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1051. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Il suffit qu’un sentiment souffle dans les âmes pour que tout y résonne ! […] Je suis l’instrument, bon ou mauvais, qui a reçu le premier souffle du siècle à travers ses cordes, et qui rend le son juste ou faux, mais sincère, et qui le rend, non pour que les autres s’accordent à sa note, mais pour qu’ils la jugent et la rectifient s’ils ont un autre diapason dans leur âme.

1052. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Par malheur, il se trouve que l’Amérique est de trop : pour que le continent américain eût son emploi, il faudrait qu’une quatrième période de l’histoire universelle fût possible ; or, pour Cousin, les trois idées de l’infini, du fini et de leur rapport épuisent, comme on sait, le cycle fatal dans lequel se meut l’humanité. […] A elle seule, elle ne peut que faire sortir le même du même ; les lois en sont d’ailleurs encore trop peu connues pour qu’on puisse asseoir sur elles aucune théorie. […] Peut-être le cours de l’humanité est-il encore trop près de sa source ; peut-être les sciences, qui nous apparaissent aujourd’hui comme les auxiliaires indispensables de l’histoire, sont-elles trop jeunes encore pour qu’une théorie définitive du progrès soit possible.

1053. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Ce grand travailleur creusait sous lui assez profondément le sol pour que le tour d’un siècle suffît au labeur entier de sa vie, quand même cette vie n’eût pas été si promptement interrompue par la mort. […] Mais ces notes, — fixés d’impression qu’il devait reprendre et féconder avec cette force de souvenir qui a peut-être plus de relief que la réalité même, — sont des ébauches trop hâtées et trop incomplètes pour qu’il soit convenable de les publier. […] En France, pour que l’attention publique, si distraite, se porte sur un nom ou un homme, il faut que ce nom soit longtemps sonné par les journaux, ces trompettes du rabâchage.

1054. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Pour que le nombre en aille croissant à mesure que j’avance, il faut bien que je retienne les images successives et que je les juxtapose à chacune des unités nouvelles dont j’évoque l’idée : or c’est dans l’espace qu’une pareille juxtaposition s’opère, et non dans la durée pure. […] Pour que l’espace naisse de leur coexistence, il faut un acte de l’esprit qui les embrasse toutes à la fois et les juxtapose ; cet acte sui generis ressemble assez à ce que Kant appelait une forme a priori de la sensibilité. […] Cette dissociation des éléments constitutifs de l’idée, qui aboutit à l’abstraction, est trop commode pour que nous nous en passions dans la vie ordinaire et même dans la discussion philosophique.

1055. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Les châtiments infligés à la passion dégradée du chevalier des Grieux sont trop sévères, trop rudes, pour que son histoire puisse être accusée d’encourager le vice. […] Hugo pour que nous puissions la louer sans restriction. […] Pour que ce rôle se révélât pleinement et fût compris par les poètes et par la foule, il fallait que l’humanité eût été gouvernée pendant quinze siècles par la loi chrétienne. […] Pour qu’un tel caractère devienne possible, il faut que la poésie lyrique ait créé Werther et René, Lara et Childe-Harold ; il faut qu’Uhland et Lamartine aient touché les dernières limites de la rêverie. […] L’étude de l’antiquité est trop négligée pour qu’il soit permis d’attendre de la foule un jugement clairvoyant dans ces questions délicates.

1056. (1885) L’Art romantique

« Un tableau de Delacroix, placé à une trop grande distance pour que vous puissiez juger de l’agrément des contours ou de la qualité plus ou moins dramatique du sujet, vous pénètre déjà d’une volupté surnaturelle. […] En un mot, pour que toute modernité soit digne de devenir antiquité, il faut que la beauté mystérieuse que la vie humaine y met involontairement en ait été extraite. […] Il y a des époques où les moyens d’exécution dans tous les arts sont assez nombreux, assez perfectionnés et assez peu coûteux pour que chacun puisse se les approprier en quantité à peu près égale. […] … Mais pour que l’infortuné puisse rencontrer encore la délivrance sur terre, un ange de Dieu lui annonce d’où peut lui venir le salut. […] Vous avez sans doute perdu votre âme quelque part, dans quelque mauvais endroit, pour que vous couriez ainsi à travers le passé comme des corps vides pour en ramasser une de rencontre dans les détritus anciens ?

