Peu s’en fallut même qu’on ne taxât le méfait de romantisme, et Dieu sait ce que ce mot renfermait d’infamant en 1812.
Il faut se figurer un instant qu’on est Irlandais ou Polonais, c’est-à-dire d’une race où la nationalité et la religion se sont jusqu’ici étroitement embrassées ; d’une armée qui s’agenouille au nom de Marie, et dont le généralissime Skrzynecki combat avec le scapulaire sur la poitrine ; il faut se prêter à cet orgueil si légitime qui, au milieu de l’inaction des peuples les plus invoqués, au sein de l’apparente lâcheté européenne, permet qu’on se considère comme le peuple élu par excellence, comme un peuple hébreu, martyr et réduit présentement en captivité, mais pourtant le seul vivant entre les tribus idolâtres, le seul par qui la cause de Dieu vaincra.
Que Dieu récompense Almont, et puisse tout ce qui vit le prendre pour modèle !
Et il reste, Dieu merci, très capable d’en fournir les plus belles réalisations.
Entre toutes les fleurs, et Dieu sait s’il en est de belles (quel monde admirable que celui de la fleur !)
Et aussi : — Donne-moi le loisir de converser avec Dieu et je te ferai connaître plus en détail sa volonté, qui est que tu sois grand.
Il eût pu, à la vérité, emprunter d’autres couleurs sur la même palette, et jeter ici quelques bonnes pages bien philanthropiques, dans lesquelles — en côtoyant toutefois avec prudence un banc dangereux, caché sous les mers de la philosophie, qu’on nomme le banc du tribunal correctionnel — il eût avancé quelques-unes de ces vérités découvertes par nos sages pour la gloire de l’homme et la consolation du mourant ; savoir : que l’homme n’est qu’une brute, que l’âme n’est qu’un peu de gaz plus ou moins dense, et que Dieu n’est rien ; mais il a pensé que ces vérités incontestables étaient déjà bien triviales et bien usées, et qu’il ajouterait à peine une goutte d’eau à ce déluge de morales raisonnables, de religions athées, de maximes, de doctrines, de principes qui nous inondent pour notre bonheur, depuis trente ans, d’une si prodigieuse façon qu’on pourrait — s’il n’y avait irrévérence — leur appliquer les vers de Regnier sur une averse : Des nuages en eau tombait un tel degoust, Que les chiens altérés pouvaient boire debout.
Ce serait l’heure, pour celui à qui Dieu en aurait donné le génie, de créer tout un théâtre, un théâtre vaste et simple, un et varié, national par l’histoire, populaire par la vérité, humain, naturel, universel par la passion.
Quelques pères de l’église décorent ce sage du titre de martyr de Dieu.
Tous les procès ne sont pas de nature à être jugés ainsi ; et quant a la méthode des Turcs, Dieu nous en préserve.
On travaille à tout hasard et à la grâce de Dieu.
Nieuwentit nous offre son excellent livre de l’existence de Dieu, démontrée par les merveilles de la nature, in-4°., qui est à la fois la meilleure Physique & le meilleur commencement d’une bonne Théologie.
Dieu vous le rendra.
Caricature du diable sur la montagne quand il voulut tenter Dieu, Proudhon fait le flatteur et il n’est que perfide.
Deux degrés de corruption de plus et un de scepticisme, et ce lymphatique anglais, fils de la Douleur et de l’Obstacle, aurait endormi son génie dans tous les dons que Dieu lui avait faits !
Dieu lui donna tout ce qu’il put donner.
Dieu merci !
Mais ne nous flattons point, il y a peu de ces âmes qui se suffisent et marchent d’un pas ferme sous l’œil de la raison qui les guide, ou de Dieu qui les regarde.
Suzanne est avec Dieu ; — elle était trop bonne pour moi. […] Sers Dieu. — Hein ! […] Ô Dieu ! ô Dieu ! […] Par son intelligence, combien semblable à un Dieu !
Soudain, je vis le Dieu saisir une de ces syrinx et l’approcher de ses lèvres. […] Maintenant je m’accommode à peine de ce Dieu caché dont parle le philosophe de Locres. […] vous voyez bien que le Dieu des chrétiens se bouche les oreilles. […] — Dieu te garde, berger. — Dieu te mène par la main, seigneur.
On chante, on chante pour soi, pour Dieu et pour ses frères voisins ; mais la grande patrie est absente, la grande, la vaine et futile Athènes n’en entend rien. […] Prévère paraît à la fenêtre de la cure avec un air pensif ; il a résolu d’éloigner Charles pour quelques années, de l’envoyer à la ville chez un ami près de qui le jeune homme pourra continuer ses études et se préparer, si Dieu le permet, aux fonctions du ministère. […] Je n’ai jamais qu’à faible haleine Et d’un accent serré de peine Laissé tomber le mot Adieu ; Malade du mal de la terre, Tout bas soupirant après l’ère Où ce mot doit mourir en Dieu.
C’est Dieu justifié devant le sentiment des spectateurs. […] » On voit, à ces pittoresques descriptions de la nature opulente et majestueuse de l’Inde, des arbres, des ondes, des animaux, que le sentiment du paysage dans la poésie, et de la mélancolie dans l’âme, ne sont point, comme on le dit, des inventions récentes de notre poésie, mais que la plus haute antiquité sentait et exprimait avec la même force l’œuvre de Dieu et le cœur de l’homme. […] Puissent l’imagination dramatique et le goût délicat du poète lui assurer la gloire due au grand maître de son art poétique, et puisse-t-il nous initier toujours davantage dans cette science mille fois plus sublime et plus sainte, qui nous donne la connaissance des perfections de l’Être unique en qui se résument tous les êtres : Dieu !
Selon Malebranche, l’âme et le corps ne sont l’un pour l’autre qu’une cause occasionnelle d’action et de mouvement ; c’est Dieu qui est le véritable moteur. […] La métaphysique peut toujours, avec Aristote, concevoir un idéal de la pensée pure et indépendante de tout organisme, en Dieu et chez des êtres supérieurs à l’homme. […] Ainsi se passent les choses dans l’organisme de l’être vivant, de l’homme en particulier, comme dans le système du monde, si bien que le physiologiste matérialiste pourrait répondre à propos de l’âme comme Laplace à propos de Dieu : « Je n’ai pas besoin de cette hypothèse, la loi de la gravitation universelle suffit à tout. » Mais voici où l’expérience scientifique elle-même arrête le matérialisme.
« Comment pouvons-nous avoir du bel art, alors que le travailleur est condamné à un labeur monotone et machinal au milieu d’un entourage morne, hideux, quand cités et Nature sont sacrifiées à la rapacité mercantile, quand le Bon Marché est le Dieu de l’existence ? […] Dieu le sait. […] « Wirokannas » est le prêtre à la robe verte, de la forêt, et Tapio, qui porte un vêtement en mousse d’arbre, et un haut chapeau en feuilles de pin, est le « Dieu gracieux des grands bois ». […] Vous laissez le peuple s’en rire, et en lui accordant le mépris d’une loi, vous lui enseignez à mépriser toutes les lois, celles de Dieu, celles de l’homme pareillement. […] Je levai haut cette croix, et criai : « A l’Enfer mon âme pour toujours, et à Dieu mon acte !
Moïse, pour l’autel, cherchait un statuaire ; Dieu dit : « Il en faut deux ; » et dans le sanctuaire Conduisit Oliab avec Béliséel : L’un sculptait l’idéal et l’autre le réel46. […] tonnerre de Dieu ! […] Dans le célèbre duo d’amour qui a servi de modèle à tous ceux de la littérature contemporaine, on retrouve l’accent chaud et passionné du Cantique des cantiques, et on pressent cette tendresse qui deviendra douloureuse chez Musset : « Lorsque je suis fatigué, ta vue me délasse… Quelque chose de toi que je ne puis te dire reste pour moi dans l’air où tu passes, sur l’herbe où tu t’assieds… Si je te touche seulement du bout du doigt, tout mon corps frémit de plaisir… Dis-moi par quel charme tu as pu m’enchanter. » A cette poésie s’ajoutent des traits d’observation psychologique : « Ô mon frère, je prie Dieu tous les jours pour ma mère, pour la tienne, pour toi ; mais, quand je prononce ton nom, il me semble que ma dévotion augmente. » Tout cela encadré dans des détails de réelle familiarité : « — Pourquoi vas-tu si loin et si haut me chercher des fruits et des fleurs ? […] Le matérialisme de l’expression n’est pas toujours incompatible avec une certaine mysticité du sentiment ; c’est le désir de l’idéal, l’attente de Dieu qui est exprimée dans le livre de Job par cette image violente : « Oui, je le sais, il apparaîtra sur la terre… Mes reins se consument d’attente au-dedans de moi. » Ce qui dans le style est matériel et violent pour l’un ne l’est pas pour l’autre, car chaque sensibilité est la mesure de ses propres sensations ; ce qui est pénible pour un homme à sensibilité délicate est précisément ce qui commencera chez un autre à éveiller l’intérêt.
Cette fois elle lui envoie cette apostrophe indignée : « J’ai lu votre mémoire ; Dieu me garde de le montrer ! […] Ni sur l’existence d’un Dieu personnel, rémunérateur et vengeur, d’un Dieu de providence et de bonté qui nous voit, nous connaît et nous juge, ni sur l’immortalité de l’âme, ni sur la liberté humaine, Hugo n’a varié. […] Il n’a prétendu ni organiser scientifiquement l’humanité, ni organiser Dieu. […] Cela durera le temps qu’il plaira à Dieu, c’est-à-dire à l’ennui, qui est bien le dieu de ma vie. […] Pour goûter la joie de blasphémer, il faut croire en Dieu.
Il est si beau d’offrir à ses ennemis une victime sans tache, et de rendre au Dieu qui nous juge une vie encore pleine d’illusions59 !
Oh Dieu !
Les artistes, comme Dieu, font quelque chose de rien.
III Je voudrais rencontrer une brute, un être primitif et sensitif frissonnant aux frissons de la forêt, rêveur à cause du murmure des roseaux frôlés par le vent aux rives des fleuves, illuminé d’un doux rire puéril aux querelles des oiseaux, heureux par la pureté du soleil qui se lève et surtout épris, sans le savoir, de quelque Ève apparue un soir de printemps, au lointain bleu d’une allée, enfuie depuis, Dieu sait vers quels saules.
Viendra un temps où vous préférerez le ciel à la terre ; vous êtes fait pour Dieu.
il était tranquille, au comble de la gloire, et peut-être sur une haute montagne, où, selon l’ordre que Dieu a établi dans ce monde, on trouve aussi une allée123. » Le 30 juin, madame de Sévigné représente Jo dans l’innocence et la solitude de la campagne. « Jo est dans les prairies en toute liberté et n’est observée par aucun argus.
Ne pouvons-nous remplir la tâche que Dieu nous donne parce qu’elle présente un nombre trop grand d’obligations ?
C’est que l’homme n’est pas Dieu ; c’est que l’atelier de l’artiste n’est pas la nature.
Dieu merci, les voilà réconciliés, et ce Falconnet, cet artiste si peu jaloux de sa réputation dans l’avenir, ce contempteur si déterminé de l’immortalité, cet homme si disrespectueux de la postérité, délivré du souci de lui transmettre un mauvais buste.
Elle ne nous offre, quand elle n’est pas une hideuse tragédie, que le curieux et lamentable spectacle d’une nation qui se piquait d’être à la tête du monde, et que Dieu livrait aux principes du Contrat social.
Ni Hallam, ni Thierry (nous parlons du Thierry du passé, car qui sait si Dieu ne nous garde pas le véritable historien du Moyen Âge dans le Thierry de l’avenir ?)
Toutes ces constructions de sensations, toutes ces reviviscences d’images, toutes ces études d’hallucination, toutes ces dentelles d’analyses physiologiques faites au microscope, tous ces fils de la Vierge qu’on nous montre entre l’index et le pouce, toutes ces bluettes, en fin, qu’on veut nous donner et qu’on nous donne, c’est pour que nous ne puissions apercevoir du premier regard le but où l’on veut nous conduire, et ce but, c’est de réduire les plus grandes et les plus vivantes choses qu’il y ait dans le cœur et la tête de l’homme : Dieu, l’âme et le devoir, à n’être qu’une vile sensation, un ridicule bruit de sonnette dont on tire le cordon, en attendant qu’avec ce cordon on puisse les étrangler.
Magistrature, armée, sacerdoce, triple force de l’ordre éternel, appuyées à la force triple de la famille représentée par ses chefs, voilà la force majeure des pays, et visiblement, pour qui sait ouvrir les yeux et regarder, les deux degrés électoraux que Dieu a rangés autour du pouvoir, et dont, en réalité, seul il dispose.
C’est à la même idée que tenait l’apothéose de leurs prédécesseurs ; la fantaisie de se faire adorer de leur vivant ; les temples qu’on leur élevait dans toutes les parties de l’empire ; la multitude énorme de statues d’or et d’argent, de colonnes et d’arcs de triomphe ; le caractère sacré imprimé à leurs images et jusqu’à leurs monnaies ; le titre de seigneur et de maître que Tibère même avait rejeté avec horreur, et qui fut commun sous Domitien ; la formule des officiers de l’empereur, qui écrivaient, voici ce qu’ordonne notre Seigneur et notre Dieu 50 ; et quand les princes, par les longs séjours et les guerres qui les retenaient en Orient, furent accoutumés à l’esprit de ces climats ; la servitude des mœurs, l’habitude de se prosterner, consacrée par l’usage et ordonnée par la loi.
Ils n’avaient point reçu l’influence divine ; Ils parlaient comme on parle ; et leur style bien net Peignait le cœur humain, comme Dieu l’avait fait.
Je crois que La Fayette, au Moyen Age, aurait été ce qu’il fut de nos jours, un chevalier, cherchant encore à sa manière le triomphe des droits de l’homme sous prétexte du Saint-Graal, ou bien un croisé en quête du saint tombeau, le bras droit et le premier aide de camp, sous un Pierre-l’Ermite, c’est-à-dire sous la voix de Dieu, d’une des grandes croisades. […] A Dieu ne plaise que je cherche à appuyer l’horrible accusation de complicité avec Robespierre, dont il est si justement indigné ! à Dieu ne plaise que je me permette d’y croire ! […] Elle m’a dit plusieurs fois : « Cette vie est courte, troublée… réunissons-nous en Dieu, passons ensemble l’éternité. » Elle m’a souhaité et à nous tous la paix du Seigneur. […] Rendez grâces au Seigneur, enfants d’Israël, et louez-le devant les nations, parce qu’il vous a ainsi dispersés parmi les peuples qui ne le connaissent point, afin que vous publiiez ses miracles, et que vous leur appreniez qu’il n’y en a point d’autre que lui qui soit le Dieu tout-puissant.
Il est plus naturel, plus simple en dissertant sur l’homme et sur Dieu, que Trissotin, lorsqu’il rit et plaisante du billet de parterre pris par le petit valet de Chrysale417. […] Dans un siècle où le souverain disait : L’État, c’est moi ; où, sans la crainte du diable que Dieu lui laissa jusque dans ses plus grands désordres, ce roi qui pouvait tout se serait fait adorer422 ; où quelqu’un423 l’adora et mit un luminaire dans la niche de sa statue transformée en chapelle, il est clair tout d’abord qu’une arme aussi terrible que celle que Molière maniait n’aurait jamais pu frapper un seul coup, si elle n’avait été mise au service de ce demi-dieu 424. […] Il voulait faire entendre au Roi qu’au jugement de Dieu il lui serait reproché de lui avoir ôté sa femme. […] Elle me dit qu’elle louait Dieu de ce qu’il ne s’était trouvé chez elle que ses femmes, parce que, s’il y eût eu hommes, elle l’aurait fait jeter par les fenêtres ; qu’elle avait été obligée d’en avertir le Roi, qui le faisait chercher pour l’envoyer en prison442. » Au commencement de l’année suivante, Molière représentait Amphitryon. […] Si le Dieu essaye de persuader que Un partage avec Jupiter N’a rien du tout qui déshonore, Sosie, qui conclut la pièce, déclare que le seigneur Jupiter « nous fait beaucoup d’honneur », mais qu’il a beau « dorer la pilule », que D’une et d’autre part pour un tel compliment Les phrases sont embarrassantes.
» L’autre, étonné, répond, après quelques instants, qu’il se rappelle beaucoup de pareils jours. « C’est plus que je ne puis dire : je ne me rappelle aucun temps qui n’ait été trop chaud ou trop froid, trop humide ou trop sec ; mais, avec tout cela, le seigneur Dieu s’arrange pour qu’à la fin de l’an tout soit très-bien. » Sur ce sarcasme, il tourne les talons et sort : c’était Swift. — Un autre jour, chez le comte de Burlington, en quittant la table, il dit à la maîtresse de la maison : « Lady Burlington, j’apprends que vous chantez. […] Swift ameuta contre elle le peuple en lui parlant son langage, et triompha du bon sens et de l’État968. « Frères, amis, compatriotes et camarades, ce que je vais vous dire à présent est, après votre devoir envers Dieu et le soin de votre salut, du plus grand intérêt pour vous-mêmes et vos enfants ; votre pain, votre habillement, toutes les nécessités de la vie en dépendent. […] Plaise à Dieu que jamais Swift ne badine sur mon compte ! […] madame, dit-il, si vous donnez de tels dîners, — vous ne manquerez jamais de curés, si longtemps que vous viviez. — Je n’ai jamais vu de curé qui n’eût un bon flair. — Mais le diable serait partout mieux venu qu’eux. — Dieu me damne ! […] — Alors que Dieu ait pitié de son âme !
Admirerait-il moins cette expression de Bossuet : « ce grand Dieu qui, du centre de son éternité, développe tout l’ordre des siècles » ? […] Dans le monde moral comme dans l’ordre physique, nous n’avons besoin de Dieu qu’autant que la nature ne saurait se suffire à elle-même. […] À Dieu ne plaise que je veuille ici, vingtième ou trentième, retracer les luttes homériques de La Motte et de Mme Dacier ! […] Sur ce pied-là, disait assez plaisamment ce vilain abbé Desfontaines, Dieu nous garde qu’elle vieillisse ! […] À Dieu ne plaise !
Un puritain venait d’avoir la main droite coupée en punition d’un écrit contre le projet de mariage d’Élisabeth avec le duc d’Anjou : aussitôt après l’exécution, il élève son chapeau de la main gauche en s’écriant : « Dieu garde la reine ! […] Tandis que la foule se précipitait dans les théâtres qui s’élevaient de toutes parts, le puritain, dans ses méditations solitaires, s’enflammait d’indignation contre ces pompes de Bélial et cet emploi sacrilège de l’homme, image de Dieu sur la terre. […] Dieu sait à quels triomphes il fera servir son éloquence, dans quels projets et pour quels avantages il déploiera les richesses de son invention, parmi quels égaux ses talents l’élèveront au premier rang, de quelles sociétés la vivacité de son esprit le rendra l’amusement et l’idole ! […] Mais aussitôt arrivait le « lundi de la charrue », jour où recommençait le travail, et le premier jour du travail était marqué par une fête. « Bonnes ménagères que Dieu a enrichies, dit Tusser dans ses poésies rurales, n’oubliez pas les fêtes qui appartiennent à la charrue11. » Le fuseau avait aussi la sienne. […] Dieu emploie la volonté humaine à accomplir des intentions que l’homme n’a point eues, et le laisse marcher librement vers un but qu’il n’a pas choisi.
J’ai sous presse Dieu et Patrie, volume illustré de 15 000 lignes grand format, et aussi Cœurs vaillants, volume illustré de 12 000 lignes. […] Mais les profondes joies de la femme sont des joies de disciple : elles consistent à suivre, à obéir, à calquer, à s’efforcer d’être parfaite comme le Dieu est parfait. […] Écoutez ces nobles considérations à la Guizot sur tout ce qui manqua à ce pauvre Adolphe : « Pas de religion : et Dieu seul aurait pu être la vivante unité de son existence. […] « L’homme de génie proprement dit n’a pas toujours besoin de livres pour s’aider ; — quant à moi, je serai brave comme Jeanne d’Arc que Dieu seul inspira ». […] Voici deux ou trois vérités scientifiques « que Dieu seul inspira ».
Puissent-ils jouir d’un meilleur sort que leur père et avoir toujours devant les yeux la crainte de Dieu, cette crainte salutaire qui opère en nos cœurs l’innocence et la justice, malgré la fragilité de notre nature ! […] L’état de mon esprit est singulier : il est comme un homme qui se noierait dans son crachat… Les idées de Dieu, d’Éternité, dominaient parmi celles qui flottaient dans mon imagination, et, après bien des pensées et des réflexions singulières dont le détail serait trop long, je me suis déterminé à te demander le Psautier français de La Harpe, qui doit être à la maison, broché, je crois, en papier vert, et un livre d’Heures à ton choix. […] Ô Seigneur, Dieu de miséricorde, daignez me réunir dans le ciel à ce que vous m’aviez permis d’aimer sur la terre !
Erasme, parmi les questions débattues, cite celles-ci148 : « Cette proposition : Dieu le père déteste son fils, est-elle possible ? […] Elles doivent conduire « à mieux connaître et à mieux servir Dieu. » Elles deviennent dès lors « les bonnes lettres », comme on disait au temps de la Restauration. […] Est-ce pour cela que les orateurs de la chaire, venant de la Compagnie de Jésus, ont été accusés, non sans raison, par leurs ennemis les jansénistes d’énerver la parole de Dieu en l’enguirlandant de fleurs inutiles ?
Mais les scènes, chez lui, ont besoin d’être préparées et comme expliquées d’avance ; il est de ceux qui croient devoir disposer la pensée avant de parler aux yeux : « Vous saurez donc, dit-il en écrivant à sa mère (25 décembre 1831), que les Américains des États-Unis, gens raisonneurs et sans préjugés ; de plus, grands philanthropes ; se sont imaginé, comme les Espagnols, que Dieu leur avait donné le Nouveau Monde et ses habitants en pleine propriété. […] C’est pour cela que j’ai toujours considéré la métaphysique et toutes les sciences purement théoriques, qui ne servent de rien dans la réalité de la vie, comme un tourment volontaire que l’homme consentait à s’infliger… » Ainsi il n’a point échappé à la crise inévitable des nobles esprits, an doute ; mais il s’en est tiré en l’éludant, en composant : il a mis quelques vérités à part, il ne dit pas lesquelles, mais on les devine aisément (Dieu, spiritualité, immortalité de l’âme, une portion de christianisme…).
… Et dans quel temps, grand Dieu ! […] Il faut un concours inouï de circonstances pour amener un officier général à rendre un service pareil ; et Dieu sait qu’en dix campagnes je n’en aurai pas d’occasion… » Vingt jours s’écoulèrent encore avant qu’il eût fait la démarche irrévocable.
Un poète du commencement du xiiie siècle, Robert de Boron, coordonna toute la matière et la réduisit à peu près à l’unité, tout en y mêlant l’histoire de Merlin, fils du diable et serviteur de Dieu ; mais surtout il en développa le sens religieux. […] Plus sévère que Dieu et que l’Église, notre auteur n’absout même pas le mariage : et quand la quête du Graal commence, quand tous les chevaliers de la Table ronde se mettent en route pour le chercher, un ermite défend à leurs femmes de les accompagner.
Mais pour peu qu’à ces maximes, déjà si condamnables, je joignisse une dose de fiel & d’emportement ; pour peu que, me tournant vers les Gardes & le reste de l’Assemblée, je leur adressasse ces graves paroles : Ce qu’il faut punir, ce sont les Princes mêmes, ces barbares sédentaires qui, du fond de leur cabinet, ordonnent, dans le temps de leur digestion, le massacre d’un million d’hommes, & qui, ensuite, en sont remercier Dieu solennellement Micro-mégas, tom. […] Il ignore donc, ce charitable Ministre du Dieu de paix, que trois ans avant la mort de ce Vicaire, j’ai déclaré que personne n’avoit eu part à mon travail, & défié tout Littérateur d’oser avancer qu’il m’eût fourni par écrit la moindre observation dont j’aie fait usage.
La prière même garde une réserve sceptique, vis-à-vis du Dieu qu’elle invoque : « Que l’Esprit —s’il en est un — qui préside aux champs, consume tout ce qui peut leur nuire ! […] Le roi chasse Richelieu en l’appelant un valet, Dieu me pardonne !
Ce ne sont qu’évêques dégingandés au pas saltateur de Dupré, grands prêtres de bacchanales, anges qui tiennent le saint-ciboire avec le geste d’un arc qu’un Amour détend, saints qui se renversent sur le crucifix avec des attitudes de violonistes, effets de lumière derrière les autels qui ressemblent à une gloire derrière une conque de Vénus : toute une religion descendue du Corrège, et que Noverre semble avoir réglée comme le plus délicieux opéra de Dieu ; — si bien qu’au son des flûtes, des bassons, de la musique la plus chatouillante, la plus enivrante, la plus ambrée, si l’on peut dire, on s’attend à voir un joli homme d’évêque, avec le geste sautillant d’un marquis tirer l’hostie d’une boîte d’or, et l’offrir comme une pastille ou une prise de tabac d’Espagne. […] Une sorte de familiarité avec Dieu.
Vous savez ce qui est arrivé à Garo pour cette supposition bizarre et un peu niaise, et pour son intention de vouloir rectifier la Providence, et vous savez la conclusion : Dieu fait bien ce qu’il fait. […] Là-dessus Descartes est d’une précision à laquelle il n’y a rien à désirer, qui ne laisse certainement rien à désirer. « Au reste, je me suis étendu ici sur le sujet de l’âme à cause qu’il était plus important ; car après l’erreur de ceux qui nient Dieu, laquelle je pense avoir ci-dessus assez réfutée, il n’y en a point qui éloigne plus tôt les esprits faibles du droit chemin de la vertu que d’imaginer que l’âme des bêtes soit de même nature que la nôtre, et que, par conséquent, nous n’avons rien à craindre ni à espérer après cette vie, non plus que les mouches et les fourmis.
Elle remplit toute sa destinée quand elle va au-delà, quand elle élève l’homme, le rend meilleur, le porte à la vaillance, au sacrifice et à Dieu. […] Elle est humaine, elle est consolante : c’est la rénovation par le repentir, l’ascension du coupable, hors du crime, jusqu’aux limites où l’expiation surabondante couvre la faute, et la transfigure en une occasion de beauté morale, où le repentir dépasse l’innocence, et va plus loin qu’elle, dans le mérite devant Dieu et dans l’admiration émue des hommes.
À la porte de l’Église tous les honneurs humains doivent être dépouillés : le Dieu unique est si grand qu’à ses yeux les plus grands de la terre ne dépassent pas les plus humbles. […] La notion des rapports qui relient les créatures à Dieu devenait ainsi capable de bouleverser celle des rapports des créatures entre elles.
À défaut de si grandes choses, désirons du moins des ouvrages touchants et émouvants à bonne fin, divertissants et spirituels avec goût, puisés dans le cercle de la famille et de la société telles que, grâce à Dieu et à l’immortel génie de la France, elles existent encore ; des ouvrages sentant, pour tout dire, une habitude de bonnes mœurs et de bonne compagnie.
Le prêtre qui l’exhortait au moment de la mort lui disait que Dieu, en lui laissant le temps de se reconnaître, lui faisait plus de grâce qu’au maréchal de Berwick, qui venait d’être emporté devant Philipsbourg d’un coup de canon. « Il a été tué !
Nodier l’invoquait dans sa préface des Tristes, et regrettait qu’Oberman se passât de Dieu.
« Être content, c’est être contenu, le mot le dit ; c’est-à-dire contenir ses vœux dans les limites que Dieu a tracées, et parce que c’est lui qui les a tracées.
La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué.
