R… m’a édifié si bien, et tout s’est trouvé être tellement à mon gré, qu’il n’y a aucun doute que je me promets d’aller quelque jour frapper à votre porte, monsieur, et vous demander la faveur d’un bout de soirée employé en causeries.
Une chose me frappe avant tout dans cette dernière mesure, à la différence d’autres mesures libérales plus ou moins analogues qui l’avaient précédée : c’est que celle-ci était nécessaire.
Douleurs névralgiques « qui lui coupaient en deux la face, frappaient à coups continus les tempes, aiguillaient les paupières, provoquaient des nausées qu’il ne pouvait combattre qu’en s’étendant sur le dos, dans l’ombre ».
Il n’a point le coeur ni les sens profondément frappés.
Les faits nous frappent, nous flattent, nous blessent : nous jouissons, nous souffrons ; nous n’en savons pas plus.
Et il arrive que d’autres non seulement n’aperçoivent pas cette évidence qui nous frappe, mais aperçoivent la même évidence dans des opinions contradictoires aux nôtres.
. — J’en donnerai la preuve tout à l’heure. » Ne cherchez pas à piquer la curiosité aux dépens de la clarté, à faire du mystère pour frapper un coup plus grand.
Elles ne sont pas assez frappées de la « figure » des mots et de la figure des choses.
Émile Verhaeren Depuis la mort de Victor Hugo, ce fut celle de Paul Verlaine qui frappa le plus profondément les Lettres françaises.
La première fois, l’âme est frappée du gracieux andante, ou du solennel adagio, mais elle ne comprend pas bien la transition des parties.
Ce n’est pas cela que je veux dire ; en devenant rigoureuse, la Science mathématique prend un caractère artificiel qui frappera tout le monde ; elle oublie ses origines historiques ; on voit comment les questions peuvent se résoudre, on ne voit plus comment et pourquoi elles se posent.
La vie austère qu’il avait menée, les souvenirs terribles qu’il avait laissés, et sous l’impression desquels l’Orient vit encore 275, cette sombre image qui, jusqu’à nos jours, fait trembler et tue, toute cette mythologie, pleine de vengeance et de terreurs, frappaient vivement les esprits et marquaient, en quelque sorte, d’un signe de naissance tous les enfantements populaires.
Mais ce passage capital de Daniel frappa les esprits ; le mot de fils de l’homme devint, au moins dans certaines écoles 371, un des titres du Messie envisagé comme juge du monde et comme roi de l’ère nouvelle qui allait s’ouvrir 372.
Les recensements frappaient beaucoup les Juifs, bouleversaient leurs idées étroites, et l’on s’en souvenait longtemps.
Cette vue frappait d’admiration les étrangers ; au lever du soleil surtout, la montagne sacrée éblouissait les yeux et paraissait comme une masse de neige et d’or 963.
Sur le moment, ce repas ne frappa personne, et à part les appréhensions dont le maître fit la confidence à ses disciples, qui ne comprirent qu’à demi, il ne s’y passa rien d’extraordinaire.
Frappé de l’amour du bien & de l’humanité, plein de la lecture des anciens, il développa toutes ses idées dans le Télémaque.
Sans vouloir mêler ici prématurément la critique à l’exposition, il est impossible cependant de ne pas être frappé de cette imprudence, au moins apparente, qui fait reposer le dogme fondamental de la religion et l’espoir de l’humanité sur une opinion toute scientifique.
Une passion bien imitée trouve aussi aisément entrée dans le cœur humain, parce qu’elle va trouver les mêmes ressorts pour les ébranler, avec cette différence remarquable qui a sans doute frappé Eschyle : c’est que les passions feintes nous procurent un plaisir, au lieu que les passions véritables ne nous donnent qu’une satisfaction légère et noyée dans une grande amertume.
L’esclave marche la tête inclinée ; il semble toujours la présenter à un glaive prêt à le frapper.
Les choses s’arrangeront, du reste, assez bien d’elles-mêmes, puisque le cours d’histoire littéraire invitera l’enfant à lire tel ou tel auteur dont le nom l’aura frappé dans le cours.
Intensité de la couleur, mais intensité fulgurante, netteté coupante des lignes du dessin, inattendu et délié du détail, se dentelant et se détachant dans la transparence du récit, comme se dentellent et se détachent les rebords déchiquetés d’un édifice délicat et hardi dans la transparence de l’éther : voilà ce qui frappe d’abord dans les récits de cette visionnaire à l’œil perçant et clair qui a de l’aigle et du lynx, qui y voit grand, qui y voit petit, qui y voit pur, qui y voit tout !
Si l’orateur les eut prononcées un drapeau à la main, l’effet eut été plus complet encore sur son auditoire ; telles qu’elles furent dites néanmoins, elles m’ont extraordinairement frappé. « Réjouissons-nous !
Corneille et Racine occupent l’esprit, nourrissent l’âme, plaisent à la raison ; Voltaire cherche à frapper l’imagination par des prestiges, qui n’éblouissent qu’un moment et ne touchent que par surprise. […] Il n’y a point de poète qui ait fait voir à sa nation autant de pays : il était surtout à l’affût de ces grandes époques qui frappent les esprits : les croisades, l’établissement de la religion de Mahomet, la découverte de l’Amérique, la conquête de la Chine par les Tartares, voilà les tableaux qu’il offrait à la multitude étonnée : il est vrai que souvent la faiblesse de l’intrigue ne répondait pas à la magnificence du sujet ; mais de pompeuses déclamations couvraient la mesquinerie de la fable, et au théâtre ce sont les lieux communs et les situations qu’on applaudit, jamais la beauté du plan et la sagesse de la conduite. […] Ce n’est point par des cris, par un tumulte factice, qu’on échauffe le spectateur, mais par de beaux sentiments et de beaux vers : en vain les acteurs se démènent sur la scène, en vain ils frappent des pieds et font un grand vacarme en arrivant sur le théâtre ; la pièce n’en devient que plus froide, on est plus fatigué qu’ennui de ce charlatanisme. […] ……… Je l’ai vu de mes yeux, Je l’ai vu qui frappait………… ………………………………… De leur sang confondu j’ai vu couler les flots. […] Quant au parterre, il est un peu équivoque ; tantôt il rit des mystères et des oracles, et tantôt il en paraît frappé : peut-être viendra-t-il un temps où le rire prévaudra sur le respect3.
Mais lorsqu’il juxtapose ses couleurs avec la franchise d’une mosaïque (j’ai été frappé, au musée de Naples, de retrouver dans la Bataille d’Arbèles la construction même de l’Olympia) et qu’il élimine la fluidité intermédiaire, tout le liant des demi-tons, n’évoque-t-il pas la répugnance de Mallarmé à l’atmosphère oratoire ? […] Ce mouvement de bascule appelle le mouvement inverse : l’effort constant de Mallarmé fut de rejeter la littérature à l’extrême opposé, d’en faire, comme d’une mathématique, un jeu suprême de l’esprit, de frapper d’inexistence toute clarté apparente, au profit d’une clarté réelle qui se confond avec une probité hyperbolique. […] Le célèbre docteur lit un entrefilet de journal sur un fait d’allure scientifique : « Ce qui me frappa, ce fut un phénomène personnel qui se produisit, alors, en moi, à cette lecture ; savoir un certain caractère d’à propos sous lequel le fait m’apparut en ce moment »97. […] Il est de fait pourtant que cette apparence de quêteur d’absolu frappa premièrement, comme un signe très visible, les contemporains sympathiques, plus ou moins ironiquement, à Mallarmé. […] Le moment où, après l’échec des grands protagonistes, le poète prend conscience que ses richesses sont intérieures et qu’elles sont frappées pour lui seul, « drachme d’or à l’effigie du rêve », correspond un peu à cette retraite des Parnassiens sur leur métier, à la doctrine de l’art pour l’art.
Qui me tient que je ne me frappe et ne me tue du coup ? […] Peut-être ne vous frappe-t-elle plus guère parce que vous l’avez lue étant tout petits. […] Et s’il le frappe dans une des minutes où Luigi a le ferme propos d’abjurer, à quoi aura servi le meurtre ? […] Il rencontre dans une salle le vieux baron et le frappe en l’accablant d’injures. […] Mais, au moment de frapper, il ne se sent plus « le courage de tuer une femme », et la laisse aller.
Non, il ne faut pas, dans une république qui sera vertueuse ou qui ne sera point, qu’on entende dire que Junon a été mise aux fers par son fils, et Vulcain précipité du ciel par son père pour avoir voulu secourir sa mère pendant que Jupiter la frappait. […] Comme tout à l’heure les athées proprement dits étaient frappés par la présence du mal sur la terre, maintenant nos négateurs de la Providence sont frappés du triomphe très fréquent de l’injustice dans la société. […] C’est une vérité de bon sens que si l’on savait dire, à chaque douleur qui nous frappe : « je n’y songerai plus dans un an » ; et à chaque joie qui nous envahit, la même chose, on ne souffrirait presque pas et l’on n’éprouverait presque aucun plaisir. […] L’homme donc, qui voit une chose belle et qui éprouve le désir de s’unir à elle, n’est donc qu’un homme qui a autrefois contemplé la Beauté absolue et qui est vivement frappé d’en retrouver une image, si imparfaite qu’elle soit. […] Si nous insistons un peu sur cette idée et sur ce mot, c’est peut-être parce qu’une chose nous frappe chez les Grecs : c’est que les artistes, même les grands, sculpteurs, architectes, peintres et poètes, sont un peu trop traditionnels, aiment trop traiter les mêmes sujets et à peu près de la même façon.
Quand la variation est trop forte pour ne pas frapper, on dit que l’état auquel on avait affaire a cédé la place à un autre, lequel ne variera pas davantage. […] Comment n’a-t-elle pas frappé davantage l’attention des historiens de la philosophie ? […] C’est ce qui me frappe tout particulièrement pour le problème que j’ai entrepris de traiter devant vous, celui du changement. […] Comment ne pas être frappé de la ressemblance entre cette esthétique de Léonard de Vinci et la métaphysique d’Aristote telle que M. […] Elles frappèrent les contemporains.
Il fait allusion à un mot de Gœthe, de Shakspeare, à une anecdote qui en ce moment le frappe ; tant pis pour nous si nous ne le savons pas. […] L’humoriste renferme un poëte ; tout d’un coup, dans la brume monotone de la prose, au bout d’un raisonnement, un paysage étincelle : beau ou laid, il n’importe ; il suffit qu’il frappe. […] Un écrit, quel qu’il soit, ne fait que manifester une âme ; si cette âme est sérieuse, si elle est intimement et habituellement ébranlée par les graves pensées qui doivent préoccuper une âme, si elle aime le bien, si elle est dévouée, si elle s’attache de tous ses efforts, sans arrière-pensée d’intérêt ou d’amour-propre, à publier la vérité qui la frappe, elle a touché le but : nous n’avons que faire du talent ; nous n’avons pas besoin d’être flattés par de belles formes ; notre unique objet est de nous trouver face à face avec le sublime ; toute la destinée de l’homme est de sentir l’héroïsme ; la poésie et les arts n’ont pas d’autre emploi ni d’autre mérite. […] — Voilà l’idée originelle qui a fait les puritains, et par eux la révolution d’Angleterre. « Le sentiment de la différence qu’il y a entre le bien et le mal avait rempli pour eux tout le temps et tout l’espace, et s’était incarné et exprimé pour eux par un ciel et un enfer. » Ils ont été frappés de l’idée du devoir ; ils se sont examinés à cette lumière, sans pitié et sans relâche ; ils ont conçu le modèle sublime de la vertu infaillible et accomplie ; ils s’en sont imbus ; ils ont englouti dans cette pensée absorbante toutes les préoccupations mondaines et toutes les inclinations sensibles ; ils ont pris en horreur jusqu’aux fautes imperceptibles qu’un honnête homme se pardonne ; ils ont exigé d’eux-mêmes la perfection absolue et continue, et ils se sont lancés dans la vie avec la fixe résolution de tout souffrir et de tout faire plutôt que d’en dévier d’un pas.
Ce qui me frappe surtout dans le nouveau style de M. […] Mais toujours sa présence d’esprit, sa décision silencieuse et froide ou violente et impétueuse, selon le vent qui soufflait dans le désert, le tirèrent d’embarras ; quand il ne réussit pas à frapper de stupeur ses ennemis, il les culbute et il passe. […] À mesure que les deux gouvernements se connaissent mieux, ils s’apprécient davantage, et c’est pour moi, je l’avoue, un véritable sujet d’orgueil et de satisfaction de songer que les préjugés qui divisaient les deux pays sont presque entièrement effacés4. » Ainsi, le bon sens de Victor Jacquemont devançait les événements, et du premier coup frappait juste sur leurs résultats les plus cachés. […] Son bon sens triomphe précisément par le côté qui frappe l’imagination des Asiatiques, par sa fermeté, par sa soudaineté, par sa justesse.
Or notre public, qui est singulièrement impuissant à sentir le bonheur de la rêverie ou de l’admiration (signe des petites âmes), veut être étonné par des moyens étrangers à l’art, et ses artistes obéissants se conforment à son goût ; ils veulent le frapper, le surprendre, le stupéfier par des stratagèmes indignes, parce qu’ils le savent incapable de s’extasier devant la tactique naturelle de l’art véritable. […] Amand Gautier est l’auteur d’un ouvrage qui avait déjà, il y a quelques années, frappé les yeux de la critique, ouvrage remarquable à bien des égards, refusé, je crois, par le jury, mais qu’on put étudier aux vitres d’un des principaux marchands du boulevard : je veux parler d’une cour d’un Hôpital de folles ; sujet qu’il avait traité, non pas selon la méthode philosophique et germanique, celle de Kaulbach, par exemple, qui fait penser aux catégories d’Aristote, mais avec le sentiment dramatique français, uni à une observation fidèle et intelligente. […] Il est impossible qu’un amateur un peu poëte ne sente pas son imagination frappée, non pas d’une impression historique, mais d’une impression poétique, religieuse, universelle, en contemplant ces quelques hommes qui descendent soigneusement le cadavre de leur Dieu au fond d’une crypte, dans ce sépulcre que le monde adorera, « le seul, dit superbement René, qui n’aura rien à rendre à la fin des siècles ! […] J’ai entendu alléguer le ton cadavéreux dont la mort frappe les visages.
Il y a une particularité dont on ne peut s’empêcher d’être frappé quand on jette un coup d’œil sur la faune des temps primaires. […] On ne s’étonnera donc pas si c’est la diversité de cet effort qui nous frappe dans l’instinct et dans l’intelligence, et si nous voyons dans ces deux formes de l’activité psychique, avant tout, deux méthodes différentes d’action sur la matière inerte. […] Quand un Hyménoptère paralyseur va frapper sa victime aux points précis où se trouvent des centres nerveux, de manière à l’immobiliser sans la tuer, il procède comme ferait un savant entomologiste, doublé d’un chirurgien habile. […] Ces nouveaux états, eux, seront chacun invariables, ou bien alors leur changement interne, s’il nous frappe, se résout aussitôt en une série nouvelle d’états invariables, et ainsi de suite indéfiniment.
Cela est bénin, bénin, avec, de temps en temps, un vers excellent, solidement frappé, qui a l’air de s’être égaré là. […] Mgr Mathieu a lu tout ce qui est resté des Cahiers de la Lorraine en 1789 et nous sommes frappés comme lui, et charmés, du solide bon sens qui, pour parler ainsi, s’en exhale. […] L’aveu d’impuissance est là, dans ce dernier numéro découragé et à bras qui tombent… Ce qui me frappe beaucoup plus, c’est que ce journal ait vécu si longtemps, six années pleines. […] En toutes choses, Michelet était frappé par un détail… » Écoutez ! […] La dernière fois, il se sera seulement frappé un peu trop fort et un peu trop juste.
Il est aussi frappé par la part d’improvisation lorsque se rencontrent les personnages possédant par ailleurs une véritable profondeur psychologique. […] Dans l’œuvre et la vie même de Toulet, Les Contrerimes bj et Les Trois Impostures figurent les médailliers avec lesquels il joua jusqu’à la fin : retirant, introduisant tour à tour, procédant à une frappe nouvelle, modifiant tel dispositif. […] Il ne s’agit point seulement ici de l’incapacité d’oubli qui est, elle, un don, susceptible certes de culture, et qui se mue parfois en une inappréciable vertu esthétique, mais qui n’en a pas moins ses origines en deçà de la volonté : à l’incapacité d’oubli se superpose chez Schlumberger une volonté de ne pas oublier qu’il ne cesse de nourrir et qui frappe par son caractère tout positif. […] Tous nos mouvements sont pareils à ces vagues pénibles de la mémoire qui viennent frapper l’oubli comme un mur. […] Il veut répondre au coup qui le frappe par un cri pur, juste et surpris… Ainsi l’honnête homme demeure tout occupé à vivre, en échange perpétuel et dans une conversation liée avec les événements.
Qu’il nous soit permis de le dire : si le poëte avoit pû compter sur le jeu muet de l’actrice, il auroit retranché ce monologue : Il sort : quelle nouvelle a frappé mon oreille, &c. […] C’est encore un des priviléges de l’amour, de pouvoir être humble & suppliant lans bassesse : mais ce n’est qu’à lui qu’il appartient de flater la main qui le frappe. […] César au milieu d’une nuit orageuse, frappe à la porte d’un pêcheur. […] César frappe à la porte, il n’en est point troublé. […] A foudroyer les monts sa main va s’occuper, Et laisse à Cassius cette tête à frapper.
Il est possible qu’il ait parfois plaisanté chez ses amis la drôlerie qui le frappait à première vue et qu’il découvrait partout. […] L’importance de cette partie de la personne humaine frappait Alphonse Daudet. […] Ces personnes furent surprises d’entendre, une nuit, deux ou trois petits coups secs, frappés quelque part dans la maison. […] La douceur de Paul Hervieu frappait tout le monde. […] La douceur de Paul Hervieu frappait tout le monde.
L’observation des mœurs et des caractères l’a rendu attentif, non plus au jeu des idées, mais à leurs conséquences pratiques ; de là l’orientation nouvelle qui frappe dans ses derniers écrits. […] Je suis quelqu’un qui passe, qui regarde, qui voit, qui sent, qui réfléchit, qui espère et qui dit ou écrit ce qui le frappe dans la forme la plus claire, la plus rapide, la plus propre à ce qu’il veut dire. […] Ce qui frappe avant tout dans l’œuvre de M. […] La parole du Christ, qui ordonne de tendre la joue gauche à celui qui nous a frappé sur la joue droite, doit être prise dans toute sa rigueur. […] Le morcellement du talent et des idées a frappé tous ceux qui ont observé le talent de la jeunesse d’alors : elle manquait de direction, elle tâtonnait dans un débordement inquiétant d’individualisme et d’égoïsme.
»17, c’est-à-dire Frappe ! […] Il se leva en disant tout haut: « Frappez ! […] Vour: ce mot est turc ; c’est l’impératif du verbe voùrmaq, et plus correctement, ôùrmaq, frapper, tuer, poignarder.
Aucun peuple n’est plus esclave des idées reçues, plus amoureux de la routine, plus scandalisé par tout ce qui frappe pour la première fois son entendement. […] Aucun, s’il n’est frappé de démence, ne peut nier la lumière que ses yeux ont une fois contemplée. […] Dès qu’un vers bien construit, bien rhythmé, d’une riche sonorité, viril, net et solide, nous frappe l’oreille, il est jugé et condamné, en vertu de ce principe miraculeux que nul ne possède toutes les puissances de l’expression poétique qu’au préjudice des idées, et qu’il ne faut pas sacrifier le fond à la forme.
On est frappé dans cet effort de la force, d’une rondeur ronflante qui n’existe jamais dans la sculpture antique, dans la chair de marbre d’Apollonius. […] * * * Je suis frappé combien le caractère du Français se dénationalise à l’étranger, et combien vite et naturellement le pays qu’il habite, déteint sur lui et jusqu’au fond de son être. […] Elle était là cette femme ayant vécu, il y a deux mille quatre cents ans, elle était là, étalée sur la table, frappée, souffletée du jour, toute sa pudeur à la lumière et aux regards de tous.
Fils d’un général d’Empire, Léopold-Sigisbert, comte Hugo, sa vue d’enfant fut frappée de tout l’éclat militaire de cette époque. […] Ce qui m’a frappé surtout, dans ce qu’on a écrit à propos de Germinal, c’est la haine que la critique bourgeoise garde toujours contre M. […] Ce qui m’a le plus frappé, c’est le rôle que la presse, les peintres, les donneurs d’avis qui n’ont point manqué dans cette inconcevable affaire, attribuèrent si bénévolement à l’opinion publique. […] Il a même prié ses amis, qui voulaient organiser une protestation contre l’inqualifiable mesure qui le frappe, de ne faire aucun bruit autour de son nom. […] Mais il est impossible que personne ne soit frappé par la puissance de vision humaine, d’hallucination historique, avec laquelle ce cerveau de plébéien a conçu, a reproduit les civilisations pourries de Rome, sous Héliogabale, et de Byzance.
L’avertissement du père Saint-Alme frappait particulièrement un jeune homme appelé C… B…, qui employait sa belle jeunesse à écrire, sur du papier à tête de lettre de son ministère, des nouvelles à la main du genre dangereux… . […] Tout à coup il devient pâle, la sueur mouille son visage, il frappe du poing. […] On supposerait qu’ils viennent d’être frappés par un malheur commun. […] Ignorant sans doute combien nos lois sont paternelles pour ces petits délits qui sont dans la nature, le délinquant parut frappé d’une invincible terreur, et je n’oublierai jamais l’accent avec lequel il demanda au sergent de ville « quel siouplice lui était réservé ? […] Frappé d’une non-valeur momentanée, mon billet de banque me devenait aussi inutile qu’un billet de l’Ambigu pourrait l’être à Londres— et même à Paris.
Leurs similitudes ont de tout temps frappé les philosophes. […] Ce qui a le plus frappé les observateurs, c’est la puissance qui lui permettrait de briser pour quelques instants les lois de la pesanteur, de maintenir et même de faire cheminer en l’air un objet d’un certain poids, tel qu’un tabouret ou une petite table. […] La douleur morale est le plus grand malheur qui puisse nous frapper, car elle est celui qui est le plus difficile à vaincre, par cela même que sa seule présence suffit à paralyser nos forces. […] Comme son mari, elle était très belle, si belle qu’on s’arrêtait, frappé d’admiration, pour la contempler. […] Deltour, de vieux professeurs ratatinés se frapper le cœur, lever les yeux au ciel et dire : « Oh !
C’est qu’en considérant la généralité des opinions émises sur ce thème tant de fois débattu et le niveau moyen des discussions dont il fut l’objet, j’ai toujours été frappé de leur caractère vain et inadéquat, de leur parfaite futilité et superficialité. […] Et cette intrusion méthodique s’effectuait au moment même où les cadres officiels de l’Empire fléchissaient par suite de la lassitude générale d’un monde frappé de caducité et d’inertie. […] On est frappé de voir à quel point nous sommes serfs encore de notre passé, et comment un peuple peut traverser deux mille ans et l’immense flot des vicissitudes qu’ils comportent, sans altérer le tréfonds de son âme. […] Sûrement un voyageur, débarquant d’un autre monde, serait tout d’abord frappé, en abordant la terre latine, du prodigieux développement de la parole. […] Et pourtant, à maintes reprises, cet argument, sérieux en apparence, est venu frapper notre oreille : « Oui, la situation des pays latins dans le monde est actuellement inférieure à ce qu’elle fut.
« Une chose nous frappe quand on étudie le fond moral de l’art hollandais, c’est l’absence totale de ce que nous appelons aujourd’hui un sujet. » Fromentin, toujours réservé et prudent en matière de doctrine, n’avance point son sentiment avec une grande hardiesse. […] Voici une page des Lettres de jeunesse qu’il faudrait copier en marge de l’Essai sur les données immédiates de la conscience : « Cette possession qui nous rend immédiatement maître de toutes nos forces acquises, je ne connais point d’événements plus propres à nous la rendre, quand nous l’avons momentanément aliénée, qu’un coup violent frappé sur l’enveloppe durcie du cœur. […] Madeleine absente se comporte pour Dominique exactement comme les paysages d’Égypte, selon un passage du Journal des Goncourt cité plus haut, se comportaient pour Fromentin : « Je revis mille choses que j’ignorais d’elle et qui ne m’avaient pas frappé… Tout cela revivait avec une lucidité surprenante, mais en me causant une autre émotion que sa présence, comme un regret, agréable à caresser, des choses aimables qui n’étaient plus là. […] Le roman est par un certain côté l’histoire d’un homme qui apprend à se connaître, utilise ainsi les malheurs accidentels de sa vie, se replie, après qu’ils, l’ont frappé, sur ses ressources, ses racines, a été préservé du malheur suprême et conduit à un bonheur suffisant par le don de voir clair en lui-même. […] Alors les préférences d’Amiel allaient vers un mécanisme qui marchât tout seul, celui des vers, mais si le mécanisme allait tout seul, il n’était qu’un mécanisme, et les vers d’Amiel, sauf quand ils frappent selon le mode gnomique une maxime de vie intérieure, ne parviennent pas à l’existence poétique.
— Sir Henri Bellasses, entendant cela, dit : — Non, et je veux que vous sachiez que je ne querelle jamais que je ne frappe. Prenez cela pour une de mes règles. — Comment, dit Tom Porter, frapper ? […] Il frappe à sa porte ; l’acheteur cependant s’impatiente et le traite comme un nègre. […] Tom Fashion frappe à la porte du château, qui à l’air d’un poulailler, et où on le reçoit comme dans une ville de guerre. […] Mon cabinet sera inviolable ; je serai la seule reine de ma table à thé, vous n’en approcherez jamais sans demander permission d’abord, et enfin, partout où je serai, vous frapperez toujours à la porte avant d’entrer675. » Le code est complet ; j’y voudrais pourtant encore un article, la séparation de biens et de corps ; ce serait le vrai mariage mondain, c’est-à-dire le divorce décent.
Moi, une chose surtout m’a frappé : c’est que leur souplesse n’est pas de même espèce que celle de nos danseuses ou de nos gymnastes. […] Maintenant que Tellier n’est plus, cette préoccupation me frappe étrangement. […] Le malheur, c’est qu’à Paris on vous juge sur quelques traits qui ont d’abord frappé et qui font oublier les autres, et en voilà pour votre vie ! […] «… Quoi qu’il en soit, j’ai eu tort, puisque j’ai eu le malheur d’être l’occasion pour vous de la moindre peine ; je m’en frappe la poitrine comme d’une mauvaise action, et même comme d’une ingratitude, puisque vous m’aimiez et que je vous honore dans mon cœur. […] Je lui ai moi-même parlé une fois (c’est la grosse Demay qui m’avait présenté à elle), et j’ai été frappé de son air de candeur.
Par les sombres détours d’une route inconnue J’arrive sur ces monts qui divisent la nue ; De quel étonnement tous mes sens sont frappés ! […] Je ne sais ce que répondit Hiéron ; mais Parny, lui, n’eut point à se repentir d’avoir envoyé ses Grâces frapper à la porte du cabinet de Français (de Nantes), et elles ne lui revinrent point avec un refus.
Misères du crime qui se frappe lui-même, dont le remords est le bourreau, et qui peut tuer des milliers de victimes, mais qui ne peut tuer son propre supplice, le remords ! […] Elle frappe avec le glaive.
« Les comètes, qui laissent quelquefois entrevoir les étoiles à travers leur queue, semblent être un composé de matière gazeuse plus apparente que dangereuse. » Quant aux pierres tombantes ou étoiles filantes qui étonnent souvent nos yeux, Humboldt les considère comme des millions de petites planètes emportées par un mouvement de rotation autour du soleil, et qui frappent aveuglément la terre quand nous les rencontrons, comme des papillons aveugles. […] La plus grande partie des contrastes dont on était si frappé jadis s’est évanouie devant le travail approfondi de Tiedemann sur le cerveau des Nègres et des Européens, devant les recherches anatomiques de Vrolik et de Weber sur la configuration du bassin.
Bossuet est frappé de la mort. […] C’est un directeur : un directeur rigoureux, dur même, d’autant plus impitoyable que le pécheur est plus grand des grandeurs terrestres. « Il frappe comme un sourd », disait Mme de Sévigné ; et cette austérité plaisait dans un Jésuite.
Quand on visite à pied le pays, une chose frappe au premier coup d’œil. […] Ils restèrent sous le coup d’une idée fixe, mornes, frappés de stupéfaction ; ils avaient le delirium tremens des ivresses sanglantes.
Celui-ci, au lieu de frapper le coupable, lui reproche sa cruauté ; puis il ramasse l’oiseau taché de sang et montre au coupable le regard brisé du cygne mourant. […] Pendant qu’il s’oubliait aux bras de l’enchanteresse, Klingsor s’est emparé de la lance, en a frappé le roi et lui a fait une blessure incurable.
Si l’on examine avec quelque attention le sens divers qu’on donne au mot philosophie dans le langage courant, les discussions ou les livres, on sera frappé de la diversité des acceptions auxquelles il se prête, et de la confusion qu’il peut produire. […] On sera encore plus frappé de cette brièveté si l’on compare les œuvres psychologiques aux travaux si amples, si chargés de détails des naturalistes.
Elle implique que ces faits sont tous réduits à un seul, qu’on appelle la représentation, vorstellung, et c’est, pour cela même qu’ils sont tous frappés d’inefficacité absolue. […] Devant l’arbre réel, en pleine lumière, nous sommes pour ainsi dire frappés de tous les côtés à la fois : c’est une légion de détails qui se pressent pour entrer par la vue et par les autres sens, c’est une myriade de chocs cérébraux que l’on totalise à grand’peine ; on se sent envahi par l’objet.
Sur ce refus, nous jetions, assez découragés, notre pièce dans un tiroir, nous promettant de revenir plus tard à la scène par le roman, et de ne plus frapper à la porte d’un directeur qu’avec un de ces noms qui se font ouvrir le théâtre. […] Si nous avons frappé au Vaudeville, c’est que nous ne voyions pas plus haut des chances d’être joués ; c’est que nous croyions — à tort — le Théâtre-Français fermé à tout ce qui n’était pas une tragédie, une comédie en vers, ou une pièce en prose signée d’un nom aussi populaire au théâtre que celui de M.
« Peut-être quelque esprit difficile, sans réfléchir que cette composition date d’un demi-siècle avant notre ère, frappé du défaut d’unité de temps et de lieu qui y règne, lancera-t-il contre elle le terrible anathème de romantisme. […] Comment, ils ne frappent pas ta vue !
