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905. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Et, comme Roussel insiste et s’étonne, il objecte un voyage en Perse. « Peut-on bien être Persan !  […] Son voyage en Perse semble renvoyé aux Mille et un Jours.

906. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Et nous avons aussi promené notre effort, Sur les sombres sillons, parmi les champs immenses, Nous avons labouré devant les granges d’or, Rêvé les nuits d’hiver aux lenteurs des semences, Scruté, les matins gris, au fond des cieux voilés, Le voyage inconnu que font les pluies nouvelles, Nous avons fait monter de la terre éternelle, Le blé divin, le pain dont vit l’humanité… (La Grande Plainte). […] Henry Bataille (Le Beau voyage, la Chambre blanche) rayonne d’une sensibilité tremblante et mesurée.

907. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Il y arrive à temps pour voir Richelieu mourant, au retour du voyage du Midi, y faire son entrée en litière, avec une pompe voisine des funérailles.

908. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

A sept ans et demi, elle perdit sa mère, qui avait voulu aller mourir à Metz au milieu de sa famille ; car, atteinte d’une maladie de poitrine incurable, cette femme de vertu ne s’abusa pas un moment sur son état, et se disposa à la mort avec calme, comme pour un voyage.

909. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

L’essentiel, le seul point que nous tenions à constater, et que le public peut-être voudra bien reconnaître avec nous, est celui-ci : Somme toute, et à travers les nombreux incidents d’une course déjà longue, la Revue a fait de constants et d’heureux efforts pour se fortifier, pour s’améliorer, et, depuis bien des années déjà, pour réparer par l’importance des travaux en haute politique, en critique philosophique et littéraire, en relations de voyages, en études et informations sérieuses de toutes sortes, ce qu’elle perdait peu à peu en caprice et en fantaisie, ce qu’elle ne perdait pas seule et ce que les premiers talents eux-mêmes, le plus souvent fatigués en même temps que renchéris, ne produisaient plus qu’assez imparfaitement.

910. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

e Choiseul-Gouffier, dans son Voyage en Troade, a tenté quelque chose de tel pour l’Iliade.

911. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

vous cherchez les traces que l’humanité a laissées dans sa marche ; vous voulez saisir la direction et le but du mystérieux voyage ; vous aspirez à en assigner la raison et la loi ; et dès le premier pas que vous faites dans cette recherche, voilà que vous ne tenez aucun compte des points radieux et des sommets où elle s’est posée avec complaisance ; vous ne daignez voir ni l’Himalaya, ni l’Ithome et le Lycée, ni le Sina, ni le Calvaire, ni le Capitole ; mais vous vous inquiétez beaucoup de quelque vallée obscure, de quelques jardins philosophiques, où elle ne s’est pas même arrêtée !

912. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Une rechute se produit et encore il « se rétablit en quelques jours » au point d’avoir l’idée d’un voyage à Londres.

913. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Voir dans les Voyages de Caillaud en Nubie et en Abyssinie les razzias d’esclaves faites par les armées du pacha ; tel était à peu près le spectacle que donnait l’Europe de 800 à 900.

914. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Il aimerait peu la jeune fille anglaise ou américaine, qui a du muscle, qui voyage seule, qui veut, qui décide, qui ose.

915. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Les Gelosi furent libres alors de continuer leur voyage.

916. (1842) Essai sur Adolphe

Il sait, il a réfléchi, il a rêvé pour l’avenir bien des voyages dont il ne voudrait plus maintenant, bien des gloires qu’il dédaigne aujourd’hui comme s’il les avait usées ; il a vu passer dans ses songes des femmes adorées qui se dévouaient à son amour, dont il buvait les larmes, et qui de leurs cheveux dénoués essuyaient la sueur de son front.

917. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Jésus sans contredit n’apprit rien dans ces voyages.

918. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

D’autres fois, on lui créait dès le berceau des relations avec les hommes célèbres, Jean-Baptiste, Hérode le Grand, des astrologues chaldéens qui, dit-on, firent vers ce temps-là un voyage à Jérusalem 688, deux vieillards, Siméon et Anne, qui avaient laissé des souvenirs de haute sainteté 689.

919. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Nous supposons que cette dernière phase de l’activité de Jésus dura environ dix-huit mois, depuis son retour du pèlerinage pour la Pâque de l’an 31 jusqu’à son voyage pour la fête des Tabernacles de l’an 32 768.

920. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Parlant d’un voyage qu’elle faisait en 1672, et où elle regrettait la compagnie de son aimable cousin de Coulanges : « Pour avoir de la joie, écrivait-elle, il faut être avec des gens réjouis.

921. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Il composa ses élémens de mathématiques dans un voyage qu’il fit à pied de Grenoble à Paris.

922. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

C’est que la vie est un voyage, et le tombeau le séjour du repos.

923. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

On a dit que le propre de l’esprit français est d’éclaircir, de développer, de publier les vérités générales ; que les faits découverts en Angleterre et les théories inventées en Allemagne ont besoin de passer par nos livres pour recevoir en Europe le droit de cité ; que nos écrivains seuls savent réduire la science en notions populaires, conduire les esprits pas à pas et sans qu’ils s’en doutent vers un but lointain, aplanir le chemin, supprimer l’ennui et l’effort, et changer le laborieux voyage en une promenade de plaisir.

924. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Ce dernier passage doit nous faire entendre combien devaient être faciles ces longs voyages dans lesquels Pythagore alla, dit-on, consulter en Thrace les disciples d’Orphée, en Perse les mages, les Chaldéens à Babylone, les Gymnosophistes dans l’Inde, puis en revenant, les prêtres de l’Égypte, les disciples d’Atlas dans la Mauritanie, et les Druides dans la Gaule, pour rentrer enfin dans sa patrie, riche de toute la sagesse barbare 22.

925. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Dans ses voyages, le jeune Lesbien se serait épris de passion pour une fille de Thrace, Rhodope, alors esclave dans la colonie grecque de Naucratis, en Égypte.

926. (1887) Essais sur l’école romantique

Un nuage, gros des vengeances divines, commence, « sous le souffle de Dieu », son immense voyage. […] Courses, pays lointains, voyages, folle envie ! C’est assez d’accomplir le voyage éternel. […] « Un voyage en Angleterre acheva ma conversion. […] Nous doutons que cette sorte de précocité que peuvent donner à un enfant les déplacements et les voyages soit favorable au développement des talents solides.

927. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Convaincu de la folie de ses premières espérances, il voulut voyager, et crut, dans l’ingénuité de son cœur, que les voyages le guériraient, que l’image de la femme aimée pâlirait peu à peu, et peut-être un jour finirait par s’effacer de sa mémoire. […] Ainsi le voyage, au lieu de le calmer, au lieu de le guérir, redoublait son trouble et son agitation. […] Bulwer place précisément Ernest Maltravers et Lumley Ferrers dans la situation la plus invraisemblable, car il les soumet à l’intimité de voyage. […] Au lieu de se plier avec empressement à tous les caprices de son compagnon de voyage, il lui prodigue non seulement les conseils, mais les remontrances. […] Mais je lui conseille, dans l’intérêt de son amour-propre, de ne plus parler de ses voyages.

928. (1885) L’Art romantique

Je savais qu’il avait été longtemps attaché à un journal anglais illustré, et qu’on y avait publié des gravures d’après ses croquis de voyage (Espagne, Turquie, Crimée). […] Il me dit cela d’ailleurs comme il dit toute chose, fort tranquillement, et du ton qu’un autre aurait pris pour s’informer si je préférais la lecture des voyages à celle des romans. […] Comme critique, Théophile Gautier a connu, aimé, expliqué, dans ses Salons et dans ses admirables récits de voyages, le beau asiatique, le beau grec, le beau romain, le beau espagnol, le beau flamand, le beau hollandais et le beau anglais. […] Que dirons-nous du récit de Tannhäuser, de son voyage à Rome, où la beauté littéraire est si admirablement complétée et soutenue par la mélopée, que les deux éléments ne font plus qu’un inséparable tout ? […] Mais les quelques sifflets ont courageusement persisté, sans motif et sans interruption ; l’admirable récit du voyage à Rome n’a pas été entendu (chanté même ?

929. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

. — Il fait un voyage à Besançon pour prendre des leçons de composition de l’abbé Blanchard ; va voir un parent à Genève et son père à Nyon (deuxième visite) ; revient à Chambéry ; fait plusieurs voyages à Genève, à Lyon, à Nyon, tantôt pour son plaisir, tantôt pour les affaires de madame de Warens. […] C’est dans le voyage que fit Jean-Jacques à Genève en 1754. […] Elle manquait d’argent pour achever son voyage ; je n’avais pas sur moi ce qu’il fallait pour cela ; je le lui envoyai une heure après par Thérèse. […] Émile voyage donc « pour étudier les gouvernements et les mœurs ». Il rapporte de ses voyages un résumé du Contrat social — et cette pensée, entre autres, qui est peut-être vraie, mais qui semble peu démontrable : « La France serait bien plus puissante, si Paris était anéanti ».

930. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Son instinct l’avait ensuite poussé vers les voyages. […] Homme fait, il entreprend de lointains voyages et va se jeter au milieu des solitudes de l’Amérique. […] Il l’avait connu en 1801, dans un voyage qu’il avait fait à Paris. […] Mais ni le plaisir, ni les voyages ne l’arrachent à son incurable tristesse. […] Dans son voyage en Italie, quelles furent ses impressions ?

931. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

. — Ainsi le passage du Voyage en Italie sur la Niobé de Florence où il parle des « morts que chacun de nous porte enterres dans son cœur… ainsi le morceau de Graindorge qui commence : « Puissances invincibles du désir et du rêve ! […] J’étais persuadé, — ainsi l’atteste ce début d’Outre-Mer auquel j’ai fait allusion déjà, — que j’allais revenir de ce voyage, définitivement acquis à un système qu’encore une fois, je ne discuterais même pas, si je le voyais confirmé par les faits. […] Pour ma part, j’en suis persuadé, et que la thèse psychologique qui circule d’une extrémité à l’autre de cette œuvre si contrastée en apparence, d’Un Homme libre au Voyage à Sparte, n’a pas fini de porter tous ses fruits. […] Lorenzaccio fut conçu à Florence et exécuté à Venise, au cours même du funeste voyage.

932. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Le bien-être, le loisir, l’instruction, la lecture, les voyages, tout ce qui était le privilége de quelques-uns devient le bien commun du grand nombre. […] Une fois, traversant Magus-Moor, près de Saint-Andrews, l’esprit me poussa à décrire l’assassinat de l’archevêque de Saint-Andrews à quelques voyageurs dont je me trouvais le compagnon par hasard, et l’un d’eux, quoiqu’il sût bien cette histoire, protesta que mon récit l’avait empêché de dormir. » Entre autres excursions studieuses, il fit pendant sept ans un voyage chaque année dans le district sauvage et perdu de Liddesdale, explorant chaque ruisseau et chaque débris, couchant dans la hutte des bergers, ramassant des légendes et des ballades. […] Nous reconnaissons, si vous voulez, que vos sentiments sont intéressants ; encore pourriez-vous vous dispenser de nous les faire passer tous en revue. « Hier, j’ai lu le Parfait pêcheur de Walton ; sonnet. —  Le dimanche de Pâques, j’étais dans une vallée du Westmoreland ; autre sonnet. —  Avant-hier, par mes questions trop pressantes, j’ai poussé mon petit garçon à mentir ; poëme. —  Je vais me promener sur le continent et en Écosse ; poésies sur tous les incidents, monuments, documents du voyage. » Vous jugez donc vos émotions bien précieuses, que vous les mettez toutes sous verre ? […] de l’âme et de Dieu, et lui conte l’histoire d’une bonne femme morte de chagrin dans sa chaumière ; puis avec un solitaire, sorte d’Hamlet sceptique, morose, attristé par la mort des siens et les déceptions de ses longs voyages ; puis avec le pasteur, qui les mène au cimetière du village et leur décrit la vie de plusieurs morts intéressants.

933. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Il voyage sous le pseudonyme de « M. de Ronac » (anagramme de Caron, le nom de son père), avec un domestique anglais qui sait l’allemand et qu’il a eu soin d’attacher à sa personne lorsqu’il était à Londres. […] À Nuremberg, il refuse aussi l’assistance des hommes de l’art ; l’aubergiste du Coq-Rouge, le voyant saigner, offre d’aller quérir un médecin ; Figaro s’y oppose, se contente de taffetas d’Angleterre, qu’il s’applique sur le menton, fait sa déposition avec une fiévreuse impatience et poursuit son voyage. […] Le président Hénault, qui conte cela, nomme ce beau jeu « la fête des chapeaux » ; le sien, plus d’une fois, dut faire le voyage. […] Catulle, à cet égard, ne fait point exception à la règle ; le cri de joie qu’il a poussé, à son retour de Bithynie, en revoyant son lac, son île, son royaume, n’atteste que la satisfaction de se reposer après les fatigues du voyage. […] Peut-être la campagne, quelques voyages que je suis obligé de faire cet été me feront-ils du bien ; peut-être me détruiront-ils peu à peu : tant mieux encore !

934. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Jusqu’à la petite carrière, le voyage fut très long. […] Il s’imagina la traversée, le voyage indépendant, l’escale à Fort-de-France, l’arrivée à Saint-Nazaire dans la belle saison, puis son débarquement à Vérigny… Maman était à la gare. […] Quatre mois de congé, non compris le voyage ! […] Sitôt après ce petit voyage, je compte bien retourner près de ma Germaine que je supplie de ne pas s’énerver, de songer à la joie du grand jour. […] L’œuvre : un « Voyage au Val d’Andorre » et deux rapports édités par l’Imprimerie nationale du temps où Loisillon était surintendant des Beaux-Arts.

935. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

La reine secouée par les émotions du voyage, de la fuite, a dormi tout le jour, se réveille vers cinq heures, vient sur le balcon, et dans la splendeur d’un jour d’été parisien, voit les Tuileries en ruines au bout d’un grand jardin tout en joie, ces Tuileries où elle est venue, il y a dix ans, toute jeune mariée, où elle a dansé avec son cousin Maximilien quelque temps avant son départ pour le Mexique ! […] On s’en va faire un voyage de trois mois, passer une saison à Vichy ou à Dieppe, et crac, au retour transformation. […] C’est un recueil de nouvelles, d’impressions, de notes de voyage dont : Pasquala Ivanovitch, le Voyage de quatre officiers de l’escadre internationale au Monténégro et Suleïma, forment l’ensemble. […] Les meilleurs morceaux de ce livre sont incontestablement : Dans les bois, Nuit d’hiver, Voyage chez M.  […] Tout le monde, jusqu’au roi, remarqua ces fréquents voyages.

936. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

A voyagé en Perse, parce qu’on lui a dit qu’un voyage en Perse était quelque chose de select. […] Chateaubriand, dans son voyage d’Amérique, n’a vu que des Français, des sauvages, des fleuves, des forêts vierges et des cataractes. […] Le voyage d’Amérique, pour un Français, est proprement un voyage aux Antipodes. […] J’allais, le long de la côte ligurienne, au retour d’un voyage dont les visions n’avaient point effacé les images gravées dans ma mémoire par les premières pages de cet émouvant récit. […] Allons à ma bibliothèque. » » En quelques voyages, nous rapportâmes des brassées de volumes, les documents de l’histoire romaine.

937. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Il marche vite, le buste en avant, l’œil en voyage, quêtant sans cesse à droite et à gauche. […] Lorsque Emma fait le voyage de Rouen, il part avec elle, — il la surprend se dérobant au fond de ce fiacre où Léon s’ennuie déjà, et dont les stores de calicot bleu les garderont tout à l’heure contre la pudeur publique. […] Il résiste, il répond à sa vieille maîtresse que son voyage est une folie et du temps perdu, qu’aujourd’hui il aime Hermangarde, Hermangarde seule ! […] — Voyage à travers les Revues […] Artiste, voyage à l’étranger, pour mieux voir ton pays.

938. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

La description vivante et réelle appliquée au paysage est déjà dans Bernardin de Saint-Pierre (Paul et Virginie et le Voyage à l’île de France). […] En voyage, il n’oublie pas le grignotement de la pluie sur la capote de sa voiture. […] Chateaubriand s’est formé par l’assimilation de Bernardin de Saint-Pierre, en étendant, en repétrissant, en poussant la description de Paul et Virginie, des Harmonies, des Études et des Voyages. […] (Bernardin de Saint-Pierre, Voyage à l’Île de France.) […] (Volney, Voyage en Syrie.)

939. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Hernani est une tragédie dont la scène voyage en plusieurs endroits. […] George Sand, qui n’était pas prude, l’ayant rencontré lors de son voyage en Italie avec Musset, fut révoltée de la crudité de son langage. […] Encore les enfants d’aujourd’hui reprochent-ils aux « Voyages extraordinaires » de Jules Verne d’être trop extraordinaires et de mêler trop de rêveries à trop peu de données positives ! […] On a souvent cité cette belle page du Voyage en Italie : « Que de ruines et quel cimetière que l’histoire ! […] Il était homme à revenir de voyage pour s’entendre décerner un prix dans une exposition.

940. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Puis le mariage suivi d’un voyage en Italie, où il manque toujours le couronnement de l’édifice. […] Un peu de mon enfance m’est revenu, un souvenir de ces voyages, où la nourrice (qui avait élevé mon frère) mangeait avec nous. […] C’est la loterie de la princesse, la distribution de ses étrennes à sa société, au hasard d’un tirage de cartes : 32 lots comprenant des bracelets, des robes de velours, des nécessaires de voyage, des tapis, des lampes, etc.

941. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Rigaud Kair, capitaine au long cours, me témoignant son regret de ne pouvoir assister à mon banquet, sous la menace de reprendre la mer, au premier jour, et m’offrant « en remerciement de sa respectueuse gratitude pour les joies intellectuelles, que mes œuvres, compagnes fidèles de tous ses voyages, lui ont procurées », m’offrant un dessin de Pouthier, l’Anatole de Manette Salomon. […] Et un dîner très amusant, très cosmopolite, très parlant à la curiosité de l’estomac : un potage bulgare aux olives, dont Mme Ménard-Dorian a rapporté la recette de ses voyages, des boudins blancs de brochets, truffés, des canards à la purée de foie gras, etc., etc. […] Dimanche 19 mai Georges Lecomte cause de son voyage en Andalousie, où l’Andalous fait l’œil à la femme, et la pince et la pelote sur la voie publique.

942. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Après un voyage d’un an en Allemagne et un long séjour dans le Périgord, il revint à Paris et publia en 1885 son premier volume intitulé : Poètes modernes de l’Angleterre. […] Il trompa souvent aussi sa nostalgie de l’idéal par le voyage, par l’envolée vers un ailleurs toujours cherché, et toujours fuyant, jusqu’au jour où son âme, arrivant à voir le monde sub specie æterni, trouva enfin le repos dans la contemplation des vérités intelligibles. […] Délivré de son fol amour par le voyage et par la nature, il écrit ces strophes exquises et si fines !

943. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Les voyages dont son mari est revenu la tentent à son tour. […] Un homme est en voyage, ayant laissé un enfant malade, ne pensera-t-il pas à cet enfant cent fois le jour, n’en rêvera-t-il pas ? […] Morton-Fullerton souhaiterait que l’on fît faire aux jeunes gens des voyages en France, des voyages historiques : son livre serait pour ces excursions le meilleur des guides. […] Il saccage la maison, il prohibe tout voyage, tout déplacement un peu long. […] Un Voyage en France (M. 

944. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Ampère, qui voyage en ce moment dans je ne sais quel coin du monde, était un esprit et un caractère qui échappent, par leur perfection, au portrait ; il y avait en lui du saint Jean par la candeur et l’attachement, du jeune homme par la chaleur d’amitié, du vieillard par la sûreté, du savant par la science héritée de son père, du poète par l’imagination, du voyageur par la curiosité désintéressée de son esprit, du politique par la sévérité antique des opinions, de l’amant par l’enthousiasme, de l’ami par la constance, de l’enfant par le dévouement volontaire. […] Madame Récamier ne put sans doute ignorer toutes ces inconstances de goût qui ne furent peut-être pas des inconstances de cœur ; nous croyons, sans oser l’affirmer, que le chagrin qu’elle dut en ressentir explique seul son éloignement de Paris et son second voyage à Rome, à l’époque la plus triomphante du séjour de M. de Chateaubriand à Paris.

945. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

XVIII Et maintenant, jeune amateur, qui nous as donné ce beau livre de tant d’âme, de recherches, de voyages, d’érudition et de muet enthousiasme, retourne dans la solitude de Saint-Lupicin où t’attendent de nombreuses inspirations ! […] C’est à pareil jour qu’il revint l’année dernière de ses voyages sans but à travers le monde, dont il ne rapporte jamais, dans sa valise, que des pierres cassées, des dessins à la plume ou des écritures à lignes inégales qui font chanter ou pleurer ceux qui les lisent.

946. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

C’est un voyage à travers la boue, où le lecteur s’embourbe avec l’architecte. […] Le Progrès marche ; il fait le grand voyage humain et terrestre vers le céleste et le divin ; il a ses haltes où il rallie le troupeau attardé ; il a ses stations où il médite, en présence de quelque Chanaan splendide dévoilant tout à coup son horizon ; il a ses nuits où il dort, et c’est une des poignantes anxiétés du penseur de voir l’ombre sur l’âme humaine, et de tâter dans les ténèbres, sans pouvoir le réveiller, le Progrès endormi.

947. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

IV On voit que Montesquieu ne se montrait pas extraordinairement sévère sur le choix de ses connaissances, pendant son voyage ; le scepticisme de son esprit ne fit que s’accroître, et l’on raconte que, dans la ville éternelle, il dégagea spirituellement sa bourse des étreintes de la fiscalité du Vatican. […] Dans les pays du Nord, une machine saine et bien constituée, mais lourde, trouve ses plaisirs dans tout ce qui peut remettre les esprits en mouvement, la chasse, les voyages, la guerre, le vin.

948. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Nous constatons que l’enfant n’est plus exalté par des récits de bataille, mais remué et intéressé par des descriptions de voyages en ballon, de descentes de plongeurs au fond des océans. […] Dans un voyage, à la suite de l’Empereur, je crois, à Cherbourg, il allait voir Saint-Malo, en compagnie d’un vieux vaudevilliste.

949. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

IV Mme de Staël vécut des années dans un intime et forcé tête-à-tête avec les Alpes et leur virginale neige, leurs mystérieux précipices et leurs mélancoliques sapins, sans en être plus inspirée que ça : elle ne découvrit les beautés de la nature qu’après un voyage en Italie, qu’après surtout des études à bâtons rompus de métaphysique kantienne, que l’on introduisait en France pour l’opposer au matérialisme rendu responsable des crimes et des horreurs de la révolution. […] Ossian avait mis l’Écosse à la mode et l’on parlait de la Grèce dont on rapportait à Paris les statues dérobées en Italie par Bonaparte ; le nombre considérable de voyages pittoresques, scientifiques et de découvertes publiées à l’époque indiquait clairement le goût du public.

950. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Seigneur, la douce familiarité qui règne dans votre conversation m’enhardit à vous faire quelques questions : Pourrions-nous savoir de quelle noble famille vous faites l’ornement ; quelle contrée est actuellement dans le deuil, à cause de votre absence ; et quel motif, vous, dont toutes les manières annoncent une délicatesse exquise, a pu vous déterminer à entreprendre un voyage pénible, pour visiter cette forêt consacrée aux plus rudes austérités ? […] « Que son voyage soit heureux ; que l’ombre épaisse des grands arbres lui offre dans tout son trajet un abri impénétrable aux rayons du soleil ; qu’un doux zéphyr, rasant la surface limpide des lacs tout couverts des larges feuilles du lotus azuré, leur dérobe pour elle une rosée rafraîchissante, et qu’il endorme ses fatigues à son souffle caressant ; puissent ses pieds délicats ne fouler dans sa marche paisible que la poussière veloutée des fleurs ! 

951. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Ramsai, éleve & ami de Fenelon, donna les Voyages de Cyrus, roman moral, roman politique, écrit d’une maniere languissante, & où l’auteur étale plus d’érudition que de génie. […] Parmi les éleves de ces Poëtes négligés, il faut compter Chapelle, génie heureux, génie facile ; mais qui à son voyage de Provence près, où même tout n’est pas bon, n’a fait que des choses médiocres.

952. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

J’ai compulsé avec soin les plus anciens voyages, et n’ai pas encore fini mes recherches ; mais jusqu’ici, à l’exception des quelques animaux domestiques que possèdent les indigènes, la Nouvelle-Zélande mise à part, je n’ai pas trouvé un seul témoignage certain de l’existence d’un mammifère terrestre sur des îles éloignées de plus de 300 milles d’un continent ou d’une grande île ; et beaucoup d’îles, situées à une distance beaucoup moindre, en sont de même totalement dépourvues. […] Ainsi les diverses îles du groupe des Galapagos sont habitées par des espèces dont les affinités sont réellement étonnantes, ainsi que je l’ai démontré dans, mon Journal de Voyage.

953. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Ce sera, par exemple, un spectacle auquel nous assistons en voyage, surtout si le voyage a été improvisé.

954. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

La campagne de 1692 fut la dernière de Louis XIV qui mérite ce nom ; car celle de l’année suivante ne parut qu’un voyage brusquement interrompu.

955. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

On nous les montre de loin en voyage ; mais, arrivés à Paris, une voix, qui sort de toutes parts, s’élève et leur dit : C’est ici qu’on cherche l’or, ne le voyez-vous pas ?

956. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

On souffre de voir cet homme distingué et qui promettait presque un grand homme, si à la gêne et si peu favorisé de la fortune qu’il ne peut faire un voyage en Angleterre, où l’appelleraient ses études et aussi des médecins à consulter pour ses yeux et pour ses autres infirmités ; on souffre de le voir ne venir d’abord à Paris qu’à la volée et n’y rester que peu de temps par les mêmes raisons misérables.

957. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Ainsi elle racontait gaiement ce voyage de Rome à Naples, dans lequel, sur toute la route, elle prit, sans s’en douter, les relais préparés pour le duc d’Otrante.

958. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Il s’accommode de ce qu’on lui sert à table en voyage ; il s’accommode de toutes les personnes qu’il rencontre, pourvu que ce soient d’honnêtes gens, socialement parlant.

959. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Non content d’écrire à Louvois pour réclamer des mesures de rigueur, et avant même d’avoir la réponse, Foucault s’adresse au Père de La Chaise pour lui suggérer d’autre part des moyens auxiliaires plus doux ; il propose non plus ici des cavaliers et des dragons, mais d’autoriser une conférence, par exemple, où les points controversés soient agités, disant que les ministres et les principaux religionnaires de ces contrées ne cherchaient qu’une porte honnête pour rentrer dans l’Église : « Ceux, ajoute-t-il, qui sont les plus considérés et les plus accrédités dans le parti m’ont assuré que c’était la seule voie qui pût faire réussir le grand projet des conversions ; que celles de rigueur, de privation des emplois, les pensions et les grâces seraient inutiles. » Dans un voyage qu’il fait à Paris, il en parle également au chancelier Le Tellier, lequel a d’ailleurs peu de goût pour Foucault, et qui ferme l’oreille à sa proposition : « Il la rejeta absolument, disant qu’une pareille assemblée aurait le même succès que le Colloque de Poissy ; que le pape trouverait mauvais que l’on fît une pareille conférence sans sa participation, et me défendit d’en parler au roi.

960. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Il y eut par suite à Sicca un rassemblement inusité, qui ressemblait à une halte de tout un ramas de peuples en voyage.

961. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

C’est un ami en voyage qui écrit à son ami.

962. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Les Horizons prochains ; — les Horizons célestes ; — Vesper ; — les Tristesses humaines ; et aujourd’hui enfin les Prouesses ou Voyages de la Bande du Jura, c’est-à-dire de la société active, honnête, rieuse et vaillante, amoureuse de la nature, amoureuse des œuvres de Dieu, qui se réunit et se groupe chaque été autour de la châtelaine de Valleyres. — (Michel Lévy.)

963. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

On dirait même qu’il a d’avance quelque pressentiment de ce que notre siècle a ressaisi et remis en lumière des mystères ensevelis de l’antique Égypte ; il exhorte Louis XIV à faire fouiller la Thébaïde ; il est très au courant pour son temps, il cite les Voyages publiés par M. 

964. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Il est guéri, et il est à Melun pour la profession de sa seconde fille… » Ce voyage de Melun et les émotions qu’il y éprouva causèrent bien de la fatigue à Racine.

965. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

— Aurais-je assez pour sacrifier deux mille écus à un voyage ?

966. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Si la vie est le but, pourquoi donc sur les routes Tant de pierres dans l’herbe et d’épines aux fleurs ; Que, pendant le voyage, hélas !

967. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Léon Daudet, qui a signé ce beau volume des Idées en marche, renouvelé le roman d’aventures symboliques avec le Voyage de Shakespeare, et créé une forme nouvelle de livre sentimental avec cette admirable, nerveuse et poignante Romance du temps présent, serait un critique de premier ordre, capable d’établir la synthèse du roman à notre époque.

968. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

La pièce la plus remarquable que représenta la troupe de Giuseppe Bianchi, à ce voyage, fut une œuvre demi-comique, demi-lyrique, intitulée : La Finta Pazza (la Folle supposée), représentée au Petit-Bourbon, le 14 décembre 1645.

969. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

On lit, par exemple, dans les comptes de 1688 : « À Cinthio, comédien italien, tant pour lui que pour ses compagnons, pour cinq comédies jouées à Versailles pendant les six derniers mois de 1688… 390 liv. » Il n’est pas besoin de dire qu’ils étaient indemnisés de leurs frais de voyage, nourriture, logement, etc.

970. (1890) L’avenir de la science « XII »

Un jour, ma mère et moi, en faisant un petit voyage à travers ces sentiers pierreux des côtes de Bretagne qui laissent à tous ceux qui les ont foulés de si doux souvenirs, nous arrivâmes à une église de hameau, entourée, selon l’usage, du cimetière, et nous nous y reposâmes.

971. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

C’est à ce besoin de changement que répondent mille choses dans la vie de tous les jours : l’institution des récréations et des vacances dans les écoles ; l’habitude d’entremêler dans l’enseignement divers sujets d’études, histoire, langues, mathématiques ; les brusques volte-face de la mode ; le goût des voyages et des jeux ; les règles de rhétorique qui recommandent à l’écrivain de réveiller l’attention par la diversité des tournures, etc.

972. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Les œuvres de Richard Wagner Le Hollandais volant Alors que le Pleurant hurlait dans les chemins A cause du voyage entrepris sur les fleuves Par l’héroïque enfant nourri du lait des Veuves, J’ai des temples sans murs subi les examens.

973. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Avant le chapitre de Benjamin Constant, il y aurait encore à faire celui du voyage d’Italie en 1813, le séjour à Rome, la liaison avec Canova, le marbre de celui-ci, qui cette fois, pour être idéal, n’eut qu’à copier le modèle ; puis le séjour à Naples auprès de la reine Caroline et de Murat.

974. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Lorsqu’il eut été élu malgré lui archevêque de Cantorbéry le 6 mars 1093, pendant un voyage qu’il faisait en Angleterre (l’Angleterre alors et la Normandie n’étaient presque qu’un même pays depuis la conquête), Anselme ne trouva point en lui toutes les qualités et les ressources nécessaires à sa position nouvelle ; en gardant toutes ses vertus, il ne sut point les armer suffisamment pour les conflits et les combats du siècle ; cette haute dignité ecclésiastique de primat d’Angleterre, à laquelle il dut un surcroît de célébrité, un mélange d’éclat et de disgrâce, deux exils, des retours triomphants et bénis, et finalement sa canonisation peut-être, cette haute dignité nous le montre plutôt inférieur à lui-même et dépaysé dans les affaires, craintif, obstiné et indécis, débile sinon d’âme, du moins de caractère.

975. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Ils annonçaient alors un roman qui n’a jamais paru, le Camp des Tartares ; ils faisaient des comptes rendus de théâtre (le Joseph Prudhomme de Monnier à l’Odéon), des notes bibliographiques ; parfois même ils chroniquaient tout simplement comme dans leur Voyage de la rue Lafitte à la Maison d’Or, et une citation gaillarde les menait en police correctionnelle.

976. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Il songeait à passer en Angleterre ; il apprenait même la langue anglaise, lorsque les bienfaits de M. le duc de Bourgogne le retinrent en France, et sauvèrent à sa vieillesse les désagrémens de ce voyage.

977. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

On voit, du reste, par son Voyage en Hollande, que, s’il n’était pas ami du déplacement, lorsqu’il se déplaçait, il mettait son temps à profit pour se rendre compte, non des particularités pittoresques, mais des choses utiles : mœurs, coutumes, produits, revenus, industrie, établissements publics, etc.

978. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

À l’exemple du célèbre Voyage en France et en Italie, le récit de la moindre Excursion dans les provinces occidentales de France par Brune, ou même d’une simple Promenade de Lausanne à Yverdun par Vernes était tenu d’être Sentimental.

979. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Tout le rouge et le noir sortira de rapports dans ce genre, et Taine, grand lecteur de Stendhal et, lui, de formation très livresque, s’en inspirera évidemment (le Voyage en Italie nous rend les mémoires d’un touriste surchargés de pâte oratoire).

980. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

S’il se rencontre parmi eux un Milton, c’est que par ses vastes curiosités, ses voyages, son éducation encyclopédique, surtout par son adolescence trempée dans la grande poésie de l’âge précédent, et par son indépendance d’esprit hautainement défendue même contre les sectaires, Milton dépasse la secte. […] VI Après la Bible, le livre le plus répandu en Angleterre est le Voyage du Pèlerin par le chaudronnier Bunyan. […] Le Voyage du Pèlerin est un manuel de dévotion à l’usage des simples, en même temps qu’une épopée allégorique de la grâce. […] Voyage de Misson, 1700. […] C’est un cercle perpétuel en Allemagne ; boire en Allemagne, c’est boire toujours. » (Misson, Voyage en Italie.)

981. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Ainsi tout ce qui tend à élever un homme au-dessus de ce qu’il se croyoit, est pour l’esprit humain une espèce de triomphe qui le flatte ; & nous aimons jusqu’aux images physiques, quand nous pouvons nous familiariser avec des objets grands & terribles sans aucun danger, comme avec une bataille, un voyage dans les mers du Pôle, un dans la solitude effrayante des forêts. […] Que la carriere des Lettres semble auguste & belle, quand on forme le dessein de la parcourir sans blesser ses compagnons de voyage ! […] Dès que l’action commence, je ne me règle plus sur l’horloge, je me remets entièrement entre les mains du Poète ; je suis sa marche progressive ; il est maître de faire couler les heures à son gré ; il me fera de même franchir les distances : car je n’aurai pas plus de peine à combler l’intervalle du tems ; j’obéis à sa voix qui devient sa règle : car il faut que ma pensée voyage ; ou qu’elle se figure que les personnages arrivent là. […] L’exemple de nos voisins plus rapproché de nous, la lecture de voyages nouveaux, les Gazettes multipliées, remplies de faits extraordinaires ou singuliers ; le mélange de tous les peuples de l’Europe, tout nous a appris que chacun avoit sa manière de voir, de juger, de sentir, & tel caractère bisarre qui nous frappoit, s’est trouvé vulgaire chez nos voisins, & conséquemment justifié par leur conduite. […] Les voyages dans la mer du Sud, ont déjà fait rêver les moralistes.

982. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

La sienne est peut-être plus rare, parce qu’avec la réunion de toutes les qualités qui portent le génie à ces hardis voyages de découvertes, il s’est tenu dans les limites du bon sens, dans une assiette d’où n’ont pu le déranger ni l’ardeur des méditations solitaires, ni les disputes, ni la gloire. […] Né et élevé à Dijon, il fut envoyé à Paris l’année même où Richelieu y venait de son voyage dans le Languedoc. […] Les livres saints étaient sa nourriture journalière ; il les emportait dans ses voyages, et, rentré chez lui, il jetait sur le papier, pour de futurs mouvements d’éloquence, ses impressions et ses pensées. […] Le mot me coûte à dire, et j’en ai presque du regret, surtout après avoir lu, dans un livre très instructif (*), le récit des scandales que suscita dans la ville de Dijon la propagation des doctrines et des désordres du quiétisme, à la suite de deux voyages qu’y lit Mme Guyon, accompagnée du père Lacombe.

983. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Ayant connu la joie et le mal du voyage, Je ne puis jamais plus être que de passage… Mais d’abord, dans Occident, la poétesse prend contact avec la nature, c’est-à-dire prend conscience d’elle-même. […] … Elle songe à son enfance le long des prés et des haies, aux bateaux qui « traînent des senteurs de voyages fabuleux ». […] Les rideaux sont tirés sur l’odorant silence, Où l’heure au cours égal coule avec nonchalance, ……………………………………………………………………………………… Mon existence est comme un voyage accompli… Tes cheveux sont plus beaux qu’une forêt d’automne… Ta robe verte a des frissons d’herbes sauvages, Mon amie, et tes yeux sont pleins de paysages. […] Elle voyage, et à côté d’elle son amour regarde et s’accoude aux balcons : Il prête un accent cruel et divin Aux parfums des jours, au bruit des jardins, À l’âcre plaisir de se sentir loin.

984. (1883) Le roman naturaliste

Ils sont mariés : dès le retour du voyage de noces, la jeune femme tombe sous la tyrannie d’une belle-mère contre la domination de laquelle Adolphe, retenu par le respect filial, et quelque reste aussi de crainte puérile, ose à peine la défendre. […] L’enfant grandit, on l’embarque, il s’éloigne à son tour ; le mousse devient marin ; chacun de ses voyages renouvelle au cœur de Félicité de terribles angoisses. […] — J’excepte ici de la généralisation Gil Blas et Manon Lescaut, à titre d’œuvres uniques, ou plutôt isolées, qui n’ont point fait école, de la même façon que, dans l’histoire du roman anglais, on en excepterait Robinson Crusoé et les Voyages de Gulliver. […] Elle ne sert plus d’une distraction pour l’œil ou pour l’imagination du lecteur ; elle n’est pas davantage offerte à sa curiosité comme un souvenir des lointains voyages ou comme un témoin des infinies lectures de l’auteur ; elle devient l’expression d’une correspondance intime entre les sentiments et les sensations des personnages qui sont en scène. […] C’est feu Wafflard, l’auteur du Voyage à Dieppe, qui n’aurait pas osé se permettre une semblable phrase ; ou, s’il l’avait commise, ç’aurait été qu’il voulait rire ; et M. de Goncourt, de quoi je le plains de tout mon cœur, est sérieux, et très sérieux.

985. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Là du moins s’exécute le voyage merveilleux du poète qui passe des profondeurs de l’enfer jusqu’aux sommités du ciel, et qui redescend sur la terre en héros de sa fiction terrible. […] Je ne partage pas l’opinion de ceux qui ont blâmé l’entrevue de Henri et d’Élisabeth : le héros avait reçu des secours de cette illustre reine d’Angleterre et son court voyage chez elle acquiert assez de vraisemblance pour le poète, qui ne doit pas s’astreindre à l’exactitude de l’historien. […] Mais il faut avouer qu’une île enchantée, dont Vénus est la déesse, et où des Nymphes caressent des matelots après un voyage de long cours, ressemble plus à un Musico d’Amsterdam qu’à quelque chose d’honnête. […] Ignore-t-on que ces voyages ténébreux passaient chez les anciens pour une simple allégorie des épreuves effrayantes que subissent les hommes illustrés par les hauts faits et les vertus ? […] Le voyage d’Astolphe dans la Lune.

986. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Molière, dans le Misanthrope, a cent fois plus de génie que qui que ce soit ; mais Alceste n’osant pas dire au marquis Oronte que son sonnet est mauvais, dans un siècle où le Miroir critique librement le Voyage à Coblentz, présente à ce géant si redoutable et pourtant si Cassandre, nommé Public, précisément le portrait détaillé d’une chose qu’il n’a jamais vue et qu’il ne verra plus. […] Un Anglais qui voyage par la diligence de Bath se garde bien de parler et de plaisanter sur la chose du monde la plus indifférente, il peut trouver dans son voisin un homme d’une classe ennemie, un Méthodiste ou un Tory furieux qui lui répondra en l’envoyant paître, car la colère est un plaisir pour les Anglais, elle leur fait sentir la vie. […] Le rire est une plante exotique importée d’Europe à grands frais, et qui n’est à l’usage que des plus riches (voyage de l’acteur Mathews).

987. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Il écrit régulièrement par chaque voyage du messager, la poste étant trop coûteuse. […] J’ai voulu retourner avec le paquet de tes lettres dans le pré, derrière l’hôpital, où j’avais été les lire avant mes voyages de Lyon, avec tant de plaisir.

988. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Encore un moment, encore le voyage d’Illyrie, et nous posséderons Nodier au complet, avec tous ses piquants romantismes et dilettantismes. […] Un voyage en Suisse qu’ils firent tous deux ensemble et en famille, vers 1825, acheva et fleurit le lien.

989. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Arthur Young, Voyages en France, II, 456. […] — Arthur Young, Voyages en France, I, 78.

990. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Cet homme de bien, très détaché de lui-même, ne se jugeait pas assez important pour s’occuper exclusivement de lui et pour en occuper les autres ; il se passe habituellement sous silence ; mais, quand il rencontre sur le chemin de ses souvenirs et de sa plume quelqu’une de ces questions historiques qui ont agité et l’Église et le monde, telles que le concordat, le rétablissement du culte en France, le conclave d’où sortit Pie VII, le voyage du pape à Paris pour y couronner Napoléon, l’emprisonnement de ce pontife à Savone, sa dure captivité, sa résidence forcée à Fontainebleau, les désastres de Russie et de Leipsick qui forcèrent l’empereur à tenter sa réconciliation avec Pie VII et à renoncer à l’empire des âmes pour recouvrer à demi l’empire des soldats ; le retour du pape à Rome, l’enthousiasme de l’Italie à sa vue, qui le fait triompher seul à Rome de l’omnipotence indécise de Murat en 1813 ; enfin sa restauration spontanée sur son trône : alors Consalvi, directement ou indirectement mêlé à toutes ces transactions, prend des notes, les rédige et les confie aux archives du Saint-Siège pour éclairer le gouvernement pontifical et traditionnel sur ses intérêts. […] J’éprouvais un goût très prononcé pour les voyages, goût que je n’avais pu satisfaire jusqu’alors que par une petite course à Naples et en Toscane, d’où j’étais revenu depuis peu.

991. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Les revenus de la Fondation sont répartis, deux cinquièmes à l’acquisition de places aux Représentations, devant être données, un cinquième à des bourses de voyages à Bayreuth, et le reste à un fonds de réserve. […] Déjà, d’ailleurs, des bourses de voyages et des places aux Représentations de Bayreuth, ont été données, en 1883 et en 1884, spécialement par l’Association, à des artistes et amateurs, de toutes les nations.

992. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Ainsi le bleu avait été choisi pour les romans intimes ; le vert pour les romans champêtres et les voyages, le citron pour les satires, les épigrammes : le fauve pour les sujets populaires ; le rouge pour les romans à tendances de réforme sociale. […] Dimanche 31 octobre Un détail à ajouter au douloureux premier voyage de Daudet à Paris.

993. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Il y joint une conscience scrupuleuse jusqu’à en être timorée, si bien qu’elle a fini par faire de la pensée du poète une timide ; — une timide vraiment, car elle n’ose parfois se porter en avant plutôt qu’en arrière ; pour chercher le bonheur, pour chercher l’idéal, elle s’arrête hésitante entre le passé lointain — incompris peut-être — et l’avenir indéterminé ; elle s’oublie volontiers dans l’un et se perd dans l’autre à la recherche de « l’étoile suprême », De celle qu’on n’aperçoit pas, Mais dont la lumière voyage Et doit venir jusqu’ici-bas Enchanter les yeux d’un autre âge. […] Ils montent, épiant l’échelle où se mesure L’audace du voyage au déclin du mercure… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

994. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Dombey fasse un voyage en chemin de fer, qu’un poney témoigne dans Le Magasin d’antiquités de son naturel indiscipliné en faisant vaguer où il lui plaît la carriole qu’il traîne ; qu’un bedeau, dans Olivier Twist, se chauffe le gras des jambes devant un bon feu, dans le bureau de la garde de l’hospice des pauvres ; que le romancier ait simplement à expliquer que M.  […] La correspondance qui date de son premier voyage en Amérique est aussi amusante, satirique et pleine d’épisodes cocasses parfaitement décrits, que les notes qu’il rapporte et dont il fit un livre.

995. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Dans toutes les langues, l’homme a parlé et écrit en prose des choses nécessaires à la vie physique ou sociale : domesticité, agriculture, politique, éloquence, histoire, sciences naturelles, économie publique, correspondance épistolaire, conversation, mémoires, polémique, voyages, théories philosophiques, affaires publiques, affaires privées, tout ce qui est purement du domaine de la raison ou de l’utilité a été dévolu sans délibération à la prose. […] Elle renvoie mille fois l’esclave confidente pour interroger tantôt Nala lui-même, tantôt ses compagnons de voyage.

996. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

et, dans ce livre saint et pur, nourris ton âme de paroles inspirées ; car là tu entendras les ministres de la vérité annonçant la vie future avec la voix même de Dieu. » Ailleurs, s’agit-il pour Grégoire de Nazianze, pour le prêtre missionnaire, l’évêque persécuté, de quelque effort à tenter, d’un voyage à faire, l’invocation à Dieu sera plus ardente encore ; elle rappellera toutes les traditions miraculeuses dont s’animait contre la tyrannie des princes et contre la corruption des hommes cet âge héroïque du christianisme. […] Accorde-moi voyage prospère, et bon ange pour guide et pour défenseur, afin qu’à l’abri des périls de la nuit et du jour, donnant à mes fatigues un terme favorable, parti sain et sauf de la maison, il m’y ramène de même, près de mes proches, de mes amis semblables à moi, et que, nuit et jour, libre et tranquille, je te prie en paix, dans une vie sans mélange de mal, tendant vers toi sans cesse les ailes de mon âme, ô lumière de la vie !

997. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Il suppose que, dans un voyage à Versailles, son paysan se rencontre en voiture avec trois autres personnes, dont un vieil officier, chevalier de Saint-Louis, et un jeune homme qui se trouve être Crébillon (sans qu’il soit nommé).

998. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

La première lettre qu’il reçut de Paris était d’un homme déjà célèbre lui-même par ses voyages, par des fatigues de tout genre et des périls encourus pour la science : M. de Humboldt, sur ce qu’il avait entendu dire de son mérite et de ses malheurs, lui offrait son amitié.

999. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Le bon Joinville, en son voyage d’Égypte et de Syrie, nous est une image fidèle de ces époques naïves et ferventes, pour qui le miracle éclatait et renaissait à chaque pas.

1000. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Vous me parlez, monsieur, de faire un petit voyage sur les bords de mon lac ; je vous en défie… À de nouveaux vers que M. de Meilhan lui envoya une autre fois, Voltaire répondait, en 1761, par une lettre moitié vers, moitié prose : J’ai lu tes vers brillants et ceux de ta Bergère, Ouvrages de l’esprit, embellis par l’amour.

1001. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

On dit que, le jour même de son arrivée, il vit l’entrée du cardinal de Richelieu mourant qui s’en revenait de son voyage et de ses vengeances du Midi, porté dans une chambre mobile couverte d’un drap écarlate.

1002. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Turgot, contrôleur général, demanda, vers la fin de cette année, à l’Académie des sciences qu’elle voulût bien nommer deux commissaires pour se transporter sur les lieux ; il désirait qu’un physicien et un médecin fissent ce voyage.

1003. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Mais nous autres que la philosophie du Moyen Âge intéresse moins que ce qui y perce d’imagination gracieuse et d’éternelle sensibilité humaine, ce sera toujours à un point de vue plus réel et plus ému que nous nous plairons, au milieu de toutes les difficultés et des énigmes du voyage, à noter des endroits comme ceux-ci, où le poète, guidé par Béatrix dans les cercles du ciel, et approchant de la dernière béatitude, se montre ingénument suspendu à son regard, et nous la montre, elle, dans l’attitude de la vigilance et de la plus tendre maternité : Comme l’oiseau, au-dedans de son feuillage chéri, posé sur le nid de ses doux nouveau-nés, la nuit, quand toutes choses se dérobent ; qui, pour voir l’aspect des lieux désirés, et pour trouver la nourriture qu’il y va chercher pour les siens et qui le paiera de toutes ses peines, prévient le moment sur la branche entr’ouverte, et d’une ardente affection attend le soleil, regardant fixement jusqu’à ce que l’aube paraisse : ainsi ma dame se tenait droite et attentive, tournée vers l’horizon, etc., etc.

1004. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Attaché au duc de Retz avec qui il séjourna à Belle-Îles, s’y gorgeant de vin et de bonne chère ; attaché ensuite au comte d’Harcourt avec qui il fit de longs voyages maritimes, et dont il célébrait verre en main les exploits, il prit des habitudes dont son talent ne put désormais se séparer.

1005. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

À dix-huit ans on l'envoie avec deux de ses frères et avec l’abbé de Gondi (le futur cardinal de Retz) faire un voyage en Italie ; il s’éprend, en passant à Lyon, de la fille d’un ami chez qui il loge, et emporte avec lui promesses et bracelets de la belle, une intention de tristesse ; il se croit un des amoureux de l’Amadis.

1006. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Daubenton seraient bien aises de vous voir en ce pays-ci (à Paris où elle habitait ; elle était allée faire un voyage en Bourgogne) ; mais vous savez, bonne amie, qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre bien ardents sur rien. » C’est dans la même lettre qu’on lit encore : « Dites-moi, jour par jour, bonne amie, votre marche et les lieux que vous habitez ; je donnerais toute ma science pour savoir seulement où vous êtes, et tous mes papiers pour un billet de vous où serait tout ce qui ne s’écrit pas. » Dans cette branche toute particulière et la plus fleurie de la Correspondance, Buffon, qui n’a guère moins de soixante-six ans, paraît un peu amoureux de la jeune dame, si l’on ose bien hasarder (en tout bien, tout honneur) une telle conjecture ; il est galant, il fait l’aimable, il y réussit.

1007. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Nous finissons nos voyages pat un copieux déjeuner de muffins et de thé.

1008. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

L’auteur y parle de sa jeunesse, de sa première éducation, de son entrée dans le monde, de ses débuts littéraires, sitôt suivis de ses débuts politiques en 1814 ; de ce voyage à Gand, qui lui fut tant reproché, et qui n’était pas un tort, mais qui devint un embarras ; de sa carrière durant la seconde Restauration, carrière de publiciste, d’historien, de professeur, toujours à côté et en vue de la politique.

1009. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

La cause libérale, comme elle s’intitule, avait eu à subir depuis 1848 bien des affronts, des échecs et des désagréments ; mais je ne crois pas que, dans la personne de quelques-uns de ses chefs, tels que je les connais, elle dût éprouver d’humiliation plus sensible que celle de voir un ancien secrétaire du Château, l’ancien avocat des dotations princières, le chroniqueur des voyages officiels d’où il écrivait au débotté : « Le prince a fort réussi » ; un homme de collège à la cour et un homme de cour au collège, M. 

1010. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Henri Delaborde, et pour cinquième compagnon, Ampère, qui, accomplissant son Voyage dantesque s’y était rencontré avec eux : « On eut alors ce spectacle vraiment digne d’intérêt, de cinq jeunes hommes habitués à l’élégance de la vie parisienne, exilés de leur plein gré dans cette pauvreté, et vivant de la dure existence des anachorètes qui leur donnaient l’hospitalité.

1011. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Le départ de Salammbô, son déguisement, son voyage, son entrée dans le camp des Barbares, son tête-à-tête avec Mâtho sous la tente ont quelque intérêt.

1012. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Chargé de la direction de l’ambassade pendant le voyage de M. 

1013. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Le poëte raconte que le cherchant à son arrivée à Paris, lors d’un premier voyage en juin 1832, et étant allé l’attendre au seuil de sa maison pour le voir au passage, il avait appris que l’illustre écrivain venait d’être condamné, mis en prison ; de là tout un éclat à la Némésis.

1014. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Marmier (Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie. — Littérature scandinave, par M. 

1015. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Un chef de bataillon suisse, Keller, qui s’était fait remarquer pour très peu de chose à Ostende, lors de la tentative de débarquement des Anglais, ayant été appelé au poste de ministre de la guerre dans la nouvelle république helvétique, Jomini le vit à son passage à Paris, et, saisissant l’occasion au vol, il lui demanda de le faire son aide de camp ; ce fut même lui qui fournit la voiture et procura l’argent pour leur commun voyage.

1016. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Son père, président au parlement de Paris, n’avait point émigré ; après un voyage à Bruxelles, où son fils, âgé alors de dix ans, l’accompagnait, il était rentré en France dans le délai accordé par la loi.

1017. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Quant au Voyage de Colomb, c’est autre chose.

1018. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

La reine ne pouvait se passer d’un nécessaire de voyage, et il a fallu en fabriquer un énorme qui contient tous les meubles imaginables, depuis une bassinoire jusqu’à une écuelle d’argent ; outre cela, d’autres caisses et, comme s’il n’y avait pas de chemises à Bruxelles, un trousseau complet pour elle et ses enfants320  La dévotion étroite, l’humanité quand même, la frivolité du petit esprit littéraire, l’urbanité gracieuse, l’ignorance foncière321, la nullité ou la rigidité de l’intelligence et de la volonté sont encore plus grandes chez les princes que chez les nobles  Contre l’émeute sauvage et grondante, tous sont impuissants.

1019. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Nous vous souhaitons, madame, un bon voyage, tout en regrettant fort que vous nous quittiez pour si longtemps.

1020. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

C’était lors du premier voyage de Wilde à Paris où il était venu, précédé d’un renom de grand poète et qui ne fut qu’une longue suite d’ovations.

1021. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Dans les premiers temps de ce séjour à Cirey, il écrivait à d’Argental, en revenant de faire un voyage de Hollande, et en nous découvrant toute sa pensée, ses affections, les parties les plus sérieuses de son âme : Je vous avoue que si l’amitié, plus forte que tous les autres sentiments, ne m’avait pas rappelé, j’aurais bien volontiers passé le reste de mes jours dans un pays où du moins mes ennemis ne peuvent me nuire, et où le caprice, la superstition et l’autorité d’un ministre ne sont point à craindre.

1022. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

On y peut voir au long les bulles que Rabelais eut l’habileté d’obtenir du Saint-Siège pendant un de ses voyages de Rome à la suite du cardinal Du Bellay, et par lesquelles il se mit prudemment en règle du côté de ses ennemis de France.

1023. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Dargaud a fait, à sa manière, bien des recherches touchant l’héroïne de son choix : il a fait exprès le voyage d’Angleterre et d’Écosse, visitant en pèlerin tous les lieux, théâtre des séjours de Marie Stuart et de ses diverses captivités.

1024. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

On monte, on descend, c’est le plaisir de ces sortes de voyages.

1025. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

En récompense, voici un charmant et naïf tableau d’une autre disgrâce un peu antérieure, de celle du comte d’Argenson, ancien ministre de la Guerre sous Louis XV, et renvoyé en 1757 pour avoir pris parti contre Mme de Pompadour au moment de l’assassinat de Damiens ; la page qu’on va lire de Marmontel est un renseignement précieux pour la peinture de la maladie morale que nous étudions : Dans l’un de ces heureux voyages que je faisais à Saumur, dit-il en ses Mémoires, je profitai du voisinage de la terre des Ormes pour y aller voir le comte d’Argenson, l’ancien ministre de la Guerre, que le roi y avait exilé.

1026. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Ducis, ayant fait un voyage en Savoie pendant que Thomas était à Lyon, partit de Chambéry (juin 1785) pour rejoindre son ami, et il eut, en traversant les montagnes, un accident de voiture qui faillit le faire périr.

1027. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Griesinger [Wilhelm Griesinger (1817-1868) : ce médecin allemand, élève de Schönlein et de Magendie, professeur à Zurich, grand connaisseur des maladies tropicales qu’il put étudier lors d’un voyage en Egypte, a tenté également de réformer le système asilaire en s’opposant aux thérapies violentes, et en développant l’intégration sociale des malades mentaux.

1028. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Il a dit au chien : « Tu garderas les troupeaux de l’homme, tu veilleras autour de sa demeure, tu le suivras dans ses voyages, tu trahiras ton propre instinct pour te faire l’ennemi des autres animaux lorsque ton maître voudra prendre les plaisirs de la chasse ; et, s’il devient pauvre, misérable, privé de la vue, tu dirigeras ses pas sur les bords du précipice pour le lui faire éviter, ou parmi les flots d’une multitude insouciante pour qu’il reçoive le pain de l’aumône que tu partageras avec lui. » Croyez-vous que cet instinct des animaux marqués pour la domesticité ne prouve pas l’intention du Créateur qui leur donna cet instinct, et qui, ainsi, l’ajouta en quelque sorte aux organes mêmes de l’homme ?

1029. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Aucun professeur ne savait mieux classer les questions, les annoncer, faire compter aux auditeurs tous les pas de sa méthode, les mener par la main, les soutenir aux passages difficiles, marquer les étapes du voyage, les arrêter au bout de chaque question pour leur faire embrasser d’un coup d’œil l’espace parcouru.

1030. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Il y voit la perfection même ; c’est la Beauté qui descend sur la terre, et commence son voyage par l’hôtel de Rambouillet.

1031. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Sully-Prudhomme, en trois quatrains, songe à la plus lointaine, qu’on ne voit pas encore, dont la lumière voyage et n’arrivera qu’aux derniers de notre race ; il les supplie de dire à cette étoile qu’il l’a aimée ; et il donne à la pièce ce titre qui en fait un symbole : l’Idéal. […] Les tableaux parisiens ou provinciaux, le dimanche à Paris dans un quartier populaire, le retour du poète sur son enfance, le récit de son voyage, son arrivée au village natal, sa vie à la campagne dans la ferme-château, ce sont là de très aimables modèles d’un genre que Sainte-Beuve aimait et où M.  […] D’un voyage lointain je semblais revenu ; Parmi des inconnus j’errais en inconnu. […] Fille d’un officier français tué en 1870, après un premier amour malheureux, la trahison d’un beau cousin, Francine voyage et s’arrête à Florence. […] Ciel de Paris, rues de Paris, femmes de Paris, fleurs, musique, voyages, le monde, les salons, la toilette, le foyer et les enfants, sa plume court au travers de tout cela, plus inquiète, plus aiguë, plus subtile, plus aventureuse que tout à l’heure.

1032. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

En d’autres termes il était au courant de la science psychologique de son temps, tout empirique alors, au lieu que celle de nos jours s’est enrichie par l’histoire, par les voyages, par la physiologie, aussi et surtout par l’observation des maladies de l’esprit, au point de permettre un diagnostic presque infaillible d’une constitution mentale. […] Soif des voyages nouveaux !  […] Ainsi cette page du Voyage en Italie, où, s’arrêtant sur la grande place de la vieille Pise, il se lamente devant tant de ruines : « Quel cimetière que l’histoire ! […] Il rejoignait ainsi Pascal qui prétendait, la Logique de Port-Royal nous le révèle, « qu’un honnête homme doit éviter de se nommer et même de se servir des mots de je et moi. » Certains morceaux des livres de Taine, ainsi les émouvantes pages sur la Niobé de Florence dans son Voyage en Italie et celles sur Beethoven dans son Graindorge attestent qu’un génie lyrique frémissait en lui, qu’il a comprimé par scrupule. […] Durant un voyage que le chancelier et le kaiser font ensemble en revenant de Peterhof : « Il m’expliqua », écrit Bülow, « sur la passerelle du Hohenzollern, pendant des heures et des heures, combien nous étions encore faibles en mer et combien était nécessaire l’accroissement de notre marine, projeté par lui et Tirpitz. » Ses vues sont justes, ses renseignements exacts.

1033. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

L’homme a tenu sa place dans son siècle : poésie, romans, voyages, journalisme, tout ce qu’il a touché, il l’a marqué d’un extraordinaire éclat. […] L’art, les tableaux, le théâtre, les livres, les voyages même ne m’amusent plus : ce ne sont pour moi que des motifs d’un travail fastidieux, car il est toujours à recommencer. […] En 1856, ils rapportent d’un voyage d’Italie un volume dans le genre des Reisebilder, mais tellement échevelé qu’ils le brûlent sans oser en rien publier qu’un court fragment dans l’Artiste. […] Il voyage : nous le trouvons parcourant à pied, en compagnie de Théodore Rousseau, la vieille terre du druidisme, qui lui fournira, pour ses Poèmes barbares, le sujet de si grandioses descriptions. […] Maxime Du Camp, toute son ardeur sera tombée dès le début du voyage, avant même qu’il soit sorti de Paris.

1034. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Et dans la même, des lectures, autre sorte de voyages. […] Il écrit, Lettres xxvi, xxvii, xxviii et xxix, des avantages de la vieillesse, de la vertu, du vrai bonheur, des voyages, des conseils indiscrets. […] La Lettre LXIX est de l’inconvénient des fréquents voyages. […] « Ce ne sont pas les pleurs qu’on se permet, qui prolongent le spectacle de la douleur ; ce sont ceux qu’on se commande. » Rien de plus ingénieux que la comparaison du voyage de la vie avec le voyage de Syracuse. « Vous vous embarquez pour Syracuse ; qui que vous soyez, connaissez les avantages et les inconvénients de votre voyage.

