Mais je raconte l’histoire des ouvrages durables ; et ni d’Alembert ni Diderot n’en ont ajouté un seul à la liste glorieuse. […] Il veut de la peinture qui raconte et de la statuaire qui se pique de peindre. […] Aussi, quel ne fut pas le soulagement de tous ceux que n’avait pas atteints la propagande encyclopédique, à la lecture d’un livre qui faisait rentrer la Providence dans le monde, et l’âme dans la nature redevenue le théâtre de la création intelligente, où chaque chose raconte la fin pour laquelle elle a été créée !
Rappelez-vous encore ce trait touchant, raconté par Hérodote : « Arrivé à Abydos, Xerxès, voyant, du haut d’une colline, défiler son immense armée, se déclara heureux ; puis il se prit à pleurer. […] Stobée raconte l’histoire d’un jeune homme qui, forcé par son père de se livrer aux travaux des champs, se pendit, laissant une lettre par laquelle il déclarait que l’agriculture était un métier par trop monotone, qu’il fallait sans cesse semer pour récolter, récolter pour semer encore, et que c’était là un cercle infini et insupportable. […] Les cavaliers partis, la jeune fille rassurée soulève son voile, et raconte à Diane l’histoire de son aventure nocturne.
Les détails en échappent, et ce qu’ont raconté les libelles ne saurait être article d’histoire. […] Il y avait des jours où l’on y rencontrait dînant ensemble Diderot, d’Alembert, Duclos, Helvétius, Turgot, Buffon, tout cela, comme disait Louis XV ; « et Mme de Pompadour, nous raconte Marmontel, ne pouvant pas engager cette troupe de philosophes à descendre dans son salon, venait elle-même les voir à table et causer avec eux ». […] L’un de ceux qui parurent la regretter le moins, fut Louis XV ; on raconte que, voyant d’une fenêtre passer le cercueil qu’on transportait du château de Versailles à Paris, comme il faisait un temps affreux, il dit ces seuls mots : « La marquise n’aura pas beau temps pour son voyage. » Son aïeul Louis XIII avait dit à l’heure de l’exécution du favori Cinq-Mars : « Cher ami doit faire maintenant une laide grimace. » Auprès du mot de Louis XIII, le mot de Louis XV est presque touchant de sensibilité.
Un jour, il se rendit en visite à la tête des paysans de Blérancourt au château de Manicamp, chez le comte de Lauraguais, colonel des gardes nationales du canton, et un peu pour le braver : On nous dit que le comte était aux champs, raconte Saint-Just dans une lettre, et moi cependant je fis comme Tarquin : j’avais une baguette avec laquelle je coupai la tête à une fougère qui se trouva près de moi sous les fenêtres du château, et sans mot dire, nous fîmes volte-face. […] (Raconté à moi par M. […] Édouard Fleury les raconte ; et je pourrais accorder à M.
Il y a eu des jours dans sa vie, où il est resté couché, trompant la faim avec des cigarettes, et il raconte pour se consoler qu’il a un camarade de chambre encore plus rafalé que lui, demeuré deux jours au lit sans manger, — et l’affreux, dit-il, c’est qu’il l’entendait rêver qu’il faisait des repas à trois services. […] 9 décembre Comme nous allions, il y a deux jours, au Musée du Louvre, demander la permission de graver le dessin de Watteau, représentant l’Assemblée des musiciens chez Crozat, Chennevières nous raconte que le Musée est, sens dessus dessous, à propos du dessin de la Revue du Roi, qu’on a proposé au Musée d’acheter, et que le Musée n’a pas de quoi acheter. […] On marche l’un sur l’autre dans les corridors, où Janin souffle sur une banquette, où Villemessant raconte le duel Galliffet, où Claudin vague, où Villemot montre un gilet blanc de la Belle Jardinière, où Crémieux se plaint de la poitrine avec des tonalités de Grassot récitant du Millevoye, où Marchal salue tout le monde.
