Mais, vers la fin, Mme Du Deffand, qui se levait tard et n’était jamais debout avant six heures du soir, s’aperçut que sa jeune compagne recevait en son particulier chez elle, une bonne heure auparavant, la plupart de ses habitués, et qu’elle prenait ainsi pour elle seule la primeur des conversations. […] Mlle de Lespinasse, n’ayant moyen de donner à dîner ni à souper, se tenait très exactement chez elle de cinq heures à neuf heures du soir, et son cercle se renouvelait tous les jours dans cet intervalle de la première soirée. […] Sa première lettre est datée du samedi soir 15 mai 1773.
D’ailleurs, elle n’avait pas quitté la banlieue ; et, même quand elle allait faire visite à la campagne chez quelque ami, elle revenait habituellement le soir et ne découchait pas. […] Le soir, la maison de Mme Geoffrin continuait d’être ouverte, et la soirée se terminait par un petit souper très simple et très recherché, composé de cinq ou six amis intimes au plus, et cette fois de quelques femmes, la fleur du grand monde. […] Mme Geoffrin est venue l’autre soir, et s’est assise deux heures durant à mon chevet ; j’aurais juré que c’était milady Hervey, tant elle fut pleine de bonté pour moi.
Aux beaux jours du Consulat, Mme de Genlis, encore à la mode, un soir qu’elle devait recevoir beaucoup de monde, eut l’idée de jouer au coin de sa cheminée un proverbe improvisé, avec M. […] Cet homme lunatique, qui commence sa matinée du dimanche par contrarier femme et domestique en tout point, par se refuser au dîner périodique de famille sous prétexte qu’on ne l’a pas invité par écrit, qui ne sait qu’imaginer pour contredire les autres et lui-même, qui n’a pas plus tôt exprimé un caprice, qu’il le regrette ; que tout vient tenter et lutiner sans le fixer à un choix ; qui passe de l’envie du trictrac à celle de dîner tout seul, puis à l’idée de se purger, et qui finit, après avoir bien grondé, et sa lune déclinant vers le soir, par se laisser coiffer par sa belle-mère d’un bonnet de coton à longue mèche, et par se coucher docilement à jeun, comme un enfant honteux qui est puni d’avoir fait le malade ; tout ce portrait est délicieux, et si La Bruyère avait fait de son Distrait une petite comédie, c’est ainsi qu’il aurait voulu s’y prendre, qu’il aurait ménagé les scènes, en y semant les jolis mots. […] La belle veuve, à le voir si tranquille en ce jour solennel, et si bien établi tout le soir dans le salon, en est piquée et presque irritée ; elle va jusqu’à se repentir, et elle ne sait pas dissimuler devant ses bonnes amies, qui ne demandent pas mieux que de surprendre sa faiblesse ; retirée chez elle, elle est près de se porter à quelque résolution extrême, et de vouloir continuer ses habitudes de veuve, lorsque pourtant, bien qu’un peu tard et fort tranquillement, M. de Gerfaut arrive.
Le soir vient vite en automne ; la petitesse des fenêtres s’ajoutait à la brièveté des jours et aggravait la tristesse crépusculaire de la maison. […] Lord Southampton allait au spectacle tous les soirs. […] Les salles étaient de deux espèces : les unes, simples cours d’hôtelleries, ouvertes, un tréteau adossé à un mur, pas de plafond, des rangées de bancs posés sur le sol, pour loges les croisées de l’auberge, on y jouait en plein jour et en plein air ; le principal de ces théâtres était le Globe ; les autres, des sortes de halles fermées, éclairées de lampes, on y jouait le soir ; la plus hantée était Black-Friars.
J’aurais voulu que vous puissiez voir notre joie, à nous juifs qui, d’après vous, Monsieur, n’ont pas l’amour réel de leur patrie ou ne l’ont que par reconnaissance pour un pays où ils n’ont pas été martyrisés… Je me souviens de ce samedi soir, lorsque mes parents m’ont accompagné au Paris-Lyon-Méditerranée. […] Je me suis souvenu de la prière que je faisais tout petit, le soir avant d’embrasser ma maman et qui ressemble beaucoup à votre « Pater noster ». […] Hier soir celles du 31 août et du 1er septembre.
Un soir, elle était joyeuse, et semblait avoir eu dans la journée un bonheur ; qu’était-ce donc ? […] À la voir l’hiver, chaque soir, dans le monde perpétuel et brillant quelle reçoit, toujours présente et toujours prête, parlant à chacun, variant l’accueil et l’à-propos, elle semble née pour la représentation : à la retrouver à la campagne, entourée de quelques amis toujours les mêmes, on dirait plutôt qu’elle est faite pour l’intimité, pour un cercle d’habitudes paisibles, riantes et heureuses.
Le premier jour qui devait être employé si activement, Grouchy, après des tâtonnements infructueux pour s’assurer de la marche des Prussiens, ne fit que deux lieues, s’arrêta à six heures du soir et jugea qu’il serait à temps le lendemain pour suivre l’ennemi, qui se trouvait ainsi avoir gagné sur lui plusieurs heures. […] Il était environ six heures du soir, et tout annonçait qu’on allait avoir affaire en effet à toutes les forces de Blücher.