Nous fûmes, grâce à Dieu, mieux inspiré ; nous vîmes, dès l’abord, de quoi il s’agissait ; nos idées antérieures revinrent à l’assaut dans notre esprit ; nos pressentiments s’accumulèrent et s’éclaircirent.
Horstius, professeur en médecine dans l’Université de Helmstad, écrivit en 1595 l’histoire de cette dent, et prétendit qu’elle était en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu’elle avait été envoyée de Dieu à cet enfant pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs.
Et ce ne serait pas la peine d’être né après Montaigne, La Mothe-le-Vayer et Duclos, si… Mais jouissons des belles créations de Dieu ou des belles créations spontanées, comme vous voudrez.
Mais tout à coup éclate ce couac anachronique : « Il a dû naguère, à Guernesey, s’amuser beaucoup des journaux religieux, qui annonçaient, avec une douce charité chrétienne, que, frappé par Dieu dans son orgueil, Victor Hugo venait d’être atteint de folie. » Et Claretie nous raconte encore, en plein 1902 : « On entourait le poète qui, souriant devant cette mort, qui n’est heureusement pas près de le toucher, disait parfois avec sa gaîté robuste : — Il est peut-être temps de désencombrer mon siècle. » Que contiennent ces vieux articles mal repeints que Claretie et Fasquelle nous vendent honnêtement pour du neuf ?
De là l’existence de Dieu attaquée par des sophismes, & les Athées confondus par des argumens invincibles : la Religion Chrétienne combattue par des objections captieuses, & célébrée par les plus sublimes éloges.
L’indigne prussienne a donné au pauvre philosophe une bonne leçon dont il ne profitera pas, car il restera bon et bête comme Dieu l’a fait.
Berruer ou Dieu le père l’a choisi cette fois maigre, sec, élancé et d’un caractère de tête ordinaire.
La figure qui représente Dieu le pere dans ces trois tableaux, est véritablement noble et venerable, mais il y a trop de douceur et point assez de majesté.
… Il fallait sa présence réelle, comme celle de Dieu !
Gustave Planche aurait pu, si Dieu l’avait permis, être un homme d’esprit, comme Janin par exemple ; mais il ne l’était pas.
Intellectuellement orateur, mais empêtré dans un corps qui ne l’était pas, — car le corps, c’est la moitié de l’orateur, — sagace comme le bel œil noir, un peu couvert, de son portrait, le dit, mais lourd, épais et gauche de tournure et de mains, comme le dit son portrait encore, cet indigéré de discours accumulés au fond de sa pensée et qui ne passaient pas assez vite dans ses organes pour qu’il les dardât de la tribune à ses adversaires, il les expectorait dans ses pamphlets, et Dieu sait avec quelle abondance, quelle facilité, quel jet de salive !
Seulement, il est bien obligé de la prendre, cette chose, où elle se trouve, pour lui qui n’est pas un voyageur, c’est-à-dire de la prendre dans le milieu où Dieu l’a placé.
Pour être poète, dit le terrible et opiniâtre railleur, qui ne se déferre jamais de sa plaisanterie effrayante de vulgarité, il faut d’abord « ne pas croire à Dieu et lire la Bible pour y prendre des métaphores ; — ne rien savoir, puisque les plus beaux génies de ce temps n’ont pas, en connaissances, de quoi couvrir une pièce de six pence au fond d’une cuvette ; — traiter tous les auteurs comme des homards, dont on choisit le meilleur dans la queue et dont on rejette le reste au plat ; — avoir toutes prêtes des comparaisons comme le cordonnier a ses formes ».
Je demande bien pardon de mettre de pareils mots l’un en face de l’autre, même par horreur des idées qu’ils expriment, mais j’en renvoie le sacrilège à la Philanthropie contemporaine qui, à force d’amour pour l’auguste liberté des hommes, est parvenue à faire de son Dieu la prostituée du genre humain !
Ce ne sont pas là les larmes fières ou virilement désolées que j’aurais voulu voir tomber des yeux d’un poète qui a eu l’honneur de souffrir (c’est toujours un honneur que Dieu vous fait quand il vous frappe !)
II Et d’abord, ce livre, qui porte le titre d’Aventures parisiennes, n’est nullement un livre d’aventures, Dieu merci !
Cet ouvrage est parvenu jusqu’à nous, et il a, en grande partie, les défauts de ce temps-là ; mais l’évêque qui osa reprocher au maître du monde le meurtre de Thessalonique, et commanda à son empereur d’expier devant les hommes et devant Dieu un crime que des courtisans féroces avaient conseillé et que des courtisans lâches n’avaient pas manqué d’applaudir, mérite bien grâce pour les défauts de goût, et pour quelques phrases peut-être ou faibles ou barbares.
Claudel n’est pas incontestable, Dieu merci. […] et ne doit rien à Voltaire (grâces à Dieu ! […] Au regard de Dieu, je veux bien que, simplifiée ainsi, sa vie soit excellente. […] C’est un peu ridicule : non pas cette confiance en Dieu ; mais le tour qu’elle prend ici. […] Mais l’âme d’un apache, au regard de Dieu, je ne sais pas ce qu’elle vaut.
Paisiblement et minutieusement, il essaye de démontrer que Dieu ne saurait être tout ensemble infini et personnel, puisque toute détermination est une négation. […] L’être de rébellion est précipité dans le néant, l’être de ruse est jeté dans le vide, l’être d’impression et de repentir est rappelé dans le bien… La loi de Dieu éclate et triomphe… » ? […] Dieu triste, Dieu jaloux qui dérobes ta face, Dieu qui mentais disant que ton œuvre était bon, Mon souffle, ô pétrisseur de l’antique limon, Un jour redressera ta victime vivace. […] Au fond de toutes les théories sur Dieu et l’autre monde, c’est bien ce désir de garder le pouvoir d’impression qui se retrouve sans cesse. […] Ce sont des martyrs sans Dieu et sans foi, et pourtant des martyrs.
On se le rappelle : ou Dieu existe ou il n’existe pas. […] Nous avons devant nous un témoignage direct de plus de cinquante années consacrées à Dieu, en contact avec quelques-uns des plus angoissants problèmes du siècle. […] « Alors Dieu », disait-il à l’approche de la vieillesse, en 1819, « le souverain Bien, sort comme des nuages. […] L’art était mon seul Dieu. […] J’imagine que sa parole et sa mimique ne soulevaient pas l’assistance comme faisait le grand orateur de l’Hôtel- Dieu.
« Ou bien la nationalité française disparaîtra, nous dit-on, — ce qu’à Dieu ne plaise ! […] et, comme certains dévots avec leur Dieu, sous prétexte de l’honorer, ne serait-ce pas en user avec lui d’une familiarité choquante ? […] À Dieu ne plaise que nous soyons jamais de cette école ! […] Mais on voit combien il serait dangereux de donner aux philologues les Pascal ou les Montaigne à juger sans compter qu’ils n’y tiennent guère, et que — Dieu leur pardonne ! […] l’avenir est à Dieu.
La voix des foules, cette voix qui, dit-on, est la voix de Dieu, a couvert de son vaste tumulte la chanson des poètes. […] Orphelin de père et de mère, il ne devait compte de ses actes qu’à sa conscience de gentilhomme et de ses pensées qu’à Dieu. […] Elle voudrait qu’il crût davantage en Dieu. […] « Dieu te bénira, disait au tsar Ivan le métropolite Pierre, Dieu te bénira, t’élèvera au-dessus de tous les autres princes et agrandira cette ville au-dessus de toutes les autres villes. […] Dieu !
» Et je te répondais : « Qu’un Dieu daigne m’entendre ! […] Point de dévot qui ne refasse son Dieu pour l’adorer mieux. […] Nous ne le rencontrons pas toujours, Dieu merci ! […] Dieu me garde d’y trouver le plus profond système de pessimisme ! […] Il n’en est pas ainsi ; Et je connais beaucoup les femmes, Dieu merci.
La religion est la société des hommes et de Dieu. […] Ils s’appellent ici Dieu, le Médiateur et l’Homme. […] Dieu te pardonnera de n’avoir pu aimer… » ? […] Ô Dieu ! […] Il se contentait de dire plaisamment : — « Quand je paraîtrai devant Dieu, je lui avouerai : « J’ai commis bien des fautes… Mais, Seigneur, considérez que j’ai supporté M.
Qui sont-ils, ces personnages surnaturels, ce Dieu, ce Méphistophélès et ces anges ? […] Que dirons-nous de ce Dieu, d’abord biblique et personnel, qui peu à peu se déforme, s’évanouit, et reculant dans les profondeurs, derrière les magnificences de la nature vivante et les splendeurs de la rêverie mystique, se confond avec l’inaccessible absolu ? […] À titre de grand seigneur et d’homme célèbre, le scandale qu’il donnait criait plus haut que tout autre : il était a public sinner ; un jour un ecclésiastique obscur lui envoya une prière qu’il avait trouvée dans les papiers de sa femme, charmante et pieuse personne, morte récemment, et qui en secret avait demandé à Dieu la conversion du grand pécheur. […] Rien de plus solide qu’un ferme propos étayé de logique, appuyé sur la crainte du monde, sur la pensée de Dieu, sur le souvenir du devoir ; rien ne prévaudra contre lui, excepté un tête-à-tête en juin, à six heures et demie du soir. […] … — (Pour l’amour de Dieu, apportez-moi un verre de rhum !
C’est chez nous l’incomparable Molière, et Dieu sait que presque tout son théâtre, ses scènes célèbres, ses mots que tout le monde a dans la mémoire, c’est presque toujours un vol, vol dont les critiques lui font un mérite, mais moi, non. […] Jeudi 14 mars Vraiment un amusant et drolatique metteur en scène, qu’Antoine avec son sifflet de contremaître, et ses nom de Dieu, jaillissant de son enrouement, comme des déchirements de bronches. […] » Et, Dieu sait, ajoute Alexis, ce que sont vos acteurs, sauf Antoine. […] Et ce serait une série de chapitres sur Dieu, sur le gouvernement, sur le cerveau, etc., etc. […] priez Dieu pour vous, que nous rencontrions l’ennemi loin d’ici, parce que le soldat qui s’est battu, devient une bête féroce pendant trois jours… et moi-même je n’en suis pas le maître !
et il n’y a pas de vrai Dieu dans les Petites Églises. […] … avec modestie… Cette liberté de la rime, liberté que je voudrais voir poussée jusqu’au rythme, je l’ai nommée ésotériquement « le Règne de Dieu dans la Poésie », c’est-à-dire le règne de l’inspiration et de la grâce, opposé au règne de la règle impitoyable dont Banville fut le prophète. […] — d’inédite et non connue improvisation, que nous donna, pour en illustrer un tableau, le poète qui chanta Isis et Dieu en strophes irrégulières, en bizarres ballades dont l’intermittence des rimes, le déhanchement du rythme, dénote toute l’impétuosité des passions qui peuvent agiter, en secret, un cœur mystique. […] Des baisers rythmant le vol de nos âmes Nous emporterons les échos à Dieu, En les prolongeant, ainsi qu’un adieu, Vers la Terre aimée où nous nous aimâmes. […] Ces bonnes intentions et la tenue bien sage de ces tercets n’inciteront-elles pas Sully Prudhomme à dire que, Dieu lui ayant prêté la vie, le petit Dorchain est devenu bien grand ?.
La pensée, et tonnerre de Dieu ! […] Je veux bien que pour se disculper et même se relever dans l’opinion, l’auteur en appelle à Saint-Augustin lui-même qui, pour démontrer la puissance de la volonté humaine sur nos différents organes, cite des individus qui, par des sons postérieurs ab imo, dit le texte, sans malpropreté sine pædore contrefaisaient des sons harmonieux. « Cité de Dieu. […] Quand on prend la somme de son œuvre et qu’on en saisit l’esprit, on voit que Balzac n’est pas plus naturalistes à la façon de Zola, que Dickens le romancier anglais et Dieu sait si celui-ci se délecte à écrire les caractères et les milieux il dépeint tout par le menu jusqu’à la satiété et la lassitude du lecteur, dont il surcharge l’attention par de fastidieux détails, n’imitant pas non plus la sobriété recommandée par Diderot. […] Dieu merci !
Mais vous ne pouvez demeurer ici, je le vois avec douleur ; du reste, espérons que Dieu, qui vous a protégé au milieu de tant de batailles, vous protégera encore une fois » — Ces paroles dites, elle embrassa son fils avec une violente émotion.
Si les Raymon de Ramière au complet sont assez rares, grâce à Dieu, parce qu’une si agréable corruption suppose une réunion délicate d’heureuses qualités et de dons brillants, la plupart des hommes dans la société, à la manière dont ils prennent les femmes, se l’approchent autant qu’ils le peuvent de ce type favorisé.
S’il en est de plus fortes, de plus puissantes d’essor, de plus orgueilleusement douées, sentant ainsi cette vie d’amour éteinte, elles doivent frémir de colère, se frapper, souvent la poitrine, redemander la flamme perdue à tous les êtres, et, dans leurs moments égarés, en vouloir aux hommes et à Dieu, à la société, à la création elle-même.
Je crus sentir une intention dans cette voix si fine de jeune fille : je crus (Dieu me pardonne !)
Dieu sait avec quelle horreur on parlait alors de Voltaire dans les honnêtes familles d’Angleterre, de Voltaire que l’auteur oppose à Jean-Jacques, comme un homme de génie à un fou.
La pièce, dans ces termes-là, n’était plus qu’une spirituelle petite comédie anecdotique, un peu supérieure de proportions et de qualité à l’agréable vaudeville Dieu vous bénisse, du Palais-Royal.
Poussée à ce degré, l’espèce (qu’on me passe ce mot scientifique) n’est-elle pas aussi un inconvénient, — Dieu me garde de dire un danger ?
Mais, je le demande aux penseurs éclairés, s’il existe un moyen de lier la morale à l’idée d’un Dieu, sans que jamais ce moyen puisse devenir un instrument de pouvoir dans la main des hommes ; une religion ainsi conçue ne serait-elle pas le plus grand bonheur que l’on pût assurer à la nature humaine !
J’ai pu insulter le public, mais non pas en ces termes. « L’état d’un niveau intellectuel… », « une inattention voisine de la sottise », jamais je n’ai écrit ça, grâce à Dieu, et M.
Mais serait-elle injuste et entachée et contaminée d’ignorance et d’iniquité (ce qu’à Dieu ne plaise), il te conviendrait encore de l’approuver… Car une sentence injuste, quand elle est prononcée dans les formes de la justice, participe de la vertu de ces formes et demeure par elles auguste, efficace, et de grande vertu.
La douleur est un fruit ; Dieu ne la fait pas croître Sur la branche trop faible encor pour la porter.
Cela doit même être admis dans les idées du théisme ancien, puisque, suivant cette manière de concevoir le système des choses, Dieu est regardé comme ne créant plus dans le temps, mais ayant tout créé à l’origine.
Corn.ABCD Dieu laisse-t-il jamais ses enfans au besoin ?
Il s’était joué lui-même sur cette incommodité dans la cinquième Scène du second Acte de L’Avare, lorsque Harpagon dit à Frosine « Je n’ai pas de grandes Incommodités Dieu merci, il n’y a que ma fluxion qui me prend de temps en temps » ; À quoi Frosine répond, « Votre fluxion ne vous sied point mal, et vous avez grâce à tousser. » Cependant c’est cette toux qui a abrégé sa vie de plus de vingt ans.
— et plût à Dieu que je pusse parler des vivants avec la même liberté !
Il touche pourtant à la sécheresse, mais, Dieu merci !
L’Histoire de la Satire, en d’autres termes, l’Histoire de la comédie humaine, n’était-ce pas par une déchirante analyse du rire et de ses causes (les causes du rire, grand Dieu !)
Une fois que Dieu a ôté la chair et brisé ce jouet de la beauté corporelle, on ne trouve plus que le vide et l’inanité.
La Révolution triomphe et triomphera partout si Dieu ne s’en mêle, et méritons-nous qu’il s’en mêle ?
L’une de ces lettres, très grave, très noble et très éloquente, est de la Reine Caroline, qui exhorte avec ferveur l’homme qu’elle admire à mourir en chrétien, et l’autre est la réponse du mourant, qui déclare que, malgré ses erreurs et ses péchés, il n’a pas cessé d’être chrétien et de demander à Dieu sa miséricorde.
À force d’être innocent et enfançon, Dieu sait ce qu’il devient !
Après Balzac, qu’il faudra citer ici bien longtemps et pour tant de choses, après Balzac, qui, lui aussi, a fait entrer, et Dieu sait avec quelle habileté, quel tact, quelle soudaineté préparée, quelle science de composition supérieure, des récits, des romans entiers dans des conversations, il n’est plus permis de s’en tenir à des rubriques aussi lâchées, à des artifices de mise en scène aussi élémentaires et aussi usés que les rubriques et les artifices de M.
Mais, Dieu soit loué !
C’est lui qui fit cette fameuse réponse aux chefs de la ligue : Mon âme est à Dieu, mon cœur est au roi, mon corps au pouvoir des méchants.
Tel est cet hymne d’actions de grâces que le chantre Arion, sauvé des flots par un dauphin, aurait adressé au dieu Neptune : « Dieu de la mer, ô le plus grand des dieux, Neptune au trident d’or, toi qui de tes ondes embrasses la terre !
Jourdain : « Plût à Dieu que je l’eusse, le fouet, devant tout le monde, et savoir ce qu’on apprend au collège ! […] Ce ne sera ni des rois, il n’y en a plus ; ni de Dieu, quoiqu’on n’y croie pas, cela fait peur ; ni des jésuites, c’est déjà vieux. […] Vodoz et même, Dieu me pardonne ! […] Peut-être eût-il fait la grimace ni on lui avait expliqué comment, ici encore, le diable a porté sa pierre à Dieu. […] Dieu a bien fait de choisir un monde d’individus.
Mais le pardon de Dieu ne lui suffit-il pas ? […] Il ne s’est point contenté du pardon de Dieu ; il a jeté la graine de scandale dans l’inviolable couvent ; il est damné. […] Il croit en Dieu : il croit en sa femme, et la tue dès qu’il cesse d’y croire ; il a l’honnêteté de celui qui possède ; sous l’humilité dort l’instinct. […] Et ce linceul sacré il l’étale sur le théâtre ; on y compte à la trace chaque blessure du fils de Dieu. […] Certains dévots du nouveau « dieu » ne se plaisent-ils pas à lui rendre un culte d’autant plus ardent, que ce Dieu demeure pour eux « l’inconnu » ou « l’inconnaissable » ?
Dans ce poème dédié à Victor Hugo, Moïse, conversant avec Dieu face à face sur la montagne, se plaignait de sa charge terrible de conducteur de nation et de sa grandeur solitaire, et il n’était pas malaisé de deviner le personnage agrandi du poète sous le masque du prophète. […] Ce n’est pas mon cas, et il y a longtemps, grâce à Dieu, que je ne suis d’aucun couvent. […] Dieu juste, est-ce vous ?
Elle raconte cela avec beaucoup de naturel et une certaine simplicité fine, qui est son cachet : « J’imagine que c’est une chose agréable à Dieu que la soumission de l’esprit ; elle est plus difficile qu’un acte d’humilité. […] Non ; il me demandait si je croyais ; je répondis : « Je prie Dieu chaque jour que ma foi augmente, mais je ne suis pas assez téméraire pour faire des raisonnements. » Il me dit : « Vous avez raison, soumettez-vous, mais examinez bien la morale, écoutez votre conscience, et Dieu vous aidera. » — Il y a plus d’un vicaire savoyard.
Paul Plus libérale que la célèbre bonté de Dieu, votre immoralité ne s’arrête pas à la littérature. […] Paul Dieu sait s’il y en a eu, un peu partout, excepté sur la Côte d’Azur, où il y avait des moustiques… Et peut-on connaître le sujet de votre grand travail ? […] Comme le jugement de Dieu au Moyen Âge, l’assassinat est la ressource des imbéciles.
. — Mais celle qui était la plus grande entre elles toutes, — et la plus belle, mit la tête du roi dans son giron — et défit le casque brisé, et l’appela par son nom en pleurant tout haut1543. » La barque se détache, et Arthur, élevant sa voix lente, console sire Bedivere qui s’afflige sur le rivage, et prononçant ces paroles d’adieu, héroïques et solennelles : « Le vieil ordre change, cédant la place au nouveau ; — et Dieu s’accomplit lui-même en plusieurs façons, — de peur qu’une bonne coutume étant seule ne corrompe le monde […] — Si tu ne dois plus voir ma face, prie pour moi ; plus de choses sont accomplies par la prière que ce monde ne l’imagine. — Car par elle la terre, ronde tout entière en toutes ses parties, — est liée comme par des chaînes d’or aux pieds de Dieu. […] Sans être pédant, il est moral ; on peut le lire le soir en famille ; il n’est point révolté contre la société ni la vie ; il parle de Dieu et de l’âme, noblement, tendrement, sans parti pris ecclésiastique ; on n’a pas besoin de le maudire comme lord Byron ; il n’a point de paroles violentes et abruptes, de sentiments excessifs et scandaleux ; il ne pervertira personne.
Cet amour des âmes ou cette passion du beau, sentiment qui se rapproche le plus du pieux enthousiasme pour la beauté incréée, devait par sa nature même inspirer à la terre la plus céleste poésie, car ce sentiment est une sorte de piété par reflet ; piété qui traverse la créature comme un rayon traverse l’albâtre pour s’élever jusqu’à la contemplation du beau infini, Dieu. […] Recomposons-le d’après lui vers à vers : « Son visage, sa démarche, avaient quelque chose de surhumain ; sa taille était délicate et souple, ses yeux tendres et éblouissants à la fois, ses sourcils étaient noirs comme de l’ébène, ses cheveux colorés d’or se répandaient sur la neige de ses épaules ; l’or de cette chevelure paraissait filé et tissé par la nature ; son cou était rond, modelé et éclatant de blancheur ; son teint était animé par le coloris d’un sang rapide sous ses veines ; quand ses lèvres s’entrouvraient, on entrevoyait des perles dans des alvéoles de rose ; ses pieds étaient moulés, ses mains d’ivoire, son maintien révélait la pudeur et la convenance modeste et majestueuse de la femme qui respecte en elle les dons parfaits de Dieu ; sa voix pénétrait et ébranlait le cœur ; son regard était enjoué et attrayant, mais si pur et si honnête au fond de ses yeux, qu’il commandait la vertu. […] ” « Oh Dieu !
Dieu ! […] Il nous fit apercevoir autant de sinets pendants en bas des pages qu’il y en a ordinairement dans un livre d’église à demi couché sur le pupitre à gauche de l’autel. « Voilà vos limites, dit-il avec un sourire grave au professeur, à la comtesse Léna, à Thérésina et à moi ; vous ne les franchirez pas : mais, entre ces limites, vous pourrez vous promener à votre aise à travers les plus riants paysages, les plus merveilleuses aventures et les plus poétiques badinages qui soient jamais sortis de l’imagination d’une créature de Dieu. » Nous promîmes tous de respecter religieusement les sinets sacrés que le canonico avait certainement empruntés à un de ses vieux bréviaires, et nous prîmes séance dans les attitudes diverses du plaisir anticipé de la curiosité et du repos : le chanoine sur un grand fauteuil de chêne noir sculpté, adossé au fond de la grotte, et qu’on avait tiré autrefois de la chapelle pour préparer au bonhomme une sieste commode dans les jours de canicule ; le professeur sur une espèce de chaise de marbre formée par deux piédestaux de nymphes sculptés, dont les statues étaient depuis longtemps couchées à terre, toutes mutilées par leur chute et toutes vernies par l’écume verdâtre de l’eau courante ; la comtesse Léna à demi assise, à demi couchée sur un vieux divan de paille qu’on transportait en été du salon dans la grotte, les pieds sur le torse d’une des nymphes qui lui servait de tabouret, le coude posé sur le bras du canapé, la tête appuyée sur sa main ; sa fille Thérésina à côté d’elle, laissant incliner sa charmante joue d’enfant sur l’épaule demi-nue de sa mère ; moi couché aux pieds des deux femmes, à l’ouverture de la grotte, sur le gazon jauni par le soleil, le bras passé autour du cou de la seconde nymphe et le front élevé vers le professeur, pour que ni parole, ni physionomie, ni geste, n’échappassent à mon application. […] vous aurez beau faire, ajouta-t-elle en souriant, vous ne ferez jamais rien de sublime ou de charmant qu’en pensant à Dieu là-haut ou aux femmes ici-bas. » Le professeur et le chanoine lui-même convinrent qu’elle avait raison. « Et vous, signor Alfonso, me dit à son tour la belle Léna, qu’est-ce que vous pensez de ce chant de Ginevra ?
Je trouvais bien quelquefois que cette belle langue italienne où le si suona était bien rude et bien martelée, que cela ne ressemblait guère ni à la délicieuse et claire harmonie du Tasse, ni à l’amoureuse et rieuse mélodie de l’Arioste, ni à l’énergie nationale, sensée et abondante de Machiavel ; que cet effort continu de l’écrivain, en tendant l’esprit du lecteur, lui donnait plus de peine que de plaisir ; que les banalités rhétoriciennes, quand on les pressait bien dans la main, ne laissaient que des cailloux mal polis dans l’esprit ; que Dieu avait fait de la facilité la vraie grâce de l’élocution, et que tout ce qui était difficile n’était pas réellement beau. […] Peut-être je bénirais Dieu de m’avoir rendu témoin de ces choses, si je n’étais trop convaincu que le règne de ces rois plébéiens peut devenir encore plus funeste à la France et au monde que celui des rois capétiens. » VIII Il passe son temps à Londres au métier de cocher amateur, montant à cheval le matin et conduisant le soir sur son siège son compagnon de voyage de rue en rue ; de là en Hollande, où il croit aimer, à La Haye, une charmante Hollandaise récemment mariée ; séparé d’elle par une convenance de situation, il fait semblant de vouloir mourir et se laisse facilement ramener à la vie par son domestique. […] Il suffit que vous soyez sûre d’être en bonnes mains, et que je ne me retire jamais de confesser au public l’assistance que je vous dois dans votre situation, étant sûr et très sûr que vous ferez honneur aux conseils ou avertissements que je pourrai prendre la liberté de vous donner dans quelques occasions, et qui sûrement n’auront d’autre objet que votre vrai bien devant Dieu et les hommes.
Dieu crée des existences, l’homme d’imagination crée des vies fictives, qui quelquefois, dans la mémoire du monde, laissent un souvenir plus profond, pour ainsi dire, plus vécu. […] On va de Dieu à l’astronomie. […] Cela faisait penser à je ne sais quoi de doux dans la force, comme le rut du Paradis… Une comparaison qui ramène mes idées au scandale que devait donner l’Eden, où Adam et Ève ne pouvaient sortir de l’arbre qu’ils habitaient, sans marcher sur un flagrant délit, plein d’incitation pour des gens si peu vêtus… et vraiment la sévérité de Dieu a été grande de leur dresser procès-verbal, et de les mettre à la porte de son jardin, par ce garde champêtre au sabre de feu.
Le chariot aux lourdes roues Chargé de pierres et de boues, Le wagon enragé peut bien Ecraser ma tête coupable Ou me couper par le milieu, Je m’en moque comme de Dieu, Du Diable ou de la Sainte Table ! […] Leur intelligence voit les choses de plus haut et de plus loin, avec plus de détachement ; pour eux, il n’y a plus à mériter le regard que ce qui est vraiment beau et bon : Orages, passions, taisez-vous dans mon âme ; Jamais si près de Dieu mon œil n’a pénétré. […] Sur le fond de mes nuits, Dieu de son doigt savant Dessine un cauchemar multiforme et sans trêve.
