/ 2980
699. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Montesquieu, Lettres persanes. (Lettre 61.) — Cf.  […] Lettres de Mme de Boufflers (octobre 1772, juillet 1774). […] Lettres de Mme de la Marck (1776, 1777, 1779). […] Lettre de Mme de Staël (1786).

700. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Je suis homme de lettres, je dois savoir mon métier. […] On est bien malheureux vraiment, d’être organisé nerveusement, quand on vit dans le monde des lettres. […] Du reste, un chef de famille pas commode ; notre père qui était chef d’escadron à vingt-cinq ans et qui passait pour un vrai casse-cou parmi ses camarades de la Grande Armée, racontait qu’il lui arrivait de garder dans sa poche, huit ou dix jours, une lettre de son père, avant d’oser l’ouvrir. […] Le cinquième acte paraît un peu lyrique, et Saint-Victor trouve que la mort de notre homme de lettres est trop une mort de sensitive10. […] Prévost-Paradol, j’ai reçu la lettre suivante de M. 

701. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

était, dans les lettres, la Légitimité reprenant la place usurpée par la Bâtardise ! […] Dans une lettre rendue publique, il s’est confessé de cette histoire avec l’humilité d’une intelligence chrétienne qui ne recule ni devant les aveux ni devant les réparations. […] Certainement, dans les lettres modernes, — dans les lettres sérieuses, — on peut admettre sans témérité qu’il n’y a pas de talent plus véritablement jeune qu’Audin. […] Après avoir écrit le mot Civilisation avec la béate confiance d’un moderne, il en place l’idée dans le développement des lettres et des arts, et la diffusion des connaissances. […] … Ne serait-elle pas plutôt dans l’accroissement de la moralité chrétienne, que ni les lettres, ni les arts, ni les sciences n’ont jamais élevée d’un degré ?

702. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Dans la carrière des lettres, le côté commercial tend, de plus en plus, à l’emporter sur le côté littéraire. […] Enfin l’art et en même temps les lettres, car les deux sont régis par la même loi, allaient sortir de l’ornière classique. […] J’y allai bien après l’ouverture, c’est-à-dire quand le monde des arts et des lettres était absent, saut exception. […] L’École naturaliste peut-elle se vanter d’avoir doté les lettres d’un apport nouveau ? […] Le véritable but des lettres est de faire monter le niveau de la conscience.

703. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

La première lettre de M. […] Le Prevost), on le voit s’échauffer graduellement à chacune de ses lettres. […] Dans la troisième lettre, la question prend une importance excessive ; elle est proclamée une cause toute nationale, à laquelle de nobles et pieuses intelligences portent le plus vif intérêt.

704. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Et d’abord, pour les esprits sévères qui aiment avec raison qu’en recueillant même les songes et les fantaisies de l’imagination dans le passé, on soit fidèle à la lettre et qu’on transmette scrupuleusement les vestiges, l’ouvrage de M.  […] Dans un missel, de lettres d’or   Tout brillant encor. […] Ce fort de Joux, où Mirabeau écrivait ses lettres brûlantes à Sophie, ne manquait pas, on le voit, en son beau temps, de tragédies d’amour.

705. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 512-518

Nous ne saurions trop le répéter ; il est avantageux, & même nécessaire au maintien de la République des Lettres, qu’il s’éleve de temps en temps des esprits assez éclairés pour connoître les regles du bon goût, assez habiles pour démêler les usurpations du mauvais, & assez fermes pour en arrêter les progrès. […] Les Lettres ne rougiront-elles pas un jour d’avoir vu subsister, parmi elles, une Inquisition plus redoutable & plus odieuse que celle que la Philosophie reproche si amérement à certains pays qu’elle appelle Barbares ; une Inquisition que les Philosophes eux-mêmes exercent envers les Littérateurs qui ont assez de bon sens pour ne pas adopter leurs opinions, assez de droiture & de vigueur pour les réfuter ? […] Clément a publié depuis les premieres éditions de notre Ouvrage, plusieurs volumes de Lettres à M. de Voltaires, qui confirment de plus en plus le témoignage que nous avons rendu à la sagacité de son jugement & à la sûreté de son goût.

706. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 23-32

Dans les Eloges de Fontenelle, tous les genres de savoir se réunissent, & sont traités d’une maniere [Omission] « également mis sur les rangs pour m’injurier ; & c’est dans une Lettre théologique de près de cent pages d’impression, qu’il m’a lâché sa bordée. […] Helvétius l’avant-veille du funeste accès de goutte qui l’enleva aux Lettres & à la Société ; il auroit pu lui apprendre encore, que…… Admirez, je vous prie, Monsieur, l’adresse avec laquelle le Libelliste tâche de répandre un air de vérité sur la double imputation qui m’a été faite par M. de Voltaire, & à laquelle j’ai déjà répondu. […] Pour montrer combien il respecte la Magistrature, il dit du Parlement de Paris, que c’est un Corps d’assassins, & cite en toutes lettres deux de ses Membres les plus respectables & les plus vénérés du Public, comme les auteurs d’un jugement, qu’il appelle atroce.

707. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 489-496

Le goût, ou pour mieux dire, une passion enthousiaste pour les Lettres, le porta à de grands sacrifices, & l’engagea dans de grands écarts. […] Pour cet effet, il nous suffira d’extraire d’une de nos Lettres à un Seigneur étranger, l’endroit où nous lui avons rendu compte de l’Ecrit où M. […] La crainte d’une inimitié redoutable put bien imposer silence à son indignation, pendant que le Philosophe Géometre m’accabloit d’injures en style de Crocheteur : elle ne put ni étouffer le mépris que méritoit un tel procédé, ni l’empêcher de me dire le lendemain en propres termes : Ces vilains Philosophes dégradent perpétuellement les Lettres.

708. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

En mars me vint la lettre de Stéphane Mallarmé répondant à mon envoi. […] Votre lettre est charmante. […] La lettre était en somme fort convenable. […] Ghil dans sa lettre à M.  […] Et ils se passionnent… J’ai ainsi souvenir (rapportons-le en passant) de deux lettres vraiment virulentes reçues en même temps, en 92, d’un Collège situé en Ile-de-France  lettres d’ailleurs dûment signées.

709. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Enfin il est homme de lettres, et rien autre chose qu’homme de lettres. […] Il est homme de lettres. […] Comparez aux Lettres Persanes. […] Ces Lettres Persanes sont significatives. […] Les Lettres Persanes le prouvent assez.

710. (1886) Le roman russe pp. -351

Il faut étudier le poète dans ses lettres. […] Ses lettres nous instruisent de son histoire morale. […] (Lettre III.) […] (Postface des Lettres.) […] (Lettre X.)

711. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Lebrun-Pindare en eut beaucoup de mauvaise humeur : rien n’est démontant comme les homonymes dans les lettres. […] Lebrun s’était adressé à l’illustre écrivain comme au patron naturel de tous les hommes de lettres honorables. […] La princesse, en entrant, aperçoit quelque homme de lettres de sa cour et lui dit : Ah ! […] Depuis ce temps, le poëte, l’homme de lettres en lui a dû se moins manifester, et on ne le retrouverait guère directement que dans les solennités de l’Académie, y portant la parole en toute convenance. […] Chauvet, laquelle provoquait Manzoni à sa lettre en français sur les Unités.

712. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Le 22 mars 1845, j’écrivis à mon ami une lettre qu’il ne put lire. […] M. *** fit à ma lettre une réponse pleine de cœur. […] Ma sœur, dont la haute raison était, depuis des années, comme la colonne lumineuse qui marchait devant moi, m’encourageait, du fond de la Pologne, par ses lettres pleines de droiture et de bon sens. […] Sa famille me fit rendre, après sa mort, les lettres que je lui avais écrites ; je les ai toutes. […] J’aimerais certes à relire toutes ces lettres, qui me rappelleraient bien des nuances d’un état d’âme disparu depuis trente-sept ans.

713. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

On décida qu’on ôterait de tous les mots les lettres superflues. […] Sa lettre à l’évêque de Vence sur la détention du prince est intéressante et noble. […] Aujourd’hui qu’on imprime madame ou mademoiselle en toutes lettres, on ne se tromperait pas de même. […] Lettres du 27 novembre 1667, du 20 mars 1671 et du 15 novembre 1680. […] Lettre du 12 juillet 1671.

714. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Le fond, c’est bien moins des lettres et des impressions personnelles comme celles que l’on trouve dans des lettres, qu’une suite de contes, enlevés avec une légèreté de main et une vivacité de coloris dans cette manière sensible et profonde qui est celle de Daudet ; car Daudet a sa manière à lui, qu’on ne peut confondre avec celle de personne. […] mais dans l’accent, — c’est la profondeur d’impression qui me frappe surtout dans ces lettres écrites d’un moulin, ces lettres d’une fantaisie qui tourne, tourne comme ses ailes ; c’est cette profondeur d’impression qui me frappe plus que tout. […] Eh bien, c’est ce Bixiou que l’auteur des Lettres de mon moulin a peint vieux, décrépit, aveugle, méprisé de sa femme, idiot de sa fille… et cherchez le pastel du doux Chérubin littéraire dans cette peinture ! […] Le muscle intellectuel est venu à l’éphèbe des Amoureuses, et c’est des Lettres de mon moulin que datera sa virilité. […] Lettres de mon moulin (Constitutionnel, 10 janvier 1870).

715. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Le côté grandiose, majestueux et, pour ainsi dire, épique de cette misère, se peut voir dans l’admirable lettre de Chateaubriand à M. de Fontanes, écrite vers ce temps. […] — Je viens de recevoir votre lettre. […] — Je vous ai écrit une longue lettre que j’ai déchirée. […] La dernière des lettres que j’ai sous les yeux, et d’où je tire cette pensée, est du 4 novembre 1831, de trois mois seulement avant la mort de Bonstetten. […] (Lettre de Mlle de Klustine, du 22 décembre 1829.)

716. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Rome, comme capitale des lettres et des arts, régit l’Italie avec le génie de Laurent de Médicis. […] L’Église ajouta sous ces deux papes sa puissance réelle et respective à l’influence des Médicis ; les cours de France et d’Espagne y ajoutèrent leurs armes ; estime, vénération, politique se réunirent aussi pour les consacrer, mais ce furent les lettres qui leur donnèrent l’empire. […] Nous vous traduisons cette lettre, qui fit pleurer l’Italie et qui est écrite pour faire pleurer la France. […] « Ordinairement, quand on est un peu en retard pour répondre aux lettres de ses amis, on donne pour excuse de grandes occupations : quant à moi, si j’ai un peu trop tardé à vous écrire, je ne veux pas tant mettre ma faute sur le compte de mes occupations, quoiqu’elles ne m’aient pas manqué, que sur le chagrin bien amer de la perte de cet homme sous le patronage duquel j’étais naguère si heureux de me trouver, avec tous ceux qui font profession de littérature ou avec tous les gens de lettres. […] Dans quelle affection n’embrassait-il pas les gens de lettres !

717. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

En vérité, les gens de lettres sont dans une position bien difficile. […] « Elle lui écrivit en français, dit Pouchkine, car on ne peut écrire une lettre en russe. » C’est une épigramme à l’adresse d’un de ses critiques. La lettre de Tatiana est en excellent russe et des plus touchantes. […] À son tour, Onéguine lui écrit ; il lui envoie lettre sur lettre ; pas une n’obtient de réponse. Désespéré, il pénètre un jour dans l’appartement de Tatiana et la surprend tout en pleurs lisant les lettres qu’il lui a adressées. — « Vous savez mon secret, lui dit-elle ; je vous ai toujours aimé ; mais je suis mariée.

718. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

En rentrant chez lui, le duc de Septmonts, usant d’un droit dont on va lui faire un crime effroyable, commence par intercepter une lettre de la duchesse adressée à Gérard. La lettre confirme pleinement ses soupçons : elle crie l’amour coupable, sinon l’adultère. […] M. de Septmonts montre à sa femme la lettre qu’il vient de saisir ; il pourrait s’en faire une arme de séparation scandaleuse, il préfère la changer en traité de paix. […] Il débute par lui confier, pour la remettre à un tribunal, s’il est tué dans le combat, la lettre qui empêchera l’ingénieur d’épouser sa veuve. […] La famille de son père lui fait offrir cinq cent mille francs en échange des lettres qu’elle a de lui ; jamais Lionnette ne se dessaisira de ces lettres.

719. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Schiller, qui par la suite devait tomber au champ d’honneur, écrivait de la caserne deux lettres (publiées dans la Lanterne du 8 octobre 1916, sous ce titre : Ceux de l’école sans Dieu). […] Et puis, le même jour, virilement, il expliquait ses sentiments dans une autre lettre adressée à son ami M.  […] (Lettre citée par M.  […] Son capitaine, dans la lettre où il annonce sa mort, déclare qu’il est « glorieusement tombé en vendant chèrement sa vie ». […] Voici la lettre d’un instituteur qu’on lira avec intérêt.

720. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

L’économie politique ensuite aura sa place ; mais ce qui donnera à cette collection un prix tout particulier, ce seront les mémoires du comte Roederer, composés tant des notices mêmes rédigées par l’auteur en vue de sa famille, que d’un choix entre les notes et lettres nombreuses qu’il a laissées à son fils. […] Durant ces premières luttes avec son père sur la profession d’avocat qu’il n’embrassa jamais que provisoirement, il a décrit l’intérieur de son âme et de ses pensées, et a tracé comme sa biographie morale dans des lettres à un beau-frère, M.  […] Je cite ces lettres, parce qu’on y voit se dessiner un trait de son caractère, et en même temps l’estime qu’il inspirait. […] Et si vous trouvez cette explication aussi loyale et aussi sensible que je désire qu’elle le soit en effet, dites-moi bien vite que vous ne pensez plus à la fin de votre lettre échappée à un juste moment d’humeur, et que vous serez plus fidèle à mon assignation ordinaire demain qu’à nos assignats. Je vous prie de communiquer ma lettre à notre cher maître (Sieyès), si vous lui avez montré la vôtre.

721. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Signé : Benjamin de Rohan. » Forcé de se rendre après vingt-quatre jours de siège (24 juin 1624), en vertu d’une capitulation qui eut la forme de lettres de grâce, Soubise, bien qu’en sortant il eût demandé pardon au roi à deux genoux, alla immédiatement, dans cette même guerre et cette année même, continuer l’œuvre de résistance et de révolte dont il ne se départit jamais. […] Rohan, dans ses mémoires destinés à être lus en manière d’apologie, témoigne être satisfait de cette paix provisoire : ses lettres et missives confidentielles, dont quelques-unes furent surprises et rapportées au cardinal, trahissaient moins de contentement, et ce traité si désavantageux pour le parti « mit les deux frères en tel désespoir, assure Richelieu, que Mme de Rohan la mère, ne sachant plus quel conseil donner à Soubise, le persuada, par une lettre interceptée, de se joindre aux corsaires moresques et de se retirer en Barbarie », plutôt que de se résigner à la loi du vainqueur. […] Richelieu tout le premier montra qu’au fond il jugeait mieux de Rohan lorsqu’il lui confia ensuite le corps d’armée destiné à entrer dans la Valteline, et que, dans une lettre de lui adressée à ce général victorieux, il lui dit « qu’il sera toujours très volontiers sa caution envers le roi que lui, Rohan, saura conserver les avantages acquis et ne perdra aucune occasion de les augmenter. » Mais, en ce moment de la guerre civile, ce sont deux génies, deux âmes rivales et antagonistes qui sont aux prises, et tous les défauts, toutes les complications et enchevêtrements de la conduite et du rôle de Rohan lui apparaissent : il les impute à son caractère, et il les exprime avec excès, avec injustice sans nul doute, mais avec discernement du point faible et en des termes qui ne s’oublient pas. […] On y voit que, pendant le siège, Mme de Rohan, dans une lettre qui fut interceptée, proposait à son fils la devise qu’elle disait être de la reine de Navarre (sans doute Jeanne d’Albret) : « Paix assurée, victoire entière et mort honnête ! » Envoyée prisonnière à Niort, on essaya d’agir sur elle dans le cours de l’année suivante pour lui faire écrire à M. de Rohan de rentrer dans le devoir ; on mit en avant des tiers, qui, sans employer le nom du roi, l’exhortaient comme d’eux-mêmes et comme s’ils étaient mus par la seule considération de son intérêt et de celui de ses enfants : « Mais cette femme maligne jusques au dernier point, dit Richelieu, ne voulut jamais condescendre à s’y entremettre par lettres, disant pour prétexte que ce n’était pas un moyen assez puissant et qu’il fallait qu'elle y allât elle-même, ce que Sa Majesté refusa, sachant qu’elle ne le désirait que pour rendre le mal plus irrémédiable, et affermir son fils et ceux de son parti dans la rébellion jusqu’à l’extrémité. » Telle était cette mère invincible, qui portait dans la défense de sa foi l’âme des Porcia, des Cornélie, et des anciens Romains.

722. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Il trouve des expressions significatives pour rendre l’espèce de répulsion et de frayeur qu’il avait produite : « Un silence profond de ceux qui étaient auparavant mes amis dans les lettres, et qui m’ont abandonné depuis, comme si je les avais offensés de leur avoir donné de mes livres, m’a fait assez apercevoir du sentiment public sur ce sujet26. » Je ne sais si l’on trouverait un autre exemple, un autre cas aussi caractérisé de discrédit que celui de Marolles ; c’est un phénomène à étudier dans son genre. […] Ayant à faire la part de Marolles dans le mémoire sur les gens de lettres dressé en 1662 par ordre de M.  […] Ce n’est là qu’une note officielle et mesurée : pour avoir le fond du cœur de Chapelain sur Marolles, il faut lire ses lettres. […] Les éloges de Marolles, qu’on recueillerait dans les Lettres de Costar et qui ne sont que des politesses aigre-douces ou de simples prêtés-rendus, ne comptent pas davantage. […] [NdA] Et dans une lettre du même Chapelain à Bernier, du 25 avril 1662 : « On dit que le comédien Molière, ami de Chapelle, a traduit la meilleure partie de Lucrèce, prose et vers, et que cela est fort bien.

723. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Ses lettres, publiées par le même27. […] J’ai mauvaise grâce assurément de chicaner un éditeur aimable qui rachète de légères inexpériences du métier par des mots spirituels chemin faisant, surtout par la richesse du tissu étranger qu’il développe à nos yeux, par les lettres fort belles qu’il insère à tout moment dans son texte et qui en font le prix. Ces lettres de la jeunesse de Mme Swetchine nous révèlent une âme ardente, impétueuse, que la difficulté, l’âpreté même de l’effort moral tente et convie, et qui ne s’est jetée vers Dieu avec tant de passion que de peur de se laisser prendre trop vivement aux choses de la terre. […] La céleste Roxandre, en ce temps-là, était l’objet de son admiration vraiment romanesque ; elle la voyait comme assise sur un trône idéal, et, dans la suite de lettres qu’elle lui adresse, on croirait par moments qu’elle parle à quelque impératrice de Constantinople ou de Trébizonde. […] Cousin et qui ne lui eussent pas été agréables, a incliné aussi, dans son dépouillement des lettres manuscrites concernant Mme Swetchine, à ne choisir que ce qui convenait à sa thèse.

724. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

L’abbé était un peu son homme de lettres ; il travaillait le matin à faire pour lui des extraits, et l’après-midi il allait dans les assemblées d’où il lui rapportait des informations agréables ou utiles. […] Il aimait, on l’a dit, les Lettres. […] Le 9 janvier 1695, le roi lui écrivait de sa main une belle lettre sur la mort de l’abbesse de Port-Royal, sa sœur. […] L’abbé Legendre, qui devait à M. de Harlay d’être chanoine de l’Église de Paris, eut, des premiers, à son égard, le courage de la reconnaissance ; il le loua publiquement le lendemain de sa mort et fit distribuer par les facteurs de lettres un premier Panégyrique qu’il répéta et varia d’année en année. […] Je citerai à l’appui une anecdote que voici d’original ; je la tire d’une lettre particulière écrite de Paris à M. de Pontchâteau et insérée dans un Journal manuscrit de ce dernier, à la date du 16 janvier 1679 : « M. 

725. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

De cette ressemblance et de cette similitude de l’homme avec Dieu, il résulte qu’il y a société, au pied de la lettre, entre Dieu et l’homme, et que celui-ci a reçu de Dieu la loi, la pensée et la parole, sans laquelle la pensée humaine n’est pas. […] L’Esprit des lois de Montesquieu ne lui semble écrit bien souvent qu’avec la même légèreté qui a dicté les Lettres persanes. […] Ses lettres à Joseph de Maistre, récemment publiées, nous le montrent simple en effet, suivant de tout point ses idées et les pratiquant, très occupé des détails, et revenant souvent d’une manière naturelle, mais cependant marquée, à ses soucis de famille et d’intérêts domestiques. […] Êtes-vous pour la Création de l’homme par Dieu prise au pied de la lettre, ou pour une génération à la manière des naturalistes purs ? […] De Maistre a lu Catulle comme l’avait lu Fénelon, et il en citait un jour quelques vers dans une lettre à Bonald ; celui-ci en paraît un peu étonné : « Vous m’avez fait dire les plus jolies choses par Catulle, répondait-il, et, si je n’en avais vu le nom au bas, ayant un peu oublié ce grave auteur, j’aurais cru les vers de vous, tant ils sont faciles et agréables. »

726. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Montesquieu, dans les Lettres persanes, a parlé d’un de ces personnages au ton tranchant et absolu comme nous en connaissons encore : « Je me trouvai l’autre jour, écrit Rica à Usbek, dans une compagnie où je vis un homme bien content de lui. […] Le père de Franklin, qui ne le trouve pas assez mûr, et qui se méfie d’un certain penchant qu’il lui suppose pour le pamphlet et pour la satire, résiste à la lettre du gouverneur Keith, mais permet toutefois à son fils de retourner à Philadelphie. […] Il trouve en arrivant que les prétendues lettres de recommandation du gouverneur Keith ne sont que des leurres et des mystifications. […] Il voit cependant quelques gens de lettres ; en composant, comme imprimeur, un livre sur la Religion naturelle de Wollaston, il a l’idée d’écrire une petite Dissertation métaphysique pour le réfuter en quelques points. […] Un garçon n’est pas un être humain complet : il ressemble à la moitié dépareillée d’une paire de ciseaux qui n’a pas encore trouvé son autre branche, et qui, par conséquent, n’est pas même à moitié aussi utile que les deux pourraient l’être ensemble. » (Lettre de Franklin à M. 

727. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Un esprit vif, actif, perçant, se roidissant contre les difficultés, à la lettre transcendant en tout genre. […] Il suppose un matin qu’il reçoit à l’instant une lettre de Hollande, une lettre de Bayle ; car Fénelon n’a point d’aversion pour Bayle, comme en avaient Nicole et d’autres esprits prévenus ; il admet tout à fait qu’il puisse être en correspondance avec le calviniste tolérant, et ne se signe point d’horreur à cette idée. Il reçoit donc une lettre par laquelle le savant journaliste l’informe qu’on vient de trouver en Italie une médaille antique, dont on a fait frapper des copies exactes qui courent en Hollande et qui, selon toute apparence, se répandront bientôt dans tous les pays et toutes les cours de l’Europe ; il compte dans peu de jours en envoyer une à celui même à qui il écrit ; mais en attendant il va lui en faire une description aussi fidèle que possible. Représentons-nous Fénelon lisant à haute voix cette lettre qu’il vient d’ouvrir, en présence du duc de Bourgogne et d’une ou deux des personnes attachées à son éducation, un matin, à déjeuner. […] Et une autre fois, pendant une bonne veine, lorsque le duc de Bourgogne gagnait depuis quelque temps, d’une manière sensible, en douceur, en amour des lettres, en humanité, Fénelon écrivait sa fable enchanteresse : Le Rossignol et la Fauvette, la plus exquise de ses Fables, comme le dialogue d’Horace et de Virgile est le plus parfait de ses Dialogues.

728. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

En réduisant autant qu’on le voudra la gravité de cette remarque, il s’ensuit toujours que sa critique baisse d’un cran ; la dignité des lettres ne brillait ni dans ses écrits ni dans sa personne. […] Il n’y en a pas dans le portrait de Grimod de La Reynière, le gourmand rubicond, généreux, l’Amphitryon prodigue des gens de lettres avant 89, et qui n’est mort qu’en 1838. […] J’ai connu, il y a quelque quinze ans, un pauvre homme de lettres plus maigre et plus râpé que feu Baculard d’Arnaud, Fayot, qui passait sa vie à recueillir, à éditer, à colporter les Classiques de la table. […] Voir page 55 des Lettres écrites pendant la Révolution française, par J. […] Bien rarement il fait un feuilleton suivi, appliqué, consciencieux, à la manière de Sarcey : il échappe le plus qu’il peut, il fuit, il fait l’article à côté : mais ces articles à côté sont souvent de petites créations d’une extrême finesse : Lettre de Valérie à Mlle Bernardine , artiste dramatique, au théâtre des Célestins, à Lyon (voir l’Étendard du 17 septembre 1866) ; — un feuilleton sur Rossini (même journal, 2 décembre 1867) ; — sur Octave Feuillet, « le romancier des femmes » (même journal, 14 janvier 1867) ; — mais surtout sur George Sand et les Don Juan de village, une légère et adorable critique, du meilleur goût (13 août 1866).

729. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Cette affirmation ne me touche guère parce que j’ai la conscience de l’avoir plus aimé qu’aucun de ceux qui diront cela n’ont jamais aimé aucune créature humaine ; … mais, renfonçant toute sensibilité, j’ai pensé qu’il était utile pour l’histoire des lettres, de donner l’étude féroce de l’agonie et de la mort d’un mourant de la littérature… »16 Et, cette justification achevée, suit une des plus poignantes et douloureuses observations cliniques qui aient jamais été recueillies par un cerveau dressé à l’analyse et tout proche de l’être souffrant : Observation α. […] Jules de Goncourt, 40 ans, homme de lettres. […] Il y a certaines lettres qu’il prononce mal, des r sur lesquels il glisse, des c qui deviennent des t dans sa bouche. […] Flaubert, quelque peu fanfaron dans sa lettre à Feydeau, n’avait pu, dans une circonstance infiniment plus simple, tenir jusqu’au bout : désireux d’étudier authentiquement les symptômes d’asphyxie laryngée qu’il comptait reproduire dans l’Éducation sentimentale, il s’en était référé au Dr Marjolin, chef de service à l’hôpital Sainte-Eugénie. […] Avril 1896, Ed. de Goncourt, lettre au Dr Cabanès.

730. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Ce gentilhomme qui abhorre les « philosophicailleries modernes », qui l’ait de la religion la base de la société, qui sollicite du despotisme royal des lettres de cachet contre fils, femmes et filles, cet homme de vieille roche, ce dur, cet intraitable féodal est l’ennemi des prêtres, des commis, des financiers, des courtisans, fait des avances à Jean-Jacques, bénit Quesnay, ne rêve que progrès, améliorations sociales, bonheur du peuple, et se fait mettre à Vincennes pour le libéralisme de sa théorie de l’impôt. […] Les lettres apparaissent à Vauvenargues non seulement comme une consolation de son impuissance, mais comme une promesse d’immortalité. […] Il y avait aussi les ministres et le roi : des lettres de cachet envoyaient à la Bastille, à Vincennes, au For-l’Évêque, Voltaire, Diderot, Marmontel, Morellet, Beaumarchais : douces et commodes prisons qui donnaient à peu de frais la gloire du martyre ! […] Oeuvres complètes, 1759-1790, 14 vol. in-4 ; Lettres inédites, Paris, 1823, 2 vol. in-8. […] De l’Hist. de France, 9 vol. in-8, 1859-67). — La Chalotais (1701-1785), procureur général au parlement de Bretagne, a laissé des Comptes rendus des constitutions des Jésuites (1761-1762), un Essai d’éducation nationale (1763) et un Exposé justificatif (1766-1767) contre le duc d’Aiguillon, gouverneur de la province, qui l’avait fait emprisonner dans la citadelle de Saint-Malo, Lettres de la Chalotais au duc d’Aiguillon, par H.

731. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Mais il y a le Ducis homme et caractère, poète au cœur chaud, d’autant plus poète qu’il parle en prose et non en vers, et qu’il a le langage plus naturel, écrivant à ses amis des lettres charmantes, toutes semées de mots simples et grandioses, de pensées qui sentent la Bible, le livre de la Sagesse, et où résonne pourtant comme un lointain grondement du tonnerre tragique. […] Quand Voltaire, quittant Ferney, était arrivé à Paris pour y triompher et y mourir, Ducis n’avait point fait comme tous les gens de lettres qui étaient allés lui rendre hommage, et, n’étant pas connu de lui, il n’avait pas cru devoir le visiter. […] Voici quelques pensées que j’extrais des lettres écrites par lui dans sa vieillesse : Je suis auprès de mes consolateurs, de vieux livres, une belle vue et de douces promenades. […] Au moment où je vous écris, disait-il à Bernardin de Saint-Pierre, à qui la plupart de ces jolies lettres de la fin sont adressées, je suis seul dans ma chambre : la pluie tombe, les vents sifflent, le ciel est sombre, mais je suis calme dans mon gîte comme un ours qui philosophe dans le creux de sa montagne. […] Campenon, dans ses Lettres sur Ducis, a raconté une anecdote qui peint bien la bonhomie pieuse de cet adorateur et de ce profanateur innocent de Shakespeare.

732. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Cette sympathie et cette prédilection étaient réciproques, et, trois ans après, David Hume, remerciant Franklin de lui avoir envoyé, à sa demande, quelques instructions sur la manière de construire des paratonnerres, terminait sa lettre en disant : Je suis très fâché que vous pensiez à quitter bientôt notre hémisphère. L’Amérique nous a envoyé beaucoup de bonnes choses, or, argent, sucre, tabac, indigo, etc. ; mais vous êtes le premier philosophe et véritablement le premier grand homme de lettres dont nous lui soyons redevables. […] Pour l’intérêt de sa cause, et par un procédé qui tenait plus du citoyen que du gentilhomme, il crut, un jour, devoir envoyer à ses amis de Boston des lettres confidentielles qu’on lui avait remises avec assez de mystère, et qui prouvaient que les mesures violentes adoptées par l’Angleterre étaient conseillées par quelques hommes même de l’Amérique, notamment par le gouverneur de l’État de Massachusetts Hutchinson, et par le lieutenant gouverneur Olivier. L’effet de ces lettres circulant dans le pays, puis produites dans l’Assemblée à Boston, et reconnues pour être de la main du gouverneur et de son lieutenant, fut prodigieux, et amena une pétition au roi qui fut transmise à Franklin, et pour la défense de laquelle il fut assigné à jour fixe devant le Conseil privé, le 29 janvier 1774. […] Après un discours que fit d’abord l’avocat de Franklin à l’appui de la pétition, discours qui s’entendit à peine parce que cet avocat était très enroué ce jour-là, l’avocat général Wedderburn (depuis lord Loughborough) prit la parole, et, déplaçant la question, se tourna contre Franklin qui n’était nullement en cause ; il l’insulta pendant près d’une heure sur le fait des lettres produites, le présentant comme l’incendiaire qui attisait le feu entre les deux pays.

733. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Si l’abbé avait été un homme de lettres déjà connu par des ouvrages imprimés et publics, il aurait eu maille à partir avec l’Académie dès le jour de son entrée, à cause de son orthographe. […] Exemple. — Écrivant dans sa vieillesse un parallèle de Thémistocle et d’Aristide comme modèle pour perfectionner les Vies de Plutarque, il adresse ce petit écrit à Mme Dupin, femme du fermier général, l’une des quatre ou cinq jolies femmes de Paris qui s’étaient engouées de lui, et il lui dit dans sa lettre d’envoi : Voilà, madame, Aristide et Témistocle dont j’ai comancé la vie dans ce charmant séjour que vous habitez (à Chenonceaux) ; vous les trouverez écrites suivant ce nouveau plan que je vous propozai un jour sur les bords du Cher dans une de nos promenades filozofiques où vous trouviez tant de plézir… J’avoue que j’eus une grande joie de voir ainsi qu’à votre âge, et avec les charmes de la jeunesse, vous étiez capable d’estimer le sansé, lorsque tout ce qui vous anvironne n’estime que l’agréable présant, au lieu que l’utile ou le sansé ne regarde que l’agréable futur. […] On a même quelques lettres d’intendants de province qui font foi à cet égard. […] On aimerait, pour inscription ou pour épitaphe, à en rester avec lui sur le mot charmant de Saint-Simon : « Il avait de l’esprit, des lettres et des chimères ». […] Les lettres sont précisément ce qui lui a manqué ; il lui a manqué d’être un sage véritablement aimable.

734. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Cet homme rare, qui n’était bien connu que de ses amis, a rendu dans sa vie de grands services aux Lettres, mais des services qu’il se plaisait en quelque sorte à ensevelir : il aimait à perdre ses travaux dans la renommée de ses amis. […] Quelque jeune ami, — et il en avait de cet âge, et un particulièrement bien digne de lui134, — devrait se donner pour tâche pieuse de recueillir dans ses divers écrits, et aussi dans les lettres pleines d’effusion et nourries de détails qu’il adressait à ses amis de France durant ses voyages d’Allemagne et d’Italie, des extraits, des pensées, des jugements, de quoi rappeler et fixer dans la mémoire quelques traits au moins de la physionomie de cet homme excellent dont les qualités morales et la candeur égalaient la haute intelligence. […] Je lis dans une des lettres affectueuses et touchantes que j’ai sous les yeux, écrites de Vienne à son vieil ami Théodore Gaillard, des aveux et des semblants de remords de cette flânerie délicieuse, de cette humeur incurablement vagabonde qui le promenait par toutes les capitales, prenant de chacune ce qu’elle avait d’original et d’excellent : « Quelle existence frivole ! […] Je donnerai encore comme un parfait exemple de son indépendance et de son étendue d’esprit, comme aussi de son indulgence et de sa mesure, une lettre de lui écrite à M.  […] Bref, voici bientôt le jour de l’an et, à titre de vasselage, je lui composerai, je crois, une petite lettre sans mon adresse, et il ne vous la demandera pas.

735. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Quelques lettres éloquentes d’un Voyageur, lettres signées d’un nom qui a le pouvoir déjà de répandre de la célébrité sur tout ce qui s’y associe, avaient ajouté à l’intérêt qui s’attache naturellement aux productions de M. de Musset. […] Cette conclusion, on le voit, nous ramène à une situation dont les Lettres d’un Voyageur nous avaient déjà donné l’idée. […] Il ne reste plus à présent, pour démêler le vrai dans ce conflit de récits passionnés et même envenimés, qu’à attendre la publication des lettres écrites par les deux acteurs en jeu, lettres contemporaines des événements, et dont quelques-unes au moins ont été conservées soit par la personne survivante intéressée, soit par des tiers.

736. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Larroumet s’est révélé à la Faculté des Lettres et au public, en décembre 1882, par sa thèse de doctorat : « Marivaux, sa vie et ses œuvres, avec deux portraits et deux fac-similé, in-8, pp. […] Documents littéraires : œuvres des prédécesseurs, contemporains et successeurs, mémoires, lettres, satires, journaux du XVIIIe siècle ; documents non littéraires : papiers d’état civil, archives de la Comédie-Française, archives de la Comédie-Italienne au Nouvel Opéra, registres (alors inédits) de l’Académie Française, rien ne fut négligé dans cette investigation immense et minutieuse. […] Jules Favre, docteur ès lettres et proviseur du Lycée Michelet. […] Après, il fallait vivre. « J’ai été pion, disait-il plus tard, pion ou quelque chose d’approchant, et je n’en suis ni fier ni honteux. » Il nous a raconté comment il fut maître d’études au collège d’Aix, et en même temps étudiant à la Faculté des Lettres. […] Il y avait à la Faculté des Lettres cinq étudiants — dont quatre répétiteurs payés par l’État — et cinq professeurs.

737. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

[Rapport sur le progrès des lettres et des sciences, par MM.  […] [La République des lettres (19 novembre 1876).] […] [La République des lettres (24 décembre 1876).] […] Anonyme Il nous revient de tous côtés que le nom de Chevillard, qui figurait sur un récent programme des concerts Lamoureux, abriterait de son pseudonyme transparent un des vétérans des lettres françaises, M.  […] Camille Mauclair Le génie féerique et fantaisiste de ce prince de lettres a de secrètes affinités avec celui de Villiers, le dédain paradoxal du réel et de l’utile les faisait fraternels, et l’on reviendra un jour sur cette parité de deux grands esprits.

738. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Il l’a surtout tirée de ses papiers et de sa correspondance ; car cet homme, qui savait écrire comme il agissait, a beaucoup écrit, et nous avons dans ses diverses lettres une relation vivante et presque haletante de ses efforts, de ses intentions et de ses projets, qui nous émeut, nous, les admirateurs de tant d’âme, mais que les gouvernements aux longues pensées doivent un jour méditer. […] Si les enfants tombaient quelque jour dans les idées ridiculement irréligieuses que j’ai eues quelquefois moi-même, fais-leur lire cette lettre et dis-leur que l’oncle Gaston qui, plein de vie, de force et de raison, est mort entre les mains d’un prêtre, était cependant un homme intrépide… » Comparez en beauté morale, et même en beauté dramatique, la mort de Raousset à celle de Lara, et vous verrez si la vérité historique n’est pas plus grande que l’invention du grand poète ! […] Mais qu’on lise ses admirables lettres, qu’on lise les notes qu’y a attachées de la Madelène, et l’on reconnaîtra que le fond du caractère de Raousset-Boulbon fut la probité, — une probité chevaleresque, immense, étendue sur toutes les relations de la vie. […] Il fallait une époque comme la nôtre, un temps amoureux fou des mots, pour songer à introduire dans l’auréole sanglante du vainqueur d’Hermosillo et du condamné de Guaymas l’auréole, si pâle à côté, d’un talent littéraire réel, mais qui ne trouva sa sincérité et sa plénitude que dans les lettres où l’observateur politique, l’homme d’intuition et d’exécution, le lutteur contre la difficulté, dominent tout ! […] Mais cela est surtout vrai des hommes d’action, qui crient sur le cœur d’un ami, dans leurs lettres, quand l’action impossible ou empêchée ne les révèle plus.

739. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Dans une lettre de février 1815, adressée à M. de La Fayette, on voit en abrégé toute l’opinion de Jefferson sur les événements de notre Révolution, avec les changements qu’y avait apportés l’expérience ; il y rétracte son ancienne idée d’un accommodement possible en 89 ; il croit reconnaître, avec M. de La Fayette, que la France de 91 était mûre pour la constitution qu’on lui avait faite, si on n’avait voulu la pousser encore plus avant, au-delà de la monarchie. […] Jefferson, au reste, doué d’un esprit exact et sagace, avait pénétré assez avant, sur la fin de la vie, dans les matières métaphysiques ; on voit dans une lettre à John Adams qu’à l’exemple de Locke, Stewart, Bonnet, il inclinait à être déiste matérialiste, c’est-à-dire à considérer la pensée comme liée nécessairement à quelque atome de matière subtile : ce qui ne l’empêchait nullement de croire à l’immortalité. Jefferson y croyait fermement, pieusement : sa lettre sur la mort de Mme Adams exprime une résignation éloquente et fervente. […] Dans une lettre à madame Cosway, qui est un ingénieux et délicat dialogue entre la tête et le cœur, à la manière de Sterne ou du Socrate de Philadelphie déjà tant de fois cité, notre philosophe balance les prérogatives des deux puissances rivales qui se partagent notre être, et il ne donne pas le dessous à la plus tendre.

740. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Elle ne lira pas ses fameuses Lettres d’un drapier, — ces lettres qui turent de l’O’Connell écrit cent ans avant qu’O’Connell fût du Swift parlé aux masses soulevées de l’Irlande ; elle ne lira pas davantage ce Conte du tonneau, qui est du Rabelais anglaisé, qui est à Rabelais, le gigantesque bouffon aux entrailles si humaines, ce que sont les six pouces d’un habitant de Lilliput à la taille proportionnée d’un homme ; mais elle lira Gulliver. […] Dans les Opuscules de M. de Wailly, il y a une lettre à une jeune fille qui se marie où ce mépris est exprimé avec une brutalité nue, et c’est tout simple : dès qu’il n’était plus ironique, Swift était grossier. […] Il y a pourtant du bon sens très mâle dans cette lettre, mais un tel tuteur, un tel Bartholo-Barbaro-Barbe-à-croc, devait rendre hideuse la raison même et donner précisément l’envie de faire ce qu’il ne fallait pas.

741. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Pendant le séjour qu’il y fit, Rabaut se lia avec plusieurs savants, et s’adonna aux lettres. […] Tel est le mérite des Lettres sur l’histoire primitive de la Grèce, adressées à Bailly, qu’unissait dès lors à l’auteur une sympathie d’opinions et de vertus, présage d’une communauté prochaine de gloire et de malheurs. […] Ces lettres se distinguent par une parfaite élégance de diction et une douceur de ton exquise ; il y avait du Fénelon dans le style de Rabaut comme dans son cœur.