Le soir même où la première annonce de la blessure de M. […] La polémique a dû changer de terrain, à partir de ce soir-là.
Les voluptés du soir montent des horizons. ……… Dans le recueillement des longs soirs parfumés, A l’heure où, scintillant comme un pleur sous des voiles, La tristesse des nuits monte aux yeux des étoiles… Je crois bien que, si l’on cherchait où est décidément l’originalité de M.
Mais la mauvaise destinée veut qu’il rencontre un soir son prédécesseur. […] Pour vous avoir trouvée belle, un soir, sur ce canapé, j’ai été assailli d’une nuée de pensées violentes.
— Allez lui dire, reprit le roi, que vous lui donnerez ce soir 100 000 fr. pour vos dragées. — La mère me brouille avec le roi, son fils me réconcilie avec lui. […] « On me renvoya le soir pour me faire entendre raison » (pour me détourner du dessein de me retirer).
Elle alluma trois flambeaux, le soir, quand le jour eut disparu. […] La ballade de Lénore si médiocrement sentimentale chez Burger, se révèle, au contraire, dans sa forme orale, telle qu’une admirable vision fantastique ; et le Plongeur, — une des plus populaires des chansons connues, comme il y a loin de celle de Schiller, qu’apprennent les écoliers, à celles que chantent les vieilles « le soir à la chandelle » !
Quelquefois c’était le soir ; au moment où le crépuscule ôtait leur forme aux collines et donnait au Rhin la blancheur sinistre de l’acier, il prenait, lui, le sentier de la montagne, coupé de temps en temps par quelque escalier de lave et d’ardoise, et il montait jusqu’au burg démantelé. Là, seul comme le matin, plus seul encore, car aucun chevrier n’oserait se hasarder dans des lieux pareils à ces heures que toutes les superstitions font redoutables, perdu dans l’obscurité, il se laissait aller à cette tristesse profonde qui vient au cœur quand on se trouve, à la tombée du soir, placé sur quelque sommet désert, entre les étoiles de Dieu qui s’allument splendidement au-dessus de notre tête et les pauvres étoiles de l’homme qui s’allument aussi, elles, derrière la vitre misérable des cabanes, dans l’ombre, sous nos pieds.
Elle imite en cela madame de Staël, dont le talent a bien gardé quelque peu de l’amphigouri de Thomas, qui l’avait bercée, quand elle s’écriait un beau soir, à une représentation de Talma, qu’elle « lui voyait positivement des étoiles autour de la tête ». […] Ils sont réellement, dans ces soirs tristement brillants, les vrais ornements de la chose et les maîtres de la situation.
On a lu l’autre soir la pièce chez l’acteur Bocage : il avait invité force notabilités, et l’on a paru content, surtout du cinquième acte.
Tout le monde de se jeter sur ce morceau, et le soir tous d’en parler à qui mieux mieux.
Le soir, un chiaoux (tchâoùch) turc vint à la forteresse où j’étais, et fit savoir qu’il venait de la part du pacha. […] Le soir, nous arrivâmes à Anarghie, percés de pluie jusqu’aux entrailles. […] Je demeurai tout le jour sur le bord de la mer: le patron de la chaloupe m’en pria ; il attendait encore deux esclaves qui devaient arriver sur le soir….. […] J’acceptai de prendre de l’or, et on me remit au soir. […] Le 14, le roi partit, sur le soir, et alla coucher dans une maison de plaisance, à deux lieues de celle-ci, à l’autre bout de la ville.
C’est l’Exegi monumentum d’Horace ; c’est l’hymne de l’ouvrier de l’esprit qui s’assied sur sa tâche à la fin de sa journée et qui attend le soir sa solde de gloire des mains du temps. […] Nous restâmes en vain assis sur ces branches étendues et cachés dans ces feuillages depuis midi jusqu’au soir ; nous ne vîmes d’autre mouvement dans le parc que celui d’un filet d’eau qui scintillait en sortant d’un bassin de stuc, et celui de l’ombre qui tournait et s’allongeait sur les gazons aux pieds des saules pleureurs. […] Un soir je fus surpris par un grand orage mêlé de tonnerre et de vent. […] Il m’attira un soir sur un canapé, dans un arrière-salon éclairé d’un demi-jour. « Je désire causer avec vous sans témoin », me dit-il de sa voix la plus creuse. « Vous ne voulez pas vous rallier à nous, bien que l’œuvre de reconstruire un gouvernement avec des matériaux quelconques soit le chef-d’œuvre de l’esprit humain. […] Une poignée d’anarchistes grisés d’encre le matin dans quelques feuilles incendiaires et de la fumée de clubs communistes le soir dans quelques faubourgs, avait construit des barricades et assiégeait Paris, surpris dans son sommeil.
