité d’une œuvre et qui sont poignantes par cela simplement qu’elles emportent l’esprit des auditeurs aux plus hautes sphères de l’idéal humain.
La presse, à l’unanimité, mentionne le succès et vante la beauté de l’interprétation. […] C’est un chef-d’œuvre au sens absolu du mot, car la beauté de l’idée poétique s’unit à une perfection déformes et à une simplicité mélodique inusitées dans l’œuvre de Wagner. » Cet ouvrage, en résumé, est curieux comme l’expression, très fine et très sûre, de la façon dont l’œuvre de Wagner apparaît à l’élite de notre public musical français contemporain.
C’est Cendrillon vieille et mère, mais transfigurée, elle aussi, et rayonnante, par moments, de beauté morale. […] Sa fille Francine apparaît trop tard dans sa pâle beauté de vierge martyre.
L’auteur du Ventre de Paris, dont la chair, pour parler comme lui, est faite des chairs mêlées de Victor Hugo, Théophile Gautier et Flaubert, malgré son amour monstrueux des choses basses, des couleurs criantes jusqu’à vociférer, et son cynique mépris des inspirations morales et des beautés intellectuelles dans les œuvres, a du talent encore. […] Il ne fallait ni tant de beauté, ni tant de poésie… Son abbé Mouret n’eût plus ôté alors ce petit prêtre nerveux, ce chétif enfant qu’il fallait montrer imbécillisé par le séminaire, halluciné par l’oraison, et préparé à la faute de l’amour d’une femme par l’amour de la Vierge divine trop contemplée sur son autel… Il fallait que sa faute, à lui, fût facile et rapidement faite, pour humilier davantage la grandeur surnaturelle du sacerdoce devant les réclamations animales de la chair et les tyrannies de la nature Il fallait enfin que le prêtre, malade hier, et guéri aujourd’hui, s’enivrât assez à la première vue des cheveux et de la peau d’une fillette pour glisser dans ses bras, tout naturellement, un jour de sa convalescence… Est-ce assez misérable, tout cela ?
On serait heureux d’avoir donné une idée, qui ne fût pas trop incomplète, d’une nature riche, loyale, généreuse, d’une personne qui, dans le plus haut rang, unit le don de beauté au feu sacré de l’art ; qui a le courage de ses pensées et le charme de ses sentiments.
« Quand on a su vivre quinze ans avec Lucrèce sans se pénétrer de son esprit, il serait miraculeux qu’on eût réussi à rendre les innombrables beautés par lesquelles cet esprit se manifeste et transpire à chaque page, et presque à chaque vers.
Mais la jeunesse, la nouveauté vive triomphe à tout moment par la pensée même ; la franchise du sentiment crée la beauté : ainsi, dans le chapitre de l’Exilé : « J’ai vu des jeunes hommes, poitrine contre poitrine, s’étreindre comme s’ils avaient voulu de deux vies ne faire qu’une vie, mais pas un ne m’a serré la main : l’Exilé partout est seul. » Le chapitre de la mère et de la fille n’offre pas une seule couleur nouvelle ; mais Celui qui donne aux fleurs leur aimable peinture, et qui inspira la simplicité de Ruth et de Noémi, a envoyé son sourire sur ces pages.
Cette critique-là sans doute a droit à nos respects ; elle est grave, savante, définitive ; elle explique, elle pénètre, elle fixe et consacre des admirations confuses, des beautés en partie voilées, des conceptions difficiles à atteindre, et aussi la lettre des textes quand il y a lieu.
Lefèvre ne puise en son âme de poëte et d’amant qu’avec un talent incomplet d’artiste ; que son talent ne domine pas son âme de manière à la réfléchir selon la loi d’harmonie, et qu’au sein d’une réalité orageuse et profonde il lutte convulsivement et sans beauté.
C’est à Riom qu’il s’arrête d’abord, c’est là qu’à propos d’une beauté, merveille de cette ville et de la province, il se fait au long raconter par une personne de qualité du pays tout un petit roman des amours de cette belle45, lequel ne tient pas moins de trente pages, et qui pourrait être vraiment de madame de La Fayette elle-même.
Saint François de Sales ne se hasardait jamais à dire d’une femme qu’elle était belle, il se contentait de dire qu’elle était spécieuse : mot charmant et prudent qui se pourrait détourner sans effort pour qualifier le genre de beauté propre à cette poésie séduisante.
Andry est tendre ; il ne peut résister à l’idée de cette céleste beauté qui se meurt en proie aux angoisses de la faim.
Dans toutes les langues, la littérature peut avoir des succès pendant quelque temps, sans recourir à la philosophie ; mais quand la fleur des expressions, des images, des tournures poétiques n’est plus nouvelle ; quand toutes les beautés antiques sont adaptées au génie moderne, on sent le besoin de cette raison progressive qui fait atteindre chaque jour un but utile, et qui présente un terme indéfini.
Le hasard a voulu que ce soit vous, Parisiens, qui soyez chargés de faire les réputations littéraires en Europe ; et une femme d’esprit, connue par son enthousiasme pour les beautés de la nature, s’est écrié, pour plaire aux Parisiens : « Le plus beau ruisseau du monde, c’est le ruisseau de la rue du Bac. » Tous les écrivains de bonne compagnie, non seulement de la France, mais de toute l’Europe, vous ont flattés pour obtenir de vous en échange un peu de renom littéraire ; et ce que vous appelez sentiment intérieur, évidence morale, n’est autre chose que l’évidence morale d’un enfant gâté, en d’autres termes, l’habitude de la flatterie.
Lisez encore ces trois lignes, vous emporterez avec leur souvenir de quoi songer toute une heure, car elles enferment toute une vie : J’étais libre et vivais content et sans amour ; L’innocente beauté des jardins et du jour Allait faire à jamais le charme de ma vie.
Enfin dans les deux descriptions j’apercevrai, non pas deux procédés seulement, ni deux arts, mais deux siècles et deux hommes : d’un côté, l’esprit lettré, l’orateur, qui raisonne sa sensation et ne conçoit rien que de triste hors des conditions du monde civilisé et de la vie de société ; de l’autre, le critique, l’artiste, capable de prendre tour à tour l’âme de tous les peuples, acceptant la sensation étrange et même illogique, habile à saisir la beauté dans les moins riants aspects de la nature, dans l’égalité monotone de la lumière.
Brunetière y fait apparaître une plus ou moins forte perturbation de l’évolution du genre ; il y a eu addition d’éléments imprévus ou réorganisation des éléments connus, élévation soudaine d’intensité ou création spontanée de beauté, et dans tous ces phénomènes s’est révélée l’originalité individuelle, que l’on atteint alors par leur exacte description.
Nulle idée d’une beauté noble, d’une forme pure et élégante ne vient réprimer l’instinct tout réaliste de son imagination.
Magnin, confirme les nombreux éloges adressés à la beauté d’Isabelle ; son profil est à la fois correct et expressif, et en la voyant dans ses gracieux atours florentins, on croit presque avoir sous les yeux un portrait de mademoiselle Rachel dans le costume de Marie Stuart », toutefois avec un peu plus d’embonpoint.
. — Mais au-dessus de cette morale misérable, par-delà cette morale misérable, jalouse de toute force, de toute grandeur, de toute beauté individualisée et s’affirmant comme indépendante du troupeau, l’aristocrate conçoit une morale faite pour lui et pour quelques hommes, ses pareils : une morale de surhomme, morale que chaque surhomme concevra d’ailleurs à sa façon, à son image, et sous l’inspiration de son idéal personnel.
C’est que Maxwell était profondément imprégné du sentiment de la symétrie mathématique ; en aurait-il été de même, si d’autres n’avaient avant lui recherché cette symétrie pour sa beauté propre ?
Des accents inconnus se font déjà entendre pour exalter le martyre et célébrer la puissance de « l’homme de douleur. » A propos de quelqu’un de ces sublimes patients qui, comme Jérémie, teignaient de leur sang les rues de Jérusalem, un inspiré fit un cantique sur les souffrances et le triomphe du « Serviteur de Dieu », où toute la force prophétique du génie d’Israël sembla concentrée 86. « Il s’élevait comme un faible arbuste, comme un rejeton qui monte d’un sol aride ; il n’avait ni grâce ni beauté.
Jésus, par sa beauté pure et douce, calma cette organisation troublée.
On sent à chaque ligne un discours d’une beauté divine fixé par des rédacteurs qui ne le comprennent pas, et qui substituent leurs propres idées à celles qu’ils ne saisissent qu’à demi.
Une jeune fille qu’on croyait morte à la suite de cette maladie, — son père pleurant au pied de son lit, — rejette soudain le drap qu’elle avait sur la tête, se soulève dans une attitude de prière, montrant un visage à la beauté surnaturelle qui fait croire à un miracle, et après un petit discours de consolation adressé à son père, se recouche et repose le drap sur sa tête, en disant : « Je puis dormir maintenant. » * * * — J’ai connu un amant qui disait à sa maîtresse se plaignant d’avoir perdu une fausse dent de 200 francs : « Si tu la faisais afficher ?
Voici sans observations une liste de mots français avec leur nom correspondant en patois médical ; on jugera de quel côté sont la raison et la beauté : Adéphagie Fringale Adénoïde Glanduleux Agrypnie Insomnie Advnamie Faiblesse Omoplate Palette, Paleron (restés comme termes de boucherie) Ombilic Nombril Pharynx Avaloir (vieux français) Zygoma Pommette Thalasie Mal de mer Epilepsie Haut-mal Asthme Court-vent Ephélides Son (taches) Ictère Jaunisse Naevi Envies Phlyctène Ampoule Ecchymose Bleu, Meurtrissure, Sang-meurtri (vieux français) Myodopsie Berlue (latin : bislacere) Diplopique Bigle Apoplexie Coup de sang On pourrait continuer, car le vocabulaire gréco-français est fort abondant.
Mal partagée, à quelques égards, de la nature, l’ame lui tint lieu de tout, de voix, de taille & de beauté.
Rousseau ; production où il y a tant de beautés & tant de défauts.
Il y a des gens difficiles qui convenant de leur mérite et de la beauté de leur caractère, prétendent qu’elles sont un peu contournées, et que le peintre a serré les cuisses de l’un avec une large bande, sans trop savoir pourquoi.
Cela pourrait ajouter à la beauté du coup d’œil les jours de fête publique.
Cet Hercule sous la figure d’un Adonis, perdit la beauté de l’un, sans conserver la force de l’autre ; ses traits restèrent affectés ; des humeurs âcres se jetèrent sur ses yeux.
Mme André Léo ne se débarrasse jamais entièrement de ce ton d’institutrice, qui apprend ses devoirs et ses droits au pauvre monde, et qui gâte, à toute place, le talent qu’elle aurait peut-être sans cet insupportable ton, La raideur de l’institutrice, — de ce piquet intellectuel qu’on appelle une institutrice, — supprime les mollesses de la femme, qui feraient son génie, comme les rondeurs font sa beauté, et durcit, quand elle l’a, jusqu’au sentiment maternel.
une population de Phidias-Téniers, concevant l’Art comme Hugo l’a compris, et tirant de la Laideur qui est infinie un bien autre parti que ces pauvres Grecs de la Beauté, qui ne l’est pas.
Avec les vertus qu’il a fait descendre dans leurs mœurs, il a fait descendre dans leurs arts, leurs sciences et leurs littératures, des inspirations inconnues, d’une beauté que les peuples les plus spirituels de la terre, comme la Grèce et Rome, ne soupçonnaient même pas !
Seul de tous les souverains, Louis XIV, dont Richelieu et Mazarin avaient préparé la besogne de roi absolu, fut noblement désintéressé dans son action contre le duel, et seul il se montra, dans toute la prudente et sévère beauté de cette fonction auguste, un véritable législateur !
Lui, le plus français des écrivains par la beauté de la langue et ses grâces, il n’avait pas la furie française, et même il eut la qualité anti-française qu’estimait le plus Henri Beyle, son antipode : quand il faisait ou écrivait quelque chose, il ne pensait pas au voisin.
Né, lui, Shakespeare, le plus idéal des hommes par la beauté du génie et la délicatesse aristocratique de la sensation, dans une condition assez basse, fils de boucher, ayant peut-être tué lui-même et mis le sang des bêtes sur ces nobles mains qui devaient écrire Juliette, Desdémone, Cordélia ; — puis braconnier comme un libre fils de Robin-Hood, un chasseur trop ardent, un vrai Saxon du temps de Guillaume le Roux ; — puis, hélas !
De son vivant, Montesquieu recouvrait son tuf d’une dignité extérieure due à la gravité de son état et à la beauté d’un talent formidable et grand.
Nous avons vu ce qui les distinguait l’une de l’autre ; ce qui fit l’une forte, malgré ses orages intérieurs, ses guerres civiles, sa corruption même et ses crimes ; ce qui fit l’autre faible, malgré l’éclat de quelques victoires et la beauté de quelques génies.
Ce pouvoir politique qui se prouve par les tombeaux, ces morts qui emportent la puissance, ces royaumes qui tombent parce qu’ils n’ont plus de cendres à fournir à leurs caveaux funéraires, tout cela nous touche comme la vraie beauté.
… V Eh bien, c’est contre ce malheur si cruellement immérité et tenace, c’est contre cette malchance plus forte que tout, plus forte que la bravoure, la loyauté, la vertu, la beauté, l’agrément, la gloire, c’est contre cette affreuse injustice de l’Histoire, achevant celle du sort, que Lecoy a voulu protester.
Mais à cela près de cette boutade d’un poète, d’un hypocondriaque sublime, plus capricieux qu’une femme et qu’une nuée, on n’avait pas vu un esprit sérieux et honnête, ayant réfléchi seulement deux minutes sur ce qui constitue la beauté ou la grandeur de la vie, proclamer « le tout-puissant écu » comme la religion philosophique (deux mots qui s’étranglent !)
Il cache son nom comme la tortue, dont il a la lenteur, cache sa tête sous son écaille… Lorsque, pour ne parler que de ceux-là, François Hugo et Émile Montégut traduisirent Shakespeare, ils ne s’en cachèrent point, et ce fut avec une juste fierté qu’ils signèrent la traduction d’une œuvre qui faisait tomber sur leur nom un rayon de sa glorieuse beauté.
Pichot et Mignet justifient suffisamment Charles-Quint de ce reproche de petitesse qui étonne, du reste, venant d’un catholique, comme Balzac, car l’humilité et le détachement du chrétien sont de très grandes choses, et le cardinal saint Bonaventure, lavant ses assiettes, est moralement splendide de beauté.
Si, en attendant le gouvernement de tous par tous, dans sa beauté complète, — ou mieux encore, la suppression de tout gouvernement, l’idéal enseigné par Proudhon, l’iconoclaste des Républiques, — nous permettons à la Royauté, ce polype coupé un jour sur la place de la Révolution, mais qui a repoussé, de rester encore quelque temps sans être arraché du sein des peuples, c’est seulement à la condition d’être entourée, cette Royauté, comme disait Lafayette, d’Institutions Républicaines, et de lui mettre la camisole de force d’une Constitution.
III Il est des scènes dans ce livre d’une beauté absolue, mais les moins belles sont encore tout ce qu’elles doivent être.
Quoique nous soyons parfaitement tranquille, depuis la publication de La Fille du millionnaire, sur le chemin que fera faire Μ. de Girardin à ses idées en vertu des beautés de la forme dont il les revêt, nous n’en surveillerons pas moins désormais ses tentatives de littérature.
dans les injures qu’il leur vomit, dans les imprécations, dans la rage, dans le mépris qu’elles lui inspirent, il y a peut-être un peu d’épouvante, — la peur (assez fondée, du reste), de ne pouvoir égaler jamais en beauté cette belle tête sereine et souriante dans son immortalité qu’on appelle le génie de Racine et sa composition tragique.
Seulement, en supposant que l’ensemble, pour être bien vu, n’y soit pas regardé de trop haut et par cela même y devienne vague, en supposant qu’on puisse être tout à la fois exact et poétique, la grandeur et la beauté de l’exactitude ne sont pas un si étonnant tour de force quand il s’agit de la Nature, qui a cela de particulièrement tout-puissant que ceux qui disent faux en en parlant sont encore poétiques, et qu’elle communique de sa grandeur jusqu’à ceux-là qui mentent sur elle !
En effet, c’est l’opposition et la caricature de ces Soirées de Saint-Pétersbourg, dans lesquelles l’auteur esquive aussi la difficulté d’une exposition méthodique par cette forme trop aisée du dialogue, mais, du moins, en sait racheter l’infériorité par l’éclat de la discussion, le montant de la répartie, la beauté de la thèse et de l’antithèse et une charmante variété de tons, depuis la bonhomie accablante du théologien jusqu’à la sveltesse militaire ; depuis l’aplomb du grand seigneur qui badine avec la science comme il badinerait avec le ruban de son crachat, jusqu’au génie de la plaisanterie, comme l’avait Voltaire !
Lacordaire ne l’éteint pas, il est vrai, ce nimbe du surnaturel et du divin autour de la tête pâle de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais il le voile, pour qu’on aperçoive mieux combien cette tête est humainement belle et pour que ceux qui sourient du nimbe soient touchés au moins de la beauté du plus beau et du plus doux des enfants des hommes !
Seulement, en supposant que l’ensemble, pour être bien vu, n’y soit pas regardé de trop haut, et par cela même y devienne vague, en supposant qu’on puisse être tout à la fois exact et poétique, la grandeur et la beauté de l’exactitude ne sont pas un si étonnant tour de force, quand il s’agit de la Nature, qui a cela de particulièrement tout-puissant, que ceux qui disent faux, en en parlant, sont encore poétiques, et qu’elle communique de sa grandeur jusqu’à ceux-là qui mentent sur elle !
Il resta plusieurs années en Italie, où, paraît-il, il ne caressa pas que des abstractions… Cependant, malgré une jeunesse qui ressembla plus par les mœurs à celle d’un poète comme Byron qu’à celle d’un philosophe qui devait proclamer un jour la beauté de la continence et la nécessité de l’ascétisme, la métaphysique le tenait.
D’ailleurs, ce travail, qui a un autre but que d’expliquer les procédés de l’art oratoire et d’en mettre les beautés en lumière, sera la preuve d’un fait qu’il faut incessamment rappeler aux peuples affolés de l’art de bien dire, comme le sont les peuples vieux et impuissants ; c’est que l’éloquence véritable, celle que les âges n’éteignent point en passant sur elle, exprime toujours, je ne dis pas seulement une conviction… qu’est-ce que la conviction d’un homme ?
… Et, en effet, elle appartient à tout ce qui est catholique, l’histoire de l’Église, tentante même pour ceux qui ont le malheur de ne pas l’être mais dont les facultés, si elles sont de noble origine, sont entraînées vers ce magnifique sujet, magnétisées par sa beauté suprême… On peut le dire sans témérité : il n’y a pas, dans les annales du monde, deux pareils sujets d’histoire pour l’esprit humain.
Car après le jugement sur la philosophie de l’écrivain il y a le jugement sur son œuvre, et c’est une loi de l’esprit humain que les chefs-d’œuvre littéraires diminuent d’autant de beautés qu’il s’y trouve de vérités méconnues.
Ces soixante pages, d’une beauté rare, et certainement les plus belles du livre, ont une froideur mélancolique du plus poignant effet, et que le livre n’a plus, quand il arrive à Renan, Taine et Vacherot, les représentants, selon Caro, chacun à sa manière, de ces idées qui marqueront la philosophie de cette minute du xixe siècle d’une si profonde insanité.
Il n’a pas, dans Son livre, pour les savants, l’exactitude du savant ; il n’a pas non plus la beauté d’imagination du poète, pour les poètes ; — et il n’arrive, en se mettant une jambe deci dans la poésie, et une jambe de la dans la science, qu’à être le colosse de Rhodes de l’amphigouri !
Je voudrais donner une idée de ce splendide désastre d’une philosophie impuissante à calmer les instincts affamés d’une âme de nature immortelle, mais ce qui fait la beauté exceptionnelle des poésies de madame Ackermann, c’est la largeur d’une aile qu’on ne peut guères enfermer dans le tour d’un chapitre.
Je le sais, et je ne m’en étonne pas ; mais qu’aujourd’hui, en plein dix-neuvième siècle, quand les passions et leur étude, et leurs beautés, et leurs laideurs, et jusqu’à leurs folies, ont pris dans la préoccupation générale la place qu’elles doivent occuper ; quand la littérature est devenue presque un art plastique, sans cesser d’être pour cela le grand art spirituel ; quand nous avons eu des creuseurs d’âme, des analyseurs de fibre humaine, des chirurgiens de cœur et de société, enfin qu’après Chateaubriand, Stendhal, Mérimée et Balzac, Balzac, le Christophe Colomb du roman, qui a découvert de nouveaux mondes, la vieille mystification continue et que la réputation de Gil Blas soit encore et toujours à l’état d’indéracinable préjugé classique, voilà ce qui doit étonner !
C’est de la plus complète beauté.
Le combat de la vocation religieuse contre la vocation de la mère de famille qui se révèle avec tant d’énergie dans la scène, au village, où Éliane est obligée, par les combinaisons du roman, à tenir un enfant dans ses bras, — scène magnifique, d’un contenu excessivement émouvant, et que Stendhal seul aurait pu écrire s’il avait été chrétien, — le triomphe enfin de la vocation de l’épouse, le discours de la mère Saint-Joseph qui clôt le roman dans une souveraineté de raison éclairée par la foi, et surtout, surtout, la réalité de la sœur Saint-Gatien, qui représente l’être surhumain, l’ange gardien d’Éliane, et qui s’en détache si humainement et si vite quand elle lui a préféré, pour s’appuyer, le cœur d’un homme, — trait cruel que Wey n’a pas manqué, — voilà les beautés de la troisième partie de ce livre, écrit avec une sûreté de main et une maturité de touche qui n’ont fait faute à l’auteur de Christian qu’une seule fois.
La vie, cette blonde fade, au grand jour si impudiquement découverte, est si laide qu’il ne nous faut pas faire avec tant de détail admirer les beautés de la mort, cette brune chastement voilée… On l’aimerait trop, et la passion nuit au devoir !
Quel nombre, quelle sonorité d’élocution, et puisque la prose, aussi bien que le vers, a sa cadence, quelle beauté de rythme ! […] Ou plutôt encore, on se prend à penser que la critique, presque toujours frappée d’un seul aspect des choses, tantôt trop indulgente aux beautés ou tantôt trop sévère aux défauts, pourrait bien ne pas avoir assez mis en lumière l’intime solidarité qui fait de certains défauts comme le prix convenu dont on payerait de certaines beautés. […] Or il suffit de comparer ceux qui déjà figuraient dans l’édition subreptice de 1705 pour voir qu’il les a remaniés dans le sens de la recherche de l’expression, de la richesse de l’image, et de la beauté de l’harmonie. […] Superstition quasi païenne de la beauté ! […] Il a besoin, — c’est lui qui s’en accuse, — qu’on le tire par la manche pour qu’il ne passe pas devant un Raphaël sans s’en apercevoir, mais il sait en revanche qu’il y a une « beauté monarchique » et une « beauté républicaine ».