Toute cette conduite de ma part excite encore en moi le plus grand étonnement : n’en ai-je pas agi aussi follement qu’un homme qui, après s’être refusé obstinément à reconnaître un éléphant, tant que la masse bien distincte de cet animal lui frappait la vue, ne se serait ensuite laissé convaincre qu’à l’inspection de la trace énorme de ses pas ? […] Affligé à ce triste spectacle, le sage exhala par des mots son indignation, et, inspiré par la déesse de l’éloquence, il exprima sa pensée dans un distique improvisé : « N’espère point, barbare, prolonger tes jours, toi dont la main a pu frapper un coup si cruel, et détruire un innocent oiseau qui a trouvé la mort quand il ne songeait qu’à l’amour. » — Mais, reprend la nymphe, qu’est-il survenu à l’infortunée Sita depuis qu’elle a été conduite dans la forêt ?
Elle disparaissait : le catholicisme prit sa cause en main, et à défaut de bonnes raisons il condamna, frappa et brûla. […] Nous, nous courbons honteusement la tête et nous ne disons rien, et parfois même il se rencontre parmi nous des malheureux qui baisent la main qui nous frappe.
Je lui dis qu’il n’avait été frappé que de l’horreur des supplices sans porter sa vue, en rétrogradant, sur l’énormité de certains crimes qu’on ne peut punir que de mort, et quelquefois d’une mort terrible, suivant les cas.
Quoi qu’il en soit, la marque de confiance a de quoi frapper : être employé ainsi par Jefferson, c’était la meilleure preuve qu’on n’avait été qu’effleuré et non atteint par Cagliostro85.
Lorsque les Commentaires de Montluc furent imprimés pour la première fois quinze ans après sa mort, en 1592, l’éditeur les fit précéder d’une dédicace « À la noblesse de Gascogne » qui est en des termes dignes de son objet : Messieurs, comme il se voit de certaines contrées qui produisent aucuns fruits en abondance, lesquels viennent rarement ailleurs, il semble aussi que votre Gascogne porte ordinairement un nombre infini de grands et valeureux capitaines, comme un fruit qui lui est propre et naturel ; et que les autres provinces, en comparaison d’elle, en demeurent comme stériles… C’est votre Gascogne, messieurs, qui est un magasin de soldats, la pépinière des armées, la fleur et le choix de la plus belliqueuse noblesse de la terre, et l’essaim de tant de braves guerriers… Sans faire tort aux autres provinces et sans accepter ces injurieuses préférences de l’une à l’autre, il est un caractère constant et qui frappe dans les talents comme dans les courages de cette généreuse contrée, et l’on ne saurait oublier, en lisant Montluc, que cette patrie de Montesquieu et de Montaigne, comme aussi de tant d’orateurs fameux, fut celle encore, en une époque chère à la nôtre, de ces autres miracles de bravoure, Lannes et Murat.
Pour moi, qui suis de ceux à qui la Société des gens de lettres avait fait l’honneur de les appeler dans son sein pour participer à ce jugement, je puis dire en mon nom et en celui des hommes de lettres ainsi conviés que j’ai été frappé et touché avant tout d’une chose, du sentiment d’équité générale et bienveillante qui a présidé à ce long examen.
Une de ses amies, frappée de son silence et de son abattement, lui demanda si elle était malade. — Je n’ai pas été bien dans ces derniers temps, répondit-elle, et même à présent je suis fort ébranlée. — J’aspirais à produire dans l’esprit d’Ellénore une impression agréable ; je voulais, en me montrant aimable et spirituel, la disposer en ma faveur, et la préparer à l’entrevue qu’elle m’avait accordée.
C’est lui qui, amoureux longtemps de Mme Récamier, comme l’avait été son cousin et comme l’était son fils, disait que c’était dans la destinée des Montmorency, et ajoutait agréablement : Ils n’en mouraient pas tous y mais tous étaient frappés.
Ce qui m’y frappe avant tout et partout, c’est combien l’auteur, soit qu’il raisonne, soit qu’il interroge l’histoire littéraire, ne comprend que sa propre manière d’être et sa propre individualité ; par cela même il nous avertit qu’il n’est pas un critique.
Veuillot, et que je les rencontre à côté de tant de jugements fermes, sagaces, bien frappés : tel est dans ce chapitre le jugement sur Hugo et sur Musset, en six lignes qui disent tout. — Entre les classiques français qu’il se mit à lire régulièrement, il n’en est aucun auquel il fut plus redevable qu’à La Bruyère ; il l’étudia à fond, tour et style.
Je ne demande pas, remarquez-le bien, qu on opprime l’enfance de contes prolongés et de terreurs superstitieuses : de tendres esprits trop frappés d’abord peuvent rester gravés à jamais, et on a peine souvent à se relever d’un premier pli.
Les officiers sont impuissants à maintenir l’ordre ; plusieurs y périssent : dans ces cohues d’étrangers de toute nation, il n’y avait, nous dit Polybe, que le mot frappe qui fût entendu de tous indistinctement et qui semblât de toute langue, parce qu’il était sans cesse en usage et pratiqué.
Mlle Eugénie de Guérin, cette fleur discrète de l’enclos du Cayla, a eu, je le sais, deux moments dans sa triste et longue jeunesse, le premier plus renfermé, plus doux, plus faible, plus enfant (si l’on put jamais lui appliquer un tel mot), avant d’avoir lu Lamennais, avant d’avoir lu Pascal, avant d’avoir souffert ; puis le second moment où elle est tout à fait mûre, avertie, fortifiée, frappée et brisée ; mais même dans ce second et plus ferme moment elle conserve quelque chose de parfaitement doux, de résigné et d’un peu effacé ; elle se dérobe à dessein : elle vient la dernière dans la procession des vierges.
De même sur les Macédoniens et sur Alexandre : chez Bossuet, c’est une première et large vue ; l’homme est bien compris dans son ensemble et posé avec son vrai caractère en termes magnifiques ; l’historien orateur est égal à son sujet, à son héros ; ce portrait d’Alexandre est un portrait d’oraison funèbre ; il a le mouvement et comme le souffle oratoire : chez Montesquieu, les raisons de la politique et du génie d’Alexandre sont bien autrement recherchées et déduites ; c’est bien autrement expliqué ; chaque parole frappe comme un résultat, et l’expression est vive, figurée ; le tout gravé en airain : c’est un long bas-relief d’Alexandre.
Parmi les choses controversées, il a discuté la tradition si courante de la disgrâce de Racine, qui l’aurait frappé à mort.
Quantité d’officiers généraux ou de colonels tombèrent des premiers frappés dans ces attaques meurtrières.
Ce qui me frappe en elle, si j’osais me permettre de la juger d’un mot, ce n’est pas seulement qu’elle soit une grande actrice, c’est combien elle est une personne distinguée.
Frappé vivement des objets, il les rend comme la glace d’un miroir les réfléchit, sans ajouter, sans omettre, sans rien changer. » Selon moi pourtant, la comparaison du miroir ne grave pas assez pour ce qui est de Mlle Delaunay ; le trait des objets, dès qu’elle les a réfléchis, reste comme passé à une légère eau-forte.
Ce funeste trait de lumière frappe la raison avant d’avoir détaché le cœur ; poursuivi par l’ancienne opinion à laquelle il faut renoncer, on aime encore en mésestimant ; on se conduit comme si l’on espérait, en souffrant, comme s’il n’existait plus d’espérances ; on s’élance vers l’image qu’on s’était créée ; on s’adresse à ces mêmes traits qu’on avait regardés jadis comme l’emblème de la vertu, et l’on est repoussé par ce qui est bien plus cruel que la haine, par le défaut de toutes les émotions sensibles et profondes : on se demande, si l’on est d’une autre nature, si l’on est insensé dans ses mouvements ; on voudrait croire à sa propre folie, pour éviter de juger le cœur de ce qu’on aimait ; le passé même ne reste plus pour faire vivre de souvenirs : l’opinion qu’on est forcé de concevoir, se rejette sur les temps où l’on était déçu ; on se rappelle ce qui devait éclairer, alors le malheur s’étend sur toutes les époques de la vie, les regrets tiennent du remords, et la mélancolie, dernier espoir des malheureux, ne peut plus adoucir ces repentirs, qui vous agitent, qui vous dévorent, et vous font craindre la solitude sans vous rendre capable de distraction.
L’esprit de parti est exempt de craintes, non pas seulement par l’exaltation de courage qu’il peut inspirer, mais par la sécurité qu’il fait naître : les Jacobins et les Aristocrates, depuis le commencement de la révolution, n’ont pas un instant désespéré du triomphe de leur opinion, et au milieu des revers qui ont frappé si constamment les Aristocrates, il y avait quelque chose de béat dans la certitude avec laquelle ils débitaient des nouvelles, que la foi la plus superstitieuse aurait à peine adoptées.
Il frappe à la porte de la prison.
Elles ne frappent pas l’enfant beaucoup plus fortement que ne font les mêmes vertus chez les autres personnes de son entourage.
Musset frappé, après Diderot, de cette éternelle mobilité des apparences, de cette ronde fantastique où nous sommes emportés avec tout ce qui nous environne, s’écriait avec éloquence192 : Oui, le premier baiser, oui, les premiers serments Que deux êtres mortels échangèrent sur terre, Ce fut au pied d’un arbre effeuillé par les vents, Sur un roc en poussière.
Ouvrez l’admirable partition des béatitudes, et voyez quelle délicieuse simplicité, quelle douceur angélique dans le chœur célèbre : De l’enfant la sainte innocence… Qui n’a été frappé des alternances voulues dans le style harmonique et mélodique de Rebecca ?
Trois endroits m’ont particulièrement frappé en bien dans le volume, et ils ne se rapportent point au roman : c’est d’abord la visite aux Charmettes, où M. de Lamartine a parlé de Rousseau avec éloquence et vérité.
Quoi qu’il en soit, voici un rôle que j’aime à concevoir pour l’un de ces hommes à la fois politiques et littéraires qu’a frappés la dernière tourmente, et qui ne se sentent coupables que d’avoir voulu sauver la France à leur manière, d’une manière qui s’est trouvée insuffisante et fragile en face d’une autre méthode plus héroïque et plus souveraine.
I l’appétition I Ce qui frappe tout d’abord, dans l’appétition, c’est le renouvellement d’actes et de mouvements déjà accomplis antérieurement.
L’inimitié de Colbert, le peu d’habileté de La Fontaine à faire sa cour, un talent peu fait pour être apprécié par le roi, de petites pièces qui paraissaient successivement, ne pouvaient avoir l’éclat d’un grand ouvrage, et semblaient manquer de cette importance qui frappait Louis XIV ; des contes un peu libres, dont on avait le souvenir dans une cour qui commençait à devenir dévote : toutes ces circonstances s’étaient réunies contre La Fontaine, et l’avaient fait négliger.
Si quelques-uns de ses traits avortent, s’ils ne frappent point précisement à son but ; s’ils ne rendent pas exactement toute l’idée qu’il veut exprimer, d’autres traits plus heureux peuvent venir au secours des premiers.
En deux mots, jugement très ferme et tête très saine, voilà ce qui me frappe en M.
La même incapacité explicative frappe la théorie de Gobineau.
En effet, c’est la sensualité qui frappe d’abord chez lui, son amour de la beauté plastique, sa saine compréhension de l’amour physique et son grand sens pratique ; c’est qu’il est naturaliste, dans le sens profond du mot ; ce qui explique alors le fonds de mysticisme qu’il y a aussi en lui, et l’intuition géniale qui en fait le peuple des inventeurs, des précurseurs, des martyrs. — L’étranger s’étonne de la « combinazione », la blâme sans la comprendre ; elle est à la fois un art de la politesse et le dernier refuge des consciences opprimées.
Il frappe juste et se moque, en joyeux convive, des phrases anglaises et françaises dont les oisifs assaisonnent leur conversation. […] Il y a dans cette manière de frapper le vice en le flattant, quelque chose qui ressemble aux caresses d’un chat épiant l’heure de la vengeance ; c’est dans la satire une tactique toute nouvelle, et qui ne peut être pratiquée que par un esprit délié. […] Seul, à minuit, sur une grande route, il frappe à la porte d’une cabane isolée et demande un guide pour atteindre la ville prochaine qui est à trois lieues de là. […] Son incapacité, qui échappe à la foule, frappe les yeux des hommes qui ont vécu dans le commerce des philosophes, et la forme dogmatique de toutes ses pensées ajoute encore à leur surprise. […] Son langage s’élève au-dessus de sa condition, la colère amène sur ses lèvres des paroles enflammées qui frappent son auditoire d’étonnement et d’épouvante.
Il raconta, avec un ton de juge, « comment ce roi persécuteur de la religion, oppresseur des lois, après une longue tyrannie, avait été vaincu les armes à la main par son peuple ; puis mené en prison, et, comme il n’offrait ni par ses actions ni par ses paroles aucune raison pour faire mieux espérer de sa conduite, condamné par le souverain conseil du royaume à la peine capitale ; enfin, frappé de la hache devant les portes mêmes de son palais… Jamais monarque assis sur le plus haut trône fit-il briller une majesté plus grande que celle dont éclata le peuple anglais, lorsque, secouant la superstition antique, il prit ce roi ou plutôt cet ennemi, qui, seul de tous les mortels, revendiquait pour lui, de droit divin, l’impunité, l’enlaça dans ses propres lois, l’accabla d’un jugement, et, le trouvant coupable, ne craignit point de le livrer au supplice auquel il eût livré les autres ? […] Beaucoup d’hommes vivent, fardeaux inutiles de la terre ; mais un bon livre est le précieux sang vital d’un esprit supérieur, embaumé et conservé religieusement comme un trésor pour une vie au-delà de sa vie… Prenons donc garde à la persécution que nous élevons contre les vivants travaux des hommes publics ; ne répandons pas cette vie incorruptible, gardée et amassée dans les livres, puisque nous voyons que cette destruction peut être une sorte d’homicide, quelquefois un martyre, et, si elle s’étend à toute la presse, une espèce de massacre dont les ravages ne s’arrêtent pas au meurtre d’une simple vie, mais frappent la quintescence éthérée qui est le souffle de la raison même, en sorte que ce n’est point une vie qu’ils égorgent, mais une immortalité477. » Cette énergie est sublime ; l’homme vaut la cause, et jamais une plus haute éloquence n’égala une plus haute vérité. […] Déjà, dans celui qui suit, Lycidas, en célébrant, à la façon de Virgile, la mort d’un ami bien-aimé505, il laisse percer les colères et les préoccupations puritaines, invective contre la mauvaise doctrine et la tyrannie des évêques, et parle déjà « du glaive à deux mains qui attend à la porte prêt à frapper un coup pour ne frapper qu’un coup. » Dès son retour d’Italie la controverse et l’action l’emportent ; la prose commence, la poésie s’arrête.
Ce qui me frappe d’abord, c’est que partout, — coquelicots dans les gazons, pavots, perroquets, etc., — le rouge chante la gloire du vert ; le noir, — quand il y en a, — zéro solitaire et insignifiant, intercède le secours du bleu ou du rouge. […] Ses ciels surtout m’avaient frappé à cause de leur transparence et de leur légèreté. […] Achille Devéria, dont la composition est excellente, frappe en outre l’esprit par un aspect doux et harmonieux. […] Chaque individu est une harmonie ; car il vous est maintes fois arrivé de vous retourner à un son de voix connu, et d’être frappé d’étonnement devant une créature inconnue, souvenir vivant d’une autre créature douée de gestes et d’une voix analogues.
La société institue des peines qui peuvent frapper des innocents, épargner des coupables ; elle ne récompense guère ; elle voit gros et se contente de peu : où est la balance humaine qui pèserait comme il le faut les récompenses et les peines ? […] Voilà du moins ce qui frappe d’abord. […] Pour en rester à Socrate, la question est de savoir ce que ce génie très pratique eût fait dans une autre société et dans d’autres circonstances, s’il n’avait pas été frappé par-dessus tout de ce qu’il y avait de dangereux dans l’empirisme moral de son temps et dans les incohérences de la démocratie athénienne, s’il n’avait pas dû aller au plus pressé en établissant les droits de la raison, s’il n’avait ainsi repoussé l’intuition et l’inspiration à l’arrière-plan, et si le grec qu’il était n’avait maté en lui l’oriental qui voulait être. […] Mais il frappe l’attention quand on s’y arrête, — signe ordinaire d’une insuffisance d’élan.
On avait été frappé de la force pénétrante et de la parfaite justesse de ses impressions de Tolède, dans d’admirable nouvelle intitulée Un amateur d’âmes. […] C’est les frapper nous-mêmes que de ne point reprendre leur œuvre et de ne point vouloir qu’ils se survivent en nous. […] On est un peu plus frappé, avouons-le, de découvrir qu’il comparait Flaubert à Homais et à Gaudissart : mais il ne lui contestait pas la qualité de « grand écrivain ». […] Mais Aubry fut le page trop aimé de la reine, et le roi par vengeance a fait enduire ce mât de glu, de sorte que le pauvre archer est exposé aux projectiles de l’ennemi et frappé de male mort. […] Un malheur soudain vient le frapper : sa fille, Suzanne, est atteinte de coxalgie.
Quels que soient les malheurs qui aient pu nous frapper, elle reste intacte et brillante au milieu de tous les désastres : ni la guerre, ni la politique ne sauraient l’atteindre. […] Deux choses que souvent l’on confond, le théâtral et le dramatique : le théâtral frappe les yeux, les sens ; le dramatique saisit l’âme et le cœur. […] Il agit par le choc violent dont il frappe les sens. […] Corneille, lorsqu’il donna le Cid, avait trente ans ; lorsqu’il donna Don Sanche, il en avait quarante-cinq ; deux ans après, il allait donner Pertharite, dont la chute devait le frapper au cœur et le faire renoncer au théâtre une première fois. […] Çà et là, cependant, on rencontre encore des vers frappés à la bonne marque et qui sont bien du vrai Corneille ; ceux-ci, par exemple, que prononce la reine Isabelle : J’ai fait Carlos marquis, et comte, et gouverneur : Il doit à ses jaloux tous ces titres d’honneur ; M’en voulant faire avare, ils m’en faisaient prodigue.
N’est-on pas frappé au contraire par le réalisme non seulement de l’école sévillane, mais de cette sculpture étudiée par M. […] Sa gloire, placée en viager, est venue s’éteindre dans cette mer dont il a voulu suborner le murmure pour le transformer en applaudissement éternel », nous sourions, et nous reconnaissons, dans la main injurieuse de son brillant élève, la phrase de Chateaubriand, et ce « suborner le murmure » frappé à son image authentique. […] Personne ne s’en est beaucoup frappé. […] Et l’on est bien frappé, surtout, par ses détails précis, particuliers, localisateurs. […] Autant le romancier, uniquement soucieux d’art, écrit dans la liberté et la lumière de son métier, se livre avec abandon à ses personnages, autant le critique, préoccupé d’agir, impatient de frapper, tendu vers la thèse voyante et sommaire, dédaigne les nuances, arbore les couleurs crues, convertit en affirmations décisives les premières vraisemblances.
Remarquez qu’en mettre n’est pas difficile du tout, et c’est précisément ce que je viens de faire ; mais en trouver, être frappé, sans le faire exprès, du comique de la circonférence et de la tangente, cela révèle, chez un philosophe pessimiste, une aptitude à la gaieté tout à fait extraordinaire. […] Pour moi, ce qui-me frappe le plus, c’est à quel point malgré les différences, pour ce qui est de la disposition de l’action, les deux pièces se ressemblent, au fond, sans en avoir l’air. […] Elle est frappée d’abord de ce style qui tient le milieu entre celui de la comédie et celui du drame, très composite, certes, fruit d’un labeur ingénieux, mais, à cette date, très révélateur d’une réaction salutaire et d’une nouvelle position prise sur le champ de bataille littéraire. […] Il a le premier dit nettement : « Ce qui me frappe, au contraire, c’est comme elle l’aime ! […] Il a été frappé quelquefois, en s’appliquant un peu, de la grâce et de l’harmonie, à la rencontre de la hauteur de l’édifice.
Moi-même j’ai été frappé de cette lacune. […] Toi, au moins, tu ne me frappais pas. […] About frappait pour lui à toutes les portes, ou plutôt, il avait un procédé pour introduire et presque pour imposer son camarade. […] Il fut frappé en pleine force, en pleine activité, en pleine bataille, en plein succès, au champ d’honneur. […] Eh bien, parmi ces principes, il y en a deux qui me frappent comme les plus puissants, comme invincibles : l’hérédité, et l’activité individuelle ou la personnalité.
L’illusion nous frappe autant que l’existence ; Et par le sentiment suffisamment heureux, De l’amour seulement nous sommes amoureux. […] 3° Parce que le drame du Boulevard était à décoration, à machines, à éclat extérieur et à prestiges, toutes choses qui sentent l’opéra et que, même dans leurs œuvres non dramatiques, avant de s’être faits dramatistes, les romantiques sont des peintres décorateurs et aiment infiniment tout ce qui frappe les yeux, tout ce qui amuse, séduit et éblouit les yeux et tout ce qui émeut l’imagination par les yeux. […] On lit dans les Notes et Souvenirs d’un Anglais à Paris (1835-1848) : « Etant très petit garçon, j’avais été plus d’une fois frappé d’étonnement à la vue de jeunes gens paradant dans la rue en pourpoint, en haut-de-chausse, la chevelure flottante ornée de toques de velours et d’ailes d’oiseaux, une courte épée pendue à la ceinture ; nous n’étions pas en carnaval et personne ne semblait s’émouvoir. […] Le théâtre d’imagination frappe les esprits très vivement, les exalte, les échauffe et, finalement, il est imité par la vie. […] De grâces et d’attraits je la trouve pourvue, Mais les défauts qu’elle a ne frappent point ma vue.
Bardoux : « Quand je la connus », dit-il, « elle était déjà frappée de mort. […] Il regarde le vent frapper des arbres : « Il sabrait les ormes comme avec un bancal et leur hachait leur beau visage de verdure nuancée », dit-il. […] C’était une comparaison de ce pauvre Pradier qui m’a toujours frappé. […] Oui, heureux homme, pour qui les phénomènes du monde ne sont qu’un métal sur quoi frapper l’effigie de son système, — ou de ses systèmes, car, avec cela, il a la bonne fortune d’être inconséquent. […] Quand on lit d’affilée ces volumes sur les Origines, c’est bien cela qui frappe d’abord.
Il est probable que je ne retrouverai jamais des impressions égales à celles qu’il m’a données. » Telle était la sorte d’hypnotisme dont la pensée germanique, avec son amplitude énorme, mais bien fallacieuse, frappait les jeunes Français de 1850. […] France estimait par-dessus tout, dans l’auteur des Tableaux Parisiens, ce vers à la Boileau d’une frappe si classique. […] Mettez : Obèse et pieux, vous frappez le lecteur. » Cette science lucide et minutieuse de la rhétorique, aucun ne l’a possédée avec cette sûreté et à ce degré. […] Énergie d’imagination qui lui faisait naturellement inventer des caractères vigoureusement frappés et des événements à leur ressemblance. […] Je m’apprendrai à sauter dans ce cerceau… », et il frappait la table de la canne-cravache que serrait sa belle main toujours gantée.
Ce qui frappe quand on lit le recueil de M. […] De temps à autre, un antique vétéran frappe à la porte d’un atelier et propose de poser pour Ajax défiant la foudre, ou pour le Roi Lear sur la lande flétrie. […] Et depuis ce jour-là, le monde en armes frappe droit à ma vie avec des colères et des alarmes. […] La première chose qui frappe, quand on jette les yeux sur la liste de ceux qui ont fourni leur appoint aux Chants du Travail de M. […] Le Bureau Scolaire ne lui ferait peut-être pas beaucoup d’impression, et notre course à la richesse ne le frapperait point d’admiration.
Une tête sans poudre lui rappelle les images sanglantes de la révolution française, premiers objets qui frappèrent son imagination royale, il y a trente-un ans. […] Lorsque les Romains construisirent ces monuments qui nous frappent encore d’admiration après tant de siècles (l’arc de triomphe de Septime-Sévère, l’arc de triomphe de Constantin, l’arc de Titus, etc.), ils représentèrent sur les faces de ces Arcs célèbres des soldats armés de casques, de boucliers, d’épées ; rien de plus simple, c’étaient les armes avec lesquelles leurs soldats venaient de vaincre les Germains, les Parthes, les Juifs, etc. […] On a vu, chez nos voisins, les hommes du plus grand talent frapper de mort des ouvrages fort agréables, en y introduisant des allusions aux intérêts passagers et âpres de la politique du moment.
. — Mes yeux suivent le contour de la table, en d’autres termes ma rétine éprouve tour à tour une série continue d’impressions, à mesure que les rayons lumineux partis des bords de la table viennent frapper tour à tour son centre jaune ; or, pendant ce temps-là, l’accommodation et la contraction des muscles de l’œil me donnent une série parallèle et continue de sensations musculaires qui, par une correspondance acquise, réveillent en moi l’image des sensations tactiles et musculaires qu’éprouverait ma main en cheminant d’angle en angle le long du contour. — Remarquons le caractère de ces images réveillées. […] En effet, c’est ce caractère qui nous frappe lorsque aujourd’hui nous percevons un corps. […] En effet, parmi les centaines de sons et de formes colorées qui frappaient ses sens, ce sont les timbres de cinq ou six voix et les formes colorées de cinq à six visages qui se sont répétés pour elle le plus souvent et qui, par leur fréquence et leur identité, ont tranché sur le reste. — Vers trois mois, elle a commencé à tâter avec ses mains, à mouvoir les bras pour atteindre les objets, partant à associer aux taches colorées des impressions tactiles et musculaires de distance et de forme.
Si nous jugeons, si nous critiquons, si nous commentons en nous-même les sons qui frappent nos oreilles, la parole intérieure reparaît. […] Après les nominalistes et tous les philosophes qu’avait frappés l’association des termes généraux avec les notions générales, Condillac avait insisté sur le même fait, mais en logicien plutôt qu’en psychologue, et sans songer à distinguer la parole intérieure de la parole extérieure : « Tout l’art de raisonner se réduit à l’art de bien parler ; — une science bien traitée n’est qu’une langue bien faite ; — toute méthode analytique de la pensée est une langue ; — nous pensons par les langues » tels sont ses principaux aphorismes ; Rousseau, lui, envisageant la pensée et ses expressions comme deux successions parallèles, esquissait une vraie description psychologique quand il disait : « L’esprit ne saisit (les idées dont l’objet n’est pas sensible) que par des propositions : car sitôt que l’imagination s’arrête, l’esprit ne marche plus qu’à l’aide du discours. » Sur la question des origines, Condillac avait soutenu, après l’oratorien Richard Simon29 3 et avec la grande majorité des philosophes du xviiie siècle et des idéologues, l’invention humaine de la parole, ou, en d’autres termes, la création de l’expression de la pensée par les seules forces naturelles de la pensée : à quoi Rousseau répondait : « La parole paraît avoir été fort nécessaire pour établir l’usage de la parole. » D’autre part, et dès avant ses recherches sur le langage, de Bonald était d’instinct partisan des vérités immuables ; et, disposé comme il l’était à voir dans le progrès une illusion coupable, dans le devenir une forme inférieure de la réalité, une déchéance de l’être, il avait été facilement mis par le P. […] Parmi les auteurs que Bonald lui-même cite à l’appui de ses aphorismes66, la plupart ne s’écartent pas de la tradition nominaliste, continuée par Hobbes et Condillac ; ils négligent de distinguer la parole intérieure de la parole extérieure et se contentent de dire qu’il « n’existe pas de pensée sans signes » (Cabanis), ou que « les mots sont indispensables pour penser les genres et tout ce qui n’a pas frappé les sens » (Dugald Stewart).
Ce qui arrive en plusieurs cas ; d’abord lorsque tous les rayons du spectre, rassemblés de nouveau par un autre prisme, viennent frapper le même point de la rétine et excitent ainsi le maximum, le minimum et tous les degrés de chaque sensation élémentaire ; ensuite lorsque, deux rayons ayant été choisis dans le spectre, l’inégalité des trois sensations élémentaires excitées par le premier est compensée par l’inégalité en sens contraire des trois sensations élémentaires excitées par le second. […] Mais la conscience connaît si mal nos événements intérieurs, qu’elle range sur la même ligne, à titre de couleurs, nos sensations et nos manques de sensation ; ce qui la frappe, ce sont des différences entre nos états, et, à cause de cela, elle met ensemble, comme des faits semblables, le passage du repos à l’action et le passage de l’action au repos, en les notant comme contraires, sans démêler que l’un est négatif et l’autre positif.
Qu’une grande calamité vînt à nous frapper tous, du moins ne m’eût-elle pas plus particulièrement atteint ; le sort commun eût été mon partage : eh bien ! […] Mais, lorsque la mort vient à frapper les hommes vendus aux plaisirs, qui se sont faits les esclaves infâmes de leurs passions, et, poussés aveuglément par elles, ont violé toutes les lois divines et humaines, leurs âmes, dégagées du corps, errent misérablement autour de la terre, et ne reviennent dans ce séjour qu’après une expiation de plusieurs siècles.
XXXV Vivement frappé de cette perte, l’idée me vint, idée en général malheureuse, de payer un tribut de deuil et de gloire à ce roi des poètes contemporains, en continuant ce poème sous le titre de Cinquième chant de Childe Harold. […] « Monument écroulé, que l’écho seul habite Poussière du passé qu’un vent stérile agite ; Terre, ou les fils n’ont plus le sang de leurs aïeux, Où sur un sol vieilli les hommes naissent vieux, Où le fer avili ne frappe que dans l’ombre, Où sur les fronts voilés plane un nuage sombre, Où l’amour n’est qu’un piège et la pudeur qu’un fard, Où la ruse a faussé le rayon du regard, Où les mots énervés ne sont qu’un bruit sonore.
On est presque tenté de se frapper la poitrine pour l’audace que l’on a eue en bonne santé ; les ressorts s’affaiblissent ; les instincts généreux et forts tombent ; on éprouve je ne sais quelle molle velléité de se convertir et de tomber à genoux. […] Mais elles ne frappent pas autant, parce qu’on ne les voit pas exister simultanément dans un même pays, tandis que la philosophie est toujours envisagée synoptiquement et comme solidaire dans toutes ses parties.