Je m’étais assis à côté d’elle au bord du ruisseau, loin d’Élise et de ma sœur ; nous les accompagnâmes le soir jusqu’au moulin à vent, où je m’assis encore à côté d’elle pour observer, nous quatre, le coucher du soleil qui dorait ses habits d’une lumière charmante. […] Ballanche, par un épithalame en prose, célébra, dans le mode antique, la félicité de son ami et les chastes rayons de l’étoile nuptiale du soir se levant sur les montagnes de Polémieux. […] Je lis dans une lettre de ce temps : … J’ai été chercher dans la petite chambre au-dessus du laboratoire, où est toujours mon bureau, le portefeuille en soie, J’en veux faire la revue ce soir, après avoir répondu à tous les articles de ta dernière lettre, et t’avoir priée, d’après une suite d’idées qui se sont depuis une heure succédé dans ma tête, de m’envoyer les deux livres que je te demanderai tout à l’heure. […] Dans le récit d’une vie comme dans la vie même, les sentiments émus, cette brise du matin, ne reparaissent convenablement qu’au soir. […] Étant un soir avec ses amis Camille Jordan et Degérando, il se mit à leur exposer le système du monde ; il parla treize heures avec une lucidité continue ; et comme le monde est infini, et que tout s’y enchaîne, et qu’il le savait de cercle en cercle en tous les sens, il ne cessait pas, et si la fatigue ne l’avait arrêté, il parlerait, je crois, encore.
C’est un soir de durée au cœur des amoureux ! […] Mainte fois nous le voyons arrêté au seuil des humbles intérieurs : la lampe allumée, la bûche du foyer et le labeur du soir ont trouvé en lui leur poète ému. Chez la petite ouvrière qui passe, « gantée et mise avec décence », se rendant dès le matin à l’ouvrage dans la maison des riches, il devine les souffrances de la mansarde qu’elle quitte, qu’elle retrouvera ce soir avec les petits frères qui disent « nous avons faim », tandis que le père roule dans l’escalier après avoir laissé au cabaret sa paye de la semaine. […] Savons-nous, quand le soir, rêveurs, nous admirons Le Zodiaque immense en marche sur nos fronts, Combien dans la nature, Isis au triple voile, La lumière survit à la mort d’une étoile, Et si cet astre d’or, dont le rayonnement A travers l’infini nous parvient seulement Et décore le ciel des nuits illuminées, N’est pas éteint déjà depuis bien des années ? […] Un soir de mai, le poète entre par hasard à un club socialiste : Tout briser, tout détruire… Aux armes, citoyens !
VII Mais vous approchez des Alpes ; les neiges violettes de leurs cimes dentelées se découpent le soir sur le firmament, profond comme une mer ; l’étoile s’y laisse entrevoir au crépuscule comme une voile émergeant sur l’océan de l’espace infini ; les grandes ombres glissent de pente en pente sur les flancs des rochers noircis de sapins ; des chaumières, isolées et suspendues à des promontoires comme des nids d’aigles, fument du foyer de famille du soir, et leur fumée bleue se fond en spirales légères dans l’éther ; le lac limpide, dont l’ombre ternit déjà la moitié, réfléchit dans l’autre moitié les neiges renversées et le soleil couchant dans son miroir ; quelques voiles glissent sur sa surface, les barques sont chargées de branchages coupés de châtaigniers, dont les feuilles trempent pour la dernière fois dans l’onde ; on n’entend que les coups cadencés des rames qui rapprochent le batelier du petit cap où la femme et les enfants du pêcheur l’attendent au seuil de sa maison ; ses filets y sèchent sur la grève ; un air de flûte, un mugissement de génisse dans les prés, interrompent par moments le silence de la vallée ; le crépuscule s’éteint, la barque touche au rivage, les feux brillent çà et là à travers les vitraux des chaumières ; on n’entend plus que le clapotement alternatif des flots endormis du lac, et de temps en temps le retentissement sourd d’une avalanche de neige dont la fumée blanche rejaillit au-dessus des sapins ; des milliers d’étoiles, maintenant visibles, flottent comme des fleurs aquatiques de nénuphars bleus sur les lames ; le firmament semble ouvrir tous ses yeux pour admirer ce bassin de montagnes ; l’âme quitte la terre, elle se sent à la hauteur et à la proportion de l’infini ; elle ose s’approcher de son Créateur, presque visible dans cette transparence du firmament nocturne ; elle pense à ceux qu’elle a connus, aimés, perdus ici-bas, et qu’elle espère, avec la certitude de l’amour, rejoindre bientôt dans la vallée éternelle : elle s’émeut, elle s’attriste, elle se console, elle se réjouit ; elle croit parce qu’elle voit ; elle prie, elle adore, elle se fond comme la fumée bleue des chalets, comme la poussière de la cascade, comme le bruissement du sable sous le flot, comme la lueur de ces étoiles dans l’éther ; elle participe à la divinité du spectacle. […] Si la mer est peuplée de barques de pêcheurs comme un village flottant, on songe à la joie des chaumières qui attendent le soir le fruit du travail du jour, on voit sur la côte s’allumer une à une les lampes des phares, étoiles terrestres des matelots […] Un soir, le jeune héros, en proie à cette tristesse vague, symptôme et pressentiment des grandes passions, s’enfonce seul dans une forêt pour rêver plus librement de Damayanti. […] XXXVI « C’était le soir », dit le poète ; « le char conduit par Nala ébranla la ville de Damayanti du bruit de ses roues ; les chevaux de Nala, qui ne l’avaient point oublié, entendirent ce bruit, qui retentit jusque dans leur écurie.
