Dans ce rôle considérable où, avec l’initiative de moins sans doute, il entrait une part des fortes qualités solides des Sully et des Louvois, et quelque chose de leur rigidité aussi, de cette fermeté inflexible dans l’exécution, M. […] Sa modestie n’en prit point le rôle, mais l’amitié et la confiance de tous le lui eussent volontiers déféré.
Qualités et défauts ainsi amalgamés et arborés avec faste faisaient de lui un homme des plus en vue, toujours en avant, actif, infatigable, moins incommode encore qu’amusant, dont tout le monde se moquait, mais qui dans ce rôle naïf qu’il avait accepté, et dont il prenait les bénéfices avec les charges, trouvait parfois des mots piquants, des ripostes imprévues, comme il arrive aux sots qui ont quelque esprit. […] L’abbé de Caumartin eut l’idée assez naturelle que l’évêque de Noyon, du moment qu’il entrait à l’Académie, ne devait pas être reçu comme un autre, et oubliant la gravité du rôle auquel il n’était pas encore accoutumé, il osa songer à le railler en face, et presque au nom de la compagnie, du droit que les délicats croient si aisément avoir sur la vanité et sur la sottise qui vient s’étaler.
Personne presque n’a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fonds pour remplir le vide du temps, sans ce que le vulgaire appelle des affaires. […] » Il jouissait de leur extravagance, il les taquinait même au besoin pour la leur faire déployer ; il les invitait ou les accueillait, un peu pour les regarder, comme on voit devant soi des chevaux courir : puis, quand il les avait quittés et le soir venu, il couvrait des pages d’une écriture sans rature du récit de ces conversations, en se donnant tout simplement le beau rôle et en faisant dire, comme Socrate, à ses interlocuteurs plus de sottises encore qu’il ne leur en était sans doute échappé.
Je continue de tourner les feuillets, j’achève mon volume d’estampes : des chevaux de poste anglais, des chevaux de fermes français ; des scènes de chasse, la plupart bourgeoises ; puis les portraits de nos célébrités du temps, le général Foy, Chauvelin, Talmà (rôle de Syilà dans le songé), Perlet (rôle de Rigaudin de la Maisoneh loterie) ; Mohammed-Ali, vice-roi d’Égypte, qui commençait à être populaire en France ; le général Quiroga ; — un très-beau dessin de Louvel, l’assassin du duc de Berry.
Notre rôle de sentinelle est bien inutile vraiment et bien ingrat. […] « La constance des sages n’est qu’un art avec lequel ils savent enfermer leur agitation dans leur cœur. » La générosité n’est que le désir de se donner le rôle où l’on se trouve le plus grand, le plus à sa gloire ; ou, comme il le dit avec sa subtilité profonde, « c’est un industrieux emploi du désintéressement pour aller plus tôt à un plus grand intérêt. » La magnanimité n’est qu’un trafic plus grand et plus hardi que les autres : « La magnanimité méprise tout, pour avoir tout. » Ou encore (et ceci, je le crois, est inédit en effet) : la magnanimité, c’est « le bon sens de l’orgueil et la voie la plus noble pour recevoir des louanges. » Les plus humbles vertus, après les grandes, y passent à leur tour ; pas une ne trouve grâce devant lui.
De sorte que l’on peut dire sans trop d’exagération et en résumant son rôle d’une manière pittoresque et sommaire : La langue française avait fait une année de rhétorique brillante avec Balzac ; que dis-je ? […] Vaugelas, dans sa Préface aussi judicieuse que fine, commence par définir modestement son rôle ; il ne prétend pas être législateur ni réformateur, il n’est que le secrétaire et le témoin de l’usage.
Il est vrai que Victor-Amédée était tout disposé par la nature et façonné par l’éducation pour un tel rôle. […] Catinat, depuis quelque temps caché sous un faux nom dans la citadelle de Pignerol où il passait pour un certain Guibert ingénieur, qui aurait été arrêté par ordre du roi pour avoir emporté des plans de places fortes à la frontière de Flandre (ce qui ne laisse pas de faire un rôle étrange dans l’idée qu’on s’est formée à bon droit du grave et sérieux personnage), — Catinat jeta tout d’un coup son déguisement, redevint homme de guerre et alla prendre possession du gouvernement de Casai.