Cette foule de romances inspirées dans le treizième et dans le quatorzième siècles, offrent d’étonnantes beautés que nous traduirons ; mais il n’y a point là l’œuvre unique d’un grand génie. […] À force de chanter des vers, on apprenait à en faire soi-même ; si ces vers étaient répétés, s’ils plaisaient à des beautés célèbres du temps, alors un duc, un comte, un vicomte vous faisait chevalier ; et, quand on devenait chevalier et qu’on avait la gaye science, on était de plein droit troubadour. […] « Comtesse Souer, Dieu sauve votre souverain mérite, et garde la beauté que j’aime tant, et par qui je suis déjà prisonnier. » Je m’arrête ici. […] Je ne puis, dans cette revue du moyen âge, offrir toujours à votre attention d’heureux fragments poétiques et des beautés inédites. […] Elles étaient noblement parées ; leur beauté éclaire la galerie. » Puis commencent les joutes, longuement et savamment décrites, avec tout le détail des armoiries et des devises, des attitudes de l’escrime chevaleresque.
ce sont là des beautés qui jaillissent tout armées, comme la déesse mythologique, du front olympien de M. de Fiennes, des beautés qui se sentent et ne se prouvent point. […] Salvadori Ruffini, qui doit être, — ou je me trompe fort, — un pseudonyme sournois de Nestor Roqueplan : « Trois rôles, tous trois différents en caractère, en beauté, en détails ; trois passions, sublimes, puissantes, plus élevées l’une que l’autre ; trois femmes d’une physionomie, d’une volonté et de passions diverses ; trois représentations également grandes de génie. […] Comme il s’agit d’un même rôle, celui de Desdémone d’Otello, et que les expressions en sont presque identiques, j’extrais les lignes suivantes de celle des deux appréciations qui rend de la façon la plus complète la pensée de l’écrivain : « … Mme° Frezzolini, d’une beauté parfaite dans le rôle de Desdémone, a été, d’un bout à l’autre de cette élégie sublime, admirablement belle de poésie, de tendresse, d’accablement, de résignation douloureuse et de mélancolie profonde… c’est un modèle de sentiment, d’inspiration et de style. […] « Madame Lauters, dit le critique du Constitutionnel, a une voix d’une incomparable beauté. si elle le voulait sérieusement, elle pourrait être une grande artiste, elle se contente de n’avoir qu’une voix. […] J’ai assisté à deux nouvelles auditions de l’œuvre de Verdi : elles sont tout à fait favorables à ce maître, et je n’hésite pas à croire que le brouillard, qui en voile encore les réelles beautés, ne soit le fait d’une exécution insuffisante.
Jaloux de la beauté de son rêve, il répugne à la flétrir en le réalisant. […] Sans doute il y a des vérités qui sont le privilège de quelques-uns ; mais la vérité est une ; comme la vie et la beauté, elle s’impose et ne se prouve pas. […] Nous leur avions appris les règles de l’art et les lois de la beauté : ils introduisirent parmi nous des facteurs hostiles aux saines traditions de la culture latine. […] En fait, les héros de ces histoires n’ont pas de volonté ; leur vie par conséquent est dépourvue, sinon d’intérêt, du moins de beauté, puisqu’il n’est de beauté réelle que dans les manifestations de volonté et que la volonté est la matière propre de l’art. […] Aucun tableau n’existe pour lui-même, aucune description ne se fait valoir pour sa beauté propre.
Le progrès est la conséquence nécessaire de l’accumulation des résultats ; quant au mécanisme, il est constant, et c’est sa beauté. […] Il y a pourtant une beauté dans de tels aphorismes, c’est qu’ils grandissent, à mesure que grandissent nos connaissances. […] Il faut rejeter toutes les superstitions, mais il est bon de garder certains respects, celui de la grandeur et celui de la beauté. […] Mais le méchant dieu des chrétiens, qui n’aime pas la beauté des jeunes femmes, a brisé ces cruches de marbre, les mères de l’eau, sont mortes de douleur et les rivières naissent au hasard, comme elles peuvent. […] Il ne faut pas lui en vouloir : il était romantique, et le propre des romantiques c’est de fermer les yeux à la beauté réelle des choses, pour admirer les chimères de leurs rêveries.
Il se révolta contre l’admiration des beautés qui n’étaient point à son usage ; il voulut détrôner la poésie, où il n’avait pas pu atteindre. […] Dans Œdipe, on voit un jeune auteur pénétré des beautés de Racine et de Corneille, et soumettant son génie à les suivre. […] Alors parut Zaïre, avec ses défauts tant reprochés, et ses beautés qui les font oublier. […] D’autres chefs-d’œuvre succédèrent à Zaïre, tous avec le même genre de beautés et de défauts. […] Cependant on ne peut nier que La Henriade n’offre de grandes beautés ; la poésie n’en est pas épique, mais elle est quelquefois élevée et pathétique.
Tout le monde a dit que les Contemplations contenaient d’admirables beautés ; on n’a eu le courage de protester que devant le système de la métempsycose, le grotesque était trop net pour qu’on ait pu ne pas vouloir le voir. […] « Ses qualités étaient aussi rares que sa beauté : il avait une voix virginale et n’en était que plus affranchi. […] Écrite, cette plaisanterie paraîtra grossière, mais prononcée dans un salon, par une jeune femme aussi distinguée de naissance que d’esprit et de beauté, elle a eu beaucoup de succès. […] Je n’aime point les fétiches, et jamais, Monsieur, vous ne me verrez incliné sous la parole d’un maître ; mais j’aime pourtant à goûter par-ci par-là aux beautés que je trouve sur ma route. […] Ne lui conviendra-t-il pas mieux, au lieu de décrire longuement une fête, au lieu de s’épuiser en efforts de style pour donner une idée de la beauté d’une nouvelle reine ou pour représenter l’importance et le caractère de récents travaux de fortification, d’envoyer un croquis de l’une, un portrait de l’autre, un plan cavalier de ceux-ci ?
Et ce sera la lutte éternelle entre le rêve et la réalité, entre l’humanité qui veut conquérir l’infini et celle qui veut organiser la terre, entre la beauté des idées et la tyrannie des faits. […] Je comprends et j’admets parfaitement le littérateur artiste, qui, comme Théophile Gautier, ne songe guère qu’à la beauté des phrases et des mots dont l’harmonieux arrangement est le seul but qu’il se propose, ou qui, comme M. […] La chair — selon la pensée chrétienne et moderne — est la source de tout mal, sa beauté la perd, ce qu’on fait pour elle est péché. […] La fidélité, pour elles, ne serait-ce pas le parti pris d’atrophier leur cœur, ne serait-ce pas la renonciation à cette vie intérieure qui fait toute la beauté de l’âme ? […] On en est presque à méconnaître sa beauté : on le traite comme une plante des champs poussée au milieu d’un jardin, comme un rustre égaré en élégante compagnie.
il n’y a rien de si beau qu’eux à la ville. » LXX Mais nous eûmes bien du malheur une fois, pour la trop grande beauté de Fior d’Aliza. […] Le capitaine des sbires lui-même, un peu aviné, ne tarissait pas, nous dit-il, sur la beauté de Fior d’Aliza sortant tout échevelée de la grotte aux chèvres, s’essuyant les pieds à l’herbe, et les bras à la laine des petits agneaux qu’elle venait de laver
CLXXXIV — Celui qui est là, dit-il plus bas en indiquant de l’œil le beau jeune forçat tout triste contre ses barreaux, celui qui est là, et qui était, comme je te l’ai dit, accouplé par le bras au vieux galérien, avait ainsi tous les jours l’occasion de voir la fille de son compagnon de galère et d’admirer, sans rien dire, sa beauté et sa bonté. […] Comment, si elle était jamais reconnue par un des pèlerins ou des sbires extasiés de sa beauté, quand ils l’avaient aperçue sur notre porte, échapperait-elle aux poursuites du chef des sbires qui avait commis tant de ruses pour l’obtenir de sa tante ?
Comme on complique le rythme, on complique le style : et là aussi, la beauté consiste à prendre le contre-pied de la nature, et à chercher en tout la difficulté. […] On étudie les textes pour eux-mêmes, pour leur sens, pour leur beauté, non pour en tirer des autorités et des arguments.
Belle sans ornement, dans le simple appareil D’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil. […] Il suffit qu’ils aient, dans leur ordre, de la vérité, de la grandeur, de la beauté.
Elle prête à tous ceux qui l’approchent la beauté de son âme, à travers laquelle elle les voit et les entend. — À cause de sa profession première et de celle de son mari, cette très honnête femme, d’une scrupuleuse vertu, a toujours eu une partie du moins de ses relations dans un monde forcément mêlé. […] Outre qu’elle aimait naturellement la beauté, le bonheur et le génie des autres, elle aimait encore, dans ses illustres amis, la bonté émue et amusée qu’elle-même leur communiquait dans le temps qu’ils étaient en sa présence.
Tel le Songe qu’Atossa raconte, mêlé d’étrangeté orientale et de beauté hellénique : il donne l’idée d’une sculpture persépolitaine que l’art grec aurait retouchée. — Deux femmes richement vêtues, l’une de la tunique dorienne, l’autre de la robe persane, lui sont apparues, plus belles que les femmes qui vivent maintenant, au-dessus d’elles par la majesté de leur taille. […] De vers en vers, trait par trait, une figure se forme et s’élance, révélant à la reine barbare la fière beauté d’une race libre.
Toujours vêtu de sa lumière, il exprimera désormais la beauté qu’elle répand sur le monde et la joie dont elle le remplit. […] En même temps, il semble qu’on voie une beauté sévère s’étendre sur leurs figures ennoblies.
» * * * — La femme de Zola, assez souffrante cette année, tire de sa maladie une beauté rare, faite de la douceur de deux yeux très noirs, dans la pâleur comme éclairée d’un visage. […] Mardi 7 mai Parmi les gens à imagination, je suis étonné, combien il leur manque le sens de l’art, la vue compréhensive des beautés plastiques, et parmi ceux qui ont cela, je suis étonné combien il leur manque l’invention, la création : ils ne sont que des critiques.
L’immense diffère du grand, en ce qu’il exclut, si bon lui semble, la dimension, en ce qu’« il passe la mesure », comme on dit vulgairement, et en ce qu’il peut, sans perdre la beauté, perdre la proportion. […] Il la combinait pour la beauté ; il s’égaye à en extraire la laideur.
Fouquet, pour les raisons que vous savez, pour des raisons très sérieuses, les historiens en sont sûrs, Fouquet tomba, cet homme que nous ne pouvons pas nous empêcher, non seulement de plaindre mais d’aimer ; car il était charmant, Fouquet ; il était tout à fait un Italien, un grand seigneur italien du seizième siècle : il aimait les arts, il aimait les lettres, il aimait les choses somptueuses, il aimait les grandes architectures, les appartements magnifiques, il aimait la conversation des femmes élégantes et distinguées, il aimait la conversation des poètes, tout ce qui était beauté était l’objet des amours et des passions de Fouquet. […] Ceci est une erreur, parce que c’est habituer les jeunes esprits à considérer en effet tout grand artiste comme un homme détenteur et de la beauté et de la vérité morales, et alors cela les porte à se laisser aller à toutes les suggestions des livres de ce grand homme qu’ils liront.
Il a compris, lui, le maître de la versification correcte et de la versification, ce semble, un peu rigide, il a compris que l’irrégularité des vers telle que l’a pratiquée La Fontaine, était d’une très grande beauté. […] Etant donné cela, il était étonné de ce qui fait, pour moi du moins, et pour vous aussi, la beauté même de l’œuvre de La Fontaine ; il était étonné et offusqué, désobligé de ce que La Fontaine eût déformé la fable.
Le Maître lui avait écrit en termes exaltés des mérites et des beautés de sa fiancée future, elle essayera de l’entendre, — de supposer qu’il l’entend de l’épouse du Cantique des cantiques, de la seule épouse spirituelle digne de ce nom, de l’Église : Mais en écrivant, ceci, je relis votre lettre, et, comme me réveillant d’un profond sommeil, j’entrevois je ne sais quelle lumière au milieu de ces ténèbres, et quelque chose de caché et de mystérieux dans des paroles qui paraissent si claires et si communes.
Il y a donc dans cette suite d’épanchements d’une âme jeune et mûre, beauté morale, élévation constante, mais aussi tension très sensible, et qui se traduit même par des mots.
En tout de même : ces belles et illustres études de Goethe, de Schiller, de Shakspeare, de Dante, de Galderon, dont tant de plumes brillantes, dont tant de chaires sonores nous parlaient magnifiquement, mais un peu superficiellement, lui, il ne croyait jamais les posséder assez, il les faisait et les recommençait sans cesse dans une lecture assidue, les yeux collés sur les difficultés du texte autant que sur les beautés.
Lorsque l’auteur de Simiane nous montre Juliette s’enivrant des douces paroles amoureuses dont la musique se môle à l’oscillation du bateau, quand il nous murmure un peu longuement quelques-unes de ces tendresses infinies : « A quoi servirait au ciel d’être la plus étincelante merveille qui soit sortie des mains du créateur, s’il ignorait lui-même sa beauté ?
Les prédicateurs, les philosophes, les poëtes se forment en choeur pour chanter la beauté imposante des moeurs réglées, et la littérature est un motet solennel accompagné par l’orgue ecclésiastique.
Aux Mémoires personnels se rattachent toute sorte de vies et de récits où le narrateur, quel qu’il soit, a pour objet de déployer la richesse ou la beauté de quelque nature héroïque ou illustre.
Jean-Jacques fait de la beauté des campagnes, des bois, des cieux, un des objets nécessaires de l’art littéraire.
Il leur donna le sentiment de la beauté littéraire et de la vertu morale qu’elle recèle souvent. « Il nous formait à la précision et à la simplicité ; il nous donnait le goût du style net et franc, la haine de l’emphatique et du tortillé. » M.
Des images charmantes aident la femme grosse à engendrer en beauté.
L’homme ne vivra jamais seulement de pain ; poursuivre d’une manière désintéressée la vérité, la beauté et le bien, réaliser la science, l’art et la morale, est pour lui un besoin aussi impérieux que de satisfaire sa faim et sa soif.
« Les enfants attendent longtemps avant de montrer aucune sensibilité à la beauté des sons.
On en rencontre dans les cours des sciences les plus abstraites, et, dans l’Assemblée constituante, on a vu les plus brillants orateurs jaloux de l’attention d’un essaim de femmes célèbres par l’esprit, la beauté et le patriotisme, qui suivaient toutes les grandes discussions.
Compléter un univers par l’autre, verser sur le moins de l’un le trop de l’autre, accroître ici la liberté, là la science, là l’idéal, communiquer aux inférieurs des patrons de la beauté supérieure, échanger les effluves, apporter le feu central à la planète, mettre en harmonie les divers mondes d’un même système, hâter ceux qui sont en retard, croiser les créations, cette fonction mystérieuse n’existe-t-elle pas ?
Les multitudes, et c’est là leur beauté, sont profondément pénétrables à l’idéal.
Elle a présidé à toutes les manifestations de la beauté.
Les chevaux du Chili sont aussi supérieurs en beauté et en bonté aux chevaux d’Andalousie, que ceux-ci surpassent les chevaux de Picardie.
Le poète, comme aussi le grand prosateur, ne livre pas du même coup tous ses genres de beautés et ne peut pas donner à la fois tous les plaisirs qu’il est capable de donner.
Mais je demande si déjà nous n’avons pas besoin de nous rappeler la personne même de Bossuet, et l’assemblée imposante devant laquelle il parlait, et l’autorité de sa parole, fortifiée par le caractère auguste dont il était revêtu, et l’empire irrésistible de doctrines non contestées, et toutes les gloires et toutes les renommées de cette époque si brillante, et tous les souvenirs de la vieille monarchie, pour sentir les éminentes beautés de l’Oraison funèbre du grand Condé.
Byron, dans son génie, est un enfant de cette beauté-là.
Celui du capitaine d’Arpentigny, qui s’appelle toujours capitaine et qui a bien raison, a été, par une de ces contradictions qui existent souvent entre nos instincts et notre métaphysique, mis au service d’une philosophie très peu militaire et qu’on regrette de rencontrer sous une plume qui a la beauté mâle d’une arme.
L’humeur célèbre du directeur de la Revue des Deux Mondes est arrivée à ce point que son visage, qui n’a pas précisément la beauté de Saint-Mégrin, quoiqu’il soit borgne comme lui, ne donne point une idée de l’intérieur de son âme.
Et si, dans ses autres poésies, — Les Recueillements, Jocelyn, La Chute d’un ange, où le poète fut l’ange même dans sa chute, le Dernier chant de Child-Harold, dans lequel il lutta avec ce Byron qui avait affecté de ne pas l’entendre, quand il avait parlé de lui en termes dont une fierté si royale et si satanique même qu’elle fût, aurait dû être reconnaissante, La Mort de Socrate, où la beauté du texte de Platon est vaincue et divinisée par une forme inconnue aux Grecs, — si enfin partout, dans tous ses poèmes, Lamartine se sentit au niveau du poète des premières Méditations, jamais il ne monta plus haut que dans les Harmonies.
Il y a toutes les vertus du prêtre, la sainteté, la doctrine, la science, la fermeté de l’esprit qui s’appuie sur la fermeté du caractère, base de tout, et qui, réunies, donnent la force absolue, dans son intégrale et irrésistible beauté.
Leurs vices, à ces prodigieux misérables, ne troublaient pas sa souveraine raison sur la grandeur et sur la beauté de l’institution impériale.
En cela, il a été plus préoccupé d’influence et d’action sur ses contemporains que du double mérite des livres bien faits, c’est-à-dire de la beauté ou de la vérité désintéressée de l’œuvre littéraire. — Cet utilitaire se sera dit que le profit du livre serait bon après le profit de la Conférence, et il a publié son fallacieux Innocent III.
Tu vins, et d’un ton compassé, Un pied sur l’avenir, l’autre sur le passé, Tu chantas à grands flots ces créations pures… Pour la beauté d’abord tu nous donnas Hélène, Forme terrible et pure, en son manteau de laine, Pour laquelle à jamais les hommes et les Dieux Se livrent sans relâche un combat odieux… Hélène qui, riant sur sa couche fatale, Tuait dans un baiser l’Asie orientale, Et serrant sur son sein l’enfant aux blonds cheveux, Étouffait un empire entre ses bras nerveux !
La première fois que celui qui écrit ces lignes le rencontra, — il y a de cela des années, — il ressemblait encore à ce portrait de son salon où, sous de longs et magnifiques cheveux noirs, éclatait, sombre, ce visage qu’on aurait dit fait de la beauté de quatre races différentes : la juive, la bohémienne, la phocéenne et la mauresque, et où le lion et l’aigle se confondaient, comme dans une chimérique tête de blason.
Il fallut le dévergondage de l’imagination romantique pour voir dans ce livre — que je ne crains point d’appeler une pauvreté littéraire — des beautés qui n’y étaient pas… Assurément moins corrompus qu’au temps peint par l’abbé Prévost dans son livre et le redoutable Laclos dans le sien, par la raison que nous avions traversé le sang de deux époques sanglantes et que le sang, n’importe comme il soit versé, purifie toujours, nous n’en avions pas moins, péché originel ineffaçable !
Ce pays, qui fait partie de la Géorgie, et qui instruisait autrefois des philosophes, n’est plus célèbre aujourd’hui que par la beauté de ses femmes, qu’il envoie aux sérails de Constantinople et d’Ispahan.
Tous les peuples placent la beauté des temples dans leur élévation prodigieuse.
Elle s’offre à lui, s’il se donne seulement la peine de la désirer, avec tous les trésors de sa beauté. […] Rodin poursuit le poème de la beauté féminine jusqu’à la limite extrême. […] Le talent lui était venu de même source que la beauté. […] Mais il faut avoir en soi le sentiment de cette beauté. […] Une seule ligne suffit, je crois, pour exprimer toutes les beautés de la situation.
Il organise la cérémonie de la beauté. […] Enfin, le danger d’une telle hâte est le risque de prendre pour la vérité l’une de ses sœurs moins parfaites en dépit de quelque beauté, une erreur. […] La Grèce a tourné le malheur de la destinée humaine à la merveille de l’atticisme : c’est la beauté sous la menace des dieux incompréhensibles. […] Il a cette grande beauté, la Vérité. […] Il découvre par endroits des images, même bizarres, qui lui paraissent dignes de remarque ; il en signale, très complaisamment, la grandeur ou la beauté singulière.
Dorat qui publiait cette œuvre presqu’entière dans le journal des Dames où elle devait faire une assez singulière figure, tout en y reconnaissant des beautés, la comparait au chaos des pièces anglaises. […] Il jouit d’abord de la liberté qu’il a conquise, en même temps que de la beauté des lieux qu’il parcourt ; mais ce moment d’espérance et de bonheur passe vite. […] Cependant c’est la vaine beauté d’une rose devant l’œil qui ne s’ouvre plus. […] Du reste, son genre de beauté favorisait cette transfiguration. […] Obermann nous crie : Serrez-vous, hommes simples qui avez le sentiment de la beauté des choses naturelles.
Elle consiste à ne pas comprendre la beauté du type plébéien, quand il se développe sur place, normalement, simplement, et dans des données plébéiennes. Jules Vallès, que vous ne récuserez pas comme un témoin suspect, l’avait admirablement discernée, cette beauté, à travers ses propres déchéances. […] Qu’il ne dût être que le poète d’une saison, la beauté même, si particulière et si morbide au fond, de ces premiers vers, l’annonçait dès lors avec évidence, et l’avenir n’a pas démenti le pronostic. […] Il traduit — et de quelle traduction égale en beauté au texte lui-même ! […] Elles offrent ce caractère, rare dans l’histoire de la littérature, d’être égales en beauté à ses grands romans.
Ces deux derniers partagèrent l’admiration de leur professeur pour Lucrèce, et entreprirent dans la suite d’en faire passer les beautés dans notre langue. […] Mais cette beauté orgueilleuse et froide accueillit mal la déclaration de son amour. […] La beauté et l’humeur avenante de sa femme lui avaient procuré une juste mais malheureuse célébrité. […] Les filles de la Reine mère avaient un grand renom de beauté, et recevaient bien des hommages qu’elles ne savaient pas toujours repousser. […] Mais j’eus le chagrin de voir qu’une personne sans grande beauté, qui doit le peu d’esprit qu’on lui trouve à l’éducation que je lui ai donnée, détruisit en un instant toute ma philosophie.
L’art japonais a ses beautés comme l’art grec. […] Je veux parler du laque, dont la qualité supérieure, la beauté suprême, le resplendissement parfait, sont si peu voyants : le laque qui vous ravit par ses reliefs qu’il faut presque deviner, par la laborieuse dissimulation de son éclat, par le discret emploi des ors usés, enfin par l’effacement distingué de son luxe et de sa richesse. […] Or la qualité caractéristique, je dirai, la beauté de la conversation de Gautier était l’énormité du paradoxe.
Et quelle traduction chez eux de la beauté des femmes du temps, qui est toute monastique, et dont les portraits des jeunes et des vieilles, ont l’air de portraits d’abbesses ! […] Vraiment, cette salle n’est pas favorable à l’exhibition de la beauté de la femme. […] Un portrait de Daudet crucifié, golgotant, mais de toute beauté, comme facture.