., un soir, notre auteur alla visiter son ami, et il le trouva dans son ermitage, livré à un véritable enthousiasme de naturaliste, parce qu’il avait découvert un bivalve inconnu formant un nouveau genre, mais surtout un scarabée qu’il croyait être aussi entièrement nouveau. […] Mais restez ce soir avec nous, et j’enverrai Jupiter le chercher au lever du soleil. […] Qui ne se souvient du magnifique « fragment » sur cet ami de Londres que Byron appelle « Auguste Darvell », et de sa mort, sans raison apparente de mourir, à vingt pas des ruines d’Éphèse, un soir, au coucher du soleil ? […] L’Amérique, qui couvre de dollars les derniers saltimbanques, fut pour lui une tour de la Faim et lui fit avaler tous les soirs la clef que Gilbert n’avala qu’une fois, — à l’agonie. […] C’est là que Poe mourut, le soir même du dimanche 7 octobre 1849, à l’âge de trente-sept ans, vaincu par le delirium tremens , ce terrible visiteur qui avait déjà hanté son cerveau une ou deux fois… » Hélas !
Vers la fin du second siècle, on chantait, aux prières du soir de la réunion chrétienne, un hymne cité plus tard, en preuve de l’antique foi au Saint-Esprit, comme au Verbe divin : « Gracieuse lumière de la sainte béatitude196, Fils du Père immortel, céleste et bienheureux, ô Christ ! […] Mais la véritable inspiration de telles paroles, c’était la foi même de la foule, et ce sentiment qui faisait dire à saint Basile : « Il a plu à nos pères de ne pas recevoir en silence le bienfait de la lumière du soir, mais, quand elle paraît, de rendre grâces. […] La prière du matin, celle de la troisième heure du jour, celle du soir, semblaient autant de degrés de cette vie laborieuse toujours aspirant à Dieu et à la vertu. […] à toi mes hymnes du soir ! […] L’étoile du matin sourit ; et l’étoile dorée du soir, l’astre de Cythérée, la lune, qui remplit l’orbe de son disque d’effluves étincelants, marchait la première, comme la conductrice des dieux nocturnes.
Le soir, il rentrait chez lui avec le projet d’écrire un grand poème, dont le commencement seul lui venait à l’instant : deux strophes tout au plus. […] « Un soir, mon ami en la conduisant chez elle lui demanda la permission d’y passer la nuit. […] Les soirs exquis n’ont plus d’oreillers pour mes rêves. […] Le soir est venu et la petite famille est rassemblée autour de la lampe. […] « Vous rencontrerai-je demain soir chez Renard ?
risqua, pour se mettre à l’aise, Xavier Oui, c’est Toulet qui m’avait donné ce gentil surnom, c’est encore lui qui nous rassemble ce soir, et si vous le voulez bien, nous allons travailler. » Xavier ne comprenait plus rien. […] Alfred Fabre-Luce réunissait l’autre soir quelques amis en petit comité secret. […] Le soir en rentrant, par un bon dîner attendri, c’était jeter au concierge son prénom au lieu de son nom. » À Gabrielle, à Hélène, ajoutons Anne, Geneviève. […] Quelle impression d’accablement ce soir de 1917 où il me fallut prendre le parti de retourner au front avant d’être arrivé au terme de ma permission ! […] D’abord publié sous le titre « Cinq soirs, cinq réveils » dans La Grande Revue, en janvier et février 1917.
Un soir ce curé aperçoit un gentilhomme nouveau débarqué, va droit à lui, et, sans saluer, lui demande : « Dites-moi, monsieur, vous rappelez-vous un jour de beau temps dans ce monde ? […] En France, une théorie paraît, éloquente, bien liée et généreuse ; les jeunes gens s’en éprennent, portent un chapeau et chantent des chansons en son honneur ; le soir, en digérant, les bourgeois la lisent et s’y complaisent ; plusieurs, ayant la tête chaude, l’acceptent et se prouvent à eux-mêmes leur force d’esprit en se moquant des rétrogrades. […] IV Le soir de la bataille, ordinairement on se délasse : on badine, on raille, on cause, en prose, en vers ; mais ce soir continue la journée, et l’esprit qui a laissé sa trace dans les affaires laisse sa trace dans les amusements. […] L’homme fiévreux, après le labeur du soir et les angoisses de la nuit, aperçoit au matin la blancheur rayonnante du ciel qui s’ouvre ; il se déprend de lui-même, et de toutes parts la joie de la nature entre avec l’oubli dans son cœur. […] Il va se promener le soir le long des murs solitaires1001, et dans ces lamentables recherches il a toujours le microscope en main.
Alors il file chaque soir à la brasserie, où il retrouve des échauffés de son espèce. […] Jeanne-Marie, épouvantée, se confesse ; elle jure qu’elle a été prise de force, un soir de pardon. […] Elle lui raconte que, tous les soirs, un amoureux vient pincer de la mandoline sous ses fenêtres. […] Il doit partir le soir même. […] par pitié et sans mauvaise intention, — le rendez-vous suprême qu’elle lui donne pour le soir.
