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1400. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Balayer de la scène le moyen âge et installer à sa place un âge de justice, de logique, de vérité, de liberté, de fraternité, conçu d’une seule pièce et jeté d’un seul jet ; En religion, conserver la belle morale et la sainte piété chrétienne, en détrônant les intolérances ; En politique, supprimer les féodalités oppressives des peuples, pour les admettre aux droits de famille nationale, et leur laisser la faculté de grandir au niveau de leur droit, de leur travail, de leur activité libre ; En législation, supprimer les privilèges iniques pour inaugurer les lois communes à tous et à tous utiles ; En magistrature, remplacer l’hérédité, principe accidentel et brutal d’autorité, par la capacité, principe intelligent, moral et rationnel ; En autorité législative, remplacer la volonté d’un seul par la délibération publique des supériorités élues, représentant les lumières et les intérêts généraux du peuple tout entier ; Enfin, en pouvoir exécutif, respecter la monarchie, exception unique à la loi de capacité, pour représenter la durée éternelle d’une autorité sans rivale, sans éclipse, sans interrègne ; honorer cette majesté à perpétuité de la nation, mais la désarmer de tout arbitraire, et n’en faire que la majestueuse personnification de la perpétuité du peuple : voilà la véritable Révolution française, voilà le plan des architectes sages et éloquents des deux siècles. […] Ces trois tendances de l’esprit de la nouvelle civilisation inaugurée sur les ruines de la civilisation féodale, étaient celles-ci : Déplacement, mais nullement destruction du principe d’autorité, c’est-à-dire, au lieu du despotisme des rois, des cours, des sacerdoces dominants, l’autorité raisonnée, mais absolue ensuite et irrésistible de la volonté représentée du peuple tout entier, confiée à un roi héréditaire ou à des autorités électives.

1401. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Eh bien, c’est ce que l’intelligence de la nation vous donnera quand toutes les classes, tous les capitaux, tous les salaires, tous les droits, tous les devoirs, représentés dans la législation par le suffrage proportionné de tous, auront choisi le suffrage universel à plusieurs degrés pour l’harmonie sociale ; mais c’est ce qu’aucun homme sensé et consciencieux ne consentira jamais à vous donner dans ce que vous appelez l’organisation du travail ou socialisme radical, qu’on vous a amenés à vociférer ici sans en comprendre l’exécrable non-sens !  […] On sait, ou on ne sait pas comment tout cela, si bon et si consolant sous l’Assemblée constituante, c’est-à-dire sous la France représentée, s’est brouillé sous l’Assemblée législative, représentation des partis qui ne sont plus la France, mais le fantôme de la France de 1793.

1402. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Le prince de Talleyrand, qui y représentait la France, avait intérêt à y faire prévaloir le Pape pour mériter sa propre réconciliation à force de services. […] On disait à Rome, à cette époque, qu’un mariage secret autorisé par les règles, les traditions de l’Église et l’autorisation du Pape pour les cardinaux diacres, les unissait ; d’autres pensaient que le prince royal et le gouvernement anglais, ne pouvant avoir d’ambassadeur accrédité auprès du souverain pontife, mais très intéressés cependant à s’y faire représenter, avaient choisi pour agent confidentiel la duchesse de Devonshire, pour protéger les intérêts britanniques, par l’intermédiaire d’une Anglaise sincèrement catholique et liée intimement avec le premier ministre de Pie VII.

1403. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Nous disions : « Depuis que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre époque, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions entre lesquelles se divise l’Europe intellectuelle, c’est-à-dire d’une part l’Angleterre et l’Allemagne, représentant tout le Nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine. […] Ovide, peignant le chaos d’où devait sortir le monde, le représente comme une grande confusion d’éléments qui se heurtent, mais sous un même voile et, pour ainsi dire, sous un même visage : Unus erat toto naturæ vultus in orbe.

1404. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Les paroles de Du Bellay sont du plus grand prix : « Si deux peintres, dit-il, s’efforcent de représenter au naturel quelque vifpourtrait, il est impossible qu’ils ne se rencontrent pas en mesmes traits et linéaments, ayantmesmeexemplairedevantlesyeux. » Rien de plus élevé et de plus juste, mais il y faut une condition : c’est que les deux peintres soient supérieurs. […] Où il est imitateur, ce n’est pas ce peintre de Du Bellay qui, en face d’un exemplaire déjà représenté par un autre, rencontre les mêmes linéaments ; c‘est un copiste qui reproduit un portrait déjà fait, à quelques ajustements près par lesquels il pense se l’approprier.

1405. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Ses lettres, le plus aimable et peut-être le plus original de ses ouvrages, ont révélé dans ce penseur absolu, dans ce logicien inexorable, un père presque plus père que les plus tendres ; car tout ce que ceux-ci ont d’entrailles pour l’enfant qui vit sous leur toit, tout près de leur cœur, de Maistre l’avait pour une fille née le jour même où il quittait son pays, et dont il cherchait « à se représenter la figure », entrevue et devinée par le cœur dans les tristesses de l’exil, et embellie par l’orgueil paternel. […] Parmi les poètes qui s’y sont illustrés de notre temps, il en est trois qui, de l’aveu même de leurs émules, ont représenté avec le plus d’éclat la poésie personnelle.

1406. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Car, si beaucoup de ces termes forgés par la science ne se hasardent pas dans le langage ordinaire, beaucoup aussi sont entrés dans l’usage courant avec les choses qu’ils représentent et les plus délicats des puristes n’oseraient affronter le ridicule de s’en passer. […] Les peuples enfants ont raisonné ou déraisonné de même ; ils se sont représenté la foudre lancée par une main irritée, le vent déchaîné par le souffle d’une bouche divine, la mer soulevée par une puissance à la fois individuelle et surhumaine.

1407. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Durieu, un bourgeois de chétive espèce, qui représente la médiocrité de l’argent. […] Durieu représente l’égoïsme de l’argent, son neveu, M. 

1408. (1904) En méthode à l’œuvre

La Matière étant éternelle et illimitée est virtuellement représentée par le Cercle, qui, si amplement qu’il se puisse élargir, demeure illimité et sans pouvoir s’étendre autrement qu’en son signe. […] Que l’on admette selon les grammaires usuelles, que les lettres-consonnes n’aient point de son par elles-mêmes, ou que l’on veuille entendre selon moi qu’elles représentent une sorte de préparation à valeur primitive, des organes de la voix saisis par l’instinct et la sensation pour parvenir à l’articulation pure des voyelles, — et qu’elles soient donc inséparables d’elles pour ce que, elles aussi, à degrés moindres, sonnent ou consonnent en devenir de timbres-vocaux : il sied de leur reconnaître, stridantes, explosives, martelantes, percutantes, pénétrantes et stridentes, des qualités spéciales de « Bruits ».

1409. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Elle n’a pas voulu aller à la maison Dubois, où nous nous proposions de la mettre : elle y a été voir, il y a de cela vingt-cinq ans, quand elle est entrée chez nous ; elle y a été voir la nourrice d’Edmond qui y est morte, et cette maison de santé lui représente la maison où l’on meurt. […] Donc ces hommes, ces femmes et même les milieux dans lesquels ils vivent, ne peuvent se rendre qu’au moyen d’immenses emmagasinements d’observations, d’innombrables notes prises à coups de lorgnon, de l’amassement d’une collection de documents humains, semblable à ces montagnes de calepins de poche qui représentent, à la mort d’un peintre, tous les croquis de sa vie.

1410. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Hugo représente la vie par ses gros événements. […] Lazarus, dans sa monographie sur l’Esprit et le langage, montrent que nos mots sont abstraits et absolus Le mot « arbre » ne représente aucun arbre particulier, qui pourrait être de telle grandeur et de telle disposition, mais bien un vague ensemble de masse globulaire verte placée au haut d’un grand tronc gris-brun.

1411. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

A d’autres égards, ils ont, d’abord un caractère plus décent, et ensuite ils ont un caractère plus « humain », comme nous aimons à dire de nos jours, c’est-à-dire qu’ils s’intéressent davantage à l’humanité proprement dite, qu’ils la représentent au naturel beaucoup mieux que les contes proprement dits, et qu’en même temps ils l’enseignent et la renseignent, et lui donnent des leçons qui sont souvent très considérables, très dignes d’attention. […] parce qu’ils considèrent l’humanité elle-même directement et non pas parce détour et par ce faux-fuyant qui consistent à la représenter sous des figures d’animaux ; ils sont, en quelque sorte, ramenés à une certaine ligne normale, non pas sans doute, encore une fois, à une ligne de moralité, mais cependant d’études sérieuses, sensées, et jusqu’à un certain point assez hautes.

1412. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Zola, et que, d’ailleurs, celle qui le dit représente dans le livre la vie physique, — la seule vie qu’il y ait pour M.  […] Il représente la jeunesse et son mouvement charmant, à cette dégingandée !

1413. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

A ne les considérer que sous le côté littéraire, il est permis de soupçonner que Boileau et La Fontaine n’avaient peut-être pas tout ce qu’il fallait pour s’apprécier complétement l’un l’autre ; ils représentaient, en quelque sorte, deux systèmes différents, sinon opposés, de langue et de poésie.

1414. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

A l’origine, quand l’humanité naissante, venue je ne sais d’où, échappant à une vie antérieure et inconnue, sortant du non-moi au sein duquel elle avait été recueillie et transformée, se leva debout, secoua sa fange, se sentit à part, et fit en chancelant le premier pas dans sa nouvelle carrière de progrès, les choses durent se passer étrangement, et nous avons peine, de la hauteur où nous sommes aujourd’hui, à nous en représenter l’idée.

1415. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Mais combien sa conclusion surtout résume sa qualité brillante et son défaut, et représente vivement ce périlleux esprit, je ne dirai plus de pompéianisme, mais de girondinisme, qui s’est longtemps glissé dans nos habitudes et dans notre littérature !

1416. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Les prédicateurs éclairés ont toujours représenté la morale religieuse comme un moyen d’améliorer l’espèce humaine ; j’ai tâché de prouver que les préceptes du christianisme y avaient contribué efficacement.

1417. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Avant de donner une forme à Satan, il l’avait conçu immatériel ; il s’était représenté sa nature morale, avant d’accorder avec ce caractère sa gigantesque stature, et l’épouvantable aspect de l’enfer qu’il doit habiter.

1418. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

Caton représentait sur la terre la puissance de la vertu.

1419. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Tantôt on se représente la puissance comme un despote141 ; tantôt comme un roi légitime142, tantôt comme un bel individu humain143, tantôt comme une loi abstraite indépendante des puissances particulières144, tantôt comme une loi abstraite simple expression des puissances particulières145, et l’on façonne là-dessus son Dieu et son prince.

1420. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Et même, les mots abstraits par l’impossibilité où l’on est de se représenter l’état, l’action, la qualité qu’ils désignent en dehors d’un individu qui fasse cette action, soit dans cet état ou possède cette qualité, se prêtent merveilleusement à la suggestion qui multiplie leur force et porte l’esprit bien au-delà de leur définition littérale.

1421. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Mais le souci de perfection et le besoin de beauté qui hantaient les Parnassiens devaient, au moins dans les commencements (car toute école nouvelle est intransigeante), les conduire à préférer la poésie impersonnelle, presque uniquement descriptive et plastique, celle qui demande ses tableaux à l’histoire et à la légende ou qui reproduit les symboles par lesquels l’humanité passée s’est représenté l’univers.

1422. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Métius, qui représente l’aristocratie, tout en reconnaissant l’intelligence et la vertu d’Antistius, le blâme par esprit de conservation et par patriotisme, un noble étant intéressé plus qu’un autre au maintien des coutumes et au salut de la cité.

1423. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Piombino salue le docteur de la part de la signora Vittoria ; il le prie de prêter à la comédienne un bassin d’argent avec son vase, dont elle a besoin dans une pièce qu’elle va représenter.

1424. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Demain, questions d’esthétique À propos d’un livre de nouvelles théories esthétiques1, j’eus l’idée de consulter sur l’objet même de ce livre quelques-uns des écrivains que j’estime le plus foncièrement parmi ceux qui représentent les formules accomplies ; Il me semblait précieux d’avoir le sentiment des Maîtres actuels sur les tendances de la jeune littérature, sur sa valeur et sur son avenir : quoique mes conclusions personnelles fussent déjà prises, j’étais curieux de savoir comment, par les théories, les efforts de demain s’accorderaient avec les traditions d’hier et les œuvres d’aujourd’hui.

1425. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Bouhours, fort répandu dans les ruelles, représente ce tour d’esprit, qu’il contribuait de sa personne et de ses succès à faire prendre pour le bon.

1426. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre III. L’antinomie dans la vie affective » pp. 71-87

C’est pourquoi la société et particulièrement ceux qui, dans la société, représentent la tendance sociale, sociologues, moralistes, éducateurs s’efforcent de les réduire et de les corriger le plus possible : l’unicité par le conformisme, la spontanéité par la règle, l’instantanéité par l’esprit de suite, l’insatiabilité du désir par l’appel à la résignation et par les perspectives des Paradis humanitaires ; la discordance de nos affections et de nos passions soit par un ordre social artificiel capable d’harmoniser du dehors nos désirs discordants (Fourier) soit par la notion d’un ordre objectif et scientifique supérieur aux caprices et aux fantaisies des sensibilités individuelles29 (A. 

1427. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

La série de Fourier est un instrument précieux dont l’analyse fait un usage continuel, c’est par ce moyen qu’elle a pu représenter des fonctions discontinues ; si Fourier l’a inventée, c’est pour résoudre un problème de physique relatif à la propagation de la chaleur.

1428. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

De nouveaux textes, prétendant représenter la vraie loi de Moïse, tels que le Deutéronome, se produisirent et inaugurèrent en réalité un esprit fort différent de celui des vieux nomades.

1429. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Loin que Jésus soit le continuateur du judaïsme, il représente la rupture avec l’esprit juif.

1430. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Même les indulgents — oubliant les basses flatteries, les intrigues serviles, les lâchetés rampantes que représentent tant de succès : grade dans la Légion d’honneur, Académie, sinécure de l’État, sinécure chez Letellier, pensions de toutes sortes — diront aimablement : — Le lanceur de lentilles est peut-être un naïf honorable.

1431. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Ce signal lui fut donné dans les Fêtes bachiques qui représentaient ses orgies et son appareil : mascarades satyriques, festins en plein vent, chœurs alternés, danses pétulantes aiguillonnées par la pointe du vin de primeur.

1432. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

. — Serpens non fit Draco, nisi comederit serpentes, disent les Bestiaires du moyen âge : « Le serpent ne devient Dragon que lorsqu’il a mangé des serpents. » De même la Chimère de crimes que représente la race de Pélops s’est formée sans doute par des absorptions de monstruosités oubliées.

1433. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

C’est donc bien la vie familiale et sociale qui a disparu ; ce sont les rapports avec les autres êtres animés qui ne viennent plus se représenter dans la tête de l’animal.

1434. (1902) L’humanisme. Figaro

Paul Bourde est le conseiller intime, l’inspirateur habituel de l’éminent auteur dramatique qui vient de faire représenter, au théâtre de la Porte-Saint-Martin, ce drame poignant : Nos Deux Consciences.

1435. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Aussi la carte représente-t-elle trois rivières, qui portent ces trois noms, & sur lesquelles sont situées trois villes nommées Tendre ; Tendre sur Inclination, Tendre sur Estime, & Tendre sur Reconnoissance.

1436. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

On voit dans le soixante et dix-neuviéme livre de Dion, qu’élagabale dansoit, non-seulement quand il voïoit représenter des pieces dramatiques de la place où l’empereur se mettoit, mais qu’il dansoit encore en marchant lorsqu’il donnoit audience, quand il parloit à ses soldats, et même quand il faisoit des sacrifices.

1437. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

On a beaucoup disserté sur le but de la comédie ; des philosophes du siècle dernier l’ont regardée comme la seule école de la sagesse ; des critiques de nos jours, au contraire, la représentent comme fatale aux mœurs et à la religion.

1438. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Représentée en 1776, à Fontainebleau, la tragédie de Moustapha obtint un succès que le public confirma, et qui valut à l’auteur une pension sur les menus et la place de secrétaire des commandements du prince de Condé.

1439. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Par une transformation opérée en vertu des lois merveilleuses de l’analogie, l’on s’est servi de ces mêmes sons vocaux pour représenter soit nos perceptions intellectuelles, soit les rapports intellectuels, les volontés, les actes de l’esprit, que faisaient naître nos sensations et nos besoins.

1440. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Le dessin de Carpeaux représente la Vertu du livre.

1441. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Je trouve, en effet, dans son roman intitulé : le Divorce, ces paroles qu’elle met dans la bouche du personnage qui représente l’opinion philosophique de l’auteur.

1442. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Mais il a gratifié de têtes de génie ceux qui représentent le mieux cette idée de démocratie dont son malheureux esprit est féru.

1443. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Mais l’histoire est restée silencieuse ; elle est restée comme cet Amour, fils du Mystère, que l’iconologie nous représente un doigt sur les lèvres, carquois plein, arc renversé : car le silence, c’est le désarmement de l’histoire.

1444. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Or, pour aller droit tout d’abord au nouveau livre de Renée, quelle est cette madame de Montmorency qu’il a choisie pour nous la représenter avec un pinceau si épris d’elle ?

1445. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Mais quand on voit si clair, mais quand on représente si clair en Histoire, on a donné son opinion sans l’exprimer, et on la voit à travers cette clarté.

1446. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Le fragment historique qui sert de préface au livre de M. de Meaux montre que l’Église, représentée par ses ennemis comme le plus incompatible et le plus impitoyable des Pouvoirs, fut, au contraire, magnifique de bonté jusque dans sa manière de punir.

1447. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Humboldt représentait à lui seul tous les préjugés de son époque.

1448. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

et un pauvre théologien catholique (et je vous demande si le catholicisme est bien représenté !)

1449. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Mais, comme tous les grands esprits philosophiques qui savent que les mots représentent la pensée, qui poinçonnent la langue et donnent le vocabulaire de leurs conceptions, M. 

1450. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Humboldt représentait à lui seul tous les préjugés de son époque.

1451. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Il faut bien le dire : l’art pour l’art, ce déplorable et faux système (l’art ne devant jamais être que le glorieux serviteur de la vérité), trouve une application trop fréquente dans notre pays quand il s’agit de l’éloquence, Par une faiblesse commune aux plus mâles esprits, tous ou presque tous nous allons nous asseoir, avec l’espérance d’une grande sensation ou d’une puissante ivresse, devant l’homme qui ne représente souvent pour nous que l’erreur ou que le sophisme, et nous écoutons comme un bois mélodieux et sonore une créature vivante qui abuse artistement de la parole, au lieu de l’écouter comme un pur instrument de la Vérité qui devrait faire palpiter dans nos cœurs l’amour que nous avons pour elle.

1452. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Il n’en restera pas moins acquis comme un enseignement qui vient à temps, que cette faiseuse de découvertes, la métaphysique du xixe  siècle, représentée par une intelligence très digne d’elle, est arrivée à confesser tout simplement au nom de la science ce que la philosophie moderne regardait de fort haut, c’est-à-dire la vieille induction tirée des facultés de l’homme aux attributs de Dieu, et le grand raisonnement, mêlé de raison et de foi, des causes finales.

1453. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Quinet ; l’œuvre, nous dit-il sérieusement, qui représente douze ans de sa vie !

1454. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

C’est, en effet, un esprit musqué qu’Aubryet, et si ce mot de musqué, qui ne représente plus qu’un ancien parfum démodé, offense sa délicatesse élégante de parisien, disons de lui qu’il a de l’opoponax dans le talent, et il ne se fâchera plus.

1455. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Leurs pièces, à tous les deux, représentent des sociétés finies ; mais Beaumarchais a donné l’immortalité de l’esprit à sa peinture.

1456. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Doué des qualités que je caractériserai tout à l’heure et qui ne manquent ni d’élévation ni de force, il s’est particulièrement, presque exclusivement consacré à ce genre de roman, qui représente dans l’art le matérialisme et la démocratie, et qui ferait le tour du monde, comme le drapeau de la Révolution, si la Critique, qui ne veut pas que les grandes notions littéraires périssent, ne lui barrait pas le chemin !

1457. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Le combat de la vocation religieuse contre la vocation de la mère de famille qui se révèle avec tant d’énergie dans la scène, au village, où Éliane est obligée, par les combinaisons du roman, à tenir un enfant dans ses bras, — scène magnifique, d’un contenu excessivement émouvant, et que Stendhal seul aurait pu écrire s’il avait été chrétien, — le triomphe enfin de la vocation de l’épouse, le discours de la mère Saint-Joseph qui clôt le roman dans une souveraineté de raison éclairée par la foi, et surtout, surtout, la réalité de la sœur Saint-Gatien, qui représente l’être surhumain, l’ange gardien d’Éliane, et qui s’en détache si humainement et si vite quand elle lui a préféré, pour s’appuyer, le cœur d’un homme, — trait cruel que Wey n’a pas manqué, — voilà les beautés de la troisième partie de ce livre, écrit avec une sûreté de main et une maturité de touche qui n’ont fait faute à l’auteur de Christian qu’une seule fois.

1458. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Mais la mort comme Gravillon nous la représente, si Rancé l’avait aperçue il se fût détourné d’elle comme de la tentation dernière, et il eût renfoncé son crâne chauve dans la poussière du lit de cendres sur lequel on l’avait étendu pour y rendre son âme à Dieu.

1459. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Tous les objets dont on s’y occupe sont grands, et en même temps sont utiles ; c’est l’empire des connaissances humaines ; c’est là que vous voyez paraître tour à tour la géométrie qui analyse les grandeurs, et ouvre à la physique les portes de la nature ; l’algèbre, espèce de langue qui représente, par un signe, une suite innombrable de pensées, espèce de guide, qui marche un bandeau sur les yeux, et qui, à travers les nuages, poursuit et atteint ce qu’il ne connaît pas ; l’astronomie, qui mesure le soleil, compte les mondes, et de cent soixante-cinq millions de lieues, tire des lignes de communication avec l’homme ; la géographie, qui connaît la terre par les cieux ; la navigation, qui demande sa route aux satellites de Jupiter, et que ces astres guident en s’éclipsant ; la manœuvre, qui, par le calcul des résistances et des forces, apprend à marcher sur les mers ; la science des eaux, qui mesure, sépare, unit, fait voyager, fait monter, fait descendre les fleuves, et les travaille, pour ainsi dire, de la main de l’homme ; le génie qui sert dans les combats ; la mécanique qui multiplie les forces par le mouvement, et les arts par l’industrie, et sous des mains stupides crée des prodiges ; l’optique qui donne à l’homme un nouveau sens, comme la mécanique lui donne de nouveaux bras ; enfin les sciences qui s’occupent uniquement de notre conservation ; l’anatomie par l’étude des corps organisés et sensibles ; la botanique par celle des végétaux ; la chimie par la décomposition des liqueurs, des minéraux et des plantes ; et la science, aussi dangereuse que sublime, qui naît des trois ensemble, et qui applique leurs lumières réunies aux maux physiques qui nous désolent.

1460. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Platon a représenté l’humanité tout entière en ceci qu’il ressentit jusqu’à la plus affreuse douleur cette insulte d’Athènes au genre humain. […] C’est de le représenter comme faisant du monde un lieu d’épreuves pour l’homme et permettant le mal comme une matière à exercer la vertu humaine ; et ce sera la solution du Christianisme ; — c’est de le représenter comme incomplètement puissant et comme combattu par une puissance contraire ; — ou c’est de le nier. […] En honorant notre âme, nous honorons l’humanité tout entière, représentée par nous. […] » Il l’a épousée précisément parce qu’elle était éventée et qu’elle représentait pour lui l’inconnu. […] Parmi les sentiments humains il en est un qui est tellement à base d’égoïsme qu’il est difficile de le représenter comme tendant à la réunion, à la réconciliation définitive de l’homme avec l’idéal.

1461. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Récéjac dont j’ai mis si souvent à contribution le beau livre sur le mysticisme va nous répondre : « Le symbole n’est ni une image directe, ni un groupe logique d’images : il ne représente pas, mais plutôt il suggère. […] C’est qu’en entendant des notes successives, nous nous les représentons comme des points de l’espace qu’on atteindrait l’un après l’autre par des sauts brusques. […] Toute image la matérialise, de même que dans le phénomène de la pesanteur on se représente plus facilement l’objet attiré que la force attractive. […] Le poète représenté ainsi comme une série d’émotions qui se prolongent, ne redoute rien tant que de figer ces émotions, que d’en arrêter l’élan dans des formes trop rudes. […] Régnier et Griffin représentent assez bien l’un l’idéal apollinien, l’autre l’idéal dionysiaque.

1462. (1927) André Gide pp. 8-126

Vous entendez bien que cette maison paternelle représente les conservatismes et les traditionalismes politiques et religieux. […] Lanson, que selon une hypothèse assez vraisemblable, ils représentent des célébrants de la fête des fous, quand cette joyeuse et insolente parodie des cérémonies religieuses fut bannie de l’église. […] Il la mène au concert, à Neufchâtel, lui fait remarquer les sonorités différentes des cordes, des bois et des cuivres et l’invite à se représenter les colorations rouges et orangées analogues aux sonorités des cors et des trombones, les jaunes et les verts à celles des violons, des violoncelles et des contrebasses ; les violets et les bleus étant suggérés par les flûtes, les clarinettes et les hautbois. […] La première catégorie va du grand Balzac aux moindres feuilletonistes d’aventures, et ce sont ces derniers qui représentent pleinement le roman pur, ou pure narration.

1463. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

On se risque, on se compromet pour des chances de places futures, on se dévoue pour un parti qui représente l’avenir. […] Le bal ressemble un peu à ces tableaux de l’Humanité qu’on vend sur les quais, et où l’on voit l’Univers représenté en tous ses costumes. […] … si Balzac ne l’a pas représentée ? […] Nous représentions le mâchicoulis, voilà tout… Ç’a été une scission, quand j’ai chanté l’antiquité dans la préface de Mademoiselle de Maupin… Mâchicoulis et rien que mâchicoulis… L’oncle Beuve, je le reconnais, a toujours été libéral… Mais Hugo en ce temps-là était pour Louis XVII, oui, pour Louis XVII.

1464. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Mais quand il s’agit des sciences biologiques où les phénomènes sont très difficiles à observer et à expérimenter, à cause de leur complication et du grand nombre des éléments qui les constituent, les lois sont alors beaucoup plus difficiles à établir, et elles sont toujours très loin de représenter la réalité. […] Si nous voulions représenter graphiquement les divers phénomènes physiologiques d’oscillation glycogéniques que je viens de vous indiquer en y rattachant les oscillations analogues qui se rencontrent dans le diabète, voici comment nous pourrions y parvenir. […] Si maintenant nous relions ensemble tous ces points, nous aurons une ligne ondulée n n’ N n″ n‴ N′, qui représentera à peu près les oscillations de la fonction glycogénique aux diverses périodes de l’état normal. […] Il est bien entendu, Messieurs, que nous vous représentons ici des cas types d’une simplicité purement idéale, afin de vous faire comprendre la liaison de ces phénomènes normaux et pathologiques. […] Toutes ces nuances se trouvent représentées dans les tableaux qui précèdent.

1465. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Représentez-vous ces fats à demi ivres, qui ne voient dans l’amour que le plaisir, et dans l’homme que les sens : un Rochester au lieu d’un Mercutio. […] À force de ne représenter que des vices, il autorise leurs vices. […] Il faut bien qu’on puisse représenter les maladies morales, surtout lorsqu’on le fait pour compléter la science, froidement, exactement, et en style de dissection. […] Acres, un Fier-à-Bras improvisé, qui se laisse engager dans un duel, et, amené sur le terrain, pense à l’effet des balles, se représente le testament, l’enterrement, l’embaumement, et voudrait bien être au logis. […] Ils représentent le vice français comme plus impudent encore que le vice anglais.

1466. (1893) Alfred de Musset

Ce vieux marquis, qui ne mourut qu’en 1839, représentait pour ses petits-neveux l’ancien régime, y compris les temps féodaux. […] Un autre portrait le représente plus âgé de quelques années, mais gardant encore ses belles boucles blondes. […] Musset attribuait le fléau à l’influence des idées anglaises et allemandes, représentées par Byron et Gœthe. […] Il représente Musset aux environs de la vingtième année, dans un costume de page qui lui plaisait et qu’il a porté plusieurs fois. […] L’album de voyage de Musset, qui existe encore, ne cesse pas un instant de représenter George Sand.

1467. (1887) Essais sur l’école romantique

Pour le fond des idées, les Feuilles d’automne représentent l’une des réalités de notre époque. […] Comment me faites-vous une faute, Jules Janin, de n’avoir pas prévu les deux derniers actes du dernier drame représenté, de ce drame qui s’est couronné naguère au Capitole ! […] Ces drames et ces romans représentent presque exclusivement M.  […] Ils ont un caractère déterminé, une physionomie distincte qui les élève au-dessus de tous : on sait ce qu’ils sont venus faire ; on sait ce qu’ils représentent. […] Il n’est le poète de personne ; il ne représente aucun parti, aucune opinion ; il ne va, comme on dit en France, à personne, et cependant c’est un des noms les plus retentissants de l’époque.

1468. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Lorsqu’on le représente comme le chantre de la stérilité, c’est à la magnifique et métallique Hérodiade que l’on songe. […] Un Allemand dirait que se jouant autour des choses sans les saisir directement, toutes deux représentent la liberté de l’esprit. […] Et lorsque Victor Hugo recourt, pour représenter l’affranchissement de l’homme, au symbole audacieux et puissant du Satyre, il procède, ici encore, par allusion. […] Les Mots Anglais représentent un fort travail, mais on ne peut se défendre d’une stupeur en voyant que Mallarmé leur attribuait une fin pédagogique. […] « Il représente, l’ayant poussé à l’outrance, la perfection du système des parnassiens, et le dernier développement de l’art romantique. » M. 

1469. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

… Savez-vous ce que sa gloire représente d’ingéniosité roublarde, de canailleries effrontées ou hypocrites, de cynisme réclamier, de génie de l’intrigue ? […] Jules Huret avait négligé de flatter les préférences du journal et de caresser ses idées, en embellissant les hommes qui le représentent le mieux. […] Nous avons le port, le village, la ville industrielle, la fabrique et tout ce que cela doit représenter de malentendus sociaux, de revendications et de luttes, de richesses pour les uns, de misères pour les autres, de consciences en marche vers un but défini. […] Je me le représente souvent, comme un Jean-Baptiste, allant traverser les déserts, la bouche pleine d’imprécations, ou comme quelque moine distribuant, du haut d’une chaire, dans une église du moyen âge, les anathèmes et les malédictions… La gendarmerie nationale s’oppose aux apostolats errants : elle appelle ça du vagabondage. […] Lugné-Poe aura l’honneur de représenter comme il eut l’honneur, contre toutes les hostilités des pédants et les railleries des sots, de représenter, pour notre joie, les principaux chefs-d’œuvre d’Ibsen.