1035. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Les pages vibrantes du Voyage en Italie sur la Niobé de Florence, celles de Graindorge sur la musique, plus chaudes encore, ont cet accent inimitable de la passion trop longtemps étouffée et qui éclate enfin. […] Ecoutez-le, en 1885, parler de ses voyages en Normandie ; c’est au début de ce fragment qu’il a intitulé Une page d’histoire. […] Nous l’éprouvons, cette même sensation, si douce et si âcre, à suivre le voyage de votre Claudine Rosay et de votre Georges Vétheuil, l’héroïne et le héros d’Amants vers l’île enchantée et décevante. […] Avec M. d’Haussonville, on voit descendre de sa voiture de voyage le vieux diplomate, acclamé par la foule, et soulevant, pour répondre à cet accueil, son chapeau rond, chargé d’une cocarde tricolore qui le cache presque tout entier. […] Il lui envie presque la fantaisie de ses expéditions : tel ce voyage de Turin à Venise sur le Pô encombré de glaçons, dans l’hiver de 1798.

1036. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Après trois semaines de séjour dans cette ville, sur les murs de laquelle on lisait encore ces mots : Commune affranchie, et où ils attendirent les secours nécessaires pour continuer leur route, car la pauvreté, cette triste et fidèle compagne des émigrés, aggravait les périls et les difficultés de leur voyage, ils s’embarquèrent sur le Rhône, et arrivèrent heureusement à Nîmes, puis à Montpellier, où madame de Bonald, accompagnée de ses deux plus jeunes enfants10, était venue au-devant de son mari et de ses deux fils aînés. […] On a suivi de loin son existence poétique et voyageuse, qui a donné à la France les Martyrs, cette épopée historique et philosophique, chantée entre le monde romain qui s’écroule et le monde chrétien qui s’élève, et l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, écrit avec les notes qui restaient à l’auteur quand il eut employé les matériaux recueillis pendant les nombreux voyages nécessités par la composition de son épopée. […] À la fin de ses études, il a fait un court voyage en Italie, dont les beaux lacs lui sont apparus ; puis il est venu à Paris regarder de loin les derniers jours de l’empire, car il conserve précieusement dans son cœur la fidélité politique de ses aïeux. […] On peut dire que, dans ce voyage, il se trempa dans les mœurs de tous les pays qu’il parcourut, et que ses regards s’étendirent avec les perspectives qui s’ouvrirent devant lui. […] Quoique M. de Lamartine soit à Florence auprès de M. de la Maisonfort, ministre plénipotentiaire de France, les affaires ne l’enlèvent pas à la poésie, et dans les voyages qui le rendent de temps à autre à la France, les salons se disputent la joie d’entendre quelqu’une de ses nouvelles Méditations auxquelles il travaille.

1037. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Elle nous le montre au plus beau moment du voyage, à son plus haut soleil du matin, au midi de l’été et de la journée, dans la fleur entière d’un talent et d’un cœur déjà épanouis. […] Il était bien vrai de dire que ce Lycidas ne voyage qu’avec les Muses : il sème la poésie au-devant de lui.

1038. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Un hasard m’a fait connaître familièrement, à la fleur de mes jours, les trois frères de Xavier de Maistre, l’auteur du Lépreux et du Voyage autour de ma chambre, et, plus tard, Joseph de Maistre lui-même. […] Si je suis appelé, j’ai peine à croire que le voyage ne produira pas quelque chose de bon, plus ou moins. » Savary montre, dans cette entrevue, la rudesse, mais le bon sens d’un soldat.

1039. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Ce général était allié à ma famille ; il avait amené sa femme en France pendant une de ses campagnes, et il l’avait confiée à l’amitié d’une de mes proches parentes, chez laquelle j’avais eu occasion de la voir souvent quelques années avant mes voyages. […] C’est par lui que j’appris que l’Arioste, dans un voyage qu’il fit à Florence, vers l’âge de quarante-cinq ans, conçut un amour sérieux et durable pour une charmante veuve florentine à laquelle il adressait mentalement toutes les louanges qu’il donne aux femmes belles et vertueuses, et dont il retraçait quelques souvenirs dans chacun des délicieux portraits de femmes dont son poème est illustré.

1040. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

À peine arrivé, il le vit, l’admira et l’aima de plus en plus, s’acquit d’emblée sa bienveillance, vit qu’il pourrait lui être agréable et utile, et, se fixant près de lui à Weimar, il y demeura (sauf de courtes absences et un voyage de quelques mois en Italie) sans plus le quitter jusqu’à l’heure où cet esprit immortel s’en alla. […] « Je veux l’expédier vite, ajouta-t-il ; aujourd’hui j’écris à Cotta par le courrier, et demain j’envoie le paquet par la poste. » Nous parlâmes de mes projets de voyage.

1041. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

« Bon voyage ! […] Oui… oui… bon voyage !

1042. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Et l’on goûtait un rare et étrange plaisir, en ce salon princier, oubliant de se scandaliser, de ces contes, de ces paradoxes, de ces récits crus de voyages, où semblait se faire entendre la double voix de Rabelais et de Diderot. […] Il nous a fourni pour tapissier un de ses amis, un long et maigre vieillard, à la tête de renard et de vieux marquis, habillé d’un antique habit de chasse en velours, et apportant ses outils dans un sac de voyage ; un tapissier mystérieux et déclassé, avec de l’ombre dans sa vie, et qui paraît sortir d’un roman humanitaire de George Sand.

1043. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

« Oui, oui, — a-t-il dit, avec une certaine amertume mélancolique, et ce geste qui lui fait soulever devant lui l’indicateur de sa main pâle, — oui, il est entendu que dans les voyages, on n’y met pas d’idées. […] Les voyages, c’est la mise en style des choses mortes, des murailles, des morceaux de nature… Il est bien avéré, encore une fois, que l’homme qui écrit cela, n’a pas d’idées… Oui, oui, c’est une tactique, je la connais, avec cet éloge, ils font de moi, un larbin descriptif. » Et comme nous lui disons, qu’il serait bon pour lui de se reposer, de se défatiguer dans la fabrication de la poésie qu’il aime… dans la composition de sonnets : « Oh !

1044. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Durant des semaines et des mois, tous les matins, tremblants d’émotion, ils dépliaient leur journal pour y lire la chute du gouvernement de décembre et leur rappel triomphal ; ils tenaient leurs malles bouclées pour le voyage. […] — Les génies que l’on renomme ne savent trouver que douleurs dans l’exil, les commerçants qui s’expatrient au Sénégal, aux Indes, ces pays de fièvres et d’hépatites, après des dix et vingt ans d’exil ne parviennent à amasser qu’une pelote de quelques centaines de mille francs, s’ils ont en poupe le vent de la chance ; et lui Victor Hugo, le Prométhée moderne, vit dans une île délicieuse, où les médecins envoient leurs invalides, il s’entoure d’une cour d’adulateurs empressés, qui le font mousser, il voyage tranquillement en Europe, il thésaurise des millions et il obtient la palme du martyre !

1045. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Mais une autre l’aimait elle-même ; — et les mondes Se sont mis en voyage autour du firmament. […] Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage, Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux, Ses petits affamés courent sur le rivage En le voyant au loin s’abattre sur les eaux.

1046. (1903) La renaissance classique pp. -

Il a constamment sous les yeux la race dont il sort et dont le génie et la tradition l’enveloppent : ce qui ne l’empêche pas de franchir chaque fois qu’il le faut les limites de sa « petite patrie », de suivre avec une attention réfléchie la marche des événements dans le monde, et enfin de n’ignorer rien de tout ce qu’un esprit initié de bonne heure aux méthodes intellectuelles peut acquérir d’expérience et de savoir par les voyages, la culture et l’étude. […] Aujourd’hui on ne voyage plus que pour s’ébahir devant des choses mortes.

1047. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Dans le voyage qu’il fit contre les Albigeois, elle l’accompagna jusqu’en Languedoc, et faisait porter sa tente pour camper avec lui, tant elle avait peur de s’en éloigner d’autant de chemin qu’il y avait à la prochaine ville, et que cependant quelque autre ne s’emparât de son esprit, qu’elle voulait posséder et gouverner toute seule : ce qu’elle faisait encore par zèle contre les hérétiques… Le reste du portrait se soutient, et l’auteur achève d’y expliquer l’influence à la fois vertueuse et politique de Blanche, son ascendant dès qu’elle fut entrée dans le Conseil de France.

1048. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Il s’attacha à M. le Duc et à MM. les princes de Conti, avec qui il fit le voyage de Hongrie.

1049. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Fiancé à la fille d’un médecin au commencement de l’année 1735, après s’être assuré du cœur de la jeune personne, il entreprit le cours de ses voyages dans les pays étrangers : il ne résida pas moins de trois ans en Hollande ; il vint ensuite quelque temps à Paris, où les Jussieu le reçurent : il n’était pas encore question de Buffon.

1050. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Je ne rougis point d’un motif trop naturel pour être blâmé… Le voilà donc partant de Versailles pour Paris (15 juillet) avec les autres députés, en grande pompe, et jouissant de ce voyage qui ne fut pour eux qu’un triomphe.

1051. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Pourtant ce n’est pas à nous d’oublier les intentions bienveillantes du prince Henri, de celui duquel Mirabeau écrivait dans sa correspondance de Berlin en 1786 : « Encore une fois, ce prince est, il sera et mourra Français. » — Dans les deux voyages que fera le prince Henri en France, il en recevra assez de remerciements publics et de flatteuses louanges.

1052. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

La guerre voyage en grande dame : elle a commencé en Amérique, à présent elle est arrivée dans l’océan et dans la Manche ; elle n’a pas débarqué encore, et si elle prend terre le printemps qui vient, elle pourrait peut-être, pour plus grande commodité, cheminer en litière, de sorte qu’on la verra venir de loin ; et, après tout, on est exposé à tant de hasards dans le cours commun de la vie, que la guerre n’y ajoute qu’un petit degré de plus.

1053. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Celui-ci fut proposé et choisi : par son zèle, par sa bonne comptabilité, il se fit bien venir du trésorier, et aussi du dauphin à qui il avait souvent affaire, et qui l’emmenait avec lui dans ses voyages pour payer sa dépense.

1054. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Doué d’une harmonie pleine et d’un vaste pinceau, en possession d’une sorte de sérénité et d’impassibilité native ou acquise, désoccupé ou guéri de passions pour lui-même, il voyage à travers le monde de l’histoire et les diverses contrées, il revêt indifféremment et presque également bien les formes les plus diverses ; il exprime avec vigueur et relief les manifestations les plus variées de l’histoire, de la nature et de la vie.

1055. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Son fils unique, qui semblait destiné, si l’on en juge par les éloges et les regrets qu’il inspira, à faire refleurir la tige poétique des Racine, périt dans un voyage, victime du tremblement de terre de Lisbonne, à l’âge de vingt et un ans (1755).

1056. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

David le sculpteur, qui avait fait le voyage de Weimar vers ce temps et tout exprès pour en rapporter le majestueux portrait et le buste, envoya bientôt à Gœthe (mars 1830) une caisse contenant sa collection de médaillons en bronze ou en plâtre, avec des livres de nous tous d’alors, fiers et heureux que nous étions de rendre hommage au patriarche de la poésie et de la critique : « David, disait Gœthe (14 mars), m’a, par cet envoi, préparé de belles journées.

1057. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Le voyage de Satan dans l’espace, hors du chaos, à la découverte, son arrivée aux limites du monde nouvellement créé, son déguisement, son entrée furtive dans le Paradis, le spectacle de bonheur et de délices conjugales dont il est témoin et qui le navre d’envie, ce premier tableau divin et unique du bonheur dans le mariage, tout cela prépare, inquiète, intéresse, ouvre des horizons immenses, crée un fond, une perspective antérieure, donne à la scène tout son sens et toute sa portée, fait de la place à l’action qui va suivre.

1058. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

C’eût été d’écrire tout bonnement une relation de voyage, un Itinéraire sur cette côte de l’Afrique depuis les Syrtes jusqu’à Utique.

1059. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

L’historien, en général, lit et dépouille son Moniteur ou les journaux du temps, et il croit avoir tout fait ; mais il ne voyage pas assez, il ne consulte pas à sa source une tradition encore vivante et des traces qui fument encore.

1060. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Quoique les bois et leur ombrage lui soient bien chers, la mer l’attire encore plus ; il a, vers la fin, des envies et des ardeurs de voyage : il les satisfera.

1061. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Il en est du champ de l’humanité comme de celui de Sempach : « L’œuvre qu’un seul commence, un grand peuple l’achève. » Chacun des successeurs de Colomb a pu dire : « J’ai fait le même voyage. » C’est ce qui arriva à Rotrou après Corneille. » Pour apprécier ici la vérité et la beauté de l’image, il faut savoir son histoire suisse de l’époque héroïque et se rappeler ce qu’était et ce que fit ce Winkelried, lequel, à la journée de Sempach, s’avançant le premier contre le bataillon hérissé de fer des Autrichiens qu’on ne pouvait entamer, étendit les bras pour ramasser le plus de piques ennemies qu’il put contre sa poitrine, et qui, tombant transpercé, ménagea ainsi dans la redoutable phalange une trouée par où les Suisses vainqueurs pénétrèrent.

1062. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Il étudia le pilotage à Bordeaux et fit quelques voyages sur mer, d’abord comme lieutenant, ensuite comme capitaine.

1063. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Les bourgeois de Paris eux-mêmes en avaient jasé, et l’avocat Barbier, qui était aux écoutes, parlant du premier voyage de Fontainebleau, disait dans son journal : « Cette princesse est obsédée par Mme de Prie.

1064. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Ce voyage et cette présentation décidèrent du sort de La Fontaine.

1065. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

À chaque nouveau roman, je m’entoure de toute une bibliothèque sur la matière traitée, je fais causer toutes les personnes compétentes que je puis approcher, je voyage, je vais voir les horizons, les gens et les mœurs.

1066. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

., les innombrables comédies, toutes les richesses enfin de la littérature narrative et dramatique de l’Espagne : ajoutons le Voyage de Mme d’Aulnoy, les Recherches historiques et généalogiques des Grands d’Espagne d’Imhof, l’État présent de l’Espagne de Vayrac, des mémoires politiques et des pamphlets relatifs aux règnes de Philippe III et Philippe IV, des cartes géographiques.

1067. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Libre, il voyage en Angleterre, en Prusse ; ses lettres à Chamfort, sa Monarchie prussienne nous témoignent de sa curiosité et de sa clairvoyance.

1068. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

J’éprouvais une immense tristesse, Je prétextai la fatigue du voyage et me retirai dans ma chambre.

1069. (1890) L’avenir de la science « XVI »

À quoi a servi le voyage à travers le multiple ?

1070. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

A cette classe appartiennent les émotions qui, en voyage, résultent de la surprise ; la joie de certaines personnes passant brusquement de la pauvreté à la richesse.

1071. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Ses occupations de professeur lui laissaient le temps de faire chaque année un voyage à Paris, et, après la suppression des écoles centrales, il y vint tout à fait habiter (1803).

1072. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Ainsi, dans ce premier retour de Louis XVIII, dans ce voyage de Calais à Compiègne, il montre le pays oubliant volontiers ses droits au milieu de l’attendrissement, et se donnant tout entier, tandis que les politiques à Paris stipulent et marchandent encore : Il (Louis XVIII) sentit, au tressaillement universel et spontané de sa patrie, qu’il était maître de ce peuple, et qu’on ne lui marchanderait pas sérieusement le règne à Paris.

1073. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

[NdA] Dans ce même discours, Portalis, tout religieux qu’il est, explique en partie par l’amour-propre le triomphe du christianisme dès son origine : « Les préceptes de l’Évangile, dit-il, notifièrent la vraie morale à l’univers ; ses dogmes firent éprouver aux peuples devenus chrétiens la satisfaction d’avoir été assez éclairés pour adopter une religion qui vengeait en quelque sorte la divinité et l’esprit humain de l’espèce d’humiliation attachée aux superstitions grossières des peuples idolâtres » — Rapprocher cette explication de celle que donne Volney dans son Voyage en Égypte et en Syrie à propos des religieux du mont Sinaï et du discours que lui tient l’un d’eux sur les mobiles de leur vocation. — Ici Portalis et Volney, en les serrant de très près, se touchent.

1074. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Il fit donc un petit voyage pour se distraire et achever de se guérir, puis il rentra dans la polémique comme devant.

1075. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Beaumarchais, qui serait bien malheureux parfois et bien ennuyé s’il n’avait pas sur les bras toutes ces affaires, profite de cette occasion nouvelle2 pour donner au public une page de son Journal de voyage d’alors, qui ne devait, dit-il, jamais être publié.

1076. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Par cette seule vue d’un christianisme antérieur et disséminé à travers le monde, par cette espèce de voyage à la recherche des vérités catholiques flottantes par tout l’univers, l’enseignement de la théologie se serait trouvé singulièrement agrandi et élargi ; l’histoire des idées philosophiques s’y introduisait nécessairement.

1077. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Il avait accompagné dans plusieurs voyages ce laborieux et fidèle commis de l’Empereur.

1078. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Qu’un homme lise, c’est une marque qu’il n’est pas bien ambitieux, qu’il n’est pas tourmenté par « le fléau des hommes et des dieux », qu’il n’a pas de passions politiques, auquel cas il ne lirait que des journaux, qu’il n’aime pas dîner en ville, qu’il n’a pas la passion de bâtir, qu’il n’a pas la passion des voyages, qu’il n’a pas l’inquiétude de changer de place ; même, remarquez qu’il n’aime pas à causer.

1079. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Alors seulement il se mettait en marche, aussi attentif dans le voyage que pendant les préparatifs.

1080. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

. — Mais le jardin était étroit ; Platon n’avait fait qu’indiquer le monde idéal ; ses dialogues semblaient un préambule plutôt qu’un voyage ; d’ailleurs son principal ouvrage, le Parménide, paraissait inintelligible.

1081. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Pendant le sommeil et alors que le corps est inerte, il y a une partie de l’homme qui se meut, qui voyage, qui combat, qui mange, jouit ou souffre, exerce tous les phénomènes de la vie ; cette partie de l’homme, ce double de l’homme, ce corps astral, survit à la décomposition du corps matériel dont il conserve les usages et les besoins. […] Elle sera le bâton de voyage de l’intelligence ; mais offerte à un cerveau médiocre, dirigée vers le seul accroissement de la mémoire, elle est inefficace à régénérer des cellules malades. […] Que l’on songe à la sensation des premières heures de chemin de fer lors d’un voyage entrepris sans soucis, par caprice. […] Ce plaisir est pour beaucoup dans le goût des voyages ; il pousse même aux voyages factices, dont les chevaux de bois sont le type. […] Voyage dans le monde de Descartes.

1082. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Il a taché de s’accommoder à d’autres milieux, afin de jouir de sensations nouvelles et de se faire une intelligence plus riche et plus souple… Mais les voyages ne satisfont qu’une vaine curiosité. […] Obligé pour les soins de sa santé d’aller vers le Midi, il en rapporte, avec ses récits de voyage, des aspects et des types nouveaux. […] C’est pour lui un moyen de comparer, de rapprocher ; et c’est un moyen surtout de discerner ces grands courants d’idées qui passent toutes les frontières et de suivre les formes littéraires dans les voyages qu’elles font à travers l’Europe. […] Ce penseur d’une si vigoureuse intelligence et d’esprit si moderne, Montesquieu, est encore un bel esprit qui ne se gardera jamais complètement de la préciosité, un petit esprit qui cède à la vanité nobiliaire, un libertin du temps de la Régence, l’amateur d’une antiquité de convention, le curieux de voyages et de mœurs singulières. […] Lavisse se multiplie dans Paris ; il se transporte on province ; il va à l’étranger : il voyage.

1083. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

D’abord, durant son voyage en Espagne, ce ne sont que succès et coups d’adresse. […] Il n’en mourut pas, mais il en fit un nouveau voyage. […] Charme à part, qu’il tient sans doute de ses voyages ! […] Ses voyages ne s’étaient pas bornés à la Hollande. […] On peut s’en assurer en lisant l’un de ses meilleurs écrits, le Voyage à Beaune, véritable iliade gauloise dont il est à la fois l’Achille et l’Homère dégingandé.

1084. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Lisez, par exemple, le voyage du roi Jacques en Irlande : point de peinture plus curieuse ; n’est-ce pourtant qu’une peinture curieuse ? […] Ils s’enfuiront le roi en tête, et les minutieuses anecdotes, éparses dans le récit des réceptions, des voyages et des cérémonies, auront annoncé la victoire des protestants. […] Pour aller chez ses voisins, un Français doit faire deux voyages.

1085. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Bien plus : il arrive qu’un écrivain demande à un ami de lui restituer sa correspondance parce qu’elle représente à ses yeux une sorte de journal de voyage, ou un journal intime, ou parce qu’elle renferme des souvenirs qui lui sont précieux ; et son retour dans les mains de leur auteur paraît toujours naturel à l’ami. […] Et ainsi de suite pour le drame, la critique, les voyages, etc. […] Il a pour but : 1° De favoriser par des allocations, des récompenses, des bourses de voyage, des acquisitions d’ouvrages ou par tous autres moyens, les travaux des écrivains, des savants et des artistes.

1086. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Comme repos, avant le dîner, il a été fouiller dans des costumes : défroques et souvenirs, rapportés de voyages. […] 2 novembre … Nous demandons à Flaubert de nous lire quelques-unes de ses notes de voyages. […] Flaubert, qui vient de nous lire la fin de son voyage et son retour par la Grèce, veut encore lire, veut encore causer, et nous dit qu’à cette heure, il commence seulement à s’éveiller, et qu’il ne se coucherait qu’à six heures du matin, si nous n’avions pas envie de dormir.

1087. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Il affirmait que ses livres du Sahara et du Sahel avaient été écrits dans la réapparition de choses, qu’il croyait ne pas avoir vues, que chez lui c’est toujours de la vérité sans aucune exactitude, que par exemple la caravane du chef avec ses chiens, il l’a vue, mais point du tout en la localité où il l’a mise, et non dans le voyage décrit. […] * * * — Préault, devant lequel nous nous étonnions de la résistance à la fatigue de l’Empereur, dans ses voyages de représentation, de gala, nous dit : « Il a le torse d’un colosse. […] Comme je lui parlais d’un voyage, en compagnie de son vieux domestique que nous avons baptisé Leporello, le vieil homme a murmuré d’un ton moitié triste, moitié ironique : « Pauvre don Juan que je ferais ! 

1088. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Sa santé, assez faible, avait souffert d’un voyage d’hiver en Angleterre, où il était allé se marier, et d’un retour brusque dans un appartement pas préparé en plein froid décembre. […] Paul Bourget réunit en deux massifs volumes des notes de voyage et des portraits d’écrivains. […] Dans ces voyages, à la quête du pittoresque, on s’attardait sous des tonnelles et on faisait attention aux refrains de la route, aux complaintes des chemineaux, aux rengaines des compagnons. […] Puis, c’est le petit drame des enfants perdus parmi la forêt sous l’orage et la description de l’aube de leur voyage, et leurs invocations et leurs prières. […] Si le Bateau ivre rappelle en intention l’intention du Voyage, cela n’empêche pas l’œuvre d’être personnelle, d’être jaillie du fond même de Rimbaud et d’avoir en elle l’originalité inhérente et nécessaire au chef-d’œuvre.

1089. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Il était marié, il avait des enfants, une famille qu’il allait voir « une fois l’an », et c’est probablement au retour d’un de ses voyages qu’il dit les paroles qu’on vient d’entendre. —  La conscience ? […] Ce qui me plaît, ce n’est point l’arrivée, c’est le voyage. […] Ils lui permettaient de vagabonder en voyage, et ne lui défendaient pas de faire deux voyages à la fois.

1090. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Un second voyage acheva ce qu’une première impression avait déjà fait pressentir. […] Quelle fête continuelle de ville en ville c’eut été qu’un pareil voyage, et quel beau titre de plus à la reconnaissance de la postérité. […] Que la vie étant une lutte perpétuelle, le bonheur en dehors du travail ne peut être qu’un répit, l’argent qu’un moyen d’agir, et l’amour n’est pas le but de la vie, comme vos romanciers le disent, mais son complément et notre bâton de voyage. […] , qu’en fait de voyage, la connaissance géographique de la route à suivre, ne remplace les jambes ou la chaise de poste.

1091. (1932) Le clavecin de Diderot

Son geste peut donc s’interpréter comme celui d’Œdipe, et, d’autant plus légitimement que ledit Œdipe devient criminel au cours d’un voyage, le voyage symbole du mouvement, le mouvement signifiant, dans l’un et l’autre cas, la tension des forces viriles. […] Ainsi, avec la conscience d’un jeune oxonienar quelque peu esthète et surtout très myope, qui lors du premier voyage en Italie se révélerait acrobate pour ne point perdre une miette des quattrocentistes, monsieur mon chien bondissait et rebondissait et bondissait encore, pour inspecter, dans ses moindres détails, ma chambre. […] Ils veulent ce que leurs pareils ont toujours voulu : que le clavecin n’ait rien à se rappeler, qu’il s’assourdisse, petit à petit, jusqu’à n’être plus qu’un de ces claviers muets, dont se servent, pour leurs gammes, les virtuoses en voyage.

1092. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Le premier de ces événements, c’est un voyage que le jeune homme fit en Italie, vers 1812. […] À sa vie à la campagne il doit le sentiment des choses de la nature ; à son éducation de famille il doit sa tendresse et son christianisme ; à ses lectures il doit quelques-unes de ses idées ; enfin, deux événements, ce voyage en Italie, ses rapports avec Julie qui vient de mourir, ont aidé chez lui la poésie à se former complètement. […] Il voyage en Orient, il a frété un vaisseau à ses frais, et les populations de là-bas, éblouies, en le voyant passer, disent que c’est le grand pacha de France. […] Sur ton front qui voyage, Ce soir ont-ils compté           Quel âge A leur éternité ?

1093. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Lors même que ce pompeux étalage serait justifié par une érudition réelle, nous serions encore forcé de reprocher à l’auteur le bruit et la poussière qu’il nous inflige à tout propos au milieu du récit de son voyage. […] Si M. de Chateaubriand, au lieu de jouer à l’Académie des inscriptions, se fût sérieusement occupé à regarder le pays qu’il avait sous les yeux, les Martyrs vivraient et l’Itinéraire serait un voyage. Mais le poème et le voyage sont également inanimés, c’est-à-dire également infidèles au titre qu’ils portent. […] Voir et raconter, se souvenir et peindre librement lui semblaient une tâche mesquine ; c’est pourquoi, en écrivant son voyage et son poème il n’a jamais, ou presque jamais, mérité le nom de voyageur ou de poète. […] Malgré son voyage de Grèce, il n’a pas su profiter du distique de Solon.

1094. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Au cours d’un voyage, il constata que les pommes de table, qui coûtaient dix sous pièce à Paris, se vendaient en Normandie deux sous la douzaine. […] Ruskin, en effet, ne fut jamais très maître de l’enchaînement de ses idées : un mot, une image l’aiguillaient vers un souvenir, et il racontait soit un voyage en Italie, soit une ascension dans les Alpes. […] L’art de voir Mon voyage dépeint Vous sera d’un plaisir extrême. […] Les voyages les plus extravagants sont des remèdes médiocres à ce besoin d’être ailleurs, toujours ailleurs. […] Le goût des longs voyages, par exemple, est peu à peu entré dans l’idée que certains se font de la vie bienheureuse.

1095. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Il fit le voyage. […] Après tout, les 1,200 reichsthalers étaient une bourse de voyage et l’obligeaient, ce me semble, à voyager. […] Car, je ne vois pas bien pourquoi, malgré la fameuse bourse de voyage, Hebbel était redevenu très misérable. […] Etait-il dans le programme de la bourse de voyage de visiter l’Italie ? […] Comment, par exemple, ont-ils pu mettre sur la scène des héros de Rome et d’Athènes sans avoir fait le voyage d’Athènes ?

1096. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Durant son voyage, les membres du Conseil des finances lui détachèrent de Paris mille crocs-en-jambe et mille obstacles : il ne se rebuta de rien, prit à partie les officiers qu’il inspectait, de gré ou de force se fit représenter les comptes de l’année courante et des trois précédentes, examina de près toutes les prétendues dettes et les arrérages, les titres et obligations de tous genres, tondit à son tour sur le vif au profit du roi, et fit tant qu’il rassembla bien cinq cent mille écus : De toutes lesquelles sommes ainsi par vous recouvertes vous fîtes dresser quatre petits bordereaux pour vos quatre généralités, où étaient spécifiées par recettes et natures de deniers toutes les sommes par vous voiturées, et iceux signés par les huit receveurs généraux des deux années dernières comme leur ayant été mis ès mains par les receveurs particuliers ; lesquels bordereaux vous portâtes toujours sur vous, et vous vinrent bien à propos… Vous aviez un équipage de soixante et dix charrettes chargées, pour ce que vous aviez été contraint de prendre quantité de monnaie ; à la suite desquelles étaient les huit receveurs généraux, accompagnés d’un prévôt et de trente archers pour l’escorte.

1097. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

À l’occasion de ce second voyage, le roi songea à le créer duc et pair ; mais Rosny refusa alors cet honneur, « comme n’ayant pas assez de biens pour soutenir une si haute dignité en sa maison ».

1098. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

[NdA] On les trouve au tome II des Voyages aux environs de Paris, par Delort, p. 214.

1099. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Dans un des voyages qu’elle fit de Cirey en Lorraine, elle n’eut pas de peine à le distinguer dans ce joli et gracieux monde, et elle écrivait de Commercy à d’Argental, qui était alors à Plombières (30 juillet 1748) : Je ne puis me refuser de vous envoyer des vers d’un homme de notre société (Saint-Lambert) que vous connaissez déjà par l’Épître à Chloé ; je suis persuadée qu’ils vous plairont.

1100. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Je suis un brave drapier qu’on estime à la ronde : certainement, pour cette fête, mon ami le décatisseur me prêtera sa bête. » Il est convenu aussi qu’on emportera le vin du logis, car le vin cette année-là est cher. « Le matin venu, la chaise s’avance, mais non jusqu’à la porte, afin qu’on ne puisse pas dire que Mme Gilpin est fière. » Surviennent les contretemps du voyage : au moment où part la chaise de poste, Gilpin, prêt à la suivre et déjà en selle, voit arriver trois pratiques ; on ne refuse jamais des pratiques, et il met pied à terre pour les servir.

1101. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

monsieur, repartit le roi, il y a bien de la différence d’un renard à un loup. » — « Voilà tout ce que Sa Majesté m’a encore jamais dit, ajoute d’Argenson, quoique ma personne en soit bien connue et que je me donne bien de la peine pour son service. » — La seconde parole que le roi lui adresse se fait attendre ; elle est de huit ans plus tard, à un voyage de Fontainebleau (septembre 1732), et presque aussi insignifiante.