Un soir, à Rochefort, un soir pluvieux de mai, froid et qui serre le cœur prêt à s’ouvrir à la chaleur, un soir enfin comme celui pendant lequel j’écris et qui m’envoie, à moi aussi, la tristesse des choses à travers mes carreaux tiquetés de pluie, un soir donc, Pierre (il avait alors onze ans, je crois) vit passer dans une rue longue et solitaire une procession d’orphelines vêtues de blanc. […] Il se serait parfois enfui le soir de la sainte Portioncule. […] Chaque soir, dans ce cabaret élégant, les ombres chinoises de M. […] Et encore il y avait des jours où il prêchait le matin et le soir. […] Du matin au soir il étudiait.
Ils se « gavent » donc du matin au soir, et, du soir au matin, se grisent d’ale, de vin, d’espoirs fumeux et peut-être aussi de rengaines paradoxales. […] Ce sont les mêmes traits, adroitement repris et à peine altérés : le soleil du matin a remplacé celui du soir, et Velléda a délogé Pomone. […] Il était à Fampoux, le soir où il apprit la mort de sa cousine Élisa, la bonne protectrice qui lui avait spontanément fourni de quoi payer l’impression de ses premiers vers : il ressentit un lourd chagrin, et si amer qu’il ne trouva, pour l’adoucir, rien de plus à propos que d’appeler à son secours la torpeur d’une noire ivresse. […] Elle est tirée de la pièce Twelfth night or what you will (Le soir des Rois), dans laquelle ce thème, cher au dramaturge, l’éloge de la musique, prend plus de place et présente plus de profondeur qu’en aucun autre endroit de son théâtre. […] Ne vous fiez pas à cet homme. » C’est une exaltation tout aussi vive, mais plus tendre, qui remplit plusieurs scènes du Soir des Rois.
Je recommande encore, avec une admiration toute particulière : le Sonnet prologue, les vers À Célimène, Un Soir, le délicieux rondel intitulé : Calme plat, Mythologie, où revivent les grandes déesses, Crépuscule, le Retour de Marielle, Vers le jardin, très délicates terzo-rimes, et des vers bien langoureux et bien tristes aussi, la Fleur de larmes et encore le Masque ; presque tout enfin… M. de La Villehervé est un noble poète à qui manquera peut-être un applaudissement bruyant de la foule, mais non pas certes l’estime et l’admiration des gens de goût.
Au soir, l’amant, qui se nommait Kéléké, ne la voyant pas revenir, pria Missa, son ami, d’aller au devant d’elle.
Dans ce joli pêle-mêle qui nous est si bien montré, dans cette confusion familière d’amis et d’ennemis autour de Henri IV un soir de bataille, la bonté se voit d’elle-même ; la politique aussi y trouvait son compte. […] Quand le soleil, sur les six heures du soir, commençait à perdre la force de ses rayons, on nous menait promener vers le champ des moissonneurs, et ma mère y venait aussi bien souvent elle-même, ayant toujours mes sœurs et quelques-unes de mes tantes avec elle… Elles s’allaient toutes reposer en quelque bel endroit d’où elles prenaient plaisir de regarder la récolte, tandis que nous autres enfants, sans avoir besoin de ce repos, nous allions nous mêler parmi les moissonneurs, et, prenant même leurs faucilles, nous essayions de couper les blés comme eux… Après la moisson, les paysans choisissaient un jour de fête pour s’assembler et faire un petit festin qu’ils appelaient l’oison de métive (c’est le mot de la province) ; à quoi ils conviaient non seulement leurs amis, mais encore leurs maîtres, qui les comblaient de joie s’ils se donnaient la peine d’y aller. […] Il y avait un concert de musettes, de flûtes et de hautbois, et, après un banquet somptueux, la danse rustique durait jusqu’au soir.
Je le voyais de nouveau, le soir, avec son étoile sur son habit noir, dans son salon brillamment éclairé, plaisanter au milieu de son cercle, rire et causer gaiement. — Je le voyais un autre jour par un beau temps, à côté de moi, dans sa voiture, en par-dessus brun, en casquette bleue, son manteau gris clair étendu sur les genoux : son teint brun est frais comme le temps, ses paroles jaillissent spirituelles et se perdent dans l’air, mêlées au roulement de la voiture qu’elles dominent. — Ou bien, je me voyais encore le soir, dans son cabinet d’étude éclairé par la tranquille lumière de la bougie : il était assis à la table en face de moi, en robe de chambre de flanelle blanche ; la douce émotion que l’on ressent au soir d’une journée bien employée respirait sur ses traits ; notre conversation roulait sur de grands et nobles sujets ; je voyais alors se montrer tout ce que sa nature renfermait de plus élevé, et mon âme s’enflammait à la sienne.