1470. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

On m’a conté que, pendant les récentes élections, le plus spirituel des candidats corses fut violemment pris à parti par un capitaine retraité, qui lui dit en tordant une moustache amère : « C’est humiliant, monsieur, c’est humiliant de penser que la Corse, après avoir été représentée par Napoléon Bonaparte, est maintenant représentée par vous !  […] Le spirituel candidat fut autorisé à représenter la Corse à Paris, où son esprit n’est pas moins apprécié qu’à Bastia et à Sartène. […] M. de Gelder ne pouvait plus représenter une puissance qui n’existait plus. […] L’Opéra-Comique représentait Ninon chez madame de Sévigné. […] Je ne connais pas les vice-rois, les gouverneurs, les préfets et les sous-préfets qui représentent, dans les dix-huit provinces de l’empire chinois, la majesté du Fils du Ciel.

1471. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Mon imagination me la représente au milieu de nous, travaillant à quelque ouvrage destiné à l’une de ses filles, égayant nos soirées par sa conversation si piquante et si variée, tantôt racontant, avec une originalité qui lui était particulière, mille histoires plaisantes, ou qui nous le paraissaient, parce qu’elle leur prêtait un charme qu’elle seule savait donner, tantôt animant la société par une discussion sérieuse qu’elle savait de même, et selon la convenance, ou prolonger avec intérêt, ou terminer avec saillie. […] Le goût remontait à ses hautes sources ; la religion, servie par M. de Chateaubriand, représentait ses grands modèles.

1472. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Quatre époques importantes font la manière et le sujet des quatre volumes que l’on publie, et dans lesquels tous les genres de poésie sont représentés, excepté la poésie dramatique. […] Grâce à ces qualités complexes et naturelles, Régnier nous représente l’un des moments, une époque de notre poésie.

1473. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Si on lui parle d’un objet un peu éloigné, mais qu’elle peut se représenter nettement parce qu’elle l’a vu ou qu’elle en a vu de semblables, sa première question est toujours : « Qu’est-ce qu’il dit ? […] Elles représentent les noyaux formés dans le chaos des sons imitatifs ou interjectionnels, les centres fixes qui se sont établis dans le tourbillon de la sélection naturelle.

1474. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

poursuivit-il d’une voix tranquille comme s’il nous avait dit bonjour, voici une citation des enfants et héritiers de Francesco Bardi et Domenico Cortaldo, représentants légitimes de la branche aînée des Zampognari, qui réclament, en vertu d’un jugement en bonne forme, le partage de la maison, domaine, eaux, bois et champs du domaine des Zampognari, leurs ancêtres, dont il ne vous revient que le quart, puisque vous, Antonio Zampognari, et vous, Magdalena Bardi, épouse de Felice Zampognari, vous ne représentez que le quart de la succession totale consistant dans le domaine habité et cultivé par vous. […] Ma belle-sœur et les enfants me dirent qu’il avait l’air de compatir à notre chagrin et de s’excuser de représenter, dans l’opération, son ami le capitaine des sbires, mais qu’en dessous il avait plutôt l’air triomphant comme un homme qui a trouvé une bonne idée et qui s’en réjouit avec lui-même.

1475. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Le dessin du tableau principal qu’il composa pour lutter face à face avec Léonard représentait une alerte imaginaire de l’armée florentine surprise par l’approche des Pisans pendant une halte au bord de l’Arno, où les soldats se baignaient après une longue marche. […] L’une de ces deux statues symboliques représentait dans saint Paul l’Action ; l’autre dans Moïse, la contemplation ou la législation de l’homme d’État.

1476. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Elle vous représente, à elle seule, toute la race des malheureuses créatures chassées des splendeurs du vice par la perte de leur jeunesse et qui s’attachent, en rampant, à la fortune de leurs jeunes rivales. […] Le théâtre a, d’ailleurs, terriblement abusé, depuis ces quinze ans des femmes dont Marguerite Gautier représentait le type accompli.

1477. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

On sait par les didascalies que les Perses furent représentés sous l’archonte Ménon, les Sept Chefs devant Thèbes sous l’archonte Théagénidès et l’Orestie sous l’archonte Philoclès ; on sait par Aristote qu’Eschyle osa, le premier, faire parler deux personnages à la fois ; par Platon, que les esclaves assistaient à ses pièces ; par Horace, qu’il inventa le masque et le cothurne ; par Pollux, que les femmes grosses avortaient à l’entrée des Furies ; par Philostrate, qu’il abrégea les monodies ; par Suidas, que son théâtre s’écroula sous la foule ; par Élien, qu’il blasphéma ; par Plutarque, qu’il fut exilé ; par Valère-Maxime, qu’un aigle le tua d’une tortue sur la tête ; par Quintilien, qu’on retoucha ses pièces ; par Fabricius, que ses fils sont accusés de cette lèse-paternité ; par les marbres d’Arundel, la date de sa naissance, la date de sa mort et son âge, soixante-neuf ans. […] Reste le droit de la Révolution française, créatrice du troisième monde, à être représentée dans l’art.

1478. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

[Avertissement de Baudelaire] Les quatre articles suivants, qui représentent la pensée de quatre esprits délicats et sévères, n’ont pas été composés en vue de servir de plaidoirie. […] L’un et l’autre représentent hautement les deux tendances de la poésie contemporaine.

1479. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

J’ai parlé d’art grec : est-il rien qui le rappelle et le représente plus heureusement que ce conseil donné à un sculpteur de se choisir des sujets calmes et gracieusement sévères, comme des hors-d’œuvre à son ciseau, dans les intervalles de la verve et de l’ivresse : Sculpteur, cherche avec soin, en attendant l’extase, Un marbre sans défaut pour en faire un beau vase : Cherche longtemps sa forme, et n’y retrace pas D’amours mystérieux ni de divins combats.

1480. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Elle représentait vraiment la nuit superbe, Avec ses millions d’étoiles, sa douceur, Son blanc rayonnement posé sur l’onde ou l’herbe, Et son azur sans fond, abîme du penseur ; La nuit où, s’échappant furtives de chez elles, Les amoureuses vont, dans les bois, s’égarer, Où l’âme du poëte, ouvrant toutes ses ailes, Plane dans le pays lointain qui fait pleurer.

1481. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Elle représentait une longue série et un choix parfait de souvenirs.

1482. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Il m’a été donné de le voir dans les dernières phases de sa maladie, et de représenter, auprès de son lit de mort et de son cercueil, ses anciens camarades absents ou informés trop tard de la catastrophe.

1483. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Ce beffroi altier, écrasant, où il a placé la cloche à laquelle il se compare, représente lui-même à merveille l’aspect principal et central de son œuvre : de toutes parts le vaste horizon, un riche paysage, des chaumières riantes, et aussi, plus l’on approche, d’informes masures et des toits bizarres entassés.

1484. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Adolphe n’a-t-il pas été écrit pour représenter en détail cette pénible situation ?

1485. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Il représente un sage qui, poursuivi par un fou, le flatte de belles paroles menteuses, et tout doucereusement « le fait échiner et assommer » ; il trouve l’invention bonne et nous conseille de la pratiquer.

1486. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Charles Baudelaire J’ai dit, je ne sais plus où : « La poésie de Banville représente les belles heures de la vie, c’est-à-dire les heures où l’on se sent heureux de penser et de vivre »… Banville seul, je l’ai déjà dit, est purement, naturellement et volontairement lyrique.

1487. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Une pochade de Forain représentait deux rapins de brasserie, masqués par une pile de soucoupes, qui disaient « Quel tableau on ferait, si on pouvait peindre ! 

1488. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Rien de plus varié au fond que ce sentiment de la liberté intérieure que les psychologues classiques se représentaient comme identique chez tous les hommes.

1489. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Nous voudrions nous représenter l’univers extérieur, et ce n’est qu’à ce prix que nous croirions le connaître.

1490. (1890) L’avenir de la science « Préface »

La lumière, la moralité et l’art seront toujours représentés dans l’humanité par un magistère, par une minorité, gardant la tradition du vrai, du bien et du beau.

1491. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Il y a presque toujours dans une période ce que j’appellerai un tempérament régnant, et ceux qui en sont doués sont par là même prédestinés à représenter la tendance maîtresse de leur temps, à devenir les grands hommes du moment.

1492. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

« Il est certainement vrai que la psychologie de l’association représente plusieurs des états mentaux supérieurs comme étant en un certain sens le développement des états inférieurs. » Mais dans d’autres cas semblables, comme le fait remarquer finement l’auteur, on a exalté précisément la sagesse et l’art merveilleux de la nature qui tire, dit-on, le meilleur du pire et le noble du bas.

1493. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Lors même que la décadence du goût est déjà avancée, quand Tacite (ou tout autre) écrivait ce Dialogue des orateurs, où toutes les opinions, même celles des romantiques du temps, sont représentées, l’agrément et la raillerie ne nuisaient pas au sérieux ; aucun système n’est sacrifié dans cet excellent dialogue, et chaque côté de la question est défendu tour à tour avec les meilleures raisons et les plus valables.

1494. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

L’utilité humaine, parce qu’elle représente en cet ordre la seule réalité qui nous soit connue, l’utilité humaine apparaît donc la loi qui préside à l’invention de toute réalité.

1495. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Que signifient certaines concordances des mythes représentés par les hommes divins ?

1496. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Dans cette foule misérable, toutes les professions machinales sont représentées par des nombres décroissant à mesure qu’on monte vers les professions éclairées, et vous arrivez à ce résultat final : orfèvres et bijoutiers au bagne, quatre ; ecclésiastiques, trois ; notaires deux ; comédiens, un ; artistes musiciens un ; hommes de lettres, pas un.

1497. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Il veut représenter l’idéal méditerranéen avec plus de souci de pensée que d’action dramatique !

1498. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Nous arrivons donc à nous représenter, d’une manière précise, le domaine de la sociologie.

1499. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

C’est pour avoir méconnu l’existence d’espèces sociales que Comte a cru pouvoir représenter le progrès des sociétés humaines comme identique à celui d’un peuple unique « auquel seraient idéalement rapportées toutes les modifications consécutives observées chez les populations distinctes49 ».

1500. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Son drame, les Gardes Forestiers, représenté, pour la première fois, par permission de Monsieur le Maire, sur le théâtre de Marseille, est l’ultimatum lancé à la Centralisation. — Si M. 

1501. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

J’appelle harmonieuse une phrase qui, de plus, par les sonorités ou les assourdissements des mots, par la langueur ou la vigueur des rythmes, par toutes sortes d’artifices, naturels, du reste, dans la disposition des mots et des membres de phrases, représente un sentiment, peint la pensée par les sons, et la mêle ainsi plus profondément à notre sensibilité.

1502. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Les mots, il faut le dire, ne représentent plus les mêmes idées pour tous ; il en est même, s’il est permis de parler ainsi, qui sont devenus de simples sons, vides de sens, auxquels on ajoute plus aucune idée, le signe d’aucun sentiment.

1503. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Commençons donc par une hypothèse, ainsi que dans l’algèbre il y a un signe qui représente l’inconnue.

1504. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Huc ne craint pas même d’exagérer la dignité, le sentiment humain de son droit, dans l’intérêt supérieur de l’idée chrétienne qu’il représente aux yeux des populations chinoises.

1505. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Après la conversion d’Henri IV, l’insolence royaliste seule put regarder la Ligue comme vaincue, et ce vers si comiquement gascon sur un héros gascon : Il confondit Mayenne, et la Ligue, et l’Ibère, car la Ligue avait obtenu ce qu’elle avait voulu, un roi catholique, et Henri IV avait été obligé de communier, à son sacre, sous les deux espèces ; mais plus tard, de fait, oui, elle fut vaincue, et, sinon elle, qui n’existait plus, au moins cette nation qu’elle avait si grandement et si vaillamment représentée !

1506. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Selon le comte de Gasparin, ce Pape, qui fut grand, mais certainement moins grand que Grégoire VII, — qui, à distance de plus d’un siècle, sut lui paver la voie Appienne de sa grandeur future, — représente pourtant, sinon le plus haut degré du génie absolu de l’Église, au moins le plus haut point de sa fortune, et c’est pour cette raison que le comte de Gasparin, en le choisissant, l’a frappé.

1507. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Saisset et Jules Simon, n’est-ce pas là un otage au Rationalisme qu’ils représentent et qu’ils servent, au Rationalisme qui est la mauvaise fortune de ce temps ?

1508. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Or les Romains des premiers siècles, vivant parmi les charrues et les armes, ne pouvaient acquérir un grand nombre d’idées, ni créer les signés qui les représentent.

1509. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Ainsi ces premiers hommes, qui nous représentent l’enfance du genre humain, créaient eux-mêmes les choses d’après leurs idées.

1510. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

On vit alors ce que la scene tragique a jamais reuni de plus parfait ; les ouvrages de Corneille & de Racine représentés par des acteurs dignes d’eux. […] Qu’on se représente Electre dans son premier monologue, traînant de véritables chaînes dont elle se voit accablée : quelle différence dans l’illusion & l’intérêt ! […] tantôt comme l’avoit représenté le peintre Galathon, cujus vomitum alii poetoe adstantes absorbent. […] Dans l’apologue, les animaux sont quelquefois les précepteurs des hommes, Lafontaine l’a dit : mais ce n’est que dans le cas où ils sont représentés meilleurs & plus sages que nous. […] Les grands comblés d’honneurs & dénués de force, représentent le monarque auprès du peuple, & le peuple auprès du monarque.

1511. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Elle va à créer des sub-sous-genres et des hypo-sub-sous-genres qui ne représentent plus des fractions des facultés de l’esprit. […] Il représente, au juger, une bonne dizaine d’années de travail. […] Le pouvoir représente donc plutôt les croyances de la foule que ses désirs, et par conséquent il est une chose plutôt salutaire en soi que mauvaise et que funeste. […] Il est donc, malheureusement, trop possible à un gouvernement, à un pouvoir, d’être égoïste et de ne pas représenter les croyances d’un peuple, c’est-à-dire ce qu’il a, tout compte fait, de plus généreux et de plus noble. […] Il est représenté par une petite bergeronnette qui me paraît croquée sur le vif et qui est délicieuse : « Nous irons dans les meetings et nous fonderons un journal.

1512. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

D’abord et avant tout, ils ont représenté comme extrêmement arriérée et comme véritablement barbare la législation pénale de leur temps. […] Ils sont implacablement hostiles aux Parlements, qui ont toutes sortes de défauts, mais qui représentent seuls, depuis un siècle et plus, l’esprit de résistance à l’omnipotence royale. […] Il s’est trouvé que Napoléon au hameau de la Belle-Alliance représentait, sans que précisément il s’en doutât, la civilisation, le progrès pacifique et régulier, l’harmonie des efforts intellectuels européens. Il a représenté cela, très certainement, pendant huit jours. […] Stapfer représente encore le gros de l’armée des lecteurs français.

1513. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

En 1667, il obtint du Roi une permission verbale de la représenter et il la donna au public. […] Ici il y a une lutte entre la convention sociale représentée par Philinte et aussi par Célimène et le mouvement naturel représenté par Alceste. […] En tout cas le personnage le plus ridicule de la pièce est Argan, qui ne représente pas un préjugé, mais une manie, une phobie et une lâcheté, à savoir la peur de la mort. […] Et il est très vrai aussi qu’en cette pièce la nature, la bonne nature, représentée par Madame Jourdain et par Nicole, raille victorieusement Monsieur Jourdain. […] Certes il n’est pas optimiste et le pire des contre-sens serait de le représenter comme tel.

1514. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

À côté des systèmes de l’époque sur les mystères de l’âme et de l’existence apparaît une morale analogue et proportionnée à ces systèmes ; ou si l’on aime mieux se représenter la chose autrement, la philosophie en faveur fournit la base rationnelle ou la métaphysique du système de morale accrédité. […] On s’est figuré trop souvent la morale d’une nation sous la dépendance de quelques hommes ; on se l’est, à certains moments, représentée comme élaborée dans la solitude du cabinet, puis descendant de là jusqu’au peuple, qui se trouvait ainsi enseigné ou corrompu par un ou deux écrivains. […] Qu’on se représente Gargantua et ses aventures comme un titre d’entrée au séjour des bienheureux ! […] Or, ces divers échelons ne représentent que des distances illusoires. […] En 1672, le 1er mars, on y lit une comédie de Molière, apparemment les Femmes savantes, représentées le 11 du même mois.

1515. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Le parrain, messire Charles de Ferriol, chevalier, conseiller du Roy en ses conseils, ambassadeur de Sa Majesté à la Porte Ottomane, représenté par Antoine de Ferriol, frère du présent baptisé : la marraine, dame Louise de Buffevant, femme de messire Antoine de Tencin, chevalier, conseiller du Roy en ses conseils, président à mortier au Parlement de Grenoble, cy-devant premier président du Sénat de Chambéry, représentée par damoiselle Charlotte Haidée, lesquels ont déclaré ne sçavoir signer. […] Permettez-moi de vous représenter que, pour votre gloire, vous devriez me traiter plus honorablement.

1516. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il essaye de se représenter, par des amas de chiffres, la disproportion de notre courte durée et de l’éternité infinie. […] Comme j’observais dans son maintien quelque chose qui ressemblait à la folie, j’imaginai d’abord qu’il était là pour représenter cette sorte de démence que les médecins appellent hydrophobie ; mais m’étant rappelé le but du spectacle, je revins à moi à l’instant, et conclus que c’était l’Anabaptisme942. » C’est au lecteur de deviner ce que représentaient ces deux premières figures.

1517. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Apollon, représenté ici comme le dieu de la santé, sème la peste dans le camp. […] Vulcain, fils de Junon, conseille à sa mère la soumission ; il lui représente le danger d’irriter le maître des dieux, qui, dans un mouvement d’impatience, le précipita lui-même par le pied du ciel dans l’île de Lemnos. […] Didot et François, dans les maremmes d’Étrurie, peinture dont le style rappelle les plus beaux temps de l’art hellénique, représente cet épisode de l’Iliade.

1518. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Autrement dit, la matière, donnée originellement à notre conscience, est un continu ; mettez en présence de la matière une conscience, aussitôt cette continuité se brise, apparaît sous forme de discontinuité, parce qu’on ne peut se représenter la conscience et la matière se développant avec le même rythme de durée. […] L’allégorie est inutile, puisqu’elle remplace pour l’agrément l’expression directe de ce que les mots les plus simples suffiraient à rendre ; le symbole est indispensable puisqu’il représente ce que l’on ne pourrait autrement suggérer. » Beaunier. […] « L’homme pratique, l’homme positif ne voient dans les mots que les choses qu’ils représentent.

1519. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Cette école, dont nous avons vu dans le cénacle des Parnassiens les derniers héritiers, est représentée dans ce livre par celui qu’elle considérait, ce nous semble, comme son maître, Théophile Gautier. […] Mais il représentait admirablement, avait l’air d’un prince de la maison d’Este, et savait l’italien. […] « Cela représente huit heures du soir en été », comme dit Augier quelque part Pas même cela ; car cela peut se peindre ; cela représentait avec des mots l’état d’une âme tendre à huit heures du soir en été ou en automne. […] Ses opinions politiques d’alors étaient représentées par le journal Le Rappel, fondé vers la fin de l’Empire par ses parents et alliés. […] C’est ainsi qu’il arrive à écrire un poème symbolique embrassant à peu près toute l’histoire de France, qui n’est qu’un système d’images coordonnées, avec la monarchie sous ses différents aspects représentée par les statues de Henri IV, de Louis XIII, de Louis XIV et de Louis XV, le peuple obscur, opprimé et menaçant représenté par les cariatides grimaçantes du Pont-Neuf, la révolution représentée par la guillotine — un poème fait de pierre animée, passionnée et éloquente (la Révolution dans les Quatre Vents).

1520. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Parmi ces abbés du continent qui s’installent en Angleterre, tel établit une bibliothèque ; un autre, fondateur d’une école, fait représenter à ses écoliers « le jeu de sainte Catherine  » ; un autre écrit en latin poli des épigrammes « aiguisées comme celles de Martial. » Ce sont là les plaisirs d’une race intelligente, avide d’idées, d’esprit dispos et flexible, dont la pensée nette n’est point offusquée comme celle des têtes saxonnes par les hallucinations de l’ivresse et par les fumées de l’estomac vorace et rempli. […] Ainsi va leur vie tout aventureuse et décorative, promenée en plein air et au soleil, parmi les cavalcades et les armes ; ils représentent et se réjouissent de représenter. […] Ce sont ces hommes qu’il faut se représenter quand on veut comprendre comment s’est établie en ce pays la liberté politique.

1521. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Il aura, par exemple, beau dire et beau faire : je ne me le représenterai jamais renonçant à la rime, sous le prétexte qu’elle lui commande l’image ou la pensée. […] Ils auront sans doute aussi leur réaction, représentée par quelque génie de l’égout. […] La poésie future sera peut-être provençale, mais la contemporaine semble plutôt représentée par Vielé-Griffin ou Verhaeren que par Batisto Bonnet4. […] M. de Heredia la représente le plus complètement avec ses rimes rares, son œuvre minime, chatoyante et un peu puérile.

1522. (1927) Des romantiques à nous

On chercherait en vain l’homme ou l’œuvre qui représentent à un degré suffisant et sous une forme assez spécifique l’ensemble de ce qu’on s’est habitué à mettre sous le vocable de romantisme, pour pouvoir en être choisis comme les typiques substituts et les irrécusables symboles. […] On est trop porté à se représenter l’imagination comme la faculté de l’irréel. […] Mais, pour moi, la notion intellectuelle, théorique de Dieu, que Renan l’ait embellie ou gâtée, représente bien peu de chose, tant je vois depuis des siècles, philosophes et théologiens s’évertuer vainement à lui donner, à force de superlatifs, un corps saisissable. […] Les synthèses, institutions, règles d’action de cette époque, plus arbitrairement imaginée et reconstituée d’ailleurs que représentée dans ses traits réels, sont donnés comme la vérité absolue et éternelle qui suffit à tout et où il faut intégralement revenir. […] Boris Godounow avait été représenté pour la première fois en 1874.

1523. (1940) Quatre études pp. -154

Celui-ci comprenait mieux le problème profond de notre vie, puisqu’il représentait lui-même l’homo duplex, la créature contradictoire que se disputent des puissances ennemies. […] Qu’on songe à la différence qui sépare les chansons de Burns3, je ne dis pas des chansons de Béranger, qui représentent l’esprit de la bourgeoisie libérale, mais des chants démocratiques qui naquirent chez nous en grande abondance après la Révolution de 18304. […] Vivants, ils ont conscience d’être les modes d’une substance qui représente le seul bien, la seule vérité, le seul Être ; et ils demandent à perdre cette modalité particulière pour redevenir la substance divine : L’âme aimante s’élance hors du monde créé, et se crée dans l’infini un monde tout entier pour elle et fort différent de ce gouffre obscur et rempli de terreur. […] Nous l’avons nous-mêmes dit ailleurs : tandis que Byron avait fait de Childe Harold un personnage sceptique, ironique, en révolte contre les hommes et les dieux, l’auteur de La Mort de Socrate, qui répugne à une telle attitude, imagine de le représenter comme hésitant, troublé dans son incrédulité même, et saisi d’un tardif repentir. […] Elle est bannie peu à peu de leurs domaines ; elle n’est plus représentée que par les odes de J.

1524. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Et pourquoi ne dirait-on pas qu’il a été plus Ronsard que Ronsard, s’il représente de plus que Ronsard la réaction contre Malherbe et la protestation du lyrisme contre l’éloquence ? […] 2º Le Poète ; — et que son unique mérite est de représenter un moment très particulier de l’art d’écrire en vers ; — la publication de Ver-Vert en 1734 ayant été presque un événement littéraire ; — et Le Méchant, qui date de 1747, étant certainement la meilleure comédie en vers que nous ait léguée le xviiie  siècle ; — sans en excepter la Métromanie, elle-même, d’Alexis Piron. — Elle ne manque même pas d’une certaine force de satire ; — et de quelque valeur « documentaire » ; — si le type du « méchant » forme la transition entre les petits-maîtres de Marivaux [Cf.  […] Hornung, Les Idées politiques de Rousseau, 1878 ; et André Lichtenberger, Le Socialisme au xviiie  siècle, 1895] ; — et que pour le bien entendre, il faut se souvenir que Rousseau est un plébéien ; — un protestant, — à qui l’idée de la souveraineté populaire est innée ; — et enfin un Genevois. — Dans quelle mesure, en concevant son Contrat social, Rousseau s’est inspiré de la constitution de Genève ; — et comment, en se la représentant d’une manière idéale, — il se l’est représentée plus tyrannique encore qu’elle n’était. — Qu’il ne faisait pas bon vivre à Genève au dix-huitième siècle. — Le calvinisme inconscient de Rousseau [Cf.  […] 3º Les Œuvres. — On a de Sedaine de nombreux opéras-comiques dont nous avons cité les principaux ; — son Philosophe ; — sa Gageure [tirée de la nouvelle de Scarron d’où Molière avait tiré son École des femmes] ; — et aussi deux grands drames, plus ou moins historiques, un Raymond V, comte de Toulouse, qui n’a été ni joué ni publié ; et Maillard ou Paris sauvé, imprimé, mais non représenté. […] Importance littéraire du rôle de Bernardin de Saint-Pierre ; — et qu’il représente éminemment trois choses : — les commencements de l’exotisme dans la littérature descriptive ; — la réaction du sentiment contre les abus du rationalisme ; — et la transformation du style algébrique en style concret, vivant et coloré. — Ses Relations de voyage ; — et comment elles élargissent l’horizon entrouvert par Rousseau dans sa Nouvelle Héloïse. — Les descriptions du Voyage à l’Île de France, 1773, et celles des Jardins de l’abbé Delille, 1782. — Opposition des deux manières ; et comment Bernardin de Saint-Pierre achève et complète Buffon. — Si le principal mérite de Paul et Virginie n’est pas dans la nouveauté du décor ; — et que resterait-il de l’idylle un peu niaise de la quinzième année, — si l’on en ôtait la séduction et le charme des paysages qui l’encadrent ?

1525. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Représentons-nous maintenant l’effet littéraire des Méditations et des Odes sur une génération dont les poètes admirés étaient les Andrieux et les Népomucène Lemercier, les Casimir Delavigne et les Pierre-Jean de Béranger. […] « L’art, écrivait Flaubert, est une représentation, nous ne devons penser qu’à représenter », et, dans un autre endroit de sa Correspondance : « L’art ne doit rien avoir de commun avec l’artiste ». […] Il y faut ajouter son Théâtre, comprenant Vautrin, 1840 ; — Les Ressources de Quinola, 1842 ; — Paméla Giraud, 1843 ; — La Marâtre, 1848 ; — et Le Faiseur ou Mercadet [1838, 1840], remanié par M. d’Ennery et représenté pour la première fois en 1851 ; Les Contes drolatiques, 1832, 1833, 1837 ; Ses Œuvres diverses, dont la collection est tout à fait incomplète ; et sa Correspondance. […] XI. — L’Influence allemande L’influence allemande, continuée depuis Mme de Staël, — n’a guère été représentée jusqu’aux environs de 1860, — que par quelques universitaires, au premier rang desquels il faut nommer Saint-René Taillandier. — Mais, à dater de 1860, le pouvoir en augmente ; — et l’action s’en fait sentir dans trois ou quatre directions à la fois. […] 2º L’Homme et l’Écrivain ; — et que pour les comprendre, — mais surtout pour les juger, — il faut se représenter Alexandre Dumas fils — comme ayant affecté toute sa vie l’allure d’un révolté ; — dont l’indépendance aurait d’ailleurs été limitée — par ce besoin de plaire ; — et, pour plaire, de complaire à l’opinion — qui est toujours l’écueil de l’auteur dramatique.

1526. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

La Décade, qui allait tout à l’heure devenir impossible, représentait cette philosophie dans ce qui lui restait d’ardeur non découragée et de prosélytisme, dans son ensemble systématique et ses doctrines générales, et embrassait à la fois la politique, la religion, l’idéologie, la littérature. […] Suard, l’abbé Morellet et leurs amis, qui étaient des partisans du dix-huitième siècle et non de la Révolution, qui s’arrêtaient volontiers à d’Alembert sans passer à Condorcet, et demeuraient pratiquement fidèles à leurs habitudes d’esprit et à leurs goûts fins d’autrefois, ne se trouvaient pas réellement représentés par la Décade, et se trouvaient chaque matin soulevés et indignés, autant qu’ils pouvaient l’être, par les diatribes et les palinodies du Journal des Débats ou du Mercure.

1527. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Comment des esprits aussi policés et aussi aimables auraient-ils pu épouser les sentiments d’un apôtre, d’un moine, d’un fondateur barbare ou féodal, les voir dans le milieu qui les explique et les justifie, se représenter la foule environnante, d’abord des âmes désolées, hantées par le rêve mystique, puis des cerveaux bruts et violents, livrés à l’instinct et aux images, qui pensaient par demi-visions, et qui pour volonté avaient des impulsions irrésistibles ? […] Pareillement estimez à son juste prix l’essaim qui s’en nourrit, je veux dire l’aristocratie désœuvrée, tout le beau monde, les privilégiés qui commandent et représentent, les oisifs de salon qui causent, jouissent et se croient l’élite de l’humanité ; ils n’en sont que les parasites.