On se le représentera facilement, si l’on pense que cette reine aimait à la passion son époux, qu’elle le voyait lui échapper entièrement, dans la fleur encore de sa jeunesse à lui, et à l’âge où elle-même elle commençait à se flétrir ; qu’elle avait pour dames du palais, nommées pour l’accompagner et la servir, précisément ces mêmes sœurs rivales qui lui enlevaient à tour de rôle le cœur du roi et se le disputaient entre elles, de manière à compromettre aussi le salut éternel de son âme. […] On sait l’histoire : Mme de Mailly ne régnait plus alors, elle faisait déjà pénitence ; c’était sa sœur, Mme de Châteauroux, beauté altière, imposante et tendre, de celles qui sont faites pour un rôle historique, pour agir et dominer, c’était cette vaillante qui régnait véritablement sur Louis XV et qui tenait le gouvernail de ce triste cœur.
En commençant l’histoire de sa chère sainte, comme il dit, M. de Montalembert s’est fait écrivain légendaire, et, durant tout le cours du récit, il est resté fidèle à ce rôle qu’il n’interrompt que rarement par des retours sur nos temps mauvais, retours inspirés toujours de l’onction et des larmes du passé, ou ranimés d’une espérance immortelle. […] L’auteur, s’il n’était qu’artiste, s’il n’avait traité que poétiquement son sujet, et même, dans tous les cas, sans fausser le vrai, aurait pu indiquer plus brièvement ce rôle de maître Conrad, et l’effet céleste du visage et de l’attitude de la sainte, devant nos yeux mortels, y aurait gagné.
Aussi, tandis que Mlle Aïssé, aimée du chevalier d’Aydie, refuse de l’épouser pour ne pas le faire descendre, jouant ainsi quelque chose du rôle d’Édouard, la pauvre Ourika, méconnue de Charles qui ne croit qu’à de l’amitié, se dévore en proie à une lente passion qu’elle-même ne connaît que par une découverte tardive. […] Le rôle de Kersaint à la Convention fut grand, intrépide.
Elle a été un des procédés les plus féconds qui aient contribué à former le langage humain ; et dans le développement et l’évolution de chaque langue, son rôle a été immense. […] La métaphore soutenue plaît ou déplaît, selon que dans cette continuité l’on sent une rencontre naturelle ou une recherche laborieuse ; elle est de bon goût, quand les expressions figurées qui font cortège à la figure initiale naissent d’une création incessante de l’imagination, qui garde l’image comme elle la changerait, par la découverte instantanée et toujours renaissante de ressemblances successives ; elle est de mauvais goût, quand, par un renversement des rôles, l’esprit sacrifie la pensée à la figure, quand celle-ci, devenant tyrannique en cessant d’être dépendante, avide de durer, ne laisse plus pénétrer dans la phrase que les idées qu’elle peut absorber et amalgamer.
Il s’abandonne, avec une joie d’artiste, comme il l’a dit, à l’impression des documents qu’il est le premier à consulter : il atteint à la vérité par la force de sa sympathie ; il a voulu « retrouver cette idée que le moyen âge eut de lui, refaire son élan, son désir, son âme, avant de le juger » ; il se fait à lui-même une âme du moyen âge : de sorte que les obscurs instincts des masses populaires deviennent, dans sa conscience d’érudit, une claire notion du rôle de l’Église et du rôle de la royauté.
Après le dilettante qui écrit, voici le dilettante qui n’écrit pas, supérieur peut-être au premier par la façon dont il entend la vie, par la sagesse plus rare qu’implique le rôle qu’il s’est donné. […] Au reste, si vous tenez compte de la différence des sexes et des rôles, vous constaterez chez plusieurs des femmes de M.