742. (1925) Portraits et souvenirs

Cent soixante-quinze lettres, dont quelques-unes sont admirables, l’exposent avec une ingéniosité merveilleuse. […] Ses lettres à elle ont un accent de tendresse, de grâce et de passion. […] Ses lettres ne sont pas de quelqu’un qui se divertit à les composer et leur ajoute des ornements de complaisance. […] Ce nom ne signifiait-il pas pour quiconque l’entendait : talent, probité, amour désintéressé des lettres ? […] Lettres. 1841-1866.

743. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Le domaine des lettres est par lui-même universel. […] Elle aime trop les lettres pour les décourager par un mépris systématique. […] Nous n’avions pas assez de lettres de Voltaire et de sermons de Bossuet ! […] Cette chanson n’a pas l’air d’être faite par un homme de lettres dans son cabinet. […] Dans l’ordre des lettres, les femmes n’ont pas le rire gaulois.

744. (1929) Amiel ou la part du rêve

Cahiers du Journal, correspondance avec Heim, avec Bordier, lettres à Seriosa, à Égérie, à Nada, à Philine, lettres de Philine, de Nada, d’Égérie, de Seriosa ! […] Les lettres de Frederika, publiées par M.  […] Amiel a reçu plusieurs centaines de lettres de Philine. […] L’amour brûle le papier des lettres de Philine. […] Ce n’est pas la simple Céleste du Proust genevois, mais une femme de lettres.

745. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Ces deux caractères se distinguent, dès ces lettres de jeunesse, dans leur descendant. […] Les premières lettres de M.  […] Les lettres de jeunesse de M.  […] Autant dire tous ceux qui ont gardé en France la dévotion des bonnes lettres. […] D’abord ces lettres ne seront pas complètes, ayant été triées par une main trop intéressée.

746. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Il fait de De Saumery un argus impitoyable et un espion farouche auprès du duc de Bourgogne, et l’on sait, par une lettre de ce jeune prince à Fénelon, que c’était un homme dévoué et sûr. […] Quant à Voltaire, il en parle, il est vrai, comme d’un aventurier d’esprit et d’un libertin : on en voit assez les raisons sans les faire, de sa part, plus générales et plus injurieuses à la classe des gens de lettres qu’elles ne le sont en effet. […] Le génie de Saint-Simon, qui devait éclater après lui, rentrait tout entier dans la sphère des lettres : en somme, ce qu’il a dû être, il l’a été. […] [NdA] On a reproduit cette lettre en tête des Mémoires : elle en est la première préface. […] [NdA] Lettres inédites de la marquise de Créquy à Sénac de Meilhan (1856, Potier, libraire-éditeur).

747. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Nous sommes assez heureux pour pouvoir donner la lettre simple, sérieuse et digne que le poëte écrivait à l’homme en place en le sollicitant. […] Dans une lettre à Bertin, de janvier 1775. […] Ce qui est certain, c’est que dans une lettre à Bertin, datée de Bourbon janvier 1775, il parle de son retour comme prochain ; et de plus une lettre de Bertin à lui (en supposant la date exacte) nous le montre revenu en France et plus que revenu en juin 1776, pleinement rendu aux plaisirs de la confrérie, et n’ayant pas du tout l’air d’un amant désolé. […]  — On a la lettre par laquelle Parny adressait sa pièce au ministre de l’intérieur, François de Neufchâteau, bonhomme de lettres, s’il en fut, qui ordonnait solennités sur solennités, lançait des circulaires en tous sens et se donnait un mouvement extraordinaire pour rendre un air de vie à cette fin de Directoire. […] Voici, par exemple, une de ses lettres adressée à M.

748. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

On ne considère ici Port-Royal que comme une compagnie où, parmi les occupations de piété, on donnait du temps aux études profanes et aux lettres, et où l’on rédigeait en commun de très bons écrits. […] Mais le cardinal devenant pressant, il fallut céder à l’homme à qui tout cédait ; ils finirent par lui adresser une lettre où ils développaient le plan qu’il avait conçu. […] Les lettres patentes par lesquelles Louis XIII institua l’Académie française consacrent sa principale fonction, « qui est, disent-elles, d’établir des règles certaines pour le langage français, et de le rendre capable de traiter tous les arts et toutes les sciences. » Ces lettres, données en 1635, ne furent enregistrées au parlement qu’en 1637, sur les injonctions du cardinal. […] Il faut lire la lettre où Boileau lui témoigne sa reconnaissance pour avoir défendu l’une de ses satires contre les critiques de Perrault. […] Lettre à Antoine Arnauld.

749. (1914) Boulevard et coulisses

Ils devaient nous ouvrir ou nous fermer à jamais la carrière des lettres. […] Dans la carrière d’un homme de lettres, elle n’était pas encore à l’étalage, on la laissait dans l’arrière-boutique. […] Que de débuts variés d’hommes de lettres il y eut à cette époque-là ! […] Avant de répondre à ces questions, rappelons-nous les moments où, à notre époque, la belle passion des lettres fut manifeste. […] Restera-t-il un homme de lettres à la suite de tout ce tapage ou bien un phénomène quelconque, proie naturelle de la photographie et du cinéma ?

750. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Aussi, nous l’avouons sans pâlir, nous les haïssons de toute la force de notre amour pour les lettres et de notre respect pour les grandeurs de l’esprit humain ! […] Je crois qu’il est utile, indispensable pour l’homme de lettres de voir, de savoir et d’apprendre incessamment. […] Ô gens de lettres ! […] Il y a un an ou deux, je ne sais quel petit banquier parvenu s’avisa de distribuer quelques faveurs à des gens de lettres de ses amis. […] J’affirme l’esprit sinon la lettre ; je cite de mémoire.

751. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 326

Les deux volumes de ses Lettres écrites en Latin, ont été traduits en François par MM. de Port-Royal, sous le nom de Brianville. […] On pourroit se passer aujourd’hui de ces Lettres ; mais, du temps de Bongars, elles étoient utiles & agréables.

/ 2980