1528. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

III Alphonse, à son retour de Rome, fit représenter l’Aminta au printemps de 1573 dans ses jardins de Bello Sguardo ; le succès de cette tragédie pastorale fut immense et universel. […] Ce site avait été, dès son enfance, propice au Tasse ; il y vit représenter l’Aminta avec les mêmes applaudissements qu’à Ferrare ; il y composa en l’honneur de Lucrézia, toujours belle dans sa maturité, ce fameux sonnet de la rose, devenu depuis le proverbe poétique et consolateur des beautés dont la fleur survit à leur printemps : « Dans l’âpre primeur de tes années, dit le poète à Lucrézia, tu ressemblais à la rose purpurine qui n’ouvre encore son sein ni aux tièdes rayons ni à la fraîche aurore, mais qui, pudique et virginale, s’enveloppe de son vert feuillage ; ou plutôt (car une chose mortelle ne peut souffrir la comparaison avec toi) tu étais pareille à l’aube céleste qui, brillante et humide dans un ciel serein, emperle de ses pleurs les campagnes et embaume les collines de ses senteurs ; et maintenant les années moins vertes de ta vie ne t’ont rien enlevé de tes charmes ; et bien qu’indifférente et négligée dans ta parure, aucune beauté puissante, parée de ses plus riches atours, ne peut s’égaler à toi : ainsi plus resplendissante est la fleur à l’heure où elle déplie ses feuilles odorantes ; ainsi le soleil, à la moitié de son cours, étincelle de plus d’éclat et brûle de plus de flamme qu’à son premier matin. » Le duc et la duchesse d’Urbin, sachant que les grâces faites au Tasse étaient les plus douces flatteries au cœur de Léonora, lui firent présent d’un anneau orné d’un magnifique rubis, qu’il vendit plus tard à Mantoue comme sa dernière ressource contre la faim, pendant ses misères.

1529. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

M. de Lamartine, qui vit la comtesse d’Albany en 1810, c’est-à-dire à une époque très rapprochée de la date qui nous occupe, la représente à peu près dans les mêmes termes. […] Une admirable actrice italienne, rivale plus débordante de feu que Mlle Rachel, Mme Ristori, est venue à Paris et à Londres représenter devant le pays de Racine et de Shakespeare quelques scènes de ces tragédies toscanes d’Alfieri.

1530. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

La soldatesque agitait devant son cheval un drapeau sur lequel était représenté le cadavre de Darnley, couché à côté de son page dans le verger de Kirkoldfield, et le petit roi Jacques à genoux, invoquant le ciel contre sa mère et contre l’assassin de son malheureux père. […] Les conseillers d’Élisabeth lui représentèrent pour la première fois la nécessité du jugement de la reine d’Écosse et de sa mort pour la paix du royaume, et peut-être pour la sécurité de sa propre vie.

1531. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Mais l’homme ne vit pas seulement d’idéal ; il faut que cet idéal s’incarne et se résume pour lui dans des institutions sociales ; il y a des époques où ces institutions, qui représentent la pensée de l’humanité, sont organisées et vivantes ; la société alors marche toute seule, et la pensée peut s’en séparer et de son côté vivre seule dans des régions de son choix ; il y en a d’autres où les institutions usées par les siècles tombent en ruines de toutes parts et où chacun doit apporter sa pierre et son ciment pour reconstruire un abri à l’humanité. […] L’idée est mûre, les temps sont décisifs ; un petit nombre d’intelligences appartenant au hasard à toutes les diverses dénominations d’opinions politiques, portent l’idée féconde dans leurs têtes et dans leurs cœurs ; je suis du nombre de ceux qui veulent sans violence, mais avec hardiesse et avec foi, tenter enfin de réaliser cet idéal qui n’a pas en vain travaillé toutes les têtes au-dessus du niveau de l’humanité, depuis la tête incommensurable du Christ jusqu’à celle de Fénélon ; les ignorances, les timidités des gouvernements, nous servent et nous font place ; elles dégoûtent successivement dans tous les partis les hommes qui ont de la portée dans le regard et de la générosité dans le cœur, ces hommes désenchantés tour à tour de ces symboles menteurs qui ne les représentent plus, vont se grouper autour de l’idée seule, et la force des hommes viendra à eux s’ils comprennent la force de Dieu et s’ils sont dignes qu’elle repose sur eux par leur désintéressement et par leur foi dans l’avenir.

1532. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Je ne sais si je m’abuse, mais il me semble que cette force de représenter tout en emblèmes, exagérée jusqu’au point de ne pouvoir souffrir l’abstraction, est le trait caractéristique de la poésie de M.  […] Elle est le Beffroi de cette Cité mouvante et multiple, de toute forme et de tout âge, pleine de contrastes : où la Mosquée des Orientales s’arrondit, au milieu des flèches lyriques des Feuilles d’automne et des Voix intérieures, des Rayons et des Ombres, et des Contemplations ; où le Paris des Misérables s’agite autour de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, où le drame est représenté par tout un groupe tragique d’édifices, qui relient Aranjuez à la Tour de Londres, le Burg germanique au Louvre, la Renaissance italienne à la Décadence espagnole ; où le prétoire des Châtiments donne sur les camps et sur les tranchées de l’Année terrible, cette cité fantastique que la mer baigne, que les astres sans cesse interrogés illuminent, que les champs et les forêts envahissent ; où la nature, enfin, projette ses splendeurs et ses ténèbres, ses floraisons et ses éruptions, sur les luttes et les douleurs de l’humanité.

1533. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Sous le nom de mystères on représentait généralement les récits de l’Ancien et du Nouveau Testament, les vies des prophètes et des apôtres, celles des saints. […] Les personnages du Cid, de Polyeucte, de Cinna, d’Horace, ne sont si vivants que parce qu’ils représentent des caractères.

1534. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

La prêtrise égalait celui qui en était revêtu à un noble. « Quand vous rencontrez un noble, entendais-je dire, vous le saluez, car il représente le roi ; quand vous rencontrez un prêtre, vous le saluez, car il représente Dieu. » Faire un prêtre était l’œuvre par excellence : les vieilles filles qui avaient quelque bien n’imaginaient pas de meilleur emploi de leur petite fortune que d’entretenir au collège un jeune paysan pauvre et laborieux.

1535. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

La thèse des Morts qui parlent est que les hommes qui, aujourd’hui, sont censés représenter le peuple au parlement, ne sont que des fantoches incarnant les idées des conventionnels. […] La femme représente dans un roman l’objet esthétique.

1536. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

En un mot, la singularité n’étonne que les hommes communs, C’est pourquoi on oublie si vite nos romans contemporains qui représentent des fous raffinés dans une ambiance de vide, tandis que nous gardons dans notre mémoire le souvenir des vieux contes sur les hommes communs dans un monde fou. […] Tous sont ici représentés par de belles œuvres, dignes de durer.

1537. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Nous voulons dire que le dessinateur peut se doubler d’un auteur satirique, voire d’un vaudevilliste, et qu’on rit bien moins alors des dessins eux-mêmes que de la satire ou de la scène de comédie qu’on y trouve représentée. […] Un philosophe contemporain, argumentateur à outrance, auquel on représentait que ses raisonnements irréprochablement déduits avaient l’expérience contre eux, mit fin à la discussion par cette simple parole : « L’expérience a tort. » C’est que l’idée de régler administrativement la vie est plus répandue qu’on ne le pense ; elle est naturelle à sa manière, quoique nous venions de l’obtenir par un procédé de recomposition.

1538. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Roederer s’est beaucoup essayé dans le genre des scènes historiques ; il a tâché d’en reproduire du xvie  siècle et du temps de la Ligue ; il a voulu, à l’exemple du président Hénault (lequel lui-même se ressouvenait de Shakespeare), représenter et nous rendre l’histoire en action, nous montrer les personnages avec leurs mœurs, leur ton de tous les jours et dans la familiarité.

1539. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Mais quelques mois après le retour d’Espagne, aux conférences qui se tinrent à La Fère entre le duc de Mayenne et le duc de Parme venant au secours de Rouen (janvier 1592), le président Jeannin, représentant M. de Mayenne, eut à traiter avec le président Richardot et don Diego d’Ibarra, qui représentaient le capitaine de Philippe II.

1540. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Dans notre temps, où ce qu’on appelait autrefois le sens commun est si peu d’usage en littérature et se trouve le plus souvent remplacé par le caprice, M. de Sacy en est un des derniers représentants utiles ; je ne sais même si l’on trouverait aujourd’hui personne qui le représentât aussi nettement et aussi distinctement que lui, qui en offrît un exemplaire vivant aussi authentique et aussi sensible.

1541. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Il me représente quelque chose comme MM. 

1542. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

L’important, avec Bossuet, est de bien saisir la forme particulière à son esprit, à cette intelligence si vaste d’ailleurs et si complète pour l’ordonnance et pour l’expression ; je voudrais me la représenter mieux que par des aperçus, et la réfléchir dans son plein.

1543. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

eh bien, à moi seul en France, peut-être, il serait permis de ne pas détester sa mémoire, puisqu’il sut m’estimer assez pour ne me rendre ni le confident ni le complice d’un si détestable projet4. » L’existence de Frochot, au sortir de l’Assemblée constituante, nous représente en moyenne celle de beaucoup de ses collègues : il rentra dans ses foyers, dans le bourg d’Aignay, où il comptait reprendre sa vie ordinaire.

1544. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Sût-on d’ailleurs faire revivre, par impossible, et ressaisir quelques-unes des finesses discrètes et des grâces qu’il représente, on peut grandement douter que l’emploi en fût applicable dans des jours aussi rudes que les nôtres, et quand le siècle de fer de la presse est véritablement déchaîné.

1545. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Ceux qui entretiennent une familiarité libre avec les éloquents écrivains qui la représentent ont chance d’en ressaisir quelque chose dans leur vie, dans leur pensée.

1546. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Il est très-capable de réussir dans un pareil ouvrage, et de nous donner une belle histoire revêtue de tous les agréments de la diction. » Puis, le comparant à Voltaire qui est en train de composer son Siècle de Louis XIV, et qu’il nous représente comme un jeune homme maigre, qui paraît attaqué de consomption , l’honnête Jordan souhaite à l’un plus de santé et à l’autre plus d’aisance.

1547. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Toutes les scènes qui se rapportent à la mort de Rosa sont d’une haute beauté morale ; il sera sensible à tout lecteur que celui qui les a si bien conçues et représentées travaillait, lui aussi, en vue du sujet même, c’est-à-dire du suprême instant et qu’il peignait d’après nature.

1548. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

cette foule vous représente la véritable nation.

1549. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Quand on se représente un peu nettement la condition des hommes en ce temps-là, on comprend qu’ils aient accepté de bon cœur les pires droits féodaux, même celui de marquette ; ce qu’on subissait tous les jours était pire encore11.

1550. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Je lui aurais représenté la faiblesse du personnage, et je lui aurais dit que son très-humble serviteur était incapable de résister à une fille de quinze ans, qui a les yeux beaux, la peau délicate et blanche, les traits du visage d’un agrément infini, une bouche et des regards !

1551. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Comme leur sexe les rend très malléables aux influences extérieures, elles représentent avec moins de mélange peut-être que les hommes, l’esprit des temps où elles ont vécu ; et, en outre, comme la vocation littéraire chez les femmes suppose, plus que chez nous, par son caractère d’exception, un don spontané et original ou une vie un peu en dehors de la règle commune, presque toutes nous offrent, en effet, dans leur caractère ou dans leur existence, des traits imprévus et piquants.

1552. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Nous concevons plus vivement, en effet, nous nous représentons dans un plus grand détail et nous perpétrons avec plus d’application l’acte qui passe pour péché que celui qui est moralement indifférent.

1553. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Charles de Pomairols Lamartine seul aurait eu la puissance nécessaire pour continuer, étendre le genre de littérature qu’il représentait.

1554. (1842) Essai sur Adolphe

Il n’y a dans le roman de Benjamin Constant que deux personnages ; mais tous deux, bien que vraisemblablement copiés, sont représentés par leur côté général et typique ; tous deux, bien que très-peu idéalisés, selon toute apparence, ont été si habilement dégagés des circonstances locales et individuelles, qu’ils résument en eux plusieurs milliers de personnages pareils.

1555. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Si les circonstances renaissaient, les phénomènes reparaîtraient, et nous verrions encore des Christ, non plus probablement représentés par des individus, mais par un esprit nouveau, qui surgira spontanément, sans peut-être se personnifier aussi exclusivement en tel ou tel.

1556. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Dans le Livre de Daniel, au milieu de la vision des empires représentés par des animaux, au moment où la séance du grand jugement commence et où les livres sont ouverts, un être « semblable à un fils de l’homme » s’avance vers l’Ancien des jours, qui lui confère le pouvoir de juger le monde, et de le gouverner pour l’éternité 370.

1557. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

La continuation de l’action musculaire donne des idées de durée et d’étendue. « La différence entre six pouces et dix-huit pouces est représentée par les différents degrés de contraction de quelque groupe de muscles ; ceux, par exemple, qui fléchissent le bras, ou ceux qui en marchant fléchissent ou étendent le membre inférieur. » Enfin la connaissance que nous avons du degré de rapidité de nos mouvements, nous permet d’estimer la vitesse des autres corps en mouvement ; la mesure étant d’abord empruntée à nos propres mouvements.

1558. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

« La doctrine depuis longtemps prédominante, qui représente la volition comme la source de tout pouvoir moteur, est considérée comme recevant la plus forte confirmation du sentiment de l’effort qui accompagne la production d’énergie musculaire. » Voyons ce qu’il en faut croire.

1559. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Si elles n’assurent pas toujours des jouissances, il semble qu’elles les représentent, et que le mot qui les exprime est l’abrégé de toutes.

1560. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Pour me représenter M. de Lamartine et ses erreurs sans lui faire trop d’injure, je me suis demandé quelquefois ce que serait devenu un François de Sales ou un Fénelon, une de ces natures d’élite, qui n’aurait pas été élevée du tout, qui n’aurait connu aucune règle, et se serait passé tous ses caprices.

1561. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Et ne fut-elle pas dignement représentée dans la campagne de Russie par M. de Narbonne ?

1562. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Ney trouvait toujours qu’on n’en faisait pas assez ; il arrivait quelquefois en tête, et prenait le fusil, comme on le voit représenté dans les estampes populaires.

1563. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

C’est un homme sincère et modéré, qui a déjà livré plus d’un combat pour toute liberté et contre tout arbitraire, qui, en 1829, dans la dernière année de la restauration, a repoussé tout ce que le gouvernement d’alors lui offrait pour le dédommager de l’interdit lancé sur Marion de Lorme, et qui, un an plus tard, en 1830, la révolution de juillet étant faite, a refusé, malgré tous les conseils de son intérêt matériel, de laisser représenter cette même Marion de Lorme, tant qu’elle pourrait être une occasion d’attaque et d’insulte contre le roi tombé qui l’avait proscrite ; conduite bien simple sans doute, que tout homme d’honneur eut tenue à sa place, mais qui aurait peut-être dû le rendre inviolable désormais à toute censure, et à propos de laquelle il écrivait ceci en août 1831 : « Les succès de scandale cherché et d’allusions politiques ne lui sourient guère, il l’avoue.

1564. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Madame de Montespan, Louvois, le roi Jacques, Louis XIV, n’étoient pas représentés à leur avantage.

1565. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Les anatomistes en effet nous apprennent que le crâne ne se moule pas sur les circonvolutions cérébrales ; il ne les représente, nous dit M. 

1566. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Qu’arrivait-il de là : car après tout, le poète n’avait [rien] révélé ni fait croire ; le peintre et le sculpteur n’avaient représenté que des qualités empruntées de la nature ?

1567. (1761) Apologie de l’étude

Mais si on avait, comme je le suppose, un désir sincère de les convertir en les effrayant, on pouvait, ce me semble, faire agir un intérêt plus puissant et plus sûr, celui de leur vanité et de leur amour-propre ; les représenter courant sans cesse après des chimères ou des chagrins ; leur montrer d’une part le néant des connaissances humaines, la futilité de quelques-unes, l’incertitude de presque toutes ; de l’autre, la haine et l’envie poursuivant jusqu’au tombeau les écrivains célèbres, honorés après leur mort comme les premiers des hommes, et traités comme les derniers pendant leur vie ; Homère et Milton, pauvres et malheureux ; Aristote et Descartes, fuyant la persécution ; le Tasse, mourant sans avoir joui de sa gloire ; Corneille, dégoûté du théâtre, et n’y rentrant que pour s’y traîner avec de nouveaux dégoûts ; Racine, désespéré par ses critiques ; Quinault, victime de la satire ; tous enfin se reprochant d’avoir perdu leur repos pour courir après la renommée.

1568. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Certains critiques l’ont représenté comme une longue allégorie dont la clef serait perdue pour nous.

1569. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Cette histoire se compose de quatre volumes, doublement substantiels par l’esprit et par la matière, lesquels représentent six années de recherches et de travail infatigable sur l’époque la plus passionnée et la plus féconde de l’histoire moderne, puisque le monde moderne, tout entier, est sorti de cette époque-là !

1570. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

… Le caoutchouc n’est pas plus souple… Nous y avons vu Lamartine, Hugo, de Vigny, toute cette phalange intrépide qui avait levé le bouclier contre la littérature que représentait l’Académie ; et même, plus tard, nous y vîmes l’élégant de Musset, avec cet affreux frac vert à palmes jaunâtres, qui paya, lui, pour tous les autres, et à qui Molé, de son doigt de pédant, allongea les oreilles comme à un écolier coupable, dans son discours de réception !

1571. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

On remarquera que les trois hommes dont je vais citer l’opinion représentent des nuances différentes du plus pur sentiment français.‌

1572. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Il n’en est pas moins vrai qu’on se représente maintenant la possibilité d’horloges matérielles et d’observateurs vivants en tous les points du système.

1573. (1915) La philosophie française « I »

Préparée par les aliénistes français de la première moitié du XIXe siècle, elle s’est constituée d’une manière définitive avec Moreau de Tours, et elle n’a pas cessé, depuis, d’être représentée en France par des maîtres, soit qu’ils fussent venus de la pathologie à la psychologie, soit que ce fussent des psychologues attirés vers la pathologie mentale.

1574. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

C’est ainsi qu’on a vu un poète célèbre dont on représentait une pièce, mêler ses acclamations aux cris du public, oubliant également et le théâtre, et les spectateurs, et lui-même.

1575. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Les époques les plus intéressantes de sa vie y étaient représentées.

1576. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Quand on essaye de se représenter les sentiments de cette littérature, il semble que l’on respire le faible et le suave parfum d’une rose-thé flétrie et conservée depuis cent ans. […] Il ne songe point à représenter les Grecs comme aventureux, désintéressés et héroïques. […] Mais ils sont peintres plus que poètes ; ils comprennent mieux la figure d’un objet que sa pensée intime ; ils se représentent mieux les sensations que les sentiments ; ils ont l’imagination des yeux plutôt que celle du cœur. […] Au contraire, si Platon représente des personnages, c’est qu’il les copie ; s’il écrit des dialogues, c’est qu’il en écoute. […] Troplong représentait l’aristocratie comme injuste et tyrannique : il la représente comme juste et bienfaisante.

1577. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Celui-là représente pour eux la force populaire incarnée dans un homme. Et en quoi donc la représente-t-il ? […] Le peuple ne se trompe donc pas entièrement en se voyant représenté par lui. […] Il représente la majorité et lui obéit aveuglément. […] C’est elle, représentée par sa majorité, qui vous lie et vous emprisonne dans sa volonté.

1578. (1886) Le roman russe pp. -351

Le tsar fonde l’académie Slave-gréco-latine, il fait venir des troupes de comédie et de ballet pour représenter les mystères de Siméon Polotzky. […] Disons, si l’on veut, qu’il représente une petite classe de ce grand pays, l’aristocratie cosmopolite à laquelle il appartenait, et dans cette classe une aptitude dominante, son incroyable souplesse à sortir d’elle-même, à se modeler sur tous les patrons. […] Il a les passions forcenées de Pouchkine sans l’heureux naturel qui les corrige : ses contemporains s’accordent à nous le représenter vindicatif et hargneux, un méchant compagnon. […] La presse, représentée alors par les revues littéraires, se déchaîna contre l’imprudent qui remontait le courant du jour. […] Il y a là un certain Solomine, un jeune directeur de fabrique, qui représente les idées moyennes et parle évidemment pour l’auteur.

1579. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Un seul empire là-haut, un monarque de l’univers qui réside dans le ciel ; un seul empire d’institution divine ici-bas, le saint Empire romain, gouverné par l’empereur, qui représente Dieu dans les choses temporelles, et par le saint pontife, qui représente Dieu dans les choses spirituelles, l’un inattaquable dans sa souveraineté politique, l’autre inviolable dans son Église, tous deux entièrement distincts dans leurs attributions, tel était, selon l’Allighieri, et selon l’opinion la plus répandue de son temps, l’ordre éternel et parfait. […] L’émotion était instantanée ; l’intérêt pour les personnages, l’adoration pour les divinités représentées, se confondaient avec l’enthousiasme pour le talent qui les figurait aux yeux. […] Ne vous rappelez-vous pas cette belle mosaïque du dôme de Sienne où Socrate et Cratès sont représentés gravissant avec effort la montagne escarpée de la vertu ? […] Lucas de Leyde paraît s’être préoccupé beaucoup de nos deux poëtes, car il a fait une autre composition qui représentait Dante au moment fatal où il apprend la mort de Henri VII. […] Wolfgang, après y avoir songé longtemps, en vint un jour à l’idée de représenter en abrégé le mystère de la création et d’adorer en son nom le Créateur.

1580. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Et c’est lui, en somme, qui représente la dynastie. […] Au-dessus de l’autel de pierre, une fresque, détériorée par le temps et martelée par les révolutions politiques, représente le Christ, les bras étendus en croix. […] La présence d’un certain nombre de petits jeunes gens nous rappellera peut-être ce que nous fûmes, et l’assiduité de quelques vieux messieurs nous représentera ce que peut-être nous serons plus tard. […] Il a voulu représenter les apprêts de la course de char où vont lutter Pélops et Œnomaos. […] Le statuaire a voulu représenter le combat des Centaures et des Lapithes, aux noces de Pirithoos.

1581. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Taine, il se représentait une autre Révolution et un autre Bonaparte. […] Zola, tel qu’il le représente encore, et ses rares disciples avec lui, le naturalisme a fini sa journée. […] Ils n’ont qu’une manière de le représenter, comme une espèce d’exaspération ou de délire des sens. […] Que représente-t-il exactement ? […] « Représenter les passions ? 

1582. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Je ne m’étonne pas que cette poésie impatientât Saint-Évremont, et que, dans un moment de mauvaise humeur contre Chapelain, il ait fait cette jolie scène de comédie où il le représente seul, faisant des vers avec un soin ridicule et peu de génie : Tandis que je suis seul, il faut que je compose Quelque ouvrage excellent, soit en vers, soit en prose. […] Et qui donc représente plus exactement que le grand Corneille lui-même les deux époques et les deux goûts, le subtil et le grand, la déclamation et le naturel, l’imitation espagnole et le pur génie français ? […] Cependant Dom Japhet d’Arménie, composé et probablement représenté en 1653, se jouait encore en 1665, et comme on dit, en style de théâtre, faisait plus d’argent que Cinna 104. Ni l’École des maris qui date de 1661, ni l’École des femmes, représentée l’année suivante, ni le progrès du goût qui ne laissait pas à Molière le temps d’achever le Tartufe, et qui lui en arrachait des mains les trois premiers actes, pour les faire jouer en 1664, rien n’avait réussi à chasser Dom Japhet du répertoire.

1583. (1896) Le livre des masques

C’est ainsi que l’on devrait le représenter, forgeron qui, Comme s’il travaillait l’acier des âmes Martèle à grands coups pleins, les lames Immenses de la patience et du silence. […] Le Villiers ironiste, l’auteur des Contes cruels et de Tribulat Bonhomet est intermédiaire entre les deux phases romantiques ; l’Ève future représenterait comme un mélange de ces deux tendances si diverses, car ce livre d’une écrasante ironie est aussi un livre d’amour. […] Louis Dumur Représenter la logique parmi une assemblée de poètes, est un rôle difficile et qui a ses inconvénients. […] Sans talent et sans conscience, nul ne représenta sans doute aussi divinement que Verlaine le génie pur et simple de l’animal humain sous ses deux formes humaines : le don du verbe et le don des larmes.

1584. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Alors il représenta vivement à Sartines que le crédit et la réputation du ministre de la police étaient intéressés à la suppression du libelle, protestant que sans l’autographe royal il ne pouvait rien faire. […] Laharpe dit que pour faire représenter Figaro il dépensa encore plus d’esprit que pour l’écrire. […] L’impératrice Catherine II offrit à Beaumarchais de faire représenter en Russie la pièce qu’on interdisait en France ! […] disaient-ils avec raison ; est-ce bien lorsque l’ignorance et la légèreté de cette ville ont attiré sur elle les plus épouvantables catastrophes, qu’il convient de faire son apothéose et de la représenter comme le soleil inondant l’Europe de ses rayons ? […] Vous y verrez Saladin, sultan d’Égypte et de Syrie, toujours représenté comme un diable de la plus noire espèce, et les croisés comme des anges de lumière.

1585. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

ne soyons ni jansénistes ni molinistes. » Mais on voit bien qu’il est un peu plus jésuite que moliniste par instinct autoritaire et monarchique et par une sorte d’horreur naturelle pour tout ce qui, dans un Etat, représente l’indépendance à l’endroit du pouvoir central. […] [Du reste] dans les courts moments de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite qu’il la perde.  » Et Rousseau conclut (je prends pour sa conclusion le passage où sur cette question il est à la fois le plus net et le plus explicite) par ces lignes décisives : « La souveraineté ne peut être représentée par la même raison qu’elle ne peut être aliénée ; elle consiste dans la volonté générale et la volonté générale ne se représente point ; elle est la même ou elle est autre ; il n’y a pas de milieu. […] Il se raille du gouvernement direct, un peu superficiellement et puérilement, comme toujours, mais avec quelque raison, du reste, à ce qu’il me semble : « Il paraît bien étrange que l’auteur du Contrat social s’avise de dire que tout le peuple anglais devrait siéger en parlement et qu’il cesse d’être libre quand son droit consiste à se faire représenter au Parlement par députés. […] D’un côté les Evêques, du moins la plupart, et les Jésuites qui représentaient la Cour de Rome et s’acharnaient à faire accepter la bulle Unigenitus, de l’autre côté les Jansénistes ou semi-jansénistes, les gallicans et les parlementaires, qui s’obstinaient à repousser la bulle et à se réclamer des vieilles libertés de l’Église française. […] Ce rabbin prétend que la loi mosaïque est éternelle, immuable, et de là il conclut que ses ancêtres se conduisirent, dans leur déicide comme leur loi l’ordonnait expressément… » Dans ses lettres : au cardinal Dubois, 28 mai 1722 : « Si Votre Excellence juge la chose importante, oserai-je vous représenter qu’un juif, n’étant d’aucun pays que celui où il gagne de l’argent, peut aussi bien trahir le roi pour l’empereur que l’empereur pour le roi ?

1586. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Il n’y a plus que quelques rares commis voyageurs qui osent représenter la province comme incapable d’assimilation et d’innovation. […] Paris, caractérisé par la tour Eiffel, représente assez bien la tour de Babel du dix-neuvième siècle, la ville des rastaquouères et du luxe cosmopolite, le grand magasin du Louvre de la littérature. […] Son appréciation du théâtre d’Hugo représente à peu près ce que nous pensons tous aujourd’hui d’Hernani, de Ruy Blas et du Roi s’amuse. […] Ou ne se représente pas ce qu’il a fallu d’efforts à nos deux grands siècles classiques pour avoir du talent eu dépit de l’imitation et pour se créer un mérite sans vouloir être original. […] Ce serait un excellent résultat si l’on pouvait convertir sur ce point ceux qui représenteront demain notre mouvement littéraire.

1587. (1894) Critique de combat

Je lui représentai que l’ironie n’était pas preuve d’indifférence ; qu’après tout il pouvait bien y avoir un fond de philanthropie aigrie dans une quintessence de misanthropie. […] Vous nous avez représentés écoutant des voix qui viennent on ne sait d’où. […] Croyez-vous qu’il ait pu d’après cela se représenter le mouvement d’idées si intense qui agite les profondeurs du monde socialiste ? […] Le voilà, le principe dangereux qui mène un exalté à tourner contre la collectivité et ceux qui la représentent les caprices violents de son bon plaisir individuel ! […] Demandez à n’importe qui ce que Voltaire représente et l’on vous répondra : La libre pensée, l’impiété railleuse, la lutte contre la théologie, la raison opposée à la foi.

1588. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Défenseur de la liberté et de l’égalité républicaines, il représente aussi la fraternité. […] En se ralliant au pouvoir nouveau, il obéissait à son goût naturel pour ce qui représente l’ordre, la stabilité, la discipline, son aversion pour ce qui est agitation et trouble. […] Il se représente avec tristesse tel adolescent débordant de sève qui court chaque jour après l’une des sirènes. […] Mlle Dumaire, Mlle Marie Bière, Mme de Tilly, représentaient la revendication sociale ; Mlle Hubertine représente la revendication politique. […] Il devait, je le sais, représenter l’Américain vieilli, à la bonne heure !

1589. (1774) Correspondance générale

Mais oserais-je vous représenter, monsieur, que ce soient surtout des jeunes gens ? […] Tancrède, tragédie représentée pour la première fois le 30 septembre 1760. […] Imprimé en 1767, il fut joué en province, mais l’auteur ne put obtenir de le faire représenter à Paris. […] Il fut représenté enfin sur le Théâtre-Français, le 4 janvier 1790. […] Le maréchal de Richelieu protégeait l’auteur ; cependant le secret transpira, et le jour même où l’ouvrage devait être représenté, un ordre de M. de Sartine le fit supprimer.

1590. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Joachim Gasquet, s’exprimant sur Émile Zola, a trouvé pour le caractériser cette phrase expressive et solennelle : « Il est, à nos yeux, l’un des types le mieux achevé des sages nouveaux, il représente pour nous l’homme moderne accompli, dont la conscience réfléchit la raison universelle des choses et dont le cœur bat à l’unisson de la sève du monde et de Dieu !  […] Ce qui l’intéressait dans l’homme, ce n’était pas le fade mannequin romanesque qu’on avait coutume de représenter, mais c’était le fougueux fragment de matière vivante, soumis aux lois aveugles de la nature entière, dont il se proposait d’ausculter les palpitations. […] Il se représentait l’individu comme un simple anneau de la chaîne des êtres, et le cours d’une existence humaine paraissait aux yeux de cet évolutionniste ainsi qu’une passagère transition entre un ancêtre et un descendant.

1591. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

C’est donc bien ici une idée qui s’est réalisée, une forme de rougeur représentée qui est devenue une rougeur réelle. […] L’hypnotisée se représente avec intensité une brûlure, un vésicatoire, un stigmate ; elle finit par sentir la brûlure et par la réaliser ainsi en ses effets cérébraux ; puis l’effet devient cause, et la chaleur sentie dans le cerveau va rayonnant jusqu’à la peau même, dans telles limites déterminées par ce que les psychologues appellent « les signes locaux ». […] C’est même la tendance actuellement dominante en psychologie que de multiplier les personnages du drame intérieur, de représenter notre tête comme un théâtre où jouent une foule d’acteurs vraiment différents, ayant chacun un moi plus ou moins rudimentaire.