Quand Nietzsche fait l’apologie de la fiction et de son rôle dans la vie sociale, il n’a pas suffisamment élucidé ce point ; car il emploie tour à tour et un peu au hasard les mots mensonge ou illusion. […] « Ni Hobbes, ni Rousseau, dit-il, ne paraissent avoir aperçu tout ce qu’il y a de contradictoire à admettre que l’individu soit lui-même l’auteur d’une machine qui a pour rôle essentiel de le dominer et de le contraindre107. » — S’il y a contradiction, répondrons-nous, cette contradiction est dans notre constitution mentale elle-même ; dans la dualité de notre être et dans l’antagonisme qui met aux prises en nous deux âmes opposées : l’âme sociale et l’âme individuelle.
Bientôt les nouvelles de France lui montrèrent qu’un rôle tout nouveau l’attendait : « Tout lui annonçait, dit-il, que le moment désigné par le Destin était arrivé. » Eh ! […] Il y a dans la pièce le rôle d’un jeune homme, du jeune Marigny, qui veut toujours mourir et qui s’y obstine.
Le rôle de l’apôtre est, en effet, de convertir les infidèles, les incrédules, et au xixe siècle nous en tenons tous plus ou moins. […] Il a repris son rôle indépendant, élevé, ses conférences, et on l’a vu avec plaisir familiariser encore son éloquence dans l’homélie, dans le prône dont il s’est chargé à la petite église des Carmes.
… J’admirais hier au soir la nombreuse compagnie qui était chez moi ; hommes et femmes me paraissaient des machines à ressort qui allaient, venaient, parlaient, riaient, sans penser, sans réfléchir, sans sentir ; chacun jouait son rôle par habitude : Mme la duchesse d’Aiguillon crevait de rire ; Mme de Forcalquier dédaignait tout ; Mme de La Vallière jabotait sur tout. Les hommes ne jouaient pas de meilleurs rôles, et moi j’étais abîmée dans les réflexions les plus noires : je pensais que j’avais passé ma vie dans les illusions ; que je m’étais creusé moi-même tous les abîmes dans lesquels j’étais tombée ; que tous mes jugements avaient été faux et téméraires, et toujours trop précipités, et qu’enfin je n’avais parfaitement bien connu personne ; que je n’en avais pas été connue non plus, et que peut-être je ne me connaissais pas moi-même.
On ne vit, pendant toute une saison, que Rastignacs, duchesses de Langeais, duchesses de Maufrigneuse, et l’on assure que plus d’un acteur ou actrice de cette comédie de société tint à pousser son rôle jusqu’au bout. […] M. de Balzac se piquait d’être physiologiste, et il l’était certainement, bien qu’avec moins de rigueur et d’exactitude qu’il ne se l’imaginait ; mais la nature physique, la sienne et celle des autres, joue un grand rôle et se fait sentir continuellement dans ses descriptions morales.
En contraste de Mme de Gercourt et d‘un abbé de sa connaissance, qui joue un fort vilain rôle dans le roman, l’auteur place un curé tolérant dans le genre de celui de Mélanie, plus occupé de la morale que du dogme : cette morale, il faut en convenir, à l’examiner de près, paraîtrait un peu relâchée, et Mme de Genlis, si elle avait répondu, aurait pu prendre sa revanche. […] On avait, à cet égard, à profiter de ses ² : dans une esquisse qu’elle a donnée au salon de Mlle Contat, j’ai noté d’elle sur les différentes manières de prendre le rôle d’Elmire des remarques pleines de vérité et d’analyse morale.
Un jour le général d’Albignac, commandant de l’École, fit sortir des rangs Carrel sur lequel il avait reçu plus d’un rapport défavorable, et lui dit, ou à peu près : Monsieur Carrel, on connaît votre conduite et vos sentiments ; c’est dommage que vous ne soyez pas né vingt-cinq ans plus tôt, vous auriez pu jouer un grand rôle dans la Révolution. […] Écrire, pour Carrel, n’était évidemment que son second rôle (le premier lui manquant) ; tenir la plume pour lui n’était que sa seconde préférence.