Toujours alerte, infatigable, se montrer partout, paraître et disparaître, se diviser, se rejoindre, se multiplier comme par enchantement ; à la tête d’une vaillante élite, simuler le nombre, décupler le chiffre par la qualité et la vélocité ; en couvrant les siens, en les éclairant, tromper l’ennemi, lui donner le change, lui faire craindre un piège, lui faire croire qu’on est appuyé ; dans les retraites profiter des moindres replis, d’un ruisseau, d’un mur, du moindre obstacle, pour le chicaner, pour le retarder, « pour l’obliger à mettre trois ou quatre heures à faire une lieue de chemin » ; victorieux, le soir ou le lendemain des grandes journées, fondre et donner sans répit, à bride abattue, s’imposer à force d’assurance, et avec une poignée de braves ramasser des colonnes entières d’infanterie, les ramener prisonnières ; à chaque instant, à nouveaux frais, sur un échiquier nouveau, proportionner son jeu à l’action voulue, y faire des prodiges de coup d’œil, d’adresse, de tactique non moins que d’élan et d’intrépidité : — si tel est le rôle d’un parfait officier de cavalerie légère, nul n’y surpassa Franceschi. […] Il ne fallait rien moins d’abord que les murs de cette forteresse pour les mettre à l’abri de tout danger : « Le jour même de notre arrivée, vers le soir, une forte rumeur se fit entendre sur la place où notre tour était située, l’air retentissait de cris tumultueux. […] Un soir on vint les faire lever à minuit, et on les dirigea en toute hâte sur Malaga.
. — 10 heures du soir. — Je vous écris, mes chères âmes, au milieu de toutes les cloches battantes de Bruxelles qui se répondent pour les Saints et pour les Morts. […] Par exemple, Mme Duchambge se reportait toujours en idée à ses jeunes rêves, et ne pouvait s’empêcher de se revoir telle qu’elle avait été autrefois ; à quoi Mme Valmore répondait : « (Le 9 janvier au soir, 1857)… Pourquoi t’étonnes-tu de retourner si jeune dans le passé ? […] Je remets donc toujours à transcrire mon petit drame indépendant, et je dévore mes jours à des soins tout aussi graves. » (15 janvier au soir, 1856)… Tu dis, chère âme fidèle, que la poésie me console.
Que de fois, enfant, le soir, le long des routes, je me suis surpris répétant avec des pleurs son invocation aux forêts et à leurs résonnantes clairières ! […] Il décore çà et là quelques endroits de son passé ; il rallume de loin en loin, au soir, ses feux mourants sur quelque colline, puis les abandonne ; l’espérance et l’avenir l’appellent incessamment ; il se dit : Mais loin de moi ces temps ! […] Cette voix chante les beautés et les dangers de la nuit, l’ivresse virginale du matin, l’oraison mélancolique des soirs ; elle devient la douce prière de l’enfant au réveil, l’invocation en chœur des orphelins, le gémissement plaintif des souvenirs en automne, quand les feuilles jonchent la terre, et qu’au penchant de la vie soi-même, on suit coup sur coup les convois des morts.
Un soir, à la tombée du crépuscule, assis dans le salon déjà sombre, devant le jardin, — comme de rares paroles, entre de longs silences, venaient d’être échangées, sans avoir troublé le recueillement où nous nous plaisions, — je demandai, sans vains préambules, à Wagner, si c’était pour ainsi dire, artificiellement — (à force de science et de puissance intellectuelle, en un mot) — qu’il était parvenu à pénétrer son œuvre, Rienzi, Tannhæuser, Lohengrin, le Vaisseau Fantôme, les Maîtres Chanteurs même — et le Parsifal auquel il songeait déjà — de cette si haute impression de mysticité qui en émanait, — bref, si, en dehors de toute croyance personnelle, il s’était trouvé assez libre-penseur, assez indépendant de conscience, pour n’être chrétien qu’autant que les sujets de ses drames-lyriques le nécessitaient ; s’il regardait, enfin, le Christianisme, du même regard que ces mythes scandinaves dont il avait si magnifiquement fait revivre le symbolisme en ses Niebelungen. […] Tel fut le sens exact de la réponse que me fît, ce soir là, Richard Wagner — et je ne pense pas que Madame Cosima Wagner, qui se trouvait présente, l’ait oublié. […] Le matin suivant — non, le soir même — j’écrivis à Richard Wagner et le mandai près de moi.
On n’a jamais mieux compris qu’en lisant cette correspondance raffinée et quintessenciée, la fatigue de ceux qui, passant leur vie à Sceaux à faire de l’esprit soir et matin, ne pouvaient s’empêcher de crier grâce, et appelaient cette petite cour les galères du bel esprit 26. […] Dans l’automne de 1746, ayant compromis sa sûreté par une de ces imprudences qui lui étaient si familières, il vint un soir demander asile à la duchesse du Maine, qui le cacha dans un appartement écarté dont les volets restaient fermés tout le jour. Voltaire y travaillait aux bougies ; il y composa pendant deux mois quantité de ses jolis Contes, notamment Zadig, et il descendait chaque soir en régaler la princesse, qui, n’ayant pas l’habitude de dormir, dormait ces nuits-là moins que jamais.