1057. (1883) Le roman naturaliste

Voltaire avait là-dessus un mot d’un naturalisme trop cru pour que je puisse le citer. […] Il n’y a pas autrement, ni ne peut y avoir d’expérimentation ; il n’y a qu’observation ; et dès lors c’est assez pour que la théorie de M.  […] Il y a mieux, et pour qu’on n’en ignore, M.  […] C’est une raison pour qu’il vous échappe assurément bien des choses. […] Vous voyez la portée du moyen ; c’est qu’il suffira de quelque finesse des sens pour qu’un rien devienne prétexte à ces sortes d’évocations.

1058. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

C’est assez pour que Lucile, assez tiède jusque-là, s’échauffe en faveur de Dorante. […] Francaleu les met en présence pour qu’ils répètent ensemble leur affaire. […] Et il insiste pour que Damis épouse Lucile. […] Mais ce travers est, dans son fond, assez persistant à travers les âges pour que sa peinture nous intéresse encore. […] Pour rien ; pour que ce soit plus triste : pour qu’on marche plus doucement et qu’on parle plus bas dans le château mélancolique, et pour qu’un peu plus de mort et de terreur plane sur les aventures des vivants.

1059. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Je pars demain, et je couche à Keswick, à vingt-quatre milles d’ici, où je verrai une sorte de peintre, de guide, d’auteur, de poëte, d’enthousiaste, de je ne sais quoi, qui me mettra au fait de ce que je n’ai pas vu, pour que, de retour, je puisse mentir comme un autre et donner à mes mensonges un air de famille. […] S’il faut une tempête pour qu’on y consente, puisse la tempête venir et briser tous mes mâts et déchirer toutes mes voiles !  […] Deux mois passés à Beausoleil, trop malade en général (quoique pas de manière à en souffrir) pour qu’on pût s’attendre à beaucoup d’activité de ma part, trop retiré pour qu’on me tourmentât souvent, me disant toutes les semaines : Je monterai à cheval et j’irai à Colombier, — j’avais goûté le repos : deux mois ensuite passés près de vous, j’avais deviné vos idées et vous aviez deviné les miennes ; j’avais été sans inquiétudes, sans passions violentes, sans humeur et sans amertume. […] Puissent toutes les modulations se présenter à vous assez tôt pour ne pas vous fatiguer, et assez tard pour que vous ayez du plaisir en les trouvant ! […] Aussi longtemps que vous aurez des visites à faire, des devoirs de société à remplir, des terrains à sonder, des arrangements à prendre, vous aurez besoin de mes lettres, parce que vous n’aurez pas d’intérêt assez vif pour que vous m’oubliiez ; mais quand vous aurez fait toutes vos visites, que vous n’aurez plus rien à faire, que votre curiosité, si vous en avez, sera rassasiée jusqu’au dégoût, que vous saurez d’avance ce qu’on vous dira, et que votre journée de demain sera la sœur et la jumelle la plus ressemblante de l’ennuyeuse journée d’aujourd’hui, oh !

1060. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Cela était même si connu depuis le siège de Mégare par Antipater (ou Anti-gone) que l’on nourrissait exprès des porcs avec les éléphants pour que les grosses bêtes ne fussent pas effrayées par les petites. […] Ayant à conduire mon personnage au séminaire, je m’adressai à l’abbé Lacordaire pour qu’il voulût bien me donner des renseignements.

1061. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

« Ce que vous me dites de votre découragement, mon cher Delaroche, est trop en rapport avec ce que j’éprouve moi-même, pour que ce ne soit pas la première chose à laquelle je réponde. […] Pour un autre de ses élèves qui est devenu un peintre d’animaux de quelque réputation, et que la conscription allait enlever, il fit un tableau sans le lui dire et le lui donna en cadeau, le moment venu, pour qu’il eût de quoi acheter un homme36.

