Au contraire de la plupart des écrivains, il nous donne plus qu’il ne nous promet, car ce n’est pas seulement la Terreur à Bordeaux qu’il nous raconte, c’est la Révolution dans le Bordelais depuis ses origines jusqu’au cri de délivrance de Thermidor. […] Ensuite il racontait comment, et quand étaient venus les fils de Rome, bâtisseurs de cités et dictateurs de lois, et Caiüs Calvinus et Caiüs Marius, le grand vainqueur démocratique qui, à Aix, broie sous son char le front d’un monde chauve et derrière lui a enchaîné les rois ; et le tyran qui désole et déflore sa patrie, César, que le destin frappe d’un coup tardif, car, grâce à lui, l’aigle romaine ruée contre sa sœur Marseille abat un peuple valeureux, et par lui la vertu désespère de Dieu ! […] La malencontreuse idée qu’ont eue les naturalistes, de ne s’attacher qu’à écrire et à raconter de vilaines choses, fausse les idées de la masse, qui ne peut voir l’art en eux, elle qui ne le voit en rien. […] Il fallut lui faire expliquer par la voix du plus sceptique des chroniqueurs la portée et la signification du roman incompris : Albert Wolf raconta que la madame Ebsen de l’Évangéliste était une pauvre maîtresse d’allemand, à qui l’une des sectes bizarres, dont la plus illustre est l’Armée du salut, avait enlevé sa fille, et que Daudet avait écrit sous la dictée des larmes de cette malheureuse mère. […] C’est, d’abord, tout un Salon en miniature, raconté dans les Fusains mignons, charmantes piécettes où le poète s’est même une ou deux fois adouci jusqu’à la mignardise et la mièvrerie, défauts bien rachetés par les tercets des Fleurs étranges : Dans les vierges forêts qui bordent les pampas Croissent de rouges fleurs aux corolles étranges, Que le savant soupçonne et qu’il ne connaît pas.
La phrase-type de cette critique serait celle de l’abbé Morellet sur Chateaubriand : « Je demande ce que c’est que le grand secret de mélancolie que la lune raconte aux chênes ? […] Elle consiste à raconter l’histoire des livres et des écrivains dans le temps, et non pas à tirer de cette histoire, comme la critique, des raisons générales, des apparences de lois, des physionomies d’écrivains ou d’époques. […] Prenez la plus belle tragédie, le plus beau roman du monde, racontez-les d’un ton goguenard et d’une manière comique, vous les faites ridicules sinon auprès de leurs lecteurs, tout au moins auprès des vôtres.
On me raconte qu’entre les nombreux articles par lesquels il contribua au Dictionnaire de médecine en trente volumes, l’article Cœur fut dicté par lui à un collaborateur en une seule séance de nuit.
Cette fois-là, le scandale était au comble, et l’on raconte que des académiciens de la minorité, qui avaient voté pour l’homme de talent battu par le comitard, étaient les premiers à le dire.
Anecdote racontée par le duc de Choiseul.
On raconte des miracles de la patience de ce jeune homme et de son recueillement érémitique dans une petite maison d’une rue écartée de Rome, pour atteindre par le pinceau ce qu’il atteignait déjà par la conception.
Racontons ce qu’on sait de ce mystère ; cela nous aidera à comprendre le prodigieux effet des peintures de ce jeune homme, dès qu’elles parurent aux regards du public.
Les petits enfants, ses compagnons d’école, le proclamèrent d’eux-mêmes roi des écoliers ; ils racontaient à leurs parents, en rentrant des leçons, les prodiges de compréhension et de mémoire du fils d’Helvia, et ils lui faisaient d’eux-mêmes cortège jusqu’à la porte de sa maison, comme au patron de leur enfance.
Jules Janin, cet homme qui a autant d’esprit que Voltaire, autant d’érudition littéraire que Fontenelle, autant de bon sens que Boileau, autant de cœur qu’une jeune fille quand elle verse ses premières larmes dans le sein de sa mère sur la mort de son serin…, Jules Janin, ce véritable homme de lettres, en action perpétuelle depuis trente ans, qui a tout vu, tout su, tout retenu, tout raconté, et dont le sentiment est éternellement jeune parce qu’il est sans cesse renouvelé par la verve aimable de ce cœur qui ne s’est jamais racorni sous la mauvaise humeur.
« Bonsoir, mon ami. » Le 5, elle raconte des visites faites avec sa sœurs aux malades du pays.