Le soir, il se fait traîner chez quelque dame ou chez quelque ami, cherchant un peu de cette conversation substantielle ou piquante qui lui est comme la tasse de café nécessaire à l’esprit : Ici donc ou là, je tâche, avant de terminer ma journée, de retrouver un peu de cette gaieté native qui m’a conservé jusqu’à présent : je souffle sur ce feu comme une vieille femme souffle, pour rallumer sa lampe, sur le tison de la veille. […] « Le matin, je disais : Seigneur, vous terminerez ce soir ma vie. Le soir, j’espérais au plus d’aller jusqu’au matin. » (Cantique d’Ézéchias, dans Isaïe.)
Gibbon écrivait ce soir-là sur son Journal cette note sentimentale et classique : « J’ai vu Mlle Curchod. — Omnia vincit Amor, et nos cedamus Amori. […] Un moraliste physiologiste a dit : « De même que, lorsqu’on s’est trop appliqué le soir à un travail, on a mille idées pénibles, tiraillées, fatigantes, qui reviennent avant le sommeil ; mais, au matin, tout s’éclaircit, et l’on se réveille avec de nouvelles idées faciles et vives, qui sont dues pourtant à cet effort du soir précédent : de même, d’une génération à l’autre, les formes d’idées qui, chez Mme Necker, sont à l’état de préparation laborieuse et compliquée, et presque de cauchemar, se réveillent chez Mme de Staël, jeunes, brillantes et légères. »
Je lui rendis compte dès ce soir de ce qui s’était passé dans mon voyage. […] Le cardinal Mazarin, qui s’amusait de ces disputes, dit le soir même à Cosnac, pour le harceler, « qu’un maréchal de France s’était vanté en sa présence que, s’il eût trouvé un évêque assis et qu’il eût été debout, il l’aurait pris par la main et se serait mis à sa place ». […] Le soir, le roi est piqué d’apprendre que son frère a paru à la tranchée, et lui dit : « Mon frère, on vous appellera bientôt sac à terre. » Quelques jours auparavant, au siège de Tournai, le roi, allant lui-même à la tranchée, y avait trouvé Cosnac : « Quoi !
Pour moi, ces douces pentes Me peignent le retour des natures contentes, L’heureux soir de la vie, — un esprit calme et sûr Qui, pour la fin des ans, réserve un fruit plus mûr ; Dans un œil languissant je crois voir l’étincelle, Un céleste rayon d’espérance fidèle, La jeunesse du cœur et la paix du vieillard. — Tout, pour toi, dans ce monde est ténèbres, hasard : Un grand principe aveugle, un mouvement sans cause Anime tour à tour et détruit chaque chose ; Par tous les éléments, sous les eaux, dans les airs, Chaque être en tue un autre : ainsi vit l’Univers ; Et dans ce grand chaos, bien plus chaos lui-même, L’homme, insondable sphinx, ajoute son problème, Crime et misère, en lui, qui se donnent la main ; La douleur ici-bas, et point de lendemain. — Oh !
Mais je persiste, l’Anacréon est un charretier ivre, tel qu’on en voit sortir sur les six heures du soir des tavernes du faubourg st Marceau.
C’est lui qui préside aux élections ; sa maison, sa table sont ouvertes du matin au soir et du soir au matin, à des agents électoraux qui vont rabattre des voix dans la campagne. […] Je causais, un soir, de M. […] Il y a “cercle”, ce soir aux Tuileries ! […] Il y avait bal, tous les soirs, à Tivoli et au jardin de la Grande-Chaumière. […] Un soir, à Pondichéry, M.
« Je suis très-décidé à vous faire subir une certaine quantité de vers anglo-français, si vous voulez venir lundi soir à huit heures précises chez votre ami bien sincère. […] ma foi, bon soir, ce masque me gêne ; vos vers, votre prose, vos élégies, vos sonnets m’enchantent, etc., etc. » Je ne puis décemment donner toute la lettre, tant elle est particulière et intime, quoique d’un homme qui ait écrit, à six ans de là, que je le connaissais à peine. […] « Mercredi, 17, à sept heures et demie précises du soir, le More de Venise vivra et mourra par-devant vous, mon ami ; si vous voulez faire asseoir l’Ombre de Joseph Delorme à ce banquet funèbre, sa place est réservée comme celle de Banquo. […] Alfred de Vigny, en ceci et ce jour-là supérieur par le cœur (je me plais à le reconnaître), m’écrivait : « Je rentre ce soir : j’étais sorti après avoir lu et relu votre poëme tout haut… Je viens de lire votre préface : elle m’a profondément affligé pour vous.
demain, ce soir, la seule vue d’une famille excellente et unie les dissipera. […] Il y en a qui, pour avoir trop fait, chaque matin et chaque soir, le tour extérieur du Palais-Royal dans les infections et les boues, ne savent plus jouir d’une heure de soleil dans la belle allée. […] A la philosophie du dix-huitième siècle, qui préconisait la nature de l’homme, a succédé le gouvernement parlementaire, qui lui fait des compliments soir et matin : comment ne serait-il pas gâté ? […] Matha disait de M. de La Rochefoucauld, « qu’il faisoit tous les matins une brouillerie, et que tous les soirs il travailloit à un rhabillement (c’étoit son mot). » 136.
