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1045. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Ils ne sont point soutenus par cette vanité généreuse qu’on appelle l’honneur, mais par leur bon sens et leur droit jugement. […] Preuve singulière de l’extrême indépendance de chaque particulier et de la faiblesse du point d’honneur. […] Car celui-ci désire des chevaux, celui-là des chiens, l’un des richesses, l’autre des honneurs. […] Il n’y avait point d’action qui ne fut un moyen d’honneur pour les uns, de mortification pour les autres. […] Il s’attribue les charges, les honneurs, les gouvernements et les armées.

1046. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Lamartine.] » pp. 534-535

J’aurais couru, aujourd’hui même, vous dire tout cela et bien d’autres pensées encore, que les vôtres ont réveillées en moi et ont fait naître ; mais je suis comme vous, j’ai cet honneur, et je suis de corvée tous ces jours-ci : je ne pourrai aller rue de la Ville-l’Évêque que vers la fin de la semaine, et je n’ai pu attendre jusque-là pour vous envoyer les remerciements d’un cœur comblé, pardonné et récompensé à jamais par vous.

1047. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIV » pp. 209-212

Le public éclairé y a prêté une attention qui fait honneur.

1048. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 448-452

Un ambitieux les eût saisies comme un don imprévu de la fortune ; l’homme foible & facile à se laisser éblouir, se seroit trompé lui-même : l’homme de société, mais de bonne foi, ne vit dans ces honneurs, que la gravité d’un ministere capable d’alarmer par l’étendue des devoirs qu’il impose ; & ce qui pouvoit peut-être l’en rapprocher, c’est qu’il fut très - éloigné de s’en trouver digne.

1049. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre III. Des Ruines en général. — Qu’il y en a de deux espèces. »

Sur les murailles on voyait des peintures, à demi effacées, représentant la vie de saint Bruno ; un cadran était resté sur un des pignons de l’église ; et dans le sanctuaire, au lieu de cette hymne de paix qui s’élevait jadis en l’honneur des morts, on entendait crier l’instrument du manœuvre qui sciait des tombeaux.

1050. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Il s’y délassait, s’en amusait et s’en faisait honneur. […] On a son honneur, un honneur de valet, point trop délicat, mais qui ne s’accommode pas encore de tout. […] A la vérité, en 1721, il faisait surtout les honneurs de celui-là. […] L’honneur est pour lui le principe des monarchies. […] cela fait honneur à Rousseau de souscrire.

1051. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Véron.] » pp. 530-531

Après la bataille des Dunes gagnée par Turenne (1658) et la prise de Dunkerque, Mazarin eut une envie prodigieuse de passer pour un grand capitaine, et il mit tout en œuvre pour obtenir de Turenne une lettre qui lui attribuât l’honneur et le plan de cette campagne.

1052. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Riposte à Taxile Delord » pp. 401-403

Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.

1053. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVII » pp. 109-112

Les chevaux, effrayés des salves de canon qu’on tirait par honneur, et aussi du bruit des eaux de l’écluse, se sont emportés.

1054. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

Le premier Philosophe de l’Europe y paroît dans un raccourci qui étonne, & d’une sécheresse plus que géométrique, ce qui n’est pas propre à faire honneur à la Philosophie.

1055. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — [Note.] » pp. 83-84

Nous n’étions pas revenus de notre surprise, elle augmenta encore lorsque nous vîmes entrer le président, dont l’aspect et les manières étaient tout à fait opposés à l’idée que nous nous étions faite de lui : au lieu d’un grave et austère philosophe dont la présence aurait pu intimider des enfants comme nous étions, la personne qui s’adressait à nous était un Français gai, poli, plein de vivacité, qui, après mille agréables compliments et mille remerciements pour l’honneur que nous lui faisions, désira savoir si nous ne voudrions pas déjeuner ; et comme nous nous excusions (car nous avions déjà mangé en route) : « Venez donc, nous dit-il, promenons-nous ; il fait une belle journée, et je désire vous montrer comme j’ai tâché de pratiquer ici le goût de votre pays et d’arranger mon habitation à l’anglaise. » Nous le suivîmes, et, du côté de la ferme, nous arrivâmes bientôt à la lisière d’un beau bois coupé en allées, clos de palissades, et dont l’entrée était fermée d’une barrière mobile d’environ trois pieds de haut, attachée avec un cadenas : « Venez, dit-il après avoir cherché dans sa poche ; ce n’est pas la peine d’attendre la clef ; vous pouvez, j’en suis sûr, sauter aussi bien que moi, et ce n’est pas cette barrière qui me gêne. » Ainsi disant, il courut à la barrière et sauta par-dessus le plus lestement du monde.