Pendant le brouillard, Trochu se plaignant de ne pas voir ses divisions : « Dieu merci, s’est écrié Rochefort, s’il les voyait, il les rappellerait ! […] À ce propos, quelqu’un dit avoir eu communication d’une affiche imprimée, mais non affichée, destinée à la mobile, où le dit Trochu parle de Dieu et de la Vierge, comme en parlerait un mystique. […] Dieu préserve à jamais la France des traités diplomatiques, rédigés par des avocats. […] Et comme Dieu semble rire et se moquer, dans sa grande barbe blanche de vieux sceptique, des opérations de la logique d’ici-bas ! […] Je me reproche la férocité de mon égoïsme et veux, dès le lendemain, aller chercher la pauvre fille restée dans ma maison, tout décidé à abandonner les choses à la grâce de Dieu.
Mais, dès ce moment, le bruit se répand que Molière, cet audacieux et misérable Molière, ne se propose rien moins dans son nouvel ouvrage que d’attaquer la religion et de s’en prendre à Dieu lui-même. […] Benserade se mit à rire : — Par Dieu, dit-il, il serait plus logique d’écrire : Et tracez sur les herbettes L’image de vos chaussons ! […] Louis par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre à nos amis et feaux les gens tenans nos cours de Parlement, Maistres des requestes ordinaires de nostre hostel, baillifs, senechaux, prevosts, juges, lieutenans et tous autres nos justiciers et officiers qu’il appartiendra, salut. […] Il n’eut jamais une autre loi Que celle qui détruit la foi ; Il se servit de la coquille Et de la mère et de la fille ; Et ne trouva dedans sa fin, Ni Dieu, ni loi, ni médecin. […] J’y lis : « Il s’était joué lui-même sur cette incommodité dans la 5e scène du 2e acte de L’Avare, lorsque Arpagon dit à Frosine : “Je n’ai pas de grandes incommodités, Dieu merci, il n’y a que ma fluxion qui me prend de temps en temps.”
18° Dieu n’existe que dans et par la conscience humaine. Cette conscience crée Dieu un peu plus chaque jour. […] Dieu garde les grandes et justes causes de ces amers porteurs de couronnes funèbres ! […] Il conçut que, pour faire le bonheur des Français, il fallait extirper Dieu de l’enseignement et aussi de la charité publique, des hôpitaux comme des écoles. […] Il n’y avait plus qu’à tirer les conséquences d’une aussi irréfutable démonstration de la non existence de Dieu.
La ruse et l’équivoque de Joad sont une inspiration de Dieu. La Bible tout entière est remplie de faits qui attestent que Dieu use de pareils moyens contre ses ennemis. […] Du moment que les Juifs furent constitués en corps de peuple dans la Palestine, Dieu lui-même s’établit leur souverain, et prétendit les gouverner en personne : c’était donc Dieu qui était le roi des Juifs ; et les magistrats chargés de l’administration, d’abord sous le nom de juges, ensuite sous celui de rois, n’étaient que des lieutenants de Dieu, de grands vassaux, des feudataires qui relevaient de Dieu immédiatement. […] « Dieu laissa-t-il jamais ses enfants au besoin ? […] Des combinaisons de mots, voilà l’esprit du jour : aussi Dieu sait à quel point nous sommes délicats sur les mots !
Dieu merci ! […] Ils ont, Dieu merci ! […] Plût à Dieu que nous eussions encore beaucoup de Fabricius, de Thraséas et de Cremutius Cordus ! […] Il est, Dieu merci ! […] Dieu a de nouveau prévenu Noé.
Dieu soit loué, si c’est pour m’épargner des années de décadence et d’amoindrissement, qui sont la seule chose dont j’aie horreur ! […] La volonté de Dieu soit faite !
VIII Ainsi le morne Dieu connaissant la Fin proche, Entrevoyant la fin des grands Ors superflus, S’acheminait vers les achèvements voulus ; — Ainsi Tristan criait au Jour son long reproche, Et son désir au Jour mauvais plus ne s’accroche, Aspiration à des hymens absolus ; — Ainsi le Pur, en qui les Mondes ne sont plus, Planait, extatique Colombe, sur la Roche… Ô mépriseur, nieur serein, ô attesté Blasphémateur de l’Ordinaire, en l’Unité Vivant, ô découvreur des réels récifs, Mage, — À nous, ainsi, l’esprit hautain et le pervers Génie, ainsi le rêve et la non-vaine image Et l’idée où se meut l’autre et l’autre univers ! […] C’est Elsa, dont la vie et l’honneur sont menacés, qui implore Dieu de lui accorder sa protection, et Lohengrin est envoyé par le Graal pour la défendre.
La vieille légende du Charme du Vendredi Saint revînt à sa mémoire ; ce jour où Dieu, par pitié donna sa vie pour l’homme, l’homme lui-même a pitié des animaux et des plantes, il ne leur fait point de mal, et ses larmes de repentir arrosent les prés et les font fleurir. […] dormez votre fin, Wotan, éternellement repose : repose, Dieu !
Un Dieu nous donnera le dessus. […] Il avait et semble encore avoir — Dieu en dédain, et il ne semble guère qu’il le prie1 » Virgile, poète pieux entre tous, ne peut que réprouver l’impie Capanée, et Dante accepte sa réprobation.
En un mot, elles n’y vont pas tout droit, et c’est parce qu’elles se sont heurtées à quelque obstacle de la vie qu’elles tournent vers Dieu des regards d’amoureuses éconduites ou trompées. […] Un soir, j’ai prié Dieu, lui, le grand artiste, de me rendre capable de faire le travail qu’il veut que je fasse.
Alfred de Musset : J’ai lu ta vive Odyssée Cadencée, J’ai lu tes sonnets aussi, Dieu merci !
Quel poète, vraiment poète, a jamais pu réaliser ce qu’il avait dans l’âme, et comparant son œuvre à sa pensée, s’est osé rendre ce témoignage proféré par Dieu seul, lorsqu’au milieu des splendeurs naissantes de l’univers, il vit que ce qu’il avait fait était bon ?
Je prie Dieu que nul de vous ne vive son âge naturel, et que vous soyez tous fauchés par quelque accident imprévu … » (À Glocester, plus tard Richard III).
La même philosophie décide sur une question de voirie et sur l’existence de Dieu.
Fatigués du mauvais accueil que le royaume de Dieu trouvait dans la capitale, les amis de Jésus désiraient un grand miracle qui frappât vivement l’incrédulité hiérosolymite.
Voilà la route que Dieu avait marquée à cette jolie femme… » Madame de Sévigné ne savait pas tout.
Puis la colère le prit ; il lança comme un message une flèche vers le ciel, et il s’écria : « Accorde-moi, ô Dieu !
C’étoit, au reste, un bon apôtre, Aimant un peu le cotillon, Et priant Dieu tout comme un autre, Il y croyoit sans doute ?
C’était plus que la voix des siècles, puisque c’était la voix de Dieu même.
Avec cette invasion d’activité des grandes passions qui voudraient l’ubiquité de Dieu pour tout faire dans l’accomplissement d’un crime de cœur, elle dénonça l’amour de Kœnigsmark au duc régnant, extorqua l’ordre de le tuer, si on le trouvait chez la duchesse, écrivit de sa main faussaire un rendez-vous auquel ce malheureux se prit.
Le sentiment paternel a cela de divin, il est vrai, qu’il se paye comme Dieu avec lui-même et qu’il est heureux uniquement de ce qu’il existe.
Mais il aura eu cela de bon, du reste, que, quel que soit l’avenir que Dieu nous garde, les pouvoirs qui viendront n’auront pas, comme ce pauvre Napoléon-Louis-le-Débonnaire, besoin de le reprendre, et qu’ils pourront le laisser expirer, délaissé, sur toutes les poussières qu’il aura faites.
Il eut cette rare chance d’être deviné et apprécié par trois grands hommes d’État qui se connaissaient en hommes : — Richelieu, Mazarin, Louis XIV, — le Dieu en trois personnes de la Monarchie absolue !
Prévost-Paradol y était le critique de l’idée politique ; et, comme la femme dont Dieu a béni le ventre fécond, il y portait le grand ministre et le grand orateur dont il se croyait triplé.
Villon a toujours gardé en lui l’amour de sa mère, cet amour qui nous embaume si mélancoliquement la vie quand notre mère n’est plus, la foi ardente du Moyen Âge au Dieu crucifié, le sentiment de l’honneur de la France, et la fidélité dans l’amour, — même dans l’amour coupable et trahi — l’immortelle fidélité des âmes fortes !
Non qu’en beaucoup de points il ne mérite de l’être… Je me hâte de le dire d’abord, pour éviter le cri et le cabre ment de ces esprits qui avalent un homme en bloc et qui prennent toute gloire pour une hostie, dans chaque partie de laquelle il y a un Dieu tout entier.
Il se jouait de Dieu et des hommes dans une éloquence pleine d’eux qui allait au cœur… Tête vertigineuse, mobile et tenace, trait juste que Léouzon-Leduc a rencontré, je ne sais comment, suffisant sans scrupule, élégamment cynique, on le vit donner des spectacles presque comiques dans leur abaissement.
Rivarol disait, avec la belle voix d’or de son esprit : « La grandeur de nos facultés dépend de Dieu, mais de nous dépend leur harmonie. » Quel que soit donc celui des trois systèmes sur la nature humaine que l’on adopte, il est d’observation indéniable qu’il y a au fond de nous-mêmes une tendance prononcée à nous croire le centre de tout, à ne juger les choses que par rapport à nous, à traverser incessamment et dans tous les sens le plan de l’ordre avec mépris, et même les armes à la main.
Jamais le devoir, la pure et austèrement tranquille idée du devoir n’eut dans une faible créature de Dieu une incarnation plus exquise, plus forte et plus belle.
— et le livre de M. de L’Épinois ne permettrait pas, d’ailleurs, de l’oublier, — c’était principalement cette action morale intervenant dans les choses humaines au nom de Dieu, que la Papauté défendait en défendant son gouvernement temporel, comme c’était encore son action morale qu’elle sauvegardait dans son gouvernement spirituel, quand, à force de décrets, de bulles et de conciles, elle sauvegardait la pureté et l’intégrité de la Foi.
Jamais le devoir, la pure et austèrement tranquille idée du devoir, n’eut dans une faible créature de Dieu une incarnation plus exquise, plus forte et plus belle.
Ce qu’il y a de certain, c’est que ce fut un moine, comme Homère fut un poëte, un moine dont l’individualité n’eut probablement de nom que devant Dieu, et ce qu’il y a de certain encore, c’est que ce ne fut point Gerson, malgré la croyance des éditeurs, mêlée pourtant d’un invincible doute.
Il manque même de haine philosophique, quoique de Rémusat doive avoir, tapies quelque part, les haines de sa philosophie, et quoique le scepticisme du temps et la glace de son tempérament aient bien diminué cette rage contre l’Église qu’ont tous, au fond du cœur, les philosophes, et que Cousin, lâche, mais indiscret, révélait en la couvrant de ce mot, dit justement à propos d’Abélard : « Il avait déposé dans les esprits de son temps le doute salutaire et provisoire, qui préparait l’esprit à des solutions meilleures que celles de la foi. » Charles de Rémusat n’a jamais eu de ces imprudentes et impudentes paroles d’un homme dont l’espérance trahit l’hypocrisie, mais à quelque coin, dans cet esprit moyen, dans cette âme de sagesse bourgeoise, il y a toujours, prête à se glisser au dehors, l’hostilité contre toutes les grandes choses que nous croyons… Comme Abélard, le héros de toute sa vie, comme Bacon, qu’il a aussi commenté, de Rémusat s’est toujours plus ou moins vanté d’être un écrivain de libre examen et de libre pensée, un philosophe contre la théologie, un adversaire de l’autorité sur tous les terrains, en religion comme en politique, — et comme l’Église est l’autorité constituée de Dieu sur la terre et qu’elle a le privilège divin « que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre Elle », de Rémusat, qui est une de ces portes-là, — non pas une porte cochère, aux cuivres insolemment luisants et aux gonds tournant à grand bruit, mais une petite porte, discrète et presque cachée à l’angle et sous les lierres prudents de son mur, — de Rémusat entend bien prévaloir contre l’Église et lui prouver que son privilège divin n’est qu’une prétention !
Ni poème inédit de Goethe ou de Byron, ni drame perdu et retrouvé de Calderon ou de Shakespeare, ni roman, ni histoire, ciselés par les maîtres de l’observation et de l’analyse, ni chefs-d’œuvre quelconques, ne sauraient, selon nous, lutter en intérêt et en importance avec ce modeste livre écrit par un moine, traduit par un prêtre, et dans lequel se joue un souffle qui n’est ni le talent ni le génie de l’homme, et qu’il faut bien appeler la force de Dieu pour y comprendre quelque chose !
Mais Dieu sait où il va !
Il est aux plus grands ce que le diamant taillé est à la rose, ce bijou de Dieu, que personne ne taille : mais écrivain, il est peut-être celui de tous qui, par un miracle de précision dans les mots, ait le plus fait ressembler l’art d’écrire avec une plume à l’art de peindre avec un pinceau.
Tout le temps que je le lisais, cet auteur : Voilà, me disais-je, une femme de chambre qui parle comme tous les livres à couvertures jaunes que je connais, et Dieu sait, hélas !
Monseigneur ne s’est pas aperçu qu’il continuait cette faute de charité en sens inverse commise par tout l’Épiscopat quand, à force de mandements, d’anathèmes et de coups de cloche, il a mis, de ses mains bénies, cinquante mille écus dans le chapeau de Renan, et a fait à ce petit gratte-papier d’une critique impie une position officielle, très confortable, contre Dieu !
Mais j’en appelle à ceux qui sont vraiment chrétiens ou qui se souviennent de l’avoir été, et qui croient, ou qui ont cru, que Jésus est Dieu. […] Ce ne sont pas, Dieu merci, des études de mœurs mondaines. […] Ce n’est pas sur Frédégonde que Dieu le jugera, heureusement pour lui. […] Du coup, la dévote cesse de croire en Dieu et tombe dans les bras de sa sœur la cocotte, qu’elle avait traitée jusque-là avec le mépris le plus intolérant. […] Ce petit employé n’est plus un homme : c’est un « commandement de Dieu » qui remue des bras éperdus et courts.
Dieu ! […] Bien qu’il soit « celui qui nie toujours », il est créateur cependant, comme malgré lui, et indirect auxiliaire de Dieu. […] En cela, il était bien de la cité de Dieu. […] Il est étrange qu’on demande un traité de l’existence de Dieu à un opéra. […] Dieu sait si cela m’amuse d’en parler ainsi !
« La personnalité de Dieu, au lieu de garder sa forme primitive, synthétisée, s’est au contraire disséminée ; elle anime désormais les fibres les plus obscures de la matière, et la moindre parcelle du monde nous apparaît toute tressaillante du sang divin », disait en substance l’auteur de Chair dans un récent discours sur le Naturisme, prononcé à Bruxelles, au palais des Académies. […] Car il a fait descendre Dieu dans la chair. […] Et dans une chaire, où était du drap bleu, Un prêtre disait : « Un chapelet à Dieu ! […] Il nous suffit que le vrai Dieu, le Dieu Soleil Répande sur la terre rude en tous les âges La lumière des faulx parmi les champs vermeils, Dicte aux hommes futurs la loi des labourages, Sous les vignes tordues accroche des raisins, Mette des cris d’agneaux au fond des bergeries, Fasse monter les blés et tourner les moulins, Et luire les pains clairs dans les boulangeries… Je pense que de pareils poèmes méritent la plus belle fortune. […] Chacune de ses ballades (et Dieu sait s’il en publie) se trouve dédiée à quelque personnalité littéraire, ce qui lui fait un millier d’amis au bas mot.
Mais écoutez-le disant, sur son lit d’agonie : « J’espère en la miséricorde de Dieu pour les restitutions que je dois au royaume », et ce discours à son petit-fils, rapporté par Saint-Simon : « Mon enfant, vous allez être un grand roi. […] Soury, quoique aussi négateur, plus peut-être, sur la personnalité de Dieu, avait distingué dans l’Église un des plus efficaces éléments de la force française. […] Dieu soit loué, nous n’en sommes pas au temps, annoncé par Balzac, quand ce voyant prédisait, derrière les illusions libérales de la monarchie de Juillet, le bolchevisme possible. […] Je me promis d’en faire la base de mon existence. » Et il conclut : « Je finis, comme Prométhée, par me séparer même de Dieu. » Il ne parle plus, comme Kant, de transformer en règle universelle une action tout individuelle. […] Ils se donnaient comme un peuple religieux, et l’on se rappelle à quels sinistres besognes d’abominable brutalité leur Empereur, parlant en leur nom à tous, associait leur « bon vieux Dieu ».
Dieu ne tire pas plus rapidement les hommes du néant. […] Il a aussi voulu protester contre le rationalisme étroit des encyclopédistes, et, à sa manière, sauver Dieu, sauver surtout la Providence, de l’anéantissement dont il les a vus menacés dans les esprits de son temps. […] Candide et l’Histoire d’un bon Bramin] ; — il n’en considère pas moins « qu’on peut les dresser à la raison comme à la folie » ; — et qu’en cela même doivent consister l’œuvre de la civilisation [Cf. ses Remarques sur les pensées de Pascal] ; — et l’objet de la société [Cf. l’A, B, C]. — C’est ce qui le sépare profondément de Rousseau ; — et bien mieux que l’opposition de leurs intérêts ; — c’est ce qui explique la violence de leurs disputes ; — Voltaire ayant toujours vu la condition des seuls progrès dont les hommes soient capables, — dans ce qui est aux yeux de Rousseau la cause de leur « dépravation ». — Cette première idée le conduit à une autre, qui est de poursuivre à outrance, — et malheureusement par tous les moyens, — tout ce qu’il trouve d’irrationnel, ou seulement de déraisonnable dans l’organisation de la société ; — et de là ses attaques à une « justice » — dont il avait lui-même éprouvé l’injustice ; — de là ses déclamations contre la guerre, — qu’il impute sans hésitation ni réflexion à des mobiles toujours bas et intéressés ; — de là ses attaques à la religion, qu’il considère à la fois comme inhumaine, irrationnelle, et « bonne pour la canaille » [Cf. à cet égard Dieu et les hommes, l’Examen de Mylord Bolingbroke, et dix autres pamphlets]. — Mais après cela, comme il est Voltaire, — c’est-à-dire trop perspicace pour ne pas savoir ce que vaut une religion comme « principe réprimant », — il croit à l’existence d’un « Dieu rémunérateur et vengeur », — qui implique la croyance à l’immortalité de l’âme ; — ainsi qu’à la Providence ; — et généralement à tout ce qui constitue la « religion naturelle » ; — y compris la confiance au « Dieu des bonnes gens » ; — avec cette arrière-pensée que, de tous les mortels, ce Dieu n’en regarde aucun avec plus de bienveillance que les amis des lumières ; — quand surtout ils écrivent en vers ; — et qu’ils font des tragédies. Il n’a d’ailleurs pas vu qu’il n’y a pas de « religion naturelle » ; — pas plus qu’il n’y a pas de « nécessité libre » ou de « hasard constant » ; — l’association même de ces idées étant contradictoire dans les termes ; — toutes les vérités qu’enseigne la religion naturelle lui venant d’une autre source qu’elle-même ; — et n’étant qu’une « laïcisation » des enseignements de quelque religion « révélée ». — Il n’a pas vu davantage que, — si la raison peut atteindre quelques-unes des vérités constitutives de la religion, — ce n’en sont point les plus hautes ; — ni surtout les plus efficaces ; — et que la croyance en un « Dieu rémunérateur et vengeur » ne pouvant être un principe ni surtout un mobile d’action, mais uniquement un motif de ne pas faire, — ne saurait suffire à fonder la morale ; — laquelle devient donc ainsi purement sociale ; — et conséquemment relative, diverse et changeante. — Qu’au surplus, dans sa polémique injurieuse et grossière contre le christianisme, — il a manqué non seulement de justice, mais de loyauté ; — en méconnaissant la supériorité du christianisme sur le mahométisme, par exemple, ou sur le paganisme ; — si, du point de vue purement historique ou humain, le christianisme a renouvelé la face du monde, — et si d’autre part l’intolérance et le « fanatisme » ne l’ont point attendu pour se déchaîner parmi les hommes. — Il ne semble pas en effet qu’une ardeur de prosélytisme ait précipité les Perses contre les Grecs ; — ni que les partisans de Marius ou de Sylla se soient entrégorgés pour une question de dogme. — Et ce qu’enfin il a vu moins clairement encore que tout le reste, — c’est que, dans cette société même, la raison toute seule n’a jamais rien fondé de vraiment durable ; — si même on ne peut dire qu’elle tend plutôt à l’anarchie qu’à l’union. — C’est ce qu’avaient fortement établi les Bossuet et les Pascal ; — que pour ce motif Voltaire a tant combattus, sans les avoir toujours compris. — Incomparable pour saisir avec rapidité les aspects superficiels et la ressemblance extérieure des grandes choses, — Voltaire n’a jamais eu la force de méditation ; — il ne s’est jamais donné les loisirs studieux qu’il faut pour les approfondir ; — et c’est ce que de bons juges veulent dire, — quand ils lui refusent le titre de philosophe ou de penseur, — et qu’ils appellent son œuvre « un chaos d’idées claires » [E.
Ils n’ont pour fortune et pour joie Que les refrains de leurs couplets, L’ombre que la voile déploie, La brise que Dieu leur envoie, Et ce qui tombe des filets !
Je ne suis pas devenu, grâce à Dieu, de ceux qui disent qu’une barrière dorénavant ferme l’arène et qu’il faut s’arrêter.
Il faut à toutes les carrières un avenir lumineux vers lequel l’âme s’élance ; il faut aux guerriers la gloire, aux penseurs la liberté, aux hommes sensibles un Dieu.
Car il faudrait, si l’on étudiait l’histoire de la Conférence, et Dieu sait que ce n’est pas mon intention dans cette causerie, se garder de confondre ce genre spécial et un peu factice avec l’éloquence de la chaire et celle de la tribune ; ce qui rehausse ces deux genres, c’est la gravité de l’objet poursuivi dans les oraisons et dans les harangues, objet religieux, objet politique.
À Dieu ne plaise que nous cherchions à rabaisser ces nobles et utiles fonctions qui préparent des esprits sérieux à toutes les carrières ; mais il convient, ce semble, de distinguer profondément la science de l’instruction et de donner à la première, en dehors de la seconde, un but religieux et philosophique.
Ses sentimens sur l’amour de Dieu exciterent des débats.
Voilà ce que les grands génies ont exécuté d’instinct, et ce qu’aucun de nos feseurs de poétique n’a vu ; et que Dieu les bénisse. à nos peintres : certes, messieurs, l’idée qu’on prend de l’ange du livre de la sagesse n’est pas celle de vos petites têtes jouflues et soufflant des bouteilles, dont vous garnissez vos petits tableaux, que je dis petits parce qu’ils seraient toujours petits, quand ils auraient cinquante pieds de long.
Ah Dieu !
Mais Dieu merci !
Sous le coup de cette découverte, la femme trompée revient à Dieu, mais, tout en y revenant, ne voilà-t-il pas qu’elle se sent un petit amour naissant pour un vertueux philanthrope (un conférencier de ces derniers temps ; quelle élégance pour une femme du monde !!).
Le plus souvent on a besoin, pour en expliquer les catastrophes et les infortunes, de recourir aux idées des hommes désorientés par le malheur suprême, à ces idées qui sont comme les planches de salut qu’ils saisissent quand ils ne comprennent plus rien aux faits de la vie dans le naufrage de leur raison : logique des événements, justice de Dieu, Providence ou hasard, lois mystérieuses qui régissent le monde !
Dieu sait, du reste, par quels chemins il l’y ramena et comme il l’y ramena, — à cette nature que le menteur qu’il était faussa davantage !
Elle seule est au niveau de la scélératesse qui l’a inspirée et contre laquelle, comme le tonnerre de Dieu, elle a éclaté.
Dans tous les cas, si c’est un livre, ce n’est certainement pas un livre d’histoire, quoique l’histoire contemporaine y soit brassée, Dieu sait avec quel tour de bras !
Quand elle se prit de goût et d’intelligence pour M. de Meilhan, il avait, lui, quarante-six ans, l’âge où l’homme resté le plus beau parle moins à l’imagination qu’à la pensée, et elle en avait soixante-huit, mais soixante-huit si sereins et si fermes, que la dépravation de tête, le néant de tout et l’ennui, l’horrible ennui d’une créature qui vit sans Dieu, dans le cachot de la cécité, ne firent pas d’elle une Madame Du Deffand, amoureuse d’un autre Horace Walpole !
Dieu ne l’avait pas prise avarement pour lui et mise sous ce voile qui semble transparent et qui a l’épaisseur d’un bouclier… C’était simplement une mondaine, et les vertus, on le sait, des mondaines, ont la fragilité de leurs faibles cœurs.
C’est de l’éther qui s’embrase à force d’être concentré… Il aime son maître comme on aime Dieu !
Pour combattre l’hypocondrie, une maladie qui fut toujours la tête de Méduse pour sa perruque de médecin, il n’y avait qu’à méditer « l’idée de Dieu et ses lois éternelles », et il les avait méditées, et s’il eût pu devenir brahmane, il n’eût plus eu même une colique ; car on sait que jamais les brahmanes ne meurent du choléra-morbus !
Par Dieu !
et c’est encore ce souffle de simplicité qui vient de l’Evangile et qu’on trouve aussi dans sa Chronique, — brise de Dieu qui passe, à chaque instant, sur ses récits !
c’est de la poésie d’écrasés, que ces Idylles mœlibéennes qui rendent un si effroyable hommage de reconnaissance au Dieu qui nous fit ces loisirs.
se dit le poète, et il ajoute : Sur le livre de Dieu, dit l’Orient esclave, Et l’Occident répond : Sur le livre du Christ !
Et Dieu sait si je ne fais pas pourtant le plus que je peux la guerre sans trêve et sans relâche au matérialisme, si partout où je l’aperçois je ne frappe pas dru sur son affreuse panse de Falstaff !
Lorsqu’on nous a dit sur quel sol et sous quel ciel vit un groupe d’hommes, s’ils sont dolichocéphales brachycéphales, aryens ou sémites, s’ils sont entrés ou non dans l’âge des machines, s’ils craignent Dieu ou n’y paraissent pas penser, s’ils sont insouciants ou prévoyants, s’ils penchent vers le matérialisme ou vers l’idéalisme, on n’aura pas encore épuisé la liste des déterminants de leur histoire.
La violation des traités les plus solennels, la bassesse des fraudes qui précèdent l’horreur des guerres, la hardiesse des calomnies qui remplissent les déclarations, l’infamie des rapines, punies par le dernier supplice dans les particuliers, et louées dans les chefs des nations, le viol, le larcin, le saccagement, les banqueroutes et la misère de mille commerçants ruinés, leurs familles errantes qui mendient vainement leur pain à la porte des publicains enrichis par ces dévastations même : voilà, dit l’orateur, une faible partie des crimes que la guerre entraîne après elle, et tous ces crimes sont commis sans remords… Des bords du Pô jusqu’à ceux du Danube, on bénit de tous côtés, au nom du même Dieu, ces drapeaux sous lesquels marchent des millions de meurtriers mercenaires ».
