Plus loin, quand Swann commence à être jaloux, après la scène où il a cru surprendre Odette avec Forcheville, et où il s’est aperçu qu’il se trompait de fenêtre et avait pris pour une conversation entre les deux amants, celle, toute paisible, que menaient deux innocents vieux messieurs : Il ne lui parla pas de cette aventure, écrit Proust, lui-même n’y songeait plus. […] Edmond Jaloux a bien marqué le rapport entre la conception subjectiviste de l’amour chez Proust, et la conception plus générale qu’il se fait du Temps ou plutôt des effets du Temps sur les êtres : Chez les écrivains qui ont précédé Proust, cette mesure du temps s’exprimait par des raccourcis, par des scènes qui indiquaient le travail fait sur l’individu et laissaient prévoir celui qui restait à faire. […] Elle fléchissait le cou comme on leur voit faire à toutes, dans les scènes païennes comme dans les tableaux religieux.
George Sand a célébré et, s’il en était besoin, poétisé, à la fin d’Indiana, le site magnifique du Bernica ; c’est au bord de ce ravin, en haut et en face de la cascade, que l’éloquent romancier dispose la scène, le projet de suicide de Ralph et d’Indiana ; je ne répondrais pas qu’il n’y ait quelque fantaisie dans une description faite ainsi par ouï-dire.
La fine élégance est devenue débauche ignoble ; le doute délicat s’est tourné en athéisme brutal ; la tragédie avorte, et n’est qu’une déclamation ; la comédie est effrontée et n’est qu’une école de vices ; de cette littérature, il ne subsiste que des études de raisonnement serré et de bon style ; elle-même est chassée de la scène publique presque en même temps que les Stuarts au commencement du dix-huitième siècle, et les maximes libérales et morales reprennent l’ascendant qu’elles ne perdront plus.
Ces derniers actes de la tragédie humaine sont les plus fortes scènes du drame humain, celles qui se gravent le mieux dans la mémoire des peuples.
D’abord la description la plus simple et la plus triste du site où il place la scène de sa sublime tristesse !
Le public des théâtres ressemblait à des passagers qui se seraient amusés de la représentation de scènes pastorales, tandis que la tempête grondait autour de leur vaisseau et le soulevait sur les flots.
Bossuet repasse toutes les grandes scènes de la Bible et de l’Evangile ; il nous les présente avec tout ce que son esprit y attache de sens, y enferme de leçons ; mais ce sont des réalités pour lui que cette histoire juive et cette histoire évangélique : et tout le pittoresque de la religion se déroule à nos yeux, parle à nos sens.
Des « mots de tous les jours » notent délicatement d’originales émotions ; au hasard de la causerie sortent spontanément des profondeurs de l’âme toutes sortes d’images des choses, fraîches et comme encore parfumées de réalité : une physionomie d’homme, une scène de la vie, un aspect de la nature, mille formes apparaissent ainsi, en pleine lumière, sobrement indiquées, d’un trait à la fois large et précis.
Froissart, c’est le drame sans ses ressorts cachés, sans ce qui l’explique, sans sa moralité ; Comines, c’est le drame complet, moins peut-être quelque mise en scène, qui n’y eût pas beaucoup servi.
C’est comme une scène de théâtre, qui se passe sur une place publique, et où l’on ne voit que deux ou trois personnes.
Cette façon de se prêcher et de se démontrer sans cesse, cette perpétuelle argumentation, cette mise en scène sans naïveté, ces longs raisonnements à la suite de chaque miracle, ces discours raides et gauches, dont le ton est si souvent faux et inégal 53, ne seraient pas soufferts par un homme de goût à côté des délicieuses sentences des synoptiques.
Pourtant, le véritable intérêt de la psychologie ne consiste pas, selon nous, à décrire le fonctionnement représentatif de la pensée, la mise en scène du spectacle intérieur, la formation des idées ou des états de conscience susceptibles de se formuler en idées ; l’intérêt consiste surtout à rechercher quelle est l’efficacité de la pensée en nous et autour de nous, quelle est la force des idées et de tous les états de conscience qui s’y résument, leur influence sur l’évolution de l’esprit et sur celle même de la nature.