1056. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 38, que les remarques des critiques ne font point abandonner la lecture des poëmes, et qu’on ne la quitte que pour lire des poëmes meilleurs » pp. 554-557

Avec quelle noblesse et quel pathetique Virgile auroit-il traité une apparition de saint Louis à Henri IV la veille de la bataille d’Yvri, quand ce prince, l’honneur des descendans de notre saint roi, faisoit encore profession de la confession de foi de Geneve ?

1057. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Édouard Fleury »

On dirait des sceptiques de ce temps aux mœurs douces, qui ont l’horreur du sang et le dégoût de la fange, comme il sied à des naturels honnêtes et à des esprits cultivés, mais qui, ce sang montré dans sa vermeille couleur et cette fange dans son infamie, ont tout dit, à l’honneur de l’art et du style, et ne savent pas tirer de cette effroyable peinture, faite avec de véritables pourlècheries de pinceau, un enseignement ou une conclusion.

1058. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Honneur à l’Athénien, à l’esprit, à l’âme, à l’homme athénien, — honneur et toute sympathie fraternelle, — qui servent ainsi notre langue médiévale et renaissante non sans avoir passé, indépendants mais respectueux, par le xviie  siècle de droit chez nous. Honneur au Français dès lors tel, de qui l’effort se voit enfin récompensé par toutes sympathies autour et à côté. […] Et c’est le cas des trois quarts de ces entreprises en faveur des pauvres et en l’honneur des belles dames et des hauts messieurs (Paris, Murcie, etc.). […] La corsetière de Paul Deschanel n’a pas l’honneur de comprimer son abdomen, car, c’est pour tout potage un souteneur — un dangereux souteneur, même, à ce que dit la prévention. […] Je fus là l’objet d’un accueil trop flatteur et de sympathie qui feront l’honneur de cet instant de ma vie.

1059. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Il conserve l’honneur démarquer une date heureuse dans l’histoire poétique de ces dernières années. […] Il était dit qu’ayant été à la peine, il ne devait pas être à l’honneur. […] Je n’ai pas pleinement l’honneur d’avoir rendu un tel service à la poésie française. […] Un fils va se battre pour défendre l’honneur de son père. […] Ils seront les menteurs qui diront la vérité, puisqu’ils vanteront le courage, la pudeur, l’honneur.

1060. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

On lui a attribué un projet formel de renverser ces trois bases de l’honneur et de la félicité des peuples. […] Les souffrances seraient en pure perte, elles ne pourraient faire renaître la force ni l’honneur. […] Ainsi la tragédie, bien que plusieurs talents du second ordre s’y exerçassent avec honneur, n’avait pas une couleur bien déterminée. […] Son éternel honneur sera d’avoir été associé à l’événement le plus tristement religieux de notre Révolution. […] Dès le moment même, si le danger de ce choix fut compris, l’honneur ne le fut pas moins.

1061. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Mais alors à la Provence, la plus grande part d’honneur ! […] À cette honnêteté de convention il oppose l’honneur. […] J’ai dégagé surtout ce qui accuse l’intention du poète, qui a voulu opposer à l’honneur et à la vertu selon le monde l’honneur vrai et la vertu selon la conscience. […] Honneur, gloire et respect au mariage religieux seul ! […] L’honneur est sauf.

1062. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Dorothée, dans un cas semblable, prend l’épée pour sauver son honneur et celui de ses compagnes. […] Elle est d’un homme, irrémédiablement frappé, en qui l’on devine un homme d’honneur et de jugement. […] Il ne s’agit plus de sauver la fortune des Rothsattel ; c’est l’honneur de leur nom qui est en péril. […] Ainsi finit Veitel Itzig, et l’honneur du baron est sauvé. […] Disons-le cependant à son honneur ; la Pologne n’est pas le seul objet de ses craintes.