Après 1815, on eut le Paul-Louis Courier soi-disant vigneron, ancien canonnier à cheval, ayant son rôle, sa blouse, son fusil de paysan et, peu s’en faut, de braconnier, tirant au noble et au capucin, guerroyant à tout bout de champ derrière la haie ou le buisson, ami du peuple, et le louant, le flattant fort, se vantant d’en être, enfin le Paul-Louis que vous savez. […] Tel il était à l’âge de quarante-trois ans, tel au fond il resta jusqu’à la fin ; mais les dix années finales (1815-1825) où il devint et où il fit un personnage populaire, méritent d’être comprises à part : aujourd’hui je ne m’occuperai que du premier Courier, du Courier avant le rôle et le pamphlet.
C’est assez pour montrer qu’il ne lui manquait que plus de solidité et de goût pour essayer à l’avance le rôle de son frère ; mais l’humeur et l’intention satiriques ne lui manquaient pas. […] Nous atteignons, par cette Épître à Racine, au comble de la gloire et du rôle de Boileau.
Cette Italie qu’il croyait, après sa rénovation, reprendre un élan, et redevenir quelque peu l’Italie du xvie siècle, il constate tristement qu’elle imite maintenant les États-Unis, et est obligé de déclarer que les vrais et désintéressés savants qu’elle possède encore, sont des savants de la vieille génération : « On sait très bien, dit-il, comment se fait une vocation, c’est par l’action sur l’imagination des enfants, des jeunes gens, du rôle que joue dans les conversations autour d’eux, un individu de leur famille ou de leur connaissance. […] dans les sociétés, où, ce rôle est pris par l’argent, il n’y a plus de recrutement pour les carrières de gloire.
Souvent la sœur aînée abdique d’un cœur léger son rôle de protectrice d’un frère plus jeune (V. […] Je n’en vois qu’un seul où une marâtre ait le beau rôle.
Quel rôle ! […] Sergent d’abord, puis lieutenant, puis capitaine, il écrit à sa femme : « C’est une responsabilité, tu sais, ma compagnie : prie beaucoup pour que ton pauvre mari soit à la hauteur de la tâche et du rôle qu’il aura à remplir ; j’ai le frisson en pensant que de moi peut dépendre la vie de plusieurs.
La chose est aisée, car cette classe, à peu près disparue, avait survécu, diminuée, à la Révolution, et, en cherchant bien on trouverait encore, dans les bourgs éloignés des chemins de fer, quelques exemplaires de ce provincial renforcé, demi-paysan, demi-citadin, qui eut jadis son influence, son rôle humble et considérable dans l’histoire sociale de la France. […] Je pourrais prendre l’un après l’autre les différents rôles classiques du provincial : le petit marchand des villes, le gros marchand enrichi, le châtelain ignorant et vaniteux, le châtelain pauvre, le châtelain grand seigneur, les femmes surtout qui se ressemblent presque toutes dans les romans dits provinciaux, mal habillées, sentimentales, courtes d’intelligence, de dévotion étroite, intimidées et hypnotisées à la seule vue d’une Parisienne ; je pourrais prendre ces personnages et montrer que, sauf de bien légères nuances, ils n’ont pas changé en passant de livre en livre, qu’ils sont au fond les mêmes et comme immuables dans la littérature depuis trois siècles.
— Quant à Phèdre, elle a complètement réussi… Je n’ai pas vu encore mademoiselle Rachel dans ce rôle : mais tout ce qui me revient prouve que si elle n’a pas rendu la Phèdre grecque que personne ne connaît ici, elle a compris admirablement la Phèdre française, la Phèdre chrétienne, celle de Boileau et d’Arnauld, … la douleur vertueuse De Phèdre, malgré soi, perfide, incestueuse.
Que ce jeune prince se tienne tranquille et vive avec dignité dans un coin : son rôle est tout tracé.
Ainsi un feuilletoniste, qui s’efforce de m’être agréable, dira par exemple : « Jeune, quand vous alliez à l’Abbaye-au-Bois, vous écoutiez ; maintenant, c’est votre tour de parler, on vous écoute… » Il semblerait en vérité que, dans ce charmant salon où présidaient la politesse et le goût, M. de Chateaubriand eût charge de rendre des oracles et que le rôle des autres fût de l’écouter bouche béante.
Je remarquerai ensuite qu’historiquement parlant, ce qu’on appelle la mémoire des hommes tient souvent en littérature au rôle attentif et consciencieux de quelque écrivain contemporain dont le témoignage est consulté.