Athénée raconte que les dépenses occasionnées à Alexandre par cette enquête universelle ne s’élevèrent pas à moins de 800 talents.
« Notre grand-mère aimait à raconter les faits et gestes de son petit-fils chez elle, et répétait volontiers cette petite scène : « Un soir qu’elle avait fait venir pour lui la lanterne magique, Honoré n’apercevant pas parmi les spectateurs son ami Mouche, se lève en criant d’un ton d’autorité : “Attendez !
Enfin, ce que les contemporains racontent de son action, achève d’expliquer son succès, un des plus éclatants qu’ait obtenus la parole humaine.
Il n’est pas besoin de rechercher si, comme l’a raconté Marmontel, Rousseau songeait à défendre les sciences et les arts, et si l’idée de les attaquer lui vint de Diderot.
Théophylacte raconte que Philippicus, général de Maurice, étant sur le point de donner une bataille, se mit à pleurer en songeant au grand nombre d’hommes qui allaient être tués.
Elle est mentionnée au premier acte lorsque Kundry raconte la vie de Parsifal.
Les criminels sont hantés longtemps avant et longtemps après par l’idée de leur crime : ils le racontent à tous avec les détails les plus horribles ; ils en rêvent, nous dit Dostoïevsky.
Ils convenoient que l’action doit être une, grande, mémorable & surtout intéressante, entière, vraie ou du moins réputée telle ; qu’il faut s’y borner à la narration & à l’imitation, afin de distinguer ce genre de celui de l’histoire, qui raconte & qui n’imite pas, & du poëme dramatique, qui ne peint qu’en action.
Historien trop parlementaire, selon moi, Macaulay, semblable en cela à l’école dogmatique de la France, discute plus qu’il ne raconte, et instruit plus qu’il n’émeut ; il fait des systèmes dans l’histoire, au lieu de faire des drames ; il s’adresse à l’esprit plus qu’au cœur ; il veut prouver au lieu de témoigner.
Il raconte, il discute, il écoute, il répond, il s’irrite, il interpelle, il apostrophe, il invective, il gronde, il éclate, il chante, il pleure, il se moque, il implore, il réfléchit, il se juge, il se repent, il s’apaise, il adore, il plane sur les ailes de son religieux enthousiasme au-dessus de ses propres déchirements ; du fond de son désespoir il justifie Dieu contre lui-même ; il dit : « C’est bien !
XII Nous ne raconterons pas la vie de Boileau.
Les failles nous racontent des chapitres non moins mémorables de l’histoire de la terre.
Nous essaierons de chanter, de raconter la vie.
Si donc la mort est telle, je dis qu’elle est un gain ; car de cette façon tout le temps après la mort n’est rien de plus qu’une seule nuit, — Mais si la mort est le passage en un autre lieu, et si, comme on le raconte, en ce lieu-là tous les morts sont ensemble, quel plus grand bien, ô juges, pourrait-on imaginer délivré des prétendus juges qu’on voit ici, trouvait là-bas de vrais juges, ceux qui, dit-on, jugent là bas, Minos, Rhadamanthe, Eaque, Triptolème et tous ceux des demi-dieux qui ont été justes dans leur vie, est-ce que ce changement de séjour serait fâcheux ? […] Le goût de la parure qui distingue le palicare et qui se montre avec tant d’innocence dans la jeune Grecque, n’est pas la pompeuse vanité du barbare, la sotte prétention de la bourgeoise, bouffie de son ridicule orgueil de parvenue ; c’est le sentiment pur et fin de naïfs jouvenceaux, se sentant fils légitimes de vrais inventeurs de la beauté. » (Saint-Paul, par Ernest Renan, p. 202.) — Un de mes amis, qui a longtemps voyagé en Grèce, me raconte que souvent les conducteurs de chevaux et les guides cueillent une belle plante, la portent délicatement à la main toute la journée, la posent à l’abri le soir au moment de la couchée et la reprennent le lendemain pour s’en délecter encore.
Un Été dans le Sahara (certainement supérieur à ce joli séjour à Mustapha et à Blidah que raconte Une Année dans le Sahel) nous rend incomparablement l’âme, même de la nature désertique, l’espace, les longues journées de chaleur et de monotonie puissante, et surtout et toujours l’inépuisable lumière. […] Renan et Taine n’ont raconté dans leurs récits inachevés que des histoires tout intellectuelles, et, s’ils les avaient conduites jusqu’à l’aventure sentimentale qui donne seule la vie à un roman, nul doute qu’ils n’eussent fort mal réussi. […] Le Dominique qui a vécu cette sombre vie d’amour et le Dominique qui l’a vaincue, s’en souvient et la raconte, sont mis tous deux en valeur comme deux personnages différents, l’un à la première personne, l’autre à la troisième, et dont cependant l’unité de durée est parfaite.