1063. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Ils ont ce que n’ont pas les guerriers d’Homère : le point d’honneur, le culte de la femme, une conception mystique de l’amour. […] Les honneurs de la journée ont donc été pour le Malade imaginaire, et ç’a été une joie, un délire, que cette représentation. […] Don Jorge, c’est l’honneur absolu ; Jean Baudry, c’est la charité absolue ; Louis Berteau, c’est la probité absolue. […] Vacquerie s’est demandé : — Dans quelles circonstances un gentilhomme, pour qui l’honneur est réellement une religion, souffrira-t-il le plus ? […] Et il a écrit les Funérailles de l’honneur.

1064. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Vous êtes des hommes d’honneur ; regardez cet acte, qu’on traite avec tant de légèreté, comme un acte abominable. […] Le curé de campagne dans la cure où il est logé, l’évêque concordataire dans son palais officiel, ne voudront pas croire que la privation de traitement, infligée après semonce préalable par M. le garde des sceaux, soit pour eux un honneur et un bénéfice. […] Il a désiré, avec une sorte de piété farouche, cette loi unique en l’honneur de laquelle il chantait des litanies, « l’Indifférente, l’Immuable, l’Éternelle, la Toute-Puissante ». […] Ni la raison philosophique, ni la culture artistique et littéraire, ni même l’honneur féodal, militaire et chevaleresque, aucun code, aucune administration, aucun gouvernement ne suffit à le suppléer dans ce service. […] Longtemps il fut inconnu, et, naguère encore, malgré les honneurs officiels qui avaient obligé la foule à retenir son nom, beaucoup de gens n’apprirent que par des notices nécrologiques la place que Leconte de Lisle occupait dans l’histoire littéraire de notre pays.

1065. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Il entra dans Rome avec les honneurs de l’ovation, mais revêtu des ornements du grand triomphe, privilège jusque-là sans exemple. […] Mais en même temps il récompensa les accusateurs par des places et des honneurs. […] Séjan obéit, et le sénat le consola par des honneurs presque divins. […] Le sénat lui vota de nouveaux honneurs ; mais déjà, comme pour expier le bien qu’il avait fait, Tibère demandait de nouveaux supplices. […] La reine Caroline marqua plus d’une fois le désir de le visiter dans sa retraite ; et Pope évita cet honneur.

1066. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — I. Sur M. Viennet »

Honneur donc à cette verte et généreuse vieillesse !

1067. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

de nous imaginer qu’il y a quelque honneur encore pour nous à rester leur confrère.

1068. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VI. Utilité possible de la conversation »

Mais à l’ordinaire on ne songe guère à cela : la plupart des gens ne sont occupés qu’à dégorger ce qu’ils croient savoir, à tirer la conversation du côté par où ils pensent briller, à faire les honneurs de leur information ou de leur esprit.

1069. (1890) L’avenir de la science « A. M. Eugène Burnouf. Membre de l’Institut, professeur au Collège de France. »

J’ai l’honneur d’être, Monsieur, avec la plus haute admiration,   Votre élève respectueux,Ernest Renan.

1070. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 34-39

Si la matiere principale de l’Histoire n’est pas la Vie des Princes, le but principal qu’on doit se proposer en l’écrivant, c’est de les instruire : & c’est une raison de rapporter tout aux affaires publiques, & de leur faire connoître qu’il n’y a rien de beau ou de bon à exécuter, que ce qui tend à détourner un mal ou à procurer un bien public. » Les Littérateurs cultivés reconnoîtront d’abord dans ces maximes, bien des principes qui nous ont été débités récemment comme des découvertes ; & si l’on jugeoit d’après elles certains Historiens qui s’en sont fait honneur, pourroient-ils seulement mériter ce titre ?

1071. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

On peut ajouter encore cette anecdote qui fait honneur au jugement & à la fermeté de M.

1072. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — II »

Ce qui était méprisé à cause d’elle doit être remis en honneur ou considéré tout au moins d’un regard non prévenu.

1073. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Épilogue »

Mais les époques ne sont qu’un jour dans la durée, et le ridicule individuel qui se perd dans le ridicule de toute une société et y devient imperceptible, l’Histoire le voit, le ramasse et le soufflette de sa lumière, L’Histoire ne fait pas toujours aux hommes l’honneur d’être sévère… Il est des décadences qui ne méritent que le rire de son mépris.