On ne sait plus, quand un morceau de maître est ainsi récité, ce qu’on doit le plus admirer, ou de la beauté des vers, ou de la diction qui les fait valoir. […] Lui, épouser cette fleur de jeunesse et de beauté ! […] et si on l’attaquait, c’est moi, qui le premier en mettrais au plein jour les beautés divines. […] L’idée seule brille, de tout son éclat, indépendante des faits, comme une statue dont aucun voile ne dérobe aux regards la beauté idéale. […] La postérité ne les laisse point tomber tout entiers par déférence pour le maître, par admiration pour le petit nombre de beautés répandues dans l’ouvrage.
. — Quel genre de beauté et quelle sorte d’idées les Français ont apportés dans le monde. […] Sans doute, quand Homère conte, il est clair autant qu’eux et développe comme eux ; mais à chaque instant les magnifiques noms de l’Aurore aux doigts rosés, de l’Air au large sein, de la Terre divine et nourrice, de l’Océan qui ébranle la terre, viennent étaler leur floraison empourprée au milieu des discours et des batailles, et les grandes comparaisons surabondantes qui suspendent le récit annoncent un peuple plus enclin à jouir de la beauté qu’à courir droit au fait. […] Ils ne sont point frappés par la magnificence de la nature, ils n’en voient guère que les jolis aspects ; ils peignent la beauté d’une femme d’un seul trait qui n’est qu’aimable en disant « qu’elle est plus gracieuse que la rose en mai. » Ils ne ressentent pas ce trouble terrible, ce ravissement, ce soudain accablement de cœur que montrent les poésies voisines ; ils disent discrètement « qu’elle se mit à sourire, ce qui moult lui avenait. » Ils ajoutent, quand ils sont en humeur descriptive : « qu’elle eut douce haleine et savourée », et le corps aussi blanc « comme est la neige sur la branche quand il a fraîchement neigé. » Ils s’en tiennent là ; la beauté leur plaît, mais ne les transporte pas.
À la paralysie générale de la famille et de la société, à toutes les « crasses du passé », Crevel oppose l’action, le « souffle de vie », la « beauté convulsive » qu’André Breton évoquait à la fin de Nadja ; Crevel est pour la jouissance, pour la libération du corps. […] Cette paralysie générale, voilà bien ce que Breton entend ne plus tolérer, quand il écrit, à la fin concluante de Nadja : La beauté sera convulsive ou ne sera pas. Beauté convulsive que le surréalisme a cherché dans les zones jusqu’à lui interdites et, auxquelles, certes, il n’aurait pu atteindre, s’il n’était parti du postulat : Le salut n’est nulle part, ce qui ne signifiait pas que la damnation fût partout. […] Or, rien ne m’avait, ne m’a jamais semblé aussi admirable que ce clavier de petits cubes, tous de couleurs différentes, mais d’une égale beauté dans leur diversité, puisque le marron s’appelait terre de Sienne brûlée. […] Charles Baudelaire, « La Beauté » in Les Fleurs du mal, op. cit.
Et jusque dans « votre ardeur à conquérir un tendre objet fragile » votre désir « se nuance de fierté, de beauté, comme on voit chez Racine » car Edith vous l’a permis. […] Encore ne proclame-t-elle que l’opinion commune sur l’écrivain dont elle tente avec mollesse de découvrir les beautés et les défauts. […] Il fait un parallèle entre ce que l’auteur a voulu exprimer et ce qu’il est arrivé à créer ; n’admettant que la critique contemporaine, il tente de définir la beauté de son époque et de codifier les règles du Style qui lui sont inhérentes. […] Les funérailles de Shelley, à la manière antique, sont peintes avec un souci d’objectivité qui en détermine la beauté. […] Si le temps lui en est laissé, espérons qu’il prendra le même soin, qu’à utiliser l’intelligence et le talent, à décorer son ministère ; croyez bien qu’ici, je ne fais allusion qu’à ceux des bureaux et des appartements où sont appelés à vivre, à parler en beauté, les grands de la terre, les ministres, les diplomates ou les souverains en voyage.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté32. […] Voici que dans le secret l’œuvre de Claudel se reforme, se rassemble, se condense et nous apparaît soudain dans sa terrible beauté. […] Où donc est sa beauté ? […] La beauté du style, on ne la découvre en aucun point, ni dans un mot, ni dans une image, mais seulement dans la syntaxe ; on la démêle comme, à suivre ses routes sinueuses, le charme d’un pays. […] Comparez : Pauvre grande beauté !
Voltaire le définit très finement dans son Dictionnaire philosophique : « Un sentiment prompt d’une beauté parmi les défauts et d’un défaut parmi les beautés. » Il y a donc un bon et un mauvais goût. […] L’attitude intellectuelle de Taine dans son Histoire de la littérature anglaise permet de le constater : pour lui l’œuvre littéraire est aussi intéressante par ses défauts que par ses beautés, et, pour Émile Zola, plus intéressante encore. […] La goûter à ce degré, cette beauté, c’est éprouver, pour les artistes capables de la produire, une invincible et secrète reconnaissance. […] » Tout plutôt que les « fausses beautés » qu’il reproche en passant à Cicéron. […] Voltaire en a donné la définition la plus profonde — répétons-la — quand il a dit « qu’il consiste dans le sentiment prompt d’une beauté parmi des défauts et d’un défaut parmi des beautés ».
Les lettres xii et xiii, d’une grande beauté philosophique, démontrent les principes de conscience et de raison sur lesquels elle fonde le devoir, et expliquent comment tout son soin est de faire apparaître et se dessiner par degrés la règle à la raison de l’enfant, pour qu’il y dirige librement de bonne heure, et dans les proportions de son existence, sa jeune volonté. — Faire régner de bonne heure autour de ces jeunes esprits une atmosphère morale, où ils se dirigent par le goût du bien, les faire gens de bien le plus tôt possible, c’est là son but, son effort, et, à moins de préjugés très-contraires, on lui accorde, en l’entendant, qu’elle a et qu’elle indique les vrais moyens de réussir. […] Elle n’aimait pas l’art avant tout, et voyait le fond plutôt que la forme, préférant la pensée moderne à la beauté antique.
Il veut suppléer à cette clarté qui tombe du ciel, des étoiles, de la conscience du cœur, par je ne sais quel jour faux qu’il emprunte à un système qui n’est pas même le sien, le système de la terreur justifié par le sophisme ; la beauté de l’homicide, l’innocence de la férocité, la vertu du crime, la sainteté de la guillotine politique, la légitimité de l’assassinat juridique de sang-froid, tout ce qui fait horreur aux hommes, tout ce qui fait resplendir d’une lueur sanglante, d’une tache de feu, les noms malheureux des hommes qui ont tué en masse ou en détail leurs frères innocents, il le comprend, il le justifie, il l’exalte, il le transfigure, il le divinise. […] Il considérait ces magnifiques rencontres des atomes qui donnent des aspects à la matière, révèlent les forces en les constatant, créent les individualités dans l’unité, les proportions dans l’étendue, l’innombrable dans l’infini, et par la lumière produisent la beauté.
Son profil, que son voile rejeté en arrière me laissait entrevoir, avait la pureté de lignes des plus belles têtes du Parthénon, mais en même temps la mollesse, la suavité et la gracieuse langueur des femmes de l’Asie, beauté bien plus féminine, bien plus amoureuse, bien plus fascinante pour le cœur que la beauté sévère et mâle des statues grecques.
On peut l’admirer parfois, car elle a sa beauté esthétique et sa grandeur, mais il faut bien la prendre pour ce qu’elle est. […] Et l’on peut dans la vie remarquer constamment des jugements de cette espèce, avec la beauté poétique en moins.
Et par là je ne veux pas dire seulement, ce qui est entendu, que je les donnerais en beauté, sub specie pulchri , mais que je ne les donnerais pas moins en vérité, en réalité, sub specie rei ac realitatis . […] Il n’y a pas plus de philosophie contre la raison qu‘il n’y a de bataille contre la guerre, d’art contre la beauté, de foi contre Dieu.
Je me rappelle sa beauté (une beauté de femme), sa taille élégante, la ravissante grâce de ses mouvements.
C’est un état où le cœur ne peut être ému en son fond, et, quoique le monde lui montre ses beautés, ses honneurs, ses richesses, c’est tout de même comme s’il les offrait à un mort, qui demeure sans mouvement et sans désirs, insensible à tout ce qui se présente… Le mort peut bien être agité au dehors et recevoir quelque mouvement dans son corps ; mais cette agitation est extérieure ; elle ne procède pas du dedans, qui est sans vie, sans vigueur et sans force. […] Issy de beauté les surpasse En beaux jardins et prés herbus, Dignes d’estre au lieu de Parnasse Le séjour des sceurs de Phébus.
Georges Eekoud fait de la Valkyrie une analyse succincte et relève les beautés de l’ouvrage tout en suivant pas à pas la marche de l’action. […] Labarre le triomphe de l’œuvre et la beauté de l’interprétation.
Huysmans fut attiré vers l’Église par le prestige de sa grandeur morale et par le culte qu’il portait en lui de la beauté mystique. […] Nous n’avons pas à rappeler aux lecteurs de la Revue les beautés du récit et la magnificence de son cadre ; il importe pourtant de faire admirer l’enthousiasme et l’éternelle jeunesse de cœur qui brûle, comme un feu mystérieux, sous la conception de l’artiste.
Ce livre est une vision incisive, ardente et navrée des réalités ignobles que le verbiage des « professionnels » affirme être de toutes beautés et toutes gloires. […] Plénitude est un des volumes de vers dont la relecture me sera chère et je ne sache pas un poète, qui dans le maniement du vers libre, du vers qui respire et se cambre, se noue et se dénoue comme le nuage ou la mer, atteigne cette majesté intime et familière, cette rythmique et cette Plénitude dans la beauté.
Je recommanderai aux amis d’une certaine beauté judicieuse et politique une page entre autres de son Apologie, dont voici les premiers mots : « Monsieur, jamais négociation ne fut plus difficile à enfoncer que celle-ci (de la paix) ; car chacun disait la vouloir, mais personne ne voulait faire ce qui était nécessaire pour y parvenir… » Nulle part le complexe d’une situation n’a été mieux analysé que dans cette page ; on n’a jamais mieux résumé les difficultés, les fautes et les faux-fuyants des divers partis en présence.
Adolphe Dumas, lequel, pour nous punir de ne l’avoir pas couronné, a fait dire quelques jours après, dans les journaux à sa dévotion, que l’Académie avait des sentiments trop russes pour apprécier les beautés patriotiques de son ouvrage.
Je les aime comme vous ; mais, à mesure qu’on vieillit, la nature descend et les âmes montent ; et l’on sent la beauté de ce mot de Vauvenargues : « Tôt ou tard on ne jouit que des âmes 83. » C’est pourquoi on peut toujours aimer et être aimé.
Ce qui veut dire que le studieux et le rêveur lui-même, celui qui autrefois eût été le clerc ou le moine dans sa cellule, et qui hier encore était l’homme de livres et de cabinet, va en chemin de fer et en profite désormais pour visiter le monde, pour prendre sa part de toutes les curiosités, de toutes les beautés d’art ou de nature.
Il y a lieu, en de certains moments décisifs, à cette critique auxiliaire, explicative, apologétique : c’est quand il s’agit, comme cela s’est vu dans les années de lutte de l’école poétique moderne, d’inculquer au public des formes inusitées, et de lui faire agréer, à travers quelques ornements étranges, les beautés nouvelles qu’il ne saluerait pas tout d’abord.
Toutes les scènes qui se rapportent à la mort de Rosa sont d’une haute beauté morale ; il sera sensible à tout lecteur que celui qui les a si bien conçues et représentées travaillait, lui aussi, en vue du sujet même, c’est-à-dire du suprême instant et qu’il peignait d’après nature.
« Est-ce curieux, notent les de Goncourt à propos de Belot, est-ce curieux : cet homme qui, dans la souffrance, a des sensations distinguées, assaisonnées de remarques et de réflexions presque littéraires, lorsqu’il écrit est absolument dénué de littérature et ne se doute pas du tout de ce qui fait la beauté d’un livre. »41 Si l’être qui souffre n’est plus un médiocre, le résultat s’élève d’autant.
Échappe-t-elle aux beautés de l’art tragique, aux sons divins d’une musique céleste, à l’enthousiasme des chants guerriers ?
La grâce, ce charme suprême de la beauté, ne se développe que dans le repos du naturel, et de la confiance ; les inquiétudes et la contrainte ôtent les avantages mêmes qu’on possède ; le visage s’altère par la contraction de l’amour propre.
Mais certains faits semblent contredire à cette assertion : les preuves que donnent le moulage, la photographie et la sténographie, la comparaison de certaines œuvres d’art, comme les portraits de Denner et ceux de Van Dyck, le parti pris d’inexactitude qu’on remarque dans l’art souvent le plus élevé, la comparaison de la prose et de la poésie, des deux Iphigénies de Gœthe où la beauté est en proportion inverse de l’exactitude, tout cela témoigne que le but de l’art n’est pas l’imitation rigoureuse et absolue.
Renan, jusqu’à « comprendre plusieurs espèces de beauté » ; et ce Phocéen conçoit quand il le veut la mélancolie des Sarmates et des Saxons et les tristesses et raffinements d’art et de pensée des hommes du Nord.
Les herbes recouvrent maintenant vos grandeurs ; votre antique beauté n’est plus qu’une horrible misère.
Il faut donc s’y résigner : les belles choses naissent dans les larmes ; ce n’est pas acheter trop cher la beauté que de l’acheter au prix de la douleur.
Le mot favori de Jésus reste donc plein d’une éternelle beauté.
Un jour, quelques-uns de ses disciples, qui connaissaient mieux que lui Jérusalem, voulurent lui faire remarquer la beauté des constructions du temple, l’admirable choix des matériaux, la richesse des offrandes votives qui couvraient les murs : « Vous voyez tous ces édifices, dit-il ; eh bien !
Les premières impressions que le roi avait faites sur madame Scarron, à son entrée dans Paris, étaient peut-être de celles que la beauté et la jeunesse font sur les sens d’une femme jeune et sympathique ; mais l’auréole de gloire qui environnait cette belle tête de Louis XIV, la douce et noble fierté de son attitude soumirent aussitôt les sympathies physiques aux sympathies morales.
M. de Fezensac, jeune, doué de toutes les qualités qui humanisent et civilisent la guerre, comprit ce rôle dans son plus noble sens et, l’on peut dire, dans sa beauté morale ; il ne s’attacha plus qu’à le bien remplir.
Devenue veuve à l’âge de vingt-cinq ans, ayant de la beauté, du bien, une naissance honnête, un esprit fait pour le monde, elle voulut y vivre comme dans un cloître, & s’entêta de ce qu’on appelle spiritualité.
Vous sentez qu’il vous fait réfléchir, qu’il renouvelle en vous vos sensations et impressions de lecteur, qu’il éveille en vous des curiosités de lecteur, qu’en épousant ou en contrariant vos jugements, il fait que vous les révisez, à quoi sans doute votre goût s’exerce et s’affine ; qu’en vous dirigeant du côté de nouvelles lectures, il vous ouvre des pays nouveaux auxquels vous songiez vaguement, ou ne songiez point, et qui peuvent être d’une grande beauté on d’une étrangeté captivante.
Lui-même a tracé les linéaments d’une philosophie qui mesure la réalité des choses à leur degré de beauté.
. — Un autre, de sensibilité beaucoup moindre, et peut-être peu éloignée d’être nulle, mais de grandes vues, de haut regard, et d’imagination magnifique, déroula le grand spectacle des beautés naturelles, et écrivit l’histoire du monde. […] Un troisième, beaucoup moins grand, traversé du reste trop tôt par la mort, s’avisa d’être un vrai classique parmi les pseudo-classiques qui l’entouraient, retrouva les vrais anciens et la vraie beauté antique, et donna au xviiie siècle ce que, sans lui, il n’aurait pas, un poète écrivant en vers. […] Je me passerai à un peu moins d’éclat que vous n’en avez aujourd’hui… Aussi bien y a-t-il beaucoup de superflu dans votre beauté. […] Ce que, sans doute, il ne sera jamais, nous le savons : ni idéaliste, ni religieux, ni porté au mystérieux, ni très sensible à la beauté. […] La beauté est dans la moisson qui ondoie et luit au soleil ; la force, l’âme, le Dieu caché était dans le grain.
Tu m’as enlevé la puissance que la beauté m’avait donnée sur clercs, marchands et gens d’Eglise ; car il n’était alors homme bien né qui ne m’eût livré tout son avoir, dût-il s’en repentir, pourvu que je lui eusse abandonné ce dont aujourd’hui les truands même ne veulent plus. […] Je ne parle pas de la beauté de la forme, ni des qualités proprement grecques, mesure, justesse, harmonie, ni des commencements de profonde psychologie qu’on y découvre. […] Le critique absolument parfait, qui viendra dans quelques siècles, comprendra tout et n’aimera rien, — que la beauté extérieure de ces transcriptions et son propre détachement. […] Ô beauté, pain de la jeunesse Pain si savoureux et si blanc, Pain qu’on ne mange qu’en tremblant, Pain de l’amour, pain des caresses ! […] Et, comme il y a encore du printemps dans cet été, la nature est pareille à une belle jeune femme dont la beauté mûrie conserverait, on ne sait comment, quelque chose du charme de la jeune fille.
Sur presque toutes les beautés célèbres, nous avons des « chroniques secrètes » qui les débinent. […] Et, ainsi, il jugeait des ouvrages dont son imagination créait la beauté, d’après des dogmes dont son tempérament créait l’autorité. […] Voilà trop de siècles que ces formes nous ravissent par leur adaptation parfaite à un mode de vie, imparfait sans doute, mais qui est le seul que nous connaissions ; et toujours cette adaptation sera pour nous la beauté. […] Si l’humanité était sérieusement troublée par l’idée de la beauté des Martiens, elle n’aurait plus de cœur à vivre. […] Elle est jolie, de beauté délicate.
Aussi bien court-on le risque de signaler les beautés ou les faiblesses d’une scène qui sera coupée ; spectateurs, acteurs et auteurs ne sauraient que gagner à cette réserve. […] J’oublie parfois, devant le talent, mon métier de critique, comme un chasseur qui, trouvant au bout de son fusil une perdrix ou une caille, se met à admirer la beauté de son vol, à écouter la joie de sa chanson, sans penser à tirer dessus. […] À cette heure, elle était pitoyable, avec cette pâleur du tombeau, d’une beauté si douloureuse, qu’il ne tournait plus les regards vers le lit, sans que son cœur, secrètement, fût noyé de chagrin. […] Les autres monts peuvent sinon l’égaler, du moins s’élever à de respectables hauteurs ; mais la nature les a mis au second plan, derrière lui, et ce n’est que le touriste, l’explorateur amant de la montagne qui découvrira leurs beautés. […] Il est atteint dans son amour, dans son respect pour sa femme, une Géorgienne d’une grande beauté, dont Paris vante les vertus et qu’il croit une sainte.
Corneille, après ces quelques pièces qui ne manquent pas de beautés, mais qui ne sont plus à la hauteur de ses belles conceptions, parut vouloir se relever par la tragédie de Nicomède, jouée en 1652, et qui eut un très-grand retentissement. […] Sertorius a des scènes d’une grande beauté, et on prétend que Turenne, après avoir entendu cette tragédie, s’écria : — « Où donc Corneille a-t-il appris l’art de la guerre ? […] L’abbé de Bois-Robert, qui jouissait d’un grand crédit près de Son Éminence, à cause de son esprit toujours porté à la gaieté, introduisit dans la salle deux beautés d’une réputation passablement équivoque. […] vous croyez donc qu’à moi-même barbare, J’abandonne en ces lieux une beauté si rare ? […] Il chercha à imiter Racine, son maître, et s’il est loin de lui pour les beautés de détail et la versification, il s’en approche du moins pour la conduite des pièces.
Dans la mesure donc ou la Pléiade avait relevé la poésie française de son antique vulgarité, si c’est aussi vers les hauteurs que Malherbe a tendu de tout son effort — ad augusta per angusta , c’est le cas de le dire, — sa poétique n’a pas différé de celle de l’école de Ronsard ; et il a conçu autrement la beauté, mais, comme Ronsard, c’est bien la réalisation de la beauté qu’il a donnée pour but à la poésie. […] Mais ce n’est pas le point, et il suffit ici qu’une part au moins du lyrisme consiste assurément dans la nouveauté, dans la rareté, dans la beauté des images. […] C’est pourquoi, chez tous les grands lyriques, indépendamment de la valeur des idées ou du sens des mots, « les mouvements », comme en musique, ont en eux, par eux seuls, et leur pouvoir, et leur valeur, et leur beauté. […] Logique et clarté, précision, beauté de l’ordonnance et netteté du style, toutes ces qualités étaient presque étrangères à nos écrivains du xvie siècle, et il vrai, malheureusement, que nous en faisons aujourd’hui bon marché. […] Mais on voudrait qu’il y eût appuyé davantage, et qu’il eût plus éloquemment célébré la « beauté » du christianisme, sa richesse poétique, la fécondité de son inspiration.
C’est d’abord la perte du rythme intérieur, qui permet d’approcher, dans tous les domaines, la vérité et la beauté. […] De même chez Léonard de Vinci, lequel invente comme il respire, et toujours dans le sens de la beauté. […] La foule, livrée à elle-même, va naturellement à l’erreur et à la laideur, comme à une moyenne plus répandue et plus accessible que la vérité et que la beauté. […] Dans les époques de sensibilité et d’intelligence artistiques, ces beautés sont comprises et accueillies d’emblée. […] Spectacle affreux, mais exemplaire, car le refus conjoint de la beauté et du bon sens a tout de même une haute signification.
» Il vous exhortera à la philosophie, Lettre xxxii ; il vous dira, Lettre xxxiii, que, dans un ouvrage de l’art, il faut que la beauté de l’ensemble fixant le premier coup d’œil, on n’aperçoive pas les détails ; et que, dans un ouvrage de philosophie ou de littérature, les beaux vers, les sentences sont les dernières choses à louer. […] Nous sommes aussi incapables de tomber dans leurs défauts, que d’atteindre à leurs beautés. […] La pensée de Sénèque peut très-souvent être comparée à une belle femme sous une parure recherchée ; Quintilien, le rival de Sénèque, s’en était bien aperçu : « Cet auteur, dit-il, fourmille de beautés, il a des sentiments de la plus grande délicatesse. […] Parmi les idées de Sénèque, je me plais encore plus à citer celles qui montrent la bonté de son âme, que celles qui montrent la beauté de son esprit, parce que je fais plus de cas de l’une de ces qualités que de l’autre ; parce que j’aimerais mieux avoir fait une belle action qu’une belle page ; parce que c’est la défense des Calas, et non la tragédie de Mahomet que j’envierais à Voltaire. […] S’il eût dédaigné certaines beautés qui n’en sont pas, s’il eût usé plus sobrement de quelques-unes, s’il eût été moins épris de ses productions, ; si la subtilité de ses idées n’eût pas affaibli l’importance du sujet qu’il traitait, il obtiendrait aujourd’hui des savants une approbation préférable aux acclamations des enfants.