Si le public n’eût fait une vigoureuse résistance, cette pièce, l’honneur de notre scène, eût succombé sous les traits des Chapelain, des Desmarets, des Boisrobert, des Conrart, des Gombault ; quels hommes, grand Dieu ! […] C’est le ton qui convient à un courtisan qui ne connaît d’autre temple que la cour, d’autre religion que le culte du prince ; mais cette distinction entre le service de Dieu et le service du monarque est en elle-même insensée, absurde et contradictoire : car le service du monarque est appuyé et fondé sur le service de Dieu ; le monarque est sacré pour les peuples, parce qu’il est pour eux l’image de Dieu sur la terre ; s’ils ne servent pas bien Dieu, ils serviront mal le monarque. […] Parce qu’ils étaient les plus fervents adorateurs de Dieu, qui leur ordonnait d’obéir aux puissances. […] Sans doute c’était dans le temps où les disciples de Voltaire dominaient au théâtre ; mais il est bon d’observer que ces philosophes de la fin de la monarchie ne servaient pas trop bien leur Dieu, et ont encore plus mal servi leur monarque. […] Et quelle raison, grand Dieu !
Duffe étant venu peu de temps après à Fores, la veille de son départ, lorsqu’il se fut couché après avoir prié Dieu beaucoup plus tard qu’à l’ordinaire, Donwald et sa femme se mirent à table avec les deux chambellans, dont ils avaient préparé avec soin « l’arrière-souper ou collation », et les enivrèrent si bien qu’ils les firent tomber dans un sommeil léthargique. […] — Le More charmé jeta ses bras autour du cou de sa femme, et avec un tendre baiser lui dit : Que Dieu nous conserve longtemps, ma chère, avec un tel amour ! […] Quoi qu’on puisse penser de la gêne des mouvements d’un homme vêtu d’une manière si inquiétante, le prince se jeta aux pieds de son père, et, après avoir protesté de sa fidélité, lui présenta son poignard, afin qu’il se délivrât de ses soupçons en le tuant, « et en présence de ces lords, ajouta-t-il, et devant Dieu au jour du jugement, je jure ma foi de vous le pardonner hautement ». […] --Bien, mon fils, dit le roi avec un grand soupir, quel droit j’y avais, Dieu le sait ! […] --Étant ainsi, dit le roi, je remets tout à Dieu et souvenez-vous de bien faire.
Dieu a mis dans notre cœur un penchant naturel à l’amitié qu’il nous serait, je crois, difficile ou même impossible de vaincre. Une bonté générale ne serait pas capable peut-être de nous faire avoir assez de soin de ceux qui nous environnent, et Dieu a voulu que nous les aimassions, afin que nous pussions trouver un plaisir réel à leur faire du bien, même lorsqu’ils ne sont pas assez malheureux pour exciter notre compassion. […] Après bien des souffrances et des vicissitudes, Caliste, mariée à un autre, pure et dévorée, meurt ; elle meurt, comme cet empereur voulait mourir, au milieu des musiques sacrées ; génie des beaux-arts et de la tendresse, elle exhale à Dieu sa belle âme en faisant exécuter le Messiah de Haendel et le Stabat de Pergolèse.
Les Tanneurs, les Cordonniers & les Couturieres d’Athènes applaudirent à une Farce dans laquelle on représentoit Socrate, élevé en l’air dans un panier, annonçant qu’il n’y avoit point de Dieu, & se vantant d’avoir volé un manteau en enseignant la Philosophie.” […] A Dieu ne plaise que j’applique cette comparaison à M. […] Despréaux disoit que c’étoit le diable que Dieu forçoit à louer ses Saints.
Dieu nous garde de les assimiler entre elles ! […] Cette croyance est incompatible avec le mysticisme vrai, je veux dire avec le sentiment qu’ont certaines âmes d’être les instruments d’un Dieu qui aime tous les hommes d’un égal amour, et qui leur demande de s’aimer entre eux. Mais, remontant des profondeurs obscures de l’âme à la surface de la conscience, et y rencontrant l’image du mysticisme vrai telle que les mystiques modernes l’ont présentée au monde, instinctivement elle s’en affuble ; elle attribue au Dieu du mystique moderne le nationalisme des anciens dieux.
La devise du mort qui ornait le catafalque : Re que Diou, qu’on traduisait par : Rien que Dieu, mais qui, selon l’interprétation de la famille, veut dire : Pas d’autre roi que Dieu, semblait une dernière et sanglante ironie aux yeux de la foule.
De là souvent un peuple qui aime à rire ne voit que diable et qu’enfer. » Il se réservait pourtant de grands et sombres tableaux à retracer : « Lorsqu’il sera question des sacrifices humains, ne pas oublier ce que partout on a appelé les jugements de Dieu, les fers rouges, l’eau bouillante, les combats particuliers. […] André Chénier rentrerait ici dans le système de l’optimisme de Pope, s’il faisait intervenir Dieu ; mais comme il s’en abstient absolument, il faut convenir que cette morale va plutôt à l’éthique de Spinosa, de même que sa physiologie corpusculaire allait à la philosophie zoologique de Lamarck.
et l’hiver, dans la tempête, les tourbillons de neige soulevés, les chemins disparus sous de nouvelles montagnes, l’aigle et le corbeau qui planent au plus haut de l’air, les loups sans asile, hurlant de faim et de froid, tandis que les familles s’assemblent au bruit des toits ébranlés, et prient Dieu pour le voyageur ? […] Je sais que la marche de l’humanité est tracée, et que Dieu n’a pas laissé son avenir aux chances des faiblesses et des caprices de quelques hommes : mais ce que nous ne pouvons empêcher ni faire, nous pouvons du moins le retarder ou le précipiter par notre mauvaise ou bonne conduite.
Jusqu’aux approches de la Révolution, dans le Languedoc, on pend les ministres et l’on envoie des dragons contre les congrégations qui se rassemblent au désert pour prier Dieu ; la mère de M. […] Non seulement, par la tradition du moyen âge, il est commandant-propriétaire des Français et de la France, mais encore, par la théorie des légistes, il est, comme César, l’unique et perpétuel représentant de la nation, et, par la doctrine des théologiens, il est, comme David, le délégué sacré et spécial de Dieu lui-même.
Cette liberté absolue des consciences est la dignité vraie de la religion ; elle est plus que la liberté humaine, car c’est Dieu qu’elle émancipe des lois de l’homme. […] qu’est-ce que la tranquillité des empires auprès de la liberté de Dieu dans les consciences ?
comme si la politique était hors la loi de Dieu ! […] L’unité de l’univers dans la servitude est le rêve de l’homme ; la diversité dans l’indépendance est la loi de Dieu.
XIX Non, le temps n’est pas Dieu, il n’est que son ouvrier, souvent maladroit, qui pervertit autant de civilisations et de langues qu’il en façonne. […] Il se plongea dans les mâles études de l’antiquité grecque et de l’Allemagne, toujours antique ; études sur la philosophie, sur la poésie, sur l’architecture, sur la musique, sur la sculpture, sur la peinture, ces cinq formes extérieures par lesquelles le beau, caché dans les langues, dans les sons, dans les lignes, dans les nombres, dans le marbre, dans les couleurs, se révèle avec plus ou moins d’évidence et de splendeur dans tous les temps et dans tous les lieux où Dieu suscite le génie pour dévoiler la beauté.
J’ai eu des prix, j’ai eu des amis qui ont fait campagne pour moi, j’ai fait quelques visites, et je me suis aperçu que les membres de ces jurys n’étaient ni plus, ni moins consciencieux que les éditeurs, les électeurs, les médecins, et pas plus injustes que Dieu qui distribue au petit bonheur la beauté, l’intelligence et la fortune. […] Je n’ai rien, Dieu merci, d’un cher maître… seulement je suis une femme !
Nous n’en sommes plus, grâce à Dieu, aux basses plaisanteries d’autrefois et voici que, peu à peu, les préjugés se dissipent ; il est bon qu’un recueil spécial, rédigé par des écrivains de bonne foi et de compétence, achève d’éclairer la question. […] — En présence de Dieu et des saintes reliques, que je vois ici, s’écria Yseult, je jure que nul homme autre que le roi ne m’a tenu dans ses bras, si ce n’est le pauvre ladre qui vient de me porter pour passer le ruisseau !
Mais voici que s’approchait à la Musique un homme si extraordinaire que ses origines intellectuelles demeureront à jamais mystérieuses : un extravagant prodige anéantissantes lois où nous nous complaisions sur l’hérédité, l’adaptation aux milieux : un compositeur dont l’influence pour la musique ultérieure fut partielle, funeste, mais qui rendit un peu superflues toutes musiques ultérieures ; un être qui, seul dans l’Art, a connu tout le domaine de l’Art ; un musicien dans l’âme duquel ont vécu, précises et réelles, toutes les émotions humaines, toutes absolument ; un Dieu donc, puisqu’il fut de tous les hommes le plus surnaturel : le claveciniste flamand Ludwig van Beethoven. […] Dieu sait que je n’ai pas ainsi compris l’affaire ; cela eût été fait pour confondre le public allemand … Le plus désagréable pour moi était que, même avant que personne ne m’eut accusé réception de ma communication, tout était déjà parvenu à la connaissance de votre digne Presse.
Dieu ! […] « Les oliviers au tronc busqué doivent à l’inclinaison du sol de paraître des êtres prêts à se mettre à genoux ou qui s’en relèvent lentement. » De crainte de m’attarder, je tourne cent pages et je rencontre cette définition à laquelle semblent avoir collaboré un mathématicien puissant et un profond théologien : « Dieu est un point minéral dont la densité est le cube de l’unité. » Je me fais violence pour ne point jeter ici à pleines mains l’or sonore des vers bien frappés et de poids.
Le style frivole et recherché passe des Caffés, jusqu’aux tribunaux les plus graves, et si Dieu n’y met la main, la Chaire des Prédicateurs sera bientôt infectée de la même contagion. […] Quoi qu’il en soit, voici quelques-unes des explications que se donne à cette heure le peuple, des mots qu’il ne comprend pas : Voix de Centaure (Stentor) Cresson à la noix (Alénois, ollenois, orlenois, orléanais) Dernier adieu (Denier à Dieu) Souguenille (Souquenille) Soupoudrer (Saupoudrer) Trois-pieds (Trépied) Ruelle de veau (Rouelle) Semouille (Semoule) Tête d’oreiller (Taie) Bien découpé (Découplé) Écharpe (Echarde) Cette dernière mutation est due à écharper, verbe qui n’a aucun rapport de sens, ni d’origine, avec écharpe ; mais il en a avec charpie, avec l’idée de déchirer (carpire), par conséquent blesser.
De cette puissante voix qui se fait entendre tout à la fois dans vos ouvrages, dans les journaux, dans les salons vous avez dit : « L’art dramatique n’est point connu en France, nos prédécesseurs n’y entendaient rien, nos pères ont eu tort de rire, ou d’éprouver de vives émotions à la représentation de leurs anciens ouvrages, il n’y a de vrai beau que la nature, moi seul je ferai connaître aux Français le vrai beau. » À ces paroles mémorables cent novateurs ont répondu par des cris de joie ; vous êtes tout à coup devenu leur prophète, leur Dieu ; vous avez parlé, ils vous ont écouté avec respect ; vous avez prêché votre loi, ils ont suivi vos préceptes ; vous avez ordonné des chefs-d’œuvre, ils ont travaillé ; enfin vous avez opéré vos miracles, et les théâtres sont tombés. […] À peine répandiez-vous avec douceur et modestie la parole divine, que les comédiens émus, enivrés des transports que vous faisiez naître parmi vos disciples, se sont prosternés devant vous et ont adoré le vrai Dieu.
Par véritable, il ne faut pas entendre ici conforme à la nature des choses, comme dut l’être la langue sainte, enseignée à Adam par Dieu même. […] Ainsi Mercure Trismégiste, symbole poétique des premiers fondateurs de la civilisation égyptienne, inventa les lois et les lettres ; et c’est du nom de Mercuro, regardé aussi comme le Dieu des marchands, mercatorum, que les Italiens disent mercare pour marquer de lettres ou de signes quelconques les bestiaux et les autres objets de commerce (robe da mercantara) pour la distinction et la sûreté des propriétés.
Dieu parle, il faut qu’on lui réponde.
L’un nous prouve qu’il n’y a point de corps, un autre qu’il n’y a point d’âmes, un autre que l’âme n’a nul rapport au corps, un autre que l’homme est une bête, un autre que Dieu est un miroir.
Le sermon prêché à Sainte-Gudule n’est pas le moins éloquent des sermons romantiques que notre âge ait entendus : la description des ruines de Babylone qui sont une preuve de Dieu, est un morceau que pourrait avouer, ce me semble, un dominicain, même académicien.
J’ai entendu parler dernièrement d’indifférence à ce sujet de Waterloo28 ; cette indifférence, grâce à Dieu !
Le grand art de Béranger, son coup de maître et à la fois de citoyen, a été de rallier tant de fines, d’éternelles observations, héritage de Molière et de La Fontaine, autour des sentiments actuels les plus enflammés, d’appeler les qualités permanentes de la nation au foyer des émotions nouvelles, de lier les unes et les autres en faisceau indissoluble, de grouper les Gueux, même Frétillon, ou Madame Grégoire, sous les plis du glorieux Drapeau, la Sainte Alliance des Peuples formant la chaîne aux collines d’alentour, et le Dieu des Bonnes Gens bénissant le tout.
L’ironie sur Gringoire qui sauve sa chèvre, sur Phœbus et sa fin tragique, c’est-à-dire son mariage, ne me suffit plus ; j’ai soif de quelque chose de l’âme et de Dieu.
En d’autres endroits, ce sont les nuages qui s’en vont tout brodès des vœux du poëte ; la femme est appelée l’abrégé rougissant de tous les phénomènes de Dieu.
Chacun a pu lire d’ailleurs, soit dans la Revue des Deux Mondes, soit dans le Journal des Débats, de grands extraits pleins d’élévation et d’éloquence sur Dieu, sur le mysticisme, sur le beau.
Mais quoique la critique en pareil cas ne soit nullement tenue de susciter le génie d’un trait de plume et de l’exhiber à l’heure précise, quoique ce soit là l’affaire du génie lui-même, et de Dieu qui l’a fait naître, on ne serait pas embarrassé, si on l’osait, de compter d’avance et de nommer par leur nom un bon nombre des soutiens et des ornements de cet art nouveau ; tant l’œuvre a déjà mûri dans l’ombre, et tant les choses sont préparées.
J’offre d’avance la traduction de toutes ces sortes de critiques dans les vers de Molière, que je rappelle ici : Non, non, je ne veux point d’un esprit qui soit haut, Et femme qui compose en sait plus qu’il ne faut ; Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime, Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime ; Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler, Que savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer.
. — À Dieu ne plaise que nous ayons l’absurdité de prétendre que la durée fictive de l’action doive correspondre exactement avec le temps matériel employé pour la représentation.
La Fontaine, comme les plus doctes, s’intéresse aux hautes idées qu’on agite autour de lui, lit Platon, discute contre Descartes, raisonne sur la morale des jansénistes, goûte Epicure et Horace, écrit d’avance24 « le Dieu des bonnes gens », et propose une morale.
Locke fournit à Voltaire son dada métaphysique, la possibilité pour un Dieu tout-puissant d’attacher la pensée à la matière.
Pour Dieu !
Je crois certainement que c’est Dieu qui a eu pitié de cette vertueuse enfant et de mon âme qui allait à la perdition.
Car Joachim, malgré sa foi aveugle, en arrive au Dieu des bonnes gens, de la complaisance, presque de Béranger.
À l’antique précepte théologique : « obéis à la volonté de Dieu » succède le précepte sociocratique, non moins métaphysique que l’autre : « obéis à la volonté du groupe ».
Nous avons tué cet être que Dieu n’avait pas encore créé et qu’il ne créera probablement plus : le grand Poète de la Joie que Verlaine serait devenu à si bon marché.
Ce fut bientôt le Dieu lui-même qui, comme l’Ange de la Genèse, arrêta le couteau du sacrificateur.
* * * — Les grands hommes sont des médailles, que Dieu frappe au coin de leur siècle.
Dieu prodigue ses biens… Allusion bien mesurée à la richesse de ceux qui ont renoncé aux biens du siècle.
Il tend vers le Dieu qui lui a rendu la vie, ses bras encore embarrassés de son linceul.
Loué soit Dieu !
Pour moi, après y avoir mûrement réfléchi, je vois là-dedans la main de Dieu s’appesantissant sur la race maudite qui donna Alexandre Weill à la France.
À Dieu ne plaise que je parle, dans le sanctuaire des lettres, du triomphe de la barbarie, et que je rappelle, devant les statues de Corneille et de Racine, l’époque déplorable où leurs chefs-d’œuvre furent mutilés par des mains sacrilèges.
Il entre de « lui-même dans les grands cœurs que Dieu a préparés « pour le recevoir.
Je viens de le dire, mais il faut insister : c’est avec la notion de Dieu qu’on fait les civilisations.
Nous n’avons voulu que les signaler à ceux-là qui, par l’exagération de leur langage, augmentent le danger d’un double fléau, Lorsque la société, en trop grande partie, se rue dans un cabotinage immense, lorsque le cerveau humain a besoin d’un Dieu et qu’on l’a ouvert à tout un Olympe de farceurs et de baladines, ceux qui tiennent pour les mœurs doivent s’inscrire en faux contre l’idolâtrie des comédiens et des comédiennes.
C’était une pâte tendre que cette porcelaine fêlée, dans laquelle Dieu mettait toutes sortes de choses suaves.
Elle pourra continuer de se faire les questions que Guizot s’est lui-même posées, sans pouvoir y répondre, sur ce qui met en branle le génie puissant de Shakespeare et fut ce que Newton appelait, avec une familiarité presque sublime, « le coup de pied de Dieu ».
Quand la statue était brisée, il n’y avait plus de Dieu. » Pour les Grecs, même la liberté, c’est-à-dire ce qui tient le moins dans une forme quelconque, tout était dans la forme, et, que disons-nous ?
Seulement, dès qu’on a traversé toute cette splendeur et qu’on a mis la main sur le cœur de l’homme, on ne trouve plus qu’un être abject, auquel Dieu — qui sait seul ses desseins — a fait une grande destinée.
La nature lui avait donné une tête puissante et calme, un cerveau de Dieu de la terre… Mais la main de l’Espagne de saint Isidore s’était empreinte sur le crâne baptisé par elle, et cette marque, il ne put jamais l’effacer.
Faire de la critique dramatique, c’est donc critiquer Dieu.
… Cette Correspondance très intime, dans laquelle, Dieu merci !
Voici un traducteur qui, comme tout traducteur, adore l’homme qu’il traduit ; car, Dieu le damne !
Cette Correspondance très intime dans laquelle, Dieu merci !
Funck Brentano est le juge qui pourrait, s’il le voulait bien, faire boire la ciguë à tous les sophistes contemporains, qui sont plus dangereux que Socrate et qui ne reconnaissent aucun Dieu !
Un troisième jour encore, c’est le Date lilia qu’il chante, cette poésie dont la première partie, celle qui va jusqu’aux vers : N’exigez pas de moi que je le remercie, Ce Dieu qui m’a fait orphelin !
j’en avais entrevu une autre, infligée par la pureté implacable de cette femme outragée, qui se serait vengée du mari qu’elle eût affolé d’elle pour le faire souffrir, et, à chaque désir allumé, aurait mis Dieu entre elle et lui.
Dans Aimée, où il essaya de faire autre chose que de l’aventure, dans Le Drame de la Jeunesse, plus réussi, et où il révéla ce qu’il pourrait être, s’il voulait énergiquement remonter vers les hautes et profondes régions du roman ; dans Le Drame de la Jeunesse, où il reprit l’idée d’Aimée — l’influence des livres et du théâtre sur la pensée et la moralité modernes, l’altération du naturel par les réminiscences littéraires, la pose, la comédie éternelle jouée entre nous et Dieu, et qui nous empêche d’avoir l’originalité même de nos vices et de nos douleurs, — il poussa au comble du suraigu cette ironie15 qui est le caractère de son esprit et le symptôme de sa force, et qui pourrait faire de M.
Dans la littérature contemporaine, nous ne connaissons rien de plus habilement et de plus finement tracé que ce caractère d’Espérit, ce génie de village venu en pleine terre et qui n’est pas seulement le génie de l’industrie, moins étonnant et tout de suite compris parmi ces populations actives et âprement utilitaires, mais le génie, l’inutile et contemplatif génie de l’art, cette divine paresse, que, de tous les genres de génie qu’il a donnés aux hommes, Dieu a fait certainement le plus beau !
Mais d’un autre côté, il y a des hommes qui n’ont pas reçu de Dieu la patience d’entendre louer, et que le mot seul d’éloge fatigue.
Marie Mignot, à qui chaque veuvage avait valu une élévation nouvelle, veuve d’un roi, n’avait plus à s’unir qu’à son Dieu. […] À la bonne heure, puisque Dieu l’a voulu ! […] Cependant, que ce généreux prince occupe tous ses soins à maintenir la religion, Molière travaille à la détruire ; le Roi abat la tempête de l’hérésie, et Molière élève des autels à l’impiété ; et, autant que la vertu du prince s’efforce d’établir dans le cœur de ses sujets le culte du vrai Dieu par l’exemple de ses actions, autant l’humeur libertine de Molière tâche d’en ruiner la créance dans leurs esprits par la licence de ses ouvrages. […] Mais Sa Majesté, après lui avoir fait un sévère reproche, animée d’une juste colère, par un trait de sa clémence ordinaire, en laquelle il imite la douceur essentielle à Dieu, lui a par abolition remis son insolence, et pardonné sa hardiesse démoniaque, pour lui donner le temps d’en faire pénitence publique et solennelle toute sa vie. […] « Hardouin, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège apostolique, archevêque de Paris, à tous curés et vicaires de cette ville et faubourgs, salut en Notre-Seigneur.
Mais parmi ces grands saints, canonisés tout vifs, Du vicaire de Dieu vicaires adoptifs, Nul n’était comparable à saint Jordan Camille ; Chacun valait un saint, lui seul en valait mille. […] J’espère l’obtenir. — Je ne vous dirai pas ce que je souffre ; vous le comprendrez ; mais, excepté le moment où un homme tel que vous m’a fait douter de son estime, Dieu m’a fait la grâce de penser que je donnais un noble exemple à mon siècle. […] Jamais de plus hautes qualités, selon moi, ne se sont trouvées réunies à un charme de bonté qui met le cœur à l’aise. — Ce que je deviendrai, Dieu le sait, mais je reste ce que je suis. — C’est vous dire que je vous aimerai et vous estimerai toujours. » Durant l’absence de Mme de Staël, nous n’avons plus pour nous introduire particulièrement auprès de Camille Jordan que quelques lettres de Mme Récamier. […] « Je vous adjure de renoncer à la vie privée au nom de tous les devoirs, devant Dieu et devant les hommes.
Je ne crois pas que les juges accordent jamais le caractère de révélations privées à ce qui constitue véritablement l’activité gratuite d’un homme, la part de son esprit tournée vers la connaissance, la ferveur, ou vers Dieu — (pensées qu’il peut avoir de nombreuses raisons, et que lui seul peut apprécier, de ne pas communiquer de son vivant au public). […] Elle peut agir selon sa fantaisie avec les papiers dont elle hérite et elle n’a d’autre compte à rendre qu’à sa conscience ou à Dieu. […] Le tout paraît confluer dans « Lautréamont, le sadisme et l’amour », article paru dans le n. 115bis, d’octobre 1929, des Cahiers du Sud, bientôt partie de Le Comte de Lautréamont et Dieu, Marseille, Les Cahiers du Sud, 1929 (achevé d’imprimer 20 janvier 1930). […] C’est aux côtés de Roger Gilbert-Lecomte que Léon Pierre-Quint vient de relire Lautréamont : la rédaction de son Le Comte de Lautréamont et Dieu (Cahiers du Sud) s’étend, précisément, de 1927 à 1929.
Cette indépendance dont ils sont justement fiers, Dieu sait ce qu’elle coûte à quelques-uns d’entre eux ! […] Dieu merci, les livres qui s’adressent aux grossières passions sont rares aujourd’hui, plus rares, je le crois, que jadis. […] Je ne raille pas, Dieu m’en préserve. […] Dieu merci ! […] Dieu a voulu que tout homme fût éloquent à l’heure où il analyse les battements de son cœur ; doit-on s’étonner qu’à cette heure choisie les éloquents deviennent sublimes ?
Il écrit ceci : « L’Art n’est point, comme le déclarent les métaphysiciens, la manifestation de quelque idée mystérieuse de la Beauté, de Dieu ; il n’est pas, comme l’affirment les physiologistes, un jeu dans lequel l’homme dépense son excédent d’énergie ; il n’est point l’expression des émotions au moyen de signes extérieurs ; il ne consiste pas dans la création d’objets qui plaisent ; il n’est point surtout le plaisir. […] Comme il est, lui, chrétien orthodoxe, il est logique en ravalant l’art hellénique au rang d’une manifestation primitive et grossière ; il est logique en demandant que l’Art se conforme aux Évangiles et n’exprime « que les sentiments capables de produire l’union des hommes avec Dieu et entre eux ». […] Le paysan, l’humble homme du peuple n’a certainement pas de Dieu la même conception que le comte Tolstoï. […] La contemplation extatique aboutit à la suppression du Moi, à l’absorption en Dieu, c’est-à-dire dans le principe d’unité, dans la substance absolue, tout comme la jouissance esthétique. […] Je me borne à traduire ces simples notations : « Sébastien Bach. — Quand ce n’est pas en connaisseur absolu et expert du contrepoint et de toutes les espèces de style fugué qu’on écoute la musique de Bach, quand il doit, par conséquent, en deviner en quelque sorte la véritable substance artistique, l’auditeur doit éprouver une impression analogue à celle qu’il aurait en assistant à la création du monde par Dieu.
Et, Dieu merci, la rose sentie par plusieurs ne perd pas son parfum, l’ombre d’un jardin peut abriter bien des amis, un ruisseau peut calmer bien des soifs, un air pur enivrer bien des poitrines, un concert dans une salle sonore et vaste charmer bien des oreilles, un joli visage ou un beau tableau attirer bien des regards sans se déflorer. […] Il faut dire aux adorateurs du beau ce que Diderot disait aux religions exclusives : Élargissez votre Dieu. […] Dieu sait pourtant combien elle nous paraît aujourd’hui facile à saisir et relativement peu compliquée pour l’harmonie comme pour le rythme ! […] Il y en a une non moins sensible du dix-septième siècle à nos jours, des vers de Racine père et fils sur le « Dieu caché » dont le monde révèle « la gloire » à la prière qui termine l’Espoir en Dieu, ou — pour parler des contemporains — aux doutes de M. […] Nous ne pouvons ni sortir pour toujours de « cette hideuse réalité », ni nous satisfaire jamais avec elle : « Dieu parle, il faut qu’on lui réponde » ; la vérité nous adresse ainsi un grand appel, destiné à n’être jamais ni complètement entendu ni tout à fait trahi.
Il y a une historiette, entre autres, celle du curé de Saint-Babel, qui avait surtout choqué : « On l’accusait dans le monde, dit Fléchier en parlant de ce curé condamné à mort pour ses méfaits, d’avoir instruit ses paroissiennes d’une manière toute nouvelle ; de leur avoir inspiré quelque autre amour que celui de Dieu, et de leur avoir fait des exhortations particulières, bien différentes des prônes qu’il leur faisait en public. » Et continuant sur le même ton, il raconte comment ce curé, un jour qu’il était appelé près d’une mourante pour les derniers sacrements, avait négligé la maîtresse pour la servante : « Il ne se soucia plus du salut de sa maîtresse, dans le dessein qu’il eut contre l’honneur de la servante… Au lieu d’écouter la confession de l’une, il faisait sa déclaration à l’autre ; et bien loin d’exhorter la malade à bien mourir, il sollicitait celle qui se portait bien à mal vivre ; et la prenant par la main et par le menton : — Quelle peine ! […] Nous ne devons désirer de vivre que pour accomplir ce que Dieu demande de nous, et la tranquillité de la vie doit être regardée comme une grâce et une bénédiction de douceur qu’il répand sur nous, et qui nous engage à le servir avec plus de fidélité.