Une jeune fille raconte à sa suivante qu’une certaine nuit elle a confié à Valère qu’il était aimé de Lucile ; voici de quelle façon alambiquée et pénible Molière lui fait dire cela : Dans ma bouche, une nuit, cet amant trop aimable, Crut rencontrer Lucile à ses vœux favorable16. […] Fléchier ne fait pas l’ombre d’une réflexion de pitié en faveur de toutes ces victimes ; cela l’amuse, il raconte cela en anecdotes galantes, spirituelles et burlesques. […] ——— Hérodote raconte sérieusement qu’il existe dans une partie reculée de l’Afrique des hommes à tête de chien, et Marco Polo a rencontré en Chine des ingénieurs modestes.
L’histoire souvent racontée de sa réputation est un chapitre capital de toute étude sur les fluctuations de la gloire et du goût. […] Un enfant nommé Robert, auquel vous racontez l’histoire d’un méchant garçon, son homonyme, en ajoutant, comme on me le disait (je ne sais pourquoi) dans mon enfance, que tous les Roberts sont des diables, subira plus ou moins la suggestion fatale de ce conte imprudent et de ce nom maudit. […] On raconte qu’un sculpteur original, écœuré de la banale admiration de tous les badauds pour des chefs-d’œuvre qu’ils ne peuvent ni sentir, ni comprendre, embrassa un jour, dans son enthousiasme, un simple d’esprit qui critiquait devant lui, avec une franchise un peu brutale, une merveille de l’art antique trop supérieure à son intelligence. […] À propos des acteurs et des actrices de la Comédie-Française qui viennent souvent le prendre pour confident de leurs espérances trompées, le critique paternel raconte l’ingénieuse parabole par laquelle il relève les courages abattus : Dans la cheminée brûle une bûche qui répand de la chaleur sans donner de la flamme.
Puis Guillaume de Salluste, seigneur Du Bartas, qui eut l’étrange fortune de ne pas être inutile au Tasse, d’être plus tard lu par Milton et plus tard encore admiré par Goethef, — d’une admiration qui peut-être n’était pas dépourvue de quelque ironique haine, — Du Bartas, dis-je, en qui s’exaspéra le beau feu mourant de la Pléiade, montre un je ne sais quoi qui ressemble à une ambition de génie parfois réalisée, et raconte la création du monde avec une hâblerie grandiloquente et d’un ton de lyrique et héroïque gasconnade, dont se souviendra le baron de Fœneste, même quand il écrira les Tragiques. […] La chanson de geste, puis le roman d’aventures, soucieux de raconter vite, lui préféreront, quelquefois, le décasyllabique, qui, d’ailleurs, par l’insistance prolongée sur des e muets, ou sur des diphtongues complaisantes, et, souvent aussi, par le rejet, rejoint le vers de douze syllabes. […] Mais combien plus doux nous eût été d’être l’ami de Molière, et de regarder se mouiller à peine ses yeux doux quand il racontait quelque mélancolique histoire de jeunesse ou levait, parmi les rouges verres des autres, sa tasse de petit lait, dans la villa d’Auteuil. […] En un livre de ton fantasque, où le moindre détail, pourtant, est rigoureusement exact, j’ai raconté la légende des Parnassiens, ou plutôt ce qu’on pourrait appeler leur roman héroï-comique. […] Puis, après les misères et les luttes, (je les ai racontées dans la Légende du Parnasse contemporain), vinrent, pour la plupart, la paix, l’acceptation, et, pour quelques-uns, la gloire.
Des livres où l’auteur vous fait entrer dans sa familiarité, vous raconte sa personne, sa famille, sa mère, sa sœur, sa maîtresse et sa femme, c’était inconnu avant ce temps. […] On va les écrire pour raconter aux hommes les premières misères et les premières polissonneries d’un apprenti horloger. […] Dans Diderot, quand l’hôtelier raconte cette triste histoire, Jacques le fataliste s’inquiète de la nuit de noces, fait une question embarrassante et nullement embarrassée sur la nuit de noces.