En attendant il dort et restera ainsi jusqu’au soir, sans avoir envie de changer de place. […] Nous sommes presque étonnés de les revoir le matin, posés comme le soir, et nous les trouvons heureux de leur immobilité monotone. […] Soir et matin nos bons amis, Profitant de ce voisinage, Tantôt au bord de l’eau, tantôt sous le feuillage, L’un chez l’autre étaient réunis. […] Ce n’est plus Jeannot Lapin, un de ces gais compères qui, le soir sur la bruyère, « l’oreille au guet, l’oeil éveillé, s’égayent et parfument de thym leur banquet. »131 C’est une élégiaque.
C’est-à-dire qu’ils ou elles s’habillent — ce qui ne laisse pas de leur donner un assez vif plaisir — ils ou elles s’habillent « pour sortir ». « Nous sortons ce soir. » Cela signifie : « Nous allons voir Guitry ou Lavallière ou Polaire. » Car ce qui intéresse nos contemporains, cher ami, ce n’est pas le théâtre, ce sont les acteurs et les actrices, leurs relations et leurs meubles, leurs amants et leurs maîtresses, leurs jupons et leurs chaussettes. […] Trente mille personnes à Paris vont au théâtre, chaque soir. […] Pourvu qu’on n’exagère pas les choses, on peut légitimement aller se délasser, le soir au théâtre, et même au music-hall. […] En fait de chandelle, je souffle la mienne tous les soirs à neuf heures, et m’en trouve bien.
Elle avait fait, ce soir-là, une toilette effrénée d’éclat. […] Dès ce soir, elle sera la maîtresse de M. de Varville. […] Alexandre Dumas a conquis, en un soir, ses titres de majorité littéraire. […] Il a un rendez-vous, le soir même, avec une femme du monde, une grande dame, et, ne sachant où loger son tête-à-tête, il a pensé à son ami Paul.
D’autres, à la suite de ce Grec retrouvé qui se nomme André Chénier, eussent voulu recréer et former, à leur usage, dans un coin de notre société industrieuse, une petite colonie de l’ancienne Grèce ; ils aimaient les fêtes, la molle orgie couronnée de roses, les festins avec chants, les pleurs de Camille, et la réconciliation facile ; chaque matin une élégie, chaque soir une poursuite et une tendresse. […] Ô vignes purpurines, Dont le long des collines, Les ceps accumulés Ployaient gonflés ; Où, l’automne venue, La Vendange mi nue À l’entour du pressoir Dansait le soir !
Mandé la veille de la bataille de Castiglione, il arrive à temps pour y prendre sa bonne part : J’arrivai à l’heure indiquée (le 4 août à six heures du soir) : Voilà Joubert, dit un des aides de camp du général en chef, c’est un bon augure pour la journée de demain. — « Il faut encore que tu donnes un coup de collier, me dit Bonaparte, et nous nous reposerons ensuite. » Je l’ai vivement donné ce coup de collier… On sourit involontairement : on songe à cette longue série de coups de collier, depuis Montenotte, depuis Castiglione jusqu’à Moscou, jusqu’à Montmirail. […] C’est le plus admirable lieutenant, le plus parfait élève qui vient de gagner l’estime, l’amitié du maître, et à qui Bonaparte, dès le lendemain (le 15), écrit : « Je vous apprends avec plaisir, mon cher général, que le général Augereau a attaqué hier l’ennemi, lui a pris quelques hommes, douze pièces de canon, lui a brûlé ses ponts, etc. » Joubert, enfin, chargé seul de poursuivre et d’achever Alvinzi dans cette journée du 15, écrit à Bonaparte, le soir même : J’ai parfaitement suivi vos dispositions pour l’attaque de la Corona ; le succès a été au-delà des espérances : trois pièces de canon, quatre ou cinq mille prisonniers ; Alvinzi lui-même, précipité dans les rochers et se sauvant comme un éclaireur sur l’Adige et sans soldats : tel est en abrégé le résultat de cette affaire.
Dans une Introduction, l’auteur raconte somment, en un château assez voisin de Paris, chez le duc de…, qui, par ambition, s’est fait partisan très avancé des idées nouvelles, une société nombreuse, composée de militaires, de députés, d’artistes, de journalistes, se met à discuter un soir le grand sujet à la mode, à savoir si la source du progrès est dans la vie publique et sociale, ou s’il la faut chercher au foyer domestique. […] Aussi, le soir, quand il prit congé de ses hôtes, il leur laissa l’idée qu’il était né pour être heureux, et qu’il mourrait ignoré et content au bord du lac, seul témoin destiné à recevoir l’entière confidence de ses pensées. » Rousseau ne donne plus de ses nouvelles, et ses amis croient qu’il les a oubliés.
Quand l’auteur de la Némésis, Barthélemy, me décochait ses iambes mordants pour arrêter ma marche au début de ma carrière civique, j’étais jeune, riche, heureux, entouré de ces illusions du matin de la vie que trompe si souvent le soir, armé de mes vers pour le combat poétique, armé de ma parole aux tribunes pour le combat politique ; il était peut-être injuste, mais il était loyal et courageux de m’attaquer dans ma force. […] » Il faut à tout beau soir son Jardin des Olives !