1062. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Votre esprit est trop philosophique pour que vous ne compreniez pas les deux manières de juger et de sentir, dont l’une tient à la vivacité des impressions présentes, et l’autre à la vivacité des impressions passées ; et dussions-nous pousser, chacun, notre manière propre à l’extrême, vous avez trop de bonté aussi bien que d’étendue dans l’esprit pour ne pas tolérer des opinions qui ne sont pas les vôtres. » La correspondance moins vive, mais toujours affectueuse, se continua jusqu’à la mort de Mme d’Albany. […] La vie politique était encore trop agitée pour que les hommes d’un esprit supérieur dirigeassent leurs spéculations vers le monde des esprits.

1063. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Qu’importe qu’ils essayent de me déchirer dans ma cuirasse d’honneur, désormais trop dure et trop cicatrisée pour que de pareils coups puissent pénétrer ? […] Mably a été immolé sans pitié aux pieds de Rousseau ; l’auteur l’a chargé, comme un bouc émissaire, de tout ce qu’il y avait eu de mauvaises idées spartiates et crétoises à la Convention, en réservant à Jean-Jacques toute l’influence salutaire et rien que la salutaire : « Mably a été plus qu’inutile ; il a été dangereux. » D’Holbach surtout se trouve outrageusement anéanti, pour que Diderot apparaisse plus pur, plus serein et plus dominant.

1064. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Or cette chanson n’est qu’un des soupirs recueillis au milieu de ces coutumes qui proclamaient au loin l’antique réputation d’innocence attribuée, à toutes les époques, aux belles habitantes de l’île devenue si misérable. » Il faudrait lire encore la complainte des blanchisseuses qui lavent le châle et la veste de l’étranger, pour qu’à son retour dans sa patrie, la mère et les sœurs n’accusent pas les filles de l’île de dureté et de parcimonie envers le pauvre matelot ! […] Legouvé, un de nos plus charmants poètes, en a écrit une infiniment supérieure, pour que la belle tragédienne, madame Ristori, épanchât en italien de Montanelli les plaintes de l’héroïne si dévouée et si abandonnée.

1065. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Il suffira d’un jour pour qu’elle Attire une longue séquelle Chez Charpentier et chez Fasquelle. […] pour que vos rires soient tels, Il faut qu’aux pampres immortels Votre bec ait mis ses coutels !

1066. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Seulement, les caprices du goût, dans ces derniers temps, ont assez altéré cette image pour qu’il soit nécessaire de la rétablir, afin de nous y reconnaître de nouveau. […] Si cette langue est si sévère, si réglée, c’est bien la marque qu’elle a le gouvernement des choses de l’esprit ; si elle est tenue à tant de clarté, de propriété, de liaison, c’est pour que, sous toutes les latitudes, toutes les intelligences saines et cultivées la puissent comprendre.

1067. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Il y a plus : elles sont assez mauvaises pour qu’il ait l’embarras de leur vide et qu’il renonce un de ces jours à l’opinion qui voudrait animer son livre et qui, par faiblesse, le trahit. […] Cela seul suffirait pour qu’elle eût droit, comme concubine adultère d’un roi, à tout le mépris de l’histoire, et comme victime parmi les trente mille victimes (plus ou moins peut-être) que la Révolution égorgea, à son trente millième de pitié !

1068. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Ne lui trouvant pas assez de vices comme cela, à l’Histoire, il lui en a donné de sa façon, et qu’il a taillés à facettes, comme des diamants, pour que mieux on les vît, obscène souvent, mais toujours éblouissant lapidaire ! […] La sienne n’est faite qu’avec du Christianisme volé, dont il a démarqué le nom de Jésus-Christ pour qu’on ne le reconnaisse pas !

1069. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

C’est pourquoi il suffira d’une légère modification de la substance cérébrale pour que l’esprit tout entier paraisse atteint. […] Mais, de même qu’il suffit d’un très faible relâchement de l’amarre pour que le bateau se mette à danser sur la vague, ainsi une modification même légère de la substance cérébrale tout entière pourra faire que l’esprit, perdant contact avec l’ensemble des choses matérielles auxquelles il est ordinairement appuyé, sente la réalité se dérober sous lui, titube, et soit pris de vertige.