Jeudi 2 octobre Pendant que je pose pour mon portrait, Bracquemond, tout en crayonnant, me raconte un peu de sa vie. […] Un dîneur de Brébant racontait, ce soir, que déjeunant, un jour, avec Taine, Pierre Leroux, et Bertrand, qui était l’amphitryon, au moment, où le garçon rapportait la monnaie d’un billet de cent francs, Pierre Leroux disait à Bertrand, en faisant sauter l’argent de l’assiette dans sa main : « Est-ce que tu fais quelque chose de cette monnaie ? […] Maspero, lui, raconte la fin de Jacques, qui tombé malade, comme mineur, et recueilli par des naturels du pays, avait épousé une fille très belle, mais une vraie guanche, qui ne savait que monter à cheval.
. — Michel Penet, âgé de dix-neuf ans, chasseur au 8e bataillon de chasseurs à pied, raconte : J’aurais voulu que vous assistiez, comme moi, aux demandes de départ. […] Le capitaine André Cornet-Auquier, protestant, mort pour la France, raconte : Un capitaine catholique disait l’autre jour qu’avant chaque combat il priait. […] Il y a une quinzaine d’années, dans un entretien inoubliable, le fameux Stanley m’avait raconté, à ma grande stupeur, qu’en Afrique, s’il était indécis, angoissé, en péril, il ouvrait sa Bible, y trouvait un conseil. « Bon, m’étais-je dit, c’est un Anglo-Saxon. » Mais tout de même la différence de nationalité ne fournissait pas une explication totale.
On raconte que Balzac (qui n’écouterait avec respect toutes les anecdotes, si petites qu’elles soient, qui se rapportent à ce grand génie ?) […] Ingres Cette Exposition française est à la fois si vaste et généralement composée de morceaux si connus, déjà suffisamment déflorés par la curiosité parisienne, que la critique doit chercher plutôt à pénétrer intimement le tempérament de chaque artiste et les mobiles qui le font agir qu’à analyser, à raconter chaque œuvre minutieusement. […] Sans avoir recours à l’opium, qui n’a connu ces admirables heures, véritables fêtes du cerveau, où les sens plus attentifs perçoivent des sensations plus retentissantes, où le ciel d’un azur plus transparent s’enfonce comme un abîme plus infini, où les sons tintent musicalement, où les couleurs parlent, où les parfums racontent des mondes d’idées ?
Son journal proprement dit n’a guère d’autre caractère que celui de Dangeau, et de tels écrits, très curieux pour la postérité, ont rarement pour effet de grandir les personnages qui en font les frais et dont on nous raconte jour par jour toutes les actions et toutes les fonctions. […] Il y a dans les Mémoires de l’abbé Le Dieu une douzaine de pages, entre autres, que je recommande : ce sont celles (109-121) dans lesquelles il raconte, d’après Bossuet lui-même et pour l’avoir entendu plusieurs fois à ce sujet, la manière dont ce grand orateur concevait l’éloquence de la chaire et la pratiquait.
Sur le Télémaque, il y a tant de gens qui, après l’avoir lu enfants, l’ont oublié ou qui le rejettent d’un air d’ennui s’ils essayent de le relire, qu’on est surpris d’abord de voir un homme si sage et que de loin on jugerait un peu froid (pour ceux qui le connaissent, il ne l’est pas du tout), nous raconter comment il a passé par trois impressions successives au sujet du livre relu, et nous faire l’histoire de ces trois époques, de ces trois âges du Télémaque en lui. […] Ici, il fera comme pour Fénelon ; il nous racontera ses impressions diverses aux lectures et aux relectures successives qu’il en a faites.
Le Play a raconté le fait dans la première monographie de son livre (page 57), mais il s’est borné à le constater en peu de mots et avec sa précision ordinaire, en ne cherchant à rendre ni le mouvement ni le jeu de scène. La manière dont il le raconte de vive voix est bien autrement circonstanciée et curieuse ; et en général, sur tous ces pays qu’il a vus et sur les singularités de mœurs, je ne sais rien de plus intéressant que sa conversation.
On avait raconté que Prevost, jeune, au sortir du collège, avait eu une liaison amoureuse dans sa ville natale, et qu’un jour son père étant venu lui faire une scène chez sa maîtresse qu’il avait maltraitée, l’amant en fureur avait précipité du haut d’un escalier le bonhomme, qui, sans accuser personne, était mort des suites de sa chute : on prétendait expliquer de la sorte la brusque vocation du coupable et son entrée chez les bénédictins. […] Ce serait l’abbé Prevost qui, dans un souper d’amis, aurait lui-même le premier raconté l’anecdote que répétait l’abbé Barthélémy.