Écoutez celui-ci : ce sont les mêmes idées, le même langage : « Dieu merci, je me porte assez bien, disait le brave Gascon : mais j’avais plus d’argent, aussi avaient mes gens, quand je faisais guerre pour le roi d’Angleterre, que je n’ai maintenant ; car, quand nous chevauchions à l’aventure, ils nous saillaient en la main aucuns riches marchands ou de Toulouse ou de Condom ou de la Réole ou de Bergerac. […] Au reste l’actualité ne l’emporte pas, et dans ses propositions comme dans ses sermons, si passionné qu’il soit, si exact et si abondant sur les faits et circonstances, il reste toujours le chrétien qui enseigne la parole de Dieu : grave, austère, il en revient toujours à prêcher la pénitence, seul remède aux maux de la chrétienté.
Aux brebis tondues Dieu mesure le vent ; mesurons les larmes aux brebis galeuses. […] Dieu merci !
Louis XVIII passe par Londres, mais ce n’est pas sans y être félicité par le prince-régent d’Angleterre, et sans lui avoir répondu publiquement : « C’est aux conseils de Votre Altesse Royale, à ce glorieux pays et à la confiance de ses habitants que j’attribuerai toujours, après la divine Providence, le rétablissement de notre maison sur le trône de ses ancêtres. » Ainsi c’est l’Angleterre, après Dieu, qui le rétablit roi de France ; le plus sage, le plus politique de la race s’exprime hautement ainsi, le premier jour où la parole lui est rendue et où chaque mot sorti de sa bouche va retentir par le monde.
. — Je remercie Dieu et vous d’avoir encore eu la fortune de les pouvoir entendre avant ma dernière heure. — L’excellent ami dont la perte me laisse si bereaved en toutes choses était une des personnes qui vous jugeaient le mieux et vous portaient le plus d’intérêt : il méritait d’être aussi bien apprécié par vous.
voulez-vous jà monter Là haut à mont à dam le Dieu ?
l’Idée de Dieu et ses nouveaux critiques, 1 vol. ; le Pessimisme au xixe s.
Depuis, au long des jours de désir et de haine Dont les soleils couchants meurent au fond du cœur, Celles que tu créas rêvent d’une douleur Étrangement nouvelle et fervemment humaine, Et crient au loin ton nom qui rayonne d’un feu Céleste et souterrain comme une pierre ardente, Ô poète, qui retourna l’œuvre de Dante Et mis en haut Satan et descendis vers Dieu.
Ce poète impersonnel, qui s’est appliqué avec un héroïque entêtement à rester absent de son œuvre, comme Dieu de la création, qui n’a jamais soufflé mot de lui-même et de ce qui l’entoure, qui a voulu taire son âme et qui, cachant son propre secret, rêva d’exprimer celui du monde, qui a fait parler les dieux, les vierges et les héros de tous les âges et de tous les temps, en s’efforçant de les maintenir dans leur passé profond, qui montre tour à tour, joyeux et fier de l’étrangeté de leur forme et de leur âme, Bhagavat, Cunacepa, Hy-pathie, Niobé, Tiphaine et Komor, Naboth, Quai’n, Néféroura, le barde de Temrah, Angantyr, Hialmar, Sigurd, Gudrune, Velléda, Nurmahal, Djihan-Ara, dom Guy, Mouça-el-Kébyr, Kenwarc’h, Mohâmed-ben-Amar-al-Mançour, l’abbé Hieronymus, la Xiraéna, les pirates malais et le condor des Cordillères, et le jaguar des pampas, et le colibri des collines, et les chiens du Cap, et les requins de l’Atlantique, ce poète, finalement, ne peint que lui, ne montre que sa propre pensée, et, seul présent dans son œuvre, ne révèle sous toutes ces formes qu’une chose : l’âme de Leconte de Lisle.
Et cependant quand nous parlons du temps, pour tout ce qui se passe en dehors de nous, n’adoptons-nous pas inconsciemment cette hypothèse ; ne nous mettons-nous pas à la place de ce dieu imparfait ; et les athées eux-mêmes ne se mettent-ils pas à la place où serait Dieu, s’il existait ?
Il est révolutionnaire au plus haut degré ; il appelle tous les hommes à un culte fondé sur leur seule qualité d’enfants de Dieu.
Un homme de grand esprit, l’abbé Galiani, parlant de la liberté de la presse, que Turgot, en 1774, voulait établir par édit, écrivait très sérieusement : Dieu vous préserve de la liberté de la presse établie par édit !
Le passage du discours où le sacerdoce de la magistrature est pris et interprété au pied de la lettre, et où l’orateur le rapproche, socialement parlant, du sacerdoce du prêtre ; ce double temple qu’il importe de maintenir debout ; ce torrent des révolutions qui doit, en roulant, trouver au moins deux rives inébranlables, et se contenir entre le temple de la loi et le temple de Dieu, tout cela est à la fois de la haute éloquence et de l’éternelle politique.
Car — et j’exagère à dessein — par définition il crée son œuvre de toutes pièces, de rien, ainsi que Dieu créa le monde ; il tire de lui-même son monde : à ce point qu’on peut dire, que « à la poésie, il est une seule condition, le poète ».
Ce qu’elles contiennent, on le voit d’ici ; c’est l’épanchement quotidien ; c’est le temps qu’il a fait aujourd’hui, la manière dont le soleil s’est couché hier, la belle soirée ou le matin pluvieux ; c’est la voiture où le voyageur est monté, chaise de poste ou carriole ; c’est l’enseigne de l’hôtellerie, l’aspect des villes, la forme qu’avait tel arbre du chemin, la causerie de la berline ou de l’impériale ; c’est un grand tombeau visité, un grand souvenir rencontré, un grand édifice exploré, cathédrale ou église de village, car l’église de village n’est pas moins grande que la cathédrale, dans l’une et dans l’autre il y a Dieu ; ce sont tous les bruits qui passent, recueillis par l’oreille et commentés par la rêverie, sonneries du clocher, carillon de l’enclume, claquement du fouet du cocher, cri entendu au seuil d’une prison, chanson de la jeune fille, juron du soldat ; c’est la peinture de tous les pays coupée à chaque instant par des échappées sur ce doux pays de fantaisie dont parle Montaigne, et où s’attardent si volontiers les songeurs ; c’est cette foule d’aventures qui arrivent, non pas au voyageur, mais à son esprit ; en un mot, c’est tout et ce n’est rien, c’est le journal d’une pensée plus encore que d’un voyage.
… Prends-moi devant les hommes, prends-moi devant Dieu !
D’un côté, les vénérateurs d’un saint mystère, et de ceux qui l’honorent par des communions saintes ; ici, un si pur et si admirable sacrifice, là des pécheurs envieillis, tout sortant de leur infamie ; une victime toute sainte et un Dieu de sainteté ; des mains souillées et des bouches toutes souillées… « On a tant dit de mal de l’antithèse, qu’on nous a dispensés d’en dire, Pascal en a médit plus spirituellement que personne, lorsqu’il a comparé « ceux qui « font des antithèses en forçant les mots » à ceux qui font de fausses fenêtres pour « la symétrie ».
Qu’y a-t-il de compliqué, d’entremêlé, de profond, de savant, de nuancé, dans cette société russe, imitatrice par en haut, sauvage par en bas, et qui croit à ses maîtres comme à saint Serge et à sainte Anne, c’est-à-dire plus qu’à Dieu, pour qu’il nous faille un observateur et un peintre, sous peine de ne pas la comprendre ?
La pureté, la grandeur de leur intention, l’absence complète d’orgueil et de pédantisme (car le pédantisme est de l’orgueil, sous sa plus laide forme, il est vrai), le désintéressement de tout ce qui n’est pas la gloire de Dieu et son triomphe, voilà ce qui rompt et assouplit le prêtre catholique, et fait de lui cette merveilleuse organisation domptée qui se ploie aisément à toutes les coutumes et le rend propre à toutes les fonctions.
Il voit tout dans la main humaine, comme Malebranche voyait tout en Dieu.
Pousser un esprit de bonne foi et de bonne volonté, mais sans connaissance de la profondeur des partis et de leurs desseins, sur la voie dangereuse où il s’est imprudemment avancé, lui retourner un jour ses idées contre ses intentions, compromettre un prêtre, compromettre Dieu, dans cette question du socialisme contre laquelle un gouvernement d’énergie ferait plus que tous les écrivains réunis, voilà ce que M. l’abbé Mitraud, dans les illusions de sa charité, ne voit pas au fond des éloges donnés à son livre par tous ceux-là qui devraient le plus le repousser.
» au lieu de Dieu, dit-il mythologiquement, ce prêtre.
Don du ciel, qui pourrait ne pas s’agenouiller devant toi, pure personnification de la pensée de Dieu ? […] » Par-delà le soleil et par-delà l’espace, Où Dieu n’arriverait qu’après l’éternité. […] Dieu nous donne les faits qu’il veut. […] Dieu ! […] Ils viennent s’agenouiller… Jamais », conclut le narrateur, « jamais Dieu ne descendit sur terre dans un plus triste réduit.
Dieu, irrité des crimes qui se commettent à Sodome et à Gomorrhe, se décide à lancer le feu du ciel sur ces deux villes. […] Ces pièces, qui avaient la prétention d’offrir un cachet religieux, parce qu’elles avaient pour personnages Dieu, le diable et les saints, étaient représentées dans les églises. […] elle est toute vuide, vrai Dieu ! […] Si elle est mauvaise, on se contente de murmurer : Dieu ! […] Et sur le tout le sujet est traité Dieu sait comment !
En un mot, plus bref et plus résumé après réflexion, l’homme est dans cette histoire, Dieu n’y est pas. […] Il est de la race de ces hommes qu’il ne faut pas prendre au premier mot, mais dont il faut attendre le développement intellectuel, politique et moral, développement qui ne s’arrête plus en eux qu’à la mort ; hommes qui grandiraient toujours en intelligence, en sagacité, en talent, si Dieu n’avait pas mis à leur développement les bornes de leur existence ici-bas. […] personne, car ce sont les balances de Dieu dans la main des hommes !
Il tint un instant, à la hauteur de sa poitrine, la patène contenant l’hostie, qu’il offrit à Dieu, pour lui, pour les assistants, pour tous les fidèles vivants on morts. […] Il les divise en huit classes, dont il indique les proportions, et qui forment une graduation ascendante vers le vice : « Sur cent travailleurs, dit-il, il y a : 10 ouvriers vrais ; 15 ouvriers ; 15 ouvriers mixtes ; 20 sublimes simples ; 7 sublimes flétris ou descendus ; 10 vrais sublimes ; 16 fils do Dieu ; 7 sublimes des sublimes3 ….. […] Grand Dieu !
Si l’on ajoute qu’il passait pour un prêtre défroqué, on complétera la figure de cet archange rebelle, un Satan moderne, vainqueur de Dieu, supprimant Dieu avec l’arme du siècle. […] On ne nie pas Dieu, on tâche de remonter à lui, en reprenant l’analyse du monde. […] Il s’est fait le substitut de Dieu sur cette terre, et dès lors les plus étranges imaginations sont venues gâter ses facultés d’observation. […] Avec l’argent, il a osé tout dire, il a porté son examen partout, jusqu’au roi, jusqu’à Dieu, sans craindre de perdre son pain. […] Grand Dieu !
Jusqu’à quel point on a répété cette grossière absurdité, c’est ce que tout le monde a pu lire, et bien en vain les images respectées de Nausicaa, d’Antigone, d’Électre, d’Octavie et de tant d’autres protestaient contre une vérité aussi mal plantée, tous ceux que cette idée avait charmés, ouvraient Chénier, y trouvaient Barine, ou Néore, ou Lesbie, et, le doigt sur la page, répétaient en chœur : « La femme pour les anciens n’était qu’un jouet. » Dieu veuille qu’un jour des écrivains aussi bien informés ne jugent pas de nos sœurs, de nos femmes et de nos amies sur ce que Parny et Boufflers peuvent avoir dit de nos courtisanes. […] Et vous rencontrerez une pièce intitulée L’espoir en Dieu, où toute l’audace des premières poésies est venue se fondre en torrent de larmes banales. […] Quoi qu’on en dise, il faut infiniment d’esprit pour distraire avec des riens, et soit dit sans comparaison, Dieu seul et M. […] Chacun de ses articles célébra en quelque sorte, la découverte d’un homme de génie perdu, et je ne veux pas railler, Dieu m’en préserve, mais il me semble que je ne dépasse pas les limites de l’exacte vérité en disant qu’il suffisait qu’un pauvre poète fût bien obscur, bien méconnu pour que M.
Tantôt, sentant une divinité qui m’arrêtait dans nos horribles transports, j’aurais désiré que cette Divinité se fût anéantie, pourvu que, serrée dans tes bras, j’eusse roulé d’abîme en abîme, avec les débris de Dieu et du monde ! […] Dieu sait les monstres qu’elle nous prépare ! […] De toutes les formes de pensée, la forme religieuse est la plus incommunicable, celle qui exige le plus de don pour être entendue dans son sens intime, et quand le jeune homme exalte devant sa bien-aimée les délices de la communion en Dieu, comment toucherait-il de son idéal supra-terrestre une âme dont les appétitions se restreignent toutes à la terre. […] Le décor toujours voulu, cherché avec un raffinement intentionnel, au milieu duquel elle nous les présente, n’est à vrai dire qu’une vaste alcôve, où nous les voyons tour à tour succomber en proclamant leur croyance, leur unique croyance à l’invincible pouvoir du Dieu qui les étreint. […] J’admire à quel point nous restons, suivant la féconde pensée du philosophe de Franckfort, les instruments aveugles d’une force qui poursuit son but en nous pliant à ses lois, car, de quelque nom qu’on l’appelle : Dieu, Nature, Fatalité, on ne fait que marquer par là une prédilection métaphysique, et elle n’en demeure pas moins l’unique régulatrice de nos destinées.
Je dis « presque autant », car, malgré tout, et Dieu merci, il ne bâillonne pas constamment sa virulence ; certain repas de noce du Jardinier de la Pompadour et le genre de plaisanteries qui s’y échangent font plutôt songer aux tableaux de Brouwer qu’à ceux de Lancret. […] Ève a cessé de croire en Dieu : Mon âme sois joyeuse ! […] Je suis le loup qui vint flairer et qui vint boire Horriblement, le sang de Dieu, dans le ciboire. […] L’âme de Dieu se répand dans le monde à travers les pensées des hommes. […] Paris, Ollendorff, 1902. — Le Petit Homme de Dieu.
Tout le monde connaît la réponse de Buloz à Pierre Leroux qui lui proposait un article sur Dieu : « Cela manque d’actualité ! […] Leroux pouvait aller parler de Dieu à un prêtre catholique, qui ne s’occupe guère de l’actualité, et qui dit chaque matin sa messe en portant encore les robes et la dalmatique du ive siècle. […] Lui seul est Dieu, madame, et le vôtre n’est rien. […] Et il éprouve cette création comme un mystique éprouve Dieu, comme un philosophe éprouve l’être. […] L’ambitieux ou le fanatique religieux agit comme représentent de Dieu, l’ambitieux ou le fanatique politique comme serviteur de sa patrie.
Il faut en prendre son parti : c’est Dieu qui l’a voulu, en faisant croître l’herbe ici, et en ne faisant croître ailleurs que l’épine du chameau ; en faisant des déserts de quarante jours de traversée sans une source dans le sable, et en faisant déborder le Nil, cet arrosoir de l’Égypte, des nuées encore inconnues de l’Abyssinie. […] Que Dieu leur suscite de tels organes dans les futurs congrès !
À Dieu ne plaise qu’on nous accuse d’avoir cédé ici à l’indiscrète curiosité de notre temps ! […] Dieu sait ce qui viendra ensuite, si ce sera le partage de la France, ou la guerre civile, ou le despotisme, ou l’anarchie, ou enfin la paix et la liberté, que les proclamations du jour feraient espérer.
si vous entendiez parler de la Pauvreté chrétienne qui se dépouille elle-même entre les mains de Dieu, de cette « dame tant aimée » dont Dante a chanté, dans son Paradis, les noces mystiques avec saint François d’Assise, et que Giotto a ceinte, dans ses fresques, de la couronne d’épines du Calvaire, pour celle-là, pour cette fille du ciel, l’orgue n’a pas assez d’hymnes, l’encensoir n’a pas assez de parfums, la canonisation pas assez de cymbales, de flambeaux et de tabernacles ! […] Ce n’est pas une courtisane d’illustre volée, un de ces beaux fléaux de Dieu, un de ces Attila femelles qui ravagent le monde… sans épée ; c’est une lorette qui sait son métier, rien de plus.
Ce matin, le Dieu d’ombre et de douceur m’a dit… Je greffe avec des chants sur les tendresses mortes, La tendresse des soirs où vivent les parfums, Et quand sonnent mes pas, les vergers un à un, Ouvrent pour m’appeler la candeur de leurs portes. […] Pas une seule fois elle ne prononce le nom de Dieu.
Soit, par exemple, ce mot d’un personnage de Labiche : « Il n’y a que Dieu qui ait le droit de tuer son semblable. » On semble bien profiter ici de deux propositions qui nous sont familières : « C’est Dieu qui dispose de la vie des hommes », et : « C’est un crime, pour l’homme, que de tuer son semblable. » Mais les deux propositions sont combinées de manière à tromper notre oreille et à nous donner l’impression d’une de ces phrases qu’on répète et qu’on accepte machinalement.
Il y prit aussi des scrupules ; lui si prompt a juger, si violent, si libre quand il faut railler « un cuistre violet », transpercer les jésuites ou démasquer la cour de Rome, il s’arrête au seuil de l’histoire, inquiet, n’osant avancer, craignant de blesser la charité chrétienne, ayant presque envie d’imiter les deux ducs « qu’elle tient enfermés dans une bouteille », s’autorisant du Saint-Esprit qui a daigné écrire l’histoire, à peu près comme Pascal qui justifiait ses ironies par l’exemple de Dieu. […] Je lui parlai aussi de la longue absence que j’avais faite, de douleur de me trouver mal avec lui, d’où je pris occasion de me répandre moins en respects qu’en choses affectueuses sur mon attachement à sa personne et mon désir de lui plaire en tout, que je poussai avec une sorte de familiarité et d’épanchement… Je le suppliai même de daigner me faire avertir s’il lui revenait quelque chose de moi qui pût lui déplaire, qu’il en saurait aussitôt la vérité, ou pour pardonner à mon ignorance, ou pour mon instruction, ou pour voir si je n’étais pas en faute. » On parlait au roi comme à un Dieu, comme à un père, comme à une maîtresse ; lorsqu’un homme d’esprit attrapait ce style, il était difficile de le renvoyer chez lui.
Parlant des honnêtes gens, des gens bien intentionnés et sincères qui se trouvèrent d’abord jetés de part et d’autre dans les deux camps : Et c’est ainsi que Dieu travaille, a dit lui-même le président Jeannin, quand il veut nous châtier sans nous perdre, quand il ne veut pas que la guerre finisse par le feu, le sang, la désolation générale, la ruine entière et le changement d’un État.
Elles sont, si la comparaison est permise, comme les œuvres mêmes de la nature et de Dieu : c’est une matière infinie d’étude et de contemplation. » M. de Sacy, certes, a ses défauts, et je puis dire qu’ayant habituellement suivi une tout autre voie, une tout autre méthode que la sienne en critique littéraire, j’y suis sensible, à ces défauts, comme il doit l’être aux miens : il a ses redites, il a ses longueurs ; il a des excès de louange sans nuances à l’égard de certaines personnes ; il a des humilités soudaines par lesquelles il se dérobe et s’interdit presque le droit de juger en des cas où il serait sans doute très compétent : voilà les inconvénients de sa manière et qui sont presque des conséquences de ses vertus.
Il était le premier à sentir ce faible de son caractère ; et un jour qu’en quittant la supérieure d’une communauté de Meaux, il lui disait l’adieu d’usage : Priez Dieu pour moi, comme cette supérieure lui répondit : Que lui demanderai-je ?
La gloire n’est, pas un vain mot, et nous autres critiques et historiens, nous rendons, en un sens un vrai jugement de Dieu.
Poussée à ce degré, l’espèce (qu’on me passe ce mot scientifique) n’est-elle pas aussi un inconvénient, — Dieu me garde de dire un danger ?
« Si je revenais à la vie, disait Mirabeau, je ferais un bon mémoire sur l’art d’être garde-malade : c’est Frochot qui m’en a suggéré l’idée. » Et à un moment où, la fièvre s’apaisant au matin, Mirabeau faisait approcher son lit de la fenêtre, il dit à Frochot en regardant le soleil qui commençait à luire : « Mon ami, si ce n’est pas là Dieu, c’est son cousin germain. » Et le priant de lui soulever la tête : « Je voudrais pouvoir te la laisser en héritage. » Frochot refusa tout legs testamentaire.
Dans ces diverses et confuses attaques dont la Revue a l’honneur d’être l’objet, et qui la feraient ressembler (Dieu me pardonne), si cela durait, à une place de sûreté assiégée par une jacquerie, les adversaires s’attachent à confondre les dates et à brouiller pêle-mêle les choses et les temps.
Que si, par un bienfait de Dieu, cette infirmité de vue n’est que passagère, alors, belles montagnes, fraîches vallées, bois ombreux, alors, rempli d’enchantement et de gratitude, jusqu’aux confins de l’arrière-vieillesse il ira vous redemander cet annuel tribut de vive et sûre jouissance que, depuis tantôt vingt ans268, vous n’avez pas cessé une seule fois de lui payer !
Dieu merci, tout à fait aussi horrible. » 48 Ce n’était d’ailleurs pas une œuvre stricte d’auto-réminiscence.
On y joindra quelques homélies des Pères grecs, et la Cité de Dieu de saint Augustin avec ses admirables Confessions.
Villon aperçoit dans le monde l’universelle souveraineté de la mort : Mon père est mort, Dieu en ait l’âme ; Quand est du corps, il gît sous l’âme (cercueil).
Et, enfin, que vos fautes vous soient pardonnées, car qui pourrait dire à combien de femmes, à combien d’hommes, ô fée bienveillante, la plupart de vos récits ont inspiré le courage, la résignation vaillante, la sérénité, l’espoir en Dieu et sur toutes choses la bonté, ô vous que vos amis appelaient la bonne femme, ô mère d’Edmée63, de Marcelle64, de Caroline65, de Madeleine66, de la petite Marie67, de la petite Fadette et de la divine Consuelo !
Cette exaltation violente et sacrée, cette fusion du cœur dans les brasiers du cœur d’un Dieu, cet amour gratuit, affolé, absolu, au-delà de l’enfer et du ciel, au-delà de toute idée de récompense ou de châtiment, cette transe divine n’avait jamais été traduits ainsi, ni dans la littérature française ni dans aucune littérature moderne.
Je l’entends, cette voix forte & puissante, qui, comme un tonnerre qui roule dans la nue réveille les esprits les plus engourdis ; non ce n’est plus un homme, c’est un Dieu tutelaire qui s’est chargé des intérêts de la patrie, & qui défend la cause honorable de l’humanité ; d’une main il foudroye le vice, de l’autre il dresse des Autels à la vertu, déploye toute l’indignation d’une ame sensible contre d’injustes Tyrans, il rejette le cri insensé de l’opinion pour faire parler la voix immortelle de la raison.
« Mais au moment où, comme un dragon farouche, il va lancer sa morsure contre le baptême, Dieu émousse sur ses lèvres l’altière dérision, et, puissant correcteur, refrène sa témérité impie.
Si ma promesse a été imprévoyante, si j’ai follement engagé mon avenir, c’est à Dieu seul qu’il appartient de me relever de mon serment en m’infligeant l’abandon.
S’il résistait aux ordres du Dieu, il tomberait sous le coup de peines effroyables. — « Loxias disait que la lèpre rongerait mon corps de ses dents féroces, qu’elle dévorerait sa vigueur et blanchirait les poils de ma chair.
M. de Lamartine, dont la disposition habituelle est plutôt le contentement et la sérénité, rentre bien vite dans le vrai de sa nature, lorsqu’il nous peint sa libre et facile enfance, sa croissance heureuse sous la plus tendre et la plus distinguée des mères : « Dieu m’a fait la grâce de naître dans une de ces familles de prédilection qui sont comme un sanctuaire de piété… Si j’avais à renaître sur cette terre, c’est encore là que je voudrais renaître. » Il aurait bien tort, en effet, et il serait bien injuste s’il croyait avoir à se plaindre du sort à ses débuts dans la vie.
Analyser ces Mémoires de Grammont serait une tâche ingrate et maussade, puisque c’est le tour qui en fait le prix, et que le récit, à partir d’un certain moment, va un peu comme il plaît à Dieu.
Quand la santé résiste aux souffrances physiques, le courage apprend bientôt à les mépriser, surtout quand il est soutenu par l’idée de Dieu, par l’espérance d’une autre vie ; mais j’avoue que le courage m’abandonnait en voyant succomber sous mes yeux des amis, des compagnons d’armes, qu’on appelle, à si juste titre, la famille du colonel, et qu’il semblait ici n’avoir été appelé à commander que pour présider à leur destruction.
Si notre religion n’était pas une triste et plate métaphysique ; si nos peintres et nos statuaires étaient des hommes à comparer aux peintres et aux statuaires anciens : j’entends les bons, car vraisemblablement ils en ont eu de mauvais et plus que nous, comme l’Italie est le lieu où l’on fait le plus de bonne et de mauvaise musique ; si nos prêtres n’étaient pas de stupides bigots ; si cet abominable christianisme ne s’était pas établi par le meurtre et par le sang ; si les joies de notre paradis ne se réduisaient pas à une impertinente vision béatifique de je ne sais quoi qu’on ne comprend ni n’entend ; si notre enfer offrait autre chose que des gouffres de feux, des démons hideux et gothiques, des hurlements et des grincements de dents ; si nos tableaux pouvaient être autre chose que des scènes d’atrocités, un écorché, un pendu, un rôti, un grillé, une dégoûtante boucherie ; si tous nos saints et nos saintes n’étaient pas voilés jusqu’au bout du nez ; si nos idées de pudeur et de modestie n’avaient proscrit la vue des bras, des cuisses, des tétons, des épaules, toute nudité ; si l’esprit de mortification n’avait flétri ces tétons, amolli ces cuisses, décharné ces bras, déchiré ces épaules ; si nos artistes n’étaient pas enchaînés et nos poètes contenus par les mots effrayants de sacrilège et de profanation ; si la Vierge Marie avait été la mère du plaisir ; ou bien, mère de Dieu, si c’eût été ses beaux yeux, ses beaux tétons, ses belles fesses qui eussent attiré l’Esprit Saint sur elle, et que cela fût écrit dans le livre de son histoire ; si l’ange Gabriel y était vanté par ses belles épaules ; si la Magdelaine avait eu quelque aventure galante avec le Christ ; si aux noces de Cana le Christ entre deux vins, un peu non-conformiste, eût parcouru la gorge d’une des filles de noces et les fesses de saint Jean, incertain s’il resterait fidèle ou non à l’apôtre au menton ombragé d’un duvet léger : vous verriez ce qu’il en serait de nos peintres, de nos poètes et de nos statuaires ; de quel ton nous parlerions de ces charmes qui joueraient un si grand et si merveilleux rôle dans l’histoire de notre religion et de notre Dieu, et de quel œil nous regarderions la beauté à laquelle nous devrions la naissance, l’incarnation du Sauveur, et la grâce de notre rédemption.
Dargaud est au fond un chrétien de nature, d’un christianisme… incorrigible, Dieu merci !