1070. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Sand cachait un de ces maîtres à qui la baguette et le miroir d’enchanteur ont été donnés, à qui le monde est ouvert pour qu’ils s’y promènent, et qui, s’ils veulent faire de leur art un juste emploi, peuvent nous entraîner sur leurs traces et nous retenir longtemps.

1071. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

S’il n’existait plus en France de femmes assez éclairées pour que leur jugement pût compter, assez nobles dans leurs manières pour inspirer un respect véritable, l’opinion de la société n’aurait plus aucun pouvoir sur les actions des hommes.

1072. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Pour qu’elle soit visible sur le linge blanc et qu’on puisse l’attraper.

1073. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Et il fallait que l’antiquité fût écartée pour que le triomphe de la raison fût entier.

1074. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Pour que l’un tue l’autre, il faut absolument qu’il y ait quiproquo ; ainsi l’on plaint la victime sans haïr le meurtrier.

1075. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Rod n’en existe pas moins, et il valait la peine de le décrire, ne fût-ce que pour que nous en sentissions la honte et que nous eussions le désir de le secouer d’un coup d’épaules, en rentrant des livres dans la vie.

1076. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Schwob poursuit : « Elles peuvent se rapporter l’une à l’autre en tant qu’elles sont des signes… et il est possible que, les signes étant très différents, les choses signifiées soient très voisines. » (Il est possible, en effet, et ce serait juste assez d’une métaphysique complète pour qu’il fût certain.)

1077. (1890) L’avenir de la science « Sommaire »

Ignorer pour que l’avenir sache.

1078. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Il vous dira qu' il doit gouverner comme la Nature, par des principes invariables & simples, bien organiser l'ensemble, pour que les détails roulent d'eux-mêmes ; qu'il doit, pour bien juger d'un seul ressort, regarder la machine entiere, calculer l'influence de toutes les parties les unes sur les autres & de chacune sur le tout, saisir la multitude des rapports entre les intérêts qui paroissent éloignés ; qu'il doit faire concourir les divisions même à l'harmonie du tout, veiller sans cesse à retrancher la somme des maux qu'entraînent l'embarras de chaque jour, le tourment des affaires, le choc & le contraste éternel de ce qui seroit possible dans la Nature & de ce qui cesse de l'être par les passions *.

1079. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

Il faudrait imaginer deux sensibilités identiques pour que le même mot suscitât exactement la même image, et c’est à peine si deux instants successifs de la sensibilité d’un même homme parviendraient à réaliser cette identité.

1080. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

C’était bien la peine de se peindre en Corinne au Capitole pour que, quelque quarante ans après votre mort, une femme, un bas-bleu, dont le bleu n’est que la teinture de plusieurs autres auxquels elle s’est frottée et qui veut que ce bruit lui revienne et lui profite, se lève tout à coup et dise : Écoutez comme elle se mouchait !

1081. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Il y a trop de Quinet en elle pour qu’il soit resté.

1082. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Mme Swetchine, qui n’est pas auteur, — qui en a un jour couru le danger, mais qui y a échappé par cette conversion qui la jeta dans le grand sérieux de la vie et qu’elle n’a jamais racontée (trait caractéristique de la discrétion sur elle-même de cette sympathique femme du monde), Mme Swetchine, ne peut avoir eu que deux buts en écrivant sa pensée : — ou la fixer mieux en la parlant, pour la connaître et lui donner sa forme, pour qu’elle cessât d’être une rêverie et fût bien une pensée, — ou entrer par là dans la pratique morale, dans le conseil, dans le soulagement.

1083. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Malgré ce titre qui nous prévient et auquel l’auteur a ajouté ces mots : Épisode de l’Histoire du Hanovre, pour qu’on ne pût pas s’y tromper, est-ce vraiment de l’histoire dans sa notion pure et respectée que ce livre sans gravité, sans profondeur, sans vue morale ?

1084. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Pour qu’on revienne avec goût à ce genre de littérature, qui vieillit comme la politique elle-même, c’est-à-dire plus vite que les autres choses humaines, il ne faut rien moins que du génie.