Il n’y avait point de nécessité vitale à ce que le sens de l’électricité se développât d’une façon spéciale chez les animaux supérieurs et chez l’homme : n’est-il pas tout à fait indifférent pour la conservation de notre espèce que, chaque année, quelques individus soient ou non frappés de la foudre ? […] Un bruit sans durée appréciable, une décharge électrique traversant notre corps, une vive lumière éblouissant nos yeux, tout cela offre analogie avec un choc ou un coup, et nous exprimons le phénomène par les mêmes mots : « Je suis frappé. » Enfin le choc, à son tour, se ramène à la conscience de la résistance.
Je t’aurais aimé peut-être ; pourquoi m’as-tu frappé à mort ? […] Un des combattants, le héros Arjoùn, à l’aspect de ses parents, de ses amis, de ses compatriotes, qu’il faut frapper dans cette guerre civile, sent défaillir en lui son cœur, et préfère recevoir la mort au malheur de la donner.
Il y a une strophe d’un poète persan adressée aux sources de Chiraz qui m’a frappé dès mon enfance, en la lisant dans une traduction anglaise. […] Il te fallait un poète à l’image de ta politique ; car enfin les poètes sortent de terre comme en France sortent les soldats, quel que soit le parti qui frappe du pied cette terre féconde.
Michelet nous a frappé par son excellente couleur. — M. […] Arondel Un grand entassement de gibier de toute espèce. — Ce tableau, mal composé, et dont la composition a l’air bousculé, comme si elle visait à la quantité, a néanmoins une qualité très-rare par le temps qui court — il est peint avec une grande naïveté — sans aucune prétention d’école ni aucun pédantisme d’atelier. — D’où il suit qu’il y a des parties fort bien peintes. — Certaines autres sont malheureusement d’une couleur brune et rousse, qui donne au tableau je ne sais quel aspect obscur — mais tous les tons clairs ou riches sont bien réussis. — Ce qui nous a donc frappé dans ce tableau est la maladresse mêlée à l’habileté — des inexpériences comme d’un homme qui n’aurait pas peint depuis longtemps, et de l’aplomb comme d’un homme qui aurait beaucoup peint.
Le soleil frappe sur son visage basané, et ses cils fauves ombragent un regard à la fois sauvage et timide.
Mais, à la fin, ce ton de conversation si excellent, si exquis, quoique simple, me frappa.
La tête est fort belle, la physionomie vive, animée, parlante, la figure assez longue ; on n’y prend nullement l’idée que donnerait de M. de Meilhan le duc de Lévis, lorsqu’il a dit : « Sa figure, quoique expressive, était désagréable ; il était même complètement laid, ce qui ne l’empêchait pas d’ambitionner la réputation d’homme à bonnes fortunes. » Cette idée de laideur ne vient pas à la vue de ce portrait ; mais on y reconnaît avant tout ce bel œil perçant, plein de feu, ces « yeux d’aigle pénétrants » dont le prince de Ligne était si frappé.
par combien de moyens le jeune homme que de grands talents y appellent, frappe à la fois l’attention de son auditoire !
La jeunesse, bannie de son pays, ne l’a point quitté sans douleur ; elle a trouvé un ciel plus beau, une terre plus fertile, mais ce n’était pas le sol natal ; ce n’était plus ce ciel dont la lumière avait d’abord frappé sa vue, ce n’était plus cette terre où bon avait commencé à vivre, cette terre témoin des soins paternels, des jeux de l’enfance, où l’on avait reçu les premières impressions du plaisir et du bonheur.
Mais ce qui frappe, c’est qu’il met Virgile et Claudien bout à bout ; il les coud, il les accole et ne les fond pas ; ce n’est pas un tissu qu’il fait, c’est un placage.
C’est une loi en effet : chez les nations qui n’avaient pas l’imprimerie, sous les gouvernements qui n’avaient pas leur Moniteur, il arrivait très vite que les personnages glorieux qui avaient frappé l’imagination des peuples et remué le monde, livrés au courant de la tradition et au hasard des récits sans fin, se dénaturaient et devenaient des types purement poétiques.
Montesquieu écrit peu (autant du moins qu’on en peut juger par ce qu’on a), et il écrit sans prétention : son grand esprit, sa forte et haute imagination, sa faculté élevée de concevoir et son talent de frapper médaille ou de graver, sont tout entiers tournés et employés à ses compositions savantes et rares.
Dans ses promenades vagabondes il lui arriva plus d’une fois de rencontrer un homme « dont l’air pensif et le regard de feu le frappaient singulièrement » ; il apprit plus tard que c’était Jean-Jacques Rousseau, une de ses futures idoles.
Jeune homme la première fois qu’il visita Mme de Staël, à Ouchy près de Lausanne, elle lui dit brusquement, en voyant son émotion et frappée de son accent : « Je suis sûre que vous joueriez très bien la tragédie ; restez avec nous et prenez un rôle dans Andromaque.
J’avais regretté, en finissant, que Tocqueville eût été atteint et frappé si au cœur par les événements qui avaient déconcerté ses principes, et j’avais exprimé cette idée qu’un degré de calme de plus, si convenable chez un successeur d’Aristote et de Montesquieu, l’aurait peut-être conservé à ses amis.
Au moment même où la science rendait les éminents services qu’il vient vivement de nous décrire, elle voyait la mort planer sur elle et frapper les plus nobles têtes : Lavoisier, Bailly, Condorcet.
Ce rouge et ce cou blanc frappèrent tout à coup l’imagination d’Étienne, excitée déjà par les réflexions que la visite de David lui avait suggérées, et il lui sembla voir tomber la jolie tête de cette jeune femme.
Cette panique, qui peut tenir à l’effroi des imaginations frappées autant qu’à la réalité même, cette espèce de bacchanale universelle de la nature physique, telle qu’à la rigueur elle peut paraître à des gens ivres et être vue à travers le vertige, est décrite avec une vraie verve d’orgie.
Les lettrés qui se rappellent ce que dit Florus sur César, vainqueur à Munda, ou Velléius sur Cicéron, sont frappés de la différence.
Frappé au mois de juin 1862, à l’âge de soixante-deux ans, d’un accident soudain qui le saisit et le paralysa dans toute la force de la pensée, il ne se releva pas, assista deux années durant à sa lente destruction, et succomba le 1er septembre 1864, avant d’avoir pu terminer l’Histoire des Cabinets de l’Europe, « cette œuvre, tourment et bonheur à la fois de sa vie. » Je dis tourment, et on va le comprendre.
Entre toutes les fleurs il va choisir l’amarante, la qui, dit-on, se flétrit le moins vite, une sorte d’immortelle ; il fait fi de la rose trop passagère ; il lui retire son hommage pour le transporter sur une fleur plus digne ; il dit tout cela en vers bien tournés et bien frappés plutôt que fortement pensés.
Le Maître, en effet, dont la conversion était contemporaine des créations de Corneille, avait en lui de la grandeur : c’est son caractère dominant et qui frappe de près ou à distance.
Il y a eu les traits plus violents et même envenimés, comme ceux que Chamfort, tout académicien et lauréat d’académie qu’il était, aiguisa, tailla, assembla en faisceau, pour en faire un instrument de mort aux mains de Mirabeau, qui devait frapper le coup.
Dans un très-beau cantique sur la Charité, imité de saint Paul, il dit lui-même, en des termes assez semblables, et dont notre ami paraît s’être souvenu : En vain je parlerais le langage des Anges, En vain, mon Dieu, de tes louanges Je remplirois tout l’univers : Sans amour ma gloire n’égale Que la gloire de la cymbale, Qui d’un vain bruit frappe les airs.
On a pu trouver ingénieux, dans le temps, cet endroit de son poëme d’Austerlitz, où il parle noblement de la baïonnette en vers : Là, menaçant de loin, le bronze éclate et tonne ; Ici frappe de près le poignard de Bayonne.
Dans quelque genre que ce soit, tous les mots qui ont servi à des idées fausses, à de froides exagérations, sont pendant longtemps frappés d’aridité ; et telle langue même peut perdre entièrement la puissance d’émouvoir sur tel sujet, si elle a été trop souvent prodiguée à ce sujet même.
Disparition de Ronsard Après 1573, on pourrait dire que Ronsard fut délaissé, ou plutôt qu’il ne fut guère imité que dans ses erreurs et ses. défauts ; on continua de l’adorer : mais son école s’adorait en lui ; aussi ceux qui attaquèrent l’école purent-ils croire légitime de frapper sur lui.
Son jeu, et celui de quelques acteurs qu’il est parvenu à instruire, n’a rien qui frappe : mais après, les meilleurs comédiens ne paraissent que des comédiens.
Les « soupirs » et les « grands élancements » à faire retourner les fidèles, la terre « baisée à tous moments », et la puce tuée « avec trop de colère », et « Laurent, serrez ma haire avec ma discipline », ce sont donc là des traits tout à fait propres à frapper l’imagination de cet idiot.
L’homme nouveau, riche de pensées, sobre de gestes, est fait pour réserver sa vie intime, haïr la vedette personnelle, et frapper la médiocratie en plein cœur par l’audace réfléchie, la résolution logique de ses idées, en soustrayant son visage à tout examen.
Il allait aux excès : « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui l’autre.
Se rappelant la conversation qu’il avait eue avec Napoléon avant Leipzig, à Düben, le 11 octobre 1813, et que les événements subséquents avaient gravée en traits brûlants dans son souvenir, le maréchal fut très frappé de ce qu’il croyait une coïncidence fortuite ; mais, comme il en parlait à une personne de la Cour, il sut que le jeune prince avait été informé par elle de cette conversation de Napoléon et des traces qu’elle avait laissées dans le cœur du maréchal.
Thomas, malade de la poitrine, était allé prolonger sa vie aux rayons du soleil de Provence ; Ducis, pendant ce temps, et au lendemain du succès du Roi Léar, était cruellement frappé dans son bonheur domestique : il perdait ses deux filles, il avait perdu sa première femme ; il ne lui restait plus que sa mère, et il remarquait à ce sujet, en faisant un retour sur lui-même et en se comparant à son ami Thomas, soigné par sa sœur : Il y a une espèce d’hymen tout fait entre les sœurs qui ne se marient pas et les frères libres et poètes, un recommencement de maternité et d’enfance entre les mères veuves et leurs fils poètes, sans engagements.
En pareil cas, il aimait à laisser à ses adversaires la responsabilité de l’acte par lequel on le frappait.
Il semble qu’il faille que tout talent, tout génie nouveau entre ainsi dans les sujets l’épée à la main, comme Renaud dans la forêt enchantée, et qu’il doive frapper hardiment jusqu’à ce qu’il ait rompu le charme : la conquête du vrai et du beau est à ce prix.
De ce fait, la faculté tout entière de se concevoir autre semblait frappée de discrédit.
Cet homme voyait les choses et les êtres un peu avec la netteté et la surprise d’un demi-fou ; et comme ni la prévision ne le préparait à leur succession, ni le besoin de raisonner ne le poussait à en démêler les causes et la dépendance, il demeurait hagard devant un spectacle qui frappait ses sens de secousses disconnexes.
Huysmans, il en est dont l’exactitude frappe comme un souvenir, suscite instantanément une vision intérieure comme une analogie ou une coïncidence.
Cette méthode produit nécessairement deux effets ; elle facilite l’attention du spectateur, parce que les choses, plus liées entre elles, se lient aussi plus facilement dans son esprit ; et elle augmente d’ailleurs son émotion, parce qu’il est frappé plus continûment par le même endroit.
Cependant le pied et la main du soldat qui joue aux cartes dans son corps de garde sont les mêmes dont il marche au combat, dont il frappe dans la mêlée.
Tu déclares, en te jouant, d’un air guillery, que tu t’es fait journaliste uniquement pour servir tes petites rancunes et frapper à tour de bras sur les gens qui ne t’apportent qu’une admiration contenue !
Maurice Barrès, qui s’y connaît, me dit un jour une chose qui m’a frappé : « Plus je réfléchis, plus je suis convaincu que les grands écrivains sont ceux qui ont trouvé leur rythme. » Le rythme serait donc la ligne totale d’une phrase, sa forme arrêtée et définitive, l’ensemble de sa cohésion parfaite.
Si l’homme laisse envahir son domaine par la solitude, la nature reprend ses premiers droits ; et l’homme est de nouveau frappé par la mort.
Elle dit sans cesse de telle ou telle œuvre : « Je la fis à bâtons rompus. » La conscience réfléchie de la chose qu’on fait ; l’idée vraie qui doit la dominer ; la mesure de son influence ; la caresse féconde de l’étude qui en approfondit la beauté ; le calcul de la route qu’on doit suivre pour arriver au but qu’on veut frapper ; toutes ces choses, grandes et difficiles, qui seraient l’orgueil et la force des plus nobles esprits, ne sont pas pour elle « du génie. » Tout cela est trop déduit, trop travaillé, trop voulu.
Et, calomnié auprès de son évêque, il se laisse frapper injustement sans se plaindre et sans se défendre, et s’en va mourir martyr en Chine, victime de sa probité inflexible, de son repentir et de sa foi.
Ce n’est pas tout, enfin, que d’avoir expliqué Balzac par une faculté unique, l’imagination, — comme on pourrait expliquer Shakespeare, — et montré avec une ingéniosité profonde que le monde qu’il a créé n’a été le vrai qu’après coup ; que quand le monde réel a été frappé et façonné par cette invention toute-puissante !
Comment ne serait-il pas frappé de l’extrême sobriété du cadre, par exemple, chez nos classiques ?
De fait, quand on se tient au courant, on est frappé de la vigueur et de la personnalité de certains talents.
Cependant le romancier, d’un air entendu, frappe de la main sur ses dossiers ; et les reporters, sur sa parole, nous jurent qu’il n’a rien dit qu’il ne puisse prouver, en forme de preuve authentique, dont ne témoigne la collection du Gil Blas et du Figaro.
S’il se porte à des figures plus hardies, elles sont suivies, raisonnables, tirées d’objets ordinaires, préparées de loin, sans rien qui puisse étonner ou choquer, simples effets d’une éloquence passionnée, simples moyens oratoires, au même titre que les raisonnements et les faits : « La religion de Pascal, dit-il, n’est pas le christianisme des Arnaud et des Malebranche, des Fénelon et des Bossuet ; fruit solide et doux de l’alliance de la raison et du cœur dans une âme bien faite et sagement cultivée ; c’est un fruit amer, éclos dans la région désolée du doute, sous le souffle aride du désespoir. » Telle est l’imagination de l’orateur, bien différente de celle de l’artiste, qui est brusque, excessive, aventureuse, qui se plaît aux images nouvelles, qui frappe et éblouit le lecteur, qui se hasarde parmi les figures les plus rudes et les plus familières, qui ne se soucie pas d’élever, par des transitions ménagées, les esprits jusqu’à elle, et dont la folie et la violence mettraient en fuite l’auditoire que l’orateur doit se concilier incessamment pour le retenir jusqu’au bout.
Le duc de Guise se bat avec Coligny au sujet de Mme de Longueville ; Coligny fait un faux pas et tombe ; Guise lui dit : « Je ne veux pas vous tuer, mais vous traiter comme vous méritez, pour vous être adressé à un prince de ma naissance sans vous en avoir donné le sujet. » Et il le frappa du plat de son épée.
On sait aussi que nul poëte n’avait plus curieusement étudié sa langue, n’en connaissait mieux les filons natifs, le métal indigène et les types frappés de la main du génie.
Heureux, trois fois heureux ceux qu’on a frappés aux pieds de leur déesse ! […] Anselme Schanfara, le héros, qui a vingt-deux ans et vingt mille livres de rente, a le bonheur d’être « grand, bien fait, basané et net comme une pièce de vingt francs récemment frappée ». […] Ce qui m’a le plus frappé dans ce long inventaire, ce que j’aimerais le mieux voir, c’est, à un bout de la chambre, « sur un trône à gradins que gardaient deux lions de porcelaine, un Bouddha colossal et doré, avec une tiare pointue et des oreilles aplaties, qui se tenait sous un dais de velours rouge ». […] Il s’expliqua alors bien des choses ; le coup même qui l’avait frappé ne lui semblait plus aussi imprévu ; il comprit sa femme. […] D’après le temps qu’il leur faut pour se formuler, j’ai été souvent tenté de croire qu’ils étaient frappés lettre à lettre — par un pied de fauteuil, bien entendu, — comme les messages spiritistes.
Ce premier acte, d’ailleurs, est plein d’art : tout l’intérêt de la pièce y est établi avec une adresse admirable ; et l’arrivée de Mithridate, qu’on annonce à la fin, est un coup de foudre qui laisse tous les esprits frappés de surprise et de terreur. […] C’est à cette scène qu’on peut appliquer plus particulièrement ces vers de Boileau : L’esprit ne se sent point plus vivement frappé Que lorsqu’en un sujet d’intrigue enveloppé, D’un secret tout à coup la vérité connue, Change tout, donne à tout une face imprévue. […] Phèdre, qui a déjà fait sa déclaration, et qui est décidée à pousser l’aventure, s’arrête tout à coup comme frappée d’un coup de foudre ; Aricie, prête à rentrer dans son bien, et qui vient d’ébaucher un mariage, est confondue et désespérée ; Hippolyte, qui voit succéder à ses agréables projets des inquiétudes et des dangers, n’a pas lieu d’être satisfait du retour de son père. […] Tout l’art du poète n’a pas voulu nous faire voir autre chose ; c’est cet objet-là même qui est théâtral, étonnant, instructif ; c’est ce délire, fruit d’une insolente prospérité, qui doit frapper tous les esprits. […] Ce qu’il y a de meilleur et de plus vrai dans la pièce de Hauteroche, c’est cet amour du jeune homme pour une inconnue qui, avant d’avoir frappé ses yeux, a déjà séduit son imagination.
Un proverbe dit qu’il ne faut jamais frapper les femmes, même avec des fleurs. […] Frappez ! […] … À ce moment, un commissaire de police frappe à la porte. […] D’instinct, il est attiré et frappé par les défauts et par les imperfections. […] Un des traits de caractère qui frappent d’abord chez M.
À la fin j’ai levé le bras pour le frapper ; Mais pensant de la main repousser cet outrage Je n’ai trouvé que l’air au lieu de son visage. […] On ne savait pas s’adresser, pour y frapper, à la source des larmes, ni toucher à celle du rire, pour l’en faire jaillir. […] de quel souvenir viens-tu frapper mon âme ! […] Ce qu’ils ont de « plaisant » ou de « comique » ne frappe point la vue, n’apparaît pas même à la réflexion, et au contraire, plus on les connaît, moins on les trouve « ridicules » et surtout « risibles ». […] Et voulez-vous, Messieurs, une preuve assez caractéristique de l’espèce d’infériorité dont la reconnaissance ou la méprise, rien qu’en s’y surajoutant, je ne dis pas en s’y mêlant, peuvent frapper même des chefs-d’œuvre ?
Dans ce cas, l’oreille ou l’œil sont perpétuellement surpris ; au moment où ils rentrent dans le repos et sont en train de réunir de nouvelles forces pour la sensation prochaine, une onde sonore ou lumineuse vient les frapper sans que le temps normal pour la réparation soit écoulé. […] Ce qui est esthétique dans une machine, ce qui frappe notre imagination, ce n’est guère la façon dont elle représente telle ou telle force de la nature. […] Peint-il un cheval frappé par son maître (Melancholia), c’est d’abord une image nette, isolée, aux contours tranchés ; notre pitié s’attache uniquement à ce cheval au poitrail en sang qui « tire, traîne, geint, tire encore et s’arrête », tandis que le fouet tourbillonne sur son front. […] On pourrait la comparer à un balancier qui se lève et s’abaisse à temps égaux, et qui à chaque coup frappe le vers comme une médaille, en lui imprimant sa forme définitive. […] Si les poètes peignent un combattant qui frappe, la phrase même tend à se disposer comme un bras levé, puis à retomber, frappant elle-même l’oreille (par exemple dans le combat du fils d’Égée contre le centaure, décrit par A.
En somme, Victor Hugo prend de la vérité tout ce qui peut frapper l’imagination et l’asservir : par exemple, le souffle par le nez avec lequel le galérien Jean Valjean éteint la lumière chez Monseigneur Bienvenu. […] Bientôt une horrible maladie le frappa, mal mystérieux que Paracelse appelle le tremblement de terre de l’homme, et sa fraîche intelligence, tout comme son corps d’athlète, furent atteints dans leur source de vie, affaissés et jusqu’à un certain point paralysés. […] Deux idées me frappent au moment de parler des frères de Goncourt. […] Ce n’est pas non plus le satirique qui aspire à frapper au cœur l’individu ou la société. […] Si l’on songe à la manière de vivre de la génération qui précéda Zola, on sera frappé du contraste.
Parmi les études annoncées dans le prospectus des Taches d’encre, un titre frappe : Valets de Gloire : le Nouveau Moyen de parvenir ; je ne sais si ce pamphlet fut écrit ; il aurait dû l’être, car M. […] J’attends cela aussi des explorateurs, mais aucun ne semble avoir jamais compris l’intérêt des vies, individuelles coudoyées le long des fleuves : l’homme vit au milieu de décors qu’il n’a même pas la curiosité de frapper du doigt pour les savoir en bois, en toile ou en papier. […] Telle image avoue son origine ; que d’autres frappent par l’impudeur de leur beauté neuve ! […] Voilà les deux tempéraments : le hasard de la sensation, les images arrachées brutalement par touffes, herbes et fleurs mêlées, l’ivresse d’une ruche que frappe un rayon de soleil sorti d’entre deux nuages ; d’autre part : la sensation raisonnée, pressurée jusqu’à ce qu’il en sorte une image normale et raisonnable ; des oppositions de mots choisis pour ce qu’ils contiennent de clarté et de vérité ; une imagination logique, sage et calme. Il y a de l’imprudence dans cette expression absurde, mais qui frappe et séduit, les vacheries hystériques ; il y a trop de prudence dans le mot argémone, car on suppose que si nous découvrons, par hasard, que cette plante est un vague pavot épineux, nous accepterons volontiers la somnifère douceur de ses baisers.
J’avais affaire, d’une part, aux candidates au doctorat, qui toutes avaient séjourné en Europe et connaissaient bien notre langue et notre littérature ; j’ai abordé avec elles certains aspects du dix-huitième siècle français, particulièrement sa philosophie ; ensemble, mes étudiantes et moi-même, nous avons été frappés de voir comment les doctrines empiriques, qui inspiraient alors la grande majorité de nos penseurs, en même temps qu’elles imposaient aux esprits le culte du fait contrôlé par l’expérience, et les menaient vers des disciplines scientifiques plus rigoureuses, tendaient aussi à préparer le triomphe d’une sensibilité qu’elles considéraient comme la donnée primordiale de l’âme : si bien que l’homme de sentiment, qui dans notre histoire littéraire succède à l’homme de raison, tout en le contredisant reste lié à lui par une commune origine et par une parenté obstinée. […] Baudelaire a été frappé comme par une révélation ; il s’est aperçu, épouvanté et ravi, qu’il avait imaginé des sujets que Poe avait imaginés vingt-cinq ans auparavant, qu’il avait écrit des phrases que Poe avait écrites vingt-cinq ans auparavant : et donc il était, dans un certain sens, le double d’Edgar Poe. […] Mais quelle lumière me frappe ? […] Mais, plus encore que ces philosophes ou les antiphilosophes, ce sont les savants qu’il a frappés. […] Leibniz, le fondateur de l’optimisme, aussi grand poète que profond philosophe, raconte quelque part qu’il y avait dans un temple de Memphis une haute pyramide de globes placés les uns sur les autres ; qu’un prêtre, interrogé par un voyageur sur cette pyramide et ces globes, répondit que c’étaient tous les mondes possibles, et que le plus parfait était au sommet ; que le voyageur, curieux de voir le plus parfait des mondes, monta au haut de la pyramide, et que la première chose qui frappa ses yeux attaches sur le globe du sommet, ce fut Tarquin qui violait Lucrèce… »— Pensées sur l’interprétation de la nature, Œuvres, II, 85 ; à propos de Pope : « J’ai vu de savants systèmes, j’ai vu de gros livres écrits sur l’origine du mal ; et je n’ai vu que des rêveries.
Je le vis, un soir dans ses derniers temps, avant les derniers coups qui vinrent frapper et abattre sa vie déjà languissante. […] Chaque coup de la cognée ne frappe pas plus profondément sur le cœur du chêne que sur le sien. […] C’est un chœur de bourgeois qui, entre chaque couplet, vient sur la scène et chante : Une idée a frappé chez nous, Fermons notre porte aux verrous. […] Une surtout me frappe. […] La critique qui cherchera à l’y atteindre se frappera elle-même de discrédit.
Et parmi les rayons se balance un moment : Mais l’homme l’a frappé d’une atteinte trop sûre ; Il sent le plomb chasseur fondre dans sa blessure ; Son aile se dépouille, et son royal manteau Vole comme un duvet qu’arrache le couteau ; Dépossédé des airs, son poids le précipite ; Dans la neige du mont il s’enfonce et palpite, Et la glace terrestre a d’un pesant sommeil Fermé cet œil puissant respecté du soleil. […] M. de Vigny a été de ceux-là, et lui aussi, il a eu le droit de dire à certain jour et de se répéter à son heure dernière : « J’ai frappé les astres du front. » 66.
On a affecté de croire depuis en Europe que les Chinois, frappés de la sublimité de ce livre, avaient divinisé son auteur ; le Père Amyot proteste contre cette fausse idée en ces termes : « Je n’ai rien à ajouter à ce qui concerne Confucius. […] Une faute lui en fait éviter cent autres ; celles mêmes de ses prédécesseurs lui servent infiniment. — Tai-tsong était si frappé que l’histoire fît mention des paroles, des actions et des fautes de ses prédécesseurs, qu’il s’observait avec beaucoup de soin, et s’effrayait lui-même par la pensée de ce qu’on dirait de lui dans la suite des siècles. « Je me juge moi-même, disait-il, par les choses que je blâme et que j’improuve dans mes prédécesseurs.
C’est un dithyrambe à la Némésis révolutionnaire, la hache excusée de tout pourvu qu’elle frappe ! […] Entrez dans cette triste analyse, examinez de tous les côtés où il est possible de blesser et de punir un homme ; vous verrez que tout est fait déjà, et qu’il n’y a plus moyen de tuer un cadavre et de frapper sur rien… Vous saisissez votre plume massive, et vous m’écrivez comme à un jeune homme qui débuterait dans le monde et qui chercherait une réputation, je pourrais même ajouter : comme à une espèce de mauvais sujet.
Nausicaé prend les rênes brillantes et le fouet dont elle frappe pour le départ les deux mules, qui s’élancent bruyamment ; elles courent sans s’arrêter et emportent le linge et la jeune fille qui n’est pas seule ; car les suivantes vont aussi avec elle. […] VII « Après ces paroles, elle frappe du fouet brillant les mules, qui abandonnent bientôt les bords du fleuve ; elles courent, et battent le sol de leurs pieds alternatifs.
J’en fus frappée, et aurais voulu avoir un peintre auprès de moi. […] Celles du dehors, souvent ce n’est pas la peine d’en parler, à moins qu’elles n’aillent retentir au dedans comme le marteau qui frappe à la porte.
Quoique cette mort n’eût rien d’imprévu à cause des accidents qui pendant les derniers mois l’avaient frappé à plusieurs reprises, et bien que la veuve, désormais libre de sa personne, fût très loin d’avoir perdu un ami, je vis, à ma grande surprise, qu’elle n’en fut pas médiocrement touchée, non poco compunta .” […] À chaque municipalité, sur la route, où il nous fallait aller présenter nos passeports, ceux qui les lisaient demeuraient frappés d’étonnement et de stupeur au premier coup d’œil qu’ils y jetaient.
Ainsi Aristote, voulant faire connaître la nature des animaux, se propose d’abord l’examen des parties de leur corps, comme le premier objet qui frappe la vue : et, après avoir donné des définitions générales de ces parties, après avoir distingué différentes espèces parmi les animaux, à raison de la variété de leurs formes extérieures, il expose dans les quatre premiers livres tout le détail des parties de leur corps. […] La peine qui frappe le coupable peut le détruire, mais elle ne le touche pas ; elle l’effraye sans le corriger.
Son cher grand-père venait de mourir, frappé par une apoplexie foudroyante. […] L’armée, ou la volonté active de la nation, se donne un dictateur ; il frappe à droite et à gauche, il se défait des gouvernements parlementaires, obstacle à tout, au bien comme au mal.
La mort de Virginie, frappée par son père, et celle d’Appius, le juge prévaricateur, vont servir de preuves de l’iniquité des jugements ; Agrippine, Néron, Crésus, Hécube, les uns par leur fin lamentable, les autres par leurs malheurs, déposeront contre les caprices de la fortune. […] Il sait trahir et frapper à mort, sans qu’on voie la main d’où partent les coups.
L’enfant se crée à son tour tous les mythes que l’humanité s’est créés : toute fable qui frappe son imagination est par lui acceptée : lui-même s’en improvise d’étranges, et puis se les affirme 125. […] Que de fois, en réfléchissant sur la mythologie de l’Inde par exemple, j’ai été frappé de l’impossibilité absolue où nous sommes d’en comprendre l’âme et la vie !
En temps de calme, on ne peut se résoudre à frapper, lors même que ce qu’on frappe n’a plus de raison d’être.
. — Parmi les simples détails je signalerais, pour exemple, ce beau passage du premier acte, lorsque Tristan tend son épée à Isolde pour qu’elle le frappe, qui rappelle singulièrement l’incident semblable entre Tristan et Bélinde dans la première partie du roman français. — Pour le connaisseur de la littérature de Tristan et Isolde, c’est un vrai délice de voir comment dans cette masse informe et embrouillée que nous a léguée le Moyen Age, Wagner a su choisir tout ce qui était beau, sans jamais s’enchevêtrer lui-même. […] Mais plus on considère attentivement ce poème, plus on est frappé de sa parenté, non seulement avec le Ring en général, mais tout spécialement avec Rheingold.
Lundi 24 janvier Aujourd’hui, à la répétition de Numa Roumestan, j’étais frappé d’une chose, c’est que la pensée de la plupart des acteurs et des actrices n’a pas l’air de cohabiter avec la pièce qu’ils jouent, et qu’ils travaillent absolument comme des employés de ministère à leur bureau ; rien de plus, — et que sortis du théâtre, dont ils se sauvent, ainsi que des écoliers d’une classe, ils déposent en passant leurs rôles, et la mémoire de leurs rôles chez le concierge. […] Dimanche 6 février Daudet frappé de la dureté, du coupant, que Mounet apportait au rôle de Roumestan, et ne trouvant chez lui rien du mutable et de l’ondoyant, que Montaigne attribue à l’homme du Midi, et ne rencontrant quoi que ce soit de l’homme sensuel, flou, attendrissable, qu’il a montré dans son héros, copié, des pieds à la cervelle, sur le catholique du Midi, lors des dernières répétitions, jeta soudain à son acteur : « Mounet, est-ce que vous êtes calviniste ?