Et, tout d’abord, je citerai parmi ceux de la collection Manzi, qui sont en grandissime nombre, et tous hors ligne, comme beauté d’épreuves : Un vol de sept grues sur le rouge d’un soleil couchant. […] Mais, au moment d’ordonner leur mort, il a la curiosité de voir la femme de Minamoto et, soudainement séduit par sa beauté, il lui demande de lui appartenir, ce à quoi elle se résigne sur la promesse qui lui est faite que ses enfants seront épargnés. […] Lavis d’une beauté tout à fait singulière. […] Un autre makimono d’une grande beauté, provenant de la vente de l’atelier de Kiôsaï, et contenant 46 sujets, fait partie de la collection de M. […] Une étude de toute beauté, où se voit la cruelle courbe de ce bec déchireur de chairs palpitantes, et la grandeur morne de cette prunelle qui peut fixer le soleil.
Ces environs de Paris, sont réellement délicieux, quand on sait y porter une gaieté relative à la beauté du lieu. […] La constitution du gouvernement français, n’ayant ni les rigueurs du despotisme, ni les inconvéniens d’une licence effrénée, il n’y a pas de félicité comparable à celle que les Parisiens éprouvent autour de la capitale, lorsqu’ils en parcourent les beautés. […] Les plus grandes beautés deviennent monotones, s’il n’y a pas quelque contraste & quelqu’ombre. […] C’étoit une jeune indienne qui entroit au jardin des Tuileries, & qui, par sa beauté rare, entraînoit à sa suite un quart de Paris. […] Il est sans doute une beauté réelle indépendante de ces considérations ; mais il est si rare de la rencontrer, qu’il n’y a presque dans tous les écrits, que des beautés factices, soumises conséquemment aux opinions, comme aux préjugés.
C’étaient tantôt des fureurs justicières et vengeresses contre une réformatrice audacieuse, tantôt une idolâtrie lyrique comme les œuvres qui en étaient l’objet, une acclamation bruyante en l’honneur des idées et des principes confondus, dans une sorte d’apothéose déréglée, avec la puissance de l’inspiration et la beauté du style. […] Êtres bornés, nous cherchons sans cesse à donner le change à ces insatiables désirs qui nous consument ; nous cherchons un but autour de nous, et, pauvres prodigues que nous sommes, nous parons nos périssables idoles de toutes les beautés immatérielles aperçues dans nos rêves. […] En vain elle déclare qu’elle se complaît dans la beauté de Sténio avec une candeur, une puérilité maternelle. […] Quelle chose précieuse est donc le parfum, qui, sans rien faire perdre à la plante dont il émane, s’attache aux mains d’un ami, et le suit en voyage pour le charmer et lui rappeler longtemps la beauté de la fleur qu’il aime ? […] Quand je la vis, ses cinquante-sept ans avaient marqué leur empreinte sur toute sa personne et en avaient amorti l’effet, éteignant cette grâce jeune et passionnée d’autrefois, cet éclat de physionomie qui, à travers la lourdeur de certains traits, avait été sa principale beauté.
Et c’est également ce dernier qui, en fin de compte, recèle le plus de large et réelle beauté. […] Sa « race » est la race élue pour distribuer la vérité et la beauté au monde, pour promulguer les lois suprêmes, les « lois non écrites ». […] A cet égard, Napoléon, type du conquérant antique, de l’homme d’action infécond et théâtral, accomplie seulement pour la beauté du geste, malgré la prétendue propagande révolutionnaire de ses armées et de ses victoires, s’élève, à l’horizon de l’histoire contemporaine, comme la dernière incarnation formidable du romanisme condensant toutes ses forces pour étonner et renverser une dernière fois le monde, avant la chute irrémédiable. […] Il y a aussi de la beauté et de la noblesse dans les crépuscules et les déclins. […] Tous les biens qu’ils ont perdus, la force, la santé, la beauté, l’appétit, l’amour, jusqu’à l’amour, ces vieux les tiennent en mépris.
Il parle quelque part de la surestimation de l’objet sexuel et sans doute il l’entend d’abord dans le sens physique, mais il est bien dans son esprit aussi que toutes les beautés morales dont l’amoureux pare l’objet aimé sont le reflet de la projection sur lui de la libido. […] Et dans vingt autres passages, c’est ce même effort pour dépasser l’apparence avec l’esprit, pour conquérir l’absolu, qui est décrit comme celui qui est le plus naturel, qui s’impose le plus invinciblement-à lui : Ce qu’il y avait d’abord en moi de plus intime, la poignée sans cesse en mouvement qui gouvernait le reste, c’était ma croyance en la richesse philosophique, en la beauté du livre que je lisais, et mon désir de me les approprier quel que fût ce livre 12. Un peu plus loin il parle du secret de la vérité et de la beauté à demi pressenties, à demi-incompréhensibles dont la connaissance était le but vague, mais permanent de ma pensée 13. […] On sent Proust lutter sans cesse contre la tentation, qui est la tentation normale, d’attribuer à l’objet aimé, à ses qualités, à ses vertus, à sa beauté une part efficiente dans le sentiment qui s’est attaché à lui. […] Voilà peut-être le dernier mot — nous le trouvons dans Proust lui-même — sur le génie de Proust et sur l’essentielle nouveauté et l’essentielle beauté de son œuvre.
L’un reproche à l’autre sa laideur, l’autre sa beauté ; le premier avait été esclave, le second, favori suspect d’Octave. […] Une jeune Apulienne, d’une beauté grecque, y charme ses songes.
« La grandeur et la beauté de la France, c’est qu’elle prend moins de ventre que les autres peuples ; elle se noue plus aisément la corde aux reins. […] Aimer la beauté, c’est voir la lumière.
Il fit, outre cette chronique, un grand nombre de vers des Consolations, à la façon de Sénèque et de Boëce, des traités moraux et, d’autres ouvrages, dont le nombre n’étonnait guère moins que la beauté. […] Ce sont de ces beautés qu’on serait tenté de défendre contre l’oubli, s’il n’était pas bon qu’on vît par ces ruines mêmes, qui ne semblent pas méritées, que des détails heureux et hardis ne sauvent pas de la mort les ouvrages médiocres, et qu’il n’est donné de durer qu’aux livres écrits d’une main égale et soutenue.
Enfin, il a dans le récit des derniers temps de Jésus quelques circonstances pleines d’un sentiment tendre et certains mots de Jésus d’une délicieuse beauté 77, qui ne se trouvent pas dans les récits plus authentiques, et où l’on sent le travail de la légende. […] Son évangile est celui dont la lecture a le plus de charme ; car à l’incomparable beauté du fond commun, il ajoute une part d’artifice et de composition qui augmente singulièrement l’effet du portrait, sans nuire gravement à sa vérité.
Il y a trois musiques, dit Wagner : « Il y a la musique italienne, délicieuse et perverse, qui provoque et qui déprave, princesse peut-être, courtisane certainement ; belle comme les Vénus du Titien, et impudique comme les Arétines de Pierre d’Arezzo ; ne se souciant de rien, sinon de plaire et d’énerver ; triomphant des âmes fortes par sa faiblesse même ; jolie certes, et troublante comme un enchantement lascif, mais banalisant sa beauté dans des concessions de carrefour. […] Il faudra qu’ils choisissent entre l’Or, symboIe du pouvoir, et la Beauté, symbole de l’amour, ces dieux, ces géants, ces nains.
Ils l’enferment dans leur armoire, déclarant que si on ne leur demande pas comment on doit au juste aimer Wagner, personne n’a le droit d’ouvrir ses partitions et que, seuls, ils peuvent en deviner les beautés cachées, et le fin du fini C’est avec cela qu’ils vivent, au risque de tuer leur dieu, j’allais dire leur idole. — « Vous ne pouvez comprendre Wagner qu’à Bayreuth, avec sa mise en scène spéciale, ses accessoires, ses décors particuliers, son exécution absolument inimitable ! […] Il faut que les beautés du théâtre allemand, nous soient révélées dans leur intégralité, et pour cela, je demande qu’elles nous soient montrées dans un local spécial où chacun viendra juger, sans passion, sans idée préconçue autre que celle d’entendre chanter ou parler autrement, qu’on ne le fait en France.
Les traditions ajoutent que le poète postérieur Valmiki, auteur ou compilateur du poème le Ramayana sur le même sujet, ayant découvert un jour ces fragments de poésie gravés sous les eaux sur les rochers, tomba dans une mélancolie mortelle, par le désespoir d’égaler jamais dans son poème, qu’il composait alors, la force et la beauté de ces fragments antiques. […] Des femmes tenant des éventails, secouant des plumes de paon, et toutes remarquables par leur beauté et la grâce de leurs formes, environnent le maître.
Mais les siècles ont vu les âmes magnanimes, La beauté, le génie, on les vertus sublimes Victimes de son choix. […] « Non ce second chaos qu’un panthéiste adore « Où dans l’immensité Dieu même s’évapore, « D’éléments confondus pêle-mêle brutal « Où le bien n’est plus bien, où le mal n’est plus mal ; « Mais ce tout, centre-Dieu de l’âme universelle, « Subsistant dans son œuvre et subsistant sans elle : « Beauté, puissance, amour, intelligence et loi, « Et n’enfantant de lui que pour jouir de soi !
C’est une chose purement esthétique, comme la beauté, ou purement naturelle, comme la bonté des choses physiques. […] Littré cite des vers de Schiller sur la beauté, don de la nature, tant admirée et aimée des êtres humains.
Il avait mis d’ailleurs dans tout son jour et en pleine lumière le côté tendre, affectueux, de Vauvenargues, ce côté le plus connu, la beauté de sa nature morale, et avait parfaitement marqué le trait dominant de son caractère, la sérénité dans la douleur ; et il concluait en disant que l’espèce de gloire réservée à Vauvenargues était celle qui peut sembler le plus désirable aux natures d’élite, l’amitié des bons esprits et des bons cœurs.
Je ne suis plus celui qui riait aux festins, Qui croyait que la coupe aisément se redore, Et que l’on peut marcher sans que rien décolore La beauté des aspects lointains !
Il est excellent dans son ordre et d’un singulier à propos ; il vient heureusement en aide à ce sentiment de justesse et de perfection qui caractérise la belle heure de Louis XIV ; il en est le plus puissant organe, le plus direct et le plus accrédité en son genre ; il est, on peut le dire, conseiller d’État dans l’ordre poétique, tant il contribue efficacement et avec suite à la beauté solide et sensée du grand siècle.
Chaque ouvrage d’un auteur vu, examiné de la sorte, à son point, après qu’on l’a replacé dans son cadre et entouré de toutes les circonstances qui l’ont vu naître, acquiert tout son sens, — son sens historique, son sens littéraire, — reprend son degré juste d’originalité, de nouveauté ou d’imitation, et l’on ne court pas risque, en le jugeant, d’inventer des beautés à faux et d’admirer à côté, comme cela est inévitable quand on s’en tient à la pure rhétorique.
Clotilde est belle, de sa pleine et entière beauté, jeune encore, trente-quatre ans et demi, pas davantage ; elle est dans l’âge de la crise, mais le danger n’est pas le même pour elle que pour l’épouse précédente ; car elle, elle aime son mari, son Fernand ; elle fait, il est vrai, ménage on étage à part depuis huit ou dix ans, mais elle guette le moment de le reconquérir.
Cependant, parmi les femmes qui sont du cortège, on voit s’avancer une toute jeune fille, d’une beauté !
On croit savoir qu’il n’écrivit cette pastorale de Galatée que pour plaire à une beauté dont il était amoureux et même jaloux, la même qu’il épousa en cette année 1584.
Ceux même qui ne bornent pas leur vue aux horizons terrestres et qui voient par-delà un avenir immortel ne sont nullement insensibles, comme autrefois, aux beautés et aux jouissances naturelles et légitimes : ils ne ferment pas les yeux à ce qui enchante et à ce qui plaît sur cette terre d’exil ; ils ne parlent plus même d’exil, mais seulement de préparation ; ils ne prétendent pas que la pauvreté et la misère soient tellement préférables à leurs contraires qu’il faille hésiter dès ici-bas à les combattre et à les détruire.
Sa poésie est ainsi toute pleine de bons sentiments qu’il propose, d’idées et de visées qui ennoblissent, d’images qui observent l’austère beauté.
À la fin de sa longue existence, ce très profane abbé a ressenti dans ses sens et dans son âme une ombre des impressions qui font la douloureuse beauté de l’Ecclésiaste.
Et voici les vers « pour Jean Doucet et son frère voulant tromper les bohémiennes » : Quand un homme fait le brave Et se croit en sûreté Près d’une aimable beauté Qui tâche à le rendre esclave, Et qu’elle employe à cela Finement tout ce qu’elle a De charmes et de jeunesse ; Il est comme Jean Doucet Auprès d’une larronnesse Qui fouille dans son gousset.
Nul plus que moi n’admire le XVIIe siècle à sa place dans l’histoire de l’esprit humain ; mais je me révolte dès qu’on veut faire de cette pensée lourde et sans critique le modèle de la beauté absolue.
La beauté n’est pour eux qu’un moyen d’arriver plus sûrement à leurs fins.
Je vais droit à la loi essentielle, j’appelle ainsi celle qui préside au passage d’une époque à une autre, à la succession des divers genres de beauté qui règnent tour à tour chez une nation.
Il faut le reconnaître — et ce sera notre conclusion, — c’est sous les titres les plus simples que se cachent les vieux chefs-d’œuvre, parés de leur seule beauté.
Toute force, toute sagesse, toute beauté résident dans la nature, et tout ce qui s’élève à rencontre d’elle est fatalement stérile.
Quand il veut faire travailler à Pauline La logique de Condillac, lui faire apprendre par coeur L’art poétique de Boileau, dont il dira ensuite pis que pendre, ses conseils partent évidemment d’un fonds moins important, moins vraiment stendhalien que lorsqu’il veut lui faire prendre, en 1805, l’habitude d’analyser les personnes qui l’entourent (« l’étude est désagréable, mais c’est en disséquant des malades que le médecin apprend à sauver cette beauté touchante ») ou lorsqu’il contracte dans ses premières relations montaines l’aptitude à traduire par une algèbre psychologique les valeurs les unes dans les autres (" notre regard d’aigle voit, dans un butor de Paris, de combien de degrés il aurait été plus butor en province, et, dans un esprit de province, de combien de degrés il vaudrait mieux à Paris. " ) c’est à cette époque que Stendhal s’accoutume (héritier ici de Montesquieu qui ne paraît point, je crois, dans ses lectures) à rattacher instantanément un trait sentimental à un état social, à mettre en rapport par une vue rapide le système politique d’un pays avec ses façons de sentir.
Croit-on, en effet, que, dans toutes les beautés ou de la nature ou de l’art, ce soit l’idée d’un seul et même objet, ou une sensation simple qui nous attache ?
Que les courtisans se filoutent entre eux ; nous du moins, messieurs, nous avons gardé assez d’honneur pour nous maintenir purs parmi les corruptions du monde809. » Au reste, il est galant, il a une demi-douzaine de femmes, une douzaine d’enfants, il fréquente les mauvais lieux, il est aimable avec les beautés qu’il y rencontre, il a de l’aisance, il salue bien et à la ronde ; il tourné à chacune son compliment : « Mademoiselle Slammekin, toujours votre abandon et cet air négligé du grand monde ! Vous toutes, dames à la mode qui connaissez votre beauté, vous aimez le déshabillé. […] L’Anglais, naturellement sérieux, méditatif et triste, n’est point porté à regarder la vie comme un jeu ou comme un plaisir ; il a les yeux habituellement tournés non vers le dehors et la nature riante, mais vers le dedans et vers les événements de l’âme ; il s’examine lui-même, il descend incessamment dans son intérieur, il se confine dans le monde moral et finit par ne plus voir d’autre beauté que celle qui peut y luire ; il pose la justice en reine unique et absolue de la vie humaine, et conçoit le projet d’ordonner toutes ses actions d’après un code rigide. […] La beauté s’y trouve, mais ailleurs, dans la froide décision du regard, dans le profond sérieux et dans la noblesse triste du visage pâle, dans la gravité consciencieuse et l’indomptable résolution du geste contenu.
Bien des pages sont d’une beauté inépuisable. […] Fille de pasteur, sans autre fortune que la fraîcheur de sa beauté et de sa conversation, portant avec une grâce sérieuse ce qu’on appelait un esprit élevé, reine du pays de Vaud, elle avait, comme une bergère un roi, épousé le banquier genevois. […] La plus grande injustice qu’on pourrait commettre envers l’Allemagne ce serait de la juger en elle-même, de lui demander des vérités ou des beautés intrinsèques et durables. […] Son christianisme d’imagination et de beauté couronne une sensibilité et confirme une raison chrétiennes, qui avait pris forme et vie après Rousseau. […] La muse s’y met nue par un beau jour de Toscane, dans l’orgueilleux éclat de sa beauté : « Sonate de poésie » dit Lamartine ; écrite à Florence, bien entendu.
Ce pape étoit Clément XI, le même qui depuis condamna le livre : c’est que, dans un ouvrage, on ne peut pas juger convenablement de l’ensemble sur quelques beautés qui frappent, ou sur quelques défauts particuliers qui révoltent. […] De jeunes beautés, victimes de l’aveuglement ou de l’intérêt de leurs mères, en étoient communément les héroïnes. […] Le journaliste sembla fermer les yeux sur les principales beautés de l’ouvrage. […] Le Tasse les avoit encore indisposés en ce que, dans un parallèle qu’il avoit fait des beautés de France & de celles d’Italie, il n’avoit pas dit un seul mot de la ville de Florence. […] Il mettoit en opposition les beautés & les défauts des deux poëmes ; &, après avoir bien examiné tout, il donnoit la préférence au dernier.
Ce qui est beau ici-bas, selon moi, c’est ce qui participe au beau absolu : les belles choses sont belles par la présence de la beauté en elle ; et c’est le reflet de la beauté primordiale et suprême qui les rend telles.
Il perce pourtant à travers tout ce factice de l’imitation espagnole plus d’un trait de naturel, et la grande beauté que la comédie devait tirer de la peinture des mœurs du temps s’annonce de loin par des allusions piquantes aux ridicules du jour. […] On battait des mains à ces spirituelles boutades de Tircis contre les mariages d’amour : Pauvre amant, je te plains, qui ne sais pas encore Que bien qu’une beauté mérite qu’on l’adore, Pour en perdre le goût on n’a qu’à l’épouser.
Il serait aussi absurde qu’un système renfermât le dernier mot de la réalité qu’il le serait qu’une épopée épuisât le cercle entier de la beauté. […] La foi du philosophe au contraire est toujours à nu, dans sa simple beauté.
Il y a un discours prononcé par lui à une distribution des prix du collège Charlemagne, en août 1840, qui est singulièrement touchant et qui nous montre le Jouffroy des dernières années, déjà languissant, abattu et à demi brisé, mais dans toute sa beauté sympathique et indulgente.
Les beautés toutes rudes y sont concentrées et fortes.
Ce paysan, ce fils de fermier, arrivé de son village, beau garçon de dix-neuf ans, entré comme domestique chez son seigneur, une espèce d’enrichi ; puis rencontré sur le Pont-Neuf par la dévote Mlle Habert, beauté de plus de quarante-cinq ans, dont il devient le mari après quatre ou cinq jours, passe presque aussitôt à l’état d’homme comme il faut, à qui il ne reste qu’un peu de gaucherie et de rouille provinciale ; et encore la secoue-t-il bien lestement.
L’ouvrage a de la beauté comme édifice, comme monument ; il est d’une grande ordonnance.
Et sans être un Poussin en gravité, Saint-Évremond, cet esprit délicat, n’a-t-il pas dit dans un écrit sur la vraie et la fausse beauté des ouvrages d’esprit, et en traitant de l’honnêteté des expressions : Je m’avise peut-être trop tard de faire ces réflexions ; mais c’est ordinairement lorsque l’on est arrivé où l’on voulait aller, et que l’on parle du chemin que l’on a fait et de la route que l’on a tenue, que l’on s’aperçoit de ses égarements.
Percheron, qui a eu souvent occasion de la voir, dans cette appréciation d’elle-même elle allait un peu loin : elle était petite, avait une grosse tête et un nez de perroquet très prononcé ; cela ne constitue pas effectivement de la beauté !
L’Académie française avait proposé pour sujet d’un prix, à décerner en 1855 « une étude critique et oratoire sur le génie de Tite-Live », ajoutant à cet énoncé un programme développé où se posaient les diverses questions relatives à l’auteur et aux circonstances de sa vie, aux sources et à l’autorité de son histoire, au caractère et à la beauté de son monument.
L’abbé de Marolles se vit donc naturellement introduit à l’hôtel de Nevers, et il y fut très favorablement accueilli de l’aînée des filles, la princesse Marie de Gonzague, la future reine de Pologne, « qui se pouvait dès lors appeler la gloire des princesses de son âge par la beauté de sa personne et par les excellentes qualités de son esprit ».
Ce qu’on a droit de faire observer, c’est qu’en supposant que le morceau soit terminé (et j’aime à croire qu’il l’est), rien ne vient à l’appui d’une interprétation défavorable le moins du monde à la révélation dernière, et que la fin du songe, au contraire, s’élève et atteint à un tel degré de sérénité morale et de beauté, qu’il ne tient qu’à nous d’y voir le couronnement et le perfectionnement sublime, la divine transfiguration de la philosophie simple et nue.
» Le portrait de Lamartine que le peintre se figure « comme un bel arbre couvert de fleurs, sans fruits qui mûrissent et sans racines qui tiennent », est de toute beauté et de toute vérité dans son indulgence.
Biot s’en prend à quelques fausses vues qui ont été la source de fausses beautés dans les écrits de Bernardin de Saint-Pierre et de Chateaubriand.
Je conçois que l’on sorte de ces fausses ou ambitieuses beautés à la Lucain plus échauffé et plus monté que touché, adouci, amélioré ou attendri.
Ajoutez à sa beauté ce trait distinctif qu’elle ne dit pas, d’être une brune aux yeux bleus, ou si ses yeux étaient noirs comme ses sourcils étaient bruns, de les avoir bigarrés du moins et susceptibles de teintes bleues sous les reflets et le jeu de la lumière.
L’exposition pourtant a de la beauté et de l’étendue : ……………………………………………………………………… Ces bois, ces lacs, ces monts, ces grands horizons bleus, La grotte aux verts tapis sous les rocs anguleux, Le flot qui dit sa plainte aux saules des rivages, Et les torrents grondant sur des pentes sauvages ; Tout ce qui, dans l’espace, a son bruit ou sa voix, Ce qu’on entend gémir et chanter à la fois, Ce qui verse un parfum, ce qui boit la rosée, Ce qui flotte ou se pose en la nuit embrasée, Fleurs, insectes, oiseaux, ensemble gracieux, La luciole en flamme et l’astre errant aux cieux, J’ai dans mon vaste amour compris toutes ces choses, Ô nature !
Guardia, dans sa notice, rabat ce qu’il faut de l’enthousiasme médical du docteur Moréjon et de toutes les beautés de médecine pratique qu’il croit avoir couvertes en Don Quichotte.