On racontait que les jésuites brûlaient les éditions de la Vie de Jésus, à mesure que l’éditeur les mettait en circulation, ce qui assurait une vente inépuisable. […] Sans doute, les journaux ne font ni les vices ni les crimes ; ils se contentent de les raconter, mais en termes si clairs, avec des périphrases qui aggravent l’obscénité un tel point, qu’ils sont vraiment bien venus de nous disputer ensuite la liberté de tout dire.
Le bavardage n’est pas seulement sur la langue ; il est dans la plume, où des poétesses, volontairement hagardes, improvisées et échevelées, délaient en douze mille vers, de moins en moins sincères, leurs souvenirs d’enfance et l’éveil de leur puberté, où des prosateurs, d’ailleurs bien doués, racontent, en cinquante tomes, leurs navigations et escales en divers pays, jointes à la crainte qu’ils ont de la mort. […] Mon père me racontait qu’un riche propriétaire et député du Midi, froid et composé comme on l’est souvent en ces régions prétendues frénétiques, lui disait de Gambetta, avec gourmandise : « C’est un personnage mêlé de Plaute et de Pétrone. » Ce Cadurcien de sang génois aimait les filles, les gouapes, les discussions byzantines et les intrigues compliquées. […] Le paysan tourangeau, vivant en famille, boit son vin clair et pétillant, trempe le miot et raconte en excellent style (venu de Rabelais et de plus loin) des histoires salées et poivrées. […] J’ai vu mon bien cher maître Tillaux trembler de vénération, en accueillant Pasteur qui venait à l’Hôtel-Dieu, comme je l’ai raconté, injecter son vaccin sauveur contre la rage à une douzaine de Russes, lesquels moururent enragés après le traitement.
Colvin ne nous a point donné un portrait bien ressemblant de Keats, il nous a certainement raconté sa vie dans un livre agréable et d’une lecture facile. […] Dans l’histoire de sa vie, telle qu’il nous la raconte, nous le trouvons, à l’âge de seize ans, commençant une étude précise et philosophique de la littérature. […] Le premier se retrouve dans les lettres de Walpole, le second dans une histoire que le Pogge raconte à un habitant de Pérouse qui s’en allait, l’air mélancolique, parce qu’il ne pouvait pas payer ses dettes : « Va !
L’abbé Gioberti, à qui l’on doit cette justice que, chrétien et prêtre, il n’a jamais parlé de Leopardi qu’en des termes pleins de sympathie et d’une admiration compatissante142, a raconté qu’ayant connu le poëte à Florence, en 1828, et l’ayant accompagné dans un petit voyage à Recanati, il entendit chemin faisant, de sa bouche, le récit de sa conversion philosophique, c’est ainsi que Leopardi la nommait : la première impulsion lui serait venue d’un personnage qu’il admirait beaucoup, littérateur influent par son esprit et par ses ouvrages.
Ce chef-d’œuvre donc, M. de Talleyrand était chargé de l’accomplir ; il serait trop long de raconter comment il l’accomplit en deux ans de sagesse, d’habileté, de poids et de contrepoids maniés avec la dextérité d’un instrumentiste dont l’Europe aurait été le clavier.
Arrien raconte ensuite cette conjuration, dont Hermolaüs, un des pages d’Alexandre, fut l’auteur.
« La fable doit être composée de telle sorte qu’il suffise d’entendre les choses, même sans les voir, pour frissonner et s’attendrir au récit des événements ; et c’est bien ce qu’on éprouve rien qu’à entendre raconter l’histoire d’Œdipe.
— Comment raconter toutes les morts qui signalèrent nos armes dans cette affreuse mêlée ?
Les méchants ont raconté qu’il mourut d’avoir déplu à Louis XIV.
Le poète s’étudie et se raconte, voit en soi-même un synthétique exemple de l’humanité.
Le Maître raconte ses hésitations devant l’opéra moderne : c’est un genre italien, français, mais impossible aux Allemands, De ce dégoût pour l’opéra, naît en lui l’intuition de l’œuvre future.
Ils sont l’ouvrage d’historiens judicieux qui nous racontent avec sens beaucoup de faits importans et curieux, que nous ne tenons que de leurs récits.
Il est vrai qu’immédiatement après l’avoir lâché, Hazlitt, comme Trissotin qui ne peut pas souffrir qu’on aille, de maison en maison, trimbaler ses vers, et qui tire, sans point ni virgule, les siens de sa poche, fait immédiatement son petit speech sur le Roi Lear… Nous aussi nous croyons, comme Hazlitt, que raconter un drame du vieux Shakespeare, dont la première représentation n’est pas d’hier soir et qu’on peut lire dans le premier cabinet de lecture venu, est une impertinence.