Vrai Dieu !
n’être que sentimentale comme tant de gens peuvent l’être, quand on est intellectuellement de la race des Hamilton, des Grammont, des princes de Ligne, ce que personne ne peut être si Dieu ne s’en est pas mêlé !
Que Dieu me garde, au moins, de les leur reprocher ! […] Et, dans des vers comme ceux-ci : Dieu triste, Dieu jaloux qui dérobes ta face, Dieu qui mentais, disant que ton œuvre était bon, Mon souffle, ô pétrisseur de l’antique limon, Un jour redressera ta victime vivace. […] C’est ce que l’on appelle dans l’école la preuve de l’existence de Dieu par l’idée de l’être parfait ; mais cela n’approche-t-il pas bien de la prose ? […] À Dieu ne plaise, au moins, que je médise ici de la théologie ! […] Le Dieu des bonnes gens nous suffit, un Dieu qui aime à rire, un bonhomme de bon Dieu, qu’on honore sans y songer et rien qu’en usant de ses dons.
Quand cet intérêt est poussé au dernier degré, l’artiste est en vérité un créateur après Dieu. […] Le cadre est de Dieu. […] Le plein air du dehors entrait là brutalement, mettant à nu toute la misère du Dieu de ce village perdu. […] Rien d’humain ne bat dans ce cœur qui ne se console qu’en Dieu. […] Le mot de l’énigme, c’est Dieu.
Dieu n’eût-il pas été mieux adoré si, au risque de quelques paroles dissonantes, plus de grandes et belles choses s’y fussent produites ? […] Votre corps modelé par le doigt de Dieu même, Que Jésus-Christ, son fils, a daigné revêtir, Vous n’avez pas le droit de lui dire : Anathème62 ! […] Faut-il en conclure que l’auteur, retournant à la vieille théologie du moyen âge, admettait l’existence matérielle d’un être malfaisant en rébellion permanente contre Dieu et ses anges ? […] Dans un repli des mers éclatantes et vastes, Dieu m’a fait naître au flanc des monts. […] Sans nous en rendre précisément compte, nous vivons sur la légende de l’homme façonné à l’image de Dieu, créature supérieure et privilégiée, la dernière et la plus parfaite qui soit sortie des mains de Jéhovah.
Dom Pèdre, c’est le nom du mari, plus sot encore que sa femme, voulut voir jusqu’où pouvait aller sa simplicité ; il se mit dans une chaise, la fit tenir debout, et lui dit : « Vous êtes ma femme, dont j’espère que j’aurai sujet de louer Dieu tant que nous vivrons ensemble ; mettez-vous bien dans l’esprit ce que je vais vous dire, et l’observez exactement tant que vous vivrez, de peur d’offenser Dieu, et de me déplaire. » À toutes ces paroles dorées, Laure faisait des révérences, à propos ou non, et regardait son mari entre deux yeux ; celui-ci, satisfait de la trouver encore plus simple qu’il n’eût osé l’espérer, tira de l’armoire une armure, en couvrit l’idiote, et lui ayant mis une lance à la main, lui dit que le devoir des femmes mariées était de veiller leurs maris pendant leur sommeil, armées de toutes pièces comme elle. […] Une femme y chante : Ma bouteille, si la saveur, De ce vin répond à l’odeur, Je prie Dieu et Sainte Hélène, Qu’ils te maintiennent toujours pleine.
Joachim Gasquet, s’exprimant sur Émile Zola, a trouvé pour le caractériser cette phrase expressive et solennelle : « Il est, à nos yeux, l’un des types le mieux achevé des sages nouveaux, il représente pour nous l’homme moderne accompli, dont la conscience réfléchit la raison universelle des choses et dont le cœur bat à l’unisson de la sève du monde et de Dieu ! […] Il parlait à Dieu d’égal à égal ; il le traitait comme un ci-devant. […] Afin d’augmenter notre émoi, Dieu même lui paraît propice.
Le doux Lamartine lui-même répondait aux amis qui lui reprochaient d’utiliser la réclame : « Dieu lui-même a besoin qu’on le sonne. » Quant à Victor Hugo, il s’entendait comme pas un à se mettre en valeur. […] Dieu sait la quantité de romans épistolaires qui suivirent l’Héloïse de Rousseau, et ce qu’on a publié après Montesquieu de lettres persanes, turques ou péruviennes ! […] Flaubert voulait que l’auteur fût absent de son œuvre, comme Dieu est absent de l’univers, qu’on sente partout sa main, sans qu’on la voie nulle part. « Les grandes œuvres, disait-il, sont impassibles. […] Oui, je le sais, j’en suis sûr, nous en avons l’assurance, ce jour viendra confondre la folie humaine, assoupie dans son indifférence, endormie dans sa volupté, engourdie dans l’oubli de Dieu. […] Dieu sait tout ce qu’il devait à l’auteur français des Œuvres morales de Plutarque et plus étroitement encore à la langue latine, que Montaigne parlait depuis sa jeunesse.
La voilà implantée, la grande idée anglaise, j’entends la persuasion que l’homme est avant tout une personne morale et libre, et qu’ayant conçu seul dans sa conscience et devant Dieu la règle de sa conduite, il doit s’employer tout entier à l’appliquer en lui, hors de lui, obstinément, inflexiblement, par une résistance perpétuelle opposée aux autres et par une contrainte perpétuelle exercée sur soi. […] Lorsque le christianisme parut il y a dix-huit siècles, c’était en Orient, dans le pays des Esséniens et des Thérapeutes, au milieu de l’accablement et du désespoir universels, quand la seule délivrance semblait le renoncement au monde, l’abandon de la vie civile, la destruction des instincts naturels, et l’attente journalière du royaume de Dieu.
On ne peut critiquer Tartufe non plus que Don Juan : il est inhérent à la vérité du sujet qu’il faille ici Dieu, et là le roi, pour venir à bout des deux scélérats. […] Je veux bien qu on ne porte pas à son compte l’athéisme scientifique, singulièrement grave et fort, de don Juan, quoique, malgré tout, on ait peine à concilier le choix de Sganarelle, comme défenseur de Dieu et de la religion, avec un respect sincère de ces choses.
Dieu l’entende ! […] Donc il poursuit sa marche traînante, son falot à la main, toujours clamant son couvre-feu monotone : « Bourgeois, dormez tranquilles ; gardez-vous des follets et des diables ; louez Dieu, votre Seigneur. » La lune monte au ciel plus clair.
Les premiers vaisseaux arrivés attendent les autres au port d’Abydos, et de là tous remontent, par le canal dit alors de Saint-Georges, jusque dans cet admirable bassin et en cette mer intérieure qu’on appelait aussi quelquefois du même nom : En ces huit jours d’attente arrivèrent tous les vaisseaux et les barons, et Dieu leur donna bon temps : alors ils quittèrent le port d’Abydos.
On peut se demander (et il le faut même pour avoir une idée précise de l’homme) quels étaient les sentiments philosophiques de Vicq d’Azyr sur la mort, sur la vie, sur Dieu, sur la Providence, toutes questions que les hommes de son temps étaient si prompts et si décisifs à trancher.
Dieu m’a donné, pour mon supplice, une vanité sans bornes et une hauteur ridicule par rapport à ma fortune ; mais je ne suis pas assez sot pour la placer aussi mal.
Dieu le veuille !
Puycerda, évacué par les troupes ennemies, reçoit avec joie les Français : « Pour reconnaître ce bon accueil, pour discréditer, autant que possible, les calomnies que les moines espagnols ne cessaient d’exhaler contre nous, et donner en même temps aux Catalans un gage de notre respect pour le culte catholique, le premier soin du représentant fut d’aller, accompagné du général d’Arbonneau, à l’église principale, rendre grâces à Dieu du succès de nos armes. » Honneur à ce représentant Cassanyes pour cet acte de civilisation et de bon sens !
À quoi sert d’être aimé d’un tel Dieu ?
Tout au haut de l’Acropole, dans le bois de cyprès, les chevaux d’Eschmoûn, sentant venir la lumière, posaient leurs sabots sur le parapet de marbre et hennissaient du côté du soleil. » Puis, après l’aube, l’aurore, Carthage s’éveille ; « Tout s’agitait dans une rougeur épandue, car le Dieu, comme se déchirant, versait à pleins rayons sur Carthage la pluie d’or de ses veines.
Plût à Dieu qu’il n’y en eût pas de plus grosses !
Soyez le bienvenu, Monseigneur, et nous ferons de la bonne besogne, s’il plaît à Gott, le Dieu des Allemands.
Et quant aux choses, quelle est le produit net, le bilan probable que, grâce à Dieu, on n’a pas encore déposé ?
Viennet, ce système eût peut-être réussi, et nous ne serions pas obligés de déplorer aujourd’hui qu’il n’ait pas craint de paraître devant Dieu, sans s’être préalablement muni des sacrements de l’impérialisme.
Corneille dit qu’il n’y a que Dieu qui doit être immuable ; toute autre immutabilité est une imperfection. » Chacun connaît enfin le vers de Lamotte-Houdar : L’ennui naquit un jour de l’uniformité.
Dieu merci, ce reproche est immérité d’ordinaire.
Cela est difficile à accommoder, et je passe ma vie dans des horribles qui m’ôtent tous les plaisirs du monde et la paix qu’il faudrait pour servir Dieu.
Et M. de Musset va essayer de le peindre avec les couleurs les plus fraîches, les plus enchantées, avec des couleurs qui me rappellent (Dieu me pardonne !)
En admettant même que l’idée du moi fût primitivement illusoire, elle eût constitué une illusion féconde, une sorte de signe de ralliement pour les activités intérieures, quelque chose d’analogue aux idées de Patrie, d’Humanité, de Dieu, — qui sont, à un certain point de vue, un moi agrandi.
Au xiiie siècle Saint Bonaventure, le Docteur séraphique, donnait ses pensées et ses prières sous ce titre plein de poésie : l’Itinéraire de l’âme vers Dieu.
La poésie, sans cesser de se consacrer à célébrer les attributs de Dieu, doit entrer davantage dans les affections de l’homme, et surtout dans la liberté morale ; car, comme nous le dirons tout à l’heure, le règne du fatalisme va finir aussi dans les royaumes de l’imagination, et cela seul change beaucoup toutes les données poétiques.
s’il fut jamais un homme, au contraire, qui s’éloignât par tous ses instincts révoltés de la philosophie du xviiie siècle, ce fut Sterne, cet esprit tout âme, qui n’eut peut-être de génie qu’à force d’avoir de cette âme qu’on niait si fort dans son temps ; ce fut cette délicate sensitive humaine, dont la racine trempait dans cette idée de Dieu qui fait pousser leurs plus belles fleurs aux plus beaux génies !
Juger de tout, apprécier la vie, peser la crainte et l’espérance, voir et l’intérêt des hommes, et l’intérêt des sociétés, s’instruire par les siècles et instruire le sien, distribuer sur la terre et la gloire et la honte, et faire ce partage comme Dieu et la conscience le feraient, voilà sa fonction.
Si vous faites exactement cela, vous serez toujours prospères, et votre grandeur s’accroîtra ; car ce Dieu exterminera vos ennemis, qui maintenant dévorent à leur aise vos campagnes. » Chose remarquable, et bien conforme à la nature sérieuse et appliquée du peuple romain : ces premiers contacts de l’imagination et de la poésie grecques ne lui venaient pas en délassement et en parure de l’esprit, mais comme un secours de politique et de guerre, un encouragement à la défense, une arme du patriotisme et de la liberté.
Si Dieu seul pouvait effacer en nous ces caractères, on ne verrait pas tant d’impies renier le culte dans lequel ils ont été élevés : croirons-nous que ce soit Dieu lui-même qui ait effacé en Voltaire les premiers caractères que les jésuites de la rue Saint-Jacques avaient gravés dans son faible cœur ? […] Mahomet égorgeait au nom de Dieu ; ils massacraient au nom de l’humanité, de la liberté et de la patrie. […] Un autre défaut non moins essentiel, c’est que dans la pièce le scélérat, le monstre, est l’adorateur et le prédicateur d’un seul Dieu ; l’honnête homme est le païen et l’idolâtre. […] Un téméraire encens que Dieu ne peut souffrir, N’a, pour servir sa cause et venger ses injures, Ni le cœur assez droit ni les mains assez pures. […] grand Dieu !
Dieu lui a épargné le malheur de lui survivre ! […] Mme de Duras fut une sorte de lien52, et c’est à M. de Chateaubriand que, dans sa dernière maladie, Mme de Staël a pu dire ces belles paroles : « J’ai toujours été la même, vive et triste ; j’ai aimé Dieu, mon père, et la liberté. » Pourtant la politique alors traça une séparation entre eux, comme autrefois la philosophie. […] On y lisait en effet (et je ne choisis pas le pire endroit) : « Delphine parle de l’amour comme une bacchante, de Dieu comme un quaker, de la mort comme un grenadier, et de la morale comme un sophiste. » Fontanes, qui se trouvait désigné à cause de l’initiale, écrivit au Journal de Paris pour désavouer l’article, qui était effectivement de l’auteur de la Dot de Suzette et de Frédéric. […] Dans l’admirable discours qu’elle fait tenir à Jean-Jacques par un solitaire religieux, il est posé que « le génie ne doit servir qu’à manifester la bonté suprême de l’âme. » Elle paraît très-occupée, en plus d’un passage, de combattre l’idée du suicide. « Quand on est très-jeune, dit-elle excellemment, la dégradation de l’être n’ayant en rien commencé, le tombeau ne semble qu’une image poétique, qu’un sommeil, environné de figures à genoux qui nous pleurent ; il n’en est plus ainsi, même dès le milieu de la vie, et l’on apprend alors pourquoi la religion, cette science de l’âme, a mêlé l’horreur du meurtre à l’attentat contre soi-même. » Mme de Staël, dans la période douloureuse où elle était alors, n’abjurait pas l’enthousiasme, et elle termine son livre en le célébrant ; mais elle s’efforce de le régler en présence de Dieu.
Et maintenant, au soir tombant, sous les voûtes inquiétantes qui se perdent dans l’obscurité du crépuscule, dans l’ombre mystérieuse traversée à peine par la lumière irisée des vitraux, alors que, les grandes orgues s’étant tues, le glissement des pas les plus légers se prolonge indéfiniment à travers les chapelles et les nefs recueillies, l’âme, toute pénétrée d’une mélancolique espérance, monte vers Dieu d’un mystique élan. […] Ne soyez donc de notre confrérie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre. […] …………………………………… Vrai Dieu, que le vin est bon ! […] Cette sympathie vraie, sincère, attendrie jusqu’à la pitié secourable, tient de la charité chrétienne qui fait aimer les hommes en Dieu, et qui fortifie le sentiment humain de la bienfaisance par le sentiment divin de l’adoration : « J’ai poursuivi la vie dans la réalité, non dans les rêves de l’imagination, et je suis arrivé ainsi à celui qui est la source de la vie », nous dit Dostoïevsky. […] Il a compris que l’homme ne se substitue pas impunément à Dieu.
— Plût à Dieu ! […] dit le roi, les hypocrites permettent qu’on joue Dieu et le ciel, mais ne veulent pas qu’on les joue eux-mêmes. « Jouez-les toujours ; la fausse dévotion n’est qu’un mensonge ; les vices sont à vous. » Louis XIV, charmé du bon sens de Molière, se plaisait à l’entretenir quatre ou cinq heures tête à tête. […] Dont…Mon Dieu !
Il déclarait que lui, resté un fervent catholique, sur cette terre, il sentait un peu mourir chez lui l’idée religieuse, ne croyant plus que Dieu pût s’intéresser à la prière de l’animalcule qu’il lui semblait être, en cette poussée incessante et ce fourmillement de création ! […] Alors Daudet me demandait quelles étaient mes convictions à ce sujet, et je lui répondais que malgré tout mon désir de retrouver mon frère, je croyais après la mort à l’anéantissement complet de l’individu, que nous étions des êtres de rien du tout, des éphémères de quelques journées de plus que ceux d’une seule journée, et que s’il y a un Dieu, c’était lui imposer une comptabilité trop énorme, que celle occasionnée par une seconde existence de chacun de nous. […] Vendredi 11 septembre Dans la bataille littéraire du moment, on n’a pas dit — ce que j’ai affirmé à propos de Flaubert — que le grand talent en littérature était de créer, sur le papier, des êtres qui prenaient place dans la mémoire du monde, comme des êtres créés par Dieu, et comme ayant eu une vraie vie sur la terre.
Puisse un Dieu les rendre sans effets ! […] Et plus tard, dès qu’elle est satisfaite et guérie, il se peut même, si la femme n’a pas en elle d’aimables sentiments accessoires, si avec de la passion elle manque de sensibilité proprement dite (ce qui s’est vu quelquefois), — il se peut qu’elle ne vous reconnaisse plus et qu’elle traite comme moins qu’un homme celui qu’elle avait mis tout à l’heure au-dessus d’un Dieu.
Dieu nous préserve du voyage ! […] Un jour La Fontaine qui lisait tout, « ceux du Nord, et ceux du Midi », tomba sur un très-médiocre livre, les Parallèles historiques que Cassandre, le pauvre auteur affamé, le traducteur de la rhétorique d’Aristote, venait de compiler et d’arranger, Dieu sait comment, prenant à droite, à gauche, racontant le combat des Horaces, et diverses choses aussi nouvelles, et se louant dans sa préface d’un style aussi impertinent que plat.
Quelquefois Grandet, songeant que cette pauvre créature n’avait jamais entendu le moindre mot flatteur, qu’elle ignorait tous les sentiments doux que la femme inspire, et pouvait comparaître un jour devant Dieu, plus chaste que ne l’était la vierge Marie elle-même, Grandet, saisi de pitié, disait en la regardant : “Cette pauvre Nanon ! […] ” Dieu reconnaîtra ses anges aux inflexions de leur voix et de leurs mystérieux regrets.
Ce n’était plus le jeune enthousiaste de l’École normale, rompant douloureusement avec le Dieu de ses pères et se mettant en marche vers la découverte d’un dogme nouveau ; ce n’était plus le superbe initiateur des premiers temps du Globe, altier et plein d’ambitieuses promesses, et qui croyait tenir la nouvelle vérité : c’est l’homme qui a connu le néant des espérances, qui a reçu la leçon des choses et les injures de la vie.
Si je le voulais, des exemples très récents justifieraient ma comparaison ; mais je fâcherais les momies, et Dieu sait ce qui m’en arriverait !
Le maréchal, bien qu’il eût de l’amitié pour Villars et qu’un jour, qu’il le voyait en habit brodé d’or s’exposant sur une brèche, il s’échappa jusqu’à lui dire : « Jeune homme, si Dieu te laisse vivre, tu auras ma place plutôt que personne », ne fit point dans le cas présent ce qu’il désirait : « Et cela fut heureux pour le marquis de Villars, ajoutent les Mémoires ; car d’être demeuré dans cette brigade lui valut d’avoir la meilleure part à quatre actions considérables qui se passèrent dans le reste de cette campagne. » Ce petit désagrément, qui tourna si bien, servit dans la suite à le persuader tout à fait de sa bonne chance et le guérit pour toujours de demander ni même, à ce qu’il assure, de désirer d’être plutôt dans un corps que dans un autre.
Ô le grand don de Dieu que d’aimer la lecture !
Telle qu’elle est dans son magnifique débris, et plus mutilée qu’un temple de Paestum, son histoire nous apparaît encore la plus digne qui se puisse concevoir du peuple-roi, et quand Scipion l’Africain, s’adressant à son petit-fils dans ce beau songe, lui dit que « de tout ce qui se fait sur la terre, rien n’est plus agréable à ce Dieu suprême qui régit tout cet univers que les réunions de mortels associés par les lois et que l’on nomme cités », il lui désigne en effet l’empire romain, la merveille de cette république et de cet empire tel que Virgile l’a rassemblé en idée sur le bouclier divin de son héros, et tel que le seul Tite-Live le décrira.
Une conversation qu’il eut, en 1632, avec l’abbé de Saint-Cyran, ce chrétien austère, ne contribua pas peu à le remettre à la raison : sous air de l’exhorter à aller en avant dans la carrière ecclésiastique, M. de Saint-Cyran lui fit une telle description du péril où se jettent ceux qui recherchent une si haute élévation sans connaître les perfections et les grands devoirs que Dieu leur impose, qu’il le consterna et le guérit, comme on guérit un malade avec une douche froide : « Au lieu d’accroître mon souci pour cela, il aida merveilleusement à me faire perdre le peu de désir qui m’en pouvait rester, dont je lui aurai une éternelle obligation. » Marolles se contenta désormais d’être le plus paisible et le plus oiseusement occupé des abbés de France, dont il sera le doyen un jour.
« Charles-Édouard, depuis ce temps, nous dit l’historien, se cacha au reste de la terre. » Plût à Dieu pour lui, pour l’honneur de sa mémoire, qu’il se fût en effet caché et dérobé à tous !
Quand leur raison essaye de la franchir, leur imagination et leur cœur les y ramènent ; leur sensibilité les y attache ; ils sont religieux par leur instinct le plus sincère : toute poésie croit en Dieu. » — Il y a bien du vrai dans cette remarque, et l’étape des poètes est bien trouvée.
… plein de confiance dans le Dieu qui te guide, sillonne cette mer silencieuse… N’eût-il pas été créé, ce nouveau monde que tu cherches, il va sortir des flots.
La religion chrétienne exige aussi l’abnégation de soi-même, et l’exagération monacale pousse même cette vertu fort au-delà de l’austérité philosophique des anciens ; mais le principe de ce sacrifice dans la religion chrétienne, c’est le dévouement à son Dieu ou à ses semblables, et non, comme chez les stoïciens, l’orgueil et la dignité de son propre caractère.
Non : loin de réprimer, à cet égard, les imprudences des hommes, on devrait plutôt les détourner de calculer autant les inconvénients des sentiments généreux, et de s’arroger ainsi un jugement que Dieu seul a droit de prononcer.
Être bon, être aimé, voilà l’objet d’un chef d’État, d’un homme en place Cela va si loin qu’on se figure Dieu sur ce modèle.
Les philosophes du xviie siècle, Leibniz et Malebranche en tête, avaient nettement aperçu cette conséquence et concluaient hardiment qu’il y a là une harmonie préétablie, l’accord artificiel de deux horloges indépendantes, un ajustement extrinsèque et venu d’en haut, un décret spécial de Dieu. — Rien de moins conforme aux méthodes de l’induction scientifique, car elles excluent toute hypothèse qui n’explique pas, et, comme on le montrera, le principe de raison explicative est un axiome qui ne souffre aucune exception157.
Pour ce les autres ne déprise, Si Dieu a en toi beauté mise.
Aux fantaisies historiques d’Hotman sur la royauté élective et la souveraineté des Etats, il opposa la théorie de la monarchie française, héréditaire, absolue, responsable envers Dieu du bonheur public ; avec une nette vue de l’état réel des choses, il vit dans l’Etat la famille agrandie, et dans l’absolutisme royal l’image amplifiée de la puissance paternelle.
Raynal est au-dessous d’Helvétius : il a fait un livre à tiroirs, d’où s’échappent à tous propos toutes sortes de déclamations contre Dieu, la religion et le gouvernement ; il invitait ses amis à lui en apporter, et Diderot s’est fait son fournisseur.
Il s’agit du Juif errant d’Eugène Sue : « Prise en soi, la scène du pôle nord entre le Juif errant et la Voix de Dieu produit un effet de religieuse terreur.
Strauss, que cet univers est un spectacle qu’un Dieu se donne à lui-même et dont il se délecte infiniment.
Que reprocher d’ailleurs à celle qui, après dix-neuf ans de supplice et de torture morale, dans la nuit qui précéda sa mort, chercha dans la vie des saints, que ses filles avaient coutume de lui lire tous les soirs, un grand coupable à qui Dieu eût pardonné ?
De là, par exemple, cette représentation tout imaginative de l’âme, qui nous la montre dans le corps « comme un pilote dans son navire », selon l’expression d’Aristote, et en dehors de Dieu comme un homme est en dehors de sa maison, — de là cette idée de substance suivant laquelle l’âme serait une espèce de bloc solide, revêtu de ses attributs comme un homme de son manteau.
Dans un état monarchique c’est autre chose ; il n’y a que Dieu et le roi.
Le tonnerre de Dieu d’un charretier, — si l’on me permet de donner un exemple, — est à peu près l’équivalent du sacrebleu d’un petit bourgeois ; et devers Belleville ou Montmartre, on dit d’un ami qu’il est f… avec le même sentiment de commisération que l’on dit en un autre endroit « qu’il n’en échappera pas. » Et c’est bien plus qu’une distinction de rhétorique, c’est une nuance de psychologie, si l’on considère, après le pouvoir propre, la valeur relative des mots.
En voici le sujet : Le vieux roi, inquiet du sang versé et soucieux de l’œuvre à laquelle il a collaboré, s’adresse à Dieu pour être rassuré et demande sinon une prolongation de sa vie, au moins une association moins imparfaite aux desseins du Maître. […] « Pour David spécialement, j’ai tiré de son histoire : Sent tressaillir un Dieu dans les flancs de sa race... […] Je me représente David croyant et soumis à Dieu, illuminé par la foi au milieu des ténèbres qui l’envahissent, de la mort qui vient le trouver. […] Legouvé, que Dieu lui avait donné en partage la beauté, la noblesse, le courage, le génie ; mais il avait reçu quelque chose de plus rare encore que tous ces dons : c’était la faculté de s’en servir à volonté. […] Les cas de ce genre nous montrent l’« inspiration » sous sa forme classique ; on comprend aisément comment les rapports des systèmes inconscients et des pensées conscientes ont favorisé les images courantes du Dieu qui parle directement au poète, de la muse, etc., comme des rapports tout à fait semblables font attribuer à Dieu ou au diable les idées généreuses ou les impulsions morbides qui paraissent contredire la nature de ceux qui les éprouvent.
C’est une épigramme de quatre vers de la poétesse Anyté, une Grecque qui écrivait trois siècles avant notre ère : « O bouc », dit-elle, « des enfants t’ont mis des rênes de pourpre et ont garni d’un mors ta bouche barbue ; ils se jouent à figurer des courses de chevaux autour de l’autel du Dieu, tandis que doucement tu les portes tout réjouis. » L’expression de « bouche barbue » est devenue, dans Richepin, le point de départ d’une excellente peinture. […] Quand les fiancés comprennent leur ruine, Kersti laisse couler ses larmes, mais son fiancé Per l’enlace fortement en lui disant : « S’il n’y a pour nous ni lois ni justice, il y a pourtant le seigneur Dieu. […] (Vivez purement, Dieu vous voit.) […] Dieu créa, Linné ordonna ». […] Et, lorsqu’il s’agira de dresser le bilan de la pensée morale au début du xxe siècle, et de déterminer exactement le rôle ou l’influence des écrivains que l’on s’était donnés, à vingt ans, pour guides et pour maîtres, comment ne pas analyser et définir, de préférence, ceux pour lesquels l’idée de Dieu a eu le plus de prix et qui, croyants ou incroyants, ont pris parti comme champions ou tout au moins comme témoins dans le « duel ininterrompu » pour et contre la foi chrétienne ?