Walewski est un excellent gentilhomme qui, pour faire dans le monde un personnage plus considérable, a acquis un journal et l’a dirigé ; qui, pour compléter et rehausser encore ce rôle à demi littéraire, a songé à la scène française, et s’y est risqué.
Les plus nobles natures, quand elles sont déjà faites et formées, éprouvent de la difficulté à ce rôle complexe qui exige des qualités presque contraires.
Je ne sépare pas le discours de tous les actes qui l’ont précédé, du rôle actif, bienveillant, vigilant, que M. de Persigny n’a cessé de remplir depuis des années dans le département de la Loire, dans ce vieux pays du Forez qui est le sien et où il s’est acquis une popularité, une amitié de toutes les classes, qui ne cherche que les occasions de se manifester.
Et, puisqu’on veut que le rôle politique de l’auteur des Châtiments entre en ligne de compte dans le bilan de sa gloire, j’espère que l’avenir, s’il compare les vers de Hugo et ceux de Lamartine, comparera aussi leurs vies et leurs âmes.
Un jour, la petite Hélène y jouait le rôle d’Esther avec cent mille écus de diamants sur son manteau.
C’est encore Molière qui, dans un intermède du Malade imaginaire, lui a donné le plus grand rôle ; mais il n’est là qu’un prête-nom ; il ne fait que remplacer le Pédant, comme on le verra dans la suite de ce livre, et n’a point son caractère original.
Quelques personnes ont exagéré le rôle de la convention dans la Science ; elles sont allées jusqu’à dire que la Loi, que le fait scientifique lui-même étaient créés par le savant.
Son amour-propre lui fit jouer toute sa vie un rôle pour lequel il n’était point fait, et auquel il était fort supérieur.
Cette espèce d’homme, dans l’imagination du philosophe, joue le même rôle que joue l’artiste dans l’imagination d’Emma Bovary, ou l’Oriental noble et rêveur dans l’imagination d’un Lamartine.
Du rôle d’amant vous descendez au rôle d’importun et de fâcheux. […] Le roman fantastique est un genre dans lequel la réalité joue un rôle considérable, où elle joue même le seul rôle, quoiqu’il ait en apparence des prétentions toutes contraires. […] Il est bien vrai cependant qu’on pourrait découvrir sans trop de peine dans les rôles de Marthe et de Sertorius quelques vertus artificielles et quelque morale de convention ; mais je n’oublie pas que ces personnages ont été créés pour servir d’antithèses aux rôles de Léonora et de Roswein, que la loi des contrastes est une des lois nécessaires de l’art, et que le respect obligé de cette loi entraîne fatalement à faire à la convention une part petite ou grande. […] Cependant, comme le rôle d’un-critique n’est pas d’avoir des sympathies irréfléchies, j’essayerai de donner les raisons qui me font préférer ce roman à toutes les autres œuvres de M. […] Le sort des enfants derniers-nés est généralement net et tranché ; ils sont les plus favorisés ou les plus négligés de tous, et quand ils ne jouent pas dans la famille le rôle de Benjamin, ils jouent celui de Cendrillon.
Le rôle de l’archéologue (et M. […] De n’avoir pas joué un premier rôle politique, il crut sa vie manquée. […] C’est précisément leur rôle à tous deux que d’avoir renversé la formule classique, et de nous avoir fait dire à leur sujet : l’homme, c’est le style. […] Le rôle des schèmes moteurs est analogue dans la poésie, qui ne fait que mettre en jeu de façon plus complexe les mécanismes du langage. […] La mémoire pourtant a pour rôle d’éclairer l’action présente.
On n’avait osé donner ce rôle à aucun autre écolier, « crainte de mécontenter les parents » (le trait n’est-il pas amusant ?) […] Jean-Paul Mounet faisait hier ses seconds débuts (je crois) à la Comédie-Française, dans le rôle de Jean Baudry. […] Un jour, à une répétition, son partenaire lui soufflant sa réplique : « Vous savez donc mon rôle ? […] Elle psalmodie son rôle du ton d’une petite communiante de dix ans qui récite les Vœux. […] Il faut que Théodora apprenne ses rôles, il faut qu’elle les répète ; et je vous assure que cela est dur.