Ce sont des histoires qui racontent et classent certains faits, mais non de véritables sciences. […] Leçon 53 De la méthode dans les sciences historiques L’histoire a pour objet de raconter le passé, et de le faire revivre pour nous. […] Si ces récits viennent à être écrits, ils ne perdent pas pour cela leur caractère de tradition, si au moment où ils ont été fixés par l’écriture ils n’étaient pas racontés par des témoins oculaires, car ils n’ont alors d’autre preuve que la tradition orale qui les a précédés. […] Ces inscriptions nous sont parvenues en partie et nous font réellement vivre dans le temps dont nous racontons l’histoire. […] L’historien ne doit pas se contenter de raconter les faits qu’il a puisés aux différentes sources ; il doit encore reconstruire le passé avec ces documents, et pour cela faire œuvre d’imagination.
Toutes les fois qu’on l’a sollicité à se raconter lui-même, il s’y est refusé obstinément. […] Ce besoin de se raconter soi-même et de transformer les épisodes de sa vie sentimentale pour en faire la matière de beaux récits, n’est-ce pas le signe où on reconnaît ceux qui sont nés pour être des artistes ? […] Il s’y raconte avec une très réelle ingénuité.
Un écrivain non moins spirituel mais beaucoup plus bienveillant pour la patrie de Goethe et de Schiller a raconté, bien plus tard, il est vrai, ses impressions au-delà du Rhin dans un livre intitulé Notices politiques et littéraires sur l’Allemagne. […] Ce n’est pas l’avenir, c’est le passé que je raconte. […] Il a donc pensé que, si l’on plaçait le mouvement de l’Ode dans les idées plutôt que dans les mots, si de plus on en asseyait la composition sur une idée fondamentale quelconque qui fût appropriée au sujet, et dont le développement s’appuyât dans toutes les parties sur le développement de l’évènement qu’elle raconterait ; en substituant aux couleurs usées et fausses de la mythologie païenne les couleurs neuves et vraies de la théogonie chrétienne, on pourrait jeter dans l’Ode quelque chose de l’intérêt du drame, et lui faire parler en outre ce langage austère, consolant et religieux, dont a besoin une vieille société qui sort encore toute chancelante des saturnales de l’athéisme et de l’anarchie. » Victor Hugo a suivi ce programme le mieux possible.
La Calprenède, en son Faramond, se pique de raconter, « en les embellissant de quelques inventions qui n’ôtent rien à la vérité des choses », la décadence de l’Empire, et « avec les commencemens de notre belle Monarchie » les commencements de celle des Espagnols, des Vandales, des Huns ; c’est un roman « historique ». Enfin, dans son Cyrus ou dans sa Clélie, sous ces grands noms qu’elle emprunte à l’histoire, Mlle de Scudéri ne se cache point — elle s’en cache si peu qu’au contraire elle s’en vante elle-même — d’avoir représenté « au vif » les personnes, raconté les histoires, et consigné l’expression des sentiments de ses contemporains. […] Cependant, et c’est Perrault lui-même qui nous l’a raconté — non sans esprit ni bonne grâce, — tandis qu’il lisait, Boileau murmurait ; et son voisin — c’était Huet, l’évêque de Soissons — avait toutes les peines du monde à l’empêcher d’exhaler sa colère. […] En ceci encore Villemain continue, mais il complète surtout, il achève et dépasse Laharpe. « On m’a quelquefois reproché, disait-il à ce propos, de faire une histoire plutôt qu’un cours, de raconter au lieu d’instruire.