Il raconte à Mme de La Fontaine que son premier soin, en entrant dans un pays, est de s’enquérir des jolies femmes : « Je m’en fis nommer quelques-unes, à mon ordinaire. » Il entre dans une allée profonde et couverte, et explique (toujours à Mme de La Fontaine) « qu’il se plairait extrêmement à avoir en cet endroit une aventure amoureuse. » Il insiste pour plus de clarté (toujours dans une lettre à Mme de La Fontaine) : « Si Morphée m’eût amené la fille de l’hôte, je pense bien que je ne l’aurais pas renvoyée. […] On l’appelle « le bonhomme. » En conversation, il ne sait pas de quoi on parle autour de lui, « rêve à toute autre chose, sans pouvoir dire à quoi il rêve. » Il paraît « lourd, stupide. » Il ressemble à « un idiot », ne sait raconter ce qu’il vient de voir, et, « de sa vie, n’a fait à propos une démarche pour lui-même. »14 Sa sincérité est naïve ; il pense tout haut, montre aux gens qu’ils l’ennuient.
Si je ne me trompe, nous retrouverons quelque chose de cette honnête candeur chez Madeleine de Scudéry, la vierge sage, d’âme héroïque et d’esprit prolixe Voici Marguerite d’Angoulême, très savante, très entortillée, toute fumeuse de la Renaissance, souriante, gaie et bonne à travers tout cela, avec son grand nez sympathique, le nez de son frère François Ier Puis, c’est l’autre Marguerite, Marguerite de Valois, point pédante celle-là, dégagée, galante avec une entière sécurité morale, que rien n’étonne, qui raconte si tranquillement la Saint-Barthélémy ; la première femme de son siècle qui écrive avec simplicité ; une inconsciente, un aimable monstre, comme nous dirions, aujourd’hui que nous aimons les mots plus gros que les choses Je mets ensemble les enamourées, les femmes brûlantes, les Saphos, chacune exhalant sa peine dans la langue de son temps : Louise Labé mettant de l’érudition dans ses sanglots ; Mlle de Lespinasse mêlant aux siens de la sensibilité et de la vertu, Desbordes-Valmore des clairs de lune et des saules-pleureurs… Mlle de Gournay est une antique demoiselle pleine de science, de verdeur et de virilité, une vieille amazone impétueuse que Montaigne, son père adoptif, dut aimer pour sa candeur, une respectable fille qui a l’air d’un bon gendarme quand, dans son style suranné, elle défend contre Malherbe ses « illustres vieux ». Je crois la voir donner la main à Mme Dacier, cette autre Clorinde de la naïve érudition d’antan Mlle de Montpensier est une héroïne de Corneille, très fière, très bizarre et très pure, sans nul sentiment du ridicule, préservée des souillures par le romanesque et par un immense orgueil de race ; qui nous raconte, tête haute, l’interminable histoire de ses mariages manqués ; touchante enfin dans son inaltérable et superbe ingénuité quand nous la voyons, à quarante-deux ans, aimer le jeune et beau Lauzun (telle Mandane aimant un officier du grand Cyrus) et lui faire la cour, et le vouloir, et le prendre, et le perdre Le sourire discret de la prudente et loyale Mme de Motteville nous accueille au passage Mais voici Mme de Sévigné, cette grosse blonde à la grande bouche et au nez tout rond, cette éternelle réjouie, d’esprit si net et si robuste, de tant de bon sens sous sa préciosité ou parmi les vigoureuses pétarades de son imagination, femme trop bien portante seulement, d’un équilibre trop imperturbable et mère un peu trop bavarde et trop extasiée devant sa désagréable fille (à moins que l’étrange emportement de cette affection n’ait été la rançon de sa belle santé morale et de son calme sur tout le reste) A côté d’elle, son amie Mme de La Fayette, moins épanouie, moins débordante, plus fine, plus réfléchie, d’esprit plus libre, d’orthodoxie déjà plus douteuse, qui, tout en se jouant, crée le roman vrai, et dont le fauteuil de malade, flanqué assidûment de La Rochefoucauld vieilli, fait déjà un peu songer au fauteuil d’aveugle de Mme du Deffand Et voyez-vous, tout près, la mine circonspecte de Mme de Maintenon, cette femme si sage, si sensée et l’on peut dire, je crois, de tant de vertu, et dont on ne saura jamais pourquoi elle est à ce point antipathique, à moins que ce ne soit simplement parce que le triomphe de la vertu adroite et ambitieuse et qui se glisse par des voies non pas injustes ni déloyales, mais cependant obliques et cachées, nous paraît une sorte d’offense à la vertu naïve et malchanceuse : type suprême, infiniment distingué et déplaisant, de la gouvernante avisée qui s’impose au veuf opulent, ou de l’institutrice bien élevée qui se fait épouser par le fils de la maison !