Tout à coup il s’est arrêté, et s’est écrié, comme s’il se réveillait : « Ça va bien mal, nom de Dieu ! […] Et quand je sors, les voix de ces morituri chantant dans le chœur, me poursuivent au milieu des « nom de Dieu » de leurs camarades, sur la place. […] Le rappel continue avec fureur ; pendant qu’un jeune garde national prend sa course au milieu de la chaussée du boulevard, criant à tue-tête : « Aux armes, nom de Dieu ! […] Je suis le premier à reconnaître l’intelligente restauration de Notre-Dame-de-Paris, de la Sainte-Chapelle, et incontestablement on a élevé de belles maisons neuves… » Et sur ce que je lui dis, que le Parisien se trouve dépaysé dans ce Paris qui n’est plus parisien, il me répond : « Oui, c’est vrai, c’est un Paris anglaisé, mais qui possède, Dieu merci, pour ne pas ressembler à Londres, deux choses : la beauté comparative de son climat, et l’absence du charbon de terre. […] Là-dessus, quelqu’un compare Jules Simon à Cousin, et c’est l’occasion pour Renan de faire l’éloge du ministre — très bien, — du philosophe — je m’abstiens pour cause, — mais encore du littérateur et de le proclamer le premier écrivain du siècle. — Nom de Dieu !
Dieu sait pourtant si je le suis ! […] Que Dieu nous conduise donc où chacun demande ! […] Et encore fallait-il que Dieu lui donnât « le bon usage des maladies ». […] Mais c’est par un tel sacrifice qu’on arrive à posséder Dieu. […] C’est bien sous cet aspect que le Grec alexandrin, l’Asiatique ou le Romain pouvaient attendre l’envoyé ou le fils de Dieu.
Le Franc, dont j’honore le talent, l’a tentée, et je lui ai prédit qu’il échouerait. » — « Cependant, continue Delille en son récit, le fils du grand Racine voulut bien me donner un rendez-vous dans une petite maison où il se mettait en retraite deux fois par semaine, pour offrir à Dieu les larmes qu’il versait sur la mort d’un fils unique… Je me rendis dans cette retraite (du côté du faubourg Saint-Denis) ; je le trouvai dans un cabinet au fond du jardin, seul avec son chien qu’il paraissait aimer extrêmement. […] Piron l’eût écrite s’il eût vécu ; c’est une protestation un peu crue du Dieu des Jardins contre les oripeaux du poète glacé.
Ils me chargèrent tous de répondre que le Saint-Père ne pouvait à aucun prix acquiescer à ce qu’on exigeait de lui, retenu qu’il était par ses devoirs les plus sacrés ; qu’il voyait avec un véritable chagrin le départ de Cacault, la déclaration d’une rupture imméritée et les résultats qui en découleraient ; qu’il remettait sa cause entre les mains de Dieu, et qu’il était prêt à toutes les éventualités que le Ciel lui réservait dans ses décrets. […] Il lui fallait un homme mixte, mêlé de sacerdoce et de monde, aussi capable de ménager la vertu scrupuleuse du pape, sincèrement religieux, que de concéder au pouvoir dominateur et absolu de l’empire et du conquérant ce que Dieu lui-même commande à ses ministres de céder à ceux auxquels il donne l’autorité irrésistible du champ de bataille.
Les moines, qui rédigent la grande Chronique de Saint-Denis, écrivent au lendemain de la funeste bataille de Crécy : « Nous devons croire que Dieu a souffert ceste chose pour les desertes141 de nos peches, jaçoit142 a nous n’aparteigne pas de ce juger. […] Et pour ce ne fut pas merveille si Dieu voulut corriger les exces des François par son fléau, le roi d’Angleterre… » Mais au milieu de la guerre de Cent ans il y a un intervalle de repos : c’est le règne de Charles V, dit le Sage.
Il a un : Nom de Dieu, qui au lieu d’être jeté, d’être sacré debout, est lâché par lui, allongé, à demi couché sur la table, et ce « Nom de Dieu », accentuant la défense de ces saintes femmes, fait un grand effet.
Ainsi fatalement, le spectacle du monde qu’il voyait mal, comme de loin, et qu’il comprenait moins encore, dont l’image confuse se résolvait en lui en violents mouvements de peur et de pitié, devait lui donner le mysticisme désespéré et pitoyable qu’il professe, le renoncement à comprendre et la certitude que tout s’explique et s’apaise en Dieu. […] Elle parut se faire religieuse en ce que tantôt elle loua ce que la morale évangélique a de contraire à l’exacte raison, de follement miséricordieux, de cordial ; tantôt elle fit de Dieu un être vague, bienveillant, diffus dans les splendeurs de la nature, plus père que juge.
Pour nous qui savons, Dieu merci, ce que valent les définitions et les axiomes esthétiques, écartons les mots et regardons au fond les choses. […] Sous le voile du mythe, les mages de la Perse avec leur antinomie d’Ormuzd et d’Ahriman, les philosophes grecs qui, comme Empédocle, admettent le dualisme primordial de l’Amour et de la Haine, les théologiens du christianisme qui opposent le royaume de Dieu au royaume de Satan, — tous aboutissent en somme au même point que les savants modernes avec leur double principe d’évolution et de dissolution : l’un qui tend à ramener les choses à l’homogénéité primitive, l’autre qui s’efforce au contraire vers la différenciation en créant de véritables hiérarchies d’individus de plus en plus dissemblables.
Sully survenant lui cita les Psaumes et lui parla du doigt de Dieu, dont la sagesse convertit souvent notre mal en bien ; il parlait en cela comme sentaient tous les bons Français, que la mort de cette pauvre femme tirait d’une inquiétude grave.
» Acceptant hardiment l’éloge et en tirant sujet de s’humilier : Dieu, dit-il, ne retire plus ses prophètes du milieu des villes, mais il leur ôte, si j’ose parler ainsi, la force et la vertu de leur ministère ; il frappe ces nuées saintes d’aridité et de sécheresse : il vous en suscite qui vous rendent la vérité belle, mais qui ne vous la rendent pas aimable ; qui vous plaisent, mais qui ne vous convertissent pas : il laisse affaiblir dans nos bouches les saintes terreurs de sa doctrine ; il ne tire plus des trésors de sa miséricorde de ces hommes extraordinaires suscités autrefois dans les siècles de nos pères, qui renouvelaient les villes et les royaumes, qui entraînaient les grands et le peuple, qui changeaient les palais des rois en des maisons de pénitence… Et faisant allusion à d’humbles missionnaires qui, durant ce même temps, produisaient plus de fruit dans les campagnes : « Nous discourons, disait-il, et ils convertissent. » J’ai cité, d’après la tradition, quelques-unes des conversions soudaines opérées par l’éloquence de Massillon : pourtant, sans nier les deux ou trois cas que l’on cite, je vois que Massillon croyait peu à ces sortes de conversions par coup de tonnerre, « à ces miracles soudains qui, dans un clin d’œil, changent la face des choses, qui plantent, qui arrachent, qui détruisent, qui édifient du premier coup… Abus, mon cher Auditeur, disait-il ; la conversion est d’ordinaire un miracle lent, tardif, le fruit des soins, des troubles, des frayeurs et des inquiétudes amères ».
Granet, dont c’était le genre, lui dit un jour : « Laissez donc ces tableaux de murailles pour les gens qui ne savent pas faire la figure. » La figure humaine, cette figure d’un être que l’Écriture nous apprend avoir été fait à l’image de Dieu, avec sa grandeur, sa noblesse, sa force, sa grâce, et surtout sa gravité et sa tristesse, c’est en effet le triomphe de Léopold Robert : il s’y est consacré et consumé.
Il semble qu’il veuille épargner ses secrétaires : c’est dommage qu’il n’est greffier du parlement de Paris, car il gagnerait plus que Du Tillet ni tous les autres. » Ayant à entrer quelquefois dans les parlements de Toulouse et de Bordeaux, quand il était lieutenant pour le roi en Guyenne, il n’en revenait pas de voir que tant de jeunes hommes s’amusassent ainsi dans un palais, vu qu’ordinairement le sang bout à la jeunesse : « Je crois, ajoutait-il, que ce n’est que quelque accoutumance ; et le roi ne saurait mieux faire que de chasser ces gens de là, et les accoutumer aux armes. » Mais toutes ces sorties contre ce qui n’est pas gloire des armes et d’homme de guerre n’empêchent pas Montluc de sentir l’importance de ce chétif instrument, la plume : il s’en sert,-sachant bien que ce n’est que par là et moyennant cet auxiliaire qu’il est donné à une mémoire de s’immortaliser, qu’il n’en sera de votre nom dans l’avenir que selon qu’il restera marqué en blanc ou en noir par les historiens ; et son ambition dernière, à lui qui a tant agi, c’est d’être lu : « Plût à Dieu, dit-il, que nous qui portons les armes prissions cette coutume d’écrire ce que nous voyons et faisons !
Dans une maladie que fit Santeul en 1690, celui-ci se recommanda aux prières de M. de Rancé, qui répondait (24 décembre) : Je loue Dieu de la patience qu’il a donnée à M. de Santeul dans un mal aussi douloureux que celui dont il a été attaqué.
Le berger indigné cache à peine le Dieu.
Au nom de Dieu, ayez soin qu’une personne qui ne respire que votre service ne voie point la réputation des armes du roi flétrie en un lieu où, jusqu’à présent, il les a maintenues glorieuses ; car j’aimerais mieux être mort en ma maladie que de voir cela.
Malgré la vie de forçat que je mène, je me porte bien, madame ; Dieu veuille que mon sang ne s’échauffe point trop, et que cela ne fasse point renaître le mal que vous savez qui me faisait tant de peur autrefois !
Il faut qu’ils craignent, ajoute l’honnête d’Ormesson, que recevant si mal une grâce de Dieu, il les en punisse.
Grâce à Dieu, si nous vous enseignons l’Antiquité, ce n’est pas pour vous déporter dans un autre monde et vous dénaturer tout ensemble.
Croit-on mettre la charité à couvert en ajoutant d’un air contenu : « Le secret de ses convictions intimes est resté entre Dieu et lui. » Non, c’était le cas de citer, si l’on voulait être complet, une autre lettre très explicite de Schlegel, qui ne saurait se séparer de la précédente, une lettre fort belle qu’il adressa plus de vingt-cinq ans après (le 13 août 1838) à la duchesse de Broglie qui ne cessait de le presser sur l’article de la foi, et dans laquelle il expose ses variations de sentiments, ses aspirations, sa crise morale et sa solution philosophique, ou, comme il le dit poétiquement, « ses erreurs d’Ulysse et son Ithaque ».
« J’arrivai le premier à Roncevaux, où je trouvai les religieux de l’abbaye qui sortaient de l’église, où ils avaient été remercier Dieu de ce que les Français n’avaient pu passer à Roncevaux ; ils furent donc dans une grande surprise de nous voir.
La liberté est, Dieu merci !
Berryer et Dupin, et contre le système de défense qu’ils avaient adopté dans l’affaire du maréchal Ney, à des invectives tellement violentes, qu’il faut les citer textuellement, parce qu’aucune analyse n’en donnerait une juste idée : « A Dieu ne plaise, disait-il, que nous suivions jamais l’exemple qui nous a été donné dans une affaire récente dont les détails ont longtemps lasse notre patience… Nous avons une plus juste idée des devoirs que nous impose notre ministère, et si jamais ils se trouvaient, en opposition avec nos devoirs et nos sentiments de citoyens, notre choix ne serait pas douteux.
J’ai encore, grâce à Dieu !
C’est alors, dans une de ces heures de satisfaction et de naturel orgueil, qu’il put écrire ces vers qu’il a intitulés spirituellement Fatuité (le propre du poète est d’exprimer au vif chaque sentiment qui le traverse et qui fut vrai, ne fut-ce qu’un moment) : Je suis jeune, la pourpre en mes veines abonde ; Mes cheveux sont de jais et mes regards de feu, Et, sans gravier ni toux, ma poitrine profonde Aspire à pleins poumons l’air du ciel, l’air de Dieu.
Il prend Rodogune, la pièce dont Corneille se faisait le plus d’honneur ; il l’accepte pour le chef-d’œuvre du poète, et l’analysant, la disséquant sans pitié, Dieu sait ce qu’il en pense et ce qu’il en dit !
Jean-Bon fut comme la plupart des hommes de cette époque : son esprit qui était ferme et net, et non supérieur, s’excitant et s’enflammant au foyer du cœur et au souffle de la passion, marcha avec les événements sans les devancer de beaucoup, et il est de ceux qui auraient pu dire en toute vérité avec le moraliste : « Les occasions nous font connaître aux autres, et encore plus à nous-mêmes. » Le 30 avril 1789, à l’occasion de l’Édit de Louis XVI en faveur des Protestants et en vertu duquel il leur était permis de s’avouer tels désormais sans péril et sans crainte, de pratiquer leur culte, de contracter mariage selon les lois et de jouir des avantages et des droits de citoyens, Jean-Bon prononçait à titre et en qualité de pasteur, « devant quelques vrais serviteurs de Dieu et divers citoyens amis de la religion, de la tolérance, de la patrie et de l’humanité », un discours ou sermon où il se montrait pénétré de reconnaissance envers « le bienfaisant monarque », et d’une sensibilité autant que d’une modération qu’il n’a que trop tôt démenties : « Mais peut-on se le dissimuler ?
L’on raconte qu’entrant dans la chambre où étaient sa femme et sa fille, il leur dit pour premier mot à toutes deux : « Mettons-nous à genoux et remercions Dieu. — Ah !
Comme médecin moral, comme directeur et conseiller des âmes, il n’était que le plus humble, le plus doux et le mieux morigéné des mortels : l’humanité, pour se guérir, voulait un Dieu.
Sur la reine Marie-Leckzinska, y revenant à deux reprises et marquant tous les devoirs qu’il faudra que la dauphine remplisse envers elle avec exactitude, il satisfait d’ailleurs et tranquillise l’orgueil saxon en ajoutant que ce n’est que pour la forme et la bienséance : « Car cette princesse, je l’ai déjà dit, ne peut rien et n’a pas assez de génie pour pouvoir quelque chose. » Tous ces succès le mettent, on le conçoit, en belle humeur et en gaieté ; il joue avec le ministre de son frère, le comte de Bruhl, dont il n’avait pas toujours eu à se louer ; il le raille en passant, et faisant allusion aux conditions politiques très peu onéreuses que Louis XV mettait au mariage : « Il ne tient donc plus qu’à vous, écrivait-il, de conclure l’affaire qui est grande, belle et magnifique, et aura des suites encore plus grandes ; mais, pour l’amour de Dieu, concluez et n’apportez ni délais ni difficultés.
« Il m’avait reçu d’abord avec de grandes démonstrations de joie ; mais, lorsque je fus près de le quitter, son visage vénérable se couvrit de larmes ; il me retint par mon habit, et prenant ce ton de dignité qui sied si bien à la vieillesse, s’apercevant, malgré sa cécité, de ma grande émotion, il me dit : « Attendez » ; puis il se mit à genoux, pria Dieu, et, m’imposant ses mains sur la tète, il me donna sa bénédiction. » Ce vieux soldat, Jacques Des Sauts, comme on l’appelait (probablement parce qu’il habitait près de la chute de l’Oyapock), est-il réellement l’original qui a suggéré l’idée de Chactas, également aveugle, également contemporain du siècle de Louis xiv, et qui se souvenait toujours de Fénelon, « dont il avait été l’hôte ?
Clergyman et ecclésiastique, God et Dieu, Liebe et amour, brio et brillant, girl et jeune fille, ne signifient pas la même chose, quoiqu’on les traduise l’un par l’autre.
Dieu me garde de penser qu’elle saisisse les chefs-d’œuvre des grands écrivains surtout par leurs parties inférieures et caduques, et qu’elle n’en sente pas la vraie grandeur et la grâce intime !
Ces femmes, pourtant, sont « philosophes » : elles se passent de Dieu avec sérénité.
Il poursuivit sa chimère théocratique, et immola avec sérénité comme ennemis de Dieu et de la vertu tous les hommes qui faisaient ombrage à sa vanité, échec à son ambition.
Dieu est pour lui « la catégorie de l’idéal » ; et la religion, c’est « la beauté dans l’ordre moral ».
A vingt-sept ans, Pierre Loti, qui a rêvé sur tous les océans et visité tous les lieux de joie de l’univers, écrit tranquillement, entre autres jolies choses, à son ami William Brown : … Croyez-moi, mon pauvre ami, le temps et la débauche sont deux grands remèdes… Il n’y a pas de Dieu ; il n’y a pas de morale ; rien n’existe de tout ce qu’on nous a enseigné à respecter ; il y a une vie qui passe, à laquelle il est logique de demander le plus de jouissances possible en attendant l’épouvante finale qui est la mort… Je vais vous ouvrir mon cœur, vous faire ma profession de foi : j’ai pour règle de conduite de faire toujours ce qui me plaît, en dépit de toute moralité, de toute convention sociale.
Parfois un homme renonce à la vie plutôt que de laisser périr d’autres hommes, ou plutôt que de ne pas obéir à des commandements moraux ou religieux que la société lui a inculqués, et qui représentent, en lui et pour lui, soit les désirs d’autrui, soit la société, soit la volonté de Dieu, ou quelque rêve d’idéal, quelque obscure loi d’un monde meilleur vaguement entrevu.
Pierre Laffitte délibère : « Il faut s’habituer à regarder la croyance en Dieu comme incompatible avec toute fonction publique. » On proclame dans les réunions publiques : « Aucune entité ne doit trouver grâce devant la froide critique — aucune — même pas la Patrie !
Il n’y a qu’à prier Dieu pour un tel homme, et à souhaiter de n’avoir point de commerce avec lui. » On peut s’étonner de voir le beau feu de Benserade placé si près des charmes de La Fontaine.
Prise d’une nausée amère, à la vue de ces princes du sang, de ces grands seigneurs avilis par l’ivresse et par la luxure, elle s’écria que les princes et les laquais « avaient été faits de la même pâte, que Dieu avait, dans la création, séparée de celle dont il avait tiré tous les autres hommes. » Il va donc aller à ce rendez-vous où l’attend la mort ; la princesse n’a qu’à le laisser partir pour être vengée.
C’est une juste rétribution de Dieu, qui le punit de toutes les méchantes plaisanteries qu’il a faites sur la maladie de M. de Chaulieu (le frère de l’abbé)… Et on nous donne le détail de ces plaisanteries, qui sont des plus crues.
» — Et tout de suite avec impétuosité : « Dieu merci !
Grâce à Dieu, nous n’écrivons point sa vie ; ce serait une tâche trop délicate, trop périlleuse.
Le vieux poète a célébré le charme de ces petites réunions dans une épître à Droz, qu’il a représenté dans son intérieur modeste : Goûtez votre bonheur, Couple aimable et sensible ; Dieu rassembla pour vous, sous votre toit paisible, Des trésors de raison, et de grâce et d’esprit ; L’art de se rendre heureux dans vos mœurs fut écrit.
Le père Bouhours, l’un de ses admirateurs et de ses disciples, et qui l’assista dans ses derniers moments, a dit : Les malheurs d’autrui le touchaient plus que les siens propres, et sa charité envers les pauvres, qu’il ne pouvait voir sans les soulager, lors même qu’il n’était pas trop en état de le faire, lui a peut-être obtenu du ciel la grâce d’une longue maladie, pendant laquelle il s’est tourné tout à fait vers Dieu ; car, après avoir vécu en honnête homme et un peu en philosophe, il est mort en bon chrétien dans la participation des sacrements de l’Église et avec les sentiments d’une sincère pénitence.
Mais une telle scène, avec les mots sacramentels qu’y prononça Voltaire : Dieu et liberté !
Ils savent bien, eux, que Dieu existe.
La liberté est, avec la patrie, le devoir, l’âme, Dieu, l’une des premières inspirations de la pensée, du sentiment et de l’éloquence.
Au XVIe siècle, un humaniste est un homme que le problème religieux, ou plus exactement ce qu’il y a de problèmes dans le sentiment religieux et dans la croyance, ne torture pas ; au XVIIe siècle, « le partisan des anciens » est un homme que la gloire de Louis le Grand, encore qu’elle le touche, n’éblouit point et n’hypnotise pas ; au XVIIIe siècle, l’homme de goût (très rare) est celui qui n’est pas très persuadé que l’univers vient pour la première fois d’ouvrir les yeux à la raison éternelle et que le monde date d’hier, d’aujourd’hui ou plutôt de demain ; au XIXe siècle, le classique, vraiment digne de ce nom, est celui qui n’est pas comme subjugué par les Hugo et les Lamartine et qui s’aperçoit, de tout ce qu’il y a, Dieu merci, de classique dans Hugo, Lamartine et Musset, et qui garde assez de liberté d’esprit pour lire Homère pour Homère lui-même et non pas en tant qu’homme qui annonce Hugo et qui semble quelquefois être son disciple.
Imprégnez-vous de ces quelques lignes de l’esthéticien, prises au hasard : « Ces caractères de Beauté que Dieu a mis dans notre nature d’aimer, il les a imprimés sur les formes qui, dans le monde de chaque jour, sont les plus familières aux yeux des hommes….
Le lyrisme est avant tout la jeunesse exubérante du sentiment, un débordement de forces sans but précis, un élan de foi ; ses objets principaux : Dieu, l’amour, la nature.
Vous êtes prompt en besogne ; au besoin, vous pourriez répondre à ces bonnes gens qui arrêtent un homme sur le trottoir, le priant de leur expliquer, au pied levé, ce qu’il pense de Dieu, du monde, de l’âme et du reste.
Il avait subi l’influence, alors très vive, de ce Danois, Gruntvig, chrétien joyeux, ami du peuple, de la nature, de la Scandinavie et d’un Dieu un peu vague. […] Sa vie fut désolante, jusqu’à ce qu’elle désirât d’en être délivrée ; seulement, « elle n’osait pas demander à Dieu de mourir ». […] Tendresse et admiration, tutélaire douceur et dévote humilité en présence de cet enfant qui est Dieu, le geste de la Vierge indique tout cela. […] Ecce homo : celui-ci, que sa mère vous montre, sera l’homme extraordinaire, il est le Dieu ! […] Peut-être n’en est-il pas de même pour Dieu et pour les intelligences qui sont admises à lui faire compagnie : je me demande ce que vaut l’unité, à l’état de nous mène.
Le crime succéda au crime, la honte à la honte, jusqu’à ce que la race maudite de Dieu et des hommes fût une seconde fois chassée pour errer sur la face de la terre, pour servir de proverbe aux peuples et pour être montrée au doigt par les nations1368. […] Vous savez ce mot d’un directeur de revue à qui Pierre Leroux proposait un article sur Dieu. « Dieu !
Et donc chaque jour que Dieu fait, il la roue de coups, pour qu’elle passe à pleurer le temps qu’il va passer aux champs. […] « Comme Dieu, dit-il à ce propos, dans un admirable élan de gratitude, n’a pas rendu de famille plus heureuse, qu’il fasse aussi qu’il n’en trouve pas de plus reconnaissante ! […] « Dieu lui inspira une infinité de pensées admirables sur les miracles, qui, lui donnant de nouvelles lumières sur la religion, lui redoublèrent l’amour et le respect qu’il avait toujours pour elle. […] Si jamais il n’est plus jeune et qu’il cesse d’être amoureux, ce ne sera plus la même chose. » Elle dira plus tard, au lendemain d’Esther, que « Racine aime Dieu comme il a aimé ses maîtresses ». […] Je suis comme saint Pacôme, qui, récitant ses matines sur sa chaise percée, disait au diable : Mon ami, ce qui va en haut est pour Dieu, ce qui tombe en bas est pour vous.
L’éternité ne dresse point devant eux sa pyramide de milliards de siècles comme une monstrueuse montagne auprès de laquelle notre petite vie est une taupinée, un pli de sable ; ils ne se préoccupent pas, comme d’autres, Indiens, Egyptiens, Sémites, Germains, du cercle sans cesse renaissant des métempsycoses, ni du sommeil éternel et silencieux du tombeau, ni de l’abîme sans forme et sans fond d’où les créatures sortent comme des vapeurs éphémères, ni du Dieu unique, absorbant et terrible, en qui se concentrent toutes les forces de la nature et pour qui le ciel et la terre ne sont qu’une tente et un marchepied, ni de cette puissance auguste, mystérieuse, invisible, que la vénération du cœur découvre à travers et au-delà des choses 19. […] L’universel leur échappe ou du moins ne les touche qu’à demi ; ils n’en font pas un Dieu, encore bien moins une personne ; il reste à l’arrière-plan dans leur religion, c’est la Moira, l’Aisa, l’Eimarméné, en d’autres termes la part faite à chacun. Elle est fixe ; nul être, homme ou Dieu, ne peut se soustraire aux événements compris dans son lot ; au fond, c’est là une vérité abstraite ; si les Moires d’Homère sont déesses, ce n’est guère que par fiction ; sous le mot poétique, comme sous une eau transparente, on voit apparaître l’enchaînement indissoluble des faits et les démarcations indestructibles des choses. […] Par la pénitence, le renoncement, la méditation, développons en nous l’homme spirituel, et que notre vie soit une attente passionnée de la délivrance, un abandon continu de notre volonté, un soupir incessant vers Dieu, une pensée d’amour sublime, parfois récompensée par l’extase et la vision de l’au-delà.
*** Un écrivain, jadis chef d’une école de philosophie, avait porté au directeur d’un grand journal un article intitulé Dieu. […] — Grand Dieu ! […] grand Dieu ! […] Pour unique mise de fonds, il apporte l’aplomb, qui est l’audace des sots, et la mémoire, qui est la science des ignorants ; non pas, grand Dieu ! […] Dieu merci j’ai assez fait mousser votre pièce.
À Dieu ne plaise que je conseille jamais à personne de versifier la discussion des questions sociales ! […] Quant à l’existence de Dieu, s’il est arrivé à quelques philosophes sensualistes de la France de la nier, cette négation, dans leur bouche, n’a jamais eu le caractère scientifique et impérieux de la négation exprimée sur le même sujet par la philosophie critique de l’Allemagne, par Emmanuel Kant. […] Et pourtant personne n’a jamais nié Dieu avec plus d’assurance que le professeur de Königsbergn. Si plus tard, dans sa Raison pratique, il a proclamé Dieu, qu’il avait nié dans sa Raison pure, il ne faut pas oublier que son affirmation, dans le système de la philosophie critique est loin d’avoir la même autorité que sa négation. […] Vitet est à Shakespeare ce que Georges Cuvier est à Dieu.
Ma seule espérance est, monseigneur, que Dieu vous ayant rendu votre santé, vous ne me défendrez pas aujourd’hui de prendre part à la réjouissance publique, et que, pendant cette satisfaction universelle des gens de bien, vous ne voudrez pas que je sois le seul qui demeure dans une tristesse mortelle… Bref, Mézeray voulait garder sa pension.
J’ai été très libertin par force de tempérament, et je n’ai commencé à m’occuper sérieusement des lettres que rassasié de libertinage, à peu près comme ces femmes qui donnent à Dieu ce que le diable ne veut plus.
Dans ses Lettres à madame sa mère il ne sait que badiner avec les choses et être irrévérent le plus qu’il peut avec les œuvres de Dieu : « C’est une belle chose que le lac de Genève.
À son point de vue religieux, on l’a remarqué, un petit détail lui semble, en effet, aussi important qu’un grand objet : tous s’égalisent par rapport à Dieu qui brille et se révèle aussi merveilleusement dans les uns que dans les autres.
Grâce à Dieu, l’alternative ne s’est jamais posée dans des termes si impérieux, si pressants ; et ce sera l’honneur du gouvernement actuel et de son impartiale sagesse49, c’est en particulier le service éminent qu’aura rendu M. le ministre de l’Instruction publique, d’avoir arrêté à temps le choc, d’avoir amené la conciliation avant que le duel s’envenimât.
Nous connaissons ce sang illustre en qui toutes les grandeurs de la terre se trouvent assemblées, et qui tient par tant d’endroits à tant de maisons souveraines ; nous vous voyons revêtu du titre auguste qu’un de nos rois a dit être le plus glorieux qu’on pût donner à un fils de France (le titre de pair) ; nous respectons en vous le sacré caractère que le fils de Dieu a laissé dans son Église comme le plus grand de ses bienfaits ; et cependant, monsieur, ce n’est pas à toutes ces qualités éclatantes que vous devez les suffrages de notre compagnie ; c’est à un esprit plus noble encore que votre sang, plus élevé que votre rang.