Voici de remarquables vers d’amour du Peverone, ce brigand italien qui poivrait ses victimes pour les marquer de son sceau : Quand je te vois, quand je t’entends parler, Mon sang se glace dans mes veines, Mon cœur veut bondir hors de ma poitrine… Toute parole d’elle, quand elle ouvre la bouche, Attire, lie, frappe, transperce306. […] La preuve de l’impuissance d’esprit, c’est justement cette puissance du mot qui frappe par sa sonorité, non par l’enchaînement et la coordination avec les idées307.
Que l’on énumère les grands écrivains, dramaturges et romanciers qui, épris de vérité, ont senti obscurément que l’homme, la société et la nature représentés et recréés tels qu’ils sont, forment les livres les plus mûrement et les plus sérieusement admirés ; que l’on rappelle Shakespeare, Balzac, le morne Flaubert, Zola, l’on pourra assimiler à ses tragédies, aux tableaux plus populeux de leurs romans, cet immense déroulement d’êtres, d’aspects, d’actes, d’événements, de houles humaines, de méditations solitaires, de batailles humides de sang, de souples et tendres caresses de jeunes filles à d’indulgentes vieilles mères, d’amours, de morts, de carrières, cet abrégé de toutes les existences que présente La Guerre et la Paix et Anna Karénine ; l’esprit le plus négateur du progrès artistique et le plus respectueux des modèles, sera frappé de l’élargissement que ces romans massifs, déduits au-delà des dimensions habituelles, donnent à la description coordonnée de l’ensemble des phénomènes sociaux intimes et publics. […] Que l’on compare les procédés de notations de ses grands tableaux, d’analyse de ses grandes scènes, à ceux de nos romanciers naturalistes héritiers pour le style, des romantiques, on sera frappé du manque de force, de certitude, d’éclat, d’intérêt soutenu, d’épuisement du sujet, de la plupart des pages semées cependant de ramassements subits, qui synthétisent tout un ensemble.
Ils se rangent à la manière des Arabes en cercle autour de lui, et, frappés d’horreur à la vue de ses plaies, ils restent sept jours et sept nuits sans rompre le morne silence de leur visite. […] Cette lecture laisse dans l’âme le long retentissement de l’airain sonore suspendu entre le ciel et la terre, sur lequel le marteau divin aurait frappé la gamme entière des grandeurs, des petitesses, des peines d’esprit, des misères de corps, des félicités, des tristesses, des espérances, des doutes, des murmures, des blasphèmes, des désespoirs, des consolations humaines, retentissement dont les vibrations, répandues dans l’air immobile longtemps après le coup, se confondent à jamais avec la respiration et avec la pensée.
Nous avons touché à l’arche, et la majesté du dieu nous frappe de mort. […] « Parmi les réminiscences qui ont inspiré la Divine Comédie, celles de Cicéron me frappent d’abord.
Tout à coup, un jour non prévu, mais sûrement fixé dans l’ordre des destinées, un événement en apparence insignifiant frappe son esprit. […] D’autres, frappés de ce fait que nulle nation peut-être n’est homogène et s’exagérant la déformation du type ethnique par les migrations et les croisements perpétuels, ont fait de la race une pure entité physiologique qui ne répond à rien dans la réalité.
Cette coïncidence m’a frappé, et je me suis dit que pour que deux esprits sérieux, appliqués, travaillant en conscience et loin du bruit, l’un à Dijon et dans un ordre d’idées et de considérations catholiques, l’autre à Alais dans la communion protestante, que pour que ces deux esprits, ayant fait chacun de Mézeray une étude spéciale, se fussent ainsi rencontrés dans une opinion commune, il fallait que l’historien, à bien des égards, le méritât.
Or, dans l’inventaire de la garde-robe de Gabrielle, on lit la description de cet élégant habit de cheval, qui donne idée de ce que pouvait être celui dont L’Estoile a été frappé : Un capot et une devantière pour porter à cheval, de satin couleur de zizolin, en broderie d’argent avec du passement d’argent mis en bâtons rompus ; dessus des passepoils de satin vert.
» Acceptant hardiment l’éloge et en tirant sujet de s’humilier : Dieu, dit-il, ne retire plus ses prophètes du milieu des villes, mais il leur ôte, si j’ose parler ainsi, la force et la vertu de leur ministère ; il frappe ces nuées saintes d’aridité et de sécheresse : il vous en suscite qui vous rendent la vérité belle, mais qui ne vous la rendent pas aimable ; qui vous plaisent, mais qui ne vous convertissent pas : il laisse affaiblir dans nos bouches les saintes terreurs de sa doctrine ; il ne tire plus des trésors de sa miséricorde de ces hommes extraordinaires suscités autrefois dans les siècles de nos pères, qui renouvelaient les villes et les royaumes, qui entraînaient les grands et le peuple, qui changeaient les palais des rois en des maisons de pénitence… Et faisant allusion à d’humbles missionnaires qui, durant ce même temps, produisaient plus de fruit dans les campagnes : « Nous discourons, disait-il, et ils convertissent. » J’ai cité, d’après la tradition, quelques-unes des conversions soudaines opérées par l’éloquence de Massillon : pourtant, sans nier les deux ou trois cas que l’on cite, je vois que Massillon croyait peu à ces sortes de conversions par coup de tonnerre, « à ces miracles soudains qui, dans un clin d’œil, changent la face des choses, qui plantent, qui arrachent, qui détruisent, qui édifient du premier coup… Abus, mon cher Auditeur, disait-il ; la conversion est d’ordinaire un miracle lent, tardif, le fruit des soins, des troubles, des frayeurs et des inquiétudes amères ».
Frappé de son courage, de son urbanité, de ses manières généreuses et chevaleresques, il ne sait comment concilier tant de hautes et d’aimables qualités avec son mépris de la vie des hommes, surtout de ceux d’une classe inférieure, et il ne peut s’empêcher tout bas de le comparer au fanatique Burley.
Lassay n’était âgé que de dix ans au moment où arriva cette aventure, et sa jeune imagination en avait été frappée ; il avait eu l’occasion presque au sortir de l’enfance de rencontrer Marianne et s’était accoutumé à l’admirer, à l’aimer.
Enfin, les revers, les chagrins sont venus ; peu de vies en sont exemptes : j’ai dû alors au goût et à l’habitude du travail les seuls remèdes que l’on puisse opposer soit au vide de l’âme qui suit souvent la perte du pouvoir, soit aux épreuves qui vous frappent dans la vie de ceux que l’on aime.
La Motte est sceptique ; c’est un esprit froid, fin, sagace, qui pratique la maxime de Fontenelle et se défendrait de l’enthousiasme s’il pouvait en être susceptible ; il n’a rien à faire de son loisir et de son esprit qu’à l’appliquer indifféremment à toutes sortes de sujets auxquels il s’amuse : « Hors quelques vérités, pense-t-il, dont l’évidence frappe également tous les hommes, tout le reste a diverses faces qu’un homme d’esprit sait exposer comme il lui plaît ; et il peut toujours montrer les choses d’un côté favorable au jugement qu’il veut qu’on en porte. » Il se flatte que la dispute présente est du nombre de celles qui se prêtent à plus d’une solution ; il affecte de la considérer comme plus frivole qu’elle n’est, qu’elle ne peut le paraître à ceux en qui la raison se rejoint au sentiment et qui mettent de leur âme dans ces choses de goût.
[NdA] Je ne vois que des hommes fiers du progrès de leur siècle, de l’avancement des sciences et de l’industrie ; au milieu de tout cet orgueil et de ces triomphes, je reste frappé d’une chose : Combien l’homme, l’immense majorité des hommes continuent d’être dépendants d’une seule moisson bonne ou mauvaise, aux époques les plus civilisées !
Toutefois, ce qui frappe dans ces deux oraisons funèbres, surtout dans la dernière, c’est un notable désaccord entre le ton et le sujet.
Cependant, disons à son honneur que lorsque la marquise, ayant épuisé ses coquetteries à la Cour et en tous lieux, délaissée de son mari, frappée dans sa beauté, se voyant malade et dépérissante, cherchait un lieu où s’abriter, ce fut à Reims, chez MM. de Maucroix, le nôtre et son frère, qu’elle fut recueillie, qu’elle reçut les derniers soins et qu’elle mourut, aussi bien que sa mère, qui y était morte également.
Le premier mouvement de Charron, frappé d’apoplexie foudroyante dans une rue de Paris où il tomba et où il mourut, fut de se jeter à genoux pour prier Dieu.
Ce qui me frappe chez Ronsard poète, et poète si honorable, si laborieux et même si modeste après son accès de fougue première, c’est comme il se casse de bonne heure, comme il devient vite incapable d’autre chose que de courtes poussées, et comme il a le sentiment que la poésie ainsi que la jeunesse gît toute dans la chaleur du sang, et s’évanouit avec elle.
Dans sa correspondance de cette époque, il est un passage entre autres qui m’a frappé par le caractère de philosophie et d’élévation qui y est empreint.
Venise était un lieu de prédilection pour Rohan ; on l’on en a vu très frappé et comme épris dès sa jeunesse, dans ce voyage qu’il fît à vingt ans.
On a les lettres qui constatent cette rupture entre le frère roi et le frère disgracié et qui se croit frappé injustement.
Déjà mortellement atteinte du mal qui doit l’enlever, elle multiplie les démarches, les correspondances, tente plusieurs ouvertures, frappe à plus d’une porte et devient sa secrète et active négociatrice pendant qu’il guerroie.
Ce vaillant homme presse son mariage, afin de partir deux jours après : « Le jeudi 4 août, l’après-dînée, je fus voir Mme de Sévigné qui était fort gaie ; elle avait été mariée à deux heures après minuit à Saint-Gervais, par M. l’évêque de Châlons. » M. d’Ormesson n’en dit pas plus, mais c’est assez pour nous donner l’idée de cette gaieté éblouissante qui l’avait frappé.
Mes gens paraissaient frappés d’horreur.
On est frappé d’abord de la variété, et l’on distingue bientôt l’intention.
Lefèvre une grande perfection de forme, des vers bien modelés, bien frappés, quoiqu’un peu durs et trop accusés dans leur perfection même.
Un souverain qui monte sur le trône n’est pas plus jaloux de refondre toute la monnaie de ses prédécesseurs et de la marquer à son effigie, que les critiques nouveaux venus, pour peu qu’ils se sentent de la valeur, ne sont portés en général à casser et à frapper à neuf les jugements littéraires émis par leurs devanciers.
Les imaginations et les intelligences étaient frappées, sillonnées ou éclairées de la foudre.
Onésime Le Roy71, tout émerveillé de cet appel, comment n’être pas frappé du contraste qu’offre l’imposant spectacle de la première scène avec tous ces damnés inopinément vomis par l’Enfer, avec ce feu roulant de malédictions et d’outrages ?
» Et comme on est à l’Académie des inscriptions, on n’oublie pas de citer la médaille frappée en l’honneur de Foucault par décision des États du Béarn, au revers de laquelle étaient représentés les députés venant en foule signer, à la face des autels, l’abjuration de leurs erreurs, avec une légende latine qui signifiait : « La Religion catholique rétablie dans le Béarn par des délibérations publiques de toutes les villes. » Au contraire, j’ouvre l’ouvrage d’Élie Benoît Histoire de l’Édit de Nantes, à la date de 1685 : qu’y vois-je ?
Ce donc au commencement d’une phrase, et qui semble marquer le pas comme si l’on frappait en même temps du talon, est un reste du style moyen âge, gothique ou chevaleresque, mais n’est pas du tout de la langue de Térence ni du langage d’une mourante.
Si je disais tout ce qui m’a frappé ou plutôt touché dans ces volumes, je dépasserais mes limites.
Quand on parcourt, comme je viens de le faire, les deux premiers volumes des Questions de mon temps, on est frappé de l’à-propos et de la justesse de son feu et de son tir contre les journaux, organes des divers partis : — quelques-uns, les journaux de l’opposition pure, attaquant le ministère Guizot à outrance sans trop voir ce qu’ils ébranlent avec lui ; d’autres, le Journal des Débats, le défendant à outrance sans voir ce qu’ils compromettent avec lui ; Le National enfin, d’accord avec les organes légitimistes dans la détestable doctrine du Tant pis, tant mieux, désirant que le ministère résiste jusqu’au bout et tienne bon opiniâtrement, afin de renverser du même coup ministère et système, cabinet et dynastie.
Michel Nicolas sur Jean-Bon Saint-André, d’abord pasteur protestant, puis conventionnel montagnard, membre du Comité de salut public, en mission auprès des armées navales ; puis dénoncé, mis en arrestation ; puis consul de France à l’étranger, captif en Orient, éprouvé par la persécution et le malheur ; puis enfin, à sa rentrée en France et pendant douze années, excellent préfet de Mayence sous le Consulat et sous l’Empire, un administrateur modèle, mort à son poste, au champ d’honneur, en décembre 1813, sous le coup de nos désastres, cerné par la guerre, les maladies, par tous les fléaux qu’amènent avec elles les défaites, et lui-même atteint et frappé du typhus qui sévissait dans ces contrées des bords du Rhin.
Vous connaissez notre adversaire, qui tâche à frapper de grands coups au commencement : jugez de ma situation, y ayant des fils bien chers.
Montaigne, bien que si curieux et si amoureux du vrai, l’a dit : « Il ne faut pas guetter les grands hommes aux petites choses. » Ce qui me frappe, au degré de connaissance où nous sommes arrivés sur Napoléon, c’est combien quelques-uns de ceux qui le voyaient de plus près, et qui avaient même eu le plus d’occasions de causer avec lui, l’ont méconnu dans son unité, l’ont cru décousu, fragmentaire, ayant des éclairs et des tonnerres sans doute, mais sans cette continuité de vues et de calculs, sans cette fixité ardente qu’il apportait dans la suite de ses desseins.
Mais une pensée me frappe.
Ce moment de faiblesse le frappa, et à dîner et pendant toute la soirée, il ne cessait de répéter entre ses dents : « Général Bonaparte, cela n’est pas correct. » Montrond était plus aguerri pour certaines choses que Napoléon lui-même : c’était un Talleyrand à cheval.
Un tableau qui représentait les adieux d’Hector à Andromaque, frappa d’abord leurs regards.
Sous la monarchie, l’esprit chevaleresque, la pompe des rangs, la magnificence de la fortune, tout ce qui frappe l’imagination suppléait, à quelques égards, au véritable mérite ; mais, dans une république, les femmes ne sont plus rien, si elles n’en imposent pas par tout ce qui peut caractériser leur élévation naturelle.
Le poème est égayé de noms de méchants auteurs et d’ouvrages ridicules : Saint-Amant, Scudéry, Brébeuf, le burlesque, Cyrus, Clélie, Childebrand, toute cette mauvaise littérature n’a donc pas été détruite par les Satires, elle vit encore, puisqu’il faut encore la frapper.
Ils frappent, si je puis dire, les deux touches extrêmes du clavier sentimental.
Faut-il encore les exécrer, les frapper et les traiter comme des animaux ?
La personnalité d’une abeille ou d’une fourmi, en tant qu’ayant une vie distincte, opposée à celle de son groupe social, ne frappe point par son importance.
Cette maison de la rue de Rome me frappa dès la porte de l’entrée, dès l’escalier.
En admettant que cette réponse ne souffre aucune objection, il faut admettre pourtant qu’elle entame à peine le problème, puisque la vraie difficulté est celle-ci : Pourquoi quand nous éprouvons un vif plaisir, quand nous sommes frappés d’un contraste inattendu entre des idées, se produit-il une contraction particulière des muscles de la face et de certains muscles de la poitrine et de l’abdomen ?
Posnett n’est pas le premier qui ait été frappé de la correspondance entre l’évolution de la littérature et le développement, je pourrais dire le « dégagement » de l’individualité.
Il avait été frappé du plaisir qu’elle avoue avoir éprouvé à la lecture d’une critique de Bérénice, et n’avait pas remarqué que ce qu’elle appelle la folle passion de cette pièce lui déplaisait non seulement par sa folie, mais aussi parce que Bérénice rappelait cette Marie Mancini, nièce de Mazarin, que Louis XIV avait voulu épouser, et qui était odieuse à la société fréquentée par madame de Sévigné, Il n’avait pas lu ce qu’elle dit de Bajazet : La pièce m’a paru belle ; Bajazet est beau, mais Racine n’ira pas plus loin qu’Andromaque.
On arriverait quelquefois à faire sentir en quoi le simple peut être supérieur à ce qui frappe plus d’abord.
Ce qui frappe surtout, c’est le contraste de cette expression, bien souvent un peu mince, avec la grandeur de l’esprit qui embrasse et parcourt les plus hauts sujets.
» Il s’arrêtait à chaque pas, car il était fort faible et se tenait tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; et, jetant les yeux sur l’objet qui lui frappait la vue, il disait du profond du cœur : « Il faut quitter tout cela !
Il est curieux de voir le jugement qu’elle porte de l’esprit du roi futur, alors âgé de huit ans, et qui resta entre ses mains jusqu’à dix-sept : « Il avait un bon sens naturel qui, dès les premiers jours, me frappa ; il aimait la raison comme tous les autres enfants aiment les contes frivoles. » Joignez à cela l’esprit d’ordre et une mémoire étonnante.
Je n’insiste sur cette phrase de début, qui a frappé beaucoup de personnes, que pour montrer qu’on ne saurait raisonnablement attendre de l’historien-poète un grand scrupule d’exactitude sur ces points de détail et d’humble réalité.
En lisant Regnard, on est frappé de cette idée qu’il donne des mœurs finales du règne de Louis XIV.
Les vers sortaient du cerveau de Delille aussi parfaits et aussi vides que s’ils eussent été frappés par le balancier d’une machine.
Il croyait frapper sur l’Église, et, le malheureux, c’est sur lui-même qu’il frappait. […] La Correspondance de Diderot, dans laquelle on chercherait vainement l’inconnue que le génie n’arrache pas toujours de son âme, répète seulement les notions données par ses livres ; mais elle les répète en les abaissant dans l’expression familière et les détails du tous-les-jours, et elle les frappe de vulgarité.
La langue est dure, dure à l’oreille, dure à la gorge, et il n’est pas jusqu’aux plus belles pensées qu’elle ne marque à son caractère de rudesse et de barbarie : Frappe de ta lance, Olivier, et moi de Durendal, La bonne épée que me donna le roi. […] On les prendra plus tard à partie, non pas quand ils auront dégénéré de la vertu de leur institution, mais quand on sentira qu’on peut les frapper sans danger. […] Il semble que ce soit avant tout la nouveauté d’une situation qui le frappe, une ou deux scènes à faire qui s’emparent de son imagination tyranniquement, qui la dominent, qui l’obsèdent et qui, devenues ainsi le point du drame où tout doit aboutir, vont distribuer, régler, gouverner l’économie de la pièce tout entière. […] vers 1795 déjà, les contemporains eux-mêmes étaient vivement frappés, et si profondément humiliés de la décadence littéraire, de la décadence du théâtre surtout, que le Moniteur n’en pouvait trouver le secret que dans « une conspiration de Pitt et de Cobourg », organisée pour l’avilissement de la scène française. […] Diderot, « conversant entre hommes », avec l’impératrice de Russie, dans la vivacité de la conversation, lui frappe démonstrativement sur la cuisse.
Pendant près d’un an, dans nos conversations inépuisables, nous avions envisagé la vie sous toutes ses faces, et la mort toujours pour terme de tout ; et, après avoir tant causé de la mort avec elle, j’avais vu la mort la frapper à mes yeux. » Quoiqu’il y ait quelque arrangement à tout ceci, que Benjamin Constant, à l’âge de vingt ans, n’ait peut-être pas trouvé d’abord Mme de Charrière une personne aussi âgée qu’Adolphe veut bien le dire, et qu’il ne l’ait pas vue précisément à son lit de mort, l’intention du portrait est incontestable, et on ne saurait y méconnaître celle qu’on a une fois rencontrée. — « J’avais, dit encore Adolphe, j’avais contracté, dans mes conversations avec la femme qui, la première, avait développé mes idées, une insurmontable aversion pour toutes les maximes communes et pour toutes les formules dogmatiques. » On va voir, en effet, que les maximes communes n’étaient guère d’usage entre eux, et ce sont justement ces conversations inépuisables, ces excès même d’analyse, que nous sommes presque en mesure de ressaisir au complet et de prendre sur le fait aujourd’hui. […] Ce qui a dû frapper dans ces premières lettres, c’est combien l’esprit de moquerie, l’absence de sérieux, l’exaltation factice, et qui tourne aussitôt en risée, percent à chaque ligne : nulle part, un sentiment ému et qui puisse intéresser, même dans son égarement ; nulle part, une plainte touchante, un soupir de jeune cœur, même vers des chimères ; rien de cet amour de la nature qui console et repose, rien de ce premier enchantement où Jean-Jacques était ravi, et qu’il nous a rendu en des touches si pleines de fraîcheur. […] Cela me rappelle un psaume143 où on célèbre tous les hauts faits du Dieu juif : il a tué tels et tels, dit-on, car sa divine bonté dure à perpétuité ; il a noyé Pharaon et son armée, car sa divine bonté dure à perpétuité ; il a frappé d’Égypte les premiers-nés, car sa divine bonté, etc., etc., etc. […] Enfin c’est un être à part, un être supérieur tel qu’il s’en rencontre peut-être un par siècle, et tel que ceux qui l’approchent, le connaissent et sont ses amis, doivent ne pas exiger d’autre bonheur. » Ce qui frappe d’abord ici, c’est combien le ton diffère de celui de tant de pages précédentes : on entre dans une sphère nouvelle ; il y a dignité, élévation.
Seulement, je trouve que le spectre qui frappe le prince Hamlet est plus touchant, car il est encore plus silencieux que celui qui avertit Don Juan. […] Un soir, le roi entend la jeune fille qui parle d’amour ; à ces propos d’amour son nom est mêlé, et lorsqu’à la dérobée il jette un coup d’œil sur cette jeunesse si bien emparlée et si tendre, il reconnaît la belle personne dont le portrait l’a frappé chez le surintendant Fouquet ; aussitôt ce roi égoïste se sent ému jusqu’au fond de l’âme ; c’est quelque chose de mieux que les sens, c’est presque le cœur qui lui parle, et de ce jour qui la devait plonger, vivante, dans un abîme de supplices et de repentirs, madame de La Vallière préside à ces fêtes, à ces spectacles, à ces miracles de la poésie et de la peinture, à ce beau siècle, à ce théâtre ou Molière et Lulli semblent lutter à qui produira les amusements les plus aimables. […] — La lumière purpurine qu’Hébé de son urne verse sur la froide terre, m’est revenue dès que je t’ai aimée. » Et comme ce malheureux Bragelone se trouve fort ridicule de parler ainsi, il ajoute : « C’est l’amour qui m’a d’abord enseigné les mots dorés sous l’effigie desquels les cœurs honnêtes frappent, eux aussi, leur métal massif. » Je ne sais pas si c’est là du métal massif, c’est de la lourde poésie à coup sûr. […] Seigneur Don Juan, comptez vos pertes de cette journée seulement : vous avez perdu cette belle fille que vous poursuiviez dans votre barque fragile, vous avez perdu deux jolies filles de la campagne sicilienne, deux alouettes au beau plumage que vous aviez prises à la glu de votre déclamation : le mendiant du chemin vous a trouvé sans réplique, une statue de pierre vous a frappé d’épouvante, et maintenant voici que Dona Elvire, une dernière fois, vient chez vous, et, chose étrange, vous la trouvez belle à ce point que vous voudriez la retenir, mais elle s’enfuit et elle vous laisse à votre abîme ; enfin M.
La colère de Dieu est grande et effrayante ; elle ne frappe pas en détail ; elle anéantit, elle efface. […] Elles frappent si vivement l’imagination et elles prennent tant d’empire, par leur étrangeté même, qu’elles les mèneraient tout doucement à imiter. […] En donnant une nouvelle publicité à des articles où une trop vive inquiétude pour leur gloire m’a peut-être rendu trop sévère ; j’aurais paru me mettre contre eux avec les événements qui les avaient frappés. […] Nous avons été particulièrement frappé de ce caractère de décadence dans le nouvel ouvrage de M. […] Quand on lit les grands monuments de la littérature française, on est frappé de ce déploiement et de ce travail simultané de toutes les facultés de l’esprit.
À Bayreuth, il y a deux ans, nous avons considéré de loin, dans son apothéose, le créateur de Parsifal, et nous avons passé devant sa maison, autrefois familière, sans frapper à la porte… Mais, maintenant, la mort est venue. […] Voici le sonnet-prélude : Dona Clélie, à la fenêtre, interroge un jeune passant : Qui frappe au balcon ? […] Ma porte s’ouvrit sans qu’on eût frappé, et je vis entrer un poète hongrois appelé Emmanuel Glaser, que j’avais rencontré cinq ou six mois auparavant, pendant un voyage dans le duché de Bade, sur les bords du Neckar, par une nuit d’été. […] Donc, Emmanuel Glaser entra sans frapper, et j’avoue que, pour la première fois, sa visite ne m’inspira qu’un contentement médiocre. […] Une chose qui a sans doute frappé les lecteurs de mes poésies, c’est que, presque toujours, j’ai consacré mes efforts à faire vivre les choses et les êtres du passé ou de la chimère.
Quelques personnes, frappées de l’habitude qu’a M. […] Étourdi sous cette avalanche de noms, frappé d’admiration stupéfiante par le savoir du critique, le pauvre homme (je parle du lecteur) aimerait bien quelque arrêt dans ce défilé monotone de paragraphes compacts ; il souhaiterait qu’un rayon de soleil, un sourire, un éclair de gaîté vînt de temps en temps illuminer ces phrases grises qui se suivent interminablement. […] Avec une sorte d’allégresse belliqueuse il a frappé sur les réalistes, sur les japonistes, sur les décadents, sur les parnassiens, etc. […] Au reste, impossible de ne pas être frappé, quand on le lit, du ton excellent dont il ne se départ jamais. […] Elle le choque, parce qu’elle accorde mêmes droits aux sots qu’aux habiles, aux ignorants qu’aux gens instruits ; parce qu’elle manque d’élégance, en obligeant à crier et à frapper fort ; parce qu’elle lui paraît étendre sur le monde une lèpre de vulgarité.
J’aurai cherché souvent le point où il faut frapper pour tuer et je constaterai sans doute que l’endroit vulnérable est toujours le même. […] Païenne est le moins mauvais de ces livres qu’admira Jules Lemaître, insulteur de Barbey d’Aurevilly et flatteur de Sarcey, lâcheté souriante, heureuse de frapper la vieillesse des lions, plus heureuse de caresser tout habile qui fait semblant d’être un écrivain et qui sait être une influence. […] Mais ils s’épousent presque et, pour empêcher la terrible Déchéance, il faut que la sœur du jeune premier meure, frappée au cœur par le projet anti-chrétien de son frère. […] *** Celles qui admettent que nous naissions inégaux devant la société m’intéressent peu quand je les vois repousser uniquement l’inégalité dont elles sont frappées en tant que femmes. […] frappe-toi le cœur : c’est là qu’est le génie.
Mais Oreste s’est fait connaître aux gardes, qui n’osent frapper. […] Rumeurs, fanfares ; on frappe à la porte. […] » mais elle tombe roide avant d’avoir pu frapper… Tout cela est rapide, pittoresque et brutal. […] » et elle répond : « Très bien. » Les assistants sont très frappés. […] Il dégaine, il frappe, c’est plus fort que lui.
A l’instant où il allait frapper, il s’est senti retranché de la communauté humaine, et retranché de Dieu. […] Ce qui, dans ces œuvres et dans ces spectacles, devait le plus frapper notre Huron, c’était donc l’air d’artifice qui y était partout répandu. […] Elle se confesse devant la grave fillette étonnée d’entendre ces choses et d’entrevoir ce douloureux et effrayant mystère de passion… « Oui, pour frapper mon ennemie, je détruisais sans pitié votre bonheur… Je sais comment on s’y prend avec les jeunes filles… Pauvre enfant ! […] Et le plaisir que méfait cette souffrance, qu’est-ce autre chose que la joie de l’abandon aux volontés de Dieu qui frappe Jeanne pour son bien, et une façon encore d’adorer et de glorifier les desseins de sa providence ? […] Je m’imaginais avec candeur que le spectacle d’une jeune malade, qui est réellement heureuse durant plus de la moitié de la pièce et qui n’est frappée qu’à la fin d’un coup cruel, mais rapide, serait d’une mélancolie très douce, très mouillée, nullement torturante.
Peu lui importe le tyran, puisqu’il avait d’abord choisi, pour le frapper, un pape, avant de jeter son dévolu sur Alexandre de Médicis. […] Il frappe enfin le tyran, non plus pour délivrer Florence, mais pour se délivrer. (« Respire, respire, cœur navré de joie ! […] Car son réalisme, à lui, ne se complique ni de naturalisme, ni de pessimisme, ni d’« écriture artiste », ni de parisianisme fait exprès, ni de psychologomanie, ni du désir de frapper fort et de nous étonner, ni d’aucune prétention à quoi que ce soit. […] Mais il y a, dans le revirement final, un parti pris de violence et d’amertume, un « fait exprès » tragique, une rage de frapper fort, dont j’ai été un peu blessé à la réflexion. […] Donc Jean est d’abord très frappé de cette idée que tout ce qu’il a fait pour réparer son crime, non seulement ne lui a rien coûté, mais lui a apporté honneurs, renommée, et toutes sortes de délectations vaniteuses.
Mais le destin qui nous mène A voulu que cette Hélène Dans tes yeux prenant l’amour, Sût t’en frapper à son tour. […] — Je n’avais pas besoin De chercher quel lutin jetait sur mon passage Les lis qui, sous l’enclos, me frappaient au visage. […] Lanson a été frappé de la ressemblance et même de l’identité de beaucoup de sujets traités par La Chaussée et traités ensuite soit par Augier, soit par Dumas. […] Quelqu’un lui dit : « Et si, tout à cette heure, Rousseau, misérable, errant, fugitif, venait frapper à la porte du château, que feriez-vous bien ? […] Il répondit sans esprit, mais avec un accent de sincérité qui frappe et qui, sans doute, lui fait honneur : « Ce genre d’opposition est si ordinaire dans une comédie qu’on me fera l’honneur de croire que je n’avais pas été sans y penser ; mais je n’ai pas voulu l’admettre.