Le Chœur lui raconte le songe qui a effrayé Clytemnestre. […] Il raconte froidement l’histoire qu’il a préparée. — En cheminant vers Argos, un homme qu’il a rencontré sur la route lui a dit se nommer Strophios.
L’éditeur anonyme de ce portefeuille de Madame Récamier, trié et surveillé, l’éditeur qui fait la main pieuse, déposant, de nuit, des fleurs sur un tombeau, nous raconte tout ce qui lui plaît sans mettre hardiment, en se nommant, comme il y était tenu, le poids de sa moralité et de son autorité en tête des récits qu’il nous donne et qu’il faudrait appeler, car c’est là leur vrai titre : Souvenirs sur Madame Récamier, par une personne qui l’a bien connue, mais qui n’a pas voulu y mettre son nom. […] La parole, qui a été donnée à l’homme pour cacher sa pensée, a dit un impudent menteur, trahit, au contraire, toujours l’homme, et il n’a pas besoin de se raconter pour se dire : il se dit en parlant de tout.
Ces deux voix qui racontent des choses dignes d’être ouïes dans un mystérieux silence, les ombres les admirent ; mais la foule serrée écoute davantage, et d’une oreille avide, les combats et la défaite des tyrans63. » Cette ardeur inattendue d’Horace, cette préférence qu’il attribue à la foule, même des ombres, pour les vers belliqueux et les cris de guerre d’Alcée, n’est-elle pas un précieux témoignage au moins de la verve du poëte banni de Lesbos, et chantant ses vicissitudes, à mesure qu’il les éprouvait ? […] Enfin, traitant les dieux comme les hommes, Alcée, dans un autre hymne à Mercure, tel que celui peut-être où s’égaye Horace, avait raconté, d’après Homère, les tromperies les plus piquantes du dieu.
Il a pour antagoniste-né le génie lyrique, qui sans cesse se chante, se raconte et se décrit, qui se mire dans les choses, se sent dans les personnes, intervient et se substitue partout, et rend impossible la diversité255.
Vous raconter la comédie d’Ernest d’Hervilly, si pimpante, si subtile, si japonaise, c’est-à-dire si parisienne, et qu’une mise en scène adorablement exotique pimente si vivement ?
Tantôt il raconte que le char du dieu vole comme la pensée d’un voyageur qui se rappelle, en un instant, les lieux qu’il a parcourus ; tantôt il dit : Autant qu’un homme assis au rivage des mers Voit, d’un roc élevé, d’espace dans les airs, Autant des Immortels les coursiers intrépides En franchissent d’un saut81.
La Grèce raconte qu’une jeune fille, apercevant l’ombre de son amant sur un mur, dessina les contours de cette ombre.
Vitruve raconte autrement l’invention du chapiteau, mais cela ne détruit pas ce principe général, que l’architecture est née dans les bois.
Si le trait de l’épigramme n’est pas vif, si le sujet n’en est pas tel qu’on l’écoutât avec plaisir, quand même il seroit raconté en prose, l’épigramme, quoique bien versifiée et rimée richement, ne sera retenuë de personne.
En route il rencontre un guinné qui avait pris la figure d’un homme et il lui raconte sa mésaventure.