1074. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

Amédée Renée lui a fait les honneurs de la langue française, et de telle façon que Cantu sera désormais lu dans notre pays, beaucoup moins pour lui que pour son interprète.

1075. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

J’ai eu l’honneur d’être autrefois un élève de cette Faculté de médecine si attaquée en ce moment dans la personne de ses plus excellents maîtres. […] Honneur au grand, au bon et habile Henri IV d’avoir su contenir pendant quelques années ces éléments contraires, restés ennemis et insociables, et qui ne demandaient qu’à s’entre-choquer de nouveau ! […] Ce n’est pourtant que depuis 89, depuis cette ère historique, où tout s’est retrempé et d’où nous datons, que le libre examen, l’exercice de la pensée, cet exercice non pas simplement intérieur, mais se produisant au dehors en des termes de discussion convenable et sérieuse, est devenu de droit commun ; il l’est devenu surtout pour les régimes qui se font honneur d’inscrire 89 dans leur acte de naissance et dans leur titre de légitimité. […] Il y a longtemps que je l’ai pensé : la seule garantie de l’avenir, d’un avenir de progrès, de vigueur et d’honneur pour notre nation, est dans l’étude, — et surtout dans l’étude des sciences naturelles, physiques, chimiques et de la physiologie.

1076. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Ne pas manger de chair humaine, ne pas tuer les vieillards inutiles ou incommodes, ne pas exposer, vendre ou tuer les enfants dont on n’a que faire, être le seul mari d’une seule femme, avoir horreur de l’inceste et des mœurs contre nature, être le propriétaire unique et reconnu d’un champ distinct, écouter les voix supérieures de la pudeur, de l’humanité, de l’honneur, de la conscience, toutes ces pratiques, jadis inconnues et lentement établies, composent la civilisation des âmes. […] Si le prince se renferme dans ses attributions, s’il est retenu sur la pente de l’arbitraire, s’il ne verse pas dans l’égoïsme, il fournit au pays l’un des meilleurs gouvernements que l’on ait vus dans le monde, non seulement le plus stable, le plus capable de suite, le plus propre à maintenir ensemble vingt ou trente millions d’hommes, mais encore l’un des plus beaux, puisque le dévouement y ennoblit le commandement et l’obéissance, et que, par un prolongement de la tradition militaire, la fidélité et l’honneur rattachent de grade en grade le chef à son devoir et le soldat à son chef. — Tels sont les titres très valables du préjugé héréditaire ; on voit qu’il est, comme l’instinct, une forme aveugle de la raison. […] Autour de cette idée centrale se reforme la doctrine spiritualiste  Un être si noble ne peut pas être un simple assemblage d’organes ; il y a en lui quelque chose de plus que la matière ; les impressions qu’il reçoit par les sens ne le constituent pas tout entier. « Je ne suis pas seulement un être sensitif et passif413, mais un être actif et intelligent, et, quoi qu’en dise la philosophie, j’oserai prétendre à l’honneur de penser. » Bien mieux, ce principe pensant est, en l’homme du moins, d’espèce supérieure. « Qu’on me montre un autre animal sur la terre qui sache faire du feu et qui sache admirer le soleil. […] Mais je le tiens pour un homme perdu, s’il a le malheur d’avoir l’âme honnête, une fille aimable et un puissant voisin. — Résumons en quatre mots le pacte social des deux états : Vous avez besoin de moi, car je suis riche et vous êtes pauvre : faisons donc un accord entre nous ; je permettrai que vous ayez l’honneur de me servir, à condition que vous me donnerez le peu qui vous reste pour la peine que je prends de vous commander.

1077. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

C’est une de ces scènes où l’imagination et le cœur de l’homme ont recréé la nature dans tout son honneur et dans toute sa pitié. — Lisez ! […] « Rien ne ressemble à ce spectacle, dit-il, si ce n’est le jour funèbre où l’incendie dévora notre pauvre petite ville, il y a vingt ans. » Le pasteur, jeune et modeste ecclésiastique, l’honneur de la ville, recommande à ses amis la confiance en Dieu et la charité. […] Chargé de son doux fardeau, il sent les battements du cœur de la jeune fille, il respire le parfum de son haleine et supporte avec un mâle sentiment cette femme qui fait l’honneur de son sexe. […] Sans passer, comme tant d’autres hommes de renommée, par les transes du travail et de l’infortune, il avait conquis du premier coup la plénitude du bien-être, du loisir, des honneurs, de la liberté et de l’influence sur son siècle.