Conséquemment, la somme des changements constatés entre les fossiles enfouis dans deux formations consécutives ne peut être égale, et il s’ensuit que chaque formation ne représente pas un acte complet de la création, mais seulement une scène détachée au hasard dans ce drame perpétuel et lentement changeant.
Les espèces nouvelles ont apparu sur la scène du monde lentement et par intervalles successifs ; et la somme des changements effectués dans des temps égaux est très différente dans les différents groupes.
Les vieilles écoles, les vieilles doctrines métaphysiques, peuvent être emportées par le courant de la science moderne ; la spéculation métaphysique peut changer de méthode ; le matérialisme et le spiritualisme des temps passés peuvent disparaître définitivement de la scène philosophique pour faire place à des idées plus complètes, à des théories plus positives : le problème métaphysique qui les a suscitées restera, non-seulement dans le domaine de l’imagination et du rêve, mais encore dans le domaine de la philosophie la plus sévère, quoi qu’en disent l’école critique de Kant et l’école positiviste de Comte.
C’est alors qu’on voit avec lui percer et se produire plus fréquemment dans ses lettres cette seconde génération africaine qui remplacera la première déjà revenue en France ; les Pélissier, les Canrobert, les Bosquet, les Morris, sont, avec Saint-Arnaud, les chefs brillants de cette seconde génération qui serre et talonne le plus près qu’elle peut les Changarnier, les Lamoricière, les Bedeau, les Cavaignac, et qui n’attend que son tour d’entrer en scène.
Je trouve des scènes écrites d’une tragédie d’Agis, des fragments, des projets d’une tragédie de Conradin, d’une Iphigénie en Tauride…, d’une autre pièce où paraissaient Carbon et Sylla, d’une autre où figuraient Vespasien et Titus ; un morceau d’un poëme moral sur la vie ; des vers qui célèbrent l’Assemblée constituante ; une ébauche de poëme sur les sciences naturelles ; un commencement assez long d’une grande épopée intitulée l’Américide, dont le héros était Christophe Colomb.
Je suis persuadé que, sauf des hobereaux écartés, chasseurs et buveurs, emportés par le besoin d’exercice corporel et confinés par leur rusticité dans la vie animale, la plupart des seigneurs résidents ressemblaient, d’intention ou de fait, aux gentilshommes que, dans ses contes moraux, Marmontel mettait alors en scène ; car la mode les poussait de ce côté, et toujours en France on suit la mode.
À chaque instant de notre vie nous y revenons ; il faut une contemplation bien intense, presque une extase, pour nous en arracher tout à fait et nous le faire oublier pendant quelques minutes ; alors même, par une sorte de choc en retour, nous rentrons avec plus d’énergie en nous-mêmes ; nous revoyons en esprit toute la scène précédente, et, mentalement, vingt fois en une minute, nous disons : « Tout à l’heure j’étais là, j’ai regardé de ce côté, puis de cet autre, j’ai eu telle émotion, j’ai fait tel geste, et maintenant je suis ici. » — En outre, l’idée de nous-mêmes est comprise dans tous nos souvenirs, dans presque toutes nos prévisions, dans toutes nos conceptions ou imaginations pures. — De plus, toutes nos sensations un peu étranges ou vives, notamment celles de plaisir ou de douleur, l’évoquent, et souvent nous oublions presque complètement et pendant un temps assez long le monde extérieur, pour nous rappeler un morceau agréable ou intéressant de notre vie, pour imaginer et espérer quelque grand bonheur, pour observer à distance, dans le passé ou dans l’avenir, une série de nos émotions. — Mais ce nous-mêmes, auquel, par un retour perpétuel, nous rattachons chacun de nos événements incessants, est beaucoup plus étendu que chacun d’eux.
. — On voit par tous ces exemples que les caractères généraux sont non seulement les habitants les plus répandus, mais encore les acteurs les plus importants de la nature ; outre la plus large place, ils ont sur la scène de l’être le premier rôle et la plus décisive action.