Vous nous dîtes lors (écrivent les honnêtes secrétaires, dont quelqu’un sans doute lui servait d’écuyer et était près de lui en ce moment) : “Je suis las de frapper et ne saurais plus tuer des gens qui ne se défendent point.”
Ce qui me frappe, c’est que Grimm, vers cette date, dit à peu près la même chose ; parlant de la lettre adressée par le prince à Jean-Jacques Rousseau en 1770, lettre dans laquelle il lui offrait un asile contre la persécution et une retraite à Belœil, comme M. de Girardin la lui fit accepter plus tard à Ermenonville, Grimm ajoute : « Cette lettre n’a pas eu de succès à Paris, parce qu’on n’y a pas trouvé assez de naturel, et que la prétention à l’esprit est une maladie dont on ne relève pas en ce pays. » Il y a sur ceci deux points à remarquer : d’abord, c’est que les personnes, déjà en crédit et en possession, qui vous voient à vos débuts, ont peine à vous admettre : elles vous comparent à d’autres qui tiennent déjà un rang ; les places sont prises dans leur esprit, les hauteurs sont occupées.
Je ne veux faire la cour à personne, mais moins encore au peuple qu’au ministre. » Beyle est donc très frappé de cette disposition à faire son chemin, qui lui semble désormais l’unique passion sèche de la jeunesse instruite et pauvre, passion qui domine et détourne à son profit les entraînements mêmes de l’âge : il la personnifie avec assez de vérité au début dans Julien.
. — Un jour, un grand seigneur de Prusse, frappé dans ses biens, et qui, réclamant contre l’inflexible application de la loi de guerre, n’avait trouvé en M.
On voit des pasteurs, le dictionnaire à la main, qui cherchent l’article Tonnerre, pour entendre ce qu’ils disent eux-mêmes d’une tempête… Vous y avez trouvé huit vers à votre usage ; en voici un qui m’a frappé, moi : Fatigué de sentir, il paraît insensible.
Dès que le récit est terminé, la moralité sort et on la déduit ; elle se grave dans l’esprit par l’exemple : car ce que l’homme aperçoit moins quand il s’agit d’hommes ses semblables, et ce qui glisse sur lui, le frappe davantage quand cela se transpose et se réfléchit par allégorie chez des êtres d’une espèce différente.
écrit-elle ; le roi ne frappe pas à deux fois… La terreur a gagné nos amis au point qu’il y en a qui craignent que l’intérêt public même n’aigrisse contre nous.
Une phrase a dû nous frapper dans le passage de Casaubon que j’ai donné : il se plaint que les lettres, les muses trouvent à peine quelque part un asile, un coin où se caser ; et ce n’est pas là une plainte banale.
De même que M. d’Estrades, à l’époque de la conquête de Louis XIV, savait cette particularité si essentielle, ce secret des écluses dont la clef était à Muyden (mais il ne fut pas interrogé à temps), de même un homme dont on ne doit parler qu’avec bien de l’estime, le Père Griffet, continuateur du Père Daniel pour l’Histoire de France, l’excellent historien de Louis XIII, celui qui, sans l’exil qui le frappa avec tous les jésuites, allait nous donner un règne de Louis XIV de première main, le Père Griffet avait connu ces sources, y avait puisé et en avait tiré huit volumes de lettres qui sont imprimés (1760-1764) ; mais ces huit volumes, trop peu consultés eux-mêmes, sont peu de chose eu égard à l’immensité du dépôt.
A Bade, ville catholique, il est frappé de la pratique sévère du plus grand nombre, qui va jusqu’à faire maigre le mercredi, et il y vérifie cette observation, qu’il n’est rien de tel, pour se tendre et se resserrer dans sa dévotion, que d’être en regard et en contradiction permanente de l’opinion contraire.
Un passage de La Bruyère, qui l’avait frappé dans sa jeunesse, est devenu, nous dit-il, le programme et comme le texte de toute sa vie : « Il faut, en France, beaucoup de fermeté et une grande étendue d’esprit pour se passer des charges et des emplois, et consentir ainsi à demeurer chez soi et à ne rien faire.
S’il faut qu’il y ait une mêlée, choisissons d’autres noms pour les frapper ; car, tous ceux-là, ils ont été vraiment contemporains au sens de Lamartine : ils se doivent quelque chose entre eux.
Sans se contraindre à aucun style, à aucun genre, à aucune espèce de sujets, il s’est mis à reproduire tous les objets qui frappent journellement son imagination si mobile et si heureuse ; aussi est-il éminemment le peintre de la France et du xixe siècle, par la manière dont il représente notre nature et notre époque ; aussi a-t-il un degré de vérité, de grâce, de génie, que le talent ne doit jamais qu’à la présence immédiate des objets qu’il veut peindre.
Enfin la chambre des époux Poquelin est tendue d’une tapisserie de Rouen sur laquelle sont accrochés cinq tableaux et un miroir de glace de Venise. » Ce sont là les objets qui frappaient habituellement la vue de Molière enfant ; il ne naquit nullement dans un intérieur pauvre ou mesquin, et tout sentait autour de lui le marchand à son aise et le bourgeois cossu.
messieurs les gens d’esprit, que cette manière d’appliquer la doctrine de l’amour-propre aux Lettres est donc brutale et, autant qu’il me semble, injuste, à force de frapper à bout portant !
Ce qu’apprenant Victor-Amédée, il fit venir le jeune comte dans sa chambre, lui ôta son épée, en lui demandant s’il ne savait pas que le duel était un crime d’État ; puis, ne se contenant plus, il se jeta sur lui, le frappa avec rage, lui répétant à chaque coup « d’aller porter cela en France, qu’il n’était qu’un palefrenier, qu’il allât servir le roi de France, etc. » On arracha de ses mains le jeune homme tout meurtri et qui n’osait se défendre ; les parents non plus n’osèrent se plaindre.
Quand les rois et les princes trouvent la miraculeuse science de la poésie dans des hommes prudents, graves et vertueux, ils les honorent, les estiment, les enrichissent et les couronnent enfin avec les feuilles de l’arbre que la foudre ne frappe jamais, pour annoncer que personne ne doit faire offense à ceux dont le front est paré de telles couronnes. » Que d’élévation et quelle pureté de sentiments !
Car il habitait dans son œuvre comme dans un antre de Vulcain, où il forgeait et frappait à coups redoublés sur l’enclume ; et, durant tout ce temps-là, le monde extérieur n’existait pas pour lui.
. — Que si l’on se rejette à l’extrémité opposée, aux années de la captivité et du Temple, j’ai su de source certaine que le seul livre qu’eut Marie-Antoinette dans sa prison était Thomas, les Œuvres de Thomas ; elle avait marqué sur l’exemplaire tous les passages qui l’avaient frappée et qu’elle s’appliquait.
Hier encore (mai 1868), il m’insultait sans nécessité, sans motif suffisant129 ; il ne se disait pas que j’étais son confrère, que je l’avais toujours salué et respecté en public ; que j’avais allumé le premier un cierge à sa chapelle de sainte Élisabeth ; que je l’avais célébré orateur dans le Constitutionnel, journal habituel des voltairiens ; que, si hautain et aristocratique de nature qu’on soit, un peu de sympathie envers les bonnes gens d’une autre étoffe que nous n’est jamais un tort ; que si, depuis quelques années, il est éprouvé, je le suis aussi, et que cela peut-être devait faire un lien ; que là où la Providence a jugé à propos de le frapper douloureusement, la nature aussi m’a affligé presque de la même manière ; que nous sommes à quelque degré compagnons de maux… Mais M. de Montalembert répondra qu’il sévit au nom des principes. — Les principes, soit ; mais à la condition qu’ils ne se séparent jamais de l’humanité !
Dans Édouard on voit deux siècles, deux sociétés aux prises, et le malheur qui frappe les amants devient le présage d’un avénement nouveau.
CCLX On me fit monter précipitamment les marches qui conduisaient au rempart, et on me plaça seule avec le père Hilario et le bourreau contre le parapet du Cerchio, afin que les balles qui m’auraient frappée n’allassent pas tuer un innocent hors des murs, de l’autre côté du fleuve.
Ce progrès a frappé Tocqueville comme le fait caractéristique de la société nouvelle.
Une chose vue éveille l’idée qui sommeillait en lui, ou l’idée inquiète se projette dans l’objet qui frappe ses yeux.
Il nous parle de cette « aristocratie submergée qui se maintient, vaille que vaille, à la surface de notre société remuée — dont elle pourrait bien n’être que l’écume, quoiqu’elle affiche assez volontiers la prétention d’en être la crème. » Il ne dissimule point que la vie qu’on mène là est « nulle et attirante comme le vide », ni que les membres de cette confrérie flottante ne sont point tous des modèles de grâce et de distinction : Quand ils furent assis côte à côte sur deux de ces chaises de louage si bêtement alignées pour le plus interminable des divertissements chorégraphiques, ils furent frappés en même temps de la vulgarité d’ensemble de cette pépinière de mondains et de mondaines.
Et, quand Angélique se jette à genoux devant lui, il est très frappé de la grâce de sa nuque, et de son odeur. «… Ah !
Une absence complète du sentiment de la nature, aboutissant à quelque chose de sec, d’étroit, de farouche, a frappé toutes les œuvres purement hiérosolymites d’un caractère grandiose, mais triste, aride et repoussant.
Frappée dans ses proches, victime d’une union mal assortie, elle aimait peu la vie ; mortellement atteinte, elle la sentait fuir, et elle avait hâte de la donner.
Âgé de trois ans, il allait frapper à la porte des frères des écoles chrétiennes, et, comme on lui en refusait l’entrée parce qu’il était encore trop jeune, il pleurait beaucoup.
Mais je suis allé voir le Champi à l’Odéon comme tout Paris y est allé ; cela m’a remis au roman du même titre et à cette veine pastorale que l’auteur a trouvée depuis quelque temps ; et, reprenant alors ses trois ou quatre romans les derniers en date, j’ai été frappé d’un dessein suivi, d’une composition toute nouvelle, d’une perfection véritable.
Et puis, si l’on va au fond, le public n’a pas été trompé sur un point capital : il n’a pas, je le crois, été assez frappé du talent, mais il a senti, à travers ce récit où tant de tons se croisent et se heurtent, une opiniâtre personnalité, une vanité persistante et amère qui, à la longue, devient presque un tic.
Dans l’explication de lui que nous lisons dans ce volume, et par laquelle il s’attache à réduire ces expressions mystiques et légèrement étranges à leur juste valeur, je suis frappé d’un tour habituel qui a déjà été remarqué, et qui est un trait du caractère de Fénelon.
S’étant allé promener seul hors de la ville un jour de grande fête, pendant qu’on était à vêpres : Le son des cloches, dit-il, qui m’a toujours singulièrement affecté, le chant des oiseaux, la beauté du jour, la douceur du paysage, les maisons éparses et champêtres dans lesquelles je plaçais en idée notre commune demeure, tout cela me frappait tellement d’une impression vive, tendre, triste et touchante, que je me vis comme en extase transporté dans cet heureux temps et dans cet heureux séjour où mon cœur, possédant toute la félicité qui pouvait lui plaire, la goûtait dans des ravissements inexprimables, sans songer même à la volupté des sens.
Il nous dit ces motifs, et pourquoi il prévint la maison d’Autriche au lieu de l’attendre et de se laisser frapper ou humilier.
D’Alembert avait déjà vu Frédéric plusieurs années auparavant ; en le revoyant, il est frappé de le retrouver supérieur à sa gloire même.
Enfin, cette fête de nuit en l’honneur de Mlle Clairon se termine, dans le récit de Florian, par une très belle description de l’aurore, par un lever de soleil sur les cimes des Alpes, qui a frappé son imagination d’enfant : c’est le signal d’un sentiment tout nouveau, plein de fraîcheur, l’amour de la nature, qui va être la passion et presque l’engouement des générations naissantes.
Mais lorsqu’en lisant Rulhière on peut se détacher assez de l’intérêt profond des choses pour n’observer que la structure du discours, on est partout frappé de la riche variété des nombres qui concourent à l’harmonie générale.
Puis, quand on regarde au-delà du premier plan, et qu’on entre dans le détail des productions poétiques qui continuent s’imprimer, on est frappé de la quantité de directions qui s’entrecroisent sans paraître se contrarier et sans se détruire.
Le grand roi, d’ailleurs, crut devoir prendre des précautions extrêmes pour frapper le coup à propos.
Cette petite scène, fort bien racontée par Mme de Maintenon, et que j’abrège un peu, va frapper à son tour l’imagination émue de Mme des Ursins et s’y réfléchir avec une réverbération qui la rendra plus vive : vu dans ce miroir, l’objet prendra plus de mouvement et de relief que dans la réalité même.
C’est ainsi que les disgraciés et ceux que frappait le malheur raisonnaient et réfléchissaient au xviie siècle : tantôt, comme M. de Bellefonds, comme M. de Tréville, ils entraient dans la retraite et la pénitence pour n’en plus sortir73 ; tantôt, comme d’Antin, ils en essayaient seulement en secret pour retomber bientôt au courant de leurs goûts mondains et de leurs faiblesses : mais c’était déjà quelque chose que d’essayer.
C’était bien là une remarque à frapper une jeune et jolie reine.
Elle ne frappait pas moins directement ces oracles cérémonieux et empesés qui s’étaient fait un crédit imposant en cour à l’aide d’une érudition sans finesse de jugement et sans goût.
Parmi les objections que Voltaire a élevées contre l’authenticité de cet ouvrage, il en est une, entre autres, qui m’a frappé par sa faiblesse et par son contresens même : Avouez, dit-il en s’adressant à M. de Foncemagne, avouez qu’au fond vous ne croyez pas qu’il y ait un mot du cardinal dans ce Testament ; pensez-vous, de bonne foi, que le chevalier Walpole se fut avisé d’écrire un catéchisme de politique pour le roi George Ier ?
Ayant été amenée un jour à les montrer à un père Ferrier33 de Chambéry, ce docte personnage fort versé aux choses de l’esprit en fut très frappé, et pressa l’évêque de Genève de les publier.
Quelle nouvelle a frappé mon oreille.
Convenez que, si vous n’êtes pas frappé de ces observations, c’est que vous n’avez pas la première teinture d’anatomie, de physiologie, la première notion de la nature.
Peut-être même que la generation qui suivra immédiatement la nôtre, frappée des fautes énormes d’Homere et de ses compagnons de fortune les dédaignera, ainsi qu’un homme devenu raisonnable dédaigne les contes puériles qui ont fait l’amusement de son enfance.
Le Magnificisme Frappés de ces incohérences et humiliés par cet échec, la plupart des poètes n’osèrent plus s’avouer symbolistes.
Aussi, ce qui frappe le plus et le plus vite dans ce livre, c’est qu’il est un livre, un livre pur de journalisme, quand le journalisme est aux livres comme les myrtes sont à l’oranger.
Mais elle-même ne s’atteste que par les coups dont elle nous frappe.
Mais je ne sache pas que la condamnation judiciaire qui l’a frappé ait supprimé le livre ; je ne sache pas qu’elle puisse l’ôter des mains qui l’ont acheté et de la mémoire de ceux qui l’ont lu ; je ne sache pas, enfin, que cette condamnation doive empêcher la Critique littéraire de rendre son jugement aussi, non sur la chose jugée, qu’il faut toujours respecter pour les raisons sociales les plus hautes, mais sur les mérites intellectuels d’un poète au début de la vie4 et aux premiers accents d’un talent qui chantera très ferme plus tard, si j’en crois la puissance de cette jeune poitrine.
Habitué à vivre en lui-même, les événements qui l’intéressent sont les événements de son âme ; les révolutions qui le frappent sont les variations de sa pensée ; les mécanismes qui l’amusent sont les contre-coups de ses passions.
Il entrevit ces principes étouffés tour à tour par l’ignorance et par l’orgueil, qu’il n’y a ni législation, ni politique sans lumières ; que ceux qui éclairent l’humanité, sont les bienfaiteurs des rois comme des peuples ; que l’autorité de ceux qui commandent n’est jamais plus forte que lorsqu’elle est unie à l’autorité de ceux qui pensent ; que le défaut de lumière, en obscurcissant tout, a quelquefois rendu tous les droits douteux, et même les plus sacrés, ceux des souverains ; qu’un peuple ignorant devient nécessairement ou un peuple vil et sans ressort, destiné à être la proie du premier qui daignera le vaincre ; ou un peuple inquiet et d’une activité féroce ; que des esclaves qui servent un bandeau sur les yeux, en sont bien plus terribles, si leur main vient à s’armer, et frappe au hasard ; qu’enfin, tous les princes qui avant lui avaient obtenu l’estime de leur siècle et les regards de la postérité, depuis Alexandre jusqu’à Charlemagne, depuis Auguste jusqu’à Tamerlan, né Tartare et fondateur d’une académie à Samarcande, tous dédaignant une gloire vile et distribuée par des esclaves ignorants, avaient voulu avoir pour témoins de leurs actions des hommes de génie, et relever partout la gloire du trône par celle des arts.
« Quand la France en colère leva ses bras gigantesques, et que, jurant ce serment dont la fureur ébranle l’air, la terre et les mers, elle frappa de son pied vigoureux et dit qu’elle voulait être libre, rendez-moi témoignage combien j’eus d’espoir et d’inquiétude, et avec quel transport je chantai sans crainte mes fières actions de grâces au milieu d’une foule servite !
Nous avons connu des jours atroces et rien ne pourra arracher de ma mémoire l’impression d’anéantissement physique et moral dont nous étions alors frappés, mes camarades et moi. » M. […] Si Bernhardi examine les ententes diplomatiques, ce qui le frappe, c’est la difficulté, pour un État, de manquer à sa signature : alors, à quoi bon signer ? […] Mais lisons le récit d’Émile Ollivier : nous sommes frappés de voir que, quant à la guerre, il n’y avait point, dans le gouvernement, de volonté fixe. […] Un hasard qui a cette particularité singulière de ne point s’éparpiller : tous ses coups frappent uniformément nos armes. […] Le 4 août, l’Empereur écrivait à son ministre : « Nous avons tout intérêt à traîner la guerre en longueur… » Il fallait se hâter, profiter de notre avance, frapper le premier coup : « nous étions perdus », a dit Bismarck.
Ce qui frappait d’abord dans cette physionomie d’une énergie singulière, c’étaient les yeux, un peu à fleur de tête, et très bleus. […] Puis relisez quelques fragments des préfaces, et de nouveau quelques fragments de ces livres de Moïse, vous demeurerez frappé d’une ressemblance plus profonde encore. […] Ce qui le frappe dans l’humanité, ce sont les vastes formes de la vie collective, les grands symboles pieux ou métaphysiques. […] Si cet autre goût a été passionné, si cet autre métier a violemment brutalisé l’homme, cet homme en demeure frappé pour la vie, et comme la nature dans ses créations utilise les éléments les plus contraires, cette marque spéciale pénètre jusqu’au talent, qui s’en trouve modifié parfois dans le sens le plus heureux et le plus nouveau. […] Lord Annandale est frappé d’une attaque nerveuse.
Mais tout à coup il lance le trait qu’il avait préparé ; il laisse aller la corde qu’il avait tendue, et la flèche va frapper droit au cœur des triomphateurs. […] Peut-être faut-il regretter que le rythme adopté par André Chénier, dans l’ode à Fanny malade, n’ait pas une précision suffisante ; mais ce défaut, qui frappe à une seconde lecture, est à peine aperçu lorsque l’esprit parcourt pour la première fois les idées exprimées par le poète ; une sympathie rapide et involontaire ne permet pas de saisir sur-le-champ ce qu’il y a de vague et d’incomplet dans la forme que l’auteur a choisie ; et si cette ode n’est pas une œuvre accomplie de tout point, il faut reconnaître cependant qu’elle mérite de sincères éloges, car elle est d’une grande vérité. […] S’il a tort de compter sur une femme qui le quittera dès que la pauvreté viendra frapper à sa porte, du moins il ne se dégrade pas. […] Mais il a eu beau faire : l’évidence a été plus forte que sa volonté, et les Chants du crépuscule ont frappé tous les lecteurs par leur confusion. […] Une argumentation ainsi conçue n’est certainement pas à l’abri de toute blessure et serait frappée à mort par le premier coup sérieux.
Ils étaient frappés aussi par ce qu’ils trouvaient de curieux dans les entretiens de Français établis là-bas, de saint-simoniens partis à la suite du Père Enfantin. […] Le gros sou est frappé, sur les deux faces, à deux effigies différentes, mais pareillement coutumières et prévues. […] Toute œuvre d’art doit avoir un point, un sommet, faire la pyramide, ou bien la lumière doit frapper sur un point de la boule. […] Enfin, Emma est pauvre — et elle meurt frappée par l’usurier — et Frédéric est riche. […] Ajoutons que Flaubert voit la mort frapper autour de lui et l’avertir.
Le roman, le théâtre ne seront-ils pas frappés à leur tour, et ne réclamez-vous pas pour eux une destinée qu’ils ne doivent plus espérer ? […] Une quantité d’actions élémentaires le frappent physiquement, chimiquement. […] Chacun en a sa part et s’il compte parmi les privilégiés, la voit frapper durement tant de ses semblables autour de lui !
Taillefer le jongleur, qui demanda l’honneur de frapper le premier coup, allait chantant, en vrai volontaire français, et faisant des tours d’adresse87. […] Ils ne sont point frappés par la magnificence de la nature, ils n’en voient guère que les jolis aspects ; ils peignent la beauté d’une femme d’un seul trait qui n’est qu’aimable en disant « qu’elle est plus gracieuse que la rose en mai. » Ils ne ressentent pas ce trouble terrible, ce ravissement, ce soudain accablement de cœur que montrent les poésies voisines ; ils disent discrètement « qu’elle se mit à sourire, ce qui moult lui avenait. » Ils ajoutent, quand ils sont en humeur descriptive : « qu’elle eut douce haleine et savourée », et le corps aussi blanc « comme est la neige sur la branche quand il a fraîchement neigé. » Ils s’en tiennent là ; la beauté leur plaît, mais ne les transporte pas. […] Ils frappent et cognent tellement « que leurs os résonnent » ; à la fin, c’est Robin qui tombe, et il n’en a que plus d’estime pour Petit-Jean.
Tout d’abord, je suis frappé de l’art de la composition, puis bientôt du manque d’intensité des scènes. […] J’étais en train d’écrire une note, quand je suis abordé par Ibels, qui me demande, si je connais le mime Martinetti, et quand je lui ai répondu, que je l’avais vu dans Robert Macaire : « Eh bien, me dit-il, Martinetti a été très frappé de la silhouette naïve de votre soldat, et il sera heureux de jouer dans une pantomime comme La Fille Élisa, où il aurait à mimer les amours et la mort d’un troubade. » Et Ibels sollicite près de moi, l’autorisation de faire le texte mimé de cette pantomime, que je lui accorde très volontiers. […] C’est une Histoire de Marie-Antoinette, dont la reliure de Lortic, est composée d’un semis de fleurs-de-lis d’or, au milieu duquel est encastrée une médaille d’argent, frappée pour son mariage, où se lit : Maria Antonia Gallia Delphina, médaille de la plus grande rareté.
Au sortir de Paris, du cercle aimable des Vitart, et d’un milieu où l’on ne connaissait que la galanterie ingénieuse ou la débauche gauloise, il est frappé de la violence toute catalane et de la profondeur des passions sous ce ciel ardent d’Uzès. […] Alexandre, qui le croyait mort, ordonna de le dépouiller, et l’on accourut en foule pour lui ôter sa cuirasse et ses vêtements ; mais l’éléphant, défenseur de son maître, se mit à frapper ceux qui le dépouillaient et, l’enlevant avec sa trompe, le replaça sur son dos. […] Une absurdité, ai-je dit : car ce malheur insigne, unique, pour lequel Oreste maudit solennellement tous les dieux, c’est la vulgaire aventure d’avoir aimé sans être aimé ; et quant au crime d’avoir, par jalousie, laissé assassiner son rival (car le faible garçon n’a pas eu le courage de frapper lui-même), en quoi rend-il Oreste si intéressant ? […] Frappé de ces vers du quatrième acte : Pour toute ambition, pour vertu singulière, Il excelle à conduire un char dans la carrière, À disputer des prix indignes de ses mains, À se donner lui-même en spectacle aux Romains, etc. […] Retenons-en ceci, que ce qui, chez Racine, frappe une bonne partie de ses contemporains, ce n’est pas la douceur, ce n’est pas la tendresse, mais c’est la force, c’est le goût du « noir et de l’horrible » et d’un certain tragique âpre et sombre, d’autant plus sombre qu’il est dans les âmes plus encore que dans les situations.
Une injustice cesse-t-elle de l’être parce qu’elle me frappe ? […] Mais je puis être un homme assez haut placé dans le degré de l’humanité, si je suis sensible aux injustices dont je suis l’objet, à la condition de l’être aussi aux autres, et si je suis également affecté des injustices qui frappent les autres et de celles qui m’atteignent. […] La première chose qui frappe tous les yeux en lisant le Philinte de Fabre d’Eglantine, c’est combien son Alceste et son Philinte sont différents de ceux de Molière, et cela est bien naturel, puisque c’est l’Alceste et le Philinte de Rousseau que « développe », comme dirait un photographe, Fabre d’Eglantine. […] Dès longtemps la justice a frappé le coupable. […] Il est moyen de caractère et de conscience, comme il est au plus haut faîte comme génie littéraire ; et, comme un homme moyen, du reste très fin et très perspicace, le burlesque des hommes le frappe plus que leur turpitude et en vérité l’offense plus parce que son esprit est plus délicat que sa conscience.
J’avais épuisé mon questionnaire et nous causions de choses à côté, des gens en place, des esprits réfractaires à toute nouveauté, quand, par hasard, le portrait du général Boulanger, placé sur la cheminée, à côté de la photographie du maître de céans, d’après un tableau de Jacques Blanche, frappa mon regard. […] Cela m’a frappé quand j’ai lu sa conversation avec vous. […] De même, le même accord frappé sur le piano, quand nos oreilles sont ouvertes, ne produit pas pour nous la même sonorité si nous l’entendons après qu’il a été frappé quand nos oreilles étaient fermées. […] À présent bouchez-vous les oreilles pendant que je frapperai, et retirez vos mains aussitôt que l’accord sera lancé… Je fis comme il me l’indiquait. […] — Je suis surtout frappé du soin jaloux avec lequel vos interviewés ont tu les noms des absents et des morts, dont quelques-uns occuperaient le premier rang aujourd’hui.
On veut le faire taire, on le frappe, on le chasse. […] Comment ce goût de conter pour conter, de faire vivre distinctement des figures distinctes, diverses, n’a-t-il frappé personne après la lecture d’En Arcadie, de Swannhilde, de Wieland, de l’Amour Sacré, de Παλαι 29 ? […] Le banquet est servi ; Candaule, lyriquement s’explique : Nyssia se tait surtout : Gygès paraît et frappe. […] — Ils sont condamnés à frapper leur chef ; de quelles paroles de viril respect, de noble camaraderie, ne vont-ils pas différer l’exécution ? […] Comment n’être pas frappé et gêné de leur aspect et de leur caractère foncièrement antichrétiens ?
Au premier coup d’œil, on se sent dans une ville d’espèce unique, bâtie subitement et tout d’une pièce, comme une médaille d’apparat frappée à un seul exemplaire et tout exprès : sa forme est une chose à part, comme aussi son origine et son usage. […] On ne trouve guère en France de squires Western et de barons de Thundertentrunck ; une dame d’Alsace, qui voit à Francfort les hobereaux grotesques de la Westphalie, est frappée du contraste219.
Il frappe à son empreinte personnelle les vices et les vertus qu’il possède. […] Je suis leur enclume aujourd’hui ; ils frappent sur moi, ils me mettront en pièces, c’est pis que le bruit d’une scie. » On voit arriver une procession de domestiques portant des plats ; c’est tout l’attirail d’une taverne que sir Dauphine envoie chez son oncle.
Il se jeta alors sur moi, plus furieux encore ; mais cette arme, que je tenais assez haut, partit d’elle-même, et la balle, ayant frappé l’arc de la porte, rebondit sur sa tête, et l’étendit par terre. […] Je jurais après tous ceux qui s’approchaient de moi, je les frappais des pieds et des mains, et je me désolais en disant : J’éprouve quelque trahison, mais je la découvrirai ; et, avant de mourir, je saurai m’en venger.
Lui vient d’être frappé d’un coup mortel ; il est jeune, il eût voulu réparer bien des fautes ; il eût voulu longuement aimer. […] Nos lecteurs ont paru surtout frappés de l’étendue et de l’importance de la cause défendue dans nos colonnes.
Or, ils ont trouvé les partitions de Wagner ; étant musiciens, ils ont été frappés par l’habileté des développements symphoniques, la puissance de l’instrumentation, la richesse harmonique, cet extraordinaire et génial talent de facture, le métier, qu’ils ont vu tout seul… Donc ils ont pris à Wagner ses procédés de développement, d’instrumentation, ses harmonies, les imitant, à leur façon. […] Je fus frappé d’abord d’un fait singulier, c’est la séparation, l’isolement des différentes branches de l’art réunies autrefois dans le drame complet.
Faute de partir d’un principe commun, les arguments frappent au hasard, sans avoir chance de se rencontrer. […] VII Si l’on veut bien se rappeler maintenant que nous n’avons exposé qu’une très faible partie de l’œuvre de notre philosophe, et si l’on a été frappé, comme on a dû l’être, de la vigueur de sa pensée et de l’originalité de sa méthode, on ne s’étonnera pas d’entendre un contemporain153 se demander « s’il a jamais paru en Angleterre un penseur plus éminent, quoique l’avenir seul puisse déterminer sa place dans l’histoire… » Seul des penseurs anglais, dit M.
» dis-je à l’auteur de La Bête Humaine, qui vient s’asseoir dans la soirée, à côté de moi : — « Mais rien… je ne puis pas décidément m’y mettre… Puis l’Argent, c’est tellement vaste, que je ne sais par quel bout le prendre… et les documents de ce livre, pour les trouver, pour savoir où il faut frapper, je suis embarrassé plus que jamais je ne l’ai été… Ah ! […] Je suis frappé, ce matin, de la mauvaise mine de Maupassant, du décharnement de sa figure, de son teint briqueté, du caractère marqué, ainsi qu’on dit au théâtre, qu’a pris sa personne, et même de la fixité maladive de son regard.