1085. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

… Le cheval d’Attila, les femmes d’Attila, furent (dit-on) enterrés avec leur terrible maître… Lionne, qui fut un très digne serviteur des siens, devait-il être exhumé et mis à part d’eux, à part des traités où son nom brille abrité sous les leurs, comme sous un dais, pour que nous sussions mieux ce qu’il était et ce qu’il fit ?

1086. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Taine avait, à ce qu’il semblait, des facultés trop vives et trop indisciplinables pour qu’il put jamais emboîter le pas derrière personne.

1087. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Grand poète, malgré le calus qu’il a à l’esprit et qui l’empêche de sentir la nature que le génie gaulois sent dans tous ses poètes, lui seul excepté, — étonnant de n’avoir pas galvaudé et perdu des facultés qu’il a traînées dans tous les désordres de la vie, Villon n’a pas besoin qu’on l’exagère pour qu’on reconnaisse sa réelle supériorité.

1088. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Nous nous sommes laissé dire qu’il avait quêté aux renseignements pour son ouvrage, et que toutes les familles protestantes de l’Europe s’étaient empressées de lui envoyer une infinité de détails jusqu’alors jugés trop obscurs pour que l’histoire daignât les recueillir.

1089. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Madame de Staël disait : « Ceux qui se ressemblent se devinent. » Aussi, pour que la gloire jaillisse bien, et dans toute sa force, du visage que l’historien a pour devoir d’éclairer, il faut, entre le peintre et le modèle, des pentes de nature, des analogies de tempérament au moins intellectuel, et de telles rencontres de génie ne se répètent pas à tous les siècles.

1090. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

ce mot affreux, antilittéraire, antimilitaire, anti-marin, anti-savant, anti-toutes choses, et qui est le caractère cherché et voulu des livres actuels pour qu’ils fassent fortune, — et je dis fortune, au point de vue commercial de l’écoulement.

1091. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

ce mot affreux, antilittéraire, antimilitaire, anti-marin, anti-savant, anti-toutes choses, et qui est le caractère cherché et voulu des livres actuels pour qu’ils fassent fortune, — et je dis fortune au point de vue commercial de l’écoulement.

1092. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Bonhomme ne s’est pas senti médiocrement embarrassé quand il a fallu classer l’irrespectueux contempteur de Rousseau et de Voltaire, assez intéressant pourtant à ses yeux pour qu’il ait songé à éditer ses œuvres posthumes.

1093. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Parisot vante beaucoup trop pour un chrétien (car nous avons mieux que tout cela, nous, et non pas dans des poèmes aux idéalités menteuses, mais en pleine réalité, en pleine histoire), n’est guères, il faut bien en convenir, que débris épars de traditions antérieures, membres coupés d’une vérité primitive, de la grande Massacrée dont les lambeaux ont été semés dans tous les pays du monde pour qu’on sût partout qu’elle avait existé, complète, quelque parti Si donc un reflet troublé ou affaibli d’une poésie quelconque pénètre à travers l’inextricable fourré d’un poème où la plus forte attention peut s’égarer comme un éléphant dans les jungles, cette poésie n’appartient ni à la pensée de Valmiki, ni à l’esprit de sa race.

1094. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

Le sujet de ceci n’est pas, comme on pourrait le croire, un roman qui se cache sous des formes négligées ou familières à dessein, pour qu’elles paraissent plus vivantes.

1095. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Doré, qui en art a une bravoure de héros, n’a pas craint d’y toucher, et, selon moi, c’est une raison de plus pour qu’on n’y touche plus… C’était Turgot qui disait, je crois, à propos de la découverte de l’Amérique : « J’admire moins Colomb d’avoir découvert l’Amérique que d’être parti la chercher. » Doré aurait l’admiration de Turgot, — et, jusqu’à un certain point, il a la mienne.

1096. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

Ils ont prescrit les vingt-quatre heures à attendre, pour qu’on fût sûr que la vie, ce mystère qui se joue des hommes, eût dit, à point nommé, sans une minute de plus, son dernier mot !