Et la Tour d’Ivoire referme sa porte implacable sur le chevalier, condamné au rôle si rude de grand justicier de la terre. […] L’auteur s’applique avec un grand soin à nous révéler le rôle de l’Orient et celui de la Grèce dans cette histoire. […] Arrêté comme fédéraliste, relâché, après plusieurs mois de captivité, le lendemain du 9 thermidor, il finit par jouer à Paris un certain rôle à la fois comme agioteur et banquier des conspirations royalistes. […] Il ne se sentait pas né pour ces grands rôles de la vie publique. […] Pour viser utilement à un rôle public et au pouvoir, il faut en avoir l’énergie physique et le goût vif.
Il est d’abord et avant tout une fonction, une activité vitale ; il a certes un rôle social ainsi que toute activité humaine, mais ce rôle n’est qu’une conséquence, il n’est pas une source, il n’est même pas un but. […] Elle ne détourne point l’Art de son rôle propre ; elle fait de l’Art le véhicule qui ramène la société à la Nature, quand la culture et la civilisation nous en éloignent. […] Wagner : la synthèse d’Art et le rôle de la musique dans cette synthèse. — Pouvoir de la musique. — Erreurs de Tolstoï à propos de R. […] Pour lui, le chœur n’a pas le rôle accessoire qu’on lui prêtait jusqu’alors. […] Ainsi il s’explique qu’indépendamment de son rôle esthétique, il ait rempli aussi un rôle social et moral important, sur lequel Wagner a justement appelé l’attention.
Nous savons ce qu’ont fait à tour de rôle pour glorifier le captif de Sainte-Hélène, Béranger, Delavigne, Jules Le Fèvre, Pierre Lebrun, Victor Hugo. […] George Sand a tenu l’un des plus grands rôles dans notre littérature contemporaine, exercé l’une des actions les plus vives, rôle parfois contestable, action souvent discutée, mais en définitive efficace et salutaire. […] Cette conception morale où le rôle initiateur est attribué d’ordinaire à la femme a par elle-même quelque chose de maternel, comme le génie de George Sand. […] En un mot il remplit le rôle de prophète, rôle ingrat et stérile entre tous. […] Nul n’ignore le rôle qu’Edgar Quinet a rempli à l’Assemblée de Versailles ; il y représentait la dignité des principes, la pureté des doctrines, l’idéal du républicain.
C’est dire que le rôle de la presse, armé à deux tranchants, dans la diffusion des insanités au XIXe siècle, a été et est demeuré considérable, et d’autant plus nocif qu’on avance de 1830 à 1900 et au-delà. […] Le juif épouvantable, Alfred Naquet, qui s’y connaissait, annonçait ironiquement aux Français, dès 1912, que le rôle de leur pays était d’être crucifié, comme Jésus-Christ, pour le salut de l’univers. […] Son rôle est de garantir la cité (et par conséquent le langage, et tout ce qui en découle) contre les dislocations intérieures, résultant des luttes civiles et religieuses, et contre les agressions venant du dehors. […] Une tendance générale commence à se dessiner, qui attribue aux altérations chimiques et classiques du sang (dont l’importance était devenue secondaire) un rôle pathologique retiré d’autant aux microbes. […] On peut se demander si le pithiatisme ne joue pas aussi un certain rôle là-dedans.
Je me suis rendu à ces raisons, me réduisant encore une fois au rôle sacrifié de traducteur. […] L’intuition joue dans ses œuvres un rôle fort important. […] Je parlerai de Zola plus abondamment que de ses confrères, non pas que je lui accorde la primauté — le temps seul décidera s’il le mérite — mais parce que, quand bien même on pourrait nier la valeur de ses œuvres, on ne peut nier le rôle qu’il joue de chef et de champion du naturalisme. […] Le roman est l’écho des aspirations du lecteur et joue son rôle religieux, politique et moral. […] On a interverti le rôle de la critique, ou pour mieux dire, on lui a marqué son vrai poste de science d’observation, en en supprimant l’ennuyeux dogmatisme et les détestables formules.