1592. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

je ne connais pas de tableau défigurant le christianisme par une plus grosse image matérielle, et je ne connais pas de toile l’ayant représenté dans une prose plus commune, dans un beau plus vulgaire. […] Nous sommes dans ce salon fameux, et qui ne vaut pas le bruit qu’il fait, au milieu de ces peintures faites et encore à faire, destinées à représenter l’Assomption de la courtisane, et commençant à Cléopâtre et finissant par la maîtresse de la maison aumônant des égyptiaques. […] À l’hôtel, en rentrant, notre chambre nous paraît d’une saleté plus menaçante, et le lion représenté sur nos descentes de lit, plus triste et plus mangé de vermine que le matin.

1593. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Nous sommes des malheureux autour desquels le bonheur est représenté sous mille formes diverses. […] Si vous ne faites pas un effort pour vous bien représenter ce site, vous me prendrez pour un fou, lorsque je vous dirai que je poussai un cri d’admiration, et que je restai immobile et stupéfait. […] Ce sont ceux qui sont restés enfans, et à qui l’habitude des signes n’a point ôté la facilité de se représenter les choses.

1594. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Son Centaure vit d’une vie ardente et surhumaine, et ce fut une idée vraiment grande que d’avoir représenté le génie sous la forme de cet être légendaire, aux passions démesurées, qui est bien comme il le dit « le fils irrésistible de la Nature et de la Force » et dont la loi n’est pas celle des Codes humains. […] Je me suis attaché à montrer principalement que les âmes humaines se développent suivant un rythme qui leur est propre, et que la poésie n’est pas autre chose que la traduction harmonique des rapports spontanés qui s’établissent entre les états successifs d’une même âme, et qui représentent des aspects divers de la vie et du développement de cette âme. […] Sully Prudhomme ou Herediad par exemple, n’en représente pas moins un aspect légitime et curieux de la poésie française.

1595. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Au lieu de cela, nos compatriotes la dénigrent tant qu’ils peuvent, et ce sont les étrangers qui sont forcés de nous dire à chaque instant : « Ne croyez pas tout le mal que vous dites de vous. » Et pour prouver leur dire, ils nous traduisent dans toutes les langues, ils nous représentent sur tous leurs théâtres, avec ou sans droits d’auteurs, ils nous adaptent, ils nous imitent, ils nous pillent, ils nous volent. […] La Tourmente, qu’il vient de publier, représente, disent les critiques, un grand effort, en même temps qu’une évolution dans la forme de son réalisme ; la chose est peut-être vraie, mais j’en serais au regret s’il y paraissait beaucoup dans son livre ; pour bien faire, il n’y faut pas trop chercher, et prendre surtout garde de perdre la personnalité que la nature, avare de ce don, vous a accordée. […] Comme les précédents, ce tome est divisé en sept grands fragments qui représentent les cordes de la lyre, vibrant aux mouvements de la nature, de l’humanité, de la philosophie, de l’art, de l’amour, de la fantaisie, et enfin la corde d’airain où résonnent les accents de la passion, les cris de colère, les imprécations juvénalesques des Châtiments. […] Il réglait et se représentait avec la précision la plus minutieuse, la parade funèbre : son régiment s’assemblera, vêtu d’un uniforme neuf, le premier bataillon devant le château, l’aile droite à la rivière, là où les murailles commencent ; le second à côté, sur la gauche, et le troisième derrière le second ; les tambours seront recouverts de drap noir, et les fifres et les hautbois garnis de crêpes ; les officiers porteront le crêpe au chapeau, au bras, à l’écharpe et à la dragonne ; le drapeau sera voilé de crêpe. […] Octave Uzanne les aime, et comme il les aime, il les a étudiés de très près et, en peintre fidèle, il nous les a représentés un à un, tels qu’ils sont, nous soulignant aussi bien leurs vices que leurs qualités, nous montrant les uns vifs, intelligents, érudits, les autres assoupis par les années, l’ivresse, la paresse, insouciants de leur industrie et uniquement occupés à apporter le matin et à remporter le soir leurs boîtes telles quelles.

1596. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Hugo, c’est-à-dire l’espace compris entre seize et vingt-deux ans, sont représentées d’une façon très incomplète dans ses œuvres lyriques. […] Les personnages créés par sa fantaisie concourent merveilleusement à l’expression de la pensée que nous signalons ; mais aucun ne porte écrit sur le front le principe qu’il représente. […] Elle est représentée par un personnage unique, par Guillaume des Barres ; mais Guillaume des Barres n’est à proprement parler que le confident de Philippe-Auguste : il n’agit pas, il n’a pas de rôle vraiment personnel, il n’exprime pas les sentiments de la noblesse française. […] Quant au légat, qui doit représenter la puissance pontificale et qui parle au nom d’Innocent III, c’est-à-dire au nom d’une volonté énergique et persévérante, il accomplit assez maladroitement sa mission, car il débute par la menace. […] La partie vraiment intéressante de la tragédie, la partie vivante, animée, pathétique, n’est pas représentée sur le théâtre.

1597. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

L’Espagnol catholique et exalté se représente la vie à la façon des croisés, des amoureux et des chevaliers, et, abandonnant le travail, la liberté et la science, se jette, à la suite de son inquisition et de son roi, dans la guerre fanatique, dans l’oisiveté romanesque, dans l’obéissance superstitieuse et passionnée, dans l’ignorance volontaire et irrémédiable1325. […] Ce que l’on sait de lui, c’est qu’il est parfaitement juste, et une confiance pareille suffit pour représenter tous les événements de la vie comme un acheminement vers le règne de la justice.

1598. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

« Je me représente votre petit ménage de Val-de-Loup comme le plus gracieux du monde ; mais, quand on écrira la biographie de Mathieu dans la vie des saints, convenez que ce tête-à-tête avec la plus belle et la plus admirée femme de son temps sera un drôle de chapitre. […] À la ville elle habitait une maison qui lui appartenait, rue d’Anjou, et qui représentait sa dot.

1599. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Quand un homme de talent est malheureux, ruiné ou exilé par l’infortune, loin des montagnes ou des ravins qui l’ont vu naître ; quand les lieux, le temps, les personnes se représentent à lui comme des angoisses ou des remords, et qu’il ne les apaise qu’en les exprimant, sa douleur devient du génie, et il sort alors de son âme des cris qui sont l’apogée des tristesses humaines. […] Je me représente toujours des sociétés d’amis sincères et vertueux ; des époux assortis, que la santé, la jeunesse et la fortune réunies comblent de bonheur.

1600. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

On représentait là la tragédie de lord Buckhurst, Gorboduc ou Ferrex et Porrex, la mère Bombic, de Lily, où l’on entendait les moineaux crier phip phip, le Libertin, imitation du Convivado de Piedra qui faisait son tour d’Europe, Felix and Philiomena, comédie à la mode, jouée d’abord à Greenwich devant la « reine Bess », Promos et Cassandra, comédie dédiée par l’auteur George Whetstone à William Fletwood, recorder de Londres, le Tamerlan et le Juif de Malte de Christophe Marlowe, des interludes et des pièces de Robert Greene, de George Peele, de Thomas Lodge et de Thomas Kid, enfin les comédies gothiques, car, de même que la France a l’Avocat Pathelin, l’Angleterre a l’Aiguille de ma commère Gurton. […] Six ans après, il écrivit et représenta Hamlet, puis Othello, puis la belle tragédie historique de la mort de Jules César.

1601. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Les vers, les périodes, les couplets ne sont pas rares chez eux, où les mots ne représentent plus aucune idée, absolument rien d’intellectuel, mais chez l’un des frémissements de la sensibilité, ou des perceptions de l’œil, chez l’autre seulement des perceptions de l’œil736. […] Formules (le nombre des syllabes étant représenté par les chiffres) 12, 6, 12, 6. — 12, 8, 12, 8. — 12,12, 12,12, 8

1602. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Villehardouin représente certaines qualités de l’esprit français, Joinville en représente d’autres.

1603. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

L’abbé d’Olivet le représente comme un homme qui ne fut le rival d’aucun des savants de son temps, mais l’ami et le confident de tous, le directeur de leurs études et le dépositaire de leurs secrets, que l’ambition ne tenta point et que n’aigrit pas la satire. […] Ce grand style qui attire tous les regards vient soit de la raison émue par la présence des grandes vérités qu’elle reconnaît, et par l’ardeur de les communiquer, soit d’une imagination forte qui se représente les idées comme des objets distincts, palpables et colorés, soit enfin d’une sensibilité très vive, qui intéresse la chair et le sang aux conceptions de l’esprit.

1604. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

J’ai déjà fait remarquer, à propos de l’unité des centres de création spécifiques, qu’il serait bien rigoureux d’entendre, par ce terme d’ancêtre unique, un seul individu ou un seul couple Il serait encore plus incroyable de supposer que la forme primordiale, l’ancêtre commun et archétype absolu de la création vivante, n’eût été représenté que par un seul individu. […] Il faut donc admettre au contraire que chacun de nos règnes et de nos embranchements doit à l’origine avoir été représenté par un nombre considérable de races, issues chacune d’un germe primitif, et qui varièrent simultanément et parallèlement de manière à pouvoir parer par leur nombre à toutes les chances de destruction que le type en formation devait courir pendant le cours des siècles avant de se fixer.

1605. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Elle représente bien, au reste, l’esprit étroit et routinier de la France, nation châtiable qui ne fait un pas en avant que pour avoir le droit d’en faire trois en arrière. […] Une belle toile qui le représente le sauvera peut-être du néant !

1606. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Les élus étaient une commission de cinq membres, qui représentaient les états dans l’intervalle des sessions, et qui dirigeaient l’assiette des impôts, les travaux publics, et presque toute l’administration du pays.

1607. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Le temps de la gloire pour Montluc est fini ; à la veille de la mort de Henri II dans ce malheureux tournoi, et la nuit même qui précéda le coup fatal, Montluc raconte qu’étant chez lui, en sa Gascogne, il eut un songe qui lui représentait, avec toutes sortes de circonstances frappantes, son roi mort et tout saignant, et il s’éveilla éperdu, la face tout en larmes, racontant aussitôt son pronostic à sa femme et, le matin, à plusieurs amis.

1608. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

La mort soudaine de Louvois au sortir d’un travail avec Louis XIV (16 juillet 1691) est un des endroits de Dangeau que Saint-Simon commente le plus ; il fait de ce grand ministre un admirable portrait, où cependant, à force de vouloir tout rassembler, il a introduit peut-être quelques contradictions et des jugements inconciliables, comme lorsque après l’avoir représenté si absolu, si entier, il veut qu’il n’ait été bon qu’à servir en second et sous un maître.

1609. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

… À l’Académie française, qu’il représente comme la dépositaire et la gardienne obstinée du culte du vieux.

1610. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Le poète au début se représente une maison ou plutôt un village abandonné : de pauvres Alsaciens sont partis, au bruit des merveilles de la Californie, pour aller tenter fortune.

1611. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Pour apprécier sainement ce coin pénible, ce ver rongeur de l’existence de Vauvenargues, il faut bien se représenter la pudeur de cette race à laquelle il appartient et dont il est l’un des plus nobles représentants.

1612. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Colbert représenta au roi que tout n’étant pas encore arrangé pour cette fête, il était plus convenable de la remettre pour quinze jours ou environ.

1613. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Molé concevait et représentait en homme formé à la grande école.

1614. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Il y aurait, dans les douze volumes que j’ai devant moi et qui représentent dix-sept années de rédaction à l’Univers, à distinguer plusieurs temps : — la période de Louis-Philippe, de 1843 à 1848, très-riche en grandes polémiques sur la liberté d’enseignement, sur la question des Jésuites, en luttes contre les universitaires, les professeurs du Collège de France, les romanciers feuilletonistes, et en croquis parlementaires de toutes sortes et de toutes dimensions ; — la période républicaine proprement dite, la moins féconde (l’auteur gêné dans son journal fit sa débauche d’esprit au dehors, dans les Libres Penseurs) ; — la période qui date de la présidence et qui comprend l’Empire, dans laquelle on distinguerait encore deux moments, l’un de complet acquiescement ou même d’admiration fervente ; l’autre de séparation, de scission jusqu’à la déchirure.

1615. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

je me plais à vous nommer, vous qui me représentez toute cette classe d’esprits excellents, prudents et solides, comme il en est quelques-uns encore, qui aiment en toute chose qu’on avance avec lenteur et qu’on ne détruise point inutilement ; vous à qui l’on doit la dernière édition charmante de la Sévigné antérieure et intermédiaire39 ; vous ne serez dérangé qu’à peine par celle-ci, dont vous ne vouliez pas, à la fois nouvelle et plus ancienne ; vous ne le serez que juste autant qu’il faut pour mieux goûter ensuite votre objet.

1616. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Il me représente cet âge où l’humanité encore nouvelle ressemblait à un enfant de trois ans, et où ce n’était, par toutes les peuplades errantes, qu’un immense gazouillis universel.

1617. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Il y a eu, il est vrai, un temps en Allemagne où l’on se représentait un génie comme petit ; faible, voire même bossu ; pour moi, j’aime un génie bien constitué aussi de corps. — Quand on a dit de Napoléon que c’était un homme de granit, le mot était juste, surtout de son corps.

1618. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

La Crise, qui me représente d’autres scènes pareilles, ayant même tendance, justifie ce qu’un bon juge du genre me disait en parlant de l’auteur : « Il met ses personnages dans des situations critiques d’où ils ne peuvent raisonnablement se tirer qu’avec une infraction et un faux pas : et il les en tire moyennant un petit moyen vertueux, bourgeois, un enfant qui accourt vers sa mère le jour de sa fête avec un gros bouquet à la main, ou tout autre expédient.

1619. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

On est pris et pour ce qu’on a été réellement en soi, et surtout pour ce qu’on représente. — Assez de préambule comme cela, et venons-en à notre analyse comparée.

1620. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Il a là-dessus une belle page : « Messieurs, dit-il, je cherche à me représenter le type du vrai civilisé.

1621. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Un mensonge ainsi avéré en représente des milliers d’autres.

1622. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Si M. de Silly nous représente le héros de la première partie des Mémoires, celui de la seconde est certainement M. de Maisonrouge, ce lieutenant de roi à la Bastille, le parfait modèle des passionnés et délicats amants.

1623. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Les géomètres rappellent à eux la certitude par des moyens assurés ; mais dans cette sphère d’idées où les sensations, les réflexions, les paroles mêmes, s’aident mutuellement à former le corps des vraisemblances, quand les mots les plus nobles ont été déshonorés, les raisonnements les plus justes faussement enchaînés, les sentiments les plus vrais opposés les uns aux autres, on se croit dans ce chaos que Milton aurait rendu mille fois plus horrible, s’il l’avait pu représenter, dans le monde intellectuel, confondant aux yeux de l’homme le juste et l’injuste, le crime et la vertu.

1624. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Nous connaissons plus de choses que les hommes des trois derniers siècles ; nous savons mieux qu’eux nous représenter des états d’esprit et de conscience différents du nôtre ; l’étude de l’histoire, la multiplicité des expériences faites avant nous, le cours du temps, même la vieillesse de la race, un certain affaiblissement des caractères et de la faculté de croire et d’agir, tout cela a développé chez nous la curiosité et l’imagination sympathique.

1625. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Je me dis malgré moi : — Un homme qui souffre de la grande misère du peuple et de toutes les horribles iniquités sociales et qui fait profession de ne point s’y résigner, j’ai beau faire, je ne puis me le représenter sous les espèces d’un boulevardier qui fait des mots.

1626. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

* *   * La juste irritation soulevée par les abus, la pédanterie, le manque de tact de bien des critiques contemporains ne doit pas faire oublier que l’esprit humain comporte la faculté critique, et que par conséquent ce genre littéraire a droit à être représenté.

1627. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

La première représente l’objet par la plénitude de ses couleurs et de ses lignes dans la lumière ; la seconde affaiblit les reliefs de la couleur comme pour un lointain au profit d’amples lignes expressives et choisies, — savamment ordonnées.

1628. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Il ne faut pas se représenter, parce qu’on n’ignore pas que les Trophées furent faits en trente ans, le poète agençant pendant vingt semaines les mots d’un sonnet, travaillant comme un ornemaniste.

1629. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Il ne faut toutefois pas se représenter le lecteur lucide comme un athlète qui ahane à des tours de force d’intellect.

1630. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Le roi d’Espagne qui, pour complaire à un clergé fanatique, livrait au bûcher des centaines de ses sujets, était plus blâmable que Pilate ; car il représentait un pouvoir plus complet que n’était encore à Jérusalem celui des Romains.

1631. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Ou, au contraire, est-ce qu’il représente plutôt les ensembles confus, accidentés, tourmentés, chaotiques, comme ceux qu’offre parfois l’art gothique ou la nature à l’état sauvage ?

1632. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Je ne ferai que courir sur la préface dans laquelle Raphaël, ce meilleur ami de l’auteur, nous est représenté et décrit dans les moindres détails de sa beauté avec plus de coquetterie et d’application, mais avec moins d’agrément, selon moi, que nous n’en avons vu l’autre jour à cette jolie Mme de Courcelles s’asseyant devant son miroir.

1633. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

. — Quand je me la représente telle que je la conçois d’après ses écrits, ses lettres, sa vie, ses amitiés, à moitié dans la solitude, à moitié dans le monde, sans fortune et très en crédit, une ancienne jolie femme à demi retirée dans un couvent et devenue une puissance littéraire, je crois voir, de nos jours, Mme Récamier à l’Abbaye-aux-Bois. »

1634. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Au sortir de cette enfance mystique, vers l’âge de quinze ans, le jeune Anselme, qui avait fort profité aux études et aux lettres, ne concevait rien de préférable à la vie monastique, qu’il se représentait comme une vie toute de paix, d’étude, de prière et de bonnes mœurs, de conversations spirituelles et de méditations solitaires : il saura bientôt en réaliser le modèle en lui.

1635. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Il lui faut des faits pour prouver ses assertions générales, le désir qu’ont les menuisiers de ne travailler que pour le théâtre, une fois qu’ils ont goûté de cette gloriole, pour montrer la séduction que celui-ci exerce sur tout ce qui l’approche ; des faits pour trait final à une analyse de caractère, ou à la notation d’un changement moral ; la mère des Zemganno appelée en justice, ne voulant témoigner qu’en plein air, pour montrer le farouche amour de la bohémienne pour le ciel libre ; pour représenter la modification produite en Chérie par sa puberté, décrire en détail la gaucherie et la timidité subite de ses gestes.

1636. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Ce sont les narrateurs expressifs et incisifs entre tous, Montluc et Brantôme, c’est la fantaisie ailée et vagabonde de Montaigne, abeille de Platon, guêpe d’Aristophane ; c’est la sérieuse et sévère éloquence de Calvin, c’est la grâce aimable de saint François de Sales, c’est auparavant la voix de la liberté jetant ses premiers accents sur les lèvres de la Boétie, dans cette ville de Bordeaux qui redira en d’autres termes cette protestation immortelle quand elle ne représentera plus la Guyenne, mais la Gironde !

1637. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Le titre représente l’ouvrage pour le lecteur, il l’évoque dans notre mémoire : bien plus, il doit le résumer, en donner brièvement l’essence, en indiquer le contenu.

1638. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

C’était un gros tempérament comme elle était une grosse beauté… Avec l’exorbitance de son orgueil, et de sa chevelure aux longs tire-bouchons effarés autour de son visage, elle devait se faire à elle-même l’effet de quelque Mirabeau, femme et poëte ; — mais pour tout le monde elle resta toujours une plébéienne de son port, une espèce de poissonnière ou d’écaillère superbe, qu’on se représente les poings aux hanches, l’œil allumé, la bouche ouverte à l’invective ; vomitoire jaillissant dont le malheureux d’Arpentigny avait senti l’éclaboussure !

1639. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Ces deux conceptions adverses, représentées ici par un livre et par une série de vingt toiles, ces deux conceptions en lutte durant tout un âge, valent d’être résumées, ne fût-ce que pour témoigner de leur antagonisme constant sur un terrain où l’on croit trop souvent qu’elles n’ont point accès, celui de la littérature et de l’art.‌

1640. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

D’ailleurs, dans le cas qui nous occuper, les amis comme les adversaires de l’égalitarisme pensent trouver intérêt à le représenter comme né des systèmes.

1641. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Assez ami du courage et de la vertu, par imagination au moins, ami plus efficace du bon sens, du désintéressement, des désirs modérés, il représente la moyenne de l’humanité, et par là peut-être il instruit mieux qu’un précepteur plus sévère.

1642. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

La tragédie représentait les dieux et les héros ; la comédie mettait en scène les citoyens et les partis ; cherchez l’homme au milieu de tout cela, vous trouverez des opinions à la place des caractères et l’allégorie satirique au lieu de la peinture des mœurs. […] Marc-Michel fait représenter un vaudeville : c’est une mission d’en haut qu’il accomplit. […] L’héroïne de la pièce, de par le caprice de l’auteur, est toujours une adorable créature, tandis que, de par la volonté du bon Dieu, l’actrice chargée de la représenter n’est rien moins qu’une jolie femme. […] Et, d’ailleurs, ce petit livre ne répond qu’à un des besoins, ne représente qu’une des aspirations du moment. […] Au nom de la morale, l’écrivain fulmine alors des anathèmes contre tout ce qui représente l’art oseur, l’idée nouvelle, la poésie du doute et du libre examen.

1643. (1929) Amiel ou la part du rêve

Bernard Bouvier en tête de son édition, et son livre en suédois, qui représente aujourd’hui le tableau général le plus complet d’Amiel, — le chapitre des Nouveaux Essais de psychologie contemporaine que l’illustre doyen des études amielliennes, M.  […] Deux hommes, dans la Suisse romande, avaient représenté après 1830 des valeurs sinon européennes, du moins françaises, et dont le rayonnement dépassait le bassin lémanien, Vinet à Lausanne, Töpffer à Genève. […] Si la Miliciade de Petit-Senn représente fort bien la poésie genevoise du bas, les poèmes patriotiques d’Amiel sont du haut, paraissent déposés par les vibrations de la vieille cloche de Saint-Pierre, la Clémence. […] Elle a écrit une vingtaine de volumes pour les enfants, fait représenter une cinquantaine de pièces par des petits garçons et par des petites filles, même au Grand-Théâtre de Genève une traduction en vers de l’Alceste d’Euripide. […] Les bulles sont réussies, les individus ne le sont pas… La société seule représente une unité un peu complète… L’individu n’est qu’un point qui devient cercle, cellule, organisme, vie, pensée, et qui à travers toutes les formes momentanées que nécessite l’action, ne perd point de vue la sphère, la totalité, l’harmonie.

1644. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

L’usage où nous sommes tous les jours de donner des noms aux objets des idées qui nous représentent des êtres réels, nous a porté à en donner aussi par imitation aux objets métaphysiques des idées abstraites dont nous avons connoissance : ainsi nous en parlons comme nous faisons des objets réels. […] Dès que l’art d’écrire fut porté à un certain point, on représenta en chaque langue dans une table separée les sons particuliers qui entrent dans la formation des mots de cette langue, & cette table ou liste est ce qu’on appelle l’alphabet d’une langue. […] Le q n’est aussi que le c dur : ainsi ces trois lettres c, k, q, ne doivent être comptées que pour une même lettre ; c’est le même son représenté par trois caracteres différens. […] C’est un défaut qu’un même son soit représenté par plusieurs caracteres différens : mais ce n’est pas le seul qui se trouve dans notre alphabet. […] Mais l’orthographe est un pur effet de l’art ; tout art a sa fin & ses principes, & nous sommes tous en droit de représenter qu’on ne suit pas les principes de l’art, qu’on n’en remplit pas la fin, & qu’on ne prend point les moyens propres pour arriver à cette fin.

1645. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Le premier peut être représenté par Marot, le second par Ronsard, le troisième par Malherbe. […] Ceux qui représentent le génie d’une race doivent être respectés préalablement. […] La sensualité n’y est plus représentée que par le mot « ardents » qui est insuffisant, comme trop vague. […] Quand il y songeait, il s’en tirait très spirituellement, comme toujours, en disant que l’humanité ne vit que dans les hommes d’élite qui la représentent. […] Elle consiste, à propos du réel, à voir tout le possible, et par conséquent, à propos d’un fragment de réalité, à voir toute la réalité qu’il représente, dont il est en quelque sorte le spécimen.

1646. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

.), ils représentèrent sur les faces de ces Arcs célèbres des soldats armés de casques, de boucliers, d’épées ; rien de plus simple, c’étaient les armes avec lesquelles leurs soldats venaient de vaincre les Germains, les Parthes, les Juifs, etc. […] Les artistes romains furent Romantiques, ils représentèrent ce qui, de leur temps, était vrai, et par conséquent touchant pour leurs compatriotes. […] Il est, du reste, assez plaisant qu’au moment où la réforme littéraire est représentée comme vaincue par tous les journaux, ils se croient cependant obligés à lui lancer, chaque matin, quelque nouvelle niaiserie qui, comme le lord Falstaff, grand juge d’Angleterre, nous amuse pendant le reste de la journée.

1647. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Sa ferveur pour la parole fut telle, qu’il en arriva à ne plus considérer les objets pour eux-mêmes, mais pour le mot même qui les représente. […] Ce sont des tableautins où ils représentent leurs états mentaux. […] Un destin divin s’y représente.

1648. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Au moment de débuter, on lui reproche sa mauvaise foi, et dans la première représentation qu’il donne, et où il avait à représenter un hara kiri, il s’ouvre tout de bon le ventre. » À déjeuner, Hayashi cause nourriture japonaise, et me cite, comme un mets délicieux : une salade de poireaux et d’huîtres. […] les pièces de cent sous, ça ne me représente rien : ce sont comme des palets de jeu de tonneau, que j’échange contre des jouissances des yeux… Mais, ce qu’ils m’auront coûté ces gredins ! […] À mon grand regret, je suis forcé de quitter le théâtre, au moment où l’on va représenter le tableau des sept petites filles, que Porel a eu la chance de réunir, et me voilà à la mairie, pour le mariage de Georgette Charpentier, toute charmante dans une de ces toilettes esthetic de la Grande-Bretagne, qui va à sa beauté ophélique, à sa grâce névrosée.

1649. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Que ne peut-on se le représenter de plus près, d’une manière sensible, encourageante, sous forme d’un juge prochain, immédiat, qui voit et qui sait, qui censure et récompense ! […] Giraud), qui, allant le voir, lui représentait l’état de sa santé à la veille du départ, il fit cette réponse : « La fortune est venue vite, il faut la justifier. » 71.

1650. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Et comment pourraient-ils se représenter la misère du misérable ? […] Le portrait qu’ils s’en font est imaginaire ; jamais on ne s’est représenté plus faussement le paysan ; aussi le réveil sera-t-il terrible.

1651. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

On m’a apporté de votre part une médaille antique qui représente l’image de César ; si cette médaille avait pu parler, que ne vous aurait-elle pas dit pour vous empêcher de faire une retraite si honteuse ! […] ” » XXVII Après ces sanctifications de l’amour par la séparation et par la piété il se complaît quelquefois, comme pour se reposer les yeux de ses larmes, à se représenter Laure dans les printemps et dans les fraîcheurs de sa jeunesse.

1652. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

M. de Chateaubriand représentait à la fois dans sa personne un Louis XIV des lettres et un Racine de décadence. […] La révolution de 1830 était évidemment pour lui un remords ; il voulait mettre au plus vite entre cette révolution et lui des hommes anciens qui lui masqueraient l’usurpation et qui lui représenteraient la légitimité du trône.

1653. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Ce marteau, de forme oblongue et du genre de ceux que nos ancêtres nommaient jaquemart, ressemblait à un gros point d’admiration ; en l’examinant avec attention, un antiquaire y aurait retrouvé quelques indices de la figure essentiellement bouffonne qu’il représentait jadis, et qu’un long usage avait effacée. […] Sur la paroi opposée à la cheminée, deux portraits au pastel étaient censés représenter l’aïeul de Mme Grandet, le vieux M. de La Bertellière, en lieutenant des gardes françaises, et défunte Mme Gentillet, en bergère.

1654. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

M. de Blacas, favori du roi, déplacé en 1815 et relégué à Rome où il représentait la France comme ambassadeur, avait sur les légations de France en Italie une direction presque absolue, avouée par le roi et complètement opposée à celle du ministère. […] On traduisit mes vers séparés du cadre, on les fit répandre à profusion dans les salons, au théâtre, dans le peuple ; on s’indigna dans des articles de journaux et dans des brochures, de l’insolence du gouvernement français, qui envoyait, pour représenter la France dans le centre de l’Italie littéraire et libérale, un homme dont les vers étaient un outrage à l’Italie.

1655. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Et pourtant Platon représente un esprit ; Platon est une religion. […] À notre point de vue, en effet, Sparte et l’ancienne Rome représentent un des états les plus imparfaits de l’humanité, puisqu’un des éléments essentiels de notre nature, la pensée, la perfection intellectuelle, y était complètement négligé.

1656. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il représentait la démolition bête du romantisme, du matérialisme et de tout au monde. […] Là-dessus nous allons visiter l’ancienne salle de garde, décorée par les peintres, amis des internes, par Baron qui a représenté les Amours malades, reprenant et rebandant leurs arcs, à la sortie de l’hôpital ; par Doré, qui a composé une sorte de jugement dernier de tous les médecins passés et présents aux pieds d’Hippocrate ; par Français, etc., etc.

1657. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

I On connaît le passage du Phédon où Socrate raconte qu’Apollon lui ayant prescrit de se livrer à la poésie, il pense que, pour être vraiment poète, il fallait « faire des mythes, non pas seulement des discours, ποιείν μύθουϛ άλλ’ ού λόγουϛ. » Le vrai poète est en effet, comme on l’a dit avec raison, un créateur de mythes, c’est-à-dire qu’il représente à l’imagination des actions et des faits sous une forme sensible, et qu’il traduit ainsi en actions et en images même les idées. […] Nous ne parlerions pas des Blasphèmes si on n’avait point représenté ce livre comme un « poème philosophique », et si, à l’étranger, on n’avait pas pris au sérieux les Blasphèmes comme un « signe des temps246 ».

1658. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Sa seconde pensée est de le concevoir, de l’imaginer et de le définir dans les termes les plus sublimes que la force de son désir et la faiblesse de son intelligence, comparées à l’infini, puissent prêter à l’homme pour se représenter son Créateur. […] Pelletan aime les images, et il a raison : dire n’est rien, peindre est tout en fait de style ; les images sont les gravures de l’idée ; ce qui n’est pas représenté n’est pas dit.