1102. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Aujourd’hui je me repose du voyage.

1103. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Ce souvenir d’Étienne remonte à un voyage d’Italie qu’il fit en 1824, et pendant lequel il rencontra à Rome Mme Récamier entourée de ses amis, parmi lesquels, dit-il, le bon et aimable Ballanche.

1104. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Il abaisse ou il élève, selon ce qu’il a senti : il méprisera Butler pour son Hudibras si vanté ; il exaltera Bunyan le fanatique pour son Voyage du pèlerin.

1105. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Elle a fait ce voyage en quelque façon incognito, c’est-à-dire que ce n’était point une entrée.

1106. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Au moment le plus beau et le moins endommagé encore de son règne, Louis XVI, pénétré de la lecture des Voyages de Cook et jaloux pour la France de cette gloire des conquêtes géographiques, voulut donner lui-même à Laperouse, en le chargeant d’une expédition lointaine, des instructions en quelque sorte morales, et, dans sa sollicitude de philanthrope, il les rédigeait ainsi : « Si des circonstances impérieuses, qu’il est de la prudence de prévoir, obligeaient jamais le sieur de La Peyrouse à faire usage de la supériorité de ses armes sur celles des peuples sauvages, pour se procurer, malgré leur opposition, les objets nécessaires à la vie, telles que des subsistances, du bois, de l’eau, il n’userait de la force qu’avec la plus grande modération et punirait avec une extrême rigueur ceux de ses gens qui auraient outrepassé ses ordres.

1107. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

En tout, il y a dans cette suite de petits volumes de Mmc de Gasparin, particulièrement dans les deux derniers, Prouesses et Voyages, de l’éclat, du mouvement et mémo un peu trop, du bruit ; il y a du saccadé, du rocailleux, du naturel et de l’imité, du Tôpffer, du George Sand, du Michelet, que sais-je ?

1108. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Fox, qui le vit dans le voyage qu’il fit en France, en 1802, écrivait sur son compte à un ami : « Je devrais peut-être aussi faire mention de Villoison, le grand Grec, ne fût-ce que pour sa volubilité qui dépasse toute croyance.

1109. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

On assiste pourtant à d’honorables tentatives et au travail secret qui décida le voyage de Metz, l’année suivante, et qui prépara, comme suprême triomphe, la présence de Louis XV à Fontenoy.

1110. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Et quant à Mademoiselle de Sens dont le nom reparaît ici et dont il a été déjà question assez gaillardement dans un voyage à Chambord, il me revient à son sujet une anecdote que se plaisait raconter au dessert l’abbé de Feletz dans les agréables dîners qu’il nous donnait du temps de la Bibliothèque Mazarine.

1111. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il eut même un retour marqué de faveur lors du voyage d’Erfurt, où il fut appelé et très employé sous main par Napoléon auprès de l’empereur Alexandre (septembre-octobre 1808).

1112. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Lors d’un voyage qu’il fit l’an dernier à Bordeaux, la lecture de ce poëme, au sein de l’Académie de cette ville, lui valut un triomphe qui rappelle de loin ceux de l’antique Provence ou de l’Italie.

1113. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

On a publié depuis sa mort quelques carnets de notes de voyage, où les belles descriptions, les fortes émotions ne manquent pas : on sait ce que Michelet peut en ce genre.

1114. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Joubert, écrite pendant ce voyage de Rome.

1115. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Un grand peintre, un grand poète descriptif, Chateaubriand, voyage, quelques années après, en Orient, pour y chercher des couleurs.

1116. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Les jours où l’on est trop entêté de soi-même et de son importance, je ne sais rien de plus calmant que de lire un voyage en Perse ou en Chine.

1117. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Une seule de ces paroles me revient en ce moment ; c’est quand, revoyant Venise en 1833, il va promener sa rêverie au Lido, et qu’il y retrouve la mer, cette patrie qui voyage avec nous : « J’adressai, dit-il, des paroles d’amour aux vagues, mes fidèles compagnes.

1118. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

On plaignait devant lui Jean-Jacques Rousseau, qui avait été forcé de fuir : « Ne le plaignez pas trop, dit-il, il voyage avec sa maîtresse la Réputation. » Cette maîtresse-là est toujours la rivale, plus ou moins secrète, de l’autre maîtresse qui croit régner.

1119. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Aucun moment n’était perdu, et les voyages mêmes de l’intendant procuraient des occasions variées d’exercices et de conférences : M. d’Aguesseau emmenait ses enfants avec lui, et son carrosse devenait une espèce de classe, où l’étude exacte et régulière s’entremêlait doucement avec l’entretien.

1120. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

L’expulsion de l’Académie, le voyage de Londres, etc., n’ont pas de meilleur fondement.

1121. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Elle nous a montré et décrit son salon à Aix-la-Chapelle, pendant un voyage qu’y fit Joséphine en revenant des eaux de Plombières, dans l’été de 1804.

1122. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Chlewaski qui lui avait demandé ce que c’était que le livre des Voyages d’Anténor, Courier répond que c’est une sotte imitation d’Anacharsis, c’est-à-dire d’un ouvrage médiocrement écrit et médiocrement savant, soit dit entre nous : Je crois, ajoute-t-il, que tous les livres de ce genre, moitié histoire et moitié roman, où les mœurs modernes se trouvent mêlées avec les anciennes, font tort aux unes et aux autres, donnent de tout des idées fausses, et choquent également le goût et l’érudition.

1123. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Même lorsqu’il est le mieux traité et le plus choyé dans ses voyages à Paris, lorsque chacun le caresse et veut le retenir, Bernardin ne soupire pas moins après sa solitude champêtre ; il sent que la vie s’écoule, que ses dernières pages à achever le réclament, et il écrit alors naïvement à sa jeune femme : Je suis comme le scarabée du blé, vivant heureux au sein de sa famille à l’ombre des moissons ; mais, si un rayon du soleil levant vient faire briller l’émeraude et l’or de ses élytres, alors les enfants qui l’aperçoivent s’en emparent et l’enferment dans une petite cage, l’étouffent de gâteaux et de fleurs, croyant le rendre plus heureux par leurs caresses qu’il ne l’était au sein de la nature.

1124. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Ménage, et par la guerre civile qu’il a causée dans l’Académie, est un jeune homme qui a commencé de bonne heure à se gâter soi-même, et que, depuis, ont achevé de gâter quelques approbateurs… » Gilles Boileau, quand il était en voyage, portait dans son sac de nuit les Satires de Régnier, et, d’ordinaire, il présidait au troisième pilier de la grand-salle du Palais, donnant le ton aux clercs beaux esprits.

1125. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Montesquieu, parlant de la Relation du voyage entrepris et raconté par l’amiral carthaginois Hannon, a dit : C’est un beau morceau de l’Antiquité que la Relation d’Hannon : le même homme qui a exécuté a écrit ; il ne met aucune ostentation dans ses récits.

1126. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Ce ne sont pas des gaietés ni des péchés de jeunesse que ces contes ; elle les fit dans un âge très mûr ; elle les écrivit la plupart dans sa litière, en voyage, et par manière de délassement ; mais le délassement avait du sérieux.

1127. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Près d’un siècle avant, le Voyage de Charlemagne avait amusé Paris et l’Ile-de-France ; c’est un poème, presque parodique, d’une belle langue et d’une versification sûre : douze syllabes et la césure médiale : Trancherai les halbers | et les helmes gemez Aux mêmes époques, un vers latin était fort usité par les poètes de cloître ou de grand chemin : Plena meridie | lux solis radiat.

1128. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

La locomotion, pour aller du char antique de Laïus au railway, en passant par la patache, le coche, la turgotine, la diligence et la malle-poste, a fait du chemin ; le temps n’est plus du fameux voyage de Dijon à Paris durant un mois, et nous ne pourrions plus comprendre aujourd’hui l’ébahissement de Henri IV demandant à Joseph Scaliger : Est-il vrai, monsieur l’Escale, que vous avez été de Paris à Dijon sans aller à la selle ?

1129. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Il est grave, guindé, pédant et intellectuellement ressemble à ce qu’est ostéologiquement une gouvernante anglaise qui a beaucoup voyagé et que le temps, l’ennui, les voyages, ont durcie et pétrifiée sous son busc.

1130. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

C’est la nation qui voyage le moins (à part les expéditions militaires) et qui étudie le plus rarement les langues étrangères. « Tout le monde, disent-ils, apprend notre langue. […] Cousin dans deux voyages successifs s’assimila les idées nouvelles de Kant, puis de Hegel, et les importa en France où elles se transformèrent en pénétrant dans les différentes branches de la science. […] Mme de Staël répondit énergiquement qu’elle ne connaissait guère que les conscrits à qui vingt-quatre heures fussent suffisantes pour se mettre en voyage, et elle demanda huit jours pour faire venir de l’argent et sa voiture. […] En 1824 il fit un second voyage au-delà du Rhin. […] Ampère, en même temps archéologue, philosophe, poète et touriste, publia aussi le résultat de son voyage d’outre-Rhin ; mais le plus sérieux, le plus compétent de ces curieux qui venaient surprendre les secrets du génie germanique pour les importer en France, fut M. 

1131. (1921) Esquisses critiques. Première série

… Tout de lui attirait jadis l’attention et la retenait : ses cannes, ses cravates, la couleur de ses redingotes, la longueur de ses gants, ses collections, sa demeure… la baignoire de la Montespan, le pavillon des Muses… ses réceptions, ses amitiés, ses goûts et ses dégoûts, ses portraits — l’un par Whistler, l’autre par Boldini — ses conférences, ses voyages, sa tenue, ses gestes, le son de sa voix, ses airs de tête — ses œuvres mêmes défrayaient la chronique et la conversation. […] S’il nous introduit sans vanité (encore qu’avec une certaine affectation de snobisme) dans ces milieux où le vulgaire n’accède pas : dans le Faubourg, les Ambassades ou chez les milliardaires, il ne s’enorgueillit pas non plus des grands voyages qu’il a accomplis. […] Contrairement à cet écrivain qui parvient à faire rentrer un voyage en Argentine avec les deux traversées d’aller et de retour dans le scénario d’un roman psychologique fort délicat par ailleurs, et qui se passe dans l’Île-de-France93, il préféra laisser dans ses carnets tout ce qui ne peut nettement concourir à l’effet artistique qu’il se propose. Pense-t-on qu’avec un peu d’efforts il n’aurait pu adapter à la Turque ce qui fait la matière de Montmartre et les Boulevards, à tel de ses romans méditerranéens, les impressions de voyage dont se compose de Messine à Cadix ? […] Soit sous des ciels nouveaux, soit à travers les classes de la société, il voyage, recherchant derrière les manifestations essentielles et les gestes de la passion, quelque chose qui lui échappe sans cesse.

1132. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Il avait consigné les différents épisodes de ce voyage dans quelques notes confuses ; mais sa famille, par une discrétion jalouse, a refusé de les publier. […] Les œuvres que nous possédons forment tout au plus le tiers des manuscrits que l’auteur avait achevés ; et peut-être le voyage en Suisse d’André Chénier a-t-il servi à préparer des œuvres ignorées. […] De retour dans sa patrie, après un exil de plusieurs années, il a traduit ou abrégé, pour subvenir aux besoins de chaque jour, les romans de Richardson, l’Histoire de Cicéron de Middleton ; il a mis en ordre des collections de voyages. […] La peinture du préau de Bicêtre et du ferrement des galériens, le voyage de Bicêtre à Paris entre le gendarme et l’huissier, le sermon de l’aumônier, la séance des assises et la toilette du condamné appartiennent plutôt au mélodrame qu’à la poésie proprement dite, et le talent incontestable de l’auteur ne peut masquer la vulgarité de ces deux tableaux. […] Pour tromper sa douleur, il voyage, il parcourt l’Italie, mais il traîne avec lui sa chaîne.

1133. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

J’ouvre maintenant les Jeunes filles en fleurs et voici ce que je lis dès les premières pages : Mais — de même qu’au voyage à Balbec, au voyage à Venise que j’avais tant désirés — ce que je demandais à cette matinée, c’était tout autre chose qu’un plaisir : des vérités appartenant à un monde plus réel que celui où je vivais, et desquelles l’acquisition une fois faite ne pourrait pas m’être enlevée par des incidents insignifiants, fussent-ils douloureux à mon corps, de mon oiseuse existence. […] Il fallait un Thésée qui se dévouât à cette exploration, à ce grand voyage de la psychologie pure. […] De même qu’au voyage à Balbec, au voyage à Venise, que j’avais tant désirés, — ce que je demandais à cette matinée, c’était tout autre chose qu’un plaisir : des vérités appartenant à un monde plus réel que celui où je vivais, et desquelles l’acquisition une fois faite ne pourrait pas m’être enlevée par des incidents insignifiants, fussent-ils douloureux à mon corps, de mon oiseuse existence.

1134. (1881) Le naturalisme au théatre

Mais, avant d’étudier ce point, je dois dire que je n’ai jamais compris la querelle qu’on a cherchée à la Comédie-Française, lorsqu’il a été question de son voyage à Londres. […] Le voyage de la Comédie-Française à Londres n’aurait-il que prouvé où en est l’Angleterre devant la formule naturaliste moderne, que je le considérerais comme d’une grande utilité. […] Questionnez-les, ils vous diront qu’ils feraient le voyage de toutes les mansardes de Paris, s’ils savaient qu’un garçon de talent se cachât quelque part. […] Le mouvement s’accentuera encore, et la vérité sera complète, lorsqu’on aura décidé les femmes à ne pas profiter d’une pièce historique pour porter des toilettes éblouissantes, au coin de leur feu et même en voyage ; car, outre l’exactitude du costume, il y a la convenance du costume, ce qui m’amène à la question du vêtement dans nos pièces modernes. […] Albert Wolff, si les reporters, si les chroniqueurs n’avaient pas fait d’abord de madame Sarah Bernhardt une maigre légendaire qui restera dans l’histoire ; si, plus tard, ils ne s’étaient pas occupés de son squelette et de ses singes ; si, lorsque la copie leur manquait, ils n’avaient pas bouché le trou avec un bon mot ou une indiscrétion sur elle ; s’ils n’avaient pas empli les journaux de leur étonnement goguenard, chaque fois qu’elle a fait un envoi au Salon, publié un livre ou monté en ballon captif ; enfin, si, lors de ce voyage de la Comédie-Française à Londres, ils ne nous avaient pas raconté en détail jusqu’à ses maux de cœur : M. 

1135. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Un jour il dit : « Je serais curieux d’éprouver les sensations qu’un homme doit avoir quand il vient de commettre un assassinat. » Un autre jour il écrit sur son journal : « Hobhouse m’a rapporté un singulier bruit, que je suis le vrai Conrad, le véritable corsaire, et qu’une partie de mes voyages se sont accomplis sans témoins. […] Ce sont ses chagrins, ses révoltes, ses voyages, à peine transformés et arrangés, qu’il met dans ses vers. […] Et qu’est-ce qu’était tout ce livre, sinon son journal de voyage ?

1136. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Le subtil, l’émotionnant poète du Voyage dans les yeux, de Bruges-la-Morte et du Voile, chante aussi la gloire de Mistral et nous envoie ce petit bleu, aimablement accompagné d’un petit poème inédit : Cher Monsieur, Mistral a lui-même expliqué que, si son poème sera écrit en vers sans rimes, c’est qu’il se trouve exposé à retomber dans les mêmes, après trente mille vers publiés ! […] Dans mes voyages, combien d’orages ! […] Moréas, véritable pèlerin passionné, parti des ̃classiques, revient aux classiques, mais avec une volonté de classicisme épuré, agrandi, progressiste ; de son voyage vers les sables lumineux du symbole — où le Mirage remplace trop souvent, hélas !

1137. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

C’est avec une autre aisance que la sienne que Dante parcourt les régions du monde surnaturel, et que Faust accomplit son voyage chez les mères, à travers les royaumes des ombres et des abstractions. […] La bonté a-t-elle jamais pris une forme plus ingénieuse, plus spirituelle et plus charmante que cette visite qu’il fit pendant le voyage d’Italie à la mère de Cagliostro ? […] Il y a longtemps que la fameuse méthode d’autorité a été abolie dans les sciences et la philosophie ; mais il est une province de l’activité humaine où elle conserve toujours son empire : je veux dire les voyages. […] Il voyage superstitieusement, aveuglément, sur la foi de la tradition et l’autorité de ses devanciers. […] Mon compagnon de voyage me fit spirituellement remarquer qu’ainsi parqués ils avaient l’air de bêtes féroces encagées de peur qu’elles ne mordent, et exposées à la curiosité du public.

1138. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Ce voyage, dont la durée fut de près d’un an, lui fournit l’occasion de saisir les ridicules des provinces, et d’étudier les mœurs de la cour et des gouvernants. […] « Il y séjourna pendant l’été, et fit à Paris quelques voyages secrètement », ajoutent La Grange et Vinot. […] « Molière était du voyage, a dit M.  […] Afin de repousser l’outrage, Il a fait coup sur coup voyage, Et le bon droit représenté De son travail persécuté. […] Il ne s’aperçut de sa distraction qu’en entendant les éclats de rire de celui au secours duquel il était venu pour abréger la durée du voyage.

1139. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Holt, l’un des commentateurs de Shakespeare, a pensé que le mariage sur lequel le poëte verse tant de bénédictions, par la bouche de Junon et de Cérès, pourrait bien être celui du comte d’Essex, qui épousa en 1611 lady Frances Howard, ou plutôt termina en cette année son mariage, contracté dès l’année 1606, mais dont les voyages du comte, et probablement la jeunesse des contractants, avaient jusqu’alors retardé la consommation. […] Ambrogio fut obligé de faire un second voyage, et cette fois-ci il laissa sa fille dans un couvent où était Camilla, nièce de Lattanzio. […] Le capitaine Bréval, dans ses voyages, dit également avoir vu à Vérone, en 1762, un vieux bâtiment qui était alors une maison d’orphelins, et qui, selon son guide, avait renfermé le tombeau de Roméo et de Juliette ; mais il n’existait plus. […] Celui-ci, bien que fort content de l’honneur qui lui était offert, sentait diminuer sa joie en pensant à la longueur et à la difficulté du voyage… Disdémona, voyant le More troublé, s’en affligeait, et, n’en devinant pas la cause, elle lui dit un jour pendant leur repas : — Cher More, pourquoi, après l’honneur que vous avez reçu de la Seigneurie, paraissez-vous si triste ? […] Le héros, vrai coureur d’aventures, voyage continuellement.

1140. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Toute l’œuvre de la psychologie analytique, c’est de prouver cette vérité ou, pour mieux parler, de la découvrir ; car c’est un voyage de découverte. […] Ainsi tout le monde sait qu’une semaine passée en voyage et qui, par conséquent, excite beaucoup l’activité de l’esprit, nous apparaît rétrospectivement beaucoup plus longue qu’une semaine passée chez soi.

1141. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Quel devait être le guide du sombre voyage, sinon le dieu crépusculaire qui présidait au passage de la veille au sommeil, du jour à la nuit ? […] Ne me fais pas faire deux voyages.

1142. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» Vendredi 25 juillet Ce soir Daudet parle avec une exaltation un peu fiévreuse, et comme d’un souvenir passionnant, d’un voyage de trois semaines en mer, qu’il avait fait autour de la Corse, dans une goëlette de la douane. […] Et dans l’évocation de ce voyage, il se soulève de son abattement, ses yeux brillent : c’est le Daudet du bon temps qui a la parole.

1143. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Voyage de Platon en Italie. Ouvrage très superficiel et qui exagère tous les défauts du Voyage d’Anacharsis.

1144. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Son peu de bien le retenait au logis et lui interdisait les fréquents voyages.

1145. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Dans ses voyages à Paris, il était consulté par M. de Malesherbes sur l’état des Juifs ; par le maréchal de Beauvau, ami de M. 

1146. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Bref, les envoyés, après maint voyage, s’en revenaient fort tristes et dans le dernier embarras, lorsque, s’arrêtant dans certain cabaret pour concerter leur réponse, ils aperçoivent un gros garçon de bon appétit qui chantait de tout son cœur auprès d’une Suzon de mine très joyeuse et d’apparence peu sévère.

1147. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

On n’a jamais lutté avec plus de constance et de suite qu’il ne l’a fait contre une folie aussi présente et persistante, « une des plus furieuses tempêtes, disait-il, qui ait été déchaînée sur une âme humaine, et qui ait jamais bouleversé la navigation d’un matelot chrétien. » Une de ses dernières pièces de vers, intitulée Le Rejeté, est la peinture d’un matelot tombé en pleine mer pendant le voyage de l’amiral Anson, et s’efforçant de suivre à la nage le vaisseau d’où ses compagnons lui tendent en vain des câbles, et qu’emporte la tempête : il y voyait une image lugubre de sa destinée.

1148. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Au retour d’un voyage que Costar avait fait du Mans aux bords de la Charente et d’une visite chez Balzac, Voiture, en l’en félicitant, lui disait : … Je vous porte envie d’avoir été huit jours avec M. de Balzac.

1149. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Cousin : « Voilà l’homme que vous avez proclamé le premier métaphysicien de notre temps, et cet homme, il avoue que le point d’appui indépendant qu’il avait cherché à sa fondation philosophique n’existe pas, et, par son dernier mot qui se révélé aujourd’hui, il vient à nous, il est avec nous, au pied de la croix. » — D’un autre côté, les philosophes de l’école positive et physiologique que Maine de Biran a abandonnée pourraient dire : « Toutes ces variations et ces voyages de l’auteur autour de sa chambre s’expliquent : il est faible, il est malade et inquiet, il cherche la vérité, mais sous forme de remède ; et le remède moral que désire si vivement un malade, il finit toujours, s’il cherche longtemps, par le trouver ou par croire qu’il l’a trouvé. » — La vérité est qu’un homme de plus est connu, mais la question n’a pas avancé d’un pas.

1150. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Mais Richelieu voulait de son Académie française autre chose encore, et cette autre chose, je n’irai pas la demander aux révélations de La Mesnardière, esprit assez peu sûr, qui, dans son discours de réception, nous dit, non sans un retour de vanité complaisante : J’eus de Son Éminence de longues et glorieuses audiences vers la fin de sa vie durant le voyage de Roussillon, dont la sérénité fut troublée pour lui de tant d’orages.

1151. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Mais la nuit porte conseil : il réfléchit au danger de son voyage, et il pense que mieux vaut le différer et partir, non pour Paris, mais pour Reims et Vervins, afin de se rendre de là à la Chartreuse du Val-Saint-Pierre-en-Thiérarche, où il avait un parent, dom Barthélemy Effinger, qu’il n’avait jamais vu, mais qui lui destinait une cure : « Je resterai, se disait-il, au monastère sous prétexte d’en vouloir connaître l’intérieur, les pratiques, et peut-être d’en devenir un des moines ; sous ce prétexte, j’exigerai et j’obtiendrai le secret. » il ne serait allé à Paris qu’un peu plus tard et quand déjà sa famille, inquiète de son absence, l’y aurait fait chercher vainement.

1152. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

 » Le voyage s’achève, on arrive chez le père : scène touchante.

1153. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Dans son pot-pourri d’Ariane et Bacchus, Béranger a dit : « Près de Silène gaillard On voyait paraître Maître Adam, Piron, Panard, Et Collé mon maître, etc. » ; et au même moment, dans cette pièce, Béranger, comme pour justifier son dire, imite la chanson de Collé, La naissance, les voyages et les amours de Bacchus, une des plus ardentes et des plus belles.

1154. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

… » C’est à elle de parler, de raconter tout ce voyage avec les impressions qu’elle y mêle et avec cette vivacité, ce mouvement de jeune fille qui était alors une des grâces et l’un des enchantements de sa personne : « Les grandes scènes ont commencé au Rhin ; on m’a conduite dans une île où j’aurais été bien heureuse d’être un peu seule comme Robinson pour me recueillir, mais on ne m’en a pas laissé la liberté ; on m’a comme emportée dans une maisonnette dont un côté était censé l’Allemagne, l’autre la France ; à peine m’a-t-on laissé le temps de faire une prière et de penser à notre bonne chère maman et à vous tous, mes bien-aimés du petit cabinet ; les femmes se sont emparées de moi, — m’ont changée des pieds à la tête. — Après cela, sans me laisser respirer, on a passé dans une grande salle, on a ouvert le côté de France, et l’on a lu des papiers : c’était le moment où mes pauvres dames devaient se retirer ; elles m’ont baisé les mains et ont disparu en pleurant.

1155. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

C’est au retour de ces voyages en Prusse et en Suisse que Raynal s’en vint un jour tomber à Toulon à l’hôtel de l’intendance.

1156. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

» Sa correspondance d’alors donne l’idée d’une vie toute d’étude, de prière, à peine accidentée par quelques voyages de La Chesnaie à Saint-Malo, traversée par de courts et brusques éclairs de gaieté, assujettie d’ailleurs à bien des soins domestiques et de ménage, fort occupée dans un temps à la construction d’une chapelle à La Chesnaie ; mais bientôt la maladie que vous appellerez, si vous le voulez, la maladie du génie, l’inquiétude vague, le mécontentement et la nausée du présent, qui sera l’état fondamental et constitutionnel de La Mennais, se dessine et se déclare, et pour ne plus cesser.

1157. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

George. » Tout ceci est antérieur au voyage d’Italie ; les confidences purement littéraires s’arrêtent là.

1158. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

De ses quatre enfants qui tremblaient de ce voyage, elle n’emmena que moi. — Je l’avais bien voulu, mais je n’eus plus de gaieté après ce sacrifice.

1159. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Gresset vieillissant tournait sans cesse autour du Vert-Vert ; il en avait repris, développé, enjolivé les deux derniers chants ; une partie nouvelle qui s’appelait l’Ouvroir fut par lui récitée à la famille royale dans un voyage qu’il fit à Paris en 1774.

1160. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

— C’est en ce sens que Buffon disait : « Je n’estimerais pas un jeune homme qui n’aurait point comme ncé par l’amour. » Quelqu’un de très-spirituel l’a dit encore : On doit faire dans la vie comme pour un voyage ; il faut toujours se mettre en route avec trop de provisions, au moral aussi ; on ne saurait être trop en fonds au départ, on a bien assez d’occasions de perdre et de dépenser.

1161. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

L’amoureux préféré est un jeune lord qui voyage avec un de ses parents pour gouverneur.

1162. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

On les connaîtra plus tard et par leurs actions elles-mêmes, quand, en Touraine, ils assommeront à coup de sabots le maire et l’adjoint de leur choix, parce que, pour obéir à l’Assemblée nationale, ces deux pauvres gens ont dressé le tableau des impositions, ou quand, à Troyes, ils traîneront et déchireront dans les rues le magistrat vénérable qui les nourrit en ce moment même et qui vient de dresser son testament en leur faveur  Prenez le cerveau encore si brut d’un de nos paysans contemporains, et retranchez-en toutes les idées qui, depuis quatre-vingts ans, y entrent par tant de voies, par l’école primaire instituée dans chaque village, par le retour des conscrits après sept ans de service, par la multiplication prodigieuse des livres, des journaux, des routes, des chemins de fer, des voyages et des communications de toute espèce730.

1163. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Il n’y a pas de découverte plus difficile et plus délicate que celle des changements de ton par lesquels une idée se continue dans l’idée suivante, car il s’agit alors d’imiter les véritables mouvements de l’âme, de la suivre, toute complexe et capricieuse qu’elle est, à travers les ondulations tortueuses et imprévues par lesquelles elle voyage tour à tour de la joie à la tristesse, de la tendresse à la colère.

1164. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Mathurin Régnier, de Chartres (1573-1613), neveu de Desportes, fit deux voyages à Rome à la suite du cardinal de Joyeuse et de M. de Béthune, ambassadeur du roi.

1165. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

., par le même, Bordeaux et Paris, 1892. in-4 ; Voyages de M., par le même, ibid.

1166. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

De même que des mots comme tunnel ou budget ont été portés par elle en Angleterre avant d’en être rapportés avec un son et un sens nouveaux, de même certaines doctrines parties de chez elle ont fait de si longs voyages et se sont si bien transformées sur la route qu’à leur retour dans leur contrée d’origine elles ont paru avoir la saveur de l’inconnu.

1167. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Donc, madame Huguet fait à son fils une noire peinture de la pauvreté dans le mariage, et des périls qui attendent la Faim et la Soif partant, entrelacées, pour le voyage de la vie… A ce tableau désolant, Philippe oppose l’exemple de son père.

1168. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

M. de Simerose annonce à sa femme qu’il entreprend un voyage aussi périlleux qu’une campagne.

1169. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Elle l’alla voir durant un voyage qu’elle fit pour sa santé à Genève.

1170. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Dans son dernier voyage à Paris, et au moment de sa mort, il était occupé de cette réfutation.

1171. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il vint à Paris jeune, et il y fit, depuis l’âge de dix-huit ans, plusieurs voyages ; mais il ne s’y établit tout à fait que vers 1687, à l’âge de trente ans.

1172. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Dans l’intervalle de l’un ou de l’autre de ces voyages, j’oubliais que M. 

1173. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

En 1840, dans son voyage de Toulouse, où il avait gagné pour la première fois son titre envié de poète universel de tout le pays languedocien, il avait vu une jeune personne, alors dans la prospérité, Mlle Thérèse Roaldès, « marier sa riche musique à ses pauvres chansons ».

1174. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Les voyages qu’il dut faire à Londres et à Bruxelles, durant cette collaboration avec Linguet, fournirent à son esprit méditatif des points de comparaison.

1175. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Jeune, dans les intervalles de son métier d’homme de loi, il faisait en français des vers un peu comme en faisait en latin le chancelier de L’Hôpital (lesquels vers, en général, ne sont pas trop bons ni très poétiques) ; et, à propos de L’Hôpital, il n’avait garde d’oublier le passage où l’illustre chancelier, dans le récit de son voyage à Nice, a célébré le territoire de Brignoles et surtout les excellentes prunes « dont la renommée est répandue dans le monde entier ».

1176. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Forcé de sortir de Paris en Vendémiaire, il raconte très spirituellement sa fuite et les divers incidents du voyage, la patache de ce temps-là, la patache primitive en plein vent, et dans toute sa rusticité originelle : « J’en ai vu depuis, dit-il, mais corrompues par le luxe qui nous envahit ; elles sont couvertes. » Les dialogues qui égayent le chemin sont d’excellentes scènes de mœurs.

1177. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Un crachement de sang, un voyage aux eaux, la mort de son beau-père, M. 