Au nom de Dieu, ne laissez rien transpirer de tout ceci, ni dans vos lettres ni dans vos conversations avec la grand-maman : elle s’affligerait si elle pouvait soupçonner que je regrette encore quelque chose.
Quant à l’air, il remerciait Dieu de l’avoir trouvé si doux, car il inclinait plutôt sur trop de chaud que de froid, et en tout ce voyage, jusques lors, n’avions eu que trois jours de froid et de pluie environ une heure ; mais que du demeurant, s’il avait à promener sa fille, qui n’a que huit ans, il l’aimerait autant en ce chemin qu’en une allée de son jardin ; et quant aux logis, il ne vit jamais contrée où ils fussent si dru semés et si beaux, ayant toujours logé dans belles villes bien fournies de vivres, devin, et à meilleure raison qu’ailleurs. » Montaigne, à la veille de quitter l’Allemagne et le Tyrol autrichien, écrit une lettre à François Hotman, ce célèbre jurisconsulte qu’il avait rencontré à Bâle, pour lui exprimer sa satisfaction de tout ce qu’il a vu dans le pays et le regret qu’il avait d’en partir si tôt, quoique ce fût en Italie qu’il allât ; ajoutant qu’excepté quelques exactions à peu près inévitables des hôteliers guides et truchements, « tout le demeurant lui semblait plein de commodité et de courtoisie, et surtout de justice et de sûreté. » Cette première partie de son voyage, dont il se montrait si enchanté, n’avait fait que le mettre en goût et en appétit de découverte.
Mizraïm guérit les blessures, et Pharaon est vendu pour fabriquer du baume… Le plus grand nombre doit se contenter d’être comme s’il n’avait pas été et de subsister dans le livre de Dieu, non dans la mémoire des hommes.
Taine nous entretenait l’autre jour27, — occupés, dis-je, à rechercher uniquement et scrupuleusement la vérité dans de vieux livres, dans des textes ingrats ou par des expériences difficiles ; des hommes qui voués à la culture de leur entendement, se sevrant de toute autre passion, attentifs aux lois générales du monde et de l’univers, et puisque dans cet univers la nature est vivante aussi bien que l’histoire, attentifs nécessairement dès lors à écouter et à étudier dans les parties par où elle se manifeste à eux la pensée et l’âme du monde ; des hommes qui sont stoïciens par le cœur, qui cherchent à pratiquer le bien, à faire et à penser le mieux et le plus exactement qu’ils peuvent, même sans l’attrait futur d’une récompense individuelle, mais qui se trouvent satisfaits et contents de se sentir en règle avec eux-mêmes, en accord et en harmonie avec l’ordre général, comme l’a si bien exprimé le divin Marc-Aurèle en son temps et comme le sentait Spinosa aussi ; — ces hommes-là, je vous le demande (et en dehors de tout symbole particulier, de toute profession de foi philosophique), convient-il donc de les flétrir au préalable d’une appellation odieuse, de les écarter à ce titre, ou du moins de ne les tolérer que comme on tolère et l’on amnistie par grâce des errants et des coupables reconnus ; n’ont-ils pas enfin gagné chez nous leur place et leur coin au soleil ; n’ont-ils pas droit, ô généreux Éclectiques que je me plais à comparer avec eux, vous dont tout le monde sait le parfait désintéressement moral habituel et la perpétuelle grandeur d’âme sous l’œil de Dieu, d’être traités au moins sur le même pied que vous et honorés à l’égal des vôtres pour la pureté de leur doctrine, pour la droiture de leurs intentions et l’innocence de leur vie ?
Nous faisons travailler le docteur, Dieu sait !
Il leur semblait, à première vue, aussi absurde de dire qu’il y a une Iliade sans un Homère que si l’on disait qu’il y a un monde sans un Créateur et sans un Dieu.
ajouta-t-il ; puis en se remettant tout d’un coup, il reprit : “Allez, mon fils, laissez-moi, je deviendrai ce qu’il plaira à Dieu ; remontez à cheval ; je vous le commande, le temps presse ; allez faire votre devoir ; et je ne désire plus de vie qu’autant qu’il m’en faudra pour apprendre que vous vous en serez bien acquitté.”
Ils ont une philosophie, une vue de la vie et de la mort, une idée de Dieu.
., sont permises en des choses plus graves, sinon plus sérieuses, par exemple en épigraphie — cet âge de pierre — de l’archéologie, — et Dieu sait si l’on y abuse de la faculté de voir, par la raison qu’on ne saurait voir mieux !
C’est d’abord à propos de l’amour, de l’amitié, que ce goût s’exerce : puis la philosophie inonde les esprits ; à la place de l’amour de Dieu, elle met l’amour de l’humanité ; à la place de la nature corrompue, elle offre la nature toute bonne.
Aussi regarde-les, ceux qui ont passé par ses mains, à part quelques révoltés comme Herscher qui, dans sa haine du convenu, tombe à l’excessif et à l’ignoble, comme moi qui dois à cette vieille bête mon goût du contourné, de l’exaspéré, ma sculpture en sacs de noix, comme ils disent… tous les autres, abrutis, rasés, vidés… » Bien candide, ce bon Védrine… J’ai eu l’honneur d’être professeur de rhétorique, ce qui est un métier fort amusant ; et je jure devant Dieu que je n’ai jamais étouffé le génie et que je n’ai jamais vu personne l’étouffer autour de moi… Tous les autres personnages sont, à des degrés divers, vivants et vrais ; mais quelques-uns avec un peu d’inattendu et comme des trous, des solutions de continuité dans leur psychologie, Voici l’historien Astier-Réhu, Oh !
Mais il a toujours des prétentions littéraires et même, Dieu me pardonne !
Dieu merci !
Les premiers chapitres du premier volume ne sont pas ceux qui me plaisent le plus ; ils traitent de Dieu, de la création, de l’éternité, et de bien d’autres choses.
Je ne saurais dire combien me paraît intéressant tout ce chapitre par le jour qu’il jette sur le procédé politique de Napoléon, sur le point fixe de sa croyance supérieure (croyance en Dieu), sur son indifférence profonde pour les articles secondaires et sur l’importance extrême qu’il affectait pourtant d’y attacher, en un mot, sur la règle de conduite qu’il regardait évidemment comme la seule loi des chefs d’empire, puisqu’il nous l’expose en termes si nets et si peu voilés.
Il lui est habituel de dire : « Il était trop tôt… il était trop tard… Dieu commençait seulement à exercer ses justices et à donner ses leçons (p. 31). » Qu’en savez vous ?
je vais chercher bien loin une femme que je ne connais pas, qu’on dit riche, qui est fière sans doute, qui croira me faire grand honneur en m’épousant avec mes trois enfants ; et voilà que j’ai tout près de moi une enfant simple, pauvre, mais riche des dons de Dieu, des qualités et des vertus naturelles, et qui serait un trésor dans ma maison et dans mon cœur. » Il faut que Germain, insensiblement, et avant la fin de ce court voyage, devienne amoureux de cette petite Marie qu’il n’avait jamais considérée jusque-là que comme une enfant.
Grâce à Dieu, m’estimant à ma juste valeur, je n’ai jamais prétendu à l’empire… Ce talent supérieur, c’est Mme de Staël qui se trouve traduite ici comme coupable (le croirait-on ?)
Tel est aussi celui de René, celui d’Atala mourante, quand elle s’écrie, parlant à Chactas : « Tantôt j’aurais voulu être avec toi la seule créature vivante sur la terre ; tantôt, sentant une Divinité qui m’arrêtait dans mes horribles transports, j’aurais désiré que cette Divinité se fût anéantie, pourvu que, serrée dans tes bras, j’eusse roulé d’abîme en abîme avec les débris de Dieu et du monde !
Dieu ne fit la sagesse Pour les cerveaux qui hantent les neuf Sœurs ; Trop bien ont-ils quelque art qui vous peut plaire, Quelque jargon plein d’assez de douceurs, Mais d’être sûrs ce n’est là leur affaire.
Il avait terminé l’un des livres de ses Fables par ces vers, qui pourraient être plus forts d’expression, mais qui sont pleins de sentiment et de philosophie, et qu’il a intitulés Le Voyage : Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir, en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain, où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite, Arriver haletant, se coucher, s’endormir, On appelle cela naître, vivre et mourir : La volonté de Dieu soit faite !
Il en donne une première raison : c’est que d’Aguesseau est parlementaire avec excès, avec superstition, qu’il a été élevé, comme le disait également de lui le cardinal de Fleury, dans la crainte de Dieu et des parlements.
Il ne saurait y avoir au-dessus d’un tel chapitre, à titre de consolation dans les calamités publiques, qu’un chapitre de quelque autre livre non plus humain, mais véritablement divin, d’un livre qui ferait sentir la main de Dieu partout, et non point par manière d’acquit comme le fait Montaigne, mais la main réellement présente et vivante.
Dans une prière ou Élévation à Dieu, on l’entend s’écrier : « À qui aviez-vous fait plus de bien qu’à moi, ô mon Dieu ?
Avant lui les élections académiques se faisaient comme à l’amiable, à haute voix, et sans qu’on allât au scrutin : Peu de temps après ma réception, je dis qu’il me semblait que Dieu avait bien assisté l’Académie dans le choix de ceux qu’elle avait reçus jusqu’alors, vu la manière dont elle les nommait, mais que ce serait le tenter que de vouloir continuer à en user de la sorte ; que ma pensée était qu’il faudrait dorénavant élire par scrutin et par billets, afin que chacun fût dans une pleine liberté de nommer qui il lui plairait.
Peut-être il s’est agenouillé pour prier Dieu, car il y croyait ; il disait que la création serait une absurdité sans la vie future.
Au fond, il a pour dieux Plutus et le Dieu des jardins, ce dernier tenant une très grande place jusqu’au dernier jour.
Pour être utile, il faut être agréable, et j’ose espérer que le tribut que je devais à Dieu et aux hommes plaira à mon siècle. » Et en effet, les Études de la nature, qui furent publiées en décembre 1784, étaient faites exprès pour le siècle même et pour l’heure où elles parurent, pour cette époque brillante et paisible de Louis XVI, après la guerre d’Amérique, avant l’Assemblée des notables, quand une société molle et corrompue rêvait tous les perfectionnements et tous les rajeunissements faciles, sans vouloir renoncer à aucune de ses douceurs.
Il y a dans la littérature le domaine de l’imagination, les talents poétiques proprement dits, qui ont en eux un don de création et de génie ; ceux-là ne se suscitent point à volonté : Dieu et la nature y pourvoient ; il faut les laisser naître.
On causa, on parla de la philosophie de la forme des objets, et on parla de Dieu, auquel ils ne croient pas, ne croyant guère qu’aux esprits, à des manifestations des âmes des trépassés.
Mais, pour Dieu !
Mais l’innocente joie et la franche gaîté ont bien aussi leurs charmes ; et l’expression du bonheur est peut-être un hymne aussi respectueux pour le Dieu de qui nous tenons la vie, que ces éternelles lamentations qui semblent la lui reprocher comme un don funeste.
Qui se doutait qu’elle pût monter à une hauteur où jamais on ne l’avait vue, et d’où, grâce à Dieu !
L’Empire romain seul s’étendait sur tous. » Et l’évêque de Césarée fait remarquer que par là l’Empire romain préparait le monde à l’idée de l’unité de Dieu ; — il le préparait du même coup, ajouterons-nous, à l’idée de l’égalité des hommes.
Plotin prétendait avoir vu Dieu quatre fois.
Il finit par exhorter tous les seigneurs de la cour qui étaient présents, à ne jamais prendre les armes que par l’ordre et pour le service de leur maître, s’ils voulaient, comme Du Guesclin, remplir les devoirs de la chevalerie, et mériter à la fois l’approbation de Dieu et l’estime des hommes.
Ce principe, ce ne fut ni la volonté créatrice, ni la dictature d’un homme : ce fut la rencontre heureuse de l’état moral des Romains avec l’intérêt de leur chef, cette trêve de Dieu sur le monde qui permit à la nation conquérante, toute pleine encore de jeunesse et de génie, et aux nations assujetties qu’elle éleva bientôt jusqu’à elle, de se reposer dans une paix active de quarante années, embellie par la richesse et les arts.
L’art, comme le royaume de Dieu, n’est pas de ce monde. […] Dieu me garde de condamner un art si humain ! […] Immortalité de l’âme, vie future, notion de Dieu, espoirs d’infini, tout a-t-il donc sombré dans ces longs voyages en mer. […] Elle avait pris seulement l’expression fixe de ses maux… Pourquoi Dieu avait-il créé un être uniquement pour souffrir ? […] Il existe encore, Dieu merci !
Grand Dieu ! […] Je ne tutoie pas Dieu. […] Mais, pour l’amour de Dieu ! […] — Enfin, je m’ennuie. — Mais Dieu, Monsieur ! Vous osez dire que Dieu vous ennuie !
Leopardi, qui ne croyait plus à Dieu, se mit à croire d’autant plus tendrement et pieusement à l’amitié dans tous ses sacrifices et ses délicatesses. […] Il met le stelle, les étoiles, et non le Ciel, dans le sens vulgaire où on l’emploie comme synonyme de Dieu.
Ils font la loi des nations entre elles tant qu’un grand criminel d’État ne vient pas les déchirer à la face de Dieu et des hommes. […] Ils sont trois qui ont prêté leur déplorable complaisance à l’attentat : qu’ils en portent le poids devant Dieu et devant les hommes !
Et ce chant, sans effusions féminines, sans câlines prières s’efforçant d’obtenir par les hasardeuses singeries de la grâce moderne le rendez-vous réservé d’un Dieu, se développe avec cette certitude de pardon et cette conviction de rachat qui s’imposèrent aux humbles et suggestives âmes du Moyen-âge. […] Au loin, plane le cantique intercédant, le cantique augural et fidèle des pèlerins, détergeant les dernières plaies de l’âme épuisée par la diabolique lutte ; — et, dans une apothéose de clarté, dans une gloire de Rédemption, la Matière et l’Esprit s’enlacent, le Mal et le Bien se lient, la Luxure et la Pureté se nouent avec les deux motifs qui serpentent, mêlant les baisers épuisants et rapides des violons, les éblouissantes et douloureuses caresses des cordes énervées et tendues, au chœur auguste et calme qui s’épand, à la mélodie médiatrice, au cantique de l’âme maintenant agenouillée, célébrant la définitive submersion, l’inébranlable stabilité dans le sein d’un Dieu.
Le Fils de Dieu ? […] La doctrine de Jésus, dit Tolstoï, a un seul but : donner à l’homme le royaume de Dieu, c’est-à-dire le bonheur et la paix (p. 110).
Qu’on se figure en Dieu une intuition de l’éternel, c’est là une représentation tout hypothétique et, à vrai dire, dont nous n’avons aucune représentation ; mais enfin, étant admis un Être éternel, on peut lui supposer l’intuition de l’éternité. […] Nous ne comprenons pas comment, après avoir lui-même si bien démontré qu’on ne peut avoir l’intuition pure de Dieu, de la cause suprême, de la substance suprême, etc., et que « la sensibilité seule fournit des intuitions », il nous accorde une intuition pure du temps, qui ne serait autre que la vision de Saturne en personne.
Je vis cette ombre s’étendre au loin autour de moi et marquer partout mon néant 49 … Ici un découragement moral s’empara de lui et le fit peu à peu déchoir de cette hauteur vertueuse où il n’est pas donné à la jeunesse stoïque de se maintenir : Il n’y a qu’un principe de vices pour un homme bien né et à qui la raison a parlé, disait-il à ceux de sa famille avec qui il s’épanchait, c’est l’ennui, le dégoût des circonstances auxquelles il est soumis, c’est le néant du cœur ; au nom de Dieu, ne me laissez pas plus longtemps exposé à cet état.
Dieu ne peut pas faire que ce qui est n’ait pas été.
Pour moi, j’aimerais encore mieux être dévot que philosophe, mais je m’en tiens à croire en Dieu, etc. » Quelques années après il lui écrivait, et toujours de sa façon la moins bourrue (juillet 1764) : Je reconnais avec joie toutes vos anciennes bontés pour moi dans les vœux que vous daignez faire pour ma conversion.
Dieu !
La justesse de mes systèmes se ferait, s’il plaisait à Dieu, goûter de tels esprits ; et, si leur persuasion n’y concourait pas d’abord, je l’y réduirais bien par plusieurs voies, sans les dégoûter pour cela, ni les contraindre à quitter ; car on prend mieux les gens d’honneur par leurs bons faibles que les vilains par leurs vices multipliés et inextricables.
Grâce à Dieu, cette moralité de convention est chaque jour démentie dans la réalité et dans la pratique : les filles de femmes célèbres et même trop célèbres, de celles qui ont été le plus bruyamment admirées ou critiquées, ont chance, si elles sont belles et pleines de mérite, de devenir, selon les rangs et les fortunes, ou femmes d’avocats distingués, ou marquises et même duchesses.
Je me rappelle que dès les premiers jours que j’eus l’honneur d’être admis auprès de lui, si je me trouvais assis et que le prince de Conti, en se promenant de long en large dans la chambre, s’approchât pour me parler, je me levais sur-le-champ pour l’écouter, et il me faisait signe de me rasseoir ; enfin, à la quatrième fois, fatigué de voir que je ne saisissais pas assez son humeur, il me dit d’un air à moitié fâché : « Mais, mon « Dieu !
grand Dieu !
. — « C’est Dieu !
Priant Dieu, Monsieur de Montaigne, qu’il vous ait en sa sainte garde. » Montaigne s’honora fort, et avec raison, de cette charge de maire ; il y fut réélu après deux années, en 1583.
Dieu est grand !
Dieu eût dû mettre la jeunesse à la fin de notre vie » ; lorsqu’il parle ainsi et qu’il raisonne à la manière de Garo chez La Fontaine, je l’arrête, je ne reconnais plus là son bon sens, et je lui oppose ce qu’a dit un autre moraliste dans une pensée toute contraire : « Force nous est bien de vieillir ; justice est que nous vieillissions.
Dieu !
Leur entretien coûtait au roi un million par an, et Dieu sait comment ils étaient entretenus !
Le dédale des coeurs dans ses détours n’enserre Rien qui ne soit d’abord éclairé par les dieux… Un païen qui sentait quelque peu le fagot, Et qui croyait en Dieu, pour user de ce mot.
Il ne soufflait mot des Juifs, et le peuple de Dieu avec ses lois révélées tenait moins de place dans son ouvrage que les sauvages de l’Amérique ou de l’Océanie.
C’est le fantôme évoqué par Victor Hugo dans ce vague et magnifique poème, Magnitudo parvi : Dieu cache un homme sous les chênes Et le sacre en d’austères lieux Avec le silence des plaines, L’ombre des monts, l’azur des cieux… Le pâtre songe, solitaire, Pauvre et nu, mangeant son pain bis ; Il ne connaît rien de la terre Que ce que broute la brebis.
J’ai peur qu’on n’en soit trop sûr, et, comme la mystique dont parle Joinville, je voudrais par moments brûler le paradis par amour de Dieu.
Ceux qui considèrent comme légitime d’arguer des phénomènes aux noumènes, peuvent à bon droit soutenir que l’hypothèse de la nébuleuse implique une cause première aussi supérieure au Dieu mécanique de Paley, que celui-ci l’est au fétiche du sauvage132. » III Appliquée aux phénomènes sociaux et politiques, l’idée d’évolution a pour résultat de faire ressortir l’analogie d’une société avec le corps organisé.
plût à Dieu qu’il n’y eut qu’à solliciter sa grâce !
Ce n’est pas un reproche que je fais (Dieu m’en garde !)
Il n’avait pas été long à sentir ce qui manquait à cet enfant qu’il voulait former, et dont il avait fait l’occupation et le but de sa vie : En scrutant à fond votre personne, lui disait-il, je n’ai, Dieu merci, découvert jusqu’ici aucun vice du cœur ni aucune faiblesse de la tête ; mais j’ai découvert de la paresse, de l’inattention et de l’indifférence, défauts qui ne sont pardonnables que dans les personnes âgées, qui, sur le déclin de leur vie, quand la santé et la vivacité tombent, ont une espèce de droit à cette sorte de tranquillité.
Bersot, en discutant philosophiquement les doctrines antireligieuses de Diderot, s’est attaché à démontrer que le philosophe était moins éloigné d’une certaine conception élevée de Dieu qu’il ne le croyait lui-même.
Il suppose avec tranquillité des choses extraordinaires et qui pourront bien arriver un jour : Nous serons un jour des anciens nous-mêmes, remarque-t-il, et il faut espérer qu’en vertu de la même superstition que nous avons à l’égard des autres, on nous admirera avec excès dans les siècles à venir : « Dieu sait avec quel mépris on traitera en comparaison de nous les beaux esprits de ce temps-là, qui pourront bien être des Américains. » C’est ainsi que Fontenelle, l’esprit le plus dégagé de soi-même, de toutes ces préventions qui tiennent aux temps et aux lieux, se propose des perspectives, des changements à vue dans l’avenir, et s’amuse à les considérer avec des yeux indifférents.
Comme il faut pourtant toujours un motif plus ou moins, prochain et une récompense, à défaut de la postérité les deux amis se donnent des louanges et des compliments d’une lettre à l’autre : Plût à Dieu que vous pussiez penser de moi ce que vous dites !
Dieu veuille qu’il n’en soit pas puni par ceux mêmes qui l’ont égaré !
Mais un moment de réflexion fait apercevoir que, si dans ce cas le nombre des Templiers ajoute à l’idée qu’on peut prendre de leur croyance et de leur foi, puisque sur ce grand nombre pas un seul ne fut infidèle à son Dieu, ce même chiffre diminue beaucoup de l’idée de leur bravoure, puisqu’il ne les a pas empêchés de se rendre.
Combattant, ainsi que nous avons vu faire aux Portalis et aux Rivarol, avec moins de vigueur qu’eux, mais dans le même sens, les philosophes et les sophistes qui avaient décomposé le cœur humain comme le corps social et voulu disséquer toutes choses, il disait : « La société doit avoir son côté mystérieux comme la religion, et j’ai toujours pensé qu’il fallait quelquefois croire aux lois de la patrie comme on croit aux préceptes de Dieu. » Il remarquait que « dans le cours ordinaire de la vie, et même sur la scène politique, il est des choses qu’on fait mieux lorsqu’on ne songe point à la cause qui nous fait agir : l’homme est souvent porté à la vertu et à l’héroïsme par un mouvement irréfléchi
Tous deux croient à un conseil souverain dans les choses humaines ; mais Bossuet met ce conseil en Dieu et dans la Providence, qui a son secret et son but : Montesquieu le met ailleurs : Ce n’est pas, dit-il, la fortune qui domine le monde ; on peut le demander aux Romains, qui eurent une suite continuelle de prospérités quand ils se gouvernèrent sur un certain plan, et une suite non interrompue de revers lorsqu’ils se conduisirent sur un autre.
Sur ce, je prie Dieu qu’il vous rétablisse encore une fois, et vous ait en sa sainte et digne garde.
Descartes se contente de répondre : « Encore que ma connaissance s’augmentât de plus en plus, je ne laisse pas de concevoir qu’elle ne saurait être actuellement infinie : or je conçois Dieu actuellement infini. » — Mais il ne suffit pas de remarquer ainsi qu’un être qui passe de la puissance à l’acte et qui se perfectionne n’est pas et ne sera jamais l’infinie perfection : c’est là chose entendue.
Dans d’autres récits au contraire c’est Dieu qui intervient sous divers noms (Allah, Outênou, Ouinndé etc.) soit directement, soit par l’entremise de ses serviteurs.
Dieu, elle l’a connu dans l’église des Pamplemousses, une petite église toute modeste et toute chétive, et dans l’immensité de l’indescriptible azur tropical, et dans la musique immortelle des forêts et des torrents.
… « Dieu du sombre Adès, dieu conducteur, renvoie à la lumière Darius !
La métaphysique est à peu près dans le même goût : on y mêle aux plus importantes vérités les discussions les plus futiles, avant et après avoir démontré l’existence de Dieu, on traite avec le même soin les grandes questions de la distinction formelle ou virtuelle, de l’universel de la part de la chose, et une infinité d’autres ; n’est-ce pas outrager et blasphémer en quelque sorte la plus grande des vérités, que de lui donner un si ridicule et si misérable voisinage ? […] Sous prétexte que Jésus-Christ a dit qu’il faut toujours prier, quelques maîtres, et surtout ceux qui sont dans certains principes de rigorisme, voudraient que presque tout le temps destiné à l’étude se passât en méditations et en catéchismes ; comme si le travail et l’exactitude à remplir les devoirs de son état, n’étaient pas la prière la plus agréable à Dieu. […] en roi…Qu’il mourût… Dieu dit : que la lumière se fasse, et elle se fit… et tant d’autres morceaux sans nombre seront toujours sublimes dans toutes les langues : l’expression pourra être plus ou moins vive, plus précise selon le génie de la langue ; mais la grandeur de l’idée subsistera tout entière.
Mais, quel que soit le lieu qui m’accueille dans ma fatigue (et plût à Dieu que ce fût avec vous, ô mes amis !)
J’ai vu dans ma jeunesse que l’on n’était pas plus philosophe que cela ; mais, grâce à Dieu, la philosophie nous éclaire davantage, et nous le devons à la liberté anglaise.
Parlant au roi des conseils de guerre et de ces délibérations où le général en chef met aux voix une entreprise : Depuis que Votre Majesté me l’a défendu, écrivait Villars quelques mois après, je consulte médiocrement, et seulement par honnêteté ; et plût à Dieu ne l’avoir pas fait à Bühl, ou que mes premiers ordres eussent été suivis le 23 avril, jour qui me donnera des regrets toute ma vie !
Mme de Coigny n’aime pas assez Shakespeare ; l’original lui donne trop de peine, et elle déteste les traductions impossibles… Je raconte à Mme de Coigny mes lectures anglaises, et elle dit que ces lectures (aidées de Dieu) m’ont donné un esprit original et sain. » Mme de Coigny avait raison ; ces lectures croisées sont un excellent régime et fortifient une jeune nature.
J’ai toujours la consolation d’avoir rempli, en cette circonstance, mon devoir en chef de famille responsable, devant Dieu et l’empereur, de la vie de mes soldats.
Vous allez rire de voir Gribeauval et Habacuc contemporanisés par moi : riez tant qu’il vous plaira, puis songez qu’il y avait des curieux autour de moi, ries femmes, des enfants regardant avec attention aussi, mais ne voyant dans ce que nous admirions de mécanisme dans ces machines de guerre, qu’une nouvelle volonté de Dieu, qu’un fléau d’une autre forme envoyé par lui pour les éprouver de nouveau.
Dieu m’est témoin pourtant que c’est bien une crainte que j’exprimais, et non une opinion tant soit peu favorable à une telle issue, ni l’ombre d’un assentiment.
Il fait partie dorénavant du calendrier de Bussy, et il est irrévocablement classé parmi ces maris desquels ce libertin a dit qu’ils se sont tirés d’affaire devant les hommes, mais que, devant Dieu, c’est tout autre chose.
Or, en mourant, en redevenant de plus en plus un chrétien fidèle et contrit à ses dernières heures, en offrant à Dieu le sacrifice de tout, il eut pourtant un dernier regret, une tentation suprême, et cette tentation, comme il l’appelait en effet, est d’un ordre trop élevé et trop épuré, d’une qualité trop subtile, elle fait trop d’honneur et à lui et à notre littérature en particulier, pour ne pas être connue et racontée, si singulière qu’elle nous puisse paraître.