Sa maison de campagne de Pouzzoles est encore le lieu de la scène : « J’étais à Pouzzoles en même temps que Hirtius, consul désigné, l’un de mes meilleurs amis, et qui cultivait alors, avec beaucoup d’ardeur, l’art qui remplit ma vie.
Athéniens, vous aimez la gloire, et, si je voulais agir ainsi, vous ne devriez pas le souffrir ; vous devriez déclarer que celui qui recourt à ces scènes pathétiques pour exciter la compassion vous dégrade, et que vous le condamnerez plutôt que celui qui attend tranquillement votre sentence.
C’était un homme modeste, timide, ayant peur du son de sa propre voix, mais plein de bon sens et d’aperçus justes, un des hommes qui n’aiment pas à paraître en scène, mais qui ont, comme spectateurs, le sens le plus parfait des situations.
» Cette scène nous a remués plus que tout ce que nous avons vu jusqu’ici à l’hôpital.
« La scène est un champ de bataille.
La respiration des âmes, suspendue par les proscriptions de 1793, par la guerre et par le gouvernement militaire, avait été rendue à la France, on peut même dire à l’Europe : une nouvelle génération d’esprits élevés dans le silence et dans l’ombre était apparue sur toutes les scènes littéraires, à la fois monarchique avec M. de Chateaubriand, libérale avec Mme de Staël, théocratique avec M. de Bonald, féodale avec M. de Montlosier, sacerdotale avec M. de Maistre, classique avec Casimir Delavigne et Soumet, historique avec M.
» Avec ce mot-là nous lui recommencerons toujours la scène de Figaro : « Allez vous coucher, Bazile !
Marcel Dupont, — je crains que mon résumé ne le gâte, — le voici justement : on ne peut résumer l’un de ses chapitres, tant il est habile à dessiner en peu de traits toute la scène, à raconter vite et serré, à ne laisser entre les détails principaux que l’espace qu’il faut pour que l’air y circule. […] … Celui-ci, brusquement, éclata en sanglots… » Ces petites scènes, si bien notées et avec une amusante précision, si touchantes de simple vérité, c’est l’art le plus parfait de M. […] Il hésita, conjectura que la scène était finie, que Marie était montée se coucher. […] « De nouveau le calme était dans son cœur… » Une scène si belle et pathétique par la noble ingénuité de la pensée est l’honneur d’un livre. […] « Je m’avance sur le bord de la scène et, d’un air souriant, comme si je m’adressais à des amis éprouvés, je dis… » Il leur débite une anecdote et, notamment, de Jupiter qui, un jour, rencontre un paysan… « C’est donc nous qui sommes Jupiter ?
La scène se passe dans la maison de M. […] Et Richelieu le fit travailler pour la scène. […] Mais elle avertit la Grèce : « Eschyle voulait appeler l’attention des vainqueurs sur les étranges retours de la fortune et sur les desseins supérieurs qui en règlent les apparents caprices ; il voulait les mettre en garde contre un enivrement dont la défaite même de leurs ennemis révélait le péril ; il voulait leur inspirer la crainte de ces dieux jaloux qu’ils avaient eus pour protecteurs lorsqu’ils étaient faibles et modestes et qu’ils pouvaient s’aliéner à leur tour par l’orgueil joint à la puissance. » Or, la Grèce venait à peine de se délivrer : « Quelle démocratie, que celle où un peuple, à peine respirant d’un triomphe inespéré, souffre un si austère langage sur la scène consacrée à ses plaisirs ! […] Ces documents nous montrent des épisodes pareils à maintes scènes de Manon. […] Merlet décria cette « littérature putride », ce délit contre « l’art, le goût et la politesse des lettres françaises » ; il accusa les Goncourt d’avoir commis un « attentat littéraire » ; il dénonça « une mise en scène calculée pour un effet de surprise bruyante ».