1178. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Et parlant du grand ouvrage que Montesquieu préparait depuis vingt ans, M. d’Argenson ajoutait : J’en connais déjà quelques morceaux qui, soutenus par la réputation de l’auteur, ne peuvent que l’augmenter ; mais je crains bien que l’ensemble n’y manque, et qu’il n’y ait plus de chapitres agréables à lire, plus d’idées ingénieuses et séduisantes, que de véritables et utiles instructions sur la façon dont on devrait rédiger les lois et les entendre… Je lui connais tout l’esprit possible ; il a acquis les connaissances les plus vastes, tant dans ses voyages que dans ses retraites à la campagne ; mais je prédis encore une fois qu’il ne nous donnera pas le livre qui nous manque, quoique l’on doive trouver dans celui qu’il prépare beaucoup d’idées profondes, de pensées neuves, d’images frappantes, de saillies d’esprit et de génie, et une multitude de faits curieux, dont l’application suppose encore plus de goût que d’étude.

1179. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Je veux bien faire un voyage et passer quelques mois dans ma république ; mais, par les propositions que l’on me fait, il s’agit de m’y fixer, et, si j’accepte, je ne serai pas maître de n’y pas rester.

1180. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Il remarque que, quoiqu’il y ait dans les Essais une infinité de faits, d’anecdotes et de citations, Montaigne n’était point à proprement parler savant : « Il n’avait guère lu que quelques poètes latins, quelques livres de voyages, et son Sénèque, et son Plutarque » ; ce dernier surtout, Plutarque, « c’est vraiment l’Encyclopédie des anciens ; Montaigne nous en a donné la fleur, et il y a ajouté les réflexions les plus fines, et surtout les résultats les plus secrets de sa propre expérience. » Les huit pages que Grimm a consacrées aux Essais de Montaigne sont peut-être ce que la critique française a produit là-dessus de plus juste, de mieux pensé et de mieux dit.

1181. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker lui plaît tant dans la conversation, quand il s’y abandonne, qu’elle lui trouve du rapport avec Horace Walpole, et elle l’ose avouer : « Le Necker a beaucoup d’esprit ; il ne s’éloigne pas de vous ressembler à quelques égards. » Horace Walpole n’est point de cet avis ; M. et Mme Necker font au printemps de 1776 un voyage en Angleterre, et, à leur retour, Mme Du Deffand écrit : Ils ne vous plaisent pas beaucoup, je le vois bien ; tous les deux ont de l’esprit, mais surtout l’homme.

1182. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

La santé de M. de Suhm justifia trop les craintes de son ami : après plus de trois années de séjour en Russie, et au moment où Frédéric devenu roi lui écrivait : « Revenez et soyez à moi », M. de Suhm, épuisé de forces, expirait dans le voyage.

1183. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Facile aux liaisons, camarade de bien des gens de lettres et de beaucoup de militaires, il dut à l’amitié du général Leclerc de faire son premier voyage d’Italie et d’être présenté à Bonaparte, général en chef, à Milan, au printemps de 1797.

1184. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Taine ressortent autant de ses études sur Johnson et Addison que de son Voyage aux Pyrénées ou de ses Notes sur Paris.

1185. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Dans ces petits voyages il rencontrait à mi-chemin Oxford, et à Oxford l’hôtel de la Couronne, et dans l’hôtel l’hôtesse, belle et intelligente créature, femme du digne aubergiste Davenant.

1186. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Quand on voyage du sud vers le nord, ou qu’on passe d’une région humide à une région sèche, on observe invariablement que quelques espèces deviennent de plus en plus rares, et finissent par disparaître complétement ; et le changement du climat étant quelque chose de frappant à première vue, nous sommes disposés à attribuer entièrement cette disparition à son action directe.

1187. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Puis elle se tut pour reprendre avec son importance et son essoufflement ordinaires, l’examen de l’actrice en voyage et du vaudeville en vogue, la grande affaire pour le public français !

1188. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Ce sont les fragments retrouvés de ces correspondances et de ces articles, mêlés à quelques impressions d’un voyage dans les Pyrénées, qu’on a réunis et qu’on a eu raison de recueillir.

1189. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Renan : voyage à Jérusalem. […] Renan fut son voyage à Jérusalem. […] Il ne faut point s’en étonner : c’est en cela, en effet, que les voyages intellectuels diffèrent des autres : on se met en route avec des projets déterminés, pour une destination qu’on croit certaine, aussi sûr de soi qu’un touriste qui vient de prendre un billet de chemin de fer — et l’on arrive ailleurs. […] Toutefois, dans ce long voyage, on peut avoir trouvé que, pour être égarée dans l’infini comme un troupeau dans les landes désertes, pour vaguer au hasard sous le soleil qui lui donne une illusion de lumière, la pauvre humanité n’en est pas moins quelque chose de grand et de beau. […] Voilà une idée qui ressort avec un relief singulier des premiers ouvrages de M. de Vogüé, des récits de voyage qu’il a rapportés de Syrie, de Palestine, d’Égypte, et surtout de ce curieux conte symbolique, intitulé Vanghéli, dans lequel il a tenté, si je peux m’exprimer ainsi, d’incarner une âme collective dans un personnage fictif.

1190. (1914) Une année de critique

Je marche sur la route aisée, Dans la clarté du ciel serein, Et plein d’adresse et de courage, Mon esprit est un tambourin Sous les doigts légers du voyage. […] Je me rappelle cinq strophes, lues il y a bien longtemps, que j’aime beaucoup, et qui contiennent pour moi toute la douceur des paysages d’hiver, toute la nostalgie du Nord : Neighilde au loin parfois voyage, Un traîneau doublé de frimas L’emporte au-dessus des nuages, À travers de meilleurs climats. […] D’Île en Île est un récit de voyage mêlé de fiction. […] Oui, il est descendu au fond de ce gouffre dont il prétendait avoir peur, et le livre qu’il a rapporté de ce voyage passe en cruauté les plus sombres pages d’un Nietzsche. […] Je l’ai porté, durant tout un voyage, comme un remords.

1191. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

À l’occasion il comparera la politique qui cherche la popularité1399 « au chien noyé de l’été dernier qui monte et remonte la Tamise selon le courant et la marée, que vous connaissez de vue, et aussi de nez, que vous trouvez là à chaque voyage, et dont la puanteur devient chaque jour plus intolérable. » Le saugrenu, les disparates abondent dans son style. […] Par exemple, les théologiens1423, ayant voulu se représenter avec une netteté et une certitude entière les personnages du Nouveau Testament, ont supprimé l’auréole et la brume dans lesquelles l’éloignement les enveloppait ; ils se les sont figurés avec leurs vêtements, leurs gestes, leur accent, avec toutes les nuances d’émotion que leur style a notées, avec le genre d’imagination que leur siècle leur a imposé, parmi les paysages qu’ils ont regardés, parmi les monuments devant lesquels ils ont parlé, avec toutes les circonstances physiques ou morales que l’érudition et les voyages peuvent rendre sensibles, avec tous les rapprochements que la physiologie et la psychologie modernes peuvent suggérer ; ils nous en ont donné l’idée précise et prouvée, colorée et figurative1424 ; ils les ont vus non pas à travers des idées et comme des mythes, mais face à face et comme des hommes. […] À ses yeux, les deux n’en font qu’un ; le sens moral est le promoteur et le guide de la philosophie. « Est-ce qu’il n’y a pas de Dieu, ou tout au plus un Dieu en voyage, oisif, qui reste assis depuis le premier sabbat à la porte de son univers et le regarde aller ?

1192. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Si je disais de lui qu’il est un conteur de voyages, je ne dirais pas assez, car il y a beaucoup de voyageurs sans poésie et sans âme, et son âme est une des plus poétiques et des plus précieuses que je connaisse. […] Fromentin raconte ses voyages d’une manière double, et qu’il les écrit aussi bien qu’il les peint, avec un style qui n’est pas celui d’un autre. […] En parcourant ces amusants albums de voyage il me semble toujours que je revois, que je reconnais ce que je n’ai jamais vu.

1193. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

D’Aubigné, en son Histoire, donne à cet écrit une origine moins patriotique et plus personnelle ; il suppose que l’idée en est venue à l’auteur dans un voyage à Paris.

1194. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Je les regarde au contraire comme des postillons qui ont fait leur poste ; mais ils ne sont que des postillons de province, il en faudra d’autres pour nous faire arriver au but du voyage, qui est de nous faire entrer dans la Capitale de la Vérité. » (Mars 1801.)

1195. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Pour nous, ce qui nous attire et ce qui nous en plaît aujourd’hui, ce n’est pas tant ce canevas sentimental aisé à imaginer, et qui est traité d’ailleurs avec grâce et délicatesse, comme aurait pu le faire Mme de Souza ; ce sont moins les personnages amoureux que des personnages au premier abord accessoires, mais qui sont en réalité les principaux : c’est un président de Longueil, forte tête, à idées politiques, à vues étendues, une sorte de Montesquieu consultatif en 89, et qui, en écrivant à Saint-Alban, lui communique ses appréciations supérieures et son pronostic chaque fois vérifié ; — c’est aussi le père du jeune Saint-Alban, espèce de Pétrone ou d’Aristippe, qui, pour se livrer à ses goûts d’observation philosophique et de voyages, a renoncé dès longtemps aux affaires, aux intérêts publics, même aux soins et aux droits de la puissance paternelle, et s’en est déchargé sur son ami le président de Longueil.

1196. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Je fis exprès un voyage en Suisse.

1197. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Nous arrivions à toi, venant d’un long voyage, Battus par tous les vents, haletants, harassés ; L’Espérance elle-même, au plus fort de l’orage,     Nous avait délaissés.

1198. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Et pour charmer encor ce nocturne voyage, Dont la lune des bois gardera le secret, Les jeunes baliveaux agitaient leur feuillage Où la serpe d’argent brillait.

1199. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Voici ce jugement mémorable et souvent cité : « Je vis, je ne fis que voir, dit-elle en parlant d’un de ses voyages à Paris, en février 1791, le puissant Mirabeau, Bétonnant Cazalès, l’audacieux Maury, etc. » ; et, se reprenant à ce nom de Mirabeau, elle ajoutait en manière de rétractation et de repentir : « Le seul homme dans la Révolution, dont le génie pût diriger des hommes, impulser une assemblée : grand par ses facultés, petit par ses vices, mais toujours supérieur au vulgaire et immanquablement son maître dès qu’il voulait prendre le soin de le commander.

1200. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

C’est au retour de ce voyage de Varennes qu’il reçut un de ces témoignages touchants qui se gravent dans le cœur comme la seule digne récompense du dévouement désintéressé.

1201. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Tout ce que je sais d’un Virgile compréhensible pour moi, c’est que le nôtre ou celui de la Bretagne voyage dans le Midi, sous le nom de Brizeux, dont la santé et le silence commencent à m’inquiéter, à moins que tu n’en aies reçu quelque lettre. » Ce diminutif de Virgile, Brizeux, qui n’avait rencontré à temps ni Auguste ni Mécène, ni leur diminutif, ne touchait guère Paris qu’en passant ; il se sauvait bien vite, pendant des mois et des saisons, tantôt dans sa Bretagne, tantôt à Florence ; il craignait d’écrire et poussait l’horreur de la prose jusqu’à ne se servir le plus souvent que d’un crayon pour tracer des caractères aussi peu marqués que possible.

1202. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Le temps était affreux ; mon cheval s’abattit six fois pendant ce voyage ; j’admire encore comment je pus arriver à Eylau.

1203. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Six semaines d’un voyage en calèche à travers la Belgique ou le long du Rhin, glaces ouvertes, lui suffisent d’ordinaire pour son plus long chef-d’œuvre, pour la pièce en cinq actes et sans collaborateurs.

1204. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Tel il s’est montré dans tout son rôle, depuis miss Smithson jusqu’à Mlle Rachel, depuis Hernani jusqu’à Lucrèce ; sur Homère, sur l’abbesse Hrosvitha, sur la reine Nantechild, sur Ahasvérus, il a émis, accepté et soutenu des doctrines, des vues, qui témoignent de l’ouverture de sa pensée et de sa flexibilité ingénieuse presque indéfinie ; ce qui me fait dire et répéter de plus en plus : « Le critique n’est jamais chez lui, il va, il voyage ; il prend le ton et l’air des divers milieux : c’est l’hôte perpétuel180. » Chez beaucoup de ceux qui avaient épousé très-vivement la cause nouvelle au début et qui avaient entonné à haute voix le Chant du départ, le mécompte a suivi et s’est fait amèrement sentir.

1205. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Tel qui se pose en critique fringant et de grand ton, en juge irréfragable de la fine fleur de poésie, se serait élevé pour toute littérature (car celui-là eût été littérateur, je le crois bien) à raconter dans le Mercure galant ce qui se serait dit en voyage au dessert des princes.

1206. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Télémaque, pendant ce long voyage, tantôt heureux, tantôt traversé par le destin, aborde ou échoue sur mille rivages, assiste à des civilisations diverses, expliquées par son maître Mentor, court des dangers, éprouve des passions, est exposé à des piéges d’orgueil, de gloire, de volupté, en triomphe avec l’aide de cette Sagesse invisible qui le conseille et le protége, se mûrit par les années, se corrige par l’expérience, devient un prince accompli, et voyant régner, dans les contrées qu’il parcourt, tantôt de bons rois, tantôt des républiques, tantôt des tyrannies, reçoit, par l’exemple, des leçons de gouvernement qu’il appliquera ensuite à ses peuples.

1207. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

À Alençon, à Bourges, à Nérac, à Pau, dans toutes ses résidences, en voyage même, elle n’apparaît qu’entourée de poètes et de savants, qui sont ses valets de chambre, ses secrétaires, ses protégés et comme ses nourrissons.

1208. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

C’est un bourgeois de Paris, de vieille bourgeoisie parisienne, né et élevé entre la Sainte-Chapelle et le Palais, mort au Cloitre-Notre-Dame, et qui dans ses soixante-dix ans de vie n’a guère quitté Paris que pour Auteuil ; quelques séjours à Bâville, chez Lamoignon, ou à Hautisle, chez Dongois, deux voyages à la suite du roi, une saison à Bourbon, épuisent la liste des déplacements de ce Parisien renforcé.

1209. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Julien Viaud (né à Lorient en 1850) ; le Mariage de Loti (1880), d’où il prit son pseudonyme ; le Roman d’un spahi (1881) ; Mon frère Yves (1883) ; Pêcheurs d’Islande (1886) ; le Désert et Jérusalem, impr. de voyages (1895) — Édition : Calmann-Lévy, 14 vol. in-18. — À consulter : Loti, le Roman d’un enfant (1890) : R.

1210. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Et quels jolis voyages à travers le pays bleu !

1211. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Et de même que, dans un voyage de découvertes, parmi les premiers qui frayent le chemin, le plus obscur a son prix ; de même, dans ce grand travail de défrichement du xvie siècle, le moindre écrivain ajoute aux conquêtes de l’esprit et de la langue.

1212. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Verlaine tenait ce renseignement de Baju lui-même, mais je soupçonne fort ces voyages d’être un produit fertile de l’imagination·du jeune pince-sans-rire.

1213. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Elle est en butte à plusieurs catégories de séducteurs : le visionnaire d’abord, qui la peut déconcerter et conquérir par surprise ; l’imaginatif pur, dont le capricieux esprit indiscipliné en soupçonne plus long sur la réalité que n’en saurait la réalité elle-même, tant il a refait les mêmes voyages par tous les chemins praticables, tant il s’est rendu supérieur dans le jeu des rapprochements, des souvenirs et des rapports, et, en un mot, s’est ménagé de points de repère et d’entrecroisement ; l’intellectuel qui conçoit mathématiquement, par voie de déductions, et qui tisse un ouvrage de subtilité rare, à force de persévérance et de repliement sur soi ; enfin, le professionnel, que représentent d’ailleurs la généralité des hommes, — puisque être, c’est penser, — lequel voit et pense.

1214. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Ce ne sont que des accidents dans le grand voyage, accidents qui ont pu causer de fâcheux retards, bien compensés par les inappréciables avantages que l’humanité en a retirés.

1215. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Les personnages meurent en état de grâce ; mais ils vivent tout autrement ; et, s’ils finissent par arriver au paradis, il faut avouer que c’est par des chemins singuliers et après un véritable voyage en zigzag.

1216. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Ses divinités souveraines sont toujours Ouranos et Gaïa, le Ciel et la Terre, les « deux grands Compagnons de voyage », les « deux Parents du monde », des hymnes aryens.

1217. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Ainsi encore, dans Le Voyage imaginaire, ce vers tout matinal : J’ai sur l’Hymette éveillé les abeilles.

1218. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Je traduirai ici le passage même de cet auteur anglais, Joseph Spence, qui avait visité Lesage dans un voyage en France : Sa maison est à Paris, dit Spence, dans le faubourg Saint-Jacques, et se trouve ainsi bien exposée à l’air de la campagne.

1219. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

On a de lui la Relation de son voyage en Amérique, dont quelques parties ont été imprimées : c’est un vif, amusant et spirituel récit, tout à fait dans le genre d’esprit d’alors, dans le genre français et léger.

1220. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Dans un voyage qu’elle fit à Rome en 1827, elle fut reçue au Capitole membre de l’Académie du Tibre ; elle fit ensuite, comme Corinne toujours, le pèlerinage du cap Misène.

1221. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

[NdA] On lit dans les Mémoires du chanoine Maucroix, à l’occasion d’un voyage qu’il fit à Fontainebleau, au mois d’août 1671 : M. 

1222. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Elle faisait de ces choses qui eussent été charmantes de la part d’une toute jeune fille : pendant un voyage en Flandre où M. de Lauzun commandait comme général, un jour d’horrible pluie, comme il s’approchait souvent de la voiture du roi nu-tête et le chapeau à la main, Mademoiselle ne pouvait se contenir et disait au roi : « Faites-lui mettre son chapeau ! 

1223. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Chapelle et Bachaumont, dans leur agréable Voyage, nous font assister à une conversation ridicule des précieuses de Montpellier, où tout ce qui se dit est au rebours du bon sens et de la fine justesse.

1224. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Je n’ai pas à la suivre dans le détail de sa vie et de ses divers voyages, dont la plupart furent entrepris pour réparer sa santé en proie à des angoisses nerveuses qui marquaient le travail de l’âme.

1225. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

À travers ces incertitudes et ces projets flottants de la jeunesse, il voyage dans le pays, et il n’est, chemin faisant, nièce de curé qu’il ne trouve moyen de comparer à une Vierge du Corrège.

1226. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Dans ce lent voyage de Cherbourg, il maintint jusqu’à la fin l’ordre et un certain décorum militaire dans l’escorte royale : lui qui gardait encore sa cocarde tricolore le 12 avril 1814 à l’entrée de Monsieur dans Paris, il était le dernier maintenant à garder sur la terre de France cette cocarde blanche menacée.

1227. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Dans la relation d’un Voyage littéraire que fit en France, en 1733, un Français réfugié de Berlin, Jordan, il est parlé de Rollin en des termes qui nous le montrent assez au naturel et sans exagération : Je rendis visite à l’illustre M. 

1228. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Dans le Voyage dans le Harz, il en apparaît une, aussi gracieusement pure et affectueuse que la Marguerite du Faust, questionneuse et caressante.

1229. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Critique sociale ou économique Voyages. — À l’écart des professionnels théoriciens de la politique socialiste ou des anarchistes universitaires, nous devons nommer M. 

1230. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

« Le prélat répondait longuement et savamment à leurs questions, exposait les lois de la gravitation, s’élevait contre l’imposture de nos sens, et finissait par conseiller aux moines de ne pas troubler les cendres de Copernic. » (Voyage en Italie.)

1231. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Les sauvages font des voyages immenses sans se parler, parce que les sauvages sont ignorants.

1232. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Ils ne s’en doutent pas, ils sont tranquilles, ils sont heureux, ils s’entretiennent de leur voyage.

1233. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Le lien entre la revue et les Éditions Action est assuré de nouveau par la publicité, notamment pour le Voyage en autobus de Sauvage à paraître aux Éditions Action dont il est donné ici un extrait (le recueil paraîtra chez Liber, voir ci-dessous l’introduction du n° 7).

1234. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Or, ce n’est pas là son chemin, et elle est changée du voyage.

1235. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Un voyage qu’il y fit impunément lui laissa peu d’espérance ; et, de retour à Mexico, il se vit déchu de sa magistrature inamovible par une loi nouvelle et inexorable, comme en portent parfois les républiques.

1236. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Un Américain se marie dans une usine à gaz, puis monte avec sa femme dans un ballon qui les attend, et accomplit son voyage de noces dans les nuages. […] Le voyage a duré quatre jours et quatre nuits, et le voyageur est naturellement moulu. […] Une cuisinière reçoit et expédie plus de lettres qu’autrefois un professeur de faculté, et un petit boutiquier voyage plus, voit plus de pays et de peuples, que jadis un prince régnant. […] Les imitateurs étrangers des romantiques allemands ne savent pas que, lorsqu’ils font, dans leur fuite de la réalité, une halte dans le moyen âge, ils ont pour guide de voyage le patriotisme allemand. […] C’est un trait bien anglais que Milton, dans sa description de l’enfer et de ses habitants, soit aussi détaillé et consciencieux qu’un arpenteur et un naturaliste, et que Bunyan raconte le Voyage du Pèlerin vers le royaume mystique de la rédemption, avec la méthode des récits de voyage les plus plastiques, comme un capitaine Cook ou un Burton.

1237. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

La province est déjà ridiculisée ; Molière rapporte de ses voyages les Précieuses, la Comtesse d’Escarbagnas, Monsieur de Pourceaugnac. […] Où est l’homme assez courageux pour avouer aujourd’hui qu’il aime la peinture de Bouguereau, par exemple, ou qu’il n’aime pas la nature, ou qu’il préfère à tous les voyages le coin de son feu ? […] Un érudit italien, M. d’Ancona, ayant réédité le Voyage de Montaigne en Italie, a eu l’idée de rechercher l’impression produite par l’Italie sur les voyageurs étrangers, aux seizième, dix-septième et dix-huitième siècles. Arrivé au dix-neuvième, le savant professeur s’est aperçu que les voyages des touristes n’avaient plus d’intérêt pour le but qu’il s’était proposé. […] Les propositions du dey ayant paru inacceptables au roi, le prisonnier mit ordre à ses affaires, en homme convaincu que c’était son dernier voyage, et repartit pour sa prison d’Alger.

1238. (1923) Au service de la déesse

Quelle analogie voyez-vous entre ce voyage incommode et l’abominable châtiment que Manon subit, que des Grieux a le cœur de partager avec elle ? […] Il faut supposer qu’en 1715 ou 1716, il commandait encore le Comte de Toulouse et que, sur ce navire ou quelque autre navire, il fit encore le voyage de Louisiane : et l’on n’en sait rien. Il faut supposer qu’en 1715 ou en 1716 l’abbé Louis Tiberge fit le voyage de Louisiane : et l’on n’en sait rien. […] Ce qui s’est vu, se voit et se verra tant que le monde sera monde, l’Alighieri n’a pas vu pire, en ce voyage qu’il a fait au plus sombre séjour. […] Il obtint des certificats à Nancy et se mit en voyage.

1239. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Je l’ai lu à Olympie, au cours d’un voyage en Grèce. […] Heureuse, jeune et belle, elle est morte, plains-la… Cette expérience que la fantaisie d’une excursion en Elide m’a permis de faire involontairement pour les sonnets d’ouverture de ce recueil de vers, les souvenirs d’autres voyages et des inductions aisées me la démontrent également possible pour les poèmes des Trophées qui suivent ces Essais grecs : Rome et les Barbares, le Moyen Age et la Renaissance, l’Orient et les Tropiques, la Mer de Bretagne, le Romancero. […] Les notes de leur carnet de voyage, qui devaient relater seulement les menus des repas et le nombre des kilomètres, se changèrent bientôt en impressions écrites. « Au fond », dit quelque part M.  […] Et, comme toutes les grandes espérances ont un lendemain triste, que de généreux esprits ont souffert ensuite du contraste entre le développement qu’ils s’étaient donné durant leurs voyages et l’obscurité sociale qu’ils retrouvaient à leur retour sur la terre natale ! […] Il fallait donc bien que rien n’eût bougé dans son voisinage… » J’indiquerai encore la série de descriptions qui se trouve dans une nouvelle intitulée ; Apparitions, et ce morceau que Mérimée rappelle quelque part, où les étangs de la campagne romaine, entrevus dans un voyage aérien, sont comparés aux fragments d’un miroir brisé, épars sur un parquet Ces exemples, qu’il serait très intéressant entre parenthèses de rapprocher des descriptions de Flaubert36, suffisent pour faire comprendre le procédé habituel à Tourguéniev.

1240. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

. —  Un Voyage en diligence. […] La porte moussue, mal assise sur ses gonds grinçants, boiteuse et décrépite, se balance devant son mirage, comme une douairière fantastique, pendant que notre propre fantôme voyage avec nous.

1241. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

j’ai une mémoire tout à fait particulière, je ne prends pas de notes, il m’arrive même quelquefois, dans la fatigue du voyage, de fermer les yeux, de sommeiller à demi, et je suis tout à fait de mauvaise humeur contre moi, me disant : « Tu perds ça !  […] Et le volume apporté, je lus le mot, dans une phrase du Voyage en Laponie.

1242. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Dans Molière, quand Orgon revient de voyage et se chauffe les mains au feu, il finit par dire : La campagne à présent n’est pas beaucoup fleurie. […] Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie, dans vos ceintures ; ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni souliers, ni bâton ; car l’ouvrier mérite sa nourriture285.

1243. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Cependant, quand on voyage sur le continent américain, depuis les provinces centrales des États-Unis jusqu’à la pointe de l’Amérique du Sud, on rencontre les conditions locales les plus opposées : des districts très humides, des déserts arides, de hautes montagnes, des plaines herbeuses, des forêts, des marécages, des lacs, de grandes rivières et presque toutes les températures possibles. […] Et à mesure que la neige disparaîtra du pied des montagnes, les formes arctiques se saisiront du sol découvert et dégelé, toujours s’élevant de plus en plus haut, tandis que leurs semblables continueront leur voyage vers le pôle.

1244. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Mais son exil à la fin de 1803, ses voyages, son existence de suzeraine à Coppet, ses relations germaniques, aristocratiques, moins contre-balancées, tout la jeta dès lors dans une autre sphère et dissipa vite en elle cette inspiration de l’an III, que nous avons essayé de ressaisir. […] Elle amassait les premiers matériaux de l’ouvrage, qu’un second voyage en 1807 et 1808 la mit à même de compléter. […] , devant qui plus tard elle repoussait avec horreur le soupçon d’avoir participé à ces violences, lui aurait dit : « Je sais, madame, que vous ne vous êtes pas mêlée des détails du voyage, mais vous avez donné le signal du départ. » Enfin M. de Talleyrand, qui avait pris part à ce coup d’État comme ministre, aurait dit, par une de ces courtes formules à lui familières : « Mme de Staël a fait le 18, mais non pas le 19. » 43.

1245. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Un voyage à Maroc laissa dans son esprit, à ce qu’il semble, une impression profonde ; là il put à loisir étudier l’homme et la femme dans l’indépendance et l’originalité native de leurs mouvements, et comprendre la beauté antique par l’aspect d’une race pure de toute mésalliance et ornée de sa santé et du libre développement de ses muscles. […] Cela semblerait indiquer qu’il ne doute pas le moins du monde, et que nul plus que lui n’est sûr de son fait ; mais remarquez bien que parmi cet effroyable bagage, — tableaux d’histoire, tableaux de voyages, tableaux de sentiment, tableaux spirituels, — il est un genre négligé. […] Joyant, Chacaton, Lottier et Borget vont, en général, chercher leurs sujets dans les pays lointains, et leurs tableaux ont le charme des lectures de voyages.

1246. (1886) Le naturalisme

Avant d’écrire des romans, Stendhal fit de la critique et conta ses impressions de voyage ; mais en aucun des genres divers qu’il cultiva, il n’aspirait à la gloire des lettres. […] Laissons de côté l’infatigable érudition que déploya Flaubert pour dépeindre la cité africaine, son voyage aux côtes de Carthage, son ardeur à fouiller les auteurs grecs ou latins. […] Ses voyages d’exploration, il les fait à travers le monde social. […] Nous voici au terme du voyage, non pas que la matière soit épuisée, mais n’avons-nous pas rempli notre but de résumer l’histoire du Naturalisme surtout dans le roman, champ où cette plante qu’on tient pour vénéneuse croit avec le plus d’abondance ?

1247. (1925) Portraits et souvenirs

Toute une partie de son œuvre, et non la moins précieuse, nous conte ses promenades et ses voyages. […] René Boylesve a accompli le « beau voyage », et, de même que le poète angevin, il a pu répéter au retour le vers célèbre : Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine. […] L’auteur de la Mort de Venise et du Voyage de Sparte rentre ainsi dans l’un de ses domaines privilégiés. […] On l’avait confié à deux personnes amies avec qui il devait faire le voyage.

1248. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Lorrain n’a jamais cessé d’aimer son pays natal et d’y faire de fréquents voyages. […] Maeterlinck, semble l’avoir guidé pendant ce voyage spirituel qui s’apothéose par une belle prière au Dieu inconnu, cantique d’amour divin, d’une pureté toute métaphysique. […] Sa face qui semble rude est pleine de tendresse pour ceux que la vie a déconcertés, pour les barques dont les voiles folles battent le long des mâts : il redresse les vergues, il oriente de nouveau la voilure, il donne le coup de barre qui décide le voyage ; il est le bon pilote qui connaît la carte des écueils et la rose des vents. » Je disais encore, et si ce n’était pas une prophétie, maintenant c’est un espoir : « Qu’importe où va la barque, pourvu qu’elle ne fasse pas naufrage en route ?  […] Nous nous retrouverons après l’affreux voyage, Quand nous aurons fermé nos âmes et nos livres, Et les blanches années et les belles images… Peut-être que nous n’aurons plus rien à nous dire !

1249. (1864) Études sur Shakespeare

Pendant son séjour à Londres, il faisait, dit-on, de fréquents voyages à Stratford ; mais on l’accusait de trouver, même sur la route, des distractions du genre de celles qui avaient pu le consoler, au moins de l’absence de sa femme ; et sir William Davenant s’est vanté hautement de l’intimité du poëte avec sa mère, la belle et spirituelle hôtesse de la Couronne, à Oxford, où Shakespeare s’arrêtait en allant à Stratford. […] La scène où Richard II apprend d’Aumerle le départ de Bolingbroke pour son exil est celle où il annonce qu’il va partir lui-même pour l’Irlande ; et l’on ne sait pas encore bien à la cour si en effet il s’est embarqué pour ce voyage quand on y reçoit la nouvelle du débarquement de Bolingbroke revenant avec une armée, sous prétexte de réclamer ses droits à la succession de son père mort dans l’intervalle, mais, au fait, pour s’emparer de la couronne dont on le voit presque en possession avant que Richard, rejeté par la tempête sur les côtes d’Angleterre, ait pu être instruit de son arrivée. Et l’on entend dire à la fin de la pièce qui, depuis l’exil de Bolingbroke, n’a pu durer plus de quinze jours, que Mowbray, exilé au même moment que lui, a fait pendant ce temps plusieurs voyages à la terre sainte, et est venu mourir en Italie. […] Nous avons vu Richard II partir pour le château de Jean de Gaunt ; c’est chez Jean de Gaunt, et en nous occupant de lui, que nous attendons ensuite Richard, dont le voyage s’est fait sans que notre esprit se puisse plaindre de n’avoir pas été consulté sur le temps qu’il y a employé.