Il n’est donc point contradictoire qu’Homère n’ait pas vu l’Égypte, et qu’il raconte tant de choses de l’Égypte et de la Lybie, de la Phénicie et de l’Asie en général, de l’Italie et de la Sicile, d’après les rapports que les Phéniciens en faisaient aux Grecs.
De tels récits s’accordent peu avec une anecdote que raconte Aulu-Gelle. […] Pourquoi mes fragilités ont-elles des espions plus fragiles eux-mêmes, qui, dans leurs dires, racontent comme mauvais ce que je crois bon ? […] Il ne raconte rien ; il jette tout en dehors, et sur la scène : c’était la pratique de ses contemporains. […] Séparé de la terre par la perte du jour et par la haine des hommes, il n’appartenait plus qu’à ce monde mystérieux dont il racontait les merveilles. […] On raconte que le poète a consacré dans cette scène un trait de sa vie, sa réconciliation avec sa première femme.
Je ne sais si Villemain osera raconter ce trait dans son éloge académique : il le faudrait pourtant, sous peine de ne pas peindre l’homme. […] Quelqu’un a raconté qu’il était dans sa terre, qu’il avait demandé un port d’armes, un permis de chasse, et qu’on le lui avait refusé. […] Royer-Collard m’en ayant parlé un jour et m’ayant raconté comment les choses s’étaient passées. […] De Vigny a raconté cette conversation à sa manière ; on la trouve dans les notes publiées par M. […] On sait la suite, et je n’ai voulu en tout ceci que revendiquer l’honneur de l’article du Globe, cité au tome deuxième, page 341, de Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie.
S’il est las ou ennuyé, elle lui racontera « joyeuses fables ou devises ou hystoires » pour le récréer. […] Il leur raconte les belles actions et instruit la génération naissante par les exemples des anciens. […] Oui, je sais, c’est pour l’empêcher d’être parricide qu’elle lui raconte son histoire. […] L’ayant relue afin de vous la raconter, je l’ai trouvée beaucoup plus pénétrante à la lecture qu’à la représentation. […] Il nous raconte qu’il a tué sa mère, ou il promet à sa maîtresse d’assassiner un homme dont elle a à se plaindre.
Elle est séparée, ou elle le raconte. […] Un Parisien de trente-cinq ans, tel que de Ryons, qui a vécu en braconnant de tous côtés, comme il le raconte, a pu garder son Idéal. […] Cette seconde critique est seulement la confidence d’un esprit qui raconte les réflexions suggérées en lui par une lecture. […] Que racontent ceux de leurs romans qui sont venus jusqu’à nous ? […] C’est presque celui dont un amant est possédé devant la confidence d’une femme aimée, qui lui raconte quelque inguérissable malheur de sa vie.
Je sais la part qu’il faut faire au feu de la jeunesse, et lui-même, quand il revient, pour la raconter, sur cette époque, il semble parler de quelque excès que l’âge aurait tempéré et guéri. […] De retour en Europe, les années suivantes se passèrent pour lui en succès de toutes sortes, en voyages dans les diverses cours, très-amusants et qu’il raconte à ravir, en projets politiques et en applications sérieuses de son métier de républicain. […] Il y a bien des années, qu’enfant j’entendais raconter à l’un des gardes nationaux présents aux journées des 5 et 6 octobre, le détail que voici, et qui est à la fois une particularité et une figure. […] La rentrée de La Fayette en France après le 18 brumaire, son attitude au milieu des partis dès lors simplifiés, ses réponses aux avances du chef comme à celles de la minorité opposante, tout cela est raconté avec un intérêt supérieur et plus qu’anecdotique, dans l’écrit intitulé Mes Rapports avec le premier Consul, dont j’ai précédemment cité l’éloquente conclusion. […] La Fayette, qui raconte ce détail et qui rappelle les chevaleresques paroles sur ce sang fidèle d’où la monarchie renaîtrait un jour, ne peut s’empêcher d’ajouter : « Constant (Benjamin Constant qui était de la conférence) se mit à rire du dédommagement qu’on m’offrait. » Et, en effet, la position de La Fayette en ce moment, au pied du trône des Bourbons, paraît bien fausse, surtout lorsqu’on a lu le jugement qu’il portait d’eux pendant 1814.