1659. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Et en effet, les « races » de l’Europe moderne ne représentent que des formations historiques, dont les littératures ne sont pas tant l’expression que l’un des multiples « facteurs ». […] Les Cycles dramatiques. — Il y en a trois, qui sont : 1º le Cycle de l’Ancien Testament ; — 2º le Cycle du Nouveau Testament ; — et, 3º le Cycle des saints. — Que, dans le premier de ces trois Cycles aucune des données de la Bible n’est traitée pour elle-même, — comme dans l’Esther ou dans l’Athalie de Racine, par exemple ; — mais uniquement dans son rapport avec la venue du Christ, — dont la vie remplit uniquement le second. — Par là s’expliquent, et seulement par là : — le choix des épisodes [Job, Tobie, Daniel, Judith, Esther] ; — la grossièreté de quelques-uns d’entre eux, destinés à rehausser d’autant la figure du Christ ; — et la part enfin que le clergé pendant longtemps a prise à la représentation des Mystères. — Du Cycle des saints, et de son caractère généralement local ; — qui n’en est pas pour cela plus laïque. — Les Mystères sont des « leçons de choses », une manière d’enseigner aux foules les vérités essentielles de la religion ; — et un moyen, comme on l’a dit, de se les attacher. — Qu’il n’y a que deux Mystères qui fassent exception : le Mystère du siège d’Orléans et le Mystère de Troie ; — mais que l’état d’esprit qui a inspiré le premier n’a rien d’incompatible avec le caractère essentiel des Mystères sacrés ; — et que le second n’a sans doute jamais été représenté.

1660. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Un jour il arriva que sur le trône d’Allemagne se rencontra un prince dont la domination, s’étendant aussi sur les Pays-Bas, sur les Espagnes et sur la moitié de l’Italie, ne représentait plus aux peuples un gouvernement national. […] Mais si l’idée du second terme est implicitement dans le premier, elle n’y est pas explicitement et psychologiquement ; et la question est ici de savoir si, parce que nous avons la notion des deux unités sept et cinq, nous avons aussi la notion de l’unité totale douze qui les représente.

1661. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Nos savants d’aujourd’hui, ceux que j’appelle nos demi-bénédictins, dans leur application aisée, au sein de leurs cabinets chauffés et commodes, sont loin de nous représenter ces existences austères.

1662. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

. — « Cette chose m’agrée, dit Beaumanoir ; allons à la bataille, ainsi qu’elle est jurée. » Il revient à Bombourg, qui lui représente encore que c’est folie à lui d’exposer ainsi à la mort la fleur de la duché ; car, une fois morts, on ne trouvera jamais à les remplacer. — « Gardez-vous de croire, répond Beaumanoir, que j’aie amené ici toute la chevalerie de Bretagne, car ni Laval, ni Rochefort, ni Rohan et bien d’autres n’y sont ; mais il est bien vrai que j’ai avec moi une part de cette chevalerie et la fleur des écuyers… » Bombourg reprend la bravade et l’invective.

1663. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Il y a aussi l’homme de tendresse, de roman ou de passiond, qui, après quelques semaines ou quelques mois de retraite, vient déranger l’homme d’étude et le demi-solitaire, et lui représenter un bonheur plus vif dans l’amour ou dans le plaisir.

1664. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

La seconde statue, qu’il conviendrait peut-être de placer sur un écueil, nous le représenterait après la double carrière fournie, figure visiblement attristée, imposante toujours ; de haute stature ; la tête inclinée et fléchie, et comme à demi foudroyée ; semblant avertir par un geste les savants de ne point donner trop à l’aveugle sur le récif populaire : mais même alors, et de quelque côté qu’on regarde, gravez et faites lire encore sur le piédestal la date mémorable des services rendus.

1665. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Nul ne peut nous représenter mieux que lui cette littérature du règne de Louis XVI, qui compte Bernardin de Saint-Pierre pour homme de génie, et l’abbé Barthélemy, M. 

1666. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Il y avait en Hollande deux partis principaux, l’un représenté par Barneveld, et l’autre par le prince Maurice d’Orange.

1667. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

À travers ces digressions et ces détours, Bailly arrive, et cherche à amener avec lui son lecteur, ou Voltaire qui le représente, à sa pensée favorite d’un peuple perdu, mais nécessaire, auteur d’un système astronomique complet et dont on n’a retrouvé que des fragments.

1668. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Oui, il serait à souhaiter qu’on en eût une pareille de tous les règnes, au moins de tous les grands règnes ; car ces mémoires « représentent avec la plus désirable précision, Saint-Simon le reconnaît un peu plus loin, le tableau extérieur de la Cour, de tout ce qui la compose, les occupations, les amusements, le partage de la vie du roi, le gros de celle de tout le monde ».

1669. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

L’exemple même de Raphaël dans ce portrait de Léon X prouverait, au besoin, qu’il ne faut pas craindre de représenter les physionomies des personnages au naturel ; et ceci me rappelle une esquisse d’un prince de l’Église, du cardinal Maury, par M. 

1670. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

On représentait quelquefois des Amours à cheval sur des moineaux ; la mère des Amours pouvait bien avoir pour monture ce plus gros des moineaux, ce moineau-monstre l’autruche.

1671. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Il s’est représenté leur image intellectuelle, il se l’est peinte et nous l’a renvoyée à bout portant, sans aucune précaution, avec crudité et raideur.

1672. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

En regard du Bonstetten de vingt-quatre ans que Gray vient de nous montrer dans toute sa fougue et sa gentillesse, et dont il a peur en même temps qu’il en est charmé, représentons-nous celui que Zschokke a dépeint à bien des années de là, « d’une taille un peu au-dessous de la moyenne, mais fortement constitué, trahissant par la grâce et la noblesse de ses manières l’habitude d’une société choisie, le visage plein d’expression, d’un coloris frais et presque féminin, le front élevé et d’un philosophe, les yeux pleins d’une souriante douceur, tout à fait propre à captiver, et tel, en un mot, qu’après l’avoir vu une fois, on ne l’oubliait plus ».

1673. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Albert Blanc avait commencé de donner les dépêches confidentielles écrites par le comte de Maistre pendant qu’il représentait le roi de Sardaigne à Pétersbourg.

1674. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Sayous, a cru voir dans cette dernière page une confirmation de la manie de Rousseau, qui consistait à se représenter comme la victime de persécutions sans nombre : « Dans ce fragment, dit M. 

1675. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Ainsi, après avoir enregistré quelque interdiction légale, dont l’application s’était faite le jour même, il passait brusquement, sans transition, à des nouvelles de l’autre monde et des pays transatlantiques : « Le Pérou vient de déclarer la guerre à l’Équateur… » ou bien : « On n’apprendra pas sans intérêt que la route qui vient d’être ouverte entre San-Francisco et la Nouvelle-Orléans abrégera d’une semaine le temps exigé naguère, etc. » Puis venait l’histoire des oiseaux du Palais de Cristal à Londres, les perroquets et les perruches qu’on avait représentés dans le catalogue comme d’excellents parleurs, et qui, « intimidés apparemment par la présence du public, ont gardé le silence » ; de jolies malices enfin, un peu renouvelées de Swift, mais accommodées à la française.

1676. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Les hommes compétents auxquels je me suis adressé se sont généralement accordés à me représenter M. 

1677. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

» « … Après le mouvement oratoire de Maurice, et pendant le repos du modèle, Moriès, Ducis, Roland, de Forbin, M. de Saint-Aignan, Granet et beaucoup d’autres qui représentaient assez bien le parti aristocratique à l’atelier, vinrent prendre les mains de Maurice et le féliciter sur son élan généreux.

1678. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Il représente bien la société moderne elle-même telle qu’il l’a refaite, dans sa mesure un peu vague et flottante, mais toutefois persistante, de disposition morale et religieuse : à défaut de la foi, il a le respect.

1679. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

L’ancienne mythologie bucolique, avec tout son charme et son autorité un peu surannée, nous est représentée dans le personnage du bonhomme Philétas, espèce de ménétrier de village, de rhapsode joueur de flûte, tout rempli de vieilles histoires et de légendes populaires qu’il récite à ravir et qu’il fait accroire.

1680. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Mais le jour même où l’on va représenter à Naples, sur le théâtre de San-Carlo, le premier opéra de ce Roswein, un chef-d’œuvre, le chevalier s’aperçoit que le pauvre enfant est amoureux, — mais amoureux comme un enfant qu’il est, d’une belle, blonde et douce créature, la fille de maître Sertorius, la violoncelliste et le professeur de contre-point, et qu’il veut tout bonnement l’épouser.

1681. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Au début, après quelques réflexions générales sur l’utilité de l’histoire, sur ce « qu’il est honteux non-seulement à un prince, mais à tout honnête homme, d’ignorer le genre humain » et les changements mémorables du monde dans le passé, Bossuet établit qu’indépendamment des histoires particulières, celle des Hébreux, la Grecque et la Romaine, l’histoire de France, il n’y a rien de plus nécessaire, pour ne pas confondre ces histoires et en bien saisir les rapports, que de se représenter distinctement, mais en raccourci, toute la suite des siècles.

1682. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Gœthe, mis ainsi en regard de lui-même et comme devant un miroir, ne trouva qu’un mot à relever dans les paroles que lui représentait la dépêche du fidèle diplomate ; c’était pour l’éloge qu’il avait fait de l’esprit français : « Il m’a été très-agréable, disait-il, de voir avec quelle exactitude M. 

1683. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Il avait débuté à Bordeaux, de dix-sept à vingt ans, par des pièces représentées avec assez de succès, des parodies de circonstance, notamment Lucrèce ou la Femme sauvage, parodie de la Lucrèce de Ponsard, « ornée de chant et de danse », et une autre parodie des Mousquetaires.

1684. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quinet a donné carrière à ses sympathies de moyen âge, en les relevant et les rachetant par ses vues philosophiques sur l’avenir du monde, sur la guerre dont il voit en Napoléon le dernier grand représentant, et sur la démocratie dont il le considère également comme le héros : « La poésie, dit-il, n’a pas seulement pour but de représenter Napoléon tel qu’il s’est montré aux contemporains.

1685. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Les caractères ont du dessin ; ils se détachent bien, ils se détachent trop en ce sens qu’ils représentent trop chacun une idée, une partie du système politique, un ressort.

1686. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Si l’on ne considère cette époque de la renaissance des lettres que sous le seul rapport des ouvrages de goût et d’imagination, l’on trouvera sans doute que près de seize cents ans ont été perdus, et que depuis Virgile jusqu’aux mystères catholiques représentés sur le théâtre de Paris, l’esprit humain, dans la carrière des arts, n’a fait que reculer vers la plus absurde des barbaries ; mais il n’en est pas de même des ouvrages de philosophie.

1687. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Les hommes ne veulent pas qu’on renonce totalement à ses intérêts personnels, et ce qui est, à un certain points contre leur nature, est déjoué par eux ; de tous ses avantages il n’y a que la vie qu’on puisse sacrifier avec éclat ; l’abandon des autres, quoique bien plus rare et plus estimable, est représenté comme une sorte de duperie ; et quoique ce soit le plus haut degré du dévouement, dès qu’il est nommé duperie, il n’excite plus l’enthousiasme de ceux mêmes qui sont l’objet du sacrifice.

1688. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

. — Description du pouf au sentiment de la duchesse de Chartres (E. et J. de Goncourt, 311) : « Au fond est une femme assise dans un fauteuil et tenant un nourrisson, ce qui représente M. le duc de Valois et sa nourrice ; à droite on voit un perroquet becquetant une cerise, à gauche un petit nègre, les deux bêtes d’affection de la duchesse : le tout est entremêlé de mèches de cheveux de tous les parents de Mme de Chartres, cheveux de son mari, cheveux de son père, cheveux de son beau-père. » 308.

1689. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

On remarquera que les êtres varient selon les temps et les lieux, et que, pour être vrai, il faut, avec les caractères, représenter les moeurs.

1690. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Regnard, qui n’avait pas encore eu de pièce représentée aux Français, ne ménageait pas la modestie de ses interprètes.

1691. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

En effet, je remonte des paroles (écrites ou parlées) de mes semblables aux faits et idées qu’elles représentent : ce qui est une association.

1692. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Deux succès surtout la mirent, quelques années après, en évidence : les Lettres d’une Péruvienne, publiées en 1747, et le drame de Cénie, représenté en juin 1750.

1693. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

des anciens augustes, vénérables, des Eschyle, des Sophocle, mais tout mutilés, et qui ne sont là debout que pour nous représenter un débris d’eux-mêmes, le reste de tant d’autres aussi dignes qu’eux sans doute de survivre, et qui ont succombé à jamais sous l’injure des âges.

1694. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Nos livres représentent des années de travail : ils se défendront tout seuls.‌

1695. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Représentez-vous le vieillard de Chio, pauvre, aveugle, délaissé, errant, parmi les solitudes, ou mendiant son pain parmi les peuples des villes : est-ce là ce roi de l’épopée, promettant au monde et Virgile, et le Tasse, et Milton ?

1696. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

N’est-ce pas du spectacle de la lutte contre les plus violentes passions, du contraste entre le bien et le mal représentés par des personnages différents, ou par les tendances différentes du même personnage, que naîtront les sentiments que l’auteur veut faire éprouver au lecteur : l’admiration, la crainte, la haine ?

1697. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Ce manuscrit nous représente Coligny comme très-bien fait, sans avoir pourtant une tournure fort élégante, spirituel et ambitieux, mais d’un mérite au-dessous de son ambition.

1698. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

La substance n’est donc pas quelque chose de réel, distinct et différent de ses qualités ; c’est par illusion qu’on se la représente comme une sorte de siège et d’appui sur lequel les qualités viennent se poser.

1699. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Il faut arriver à connaître vraiment les hommes qui se sont exprimés dans ces ouvrages, c’est-à-dire à se les représenter réellement vivants, par cette imagination sympathique dont la renaissance est une des conquêtes du romantisme. […] Tout est dans la manière, et pour représenter les Bruges, les Venise, les Alençon, les Chantilly, les points d’Angleterre, ou la Gourmandise, la Paresse, l’Orgueil, voire peut-être la Luxure, je préfère des sonnets d’Henri de Régnier à des figurantes de music-hall. […] L’homme n’est pas adorable du seul fait qu’il est homme ; il ne compte que selon les valeurs impersonnelles et idéales qu’il représente. […] Le peu que je savais du brave général me le représentait comme sûrement ridicule, et peut-être dangereux, du moins pour la circulation : je n’ai jamais cru à son succès, mais les manifestations tapageuses et encombrantes m’ont toujours horripilé. […] En littérature, l’œil est une conquête du romantisme, que Jean-Jacques ne représente donc pas tout entier, quoi qu’en ait dit M. 

1700. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Des guides fort peu sûrs, malgré leur assurance et leur orgueil, conduisant un troupeau d’ombres irréelles, insaisissables, inexistantes : est-ce donc sous cette image qu’il convient de nous représenter la critique et le public littéraires ? […] Il faut aux gens cultivés, pour emmagasiner commodément leurs idées et leurs connaissances, un petit nombre de types littéraires dont chacun représente éminemment quelque chose. […] J’ai lu, dans la Revue bleue, que le théâtre de Berlin représenta, je ne sais plus en quelle année, un drame anonyme intitulé Mauvaise graine. […] De là il envoyait à Paris des pamphlets qu’on trouva originaux, parce qu’il les écrivait sur de petites pages, avec beaucoup d’interlignes, illustrant ses épigrammes, fort banales et inoffensives, par des vignettes qui représentaient des guêpes. […] Les Visionnaires de Desmarets passèrent pour une pièce excellente pendant plus de quatre-vingts ans, et la Médée de Longepierre, représentée en 1694, s’est soutenue pendant tout le xviiie  siècle.

1701. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Pourtant il est bon de constater que le poète, qui représente dans ce qu’il a de meilleur l’esprit de ce siècle finissant, a reçu une éducation plus scientifique que littéraire par la grâce de la fameuse « bifurcation », médiocre système pour la masse, mais qui fut bon pour lui parce qu’il avait en lui-même de quoi le corriger. […] Une des beautés du Zénith, c’est que l’aventure des aéronautes y devient un drame symbolique ; que leur ascension matérielle vers les couches supérieures de l’atmosphère représente l’élan de l’esprit humain vers l’inconnu. […] L’autre veut peindre une classe, un groupe, qu’il connaît en gros, et qu’il se représente d’une certaine façon avant toute étude particulière ; il imagine ensuite un drame très simple et très large, où des masses puissent se mouvoir et où puissent se montrer en plein des types très généraux. […] Lazare devait sans doute représenter toute une partie de la jeune génération, si intéressante par le besoin de sensations rares, par le dégoût de l’action, par la dépravation et l’énervement de la volonté, par le pessimisme pédant et peut-être sincère : or tout le pessimisme de Lazare se réduit finalement à la peur physique de la mort et, Pauline étant dévouée comme une bonne chienne, c’est comme un chien peureux que Lazare est pessimiste. […] Les personnages, dans l’épopée, ne sont pas moins généraux que le sujet et, comme ils représentent de vastes groupes, ils apparaissent plus grands que nature.

1702. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

On a fait aussi du mot il un terme abstrait qui représente une idée générale, l’être en général : il y a des homes qui disent, (…), dans la bone latinité on prend un autre tour, come nous l’avons remarqué ailleurs. […] L’hyperbole Lorsque nous somes vivement frapés de quelque idée que nous voulons représenter, et que les termes ordinaires nous paroissent trop foibles pour exprimer ce que nous voulons dire ; nous nous servons de mots, qui, à les prendre à la lettre, vont au-delà de la vérité et représentent le plus ou le moins pour faire entendre quelque excès en grand ou en petit. […] Il y a des mots qui sont collectifs, c’est-à-dire, dont l’idée représente un tout en tant que composé de parties actuèlement séparées, et qui forment autant d’unités ou d’individus particuliers : tels sont armée, république, régiment. […] Les noms que l’on done aux tropes ou figures dont nous avons parlé, ne représentent point des êtres réels ; il n’y a point d’être, point de substance, qui soit une métaphore, ni une métonymie ; ce sont les diférentes expressions métaphoriques et les autres façons de parler figurées qui ont doné lieu aux maitres de l’art d’inventer le terme de métaphore et les autres noms des figures : par là ils réduisent à une espèce, à une classe particulière les expressions qui ont un tour pareil selon lequel elles se ressemblent, et c’est sous ce raport de ressemblance qu’elles sont comprises dans chaque sorte particulière de figure, c’est-à-dire, dans la même manière d’exprimer les pensées : toutes les expressions métaphoriques sont comprises sous la métaphore, elles s’y raportent ; l’idée de métaphore est donc une idée abstraite qui ne représente aucune expression métaphorique en particulier, mais seulement cette sorte d’idée générale que les homes se sont faite pour réduire à une classe à part les expressions figurées d’une même espèce, ce qui met de l’ordre et de la nèteté dans nos pensées et abrège nos discours.

1703. (1897) Aspects pp. -215

Pour déterminer complètement l’état d’esprit que représente M.  […] Gauguin, ayant l’intention de représenter la lutte de Jacob et de l’Ange, enduisit de rouge vif le gazon de la plaine où se passait le combat. […] Naturellement, il aurait le droit de se représenter cette période écoulée. […] Ces deux hommes qui représentaient l’un le socialisme autoritaire, l’autre, le communisme libertaire ne pouvaient pas s’entendre. […] Une série de personnages en représentent les différents états d’esprit.

1704. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Si dans son Jupiter Olympien Phidias n’eût représenté que le Dieu bienfaisant pere commun des hommes, il en eût moins imposé à la multitude. Il le représenta prêt à lancer la foudre ; toute la Grece tomba aux pieds de son image. […] Ils étaient depuis plusieurs siecles en possession de la représenter publiquement sous le titre de Moralités. […] C’est l’aréopage qui hésite de prononcer entre Mars & Neptune, & qui ordonne que les Parties se représenteront au bout de cent ans a-37. […] Elle n’en est plus un aujourd’hui : mais on applaudirait encore à cette strophe où le Poëte représente ce Ministre dédaignant & domptant la calomnie.

1705. (1881) Le naturalisme au théatre

imaginez un instant que les Romains puissent ressusciter et qu’on représente devant eux Rome vaincue. […] Et j’estime qu’elle représente bien mal la sagacité et la finesse de l’esprit français. […] Le groupe auquel on a donné un moment le nom de parnassien représentait en somme toute la poésie jeune, sous le second empire. […] Représentons-nous l’auteur dramatique dans son cabinet ; il est entouré de documents, il peut reconstruire, planter debout sur la scène, un personnage réel, tout palpitant de vie ; mais ce n’est pas là son souci, il ne se pose que cette question : « Qu’est-ce que mes contemporains pensent du personnage ? […] Froll-Gherasz est une abstraction, il ressemble à un de ces personnages des anciennes tapisseries, qui ont une banderole dans la bouche, pour nous dire quels héros ils représentent.

1706. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Ce baiser donné par Marguerite d’Écosse h maître Alain Chartier représente et résume bien des admirations muettes et inconnues. […] Après l’avoir étudiée de si près et dans ses propres confidences, je crois quelquefois, en vérité, qu’elle est là devant moi, intelligente et parlante ; je me la représente en personne, avec cette physionomie pétrie de tendresse, de finesse, de douce malice et de bonté : l’amour a passé par là, on le sent, non point précisément celui qui enflamme et qui ravage, mais celui qui brûle à petit feu et qui, toutes peines éteintes, laisse après lui une réflexion légèrement mélancolique et attendrie ; arrivée à cet âge où l’on n’espère plus et où l’on a renoncé à plaire, sans pour cela se négliger, dans sa mise de bon goût et simple, tout en elle est d’accord, tout se nuance, et s’assortit ; elle ne craint pas de laisser voir à son front et à ses tempes la racine argentée de ses cheveux où il a neigé un peu avant l’heure ; elle ne cherche pas à prolonger une jeunesse inutile et qui ne lui a donné que des regrets ; elle est aussi loin de l’illusion sentimentale et de l’éternelle bergerie d’une d’Houdetot, que de la sécheresse mordante et polie d’une Luxembourg ; elle a gardé la seule jeunesse du regard, l’étincelle aimante ; elle continue de sourire à cette vie qu’elle n’a guère connue que triste et amère ; elle rêve fidèlement à ce passé qui lui a valu si peu de douceurs, elle a le culte d’un souvenir, et si elle tient encore dans ses mains un livre à couverture bleue usée (comme dans ce portrait de femme attribué à Chardin), je suis bien sûr que c’est un volume de la Nouvelle Héloïse.

1707. (1929) Dialogues critiques

Barthou représentait quelque chose à la Chambre et dans les Basses-Pyrénées. […] Puisque l’armée, le clergé, la noblesse, le barreau, le professorat, le Parlement sont représentés, le journalisme n’a pas moins de droits à l’être aussi.

1708. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Il fait représenter avec succès son opéra d’Idoménée à Munich ; il s’établit à Vienne comme musicien de l’archevêque de Salzbourg. […] À travers le tumulte des instruments s’échappent, comme par éclairs, les accents infernaux. » L’actrice qui a représenté donn’Anna se glisse pendant l’entracte dans la loge d’Hoffmann.

1709. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Est-ce que ces écrivains sans lettres ne vous représentent pas, dans leurs génies divers, dans leurs œuvres différentes, dans leurs manières distinctes, tous les genres, toutes les œuvres, toutes les manières de la littérature écrite ? […] Le lieu de sa naissance se représente souvent à mon imagination : l’âme des lieux se retrouve toujours plus ou moins dans l’âme de l’homme.

1710. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

L’avenir jugera ce procédé diplomatique dont Machiavel lui-même eût été étonné : un ambassadeur s’immisçant, à l’abri du droit des gens, dans les affaires du prince auprès de qui il représente l’alliance et l’amitié de son maître ; et cet ambassadeur remplaçant, le soir même de la révolution, le souverain qu’il a éconduit du trône, du palais et du pays ! […] L’Autriche est toujours la première à intervenir à main armée pour le statu quo, car c’est sa nature, et c’est son intérêt de représenter partout le passé.

1711. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Indépendamment des grandes factions militaires dont nous avons parlé, factions représentées dans Marius, dans Sylla, dans Pompée, et bientôt après dans César ; indépendamment aussi des factions permanentes des patriciens et des plébéiens qui déchiraient la république depuis quelques années, il y avait à Rome une faction de l’anarchie, de la démagogie et du crime, qui couvait sous toutes les autres, et qui n’attendait, pour les renverser et les submerger toutes dans leur propre sang, que l’occasion d’un trouble civil ou d’une faiblesse du gouvernement. […] Cependant son frère, son neveu, ses affranchis, ses esclaves, espèce de seconde famille que la reconnaissance, les lois et les mœurs attachaient jusqu’au trépas aux anciens, lui représentèrent qu’un homme tel que Cicéron n’était jamais vieux tant que son génie pouvait conseiller, illustrer ou réveiller sa patrie ; que Caton, en mourant, avait éteint prématurément lui-même une des dernières espérances de la république par une impatience ou par une lassitude de vertu ; que, s’il était résolu à mourir, il ne fallait pas du moins que sa mort fût inutile à la cause des bons citoyens, qui était celle des dieux ; que, Brutus et Cassius vivant encore, et rassemblant en Afrique des légions fidèles à la mémoire de Pompée et à la république, prêtes à combattre les armées vénales des triumvirs, il devait aller rejoindre ces derniers des Romains, raviver par sa présence et par sa voix une cause qui n’était pas encore désespérée tant qu’il lui restait Cicéron et Brutus ; ou, s’il fallait périr, périr du moins avec la justice, la vertu et la liberté.

1712. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Moi qui avais vu représenter cette même pièce dix ans peut-être auparavant, et qui depuis l’avais complètement oubliée, je sentis aussitôt mon cœur et mon esprit se remplir d’une émulation où il entrait à la fois de la colère et du dédain, et je me dis : “Et quels Brutus ! […] La comtesse, femme d’une vertu rigide et d’une piété mystique, représentait dans cette société le respect pour cette légitimité des reines qu’elle ne permettait pas même au soupçon d’effleurer.

1713. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Or, ce qui manque au roman dans lequel Jean-Jacques voulait se représenter « les deux idoles de son cœur, l’amour et l’amitié », c’est l’amitié et l’amour. […] De là une ardeur artificielle de paroles pour peindre sa sensibilité, et des figures violentes pour représenter ses ardeurs vertueuses.

1714. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Mardonios qui convoitait la Satrapie de l’HelIade rabaissait les Grecs : il les représentait divisés et pauvres, incapables de rallier leurs tribus éparses contre l’unité d’une puissante attaque, proie facile et conquête certaine. […] L’empire moitié phénicien et babylonien de Xerxès représentait déjà tous les vices et toutes les fatalités de l’Orient : l’idolâtrie monarchique, le despotisme absolu, les superstitions délirantes, la haine des mouvements de l’idée et des transformations de l’esprit.

1715. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Sur un panneau, en face d’elle, se trouve un splendide Nattier, qui représente une grande dame de la Régence, en son volant costume de naïade, s’enlevant au-dessus d’une forêt de roseaux, et sur le milieu de la cheminée, contre le marbre de laquelle la maîtresse de maison appuie parfois son front, se contourne une élégante statuette en marbre blanc, au faire de Coysevox. […] C’est dans son œuvre, cet adoucissement du caractère de l’humanité de son pays, qui amena un jour entre Flaubert et moi, la plus vive discussion que nous ayons jamais eue, me soutenant que cette rudesse était une exigence de mon imagination, et que les Russes devaient être tels qu’il les avait représentés.

1716. (1894) Textes critiques

Toutes deux ont la prétention de représenter des salles ou des champs naturels. […] [Depuis la phrase d’une préface de Beaumarchais…] Depuis la phrase d’une préface de Beaumarchais, le travesti , défendu par l’Eglise et par l’art. « Il n’existe point de tout jeune homme assez formé pour… » La femme étant l’être jusqu’à la vieillesse imberbe et à la voix aiguë, une femme de vingt ans représente, selon la tradition parisienne, l’enfant de quatorze, avec l’expérience de six ans de plus.

1717. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Il représentait ce qu’il y a de plus beau à représenter dans son temps : la postérité.

1718. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Les violettes y représentaient les saintes tristesses du repentir, les muguets l’encens qui s’élève de l’autel, l’aubépine la miséricorde qui pardonne et sourit après les sévérités divines, l’églantine la joie pieuse qui rentre dans le cœur et qui l’enivre, l’œillet rouge de poète y représentait le cantique, les marguerites et les boutons d’or les voluptés et les passions méprisables du monde, qu’il faut fouler aux pieds, sans les voir ou sans les compter, en marchant au ciel.

1719. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

III Lorsque l’exécution du 24 août 1572 eut été accomplie, le gouvernement de Charles IX fit frapper, en commémoration de ce terrible événement, une médaille qui représentait le roi, assis sur son trône, sceptre d’une main, épée de l’autre, avec cette légende : « Virtus in rebelles. » Au revers, étaient gravées les armoiries de France avec la devise de Charles : « Pietas justitiam excitavit. » Une autre médaille, qui fut aussi frappée à la même époque, portait l’effigie du monarque avec l’inscription : « Charles IX, vainqueur des rebelles », et sur le revers se dressait un Hercule. […] Audin, le plus sensible et le plus aimable des hommes, a voué une espèce de culte passionné à ce pontife, magnifique et doux, qui avait pris pour armes un joug d’or avec ces paroles : « Mon joug est léger. » Ravi par les arts et les lettres humaines, qu’il a toujours adorées, mais, selon nous, surfaisant beaucoup trop leur prix, Audin a cru que la civilisation du monde (un grand mot bête de ces derniers temps) gisait dans quelques palimpsestes ou quelques marbres retrouvés, et que Léon représentait cette civilisation parce qu’il avait richement payé ces palimpsestes ou fêté ces marbres comme il aurait fêté des saints !

1720. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

C’est ce qui a fait dire de lui à Montaigne, assez pareil de nature, et qui était si bien fait pour l’apprécier et le comprendre (il parle en cet endroit des historiens simples, qui ramassent tout ce qui vient à leur connaissance, et qui enregistrent à la bonne foi toutes choses sans choix et sans triage) : Tel est entre autres, pour exemple, le bon Froissart qui a marché, en son entreprise, d’une si franche naïveté qu’ayant fait une faute, il ne craint aucunement de la reconnoître et corriger en l’endroit où il en a été averti, et qui nous représente la diversité même des bruits qui couroient et les différents rapports qu’on lui faisoit : c’est la matière de l’histoire nue et informe ; chacun en peut faire son profit autant qu’il a d’entendement.