1250. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

À je ne sais quels signes imperceptibles, l’écrivain le plus oublieux et le plus négligent de ses œuvres, une fois qu’elles sont lancées dans le torrent, les reconnaît cependant comme on reconnaît un vieil ami qui a fait un long voyage. […] Il traita avec le roi Louis XIV, de puissance à puissance, lui envoyant deux députés, munis de ses pleins-pouvoirs, les sieurs de La Grange et de La Thorillière, à qui la Comédie donna mille francs pour leur voyage. […] Molière apprend, en voyage les mœurs, les habitudes, et les allures bourgeoises ; il s’essaie à faire rire avec le vieil esprit français, avant de trouver des ressources inouïes dans sa propre comédie ; il est comédien avant d’être un poète comique. […] Voilà pourquoi vous rencontrerez du vin de Bordeaux sous toutes les latitudes, et voilà pourquoi vous trouverez que la comédie de Marivaux est jouée, et passablement jouée, partout, en Europe, Plus d’une fois nous avons vu revenir de la Russie où elles avaient tout à fait oublié l’accent, le génie et le goût de la comédie de Molière, des actrices intelligentes qui se retrouvaient, très à l’aise, avec l’esprit de Marivaux ; elles le comprenaient à merveille ; elles le disaient avec beaucoup de grâce, et si parfois ces belles dames de la poésie exotique avaient rapporté de leur voyage un certain petit air étranger, ce petit air étranger les servait, loin de leur nuire, et leur donnait je ne sais quelle piquante nouveauté.

1251. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Elle termine par cette phrase le récit de ce dîner dont nous l’avons vue si troublée : « Edmée est charmante ce soir et très admirée dans ses courtes apparitions au salon et à table. » La grâce des enfants entrevus la séduit plus que toutes les beautés du voyage. […] Depuis, elle a publié de vagues récits de voyages qui sont encore, de façon guère moins ronflante, « des tempêtes de mots sonores, prétentieux et vides ». […] Incapable de s’orienter, elle va n’importe où et, les trois cents pages parcourues au petit bonheur, s’arrête où elle se trouve, déclare le voyage fini et son intérêt épuisé. […] Plus que dans ses traductions, ses récits de voyage et son théâtre (quoique l’Aventurière des Colonies vaille bien Un Divorce), elle est intéressante dans son recueil de nouvelles, Énigme sans clef. […] Ces braves gens se sont payé un Voyage de Noces en Italie et en ont informé l’univers par un volume chacun.

1252. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

» — « Non », dit Verlaine d’un ton très bref (sa jeunesse ne semblait pas être un sujet qu’il aimât à aborder). « Si je ne me trompe, je n’ai vu des loups que bien plus tard, pendant mes voyages dans les Ardennes, un ou deux loups tout au plus. […] Quels délicieux voyages j’ai faits dans la Méditerranée et la mer Polaire ! […] Par conséquent, avant de faire mon voyage en Hongrie, — et je compte bien y aller, — il me faut avoir terminé toutes mes études préparatoires d’après les textes, afin de pouvoir me figurer exactement ce qu’était la contrée du temps de mon héros. J’éprouve un très grand plaisir à penser d’avance à ce voyage ; je me sentirai de nouveau soldat, comme en 1870, quand j’étais au milieu de mes hommes, — je puis bien dire de mes camarades — car nous nous adorions. […] Est-ce un voyage de découvertes qu’entreprend l’esprit, ou n’est-ce qu’une fantaisie de dilettante qui se promène dans le vague et le bizarre ?

1253. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

La bonne femme qui veille le mort, qui fut jeune et qu’elle aima, ne lui met plus dans la bouche, à l’insu du curé, une pièce de monnaie pour le grand voyage, et la jeune mère ne glisse plus dans la main glacée du petit enfant qui devait lui survivre, une bille, un hochet, une poupée, pour adoucir au pauvre petit les ennuis du cercueil. […] Je crains que ces voyages ne donnent pas tout l’agrément qu’il en attend. […] On y voit un petit être blanc, qui n’est autre que l’âme d’un mort, accompagnant dans un voyage long et périlleux l’homme qui lui a rendu les devoirs de la sépulture. Il est convenu que le vivant et le mort partageront le gain du voyage. […] Car il s’y trouvait encore en 1707, quand un orfèvre de Rouen, nommé Paul Lucas, remontant le Nil pour aller au Faïoum, le vit et lui parla, comme il l’assure lui-même dans la relation de son voyage qui fut publié en 1719 et forme trois volumes in-12, avec cartes et figures.

1254. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

On a beaucoup discuté ce voyage de Molière : Les Grecs, enfants gâtés des filles de Mémoire n’en auraient eu garde. […] C’est ici vraiment l’histoire de ces fécondes années d’apprentissage et de voyage, dont le Wilhem Meister de Gœthe, acteur aussi lui, ne nous a guère raconté que le roman métaphysique et sentimental. […] Ainsi donc Albi peut-être, et dans ce cas alors Toulouse pour la première fois, et Carcassonne ; — Nantes presque certainement, Fontenay-le-Comte, selon toute apparence ; Angoulême, Limoges peut-être, et Bordeaux ; — Toulouse enfin, Narbonne, Agen, sans contestation possible, telles ont été de 1646 ou 1647 à 1650 les principales étapes du voyage de Molière. […] Leur voyage a dû se faire de juin ou juillet à novembre 1656. […] Tournier, — l’histoire des galanteries de Madeleine Béjart, et chercherons-nous à débrouiller une paternité confuse entre M. de Modène, l’amant en titre, tel cadet de Gascogne ou de Languedoc, l’amant du jour, et peut-être Molière lui-même, depuis qu’on a découvert que le premier voyage de Molière en Languedoc pouvait coïncider avec l’époque probable de la conception d’Armande Béjart ?

1255. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Napoléon, bon juge et peu prodigue d’éloges, l’a mieux défini quand il a dit dans le récit du 18 Brumaire et en parlant des jours qui avaient précédé : Il (le général Bonaparte) n’admettait dans sa maison que les savants, les généraux de sa suite, et quelques amis : Regnault de Saint-Jean-d’Angély, qu’il avait employé en Italie en 1797, et que depuis il avait placé à Malte ; Volney, auteur d’un très bon Voyage en Égypte ; Roederer, dont il estimait les nobles sentiments et la probité… C’est dans le mois de ventôse an VI (vers mars 1798), deux mois avant le départ pour l’Égypte, que Roederer vit pour la première fois le général Bonaparte, auquel il devra bientôt d’acquérir tout son relief et toute sa valeur : J’ai dîné avec lui, dit-il, chez Talleyrand-Périgord.

1256. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Mon Dictionnaire me paraît, à son égard, un vrai voyage de caravane où l’on fait vingt ou trente lieues sans trouver un arbre fruitier ou une fontaine ; mais moins j’avais espéré l’avantage que vous m’annoncez, plus j’y ai été sensible. » II.

1257. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Tous les historiens de la minorité de Louis XIV n’approchent pas de ces Mémoires… Il y a bien des traits singuliers sur Christine, reine de Suède, et sur ses deux voyages en France.

1258. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Je n’oublierai jamais un voyage de deux jours que j’ai fait, au mois d’avril 1864, sur la Rivière de Gênes, au milieu d’un temps épouvantable et pendant lequel tous les détails ici énumérés par Virgile se reproduisaient avec une vérité singulière.

1259. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

 » — Et pendant un voyage, pour subvenir aux frais : « Je te prie de me céder 30 intentions de messes ; réponds-moi là-dessus avant mon départ pour Turin. » Le piquant est que la lettre où il dit cela est datée de Genève, 23 avril 1824.

1260. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Le voyage de Jomini à Prague au-devant de sa famille ne l’empêcha point de rejoindre à temps l’empereur de Russie avant les journées de Leipsick, son rôle de donneur de conseils fut ce qu’on a vu déjà : il était une Cassandre prophétique, qui parlait pour l’acquit de sa conscience et qu’on n’écoutait qu’à demi.

1261. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Il exploita, en homme d’esprit et d’imagination, ses rapides voyages et les impressions dont sa tête était remplie.

1262. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

c’est ainsi qu’il convient plus ou moins que l’histoire s’arrange pour être portative et pouvoir entrer commodément dans le sac de voyage de l’humanité.

1263. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Au reste, comme nul sentiment profond n’est stérile en nous, il arrivait que cette poésie rentrée et sans issue était dans la vie comme un parfum secret qui se mêlait aux moindres actions, aux moindres paroles, y transpirait par une voie insensible, et leur communiquait une bonne odeur de mérite et de vertu : c’est le cas de Racine, c’est l’effet que nous cause aujourd’hui la lecture de ses lettres à son fils, déjà homme et lancé dans le monde, lettres simples et paternelles, écrites au coin du feu, à côté de la mère, au milieu des six autres enfants, empreintes à chaque ligne d’une tendresse grave et d’une douceur austère, et où les réprimandes sur le style, les conseils d’éviter les répétitions de mots et les locutions de la Gazette de Hollande, se mêlent naïvement aux préceptes de conduite et aux avertissements chrétiens : « Vous avez eu quelque raison d’attribuer l’heureux succès de votre voyage, par un si mauvais temps, aux prières qu’on a faites pour vous.

1264. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Quand j’ai lu la série des romanciers anglais, Defoe, Richardson, Fielding, Smollett, Sterne et Goldsmith, jusqu’à Miss Burney et Miss Austen, je connais l’Angleterre du dix-huitième siècle ; j’ai vu des clergymen, des gentilshommes de campagne, des fermiers, des aubergistes, des marins, des gens de toute condition, haute et basse ; je sais le détail des fortunes et des carrières, ce qu’on gagne, ce qu’on dépense, comment l’on voyage, ce qu’on mange et ce qu’on boit ; j’ai en mains une file de biographies circonstanciées et précises, un tableau complet, à mille scènes, de la société tout entière, le plus ample amas de renseignements pour me guider quand je voudrai faire l’histoire de ce monde évanoui.

1265. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

On l’assujettit s’il est bon et facile ; on l’aigrit et l’on l’irrite s’il est méchant… Il est tenu dans la misère, dans l’abjection, par des hommes qui ne sont rien moins qu’inhumains, mais dont le préjugé, surtout dans la noblesse, est qu’il n’est pas de même espèce que nous… Le propriétaire tire tout ce qu’il peut et, dans tous les cas, le regardant lui et ses bœufs comme bêtes domestiques, il les charge de voitures et s’en sert dans tous les temps pour tous voyages, charrois, transports.

1266. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

On le sacra du nom populaire de Laurent le Magnifique, mais c’était lui-même qui s’était sacré de ce titre ; il ne prit de l’autorité populaire que le soin de faire les honneurs de sa patrie ; il en accomplit les devoirs avec héroïsme dans son voyage téméraire auprès du roi de Naples ; il en rapporta la paix à Florence.

1267. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Dans les traditions religieuses, ethniques, historiques qui sont la matière de la poésie celtique, ce ne sont que voyages au pays des morts, étranges combats et plus étranges fraternités des hommes et des animaux, visions fantastiques de l’invisible ou de l’avenir, hommes doués d’une science ou d’une puissance surnaturelles, qui commandent aux éléments et savent tous les mystères, animaux plus savants et plus paissants que les hommes, chaudrons, lances, arbres, fontaines magiques, et longs écheveaux d’aventures et d’entreprises impossibles à quiconque n’est pas prédestiné pour les accomplir, servi par les êtres ou maître des objets prédestinés à en assurer l’accomplissement.

1268. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

On sait quel intarissable conteur fut Alexandre Dumas799 : quelle prodigieuse et un peu puérile invention s’est développée dans les 257 volumes de ses romans, mémoires, voyages, etc.

1269. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Tout voyage se passe après, en esprit, il vaut, par recherche ou comparaison, quand on est de retour.

1270. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Mais au retour d’un long voyage il la trouva mariée de force à Théobald, fils du duc Ferry.

1271. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

De retour d’un voyage à Ferrare auprès de Renée de France, la guerre lui fermant le chemin de Strasbourg, il passa par Genève.

1272. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Parlant du voyage de guerre que fit ce prince, en 1670, en Flandre pour y préparer la ruine de la Hollande, le carrosse à glaces, d’invention récente, où est assise à côté du roi et de la reine Mme de Montespan, les plus beaux meubles de la couronne, portés dans les villes où le roi devait coucher, les tables envoyées en avant et servies, à chaque étape, comme à Saint-Germain, les présents aux dames, les bals parés ou masqués, les feux d’artifice, tout cela dérobe à Voltaire l’indignité de la maîtresse en titre, étalée, à l’armée et à l’Europe, « et pour qui sont tous les honneurs, dit-il, excepté ce que le devoir donnait à la reine », comme si le moins que dût Louis XIV à sa femme n’était pas tout d’abord le renvoi de sa maîtresse.

1273. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Il annonce un beau matin qu’il part en voyage et l’amie elle-même, depuis longtemps désillusionnée, reçoit cette communication avec soulagement.

1274. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

et bon voyage !

1275. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Malesherbes, ce Franklin de vieille race, avait très nettement embrassé la société moderne dans ses articles fondamentaux ; il l’avait d’avance prévue et anticipée ; mais s’il ne s’était pas trompé sur le but, il s’était fait illusion sur les distances et sur les incidents du voyage.

1276. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Cependant M. de Chateaubriand avait visité l’Orient et la Grèce ; il avait composé Les Martyrs, l’Itinéraire ; il avait à peu près terminé son œuvre, son voyage littéraire autour du monde, et il sentait qu’il s’ennuyait toujours, qu’il y avait en lui un grand vide, et que son talent demandait aliment et pâture.

1277. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il eut quelques-unes de ces années toutes consacrées à l’étude, à l’amitié, aux voyages, à la poésie.

1278. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

La princesse Sanguzko est en larmes ; elle présente, prosternée, une supplique à Nicolas ; elle demande grâce pour son mari, elle conjure le maître d’épargner à Sanguzko (polonais coupable d’aimer la Pologne) l’épouvantable voyage de Sibérie ; Nicolas, muet, écoute, prend la supplique, et écrit au bas : A pied.

1279. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Il ressemble au voyage dont il est le sujet.

1280. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

J’écrivais ce Discours en voyage, sans livres, sur les rochers de la Hougue, qui me servaient de bureau.

1281. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Les Deux Rats, le Renard et l’Œuf, sont tirés du journal d’un voyage fait aux Indes orientales.

1282. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

De ne pas croire (page 23) qu’un livre n’existe point, parce qu’il ne lui est pas connu ; par exemple, l’ouvrage imprimé au Louvre en 1693, et cité partout sous le titre de Recueil des Voyages de l’Académie.

1283. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Elle quittait parfois sa terrasse et sa tourelle du Cayla, et s’enfermait une huitaine à ce Rayssac, par exemple, qu’elle nous a peint en trois coups, à la manière noire de son frère : « Rayssac, montagnes aux croupes de chameau, au front hérissé de forêts et de rochers, nature agreste et sauvage » Elle avait même ailleurs que dans son voisinage des amies épistolaires, qui devinrent plus tard des amies complètes, et c’est ici que nous touchons au grand événement et au seul bonheur, très vif, de cette existence que Dieu s’était, à ce qu’il semblait, particulièrement réservée : nous voulons dire au voyage à Paris de la bergère du Cayla et au mariage de son frère.

1284. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

C’est ainsi qu’il parlait, ce jeune instituteur, au cours d’un voyage en Allemagne et sans doute sous l’influence de Nietzsche, et maintenant vous allez le voir, sous l’influence de la guerre, qui rectifie sa pensée et son tir.‌

1285. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Ce type, Platon l’aurait recueilli dans son voyage d’Égypte, sur les souvenirs laissés par Moïse et par la fuite du peuple hébreu.

1286. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

L’évêque d’Antioche Théophile citait, pour inspirer la crainte de Dieu, ces vers du poëte tragique : Tu vois la justice muette, inaperçue pendant le sommeil, le voyage, le séjour.

1287. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Et la Maison du Berger des Destinées, le Voyage des Fleurs du Mal, marquent des états de ce conflit. […] Là, le symbole presque constant, c’est le voyage du Poète à la recherche de lui-même. Il existe une chaîne certaine d’Urien et de Yeldis au Voyage et à la Maison du Berger. Quand l’idée n’est pas ce voyage du Poète à sa propre recherche, c’est, mieux encore, la contemplation immobile et unique du Poète par lui-même. […] Les remarques auxquelles, dans une page de voyage, Victor Hugo s’amuse sur la forme des lettres, viennent d’une source analogue.

1288. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Il y a un mois, mon voisin est parti pour un lointain voyage et, afin de consoler ses deux fils, il leur a laissé à chacun une pierre précieuse. […] Il a rapporté de ses voyages des poésies éparses et des notes qui témoignent d’une grande délicatesse d’impressions et d’une merveilleuse subtilité d’intelligence. […] De même, lorsqu’il fit en 1580, sous le pontificat de Grégoire XIII, ce voyage d’Italie, Michel de Montaigne n’avait d’empressement ni pour Rome, ni pour Florence ou Ferrare. […] Étienne Charavay il y a une dizaine d’années, on se fera une idée plus nette de cette liaison qu’à vingt ans un fils de famille noua, au hasard d’un voyage, avec la fille d’un pêcheur napolitain. […] Mais le savant homme était si pressé d’arriver au but de son voyage qu’à peine il entendait les cris de ce chien.

1289. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

» Longuement, douloureusement, il marque les étapes du suprême voyage de la mourante, en train d’aller, contre toute prudence humaine, du Mont-Dore à Rome afin d’entendre encore la voix de René. […] Je me rappelle, dans un voyage que je fis en ligne directe de Caen à Weymouth, par Cherbourg, au mois d’août 1882, être demeuré saisi par l’extraordinaire ressemblance des paysages14. […] Rien de plus significatif, de ce point de vue, que les lettres écrites à son plus cher confident, Alfred Le Poittevin, durant un voyage en Italie entrepris avec toute cette famille durant sa vingtième année : « Mon père », dit-il, « a hésité à aller jusqu’à Naples. […] Avivez en vous cette image par le souvenir de vos voyages dans les grands centres de vie véritablement moderne et d’action véritablement pratique, — et tout de suite examinez à quel besoin des habitants de ce monde de Science et de Démocratie peut correspondre la force poétique. […] Taine historien, il faut se souvenir qu’il n’est pas arrivé du premier coup à l’histoire, pas plus qu’il n’a, du premier coup, abordé la critique, la littérature de voyage, et celle de l’observation humoristique.

1290. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

. — Son voyage d’Italie et son pèlerinage à Notre-Dame de Lorette, 1624-1625 ; — il séjourne à Paris, 1625-1629 ; — et il y compose probablement ses Regulæ ad directionem ingenii. — Les allusions mythologiques et la préciosité de l’expression dans les Regulæ : — on dirait du latin de Bacon. — Que ces détails nous font voir dans Descartes un tout autre homme que le spéculatif de la légende. — Nul philosophe plus mêlé au monde ; — qui ait traversé plus de « milieux » ; — et avec l’intention d’y apprendre « à connaître le genre humain ». — Il a tiré de la vie et de l’observation des hommes ce que l’auteur des Essais demandait à l’observation de lui-même et aux livres. — Il prend la résolution de se fixer en Hollande, et s’établit à Amsterdam, mars 1629. — Son roman : Hélène et Francine. […] « Mais les compliments et les honnêtetés que lui font les Jésuites approbateurs de sa philosophie lui relèvent un peu le courage. » — Son goût pour les études d’histoire naturelle et de physiologie. — Son dernier voyage en France, 1648. — Désappointement qu’il y éprouve [Cf. ses Lettres sous cette date]. — Que les troubles de la Fronde auraient d’ailleurs suffi pour le chasser de sa patrie. — Ses relations avec la reine Christine de Suède. — Il se fixe à Stockholm, octobre 1649 ; — et il y meurt [11 février 1650]. […] Les années de jeunesse, d’apprentissage et de voyage [Cf.  […] Du profit que Molière a retiré de ses années de voyage. — Il y a appris son métier, d’abord ; — et, à ce propos, qu’il est singulier qu’aucun « moliériste » n’ait eu l’idée d’essayer de reconstituer le Répertoire de Molière. — Il y en aurait plusieurs moyens, comme : — si l’on recherchait quelles pièces ont réussi à Paris, de 1646 à 1658 ; — si l’on s’informait des auteurs avec qui les Béjart étaient en relations personnelles [et on en connaît au moins trois : Rotrou, Magnon, et Tristan l’Hermite] ; — si l’on retrouvait enfin dans sa bibliothèque [Cf.  […] 3º Les Œuvres. — Indépendamment de son théâtre, nous avons de Regnard des récits de voyages : en Flandre, en Laponie, en Pologne, en Allemagne ; — une sorte de roman, La Provençale, qui est le récit de ses aventures « en Alger » ; — et quelques poésies diverses, parmi lesquelles il convient de signaler sa Satire contre les maris, et le Tombeau de Mr Despréaux.

1291. (1896) Les Jeunes, études et portraits

C’est dans ce système qu’à été composée la trilogie de La Course à la Mort, Le Sens de la Vie, Les trois Cœurs, triple étape d’un voyage à la recherche d’une raison de vivre. […] Inversement, quand on vient de lire ses livres, on a la sensation, et, pour tout dire ; la courbature d’un voyage fait en pays étranger. […] Mais un titre n’est qu’un titre, et il faut avouer que celui Impressions de voyage est devenu par trop banal. […] Elles prennent naissance sur un point du globe, puis elles commencent leur voyage sous d’autres cieux ; elles se modifient suivant les milieux, se chargent de pensée, se transforment ou se déforment pour revenir à leur pays d’origine, les mêmes toujours et pourtant différentes. […] » Surtout leur regard, où se mire leur âme, est très significatif et l’explorateur qui entreprendrait, comme dit le poète, un voyage dans leurs yeux, y ferait un curieux voyage de découvertes : yeux où l’on découvrirait « d’antiques vagues apaisées et le déchaînement des houles futures » ; yeux qui déjà « contemplent l’aurore des jours qui ouvriront le prochain siècle ».

1292. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Weiss n’a jamais pu se détacher de la sympathie qu’il avait conçue tout jeune pour cette nation ; il l’a exprimée sous toutes les formes, et personne n’ignore qu’un des derniers volumes qu’il publia de son vivant fut une série d’études faites, au cours d’un voyage, sur le vif de la vie allemande, où sans rien oublier de nos ressentiments, il rendait justice aux fortes et sérieuses qualités de ce peuple. […] Ces pensées éclatent dans les Années de voyage, dans les Affinités électives, et même dans les dernières scènes du second Faust. Les Années de voyage ont été l’objet de vives critiques. […] Dans un récent voyage au milieu de la Pologne insurgée, il l’a tiré des mains d’une bande de furieux qui se préparaient à l’égorger. […] N’est-il pas vrai que s’ils eussent été princes comme lui ils auraient voulu aussi transporter en tout lieu à leur suite une nature artificielle, clair de lune, chants de rossignol, bocages, ruisseaux murmurants, emballés dans leurs caisses de voyage, et qu’il leur eût fallu, ainsi qu’à lui, un directeur de la nature, chargé de leur tenir prêts à toute heure du jour et de la nuit, des points de vue romantiques ?

1293. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Notes d’un voyage en Angleterre. […] Tacite, De moribus Germanorum, passim : Diem, noctemque continuare potando, nulli probrum. —  Sera juvenum Venus. —  Totos dies juxta focum atque ignem agunt. —  Dargaud, Voyage en Danemark.

1294. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Cependant il était dans les conseils du roi, beau-frère du duc de Lancastre, employé plusieurs fois en ambassades ouvertes ou en missions secrètes, à Florence, à Gênes, à Milan, en Flandre, négociateur en France pour le mariage du prince de Galles, parmi les hauts et les bas de la politique, disgracié, puis rétabli : expérience des affaires, des voyages, de la guerre, de la cour, voilà une éducation tout autre que celle des livres. […] Tous ces récits sont liés, et beaucoup mieux que chez Boccace, par de petits incidents vrais, qui naissent du caractère des personnages, et tels, qu’on en rencontre en voyage.

1295. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

C’est ainsi que de Maistre, l’auteur du Voyage autour de ma chambre, relégué et marié en Russie, peignait son petit manoir de Bissy dans la belle vallée de Chambéry, qu’il m’apportait à Paris en 1842, et qui décore aujourd’hui seul ma chambre. […] Indépendamment de quelques poèmes très courts, mais très parfaits d’exécution, tels que le Cor, où l’on retrouve l’instinct musical de son âme, et qu’il écrivit pendant un voyage dans les Pyrénées avec sa mère, et que voici : Le Cor.

1296. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Beaux-arts, politique, histoire, voyages, langues, éducation, botanique, géographie, harmonies du globe, l’auteur traite de tout, et toujours il est original. […] Vous vous y êtes opposé, il est vrai ; mais qui n’eût pas cru que le voyage de Virginie devait se terminer par son bonheur et par le vôtre ?

1297. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Quel superbe et simple frontispice pour un livre de voyage ! […] 20 avril Ce voyage que nous craignions, que nous avons fait par conscience, par dévouement à la littérature (Madame Gervaisais), c’est singulier !

1298. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Elles débordent les unes sur les autres ; de là les migrations de peuples, les voyages. […] C’est après l’avoir dûment close et terminée, qu’à la sollicitation de quelques amis probablement bien aveuglés, il s’est déterminé à compter avec lui-même dans une préface, à tracer, pour ainsi parler, la carte du voyage poétique qu’il venait de faire, à se rendre raison des acquisitions bonnes ou mauvaises qu’il en rapportait, et des nouveaux aspects sous lesquels le domaine de l’art s’était offert à son esprit.

1299. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

XII Cette passion de littérature et ce culte pour les grands esprits vivants ou morts ne s’amortit pas en moi pendant le long voyage d’Italie que je fis avant l’âge. […] XXVIII C’est pendant ce même voyage à Paris que je connus un de ces hommes qui, par leur puissante originalité, ne peuvent se grouper avec personne, mais qui forment à eux seuls un genre de grandeur morale et intellectuelle qu’on ne peut classer dans aucune catégorie.

1300. (1911) Nos directions

Psychologie ornementale, chère à « l’amateur » en voyage. […] Il se plaît à nous conter ici le voyage en Espagne de l’enfant Hugo qui accompagne le trésor de la guerre : l’enfant Hugo gardé par une armée traversant le village d’Hernani ! […] Tandis que se reposera, endormi dans le bois sacré, le couple d’amoureux chauffeurs, les dieux s’empresseront autour de la voiture : ils fouilleront le coffre, le capot, le nécessaire de voyage, Vénus se poudrera, Vulcain réparera l’avarie, etc., etc. […] Ecoutez : En robe de pâle clarté Douce comme la nuit d’été Soyeuse et blonde, Des fleurs de l’autre monde En sa chevelure d’or, Celui qui est l’Ange en voyage Descend l’escalier des nuages Et vient vers celle qui dort. […] Fondateur et théoricien des Nabis avec Paul Sérusier, Maurice Denis (1870-1943) a convaincu Édouard Vuillard (1868-1940) de rejoindre le groupe en 1899 ; illustrateur de l’édition originale du Voyage d’Urien d’André Gide (1892), il paraît encore proche du symbolisme, au début des années 1890, même si son style va rejoindre progressivement la tradition classique.

1301. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

C’est comme une rélation de voyage, où l’on ne garantit ni la bonté des moeurs, ni celles des idées des peuples qu’on décrit ; et comme on n’éxige point du voyageur qu’il louë la religion, le gouvernement ni la morale des nations dont il rend compte, on ne doit pas non plus éxiger du traducteur, qu’il louë les auteurs qu’il veut faire connoître, et qui peuvent avoir des utilitez curieuses, indépendamment de la perfection de leur esprit. […] L’action de ce poëme n’est pas de chercher et de trouver Ulisse, on voit bien que ce n’est que l’occasion de commencer les voyages, et le prétexte de les finir. L’action, ce sont donc les voyages mêmes, et ces avantures successives qui donnent lieu chacune à quelque instruction ; ce sont autant de petites fables liées les unes aux autres, qui renferment toutes leur vérité particuliere. […] Idée dit par parenthese aux grecs, en leur faisant une proposition de la part de Pâris : plût aux dieux qu’il fût mort avant ce funeste voyage. un herault peut-il parler ainsi du prince qui l’envoye ?

1302. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Pour le voyage d’Egypte, si Joseph en reçut l’ordre immédiatement après l’adoration des Mages, ensorte qu’en même tems que ceux-ci évitoient la rencontre d’Hérode par un chemin, celui-ci en évitoit la colere en fuyant en Egypte : comment ce voyage d’Egypte s’arrangera-t-il avec le voyage de Bethléem à Jérusalem, entrepris quarante jours après la naissance de Jesus, avec le retour à Nazareth, & les voyages faits tous les ans à la capitale, expressément annoncés dans S.

1303. (1902) La poésie nouvelle

‌ Littérature, Poésie, Théâtre, Musique, Peinture, Sculpture, Philosophie, Histoire, Sociologie, Sciences, Voyages, Bibliophilie, Sciences occultes, Critique, Littératures étrangères, Portraits, Dessins et Vignettes originaux‌ Épilogues (actualité) : Remy de Gourmont.‌ […] Archéologie, Voyages : Charles Merki. ‌ […] Ses voyages se transformèrent en de véritables explorations. […] Le paysage devient étrange et il se peuple, dirait-on, d’emblèmes extravagants ; le crépuscule semble souffrir, les nuages sont las de leurs voyages ; le vieux moulin qui laisse tomber ses bras a l’air de mourir. […] Tels ils se trouvent en présence, d’un bord à l’autre du fleuve sombre dont l’eau coule encore entre leurs destinées…‌ Là, pour le retour du bien-aimé qui voyage vers la rive Stygienne, l’amante a préparé la maison de jadis, les fruits dans les coupes, les figues, le lait, et la chambre douce.