1078. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Ce site avait été, dès son enfance, propice au Tasse ; il y vit représenter l’Aminta avec les mêmes applaudissements qu’à Ferrare ; il y composa en l’honneur de Lucrézia, toujours belle dans sa maturité, ce fameux sonnet de la rose, devenu depuis le proverbe poétique et consolateur des beautés dont la fleur survit à leur printemps : « Dans l’âpre primeur de tes années, dit le poète à Lucrézia, tu ressemblais à la rose purpurine qui n’ouvre encore son sein ni aux tièdes rayons ni à la fraîche aurore, mais qui, pudique et virginale, s’enveloppe de son vert feuillage ; ou plutôt (car une chose mortelle ne peut souffrir la comparaison avec toi) tu étais pareille à l’aube céleste qui, brillante et humide dans un ciel serein, emperle de ses pleurs les campagnes et embaume les collines de ses senteurs ; et maintenant les années moins vertes de ta vie ne t’ont rien enlevé de tes charmes ; et bien qu’indifférente et négligée dans ta parure, aucune beauté puissante, parée de ses plus riches atours, ne peut s’égaler à toi : ainsi plus resplendissante est la fleur à l’heure où elle déplie ses feuilles odorantes ; ainsi le soleil, à la moitié de son cours, étincelle de plus d’éclat et brûle de plus de flamme qu’à son premier matin. » Le duc et la duchesse d’Urbin, sachant que les grâces faites au Tasse étaient les plus douces flatteries au cœur de Léonora, lui firent présent d’un anneau orné d’un magnifique rubis, qu’il vendit plus tard à Mantoue comme sa dernière ressource contre la faim, pendant ses misères. […] La crainte de perdre le Tasse, et avec le Tasse l’honneur d’avoir produit le plus accompli des poèmes, était devenue une passion jalouse dans le cœur du duc de Ferrare. […] On voit néanmoins dans ses lettres que cette faveur purement littéraire dont il jouissait à la cour commençait à offenser son ambition, et qu’il aspirait à des honneurs plus conformes à sa naissance et à son goût pour les armes et pour les affaires. […] En ma qualité d’étranger on m’avait réservé la place d’honneur.

1079. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

pourquoi me suis-je précipité dans cet abîme dont il est si difficile de sortir avec honneur ? […] IV Après les avoir poliment reçues, je les priai non pas d’entrer, il faisait trop chaud, et l’ombre légèrement ventilée de ces grands arbres était le salon le plus naturel et le plus rafraîchissant de la saison, mais de s’asseoir sur le banc où je les avais surprises ; j’en pris un moi-même en face d’elles et, m’adressant à la mère, je lui demandai à quoi je pouvais lui être agréable, pensant que quelque intérêt de famille avait pu seul les amener à une pareille heure. — Oserai-je vous demander, dis-je à la mère, à qui j’ai l’honneur de parler et le motif de votre visite ? […] se dirent-elles entre elles, il faut que nous participions à leur voyage puisque nous en sommes en partie l’objet ; moi je leur ferai voir ceci, moi je leur montrerai cela, moi la montagne, moi la vigne, moi le lavoir dans les prés ; et moi, se dirent-elles toutes ensemble, je disputerai à madame D*** l’honneur de les coucher après leur avoir préparé le lait de ma vache et le plat de courges de mon jardin cuites au four. […] Ce sera temps demain, et comme nous voulons que la peine et les frais de votre voyage en l’honneur de nos anciens maîtres soient partagés entre tous ceux qui les connaissent et qui se souviennent d’eux avec amitié, nous nous sommes partagé le plaisir de vous recevoir dans nos pauvres chaumières pour la nuit ; chacun de nous en prendra une à coucher.