16 avril Passé la soirée chez les Armand Lefébvre… Une jeune fille de notre connaissance nous raconte ses visites à la sœur de P….., son ancienne amie de Saint-Denis, et qui s’est faite carmélite. […] À ce dîner, Sainte-Beuve raconte qu’au 24 février 1848, il avait un rendez-vous avec une blanchisseuse. « Eh bien ! […] À propos du livre : Victor Hugo, raconté par un témoin de sa vie, Gautier déclare que ce n’était pas un gilet rouge qu’il portait à Hernani, mais un pourpoint rose. […] Sainte-Beuve, de son côté, raconte que lorsqu’il a été faire des cours à Liège, en 1849, à la suite de nombreuses écritures rapides, il a été attaqué de ce que les médecins appellent la crampe d’écrivain, qui lui a à peu près paralysé les muscles du bras droit, ce qui fait que depuis, il n’écrit plus que des billets et dicte ses lettres un peu longues. […] » Toutefois Saint-Victor et Gautier envoient un garçon chercher, pour faire le quatorzième, le fils de Magny, un jeune collégien, devant lequel on raconte bientôt des choses énormes.
C’est qu’il n’est pas, lui, un homme d’antiquité ; il nous l’a raconté quelque part en des pages touchantes et poignantes : enfant, il s’est formé rudement, presque tout seul, sans loisir et sans maître ; il a peiné de bonne heure.
Ce qu’il a donc vu de piquant et de tranché dans les mœurs du nord et du raidi, il le raconte dans ce livre, et en fait sentir le rapport avec le climat.
Henry Gauthier-Villars La Peine de l’esprit raconte le tourment d’un Faust contemporain, et c’est un bonheur que le mal du Rêve soit incurable.
Il peint plutôt qu'il ne raconte.
On raconte qu’ayant voulu mettre, dans toute la délicatesse & dans toute la pureté de la langue, un sermon de Bourdaloue, & que le lui ayant rapporté avec les changemens, Bourdaloue, ce génie mâle & rapide, fut tellement indigné de voir son ouvrage défiguré, qu’il le jetta par terre, & protesta qu’il ne prêcheroit de sa vie, s’il falloit qu’il le fît dans un goût si misérable & si puérile.
Dans la narration, nous devenons secs et minutieux, parce que nous causons mieux que nous ne racontons ; dans les réflexions générales, nous sommes chétifs ou vulgaires, parce que nous ne connaissons bien que l’homme de notre société170.
Les pellerins anglois alloient bien à Rome en grand nombre gagner les pardons ; mais les uns et les autres n’étoient pas peintres, et ce qu’ils pouvoient raconter des animaux de ce païs-là n’en étoit pas un dessein.
On raconte un grand nombre d’histoires d’animaux, d’enfans, et même d’hommes faits qui s’en sont laissé imposer par des tableaux, au point de les avoir pris pour les objets dont ils n’étoient qu’une imitation.
Ils disent encore qu’Eschyle fut le premier poète tragique, et Pausanias raconte qu’il reçut de Bacchus l’ordre d’écrire des tragédies ; d’un autre côté, Horace qui dans son art poétique commence à traiter de la tragédie en parlant de la satire89, en attribue l’invention à Thespis, qui au temps des vendanges fit jouer la première satire sur des tombereaux.
Il arriva, au mois d’octobre, que, dans une audience d’ambassadeurs, Janikan trouvant le roi chagrin contre le premier ministre, sur un sujet qu’on raconte diversement, il commença à l’accuser de plusieurs choses, les unes vraies et les autres fausses, que le prince écouta assez aigrement. […] On sera sans doute bien aise d’apprendre la vengeance qui fut faite de la mort de ce vieux ministre, et je la raconterai d’autant plus volontiers, qu’elle n’est pas moins tragique ni moins exemplaire, et qu’on peut bien assurer qu’il n’a été jamais parlé de grande fortune sitôt faite et sitôt détruite. […] On raconte une chose admirable d’une mule que cet épicier avait (car les gens de cette condition, en Perse, montent la plupart des mules, comme les docteurs de la loi montent des ânes). […] VI Voici une bizarre anecdote que Chardin raconte ici sur une femme publique d’Ispahan, de laquelle il habitait alors la maison. […] Pendant le dernier de ses voyages, le roi meurt à la campagne, et voici la manière curieuse dont il raconte l’élévation et le couronnement de Solyman, son successeur.
