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818. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

On n’est pas libre de définir à sa guise des termes qui ont une signification historique et philosophique très précise.

819. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Chevrillon on voit bien que la puissance philosophique demeure dans ce noble sang.

820. (1907) L’évolution créatrice « Introduction »

Dunan sur Le problème de la vie (Revue philosophique, 1892).

821. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Cet élan de reconnaissance envers la nuit qui les rapproche, cette haine pour le jour qui les sépare, formaient une antithèse poétique heureuse ; mais le développement qui suit n’est plus qu’une dissertation philosophique, et voici ce que Wagner leur fait chanter au moment le plus délicieux de leur étreinte amoureuse : « Descends sur nous, nuit de l’amour, donne-moi l’oubli de la vie, recueille-moi dans ton sein, affranchis-moi de l’univers. […] Sa création musicale aurait-elle différé s’il avait prêté à ses héros les idées philosophiques de Pascal ou de Spinoza, de Kant ou de Hegel au lieu de celles de Schopenhauer ? […] Il en serait autrement dans une composition littéraire, où la pensée acquiert une précision sans rivale : une scène d’amour entre Héloïse et Abélard, par exemple, pourrait être heureusement traversée de querelles d’école et d’argumentations philosophiques.

822. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Voltaire, qui faisait de tout, fit aussi de la critique : on en trouve, et d’excellente, dans ses lettres, dans ses préfaces, dans son Dictionnaire philosophique, dans son Temple du goût, partout dans ses œuvres, comme de l’esprit, comme du bon sens : critique acérée et légère, railleuse et sensée, causerie sans prétention, mille fois interrompue et reprise, étincelle capricieuse qui court dans un tissu à demi consumé. […] Les grammairiens ont été souvent de petits esprits, étrangers à toute étude philosophique, incapables d’écrire et même de sentir une page éloquente. […] Mais ses études d’art étaient trop superficielles, trop incomplètes : ses vues philosophiques elles-mêmes étaient plutôt des pressentiments que des idées.

823. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Il se mêle à ces substantielles réalités des velléités philosophiques émouvantes. […] Il avait voulu fonder une secte, et quand tout fut prêt, il s’aperçut qu’elle était orthodoxe, De la vérité d’une légende ou de l’erreur d’un système philosophique, il tirait des conceptions déjà connues du catéchisme. […] En somme, on peut dire que les courants philosophiques qui prédominent aujourd’hui, courants qui s’attachent uniquement à poser des problèmes, révèlent par cela même non seulement un trait de folie, mais un trait de folie de suicide.

824. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Aussi ne fait-il pas de politique : s’il écrit dans les journaux sur les choses du jour, ce n’est guère que pour développer des idées générales, très philosophiques, et qui ne peuvent avoir d’aboutissement pratique. […] Est-ce qu’un homme rompu aux études philosophiques peut raisonnablement chercher dans la lecture de Spinoza et d’Herbert Spencer la cause d’une perversion morale ? […] Bourget trouve à la décrire des joies ineffables et qui n’ont rien de philosophique. […] Solution insuffisante pour les esprits philosophiques. […] Ils ne sortiront guère de l’empirisme  A côté de ceux-là sont venus se ranger des esprits peut-être moins originaux, moins créateurs, mais plus philosophiques.

825. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il distingue très justement, dans les Méditations, trois groupes de pièces : les pièces entièrement neuves, telles que l’Isolement, le Lac, le Vallon, le Soir, l’Automne ; les odes à l’ancienne mode, telles que l’Enthousiasme et le Génie ; et enfin les « morceaux en vers alexandrins sur des sujets philosophiques », tels que l’Homme, la Prière et l’Immortalité. […] Et quant aux pièces philosophiques, il n’y a pas à dire, c’est tout autre chose que les « discours » de Voltaire. […] C’est moins le panthéisme philosophique que le panthéisme lyrique. » Ici, je souscris pleinement, je ne repousse que ces deux mots : « au hasard ». […] Mais supposons que, par un malheur, les « tyrans positivistes » de Renan ne soient pas bons ; et nous aurons tout justement les hommes-dieux savants et méchants (« science sans conscience est la ruine de l’âme ») conçus par Lamartine trente-cinq ans avant que les Dialogues philosophiques ne fussent écrits. […] Ces deux définitions de Dieu  profondes dans leur simplicité, car elles vont à l’essentiel et dissipent les prestiges des systèmes philosophiques  ces définitions que le délicieux poète grec laisse tomber avec un ironique détachement, Lamartine n’a fait que les embrasser  tour à tour ou même à la fois  de toute la force de sa pensée et de son imagination… Et que pouvait-il davantage ?

826. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Personne n’a donc lu Han Ryner avec plaisir et avec soin pour qu’on ignore encore la possibilité d’en tirer un miraculeux florilège philosophique ? […] Pourquoi cette rêverie géniale ne figure-t-elle pas dans les éditions philosophiques des libraires spécialistes ? […] C’est une vie philosophique et qui nous présente Yousouf comme un sage méditatif, un peu triste dans son amour hautain et rempli d’une quasi certitude du mal universel. […] Outre son œuvre philosophique dont je viens de parler Han Ryner publia d’ailleurs aussi jadis des romans et des livres de polémiques violentes. […] Oui, quand on lit, parmi les œuvres burlesques et mystiques de Matorel philosophique comme celle-ci : « On apercevait les hangars éclaires à l’électricité et pareils à du machines de guerre romaines.

827. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

J’entrevois dans le nouveau projet qui me tente une très riche matière de considérations historiques et philosophiques, particulières et générales, qui pourront intéresser quelques lecteurs et qui m’intéresseront à coup sûr, soit que j’en fasse ou non l’application à ma propre destinée. […] Si tant d’érudits myopes sont sans idées générales, sans vues philosophiques, nous serions bien naïfs de leur en être reconnaissants comme d’un sacrifice héroïque qu’ils ont fait à la vérité dans l’intérêt des hommes à venir. […] Ils ne font pas de philosophie, parce qu’ils sont aux antipodes mêmes de l’esprit philosophique. […] Bacon, dont l’imagination surtout était grande, a payé cet avantage accessoire par une diminution relative de force et de portée dans ce qui était sa principale affaire, l’investigation philosophique ; quant à la valeur monde de l’homme, elle est misérablement au-dessous de la plus vulgaire moyenne. […] Quoi qu’il en soit et quelque doctrine qu’on professe, cette comédie du hasard, assez divertissante en elle-même, renferme de hautes leçons ; elle est piquante et philosophique : il vaut la peine de la contempler.

828. (1905) Propos littéraires. Troisième série

À partir de ce moment, les esprits délaissèrent la politique qui n’avait plus un intérêt aussi vif et s’orientèrent vers les idées morales et philosophiques. […] La métaphysique était pour lui, comme il l’a dit très nettement dans les Dialogues philosophiques, le pays des Rêves. […] Il dit qu’il s’est diverti pendant les vacances à réunir quelques idées philosophiques auxquelles il donnera peut-être la forme d’une lettre ; et ce dont il parle, c’est la Lettre à Berthelot. […] On y trouve encore, — et cela est moins philosophique peut-être, — un certain goût de vérifier son pessimisme, sa misanthropie et ses vues sur le gorille. […] Bergeret a des entretiens philosophiques empreints d’une certaine douceur et de quelque indulgence pour les êtres et les choses.

829. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Mais, Rosny à part, les intellectuels n’ont donné que des rogatons, des débris de lectures philosophiques ou mystiques, sans portée et sans avenir. […] À travers tous ces romans, il est question des idées nouvelles, politiques, philosophiques, scientifiques, religieuses et sociales. […] Chacun sait combien les plus balles images sont de mauvais arguments philosophiques, puisqu’elles mêlent des domaines différents. […] Nous parcourons une ville d’abord exaltée, brillante, païenne et philosophique, puis chrétienne et croyante et grise. […] Mais ses propos sont sages, fondés sur l’expérience et vraiment philosophiques.

830. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Nous pouvons, pour l’étudier, considérer indifféremment une œuvre scientifique, artistique, philosophique ou littéraire. […] Je prendrai comme exemple la genèse d’une théorie philosophique. […] Mais il n’en est pas de même pour les œuvres littéraires, sociales ou même philosophiques. […] Darwin n’a jamais bien vu les conséquences philosophiques de sa théorie de la lutte et de la sélection. […] Joly, « Psychologie des grands hommes » (Revue philosophique, t. 

831. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Et de fait le xviiie  siècle peut bien apparaître comme l’âge de la critique, critique philosophique, critique religieuse, critique esthétique, critique littéraire. […] Ici notre critique historique, morale, philosophique, devient une critique scolastique. […] Nous touchons ici au problème philosophique des universaux : n’allons pas plus loin… * * * Autre difficulté. […] Et avoir le génie philosophique et le génie critique, ce n’est pas se poser ces problèmes une fois dans sa vie, c’est vivre avec eux (j’allais dire coucher avec eux) sans jamais les résoudre tout à fait, jamais les épuiser. […] D’autre part il passe du plan de la rhétorique sur le plan de la dialectique, du plan de la dialectique sur le plan du mythe philosophique, au-dessus duquel il n’y a rien.

832. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Ce ne sont point les idées sociales qui se transforment, comme en France, ni les idées philosophiques comme en Allemagne, mais les idées littéraires ; la grande marée montante de l’esprit moderne, qui renverse ailleurs tout l’édifice des conditions et des spéculations humaines, ne parvient d’abord ici qu’à changer le style et le goût. […] Dans cette confusion laborieuse, deux grandes idées se dégagent : la première qui produit la poésie historique, la seconde qui produit la poésie philosophique, l’une surtout visible dans Southey et Walter Scott, l’autre surtout visible dans Wordsworth et Shelley, toutes deux européennes et manifestées avec un éclat égal en France dans Hugo, Lamartine et Musset, avec un éclat plus grand en Allemagne dans Gœthe, Schiller, Ruckert et Heine ; l’une et l’autre si profondes que nul de leurs représentants, sauf Gœthe, n’en a deviné la portée ; et que c’est à peine si aujourd’hui, après plus d’un demi-siècle, nous pouvons en définir la nature pour en présager les effets. […] Telle fut la domination de l’esprit philosophique, qu’après avoir violenté ou roidi la littérature, il imposa à la musique des idées humanitaires, infligea à la peinture des intentions symboliques, pénétra dans la langue courante, et gâta le style par un débordement d’abstractions et de formules dont tous nos efforts ne parviennent plus aujourd’hui à nous débarrasser. […] Certainement un chat qui joue avec trois feuilles sèches peut fournir une réflexion philosophique, et figurer l’homme sage « qui joue avec les feuilles tombées de la vie » ; mais quatre-vingts vers là-dessus font bâiller, et bien pis, sourire. […] Si c’est comme aujourd’hui l’esprit philosophique, il produit à la fois des prédications conservatrices et des utopies socialistes, Wordsworth et Shelley1227.

833. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

En avançant dans la lecture de Gui Patin, nous verrons qu’il n’avait point sans doute l’esprit philosophique et méthodique dans le sens général du mot ; il n’est point à cet égard de la famille de Descartes, il est de ces esprits à bâtons rompus, si je puis dire, et qui ne vont pas jusqu’au bout d’une conséquence ; mais il a tout ce que le bon sens à première vue saisit et appréhende, et il le rend avec des jets de verve, avec des éclats de causticité qui sont amusants. […] Et, débordant sur ce sujet, cet homme d’école s’écrie dans un dernier accès de fierté et de superbe plus doctorale que philosophique : Tous les hommes particuliers meurent, mais les compagnies ne meurent point.

834. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Vers l’âge de vingt-six ans, son esprit se forma dans ce petit camp philosophique et y trouva son école. […] Il sent qu’il est près de lui accorder ce titre, et à l’instant, par une sorte de respect humain philosophique, il s’arrête ; mais, en le lui retirant, il le retira aussi à tout ce qu’il y a eu de grand dans le monde.

835. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

En cette même année 1790, M. de Meilhan publia un petit roman ou conte philosophique dans le goût de Zadig, et intitulé Les Deux Cousins, histoire véritable ; il l’avait composé en quelques jours à la campagne, après une conversation. […] Quant aux idées philosophiques ou politiques renfermées dans des écrits antérieurs, une fois la tranchée ouverte et l’ennemi introduit dans la place, on y recourut, mais comme on s’adresse à un avocat pour fournir des motifs à l’appui d’une cause, d’un acte qu’on veut colorer : C’est quand la Révolution a été entamée, dit M. de Meilhan, qu’on a cherché dans Mably, dans Rousseau, des armes pour soutenir le système vers lequel entraînait l’effervescence de quelques esprits hardis.

836. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Ces remords de gloire d’ailleurs troublaient peu sa sérénité philosophique. […] On a là au vrai le jugement d’un ami impartial et clairvoyant sur Voltaire homme et écrivain, à cette époque déjà si avancée de sa carrière, mais avant qu’il fût devenu cette espèce de personnage amplifié de la légende philosophique et le patriarche de Ferney.

837. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Pour nous, ce qui nous attire et ce qui nous en plaît aujourd’hui, ce n’est pas tant ce canevas sentimental aisé à imaginer, et qui est traité d’ailleurs avec grâce et délicatesse, comme aurait pu le faire Mme de Souza ; ce sont moins les personnages amoureux que des personnages au premier abord accessoires, mais qui sont en réalité les principaux : c’est un président de Longueil, forte tête, à idées politiques, à vues étendues, une sorte de Montesquieu consultatif en 89, et qui, en écrivant à Saint-Alban, lui communique ses appréciations supérieures et son pronostic chaque fois vérifié ; — c’est aussi le père du jeune Saint-Alban, espèce de Pétrone ou d’Aristippe, qui, pour se livrer à ses goûts d’observation philosophique et de voyages, a renoncé dès longtemps aux affaires, aux intérêts publics, même aux soins et aux droits de la puissance paternelle, et s’en est déchargé sur son ami le président de Longueil. […] La conclusion du président, dans cette espèce de liquidation d’une grande bibliothèque, qu’il montre si réduite si l’on en ôtait tout ce qui est devenu inutile, fastidieux ou indifférent, semblera peu en rapport avec nos goûts d’aujourd’hui, à nous qui aimons toutes les sortes de curiosités et d’éruditions, et qui y recherchons, jusqu’à la minutie, les images et la reproduction du passé ; elle a pourtant sa vérité incontestable et philosophique, plus certaine que les vogues et les retours d’un moment : Tous ces livres, dit-il en achevant son énumération, ne seront pas plus recherchés un jour que les factums relatifs à des affaires qui dans leur temps fixaient l’attention générale.

838. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Lorsque ce talent à la fois jeune et en pleine maturité s’est annoncé ici avec un si grand éclat, on a cherché à l’écarter en disant que c’était un étranger : le fait est faux ; c’est un Français rendu à la France par le décret philosophique qui réintègre les descendants des protestants réfugiés. […] Chateaubriand en fait son livre le plus éclatant, qui va redorer de son rayon, pour plus d’un demi-siècle, la grille du sanctuaire et le balustre des autels ; Benjamin Constant, à ses moments perdus, entre la maison de jeu et la tribune, refait et retouche sans cesse un livre plus vrai peut-être, plus religieux et plus philosophique que celui de l’autre ; mais sa poudre est restée trop longtemps en magasin, elle est mouillée ; il n’y a pas, comme pour Le Génie du Christianisme, feu d’artifice et illumination soudaine.

839. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Je ne crains pas les anecdotes avec cet homme de théorie et de tribune, mais aussi de conversation mordante et de dialogue, et dont les deux grands précédents philosophiques et littéraires, à le bien voir, sont Socrate et Despréaux. […] Il eut, à son début, sa journée d’éclat (28 octobre 1815), lorsque répondant à M. de Kergorlay qui s’attaquait à l’inviolabilité des biens nationaux et qui prétendait l’infirmer au nom de mille exemples historiques, anciens et modernes, allégués en preuve de l’éternelle vicissitude des choses et de l’instabilité des institutions humaines, il éleva et opposa, en face de ce spectacle philosophique trop décourageant, le point de vue du vrai politique et de l’homme d’État, qui doit se placer, au contraire, et raisonner constamment dans la supposition de la stabilité et, s’il se pouvait, de l’éternité des lois sur lesquelles la société repose, et qui doit d’autant plus paraître s’y fier et les proclamer durables, que l’on vient d’échapper à de plus grands orages : « Voilà, s’écriait-il, voilà ce qu’il faut espérer, ce qu’il faut vouloir, voilà ce qu’il faut, s’efforcer de voir et de démontrer comme le résultat possible et même assuré d’une conduite où la sagesse se trouvera heureusement combinée avec la fermeté.

840. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Il ajoute dans l’explication de ces doctrines quelque chose aux simples et hautes traductions philosophiques qu’en avait posées ce grand devancier. […] Les discours préliminaires, du moins, qui sembleraient devoir contenir des idées générales et philosophiques, rassemblent certainement et résument avec utilité les principaux faits extérieurs du siècle et les vues les plus immédiates, mais rien au delà.

841. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Cette indifférence philosophique que Descartes réclamait comme première condition à la recherche de la vérité, il la réalise dans la pratique de la littérature ; et comme en même temps il a l’humeur vive et curieuse, la plume facile et prompte, une telle disposition neutre l’a conduit très-loin. […] Dictionnaire philosophique, article Critique.

842. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Sa jeunesse dut être celle d’alors : « Mon âme habite un lieu par où les passions ont passé, et je les ai toutes connues », nous dit-il plus tard ; et encore : « Le temps que je perdais autrefois dans les plaisirs, je le perds aujourd’hui dans les souffrances. » Les idées philosophiques l’entraînèrent très-loin : à l’âge du retour, il disait : « Mes découvertes (et chacun a les siennes) m’ont ramené aux préjugés. » Ce qu’on appelle aujourd’hui le panthéisme était très-familier, on a lieu de le croire, à cette jeunesse de M.  […] Au sein de l’orthodoxie la plus fervente, il portait de singuliers restes de ses anciennes audaces philosophiques.

843. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Il avait l’esprit très philosophique, et peu de connaissances ou de curiosité philosophiques ; il n’avait en morale qu’une science commune et superficielle, et ni théoriquement ni pratiquement il n’avait de grandes lumières sur la vie de l’âme humaine : il fait exception dans le xviie  siècle par son manque de sens psychologique.

844. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Cette déclaration, dans une préface où La Bruyère répond à toutes sortes d’attaques, n’est donc qu’une précaution du côté des dévots ; elle ne doit tromper personne sur le caractère plus philosophique que religieux de sa morale. […] Pour la peine, elle n’est plus bornée, comme dans la morale philosophique, à la vie présente ; mais, en revanche, la morale chrétienne nous parle d’un pardon plus vaste que la peine, et nous promet une justice qui réformera bien des condamnations et cassera bien des absolutions de la justice humaine.

845. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Supposez un homme instruit et noble de cœur exerçant un de ces métiers qui n’exigent que quelques heures de travail ; bien loin que la vie supérieure soit fermée pour cet homme, il se trouve dans une situation mille fois plus favorable au développement philosophique que les trois quarts de ceux qui occupent des positions dites libérales. […] Cette extrême sensibilité pour l’extérieur prouve une certaine humilité d’âme et témoigne que ceux qui l’éprouvent n’ont pas encore atteint les hauts sommets philosophiques.

846. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Si l’on essayait de déterminer dans quel ordre s’est opéré l’affranchissement des diverses matières qui peuvent faire l’objet des livres, on verrait que la littérature pure, celle qui borne ses visées à plaire et à divertir, qui par conséquent ne heurte aucun intérêt grave et ne peut guère commettre d’autre méfait que d’ennuyer, a la première, comme il est naturel, obtenu sa place au soleil ; que la science, grande redresseuse de préjugés et par là suspecte, mais protégée contre les défiances du pouvoir par sa sereine impassibilité comme par les formules mystérieuses dont elle est d’abord enveloppée, a eu déjà plus de peine à se dérober au contrôle des gouvernants excités contre elle par l’Eglise ; que les écrits philosophiques et religieux ou antireligieux, malgré de nombreux retours offensifs de la même Eglise, ont su ensuite se libérer de la surveillance officielle ; enfin que l’histoire, les mémoires, et surtout les ouvrages traitant de questions politiques et sociales, exprimant de la sorte des idées pouvant du jour au lendemain se transformer en actes et troubler l’ordre établi, ont été les derniers à conquérir la faculté de paraître sans encombre. […] Dictionnaire philosophique, article « Guerre ».

847. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Il faut toujours chercher, pour chacun de ces petits milieux fermés, quel en a été le grand homme, le favori, le Dieu mortel ; si la préoccupation dominante y fut politique, littéraire, philosophique  ; si la société qu’il admit fut triée sévèrement ou mêlée, nationale ou cosmopolite, parisienne ou provinciale, etc. […] Qui sait si ce n’est pas dans ces foyers d’agitation philosophique que les écrivains du temps apprirent à se serrer les uns contre les autres, à former malgré leurs querelles un parti compact, à concentrer leurs forces éparpillées dans cette œuvre énorme et collective que fut l’Encyclopédie ?

848. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Christian Bartholmèss vient de le faire connaître par le côté philosophique dans un travail approfondi qui a été fort apprécié dans le monde de l’Université et dans celui de l’Académie des sciences morales. […] Bartholmèss est un écrivain non seulement très instruit, mais élégant, facile, spirituel, qui traite des matières et des personnages philosophiques sans effort, sans ennui, et qui sait même y répandre de l’intérêt, un certain coloris animé et comme affectueux.

849. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

., où c’est l’accent libéral qui domine. 4º Il y faudrait joindre une branche purement satirique, dans laquelle la veine de sensibilité n’a plus de part, et où il attaque sans réserve, avec malice, avec âcreté et amertume, ses adversaires d’alors, les ministériels, les ventrus, la race de Loyola, le pape en personne et le Vatican ; cette branche comprendrait depuis Le Ventru jusqu’aux Clefs du paradis. 5º Enfin une branche supérieure que Béranger n’a produite que dans les dernières années, et qui a été un dernier effort et comme une dernière greffe de ce talent savant, délicat et laborieux, c’est la chanson-ballade, purement poétique et philosophique, comme Les Bohémiens, ou ayant déjà une légère teinte de socialisme, comme Les Contrebandiers, Le Vieux Vagabond. […] Les Bohémiens sont une de ces ballades ou fantaisies philosophiques, d’un rythme vif, svelte, allègre, enivrant ; c’est la meilleure peut-être, la plus belle et la plus parfaite de ses chansons que j’appelle désintéressées, et qui ne doivent rien aux circonstances.

850. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Fontenelle en fut de très bonne heure ; son influence croissante, combinée à celle de La Motte et des autres amis de Mme de Lambert, contribua à donner à l’Académie française quelque chose de ce caractère philosophique qui allait y devenir très sensible durant le xviiie  siècle, et y relever ce que le rôle grammatical ou purement littéraire aurait eu désormais d’insuffisant. […] Elle veut qu’elle aussi, pour être heureuse, elle apprenne à penser sainement, à penser différemment du peuple sur ce qui s’appelle morale et bonheur de la vie : « J’appelle peuple, ajoute-t-elle, tout ce qui pense bassement et communément : la Cour en est remplie. » Ces réflexions philosophiques, qui, plus tard, passeront aisément à la déclamation et à l’excès, percent déjà à l’état d’analyse très distincte chez Mme de Lambert.

851. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Il suffit de lire sa correspondance avec Voltaire pour voir que son âme n’était pas libre des animosités philosophiques et des passions de secte. […] En maltraitant ce dernier, il n’a pas senti que dans les vers de Boileau il y avait plus de vraie poésie de style que dans tous ces vers prosaïques et soi-disant philosophiques du xviiie  siècle, quelques pièces de Voltaire exceptées.

852. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Le peintre ému se reconnaît pourtant dès les premières lignes ; les descriptions ne sont pas sèches ; le paysage n’est là que pour se mettre en rapport avec les personnages vivants : « Un paysage, dit-il, est le fond du tableau de la vie humaine. » Avant de s’embarquer à Lorient, et sans avoir encore quitté le port, en s’y promenant et en nous y montrant le marché aux poissons avec tout ce qui s’y remue de fraîche marée, l’auteur nous rend une petite toile hollandaise ; en nous peignant avec vérité le retour des pêcheurs par un gros temps, il y mêle le côté sensible dont il abusera : « C’est donc parmi les gens de peine que l’on trouve encore quelques vertus. » On reconnaît le petit couplet philosophique qui commence, mais il ne le prolonge pas trop, et cela ne va pas encore jusqu’au sermon56. […] [NdA] Les gravures qui accompagnaient la première édition du Voyage, ont un caractère philanthropique marqué et sont surtout destinées à attendrir sur le sort des noirs ; elles sentent le voisinage de l’abbé Raynal et de l’Histoire philosophique des deux Indes.

853. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Le président de Brosses, qui touchait par plus d’un point à l’école philosophique, n’avait pas fait alliance avec elle, et s’était refusé même à entrer dans la ligue. […] Parlant des écrivains latins qui imitèrent le style de Salluste et forcèrent sa manière, il fait un retour sur les écrivains modernes qui se piquent aussi d’imiter les deux plus beaux esprits du siècle (Fontenelle et Voltaire), et qui veulent prendre notamment à ce dernier « le ton philosophique, la manière brillante, rapide, superficielle, le style tranchant, découpé, heurté ; les idées mises en antithèses et si souvent étonnées de se trouver ensemble.

854. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Ailleurs c’est dans une chambre d’auberge d’une petite ville perdue du Harz, le fantôme du docteur « Saul Ascher qui apparaît la nuit au poète avec ses jambes héronnières, son habit étriqué, d’un gris tout philosophique, avec son visage droit, froid et comme congelé, éminemment apte à servir de frontispice à un manuel de géométrie ». […] Ni la perception, normale chez lui et attentive aux mille spectacles du dehors, ni la pensée qui était de force à comprendre les plus hautes spéculations philosophiques, ni même l’imagination dont nous avons constaté la véracité, n’étaient atteintes.

855. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Paul-Louis Garnier dont on connaît les premiers enthousiasmes philosophiques et littéraires. […] Philosophie Enfin, outre les thèses de doctorat ou d’agrégation nous ne connaissons pas de travaux philosophiques se rapportant à la période que nous étudions en dehors des études de MM. 

856. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

On n’y voit point cette gradation philosophique qui fait appercevoir d’un coup d’œil l’origine, la filiation, les sens différens, la vraie valeur, & le meilleur emploi d’un mot pris séparément ou réuni avec d’autres. […] Ce sont tous ces défauts du Dictionnaire de Trévoux qui ont fait naître l’idée du Grand Vocabulaire françois, contenant l’explication de chaque mot considéré dans ses diverses acceptions grammaticales, propres, figurées, synonimes & relatives ; les loix de l’orthographe, celles de la prosodie ou prononciation, tant familiere qu’oratoire ; les principes généraux & particuliers de la Grammaire ; les regles de la versification, & généralement tout ce qui a rapport à l’éloquence & à la poésie ; la géographie ancienne & moderne ; le blason, ou l’art heraldique ; la mythologie ; l’histoire naturelle des animaux, des plantes & des minéraux ; l’exposé des dogmes de la Religion & des faits principaux de l’histoire sacrée, ecclésiastique & profane ; des détails raisonnés & philosophiques sur l’œconomie, le commerce, la marine, la politique, la jurisprudence civile, canonique & bénéficiale ; l’anatomie, la médecine, la chirurgie, la chymie, la physique, les mathématiques, la musique, la peinture, la sculpture, la gravure, l’architecture, &c.

857. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

Pourtant, autant qu’il nous semble, la Pologne philosophique, raisonneuse, érudite, celle que Lelewel nous représente si vénérablement, et qui n’est pas tout à fait la Pologne dévote et naïve de Skrzynecki, cette Pologne qui est en minorité, je le crois, mais que d’inévitables lumières tendent à agrandir et à recruter, trouvera des objections de bon sens et de répugnances judicieuses contre certains préceptes d’un livre d’ailleurs si vivifiant et si salutaire.

858. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Au fond, toute cette poésie est mort-née ; elle ne peut vivre dans l’atmosphère que lui fait la raison philosophique.

859. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

La généreuse imprudence qui vous fait entrer sans une ombre d’arrière-pensée dans la carrière au bout de laquelle tant de désabusés déclarent n’avoir trouvé que le dégoût, est donc très philosophique à sa manière.

860. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

C’est le passage de l’unité religieuse et politique à la liberté de conscience et de cité, de l’orthodoxie au schisme, de la discipline à l’examen, de la grande synthèse sacerdotale qui a fait le moyen-âge à l’analyse philosophique qui va le dissoudre ; c’est tout cela ; et c’est aussi le tournant, magnifique et éblouissant de perspectives sans nombre, de l’art gothique à l’art classique.

861. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Son livre sur le Sommeil, un autre sur l’Aliéné, un troisième sur l’Ame et le Corps, témoignent d’un esprit très sagace, très philosophique, qui, sans faux positivisme, est cependant très attentif à la recherche des faits, et qui en même temps, sans déclamation spiritualiste, est très ferme sur les principes.

862. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Cela advient surtout avec les livres philosophiques, avec les livres de pensées.

863. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

» Une autre personne aurait simplement remarqué que, s’il y a deux genres de style, rien n’empêche un auteur de les mêler ; qu’en exposant des théories philosophiques dans sa Tentation Flaubert a fait du style abstrait, et qu’en peignant Antioche ou les chrétiens aux lions il fait du style de couleur ; que Taine, parlant philosophie ou suffrage universel, faisait du style d’idées, et qu’en évoquant la campagne italienne ou les Pyrénées il fait du style de couleur.

864. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Emmanuel Kant, qui ne riait guères, du reste, savait bien ce qu’il faisait quand il enlaçait, dans un groupe philosophique digne des plus grands artistes de l’antiquité, les trois génies aimés des hommes : le génie du Rire, du Sommeil et de l’Espérance.

865. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Il fallait ou sacrifier Molière ou démontrer la beauté de son génie philosophique. […] — Les déductions philosophiques n’ont de valeur que si elles s’accordent exactement avec la science ; mais alors elles ont une valeur. […] Le péché par ignorance, atténué ou effacé, c’est ce que l’on a raillé longtemps sous le nom de « péché philosophique ». […] Aussi l’enquête que je propose serait-elle un jeu purement philosophique ; elle fournirait quelques flèches à la critique, mais peut-être pas une seule arme vraie. […] La morale ancienne et la morale moderne, dans la Revue Philosophique du 1er janvier 1901.

866. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Son but est de fixer la méditation philosophique sur quelques exemples primitifs ou très anciens du génie humain. […] Les villes sont à ce point de vue de mauvaises écoles philosophiques. […] Sa valeur philosophique n’a pas changé. […] Une doctrine philosophique n’est pas nécessairement Une doctrine sociale. […] Epicure seul mérite le nom de constructeur philosophique.

867. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

C’est ici, me semble-t-il, un tableau purement objectif, composé sans autre souci que d’y voir clair dans une période de l’Histoire, en dehors de toute visée symbolique, philosophique ou morale. […] » Même en cet endroit, le style est plus sobre que celui du Génie du christianisme, plus philosophique aussi : et certains termes font songer à Renan. […] Il s’appuie sur l’article « Patrie » du Dictionnaire philosophique. […] Fernand Gregh évoque à ce propos Salammbô, Thaïs, les Dialogues philosophiques et les Martyrs. […] Il n’a point de doctrine philosophique, politique, sociale, ni même littéraire : il cherche, se réserve et travaille (ou s’amuse) de son mieux.

868. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Je m’excuse de l’exprimer en termes aussi philosophiques. […] Et pour ce qui est des termes philosophiques que j’ai employés, j’ai une excuse. Remarquez-vous (les précautions que nous avons prises tout à l’heure nous permettent maintenant d’insister sur ce point), remarquez-vous combien crûment philosophique est le propos que Proust avoue dans le passage que je viens de vous lire ? […] (Je m’excuse d’employer ici ce qu’on appelle le jargon philosophique ; mais c’est indispensable, et en somme on n’a pas encore trouvé mieux pour s’expliquer clairement). […] D’un côté il cherchait un beau sujet philosophique, et n’en trouvait pas, de l’autre il éprouvait des sensations, mais si particulières et si vives qu’il ne voyait pas ce qu’il pourrait jamais en faire.

869. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Parny le composa depuis l’an iii environ jusqu’à l’an vii, époque de la publication ; dans l’intervalle, divers morceaux et même des chants tout entiers avaient été insérés dans la Décade, principal organe du parti philosophique. Au moment de l’apparition du volume, Ginguené, ancien camarade de collége de Parny, mais poussé surtout par son zèle pour la bonne cause, donna dans la Décade jusqu’à trois articles favorables181, analyses détaillées et complaisantes, dans lesquelles il étalait le sujet et préconisait l’œuvre : « L’auteur, disait-il, l’a conçue de manière que les uns (les Dieux) sont aussi ridicules dans leur victoire que les autres dans leur défaite, et qu’il n’y a pas plus à gagner pour les vainqueurs que pour les vaincus. » Après toutes les raisons données de son admiration, le critique finissait par convenir qu’il se trouvait bien par-ci par-là, dans les tableaux, quelques traits « qu’une décence, non pas bégueule, mais philosophique, et que le goût lui-même pouvaient blâmer » ; il n’y voyait qu’un motif de plus pour placer le nouveau poëme à côté de celui de Voltaire, de cet ouvrage, disait Ginguené, « qu’il y a maintenant une véritable tartufferie à ne pas citer au nombre des chefs-d’œuvre de notre langue. » Le succès de la Guerre des Dieux fut tel, que trois éditions authentiques parurent la même année, sans parler de deux ou trois contrefaçons. Les petits vers anodins, comme du temps du Mercure, les madrigaux philosophiques pleuvaient sur Parny pour le féliciter.

870. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

M. de Marivaux a mis dans ses Comédies des idées philosophiques, présentées d’une maniere neuve, singuliére & agréable. […] Mais ses défauts sont compensés par des pensées neuves, par des réfléxions ingénieuses, par des maximes philosophiques propres à diriger le sage, à l’éclairer, à le consoler. […] Les Epîtres philosophiques, les Epîtres morales appartiennent au Poëme didactique.

/ 1789