C’est ainsi que j’ai pu m’expliquer un fait dont j’ai été vivement frappé en étudiant les Cirripèdes, et dont on pourrait encore trouver beaucoup d’autres exemples : c’est que, lorsqu’un Cirripède est le parasite interne d’un autre, et que par cela même il se trouve protégé, il perd plus ou moins complétement sa propre coquille ou carapace. […] — Il y a plusieurs années que je fus vivement frappé d’une remarque de M.
Nous avons vu, dans le chapitre précédent, que la Grande Mésange (Parus major) retient souvent la graine de l’If entre ses pieds sur une branche et la frappe de son bec à coups redoublés jusqu’à ce qu’elle ait mis l’amande à nu. […] Quelque difficulté qu’il y ait à concevoir comment elles ont pu devenir stériles, cette difficulté n’est cependant pas plus grande qu’à l’égard de toute autre structure un peu anormale : car on peut prouver que d’autres insectes, et plus généralement d’autres articulés, qui vivent isolés à l’état de nature, se trouvent parfois frappés de stérilité.
— pour François Hugo, frappé dès le berceau de cette plaie du cabotinisme qui nous infecte tous dans ce diable de temps, voilà une épouvantable calamité. […] Ainsi, je parlais de paternité il n’y a qu’un moment, — mais, dans cette pièce, où tous les sentiments qui ont pour souche la paternité sont aux prises, il y a bien plus que la tragédie du sentiment paternel qu’on frappe et qui saigne !
Duclos, son ami, l’un de ceux qui ont le mieux parlé de lui, et dont la brusquerie habituelle s’est adoucie pour le peindre, a dit : « De la naissance, une figure aimable, une physionomie de candeur, beaucoup d’esprit, d’agrément, un jugement sain et un caractère sûr, le firent rechercher par toutes les sociétés ; il y vivait agréablement. » Marmontel enfin, moins agréable cette fois que Duclos, et avec moins de nuances, nous dit : « L’abbé de Bernis, échappé du séminaire de Saint-Sulpice, où il avait mal réussi, était un poète galant, bien joufflu, bien frais, bien poupin, et qui, avec le Gentil-Bernard, amusait de ses jolis vers les joyeux soupers de Paris. » Cette figure ronde et pleine, cette belle mine rebondie et à triple menton, qui frappe dans les portraits de Bernis vieilli, il la prit d’assez bonne heure : mais d’abord il s’y mêlait quelque chose d’enfantin et de délicat ; et toujours, jusqu’à la fin, le profil gardera de la distinction et de l’élégance : le front et l’œil sont très beaux.
Vous auriez plus de moyens que moi pour faire frapper de grands coups par notre amie.
La première ode de Malherbe qui le mit en vue fut celle qu’il présenta, étant à Aix en 1600, à Marie de Médicis, la jeune reine qui venait prendre possession du trône : Peuples, qu’on mette sur la tête Tout ce que la terre a de fleurs… André Chénier, commentateur excellent, a remarqué les beautés rares, et à cette date toutes neuves, de cette ode qui aujourd’hui frappe bien plutôt le lecteur par ses côtés exagérés et faux.
C’est du critique seul que je m’occuperai aujourd’hui, et il le mérite bien par le caractère singulier, neuf, piquant, paradoxal, bien souvent sensé, qu’il nous offre encore, et qui frappa si vivement non pas le public, mais les gens du métier et les esprits attentifs de son temps.
» La préface de la première édition de l’Iliade se terminait par une page touchante et souvent citée, mais qui montre trop bien Mme Dacier au naturel pour devoir être omise toutes les fois qu’on veut lui faire honneur : Après avoir fini cette préface, disait-elle, je me préparais à reprendre l’Odyssée et à la mettre en état de suivre l’Iliade de près ; mais, frappée d’un coup funeste qui m’accable, je ne puis rien promettre de moi, je n’ai plus de force que pour me plaindre.
Elle compatit aux pauvres gens et aux affligés que frappe cette banqueroute ; elle en donne les détails et les chiffres précis à Senac de Meilhan, son correspondant très cher ; et, voyant la superbe famille de Rohan si humiliée et par cette catastrophe et par d’autres accidents qui bientôt suivirent, elle en revient aux réflexions morales ; elle se félicite au moins de ne tenir à rien, et de ne point prêter à ces revers subits du faste et à ces chutes de l’ambition ; elle se rejette dans la médiocrité, comme disait La Bruyère : Ô obscurité, s’écrie-t-elle avec un sentiment moral qui ferait honneur à toutes les conditions, tu es la sauvegarde du repos, et par conséquent du bonheur ; car qui peut dire ce qu’on serait en voulant des places, des biens, des titres, des rangs au-dessus des autres, où on arrive par l’intrigue, où on se maintient par la bassesse, et dont on sort avec confusion souvent, et toujours avec douleur ?
Je me promenais seul, quelques moments avant le coucher du soleil ; le temps était très beau ; la fraîcheur des objets, le charme qu’offre leur ensemble dans cette brillante époque du printemps qui se fait si bien sentir à l’âme, mais qu’on affaiblit toujours en cherchant à la décrire ; tout ce qui frappait mes sens portait à mon cœur je ne sais quoi de doux et de triste ; les larmes étaient au bord de mes paupières.
Au reste, il me semble de voir des aveugles qui errent dans l’obscurité ; quelques-uns s’entre-heurtent, d’autres, en voulant s’éviter, se frappent et se font choir ; personne ne devient plus sage, et tous rient du malheur de leurs concitoyens.
… Relisez tout le morceau, une trentaine de vers des mieux frappés.
Il n’en affecte pas non plus les prétentions ; jamais on ne fut moins auteur en se faisant éditeur ; il semble vraiment n’avoir pensé, en publiant un choix des papiers de Mme Swetchine, qu’au succès de celle à laquelle il s’est consacré ; il y pousse de ses plus aimables obsessions et de toutes ses grâces : le moyen de résister à celui qui est si galant homme, qui fait si bon marché de lui-même et de ses pages, qui est prêt à vous dire à chaque instant : « Frappe sur moi, mais écoute et respecte ma sainte !
Pour mon compte, je dois cependant convenir, sans prétendre faire le généreux, que sa plaidoirie en faveur de Chateaubriand, à l’occasion et à l’encontre d’un livre que j’ai publié, m’a frappé comme très-spirituelle, très bien menée, très-soutenue d’haleine, fort juste en bien des points ; et il me coûte d’autant moins de le reconnaître, qu’au fond ses conclusions à lui (sauf le ton de la chanson) ne sont pas si différentes des miennes, et qu’un abîme, quoi qu’il en dise, ne nous sépare pas.
« Quoique je ne sois plus certainement qu’à quelques semaines, chère Madame, et peut-être à quelques jours de ma propre mort, je ne puis m’empêcher d’être frappé de la mort du prince de Conti, une si grande perte à tous égards.
Ils le voient terriblement frappé de la main de Dieu, et ils s’en font une preuve pour assurer qu’il est tombé dans son indignation… Eh !
Je suis frappé de cet objet au milieu de ma disgrâce, et de la mauvaise satisfaction que le roi a de mes services pendant cette campagne ; j’y vois reluire quelques égards de sa bonté pour ne me pas abattre ; je ressens cela comme je dois.
Je le répète, ce qui frappe dans cette première vie de La Mennais, c’est combien elle est confinée, monotone, sans relations variées, tout ecclésiastique.
hommes illustres et frappés !
Las de toutes choses, l’image de sa fraîche Déidamia le poursuit cependant ; un bouquet d’églantine, qu’elle lui a jeté au départ, ne l’a jamais quitté ; il la revoit, il veut redevenir bon, simple, frapper sur l’épaule à tous voisins, et reprendre la vie de gai chasseur.
Gresset, dans son séjour d’Amiens, s’était extrêmement préoccupé, comme font volontiers les écrivains retirés en province, du néologisme qui s’introduisait en quelques branches du langage : « Il avait été frappé justement, mais beaucoup trop, dit Garat dans sa Vie de Suard, du ridicule d’une vingtaine de mots qui avaient pris leurs origines et leurs étymologies dans les boutiques des marchandes de modes, même dans les boutiques des selliers. » Il en forma comme le tissu de son discours ; toutes ces locutions exagérées dont il s’était gaiement raillé vingt-cinq ans auparavant dans le rôle du jeune Valère : Je suis comblé, ravi, je suis au désespoir, Paris est ravissant, délicieux, il les remit là en cause, il fit d’une façon maussade comme la petite pièce en prose à la suite du Méchant ; et tandis que Suard plaidait avec tact pour la raison, alors dans sa fleur, et pour la philosophie, Gresset souligna pesamment des syllabes, anticipant l’office que nous avons vu depuis tant de fois remplir à feu M.
Mais ici nous le prenons sur le fait ; ce n’est plus à l’huis d’un châtel que frappe mignardement le pèlerin, c’est tout bonnement à la porte d’une ferme, durant une course à travers ces grasses et saines campagnes : « Je n’ai point oublié, raconte-t-il, quel accueil je reçus dans une ferme à quelques lieues de Dijon, un, soir d’octobre que l’averse m’avait assailli cheminant au hasard vers la plaine, après avoir visité les plateaux boisés et les combes encore vertes de Chambœuf167.
IX La révocation de l’édit de Nantes venait de frapper la liberté de conscience en rompant le traité de paix, entre les religions, promulgué avec Henri IV.
Il trouve dans la grande idée de la Providence le remède à l’accablante tristesse dont le spectacle des misères publiques frappe les cœurs honnêtes : par elle, sa raison voit clair, et dès qu’il comprend, il se redresse, il espère.
Seulement, nous ne savons aucun gré à l’homme qui crée des idées déjà frappées et mises en circulation.
Seulement, nous ne savons aucun gré l’homme qui crée des idées déjà frappées et mises en circulation.
Toute exclusion est téméraire : il n’y a pas de recherche qu’on puisse déclarer par avance frappée de stérilité.
Cependant, pour peu que la transformation des habitudes et des goûts qui nous a frappés ait une certaine profondeur et qu’elle apparaisse en plusieurs milieux éloignés et différents de langue et d’organisation sociale, il est bien difficile de croire à une transmission d’une pareille promptitude et l’on est obligé de se demander s’il n’y a pas eu sur ces points divers naissance multiple de phénomènes semblables.
Un corps frappe un autre ; à nos yeux, l’effet consiste en un changement dans la position ou le mouvement d’un ou des deux corps.
L’un, Mœnétios, frappé de « la foudre blanche », gisait englouti dans l’Érèbe ; l’autre, Atlas, le dieu-montagne, ployait, à l’occident, sous la voûte du ciel ; Zeus l’avait condamné à porter la Sphère étoilée.
Le luxe s’y joint à la précision ; l’arme frappe et elle étincelle.
Il cherche à frapper quelque grand coup comme à Ulm, et il n’aboutit qu’au combat brillant de Somosierra.
Vers le mois de juillet 1729, un petit abbé bossu et peintre en miniature, l’abbé Bouret, fils d’un trésorier de France à Metz, se présenta deux fois chez Mlle Le Couvreur, et, ne l’ayant pas trouvée, il laissa pour elle une lettre dans laquelle il lui disait qu’il avait des choses importantes à lui révéler, et que, si elle en voulait être informée, elle n’avait qu’à venir le lendemain dans une allée solitaire du Luxembourg qu’il lui désigna ; que là, à trois coups qu’il frapperait sur son chapeau, elle le reconnaîtrait et pourrait tout apprendre de lui.
Une belle ligne me frappe-t-elle, ils la sauront.
En 1834, il avait été très frappé d’un fait qu’il faut l’entendre raconter lui-même, et qui décida de sa poétique future.
Mais si ce détail et cette méthode scientifique laissèrent longtemps à désirer chez Buffon auprès d’un petit nombre d’observateurs avancés, il frappa tout d’abord les esprits par de grandes vues, par les plus grandes qui puissent être proposées à la méditation du physicien philosophe.
Si, par exemple, il accordait tant à la constitution municipale des vieilles cités, s’il croyait à la perpétuité de cette constitution depuis les Romains et à travers les diverses conquêtes, s’il en faisait le pivot de sa théorie politique, c’est que cela s’était passé ainsi à Brignoles et aux environs, dans la Provence ; il transportait involontairement au reste de la France cette forme permanente et latente de constitution dont la tradition locale avait tout d’abord frappé son esprit, l’avait imbu et comme affecté d’un premier amour.
En parlant de Cinq-Mars, elle l’appelle « cet aimable criminel » ; en racontant les disgrâces de ceux que frappe la Fortune, elle s’attendrit sur « tant d’illustres malheureux » ; même jeune, elle regrette légèrement le temps d’autrefois.
Il a la connaissance des hommes et de l’extension morale. » Cette expression heureuse et neuve m’a toujours frappé ; elle s’appliquerait bien à Gourville.
Enfant, dans les voyages presque annuels qu’il faisait à Boulogne-sur-Mer, j’ai eu plus d’une fois le plaisir d’entendre au dessert son odyssée : et, ce qui me frappait déjà chez un homme qu’on était accoutumé à considérer comme un des chefs du parti royaliste et religieux, c’est qu’il ajoutait que dans sa prison, et se croyant à la veille de périr, il avait fait demander et avait lu, comme livre de consolation, les Essais de Montaigne.
Une de ses pensées m’a toujours frappé : « Fontenelle, a-t-il dit, autant au-dessus des autres hommes par son cœur qu’au-dessus des hommes de lettres par son esprit. » Je lis et relis cette pensée, et, me rappelant ce qu’a été Fontenelle, je crois d’abord qu’il faut lire : « Fontenelle autant au-dessous des autres hommes par son cœur que…, etc. » Mais non : il paraît bien que c’est un éloge que Montesquieu a voulu faire de Fontenelle ; il lui reconnaît ailleurs une qualité excellente pour un homme tel que lui : « Il loue les autres sans peine. » Montesquieu admirait réellement en Fontenelle l’égalité, l’absence d’envie, l’étendue et la prudence, l’indifférence même peut-être.
Son livre est rempli de vues élevées ou fines, mais sous forme un peu compacte ; il est fait pour être lu et médité par des hommes de pensée et de réflexion plutôt que par l’ordinaire du public ; il n’a rien qui se détache ni qui frappe ; l’auteur continue d’être abstrait, tout en sentant que l’abstrait ne prend point et n’est pas le plus court chemin pour arriver à l’effet qu’il désire.
Je cours après le temps que j’ai perdu si inconsidérément dans ma jeunesse, et j’amasse, autant que je le puis, une provision de connaissances et de vérités. » Plus tard, bientôt, au lendemain de son avènement au trône, la passion le saisira ; l’amour de la gloire, l’idée de frapper un grand coup au début et de marquer sa place dans le monde le fera, coûte que coûte, guerrier et conquérant ; il semblera oublier ses vœux et ses serments philosophiques de la veille ; il oubliera qu’il vient justement de réfuter Machiavel, il distinguera entre la morale qui oblige les particuliers et celle qui doit diriger le souverain.
En 1595, pendant que Clément VIII, à Rome, frappait solennellement Henri IV de son bâton sur le dos des cardinaux du Perron et d’Ossat, il fit Timon d’Athènes.
Il fait un si grand cas de la force de l’action, qu’il décide qu’un Missionnaire de Village, qui sçait effrayer & faire couler des larmes, frappe bien plus au but de l’éloquence, qu’un Prédicateur dont le style est châtié, & le raisonnement solide, mais dont l’action est languissante.
Ces merveilleuses adaptations nous frappent d’étonnement dans le Pic et le Gui ; elles existent, bien que moins apparentes, dans le plus humble parasite qui s’attache aux poils d’un quadrupède ou aux plumes d’un oiseau, dans la structure du Coléoptère qui plonge sous l’eau, dans la graine ailée que la moindre brise emporte : en un mot, dans le monde organique tout entier, comme en chacun de ses détails nous voyons d’admirables harmonies.
Mais ils y étaient restés frappés de leur barre de bâtardise.
Par un procédé qui lui est particulier, ce creuseur d’idées fait briller l’idée en la creusant, comme on fait jeter du feu à la pierre qu’on frappe.
Pour mon compte, je fus excessivement frappé de cette manière de comprendre le comique.
Qui frapperons-nous de ces flèches étincelantes, dardées d’un cœur ému ?
Quand nous les comparons aux autres charnières de la suite française, un caractère singulier nous frappe. […] La génération qui a vécu cet oubli et cet obscurcissement en reste marquée et frappée. […] Cependant il coule admirablement la maxime, la phrase frappée et frappante, qui reste, circule, se cite. […] La Révolution française, cet événement universel sans commune mesure avec la Révolution insulaire des Anglais, la frappe d’autant plus fort qu’elle était appelée, choisie de Dieu, pour une mission plus grande. […] On est frappé de la fraîcheur allègre avec laquelle l’opinion, le public, se précipitent vers les lettres après la chute du régime militaire.
Ou plutôt encore, on se prend à penser que la critique, presque toujours frappée d’un seul aspect des choses, tantôt trop indulgente aux beautés ou tantôt trop sévère aux défauts, pourrait bien ne pas avoir assez mis en lumière l’intime solidarité qui fait de certains défauts comme le prix convenu dont on payerait de certaines beautés. […] Il le sent, il le sait, il prévoit que nous en rabattrons ; et c’est pourquoi justement il a l’air quelquefois, mais l’air seulement, de frapper si fort. […] L’essentiel, en effet, pour ne pas dire le tout du privilège, à l’origine, était la clause pénale qui frappait d’une amende, selon les cas, plus ou moins considérable, le contrefacteur du livre. […] C’est une raison que j’avais oublié de vous dire et qui peut-être vous frappera. […] Ces cochons privilégiés sont appelés, par les saints personnages auxquels ils appartiennent, des cochons sacrés… Celui qui frapperait un porco sacro ferait un sacrilège.
Ce qui frappe d’abord, et dans le sens précis et violent du mot, celui qui s’en enquiert, c’est leur étrangeté. […] Toutes les fois qu’une personne ne me frappe point par quelque chose de rare dans l’esprit ou les sentiments, je ne la vois pour ainsi dire pas. […] Quelque inique et déraisonnable que soit la mesure qui vous frappe, il faut donc vous y soumettre. » Les hommes, s’ils avaient (mais ils ne l’ont pas), en établissant la démocratie, l’intention de fonder la liberté, se tromperaient donc fort. […] La richesse est de toutes les aristocraties la plus ouverte, la plus mobile et aussi la moins liée ; pour ces raisons, quoique peu aimée, elle est la moins lourde ; le peuple espère y entrer, la voit rentrer dans son sein ; distingue malaisément ses limites, qui, de fait, n’existent pas, ne saura jamais très exactement, quand il voudra la détruire, où frapper. […] Ce qui frappe le plus Proudhon dans la question du travail, c’est ce qu’il a appelé, d’un nom très heureusement imaginé, l’anarchie industrielle.
Dès qu’il énonce, c’est le cas presque à chaque page, quelque réflexion suggérée par la vie, sa phrase se ramasse, se contracte, se durcit comme un muscle qui se tend pour frapper. […] Une baie, où ils furent, dit le chroniqueur, frappés par la clarence de l’air, s’appelle encore aujourd’hui Clarentza. […] III Pour ma part, j’ai été d’autant plus frappé de ce mouvement décentralisateur, et entre autres d’un discours très vigoureux de M. de Marcère, que ces signes de renouveau me sont arrivés hors Paris, au moment même où je visitais quelques-unes des petites villes groupées autour de Florence, Pise, Lucques et Sienne. […] II Un premier caractère frappera tous les lecteurs de ce recueil : la qualité tragique des sujets. […] De toutes les blessures dont avait été frappé ce noble écrivain, celle-là lui était la plus vive : la méconnaissance de sa sincérité religieuse et politique.
J’avais toujours été frappé, quand il m’arrivait de parcourir Pharsamon, par exemple, ou encore le second des romans de Marivaux : les Effets surprenants de la sympathie, d’un certain air de ressemblance vague avec je ne sais quoi de déjà lu. […] Un jour, il l’y surprend ou croit l’y surprendre en conversation adultère avec son intendant ; sans plus d’informations, il assassine ce traître, le pend, par surcroît de vengeance, dans la chambre même où il vient de le frapper ; et, en compagnie du cadavre, il y enferme Mlle Fidert. […] Sainte-Beuve, qui semble avoir été moins frappé de cette sensibilité que de ce grand air de style, a cru que Prévost se rattachait par là à l’école du roman de La Calprenède et de Mlle de Scudéri. […] Dès 1731, Prévost, l’un des premiers, avait été frappé de l’ignorance où nous vivions d’un grand peuple voisin. […] J’en reproduis ici les termes mêmes : « Le 23 novembre 1763, comme il s’en retournait seul à Saint-Firmin, par la forêt de Chantilly, il fut frappé d’une apoplexie subite, et demeura sur la place.
Mais, comme on n’a pas commencé par distinguer entre l’inerte et le vivant, l’un adapté par avance au cadre où on l’insère, l’autre incapable d’y tenir autrement que par une convention qui en élimine l’essentiel, on est réduit à frapper d’une égale suspicion tout ce que le cadre contient. […] Comment n’être pas frappé de ce qu’il y a d’étrange, et même de paradoxal, dans cette faiblesse de la déduction ? […] Mais ils se ressemblent peut-être moins qu’on ne le suppose, Comment n’être pas frappé du fait que l’homme est capable d’apprendre n’importe quel exercice, de fabriquer n’importe quel objet, enfin d’acquérir n’importe quelle habitude motrice, alors que la faculté de combiner des mouvements nouveaux est strictement limitée chez l’animal le mieux doué, même chez le singe ?
Pour moi, ce qui me frappe et me touche le plus dans ce paradoxe d’érudition française, c’est de voir l’homme qui se trouvait assister avec l’écharpe tricolore à la chute de l’ancienne monarchie, celui qui, le 19 Brumaire, suivait comme un volontaire des plus ardents le général Bonaparte à Saint-Cloud, se faire en vieillissant, par choix et par courtoisie, le chevalier d’honneur de Mme de Maintenon, et n’avoir de cesse qu’il ne l’ait reconduite, déjà plus qu’à demi vengée, entre les mains d’un Noailles.
Ce qui nous frappe dans tous les endroits où Montaigne parle de La Boétie, ce n’est pas seulement l’affection, c’est le respect et l’admiration, sentiments que Montaigne, en général, ne prodiguait pas, mais qu’il pousse jusqu’à l’apparence de l’illusion lorsqu’il parle de son ami.
Indépendamment de son caractère propre, les réflexions qu’il fit sur les premiers objets dont il fut frappé contribuèrent beaucoup à la conduite que nous lui verrons tenir.
En définissant le genre de talent de La Motte, il va nous définir une partie de son talent à lui-même, ou du moins de son idéal le plus sévère, tel qu’il le conçoit : L’expression de M. de La Motte, dit-il, ne laisse pas d’être vive ; mais cette vivacité n’est pas dans elle-même, elle est toute dans l’idée qu’elle exprime ; de là vient qu’elle frappe bien plus ceux qui pensent d’après l’esprit pur, que ceux qui, pour ainsi dire, sentent d’après l’imagination.
Son premier étonnement passé, il redevint aisément, le lendemain de sa sortie du ministère, ce qu’il était la veille, un homme studieux, un grand lecteur, l’étant avec délices, faisant de son cabinet son royaume et son monde, et plein de pensées et d’observations sur les livres et sur les choses· En lisant ce qu’il a ainsi écrit pour lui seul et dont on a le recueil depuis 1742 jusqu’en 1756, au milieu des mille variétés de chaque jour, je suis frappé d’une remarque fréquente et suivie, d’une plainte qui revient sans cesse sous sa plume jusqu’en 1750 : elle tient de près à ce que nous l’avons déjà vu dire à propos de son frère sur le genre frivole et léger, sur l’esprit de moquerie et de malice qui détruit tout, et sur l’absence de cœur et d’amour du bien.
Je ne puis résister à vous raconter un trait qui vous fera connaître la vanité de la maréchale, et qui dans le moment me frappa de la manière la plus comique.
Et Sénèque lui-même n’a-t-il pas dit à son jeune ami Lucilius, dans un admirable langage : « Viget animus, et gaudet non multum sibi esse cum corpore ; magnam partem oneris sui posuit ; exsultat, et mihi facit controversiam de senectute : hunc ait esse florem suum… » — « Mon esprit est plein de vigueur, et il se réjouit de n’avoir plus beaucoup à faire avec le corps ; il a déposé le plus lourd de son fardeau ; il bondit de joie, et me tient toutes sortes de discours sur la vieillesse : il dit que c’est à présent sa fleur. » Je trouve dans un livre d’hier, et sur ce même sujet de l’âge, cette autre pensée juste et ferme, et si poétiquement exprimée : Me promenant, par une belle journée d’octobre, dans les jardins de la villa Pamphili, je fus frappé de la beauté merveilleuse d’un grand nombre d’arbres verts que je n’avais point aperçus durant l’été, cachés qu’ils étaient par l’épais feuillage des massifs, alors dans tout l’éclat de la végétation, maintenant dépouillés.
La conversation de Mme de Luxembourg ne pétille pas d’esprit ; ce ne sont pas des saillies, et ce n’est pas même proprement de la finesse ; mais c’est une délicatesse exquise qui ne frappe jamais et qui plaît toujours.
Il me suffira de dire que je n’ai rien vu dans aucun de mes voyages qui m’ait autant frappé.
La vue de Jérusalem, celle de Bethléem surtout, le frappent vivement.
Dans toutes ces lettres une pensée revient et se marque en termes exprès : c’est que ce n’est pas pour une offense ni pour une faute particulière, ni dans un but de châtiment, de correction et d’amendement, que le prince est enfermé, et qu’il ne l’est point, par conséquent, pour un temps limité : « Cette affaire a un autre principe et d’autres racines. » Ce principe, c’est la raison d’État qui frappe un héritier reconnu pour incapable, inepte et indigne, pour incurable, et qui l’interdit à jamais, si elle ne le retranche.
Mais avec Gavarni, quand c’est lui qui baptise, cela sort du jeu ; il frappe sa médaille comme pas un, il bat sa monnaie au bon coin, et elle entre dès lors dans la circulation ; elle court le monde.
Ce n’est pas ce que la plupart y cherchent qui me frappe surtout, quoique l’idée première cependant soit aussi juste que vive.
Il lui tend son épée pour qu’elle le frappe.
Je le louerai sans réserve sur un point : blessé et frappé dans le combat, il s’en est relevé sans rancune apparente, sans amertume.
Si on lit les pièces et relations dans le Recueil de Grimoard, on est frappé du résultat peu décisif de trois attaques meurtrières : on ne délogea l’ennemi qu’à la quatrième.
Prisonnier par accident, enlevé par une guérilla, enfermé, frappé de langueur, mourant après seize mois de misère sur un lit d’agonie, il ne parvenait point à apprendre distinctement son nom à la France et à l’histoire.
Je fus si frappé de ce qu’il dit, que je ne l’ai jamais oublié… » Les phrases de lui que cite Malouet ne ressemblent à celles que je vois citées ailleurs que par le fond de la pensée ; la sténographie, on le sait, était encore dans l’enfance.
Cet acte de vigueur frappa vivement et consterna, paraît-il, les Turcs.
Dans sa Nuit de la garde nationale, on a retenu ces couplets si roulants, si bien frappés : Je pars, Déjà de toutes parts La nuit sur nos remparts, etc., etc.
A rêver quelquefois si je semble occupé, C’est qu’un passage obscur, en lisant, m’a frappé.
Pour me tenir à l’exemple présent de Niebuhr, je suis singulièrement frappé (à ne juger qu’en ignorant et en simple amateur) du résultat final de toute cette guerre sur la première Rome.
Ce qui me frappe surtout dans le cours de l’ouvrage, c’est la quantité d’esprit que l’auteur y a versée, je veux dire la quantité de vues, d’aperçus, d’ouvertures de toute sorte et de rapprochements.
» Mme de Noyon, que frappait une nouvelle perspective, entrait dans cet avis avec une facilité et une satisfaction qui ne semblait en peine d’aucune conséquence ; et Mme de Pontivy elle-même, dans la franchise de son âme, ouvrait la bouche pour dire : « Eh bien !
Il était le public de ses amis, l’orchestre, le chef du chœur qui écoute et qui frappe la mesure.
Il y a là sans doute des mots satiriques, des mots de bourgeois de Paris qui a fréquenté chez Ninon : mais ce qui frappe et qu’on retient le plus, c’est une figure joufflue d’ecclésiastique, un intérieur de chambre confortable, une « cruche au large ventre » que se passent de main en main des chanoines attablés, toute une série de types et de scènes, que le crayon ou le pinceau exprimeraient plus facilement que la plume.
Le Nil, qui sort « de Paradis Terrestre », le miracle de ses crues périodiques, les alcarazas, où l’eau se tient si fraîche en plein soleil, les Bédouins, « laide et hideuse gent », à barbe et cheveux noirs, les Tartares, et les commencements merveilleux à leur puissance, la Norvège et la longueur des jours polaires, trois ménétriers qui jouent du cor et font la culbute, les petites choses comme les grandes, ont frappé Joinville, et viennent après cinquante ans prendre place un peu à l’aventure au milieu des « chevaleries » du roi Louis.
C’est l’occasion pour lui d’écrire un Traité sur la Tolérance (1763) : mais ce livre même n’est qu’un moyen de frapper l’opinion et les juges.
Ceux dont il diffère le plus doivent par là même le frapper davantage.
Octave Feuillet avance dans son œuvre, on dirait que, subissant indirectement, malgré lui et comme par contre-coup, l’influence de l’école naturaliste, il a été pris d’un besoin croissant d’être vrai (ce qui est bien), de frapper fort (ce qui est moins heureux), et aussi, par un mouvement contraire et en manière de protestation, d’un besoin d’être moral (ce qui lui a moins réussi).
Ce qui me frappe d’abord c’est ceci.
Pendant ce temps, d’autres écrivains étaient frappés des illogismes, des timidités, des compromis qui vicient la loi récente.
Certes, la tragédie obtient de la sorte une pureté de lignes, une harmonie d’ensemble, une beauté calme et imposante pareille à celle qui nous frappe dans certaines statues antiques.
Une chose, en effet, qui légitimait cette question, m’avait frappé dans une de ses œuvres les plus magistrales, Tristan et Yseult : c’est que, dans cette œuvre enivrante où l’amour le plus intense n’est dédaigneusement dû qu’à l’aveuglement d’un philtre, — le nom de Dieu n’était pas prononcé une seule fois.