Sa maison seule, qui est fort belle, ses escaliers ornés de statues d’un goût parfait, la beauté de ses tableaux, la profusion des dessins qu’on trouve jusque dans ses antichambres, et les raretés de toute espèce et de tous les siècles qu’on rencontre à chaque pas, auraient suffi pour m’apprendre que j’entrais chez le prince de la littérature allemande.
Il me reproche deux graves erreurs : d’avoir dit (ce que je n’ai ni dit ni pensé) qu’aucune société ne peut subsister sans la religion catholique, et d’être peu sensible à la beauté des gouvernements représentatifs.
Quinet quelques-unes des théories sur lesquelles il s’est fondé dans la composition de son poëme, avant d’en venir aux beautés réelles et d’un ordre supérieur que j’aurai à signaler en plus d’un point de l’exécution.
Si Racine, dans les vingt-six années environ qui forment sa pleine carrière depuis les Frères ennemis jusqu’à Athalie, avait eu le temps de voir une couple de révolutions politiques et littéraires, s’il avait été traversé deux fois par un soudain changement dans les mœurs publiques et dans le goût, il aurait eu fort à faire assurément, tout Racine qu’il était, pour soutenir cette harmonie d’ensemble qui nous paraît sa principale beauté : il n’aurait pas évité çà et là dans la pureté de sa ligne quelque brisure.
Quand on a lu la Bible, quand on a comparé au texte des prophètes les paraphrases de Jean-Baptiste, on s’étonne peu qu’en taillant dans ce sublime éternel, il en ait quelquefois détaché en lambeaux du grave et du noble ; et l’on admire bien plutôt qu’il ait si souvent affaibli, méconnu, remplacé les beautés suprêmes qu’il avait sous la main.
Comme Shakespeare, Wagner n’avait certainement pas aperçu les éléments d’exacte beauté qu’enfermaient ses tableaux.
Je ne suppose pas en effet que l’entrée triomphale sous la coupole du général Lyautey, de Monseigneur Tartempion et du Vaudevilliste auquel la Patrie reconnaissante est redevable de L’Institut de Beauté, ait panaché les lettres françaises d’un prestige éblouissant.
J’ai résisté à d’inévitables tentations d’infidèles splendeurs, car sans cesse l’esprit du vieux moine touche à d’étranges beautés, que sa discrétion n’éveille pas, et toutes ses voies sont peuplées d’admirables, rêves endormis, dont son humilité n’a pas osé troubler le sommeil. » M.
Au centre du lieu, trois grands hommes aimeraient souvent à se rencontrer devant le portique du principal temple (car il y en aurait plusieurs dans l’enceinte), et, quand ils seraient ensemble, pas un quatrième, si grand qu’il fût, n’aurait l’idée de venir se mêler à leur entretien ou à leur silence, tant il paraîtrait en eux de beauté, de mesure dans la grandeur, et de cette perfection d’harmonie qui ne se présente qu’un jour dans la pleine jeunesse du monde.
C’est là le cadre de cette destinée de douleur et de sacrifice, sur laquelle l’Antiquité eût versé aussitôt la poésie et l’idéal, mais qui ne nous laisse entrevoir qu’une beauté intérieure, à demi voilée, comme il sied au christianisme.
Dans les quelques jours qu’elle passa à Saint-Cloud, au retour de son voyage d’Angleterre et à la veille de sa mort, La Fare nous la montre jouissant de la beauté de la saison et de la conversation de ses amis, « comme M. de Turenne, M. le duc de La Rochefoucauld, Mme de La Fayette, Tréville et plusieurs autres ».
La grandeur mélancolique de Chateaubriand, la grandeur de promontoire solitaire, lui échappe ; la sensibilité amoureuse et religieuse de Lamartine lui échappe ou lui répugne ; la tristesse désespérée de Vigny lui échappe, non par elle-même, mais par la discrétion hautaine dont elle s’enveloppe ; la beauté sculpturale ou pittoresque de Victor Hugo et sa musique merveilleuse sont pour lui lettres hébraïques.
La foi religieuse pourra disparaître, ne subsistant plus en effigie que dans l’extériorité de quelques pratiques, à l’état de beauté archéologique et de vestige d’un passé, sans lequel la réalité actuelle du groupe social n’eût pu se constituer ; mais elle ne pourra sans danger être remplacée par une autre.
Jamais la beauté n’eut un culte plus solennel.
La vérité, la beauté, le bien, sont des attributs et non des êtres.
Mais, quoique les figures bien placées embélissent le discours, et qu’elles soient, pour ainsi dire, le langage de l’imagination et des passions ; il ne faut pas croire que le discours ne tire ses beautés que des figures. Nous avons plusieurs exemples en tout genre d’écrire, où toute la beauté consiste dans la pensée exprimée sans figure : le pére des trois Horaces ne sachant point encore le motif de la fuite de son fils, aprend avec douleur qu’il n’a pas résisté aux trois Curiaces : que vouliez-vous qu’il fît contre trois ? […] Si l’on veut former le gout des jeunes gens, on doit leur faire remarquer les défauts, aussi bien que les beautés des auteurs qu’on leur fait lire. […] Mais beauté, laideur, etc., sont des termes abstraits. Il y a des objets qui nous plaisent et que nous trouvons beaux, il y en a d’autres au contraire qui nous afectent d’une manière desagréable, et que nous apelons laids ; mais il n’y a aucun être réel qui soit la beauté ou la laideur.
Cette scène de bonheur rural, cette fête de la vie évoquée dans un cimetière, à quelques pas du Triomphe de la mort, n’est-ce pas encore comme un résumé de la destinée de Pise, et les habitants de cette étrange cité ne l’ont-ils pas compris, s’il est vrai qu’en 1748 et comme le grand peintre achevait son œuvre, ils lui donnèrent en signe d’admiration reconnaissante, le sarcophage où il repose maintenant dans l’enceinte ennoblie par ses visions de beauté ? […] Pour le voyageur épris de beauté, Florence reste donc un incomparable lieu de pèlerinage où l’enchantement des yeux s’ennoblit toujours d’idéal, où le goût le plus raffiné s’allie à une virilité qu’il convient d’appeler civique. […] C’est toute la sérénité de la campagne, mais nettoyée, si l’on peut dire, de son foisonnement, mais laissant transparaître partout le travail de l’artiste, son goût de la beauté modérée et raisonnable. […] Vous vous rendrez compte à chaque regard que vous êtes devant l’œuvre méditée d’une civilisation où l’esprit s’est raffiné sans perdre le sens de la beauté simple, où, s’étant donné à lui-même un code de sagesse et de mesure, l’homme en projette le symbole autour de lui, dans l’aspect des choses parmi lesquelles il promène ses loisirs et ses rêveries. […] Bien peu, mais l’héritage reste, et ce parc n’étendrait pas devant nous ces feuillages, ces miroirs d’eau, et les parterres n’enchanteraient pas nos yeux si une lignée de seigneurs n’avait pas existé, dont les efforts se sont continués pour créer cette oasis de beauté.
D’autres connaîtront tes puissances et tes beautés, elles sautent aux yeux vulgaires. […] Jeunesse, ensorcellement du désir, beauté, qu’était-ce donc que tout cela ? […] Tel est le résumé trop nu, trop froid, trop incomplet, d’un livre à qui il faudrait bien d’autres livres pour l’expliquer, pour en faire comprendre les puissantes beautés. […] Rien de plus impressionnant que la rencontre de ces deux puissances : la Beauté et la Mort. […] Un jour, une grande dame du plus haut monde, qu’il m’a nommée, femme d’une extraordinaire beauté, lui écrivit et lui assigna un rendez-vous.
L’Énéide pouvait offrir bien des beautés originales à exprimer en français ». […] Il n’est que le clair de lune d’Homère… Toutes les beautés qu’il contient sont dans Homère ». […] L’exemple de Verlaine et de Musset suffirait à montrer le peu de rapport qui existe entre le culte de la beauté littéraire et la moralité d’un homme. […] Personne n’a plus profondément méconnu le génie de Mistral et ne fut moins sensible aux beautés de la poésie provençale. […] La fête de la Maintenance du costume national avait attiré à Arles une foule de jeunes filles, vêtues de la toilette rustique qui fait si merveilleusement valoir une beauté de race que les siècles n’ont pu détruire.
L’étalage indiscret, ou plutôt complaisant, de leur érudition ; leurs allusions perpétuelles à une antiquité dont nous n’avons pas comme eux fréquenté les scoliastes et les grammairiens ; l’admiration naïve, parfois même un peu suspecte, qu’ils témoignent pour les « fausses beautés » de Cicéron ou de Sénèque ; leur manie de ne rien avancer qu’ils n’appuient de l’autorité d’un ancien ; tout cela, qui peut bien éblouir d’abord notre ignorance, ne tarde pas longtemps à nous fatiguer, à nous impatienter, et, tranchons le mot, à nous ennuyer. […] Quelle est cette précieuse dont nous parle Somaize, « qui ne s’est pas seulement acquis, nous dit-il, beaucoup d’estime par sa beauté, mais encore par la grandeur de son âme et dont l’esprit ne s’est pas seulement arrêté à la bagatelle, mais s’est élevé jusqu’aux affaires de la première importance » ? […] De la préciosité comme conception littéraire. — Elle consiste à croire : — 1º que le plaisir littéraire, comme le plaisir musical, ou comme le plaisir pittoresque, a quelque chose de spécifique, ou d’unique en son genre, — ce qui est vrai ; — 2º que ce plaisir procède essentiellement de la forme, c’est-à-dire du tour ou de la façon que l’on donne aux choses que l’on dit, — ce qui est déjà moins vrai ; — et, 3º qu’il est en proportion de l’effort qu’on a fait ou des difficultés qu’on a dû surmonter pour trouver cette façon de dire, — ce qui n’est plus du tout vrai. — Analogies et différences de cette conception avec la conception de l’art pour l’art. — Que la principale en consiste en ceci qu’au lieu de la réalisation de la « beauté », c’est celle de la « mode » que la préciosité se propose pour objet. — Conséquences qui en résultent : — 1º On prend le pédantisme, et l’érudition, ou la tradition même en horreur ; — 2º on n’apprécie, dans les choses de l’esprit comme dans la conversation, comme dans le vêtement, que l’air de modernité ; — 3º on tend, par suite, à exagérer la distance qui sépare les « honnêtes gens » du vulgaire. […] Les éditions particulières des Contes ou des Fables sont trop nombreuses pour qu’il nous soit possible d’en énumérer ici même les principales, et nous nous bornerons à signaler, pour la beauté de l’illustration, l’édition de 1735-1759, 4 vol. in-fº, pour les Fables, avec les figures d’Oudry ; — et l’édition des Contes dite des Fermiers Généraux, Amsterdam [Paris], 1 vol. in-8º, 1762, avec les figures d’Eisen. […] Le Discours sur l’histoire universelle. — Le Discours est, de tous les écrits que Bossuet a composés pour l’éducation du Dauphin, le seul qu’il ait publié lui-même. — Des raisons qu’il a eues de le publier ; — et qu’elles sont analogues à celles de Pascal lorsqu’il composait son apologie. — Des objections que l’on a faites au Discours, et que les unes ne tiennent pas compte que le Discours que nous avons devait être suivi d’un second ; — qu’il y en a d’autres qui proviennent de ce qu’on le lit mal, et qu’on en néglige la seconde partie : La Suite de la Religion. — Que cependant cette seconde partie est la plus importante ; — en ce sens que Bossuet y répond : aux attaques des « libertins » contre la religion ; — au Traité théologico-politique de Spinoza ; — et à la naissante exégèse de Richard Simon. — Beauté du plan du Discours. — Simplicité, vigueur et majesté du style. — Dans quelle mesure l’érudition moderne a-t-elle ruiné le Discours sur l’histoire universelle ?
Le zèle qu’on a eu dans tous les temps pour les Kings vient moins cependant de leur ancienneté que de la beauté, de la pureté, de la sainteté et de l’utilité de la doctrine qu’ils contiennent. […] C’est une beauté morale, encore plus attrayante que celle de la tête de Platon, où l’on ne sent que la poésie et l’éloquence, divinités de l’imagination, tandis que dans la tête de Confucius on sent la raison, la piété et l’amour des hommes, triple divinité de l’âme.
Recueillant tout ce qui avait été pensé, chanté ou dit de plus beau avant lui sur la terre, pour se former à lui-même dans son âme un trésor intarissable de vérités, d’exemples, d’images, d’élocution, de beauté morale et civique, il se proposait d’accroître et d’épuiser ensuite ce trésor pendant sa vie, pour la gloire de sa patrie et pour sa propre gloire, immortalité terrestre dont les hommes d’alors faisaient un des buts et un des prix de la vertu. […] Invention des arguments, enchaînement des faits, conclusion des témoignages, élévation des pensées, puissance des raisonnements, harmonie des paroles, nouveauté et splendeur des images, conviction de l’esprit, pathétique du cœur, grâce et insinuation des exordes, force et foudre des péroraisons, beauté de la diction, majesté de la personne, dignité du geste, tout porta, en peu d’années, le jeune orateur au sommet de l’art et de la renommée.
je me jette à tes pieds, que tu sois déesse ou mortelle : si tu es l’une de ces divinités qui résident dans le ciel immense, je ne saurais te comparer, pour la taille, la forme et la beauté, qu’à Diane, la fille du grand Jupiter ; et si tu es l’une de ces mortelles qui habitent sur la terre, ô trois fois bienheureux ton père et ta mère vénérables ; trois fois bienheureux tes frères ! […] La fille de Jupiter, Minerve, lui prête un aspect plus grand et plus robuste, elle fait tomber de sa tête en boucles sa chevelure pareille à la fleur de l’hyacinthe ; et, comme un habile ouvrier à qui Vulcain et Pallas-Minerve ont enseigné la diversité de leur art, mêle l’or à l’argent pour en perfectionner les œuvres charmantes, ainsi la déesse a répandu la grâce sur la tête et les épaules d’Ulysse : bientôt il va s’asseoir à l’écart sur le rivage de la mer, resplendissant de grâce et de beauté.
Le grandissement d’un esprit par l’irruption de la clarté, la beauté de la violence faite par la vérité à une âme, éclate dans ce personnage. […] À beauté égale, le Râmayana nous touche moins que Shakespeare.
Elle est pour l’humanité l’obligation, sourdement sentie d’abord comme un besoin, acceptée plus tard librement comme une dignité et un devoir, de tendre dans toutes les directions vers un idéal de beauté, de vérité, de bonheur, de perfection. […] De même dans l’étude des animaux, quels qu’ils soient, il n’y a jamais non plus à détourner nos regards dédaigneux, parce que, dans tous sans exception, il y a quelque chose de la puissance de la nature et de sa beauté. » III Il semblera peut-être que ces vues philosophiques et religieuses, pour grandes qu’elles soient, loin d’ajouter à la valeur scientifique de l’œuvre, ne peuvent que la compromettre aux yeux des hommes du métier.
Si les premiers expérimentateurs du surréalisme dont le nombre est tout d’abord restreint se laissent aller à leur tour à cette exploitation littéraire, c’est qu’ils se savent capables d’abattre un jour les cartes et qu’ils éprouvent les premiers le grand charme issu des profondeurs. » Comme la beauté de toute cette page de Louis Aragon et sa lyrique intelligencebn aussi font mieux comprendre par opposition tout ce qu’il y a de louche dans l’opportunisme et ses malices, dans l’attitude du monsieur qui se donne des airs pour paraître savoir à quoi s’en tenir. […] Déjà voici venir le temps où nul n’osera sans rire se justifier par des raisons formelles et c’est ainsi que le professeur Curtius, dans un récent article sur Louis Aragon, a pu le louer d’« avoir vaincu la beauté, ce prétexte, par l’authentique poésie »by.
On y trouve des beautés, mais de plus en plus régulières et prévues dans leur expansion même ; c’est le talent habituel de Massillon, moins le mouvement et l’action qu’il imprimait à ces sortes de développements dans ses discours, comme, par exemple, lorsqu’il paraphrasait si puissamment le De profundis dans le sermon de Lazare.
Daru, aurait désiré qu’une plus grande part y fût faite à l’histoire des sciences et des lettres dans la personne des Bretons célèbres ; mais le même critique se montrait, en revanche, peu disposé à admettre la réalité du noble combat des Trente, que l’historien maintenait de tout son pouvoir comme étant vrai en vertu de la tradition seule, comme devant l’être et le paraître par la beauté même de l’action.
D’un autre côté, La Motte et ses sectateurs étaient perpétuellement amenés à confronter la forme et le genre de beautés d’Homère avec l’idée d’une certaine exactitude de raisonnement et de tour, d’une certaine précision ingénieuse et fine qu’ils avaient dans l’esprit et qui prévaudra au xviiie siècle : eux aussi, ils avaient leur moule favori et leur patron.
Ce discours de d’Aubigné est de toute fierté et de toute beauté ; il le faut lire en entier dans l’original.
Il avait depuis peu (novembre 1787) assuré son bonheur domestique en épousant une femme qui avait eu autrefois une grande beauté, qui en gardait quelque chose, veuve, ayant déjà passé les belles années de la jeunesse, mais qui avait été l’amie intime de sa mère : il la voyait telle encore qu’il l’avait vue au premier jour.
Tel est, le talent y aidant, le secret pour nous de sa puissance, de sa haute et religieuse beauté.
Il ne rencontra rien de cela dans Marie de Médicis ; il croyait l’avoir trouvé ou à peu près dans Gabrielle, qui n’était digne d’un tel choix et d’une telle idée qu’à demi ; il l’aurait moins bien trouvé chez la noble Corisandre, dont la beauté un peu fière se fanait déjà, et dont l’esprit tournait à l’aigre et au bizarre.
Il nous est donc permis de nous flatter que notre ouvrage explique les termes, développe les beautés, découvre les délicatesses que vous doit une langue qui se perfectionne autant de fois que vous la parlez ou qu’elle parle de vous. » Louis XIV méritait en partie ce compliment, en tant que parlant avec justesse et propriété la plus parfaite des langues ; on dit qu’il contait à ravir ; mais cette noble et régulière politesse manquait de saillie, de relief, d’images, d’imprévu, de ce qui fait la grâce et la popularité de la langue de Henri IV.
Mais d’où vient qu’à toute cette existence et à cette physionomie si animée, si courageuse, il manque toutefois un certain charme, une certaine beauté idéale, et que le poète ou le peintre ne pourrait même la lui prêter sans être infidèle ?
Bernardin de Saint-Pierre s’ennuya fort à l’Île-de-France tant qu’il y vécut, mais revenu de là, et de loin, il ne considéra plus que la beauté des sites, la douceur et la paix des vallons ; il y plaça des êtres de son choix, il fit Paul et Virginie.
« Et ce qui ajoute à la beauté et au prix des ouvrages, l’art qui a présidé à tout ne se découvre nulle part. » Tout est soigné dans La Bruyère : il a de grands morceaux à effet ; ce sont les plus connus, les plus réputés classiques, tels que celui-ci : « Ni les troubles, Zénobie, qui agitent votre empire, etc.
C’est une noble tâche qu’il s’est donnée là, en avançant dans la vie, que de lutter avec la beauté antique.
Mais l’âme s’en pénètre ; elle se plonge, entière, Dans l’heureuse beauté de ce monde charmant ; Elle se sent oiseau, fleur, eau vive et lumière.
Chateaubriand, dans une visite qu’il fit à Coppet en 1805, avait été également frappé de cette idée exaltée de malheur, qui lui parut disproportionnée et en contradiction avec la beauté du séjour : « Elle se regardait comme la plus malheureuse des femmes dans un exil dont j’aurais été ravi. » Mais la souffrance est là où on la ressent.
Il n’a gardé que quelques tableaux des beautés illustres comme de Marion Delorme, Ninon de l’Enclos, etc.
Si c’est une des conditions indispensables du sujet, une de ses nécessités et de ses beautés caractéristiques, qu’on soit ainsi perpétuellement broyé, n’est-il pas permis de s’en plaindre ?
La mémoire du peuple a retenu le nom de deux des condamnés, de Jean-Jacques Pau, et surtout d’Avinens, soit que leur attitude fut plus ferme, plus imposante que celle des autres, et qu’ils eussent une beauté virile qui frappait les assistants, soit à cause du cri final républicain que poussa l’un d’eux sur l’échafaud.
Vous avez pu remarquer, comme moi, combien l’aspect des beautés simples de la nature ramenait facilement la paix dans votre pauvre âme.
Contre la puissance et le Vaisseau de l’Angleterre, par exemple, en 1808, le disciple et l’héritier de Malherbe s’écriait énergiquement Je vois, aux plaines de Neptune, Un vaisseau brillant de beauté, Qui, dans sa superbe fortune, Va d’un pôle à l’autre porté : De voiles au loin ondoyantes, De banderoles éclatantes, Il se couronne dans les airs, Et seul sur l’humide domaine, Avec orgueil il se promène, Et dit : « Je suis le roi des mers. » Mais voici la belle strophe, celle de l’invective et de la menace, tout à fait à la Malherbe, et un peu dans son style légèrement vieilli : Il n’a pas lu dans les étoiles Les malheurs qui vont advenir ; Il n’aperçoit pas que ses voiles Ne savent plus quels airs tenir ; Que le ciel est devenu sombre, Que des vents s’est accru le nombre, Que la mer gronde sourdement, Et que, messager de tempête, L’alcyon passe sur sa tête Avec un long gémissement.
Je suis sûr que toute la France en aura beaucoup aussi, et qu’on ne s’attend pas à lui trouver tant de grâce et une figure aussi aimable. » Et au maréchal, plus gaillardement et en fin connaisseur, il dira, tout compliment à part (27 décembre) : « Je l’ai trouvée réellement charmante ; ce n’est point du tout cependant une beauté, mais c’est toutes les grâces imaginables : un gros nez, de grosses lèvres fraîches, les yeux du monde les plus vifs et les plus spirituels, et enfin je vous assure que, s’il y en avait de pareilles à l’Opéra, il y aurait presse à y mettre l’enchère.
Ainsi la monarchie de Louis XIV, d’abord admirée pour l’apparente et fastueuse régularité qu’y afficha le monarque et que célébra Voltaire, puis trahie dans son infirmité réelle par les Mémoires de Dangeau, de la princesse Palatine, et rapetissée à dessein par Lemontey, nous reparaît chez Saint-Simon vaste, encombrée et flottante, dans une confusion qui n’est pas sans grandeur et sans beauté, avec tous les rouages de plus en plus inutiles de l’antique constitution abolie, avec tout ce que l’habitude conserve de formes et de mouvements, même après que l’esprit et le sens des choses ont disparu ; déjà sujette au bon plaisir despotique, mais mal disciplinée encore à l’étiquette suprême qui finira par triompher.
Il est vrai que du milieu du paysage, tout en s’y promenant ou couché à la renverse sur le gazon, on jouit du ciel et de ses merveilleuses beautés, tandis que l’œil humain, du haut des nuages, l’œil d’Élie sur son char, ne verrait en bas la terre que comme une masse un peu confuse.
Étienne ; mais certainement, lorsqu’il retraçait les caractères de la première famille, et à mesure qu’il en dépeignait à nos regards le type accompli, on sentait combien M. de Vigny parlait de choses à lui familières et présentes, combien, plus que jamais, il tenait par essence et par choix à ce noble genre, et à quel point, si j’ose ainsi parler, l’auteur d’Éloa était de la maison quand il révélait les beautés du sanctuaire.