En pareil temps, dans cet élan universel et dans ce subit épanouissement, les hommes s’intéressent à eux-mêmes, trouvent leur vie belle, digne d’être représentée et mise en scène tout entière ; ils jouent avec elle, ils jouissent en la voyant, ils en aiment les hauts, les bas, ils en font un objet d’art. […] Les besoins de l’imagination sont si vifs que la cour devient une scène. […] Jamais il ne les ramène sur la scène sans orner leur nom de quelque magnifique louange.
à l’égard du (…) de la 2e scène du III acte de l’Hécyre, il faut sous-entendre (…), ou enfin quelqu’autre mot pareil, (…) : Pamphile vouloit exciter cette idée dans l’esprit de sa mére pour en éluder la demande. […] On trouve dans les dernières éditions des oeuvres de Boileau une parodie ingénieuse de quelques scènes du Cid. […] Des Houlières une parodie d’une scène de la même tragédie.
Or, nous savons très bien qu’en littérature comme dans la vie réelle, le rôle de Chérubin est le plus difficile de tous à soutenir longtemps ; Figaro, dans l’œuvre de Beaumarchais, respire, agit et parle pendant trois longs drames ; le joli page ne paraît que dans quelques scènes, et puis Beaumarchais le tue comme on tue un enfant précoce qui s’est fait homme dix années avant les autres. […] Il a fait de belles odes, vous en convenez ; il est un grand écrivain et un grand poète, il a soulevé chez nous mille questions d’art et de poésie, vous l’avouez, et, parce qu’il lui a plu de porter la poésie sur la scène, parce qu’il a voulu traîner sur le théâtre les idées terribles qui l’obsédaient dans ses romans, voici que vous creusez la fosse du poète, voici que vous lui répétez la seule phrase latine qu’aient jamais sue par cœur les littérateurs de l’Empire : Sit tibi terra levis ! […] Elle a fait du suicide un lieu commun ; elle a transporté sur la scène les menaces de la chaire chrétienne, mais les menaces de l’Évangile moins la consolation d’ici-bas et le pardon de là-haut. […] Villemain, en ses jours de seigneurie, et quand il vous parle de ses souvenirs, ait jamais songé à mettre en scène les glorieux travaux de sa jeunesse, les luttes éloquentes et les sincères passions de son âge mûr. […] Seulement, elle n’a pas dû approuver la conclusion de la scène : « Brute, je te les donne » Elle appelait cette sibylle de Cumes un gâte-métier.
Il faut se dire, pour s’expliquer ce peu de succès personnel, à une époque déjà si raffinée de la société, que Racine était sans doute, de sa personne, bien bourgeois, bien auteur, bien rangé dans sa classe par ses habitudes, bien peu en rapport avec les tendresses touchantes que son talent mettait en action sur la scène.
Au xvie siècle Du Bartas, au xviie le Père Lemoyne et les jésuites, continuèrent, soit dans le didactique, soit dans le descriptif ; mais ce qui s’était perpétué assez obscurément, comme dans les coulisses du siècle de Louis XIV, revint sur la scène au xviiie .
C’était dans un salon que j’aime beaucoup ; j’en voyais distinctement les principaux hôtes, leurs habits, leurs attitudes ; je leur parlais ; la scène avait été longue, et l’impression si forte que j’aurais pu, un quart d’heure après, la conter dans tous ses détails ; j’étais mal à l’aise, et je sentais ma sottise en me demandant comment je pouvais la réparer. — À ce moment, le réveil commença et dura environ deux ou trois minutes.
On a le lieu de la scène, le pays, dessiné à grands traits, de quoi s’y orienter et voir de la meilleure place ce qui va se passer ; les personnages introduits au bon moment ; l’action, les grands mouvements, les manœuvres qui décident ; la tactique intelligible pour tout le monde, sans cette affectation de stratégie qui, sous la plume d’un homme de lettres, dénote la prétention et inspire la défiance.
Mais le sceptique qui prêche le paradis et l’enfer, auxquels il ne croit pas, au peuple qui n’y croit pas davantage, ne joue-t-il pas un rôle mille fois plus équivoque. « Amis, laissez-moi la jouissance de ce monde-ci, et je vous promets la jouissance de l’autre. » Voilà certes une bonne scène de comédie.