1304. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Notons encore qu’en ce voyage du grand vicaire de notre Seigneur, il comptait au nombre des choses perdues dans ce bas monde, telles que les soupirs, les vœux stériles, les plaintes vaines, les mensonges, les riens et la fumée, non seulement les couronnes et les tiares mal acquises, mais aussi la fameuse donation de Constantin, qui enrichit le pontife romain de la possession des biens temporels, et tous autres actes pareils, qu’il nomme apocryphes et menteurs. […] Par une étonnante contrariété que nous avons déjà remarquée, l’Allemagne proscrit de son théâtre, à l’exemple de Shakespeare, sur lequel ses drames sont formés, les unités que la Grèce, l’Italie, et la France, ont si heureusement maintenues ; tandis que son poème épique les adopte avec la plus fatigante régularité, dans un genre qui ne les commande pas, et qui laisse une grande latitude aux voyages de l’imagination. […] Le nombre et l’étendue des épisodes dépendent de la nature et de la force de l’action : celle de l’Iliade, vive, rapide, véhémente, et se précipitant sans repos à sa fin, ne comportera que de courts incidents ; celle de l’Odyssée, lentement progressive, et n’arrivant à son terme que par des sinuosités, se remplira de diverses aventures enchaînées les unes aux autres, ainsi qu’elles le sont dans le cours d’un long voyage. […] Ce docte imitateur du chantre de Mantoue a su mélanger alternativement les circonstances du voyage de ses Argonautes avec leurs combats et les prodiges opérés par la magicienne qui les seconde à l’instar de leurs divinités tutélaires. […] Jamais il n’est pareil à lui-même, et son génie, qui voyage continuellement dans les contrées sublunaires et souterraines, reploie en tous sens le fil ingénieux de son épopée, sans le quitter et sans le briser en ses heureuses incursions.

1305. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

C’est que l’influence de l’antiquité s’est cependant un peu fait sentir, et si Ronsard, si Du Bellay ont vu la mer sans en dire un mot, quelques poètes du xviie  siècle ont cependant été assez avertis par leurs souvenirs scolaires pour faire attention, la première fois qu’une expédition à La Rochelle ou un voyage à Belle-Isle les a mis en présence de la grande charmeuse. […] Sans cynisme, sans outrance de paradoxe et très vrai au fond, il a l’air d’une page du Supplément au voyage de Bougainville qui resterait dans les limites des convenances. […] Il était fait surtout pour écrire les Ruines et le Voyage en Amérique. […] Elle est dans les Causeries du Lundi, tome II, p. 146 ; elle est dans Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire, tome II, p. 71-72 ; et la voici : Mais ai-je dit tout dans l’Itinéraire sur ce voyage commencé au port de Desdémona et d’Othello ? […] Il semble démontré que de la partie des manuscrits où cette page pouvait se trouver (Voyage à Venise) Sainte-Beuve n’a jamais eu communication.

1306. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

  Ce qui est plus frappant, c’est leur goût pour la dialectique elle-même ; ils ne s’ennuient point de ses longs détours ; ils aiment la chasse autant que la prise, et le voyage autant que l’arrivée. […] Nous n’avons pas besoin de nous forcer et de nous exalter pour retrouver en nous les sentiments qu’il exprime, ni pour imaginer le monde qu’il peint, combats, voyages, festins, discours publics, entretiens privés, toutes les scènes de la vie réelle, amitié, amour paternel et conjugal, besoin de gloire et d’action, colères, apaisements, goût, des fêtes, plaisir de vivre, toutes les émotions et toutes les passions de l’homme naturel. […] S’il voyage, il peut user du cheval, de l’esclave, des provisions de son voisin ; entre camarades, les services sont de droit et la propriété n’est pas stricte.

1307. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

J’ai la fièvre et je voyage.

1308. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Roland estimait les écrits sur les Noirs, les Lettres au marquis de Chastellux, et qui fondait alors le Patriote, et aussi avec Bancal, qui venait de quitter le notariat, pour s’adonner aux lettres, à la politique, et que Lanthenas, ami intime et domestique des Roland, avait rencontré durant un voyage dans la capitale.

1309. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Dans un voyage qu’elle faisait en litière durant la semaine sainte de 1547, accourant en toute hâte auprès de son frère malade, Marguerite accusait la lenteur du transport, et, dans une chanson composée le long du chemin, elle s’écriait d’un bond de cœur impétueux : Avancés-vous, hommes, chevaulx, Asseurés-moi, je vous supplye, Que nostre Roy, pour ses grands maulx, A receu santé accomplie : Lors seray de joye remplye.

1310. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

La somme pour le voyage ne vous manquera pas. » Il me remercia, il fut touché, il partit.

1311. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Cela ressemble à Horace à Tibur ou dans son voyage en Campanie, doux, gai, varié comme le délassement de ce maître.

1312. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Il n’est pas dans mes conditions de faire des voyages si rapides.

1313. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il suivit la cour en divers voyages, pendant plusieurs campagnes, jusqu’en 1695. il avait pris sa tâche à cœur, et s’instruisait avec soin : mais était-il possible de faire histoire de Louis XIV pour Louis XIV ?

1314. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Les lotus lui sont cependant encore permis parce qu’il faut faire le voyage des Indes pour en voir.

1315. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Ce prince ayant su par Desyveteaux que le gentilhomme normand dont Duperron lui avait tant vanté les vers était à Paris, le fit venir, et lui demanda une prière pour son voyage en Limousin.

1316. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Au lieu du sombre docteur de Genève, qui pousse des générations de sectaires vers la mort, dont son orgueil croit avoir le secret, et par-delà laquelle il a marqué la destinée de chacun ; qui ne permet à personne de s’attarder et de prendre haleine dans ce rapide et douloureux voyage vers l’autre vie ; je vois un pasteur aimable qui conduit doucement son troupeau au dernier terme.

1317. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Dans un voyage de Paris à Limoges, avec un ami de Fouquet exilé, il se trompe d’auberge, entre dans le jardin voisin ; et là, tandis qu’il lit Tite-Live sous une tonnelle, il en oublie le dîner.

1318. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

G. (4 pages) ; 5° les bourses de voyage aux Représentations de Fête, par F.

1319. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Ce sujet étudié avec tant de soin, ce dessein obstinément suivi, ces travaux, ces recherches, ces voyages, ces lectures, tout cela ne se concilie guère avec le délire ou le charlatanisme.

1320. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Avec Les Déracinés, avec Le Voyage dans la vallée de la Moselle, qui forme un des chapitres les plus importants de L’Appel au soldat, avec son dernier livre10, M. 

1321. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

À côté, voici l’argenterie et les seaux de Champagne, que certes ni Meissonier ni Germain n’ont ciselés, trois nécessaires de voyage, quelques livres en misérable habit, en demi-reliure, des diamants ; un reliquaire de bijoux dessiné sur les étrusques du Vatican et du Museo Borbonico, une parure zingare aux pierres sans valeur, montée par quelque Gilles l’Égaré du royaume de Thunes, un odieux service de dessert en porcelaine peinte et des tasses de Sèvres moderne.

1322. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

De siècle en siècle, en effet, l’aspect du inonde change pour les hommes ; en parcourant le cycle de la vie, il leur arrive ce qui arrive aux voyageurs parcourant les grands cercles terrestres : ils voient se lever sur leurs têtes des astres nouveaux qui se couchent ensuite pour eux, et c’est seulement au terme du voyage qu’ils pourront espérer connaître toute la diversité du ciel.

1323. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Alors la fable prend un tout autre caractère, elle prend celui d’un poème où les animaux font leur leçon aux hommes et leur montrent combien les hommes sont inférieurs aux animaux ; elle prend le caractère du voyage de Gulliver aux pays des chevaux, ni plus ni moins, et l’opinion de Gulliver est absolument manifeste ; mais l’intention de La Fontaine, à mon avis, ne l’est pas moins, car voyez un peu comme il fait parler les bêtes.

1324. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Ce fut un voyage très long, très amusant et d’un intérêt très poignant à la fois.

1325. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Je demande encore-quand et comment, et à quelle occasion il a pu devenir amoureux d’une fille dont il était ennemi juré après le meurtre de Clytemnestre ; que sa maladie, ses voyages, et des haines de famille ne lui ont pas permis de voir depuis ce temps, et qu’il trouve mariée à un autre quand il revient dans la Grèce ? […] Il n’est nullement question dans les anciens auteurs de cette ambassade d’Oreste ; ils parlent seulement d’un voyage que cet Oreste fait à Phthie, capitale des états de Pyrrhus, mais dans l’absence de ce prince, et dans le dessein de lui enlever sa femme Hermione : Racine donne aussi à son Oreste le projet d’enlever Hermione. […] Rien n’est plaisant comme le voyage de Pyrrhus pour tirer satisfaction de la perfidie d’Apollon : pendant son absence, Hermione et Ménélas se portent aux dernières extrémités ; Andromaque et son fils vont périr, lorsque le bonhomme Pélée, grand-père de Pyrrhus, arrive fort à propos pour sauver la mère et l’enfant. […] L’ordre donné à Pharnace de se rendre chez les Parthes ; le refus que fait ce traître d’entreprendre un voyage qui déconcerte ses mesures ; l’impudence avec laquelle il propose l’alliance des Romains ; la noble fureur que cet indigne conseil inspire à Xipharès ; les reproches et les invectives dont Mithridate accable un fils perfide qu’il finit par faire arrêter ; enfin, la vengeance de Pharnace qui, poussé à bout, révèle à son père les amours de Monime et de Xipharès, et lui perce le cœur, en partant, du trait le plus cruel ; cette suite de tableaux si vifs, si intéressants, est une grande leçon pour les poètes déclamateurs et boursouflés, qui s’égarent dans des scènes vides, et cependant ont la prétention de produire de l’effet.

1326. (1890) Dramaturges et romanciers

Des succès mérités ont marqué jusqu’à présent, comme des bornes milliaires, les étapes de son voyage. […] Nous sommes tous agités et paresseux comme des gens qui vont se mettre en voyage. […] L’intérêt du lecteur suit ardemment le héros dans son voyage à ce vieux château de Bretagne où l’attendent de nouvelles luttes. […] Cherbuliez lorsqu’il refusa un préceptorat qu’on lui offrait pendant son séjour à Bonn, préférant compléter son éducation par des voyages qu’un héritage légué à cet effet lui permettait de faire, et sacrifiant ainsi avec bon sens une occasion de pousser sa personne dans le monde pour y pousser plus avant son intelligence. […] Il a visité successivement la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Asie Mineure, Constantinople et la Grèce, et chacun de ces voyages a plus tard produit son fruit à son heure.

1327. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Naturellement, ce ne seront que meubles de prix, d’une incomparable ancienneté, bibelots rares, étoffes suggestives, souvenirs de voyage, cadeaux qui font rêver, toutes choses d’ailleurs que vous n’avez pas. […] Durant le cours de ces voyages, non seulement vous entasserez des documents, écrirez des livres, mais vous accomplirez des actions imprévues et méritoires. […] C’est que je me souviens de Villiers, lorsqu’il revint de son dernier voyage en Belgique. […] Tout lui était bon : travaux de librairie, articles spéciaux de science ou de voyage. […] Paul Hervieu, ne connaît les ressorts de l’âme humaine ; personne ne s’est davantage penché au bord de ce gouffre, qui est le front d’un homme, personne ne s’est plus aventuré sur cette mer de joies et d’illusions qu’est la prunelle d’une femme, et personne n’a davantage rapporté, de ces voyages, des sensations poignantes de cet infini et de ce mystère qu’est la vie.

1328. (1900) La culture des idées

La lettre de Mozart n’explique que Mozart : « Quand je me sens bien et que je suis de bonne humeur, soit que je voyage en voiture ou que je me promène après un bon repas, ou dans la nuit, quand je ne puis dormir, les pensées me viennent en foule et le plus aisément du monde. […] L’homme, malgré sa tendance au mensonge, a un grand respect pour ce qu’il appelle la vérité ; c’est que la vérité est son bâton de voyage à travers la vie, c’est que les lieux communs sont le pain de sa besace et le vin de sa gourde. […] Dès qu’une idée est dissociée, si on la met ainsi toute nue en circulation, elle s’agrège en son voyage par le monde toutes sortes de végétations parasites. […] Avant de partir, on avait puisé à la source voisine un vase d’eau bénite (lustrale) dont on s’aspergeait pieusement ; et le voyage accompli, c’était encore la même cérémonie. […] -D. des Flots, celle qui assure contre le péril des longs voyages.

1329. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

XV Le père de Molière vieillissait ; il envoya son fils, en qualité d’apprenti tapissier, accompagner le roi dans un voyage de la cour à Narbonne. […] J’ai vu une mère de famille, en rentrant dans sa maison après un assez long voyage, se dérober aux empressements de son mari et de trois filles charmantes, pour prodiguer ses caresses à un chien favori, vilain animal dont elle faisait ses délices.

1330. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Dans une chambre d’hôtellerie où ils couchaient tous deux pendant leur voyage, il a entendu Hume s’écrier d’une voix effrayante : « Je tiens Jean-Jacques Rousseau !  […] Il faut le voir encore dans l’imbroglio qui se rattache au voyage de Mme d’Epinay à Genève. Celle-ci ayant décidé d’aller avec son mari consulter Tronchin, propose à Rousseau d’être du voyage. […] Les douze à quinze années que dure l’histoire morale, déroulée dans Obermann et les Rêveries, ne sont guère occupées, à l’exception de deux ou trois voyages forcés dont l’auteur, qui ne descend jamais la terre, ne précise pas la cause, que par des déplacements inquiets en Suisse. […] Il entend la politique, le commerce, les finances, les voyages, les aventures.

1331. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Son goût pour les récits de voyages Ajoutez un nouveau personnage, un Montesquieu qui ressemble à Montaigne, qui est curieux de mœurs singulières, de coutumes locales, de relations de voyage, et de voyages. […] Chardin ; Lettres édifiantes et curieuses des missions étrangères ; Description des Indes occidentales de Thomas Gage ; Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la Compagnie des Indes, etc., voilà ses excursions de bibliothèque. — Il a poussé plus loin. […] Voyage tout intellectuel, remarquez-le, tout de savant, de moraliste, d’économiste et d’homme d’État, où le méditatif n’est nullement diverti par l’artiste, où la réflexion n’est nullement interrompue par le spectacle d’un monument ou d’un paysage ; car Montesquieu n’est pas artiste, n’a de pittoresque, ni dans l’esprit ni, presque, dans le style.

1332. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

On nous a rappelé qu’il avait été absent de Paris six ans consécutifs et non pas dix ; qu’après un voyage dans le Midi en 1811, il était revenu à Paris en 1812, avait publié dans le courant de cette année son Éloge de Montaigne, et n’était reparti pour son long séjour en province qu’en 1815.

1333. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Dans une notice sur Désaugiers (Chants et Chansons populaires de la France, 39e livraison), M. du Mersan, qui l’a bien connu, a dit en effleurant cette époque : « Il voyage avec quelques amis, et, leur bourse légère étant épuisée, ils se font acteurs de circonstance.

1334. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Elle y revint après plusieurs voyages à travers l’Europe, en 1801, à ce moment de paix et de renaissance brillante de la société et des lettres.

1335. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

C’est peut-être au lendemain même de ce dernier ïambe rutilant, que le poëte, en quelque secret voyage à Versailles, adressait cette ode heureuse à Fanny : Mai de moins de roses, l’automne De moins de pampres se couronne, Moins d’épis flottent en moissons, Que sur mes lèvres, sur ma lyre, Fanny, tes regards, ton sourire, Ne font éclore de chansons.

1336. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Le capitaine des chasses, à Fontainebleau, vend à son profit chaque année pour 20 000 francs de lapins. « Dans chaque voyage aux maisons de campagne du roi, les dames d’atour, sur les frais de déplacement, gagnent 80 pour 100 ; on dit que le café au lait avec un pain à chacune de ces dames coûte 2 000 francs par an, et ainsi du reste. » — « Mme de Tallard s’est fait 115 000 livres de rente dans sa place de gouvernante des enfants de France, parce que, à chaque enfant, ses appointements augmentent de 35 000 livres. » Le duc de Penthièvre, en qualité de grand-amiral, perçoit sur tous les navires « qui entrent dans les ports et embouchures de France » un droit d’ancrage, dont le produit annuel est de 91 484 francs.

1337. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

. — Le vin part, et la ferme lui prescrit certaines routes ; s’il s’en écarte, il est confisqué, et, à chaque pas du chemin, il faut qu’il paye. « Un bateau de vin du Languedoc692, Dauphiné ou Roussillon, qui remonte le Rhône et descend la Loire pour aller à Paris par le canal de Briare, paye en route, sans compter les droits du Rhône, de trente-cinq à quarante sortes de droits, non compris les entrées de Paris. » Il les paye « en quinze ou seize endroits, et ces payements multipliés obligent les voituriers à employer douze ou quinze jours de plus par voyage qu’ils n’en mettraient si tous ces droits étaient réunis en un seul bureau ». — Les chemins par eau sont particulièrement chargés. « De Pontarlier à Lyon, il y a vingt-cinq ou trente péages ; de Lyon à Aigues-Mortes, il y en a davantage, de sorte que ce qui coûte 10 sous en Bourgogne, revient à Lyon à 15 et 18 sous, et à Aigues-Mortes à plus de 25 sous. » — Enfin, le vin arrive aux barrières de la ville où il sera bu.

1338. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Bon voyage, petite créature, que Dieu te conduise où tu veux aller !

1339. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

La planète humaine voyage depuis si longtemps que l’humanité a disparu du globe terrestre : des strophes colorées (d’une imagination nette, mais peut-être un peu courte) nous le montrent entièrement reconquis par les plantes et par les animaux.

1340. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Saint Tudwal fit le voyage de Rome ; c’était un ecclésiastique si exemplaire que, naturellement, les cardinaux, ayant fait sa connaissance, le choisirent pour le siège vacant.

1341. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Dans un voyage que j’ai fait récemment, pour mon commerce, à travers les gouvernements de Cherson et d’Ekatérinoslaw, j’ai pu reprendre à leur source maintes de ces mélodies, chantées à une voix ou en chœur par de naïfs paysans peu lettrés.

1342. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

La France du 14 : « En voyage », par M. 

1343. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

  Mais la chose principale est de tomber bientôt d’accord sur une meilleure façon d’attaquer l’affaire : il faut réunir des souscriptions ; il y a peu de gens pour donner cent thalers, même dans un but national ; il y en a bien qui en peuvent donner cinquante, plus encore donneront vingt et beaucoup dix ; ce sont ceux qui se laissent persuader à soutenir une chose vraiment grande, sans y avoir pourtant l’intérêt spécial qui pourrait les décider à faire un jour le voyage de Bayreuth.

1344. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Ceux de nos compatriotes qu’obsède le désir d’entendre du Wagner font, sans hésiter, le voyage d’Allemagne et reviennent, éblouis, nous raconter les splendeurs de Tristan et des Maîtres Chanteurs.

1345. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Nous avons laissé en route le procès de madame Lecoutellier avec son neveu ; mais, pour le rattraper, il faudrait retourner en arrière, quitter la voie principale de la comédie, et prendre l’embranchement du quatrième acte ; cette petite cause ne vaut pas le voyage.

1346. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Mais la dame revient de voyage, avec un projet bien formé ; elle lui demande s’il veut l’épouser.

1347. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Une pièce de vers commence ainsi : Louis quand vous irez dans un de vos voyages Vers Bordeaux, Pau, Bayonne et ses charmants rivages, Toulouse la romaine, où dans ses jours meilleurs J’ai cueilli tout enfant la poésie en fleurs Passez par Blois.

1348. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Mon beau voyage encore est si loin de sa fin !

1349. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Osmin arrive d’un long voyage.

1350. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Vous savez qu’il a dit ailleurs, dans les Lettres à sa femme, dans le Voyage en Limousin : Comme au soir, lorsque l’ombre arrive en un séjour, Ou lorsqu’il n’est plus nuit, et n’est pas encor jour.

1351. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

La « formalité d’avoir lieu » est simplement l’indication que l’observateur, dans son voyage d’exploration, a passé dans le futur absolu de l’événement en question, et elle est sans grande importance 49 ».

1352. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

On a vu comment la méthode des naturalistes qui procèdent par la statistique, la méthode des historiens qui procèdent par l’érudition, la méthode des ethnographes qui procèdent par les explorations de voyage et les recherches de philologie, arrivent à des vues neuves et précieuses sur les races, les peuples, les œuvres, les institutions de notre espèce, sans pénétrer jusqu’aux éléments simples, aux facultés primordiales qui constituent le fond de la nature humaine et forment la seule matière d’une véritable définition.

1353. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Celles de l’Égypte ressemblaient à l’alphabet vulgaire des Phéniciens, qui, dans leurs voyages de commerce, l’avaient sans doute porté en Égypte.

1354. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

La fantaisie pure a inspiré à Béranger trois pièces charmantes : les Bohémiens, le Voyage imaginaire et le Pigeon messager. […] Le Voyage imaginaire nous présente, sous une forme charmante, un des rêves chéris du poète. […] Voyage en Orient. […] C’était bien la peine, vraiment, d’entreprendre le voyage et de nous arrêter à tous les points de la route, pour aboutir à une telle conclusion ! […] Si je n’ai rien dit de Jocelyn ni du Voyage en Orient, c’est que Jocelyn, malgré sa forme narrative, n’est qu’une suite d’harmonies, et que le Voyage en Orient, sans le nom dont il est signé, aurait trouvé bien peu de lecteurs.

1355. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il est antérieur au voyage en Italie, très probablement, et doit être rapporté à 1828-1831. […] D’où il faut conclure, je crois, qu’il n’aimait ce métier que parce qu’il comportait les éternels voyages, la vie errante, l’existence vagabonde et inquiète. […] Elle sera le pigeon gardant le pigeonnier et indiquant au pigeon aventureux « les travaux, les dangers, les soins du voyage » et lui disant : « Vous voulez quitter votre frère ?  […] Malade, en voyage, elle est venue demander au premier prêtre venu de l’entendre en confession. […] Elle n’a guère de raison de vouloir embrasser Juliette, puisqu’elle ne revient pas de voyage et qu’elle l’a vue le matin, au moins la veille… Enfin elle veut embrasser Juliette.

1356. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Un jour donc, la fantaisie lui prit de faire un voyage d’observation, et il se mit en route, muni des instruments de première nécessité, d’une loupe, de l’Art poétique français et d’un flacon d’essences. […] Voici de son journal de voyage un second et dernier extrait.

1357. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Au troisième volume vous trouverez les Pensées sur l’interprétation de la nature, — l’Introduction aux grands principes, — l’Entretien avec d’Alembert, — le Rêve de d’Alembert, — le Supplément au voyage de Bougainville, — la Réfutation de l’ouvrage d’Helvétius intitulé l’Homme, — l Entretien d’un philosophe avec la maréchale de ***. […] Et, lamentable résultat, cette philosophie qu’il avait la furie d’avoir, cette philosophie qui commence par le naturalisme grossier du Supplément au voyage de Bougainville pour finir au cynisme infect du Rêve de d’Alembert, a un dernier mot qui n’est pas une cochonnerie, et c’est le mot du scepticisme : « Je ne sais pas », le mot triste, incertain, inquiet, mais vengeur, de tous ces rogues négateurs de la spiritualité humaine, qui sentent la matière, dont ils se croyaient sûrs, trembler dans leur main.

1358. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Ce voyage interrompu les fait sourire l’un et l’autre. […] Il est né à Paris, en avril 1840, mais entre deux voyages de ses parents à Aix. […] Voyez la scène du départ de Rouen, un matin sur la falaise, la barbue rapportée par le père et la fille et balayant de sa queue le gazon vert, certains épisodes du voyage en Corse, la silhouette de la vieille tante Toinon, le portrait en pied du bon vieux curé de village à la soutane luisante et constellée de taches indélébiles. […] C’est un long voyage comme dans le Roman de la Rose et où les deux voyageurs passent par des phases diverses : le trouble, l’émotion, les désirs aussitôt réprimés et les timides hardiesses d’un côté ; de l’autre, la joie d’impressions toutes nouvelles, l’orgueil d’échauffer un cœur jusque-là glacé, le plaisir de savourer des émotions que n’avait pas fait connaître Clavaroche. […] Et ce voyage de quatre mois ?

1359. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Il achevait sa philosophie à Abbeville en 1834, et faisait un premier voyage à Paris dans l’été de cette même année, pour y prendre son grade de bachelier-ès-lettres.

1360. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

En voici quelques strophes, souvenir d’une soirée de voyage et d’une halte à ce tombeau : Ô harpe, qui dors sous la tête, Sous la tête du barde roi, Veuve immortelle du prophète, Un jour encore éveille-toi !

1361. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Le capitaine des sbires a le cœur sensible, quoiqu’il ait déjà la barbe un peu grise ; il est garçon, il est riche, il est ennuyé de vieillir seul, sans joie dans sa maison, sans enfant après lui pour hériter de ses scudi et de son domaine ; il a été ébloui, à ses voyages dans la montagne, de la beauté de votre fille et de son innocence.

1362. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Le personnage oratoire et poétique de Corinne, qu’elle a dépeint plus tard dans son voyage d’Italie, n’est pas une fiction ; c’est le portrait de mademoiselle Necker peinte devant sa glace par elle-même.

1363. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

XVI Les fréquentes absences de Vittoria Colonna de Rome et les voyages de Michel-Ange à Florence interrompaient souvent la délicieuse familiarité de leurs entretiens du soir au palais du connétable Colonna.

1364. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Quant à l’autre théâtre il y a Le Bossu, très remarquable, et Le Voyage de M. 

1365. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Les foires, les réunions d’affaires ou de plaisir sont des fêtes religieuses ; les représentations scéniques sont des mystères ; les voyages sont des pèlerinages ; les guerres sont des croisades.

1366. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Le Buddha lors de son voyage dernier. — Ananda désaltéré au puits par Prakriti, la fille de Tchandala.

1367. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Ces mots servans comme de témoignage Qu’il avoit fait de Piedmont le voyage.

1368. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

On creuse ses profondeurs et on mesure ses hauteurs ; ses sources, cachées comme celles du Nil, tentent les voyages de la pensée et les explorations de la conjecture.

1369. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

dans mon lit, j’avais là, mais vraiment, la tentation de me relever et de filer au chemin de fer, laissant mon monde continuer son voyage… J’ai besoin de Paris, de son pavé… Les quais, le soir, avec toutes ces lumières… Vous ne croyez pas qu’il y a des jours, où je me sens tout heureuse de l’habiter… Ça été si longtemps mon désir d’y venir… Non, quand je ne suis plus en France, il y a un trouble en moi, j’ai le diable au corps d’y revenir, d’y être, de me trouver avec des Français… Et la première fois que j’ai mis le pied sur de la terre française, en août 1841, il était deux heures du matin, « le premier pantalon garance » que j’ai aperçu, ça été plus fort que moi, je suis descendue de voiture pour l’embrasser… Oui, je l’ai embrassé ! 

1370. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Faites-leur lire l’Histoire des Voyages ou les Lettres édifiantes ; abonnez-les aux bibliothèques paroissiales ; mais écartez d’elles tout livre qui a l’Art ou la passion pour but ; vers, romans, pièces de théâtre, le meilleur n’en vaut rien pour elles.

1371. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Lebrun, c’est-à-dire deux imitations du grec, admirablement bien appropriées à notre scène ; et une habile traduction de l’allemand, qui émeut et attache par cette poésie naturelle et colorée qu’on a retrouvée depuis avec tant de charme dans le Voyage en Grèce du même auteur.

1372. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Une hirondelle en ses voyages Avait beaucoup appris.

1373. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Quoiqu’on rapporte toujours à la maison beaucoup de scepticisme de tous ces voyages à travers les Philosophies, M. 

1374. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Dans le vide de ce qui lui manquait, il versa, pour le remplir, des impressions qu’il alla demander aux voyages.

1375. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

. — Ainsi nous comprenons sous le nom de philologues tous les grammairiens, historiens, critiques, lesquels s’occupent de la connaissance des langues et des faits (tant des faits intérieurs de l’histoire des peuples, comme lois et usages, que des faits extérieurs, comme guerres, traités de paix et d’alliance, commerce, voyages.)

1376. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Il passa la première partie de sa vie en voyages, dans l’un desquels il vint à Stockholm où la reine Christine le retint quelque temps. […] Précepteur du duc du Maine, il écrivit une Histoire du Monde, plusieurs romans, des voyages de philosophie et enfin quelques pièces dramatiques qui obtinrent du succès sur la scène française. […] Sa physionomie n’est ni grecque, ni barbare : c’est un guerrier petit-maître ; apparemment que ses longs voyages l’ont un peu gâté. […] Ne l’avais-je pas bien dit, qu’il s’était gâté dans ses voyages ?

1377. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Au lever du rideau, toute la famille est réunie, en l’absence de son chef parti pour un voyage. […] Mais comment voulez-vous qu’une femme, à moins d’avoir fait le voyage de Lesbos, puisse exprimer à une autre femme ces passions pleines de langueur ou de feu ? […] Sa jeunesse s’est passée dans les plaisirs et les voyages ; il a été à Rome, ce qui était, à cette époque, très rare et fort dispendieux. […] Je viens de faire un voyage en Russie, en Roumanie et en Serbie. […] La roue a fait un saut terrible, elle est retombée du bon côté, et le voyage s’est achevé sans secousse.

1378. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

La poésie d’Hésiode n’a pas le libre essor de la poésie ionienne : c’est qu’elle vise à l’utilité : un manuel de bonne conduite pourrait se conclure comme son poème des Œuvres et jours : « Heureux le sage mortel qui, instruit de toutes ces vérités, travaille sans cesse, irréprochable envers les dieux, observant le vol des oiseaux et fuyant les actions impies29. » Respecter la justice, se garder de la mauvaise rivalité, s’adonner au travail qui préserve de la famine, « compagne de l’homme paresseux », vivre d’économie en se défiant des autres et de soi-même, tels sont, avec quelques avis plus particuliers sur les voyages, sur le temps qu’il faut choisir pour les semailles ou les moissons, sur la fabrication des outils nécessaires au laboureur, pilon et mortier, jantes de roues, charrues, sur la nécessité de passer tout droit devant les forges, au lieu de s’y attarder près du feu, les conseils que donne Hésiode : ce sont ceux d’un bon sens tout pratique et d’un génie prosaïque qui se fournit l’un des premiers à ce fonds de l’expérience humaine que tant de poètes gnomiques et moralistes viendront exploiter à leur tour. […] L’acteur fait un voyage sur mer ; il entre dans un vrai bateau, dût le bateau dépasser son bassin ; les ambassadeurs qui vont trouver Didier montent à cheval sur la scène. […] On a proposé une curieuse expérience : prendre les mystères, les farces, les fabliaux, en retirer tout ce qui ne vient point d’une analyse morale, les aventures, les combats, les voyages, les banquets, les messages, les supplices, les défilés, les cortèges et les « montres » ; que resterait-il ? […] Une rencontre de voyage le jette dans la franc-maçonnerie ; la franc-maçonnerie le livre aux pratiques superstitieuses : « Son amour pour Natacha, l’Antéchrist, la comète, l’invasion de la Russie par Napoléon, tout cet ensemble de faits étranges provoqua en lui un travail moral plein de troubles, qui, arrivé à sa maturité, devait éclater et l’arracher violemment à la vie futile dont les chaînes lui pesaient, pour l’amener à accomplir une action héroïque et à atteindre un grand bonheur. » Cette action, c’est le meurtre de Napoléon.