Nous avons ainsi nos deux termes extrêmes : l’observation vivante, directe du vieux Shakespeare, inconscient de la beauté clinique de son drame — et la pénible érudition avec son cortège d’erreurs et de tares essentielles, aboutissant, en une situation analogue, à une parfaite incohérence des symptômes décrits.
La même puissance créatrice qui fait couler le sang vers le cœur, inspire le courage et la sensibilité, deux jouissances, deux sensations morales dont vous détruisez l’empire en les analysant par l’intérêt personnel, comme vous flétririez le charme de la beauté, en la décrivant comme un anatomiste.
À ce moment, si l’on cherche le trait dominant qui règne dans ce monde divers, on ne trouve rien ; on sent bien que tout cela est beau, mais on ne démêle pas encore de quelle beauté ; on est agité par vingt tendances naissantes et aussitôt détruites ; on essaye les mots de voluptueux, de riche, de facile, d’abondant ; ils ne conviennent pas ou ne conviennent qu’à demi.
Dieu est pour lui « la catégorie de l’idéal » ; et la religion, c’est « la beauté dans l’ordre moral ».
Je ne parle ici au nom d’aucune morale ni d’aucune religion ; je ne m’occupe pas de la vérité : je ne m’occupe que de la beauté de la vie.
Stéphane Mallarmé, ce métaphysicien, cet abstracteur qui connut la beauté dans son aspect, je dirais invisible, faisait en même temps sourdre, par le sortilège qui était en lui, de tous les petits riens épars dans la vie contemporaine, une claire source de plaisir esthétique.
La vertu apparaît alors comme une autre forme de la beauté.
Dans ces deux cours je voudrais que, tout en insistant sur les beautés et sur les grandeurs de la littérature française et de l’histoire nationale, on se gardât bien de dire ce qui se dit et se répète partout, dans les collèges et même dans les académies, aux jours de solennité, que le peuple français est le plus grand et le plus sensé de tous les peuples, et notre littérature la première de toutes les littératures.
Pourtant, de telles grâces ressemblent trop à ces fausses beautés poétiques par lesquelles d’habiles versificateurs se piquaient d’éluder élégamment le mot propre ; elles ont l’air d’un jeu et ne survivent pas au petit succès du moment.
Il les égaie par des anecdotes historiques piquantes ; il les orne au moins par la concision ; il les relève toutes les fois qu’il peut par des vues morales qui ont leur beauté, même lorsqu’elles touchent au lieu commun, par un sentiment profond de l’immensité sacrée de la nature, et aussi par celui de la majesté romaine.
Les lettres qu’on a de lui à la reine ne laissent aucun doute sur la vivacité des démonstrations passionnées qu’il se permettait ou peut-être qu’il se commandait en lui écrivant ; mais il paraîtrait, si l’on s’en rapportait au témoignage de Brienne et de sa vertueuse mère, que cet amour se contint d’ailleurs en des termes assez platoniques, que l’esprit de la reine s’avouait surtout charmé de la beauté de l’esprit du cardinal, et que c’était un amour enfin dont on pouvait parler à une confidente jusque dans l’oratoire et sur les reliques des saints, sans trop avoir à en rougir et à s’en accuser.
Il paraît que Christine, malgré la beauté de la harangue de Patru, avait peu songé à lui depuis lors ; il en prend son parti en philosophe, et nous le retrouvons dans sa nature véritable.
Je n’insiste pas davantage sur ces premiers écrits à demi politiques, pleins de vues libérales ou même déjà législatrices entremêlées dans l’esprit de corps, et où la doctrine des anciens parlements se retrouve dans toute sa plénitude et sa beauté en expirant : mais Portalis ne s’y montrait encore que comme l’avocat d’une province, et j’ai hâte de l’atteindre au moment où il devient le conseiller et la lumière de toute la France.
Ce discours tout entier est semé et comme tissu de vérités et de beautés morales du premier ordre.
Hector, le valet du Joueur, dira dans son rêve de fortune : J’aurais un bon carrosse à ressorts bien liants ; De ma rotondité j’emplirais le dedans… Et le fat marquis, s’étalant aussi tout à l’aise, lâchera ce couplet que chacun achève de mémoire, mais que nous ne pouvons nous empêcher de rappeler : Moi, j’aime à pourchasser des beautés mitoyennes ; L’hiver, dans un fauteuil, avec des citoyennes, Les pieds sur les chenets étendus sans façons, Je pousse la fleurette et conte mes raisons… J’ai rendu toute justice et tout hommage à Boileau ; mais ici, dans cette large et copieuse façon de dire, Regnard remontait par-delà Boileau, et dérivait en droite ligne de Régnier.
Lorsque Gilbert s’avise d’aimer Emmeline, il est longtemps avant de s’enhardir jusqu’à s’avouer à lui-même son amour : Éloigné d’elle, un regard, un sourire, quelque beauté secrète entrevue, que sais-je ?
Mais au premier rang dans l’ordre de la beauté, il faut placer ces grandes fables morales Le Berger et le Roi, Le Paysan du Danube, où il entre un sentiment éloquent de l’histoire et presque de la politique ; puis ces autres fables qui, dans leur ensemble, sont un tableau complet, d’un tour plus terminé, et pleines également de philosophie, Le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes, Le Savetier et le Financier, cette dernière parfaite en soi comme une grande scène, comme une comédie resserrée de Molière.
Le beau existe tellement par lui-même qu’il n’a, certes, nul besoin d’orgueil ; mais qu’importe, la médiocrité humaine étant donnée, il humilie en même temps qu’il enchante ; il semble que naturellement la beauté soit un vase à orgueil, on l’en suppose remplie, on cherche à se venger du plaisir qu’elle vous fait, et ce mot, superbe, finit par avoir deux sens, dont l’un met en défiance contre l’autre.
Ajoutez qu’ils sont loin d’être difformes, et que nos dandys pourraient envier à tel poète illustre, à tel historien, à tel savant, et même à toi philosophe, la beauté de la stature et des traits.
D’ailleurs quel est le père de famille qui voudrait introduire dans l’intimité de ses habitudes domestiques une femme qui fait métier de se donner en spectacle, dont la beauté et les agréments sont discutés et analysés au sein d’un parterre tumultueux et dans les feuilletons des gazettes, quelquefois avec une si grossière indécence ?
Et, dans ce cas-là, il y aurait encore la question de la ressemblance et de la vérité à débattre… Mais si cette Rolande, qui est la reine de ce roman et qui doit emporter avec elle l’intérêt humain du livre, au lieu d’être un monstre social n’est plus qu’une exception, un fait particulier de tératologie, enfin un monstre individuel, le chêne n’est pas responsable des champignons vénéneux qui croissent sur ses racines et je n’ai plus rien à dire à des romanciers qui ont — selon ma poétique, à moi — le droit de tout peindre, s’ils sont vraiment des peintres puissants… Seulement, il reste ceci entre nous : ont-ils peint leur monstre individuel avec le sentiment qu’ils auraient dû mettre dans leur peinture pour qu’une telle horreur fût sauvée par la beauté de la peinture et par l’impression, tragiquement morale, qu’elle devrait laisser dans les cœurs ?
Malgré ses prétentions au byzantin, et tout en tenant compte, bien entendu de l’inachevé, je trouve le monument sans éloquence et sans beauté.
La férocité des visages, l’abus de la laideur méchante et vulgaire, la violente et universelle horreur pour le bonheur et la beauté, l’intensité de l’émotion, la lugubre rêverie, l’invention fantastique d’apparitions et de monstres, le déchaînement des fantômes de l’Apocalypse et du moyen âge à travers un cerveau malade ; par-dessus tout une précision de traits, une vigueur de dessin, une surabondance de détails, un fini qui accable ; le génie consciencieux, spiritualiste, visionnaire et mélancolique d’un Allemand de la Renaissance : voilà une partie du groupe moral qui entoure le fait physique et le produit.
Parmi tant de formes voisines, on sent bien qu’il doit y en avoir une qui sera quelque jour supérieure aux autres, comme réalisant plus complètement le genre de plaisir qu’on demande au théâtre ; ou comme étant plus conforme aux exigences du milieu social, de l’esprit du temps, du génie de la race ; ou comme étant peut-être en soi capable de plus de beautés, et de beautés plus pures ou plus nobles. […] Mme de Sévigné ne se lassait pas de louer cette « beauté de sentiments », cette « violence de passions », cette « grandeur d’événements », qui la faisaient tressaillir ou presque pâmer d’aise. […] Disons le mot qu’il faut dire : austère en son principe, la morale qu’il nous propose est ascétique dans son application, et c’est ce qui en fait sans doute la beauté ; c’est ce qui en fait la supériorité sur cette casuistique dont il semble qu’il ait pour jamais discrédité jusqu’au nom même ; mais c’est aussi ce qui en rend la pratique si laborieuse. […] Maintenant, le moment est venu pour eux de comprendre que s’ils font partie de la nature, ce n’est pas pour s’en distinguer ; qu’où il y a du plaisir il n’y a point de péché ; et qu’institutrice ou mère de toute beauté et de toute harmonie, Physis l’est par conséquent de tout honneur et de toute vertu. […] Nous sommes bien aises d’y voir tous ceux qui travaillent à corriger en eux la nature, tomber, comme Orgon et sa mère, dans le ridicule ou dans la sottise ; et, inversement, nous admirons dans l’honnêteté d’Elmire ou dans le bon sens de Dorine la beauté de notre indifférence.
Le ressort de la croyance est un élément vital de notre nature ; preuve en soit la beauté morale qui accompagne en général les convictions fortes. […] Mais la Bible étant donnée, la raison est suffisante pour en reconnaître l’authenticité, la beauté, la parfaite harmonie avec les besoins de notre nature. […] Mais ce n’est qu’après avoir reçu cette impression qu’en étudiant la cause qui l’a renouvelé, l’homme observe avec admiration l’étonnante beauté du système comme système. […] Ce n’est pas une simple morale ; Dieu ne veut pas seulement une obéissance fondée sur la beauté de la loi, sur l’amour qu’elle peut inspirer ; il veut que la loi tire son autorité de lui-même ; il veut être obéi comme souverain. […] La beauté de Madame de Longueville, son esprit et tous les charmes de sa personne attachèrent à elle tout ce qui pouvait espérer d’en être souffert.
Nisard croit non seulement avec Boileau, mais encore avec Goethe, qu’il n’existe qu’un idéal absolu de beauté, celui des classiques, il ne professe point pour cet idéal un culte si étroit qu’il ne sache y distinguer des formes variées. […] Cette vérité ne pouvait échapper au sens profond de Lesage ; son livre n’a peut-être pas de beauté plus élevée et plus entraînante. » Voilà une page vraiment belle et qui s’insinue doucement. […] Il ramasse les sentines et les égouts, il souille la grâce, la beauté, l’amour, la jeunesse, la fraîcheur, le printemps, et d’une voix rauque d’orgie, et cependant guillerette, il s’écrie : « Voilà l’homme ». […] » Il fallait à ces majestueuses beautés, avides de répandre partout les exploits juridiques de leurs maris et de faire frémir les délicats par le récit des ogreries d’Auvergne, un secrétaire, galant et souple, qui mît en fine prose les registres du sieur Dongois, greffier des Grands-Jours, et rendît présentable cet amas d’horreurs. […] Le malheur est que Molière transformait ce qu’il louchait, et qu’il en tirait des beautés que les auteurs originaux n’avaient point aperçues, tandis que Regnard ne butine chez le prochain que pour affaiblir et fausser.
Philoctète ou le Traité des trois morales est un drame philosophique, qui met en présence Ulysse, ou la raison d’Etat, Néoptolème, ou la pitié, Philoctète, ou la vertu esthétique et nietzschéenne, qui nous invite à nous dépasser nous-mêmes, sans souci d’utilité, sans considération du prochain, pour la beauté du fait et par amour de l’art, si l’on ose s’exprimer ainsi. […] Quant à l’idée de la beauté qu’aurait le monde sans le mal et sans le péché, ce n’est pas une idée absolument fausse, mais à condition de ne pas l’interpréter non plus d’une façon trop stricte. D’authentiques sacripants, menant une vie scandaleuse, ont été de grands amateurs d’art ou même de grands artistes, mais il est vrai qu’ils n’ont pu être si sensibles à la beauté que grâce à ce qui subsistait en eux de bon et de noble malgré leurs écarts.
Par-dessus les éclats de sa voix, on entend les clameurs furieuses du fils, sorte de bouledogue sanguin et trop nourri, enfiévré de rapacité, de jeunesse, de fougue et d’autorité prématurée ; les cris aigres de la fille aînée, laideron grossière et rougeaude, inexorablement jalouse, haineuse, et qui, dédaignée par Lovelace, se venge de la beauté de sa sœur ; le grondement hargneux des deux oncles, vieux célibataires bornés, vulgaires, entêtés par principes de l’autorité masculine ; les instances douloureuses de la mère, de la tante, de la vieille bonne, pauvres esclaves timides, réduites, une par une, à devenir des instruments de persécution […] Cependant le ménage va son petit train ; les filles et la mère régentent un peu le père de famille ; il se laisse faire en bon homme, lâche tout au plus de loin en loin quelque innocente raillerie, s’arrange dans sa nouvelle ferme avec ses deux chevaux, Blackberry à l’œil vairon et l’autre qui n’a pas de queue. « Rien ne pouvait surpasser la propreté de mes petits enclos ; les ormes et les haies étaient d’une beauté inexprimable… » Notre maison « était située au pied d’une colline en pente, avec un beau taillis qui l’abritait par derrière et une rivière babillarde par devant. […] La beauté est partie, mais la grâce demeure.
Ceux-là prétendent que la vérité peut abîmer les belles choses, parce qu’ils n’ont su voir ni ce qu’est cette beauté en elle-même, ni l’embellir dans son sens véritable, sans la déformer ou la contrefaire. […] La sagesse des Goethe ou des Vinci, la beauté de leurs passions et de leurs amours, la grandeur de leur activité sont fondées sur le développement de toutes leurs facultés de connaître. […] Ils s’y complaisent visiblement, par respect du verbe dont ils veulent que l’image écrite soit digne de sa beauté, un peu aussi, sans doute, parce qu’ils pensent que leur personnalité s’exprime dans leur graphie, comme disent M.
Elle avait un air caressant et tendre, un regard très doux, un sourire angélique, une bouche à la mesure de la mienne (Jean-Jacques avait la bouche petite), des cheveux cendrés d’une beauté peu commune, et auxquels elle donnait un tour négligé qui la rendait très piquante. […] A la vérité, il ne dit pas un mot de la beauté de Venise, tant célébrée depuis un siècle par les écrivains, et avec des mots si pâmés ! […] Il jouit de son héroïsme, il jouit de ses singularités, il jouit de la beauté de son masque qu’il ne distingue plus lui-même de son visage. […] Beauté, charme, attrait, sympathie, être ou chimère inconcevable, abîme de douleurs et de voluptés ! beauté, plus terrible aux mortels que l’élément où l’on t’a fait naître, malheureux qui se livre à son charme trompeur !
Il y est si bien contraint que, remarquant que le foudroyant cinquième acte est le résultat, cependant, de toutes les choses jugées par lui invraisemblables, qui remplissent les quatre premiers, il se demande avec hésitation, avec une inquiétude savante, qui sent bien l’homme qui a profondément médité sur la mécanique dramatique : « Il reste à savoir s’il est permis d’amener une grande beauté par de grands défauts, et c’est sur quoi je n’ose me prononcer… » Pour moi, je crois que la « grande beauté » du cinquième acte de Rodogune est amenée par de profondes beautés, c’est-à-dire par des vérités psychologiques, aussi bien et peut-être mieux que par un art dramatique consommé. […] Elle y a échoué ; mais d’un échec tout plein de beautés et de succès partiels. […] Elle a contre elle, en ce rôle, son visage peu tragique et trop moderne, et rien ne nous dit que Phèdre fût belle, fût d’une beauté antique et eût l’air d’une reine ou d’une impératrice d’Orient, mais nous sommes habitués à voir les choses ainsi. […] Ils n’étalaient pas leurs beautés, ni leurs laideurs. […] Née actrice et composant à dix ans de petites comédies qu’elle jouait avec les petits villageois de son voisinage ; née directrice de théâtre et faisant jouer aux princes et princesses, ses élèves, des comédies plus sérieuses déjà, ce qui faisait dire à La Harpe, enthousiasmé surtout de la beauté de l’impresaria : En toi seule aujourd’hui l’on adore à la fois L’auteur, l’ouvrage et les actrices.
Cette fortune ressemble à ces grands arbres qu’il a plantés, appelés des Rosny, et qui ont été des siècles à prendre leurs dimensions et leur beauté majestueuse.
On se retire du monde, mais on est bien aise que le monde le sache ; et, s’il ne le devait pas savoir, je doute qu’on eût le courage et la force de s’en retirer… On ne se soucie plus de sa beauté (Ici il s’agit des femmes pénitentes, dont quelques-unes l’étaient avec éclat et avec bruit), mais on est entêté de son esprit et de son propre jugement… S’il y a quelque chose de nouveau, c’est à quoi l’on donne et où l’on trouve sa dévotion… Un laïque s’érigera en censeur des prêtres, un séculier en réformateur des religieux, une femme en directrice, … tout cela parce que, sous couleur de piété, on ne s’aperçoit pas qu’on veut dominer… Il semble qu’être sévère dans ses maximes soit un degré pour s’agrandir.
Jeune, il avait eu un certain renom dans les bals de la Cour par la beauté de sa jambe, ce qu’on remarquait alors.
Jamais, je l’espère bien, une telle négation du passé n’eût pu prendre et réussir absolument en France, dans cette France où le génie littéraire a sa patrie, où la tradition du talent a ses autels, où le sentiment de la beauté latine et de la grandeur romaine a passé si profondément dans notre veine nationale et dans nos propres origines.
Un homme amolli me touche, s’il a l’esprit délicat ; la jeunesse et la beauté réjouissent mes sens, malgré l’étourderie et la vanité qui les suivent ; je supporte la sottise, en faveur du naturel et de la simplicité, etc.
Les descriptions pittoresques, les marines qui viennent ensuite y gagnent en beauté ; ces conversations élevées en font le ciel.
L’air de Rome lui allait ; il le trouvait « très plaisant et sain. » Surtout il ne s’y ennuyait pas un seul instant : « Je n’ai rien, disait-il, si ennemi à ma santé que l’ennui et oisiveté : là j’avais toujours quelque occupation, sinon si plaisante que j’eusse pu désirer, au moins suffisante à me désennuyer », Et il les énumère : à défaut d’antiquités, aller voir les Vignes « qui sont des jardins et lieux de plaisir de beauté singulière, où j’ai appris, ajoute-t-il, combien l’art se pouvait servir bien à point d’un lieu bossu, montueux et inégal » à d’autres jours, à défaut de promenades, aller entendre des sermons, des thèses, ou faire la conversation chez les dames : il mêle tout cela.
Elle n’est pas la même, ajoute-t-il, mais elle part du même principe. » Poussin, dans le touchant ou le grave de ses scènes champêtres ou autres, introduisait un principe supérieur dont les Le Nain ne se doutèrent jamais, je veux dire l’idéal antique, le groupe composé avec harmonie et contraste, un type habituel de beauté romaine, un souvenir des jours d’Évandre et de l’Arcardie : la réalité chez lui était commandée par une vue supérieure et une pensée.
Ducis faisait une pièce comme il fait une scène, il serait notre premier tragique70. » Et dans ses moments de plus grande franchise La Harpe ajoutait encore : « C’est bien heureux que cet homme n’ait pas le sens commun, il nous écraserait tous. » Je voudrais insister sur les beautés de ces lettres de Ducis, dont la collection ferait un trésor moral et poétique ; on y joindrait les lettres de Thomas fort belles, fort douces et bien moins tendues de ton qu’on ne le suppose.
De ces portraits trois ou quatre seulement le représentent au vif (ad vivum), en toute beauté et vérité.
c’est sans doute aimer avant tout l’élégance, la grâce, le naturel et la vérité (au moins relativement), la sensibilité, une passion touchante et charmante ; mais n’est-ce pas cependant aussi, sous ce type unique de perfection, laisser s’introduire dans son goût et dans son esprit de certaines beautés convenues et trop adoucies, de certaines mollesses et langueurs trop chères, de certaines délicatesses excessives, exclusives ?
Chacun, s’il n’y prend garde, s’aime et se préfère à tous les autres ; chacun se trouve si naturellement sous sa main comme type et premier modèle de l’espèce de talent et du genre de beauté qu’il accueillera et louera chez autrui, en repoussant plus ou moins tout ce qui en diffère !
Il conçoit la plus haute des beautés idéales, mais il n’en conçoit qu’une.
Quand on a l’âme si ouverte et si tendre aux beautés, et jusqu’à en pleurer comme Pope, on l’a également sensible aux défauts jusqu’à s’en piquer et s’en irriter.
Mme Roland n’était guère femme à aimer par les yeux et à se laisser prendre à la beauté physique.
Lemontey, qui était de Lyon et qui y avait vu Mme Roland avant que la Révolution l’eût transformée, a dit également avec la finesse et la curiosité de nuance où s’aiguisait la plume de cet écrivain maniéré, mais distingué : « J’ai vu quelquefois Mme Roland avant 1789 ; ses yeux, sa tête et sa chevelure étaient d’une beauté remarquable.
Ô mages de l’éternelle vérité, apôtres du sacrifice, pères de la sagesse, toi, Socrate, qui pris la ciguë, toi, son élève, ô Platon, — vous, Phidias et Praxitèle, sculpteurs de la beauté, — vous, disciples de l’Évangile, Jean, Paul, Augustin, — vous, apôtres de la science, Galilée, Képler, Newton, Descartes, Pascal, — et vous Raphaël et Michel-Ange, dont les conceptions resteront toujours nos modèles, — et vous, chantres divins, Hésiode, Dante, Milton, Racine ; Pergolèse, Mozart, Beethoven, seriez-vous donc maintenant immobilisés dans un paradis imaginaire ; auriez-vous changé de nature ; ne seriez-vous plus les hommes que nous avons connus et admirés, et dormiriez-vous maintenant, véritables momies, éternellement assis à votre place dernière ?
« Saint-Hilaire n’est pas mort, écrivait Mme de Sévigné, dont le récit est dans toutes les mémoires, il vivra avec son bras gauche (lisez le bras droit), et jouira de la beauté et de la fermeté de son âme. » Son fils, le même historien dont M.
Ce tableau a de la grandeur et de la solennité en ce qui regarde les figures d’Innocent III, de Grégoire IX et de l’empereur Frédéric II ; il a de la beauté et de la grâce en ce qui touche saint Louis, saint François d’Assise, le culte de la Vierge alors dans toute sa fleur, les épopées chevaleresques et religieuses dans leur premier et chaste épanouissement.
L’ode que Jasmin lui adresse a de l’ampleur, de l’harmonie et une beauté sérieuse.