Au moment précis et dans la mesure où nous jouissons de notre action, — par exemple, dans la contemplation d’une scène de la nature, — nous cessons de désirer le changement, comme le soutiennent Rolph et Leslie ; mais aucune jouissance et aucune action ne peut demeurer longtemps au même niveau d’intensité.
Il faut convenir que les Parisiens d’aujourd’hui ne sont pas bien difficiles sur la mise en scène de leur plaisir.
Si on lisait ces vers admirables dans une scène de la tragédie de Britannicus, un des chefs-d’œuvre de Racine, qui pourrait distinguer entre le style poétique de Boileau et le style de Racine ?
Des souvenirs qu’on croyait abolis reparaissent alors avec une exactitude frappante ; nous revivons dans tous leurs détails des scènes d’enfance entièrement oubliées ; nous parlons des langues que nous ne nous souvenions même plus d’avoir apprises.
La division est l’œuvre de l’imagination, qui a justement pour fonction de fixer les images mouvantes de notre expérience ordinaire, comme l’éclair instantané qui illumine pendant la nuit une scène d’orage.
C’est un enchaînement de scènes qui prises isolément forment un tout et qui cependant ne peuvent se détacher les unes des autres.
L’objet de désirs, nous y voici revenus, et plutôt deux fois qu’une, puisque la créature, par définition des objets de désirs, grâce à la mise en scène de l’amour vénal et organisé, a trouvé place dans le cadre des désirs. […] Citation extraite de Racine, Andromaque, Gallimard, coll. « Folio plus », 2003 (acte I, scène 5).
« Comme, en scène, des dos de figurants font mouvoir la toile verte pour représenter la vague, ici, des ventres de noyés soulèvent la draperie sale de l’inondation. […] Une fois connues les données banales du banal problème, tous les Sarcey du monde vous indiqueront, suivant une méthode aussi infaillible que mécanique, les scènes à faire. […] Mais des lenteurs de la phrase, des longueurs de l’alinéa, du balin-balan endormi du chapitre, et de la répétition des mêmes effets, et du rabâchage des mêmes idées, et du recommencement des mêmes scènes, une brume d’ennui s’éleva qui, peu à peu, noya pour mes regards tous les mérites harmonieux.
Cette nécessité est sensible matériellement dans les restitutions de monuments fondées sur une description (par exemple celle du Temple de Jérusalem), dans les tableaux qui prétendent représenter des scènes historiques, dans les dessins des journaux illustrés. […] Chacun de nous peut retrouver dans ses souvenirs la façon absurde dont il a conçu d’abord les personnages et les scènes du passé. […] Des scènes de fantaisie ? […] On ne demande plus guère à l’histoire des leçons de morale ni de beaux exemples de conduite, ni même des scènes dramatiques ou pittoresques. On comprend que pour tous ces objets la légende serait préférable à l’histoire, car elle présente un enchaînement des causes et des effets plus conforme à notre sentiment de la justice, des personnages plus parfaits et plus héroïques, des scènes plus belles et plus émouvantes. — On renonce aussi à employer l’histoire pour exalter le patriotisme ou le loyalisme comme en Allemagne ; on sent ce qu’il y aurait d’illogique à tirer d’une même science des applications opposées suivant les pays ou les partis ; ce serait inviter chaque peuple à mutiler, sinon à altérer, l’histoire dans le sens de ses préférences.