1379. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Mais il ne put dormir, et resta plongé dans cet état de torpeur mentale qui nous est si familière en voyage. […] Au beau milieu de ces ébats étourdissants, un tarantass couvert d’éclaboussures s’arrêta à la porte cochère ; un homme de quarante-cinq ans, en habit de voyage, en descendit et s’arrêta, frappé de surprise.

1380. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Maintenant, dans la monographie particulière du Christ, en toutes ces rangées d’aquarelles, à la linéature, en général sèchement découpée dans une coloration un peu froide, nombre de dessins artistement composés, avec d’habiles groupements, comme les Mages en voyage, Jésus parmi les docteurs, etc., etc. […] Dimanche 2 décembre Ce soir, Loti tombe chez Daudet, il parle de son voyage de quarante-huit jours dans le désert, disant sa joie des levers et des couchers de soleil, dans la pure lumière, sans aucune atténuation par les vapeurs, et cela, dans le plein d’une santé, — c’est son expression, — qu’il doit à « un tempérament de bédouin ».

1381. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Allusion à la 4e partie des Voyages de Gulliver, « Voyage chez les Houyhnhnms », nom d’un peuple de chevaux raisonnables (voir notamment la rencontre du narrateur à la fin du chap. 

1382. (1927) Des romantiques à nous

Celui-ci est le produit d’une faculté imaginative longuement nourrie de la lecture des vieux romans bretons du moyen âge (que Jacques Boulenger dit n’être bretons que dans la mesure où le Cid est espagnol), de l’étude des grands écrivains bretons du XIXe siècle, de mille impressions et observations recueillies au cours de voyages répétés et de flâneries ardentes dans tous les chemins et ports de Bretagne, de Saint-Brieuc à la pointe du Raz, de Vitré au Huelgoat et à Carbaix, de Perros-Guirec aux îles du Morbihan. […] S’ils ne pouvaient « aller » qu’à ce prix, leurs voyages ne seraient pas sans péril. […] Ils croient que ça va changer. » Comme les impressions me sont restées vives de ce voyage que nous fîmes ensemble à Bruxelles dans l’été de 1893 !

1383. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Voilà donc Mme de Longueville partie pour ce grand voyage de l’Éternité d’où l’on ne revient jamais… Des morts de cette nature des personnes qui tiennent un grand rang parmi le monde, et surtout lorsque nous y avons quelque rapport, nous frappent dans le moment ; mais l’impression s’en efface bientôt, et nous ne tâchons pas même d’ordinaire à la retenir.

1384. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

En 1729, Montesquieu écrivait sur son carnet de voyage : « Point de religion en Angleterre ; quatre ou cinq de la Chambre des Communes vont à la messe ou au sermon de la Chambre… Si quelqu’un parle de religion, tout le monde se met à rire.

1385. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Après un voyage en Lorraine et en France pour visiter les Guise, ses oncles, la reine se décida, par leur conseil, à fiancer sa fille au dauphin, fils de Henri II.

1386. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Les leçons de philosophie et de poésie, la correction des œuvres littéraires de Frédéric, l’amitié cultivée des princesses ses sœurs, les voyages de cour, les résidences dans les différentes demeures de plaisance de Sans-Souci et de Postdam, les soupers libres, les conversations sans frein, les entretiens par-dessus la tête des peuples, l’étude enfin, ce premier des plaisirs pour Voltaire, remplirent les premières années de cet exil auprès de Frédéric.

1387. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

. — En Voyage ; Alpes et Pyrénées (1890). — Dieu (1891). — Toute la lyre, 2e série (1893)

1388. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Boyer, lors de son voyage à Rome, eut une discussion avec Grégoire XVI sur les propositions gallicanes.

1389. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

J'allois vous en informer, lorsque je fus obligé de faire un voyage en Province.

1390. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Sa vigne qui voyage et qui combat avec lui, se ramifie sur la terre entière ; il la prend sous ce filet ruisselant.

1391. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

— trouva son incomparable expression dans le Génie du Christianisme… L’exotisme, enfin, a été développé par le goût des voyages et par les facilités nouvelles que créèrent les incessants progrès scientifiques.

1392. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Notre premier acteur eut la gloire d’en faire pleurer quelques-uns à Zaïre, à Brutus, dans un voyage qu’il fit à Genève.

1393. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Cousin revenait alors de son premier voyage en Allemagne.

1394. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Des nuclœus hirsutes, cils en houppe autour d’une matrice qu’ils éventent dans l’ennui de longs voyages.

1395. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Perrichon est très ému au moment de faire son premier voyage.

1396. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

De ce genre est la double scène de sauvetage dans Le Voyage de Monsieur Perrichon.

1397. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

. ; qu’ayant été quatre ans durant de tous les voyages de Marly, la privation m’en avait été une marque qui m’avait été très-sensible, et par la disgrâce et par la privation de ces temps longs de l’honneur de lui faire ma cour... ; que j’avais grand soin de ne parler mal de personne ; que pour Sa Majesté j’aimerais mieux être mort (en le regardant avec feu entre deux yeux).

1398. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

De toute cette génération d’artistes avec lesquels Étienne entra dans la carrière, trois seulement se sont fait un nom dans les arts, et encore l’un est-il devenu architecte et non peintre : Huyot, qui a rapporté de si précieux travaux de ses voyages en Égypte, en Grèce et en Italie, et mourut après avoir pris place à l’Institut ; Granet ; enfin M.  […] Il peut sembler étrange aujourd’hui qu’un peintre français qui fait le voyage de Rome pour étudier les maîtres, au lieu de se placer tout aussitôt devant un tableau de Raphaël ou de Michel-Ange, aille choisir une peinture de quatrième ordre, d’un peintre français tel que le Valentin8. […] Ce voyage emploiera une quinzaine. […] Obligé de faire un voyage en campagne, David remit les billets à Alexandre, en le priant de les distribuer entre ses camarades.

1399. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Ce doit être un petit fait vrai que la chaise de poste abandonnée au milieu des Mémoires d’un touriste pour continuer le voyage en diligence. On voit Stendhal commençant un « voyage en France » avec l’intention de regarder les paysages ; puis s’ennuyant prodigieusement, s’apercevant qu’il ne fait rien, renvoyant sa chaise, montant en diligence, dînant à table d’hôte, désormais très intéressé, sentant qu’il travaille, et s’écriant : « Voilà la vraie manière de voyager ! » — Les Mémoires d’un touriste, écrits par Stendhal, ne peuvent être que les mémoires d’un moraliste, et le seul voyage qu’il sût bien faire était un voyage à travers les hommes. […] Après tout, cette disparité n’aurait rien de très dangereux, et pourvu que le système judiciaire fût unique et que le citoyen fût jugé partout par les mêmes lois, il n’aurait pas à se plaindre de trouver quand il voyage des états d’esprit différents.

1400. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Aucun État ne fut jamais assez tranquille et assez pacifique pour laisser longtemps sans emploi les braves qui ne demandent qu’à donner des coups au voisin et à risquer leur peau ; à défaut d’une guerre en Europe ou dans les colonies, les grands voyages de découvertes présentent aujourd’hui à leur ardeur entreprenante et belliqueuse une satisfaction analogue. […] Un professeur de littérature française aux États-Unis, dans un voyage récent qu’il a fait à Paris, nous disait au départ : Ce qui m’a le plus frappé pendant mon séjour, ç’a été de voir comme Diderot avait grandi en mon absence104. […] Si Molière était mort dans son voyage aventureux à travers la province, un autre aurait-il pris sa place, et Boursault, à défaut de lui, serait-il devenu le grand homme ? […] … J’ai reçu dans mon âme des impressions, des images… Faust est un ouvrage de fou. » Il existe de Mozart une lettre intéressante, en réponse à un ami qui l’avait interrogé sur la manière dont il composait ses partitions : … Quand je me sens bien et que je suis de bonne humeur, soit que je voyage en voiture ou que je me promène après un bon repas, ou, dans la nuit, quand je ne puis dormir, les pensées me viennent en foule et le plus aisément du monde.

1401. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

… Voilà donc la cause de tous ces voyages, de ces interminables séjours à Lemnos ! […] Cet étrange grenier, où vit tout un monde, où les pigeons perchent sur de vieilles armoires pleines de vieux livres de voyages, est le paradis de la petite Edwige. […] Ce grenier, qui est à la fois un capharnaüm et une arche de Noé, ce grenier que des lapins traversent en sautant, et où des poules perchent sur de vieux arbres de Noël desséchés et sur de vieilles armoires pleines de vieux livres de voyage, apparaît à la petite Edwige comme quelque chose de mystérieux et de démesuré, comme une image même du vaste univers. […] Au moment où la pièce commence, Hedda revient de son voyage de noces, dégoûtée de son mari, ennuyée, écœurée, pleine de mépris pour le milieu de bourgeoisie mesquine où son mariage l’a fait descendre. […] Sur quoi Renato, charmé d’avoir une maîtresse si spirituelle, et comme s’il se sentait dispensé, par cet esprit, de la corvée d’être tendre, parle à Vanina de ses préparatifs de voyage.

1402. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Et son lyrisme ne sera jamais atténué, ni dans le roman en vers, ni dans le roman en prose, ni par les voyages, ni par la politique, ni même par son dédain d’amateur dandy pour les génies artistes. […] C’est ainsi qu’après le voyage à travers des chaos de roches et de gaves on aime la belle plaine unie et sûre, majestueuse de moissons rectilignes, et traversée de canaux où se reflètent des bandes de ciel pacifique. […] Par un naturel dandysme, à moins que ce ne fût par une survivance étrange correctement amendée de la goguenarderie mystificatrice du jeune romantisme, il était hanté du besoin d’étonner et même de terrifier les gens ; quoiqu’il palliât ce goût un peu puéril, dans le quotidien de la vie, par une belle grâce de gentilhomme, par une très fine, très souple réserve (car elle est absurde, la légende qui lui attribue des gestes violents, de gros mots, et, au contraire, on a pu dire de lui : « svelte, un peu furtif, l’air d’un très délicat évêque, à peine damné, qui aurait mis pour un voyage d’exquis habits de laïque, Son Excellence Monseigneur Brummell !  […] Mais les voyages sont difficiles aux pauvres diables que nous étions alors ; ce fut seulement après un séjour à Munich où des journaux nous avaient envoyés pour faire le compte rendu de l’Or du Rhin, que nous pûmes aller en Provence. […] Je prétextai la fatigue du voyage, je me retirai dans ma chambre.

1403. (1890) Nouvelles questions de critique

On peut concevoir encore que des Mémoires secrets ou des Correspondances diplomatiques, restés jusqu’alors inconnus, nous révèlent tout à coup le secret d’une manœuvre de Louvois ou d’une intrigue de Bolingbroke : on ne peut pas concevoir qu’une lettre même de Swift ou qu’un document émané de Voltaire modifient jamais l’idée que nous nous faisions des Voyages de Gulliver ou de Zadig et de Micromégas. On peut concevoir enfin que des papiers d’État, jusqu’alors mystérieusement enfermés sous une triple serrure, dans l’archive des chancelleries, nous apprennent les raisons positives d’une résolution de Frédéric le Grand ou d’une décision de Marie-Thérèse : mais on ne peut pas concevoir qu’un sophisme inédit de Jean-Jacques ou de Diderot réussisse à prévaloir contre ce que contiennent de gravé pour l’éternité le Contrat social ou le Supplément au voyage de Bougainville. […] Enfin, dans une Bibliographie des Éditions originales de nos grands écrivains, je ne doute pas que l’on ne soit aise, et je le suis autant que personne, de trouver la description de l’édition originale de Vairvert, ou du Voyage autour de ma chambre. […] Mais qui ne sait à combien de lectures, de recherches, de voyages même au besoin, de pareilles vérifications nous engagent ? […] On rit plus à la Cagnotte ou au Voyage de M. 

1404. (1933) De mon temps…

Son goût ;     des voyages lui faisait souvent quitter la Belgique. […] Terré dans ses logis de l’Ile Saint-Louis parmi ses livres, ses souvenirs de voyages, ses épées et ses dagues, ses insectes, ses paperasses, ses bibelots indiens ou renaissance, il y faisait pittoresque et singulière figure, tout à son art et à son travail, à ses amitiés et à ses haines, tour à tour furieux et débonnaire, intolérable et sympathique, facétieux et subtil, répandant autour de lui les trésors de son érudition et les éclaboussures de son humeur, et piété opiniâtrement en armure de probité et d’honneur.

1405. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il contient des pièces lyriques, quelques vers d’amour, des impressions de voyage datées des bords du Rhin et d’Espagne. […] Il n’y a que le voyage d’une lettre, qui, après être restée trois ans sous une statuette de saxe, est reprise par le destinataire, est déposée dans une coupe, en est tirée par une jeune fille, sert à allumer une lampe, est jetée par une fenêtre, est ramassée par un entomologiste qui en fait un cornet pour y enfermer un coléoptère, est déroulée par un collégien qui s’en sert pour écrire au dos une déclaration, est brûlée enfin par celui-là même entre les mains de qui on craignait qu’elle n’arrivât. […] C’est tout au plus s’ils ont fait de courts voyages afin d’aller recueillir sur place des renseignements en vue d’un roman futur. […] L’intrigue de Sapho n’était possible qu’à Paris, dont c’est un produit spécial que la fille affinée par son passage à travers les milieux les plus différents, et qui a rapporté de ses nombreux voyages des mots, des tournures de phrases, presque des idées. […] C’est lui qui a pris pour argent comptant « de prétendues histoires de la société parisienne aussi vraisemblables que le voyage de Cyrano de Bergerac dans la lune ».

1406. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

C’est ce lien entre les deux vérités que le petit-fils de Renan proclame dans son Voyage du Centurion. […] Ernest Psichari a dit cela, bien éloquemment et bien fortement dans son Voyage du Centurion. […] Et, continuant notre voyage à travers l’Europe, que rencontrons-nous en Italie ? […] Et qui donc à rétablir ces corps judiciaires, ces parlements dont la ville d’Aix — continuons à commenter notre voyage — nous permet de mesurer l’influence sur la vitalité provinciale ?

1407. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Qu’est devenue la comédie du Docteur amoureux, et celle du Maître d’école, et celle des Trois Docteurs rivaux que Molière jeune improvisait en route sur les grands chemins du « roman comique » et de « l’art en voyage » ? […] Une tradition veut que Molière ait rencontré, durant ses voyages, à Avignon, le peintre Mignard, qui revenait d’Italie et se proposait d’aller dessiner les ruines d’Orange et de Saint-Remi. […] Eudore Soulié a réunis, et qui nous font connaître la bibliothèque de Molière, cette bibliothèque petite mais choisie, où, chose étrange, Plaute, Rabelais, les bouffons italiens ne figurent pas, mais où l’on rencontre la Bible, Plutarque, des grecs et des latins, Balzac, Montaigne, un traité de philosophie, des livres d’histoire et des voyages.

1408. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Dans un voyage fait en Amérique de 1799 à 1804, M. de Humboldt a pu assister à la fabrication du curare. […] Émile Carrey nous apprend, dans l’intéressante relation de son voyage, que beaucoup de peuplades indiennes ont déjà renoncé à l’arme empoisonnée de l’homme primitif pour la remplacer par l’arme à feu de l’homme civilisé. […] Boussingault qu’il avait connu dans son voyage en Amérique un général colombien atteint d’épilepsie, qui, pour éviter les accès de sa terrible maladie, avalait des pilules assez volumineuses de curare.

1409. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

La pudeur moderne nous interdirait d’en faire seulement l’analyse ; mais les mœurs italiennes du temps étaient si peu scrupuleuses en matière de décence et de religion que cette facétie comique eut un succès classique et prolongé à Florence, et que le pape Léon X, dans ses voyages en Toscane pour revoir sa famille, fit représenter devant lui deux fois la Mandragore pour amuser le sacré collège.

1410. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

XVIII Lisez, lisez toutes ces pages, et surtout celles de son voyage pour arriver à temps : chemin de croix des justes !

1411. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Lorsque Duncan sera endormi (et le fatigant voyage qu’il a fait aujourd’hui va l’entraîner dans un sommeil profond), j’aurai soin, moi, à force de vin et de santés, de décomposer si bien ses deux chambellans, que leur mémoire, cette gardienne des idées, ne sera plus qu’une fumée, et le réservoir de leur raison un alambic.

1412. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Ainsi, le pardon de la femme pécheresse, la connaissance qu’a Luc de la famille de Béthanie, son type du caractère de Marthe répondant au [Greek : diêchonei] de Jean (XII, 2), le trait de la femme qui essuya les pieds de Jésus avec ses cheveux, une notion obscure des voyages de Jésus à Jérusalem, l’idée qu’il a comparu à la Passion devant trois autorités, l’opinion où est l’auteur que quelques disciples assistaient au crucifiement, la connaissance qu’il a du rôle d’Anne à côté de Caïphe, l’apparition de l’ange dans l’agonie (comp.

1413. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Ce n’est pas sans raison qu’un père de famille disait à son fils partant pour un voyage lointain : « Tout ce que je te demande, c’est de me rapporter le même visage64. » VI L’interprétation des signes Il nous reste à dire quelques mots de l’interprétation des signes, où l’ancienne psychologie voyait une « faculté » mystérieuse.

1414. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Jusqu’à ce jour, toute notre littérature consistait en un carnet de notes, contenant les étapes et les menus de repas d’un voyage en France de six mois à pied, le sac sur le dos, et où seulement, tout à la fin, s’étaient glissées quelques notes sur le ciel, la terre, les Mauresques de l’Algérie.

1415. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Ernest Hébert (1817-1908), cousin de Stendhal, élève de Delaroche, prix de Rome en 1839, fit le voyage d’Italie, avant de revenir en France et de recevoir des commandes de Napoléon III, qui le fit décorer en particulier l’abside de Panthéon.

1416. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

J’ai connu le monde, je l’ai jugé, je l’ai fui ; mais, comme l’homme est un être instinctivement sociable, j’ai trouvé dans cette maison, dans l’amitié de ces deux sœurs aussi sauvages que moi, une société pour mon cœur ; et je trouve dans ces livres, rapportés de mes voyages et jetés pêle-mêle à mes pieds, une société pour mon esprit.

1417. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Vois : toute éplorée, bannie par moi, elle s’attachait aux pas de ses compagnons de voyage pour retourner avec eux dans son paisible ermitage !

1418. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

. —  Ses voyages. —  Son retour en Angleterre. […] Tout d’un coup, en un mois, après un voyage à la campagne, il se maria441.

1419. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

L’état de préoccupation nous conduit à un degré plus haut : le souci d’une personne malade, d’un examen à préparer, d’un grand voyage à entreprendre, et mille autres faits de ce genre, sans constituer pour la conscience un état d’obsession véritable, agissent par répétition. […] Voyage d’un naturaliste autour du globe, p. 167.

1420. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

S’il décrit les voyages des dieux, c’est avec un amas de circonstances qui impatiente le lecteur. […] Il s’étoit instruit, apparemment par ses voyages, des opinions, des usages, et des moeurs des peuples : ainsi, étant devenu un des plus sçavans hommes de son siécle, son imagination lui fournit l’art d’assembler ses diverses connoissances sous un même sujet ; et c’est aussi un effet de son jugement d’avoir conçu qu’il attacheroit davantage ses auditeurs, par cette dépendance commune que les choses les plus différentes auroient à une même matiere.

1421. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

On part dans la nuit, sans bagages, parfois sans boussole. à la rime d’intervenir en cas de famine, à d’autres hasards de fixer le terme du voyage. […] Souday, quand il voyage en Amérique, met de l’eau dans son whisky.

1422. (1886) Le roman russe pp. -351

Un jour, il avait promis des vers à la femme qu’il aimait ; il ne trouvait dans son âme rien d’assez triste, rien d’assez beau ; il se souvint alors d’un Kirghiz rencontré durant un voyage par-delà l’Oural, dans la steppe d’Orenbourg : un de ces chameliers qui tirent d’un long roseau leur vieille mélopée d’Asie. […] Enthousiaste de Jean-Jacques, ce gentilhomme rapporte de ses voyages en France le condiment littéraire à la mode, la « sensibilité ». […] Il fit le voyage de Jérusalem, il erra quelque temps à travers ces ruines grises, paysage tentant et dangereux pour les âmes en détresse.

1423. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Nous faisons le voyage en compagnie de quelques planètes dont les unes se perdent pour nous dans la lumière du soleil, comme Vénus et Mercure et les autres dans la nuit de l’espace, comme Uranus et Neptune. […] Renan, fait le voyage d’Orient, et il en a rapporté des paysages qui, sans avoir certes la suavité de ces beaux tableaux de Nazareth et du lac de Tibériade que M.  […] Il y donna les Notes de Tristan Noël et les Deux paradis d’Abd-er Rhaman, mais c’est dans le Parti national, où il écrivit de 1887 à 1889, qu’il se répandit aisément en fantaisies, en chroniques, en variétés littéraires, en notes de voyage. […] Paul Arène a encore bien raison, c’est quand il conseille de faire le voyage de Provence pour comprendre les auteurs anciens. […] Gaston Boissier a si bien jeté ses cyclades, les a semées avec tant de raison et de goût, que le voyage n’en est ni moins instructif ni moins agréable.

1424. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Il accompagne le général dans le voyage qu’il fait jusqu’à Palerme pour y remettre au ministre de Naples la noble prisonnière contre un récépissé de sa personne délivré en bonne formeac.

1425. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

— Il y a des jours aussi où Mme de La Fayette va encore faire une petite visite à la cour, et le roi la place dans sa calèche avec les dames et lui montre les beautés de Versailles comme ferait un simple particulier ; et un tel voyage, un tel succès, si sage qu’on soit, fournit matière, au retour, à des conversations fort longues, et même à des lettres moins courtes qu’à l’ordinaire de la part de Mme de La Fayette qui aime peu à écrire ; et Mme de Grignan de loin est un peu jalouse ; elle l’est encore à propos de quelque écritoire de bois de Sainte-Lucie dont Mme de Montespan fait présent à Mme de La Fayette108 ; mais Mme de Sévigné raccommode tout cela par les compliments et les douceurs qu’elle arrange et quelle échange sans cesse entre sa fille et sa meilleure amie.

1426. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

I, p. 117, l’histoire du vieillard qui s’attribuait les voyages qu’il avait lus comme ceux qu’il avait faits.

1427. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Enfin la vieillesse ne doit pas s’effrayer de la mort, qu’elle contemple de plus près, et qui lui paraît, lorsqu’elle sait bien la juger, le terme d’un long et pénible voyage, le port longtemps souhaité.

1428. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

« — J’entends, dit Socrate ; mais au moins il est permis et il est juste de faire ses prières aux dieux, afin qu’ils bénissent notre voyage et le rendent heureux ; c’est ce que je leur demande ; puissent-ils exaucer mes vœux !

1429. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il veut se préparer des consolations, et il se dit à part lui : « Tout père de famille qui revient d’un voyage doit se figurer qu’il va trouver son fils en faute, ou sa femme morte, ou sa fille malade ; et s’il y en a moins qu’il n’en a prévu, c’est autant de gagné59. » Cela est sage, mais froid.

1430. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Le cheik Rifaa, dans l’intéressante relation de son voyage en Europe, insiste vivement sur les déplorables erreurs qui déparent nos livres de science, comme le mouvement de la terre, etc., et ne regarde pas encore comme impossible de les expurger de ce venin.

1431. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Tandis que dans la France féodale et ecclésiastique on élevait, comme deux êtres de race distincte, le chevalier et le clerc, l’homme d’action et l’homme de pensée, il ne veut pas de cette arbitraire division dans la nature humaine : « Ce n’est pas une âme, ce n’est pas un corps qu’on dresse ; c’est un homme. » Et, ne voulant pas non plus qu’on fasse de l’enfant « un âne chargé de livres », il entend compléter ses études par le commerce avec le monde, par les voyages à l’étranger.

1432. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Jeudi 12 avril Nous partons, ce matin, pour le plus ennuyeux voyage d’affaires du monde, un rembaillement de fermes, qui est le fond de nos ennuis et de nos préoccupations depuis un an… Le lendemain à Chaumont, il faut attendre jusqu’à trois heures la voiture… Nous attendons sur un petit banc de bois d’où l’on voit la grande place de la ville, et l’Hôtel de ville, aux heures tombant avec un bruit de glas.

1433. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Et pensez à ce voyage avec cette enfant mourante sur nos genoux, et mon père et ma mère n’osant s’arrêter dans un des villages ou une des petites villes, que nous traversions, dans la crainte de ne pas trouver un médecin qui sût la soigner.

1434. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

« Ayant appris que vous aviez dessein de faire ici un voyage, j’avais demandé permission à notre mère de vous voir, parce que quelques personnes nous avaient assurées que vous étiez dans la pensée de songer sérieusement à vous ; et j’aurais été bien aise de l’apprendre par vous-même, afin de vous témoigner la joie que j’aurais s’il plaisait à Dieu de vous toucher ; mais j’ai appris depuis peu de jours une nouvelle qui m’a touchée sensiblement.

1435. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Voici ce que nous écrivions l’année dernière sur ce genre si fin et si indéfinissable de littérature, à propos de l’aimable vieillard Xavier de Maistre, l’auteur du Voyage autour de ma chambre.

1436. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

et la science appliquée à l’industrie ; et, à cause de cela, au point de vue du merveilleux et de la poésie, son voyage dans la lune est bien au-dessous, par exemple, de celui de Cyrano de Bergerac, ce Rodomont de l’hyperbole, qui, à force d’audace, rencontra heureusement parfois.

1437. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Sans doute c’est très-bien fait ; mais ce sont trop des articles de voyages ou de mœurs ; — il y a des gens qui regrettent ce qu’ils n’ont jamais vu, le boulevard du Temple ou les galeries de Bois !

1438. (1739) Vie de Molière

C’étaient Chapelle et Bernier : celui-ci, connu par ses voyages aux Indes, et l’autre, célèbre par quelques vers naturels et aisés, qui lui ont fait d’autant plus de réputation qu’il ne rechercha pas celle d’auteur.

1439. (1888) Impressions de théâtre. Première série

» — C’est aussi, direz-vous, l’idée première du Voyage de M.  […] Il habite boulevard des Italiens ; il vit entre la Madeleine et la rue Drouot ; il ne voyage pas : il trouve que la verdure est déjà trop crue aux Champs-Élysées ; il reste des heures à sa fenêtre, renversé dans un bon fauteuil, à écouter le bruit délicieux de son cher boulevard. […] Un Parisien voyage. […] Le ciel et les saisons n’offrent aux hommes que des images de vie, de mort, de fuite, de voyage, de lutte, de résurrection.

1440. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Lisez à ce propos le Rêve de d’Alembert ou le Supplément au Voyage de Bougainville. […] Mais rappelez-vous surtout, dans ces mêmes années, et jusqu’à la veille de la révolution, ce retour de la littérature vers les sources antiques, ce regain de faveur ou de popularité des anciens, dont les Éloges de Thomas, les traductions de l’abbé Delille, le Voyage du jeune Anacharsis, et les poésies enfin d’André Chénier sont des preuves assez éloquentes : Des antiques vergers les rameaux empruntés Croissent sur mon terrain, mollement transplantés ; Aux troncs de mon verger ma main avec adresse Les attache, — et bientôt même écorce les presse. […] L’esprit français a passé maintenant ses frontières ; il a en quelque sorte émigré, lui aussi ; et, de ses excursions à travers les littératures étrangères, il a rapporté ce que l’on rapporte aussi bien de toute espèce de voyages : un peu moins de confiance en lui-même ; une curiosité sympathique pour ce qui ne lui ressemble pas ; et la conviction plus ou moins raisonnée, mais certaine, qu’entre le goût français et le goût anglais, en tant qu’ils diffèrent, ce n’est pas un passage d’Aristote ou un vers de Boileau qui tranchera désormais le débat. […] Je sais bien qu’il n’y parle pas tant des Voyages de Gulliver ou du Conte du Tonneau que des pamphlets politiques de Swift ; et, pour connaître Swift lui-même, pour apprendre à en goûter le pessimisme cynique et la misanthropie hautaine, c’est à d’autres qu’à Villemain qu’il faut aujourd’hui s’adresser. […] la table, le jeu, les voyages ?

1441. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Il ne fait pas d’ailleurs attention que, n’ayant pas même encore publié son Voyage à l’Île de France, on ne pouvait guère soupçonner à Rennes qu’il y eût un homme de lettres en lui. […] Mais y réussissant moins bien encore, et ne recevant du Ministère que de rares gratifications, il se résolut, enfin, selon son mot, « à vivre du fruit de son jardin » et, en 1773, il faisait paraître son Voyage à l’Île de France. […] Comme professeur de rhétorique, il ne se peut pas, me disais-je, qu’une Charogne, ou le Voyage à Cythère n’offensent et ne révoltent la délicatesse de son goût. […] Lisez encore à cet égard un Voyage à Cythère ou l’Hymne à la Beauté. […] … Mais ce qu’il savait faire, et bien faire, il mit son ambition à le mieux faire encore, et pendant de longues années, laissant aux Saint-Marc Girardin ou aux Silvestre de Sacy les questions de politique intérieure, il n’employa lectures, voyages, réflexions, fréquentations, qu’à s’acquérir une compétence unique dans les questions de politique étrangère.

1442. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Mécontent des autres au moins autant qu’il était plein de lui, il a essayé de refaire ce que les autres avaient fait avant lui, il a repris en sous œuvre, l’Émile, les Mémoires d’un homme de qualité, les Voyages de Cyrano, et dans les Contemporaines, il y a une histoire de fille, instrument de vengeance qui ressemble furieusement à l’histoire de Madame de La Pommeraye de Diderot, avec des mœurs chiffonnières en plus ; il a été souvent naïf, quelquefois d’un naturel qui touche à la sublimité. […] Le moine défroqué lui demanda s’il oserait entreprendre de remettre en ordre ses cheveux déformés par un long voyage et le défaut de talent de celui qui les avait coupés en dernier lieu. […] Je puis donc être, avec tranquillité, ennuyeux, pédant ou lourd, à de certains moments, parce que j’ai l’assurance que ce n’est là qu’une étape de mon voyage, un pays où je ne m’arrêterai pas. […] Dans certaines provinces on trouve l’esprit d’il y a cinq ans, dans d’autres plus arriérées celui d’il y a dix ans, mais pâli, fané comme tout ce qui a fait un long voyage.

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