Ils frappaient ainsi deux ennemis à la fois.
Or, par une incroyable faute de logique, l’auteur l’a frappée au seul endroit où elle n’était pas vulnérable.
Pourtant, quand on sort de la compagnie de Huet, on est frappé d’un inconvénient.
Je vois un peu de déclamation dans cette petite pièce et de la faiblesse de pensée : D’un faste qui vous étonne L’exil punit plus d’un grand… D’un palais l’éclat vous frappe, Mais l’ennui vient y gémir… L’ennui bâille plutôt qu’il ne gémit.
D’autres contemporains paraissent avoir été plus frappés de ses défauts : L’abbé Galiani s’en retourne à Naples, écrivait le sage et fin David Hume à l’abbé Morellet ; il fait bien de quitter Paris avant que j’y aille, car je l’aurais certainement mis à mort pour tout le mal qu’il a dit de l’Angleterre.
À considérer les soins extrêmes que prenaient les anciens pour donner à leurs enfants, dès le sein de la nourrice, ce tact fin et ce sens exquis, on est frappé de la différence avec l’éducation moderne.
Mais ce qui me frappe surtout chez Condorcet, et ce qui constitue sa plus grande originalité, c’est l’abus, c’est la foi aveugle dans les méthodes, c’est cette idée, si contraire à l’observation, que toutes les erreurs viennent des institutions et des lois, que personne ne naît avec un esprit faux, qu’il suffit de présenter directement les lumières aux hommes pour qu’à l’instant ils deviennent bons, sensés, raisonnables, et qu’il n’y a rien de plus commun, de plus facile à procurer à tous, que la justesse d’esprit, d’où découlerait nécessairement la droiture de conduite.
Plus il avait vu Mme de La Vallière dans le temps de son noviciat, plus il avait été frappé de sa force et de son essor, de son entier renouvellement de cœur.
Mais quand il parle du grand Rousseau et du grand Buffon, j’aime à l’écouter ; il est bien d’accord avec lui-même, et on sent qu’en les admirant comme il fait, il rend hommage à ce style ample, aisé, développé, lumineux, qui est fait pour atteindre et frapper l’universalité des hommes.
Ce qui nous frappe chez elle à première vue, c’est qu’elle prend tous les personnages de sa connaissance et de sa société, les travestit en Romains, en Grecs, en Persans, en Carthaginois, et leur fait jouer quant aux principaux événements le même rôle à peu près qui leur est assigné dans l’histoire, tout en les faisant causer et penser comme elle les voyait au Marais.
J’ai dit qu’au réveil de la société, les électeurs de l’Eure le portèrent au Conseil des Anciens ; le 18 Fructidor annula son élection, sans le frapper d’ailleurs.
Mais alors, mais dans le moment, Marmont demeura surtout frappé de ce soudain revirement dont il avait été témoin, et de l’inutile danger d’une lutte désespérée : et lui-même ne venait-il pas d’affronter cette lutte et d’en supporter tout l’effort ?
Volney, dans son voyage de Syrie et dans ses excursions au désert, avait été extrêmement frappé des ruines de Palmyre, qui avaient été comme découvertes trente ans auparavant, ou du moins annoncées pour la première fois à l’Europe, par des voyageurs anglais.
Mais l’imprimé ne lui suffira pas : il frappera à une source nouvelle, il ira aux confessions inédites de l’époque, aux lettres autographes, et il demandera à ce papier vivant la franchise crue de la vérité et la vérité intime de l’histoire.
Un autre jour ça ne m’aurait pas frappé, mais aujourd’hui ce portrait de l’autre monde avec son jardin de cimetière, m’a parlé comme un vilain présage.
Il y a de la poésie dans la rue par laquelle je passe tous les jours et dont j’ai, pour ainsi dire, compté chaque pavé, mais il est beaucoup plus difficile de me la faire sentir que celle d’une petite rue italienne ou espagnole, de quelque coin de pays exotique. » Il s’agit de rendre de la fraîcheur à des sensations fanées, « de trouver du nouveau dans ce qui est vieux comme la vie de tous les jours, de faire sortir l’imprévu de l’habituel ; » et pour cela le seul vrai moyen est d’approfondir le réel, d’aller par-delà les surfaces auxquelles s’arrêtent d’habitude nos regards, d’apercevoir quelque chose de nouveau là où tous avaient regardé auparavant. « La vie réelle et commune, c’est le rocher d’Aaron, rocher aride, qui fatigue le regard ; il y a pourtant un point où l’on peut, en frappant, faire jaillir une source fraîche, douce à la vue et aux membres, espoir de tout un peuple : il faut frapper à ce point, et non à côté ; il faut sentir le frisson de l’eau vive à travers la pierre dure et ingrate. » Guyau passe en revue et analyse finement les divers moyens d’échapper air trivial, d’embellir pour nous la réalité sans la fausser ; et ces moyens constituent « une sorte d’idéalisme à la disposition du naturalisme même ».
Le rythme le plus primitif, le simple roulement des coups frappés par nos doigts ou par le tambour, c’est encore le mouvement et la vie, car le rythme est la représentation d’une marche, d’une course, d’une danse, des battements du cœur.
Aucun artiste ne peut ne pas se mettre dans son œuvre ; aucun n’a songé et n’aurait pu parvenir à falsifier cet aspect de sa nature intime qui gît au fond de toute œuvre ; tant qu’ils s’appliqueront à la tâche ardemment poursuivie d’exprimer quelque face nouvelle et poignante du beau, de frapper l’âme humaine en quelque place vierge d’émotion, ils seront empêchés, s’ils veulent atteindre le but, de dissimuler la grandeur, la beauté et l’aspect de leur propre âme, dont la communication même, impudique ou discrète, est la condition de la pénétration de leur œuvre dans l’âme d’autrui.
Son ironie frappait de tous cotés, atteignait Hegel, le roi Louis-Philippe.
Cela est frappé de la foudre.
Le fer libérateur, qui perceroit mon sein, Déjà frappe mes yeux et frémit sous ma main, …………………………………………………… Et puis mon cœur s’écoute et s’ouvre à la faiblesse, Mes parents, mes amis ; l’avenir, ma jeunesse, Mes écrits imparfaits ; car à ses propres yeux.
Le comte de Saint-Germain Depuis longtemps, sa physionomie étrange, extra-humaine, m’avait frappé.
Le craquement d’un meuble, le feu qui pétille, la pluie qui fouette la fenêtre, le vent qui joue sa gamme chromatique dans la cheminée, autant de sons qui frappent encore l’oreille et que le rêve convertit en conversation, cris, concert, etc.
De quoi sont frappés et chagrinés les esprits qui cherchent aujourd’hui leur voie ?
Les idées s’entassent par la foule des objets que l’on voit, et l’esprit s’agrandit par les tableaux qui viennent frapper l’imagination : alors il s’excite une espèce de sève ou de fermentation générale qui anime tout.
Or, ce même soir, tandis qu’il est en chasse, un vieil homme et une vieille femme frappent à la porte du château. […] A la clarté de l’aube, encore incertaine, en approchant du lit, comme il se baisse pour embrasser sa femme, « il sent contre sa bouche l’impression d’une barbe » ; et c’est alors qu’éclatant de colère, il dégaine, frappe, tue son père et sa mère : la prédiction est accomplie. […] « Furieuse, la Dalmate frappa droit devant elle, avec sa paume solide d’écuyère, dans ce mufle de bête méchante ? […] On en peut donner deux très fortes, dont la première est que les mots sont composés de lettres, et que ces lettres forment des sons, et que ces sons frappent l’oreille, et qu’il n’y a pas de commune mesure entre les sensations de l’oreille et celles de l’œil. […] S’il n’est pas de ceux qui laissent un « vide en disparaissant », parce qu’après tout ceux-là seuls vraiment en laissent un qui sont frappés en pleine maturité de l’âge, en plein progrès du talent, en pleines promesses d’avenir, il est de ceux du moins qui laissent après eux, dans l’histoire de la littérature d’un siècle, une trace profondément empreinte.
Ensuite il racontait comment, et quand étaient venus les fils de Rome, bâtisseurs de cités et dictateurs de lois, et Caiüs Calvinus et Caiüs Marius, le grand vainqueur démocratique qui, à Aix, broie sous son char le front d’un monde chauve et derrière lui a enchaîné les rois ; et le tyran qui désole et déflore sa patrie, César, que le destin frappe d’un coup tardif, car, grâce à lui, l’aigle romaine ruée contre sa sœur Marseille abat un peuple valeureux, et par lui la vertu désespère de Dieu ! […] Né d’une famille d’ouvriers, élevé au poste qu’il savait occuper si dignement par son seul mérite, il avait conservé une modestie, une bienveillance, un instinct de serviabilité qui frappaient à première vue. […] Flèche d’or qui frappe d’amour le cœur de la femme, flèche d’argent qui siffle les misères des humains, flèche d’acier qui occit les tyrans, le Carquois est formé de près de trois cents sonnets dont cinquante au moins ne seraient déplacés dans l’œuvre d’aucun des maîtres contemporains. […] Frappons nos amis politiques, bousculons nos gouvernants qui n’en peuvent mais. […] — Malandran, mon ami, frapper tes enfants est affreux !
Que si maintenant l’une des plus cruelles déceptions qui puissent atteindre un grand agitateur est de devenir l’hérétique du parti qu’il a lui-même constitué ; de voir en quelque sorte son œuvre le renier ; et l’arme enfin qu’il avait forgée servir à le frapper, on sait quand et comment Lamennais l’éprouva. […] Mais c’est aussi le frapper aux sources de l’inspiration et les faire jaillir : Ô drapeaux du passé, si beaux dans nos histoires, Drapeaux de tous nos preux et de toutes nos gloires Redoutés du fuyard, Percés, troués, criblés, sans peur et sans reproche, Vous qui dans vos lambeaux mêlez le sang de Hoche Et le sang de Bayard. […] Sa fille l’accompagne, une enfant de neuf ans, dont la ressemblance avec une sœur de Francis Nayrac a frappé d’abord les yeux de mademoiselle Scilly. Cette enfant, Francis veut la voir ; et cette ressemblance à son tour le frappe, ou plutôt l’étonne, le fascine en quelque sorte, et le cri sourd de la voix du sang s’éveille aussitôt dans son cœur. […] Je regrette pourtant, — et je ne crois pas être le seul, — que, pour nous mieux faire sentir cette ressemblance avec la vie, l’auteur de l’Histoire du peuple d’Israël abuse de certains procédés et de certains rapprochements, dont je dirais volontiers qu’ils sont d’un goût parfois assez douteux, si je n’étais encore plus frappé de ce qu’ils ont d’excessif, et, conséquemment, d’illusoire ou de faux.
Chaque année, les amis qui venaient l’entendre en Sorbonne remarquaient en lui un progrès dont ils étaient frappés : il gagnait à mesure en simplicité, en lumière, en fermeté ; ce qu’il y avait d’oratoire dans sa nature se déployait là, en s’épurant ; sa piété vive et studieuse pour ses modèles, pour Bossuet surtout, l’a plus d’une fois bien inspiré. […] Il le rappelait assez ingénument lorsque, présentant le premier de ces deux volumes au concours de l’Académie et ayant cru devoir faire visite à quelques-uns de ses juges, il écrivait : « (31 décembre 1866.)… J’ai profité de l’intervalle de mes leçons pour aller frapper aux portes ; mais Bossuet m’a jusqu’à présent porté bonheur.
Malherbe ne le sentit pas ; il ne s’attacha pas à la prendre dans sa verte tige, sauf à l’émonder et à la corriger ; il ne se dit pas : « On fait une maison, mais on ne fait pas un arbre vert, on ne fait pas une poésie… » La sienne resta donc toujours marquée et frappée d’une sécheresse native, d’une demi-stérilité ; à côté d’un fier rameau qui se couronnait de verdure, tout à côté il y en avait un autre de sec et de mort. […] Rendre justice aux adversaires, se souvenir qu’ils sont des Français lorsqu’eux-mêmes l’oublient, les admirer pour leur vertu égarée, désespérée, parler de clémence au moment où il ne s’agit que de frapper, ce n’est le fait ni d’un soldat, ni d’un poëte, ni même, je le dirai, d’un contemporain.
Frappé vivement des objets, il les rend comme la glace d’un miroir les réfléchit, sans ajouter, sans omettre, sans rien changer. » Voilà l’idéal primitif du bien-dire parmi les femmes du xviiie siècle, au moment où elles se détachent du pur genre de Louis XIV. […] Mme du Deffand portait plus de feu, plus d’imagination dans le propos ; pourtant chez elle, comme chez Mlle De Launay, comme chez d’autres encore, ce qui frappe avant tout, c’est le tour précis, l’observation rigoureuse, la perfection juste, ni plus ni moins.
Les coups que frappe le premier sont plus soudains et plus forts ; le second, en préparant les siens, en affaiblit l’effet sur l’imagination, mais il les rend plus sensibles pour la raison. […] La fière Hermione frappe ouvertement Pyrrhus avec le bras d’Oreste.
Nos Français qui en ce moment découvrent l’Angleterre en sont frappés. « En France, dit Montesquieu, je fais amitié avec tout le monde ; en Angleterre, je n’en fais à personne. […] La chaire avait le sans-façon et la rudesse du théâtre, et, dans cette peinture des braves gens énergiques que le monde taxe de mauvais caractères, on retrouvait la familiarité âcre du Plain-Dealer. « Certainement il y a des gens qui ont une mauvaise roideur naturelle de langue, en sorte qu’ils ne peuvent point se mettre au pas et applaudir ce vaniteux ou ce hâbleur qui fait la roue, se loue lui-même et conte d’insipides histoires à son propre éloge pendant trois ou quatre heures d’horloge, pendant qu’en même temps il vilipende le reste du genre humain et lui jette de la boue. — Il y a aussi certains hommes singuliers et d’un mauvais caractère qu’on ne peut engager, par crainte ni espérance, par froncement de sourcils ni sourires, à se laisser mettre sur les bras quelque parente de rebut, quelque nièce délaissée, mendiante, d’un lord ou d’un grand spirituel ou temporel. — Enfin il y a des gens d’un si mauvais caractère, qu’ils jugent très-légitime et très-permis d’être sensibles quand on leur fait tort et qu’on les opprime, quand on diffame leur bonne renommée et quand on nuit à leurs justes intérêts, et qui par surcroît osent déclarer ce qu’ils pensent et sentent, et ne sont point des bêtes de somme pour porter humblement ce qu’on leur jette sur le dos, ni des épagneuls pour lécher le pied qui les frappe et pour remercier le bon seigneur qui leur confère toutes ces faveurs d’arrière-train835. » Dans ce style saugrenu, tous les coups portent : on dirait un assaut de boxe où les ricanements accueillent les meurtrissures. […] Ils sont déchaînés, ils se livrent, ils se lancent, et s’ils se contiennent, ce n’est que pour frapper plus impitoyablement et plus fort.
Il n’y a pas de poésie sans une certaine musique verbale, d’ailleurs si particulière que peut-être vaudrait-il mieux l’appeler d’un autre nom ; et dès que cette musique frappe des oreilles faites pour l’entendre, il y a poésie. […] Ce qui me frappe plus encore peut-être, est de voir à quel point s’est développée chez nous l’intelligence des choses poétiques. […] Il veut, bon gré mal gré, s’unir au concert qu’il n’entend pas ; il crie, il frappe son épais tambourin ; il fait tant de bruit que les invisibles musiciens s’évanouissent.
Nos premiers méthodistes qui vivoient dans un tems où l’on ne voyoit que par les yeux d’autrui, & où l’autorité des anciens tenoit lieu de raisons, frappés de ces passages, n’ont pas même soupçonné que Scaliger & Priscien se fussent trompés.
Nous portions une plaie à chaque endroit sensible, Et l’aveugle Hasard savait où nous frapper. […] Elle était jeune encore lorsqu’en 1801 un mal mortel la frappa. […] Au coup de minuit, un squelette frappa à la porte du manoir et mit les valets en fuite. […] Au coucher du soleil, il frappait à la porte de son château. […] Il avait soumis l’Arménie, la Mésopotamie, passé le Tigre et pris Ctésiphon quand il fut frappé mortellement d’une flèche au foie.
Un paysage, par exemple, frappe et conquiert d’abord par la sévérité ou l’inflexion douce de ses lignes. […] Descriptions lyriques et invocations au Saint et à la Vierge sont amenées un peu comme des cavatines ; aussi c’est en chœur que les enfants prient, et quand ils frappent à la porte de Cagnard, c’est toute une chanson qu’ils lui disent en chœur pour montrer leur gentillesse, et obtenir que l’huis s’ouvre. […] Cette apathie même excite la colère du maître cuisinier Ansaïs, qui se dit qu’avec une telle chiffe on peut bien aller jusqu’à la voie de fait et qui le frappe au visage. […] Rainouart a fort frappé, le tinel a fait merveille ; mais Rainouart se souvient que tous ceux qu’il a navrés, ce sont les siens, et une grande tristesse le prend. […] Et puis le paysage s’anime : des revenants, qui ont été des âmes tendres et généreuses, des maisons fermées le frappent.
Il ne sait que crier comme un sourd, et frapper (non pas sur sa femme, mais sur son domestique en présence de sa femme pour inspirer à celle-ci de salutaires réflexions), comme M. […] Le grand prêtre prépare l’acte décisif, arme ses partisans, frappe les esprits par des paroles enflammées et une mise en scène qui ébranle les imaginations, et dresse un piège : attirer la reine avec une faible escorte dans le temple et la massacrer. […] S’il songe à quelque chose, c’est à l’ingratitude d’Athalie, qu’il a toujours fidèlement servie, et qui le frappe sans raison. […] Son talent d’homme d’État est fait d’une connaissance très pénétrante des hommes, de l’art de se taire, de l’art de faire parler, et de l’art de frapper fortement les imaginations ; et à ce talent contribue précisément, au lieu de le gêner, son âme de prophète et d’inspiré. […] Joad, à un degré supérieur, a le grand art du remueur d’hommes, l’art de frapper puissamment les imaginations.
Elles sont à la gauloise, sans cérémonie aucune, à des amis avec qui il pense tout haut et à qui il raconte ses affaires, celles de la Faculté, les nouvelles de la ville, les curiosités du monde savant, les livres qui s’impriment, les meurtres et assassinats qui se commettent, les exécutions, les faits de tout genre tels qu’ils le frappent et qu’ils lui arrivent : « Vous voyez que je n’y mets aucun soin de style et d’ornement, dit-il, et que je n’y emploie ni Phœbus ni Balzac. » Le premier mot qui lui vient, français ou latin, est celui qu’il écrit ; c’est souvent un gros mot, et quelquefois un bon mot ; mais cela vibre toujours et a de l’accent.
Je me trouve naturellement conduit à traiter de ce qui me frappe avant tout, dans cette carrière qui nous est désormais commune, et de ce qu’il nous importe le plus de bien fixer.
Quand on vient comme moi de relire tant de pages que le temps a déjà fanées et qu’on sort de tous ces noms qui circulaient alors et qui signifiaient quelque chose, Basnage, l’abbé Le Clerc, Sorbière, Bouhier lui-même, Bayle, une tristesse vous prend, et je suis frappé de ceci : c’est qu’il n’en est pas un seul dont j’osasse conseiller aujourd’hui à mes propres lecteurs la lecture immédiate et pour un agrément mêlé d’instruction ; car tout cela est passé, bon pour les doctes et les curieux seulement, pour ceux qui n’ont rien de mieux à faire que de vivre dans les loisirs et les recherches du cabinet.
Le chevalier leva sa canne, ne le frappa pas et dit qu’on ne devait lui répondre qu’à coups de bâton.
On le verrait, sur le conseil de son ami l’abbé Tesseyre, entreprenant sans goût et presque à contre-cœur son livre de l’Essai sur l’Indifférence (1817), écrivant, sans en prévoir l’effet, ce premier volume, sa plus éloquente philippique, sa catilinaire religieuse qui le bombarda d’emblée à la célébrité, — à la célébrité catholique, comme dix-sept ans plus tard les Paroles d’un Croyant le bombardèrent d’emblée à la popularité démocratique, — et dont l’abbé Frayssinous disait : « Cet ouvrage réveillerait un mort. » Remarquez que, moins il était sûr et satisfait de lui, et plus il frappait fort sur les autres.
J’ai été frappé dans la préface du Vicaire des Ardennes de ce que l’auteur annonce délibérément au public qu’ils ont longtemps à se voir et à se connaître l’un l’autre, ayant, dit-il, trente ouvrages consécutifs à faire paraître.
C’était prendre une voie bien indirecte, on l’avouera, pour reconstruire ces illusions ; c’était frapper trop fort afin qu’on lui dît : N’allez pas si loin.
Diane montre pour les maux des humains toute la pitié qui est compatible avec son essence divine ; mais il y a néanmoins dans ses paroles je ne sais quelle empreinte d’une sérénité céleste… Il faudra bien convenir ici que les Anciens ont quelquefois deviné les sentiments chrétiens, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus aimant, de plus pur et de plus sublime dans l’âme. » En adhérant aux observations exquises de l’excellent critique, j’avouerai pourtant qu’une chose m’a frappé, au contraire, en lisant ce morceau, en assistant à cette intervention compatissante de la plus chaste des divinités : c’est combien on est loin encore du christianisme, je veux dire du Dieu fait homme et mort pour tous.
L’écrivain perd le droit de mettre en tête et en vedette l’objet ou le trait qui le frappe le plus vivement et d’abord : le cadre est fait, les places sont désignées d’avance.
Elle la possède donc encore lorsqu’elle est précédée de ses antécédents normaux ; par conséquent, lorsque la tête de mort est réelle et présente, lorsqu’un faisceau de rayons gris et jaunâtres en rejaillit pour aller frapper la rétine, lorsque cette impression de la rétine est propagée le long des nerfs optiques, lorsque l’action des centres sensitifs y correspond, la sensation visuelle ainsi provoquée donnera naissance au même fantôme interne, et le simulacre de tête de mort, qui se produit en nous pendant l’hallucination proprement dite, se produira aussi en nous pendant la perception extérieure, avec cette seule différence que, dans le premier cas, la main, tout autre sens, tout autre observateur appelé à vérifier notre jugement affirmatif, le démentira, tandis que, dans le second, la main, tout autre sens, tout autre observateur appelé à vérifier notre jugement affirmatif, le confirmera ; ce que nous exprimons en disant, dans le premier cas, que l’objet n’est qu’apparent, et, dans le second cas, qu’il est réel.
« Car, disait Longin traduit par Boileau, lorsqu’en un grand nombre de personnes différentes de profession et d’âge, et qui n’ont aucun rapport ni d’humeurs ni d’inclinations, tout le monde vient à être frappé également de quelque endroit d’un discours, ce jugement et cette approbation uniforme de tant d’esprits, si discordants d’ailleurs, est une preuve certaine qu’il y a là du merveilleux et du grand. » Quand à la diversité des âges, des humeurs et des professions s’ajoute celle des races, des époques et des mœurs, l’uniformité d’approbation sera une marque bien plus certaine et plus indubitable encore de l’excellence des ouvrages.
Mais il fut frappé plus encore du développement scientifique que de l’activité littéraire : sa curiosité vola de tous côtés, se portant de Newton à l’inoculation.
Mais, en feuilletant cette encyclopédie du théâtre, j’ai été frappé de l’abondance des vues de détail et de l’unité de la méthode.
Remarquons encore qu’il y a dans toutes un trait qui frappe et qu’on n’oublie plus : trouver le trait qu’il faut, c’est là le problème à résoudre.
Les mêmes choses pouvaient être dites plus fortement ; mais ce qui était à dire est dit, et si le lecteur n’est pas frappé, du moins il n’est pas mal informé.
Car, lorsqu’on passe des anciens aux modernes, la première différence qui frappe est l’envahissement de la littérature par l’amour.
L’influence personnelle de Bentham y frappe tout d’abord ; et on peut dire que parmi les nombreux disciples qu’il a laissés en Angleterre, Mill apparaît simplement comme le plus systématique.
Nous sommes plus éclairés, dit-on, depuis qu'on a tout soumis au creuset de la Philosophie ; mais ces prétendues lumieres dont on se glorifie, ne sont-elles pas comparables aux flammes d'un incendie, qui ne frappent la vue que pour mieux découvrir leurs ravages ?
Ce coffret contient un million en or vierge, frappé tout exprès pour elle.
ouvrez la préface de La Monarchie selon la Charte dans l’édition de 1827 ; il y disait, laissant échapper le ressentiment dont il était plein : En me frappant, on n’a frappé qu’un dévoué serviteur du roi, et l’ingratitude est à l’aise avec la fidélité ; toutefois, il peut y avoir tels hommes moins soumis et telles circonstances dont il ne serait pas bon d’abuser : l’histoire le prouve.
Il avait, a dit de Bussy sa compatriote et son émule en satire, Mme Du Deffand, il avait beaucoup d’esprit, très cultivé, le goût très juste, beaucoup de discernement sur les hommes et sur les ouvrages, raisonnait très conséquemment ; le style excellent, sans recherche, sans tortillage, sans prétention (il y aurait bien ici quelque chose à contester) ; jamais de phrases, jamais de longueurs, rendant toutes ses pensées avec une vérité infinie ; tous ses portraits sont très ressemblants et bien frappés.
Nous frappons à la porte, et nous trouvons, dans une loge toute noire, les deux femmes qui nous attendent, lumineusement blanches, en une pénombre de crépuscule.
Nulle flamme dans Karamsin, point de verve, un enthousiasme engourdi, des apothéoses grisâtres, une bonne volonté frappée de congélation, des caresses qui ont l’onglée.
Les caractères en sont bien frappés & bien soutenus.
Il y a un soldat de moins dans la file : on serre les rangs ; le coup qui l’a frappé n’a rien de très effrayant pour les autres.
Le fouet qui frappe de lui-même. — Cf.
Cela frappe le bon ouvrier, lui inspire la sorte de considération qu’il éprouve à l’usine pour les connaissances de l’ingénieur.
L’importance de ces deux faisceaux de volonté et d’action, si différents de forme et si profondément unis dans l’âme, me frappe singulièrement.
En fait, qu’un petit employé de commerce devienne premier ministre, ou le fils d’un tonnelier général en chef, de pareilles « ruptures de ban » frappent les esprits, et les préjugés aristocratiques ne peuvent manquer d’en être ébranlés.
Les historiens frappés de l’éclat des entreprises navales des temps héroïques, n’ont point remarqué les guerres de terre qui se faisaient aux mêmes époques, encore moins la politique héroïque qui gouvernait alors la Grèce.
Avant-Propos Dans un précédent volume, portant le même titre que celui-ci, j’ai étudié les philosophes politiques qui, de 1800 à 1840 environ, ont analysé l’âme de ce pays et ont essayé de se rendre compte de ses tendances ; qui, frappés du développement de l’Individualisme sous ses deux formes parallèles et contradictoires, à savoir libéralisme et démocratisme, ont, tous, chacun avec sa conception particulière et sa méthode propre, essayé, soit de lutter contre l’une et l’autre de ces deux formes du même sentiment (De Maistre et De Bonald), soit de s’appuyer sur l’instinct de liberté pour réprimer ou endiguer l’instinct démocratique (Staël, Constant, Royer-Collard, Guizot). […] Dans les deux cas, elle ne frappe que les corps et laisse libres ou rend libres les âmes. […] Il est frappé, ce qui peut surprendre de la part d’un homme qui écrit au lendemain de la Révolution et de l’Empire, du grand sentiment « d’humanité » qui s’est emparé depuis quelque temps des esprits et des cœur. […] Cette division les frappe comme une infériorité de notre part, elle est, pour notre monde chrétien, le défaut de la cuirasse.
Combien de textes ont été, pendant longtemps, dédaignés, qu’un changement de point de vue ou de nouvelles découvertes ont brusquement mis en relief : « Toute exclusion est téméraire : il n’y a pas de recherche que l’on puisse décréter par avance frappée de stérilité. […] Quiconque, lisant un texte, n’est pas occupé exclusivement de le comprendre, arrive forcément à le lire à travers ses impressions134 ; dans le document il est frappé par les phrases ou les mots qui répondent à ses propres conceptions ou s’accordent avec l’idée a priori qu’il s’est formée des faits ; sans même s’en apercevoir, il détache ces phrases ou ces mots et en forme un texte imaginaire qu’il met à la place du texte réel de l’auteur135. […] Mais les historiens n’ont pas cette discipline ; habitués à imiter les artistes, beaucoup ne pensent pas même à se demander ce qu’ils cherchent : ils prennent dans les documents les traits qui les ont frappés, souvent pour un motif personnel, les reproduisent en changeant la langue et y ajoutent les réflexions de tout genre qui leur viennent à l’esprit. […] Ainsi l’histoire scientifique peut reprendre, pour les utiliser dans l’étude de l’évolution, les accidents que l’histoire traditionnelle avait recueillis par des raisons littéraires, parce qu’ils frappaient l’imagination. […] Mais, par une métaphore naturelle, les spécialistes, frappés de la régularité de ces successions, ont regardé l’évolution des usages (d’un mot, d’un rite, d’un dogme, d’une règle de droit) comme un développement organique analogue à la croissance d’une plante ; on a parlé de la « vie des mots », de la « mort des dogmes », de la « croissance des mythes ».
Mais tout l’intervalle a reçu sa marque ; il a frappé la littérature française à son effigie, et cette monnaie circule toujours. La grandeur de ce rôle est incomparable, et peu importe vraiment que, parmi tant de têtes, quelques-unes aient été manquées à la gravure ou écrasées à la frappe. […] Cette constatation banale que le même événement douloureux n’affecte pas avec la même intensité deux personnes qu’il frappe avec la même force extérieure, c’est de l’idéalisme. […] « Je mis, raconte Gœthe, mes livres de côté ; je me plaçai en face de la nature ; un squelette d’animal, avec ses détails infinis, était devant moi sur ses quatre pieds ; je me mis à l’étudier, en commençant par le commencement, par la tête ; l’os intermaxillaire me frappait les yeux le premier de tous, je l’examinai dans les différentes classes animales. » Il fit de cet os une quantité de dessins qui furent accueillis plus tard dans les Mémoires de l’académie Léopoldine de Bonn ; Camper, à qui il les envoya, lui fit des compliments, mais ne parla point de l’os intermaxillaire ; son siège était fait. […] L’un des vieux mots qu’il recommande, asséner (frapper), est rentré dans la langue ; un autre, isnel (léger), n’a pu se faire reconnaître, malgré que du Bellay ait lui-même donné l’exemple de son emploi ; Dieu leur a donné des aisles Qui sont bien assez isnelles Pour voler jusques aux cieux.