Comme d’habitude, il s’informa avec intérêt de ce que j’avais vu de neuf ces jours-ci, et je lui racontai que j’avais fait connaissance avec une femme poète. […] Racontez toujours ! […] Voici l’histoire, je veux vous la raconter. […] — Je ne raconte pas ce trait pour m’en glorifier ; mais cet acte est tout à fait dans ma nature. […] En s’habillant, Goethe me raconta un rêve de sa nuit.
Cette terrible nouvelle fut racontée aux guerriers d’Etzel, — c’était pour eux une amère douleur, — que Blœde et ses hommes avaient été tués, et que c’étaient le frère de Hagene et les varlets qui l’avaient fait. […] J’irai raconter moi-même la nouvelle à la cour et je me plaindrai à mon seigneur de vos furieuses attaques. » Il se défendit si vigoureusement contre les hommes d’Etzel qu’ils n’osèrent plus attaquer avec l’épée. […] On put raconter des merveilles des Burgondes. […] On peut raconter merveille des promesses et des dons de Kriemhilt. […] Je ne puis vous raconter ce qui arriva depuis, si ce n’est qu’on voyait chevaliers, femmes et nobles varlets pleurer la mort de ceux qu’ils avaient aimés.
. — Le Titan leur raconte ce qu’il a fait pour les hommes. […] Je sais qu’il a soumis toute justice à sa volonté ; mais un jour il s’humiliera, quand il se sentira menacé. » Cependant le Chœur demande qu’il lui raconte son histoire. […] La Francesca du Dante, cette autre damnée de l’amour, emportée elle aussi par une rafale éternelle, n’est pas plus mélodieusement plaintive, lorsqu’elle raconte « à quels signes, aux temps des doux soupirs, Amour lui permit de connaître ses désirs incertains. […] Dans sa septième Isthmique, le poète thébain raconte que Zeus et Poséidon se disputaient Thétis, la belle nymphe marine, que chacun d’eux voulait épouser. […] Son premier exploit, si délicieusement raconté par l’Hymne Homérique, met en scène le double phénomène qu’il personnifie.
Lui demander pourquoi il n’a rien raconté, pourquoi il ne s’est imposé ni la peinture des hommes ni celle des choses, serait une véritable injustice. […] Est-ce que par hasard l’été de 1483, tel que le racontent les historiens anglais, ne contenait pas les éléments d’une tragédie ? […] Nous ne la raconterons pas, car nous croyons que la littérature et le public ne gagnent jamais rien aux procès-verbaux. […] Il vous racontera pourquoi le dix-septième siècle de l’Espagne, dont il voulait faire quelque chose, est ajourné dans ses projets. […] Le courage manque pour les raconter ; le blâme hésite devant le néant sonore et hautain qui voudrait simuler le drame, et qui ne réussit qu’à étourdir.
Celui-ci raconte qu’à peine hors des langes, le petit poète en herbe avait des « mouvements oratoires et des expressions pittoresques » pour peindre ses malheurs ou ses plaisirs d’enfant. […] Sainte-Beuve raconte que des étudiants en droit, en médecine, savaient le poème par cœur lorsqu’il n’avait encore paru que dans une revue, et le récitaient aux nouveaux arrivants. […] La ville tout entière, pour qui sait comprendre ce que racontent les pierres, servait d’illustration et de commentaire aux vieilles chroniques florentines. […] Il travaillait sur « documents humains » et racontait des « choses vécues », à la façon de nos romanciers naturalistes ; seulement, il ne regardait pas avec les mêmes yeux. […] Son frère raconte comment, en 1839, il fut sur le point de se tuer.
J’y vois une sorte de protestation modeste et de reprise en action contre les trop spirituelles impressions de voyage et les enjambées de nos grands auteurs, par quelqu’un du terroir, et qui, ayant beaucoup laissé dire, se décide à son tour à raconter. […] Ratin, lequel a sur le nez une certaine verrue très-singulière ; cette verrue nous est racontée au long et décrite avec ses poils follets, ainsi que la lutte fréquente du bon pédant avec la mouche mauvaise qui s’obstine à s’y poser. […] Ils se racontent leurs impressions, chacun de leur côté, durant un orage. […] Louise, en réponse, lui raconte ce qu’elle faisait réellement, et où l’orage les a surpris.