1721. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Dans l’épilogue qui termine le chant VIe et que je veux citer pour exemple du ton, l’auteur se représente comme ayant passé la nuit à méditer sur ces astres sans nombre et sur tout ce qu’ils soulèvent de mystères, jusqu’au moment où l’aube naissante les fait déjà pâlir et quand, à côté de lui, l’insecte s’éveille au premier rayon du soleil : Ainsi m’abandonnant à ces graves pensées, J’oubliais les clartés dans les Cieux effacées : Vénus avait pâli devant l’astre du jour Dont la terre en silence attendait le retour ; Avide explorateur durant la nuit obscure, J’assistais au réveil de toute la nature : L’horizon s’enflammait, le calice des fleurs Exhalait ses parfums, revêtait ses couleurs ; Deux insectes posés sur la coupe charmante S’enivraient de plaisir, et leur aile brillante Par ses doux battements renvoyait tous les feux De ce soleil nouveau qui se levait pour eux ; Et je disais : « Devant le Créateur des mondes « Rien n’est grand, n’est petit sous ces voûtes profondes, « Et dans cet univers, dans cette immensité « Où s’abîme l’esprit et l’œil épouvanté, « Des astres éternels à l’insecte éphémère « Tout n’est qu’attraction, feu, merveille, mystère. » Ce sont là des vers français qui me font l’effet de ce qu’étaient les bons vers latins du chancelier de L’Hôpital et de ces doctes hommes politiques du xvie  siècle s’occupant, se délassant avec gravité encore, dans leur maison des champs, comme faisait M. 

1722. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Le duc de Bourgogne, à cette date, n’était plus un enfant, il avait vingt-six ans : mais il avait conservé bien des puérilités de sa première vie ; il ne représentait pas au-dehors ; il manquait de décision et de vues dans le conseil ; il ne paraissait pas d’une valeur incontestable dans les occasions.

1723. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Il est possible à tout le monde aujourd’hui de se bien représenter le genre d’existence et le caractère du bon Maucroix, qui est un des derniers types, et les plus polis, de la grâce et de la naïveté du vieux temps.

1724. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

D’Aubigné nous représente un type accompli de la noblesse ou plutôt de la gentilhommerie protestante française, brave, opiniâtre, raisonneuse et lettrée, guerroyant de l’épée et de la parole, avec un surcroît de point d’honneur et un certain air de bravade chevaleresque ou même gasconne qui est à lui.

1725. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Feuillet de Conches, il ne faudrait pourtant pas se le représenter dès l’abord comme entièrement différent, par le ton, de ses camarades les élèves en peinture.

1726. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Il se représente à nous comme ayant donné à son roi les meilleurs conseils dans un sens aussi politique que généreux, ce que la comtesse ne lui pardonna jamais.

1727. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Et par exemple il représentait son héros comme laissant entrer par compassion des vivres dans Paris assiégé, tandis que c’était tout le contraire, et que Henri IV se plaignait de ses serviteurs (tels que Givry, et particulièrement M. d’O), qui en divers temps y avaient laissé entrer des vivres par connivence.

1728. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Et qu’on ne me cite pas La Fontaine comme lui disputant l’honneur de le mieux représenter que lui.

1729. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Peu après cette querelle de parti et cette polémique, la seule au reste qu’il eut dorénavant à soutenir, Ronsard publia en 1565 un recueil intitulé : Élégies, mascarades et bergerie ; ce sont pour la plupart des pièces de circonstance, des divertissements de cour qui furent représentés à des fêtes, et qui sont pour nous purement ennuyeux et sans intérêt ; mais j’y trouve en tête, sous le titre d’élégie, un discours en vers à la reine d’Angleterre Élisabeth, nouvellement en paix avec la France.

1730. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Parmi les divers portraits qu’on fit de lui depuis sa mort, il en est un qui est peu connu et qui mérite d’être cité, parce qu’on l’y représente sous un jour assez particulier dans ses relations auprès des femmes et comme pratiquant un art raffiné de fatuité.

1731. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Il n’en était pas ainsi du temps de Sénecé, et celui-ci nous représente bien le rimeur-amateur d’autrefois, dans sa diversité, son abondance et presque son originalité ; il est du moins certainement le doyen de la famille, ayant vécu quatre-vingt-treize ans.

1732. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Il envoie Priolo les représenter vivement en Cour.

1733. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Combes, repasser sur les différentes phases de la carrière politique de Mme des Ursins pendant ses treize années d’influence ou de domination en Espagne : il a très bien distingué les temps, démêlé les intrigues selon l’esprit de chaque moment, montré Mme des Ursins représentant dès l’abord le parti français, mais le parti français modéré qui tendait à la fusion avec l’Espagne, et combattant le parti ultra-français représenté par les d’Estrées : — ce fut sa première époque : — puis, après un court intervalle de disgrâce et un rappel en France, revenue triomphante et autorisée par Louis XIV, elle dut pourtant, malgré ses premiers ménagements pour l’esprit espagnol, s’appliquer à briser l’opposition des grands et travailler à niveler l’Espagne dans un sens tout monarchique, antiféodal ; c’était encore pratiquer la politique française, le système d’unité dans le gouvernement, et le transporter au-delà des Pyrénées : — ce fut la seconde partie de sa tâche. — Mais quand Louis XIV, effrayé et découragé par les premiers désastres de cette funeste guerre de la succession, paraît disposé à abandonner l’Espagne et à lâcher son petit-fils, Mme des Ursins, dévouée avant tout aux intérêts de Philippe V et du royaume qu’elle a épousé, devient tout Espagnole pour le salut et l’intégrité de la couronne, rompt au-dedans avec le parti français, conjure au dehors la défection de Versailles, écrit à Mme de Maintenon des lettres à feu et à sang, s’appuie en attendant sur la nation, et, s’aidant d’une noble reine, jette résolument le roi dans les bras de ses sujets.

1734. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Quant à Mme Elliott, la maîtresse passée (quoique n’ayant que vingt-quatre ans et si belle), elle apparaît par éclairs, et représente le rappel aux devoirs du sang, la fidélité monarchique : « La politique de Mme de Buffon, nous dit-elle, était différente de la mienne. » Je le crois bien, la rivalité s’en mêlait ; mais il y avait pis auprès du duc d’Orléans que Mme de Buffon.

1735. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Quand j’appelle cela des portraits, il y a toutefois à dire qu’ils ne sont jamais fondus d’un jet ni rassemblés dans l’éclair d’une physionomie ; la vie y manque : ils se composent, on le sent trop, d’une quantité de remarques successives ; ils représentent une somme d’additions patientes et ingénieuses.

1736. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Ce traité de la Résignation, qui n’est qu’un Essai inachevé, me paraît représenter l’entière maturité et la perfection de Mmc Swetchine, en tant qu’écrivain spirituel.

1737. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Je passe à l’extrême opposé : ayant à parler de Chapelle, l’ami de Molière (18 mai 1855), il manque le caractère de l’homme et le rapporte à une famille d’esprits dont il n’était pas ; car ce Chapelle, qui avait assurément de l’esprit et du plus naturel, mais un franc ivrogne et un paresseux, lui paraît représenter une classe d’amateurs et de connaisseurs « d’un goût singulièrement fin, délicat, difficile, qui ont tout lu, qui savent toutes choses, etc. » Rien de moins exact et de moins justifiable. — C’est ainsi encore que, sur la foi d’un de ses maîtres, M. 

1738. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Jules Lacroix est un poète sérieux et de mérite : je l’estime moins encore pour son Juvénal, traduit en vers, que pour son Œdipe-Roi, traduit, modelé et comme moulé avec conscience, avec talent, y compris les chœurs, et qui, représenté au Théâtre-Français, produit un effet de terreur et de pitié dans tous les rangs du public, et, vers la fin, arrache irrésistiblement des larmes.

1739. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Lerambert j’aurais bien plutôt à représenter qu’après avoir souffert il ne suffit pas de chanter purement, mélodieusement, avec sensibilité et avec goût, qu’il faut encore, pour être entendu, hausser le ton et le pousser même jusqu’au cri.

1740. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Ce n’était pas du tout logique à Racine de garder le cygne et de supprimer le rat puisque, les armes étant parlantes, le cygne, qui figurait la seconde moitié de son nom, ne venait là qu’à la condition que le rat y représentât la première.

1741. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

» Et comme on est à l’Académie des inscriptions, on n’oublie pas de citer la médaille frappée en l’honneur de Foucault par décision des États du Béarn, au revers de laquelle étaient représentés les députés venant en foule signer, à la face des autels, l’abjuration de leurs erreurs, avec une légende latine qui signifiait : « La Religion catholique rétablie dans le Béarn par des délibérations publiques de toutes les villes. » Au contraire, j’ouvre l’ouvrage d’Élie Benoît Histoire de l’Édit de Nantes, à la date de 1685 : qu’y vois-je ?

1742. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

J’ai essayé de donner un aperçu de ce talent aimable et vif, de ce comique sincère et touchant que chacun aime à se représenter sous le nom de Térence ; j’achèverai de le définir en quelques traits assemblés sans beaucoup d’ordre, mais qui se rejoindront d’eux-mêmes.

1743. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

À la Chambre des Pairs, au Sénat, il a toujours pris en main l’intérêt des Lettres, ne se considérant jamais mieux à sa place en ce haut lieu que lorsqu’il est appelé à les y représenter et à les défendre.

1744. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Louvois écrivait donc à l’intendant, pour ne pas rester démuni de pièces dans son dire : « Il est important que si vous n’avez point fait d’impositions sur ce lieu, ou que vous n’en ayez pas gardé de copies, vous ne laissiez pas de m’envoyer des copies d’ordres et d’impositions faites sur la seigneurie de Traerbach et sur quelques autres lieux de la seigneurie de Sponheim, dont le roi est en possession, lesquelles vous daterez d’entre le Ier mai 1681 et le 10 juillet, et me les enverrez par le retour de ce courrier, avec cette lettre que vous me renverrez aussi en même temps, observant de faire en sorte que personne ne puisse avoir connaissance de ce que je vous mande. » Cela fait et les pièces réelles ou fictives obtenues, il était tout naturel que Louvois pût écrire à M. de Croissy, son collègue des Affaires étrangères, et qui ne voyait, de tout ce manège, que la surface : « Vous trouverez dans ce paquet les pièces nécessaires pour mettre M. de Crécy (le ministre qui représentait la France près de la Diète) en état de faire voir aux députés à la Diète de Ratisbonne que le roi a été en possession de Traerbach auparavant le 1er août 1681.

1745. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

J’ai tenu à montrer l’excès dans ce système de restauration pure du passé, dont M. de Bonald nous représente le sommet le plus éminent et le plus imposant, mais dont M. 

1746. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

On a remarqué que les oraisons funèbres prononcées en France sur cette princesse, sans excepter celle de l’abbé de Boismont, ont été au-dessous du médiocre ; mais la grande et véritable oraison funèbre, la haute portraiture héroïque, c’est Frédéric qui l’a tracée, lorsque, dans son Histoire de la guerre de Sept Ans, il a représenté cette jeune souveraine, au lendemain de la perte de la Silésie, outrée et cherchant à se venger, s’appliquant à relever les forces et l’ascendant de son empire.

1747. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

La nature du génie de Napoléon qui, essentiellement organisateur et unitaire, représentait la Révolution dans son principe d’égalité et de réformes civiles, mais nullement dans son essor de liberté, le porta à se dessaisir d’une arme terrible, celle de la propagande libérale et républicaine ; et dès lors, les peuples, non appelés par lui à secouer le joug, ne sentirent plus que la honte de la défaite et l’aiguillon de la vengeance.

1748. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Une telle affaire avérée, comme le mensonge dont je parlais l’autre jour, en représente et en suppose des milliers d’autres.

1749. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Il en est sorti toutefois, il s’est mêlé depuis aux émotions contemporaines par son drame touchant de Chatterton et par ses ouvrages de prose, dans lesquels il n’a cessé de représenter, sous une forme ou sous une autre, cette pensée dont il était rempli, l’idée trop fixe du désaccord et de la lutte entre l’artiste et la société.

1750. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

« Mais là n’est pas la question importante ; elle est tout entière de savoir s’il a fidèlement représenté un véritable aliéné, et ici la réponse doit être négative.

1751. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Et puis la gloire des armes représente surtout à ce fils de vigneron tourangeau des champs ravagés, des paysans ruinés.

1752. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Toute sa vie de savant, d’écrivain, d’homme de cabinet, est le résultat d’un acte, d’un acte volontaire et libre qui représente une belle dépense d’énergie.

1753. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Je doute que le petit pavillon du jardin de Montbard où, jusqu’en ces derniers temps, le jardinier faisait sécher ses graines, ait vu le naturaliste écrire, tel qu’on l’a représenté, en manchettes et poudré, l’épée de gentilhomme au côté ; mais si on l’a dit, la faute en est à cette faiblesse de l’anobli pour le noble, nulle part plus messéante que dans des écrits dont le sujet est la nature, où il n’y a pas d’ordres privilégiés et où tout est simple.

1754. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

La loi cherchée peut se représenter par une courbe.

1755. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Partant de ce principe bizarre que « nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu », il s’interdit de traiter autrement que par allusions, les vers et les proses qu’il offrait à la sagacité de ses lecteurs… Il accuse les mots de ne pas représenter suffisamment ses concepts.

1756. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

On peut, si l’on analyse et compare avec soin les ouvrages des hommes qui sortent alors de la province régnante, relever nombre de locutions, de faits locaux, d’usages particuliers, d’images familières, qui représentent l’apport de cette province à la civilisation nationale.

1757. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Une nymphe disait au roi qui représentait le soleil : Je doute qu’on le prenne avec vous sur le ton          De Daphné ni de Phaëton, Lui trop ambitieux, elle trop inhumaine…          Le moyen de s’imaginer Qu’une femme vous fuie et qu’un homme vous mène.

1758. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Le vieux poète a célébré le charme de ces petites réunions dans une épître à Droz, qu’il a représenté dans son intérieur modeste : Goûtez votre bonheur, Couple aimable et sensible ; Dieu rassembla pour vous, sous votre toit paisible, Des trésors de raison, et de grâce et d’esprit ; L’art de se rendre heureux dans vos mœurs fut écrit.

1759. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Les papiers publics qui transcrivent les débats de la Convention ne représentent donc que l’histoire d’une mascarade.

1760. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Il est bon de temps en temps de repasser et de se redire ce que signifient ces gloires consacrées : il n’est jamais sans intérêt de ressaisir et de se représenter au naturel l’homme autrefois célèbre qui n’est plus resté pour nous qu’à l’état de nom et d’image.

1761. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Portalis qualifiait ce décret du 3 Brumaire « un véritable Code révolutionnaire sur l’état des personnes. » Il montrait que le régime révolutionnaire avait dû être détruit par la Constitution : « Et au lieu de cela, c’est la Constitution que l’on veut mettre sous la tutelle du régime révolutionnaire. » La suite et l’enchaînement régulier de la discussion s’animait chemin faisant, sur ses lèvres, d’expressions heureuses à force de justesse : « Avec la facilité que l’on a, disait-il, d’inscrire qui l’on veut sur des listes, on peut à chaque instant faire de nouvelles émissions d’émigrés. » Il demandait pour la Constitution de la patience et du temps : « Il faut que l’on se plie insensiblement au joug de la félicité publique. » Il observait que jamais nation ne devient libre quand l’Assemblée qui la représente ne procède ainsi que par des coups d’autorité : « Les institutions forment les hommes, si les hommes sont fidèles aux institutions ; mais si nous conservons l’habitude de révolutionner, rien ne pourra jamais s’établir, et nos décrets ne seront jamais que des piliers flottants au milieu d’une mer orageuse. » On entrevoit par ces passages que Portalis n’était pas dénué d’une certaine imagination sobre et grave qui convenait à la nature et à l’ordre de ses idées législatrices.

1762. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Mais non : voyons les choses à leur jour et à leur heure, et telles qu’elles se passèrent en réalité : représentons-nous les hommes tels que nous les connaissons.

1763. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Guizot deux grands ouvrages qui représentent son enseignement historique de 1820 à 1822, et de 1827 à 1830.

1764. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Son adversaire le comte de La Blache profite de l’à-propos pour tirer sur le temps, comme on dit, pour pousser l’affaire des quinze mille livres devant le Parlement ; il représente Beaumarchais comme un homme perdu, un scélérat qui a abusé de la confiance de tous ceux qu’il a approchés.

1765. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Le Légataire, représenté en janvier 1708, eut un succès complet, et si complet même que la critique sérieuse s’en émut.

1766. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Ce mélange d’illusion superstitieuse, de fourberie et d’audace nous est représenté ingénieusement dans une suite de scènes.

1767. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Le substitut prit la parole, ne trouva pas grand-chose à dire sur les vers de Tahureau, ni sur une femme qui, dans notre article, rentrait de dîner, son corset dans un journal (le second passage souligné au crayon rouge), passa à un article de notre cousin de Villedeuil, qui mettait en doute la vertu des femmes, s’étendit longuement sur ce doute malhonnête, puis revint à nous ; et, pris d’une espèce de furie d’éloquence, nous représenta comme des gens sans foi ni loi, comme des sacripants sans famille, sans mère, sans sœur, sans respect de la femme, et, pour péroraison dernière de son réquisitoire — comme des apôtres de l’amour physique.

1768. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Mais ne croyez pas que nos soixante-quatre numéros ne représentaient que soixante-quatre lecteurs !

1769. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Voici comment je me représente le spectacle.

1770. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Les drames et les romans devinrent des manuels de science ; on représenta, par des personnages, des moments de l’humanité, des époques de l’histoire, des réformes de politique, des thèses de législation pénale, « des questions d’organisation politique et sociale. » Nul poète ne daigna être simplement poète.

1771. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Au bord de l’aile, on trouve souvent, chez les oiseaux, un petit os inutile, muni d’un ongle chez quelques jeunes, n’ayant d’autre usage que de représenter un doigt.

1772. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Daunou écrivain va droit à Fléchier par goût, comme il est allé à Boileau ; ils représentent à la fois pour lui le double modèle littéraire de ce judicieux et de cet ingénieux qu’il aime dans la pensée et dans l’expression. […] Nous repousserons la Terreur qui t’opprima, comme le royalisme qui te proscrivit, et nous maintiendrons cette Constitution de l’an iii, qui fut le constant objet de ton dévouement, de tes vœux, de tes espérances ; nous saurons, à ton exemple, résister aux factions, braver les périls, et ne connaître sur la terre d’autres puissances irrésistibles que celles devant qui seulement a pu fléchir ton âme républicaine : la loi, la vertu, la nécessité et la mort. » Daunou me paraît représenter très-bien l’éloquence d’alors, celle de l’an in dans son meilleur ton, caractère romain, style latin (conciones), marche un peu lourde, très-grave du moins, ferme, nombreuse, un rare éclat, mais qui frappe d’autant plus, un air stoïque : des Latins, si l’on veut, qui ont eu leur Condillac, mais qui sont d’un bon siècle encore. […] Daunou conclut par une page qui est la plus éclatante manifestation en l’honneur du xviiie  siècle ; il faut la citer en entier, parce qu’elle vérifie beaucoup de nos assertions précédentes sur l’auteur, et parce qu’elle résume et nous représente sous le jour le plus large et le plus lumineux toute sa doctrine.

1773. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

On représente encore comme un grand avantage pour le public que, si nous écartons tout d’un coup l’institution de l’Évangile, toute religion sera naturellement bannie pour toujours, et par suite avec elle tous les fâcheux préjugés de l’éducation qui, sous les noms de vertu, conscience, honneur, justice et autres semblables, ne servent qu’à troubler la paix de l’esprit humain979. […] Il suppose que l’âme ressemble à un spéculum ou miroir plano-cylindrique, le côté plat représentant les choses comme elles sont, et le côté cylindrique, selon les règles de la catoptrique, devant représenter les choses vraies comme fausses et les choses fausses comme vraies. […] L’Histoire d’un mariage représente un doyen de cinquante-deux ans qui épouse une jeune coquette à la mode ; n’apercevez-vous pas dans ce seul titre toutes les craintes du célibataire de Saint-Patrick ?

1774. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

» La croyance en Dieu, la croyance du cœur, non pas la phrase du catéchisme, mais l’émotion intime, l’habitude de se représenter la justice toujours vivante et partout présente, voilà le sang nouveau que la Réforme a fait entrer dans les veines du vieux monde, et qui seul s’est trouvé capable de le rajeunir et de le ranimer. […] Les autres donnent envie de voir ce qu’ils représentent ; il donne envie de ne pas voir ce qu’il veut représenter.

1775. (1904) Zangwill pp. 7-90

Au nord »,… Circuit, le mot n’est pas de moi, le mot est de Taine ; cette méthode est proprement la méthode de la grande ceinture ; si vous voulez connaître Paris, commencez par tourner ; circulez de Chartres sur Montargis, et retour ; c’est la méthode des vibrations concentriques, en commençant par la vibration la plus circonférentielle, la plus éloignée du centre, la plus étrangère ; en admettant qu’on puisse obtenir jamais, pour commencer, cette vibration la plus circonférentielle ; car on voit bien comment des vibrations partent d’un centre, connu ; on ne voit pas comment obtenir la vibration la plus circonférentielle, ni même comment se la représenter, si le centre est par définition non connu, et si un cercle ne se conçoit point sans un centre connu ; pétition de principe ; c’est le contraire de ce qui se passe pour les ondes sonores, électriques, optiques, pour toutes les ondes qui se meuvent partant de leur point d’émission ; c’est le contraire de ce qui se passe quand on jette une pierre dans l’eau ; c’est une spirale commencée par le bout le plus éloigné du centre ; à condition qu’on tienne ce bout ; ce sont les vastes tournoiements plans de l’aigle, moins l’acuité du regard, et le coup de sonde, et, au centre, la saisie ; je découpe ici mon exemplaire, et je cite au long, pour que l’on voie, pour que l’on mesure, sur cet exemple éminent, toute la longueur du circuit : « Au nord, l’Océan bat les falaises blanchâtres ou noie les terres plates ; les coups de ce bélier monotone qui heurte obstinément la grève, l’entassement de ces eaux stériles qui assiègent l’embouchure des fleuves, la joie des vagues indomptées qui s’entre-choquent follement sur la plaine sans limites, font descendre au fond du cœur des émotions tragiques ; la mer est un hôte disproportionné et sauvage dont le voisinage laisse toujours dans l’homme un fond d’inquiétude et d’accablement. — En avançant vers l’est, vous rencontrez la grasse Flandre, antique nourrice de la vie corporelle, ses plaines immenses toutes regorgeantes d’une abondance grossière, ses prairies peuplées de troupeaux couchés qui ruminent, ses larges fleuves qui tournoient paisiblement à pleins bords sous les bateaux chargés, ses nuages noirâtres tachés de blancheurs éclatantes qui abattent incessamment leurs averses sur la verdure, son ciel changeant, plein de violents contrastes, et qui répand une beauté poétique sur sa lourde fécondité. — Au sortir de ce grand potager, le Rhin apparaît, et l’on remonte vers la France. […] Le bonhomme avait prévu tout cela ; il en avait prévu bien d’autres ; il avait, croyons-le, nommément prévu Taine ; il savait qu’un faisceau est plus et autre que la somme arithmétique des dards ; il savait que l’homme est plus et autre que la somme arithmétique des sections, qu’un livre est plus et autre que la somme arithmétique des chapitres ; séparer les éléments du faisceau, c’est le meilleur, c’est le seul moyen de le rompre ; mais dans l’histoire il ne s’agit pas de rompre la réalité, de briser son auteur, de fracturer son texte ; il faut les rendre, les entendre, les interpréter, les représenter ; on me permettra de citer sur une édition non savante : Un vieillard près d’aller où la mort l’appeloit, Mes chers enfants, dit-il, (à ses fils il parloit), Voyez si vous romprez ces dards liés ensemble. […]   La seule garantie qu’on nous donne à présent est qu’« une société d’anthropologie vient de se fonder à Paris, par les soins de plusieurs anatomistes et physiologistes éminents » ; nous qui aujourd’hui savons ce que c’est, dans le domaine de l’histoire, que l’anthropologie, et ce que c’est, dans la république des sciences, que la société d’anthropologie, une telle garantie nous effraye plus qu’elle ne nous rassure ; c’est bien sensiblement à l’humanité présente, à la grossière et à la faible humanité, que Taine remet non pas seulement le gouvernement mais la création de ce monde ; il ne s’agit plus d’un Dieu éloigné, incertain, négligeable, mort-né ; c’est à l’humanité que nous connaissons, aux pauvres hommes que nous sommes, que Taine remet tout le secret et la création du monde ; par exemple c’est lui, Taine, l’homme que nous connaissons, qui saisit et qui épuise tout un La Fontaine, tout un Racine ; c’est la présente humanité, c’est l’humanité actuelle que Taine, au fond, se représente comme un Dieu actuel, réalisé créateur.

1776. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Je me représentai, moi, pauvre diable, ayant manqué dans tous mes projets, plus ennuyé, plus malheureux, plus fatigué que jamais de ma triste vie. […] Cette lettre nous représente à merveille ce que pouvaient être les interminables conversations de Colombier, ces analyses dévorantes qui avaient d’abord tout réduit en poussière au cœur d’Adolphe. […] Je crois que son activité est un besoin autant et plus qu’un mérite ; mais elle l’emploie à faire du bien… » Ce qu’il y a d’injuste, de restrictif dans ce premier récit se corrige généreusement, trois semaines après, dans la lettre suivante, qui nous rend son impression tout entière, et qui mérite d’être connue, parce qu’elle a en elle un accent d’élévation et de franchise auquel tout ce qui précède nous a peu accoutumés, parce qu’aussi elle représente avec magnificence et précision, en face d’une personne incrédule, ce que presque tous ceux qui ont approché Mme de Staël ont éprouvé. […] Mme de Charrière faisait souvent représenter chez elle de petites comédies de sa composition.

1777. (1894) Études littéraires : seizième siècle

On s’y borne à analyser en leurs principaux traits les quelques écrivains qui ont paru représenter le plus exactement, le plus puissamment aussi, les différents penchants de l’esprit français au xvie  siècle. […] Elles représentaient des tournures d’esprit différentes et inconciliables, c’est-à-dire conciliables seulement dans les tempéraments de la vie pratique, dans les concessions qu’impose la nécessité d’être ensemble sur la terre, et dans l’oubli volontaire, pour pouvoir vivre, de ce qui divise. […] Il a de bonnes observations sur le tempérament colérique des Anglais, « comme de toutes les nations des pays froids »,, sur les Flamands plus inconsidérés que « malicieux », très turbulents, fort impatients de tous les jougs, « très humbles » quand ils ont fait quelque « grand erreur », et alors n’épargnant aucun sacrifice pour rentrer en grâce ; sur les Italiens un peu enclins de nature à céder à l’ascendant de la victoire: « … et ce peuple [de Pise] commence a incontinent à crier Noël, et vont au bout du pont jeter à la rivière un grand lion qui représentait la seigneurie de Florence, et firent faire en place un roi de France foulant un lion. […] Ils représentent en perfection la royauté paternelle et le despotisme intelligent, qui est l’idéal politique de Rabelais comme de presque tous les artistes et « studieux ». […] Cette « sentence : En oinô alêthéia ; c’est-à-dire en vin vérité. » La mosaïque du temple que représente-t-elle ?

1778. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Je suis donc fort incapable de vous dire ce qui, dans le Chariot de terre cuite, tel qu’il fut représenté l’autre jour au théâtre de l’Œuvre, revient au bon roi Soudraka et ce qui revient à M.  […] Elle représente proprement la méchanceté féminine en soi, la rage de stérile domination du sexe impur. […] Et, comme jadis Baal, Cantagnac représente la puissance corruptrice de l’argent, telle qu’elle s’exerce de nos jours ; il représente la banque, la spéculation financière et l’exploitation, tantôt des idées et du travail des « intellectuels », tantôt de l’effort, de la sueur ou des humbles économies des pauvres, et la mise en coupe réglée des biens de tous au profit de quelques-uns, et le cosmopolitisme, et finalement le nihilisme. […] Au lieu que Claude, et surtout Daniel et Rébecca nous expliquent ex professo, — ces deux derniers en un seul couplet, — leur âme et l’Idée qu’ils représentent, et disparaissent quand ils se sont définis. […] François Coppée, Pour la couronne, représenté à l’Odéon avec un si éclatant succès, a d’abord un mérite.

1779. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Ceux qui ne se bornent pas à voir représenter quelquefois le Dépit amoureux ou les Fourberies de Scapin, ceux qui lisent assidûment Molière, ne peuvent se défendre d’une profonde émotion tendre pour ce délicieux homme. […] Quant à la comédie intitulée : Quitte pour la peur, second ouvrage théâtral d’Alfred de Vigny, elle fut donnée le 30 mai 1833, après la Maréchale d’Ancre, jouée le 25 juin 1831 ; Chatterton fut représenté le 12 février 1835. […] Je me souviens d’avoir vu représenter, — Rouvière jouant Othello, — la pièce d’Alfred de Vigny. […] Ces jeunes hommes, bons, hardis, généreux, qui, sans exagération, emphatique d’école, préconisaient l’amour de la beauté et représentaient, en leur moment, la réalisation de l’instinct national, furent bafoués comme des pitres eussent mérité de l’être, et traités comme des criminels. […] Jean Lorrain a fait représenter, j’écrivais, il n’y a pas longtemps : « Lorsque Çakia-Mouni fut tenté, au Jardin des Bambous, par les soixante filles de Pipâ, chacune d’elles voulut le séduire d’un charme différent.

1780. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

De la science moderne, glorieusement représentée par un Taine et par un Renan, à la religiosité moderne, représentée par M.  […] Mais, au-dessus du premier tambour, des tiges minces et fluettes montaient le long du métal, parmi des fleurs de bronze, et s’épanouissaient, à la naissance du chapiteau, en fleurs de lotus… Ce chapiteau, semblable à ceux dont les Assyriens couronnèrent les colonnes de Khorsabad, était bombé, et vêtu d’un délicat réseau de mailles ; Hiram avait répandu à profusion, sur la nudité du relief, les grenades symboliques, que les sculpteurs phéniciens représentèrent si souvent sur les colonnes dressées en l’honneur de Tanit-face-de-Baal. […] Le modèle de la perfection nous est donné par l’humanité elle-même ; la vie la plus parfaite est celle qui représente la mieux toute l’humanité. […] Ce que cet œil a ramassé de paysages, cette mémoire, accumulé de faits, cette raison, formulé de lois, tout cela représente un des plus nobles efforts qui aient été faits par l’intelligence humaine pour s’emparer du réel et pour atteindre un idéal.