Ô publicité et réglementation des sentiments intimes et des scènes familiales ! […] Je passe quelques épisodes. — Puis Julie est enceinte, puis elle fait une fausse couche, tout cela secrètement. — Puis, mylord Édouard, l’ami de Saint-Preux, ayant conseillé au père de Julie de la marier avec son maître d’étude, le baron fait une scène terrible à sa femme et à sa fille ; et la subtile Claire parvient à faire filer Saint-Preux, qui se rend à Paris. […] Douce et paisible innocence, tu manquas seule à mon cœur pour faire de cette scène de la nature le plus délicieux moment de ma vie ! […] Mais la « scène de l’aveu », que nous attendions, est malheureusement esquivée ; et nous ne l’apprenons que par cette étonnante lettre « de M. […] On verra, pour ainsi dire, Jean-Jacques à cinquante ans précepteur de Jean-Jacques à dix ans, à quinze ans, à vingt ans ; et ce sera très beau ; et tout portera ; et Jean-Jacques aura l’infini plaisir, là encore, d’être toujours en scène, et à tous les âges, et de ne jamais sortir de lui-même.
Mais, ce qui nous importe beaucoup davantage, on voit les libertins ici paraître en scène, et Bossuet, dans son exorde, annoncer son intention d’établir contre eux la vérité du dogme de la Providence : « De toutes les perfections infinies de Dieu, celle qui a été exposée à des contradictions plus opiniâtres, c’est sans doute cette Providence éternelle qui gouverne les choses humaines. […] Pendant plus de vingt ans, en plein règne de Louis XIV, tandis que les Pascal et les Bossuet, les Malebranche et les Arnauld, les Leibniz, les Fénelon occupaient le devant de la scène, et, chacun à sa manière, avec des succès différents, mais tous avec la même sincérité, s’efforçaient de fonder l’accord de la raison et de la foi, Bayle, dans son cabinet de Rotterdam, retranché derrière ses livres — à mesure qu’il semblait que ce superbe édifice, dont les ruines éparses donnent encore au xviie siècle son air d’incomparable grandeur, approchât de son comble, — le sapait, le minait, le démolissait par pans entiers de murailles. […] Pas plus que la génération des Voltaire et des Montesquieu, qui tout à l’heure occupera la scène, ou que la génération des Turgot et des Condorcet, qui ne disparaîtra qu’avec le siècle, celle-ci, la génération des Fontenelle ou des Bayle, n’est sceptique ou seulement incroyante : elle croit seulement à d’autres choses.
Il avait fait une scène à Pauline, avait pris le train, et c’est pour cela qu’il était maintenant le fiancé respectueux et roucoulant de Mlle Henriette Scilly, oublieux des caresses de l’autre, du « geste qu’elle avait entre ses bras, des cheveux épars sur son front, de la mélancolie tendre de son regard dans les divins moments ». […] Ce livre doit se recommander, en outre, par un ton légèrement onctueux et faire succéder aux scènes lubriques des explosions éplorées d’amour pour les souffrants et les humbles ou des transports enflammés de fervente croyance en Dieu. […] L’auteur a soin de la parer, tous les soirs, d’une riche toilette de nuit, et il la couvre d’or et de pierreries, avant de lui permettre de s’étendre sur le grand lit royal, auquel on monte par six degrés de marbre, recouverts de tapis de Sidon, et que « décorent des bas-reliefs sculptés dans l’or massif et représentant les différentes scènes de la vie terrestre d’Isis à la recherche des dépouilles d’Osiris, son frère et son époux, tombés dans les embûches de Typhon ». […] Paul Foucart acheva la lecture d’un Mémoire qui atteste que la rigueur de son génie épigraphique ne répugne pas aux hypothèses hardies et engageantes ; ensuite, sur la scène de la Bodinière, où M.
Au milieu des hommages de sympathie et d’admiration dont la jeunesse est prodigue et qui ne pouvaient être mieux placés qu’en cette rencontre, je me permettais quelques observations et restrictions sur le passage trop facile que l’historien se ménageait de la Gironde à la Montagne : « Ici, avait-il dit en concluant éloquemment son quatrième volume et la journée du 2 juin, ici commencent des scènes plus grandes et plus horribles cent fois que toutes celles qui ont indigné les girondins.
On peut trouver que, pour le cadre, l’auteur s’est souvenu des Dialogues du Tasse, et il le met effectivement en scène dans l’un des siens.
La scène se passe au cabaret ; on y boit à même des pots, on y mange des harengs saurets, tout s’en ressent.
L’Enfant prodigue, acte III, scène II.