1080. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Quel était ce mieux dont il eut l’honneur de donner le goût, et qu’il essaya vainement de réaliser ? […] Si deux lectures n’y suffisent pas, il faut lire une troisième fois ces raisons « qui s’entre-suivent de telle sorte, dit-il, que comme les dernières sont démontrées par les premières qui sont leurs causes, ces premières le sont réciproquement par les dernières, qui sont leurs effets22. » Qu’on ne s’imagine pas qu’il suffise d’une attention ordinaire pour s’approprier ou pour avoir le droit de rejeter ses raisons ; il ne le souffre pas, il ne permet pas « qu’on croie savoir en un jour ce qu’un autre a pensé en vingt années23. » La fuite n’est pas possible avec honneur ; car comme il nous fait connaître toute la puissance de la réflexion, et qu’il agrandit notre raison par la sienne, ce serait nous avouer incapables d’application que de lâcher prise après un premier effort, ou que de n’oser le tenter. […] Balzac avait eu l’honneur de les indiquer le premier. […] Du reste, les auteurs ne manquent pas de s’en reconnaître redevables à Descartes, « un célèbre philosophe de ce siècle, disent-ils, qui a autant de netteté d’esprit qu’on trouve de confusion dans les autres. » Ce n’est pas seulement un acte d’honnêtes gens ; c’est la preuve que ces excellents esprits préféraient la vérité à l’honneur de l’avoir trouvée, et tenaient à ce qu’on sût, dans son intérêt même, que ce qu’ils pensaient à leur tour, un homme célèbre l’avait pensé avant eux.

1081. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Ceux qui sont d’avis qu’on laisse l’amour en possession du théâtre, s’appuyent, ainsi que leurs adversaires, de l’autorité du grand Corneille, dont le génie ne s’est jamais élevé si haut que dans les belles scènes du Cid, dans ces combats admirables du devoir & de la passion, & où la passion est toujours sacrifiée à l’honneur. […] On plaisanta sur cette bigarrure de bouffonneries & de sérieux pathétique, sur l’honneur qu’on faisoit à des spectateurs raisonnables de les prendre pour des enfans ou des fous qui pleurent, & qui rient presque dans le même instant. […] Rien n’est omis, dans les Réflexions sur la police des spectacles, de tout ce qui peut les mettre en honneur. […] Ils intéressent au mensonge, à la ruse, aux fourberies : ils mettent l’honneur en parole & le vice en action ; ils attirent tous les applaudissemens au personnage le plus adroit, & rarement au plus estimable.

1082. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

M. de Feletz vivait alors, et j’avais l’honneur d’être son collègue et son subordonné à la Bibliothèque Mazarine, de la paisible administration de laquelle M. de Falloux ne l’avait pas encore destitué. […] Boissonade, un an et plus, oui plus ; et le tout a été copié, traduit, expliqué en peu de mois, et réimprimé, remanié en peu de jours. » Dans cette publication tout officielle qui, malgré les défectuosités, lui fait beaucoup d’honneur et où le premier il rompit la glace, il n’eut donc que les ennuis et les épines du métier ; il était hors de toutes ses habitudes. […] L’honneur du maître n’en eût point souffert ; la vérité s’en fût trouvée bien.

1083. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Pendant que M hiers entrait au Constitutionnel par M tienne, M ignet arrivait par Châtelain au Courrier, et y prenait rang d’abord dans des articles sur la politique extérieure qui eurent l’honneur d’être remarqués de M e Talleyrand. […] Honneur et respect du moins, quand l’esprit supérieur et le grand caractère qui ne recule devant rien fait entrer dans ses inspirations un sentiment élevé, un dévouement profond à la puissance publique dont il est investi, quand il se propose un but d’accord avec l’utilité ou la grandeur de l’ensemble. […] On continuera donc probablement, comme par le passé, de publier des recueils de pièces, traités et correspondances, avec plus ou moins de liaisons et d’éclaircissements : à M.Mignet restera l’honneur d’avoir presque élevé un simple recueil de ce genre jusqu’à la forme et au mouvement de l’histoire80.