1781. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Durant son voyage, les membres du Conseil des finances lui détachèrent de Paris mille crocs-en-jambe et mille obstacles : il ne se rebuta de rien, prit à partie les officiers qu’il inspectait, de gré ou de force se fit représenter les comptes de l’année courante et des trois précédentes, examina de près toutes les prétendues dettes et les arrérages, les titres et obligations de tous genres, tondit à son tour sur le vif au profit du roi, et fit tant qu’il rassembla bien cinq cent mille écus : De toutes lesquelles sommes ainsi par vous recouvertes vous fîtes dresser quatre petits bordereaux pour vos quatre généralités, où étaient spécifiées par recettes et natures de deniers toutes les sommes par vous voiturées, et iceux signés par les huit receveurs généraux des deux années dernières comme leur ayant été mis ès mains par les receveurs particuliers ; lesquels bordereaux vous portâtes toujours sur vous, et vous vinrent bien à propos… Vous aviez un équipage de soixante et dix charrettes chargées, pour ce que vous aviez été contraint de prendre quantité de monnaie ; à la suite desquelles étaient les huit receveurs généraux, accompagnés d’un prévôt et de trente archers pour l’escorte.

1782. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Ces aperçus et bien d’autres du prince, qui sont juste de la date du poème des Jardins de Delille, me paraissent aujourd’hui représenter, mieux que ne le feraient quelques vers du charmant abbé, l’esprit de transition véritable qui, profitant des idées et des inspirations des grands écrivains pittoresques novateurs, les voulait concilier avec les traditions de notre goût et avec les inclinations de notre nature.

1783. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Aussi, lorsqu’on 1677 M. de Luxembourg demanda que La Fare fût fait brigadier, et comme celui-ci représentait à Louvois que de plus jeunes que lui au service étaient déjà maréchaux de camp, Louvois répondit : « Vous avez raison, mais cela ne vous servira de rien. »  Cette réponse brutale et sincère du ministre alors tout-puissant, qui me haïssait depuis longtemps, nous dit La Fare, et à qui je n’avais jamais voulu faire ma cour, jointe au méchant état de mes affaires, à ma paresse et à l’amour que j’avais pour une femme qui le méritait, tout cela me fit prendre le parti de me défaire de ma charge de sous-lieutenant des gendarmes de Monseigneur le Dauphin, que j’avais presque toujours commandés depuis la création de ma compagnie, et, je puis dire, avec honneur.

1784. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

. — Et aussi ne nous figurons point Cowper toujours affublé de cette espèce de bonnet de nuit bizarre sous lequel on nous le représente invariablement dans ses portraits.

1785. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Il n’a pas d’élévation, au moins continue ; il se passe à tout moment des trivialités d’expression qui font de son langage l’opposé du langage noble et digne ; il était certes, à cet égard, très peu propre, on l’a dit, à être un ministre des Affaires étrangères et à représenter dans la forme sans déroger.

1786. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Cet échec final, qui concourt avec la chute de l’Ancien Régime et la défaite de la monarchie, a laissé une ombre sur la figure de Besenval : on se le représente volontiers malencontreux et disgracié de la fortune, comme les généraux vaincus devant les révolutions.

1787. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

J’ai vu une image coloriée qui le représentait dans cet esprit-là, sous l’emblème du mauvais goût le plus naïf : c’était une grosse face rubiconde de Béranger sortant du calice d’une fleur, et cette fleur était une pensée.

1788. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

A peu de distance de là, il admire fort le paysage : « Ce vallon semblait à M. de Montaigne représenter le plus agréable paysage qu’il eût jamais vu ; tantôt se resserrant, les montagnes venant à se presser, et puis s’élargissant à cette heure de notre côté, qui étions à main gauche de la rivière, et gagnant du pays à cultiver et à labourer dans la pente même des monts qui n’étaient pas Ri droits, tantôt de l’autre part ; et puis découvrant des plaines à deux ou trois étages l’une sur l’autre, et tout plein de belles maisons de gentilshommes et des églises.

1789. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

C’était doux à considérer et à se représenter l’épanchement de l’amitié dans ces deux petites fleurettes.

1790. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Louvois, moins confiant en cette jeune âme d’ambitieux, faisait représenter à sa mère que si elle voulait garder le pouvoir, elle se mît au plus tôt en mesure et prit ses sûretés en se donnant toute à la France ; il essayait de lui forcer la main pour qu’elle livrât au roi places et citadelles de son pays, afin de retenir à ce prix cette ombre d’autorité qu’on lui aurait laissée.

1791. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

J’ignore si la pièce qui m’a fait plaisir est susceptible d’être représentée à la scène ; je suis très-peu juge de la différence qui existe entre un drame fait pour rester écrit et un drame jouable ; un spectacle dans un fauteuil me suffît très-bien, à défaut d’autre : je m’attacherai donc ici simplement à un ouvrage d’esprit qui porte avec lui son caractère de distinction aisée et qui a un cachet moderne.

1792. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Ce nom qui représente la poésie morale, la poésie correcte et ornée dans tout son fini et dans tout son charme de diction, est pour moi un prétexte et une occasion favorable, on le sent bien, pour maintenir un certain côté trop menacé et qu’on méprise trop aujourd’hui, après lui avoir tout accordé autrefois.

1793. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Il disait un jour à un ami : « J’ai toujours été particulièrement frappé de ce passage d’Homère où il nous représente Priam transporté de douleur pour la perte d’Hector, au point d’éclater en reproches et en invectives contre les serviteurs qui l’environnent et contre ses fils.

1794. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

franchement, si ami que je sois de la réalité, je regrette que Mme Roland n’ait pas obéi jusqu’à la fin au sentiment de répulsion instinctive qui lui avait fait ensevelir en elle ce triste détail, et qu’elle ait cru devoir consigner si au long un incident plus que désagréable ; pour l’excuser, pour m’expliquer cette franchise que personne au monde ne lui demandait à ce degré, j’ai besoin de me représenter l’autorité suprême et l’ascendant prestigieux que l’exemple de Rousseau avait pris sur elle et sur les personnes de sa génération.

1795. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

On se le représentera facilement, si l’on pense que cette reine aimait à la passion son époux, qu’elle le voyait lui échapper entièrement, dans la fleur encore de sa jeunesse à lui, et à l’âge où elle-même elle commençait à se flétrir ; qu’elle avait pour dames du palais, nommées pour l’accompagner et la servir, précisément ces mêmes sœurs rivales qui lui enlevaient à tour de rôle le cœur du roi et se le disputaient entre elles, de manière à compromettre aussi le salut éternel de son âme.

1796. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Je ne m’explique pas très bien qu’à la fin du même article sur Galilée, et pour nous rendre plus sensible la physionomie scientifique du savant personnage, le peintre biographe soit allé chercher je ne sais quelle combinaison imaginaire des génies d’Ampère et d’Arago : j’ai peine à me représenter ce qui en résulte pour la ressemblance.

1797. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Les affaires se tiennent par des liaisons qui les mettent dans une dépendance nécessaire les unes des autres, et ce n’est que par la combinaison de toutes les parties qu’on doit se décider sur ce qu’il est le plus avantageux de faire pour chacune d’elles en particulier. » Le maréchal de Noailles est âgé de soixante-quatre ans à cette date ; il représente une longue expérience acquise, il est un des rares demeurants du dernier règne ; il peut dire au roi avec autorité sur presque chaque sujet : « Le feu roi, votre auguste bisaïeul, pensait… le feu roi, votre auguste bisaïeul, disait… » Il s’offre pour ce genre de conseil avec un dévouement passionné, qui n’est pas sans dignité jusque dans son expansion : « Jusqu’à ce qu’il plaise à Votre Majesté de me faire connaître ses intentions et sa volonté, me bornant uniquement à ce qui regarde la frontière dont elle m’a donné le commandement, je parlerai avec franchise et liberté sur l’objet qui est confié à mes soins, et je me tairai sur tout le reste, toujours prêt, cependant, à vous exposer, Sire, lorsque vous le voudrez, etc., etc.

1798. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Il faut bien se figurer ceci pour être dans le vrai de la réalité historique : de tout temps, les facultés diverses de l’esprit humain ont été représentées au complet, bien qu’en des proportions variables, et, de même que, dans les plus saintes âmes, il y a des moments d’éclipse, de doute, d’angoisse, enfin des combats, de même, dans les siècles réputés les plus orthodoxes, le gros bon sens ou la moquerie ont eu leur voix, leurs échos, pour protester contre ce qui semblait une folie sainte.

1799. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Le poëte se représente à genoux auprès de sa maîtresse endormie.

1800. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Elle était plus forte, plus grande, plus passionnément douée que ce premier aspect ne la montre ; il y avait de puissants ressorts, de nobles tumultes dans cette nature, que toutes les affections vraies et toutes les questions sérieuses saisissaient vivement ; comme l’époque qu’elle représente pour sa part et qu’elle décore, elle cachait sous le brillant de la surface, sous l’adoucissement des nuances, plus d’une lutte et d’un orage.

1801. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Elle se représentait son père, le drapeau sous lequel il avait combattu, le deuil de l’invasion ; elle excitait, elle provoquait en elle l’orgueil blessé des vaincus ; elle cherchait à impliquer dans l’inimitié de ses représailles le jeune noble royaliste, le mousquetaire de 1814, mais en vain ; le ressort sous sa main ne répondait pas ; l’amour, qui aime à brouiller les drapeaux, se riait de ces factices colères.

1802. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Quant aux éléments et aux éléments des éléments, la conscience ne les atteint pas, le raisonnement les conclut ; ils sont aux sensations ce que les molécules secondaires et les atomes primitifs sont aux corps ; nous n’en avons qu’une conception abstraite, et ce qui nous les représente est non une image, mais une notation.

1803. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

je vous parle en ce moment au nom de Galba, devenu mon père, du sénat et de l’empire, que je représente devant vous.

1804. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Un prêtre dans la chaire expose le dogme ; quand il a fini, un petit vicaire, assis en face, au banc d’oeuvre, se lève : il représente l’Erreur. « Je rends hommage, dit le prestolet, à l’éloquence de l’éminent prédicateur ; mais, nous autres protestants, nous sommes entêtés. » Et il fait alors des objections ridicules, aggravées de facéties qui mettent en joie les dévotes.

1805. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Une forte organisation sociale représente pour l’individu la condition optima.

1806. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Les uns, se rattachant au principe de l’immortalité philosophique, se représentèrent les justes vivant dans la mémoire de Dieu, glorieux à jamais dans le souvenir des hommes, jugeant l’impie qui les a persécutés 159. « Ils vivent aux yeux de Dieu ; … ils sont connus de Dieu 160 », voilà leur récompense.

1807. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Ces icônes représentent des êtres farouches et qui élargissent autour d’eux la solitude ; mais les enfants qui s’en amusent les transforment en petits bavards polis et qui se font des grâces.

1808. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Rulhière avait fait graver pour elle un cachet qui représentait un chêne avec cette devise : « Un souffle m’agite, et rien ne m’ébranle. » La devise était juste ; mais l’image du chêne peut sembler bien altière.

1809. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Roustem nous représente assez bien l’Hercule ou le Roland des traditions orientales : ce n’est pas précisément un roi, c’est plus qu’un roi, et il peut dire, lui aussi, dans son orgueil : J’ai fait des souverains, et n’ai point voulu l’être.

1810. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Lorsque, quittant sa patrie, à la fin du premier livre des Confessions, il se représente le tableau simple et touchant de l’obscur bonheur qu’il aurait pu y goûter ; quand il nous dit : J’aurais passé dans le sein de ma religion, de ma patrie, de ma famille et de mes amis, une vie paisible et douce, telle qu’il la fallait à mon caractère, dans l’uniformité d’un travail de mon goût et d’une société selon mon cœur ; j’aurais été bon chrétien, bon citoyen, bon père de famille, bon ami, bon ouvrier, bon homme en toute chose ; j’aurais aimé mon état, je l’aurais honoré peut-être, et, après avoir passé une vie obscure et simple., mais égale et douce, je serais mort paisiblement dans le sein des miens ; bientôt oublié sans doute, j’aurais été regretté du moins aussi longtemps qu’on se serait souvenu de moi.

1811. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Il est tel qu’un Protée qui change sans peine de formes, et qui paraît réellement l’objet qu’il représente ».

1812. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Et il nous représente Florian, non pas du tout en doux Abel au teint blanc, avec des yeux bleus, mais au teint basané, avec une physionomie très peu sentimentale, animée par des yeux noirs et scintillants : « Ce n’étaient pas ceux du loup devenu berger, mais peut-être ceux du renard ; la malice y dominait… » Dans sa première jeunesse, Florian s’était livré à ce goût de contrefaire dans le rôle d’Arlequin, sa vraie création.

1813. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Il a fait représenter bientôt après, au Théâtre-Français, une assez jolie petite comédie en vers, L’Amour et son train, mais il n’a pas continué.

1814. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Il fallut trouver à cette jeune reine, qui n’était encore qu’une enfant de treize ans, un guide, une conseillère expérimentée, pour la former, pour lui apprendre à ne rien choquer autour d’elle et à représenter avec dignité.

1815. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Elle s’était de tout temps beaucoup occupée de théâtre, et plusieurs de ses pièces, soit à l’Opéra-Comique, soit au Théâtre-Français, furent représentées avec un certain succès.

1816. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Je veux m’expliquer plus clairement : si un véritable homme de lettres, bien simple, bien modeste, bien consciencieux, mais étranger à l’action, mais ne sachant ni payer de sa personne, ni représenter en Cour des pairs ou en cour d’assises, ni tenir tête aux assaillants de tout genre et de tout bord, ni dessiner sa poitrine avec cette noblesse dans le danger, avait écrit du fond de son cabinet la plupart des choses excellentes que Carrel a écrites (j’entends excellentes, littérairement parlant), il ne passerait, selon moi, que pour un bon, un estimable, un ferme, un habile et véhément écrivain ; mais il n’eût jamais excité les transports et les ardeurs qui accueillirent les articles de Carrel : c’est qu’avec lui, en lisant et en jugeant l’écrivain, on songeait toujours à l’homme qu’on avait là en présence ou en espérance, à cette individualité forte, tenace, concentrée, courageuse, de laquelle on attendait beaucoup.

1817. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

. — Achevé pour mes juges, à Paris, ce 6 mars 1793, l’an second de la République. » Tout rempli de son unique objet, il ne se représente pas au juste ce que c’est que la Convention nationale ; ce qui étonne, c’est qu’il y ait sauvé sa tête.

1818. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Qu’on se représente l’état précis de la poésie française au moment où il parut, et qu’on la prenne chez les meilleurs et chez les plus grands.

1819. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Un homme riche, qui représente, a force cuisiniers, force services d’entrées et d’entremets, des fruits montés d’une manière élégante (dont l’usage, par parenthèse, nous vient d’Italie).

1820. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Lorsqu’il eut été nommé secrétaire général des Suisses, place qui, à elle seule, rapportait au moins 20 000 livres (janvier 1768), on vit, peu de jours après, dans un des bals du carnaval, un grand homme maigre, sec, dégingandé, qui le représentait en caricature, masqué et à moitié costumé en suisse, avec une calotte et un manteau noir ; et une scène se joua entre un compère et le masque : « Qu’est-ce que cela, beau masque ?

1821. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

On n’a jamais mieux fait le portrait d’un esprit, ni rendu aussi sensiblement des choses qui semblent inexprimables : lumière, suavité, netteté, vigueur, discernement et dextérité céleste, ordonnance et économie des vertus dans une âme, tout s’y représente et s’y peint d’un trait ferme et définitif.

1822. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Brantôme nous la représente comme « une princesse de très grand esprit et fort habile tant de son naturel que de son acquisitif ».

1823. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Les notes jetées, j’ai été empoigné par l’intérêt de la chose représentée, et surtout par le travail à l’effet de la mettre au point.

1824. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

un quart de siècle, et représentez-vous l’incalculable somme de développement intellectuel que contient ce seul mot : tout le monde sait lire !

1825. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Je demanderai donc à cet artiste, si vous aviez choisi pour modèle la plus belle femme que vous connussiez, et que vous eussiez rendu avec le plus grand scrupule tous les charmes de son visage, croiriez-vous avoir représenté la beauté.

1826. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Les Ouolof se les représentent comme des géants à membres grêles76 ayant un seul œil fendu dans le sens vertical et placé sur le front au-dessus d’un nez très allongé.

1827. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Et l’auteur en convient, du reste, en sa leste et spirituelle préface : « Madame d’Ivrée (y dit-il) comme madame Étienne, mademoiselle Rosa La Rose comme mademoiselle de Keldren (ce sont ses héroïnes), représentent les gardiennes de l’idéal, tout en ayant l’ambition d’être de leur siècle… » Or, cette réserve n’est qu’un mot d’auteur qui veut être lu ; car si elles en sont, de leur siècle, c’est comme les personnes qui tranchent sur le leur, et qui, par cela même, n’en sont pas.

1828. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Quelques groupes d’hommes dans l’humanité, sur ce point de terre calciné, la Judée, virent passer l’adorable visage et en sentirent sur eux les rayons, — quelques groupes, morts maintenant, représentés, en tout, par quatre témoignages… Mais l’Église, elle, ne passe point.

1829. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Représentez-vous, un moment, un campagnard du xviiie  siècle.

1830. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Cela ne me représente rien ; j’ai besoin de traduire.

1831. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

» Il y a sans doute un charme de poésie et même de pureté dans ce second Épithalame, réduit aux chants alternatifs de ces deux chœurs d’élite, qui souvent représentaient la jeunesse romaine aux fêtes des dieux.

1832. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Donnay a cru représenter M.  […] Nous nous représentons volontiers les grandes ambitieuses de l’histoire et de la légende comme des créatures désexuées. […] Il serait bon aussi de se rappeler que les trente volumes qui composent l’œuvre de Renan représentent cinquante ans de travail, à raison de dix heures par jour. […] A ce moment de sa vie, Gresset représente assez bien le type du professeur défroqué et fringant, émancipé par les succès littéraires et mondains. […] Ce que représente le vieux Muselle, c’est tout au plus la routine, ce n’est pas la tradition La tradition peut comprendre la routine, mais elle comprend, en outre, certaines idées et certains sentiments tout à fait dignes d’estime.

1833. (1881) Le roman expérimental

« Au point de vue scientifique, la philosophie représente l’inspiration éternelle de la raison humaine vers la connaissance de l’inconnu. […] Ainsi, dans le cas où je représenterais un homme qui marcherait la tête en bas, j’aurais fait une œuvre d’art, si tel était mon sentiment personnel. […] On le représentait, pareil à Satan, avec deux cornes et une queue. […] Il représente la science moderne dans son dédain de la rhétorique, dans son enquête vigoureuse et méthodique, exempte de toute concession au rêve et à l’inconnu. […] Ils ne représentaient rien de net, ils n’étaient que l’avant-garde, chargée de déblayer le terrain, d’affirmer la conquête par des excès.

1834. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Et là-dessus Daudet s’élève contre la fausseté des femmes, représentées par le roman français contemporain, comme des possédées d’éréthisme, s’élève contre la fausseté des femmes françaises décrites par le romantisme, ces femmes rugissantes, ces femmes affolées par des passions tropicales, — et nous disons qu’il y aurait un intelligent et spirituel article à faire, pour remettre la femme française de la littérature, au point réel. […] Je passe au panorama de Stevens, qui m’a demandé à retoucher mon portrait, et qui, me faisant remarquer qu’il m’a représenté, dominant le groupe naturaliste, me dit : « Ça embête des gens, mais j’ai voulu vous mettre là, comme le papa !  […] » et il ouvre avec une clef un tableau, dont le panneau extérieur montre une église de village dans la neige, et dont le panneau secret, peint par Courbet, pour Kalil-Bey, représente un ventre et un bas-ventre de femme.

1835. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Elle mourut en réputation de sainteté parmi le peuple de Ferrare ; les médailles que nous avons sous les yeux, et ses portraits, la représentent comme le profil de la mélancolie et de la douceur ; des yeux bleus, une chevelure noire, un front sans nuage, une bouche où l’intelligence fine donne de l’agrément à un sourire naturellement rêveur, un ovale arrondi des joues, un port de tête un peu incliné en avant, comme celui d’une figure qui écoute, ou comme le buste d’une princesse qui se penche pour accueillir avec pitié les malheureux, enfin la grâce française de sa mère mêlée à la gravité pensive d’une Italienne, font aimer cette femme, que son tendre intérêt pour le Tasse associe à jamais à son immortalité. […] Le Tasse eût parcouru le cercle entier des caractères de femmes, s’il eût représenté la mère.

1836. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Elles représentaient la ville de Pise assiégée par les Florentins : celui de Léonard offrait un combat de cavalerie, divinement travaillé, et celui de Michel-Ange un grand nombre de fantassins qui se baignaient dans l’Arno, et qui, au cri d’alerte, couraient aux armes, à demi nus, avec de si beaux gestes et de si belles postures, que ni les anciens, ni les modernes n’avaient jusque-là rien imaginé qui pût l’égaler. […] « J’entrai chez Monseigneur, suivi du jeune Paulin qui portait le vase : il avait fait mettre tous ses gens en haie sur notre passage, et il nous fallut traverser cette espèce de zodiaque, où l’un représentait le Lion, l’autre le Scorpion, l’autre le Cancer, pour arriver jusqu’à lui.

1837. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

« Ce n’est qu’en lisant de près les Églogues qu’on peut suivre et deviner les vicissitudes de sa vie, et plus certainement les sentiments de son âme en ces années : même sans entrer dans la discussion du détail, on se les représente aisément. […] « Les portraits de lui qui nous le représentent les cheveux longs, l’air jeune, le profil pur, en regard de la majestueuse figure de vieillard d’Homère, n’ont rien d’authentique et seraient aussi bien des portraits d’Auguste ou d’Apollon.

1838. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

« Puisque le but du poète doit être de nous procurer le plaisir qui vient de la pitié et de la terreur, il est clair qu’il faut qu’on trouve ces émotions dans les choses même que son œuvre nous représente. […] On a souvent représenté la dialectique platonicienne comme la méthode qui, des idées particulières, s’élève de degré en degré à des notions de plus en plus générales, pour aboutir par toutes les voies à cette idée suprême et universelle du bien, « qui illumine le monde intelligible, comme le soleil éclaire le monde des sens ».

1839. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Dans cette étude des mœurs d’un grand peuple, l’antiquité n’est guère représentée que par Homère et Théophraste, Aristophane, Plaute et Térence, et chez nous Molière et La Bruyère, et puis rien, sinon — tout en bas — des barbouilleurs : Rétif de La Bretonne et Mercier du Tableau de Paris ! […] Comment sont-elles faites, je vous prie, d’où viennent-elles, et par quels efforts surnaturels pourrez-vous établir leur généalogie, avec le grand siècle, avec l’élégante société, avec la comédie que représentait mademoiselle Mars ?

1840. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Si nous cherchons à établir une série, peu étendue, il est vrai, de degrés transitoires, nous trouvons l’un des termes extrêmes représenté par les Bourdons, qui déposent leur miel dans leurs vieux cocons, en y ajoutant quelquefois de courts tubes de cire. […] On peut donc se représenter une troupe d’ouvriers bâtissant ensemble une maison, quelques-uns ayant cinq pieds quatre pouces, et beaucoup d’autres seize pieds, mais supposant aux ouvriers les plus grands une tête quatre fois plus grosse qu’aux autres, au lieu de trois, et des mâchoires près de cinq fois aussi grandes.

1841. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Bayle représente un moment, très court, très curieux et intéressant aussi, qui n’est plus le xviie  siècle et qui n’est pas encore le xviiie , un moment de scepticisme entre deux croyances, et de demi-lassitude intelligente et diligente entre deux efforts. […] Il soumet Dieu à la justice, et pour l’y mieux soumettre il l’y confond. « S’il y a un Dieu, il faut nécessairement qu’il soit juste…42. » Il ne veut pas de la fatalité, qui est un despotisme bête ; il ne voudrait pas d’un Dieu arbitraire, qui lui semblerait un despotisme capricieux : « Ceux qui ont dit qu’une fatalité aveugle gouverne le monde ont dit une grande absurdité  » 43 ; mais ceux-là aussi lui sont insupportables « qui représentent Dieu comme un être qui fait un exercice tyrannique de sa puissance  » 44. […] Quand, tout rempli depuis bien longtemps de ses pensées et s’assurant sur une dernière lecture, récente, attentive et complète de ses ouvrages, on essaye de se le représenter à un de ces moments où l’homme le plus sautillant et répandu en tous sens, et rimarum plenissimus, s’arrête, se ramène en soi et se ramasse, fixe et ordonne sa pensée générale et s’en rend un compte précis, voici, ce me semble, comme il apparaît. — Positiviste borné et sec, impénétrable, non seulement à la pensée et au sentiment du mystère, mais même à l’idée qu’il peut y avoir quelque chose de mystérieux, il voit le monde comme une machine très simple, bien faite et imparfaite, combiné par un ouvrier adroit et indifférent, qui n’inspire ni amour ni inquiétude et qui est digne d’une admiration réservée et superficielle. — Conservateur ardent et inquiet, il a horreur de toute grande révolution dans l’artifice social et même de toute théorie politique générale et profonde ayant pour mérite et pour danger de pénétrer et partant d’ébranler, en pareille matière, le fond des choses. — Monarchiste ou plutôt despotiste, il ne trouve jamais le pouvoir central assez armé, ni aussi assez solitaire, ne le veut ni limité, ni contrôlé, ni couvert ni appuyé d’aucun corps, aristocratie, magistrature ou clergé, qui ait à lui une existence propre. — Antidémocrate et anti populaire plus que tout, il ne veut rien pour la foule, pas même (il le répète cent fois), pas même l’instruction ; et, par ce chemin, il en revient à être conservateur acharné, même en religion, voyant dans Dieu tel qu’il le comprend, et dans le culte, et dans l’enfer, d’excellents moyens, insuffisants peut-être encore, d’intimidation. — Et ce qu’il rêve, c’est une société monarchique dans le sens le plus violent du mot, et jusqu’à l’extrême, où le roi paye les juges, les soldats et les prêtres, au même titre ; ait tout dans sa main ; ne soit pas gêné ni par États généraux ni par Parlement ; fasse régner l’ordre, la bonne police pour tous, la religion pour le peuple, sans y croire ; soit humain du reste, fasse jouer les tragédies de M. de Voltaire et mette en prison ses critiques.

1842. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

La Rochefoucauld a dit : « Nos actions sont comme les bouts-rimés, que chacun fait rapporter à ce qui lui plaît. » Ce ne sont pas seulement les actions de chaque jour et les démarches des personnes de la société que chacun interprète à son gré ; ce sont les actions du passé et les noms qui les représentent.

1843. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Voilà un succès, et qui nous représente en abrégé celui de Gibbon à Paris. — À la Chambre des communes dont il était membre, Gibbon n’en eut point de si flatteur.

1844. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Elle représenta au roi, après une visite qu’il avait faite à Noisy et dont il avait été fort content, que « la plupart des familles nobles de son royaume étaient réduites à un pitoyable état par les dépenses que leurs chefs avaient été obligés de faire à son service ; que leurs enfants avaient besoin d’être soutenus pour ne pas tomber tout à fait dans l’abaissement ; que ce serait une œuvre digne de sa piété et de sa grandeur, de faire un établissement solide qui fût l’asile des pauvres demoiselles de son royaume, et où elles fussent élevées dans la piété et dans tous les devoirs de leur condition. » Le père de La Chaise appuyait le projet ; Louvois se récriait sur la dépense.

1845. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Il est le représentant le plus agréable, le plus familier et le plus expressif de cet âge que nous aimons à nous représenter de loin comme l’âge d’or du bon vieux temps.

1846. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Quand je dis campagne et quand je prends les termes de guerre, je ne fais que suivre exactement sa pensée : car dans son séjour à Milan, dès 1818, je vois qu’il avait préludé à ce projet d’attaque en traçant une carte du théâtre des opérations, où était représentée la position respective des deux armées, dites classique et romantique.

1847. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Il avait fait une comédie en trois actes et en vers, Ninon de Lenclos ; Creuzé en avait fait une également, qui avait pris les devants et qu’on représentait au théâtre des Troubadours : elle ne semblait pas la meilleure à ceux qui connaissaient les deux.

1848. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Elle en écrivait son impression à une amie de son âge en des termes qui valent mieux qu’un jugement, et qui représentent le profit qu’en ont tiré des générations entières : J’ai promis, ma bonne Henriette, de le communiquer mon opinion sur l’Odyssée : je vais répondre à ton désir.

1849. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Cependant Villars ne cessait de représenter les inconvénients du misérable système qu’on suivait et le terme fatal où il devait aboutir, du moment que la paix n’était qu’un leurre et qu’elle reculait toujours.

1850. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Il n’y a dans aucune lettre de Frédéric de telles phrases que celle par laquelle l’éditeur nous le représente suppliant Maupertuis, et faisant ramper les rois devant les philosophes.

1851. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Ainsi, c’est une règle presque générale que l’Académie, après un temps où elle était complètement de niveau avec l’opinion littéraire extérieure et où elle en représentait les aspects les plus en vue et les plus florissants, baisse ensuite ou retarde un peu.

1852. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Il était, et il représenta toujours le guerrier libre, volontaire, indiscipliné, de la première République, de la première levée en masse de 93, incapable de se ranger à être un militaire distingué et subordonné de la seconde époque et de l’Empire.

1853. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Dutens lui représenta qu’étant né en France de parents protestants qui l’avaient élevé dans leur religion, il n’avait pu regarder ce pays comme sa patrie, puisque le gouvernement même du royaume avait pour maxime que l’on ne connaissait point de protestants en France (et c’est ce qu’un ministre des Affaires intérieures lui dit un jour à lui-même).

1854. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

C’était le moment où Rousseau était en passage à Paris, avant d’aller en Angleterre ; Horace Walpole fit, un soir, en rentrant de chez Mme Geoffrin, cette plaisanterie cruelle de la prétendue lettre d’invitation du roi de Prusse à Jean-Jacques, qui courut bientôt Paris et toute l’Europe, et où on lisait entr’autres ironies : « Si vous persistez à vous creuser l’esprit pour trouver de nouveaux malheurs, choisissez-les tels que vous voudrez ; je suis roi, je puis vous en procurer au gré de vos souhaits. » Walpole se raillait de Rousseau et le traitait en pur charlatan ; il se représentait aussi Mme de Boufflers comme ambitieuse elle-même d’être enlevée jusqu’au Temple de la Renommée en s’accrochant à la robe de l’Arménien philosophe.