Un homme instruit et véridique racontait qu’un pieux fondateur d’ordre, un saint personnage que l’Église a canonisé, consulté par son frère, homme d’épée, sur la conduite qu’il avait à tenir avec un ennemi violent qui l’avait gravement insulté, ne lui dit point : « Tu ne tueras pas ; si l’on t’a frappé sur une joue, tends l’autre » ; mais qu’il se mit à genoux, et que, levant les mains au ciel, il adressa cette prière à Dieu : « Dieu miséricordieux, je te rends grâce de m’avoir conduit dans cet asile où je n’ai point d’injure à craindre ni à venger ; sans cela, l’insolent qui m’aurait outragé serait déjà mort. » Lecteur, je vous entends, vous condamnez le moine à prendre l’habit du militaire, et le militaire à prendre l’habit du moine ; mais blâmez-vous celui-ci ? […] ) : il voit Agrippine, transportée de fureur, ameuter les esclaves, animer le peuple, soulever les troupes, faire retentir de ses cris le sénat, les places publiques, raconter son naufrage, montrer sa blessure et révéler les meurtres de ses amis. […] Tacite le justifie, mais sans effort : il raconte des faits dont il était sans doute un peu mieux instruit que nous ; et il les raconte avec simplicité, comme il convenait à un grand historien tel que lui, et avec la circonspection qu’il devait à un personnage tel que Sénèque… Qu’il préconisa le meurtre d’Agrippine.
On sait qu’il est ici question d’un passage sur les oracles qui ont cessé, tiré de Plutarque, où il raconte que, dans le voisinage des Échinades, une voix se fit entendre, ordonnant au pilote, nommé Thamous, lorsqu’il serait arrivé à un certain lieu, de crier à haute voix, que Pan le grand Dieu était mort. […] On raconte que Massillon, au sortir d’une retraite assez longue, fit, dans son premier sermon, une si fidèle peinture des travers et des ridicules de la société, qu’on ne put s’empêcher de lui en témoigner de la surprise en lui demandant où il avait appris tout, cela. « En moi-même », répondit le grand moraliste. […] Tout cela, rapproché de ce que La Rochefoucauld raconte lui-même des impressions de sa jeunesse, donnerait l’idée d’une nature originairement sensible et généreuse, que les désappointements personnels et le spectacle des petitesses humaines auraient enfin prévenue à l’excès contre les sentiments désintéressés. […] il se fait entourer de ses confrères, il leur raconte comme il n’a point perdu le cerf de meute, comme il s’est étouffé de crier après les chiens qui étaient en défaut, ou après ceux des chasseurs qui prenaient le change ; qu’il a vu donner les six chiens : l’heure presse ; il achève de leur parler des abois et de la curée, et il court s’asseoir avec les autres pour juger293. » Arrive le tour du clergé, des gens d’église de toutes sortes, et avec eux d’une masse d’individus accusés par La Bruyère de tenir plus aux formes extérieures qu’au fond de la religion. […] Votre rhumatisme le fait penser à son mal de dents ; l’aventure que vous racontez lui est aussi arrivée ; le goût que vous, exprimez est le contraire du sien ; à la place du personnage dont on parle, voici ce qu’il aurait fait, ou ce qu’il a fait peut-être.
Le bruit de cette conversation vint aux oreilles de Balzac, et on lui raconta qu’une des personnes présentes ayant trouvé à redire à ses Lettres, Malherbe l’avait défendu.
Ier, p. 299), l’absence d’intérêt (73, 304), l’absence de vraisemblance (303, 350, 364) et l’absence d’unité (303, 307, 351), pour venir ensuite dire, comme un critique ordinaire, que « le plan des Fourberies de Scapin est extrêmement négligé », que « les tours de Scapin ne sont pas assez intéressants pour occuper dans cette comédie la place essentielle », qu’« il est tout à fait invraisemblable que Zerbinette qui, en sa qualité de bohémienne, doit bien savoir cacher une friponnerie, s’en aille courir dans la rue et raconter au premier venu, c’est-à-dire à Géronte lui-même, comment Scapin a attrapé Géronte » ; enfin, que « la farce du sac n’est qu’un hors-d’œuvre déplacé » (t.
« Si, malheureux vous-même, vous avez un ami plus malheureux que vous, consolez-le, mais n’attendez pas de lui consolation à votre tour ; car, lorsque vous lui raconterez votre chagrin, il aura beau animer ses regards et entrouvrir ses lèvres comme s’il écoutait, en vous répondant il ne répondra qu’à sa pensée, et sera intérieurement tout plein de lui-même.
Et c’est ainsi que, dans l’amer chapitre où il nous raconte les métamorphoses de Tartufe depuis la fin du xviie siècle jusqu’à nos jours, Veuillot n’hésite pas à faire finir l’« imposteur » dans la peau d’un « catholique sincère, mais indépendant », c’est-à-dire d’un catholique libéral.
Un malade de Charcot, atteint de surdité verbale passagère, raconte qu’il entendait bien le timbre de sa pendule, mais qu’il n’aurait pas pu compter les coups sonnés 54.