1084. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

* *   * L’État ne doit se désintéresser, entièrement, d’une source, très pure, d’honneur national, et il n’est pas à même d’y employer les deniers publics. […] Quel honneur avivé de bonne grâce me fit mon ami, de trois jours et toujours, l’historien York Powel, de Christ Church. […]   Je pose, à mes risques esthétiquement, cette conclusion (si par quelque grâce, absente, toujours, d’un exposé, je vous amenai à la ratifier, ce serait pour moi l’honneur cherché ce soir) : que la Musique et les Lettres sont la face alternative ici élargie vers l’obscur ; scintillante là, avec certitude, d’un phénomène, le seul, je l’appelai l’Idée.

1085. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Jusqu’en 1796 rien n’avait été fait en l’honneur de sa mémoire. Il fut heureux pour lui que la proposition de mettre ses restes au Panthéon avortât comme les précédentes ; il échappa à un honneur qu’on avait rendu à Marat. […] La réserve qu’il a gardée, pour l’honneur de la raison et de la vérité, dans des questions où l’on risque si souvent de les compromettre en les servant, on le suspecte de l’avoir gardée pour sa commodité.

1086. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

De même qu’au XVIIIe siècle il était de mode de ne pas croire à l’honneur des femmes, de même il n’est pas de provincial quelque peu leste qui, de nos jours, ne se fasse un genre de n’avoir aucune foi politique et de ne pas se laisser prendre à la probité des gouvernants. […] L’honneur de la philosophie est d’avoir eu toujours pour ennemis les hommes frivoles et immoraux, qui, ne trouvant point en eux l’instinct des belles choses, déclarent hardiment que la nature humaine est laide et mauvaise et embrassent avec une sorte de frénésie toute doctrine qui humilie l’homme et le tient fortement sous la dépendance. […] Je suis convaincu, pour l’honneur de la nature humaine, que le christianisme n’est chez l’immense majorité de ceux qui le professent qu’une noble forme de vie.

1087. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Cocceius Nerva, l’inséparable ami de Tibère, jurisconsulte illustre, comblé d’honneurs et de richesses, prend un jour la résolution de mourir. […] Elle se dit que ce qui lui reste d’honneur vaut bien, après tout, l’enjeu de la vie d’un homme : elle on appelle à l’épée de Fabrice — Fabrice n’a qu’à la tirer du fourreau… Annibal détale à toutes jambes, l’échine pliée et l’oreille basse. […] A ces paroles, l’honneur des jeunes fous se dégrise et se réveille ; leurs fronts se découvrent, leurs têtes s’inclinent.

1088. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

On a eu raison de soutenir, et c’est l’honneur de l’école doctrinaire, que le seul souverain légitime, le seul souverain absolu, ce n’est pas le prince, ce n’est pas le sénat, ce n’est pas la multitude, mais la justice et la raison, non pas la raison de tel ou tel homme, mais la raison en elle-même, telle qu’elle prononcerait si elle parlait et se manifestait tout à coup parmi les hommes. […] Or le bien des démocraties, quand elles sont sages et honnêtes, c’est qu’il y a un plus grand nombre d’hommes protégés dans leur honneur, dans leur conscience, dans leurs familles, dans leur travail. […] C’est principalement vers elle que l’esprit des moralistes de nos jours doit se tourner. » Sans doute il est bon d’éclairer l’intérêt et de montrer que le bien de tous peut se concilier avec le bien de chacun ; mais faut-il s’en tenir là et laisser aux siècles aristocratiques l’honneur de parler des beautés de la vertu, tandis que nous ne parlerons que de ses avantages ?

1089. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Schiller, qui par la suite devait tomber au champ d’honneur, écrivait de la caserne deux lettres (publiées dans la Lanterne du 8 octobre 1916, sous ce titre : Ceux de l’école sans Dieu). […] Génin mourait au champ d’honneur. […] Le petit-fils du philosophe Jules Lachelier, François Lachelier, mort à dix-neuf ans au champ d’honneur, écrit à sa mère, au matin même du jour où il va être tué (le 8 juillet 1916) :‌ Les gens de ma pièce… matois, finauds, rouspéteurs, frondeurs, toujours prêts à se plaindre de la soupe ou de la guerre ou des officiers, mais au fond bons cœurs et qui savent supporter en blaguant les pires fatigues et se tirer des cas les plus difficiles.