L’esprit est toujours frappé fortement par un contraste. […] C’est cette différence qui tout d’abord frappe l’esprit du spectateur dès que la toile se lève et avant même que l’action commence. […] Cette idée, d’ailleurs, naît en nous, comme toute idée, par la réunion des caractères communs qui nous frappent dans ce grand nombre d’exemplaires. […] Quand il entre en scène, on est frappé de l’aspect magnifique de son costume, surtout de ses cnémides brillantes et de son casque à cimier que surmonte un panache éclatant. […] En un mot, elles sont frappées de l’action tragique et en sont impressionnées comme elles le seraient d’un drame de cour d’assises.
On se moque de ceux qui la frappent au pas du cheval, ou le cheval étant arrêté. Le jeu veut qu’on ne la frappe qu’au galop, et les bons joueurs sont ceux qui, en courant à toute bride, savent renvoyer d’un coup sec une balle qui vient à eux.
Si une douzaine environ de genres d’oiseaux étaient éteints ou inconnus, qui oserait s’aventurer jusqu’à soutenir qu’il en peut exister qui se servent de leurs ailes seulement en guise de rames pour frapper la surface de l’eau, comme le Microptère d’Eyton (Micropterus brachypterus, Anas brachyptera ou Brevipenne stupide), qui les emploient en guise de nageoires dans l’eau et de pieds antérieurs sur terre, comme le Manchot (Aptenodytes), ou en guise de voiles comme l’Autruche, et enfin qui n’en font aucun usage, comme l’Aptéryx. […] Souvent elle tue de petits oiseaux en leur assénant de vigoureux coups de becs sur la tête, exactement comme la Pie-Grièche (Lanius), et bien des fois je l’ai entendue frapper à coups redoublés des graines d’if contre une branche, et les briser ainsi, comme ferait le Casse-Noix (Nucifraga caryocatactes).
Tous demandaient à mourir, et aucun ne voulait frapper. […] ” Et l’autre répondait : “J’ai moins d’années à vivre : frappe au cœur, et n’y pense plus !” […] Puis il souffrait déjà des suites de la même maladie qui frappa Baudelaire, Nietzsche, Jack London ; chez les artistes, les hommes d’imagination, il arrive que les prodromes de ces accidents, qui doivent un jour les faire sombrer dans de tristes ténèbres, produisent d’abord une excitation singulière, heureuse. […] C’est elle qui, par son originalité et par son acuité, frappe d’abord notre attention. […] Je ne connais pas beaucoup de pages dans notre littérature de fiction, qui rende le son pur, le son d’un verre en cristal frappé par une lame d’argent, de la fin de Donatienne et des cent cinquante premières pages de L’Isolée.
Alors il enferme les anciens dans sa bibliothèque, il jette par-dessus bord les figures clichées du théâtre italien et choisit même la prose en lieu et place du langage obligatoire des vers ; puis, avec une hardiesse dont ses contemporains n’ont pu revenir de longtemps, il peint tous les travers qui le frappent dans cette vie de Paris : les modes excentriques, la prétention dans le langage, bref, toute cette éducation faussée qui dominait alors. […] Cette vengeance posthume eût d’ailleurs frappé Molière au cœur s’il avait pu prévoir qu’un tel homme lui succéderait. […] On éprouve une certaine tristesse à feuilleter ces pages vénéneuses et à se dire que chacun des traits empoisonnés qu’elles contiennent allait frapper le pauvre Molière en plein cœur. […] « Mais ce qui n’a été remarqué par aucun commentateur et ce qui m’a frappé à la lecture, c’est que ce vers, et même la finale du précédent, se retrouvent mot pour mot dans la 6e scène du 5e acte de Sertorius de Pierre Corneille. — Il est très probable que Molière, qui jouait le rôle d’Arnolphe, a reproduit cette apostrophe véhémente pour imiter ou même parodier le comédien du théâtre du Marais qui y faisait effet.
Quand il récitait de ses propres vers, une haute émotion faisait vibrer tout son être, superbe, et allait frapper ses auditeurs d’une sympathie irrésistible. […] Mais quelques esprits délicats de nos jours, heurtés par le côté bassement matériel de l’amour, par le prosaïsme des rapports journaliers, frappés de l’incomplet des formes féminines, du manque d’esthétique de leur amitié toujours peu sûre, ont jugé que la passion ordinaire ne pouvait jamais atteindre à ce haut point de désintéressement où se joue l’amitié entre hommes. […] Cette dernière ville, proverbialement ville d’affaires, noire et splendide, un Lyon en plus grand, me frappa par son manteau de fumée et ses larges promenades sur les bords d’une rivière encaissée. […] Et vous serez, je ne dis pas frappés, ni surpris, ni étonnés, — mais charmés du ton du livre.
Mais cette crise devait frapper de langueur les frivoles divertissements de la scène : aussi lui fallut-il quitter Paris pour aller, avec sa troupe, tenter une fortune lointaine. […] Molière décida qu’il fallait conserver la première façon : Elle est, lui dit-il, la plus naturelle ; et il faut sacrifier toute régularité à la justesse de l’expression ; c’est l’art même qui doit nous apprendre à nous affranchir des règles de l’art. » Boileau, frappé de la justesse de l’observation, la mit en vers dans le quatrième chant de l’Art poétique : Quelquefois, dans sa course, un esprit vigoureux, Trop resserré par l’art, sort des règles prescrites, Et de l’art même apprend à franchir les limites. […] « Molière, dit Boileau, lui lisait quelquefois ses comédies ; et il m’assurait que lorsque des endroits de plaisanterie ne l’avaient point frappée, il les corrigeait, parce qu’il avait plusieurs fois éprouvé, sur son théâtre, que ces endroits n’y réussissaient point. » Par le même motif il exigeait des comédiens, lorsqu’il leur soumettait ses pièces, qu’ils amenassent leurs enfants « pour tirer des conjectures de leurs mouvements naturels ». […] Mais, frappé des travers sans nombre qu’il remarquait dans les gens de cour, il résolut de les mettre en scène.
Pour le sens commun, qui se marque à l’usage courant de la langue, la réalité c’est ce qui frappe le plus souvent et comme assidûment nos regards. […] Il n’est pas l’homme qui jette de tous côtés avec promptitude des regards exercés et puissants ; il est l’homme qui, frappé d’un certain fait, le creuse et le scrute avec patience pour remonter à ses origines, quitte à redescendre ensuite à ses conséquences. […] Marivaux a été frappé d’un trait du caractère féminin, l’amour-propre dans le désir de plaire. […] Origine des sociétés (lettre XCIV), monarchie, et comment elle dégénère soit en république, soit en despotisme (lettre CII) ; périls des gouvernements sans pouvoirs intermédiaires entre le roi et le peuple (lettre CIII) ; ces grandes affaires sont indiquées d’un trait rapide, mais qui frappe et fait réfléchir. […] J’ai deux lecteurs : l’un certainement va me répondre oui, l’autre non, selon le livre de Voltaire, Mondain ou Candide, qui l’aura le plus frappé.
On sourira peut-être aussi parce que cette malédiction frappe, après la chute, le maréchal d’Ancre, que Malherbe avait loué dans la prospérité. […] Platon note dans le Phèdre que le poète Stésichore, ayant offensé la mémoire d’Hélène, fut frappé de cécité et ne réchappa de ce châtiment céleste, qu’en chantant la palinodie. […] La différence du vers à la prose frappe toujours moins dans une langue étrangère, si bien qu’on la sache. […] Le vieux Léon Nicolaïevitch frappe comme un sourd ou un fanatique. […] J’en fus si frappé que je n’hésitai pas à l’acheter moyennant 2 fr. 75 c., et j’avais peut-être cent sols pour mes menus plaisirs de la journée.
Un orateur énergique et impérieux, qui frappe et qui convainc plus qu’il ne persuade et qu’il n’enlace. […] Il s’agit, pour les faire marcher jusqu’au bout, de leur frapper l’imagination. […] « Et il faut aussi frapper leurs yeux… Il faut couronner Joas. […] je dirais à mon fils, naïf collégien très fort en thème : Tu vois bien ces demoiselles qui ont des diamants, ce sont des diables… elles ont des cornes… on ne les voit pas… mais elles en ont, etc., etc… » Voilà le ton. ) Il ne s’agit que de frapper fort. […] (Elle frappe la terre de ton bâton).
On peut dire que la tragédie chez l’un prend les formes d’une statue qui frappe par la fierté, la hardiesse de ses proportions ; que chez l’autre, c’est un tableau dont l’expression tendre, délicate, naturelle, animée, charme les yeux et touche le cœur. […] Cela donna lieu aux vers suivants : Quel spectacle louchant a frappé mes regards, Quand sous le nom de Bérénice, Gaussin de son amant déplorait l’injustice ! […] L’hôte, qui avait déjà été frappé de la physionomie et de la distraction de notre poëte, crut devoir porter cet écrit au commissaire du quartier, qui lui dit que si l’inconnu revenait manger chez lui, il ne manquât pas de le faire avertir.
— s’écria-t-il — (et à ces mots le piano fit résonner ses plus retentissants accords, comme pour annoncer la venue d’un personnage surnaturel) — tout à coup, on frappa rudement à la porte ! […] Ce fut alors que, ne pouvant rien contre cette détermination de son compagnon d’orgie, l’ami qui avait encore plus de tête que de jambes, frappa à coups redoublés contre une porte au-dessus de laquelle il avait lu, tant bien que mal : Commerce d’épiceries. […] Un jour qu’il faisait secrètement poser sa maîtresse pour une composition destinée au salon de 1837, on frappe vigoureusement à sa porte.
Courbet ; mais, quand on prend parti avec tant d’emportement, on s’inquiète de frapper fort avant de s’inquiéter de frapper juste. […] L’indifférence des croque-morts, leur trogne rouge, à désespérer Grassot et, par-dessus tout, la laideur impossible de tous les assistants, sans en excepter aucun9, voilà tout ce qui me frappe dans ce premier coup de canon.
Au contraire, lorsque j’allai voir l’abbé Lacordaire qui était dans une chambre au premier étage, je fus frappé du contraste ; celui-ci ne parlait qu’avec une extrême réserve et soumission des mécomptes qu’ils avaient éprouvés, et il employa notamment cette comparaison du grain « qui, même en le supposant de bonne nature, a besoin d’être retardé dans sa germination et de dormir tout « un hiver sous terre » : c’est ainsi qu’il expliquait et justifiait, même en admettant une part de vérité dans les doctrines de l’Avenir, la sévérité et la résistance du Saint-Siège.
» Il aurait voulu tomber frappé d’une balle.
« Quant à l’homme qui tombe aujourd’hui, écrivait-il en mars 1814, j’ai publié quatorze volumes sous son règne, presque tous avec le but de combattre son système et sa politique, et sans avoir à me reprocher ni une flatterie ni même un mot de louange, bien que conforme à la vérité ; mais au moment d’une chute si effrayante, d’un malheur sans exemple dans l’univers, je ne puis plus être frappé que de ses grandes qualités. » Et dans une page mémorable où l’éloquence de l’âme se fait sentir, il balance ces hautes qualités et les énumère.
Du Bellay a quelques-uns de ces sonnets définitivement frappés : celui-là en est un111.
Il y avait dans la maison d’à côté trois vieilles filles nobles qui venaient chaque après-midi faire la partie de quadrille, averties de l’heure précise par un double coup de pincettes que mademoiselle de Boisteilleul frappait sur la plaque de la cheminée.
Ce qui l’a frappé avant tout dans Mirabeau, c’est le contraste de cette jeunesse persécutée, flétrie, verrouillée, et de son merveilleux avénement politique ; c’est le contraste de cette vie si dure de tribune et de combats journaliers avec l’inauguration unanime d’un cercueil : ce qu’il a épousé tout d’abord dans Mirabeau, c’est la question personnelle94 du génie, du génie méconnu, du génie envié et du génie triomphant : « Grands hommes, voulez-vous avoir raison demain ?
C’est une rétractation partielle, une rectification de ce que j’avais écrit précédemment dans un article du Globe, dont je reproduis ici le début : « Il y a dans Werther un passage qui m’a toujours frappé par son admirable justesse : Werther compare l’homme de génie qui passe au milieu de son siècle, à un fleuve abondant, rapide, aux crues inégales, aux ondes parfois débordées ; sur chaque rive se trouvent d’honnêtes propriétaires, gens de prudence et de bon sens, qui, soigneux de leurs jardins potagers ou de leurs plates-bandes de tulipes, craignent toujours que le fleuve ne déborde au temps des grandes eaux et ne détruise leur petit bien-être ; ils s’entendent donc pour lui pratiquer des saignées à droite et à gauche, pour lui creuser des fossés, des rigoles ; et les plus habiles profitent même de ces eaux détournées pour arroser leur héritage, et s’en font des viviers et des étangs à leur fantaisie.
Il sait la mesure qu’il faut tenir et le point où il faut frapper.
Si le livre pouvait parler et répondre, je ne sais s’il se trouverait aussi satisfait et se louerait si fort de cette législation qui a permis, il y a peu d’années encore, de l’atteindre et de le frapper dans la personne d’auteurs honnêtes gens et de théoriciens respectables, tels qu’un Vacherot59 et un Proudhon.
» — L’orateur lui-même imitait « le rugissement du lion ; tout l’auditoire était ému, et moi, qui passais si souvent à la barrière Saint-Victor, je m’étonnais que cette image horrible ne m’eût pas frappé.
Soyez bien persuadé que pas une ligne n’en paraîtra avant d’avoir subi les retouches que ma conscience et vos conseils jugeront propres à enlever à ce livre les dangers qui vous ont frappé.
» Sublime aussi, cette phrase d’un plaidoyer de Démosthène : « Tantôt il le frappe comme ennemi, tantôt pour lui faire insulte, tantôt avec les poings, tantôt au visage. » Mais par où donc sublime ?
Il s’emportait contre ces hommes « qui d’abord pleins de goût pour la vérité frappés ensuite d’aveuglement avaient profané de leur rire audacieux et sacrilège le gage sacré de la vie éternelle. » Rabelais s’en souvint en écrivant son quatrième livre.
Au seizième siècle, le manque de composition ne frappait pas les esprits, parce qu’on était plus pressé de savoir que de choisir parmi ce qu’on savait, et d’être instruit que d’être persuadé.
Dans l’enfance, ce n’est pas la morale de la fable qui frappe, ni le rapport du précepte à l’exemple ; mais on s’y intéresse aux propriétés des animaux et à la diversité de leurs caractères.
Nous voyons les occupations graves auxquelles on se porte par mode : les sermons fort courus, surtout ceux de Bourdaloue, « qui frappe toujours comme un sourd184 » ; les discussions sur les ouvrages d’esprit ; les partisans de Corneille aux prises avec ceux de Racine ; les lectures : c’est le Port-Royal qui est le plus lu, après les poètes et avec les romans.
L’immense supériorité de la théologie de Saint-Sulpice sur ces combinaisons creuses, se donnant pour scientifiques, me frappa bien vite.
Mignet, qui de tout temps avait paru très frappé de ce génie original et systématique, l’a apprécié dans une équitable Notice.
Ce soir, au Cirque, je suis frappé de la physionomie de la jeunesse française, de son aspect concentré, triste, rogue.
La jolie métaphore qui a transformé en petite bergère l’oiseau qui vit dans les prés et voltige autour des troupeaux ne se trouve, il semble, qu’en français : les mœurs de la bergeronnette n’ont frappé que nos bergers154.
Et quelle merveilleuse habileté de ce poète, qui allait frapper ce grand coup du Misanthrope, d’essayer en même temps et ses comédiens et son public !
La libre philosophie a eu pour précurseurs les hérétiques de toute sorte que le bras séculier a justement frappés pendant tout le cours du moyen âge et jusqu’à la veille des temps contemporains.
J’avoue que je n’ai jamais été frappé de ce talent de grand écrivain et de peintre qu’on octroie à M.
À cette époque-là, tout le monde fut frappé, en lisant le très beau récit de Michelet (car il est très beau), de l’insistance curieuse et troublée avec laquelle l’historien s’arrêtait sur le secret qui devait rester entre la jeune fille et Dieu, sur le mystère humain du virginal Archange dont le sang de la femme n’a jamais, dit-on, terni la splendeur.
Mais frapper des types comme des médailles, dans un roman, exige un burin suraigu et mordant, et Octave Feuillet n’a qu’une plume, au bec assez fin, mais qui n’appuie pas sur son papier… de soie, pour que ce qu’elle y trace ne puisse s’effacer.
Qu’on ne croie pas d’ailleurs que seules des différences toutes physiques aient le privilège de retarder le progrès de l’égalitarisme ; l’importance sociale de distinctions encore extérieures, mais plus mobiles en quelque sorte que les différences congénitales, comme sont celles du vêtement, a souvent frappé les hommes.
Le virus anarchiste qu’on a découvert aujourd’hui dans le romantisme était encore extrêmement bénin et fort peu apparent chez l’auteur des Méditations et celui des Odes et Ballades, tous deux alors royalistes et catholiques, comme Chateaubriand lui-même, dont les méfaits n’avaient pas vivement frappé ses contemporains. […] On est comme un pasteur frappé d’enchantement, Immobile à jamais près d’un fleuve écumant, Qui, jour et nuit, le front incliné sur la rive, Tirant un même son de sa flûte plaintive, Semble un roseau de plus au milieu des roseaux Et qui passe sa vie à voir passer les eaux. […] Il lui faut un parti, comme on a besoin d’un point d’appui pour frapper de grands coups. […] Vaincue et prosternée, j’aurais toutes les vertus dans ma défaite, adorant la main qui frappe et qui m’a courbée. […] C’est afin qu’il n’y en ait pas deux : la perte de la somme et la joie maligne du voisin. » Il exagère un peu lorsqu’il dit : « Frappe la tête de la vipère avec le poing de ton ennemi : il en résultera nécessairement un bien pour toi.
Tandis que ces articles paraissaient on fut frappé de leur pesanteur, j’entends de leur pédanterie. […] Le premier, par des règles trop statiques, arrêtait l’élan du vers et, sous son gouvernement tyrannique, la césure frappa la poésie d’une monotonie désespérante. […] Avec l’air de frapper des médailles, de buriner des emblèmes, de tracer des inscriptions, il fait sentir, rentrer en soi, penser. — Régnier fait songer au Luxembourg. […] « Ce n’est pas la quantité qui crée le rythme, mais les coups que nous frappons. […] Le maître de Racan créa « un vers de solide charpente, où l’idée est bien rythmiquement soutenue par quelques mots serrés dont les accents toniques sont frappés aux meilleures places ».
Mais ces émotions de toute nature, qui font la vie même de l’homme, elles ont un but — comme l’odorat du grand-paon — elles pénètrent en nous pour nous rappeler que notre unique devoir de créatures vivantes est la conservation de l’espèce ; quel que soit le sens qu’elles aient frappé d’abord, elles rebondissent de là vers le centre de la sensibilité générale. […] Selon l’importance de la dérivation du courant émotionnel, on aura, par exemple, un spectateur qui retiendra de la tragédie tout ce qu’elle a de beauté pure ou forte, qui sortira en l’état d’émotion intellectuelle, moins sensible au meurtre qu’à la courbe du geste qui frappe, aux imprécations, aux épouvantes, qu’à la forme musicale qui les limite, les enferme, les fait vivre ; on aura aussi un spectateur qui, malgré quelques lueurs d’émotion intellectuelle, sort du théâtre à peu près comme d’une séance de boxe ou d’une corrida. […] Tout professeur est muni d’un arsenal d’aphorismes ; l’adolescent qui ne se laisse pas frapper au cœur est méprisé. […] Ce rôle est si naturel qu’il en paraît humble ; nous ne sommes frappés que par l’extraordinaire. […] Il l’appelait « sa chère petite sainte », ou bien « la sainte entêtée », celle qui, à la cour du Paradis, là-haut, dans les coulisses du concert céleste, persécutait Dieu le Père jusqu’à l’obtention des faveurs les plus folles et les plus imméritées. « Priez, disait-il, priez et si vous n’êtes pas exaucés, menacez-la de dire partout que vous l’avez priée en vain ; elle est très sensible à de tels reproches, la sainte entêtée, et elle tient à conserver sa réputation. » C’était aussi la sainte irascible, car elle avait frappé de cécité un ecclésiastique qui la contrariait ; et aussi la sainte morte-vivante, car elle changeait de position dans sa châsse, s’asseyait, se mettait sur le côté, souriait, s’éventait avec ses palmes de martyre : il fut constaté que d’une année à l’autre ses cheveux avaient poussé notablement.
Le trait du maître en écritures d’art, même de force, est nécessairement celui qu’il ne fallait pas appuyer ; ou bien, le trait souligne le détail qu’il est d’usage de faire valoir et non celui qui avait frappé l’œil intérieur, inhabile mais sincère, de l’apprenti. […] De tels jugements nous ont frappés, hommes de ces années, sans doute parce que nous étions mis en cause et sottement bafoués par les critiques bien pensants ; ils n’étaient que la représentation, maladroite et usée, des sentences par lesquelles les sages de tous les temps essayèrent de maudire et d’écraser les serpents nouveaux qui brisent leur coquille sous l’œil ironique de leur vieille mère. […] Voulant conter quelques traits de l’histoire de Christine de Stommeln (qu’il appelle, d’après quelque mauvais document, Christine de Stumbèle), ce qu’il choisit, ce qui le touche et le frappe, c’est la série des farces stercoraires qui troublèrent la vie de cette charmante fille et qu’elle attribuait à Satan. […] Je vous recommanderai même, quand vous serez entré dans l’hôtellerie, de fermer la porte à double tour ; si l’on frappe, si l’on appelle, suggérez que cela pourrait bien être cette troupe de voleurs que vous avez rencontrée en route ; et si l’on insiste, n’hésitez pas à armer toute la maison et à tirer par les fenêtres. […] Si quelqu’un des vôtres prenait une attitude arrogante, ou seulement si, quand vous passez, le public le regardait avec trop de complaisance, n’hésitez pas à le faire tomber adroitement le nez sur le pavé et à prendre aussitôt la tête du troupeau, pendant que les autres s’arrêteront à le frapper et à le mordre : dans la vie, il faut savoir sacrifier un plaisir immédiat à la réalisation future d’un plus grand bien.
Voici maintenant une comparaison déroulée dans la langue de Soumet : Sur la neige des monts, couronne des hameaux, L’Espagnol a blessé l’aigle des Asturies Dont le vol menaçait ses blanches bergeries ; Hérissé l’oiseau part et fait pleuvoir le sang, Monte aussi vite au ciel que l’éclair en descend, Regarde son soleil, d’un bec ouvert l’aspire, Croit reprendre la vie au flamboyant empire Dans un fluide d’or il nage puissamment Et parmi les rayons se balance un moment ; Mais l’homme l’a frappé d’une atteinte trop sûre ; Il sent le plomb chasseur fondre dans sa blessure ; Son aile se dépouille et son royal manteau Vole comme un duvet qu’arrache le couteau. […] Dans sa pensée généreuse et profondément intuitive les pauvres rythmeurs si longtemps bafoués et humiliés autrefois c’était lui-même, et il profitait de ce qu’il s’appelait maintenant d’un nom aristocratique et de ce qu’il portait une épée à son côté pour frapper en plein visage de sa cravache irritée et vengeresse ceux qui l’avaient malmené jadis du temps qu’il était le vagabond affamé sans coiffe et sans semelle. » C’est par ce don de miséricorde et de dévouement, ce privilège de s’intéresser aux faibles et aux opprimés autant que par la perfection de sa forme l’un des meilleurs de ce siècle. […] Au contraire la plupart des vers de circonstance, fort bien frappés pourtant, de Béranger, de Barthélemy, de Méry, d’Hégésippe Moreau, étaient destinés à périr ou à s’éclipser ; car l’idée éternelle du droit ne s’en dégage pas. […] Peu de temps après une disgrâce aussi honorable qu’illégale, vint frapper M. de Laprade. […] À vingt-trois ans il frappait un coup de maître en donnant la traduction des idées de Herder sur la philosophie de l’histoire, complétée deux ans après par un essai sur les œuvres de Herder.
… Les romanciers obéissent simplement à cette fatalité qui ne leur permet pas d’abstraire un personnage des objets qui l’environnent ; ils le voient dans son milieu, dans l’air où il trempe, avec ses vêtements, le rire de son visage, le coup de soleil qui le frappe, le fond de verdure sur lequel il se détache, tout ce qui le circonstancie et lui sert de cadre. […] La Mort qui n’atteindra ni l’œuvre ni le nom de Paul Verlaine a, par une de ses facéties coutumières, frappé sa personne, quand allait sonner pour lui, peut-être, l’heure de la gloire et du bonheur.
Le reste de la presse assez ergoteuse, déclarant que ma pièce est une œuvre ordinaire, où cependant se rencontrent une certaine délicatesse, et un style sortant de l’écriture courante des drames de tout le monde… En lisant les journaux, je suis frappé par la sénilité des idées et des doctrines chez les critiques dramatiques. […] Aujourd’hui, en donnant à manger aux poissons rouges de mon bassin, dans le moment où il est éclairé par le plein soleil, j’étais frappé combien les ombres portées des poissons sur le fond, étaient les poissons des albums japonais.
Là, il s’interrompt pour nous apprendre, qu’il a été à Lourdes, et qu’il a été frappé, stupéfié, par le spectacle de ce monde de croyants hallucinés, et qu’il y aurait de belles choses à écrire sur ce renouveau de la foi, qui pour lui a amené le mysticisme en littérature et ailleurs, de l’heure présente. […] Mardi 25 octobre Aujourd’hui, à l’enterrement de Lavoix, j’étais frappé du rendu illusionnant d’une pluie battante, dans l’eau-forte de Buhot, ayant pour titre : Les Fiacres.
La sélection sexuelle, en permettant toujours au vainqueur de reproduire sa race ; peut sûrement donner à celle-ci, à l’aide du cours du temps, un courage plus indomptable, un éperon plus long, une aile plus forte pour frapper son pied éperonné, aussi bien que le brutal éleveur de Coqs de combat peut en améliorer la race par un choix rigoureux des plus beaux individus. […] Mais il n’en faudrait pas conclure que la plupart des formes inférieures actuelles n’ont en rien progressé depuis la première aube de la vie terrestre ; car tout naturaliste qui a disséqué quelques-uns des êtres aujourd’hui rangés aux degrés les plus bas de l’échelle naturelle, n’a pu manquer d’être frappé de la beauté réellement merveilleuse de leur organisation.
Tel mot, qui ne frappe point le lecteur, fait un effet profond sur le spectateur ; il y a des choses qu’on lit mais qu’on ne veut point entendre, et d’autres qui feraient fermer un livre et qu’on accepte à la scène. […] Depuis longtemps tout le monde est d’accord pour faire de la logique une qualité essentielle de l’esprit français ; la frivolité, l’inconstance de cet esprit ne frappent et ne déroutent que l’observateur superficiel ; le fond est fait de logique.
Alors que les pauvres déchus se frappent la poitrine et les cuisses en faisant des gestes de douleur. […] Aussi Shakspeare fait-il mourir les gens comme il sied à leur tempérament : Falstaff est frappé d’une congestion. […] On parle du clavier des sentiments : pourquoi ne frapper qu’une ou deux touches, quand on en a tant sous les doigts ? […] Celui qui n’approfondit pas la raison d’être des événements s’empare de la première coïncidence qui le frappe pour s’écrier : Voilà la cause ! […] Les vieux surtout frappent le regard ; en lisant sur leurs visages, on découvre chez les uns « l’attente inquiète d’un grand et solennel événement », chez les autres « le souvenir béat et placide de leur dernière partie de boston, de l’excellent dîner si bien réussi par Pétroucha le cuisinier, et de quelque autre incident, tout aussi important de leur vie habituelle ».
Imaginez toujours, en le lisant, que vous l’écoutez, que vous assistez à une conférence, et certains petits défauts, et diverses petites manies dont vous eussiez pu être choqué, vous paraîtront tout naturels ou même ne vous frapperont plus. […] Voyez-le qui reprend le marteau, et frappe sur l’enclume, et souffle, et s’époumone, et sue, et puis pousse un soupir de soulagement : la phrase est terminée. […] Né le 5 août 1810, au Cayla (Tarn), dans un château rustique, Maurice grandit à la campagne, et les impressions qui frappent sa sensibilité déjà vive ne s’effaceront plus désormais. […] Tout cela le frappait d’autant plus que lui-même n’en était pas exempt.
En journalisme « il ne s’agit que de frapper fort. […] Si, l’homme du livre, et surtout des vieux livres, vous le jugez au point de vue du livre, vous n’êtes pas à la page, vous ressemblez au mathématicien qui demandait d’Athalie ce que cela prouvait, Ce que dit Lemaître est vrai, jusqu’à un certain point (il ne faut pas exagérer et lui-même exagère en journaliste « pour frapper fort »), d’un journal pris en particulier, parce qu’on écrit dans un journal pour soutenir une opinion de parti. […] J’ai mes notes ; elles sont précieuses, mais fragmentaires, et livreront mon travail actuel au hasard de ce qui m’a frappé dans mes lectures anciennes. […] Encore une fois, ne nous frappons pas.
Tantôt ses sourcils se fronçaient, le regard indiquait la colère, la main frappait la table, la voix avait des éclats de tonnerre — pour se changer en un rire franc qui se modérait tout à coup et passait, par une transition subtile, au sourire timide d’un enfant qui craint la punition. […] Cette belle conscience artistique, ce renoncement à la publicité le frappèrent de stupeur. […] Les personnages doivent lui être présentés en deux mots, en deux coups de pouce et de crayon, de manière à le frapper, à l’amuser et à lui rester à jamais gravés, comme des souvenirs vécus. […] J’aurais voulu que le fécond narrateur de tant de mésaventures galantes nous eût montré, à une certaine distance de ces flirteuses fin-de-siècle, la jeune fille moderne, la véritable, le type nécessairement nouveau, que de nouvelles mœurs façonnent parmi nous dans l’élite qui travaille, la forme neuve d’un genre qui évolue comme tout le reste, la frappe récente d’une médaille qui a été remise à la fonte et dont le métal est resté pur. […] Mais aussi, la collaboration tacite que la France tout entière a souvent accordée à ceux qui furent les fondateurs de l’unité française et les ouvriers de-notre gloire le frappe d’admiration.