Car ç’a été le caractère manifeste du public en ses derniers retours, après tant d’épreuves éclatantes et contradictoires, de se montrer ouvert, accueillant, de puiser l’émotion où il la trouve, de reconnaître la beauté si elle se rencontre, et de subordonner en tout les questions des genres à celle du talent.
« L’âge même de Galba était un texte de dérision et d’impopularité pour ceux qui étaient accoutumés à la jeunesse de Néron, et qui, suivant le préjugé du vulgaire, ne jugeaient de leur maître qu’à la beauté et à la grâce du corps.
Outre son agrément infini, que Balzac signalait si bien, outre le pathétique des situations et la beauté des vers, le Cid eut le mérite de fixer la notion de la tragédie classique ; et c’est par là qu’il est une date considérable dans l’histoire de l’art.
De chaque phénomène, il fixe la particulière beauté ; et ainsi le poète des religions se double d’un peintre de paysages et d’animaux.
II L’orateur paraît : larges mâchoires, menton carré, grande bouche, une tête de paysan robuste et qui a sa beauté.
c’est un don fatal que la beauté !
Il a tout : du génie, des vertus, une femme qui l’adore, des enfants d’une beauté merveilleuse.
Hugo : il lui doit ses plus grandes beautés et ses défauts les plus saillants ; c’est par là qu’il s’élève quelquefois à des effets jusqu’ici inconnus, et c’est là aussi ce qui le fait tomber dans ce qu’on prendrait pour de misérables jeux de mots10.
Aux ruines qui restent de son ancienne splendeur, on sent un peuple agricole, nullement doué pour l’art, peu soucieux de luxe, indifférent aux beautés de la forme, exclusivement idéaliste.
La baronne n’a qu’à lui jeter une mielleuse œillade pour l’éprendre de sa beauté mure et confite.
Thiers, le premier, a signalé l’importance et la beauté d’art en 1830.
Il sentait surtout certaines beautés mâles des anciens, du Sophocle, du Démosthène ; et quelquefois, à la fin d’un dîner, se mettant à parler de ces dieux de sa jeunesse, il trouvait je ne sais quels accents émus qui se faisaient jour à travers la gourmandise, même avec des larmes.
Dans sa fleur de beauté sous la Régence, elle en respira l’esprit ; elle fut la maîtresse du Régent et de bien d’autres.
Lui, ravi de sa beauté et de ses charmes soumis, Adam sourit d’un amour supérieur, comme Jupiter sourit à Junon lorsqu’il féconde les nuages qui répandent les fleurs de mai : Adam presse d’un baiser sur les lèvres de la mère des hommes.
J’ai voulu exprès citer ce passage, parce qu’avec les mérites de vaillance et de labeur qui s’y déclarent et qui honorent M. de Balzac, on y saisit à nu le côté moderne, et la singulière inadvertance par laquelle il dérogeait et attentait aussitôt à cette beauté même qu’il prétendait poursuivre.
Une remarque singulière et qui caractérise bien le propre des vocations et des instincts, c’est que plus tard Florian traduira Don Quichotte et l’abrégera sous prétexte d’en affaiblir les taches ; mais ce sont souvent les beautés et les gaietés qu’il abrège : C’est le génie qu’il supprime, a dit Marie-Joseph Chénier ; il attiédit la verve de Cervantes ; un comique large et franc devient partout mince et discret.
Mais, tout à coup, cet homme épris de l’antique beauté se mit à courir en descendant la rue de la Harpe, pour arriver plus vite, et aussi de peur que quelque accident imprévu ne vînt, dans l’intervalle du trajet, lui dérober le chef-d’œuvre.
« Dès ma première enfance, disait-il, la poésie a eu cela de me transpercer et transporter. » Il estime avec un sentiment pénétrant que « nous avons bien plus de poètes que de juges et interprètes de poésie, et qu’il est plus aisé de la faire que de la connoître. » En elle-même et dans sa pure beauté, elle échappe à la définition ; et celui qui la veut discerner du regard et considérer en ce qu’elle est véritablement, il ne la voit pas plus que la « splendeur d’un éclair ».
Enthousiaste des beautés de son siècle, et recueillant en faisceau les admirations de sa jeunesse, il les consacra dans un petit poème intitulé : Le Siècle de Louis le Grand, qu’il lut à l’Académie le 27 janvier 1687, c’est-à-dire le jour où elle s’assemblait pour témoigner sa joie de la convalescence du roi, qui avait subi une opération.
Il est en habit du matin, chapeau à trois cornes, debout dans une des allées de Versailles ; beau, fin, délicat de visage, élégant de taille, de port, de geste, la jambe bien faite ; c’est un très joli portrait, et qui contraste agréablement avec celui que Rigaud fit plus tard du grand seigneur, du duc et pair arrivé au faîte des honneurs, dans toute la maturité et dans toutes les largesses de la vie, portrait à grand fracas, à perruque solennelle, où la cuirasse et l’armure sont à demi noyées sous l’hermine, mais où la physionomie plus pleine exprime bien de la force et de la beauté.
Pascal s’était moqué de la poésie et de ces oripeaux convenus, siècle d’or, merveille de nos jours, fatal laurier, bel astre : « Et on appelle ce jargon, disait-il, beauté poétique !
Tout le portrait de Luynes est d’une extrême beauté ; il le faudrait lire en entier, et je ne puis qu’en noter quelques traits saillants qui réfléchissent sur le caractère de Richelieu lui-même.
Dans une fourrure de plumes, la fille de Théophile Gautier est belle, d’une beauté étrange.
* * * — Aujourd’hui, pendant la messe de mort de Mme X…, je pensais à la beauté jolie de ses vingt-huit ans, au rosé de fleur de sa peau, à la grâce molle de sa taille, et je me revoyais, de quatorze à dix-sept ans, enfantinement amoureux d’elle, et tout heureux de me frotter à ses robes de mousseline blanche, de me trouver dans l’air où elle vivait.
Beauté des femmes || leur faiblesse || et ces mains pâles (Verlaine) Ce vers admirable n’a, à la sixième syllabe, aucun accent ni fort ni moyen ; il n’a même que onze syllabes.
La beauté de cette fille relevée encore par la pudeur qui lui faisoit baisser les yeux à l’approche d’Alexandre, fixoit sur elle les premiers regards du spectateur.
Sans doute, c’est un fait que les hommes aiment une beauté, une bonté, une vérité qui ne sont jamais réalisées d’une manière adéquate dans les faits.
Abjurez, il vous est permis, les dieux de l’antique Olympe ; nous convenons avec vous que l’Aurore est bien vieille, et Flore bien fanée ; qu’il y a bien longtemps que Vénus est la déesse de la beauté, et que son fils est un enfant : mais songez que le merveilleux, du Christianisme est d’un emploi difficile et périlleux ; qu’il est toujours tout près d’offenser la sévérité du dogme ou celle du goût ; tout près, en un mot, d’être hétérodoxe ou ridicule.
Malheureusement, pourquoi faut-il que dans cette idylle élégiaque de Marie l’unité de sentiment ne soit pas plus respectée que l’unité de composition, et qu’entre deux tableaux d’un amour naïf, dans un pays fruste, il nous tombe tout à coup sur la tête un Hymne à la Beauté, dédié à M.
disait-il, quelle beauté !
Cela fait, on fondrait aisément les idées de Hégel et les siennes, et on verrait qu’aux deux extrémités de la science la description anatomique de nos sentiments et la construction métaphysique du monde s’accordent pour conclure que la beauté est un développement apparent ou réel, lequel, étant conçu par nous, passe en nous.
Les beautés vraiment lyriques où il s’est élevé, ce sont ses souvenirs des Alpes et de l’Allemagne, des paysages magnifiques et des vertus simples de la Suisse ; c’est enfin sa douleur, quand il voit la liberté de ce peuple menacée par l’invasion républicaine de la France ; c’est son indignation, sa fureur de résistance, quand il craint pour l’Angleterre la même menace et la même profanation.
» Et ceci encore, du reste d’une vraie beauté philosophique, comme c’est jeté hardiment, d’une touche brusque et aisée. […] Je m’en vais donc élucider sa beauté. […] C’est de la plus violente sensation que jaillit le plus de beauté. […] Il n’y a pas de devoirs, se dit Aurel ; il y a des beautés supérieures et des plaisirs supérieurs. […] Il croit que le rêve de beauté et le rêve de force sont, tout au moins, la représentation du monde la meilleure, la plus salutaire, la plus conforme à sa nature que l’humanité ait pu se donner.
Combien de lecteurs persistent à ne demander qu’un amusement à, la littérature, et restent insensibles à toute espèce de beauté sérieuse ! […] Zola ne puisse pas apprécier la beauté de classiques, cela prouve seulement que ses études n’ont pas été brillantes. […] Il n’a pas placé l’idéal et la beauté dans la recherche de forme parfaite qui a consumé l’auteur de Madame Bovary, arrivante envisager le style comme il eût regardé le Parthénon. […] C’est à peine s’il lui échappe çà et là quelques traits d’admiration pour la beauté de cette sœur chérie, à la façon indiscrète de Lamartine dans ses Confidences. […] Le cœur éternellement jeune de René alla vers la beauté qui n’avait pas vieilli : l’ange désarma Satan.
Il n’y a ni noblesse, ni dignité, ni beauté, ni moralité, à ne pas savoir, à mentir, à prétendre qu’on est d’autant plus grand qu’on se hausse davantage dans l’erreur et dans la confusion. […] Il faut voir uniquement le progrès qui s’accomplit en haut, l’effort des grands talents qui dégagent de nos batailles contemporaines une beauté nouvelle, la vie dans sa vérité et dans son intensité. […] Nous voulons le monde entier, nous entendons soumettre à notre analyse la beauté comme la laideur. […] Toute la philosophie païenne aboutit au poème, au culte d’une forme, à l’absolu d’une beauté déterminée. […] Il n’y a pas de beauté particulière, et cette beauté ne consiste pas à aligner des mots dans un certain ordre ; il n’y a que des phénomènes humains, venant en leur temps et ayant la beauté de leur temps.
La beauté comme la laideur, la laideur et la beauté comme l’enfance et la vieillesse, sont des déterminations restrictives de l’humanité ; comme telles, elles sont étrangères à l’idée de l’homme proprement dit, de l’homme ordinaire, la seule que représente, à vrai dire, l’image visuelle intérieure264. […] Galton (Revue scientifique, 13 juillet 1878 et 6 septembre 1879), il résulterait que l’image générique obtenue par la fusion optique de plusieurs images particulières serait plus belle que les images composantes ; ainsi la beauté de Cléopâtre, méconnaissable dans chacun des portraits que nous possédons de la reine d’Egypte, revivrait dans la moyenne, optiquement réalisée, de ces portraits ; la femme, obtenue par le même procédé, serait plus belle que toutes les femmes ; l’idéal serait donc une moyenne.
La reine Moé (Moé : sommeil, ou mystère), en robe sombre, d’une beauté régulière et mystique, ses yeux étranges à demi fermés, avec une expression de regard en dedans, comme les portraits d’autrefois. […] Elle était vêtue de la toilette qu’elle portait toute la journée chez elle et chez les autres, une robe de chambre de piqué blanc, où les épaules étaient enveloppées d’un petit châle de crépon de Chine sang de bœuf, noué par derrière à l’enfant : toilette où rayonnait sa pâle et vivace beauté, et sur laquelle, le matin, dans sa voiture découverte, elle avait jeté une fourrure. […] Ses beaux bras étaient nus, elle était couverte de bracelets et de colliers et portait la volumineuse coiffure à paillettes de métal des femmes de l’intérieur, qui jetait sur sa beauté un mystère d’idole. […] Voilà pourquoi, malgré ses grandes beautés, je n’ai pas le courage de donner des extraits de ce livre qui est comme l’apothéose des excès de la Révolution. […] Les Ménades, dépouillées de leur beauté païenne, découvrent de hideuses figures de sorcières.
S’ils ne sont préoccupés que de beauté, ils ne sont plus les savants qu’ils doivent rester pour accomplir leur besogne d’observateurs. […] … En remplissant envers un compagnon disparu ce devoir pieux de redire quel puissant et délicat ouvrier de beauté il demeura jusqu’au bout, je ne peux m’empêcher d’adresser une question aux personnes qui se sont chargées de recueillir une souscription pour élever un monument à ce remarquable écrivain. […] Cet élément de beauté, c’est, à mon sens, la composition. […] Nous ne trouvons pas davantage cette beauté de composition dans Don Quichotte ni dans Robinson. […] Tout de suite ce bourgeois a senti la noblesse et la beauté de l’âme populaire telle que la révèle l’épreuve suprême de cette longue guerre.
Il est à craindre que Jean-Christophe ne demeure généralement tenu, malgré les très grandes beautés du Michel-Ange et du Beethoven, comme l’œuvre maîtresse de Rolland. […] Et enfin, comme ils nous font goûter la sensation dans une circonstance tout autre, ils la libèrent de toute contingence, ils nous en donnent l’essence extra-temporelle, celle qui est justement le contenu du style, cette vérité générale et nécessaire que la beauté du style traduit. […] La vie réelle, quotidienne, se manifeste à lui, homme pauvre, et artiste qui souhaite passionnément la beauté, la splendeur, même en clinquant, — comme abominablement plate, pauvre et vide. […] Et son meilleur livre, Les Bestiaires, très beau roman qui exalte la gloire, la beauté des courses de taureaux, l’énergie de ces bestiaires, se termine païennement par une invocation « au Soleil Invaincu » ! […] D’aspect viril, sans grâce, sans beauté, la Bonifas, qui naquit et vécut dans une petite ville de province, sent ses désirs irrésistiblement portés vers le sexe auquel elle appartient par une erreur de la nature.
C’est la beauté, la colère et la victoire vengeresse fondues dans une même expression ; Cosme en fut ravi, et le peuple toscan le rangea dès le premier jour au rang de ces œuvres qui n’ont pas de secondes. […] Ils m’engagèrent ensuite à aller dans leur pays, où l’on me donnerait le traitement que je souhaiterais, en me disant que Giovanangelo de Servi leur avait fait une fontaine ornée de plusieurs figures, qui étaient loin de la beauté des miennes, et qu’on l’avait comblé de biens.
Il a été donné à la Grèce de réunir en une harmonie et une beauté égales ces deux extrémités de l’intelligence humaine. […] « Mais bornons-nous à ce que nous venons de dire sur l’épopée et la tragédie, sur la nature de toutes deux, sur leurs formes et sur leurs parties, dont nous avons fixé le nombre et les différences, sur les causes de leurs beautés et de leurs défauts, et enfin sur les critiques dirigées contre la poésie et sur les réponses qu’on peut faire à ces critiques. » Cette comparaison de la tragédie avec l’épopée manque de justesse dans le fond comme dans la forme, car l’épopée, c’est la nature entière, et la tragédie n’en est qu’une partie : prenez les quatre-vingt-dix-sept tragédies d’Eschyle d’un côté et l’Iliade de l’autre, vous verrez Eschyle sombrer et Homère grandir.
Frédéric écarta le drap, et la divine beauté de ces membres me remplit d’étonnement. […] J’avais là devant moi un homme parfait dans sa pleine beauté, et mon enthousiasme à cette vue me fit un instant oublier que l’esprit immortel avait abandonné une pareille enveloppe.
Aux éléments purement physiques qu’il renferme, il faut ajouter d’abord ces impressions très complexes produites par la beauté d’une personne, et autour desquelles sont groupées un grand nombre d’idées agréables qui, en elles-mêmes, ne constituent pas le sentiment de l’amour, mais qui ont une relation organique avec ce sentiment. […] Ainsi, autour du sentiment physique qui forme le noyau du tout, sont rassemblés les sentiments produits par la beauté personnelle, ceux qui constituent le simple attachement, le respect, l’amour de l’approbation, l’amour-propre, l’amour de la possession, l’amour de la liberté, la sympathie.
S’il se rencontre quelque sphinx d’une beauté merveilleuse, on peut croire qu’il soit l’ouvrage de quelque sculpteur grec qui se sera diverti à faire des figures égyptiennes, comme nos peintres se divertissent quelquefois à imiter dans leurs ouvrages, les figures des bas-reliefs et des tableaux des Indes et de la Chine. […] Il est donc raisonnable de juger par la beauté des médailles, de l’état où étoit la gravure sous chaque empereur, et la gravure est un art qui suit la sculpture pas à pas.
Peut-être la peine qu’on éprouve à le définir tient-elle surtout à ce que l’on considère les beautés de la nature comme antérieures à celles de l’art : les procédés de l’art ne sont plus alors que des moyens par lesquels l’artiste exprime le beau, et l’essence du beau demeure mystérieuse. […] Ainsi tombera la barrière que le temps et l’espace interposaient entre sa conscience et la nôtre ; et plus sera riche d’idées, gros de sensations et d’émotions le sentiment dans le cadre duquel il nous aura fait entrer, plus la beauté exprimée aura de profondeur ou d’élévation.
Alors stupides, abrutis, insensibles aux raffinements qui les avaient corrompus, ils ne connaissent plus que les choses indispensables à la vie ; peu nombreux, le nécessaire ne leur manque pas ; ils sont de nouveau susceptibles de culture ; avec l’antique simplicité l’on verra bientôt reparaître la piété, la véracité, la bonne foi, sur lesquelles est fondée la justice, et qui font toute la beauté de l’ordre éternel établi par la Providence. […] Les premiers n’arrivent guère à sentir les beautés d’une langue étrangère, par l’habitude qu’ils ont de chercher toujours les défauts.
Son visage n’est pas beau, mais sa personne avec tout ce qui l’entoure est d’une grâce et d’une beauté admirables.
« Saint Louis, dit Tillemont, était blond et avait le visage beau comme ceux de la maison de Hainaut, dont il était sorti par sa grand-mère Isabelle, mère de Louis VIII. » Pour achever de comprendre ce genre de beauté noble et attrayante, d’une douce fierté, cette trempe royale et chrétienne tout ensemble, je crois qu’on y peut introduire quelque chose de l’idée d’un saint François de Sales avec moins de riant, avec plus de gravité de ton et de relief chevaleresque, avec le casque d’or et le glaive nu aux jours de bataille : mais c’était également une de ces natures en qui le feu intérieur reluit et qui se consument d’elles-mêmes de bonne heure par trop de zèle et de charité.
Il se redit ce mot d’un de ses maîtres : « Les beautés nobles et mâles datent de loin. » Il traduit, même après l’abbé Colin, l’Orateur de Cicéron ; même après l’abbé Le Monnier, il traduit Térence ; il est près d’aborder Plaute ; il songe à donner un Théâtre latin complet, avec des observations, et qui eût fait pendant à ce que le père Brumoy avait exécuté pour le théâtre grec.
Le président Hénault n’était pas de force à remplir de tels cadres ; il se plaisait pourtant à les concevoir, à les proposer aux autres, et on doit lui en savoir gré : Il se plaît à démêler dans toutes sortes de genres, a dit Mme Du Deffand, les beautés et les finesses qui échappent au commun du monde ; la chaleur avec laquelle il les fait valoir fait quelquefois penser qu’il les préfère à ce qui est universellement trouvé beau ; mais ce ne sont point des préférences qu’il accorde, ce sont des découvertes qu’il fait, qui flattent la délicatesse de son goût et qui exercent la finesse de son esprit.
Sans parler de sa mère, femme forte, de vieille roche, l’inspiratrice et l’âme des résistances, et sur laquelle nous aurons tout à l’heure à revenir ; sans parler de sa femme, de cette fille de Sully, beauté toute jolie et mignonne, épouse des plus légères, mais fidèle politiquement et auxiliaire active et dévouée, Rohan avait pour second son frère : ce cadet, Benjamin de Rohan, connu sous le nom de Soubise, était l’homme de mer, l’amiral des Églises, de même que Rohan en était le généralissime sur terre et dans les montagnes.
Il parle en un endroit et « de la décadence de ce corps qu’il a tant aimé », de la prétention qu’il avait eue « d’être placé au premier rang par les qualités agréables et solides, par la beauté du corps comme de l’esprit ».
L’église était resplendissante de dorures et divisée en quatre parties : le sanctuaire, surmonté d’une couronne soutenue par des colonnes de marbre de vingt-cinq à trente pieds de hauteur ; le chœur des chantres, garni de stalles en bois de chêne d’une rare beauté, avec des panneaux incrustés en bois de diverses couleurs, et des tableaux représentant la vie de saint Bruno ; le transept contenant d’un côté l’autel de la Vierge, de l’autre celui de saint Bruno, avec la statue en marbre blanc de ce bienheureux ; la nef, dans laquelle le public était admis une fois l’an, séparée du reste par une haute et magnifique grille, toute chargée de dorures.
L’archevêque, ayant été informé de la beauté de cette personne, la voulut connaître et l’enleva à Pierrepont.
C’est ainsi encore qu’en plein désert, durant une nuit caniculaire, il dira : « L’heure était si belle, la nuit si tranquille, un si calmant éclat descendait des étoiles, il y avait tant de bien-être à se sentir vivre et penser dans un tel accord de sensations et de rêves, que je ne me rappelle pas avoir été plus satisfait de ma vie… » Un si calmant éclat, voilà encore un effet moral qui devient une nuance pittoresque, et la beauté du son, sa largeur, s’y joint pour compléter l’impression.
il suffira d’une année et que Dominique ait atteint ses dix-sept ans, que Madeleine en ait dix-huit, pour que le rayon arrive, à elle d’abord et à sa beauté dans sa fleur première, à lui ensuite et à son cœur qu’un soudain regard vient éclairer.
Elle avait, en effet, l’éclat plus que la beauté, et cette harmonie qui fait que, chacun des traits pris séparément n’ayant rien de très remarquable, l’ensemble est du plus vif agrément.
Toute cette cérémonie et les soins donnés à la tombe nouvelle ont été suggérés, inspirés et surveillés par l’esprit et le cœur d’une princesse bien digne de posséder le domaine historique de Saint-Gratien, et qui, aimant de prédilection sans doute les grandeurs et les beautés de l’art et tout ce qui fait le charme de la vie, met encore au-dessus le patriotisme, l’esprit de vérité, la droiture et les honnêtes gens.
elle lui reconnaît ce don et ce bonheur de se faire aimer, qui est, selon elle, l’unique ressource et félicité de l’état de souverain : « Vous l’avez si parfaitement acquis (ce bonheur), ne le perdez pas en négligeant ce qui vous l’a procuré : ce n’est ni votre beauté, qui, effectivement, n’est pas telle, ni vos talens, ni votre savoir (vous savez bien que tout cela n’existe pas), c’est votre bonté de cœur, cette franchise, ces attentions, appliquées avec tant de jugement.
Tandis que, sous la Restauration, on aimait surtout dans Talma finissant et grandissant un novateur, une espèce d’auteur et de poëte dramatique (et non, certes, le moindre), qui rendait ou prêtait aux rôles un peu conventionnels et refroidis de la scène française une vie historique, une réalité à demi shakspearienne, — il arrive que ce qu’on a surtout aimé dans notre jeune et grande actrice, ç’a été un retour à l’antique, à la pose majestueuse, à la diction pure, à la passion décente et à la nature ennoblie, à ce genre de beauté enfin qui rappelle les lignes de la statuaire.