1855. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

On a trop peu de lettres ou de notes écrites de Mme d’Albanv ; on en possède assez toutefois pour bien se la représenter dans l’habitude et le train ordinaire de ses sentiments et de ses pensées.

1856. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

J’entre autant que personne dans l’esprit de ces raisons, et je reconnais même dans cette conduite le véritable Montaigne tel que je me le suis toujours représenté, avec toutes ses qualités de bon esprit, de modération, de prudence, de philosophie et de parfaite sagesse ; à quoi il ne manque que ce qui n’est plus en effet de la philosophie et de la sagesse, ce qui est de la sainte folie, de la flamme et du dévouement.

1857. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Alors les ambassadeurs représentèrent avec énergie l’impossibilité où ils étaient de leur porter secours autrement que par des négociations : « Vos vallées sont enclavées dans les États de vos ennemis ; tous les passages sont gardés ; aucune nation n’est en mesure de faire la guerre à la France dans votre seul intérêt ; nulle armée ne pourrait même pénétrer jusqu’ici, et vous seuls, enfin, vous avez à peine trois mille combattants.

1858. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

On retrouverait en lui partout et dans le meilleur sens l’élève des jésuites et du Père Du Cerceau ; quand les jésuites ne se mêlaient pas de théologie, mais seulement de littérature, ils avaient de ce genre d’esprit dont Gresset représente la fleur la plus brillante et la plus mondaine : il suffit de nommer Commire, Cossart, Rapin, Porée, Bougeant et tant d’autres.

1859. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

A la bonne heure ; mais je puis dire qu’une de ces expressions de Benjamin Constant à Mme de Charrière passe tout et ne se pourrait représenter qu’en latin, comme lorsque Horace, par exemple, parle d’Hélène : Nam fuit ante Helenam… Le principal tort, sans doute, en ces incidents, est à la femme qui souffre de tels oublis de plume ; pourtant cette affectation de cynisme sert à juger aussi les qualités de jeunesse et le degré de conservation de celui qui se donne licence.

1860. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

L’épi est utile, mais l’alouette vit, le grillon rappelle, la brise représente, le cœur sympathise, la mémoire se déplie, l’image surgit, l’émotion naît, avec l’émotion naît la poésie dans l’âme.

1861. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Dès le début de son livre, avant la naissance des sociétés, il essaie de se représenter l’homme de la nature.

1862. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Paul Bourget est sans doute poète et romancier, mais est peut-être avant tout un critique — et non pas un critique qui juge et qui raconte, mais un critique qui comprend et qui sent, qui s’est particulièrement appliqué à se représenter des états d’âme, à les faire siens.

1863. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Et le résultat final, c’est encore que le plus grand des sages a été l’Ecclésiaste, quand il représente le monde livré aux disputes des hommes, pour qu’ils n’y comprennent rien depuis un bout jusqu’à l’autre.

1864. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Les Anciens, avec ce génie du symbole qui était en eux, représentaient la Jeunesse armée d’un arc, appuyée d’une main sur une lyre, et, de l’autre, répandant quelques grains d’encens sur le brasier d’un autel.

1865. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Thiers, que les lettres françaises contribuassent à la splendeur de cette réunion, et prescrivit à l’administration des théâtres d’envoyer à Erfurt les premiers acteurs français, et le premier de tous, Talma, pour y représenter Cinna, Andromaque, Mahomet, Œdipe.

1866. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Ils semblent pour la plupart préoccupés, non seulement de venger, mais d’embellir la mémoire de Jeanne, de la représenter en tout par le beau côté (c’est tout simple), mais aussi par le côté adouci, de faire d’elle l’enfant le plus sage, le plus exemplaire, le plus rangé ; il est à croire qu’ils ont supprimé bien des saillies de caractère.

1867. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Représentons-nous bien ce qu’était le proverbe dramatique à l’origine et dans le véritable esprit du genre.

1868. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

On l’a souvent représenté dans celle habitation rurale et féodale, dans sa tour où il s’enferme dès le matin pour méditer et pour écrire.

1869. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

On ne le comprend bien que quand on se le représente à sa date de 1796, en situation historique pour ainsi dire, en face des adversaires dont il est le contradicteur le plus absolu et le plus étonnant, non pas avec des éclairs et des saillies de verve et de génie comme de Maistre, mais un contradicteur froid, rigoureux, fin, ingénieux et roide.

1870. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Mallet, à vingt et un ans, fit donc une brochure qui, eu égard aux conditions de la petite république, pouvait sembler révolutionnaire : il embrassait avec générosité la cause des nombreux habitants dits natifs (comme qui dirait le tiers état du lieu) qui n’étaient point représentés.

1871. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Les années suivantes, jusqu’en 1694, y sont représentées par une série de lettres qui concernent plus spécialement les campagnes et opérations militaires.

1872. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

On peut se faire quelque idée de la conversation de Montesquieu : dans une Défense qu’il daigna faire de L’Esprit des lois et où il répondait à la gazette janséniste (car il était des plus sensibles à la critique), il y a, vers la fin, une page très animée, qui nous représente assez bien, au dire de d’Alembert, ce qu’il était en causant.

1873. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

On vit qu’après la gloire de faire de grandes choses, il avait de plus conçu l’ambition de les écrire avec détail et avec étendue, et de composer moins encore des mémoires proprement dits qu’un corps d’histoire et d’annales : J’avoue, disait-il en parlant de ce travail de rédaction et de dictée qui, au milieu de tant d’autres soins si impérieux, avait partagé ses veilles, j’avoue qu’encore qu’il y ait plus de contentement à fournir la matière de l’histoire qu’à lui donner la forme, ce ne m’était pas peu de plaisir de représenter ce qui ne s’était fait qu’avec peine.

1874. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

La vie ne lui apparaissait pas comme cette mer aux vagues tumultueuses que décrivent les poètes ; il se la représentait unie comme une glace, immobile, transparente jusque dans ses plus obscures profondeurs ; lui-même, assis dans un petit esquif chancelant, et en bas, au fond de l’abîme sombre et limoneux, il entrevoyait vaguement, semblables à d’énormes poissons, des formes monstrueuses : toutes les misères de la vie, maladies, chagrins, démence, cécité, pauvreté.

1875. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Elle a bien discuté, bien nié, bien versé des mépris sur son chemin ; mais elle a manqué le meilleur coup qu’elle pût porter, l’observation vraie et cruelle, d’autant plus, cruelle qu’elle est vraie : c’est que tous les Papes, sans exception, tous les hommes, même les plus éminents, qui ont représenté l’Église et par qui l’Église a vécu, ont été moins grands que leur situation, et ont manqué d’une intelligence à la hauteur de leurs devoirs ; c’est que nul d’entre eux ne s’est servi, dans l’intérêt de l’institution catholique, de circonstances uniques dans l’histoire et qui semblaient aller d’elles-mêmes au-devant d’une main qui les prît au passage et qui sût les plier à ses desseins.

1876. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Entre ce merveilleux ébaucheur au fusain de phosphore et l’historien de saint Dominique, qui a voulu représenter en pied l’immense fondateur de son Ordre, quelle différence d’expression !

1877. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Seul, absolument seul jusqu’à cette heure, il nous représente, au milieu de la guerre, une attitude d’amateur qui fut celle, vis-à-vis de la vie, d’un nombre immense de jeunes lettrés.

1878. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Si, depuis le moment où O′ a quitté O, j’ai compté sur l’horloge qui est au point x′, y′, z′ un temps t’, je me représente naturellement la distance du point x′, y′, z′ au plan ZOY comme égale à x′ + vt’.

1879. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Elle ne nous représente pas seulement le chœur antique, ce long hymne de la tragédie grecque ; elle renouvelle cette épode rapide et sanglante, ce sévère anathème du génie, que lançait la muse irritée et qui ressemblait à la terrible marche de guerre des Crétois, sous le son de la lyre.

1880. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Gérome a représenté cette scène dans un de ses plus jolis tableaux anecdotiques et je crois bien me rappeler que sa Cléopâtre était très mignonne. […] Cléopâtre est représentée plusieurs fois, il est vrai, avec son fils, Ptolémée Césarion, sur les bas-reliefs du temple de Denderah. […] Toutes représentent Cléopâtre avec des traits gros et durs, un nez extrêmement long. […] Cette scène est si noblement tragique qu’on ne peut se la représenter sans un frémissement d’admiration. […] Il ne faut pas un grand effort d’imagination pour voir dans cette bèche une rame, et cette figure pourrait presque représenter Ulysse, sa rame sur l’épaule.

1881. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

La courtisane Belcolore représente la luxure, comme les Trolls, mais beaucoup plus gracieusement. […] Navrante histoire d’une âme toute de désirs, morte d’avoir pris pour vertu le songe de son orgueil et de s’être aimée uniquement elle-même quand elle croyait aimer le devoir théâtral et fastueux que son caprice s’était inventé ; âme de triple essence humaine, et qui représente donc, dans son aventure excessive, la silencieuse aventure de beaucoup d’autres âmes. […] Il est poète, il a fait un drame dont il porte toujours le manuscrit dans sa poche, et qu’il espère faire représenter un jour. […] Il s’adresse, pour obtenir son déplacement, à l’un de ses collègues, fils d’ancien ministre, et qui représente la noblesse républicaine, celle qui remonte à la Terreur comme l’autre remonte aux Croisades. […] C’est à cette constatation que je m’efforcerai, plutôt qu’à des jugements qui seraient peut-être sévères, et bien inutilement, si je me figurais ces deux ouvrages représentés devant un public moyen et si je les jugeais avec celle de mes âmes qui correspond à l’âme de ce public.

1882. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Peintre fidèle et intelligent du désordre, il n’allait pas le ranger ; il n’allait pas lui donner les apparences d’un système, quand il tendait précisément à représenter une foule, presque une borde que ne gouvernait pas un maître ou une doctrine. […] D’autres moralistes et psychologues nous ont représentés comme de fins sceptiques désœuvrés : — sceptiques, je ne dis pas non ; mais si ardents et capables d’agir, nous ne l’avons que trop étourdiment prouvé, dès l’occasion, fut-elle médiocre, ou détestable. […] Mais on nous représente Flaubert comme le martyr de son esthétique et le maniaque d’un règlement fixé par lui, l’héautontimorouménos, bourreau de soi. […]   L’historien, dans son œuvre où il est tout entier, représente l’un des éléments de ce contact ; il est nous. […] Vers le milieu de la verrière, le peintre avait représenté les divertissements auxquels l’enfant prodigue se livra quand il fut loin de chez son père.

1883. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

— Toute une moitié, et la plus réelle, de ses qualités distinctives et de ses traits saillants n’est nullement représentée dans cette manière d’écrire. […] Tout d’un coup, Talma, se levant et sortant sans dire adieu, se retourna au seuil de la porte et lança de son verbe le plus tragique ces admirables vers du rôle d’Auguste qu’il étudiait pour le moment et qu’il s’apprêtait à représenter : il y donna l’accent le plus actuel, le plus pénétré, s’inspirant du sentiment de la situation même et faisant de cette noble emphase cornélienne la plus saisissante des réalités : Mais quoi ! […] Le colloque suivant s’engagea à peu près dans ces termes : — « Mais je suis M. de Vigny, monsieur. » — « Je n’ai pas l’honneur de vous connaître. » — « M. votre neveu a dû vous parler de moi. » — « Il ne m’a rien dit. » — « Je me présente pour l’Académie ; je suis l’auteur de plusieurs ouvrages dramatiques représentés… » — « Monsieur, je ne vais jamais au théâtre. » — « Mais j’ai fait plusieurs ouvrages qui ont eu quelque succès et que vous avez pu lire. » — « Je ne lis plus, monsieur, je relis. » — On était en hiver, la pièce n’était pas chauffée. « Je sentais que je m’enrhumais », me disait M. 

1884. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Charles Maurras, Henry Bérenger, Adolphe Retté, à cause, sans doute, de leur dissemblance, et parce qu’ils représentent chacun un type bien particulier. […] Il représente la tradition dans son sens le plus strict, le plus étroit et le plus précis. […] Rouart a deux amis, Ménalque et Gabriel, dont l’un, Ménalque, représente la vie aventurière, nomade, et l’autre, Gabriel, l’existence résignée et régulière.

1885. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Cependant il continuait de représenter la France à Rome avec grandeur, avec grâce et magnificence.

1886. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Dans un petit écrit intitulé Le Miroir et où il s’agit, en effet, d’une sorte de glace ou de miroir magique dans lequel se voit représenté tout un abrégé de l’âme et de la pensée en général, toutes les façons d’être et de sentir des hommes, tout ce qu’ils sont et ce qu’ils ont été ou ce qu’ils peuvent être, en un mot un raccourci de la nature morale, il a exposé ce que nous appellerions sa philosophie de l’histoire : elle est d’un homme très réfléchi, très éclairé, et dégagé de toute espèce de prévention.

1887. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Cet ouvrage lui fait honneur en ce qu’il représente le côté modéré et le plus pratique de ses opinions politiques.

1888. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Armand Carrel, dans le National du 12 décembre 1830, consacra quelques lignes à la mort de Benjamin Constant ; mais cet article où le journaliste se représente, lui et son parti, comme si pressés par les événements, qu’on n’a pas même le temps de pleurer et de célébrer ses morts, semble trop avoir pour but d’éluder un plus complet éloge.

1889. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Après la mort de Gœthe, resté uniquement fidèle à sa mémoire, tout occupé de le représenter et de le transmettre à la postérité sous ses traits véritables et tel qu’il le portait dans son cœur, il continua de jouir à Weimar de l’affection de tous et de l’estime de la Cour ; revêtu avec les années du lustre croissant que jetait sur lui son amitié avec Gœthe, il finit même par avoir le titre envié de conseiller aulique, et mourut entouré de considération le 3 décembre 1854.

1890. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Tout à coup, étant tombée sur deux ou trois prières particulières qui lui parurent bizarres et de mauvais goût, elle ne put s’empêcher de le dire ; et comme Mme de Genlis se hasardait à lui représenter qu’en fait de prières Dieu s’attachait sans doute à l’intention plutôt qu’aux paroles et au ton : «  Eh bien !

1891. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Supposons donc que l’on soit devant une suite de tableaux que le poète décrit et s’attache à caractériser l’un après l’autre, comme étant l’expression vivante des personnages représentés ; on arrive ainsi devant un tableau de Philoctète à Lemnos.

1892. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Pour arriver à une œuvre qui enlève, qui passionne tout le public et fasse événement, il faut en venir au Cid représenté avec un applaudissement enthousiaste vers la fin de décembre 1636, et qui sacra Corneille grand poète.

1893. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

 Toutes les considérations, disait-il encore, que l’on peut me représenter là-dessus me sont connues ; mais, en vérité, elles regardent plutôt les successeurs que les vivants. » Il resta donc ce qu’il était, célibataire et philosophe, « génie libre et sans façon ».

1894. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Mais il n’avait pas su profiter de cette chance unique, il avait manqué à la belle mission qui lui était échue par le bénéfice du temps ; et après lui avoir représenté les contradictions flagrantes dans lesquelles le plaçait sa démarche, le ton et le caractère de ses anciens écrits qui juraient du tout au tout avec ce dernier acte, la palinodie qu’il semblait s’être réservée pour son chant du cygne, André Chénier lui traçait en regard le canevas de la véritable lettre qu’il aurait dû écrire, lettre sévère et digne, qui eût pu contenir un examen critique et judicieux de la Constitution, sans rien rétracter, sans rien démentir des principes.

1895. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Je lui représentai que la simple annonce de ce projet attacherait pour jamais, par des liens indissolubles, la Russie, l’Autriche et la Prusse, que sans cela tant de rivalités diviseraient entre elles. » Jomini, dans son mémoire, proposait au contraire de pardonner généreusement au neveu de Frédéric le Grand, de lui accorder même le titre de roi de Pologne, s’il voulait s’allier à nous pour conquérir une portion du royaume.

1896. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Deux affections de famille représentaient assez bien la double politique qu’il eût aimé à concilier.

1897. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Dans le Dernier Jour d’un Condamné, il s’est plu à rappeler le vieux puisard, la charmante Pepita l’Espagnole, et le tome II des Voyages de Spallanzani ; ailleurs il parle de l’escarpolette sous les marronniers ;le dôme gris et écrasé du Val-de-Grâce, si mélancolique à voir entre la verdure des arbres, lui apparaît sans doute encore toutes les fois qu’il se représente des jardins de couvent : c’est aussi dans ce lieu de rêverie qu’il commença de connaître et d’aimer cette autre Pepita non moins charmante, la jeune enfant qui, plus tard, devint sa femme.

1898. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Quelque hauts services que puissent penser avoir rendus à leur cause les anciens écrivains du Globe devenus députés, conseillers d’État et ministres, je suis persuadé qu’en y réfléchissant, quelques-uns au moins d’entre eux se représentent dans un regret tacite les autres services croissants qu’ils auraient pu rendre, avec non moins d’éclat, à une cause qui est celle de la société aussi : il leur suffisait d’oser durer sous leur première forme, de maintenir leur tribune philosophique et littéraire, en continuant, par quelques-unes de leurs plumes, d’y pratiquer leur mission de critique élevée et vigilante ; aux temps de calme, l’autorité se serait retrouvée.

1899. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Procédant d’Amyot en style bien plus que Seyssel, le délicieux écrivain François de Sales, né au château de son nom, résidait à Annecy ; avec son ami le président Antoine Favre, jurisconsulte célèbre et père de l’académicien Vaugelas, il fondait, trente ans juste avant l’Académie française, une académie dite Florimontane, où la théologie, les sciences et aussi les lettres étaient représentées : leur voisin Honoré d’Urfé en faisait partie28.

1900. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Son esprit si juste allait par moments jusqu’à l’exagération sur ce point, et quand il se la représentait, elle, sa chère idole, comme au milieu d’un arsenal et d’une fournaise théologique, et qu’il lui recommandait de ne pas s’y fausser les yeux, elle n’avait qu’un mot à dire pour lui montrer qu’il se grossissait un peu le fantôme, et qu’il oubliait les du Deffand, les Caylus et les Parabère (sans compter lui-même), qui apportaient parfois à cette monotonie de bulles et de conciles un assez agréable rafraîchissement.

1901. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Le poste qu’on lui destinait au début était des plus importants : il s’agissait de représenter la France auprès de l’impératrice Catherine.

1902. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Il représente les masses et non les supériorités de l’époque.

1903. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Il représenta au roi que la première dignité à ses yeux était la tendresse qui l’attachait à son petit-fils, et qu’il ne changerait volontairement contre aucune autre. « Non, lui répondit avec bonté Louis XIV, j’entends que vous restiez en même temps précepteur de mon petit-fils.

1904. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Si l’on voulait se représenter ce que notre vieille littérature, purement française, aurait pu donner sans la Renaissance, à quelle perfection originale elle aurait pu parvenir sans le secours et les modèles de l’art antique, je crois que le xviiie  siècle peut nous le montrer, et, dans le xviiie  siècle, Voltaire.

1905. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

L’action, que j’abrège fort, est simple, grande et poignante, et les principaux états d’esprit qu’a dû engendrer la rencontre des deux religions y sont tous représentés.

1906. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Deux noms, au commencement du xvie  siècle, personnifient les deux partis : Érasme représente la Renaissance unie à la Réforme ; Béda, le vieil esprit de paresse vicieuse et d’ignorance, qui fait la guerre à ces grandes nouveautés.

1907. (1890) L’avenir de la science « II »

Quand je veux me représenter le fait générateur de la science dans toute sa naïveté primitive et son élan désintéressé, je me reporte avec un charme inexprimable aux premiers philosophes rationalistes de la Grèce.

1908. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Je me représente l’esprit comme un arbre dont les branches seraient garnies de crocs de fer.

1909. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Qui peut avoir oublié en France les sanglants démembrements opérés au nom de ce culte de la force, les rogues et froids mépris jetés à la face des vaincus par les docteurs qui représentaient cette conception naturaliste du droit international.

1910. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Suivant une expression du temps, « il représente » toujours.

1911. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Cousin et qu’il sut que c’était un ami de Manzoni, il se mit à l’interroger avec détail, avec une insatiable curiosité, sur les moindres particularités physiques et morales du personnage, jusqu’à ce qu’il se fût bien représenté cet objet, cet être, cette production nouvelle de la nature qui avait nom Manzoni, absolument comme lui, botaniste, il aurait fait d’une plante.

1912. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Ce qu’on sent trop d’ailleurs dans ces Dialogues, et ce que Galiani a pris soin plus tard de nous confirmer en toutes lettres, c’est que son Chevalier Zanobi, qui représente l’auteur, « ne croit ni ne pense un mot de tout ce qu’il dit ; qu’il est le plus grand sceptique et le plus grand académique du monde ; qu’il ne croit rien en rien, sur rien de rien ».

1913. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Elle n’avait qu’un défaut, c’était de faire trop bien, de trop aller au cœur par certains accents : « On continue à représenter Esther, écrivait Mme de Sévigné à sa fille (11 février 1689) : Mme de Caylus, qui en était la Champmeslé, ne joue plus ; elle faisait trop bien, elle était trop touchante : on ne veut que la simplicité toute pure de ces petites âmes innocentes. » Mme de Caylus passe pour avoir été la dernière personne, la dernière actrice qui ait conservé la déclamation pure de Racine, le degré de cadence et de chant qui convenait à ce vers mélodieux, tout fait exprès pour l’organe d’une Caylus ou d’une La Vallière.

1914. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Mlle de Launay elle-même, qui n’est peut-être pas mise encore à son rang comme moraliste, me représente un La Bruyère femme, placé dans l’alcôve de sa princesse ; elle ne dit pas tout, mais elle voit tout, et, en mesurant ses paroles, elle ne fait que graver ses observations dans un tour plus concis et ineffaçable.

1915. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Arago l’a noté ; mais, lorsqu’il nous représente Condorcet membre de la seconde législature, de cette Assemblée législative où les dissensions personnelles s’envenimaient chaque jour, et ne voulant jamais prendre part à tous ces combats, il est dans une erreur complète.

1916. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Tels quels, ces Mémoires sont très vifs, très amusants, et, sauf les inexactitudes de faits et de dates qu’on y peut relever, très fidèles quant au ton et à l’esprit des choses et des gens qu’il y représente.

1917. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Cette correspondance assez agréable marque très bien un moment dans la littérature française ; elle représente et caractérise la nuance espagnole pastorale qui y régna depuis le roman de d’Urfé jusqu’à ceux de Mlle de Scudéry, et à laquelle le bon sens de Louis XIV, aidé de Boileau, allait mettre bon ordre.

1918. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Plus de quarante ans après, d’Alembert, écrivant dans ses Éloges académiques celui de M. de Sacy, y traçait un tableau touchant de cette amitié qui l’unissait à Mme de Lambert, et, en le faisant, il se représentait à lui-même, par une allusion sensible, sa liaison de cœur avec Mlle de Lespinasse qu’il venait de perdre.

1919. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Elle cite mal à propos Henri IV pour le tableau de Rubens qui représente l’accouchement de Marie de Médicis.

1920. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Rollin ne s’était pas représenté toutes ces choses, et ces considérations générales ne lui étaient certainement point venues.

1921. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

C’est là, c’est devant cette enfilade de colonnes encore debout et de fûts renversés que Volney établit son voyageur ou plutôt s’établit lui-même comme une espèce d’Ossian arabe ou turc, méditant après le coucher du soleil sur les vicissitudes des empires : « Je m’assis sur le tronc d’une colonne ; et là, le coude appuyé sur le genou, la tête soutenue sur la main, tantôt portant mes regards sur le désert, tantôt les fixant sur les ruines, je m’abandonnai à une rêverie profonde. » La gravure qui était en tête du volume, et qui a été souvent reproduite depuis, représente le voyageur dans cette pose un peu solennelle.

1922. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

La critique scientifique des œuvres d’art par un système d’interprétation de signes que nous avons exposé, dresse en pleine lumière des hommes formant l’une des deux phalanges qui résument en elles toute l’humanité et la représentent.

1923. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Il représente de plus en plus Paris, la ville cœur du monde.

1924. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

D’ailleurs n’est-ce pas se faire une idée bien singulière de la vérité que de se la représenter comme une chose qui passe de main en main et que l’on met sous clef pour que personne n’y touche ?

1925. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Dans toutes les langues, il se trouve plusieurs expressions qui représentent une même idée principale ; mais dont chacune ajoute quelques idées accessoires.

1926. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

» L’auteur de l’Histoire des Causes nous met sous les yeux les rapports, les déclarations écrites, l’opinion sur le peuple des hommes qui le représentaient aux États-Généraux, et ces déclarations affirment qu’il ne poussait pas alors à la Révolution, qu’il n’en avait ni le désir ni la pensée.

1927. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Il n’y a pas que le roi des Huns qu’il nous représente sans vérité poétique, s’imaginant, comme tous les bourgeois de l’Histoire, que la prose, c’est la vérité !

1928. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Sainte-Beuve, bravant le dégoût, et réel, comme depuis ne l’ont pas plus été les réalistes, nous la représentait ainsi : … Quand seule, au bois, votre douleur chemine, Avez-vous vu, là-bas, dans un fond, la chaumine Sous l’arbre mort ?

1929. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Des hommes comme Bruno, Spinoza, Schopenhauer, on se les représente difficilement comme maris et pères de famille ; ils seraient devenus autres, s’ils avaient eu femmes et enfants, plus prudents, plus circonspects, plus flexibles. » Descartes, Leibniz, Newton et Kant étaient aussi des célibataires, ajoute M. 

1930. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

. — Et si l’on exagère lorsqu’on représente, à la fin de l’Empire romain, tout le peuple pénétré des idées nouvelles, on ne se tromperait pas moins en croyant qu’elles demeuraient cachées dans le cerveau des quelques juristes isolés.

1931. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Tout ce qui représente la loi, tout ce qui fait obstacle à la passion et tend à subordonner l’instinct, doit logiquement être repoussé par eux. […] Selon qu’elle nous représente des objets beaux ou laids, selon qu’elle nous intéresse à des héros dignes d’admiration ou de mépris, à des actions nobles ou honteuses, on peut dire que son influence est salutaire ou funeste. […] « En ce moment, Collin (c’est le même que Vautrin), devint un poème infernal où se peignirent tous les sentiments humains. — Le bagne… avec son épouvantable grandeur fut tout à coup représenté par cet homme. […] On représente les uns comme exploités, opprimés, martyrisés par les autres. […] Au théâtre de la Porte-Saint-Martin, en 1850, fut représenté un drame, le plus terrible, le plus effrayant peut-être qui ait jamais paru sur notre scène souillée de tant d’œuvres hideuses.

1932. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Une de ses joies, car il en a d’autres, et je n’oublie pas qu’il est très complexe, est de scandaliser le peuple, les simples, représentés par Sganarelle. […] C’était bien peu, comme le fait remarquer l’auteur, « si l’on compare ce chiffre à celui des prêtres exécutés pendant la Terreur », et certainement le Directoire était un gouvernement trop modéré ; mais enfin il continuait la tradition, un peu gêné par les deux Conseils où l’esprit de 1793 n’était presque plus représenté. […] La catholicisation d’Henri IV me paraît un des actes les plus sérieux, les plus philosophiques, les plus profondément conçus par une grande intelligence, qui aient jamais été. « Paris vaut bien une messe » est une boutade de Béarnais qui doit se traduire ainsi : « Je suis l’État, ou tout au moins je le représente, et il se résume et il s’exprime en moi. […] Ils représentaient la protestation. […] Il représente cette sélection intellectuelle dont la démocratie a horreur et terreur, non sans raison ; il est l’homme, qu’au contraire de l’élire ou de le considérer comme élu, la démocratie devrait éliminer par ostracisme.

1933. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Malherbe est monarchique ; il est par nature homme d’ordre et d’autorité ; il est d’avis qu’il faut laisser les affaires d’État à ceux qui y sont commis ; et ce n’est pas seulement dans une Épître dédicatoire qu’il disait : « Pour moi qui ai toujours gardé cette discrétion de me taire de la conduite d’un vaisseau où je n’ai autre qualité que de simple passager, le meilleur avis que je puisse donner à ceux qui n’y sont que ce que je suis, c’est de s’en rapporter aux mariniers et se représenter que la voie ordinaire que tiennent les factieux pour exciter les peuples à mal obéir, c’est de leur faire entendre qu’ils ne sont pas bien commandés. » Il pensait et s’exprimait ainsi en toute circonstance. […] On ne saurait trop toucher et embrassez-le tronc de l’arbre dont la littérature générale représente de si beaux et si fructueux rameaux.

1934. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Si l’on veut maintenant se figurer d’un regard cette imagination si lucide, si violente, si passionnément fixée sur l’objet qu’elle se choisit, si profondément touchée par les petites choses, si uniquement attachée aux détails et aux sentiments de la vie vulgaire, si féconde en émotions incessantes, si puissante pour éveiller la pitié douloureuse, la raillerie sarcastique et la gaieté nerveuse, on se représentera une rue de Londres par un soir pluvieux d’hiver. […] Ceux de Dickens forment une classe réelle et représentent un vice national.

1935. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Il faut d’abord, pour écrire, être écrivain, non pas écrivain de génie comme Tacite, ou Machiavel, ou Thucydide, mais écrivain suffisant pour que votre pensée se transmette, sinon avec relief, couleur et vie, dans la pensée de vos lecteurs, du moins avec cette clarté, cette netteté, ce bon ordre de composition et de faits qui représentent sincèrement les hommes et les choses dont vous parlez à l’avenir. […] Il écrit le portrait de Pitt avec la rancune et le dénigrement du jacobinisme anglais, jacobinisme aristocratique, représenté alors par Sheridan et par Fox.

1936. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

et comment se la représenter ? […] Moi-même, en venant ici, les yeux fixés sur Colone, le séjour de Sophocle, je croyais voir devant moi ce grand poète, à qui j’ai voué une si profonde admiration, vous le savez, et qui fait mes délices ; l’image même d’Œdipe, qu’il représente venant ici et demandant dans ces vers qui arrachent des larmes en quels lieux il se trouve, m’a tout ému ; ce n’est qu’une image vaine, et cependant elle m’a remué. — Et moi, dit Pomponius, à qui vous faites la guerre de m’être rendu à Épicure, dont nous venons de passer les jardins, je vois s’écouler dans ces jardins bien des heures en compagnie de Phèdre, que j’aime plus qu’homme au monde.

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