1097. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Seulement, s’il l’était vis-à-vis des autres, ce qui est toujours une question quand il s’agit de paganisme, l’auteur d’Impressions et Visions 27, nous n’hésitons pas à le dire, reste très coupable vis-à-vis de lui-même, parce qu’il a diminué un talent qu’on n’a point reçu pour qu’on le diminue en lui imposant des formes vieilles qu’il faut laisser là à tout jamais ; car le génie serait impuissant à les raviver, s’il pouvait en avoir l’idée.

1098. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Le biographe d’Edgar Poe ne le dit pas et peut-être ne s’en soucie guère ; mais le silence de sa notice sur l’éducation morale, nécessaire même au génie pour qu’il soit vraiment le génie, genre d’éducation qui manqua sans doute à Edgar Poe ; et d’un autre côté, le peu de place que tiennent le cœur humain et ses sentiments dans l’ensemble des œuvres de ce singulier poëte et de ce singulier conteur, renseignent suffisamment, — n’est-il pas vrai ?

1099. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

ou parce que le luxe de nos mœurs se communiquant à nos esprits comme à nos âmes, nous ôterait ce goût précieux et pur de simplicité ; ou parce que, l’inégalité plus marquée dans les monarchies, mettant plus de distinction entre les rangs, il doit nécessairement y avoir plus d’affectation, plus d’effort, plus de désir de paraître différent de ce que l’on est, et par conséquent quelque chose de plus exagéré dans les manières, dans les mœurs et dans la tournure générale de l’esprit, ou enfin, parce que chez un peuple indifférent et léger, qui peut-être voit tout avec rapidité et ne s’arrête sur rien, il faut, pour ainsi dire, que tous les objets soient en relief pour qu’ils soient aperçus ?

1100. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

On n’ignore point qu’il y a un art de disperser les grandes masses pour que l’œil se repose et que l’imagination ait à désirer ; alors les intervalles même sont utiles, et ils préparent la beauté de ce qu’on ne voit point encore.

1101. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

On emploie toute l’adresse de l’art pour que l’innocent n’échappe point : un des juges est contraire à l’arrêt de mort, on le fait opiner le dernier.

1102. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Assez quiète pour être l’asile du repos ; et trop quiète pour que s’y plût beaucoup une jeunesse ardente. […] Ils sont, dès ce monde, assez distincts de nature et de qualité pour que l’âme garde sa candeur native quand le corps est à ses folies. […] … Je parle tout haut, pour que ce beau mot décoloré reprenne sa vie, son vol, son vert reflet d’aile sauvage et de forêt… En vain ! […] Il a suffi de peu de temps pour que l’expérience le déçût. […] Il offre à Dieu son martyre, pour que reviennent à Dieu les égarés : « Pour que tu reviennes.. » dit-il à son père ; et « Pour qu’elle revienne… » dit-il en regardant Thérèse ; et « Pour que vous reveniez… » dit-il à son maître.

1103. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

— C’était bien la peine que je passe les plus belles nuits de mes jours à vous broder une bourse pour votre fête, pour que vous exposiez votre pauvre amie qui vous a tout sacrifié, comme Marguerite Gauthier, à recevoir la visite boueuse des huissiers qui veulent me saisir comme si j’étais négociante. — Sans ma portière, qui m’a prêté huit cents francs pour donner à M.  […] L’amour-propre entre donc bien un peu pour quelque chose dans tout le mal qu’on se donne à ce propos ; mais le motif est véritablement trop digne d’éloges pour qu’on puisse faire autrement que d’applaudir. […] Dans cette circonstance éminemment familière, la pantomime me parut un moyen de traduction trop expressif pour que j’osasse en faire usage avec le policeman qui, d’ailleurs, me parut manquer d’initiative. […] *** Les personnes de marque qui sont restées à Londres s’abstiennent de paraître dans les lieux publics pour qu’on ne puisse pas supposer qu’elles n’ont pas encore quitté la ville. — Aussi n’ai-je pu assister à une de ces grandes représentations d’apparat, où la présence de S.  […] À bord du steamer l’Anglais retrouve la gaieté qu’il n’avait pas au bal. — C’est l’Antée de l’eau, il faut qu’il soit dessus pour qu’il paraisse vivre.

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