1090. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

La ghilde est à la fois une société religieuse qui fait dire des messes en l’honneur de son saint patron, — une société mondaine, qui donne des fêtes et des banquets, — une société de secours mutuels, qui vient en aide à ses membres malades, volés ou incendiés, — une société de protection juridique, qui poursuit ceux qui ont lésé ses adhérents, — une société morale enfin, avec ses censeurs chargés de faire respecter les devoirs de camaraderie ou les devoirs professionnels167. […] À la porte de l’Église tous les honneurs humains doivent être dépouillés : le Dieu unique est si grand qu’à ses yeux les plus grands de la terre ne dépassent pas les plus humbles. […] L’homme qui s’élève à une classe supérieure élève avec lui la classe à laquelle il appartenait antérieurement ; les honneurs qu’il reçoit rejaillissent sur elle.

1091. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Il semble qu’aujourd’hui on se ferait un point d’honneur tout contraire à celui de l’abbé Massieu. […] Veut-il, par une singulière fantaisie, imiter, en l’honneur du duc de Vendôme, cette ode si élégante, si pure à la divinité favorite des Hellènes, aux Grâces, que Pindare invoquait, au nom d’un jeune vainqueur à la course, enfant de la belliqueuse ville d’Orchomène, où elles avaient un temple, Lamotte n’approche pas plus cette fois du tour noble et léger et de la dignité sereine du poëte, qu’il n’en avait ailleurs atteint la sublime grandeur. […] « Douce tranquillité, dit-il alors, fille de la justice, toi qui agrandis les cités, tenant dans tes mains les clefs des conseils et des guerres, reçois pour Aristomène l’honneur de la palme pythique ; car tu sais donner le bonheur et en jouir à propos.

1092. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Eh bien, il faut le dire à l’honneur de M. d’Aurevilly, s’il y a chez lui du satanisme, ce n’est point celui-là. […] de M. d’Aurevilly consiste à croire que le dandysme est quelque chose de considérable et qui fait honneur à l’esprit humain.

1093. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Le premier est composé en l’honneur de Saint-Genest, qui devait bientôt être plus dignement célébré par la tragi-comédie de Rotrou : « Tandis que Genest, sur la scène antique, mêle à la cythare d’or les accents des théâtres d’Orphée, les hommes attentifs semblent de marbre, et toutes les sirènes se taisent comme endormies. […] Tout dans le début était infernal ; tout est divin dans le dénouement. » Le second sonnet est adressé à Saint-Sylvain, autre comédien converti : « Scènes, quittez vos antiques honneurs !

1094. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Il aimait les honneurs ; car les honneurs servaient à son but et établissaient son titre de fils de David.

1095. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

On sent d’abord combien les idées morales ont changé en ces matières, pour que, même en plaisantant, l’historien puisse faire honneur au héros de ce qui intéresse si fort la probité. […] J’ai sous les yeux la magnifique édition exécutée à Londres en 1792, avec les nombreux portraits gravés ; je vois défiler ces beautés diverses, l’escadron des filles d’honneur de la duchesse d’York et de la reine ; je relis le texte en regard, et je trouve que c’est encore l’écrivain avec sa plume qui est le plus peintre : Cette dame, dit-il d’une Mme de Wetenhall, était ce qu’on appelle proprement une beauté tout anglaise ; pétrie de lis et de roses, de neige et de lait quant aux couleurs ; faite de cire à l’égard des bras et des mains, de la gorge et des pieds ; mais tout cela sans âme et sans air.

1096. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Ayant eu récemment l’honneur d’être appelé « niais » par plusieurs écrivains et critiques distingués, et même un peu par mon illustre ami M. de Lamartine11, je tiens à justifier l’épithète. […] Car il est beau, sur cette terre sombre, pendant cette vie obscure, court passage à autre chose, il est beau que la force ait un maître, le droit, que le progrès ait un chef, le courage, que l’intelligence ait un souverain, l’honneur, que la conscience ait un despote, le devoir, que la civilisation ait une reine, la liberté, et que l’ignorance ait une servante, la lumière.

1097. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Lacombe, on lui fit l’honneur de le mettre à la Bastille. […] Valleri, le jour même qu’on lui donna l’archevêché de Cambrai ; démission édifiante sans doute, mais qui devenoit une critique sanglante de quelques prélats, & nommément de l’évêque de Meaux, qui, surchargé d’honneurs, possédoit aussi plusieurs bénéfices.

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