Avec la noble personne dont la beauté ne se sépara point des grâces décentes, il saura trouver les délicatesses exquises, tout en s’efforçant d’attendrir chez elle et d’apitoyer la clémence.
De sorte que voilà un nouvel ensemble différent de l’autre par les dimensions, mais pareil en nature, partant soumis aux mêmes règles, poétique au même titre, et atteignant la beauté par les mêmes lois.
Sa fille, restée sans fortune, d’une beauté qui n’était que charmes, vivait dans une retraite, visitée par les amis de sa famille.
Quand l’émotion, au contraire, est extrême, exaltée, infinie sur les fibres sensitives de l’instrument humain, quand l’imagination de l’homme se tend et vibre en lui jusqu’à l’enthousiasme et presque jusqu’au délire, quand la passion imaginaire l’exalte, quand l’image du beau dans la nature ou dans la pensée le fascine, quand l’amour, la plus mélodieuse des passions en nous parce qu’elle est la plus rêveuse, lui fait imaginer, peindre, invoquer, adorer, regretter, pleurer ce qu’il aime ; quand la piété l’enlève à ses sens et lui fait entrevoir, à travers le lointain des cieux, la beauté suprême, l’amour infini, la source et la fin de son âme, Dieu !
On saisit dans les traités moraux de Du Vair, on saisit encore distincts, bien qu’unis, les deux éléments qui feront la forte beauté de la littérature chrétienne au xviie siècle ; toute la richesse intellectuelle de l’antiquité s’ajoutant à toute l’élévation religieuse de l’Évangile.
vous êtes des enfants, il n’y a pas de vieillards parmi vous ; vous êtes tous jeunes d’esprit. » Cette momie vivante ne croyait pas si bien dire : la Grèce naquit et elle resta jeune ; et c’est cette jeunesse qui lui donna la Beauté, qui versa sur ses œuvres la fleur de la vie, et lui fit cueillir légèrement les prémices de toutes les moissons, le laurier-rose de toutes les victoires.
Il ne paraît pas que, hors de la scène, elle eût des beautés bien frappantes et bien extraordinaires ; mais elle en avait l’ajustement naturel, l’ensemble et l’harmonie.
Au moment de sa mort, elle fut universellement regrettée, comme ayant su, sans nom, sans fortune, sans beauté, et par le seul agrément de son esprit, se créer un salon des plus en vogue et des plus recherchés, à une époque qui en comptait de si brillants.
Jérôme Pichon), antiquaire distingué et très vif dans son culte du passé : d’autre part, le petit-fils d’une des plus compromises parmi ces anciennes beautés, laquelle avait déjà été nommée en toutes lettres dans l’édition de 1822, n’a pas estimé qu’il y avait lieu à prescription et n’a pas cru devoir être de l’avis de Boileau : Mais qui m’assurera qu’en ce long cercle d’ans À leurs fameux époux vos aïeules fidèles Aux douceurs des galants furent toujours rebelles ?
Si jeune pourtant, si belle, et d’une beauté si pure et si délicate entre ses compagnes !
La grande beauté chez Buffon consiste plutôt dans la suite et la plénitude du courant.
Transporté brusquement des grâces païennes de Longus ou des beautés naturelles de Plutarque à l’étude de la théologie et à la Somme de saint Thomas, il s’y applique, il y réussit même ; il s’efforce de s’y plaire et de se persuader que cela ne l’ennuie pas.
Par penchant et par habitude, il était encore plus homme de presse qu’il ne l’avait été de consultation et de cabinet : « Comme écrivain, disait-il, entre m’adresser au public ou à un souverain, fût-il dix fois plus élevé que la colonne de la place Vendôme, je n’hésiterai jamais à préférer le public ; c’est lui qui est notre véritable maître. » En laissant dans l’ombre les côtés faibles et ce qui n’est pas du domaine du souvenir, et à le considérer dans son ensemble et sa forme d’esprit, je le trouve ainsi défini par moi-même dans une note écrite il n’y a pas moins de quinze ans : Fiévée, publiciste, moraliste, observateur, écrivain froid, aiguisé et mordant, très distingué ; une Pauline de Meulan en homme (moins la valeur morale) ; sans fraîcheur d’imagination, mais avec une sorte de grâce quelquefois à force d’esprit fin ; — de ces hommes secondaires qui ont de l’influence, conseillers nés mêlés à bien des choses, à trop de choses, meilleurs que leur réputation, échappant au mal trop grand et à la corruption extrême par l’amour de l’indépendance, une certaine modération relative de désirs, et de la paresse ; — travaillant aux journaux plutôt par goût que par besoin, aimant à avoir action sur l’opinion, même sans qu’on le sache ; — Machiavels modérés, dignes de ce nom pourtant par leur vue froide, ferme et fine ; assez libéraux dans leurs résultats plutôt que généreux dans leurs principes ; — sentant à merveille la société moderne, l’éducation moderne par la société, non par les livres ; n’ayant rien des anciens, ni les études classiques, ni le goût de la forme, de la beauté dans le style, ni la morale grandiose, ni le souci de la gloire, rien de cela, mais l’entente des choses, la vue nette, précise, positive, l’observation sensée, utile et piquante, le tour d’idées spirituel et applicable ; non l’amour du vrai, mais une certaine justesse et un plaisir à voir les choses comme elles sont et à en faire part ; un coup d’œil prompt et sûr à saisir en toute conjoncture la mesure du possible ; une facilité désintéressée à entrer dans l’esprit d’une situation et à en indiquer les inconvénients et les ressources ; gens précieux, avec qui tout gouvernement devrait aimer causer ou correspondre pour entendre leur avis après ou avant chaque crise.
On m’approuve généralement, et ceux même qui blâment la chose en elle-même conviennent de la beauté de l’exécution.
Dans cette vue que je me suis permise sur la nature morale de Montesquieu, et à laquelle a donné jour sa définition de la justice dans les Lettres persanes, loin de moi l’idée de diminuer la beauté sévère et humaine du caractère !
Mais, si vous ne voulez point adoucir la rigueur de mes travaux, cachez le travail même : faites qu’on soit instruit et que je n’enseigne pas ; que je réfléchisse, et que je paraisse sentir ; et, lorsque j’annoncerai des choses nouvelles, faites qu’on croie que je ne savais rien, et que vous m’avez tout dit… Toute cette Invocation est pleine de beauté, et le sentiment de jouissance de la raison, qui y est définie « le plus parfait, le plus noble et le plus exquis de nos sens », y est élevé jusqu’à la poésie.
Voyons Franklin pourtant tel qu’il est dans sa beauté morale et dans sa juste stature.
Il est aisé, avec ces mêmes traits, on le sent, de faire de Grimm un homme très laid et une caricature ; ceux qui savent combien la physionomie dispense les hommes de beauté s’en tiendront, sur son compte, à l’impression d’une femme d’esprit et d’un ami délicat.
La beauté des sentiments qu’on y voit exprimés réfléchit en partie sur Frédéric, qui savait si bien les comprendre, et qui fut digne, à cet âge, de les inspirer : Varsovie, 3 novembre 1740.
Malebranche n’a de commun avec Platon qu’une certaine beauté d’imagination et l’enthousiasme du monde idéal : autrement, il est sec comme un géomètre et étroit comme un moine.
Cette confusion avec la vie du monde donne à notre vie une grandeur, une beauté incomparables… » Ainsi attaché à la splendeur universelle, il défie le destin. « J’ai confiance que quoi qu’il arrive aujourd’hui, demain, dans huit jours, je me suis monté assez haut pour dominer les événements et ne les regarder qu’avec curiosité ».
C’étaient peut-être les vers mêmes, que nous retrouvons, au début de la Théogonie108 : « Ayons les Muses en tête de nos chants, les Muses qui habitent le grand et fertile sommet d’Hélicon, et dansent de leurs pieds légers autour de la fontaine bleuâtre et de l’autel du puissant fils de Saturne ; les Muses qui, lavant aux sources du Permesse leur beauté délicate, auprès de l’Hippocrène, ou sur le divin sommet d’Holmios au plus haut de l’Hélicon, forment des chœurs gracieux, sous leurs pas tressaillants ; puis, élancées de là, sous le voile d’un épais nuage, ont marché dans la nuit, jetant d’harmonieuses clameurs, en hymnes à Jupiter porte-égide, à la sainte Junon, reine d’Argos aux brodequins dorés, à la fille du dieu porte-égide, Minerve aux yeux pers, à Phébus Apollon, à Diane chasseresse, à Neptune qui enceint la terre et l’ébranlé, à la vénérable Thémis, à Vénus aux roulantes prunelles, à Hébé parée d’une couronne d’or, à la belle Dioné, à l’Aurore, au Soleil immense, à la Lune brillante, à Latone, à Japet, au ténébreux Saturne, à la Terre, au vaste Océan, à la Nuit sombre et à la race sacrée des autres dieux : célébrons ces Muses, qui enseignaient une si belle chanson à Hésiode, occupé de paître ses agneaux, aux bords de l’Hélicon divin. » Cette poésie brillante et gracieuse, non moins ancienne que les chants homériques, mais indigène en Béotie, offerte aux yeux et gravée dans les temples de cette religieuse contrée, suffisait à dénouer la langue du jeune homme, né pour les vers, qui vivait dans ces lieux.
Appétit brutal de la chair et prosternement devant la beauté féminine, flambées violentes du désir et délices extatiques de l’adoration, son héros en cheveux blancs connaît tout cela sur le tard ; les limites du « temps d’aimer » ont été si fort reculées en cette fin de siècle ! […] Ô beauté des mœurs de cour ! […] Il faut vous dire que la femme de l’armateur était la propre tante de la jeune fille, et, quoique Parisienne, on l’appelait la Rose de Grenade, parce qu’elle avait l’éclat et la beauté capiteuse d’une Espagnole des Batignolles. […] Leurs écrits furent polémiques, parce qu’ils ne pouvaient pas être autre chose ; il est assez puéril de leur en faire un crime ; mieux vaudrait, ce me semble, rattacher à ce caractère essentiel les beautés comme les défauts de leurs ouvrages. […] Faut-il vous montrer d’abord le parti pris dans toute sa beauté ?
Ainsi, sur la colonne de droite : Beauté, 5 3/4 ; Sensibilité, 4 1/2 ; Imagination, 3 1/4 ; Ordre et Méthode, 4 3/4 ; Dot, 1 1/2. « Tout était dûment évalué, dit l’ami d’Amiel qui nous rapporte ce trait : l’esprit, le goût, la mémoire, la sobriété, la subjectivité, voire certaines qualités qu’il appelait, on ne sait pourquoi, algorythmiques. […] Veux-tu me dire adieu, jeunesse, Sans qu’un jour du moins la beauté, Oubliant tout pour la tendresse, Entre mes bras ait palpité ? […] La séance est ouverte : La fierté m’interdisait la beauté vénale ; la probité m’empêchait de songer à une femme mariée, la loyauté à une vierge, l’honnêteté à une surprise quelconque. […] Chargée de famille, exténuée de labeur, Seriosa manquait de santé, plus encore de beauté.
La première thèse avait la beauté du définitif, mais elle était suspendue en l’air, dans la région du simple possible.
Vous n’êtes pas si laid qu’on le dit ; vous avez ce qu’il y a de plus beau après la beauté ; vous avez la physionomie. […] De là à s’intéresser à ce que les habiles appellent le jeu des institutions, à être touchés de cette « beauté particulière » que les artistes de la politique admirent dans les gouvernements de la parole, de là à prendre parti dans ces tournois où des orateurs se disputent à qui prouvera le premier qu’il s’entend mieux à parler qu’à gouverner, il y a loin. […] Mais s’il n’y a qu’une opinion sur le caractère général de beauté de leurs œuvres, sur le détail il y a de grandes dissidences. […] C’est par tous ces attraits qu’elle a tenté cette race qui a de tout temps rêvé le ciel des autres, et les pays de lumière, de beauté et d’art. […] Est-il vrai que cette jeunesse et cette beauté, tu vas les exposer au feu d’un ennemi, qui a tant de canons que ses patrouilles même ne se hasardent pas sans artillerie ?
Ménélas n’y verra rien que la beauté. […] (J’étais parti pour faire des images, des idées abstraites : beauté, passivité, volupté, inconscience, etc.) » Ces notes nous renseignent sur le jeu des éléments. […] Ainsi l’instinct littéraire se traduit tout d’abord parfois par des idées générales, il s’intéresse à des abstractions réunies et plus ou moins mêlées d’images : « beauté, passivité, volupté, inconscience », ou bien « David vieux, soleil couchant, gloire, puissance militaire. » — D’autres fois, c’est une anecdote qui sert d’excitant ; en ce cas la tendance générale préexistait bien, mais ne se manifestait pas à la conscience, c’est l’analogue de ce qui se produit dans une tendance organique, quand la vue d’une bouteille de bière excite la soif, ou la vue d’une friandise l’appétit. […] Legouvé, que Dieu lui avait donné en partage la beauté, la noblesse, le courage, le génie ; mais il avait reçu quelque chose de plus rare encore que tous ces dons : c’était la faculté de s’en servir à volonté. […] « Puis, ces vers terminés, il les tend d’une main nonchalante à sa sœur, qui les lit, et stupéfaite de leur beauté et de son air d’insouciance, ne peut s’empêcher de s’écrier : “Mon Dieu !
Il paraît même avoir regardé cet objet comme très essentiel dans des morceaux très frappans par le fond des choses, et où la beauté de la pensée semblait dispenser du soin d’arranger les mots. […] Dans cet art comme dans tous les autres, dit très bien Fréret (Histoire de l’Académie des Belles-Lettres, tome XVIII, page 461), il faut distinguer les beautés réelles, de celles qui étant abstraites, dépendent des mœurs, des coutumes et du gouvernement d’une nation, quelquefois même du caprice de la mode, dont l’empire s’étend à tout, et a toujours été respecté jusqu’à un certain point. […] Les difficultés en sont d’autant plus grandes, que le genre d’écrire de cet auteur célèbre est absolument à lui, et ne peut passer à un autre sans s’altérer ; c’est une liqueur qui ne doit point changer de vase : il a eu, comme tous les grands écrivains, le style de sa pensée ; ce style original et simple ne peut représenter agréablement et au naturel un autre esprit que le sien : en cherchant à l’imiter, j’en appelle à l’expérience, on ne lui ressemblera que par les petits défauts qu’on lui a reprochés, sans atteindre aux beautés réelles qui font oublier ces taches légères.
La Bruyère, qui a dit ce beau mot : « Il y a un goût dans la pure amitié où ne peuvent atteindre ceux qui sont nés médiocres », ne paraît pas admettre cette formation prompte et soudaine du même sentiment : L’amour, dit-il, naît brusquement, sans autre réflexion, par tempérament ou par faiblesse : un trait de beauté nous fixe, nous détermine.
Ici, il est dans les sentiers qu’il préfère, aimant mieux en toutes choses le rusé que le grand, le coquet que le tendre, le je ne sais quoi que la vraie beauté.
De tous les livres que Saint-Martin composa et publia en ces années du règne de Louis XVI, il n’en est qu’un seul, L’Homme de désir, imprimé en 1790, qui appelle l’attention des profanes et à la fois des sincères par des beautés vives jaillissant au sein des obscurités et par des espèces d’effusion ou d’hymnes affectifs annonçant un précurseur.
Certes les sens appâtent la beauté ; la débauche, ce faux amour, règne plus que jamais ; ce ne sont que liaisons apparentes ; mais je ne vois plus, surtout dans notre jeunesse, qu’on fasse usage de son cœur ; nuls amis, peu d’amants ; dureté de cœur, ou simulation partout… Où cela va-t-il ?
C’est une jolie estampe à sujet bucolique à mettre entre deux pages de Sully : L’idée qui me reste encore de ces choses-là, nous dit le naïf abbé au commencement de ses Mémoires, me donne de la joie : je revois en esprit, avec un plaisir non pareil, la beauté des campagnes d’alors ; il me semble qu’elles étaient plus fertiles qu’elles n’ont été depuis ; que les prairies étaient plus verdoyantes qu’elles ne sont à présent, et que nos arbres avaient plus de fruits.
Cette influence cessant, une autre qui y succéda passagèrement, celle de Mme Récamier, décida de sa conduite au 19 mars 1815 ; et c’est pour plaire à cette beauté, amie des Bourbons, pour ne pas être éclipsé en zèle royaliste et antibonapartiste auprès d’elle, pour ne pas voir un rival, le guerroyant comte de Forbin, avec son sabre, obtenir un plus gracieux sourire que lui avec sa plume, qu’il se hâta d’écrire ce fameux article du Journal des Débats, et de le faire dans des termes tels qu’il était le seul peut-être de son parti qui ne put se rallier le lendemain à Napoléon, même par les meilleurs et les plus nobles motifs de résipiscence, sans s’exposer à une contradiction flagrante et à un échec moral irréparable.
La réalité donne le motif, les points principaux, en un mot l’embryon ; mais c’est l’affaire du poëte de faire sortir de là un ensemble plein de vie et de beauté.
Ce contraste du roi le plus sombre et le plus despotique, maître de tant de royaumes, et du cœur républicain le plus brûlant, le plus épanoui, le plus vaste, battant pour toute l’humanité et enveloppant dans son amour le monde entier, avec toutes les races futures, visant à réaliser au plus tôt le bonheur de l’espèce ou par le fils, le royal héritier de tant de sceptres, ou directement par le père même dès qu’il se flatte d’avoir action et prise sur lui, ce contraste une fois admis amenait des scènes d’un grand effet et d’une beauté morale saisissante, toujours à la condition de se laisser enfermer dans le cercle magique du poète.
» C’est de lui cette épigramme tant goûtée des connaisseurs sur la Vénus Anadyomède, sur la Vénus d’Apelles : « Échappée à peine du sein de sa mère et encore toute frémissante d’écume, lorsque Apelles eut vu la tendre Cypris, la beauté même, il l’a rendue non pas en peinture, mais toute vive.
Une escorte de vingt-cinq Turcs nous accompagnait, et la beauté de leurs montures et de leurs harnais n’effaçait sûrement pas celle des nôtres.
Malherbe s’était modelé sur la lyre d’Horace ; Corneille se forma sur l’idée du Romain et sur les beautés de Lucain et de Stace ; Racine eut tour à tour en vue Euripide et la Bible adoucie et francisée par Le Maistre de Saci.
Lui qu’on a appelé d’Argenson la bête, il continue le portrait en refusant au comte de Saxe l’esprit : « Il a peu d’esprit, dit-il, il n’aime que la guerre, le mécanisme12, et les beautés faciles.
Ce n’est pas un vieillard comme dans le groupe, mais un homme dans la force et la beauté de l’âge, quarante à quarante-cinq ans : il pleure comme jamais je n’ai vu pleurer du marbre et comme on sent que doit pleurer le père des enfants qu’il ne peut délivrer. — Hippolyte avait observé qu’ils avaient l’air bien jeunes pour les enfants de ce vieillard.
Ces vrais poëtes gagnèrent aux réunions intimes dont ils étaient l’âme, d’avoir dès lors un public, faux public il est vrai, provisoire du moins, artificiel et par trop complaisant, mais délicat, sensible aux beautés, et frémissant aux moindres touches.
Dites, ô vous qui vous montrez les plus sévères, une telle comédie ne ressemble-t-elle pas assez bien aux femmes de Paris elles-mêmes, à ces femmes délicates, élégantes, de haut comptoir ou de boudoir, qui n’ont rien de l’entière beauté à les regarder en détail, grêles, pâles, de complexion peu franche ?
Une ravissante actrice, miss Smithson, apportait et confondait, pour nous séduire, sa jeunesse, son talent, sa grâce idéale, et le charme de toutes ces beautés dramatiques si neuves qu’elle interprétait à nos eux pour la première fois.
Vuillemin et Monnard donnent des suites développées qui s’étendront jusqu’à nos jours, mériterait un examen tout particulier, qui rappellerait utilement l’attention sur ces hauts mérites et ces originales beautés, si austères à la fois et si cordiales de Jean de Muller.
Je satisfais ensemble et peuple et courtisans, Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans ; Par leur seule beauté ma plume est estimée ; Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée, Et pense toutefois n’avoir point de rival A qui je fasse tort en le traitant d’égal17.
Ce que décidément j’aimais dans Mme de Krüdner, c’est l’auteur et le personnage de Valérie, la femme du monde qui souffre, qui cherche quelque chose de meilleur, qui aura un jour sa conversion, sa pénitence, sa folie mystique ; qui ne l’a pas encore, ou qui n’en a que des lueurs ; qui n’a renoncé ni au désir de plaire ; ni aux élégances, ni à la grâce, dernière magie de la beauté ; qui se contredit peut-être, qui essaie de concilier l’inconciliable, mais qui trouve dans cette impossibilité même une nuance rapide et charmante dont son talent se décore.
Il y avait alors à Paris une jeune, belle et riche veuve, madame Guyon, douée d’une beauté rêveuse et mélancolique, d’une âme passionnée et d’une imagination qui cherchait l’amour jusque dans le ciel.
Ce qui se mêle de passion, auxiliaire ou adversaire, à la volonté des héros, l’ait la beauté dramatique du Cid, de Polyeucte, de Cinna.
Une critique plus large, plus profonde, plus juste, qui comprend les religions en dissolvant les dogmes, qui admire la fonction, l’efficacité, la beauté des croyances auxquelles elle retire la réalité de leur objet, une critique non moins rationnelle, plus scientifique et plus savante, plus respectueuse et plus bienveillante précisément à cause de cela, a remplacé la critique voltairienne.
Jadis, quand j’étais beaucoup plus jeune, je concevais mal ce génie-là ; je n’en saisissais point la beauté propre.
Alors, les valeurs restaient subordonnées directement à la personnalité, à sa santé physique et morale, à sa beauté harmonieuse.
Ce monde de la basoche, comme on l’appelait jadis, a sa vie littéraire propre : plaidoyers des avocats, réquisitoires des procureurs, mercuriales des présidents autrefois et des officiers du ministère public aujourd’hui, n’ont pas seulement leur mérite professionnel et leur utilité du moment ; ces discours visent parfois à la beauté ; ils peuvent y atteindre et beaucoup d’entre eux sont dignes de figurer dans le livre d’or de l’éloquence.
Quand Chateaubriand, au début de notre siècle, écrivit son Génie du Christianisme, qui n’est au fond et encore partiellement que le génie du catholicisme, il défendit sa religion en montrant qu’elle était artistique, aimable, qu’elle avait des fêtes charmantes, des cérémonies touchantes, des beautés extérieures de toute espèce.
Pour Manzoni, par exemple, qu’il ne connaissait nullement, quand Le Comte de Carmagnola lui tomba entre les mains, le voilà qui s’éprend, qui s’enfonce dans l’étude de cette pièce, y découvrant mille intentions, mille beautés, et un jour, dans son recueil périodique (Sur l’art et l’Antiquité), où il déversait le trop-plein de ses pensées, il annonce Manzoni à l’Europe.
Et il continue durant deux pages sur ce ton de noël et de litanie : Ô nuit désastreuse pour la grand-chambre, les greffiers, les huissiers, les procureurs, les secrétaires, sous-secrétaires, les beautés solliciteuses, portiers, valets de chambre, avocats, gens du roi, pour tous les gens de rapine !