Grégoire de Tours nous a raconté l’histoire de ce Winnoch, qui passa par Tours en allant à Jérusalem, portant pour tout vêtement des peaux de brebis dépouillées de leur laine. […] Où m’a raconté deux ou trois fois sa vie, et toujours avec des circonstances plus extraordinaires les unes que les autres. […] Ma mère, qui par un côté était Gasconne (mon grand-père du côté maternel était de Bordeaux), racontait ces vieilles histoires avec esprit et finesse, glissant avec art entre le réel et le fictif, d’une façon qui impliquait qu’au fond tout cela n’était vrai qu’en idée. […] Ma mère ne me racontait jamais cette scène sans la plus vive émotion.
Il racontait à tous les nouveaux venus trois ou quatre anecdotes, toujours les mêmes, mais qui avaient établi sa réputation. […] Il daigna me la raconter le jour où je lui fus présenté et qui était précisément le jour dont je vous parle. […] Le général d’Aurelle de Paladines s’y opposa, et alors Chabrillat racontait qu’il lui avait fait, d’un air vexé, cette réponse sublime : − C’est bien, général. […] Mais ce n’est pas celui-là que j’essaye de vous raconter.
Il l’expliqua un jour très gaiement, et avec beaucoup d’imagination et d’esprit, au roi Henri II, qui, au retour de ce siège, l’accueillit comme il devait et l’entretint longuement durant cinq heures d’horloge, se faisant tout raconter, et ses harangues, et ses ruses, et le détail des souffrances, mais le roi ne pouvait, malgré tout, concevoir encore comment il avait su s’accorder si bien et si longtemps avec une nation étrangère et délicate, surtout en de pareilles détresses. […] Le temps de la gloire pour Montluc est fini ; à la veille de la mort de Henri II dans ce malheureux tournoi, et la nuit même qui précéda le coup fatal, Montluc raconte qu’étant chez lui, en sa Gascogne, il eut un songe qui lui représentait, avec toutes sortes de circonstances frappantes, son roi mort et tout saignant, et il s’éveilla éperdu, la face tout en larmes, racontant aussitôt son pronostic à sa femme et, le matin, à plusieurs amis.
Le roi pendant le siège, et malgré la goutte dont il ressent quelque accès, persiste à monter à cheval et à aller à la tranchée : Il n’a mis pied à terre que vis-à-vis de la batterie, raconte Dangeau (27 mars) ; ensuite il a visité tout le travail qu’on a fait, et a été aux travaux les plus avancés. […] Celui-ci ne les commence, en effet, qu’avec le siège de Namur en 1692, ce qui donne plus de prix aux faits antérieurs racontés par Dangeau et aux notes que Saint-Simon y joint, et qui n’ont pas toutes passé en substance dans son grand ouvrage.
Après avoir raconté qu’il a vu mourir sous ses yeux une vieille amie, une femme âgée et d’un esprit supérieur, avec qui il avait souvent épuisé, en conversant, toutes les réflexions morales et anticipé l’expérience de la vie : Cet événement, continue Adolphe, m’avait rempli d’un sentiment d’incertitude sur la destinée, et d’une rêverie vague qui ne m’abandonnait pas… Je trouvais qu’aucun but ne valait la peine d’aucun effort. […] Fanny est une histoire intérieure racontée et comme modelée par un homme qui a la qualité de peintre et de coloriste extérieur.
Il s’en vante, et les résultats répondirent en effet à ce qu’il raconte. […] Fouché, nommé par suite du revirement de prairial à l’ambassade de Hollande, a raconté qu’étant allé prendre congé de Sieyès, celui-ci lui dit « que jusque-là on avait gouverné au hasard, sans but comme sans principes, et qu’il n’en serait plus de même à l’avenir ; il témoigna de l’inquiétude sur le nouvel essor de l’esprit anarchique, avec lequel, disait-il, on ne pourra jamais gouverner.