Leur effort ne déviera-t-il pas vers un rôle plus apparemment actif que le rôle de créateur ? […] Il confia les premiers rôles aux plus originaux de ses protagonistes, à la Karsavina, à Nijinsky. […] Nijinski n’a jamais que le visage de ses rôles et derrière son personnage il s’efface, modestement. […] Il n’a pu soutenir souvent un si extraordinaire rôle. […] Suivant son rôle éternel, l’esprit français a accueilli et absorbé la pensée et l’art de tout l’univers !
Son tort fut de prendre trop à la lettre et trop au sérieux ce rôle délicat, et de pousser à bout ce qui ne doit être qu’effleuré, ce qui doit être renouvelé toujours. […] Les rôles sont complètement renversés. […] » Je fus en ce lieu deux jours dans une grande impatience de commencer le rôle que j’allois jouer. […] Cette duchesse de Lesdiguières, qui revient à tout instant sous la plume du chevalier, la Reine des Alpes, comme il l’appelle, la même qui joua un certain rôle sous la Fronde et que Sénac de Meilhan a fort agréablement mise en jeu dans ses prétendus Mémoires de la Palatine, était Anne de la Magdeleine de Ragny, fille unique de Léonor de la Magdeleine, marquis de Ragny, et d’Hippolyte de Gondi.
Tibère choisit sous main les accusateurs de Latius et leur fait distribuer leurs rôles. […] — Célia reste seule avec Volpone, qui dépouillant sa feinte maladie, arrive sur elle aussi florissant de jeunesse et de joie, aussi ardent que le jour où, dans les fêtes de la République, il a joué le rôle du bel Antinoüs. […] Ajoutez à cette farce entraînante les rôles bouffons des deux chevaliers lettrés et galants, qui, après s’être vantés de leur bravoure, reçoivent avec reconnaissance, et devant les dames, des nasardes et des coups de pied157. […] Rôles de Critès et d’Asper.
J’en reconnais aussi des traces dans sa complaisance et sa compétence à peindre les doux adolescents, timides, tendres, faibles et scrupuleux, de rôle passif, plus jeunes que la femme aimée, et beaucoup plus séduits que séducteurs … Il a donné des frères charmants au délicieux Hubert Liauran de M. […] Le Chat-Noir a joué son rôle dans la littérature d’hier. […] Né pour la guerre et pour la guerre d’autrefois, celle qui était vraiment une profession et où la bravoure individuelle avait souvent le premier rôle il eut une joie frénétique de vivre, commune chez ceux dont le métier est de donner la mort et de la mépriser. […] Les Veuves À moins d’être très bonne, très simple, très modeste, et aussi d’avoir aimé son défunt « pour lui-même », — ne croyez pas que ce soit facile, le rôle de veuve d’un grand homme, ou d’un homme illustre, ou d’un homme célèbre.
Les artistes au théâtre de Dresde, Gudehus et Mlle Malten tiendront les principaux rôles. […] Damad, qui, dans un rôle court, a montré des qualités de charme souvent inconnues de nos théâtres. […] Puis le théâtre même fut impuissant à produire l’illusion de la vie : ces acteurs, hommes d’une réalité, jouant les rôles d’une réalité différente, c’était encore un intermédiaire trop dense, empêchant l’entière vie. […] Lorsqu’il y a deux rôles dans un roman, l’artiste doit, alternativement, les vivre l’un et l’autre : c’est une nécessité, pour lui, de modifier sans cesse ses visions.
Un homme de mérite me paraît jouer en cette occasion le rôle d’Achille à la cour de Scyros ; heureux quand il peut trouver un Ulysse assez habile pour l’en tirer ; mais où sont les Ulysses ? […] C’est là sans doute le plus beau rôle qu’on puisse jouer auprès des hommes. […] Ce dernier rôle est le plus bas que puisse jouer un homme de lettres. […] C’est ce qui fait que le rôle des gens de lettres est, après celui des gens d’église, le plus difficile à jouer dans le monde ; l’un de ces deux états marche continuellement entre l’hypocrisie et le scandale ; l’autre entre l’orgueil et la bassesse.